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TORONT&yPlfffi-IC LiBRARY.
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PÔLY BI BLION
REVUE
BIBLIOGRAPHIQUE llNlVEliSELLE
Janvier l'JTi T. CXXIV. 1.
POLYBI BLION
REVUE
BlBIJOGHAPeilillK UNIVERSELLE
PARAISSANT TOUS LES MOIS
PARTIE LITTÉRAIRE
DEUXIÈME ïiÉRIE. — TOME SOIXAIMTE-QIIII^IXIÈME
(cent VlNGT-QUATKIK.Mh; Dli LA COLLECTION)
^-
PARIS (7^)
AUX BUREAUX DU P O LY B I B LI O N
S, RUE SAINT-SIMON, 5
1912
A-'fet^<=c,3
MAY 2 2 1922
POLTBIBLION
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE UNIVERSELLE
DERNIÈRES PUBLICATIONS ILLUSTREES
i. Le Tour du monde. Journal des voyages et des voyageurs. Année 1011. Paris, Ha-
chette, gr. in-4 de 636-xiv-430 p., avec de nombr. illustrations. Brorhé, 25 fr. :
relié, 32 fr. 50. — 2. La Belgique illustrée, par Dumont-Wiluf.n. Paris, Larousse,
8. d. (1912), gr. in-4 de iv-304 à 2 colonnes, illustré de 570 reprod. photogr., 22
cartes et plans en noir, 10 planches hors texte en noir, 6 cartes et 3 planches
hors texte en couleurs. Broché, 20 fr. ; relié, 26 (r. — 3. Tseu-Hi, impératrice
douairière (la Chine de 1835 à 1909, d'après les papiers d'État, les Mémoires
secrets, les Correspondances), par J.-O. Bland et E. Blackhouse. Paris, Hachette,
1912, in-8 illustré de 2 fac-similés en couleurs, 24 planches en ncir et d'un plan
de Péking. Broché, 15 fr. ; cartonné, 20 fr. — 4. Les Merveilles de la science.
Aerostation, aviation, par Max de Nansot;ty. Paris, Boivin, s. d. (1912), gr. in-8
de 759 p. à 2 colonnes, illustré de 582 grav. Broché, 15 fr.: cart. toile, fers spé-
ciaux, 17 fr. 50. — 5. Les Voleurs de foudre, par Paul d'Ivoi. Paris, Boivin, s.
d. (1912), gr. in-8 de 460 p., illustré par L. Bombled. Broché, 10 fr.: relié toile,
plaques spéciales en couleurs, tr. dorées, 12 fr. — 6. L^s Aviateurs des Andes, par
Marc Janin. Paris, Boivin, s. d. (1912), gr. in-8 de 284 p., illustré par Ray-
mond Tournon. Relié, plaque spéciale, tr. dorées, 8 fr. — 7. Jehan, le meneur de
loups, par Jean Floryde. Paris, Delagrave, s. d., gr. in-8 de 240 p., illustré
de M. Raynolt. Broché, 3 fr. 50; relié, 5 fr. — 8. Au pays des Chansons, par G.
MoNTORc-l'EiL. Paris, Boivin, s. d. (1912), album in-4 de 56 p., illustré d'aqua-
relles par .Ion. Relié toile, plaques en couleurs, tr. dorées, 9 fr. — 9. Les Veillées
des chaumières, journal bi-hebdomadaire illustré. 34° année. Paris, Henri Gau-
tier, 1910-1911, in-4 de 836 p., avec de nombr. grav. Broché, 6 fr. ; cart. toile,
7 fr. 50. — 10. La Poupée modèle. Revue des petites filles. 48" année. Paris, 3, rue
du Quatre-Septembre, gr. in-8 de 290 p., avec de nombr. grav. et planches.
Paris, 7 fr. ; Seine, 8 fr. ; départements, 9 fr. ; Union postale, 11 fr. — 11. Xes
JJ'-res roses pour la jeunesse, publiés par la librairie Larousse. 3'^ série de 24 vol.
in-12 de 60 à 64 p. (n" 49 à 72), illustrés d? nomlir. grav. Brochés, réunis dans
un élégant éfui, 3 fr. 90. — 12. Paris, par Philippe Dufour. Paris, Jouve, 1912,
in-8 de xv-184 p., avec 70 illustrations cVapris des eaux-forte-:, des dessins
et des croquis d^ Jean-Jules Dufour. Broché, 5 fr.
Encore douze publications illustrées, dont plusieurs sont de tous les
temps, et d'autres auxquelles nos lecteurs pourront se reporter à la
fin de la présente année, quand ils auront à arrêter leur choix en vue
des étrennes. Ces ouvrages, qui ont été sommairement annoncés
dans notre précédente livraison (p. 54®), nous sont arrivés trop tard
pour être compris dans le compte rendu général.
1. — C'est un vieil et cher ami que le Tour du monde ; jamais on
ne s'ennuie en sa compagnie, et c'est toujours avec un vif sentiment
de curiosité, avec une indicible satisfaction que l'on rouvre un de ses
volumes, alors même qu'on vient seulement de le quitter. Aussi quelle
joie est 'a nôtre, lorsque chaque année, au moment des ('trennes,
nous voyons arriver l'ensemble des livraisons parues au cours des
douze mois précédents ! Quelles bonnes heures nous passoTis à faire
connaissance avec ce nouvel ami !... Il s'est fait un peu attendre cette
— a —
annoo. o\ c'est pourquoi nous n'nvons pas ]iu 1p pivsontor de bonne
heure à nos lecteurs; mais le voici, enfin, avec une remarquable
collection de récits de voyasre dans les différentes parties du monde.
Kn Europe, ce sont des parties admirables de l'Autriche, le S.ilzkam-
merirut. les Alpes de Sal/bourc: et les llohe Tauern, }i!!is les côtes
orientales de la mer Adriatique entre Trieste et Corfou — des pays
peuplés de nationalités rivales — que décrivent MM. .T. Du Plessis
de Grénédan et B. de Jandin; en Asie, nous gravissons le mont
Ararat avec M. T.ouis Seylaz et nous nous arrêtons longuement
dans les parties orientales du continent, en Ri'manie avec le com-
mandant Pilate, en Annam avec M"<= Gabrielle M. ^^assal, le long
du chemin de fer du Yunnan avec le capitaine Am. Aymard, dont
nous connaissons déjà un bon livre sur les Touareg. Passons de là en
Océanie pour y voir, sous la conduite de M. René La Pruyère, ces
trois archipels de la Pohiiésie qui sont les *^amoa, les Iles sous le
Vent et les ^Tarquises : puis regagnons l'Furope par l'Amérique
où M. Emile Desc]iomps veut nous faire monter au sommet du
Tamalpaïs californien, où le comte Maurice de Périgny entend
faire aux lecteurs du Ton?- du monde les honneurs de quelques
villes mortes de l'Amériaue centrale, en particulier de ces ruines
de Nackun, qu'il a découA^ertes.... Géographie, ethnographie,
politique, archéoloerie, tout se trouve représenté dans ces récits vi-
vants, alertes, illustrés de superbes gravures; la colonisation contem-
poraine, avec ses procédés si humains, si intelligents, y apparaît
parfois, — beaucoup moins toutefois aue dans le .Tournai du corps
de débarquement de Casablanca à travers la Chaouia dont le capi-
taine Grasset est l'auteur, beaucoup moins surtout que dans le tra-
vail de M. Eouis Sonolet sur les progrès de l'Afriaue occidentale
française. Enfin, aux chasseurs donneront satisfaction les récits
d'excursions t de chasses en ^bvssinie à^ M. Georges Rémond... —
Quel regret pour nnns d'être obligés de nous en tenir à cette sèche
nomenclature, et de ne pouvoir faire ressortir les aualités particu-
lières de chaaue auteur, les mérites de telle ou telle relation, les
beautés de l'illustration ! Et voici q\^Q, non moins rapidement, il nou«
faut passer «ur « A travers le monde, » sur ses courtes notices, si
précises et si variées, si pleines de renseio-nements de tfuite nature,
véritable mine où peuvent puiser à pleines mains les géographes,
les professeurs, les touristes et les bibliographes. Une table des ma-
tières succincte, mai=^ suffisante, permet de trouver très vite, dans
ce supplément du Tour du monde, les indications que l'on y cherche;
elle fait d' » A travers le monde» un véritable instnmient de travail
non moins instructif et non moins attrayant que les récits nlus déve-
loppés dont nous avons débuté par dire quelques mots.
2. — Non moins que la France, do M. P. Joussct, dont il a été
question dans notre dernier numéro (p.484-4'^5), la Belgique illustrée^
de. M Dumont-Wilden, est un superbe livre d'étrennes. Que de gra-
vures, en effet, et dans le texte et hors texte, et de splendidea
gravures reproduisant les sites les plus pittoresques et les plus admi-
rables monuments de ce véritable musée, plein de contrastes et plein
de souvenirs du passé, qu'est le pays confinant au nord à notre
France ! Des rivages de la mer du Nord jusqu'à la Baraque Michel et à
la frontière allemande, la contrée ne cesse d'aller s'élevant, si bien
que l'on passe graduellement, insensiblement, des polders situés au-
dessous du niveau des hautes marées et défendus par des digues contre
l'invasion des flots jusqu'à une altitude de 400 mètres et plus en -
traversant des plaines basses, puis des pentes douces, des talus molle-
ment inclinés, des plateaux que coupent les fossés des rivières dispa-
raissant parfois dans les calcaires, et que couvrent ailleurs d'épaisses
forêts... Tous ces aspects si variés, M. Dumont-Wilden les a signalés
successivement dans son texte, de manière à expliquer la succes-
sion des illustrations qui l'accompagnent; mais.il a insisté avec plus
de complaisance encore, à très juste titre, sur l'homme. C'est plaisir
de le suivre dans ses développements sur la vie du mineur, sur les
dentellières, les botteresses, de pénétrer avec lui dans les béguinages, -
comme aussi d'évoquer avec lui les souvenirs du passé de la Belgique,
et d'étudier les reliques des temps qui ne sont plus... Deux chapitres
consacrés, l'un au Congo belge, l'autre au Grand-Duché de Luxem-
bourg, terminent ce beau volume dont les illustrations en noir sont
un véritable enchantement pour les yeux, dont les hors texte en cou-
leurs sont très réussis, dont les cartes sont parfaitement lisibles, et
qu'encadrent une brève Introduction de M. Emile Verhaeren et une
étude sur le rôle pacifiste de la Belgique, en qui M. Louis Frank voit
le « district fédéral du monde. »
3. ■ — C'est une bien curieuse figure que celle de cette impératrice
douairière Tseu-Hi qui, pendant plus de quarante années consécu-
tives et durant plusieurs règnes, fut le véritable souverain de la
Chine. Née en novembre 1835 dans une famille appartenant à un des
clans mandchoux les plus anciens, Ye-ho-na-la entra d'abord dès
le 11 juin 1852 dans la Ville interdite en qualité de concubine du 3^
degré, de « Kouei jen, « c'est-à-dire de « personne honorable », et
ne tarda pas à arriver au premier rang en donnant à l'empereur
Hien-Foung un héritier et en commençant à déployer les qualités
d'homme d'État dont elle eut si souvent à faire preuve par la
suite. Que d'événements d'une importance capitale pour l'histoire de
la Chine se sont succédé depuis le moment où Ye-ho-na-la a pu-
jouer un rôle et celui où, le 15 novembre .1908, est morte,- .comblée
d'honnenrs, la « vieille Bouddha '> qui avait reçu, dès 1861, de son
jeune fils, le nouveau nom de Tseu-Hi (maternelle et propice) ! La
révolte des Taï-Pins:, la campacme ansïlo-franraise de 1859-60 et la
fuite de la cour à Djéliol. puis les différentes interventions européennes
en Chine, les « Cent jours de réforme « et le coup d'Etat de 1898, la
révolte des Boxeurs et l'entrée du monde officiel chinois dans la
voie des réformes... Dans ce demi siècle de l'histoire du Céleste Empire,
Tseu-Hi a tenu sa part, et sa très large part, grâce à ses trois ré-
gences et à son influence prépondérante; l'administration, la politi-
que intérieure, la politique extérieure, cette femme remarquablement
intelligente, mais astucieuse, perfide et cruelle, a tout marqué de
son empreinte, si bien qu'on peut dire qu'elle a été, à travers plu-
sieurs règnes successifs, la véritable maîtresse de l'Empire. Par quels
moyens et à travers quelles vicissitudes, MM. J.-O. Bland et E.
Blackhouse l'ont parfaitement indiqué dans leur excellent ouvrage,
plein de renseignements précieux et de documents officiels, relatif à
Tseu-Hi, impératrice (înuairière de Chine. Rien de plus attrayant que
ce livre, bien plus curieux qu'un roman, rempli de~^ révélations
sur les mœurs de la cour de Pékin, les intrigues et les exactions des
eunuques, etc., et illustré de remarquables photographies repré-
sentant les principaux personnages du gouvernement chinois de. la
fin du xix^ siècle, ainsi que les plus beaux aspects de la Ville inter-
dite.
4. — Existe-t-il quelqu'un qui ne s'intéresse pas au double sujet
Aérosiation. Aviation! M. Max de Nansouty, digne continuateur de
Louis Figuier, nous présente, dans un magnifique volume sur les
Merveilles de la science^ l'histoire de la navigation aérienne depuis
l'origine jusqu'à la fin de 1910. Ce volume satisfera aniplemeiitle désir
de savoir qui, légitimement, s'empare du grand public. Tous les
sphériques, dirigeables, aéroplanes sont décrits avec un soin minu-
tieux et les voyages notables qu'ils ont accomplis sont signalés. L'au-
teur nous fait suivre, pas à pas, les progrès accomplis dans la '^onquête
de l'air. Mais son rôle ne se borne point là. Il ne se cont nte pas
d'être historien, il est, en plus, excellent vulg^arisateur de sciences. La
direction des ballons, la construction des aéroplanes, leur stabilisa-
tion, demande la solution des problèmes mécaniques les y lus ardus.
Par des explications précises, accompagnées de schémas 1res clairs,
M. de Nansouty nous fait simplement comprendre ce qui îi^té fait et
ce qu'il reste à faire. Son étude ne porte pas seulement sir la navi-
gation aérienne en France, mais bien dans l'univers entier, et, s'il
nous donne la première place, ce n'est pas par faux patriotisme, mais
parce que nous la mérilons. Son livre le prouve.
•'• — Dans ses Voleurs de foudre. M. Paul d'Ivoi nous -cause l'im-
pression d'un Jules Verne accommodé à la façon de Ponson du Ter-
rail. Un jeune homme, grâce à l'intervention de trois jeunes pickpoc-
kets appartenant au beau sexe, parvient à entrer en possession de
titres et papiers qui lui dévoilent sa qualité de prince — prince de
Valbéryl, — alors qu'il n'est pourvu que d'un simple prénom :
Charles. Parmi ces trois ijetites voleuses, ■ — singulières protectrices
tout de même pour un jeune homme bien élevé! — il en est une,
Régine, qui commande aux deux autres et que la suite des événe-
ments nous révèle comme la fille d'un sultan asiatique dont le
minuscule pays est convoité à la fois par le Siam et par les Anglais,
lequel sultan avait épousé une Française. Les premières scènes du
récit se passent au Havre où l'unique protecteur du prince qui s'ignore
meurt dans d^s conditions mystérieuses, frappé chez Uii par la fou-
dre, sans qu'un oras^e ait éclaté sur la ville.... La suite nous conduit,
nous jette, nous précipite à travers le monde, au Mexique, en Haïti,
dans une île déserte de l'Océanie, et nous ramène, après des aven-
tures toutes plus extraordinaires les unes que les autres, en France, à
Marseille et de là à Saint-Germain près Paris, où Charles, toujours
escorté de ses gardes du corps enjuponnés, d'un dévouement génial,
est reconnu, en dépit des oppositions enragées de la malfaisante
association de 'la Mafia et de son grand chef, comme prince de Val-
béryl et mis en possession d'une fortune colossale. Le prince et
Régine, devenue une jeune fille parfaite, — car au contact de son
ami Charles elle n'a pas tardé à comprendre combien était repréhen-
sible la « profession » aue dos misérables l'avaient contrainte à
excercer, — le prince et Régine, disons-nous, vont donc s'épouser,
quand d'autres événements, qui forment la deuxième partie du
livre, empêchent cette conclusion naturelle. Et, tout de suite, voilà
le lecteur, un peu essoufflé, obligé de courir après les héros et les...
héroïnes de M. d'Ivoi jusqu'en Chine, au Siam, en Cochinchine, où
se déroulent les péripéties d'un drame aussi palpitant, aussi inextri-
cable que le premier, mais qui — Dieu soit loué ! — se termine non
point par un, mais par deux mariages.
6. — Autre roman étonnant, renversant, abracadabrant : Les
Aviateurs des Andes. En un style aussi correct qu'imagé, M. Marc
Janin nous raconté l'histoire d'un brave homme de colonel qui, s'étant
engagé à donner sa fille au fils de son meilleur ami mort en Afrique,
n'arrive pas à savoir, en dépit de soixante lettres et de nombreux
télégrammes non parvenus à leur destinataire, si son gendre en
perspective, qui court le monde comme explorateur, entend épouser
ou s'il ne s'en soucie plus. Entre temps, un autre parti se présente.
Alors le colonel, pour être fixé, décide qu'il se mettra à la poursuite
du fiancé. C'est ainsi qu'accompagné du nouveau prétendant, du
— 10 —
frère et de la sœur de celui-ci, d'une dame de compagnie anglaise
et d'un domestique, ancien zouave, qui n'a pas froid aux yeux, il
quitte Paris et débarque en Amérique où, manquant sans cesse
l'explorateur fantôme qu'il veut atteindre, il devient, avec sa compa-
gnie, tantôt le héros, tantôt la victime d'une invraisemblable série
d'aventures extraordinaires où tous les moyens de locomotion et de
combat sont mis en action par les amis ou par les adversaires, tous
également braves et savants, mais les premiers aussi honnêtes que
les autres gens sont des scélérats, savoir : trains spéciaux, automo-
biles, bateaux, hydroplanes, sous-marin perfectionné, avion mer-
veilleux, torpilles, bombes de grande puissance destructive jetées
dans l'espace depuis l'avion, etc. Ce fantastique roman est bien fait
pour donner aux lecteurs ce que l'on appelle vulgairement « la
chair de poule. » Les amateurs du terrible, de l'ultra dramatique en
auront donc pour plus que leur argent. On vient de voir que le
volume de M. d'Tvoi se clôt par deux mariages; celui-ci se ferme sur
trois! L'un et l'autre, d'ailleurs, sont admirablement reliés et fort
bien illustrés. Et. s'il nous fallait déterminer une préférence, nous
l'accorderions sans hésiter à l'œuvre de M. Janin.
7. — Jehan ^ le meneur de loups, i)'est que le premier des contes et
légendes formant le recueil que, sous ce titT"e, M Jean Floryde vient
de publier pour la plus grande joie des enfants. Il est tout imprégné
du sentiment religieux. Le même esprit anime les Trois Rois de Co-
logne et le Voile de la Vierge. La Légende de Vépée est émouvante :
c'est celle de l'épée de Jeanne d'Arc. Les treize autres récits que l'on
trouve dans ce volume sont surtout des contes de fées, qui raviront
les lecteurs, petits et grands.
8. — Le plus beau des albums de l'année nous est arrivé comme
certain héros : après la bataille, c'est-à-dire postérieurement à la dis-
tribution des étrennes aux enfants. Mais ce qui est différé n'est pas
perdu; et, pour la fin de l'année qui vient de s'ouvrir, il importe dès
à présent d'attirer l'attention bien particulière des parents sur l'al-
bum intitulé : Au Pays des Chansons. Avec l'esprit qui le distingue,
"M. G. Montorgueil a composé un texte comique, richement et très artis-
tiquement illustré de splendides gravures en couleurs par Job. Un
beau jour, ^L Dumollot ayant quitté la ville de Saint-Malo, où il
demeure, pour accomplir un voyage indéterminé, veut se reposer dans
un bois qu'il traverse; le sommeil le saisit aussitôt. Alors il rêve qu'il,
parcourt " le pays des Chansons, » où il voit défiler tour à tour le
souverain dudit pays, le bon roi Dagobert, la mère Michel, qui a
épousé son vieil ennemi Lustucru et garde 'l'un des immeubles de
Cadet-Roussel, puis les Compagnons do la Marjolaino, M. de la Pa-
lisse, Toto Carabo, Jean de Nivelle fi nombre d'autres ejusdem farinae
— 11 —
qae nous ne pouvons nommer. Enfin, M. Diimollet achève brusque-
ment son voyasje, ou, «pour dire mieux, son rêve, par l'intervention
d'un voisin qui le tire d'un sommeil prolongé sur le sol où il n'a que
dos rhumatismes à gagner.
9. — Les Veillées des chaumières diffèrent de l'Ouvrier, que nous
avons prrspntô le mois dernier (t. CXXII, p. 500-501), surtout par la
date à laquelle commence l'abonnement : novembre au lieu de mai.
Les « ^"'ari^''t('S « nombreuses que l'on y trouve offrent aussi quelques
différences, tout en étant également instructives. Pour le surplus,
les Veillées des chaumières ont ceci de commun avec l'Ouvrier qu'elles
donnent, par tranches bi-hebdomadaires (le mercredi et le samedi),
une série de grands romans inédits, illustrés, choisis avec soin et très
intéressants. Le ?>'\^ volume de la collection, dernier paru, en ren-
ferme seize, dont voici les titres, avec les noms de leurs auteurs :
L'Affaire de Neuilh/, par M"^^ Marie Thiéry; Brin de jnimnsa, par
Mi"e la comtesse Clo; Le Château-Rose, par M"^^ M. Maryan; Le
Court- Circuit, par M™^ Jeanne de Coulomb; Les Débuts d'un juge
d'instruction, par M. La Bruyère; Feux-follets, par M. Henry Bister;
Les Fiancés de Scluvarzwald, par M. J. de Lacrouzille; Mariage blanc,
par M. Beudant: Le Mariasse de miniiit, par M^"^ B. de Buxy; Le
Miracle de la Dame-du-Pont, par M. J. Lacaze-Bastard; La Montée,
par M. pierre Besbre; La Patte blanche, par M. L. de Kérany: Le
Roman de Mimose, par M"^^ Florence O'Noll; Le Secret de sœur
Delphine, par M^^e pierre du Château; Sur le sable, par M"^^ Marie
Le Mière. et Yvette Leclerc, par M. Reçrnaud. Relié en toile rouge, ce
volume est aussi recommandable que cehii de l'Ouvrier.
10. — Être âgée de auarante-huit ans révolus et rester fraîche,
sémillante, pimpante, c'est le lot enviable de la Poupée modèle. Le
texte de ce gracieux périodiaue pour fillettes est choisi avec beaucoup
de soin. On v t'ouve en premier lieu des contes, nouvelles, histo-
riettes et com-^dies a"i raviront les petites lectrices. Parmi les vingt
titres que nous pourrions citer ,'^nous en noterons quatre seulement,
car nous devon" nous borner : Les Conquêtes de Mona, par M"^^
Ch. Péronnet: Histoire merveilleuse de deux petits garçons et d'une
petite fille qui ne savaient pas lire, par M. J. David; La Poupée de
Loulou, par M. R. Miguel; Le Five O'Clock, saynète à Quatre person-
nages, par M. J. Preneuse. A signaler aussi des devinettes avec leurs
solutions, des poésies, un peu de musique, des renseignements inti-
tulés sévèrement : Économie domestique, qui relèvent de la simple
friandise, cmelaues conseils (pas trop : les petits préfèrent autre
chose); enfin Hes explications de travaux et surtout des nombreuses
annexes consistant en patvons en papier et en étoffe, planches diverses
en couleurs dont plusieurs sont presque somptueuses. A propos de
I
— 12 —
ces planches de tontes sortes, une aimable rédactrice qui signe «Bonne
Amie >\ s'adressant à ses « chères petites abonnées », leur dit, entre
autres choses alléchantes : « D'habiles architectes ont dressé les plans
d'un château magnifique. Tous les artistes que nous avons trouvés
l'embellissent à qui mieux-mieux et vous allez avoir le'plaisir de rece-
voir tour à tour le mobilier de chacune des pièces de rette demeure
splendide : salon, salle à manger, chambre à coucher, toilette,
cuisine, et quel joli mobilier ! Une maison de fée. où je vous vois
rancreant vos armoires, garnissant vos vases de fleurs, maîtresses
de maison accomplies!... A cette construction si amusante, nous
joindrons encore de jolies robes dessinées sur étoffe et prêtes à être .
cousues, y lesquelles arriveront « pour Pâques fleuries, pour la fête
de la Sainte Vierge, pour Noël... » Puis, la même « Bonne Amie, »
rappelant un~concours de couture, entretient ses jiiignonnes lectrices
du succès obtenu : « Si vous aviez vu, s'écrie-t-elle, toutes ces gen-
tilles robes, ces jupons chauds, ces chemises si bien taillées et cousues,
vous seriez fières d'avoir pris part à cette rouvre de charité qui va
réjouir tant de pauvres mères. Dans ses visites de Nool, le Petit .Tésus
entendra bien souvent parler des petites abeilles de la Poupée
modèle et il sera '^ontent de vous .. « N'est-ce pas que voilà un pé-
riodique enfantin grandement recommandable?
11. — Il y a un peu phis d'un an f Polyhihlion de décembre 1910,
t. CXTX. p. 52.3), nous avons signalé les deux premières séries des
Livres ros^s pour la jeunesse, que publie la librairie T^arousse. Au-
jourd'hui nous donnerons une mention à la troisième série de cette
collection. D'abord deux sujets mythologiques amplement racontés :
Les Travaux d'Herenle et Persée, le vainqueur de la Gorgone. Puis
des histoires de bêtes : Frère Benard et Frère Lapin: Histoire d'une
tortue; ensuite des Contes de Flandres, des Contes de Russie et des
Contes dp Chine; enfin deux comédies: Jeannot Lapin et les Quatre
Prunes. Sur les vingt- quatre volumes de cette série, douze, c'est-à-
dire la moitié, sont précédés d'une revue du mois en images, avec un
texte rapide, qui porte son enseignement, et terminés par des « Ré-
créations, » avec gravures.' Tous sont illustrés à profusion, de très
agréable manière. Leur lecture ne distraiera pas les seuls enfants, pour
qui cependant ils ont été composés.
12. — Ce qui orécède était déjà imprimé lorsque nous est arrivé un
volum? de poésies uniquement consacrées à Paris. Cent cinquante-
deux sonnets sur la grande ville, ses monuments anciens et modernes,
ses rues et ses'coins les idus pittoresques, ses vieux hôtels, ses curio-
sités le^ plus rpmarquables on les moins connues, rortaines célébrités
qui ont vécu à Paris et pour Paris, entre autres : Corneille, Molière,
Racine. Boileau, La Fontaine, André Chénier, Danton, (on aurait pu
le négliger), Bonaparte, Lamartine Victor Hugo, Pasteur
— 13 —
iiomme simple, saviuil plus grand qu un enipeieur,
etc.. etc. : voilà ce que nous oit're M. Philippe Dulour, dans» ce re-
cueil dont le titre n'a qu'un mot, mais combien magique : Paris, et
qu'un véritable artiste, M. Jean- Jules Dufour, fils du poète, a illustré
de la façon la plus charmante, la plus prenante. Pour donner une
idée du trJent de M. Dufour (le père, le poète), nous allons repro-
duire le sonnet intitulé : Sur les quais :
Quais bénis, coin d'ombre el de solitude !...
Calme et, curieux, tout à son plaisir,
Le bibliophile y fouille a loisir
La boite a bouquins, douce à l'habitude.
11 leuilletie, lit, s'attarde à choisir,
Suppute avec joie et sollicitude
L'âge, le renom, la vicissitude
Du volume où s'est posé son désir.
Somptueux encore ou presque minable,
Mauuce, elzévir, princeps, incunable,
Tous le font rêver, hors du temps présent.
Déjà, dans le soir, la Seine se cuivre
Qu'il est toujours là, lisant, relisant :
L'âme et l'œil perdus au [ond d'un vieux livre.
A i'intention des lecteurs du Polybiblion était-il possible de mieux
choisir? — MM. Edmond Haraucourt et Charles Géniaux ont écrit
pour GQjParis peu banal deux élogieuses préfaces qu'il mérite bien.
Quant au second M. Dufour (l'artiste, le fils), disons tout simplement
que ses vingt gravures hors texte, ses dix frontispices et ses quarante
culs-de-lampes nous ont ravis. Tous ceux qui aiment la capitale
française ne manqueront pas de caser en bonne place ce délicieux hvre
dans leur bibliothèque. Visenot.
ROMANS, CONTES ET NOUVELLES
Romans divers. — 1. Isabelle, par André Gide. Paris, Rivière, 1911, in-l8 de 182
p., 3 fr. .50. — 2. La Mare aux gosses, par Jacques des Gâchons. Paris, Fonte-
moing, 191 J, in-12 de 334 p., illustré par Géo Dupuis, André des Gâchons, Hellé,
ûrazi et P.-A. Vibert, 3 fr. 50. — 3. Hugues Capet, par Antoine Baumann. Paris
Perrin, 1912, in-16 de xi-268 p., 3 fr. 50. — 4. L'Homme qui a perdu son moi, par
André Beaunier. Paris, Plon-Nourrit, s. d., in-16 de v-324 p., 3 fr. 50. — 5.
La Bague d'opale, par René de Sainï-Chéron. Paris, Plon-Nourrit, s. d., in-16 de
327 p., 3 fr. 50. — 6. Duels, par Louis Goiffon. Paris, Falque, 1911, in-12 de
xn-294 p., 3 fr. 50. — 7. Les Insoupçonnés, par Henry de Forges. Paris,, Da-
ragon, s. d., in-18 de 152 p., 2 fr. 50. — 8. Une Fille de rien, par Jules Leroux;
Paris, Figuière, 1911, in-16 de 216 p., 3 fr. 50. — 9. La Route de l'Est, par Alexis
Gallies. Paris, Figui^'re, 1911, in-16 de 208 p., 3 fr. 50. — 10. Le JPapillon noir,
par Antoine de Lévis-Mirepoix. Paris, Lemerre, 1911, in-18 de 276 p., 3 fr. 50.
— 11. Nella^ jolie fille, par Roger Lalli. Paris, Figuière, 1911, in-18 de 148 p.,
3 fr. 50. — 12. Les Pauvres d'amour, par Albert Tournaire. Paris, Jouve, 1911,
in-18 de 359 p., 3 fr. — 13. L'Amour dans les ruines, par Max Deauville. Paris,
Librairie générale des sciences, arts et lettres, s. d., in-16 de 185 p., 3 fr. 50. — ■
14. Idées fatales, par Emile Dousset. Paris, Figuière, 1911, in-18 de 203 p.,
— 14 —
3 fr. ôO. — 15. I.rs l m pass^ibles Amours, par P. Yignk n'Or.iroN. Pai'is, Jouve,
1912, in-H> de -(il ])., 3 fr. 50. — lii. La Mère et. rcnjant, i)ur r.iiAP.i.r.s-L'Uus
Philippe. Paris,. Rivire, s. d., in-18 de 142 p., 3 fr. 50. — 17. l.a RrUtHn, (lar
Pavl Hr.vzr.. Paris, llirsch, 1911, in-IS de 334 p., 3 fr. 50. — 18. Tiùur, par
Hubert PiEugriN. Paris, Pion-Nmirril, s. d., in-16 de \i-293 p., 3 fr. 50. —
19. La Rencontre dajis le carrefour, par Pieuhe-Jean Jouve. Paris, Figuiore, 1911,
in-18 de 187 p., 3 tj. 50. — 20. Le Nouveau Docteur, par Jules Phàvieux. Paris.
Ploii-Nourrit, s. d., in-16 de 289 p., 3 fr. 50. — 21. Le Couple. Essai d'entente,
par AuuEL. Paris, Kisïuière, s. d., in-16 de 350 p., 3 fr. 50. — 22. Mimi-Munctle,
par Flambaut pes Bouds. Paris, l'icker, 1911, in-16 de v-275 p., 3 fr. 5C. — 23.
VObsession ( Moi et l'autre), par Jules Clauetie. Paris, Lat'iUe, s. d,, ia-16 de
11-386 p., avec 'j^rav., 3 fr. 50.
Romans de femmes. — 24. La Dame à l'oreille de velours, par Marie-Anne de
BovET. Paris, Lnmerre, 1911, in-18 de 223 p., 3 fr. 50. — 25. De l'un à. l'autre
amour, par Noëlle Roger. Paris, Perrin, 1912, in-16 de 339 p., 3 fr. 50. —
26. L'Aube, par IIenui Ardel. Paris, Plon-Nourrit, s. d., in-16 de 335 p., 3 fr. 50.
— 27. La Première Blessure, par Mauguetute Le.ieune. Paris, Figuière, 1911,
in-18 de 226 p., 3 fr. 50". — 28. La Double Montée, par Berthem-Bontroux. Paris,
Beauchesne, 1911, in-16 de 330 p., 3 fr. 50.- — 29. Le Seul Amour, par Louis
Lefebvre. Paris, Calmann-Lévy, s. d., in-18 de 293 p., 3 fr. 50. — 30. Le Des-
tin nous conduit, par Lucie Gautiiey. Paris, Plon-Nourrit, s. d., in-16 de 276 p.,
3 fr. 50.
Romans étrangers. — 31. Figures du pays, par Hubert Krains. Bruxelles, De-
chenne, 1908, in-16 de 277 p., 3 fr. 50. — .32. L' Ardennaise, par Henri Davi-
GNON. Paris, Pion- Nourrit, s. d., in-16 de 288 p., 3 fr. 50. — 33. Frissons de
vie, par Georges Rencv. Paris, Librairie générale des sciences, arts et lettres,
s. d., in-12 de 2G9 p., 3 fr. 50. — 34. Haute Plaine, par Hubert Stiernet.
Bruxelles, Dechenne, s. d., in-16 de 257 p., 3 fr. 50. — 35. Sir George Trcssadij,
par Mrs. Humphry Ward; trad. de l'anglais par J. de Mestral Combrkmont.
Paris, Perrin, 1912, in-16 de 324 p., 3 fr. 50. — 36. Brugglesmith, par Rudyard
Kipling; trad. de l'anglais par Albert Savine et Georges Michel. Paris, Stock,
1911, in-18 de 307 p., 3 fr. 50. — 37. Terres de silence, par Edward Wuite ;
trad. de l'anglais par J.-G. Delamain. Paris, Stock, 1911, in-18 de 281 p.,
3 fr. 50. — 38. Barnabe Rudge, par Charles Dickens; trad. de l'anglais sous
la direction de P, Louain, par M. Bonnomet. Paris, Hachette, 1911. 2 vol.
in-16 de iii-391 et 38ô p., 2 fr. — 39. La Solitaire, par Mrs. Henry de la Pas-
ture; trad. de l'anglais par Heinecke. Paris, Hacliette, s. d., in-16 de 305 p ,
3 fr. 50. — 40. Le Fou en liberté, par J. Storer Glouston; adapté de l'anglais
par Achille Laurent et L. Martin-Dupont. Paris, Laf'itte, s. d., in-16 de
342 p., 3 fr. 50. — 41. L'Ile au poison, par A. T. Quille r-Gouch; adapté de
l'angiais par Jacques des Gâchons. Paris, Lafitte, s. d., in-16 de 366 p.,
3 fr. 50. — 42. Le Napoléon, par Alfred Bock.; trad. de l'allemand par Ray-
mond Darsiles. Paris, « Les Cahiers du Centre », 1911, in-16 de 103 p., 2 fr. 50.
— 43. Village de femmes, par Clara Viebig; trad. de l'allemand par Agnès
Lebeau. Paris, Gornély, s. d., gr. in-8 de 151 p., 0 fr. 95. — 44. Œuvres com-
plètes du comte Léon Tolstoï. T.XXXVIl. Résurrection, 2^ et 3^ parties;
trad. durasse par J.-W. Bienstock. Paris, Stock, 1911, in-18 de 516 p., 2 fr. 50.
— 45. Pages choisies de Maria Koponicka. Prométhée et Sisyphe, etc.; trad. du
polonais par H. ('. Paris, Lethielleux, s. d., in-12 de xvi-189 p., 1 fr.
Romans divers. — 1. — Quel malheur que la fable à' Isabelle soit
si faible, et compose en somme un fond si peu attachant ! Les acces-
soires en sont parfaits. C'est un vieux domaine de province, où deux
couples achèvent leur vie : les Saint- Auréol et les Floche. Les Saint-
Auréol, prolongement pittoresque et vieillot de noblesse ancienne;
les Floche, reliés au monde d^ U science de Paris à cause des recherches
— .15 —
d'archives que mena Floche, mais depuis longtemps^engourdis par la
province, qu'ils ne quittent pas. Une gouvernante, M ^''^ Olympe Ver-
dun, complète ce tableau de vieilles gens cocasses et bons, au milieu
desquels tombe tout à coup un jeune Parisien, attiré par des recherches
aux archives du château. :\1. André Gide a peint l'elTet produit sur
lui au moyen des traits les plus agréables, les plus littérairement distin-
gués. Dans ce milieu grandit un orphelin, Casimir de Saint- Auréol,
infirme et médiocrement soigné, figure touchante, que rend plus tou-
chante encore l'amitié dont il s'éprend pour le Parisien. Tout cela
est excellent ; le reste est moins bien inventé. Isabelle, fille des Saint-
Auréol, est la mère coupable de cet enfant. Elle mène hors du pays
une vie de galanterie, interrompue de visites qu'elle fait pour deman-
der de l'argent. C'est une mystérieuse histoire, que le Parisien ne
démêle qu'avec peine et par le secours d'une lettre trouvée, qui ne
va pas sans invraisemblance. L'auteur a-t-il craint de nous refaire,
après tant d'autres, l'histoire sentimentale de la pécheresse attendris-
sante ? 11 a privé soigneusement la sienne de cet attrait. Réaction de
volonté chez un protestant? Je le crois. M. André Gide est de la reli-
gion réformée, mais aon à la façon béate et naive de quelques autres de
M. Lichtenberger par exemple. Toute une partie de sa culture échappe
à cette tare d'origine. Tout ce que j'ai loué dans Isabelle est du meil-
leur fonds français; aussi puis- je bien imaginer qu'il a conçu du re-
ment son personnage de fille coupable, exprès, et en contradiction
avec ce que la sentimentalité huguenote eût dicté à d'autres. Un
écrivain de notre éducation eût peut-être eu moins peur de cela. Car
rien n'empêche dans la réalité que ce caractère soit touchant, et celui qui
n'a pas en soi de pente à l'exagérer aurait pu l'essayer dans cette cir-
constance. Donc, Isabelle enfin, connue tout entière, est méprisée. Le
Parisien dit adieu au rêve qu'il avait fait à son sujet. Et il faut, nous,
que nous disions adieu à tout ce que la peinture de ce milieu de vieilles
gens et de choses anciennes nous avait préparés à goûter d'émotions.
L'épisode de Casimir même ne mène à rien; et c'est de quoi le lecteur
a peine à se consoler. Ce qui paraît le plus manqué en cette affaire,
c'est le personnage de l'abbé précepteur : à la fois dur et irréel. On
ne l'imagine bien, ni dans son intérieur, ni dans ses gestes, ni même
dans la part qu'il prend aux événements. Il faudrait citer vingt dé-
tails. Voici une citation trop unique et trop brève, qui donnera une
idée du charme de ce livre : « Tandis que M"^^ de Saint- Auréol nous
invitait à la revanche, le premier jacquet finissait; parfois alors,
M. Floche prenait la place de son beau- frère; ni M. Floche, ni l'abbé
n'annonçaient les coups; on n'entendait de leur côté que le roulement
des dés dans le cornet et sur la table; M. de Saint Auréol dans la
bergère monologuait ou chantonnait à demi-voL\, et parfois tout à
- 16 -
coup flanquait un énorme coup de pincette en travers du feu, si
impertinemmeut qu'il en éclaboussait au loin la braise; M"*^ Olympe
accourait précipitamment et exécutait sur le" tapis ce que M'"*-' de
Saint- Auréol appelait élégamment la danse des étincelles. Le plus
souvent, M. Flociie laissait le baron aux prises avec Tabbé et ne
quittait pas son fauteuil; de ma place je pouvais le voir, non point
dormant, comme il disait, mais hochant la tête dans l'ombre; et, le
premier soir, un sursaut de flamme ayant éclairé brusquement son
visage, je pus distinguer qu'il pleurait. ;>
2. — La Mare aux gosses donne son titre au livre de M. Jacques
des Gâchons : ce n'en est pourtant pas le meilleur conte. 11 a de l'amer-
tume, dans un genre qui fut à la mode il y a quinze ans, et qui semble
aujourd'hui bien passé. Le Miracle d'après-demain est du genre fan-
tastique ; la Récolte du pétrole est mêlée de fantastique et de réalité.
Le détail de tout cela est plein de mérite, et le lecteur voit passer
en des coins de tableaux et en de courtes réflexions toute la monnaie
d'un talent vif et charmant; cependant j'avouerai que rien ne m'a
plu dans ce recueil comme les contes dont le sujet, existant à peine,
laisse tout à faire au style et à l'exécution : les JDeux Myopes^ par
exemple, où un ministre en voyage, ayant perdu son lorgnon, ne
parvient à lire son discours qu'au moyen d'un lorgnon prêté par un
instituteur stagiaire. Le maître d'école, de passage à Paris, va rede-
mander le lorgnon, et le ministre le fait son attaché. On ne peut,
imaginer l'esprit, la vivacité, le naturel, avec lequel cela nous est
conté. Les Oies, la Garçonnière, témoignent d'une imagination pitto-
resque, à la fois comique et délicieuse. Sous un chapeau de glycine
n'est qu'un papotage de deux ou trois femmes chez le pâtissier; rien
cependant n'est si divertissant. Impossible de tirer d'une aventure
commune, de ce qui n'est pas même une aventure, plus d'imprévu et
même de fantastique, que l'auteur ne fait dans le conte de la Car-
casse. Ajoutez, sauf dans les plus longs de ces contes, une bonne hu-
meur tout à fait reposante. Je ne sais s'il y a beaucoup de livres
capables de procurer, avec moins d'effort, le délassement des gens de
goût.
3. — Le roman de Hugues Capet offre un curieux caractère, unique,
je crois, jusqu'ici : c'est la mise en parti d'imagination, des enseigne-
ments, du ton, quelquefois du style même de Fustel de Cou-
langes. Cette utilisation de l'histoire et d'un historien est dans l'ordre.
Elle a eu lieu de tout temps. Mais p(mr qu'elle fût réalisée à l'égard
d'un maître si grave, dont le gros des lettrés même ne fréquente guère
les œuvres, il fallait cette rencontre d'un auteur de romans attaché
d'ailleurs à l'histoire, et s'y adonnant, chose remarquable, dans une
intention de philosophie. M. Antoine Baumann est positiviste. Il a
— 17 —
lu Fustel, l'esprit plein des idées de Comte sur le développement de
l'humanité; il l'a lu avec tout le goût que des idées générales don-
nent pour des faits si méthodiquement exposés, avec tout le profit
qu'elles aident àentirer.M.Baumann est membre de l'Action française,
un de ses amis de la première heure, et converti par elle à la monar-
chie. En écrivant ce roman, il a voulu servir la cause du rétablissement
de celle-ci. H y a donc partout de la politique. Le livre se termine à
l'élection de Hugues comme roi de France. Tous les événements qui
le composent sont représentés en marche vers cet événement. La
guerre contre les Germains, les intrigues de l'Empire, celles de Charles
de Lorraine, la mort de Lothaire, puis de Louis V, la connivence des
comtes, l'iritiative d'Adalbéron en font comme les étapes, mises sous
nos yeux avec toute la vraisemblance qu'un lecteur attentif et un
conteur habile peut extraire d'un historien. Les personnages sont
très attachants. La faiblesse et les défiances du Roi, la jalousie de la
reine Emma, l'ambition sainte de Gerbert, l'esprit public d'Adal-
béron composent autant de tableaux moraux, qui mettent
partout la substance et la vie. Je ne reprendrais quelque chose
qu'au tour même des dialogues, trop moderne, trop plein des échos
de nos propres discours familiers, pour ne pas détonner quelquefois.
Aussi bien, était-ce chose évitable, de la façon que l'auteur le
prend? Je ne crois pas. Le roman met en scène des mœurs ; les
mœurs sont du style familier, et ce style ne peut que ramener
dans l'esprit la triviale image des propos courants. Le seul
remède à cela eût été, je crois, d'éviter le discours direct et de le rem-
placer partout par l'indirect. Car on ne s'étonne pas de trouver le
style ordinaire dans le narrateur : c'est seulement quand les person-
nages parlent qu'il choque. Et qu'on ne dise pas que le système est
impossible. L'un des plus agréables, des plus vifs, des plus légers ou-
vrages de la langue française, les Mémoires du chevalier de Gram-
mont, est ainsi composé. Sauf ce défaut intermittent, le livre plaît
dans toutes ses parties. J'en dirai le plus grand charme pour de cer-
tains esprits : c'est d'y trouver non pas les odieuses peintures de
ma^urs barbares dont l'école romantique a rempli ces époques, mais
celles que la lecture des anciens textes découvre, d'une civilisation
rompue et dégradée, sensible encore dans ses débris. Dans ce qu'elles
ont de plus matérielles, ces peintures nous entretiennent de la der-
nière empreinte laissée par le monde romain ; dans ce qu'elles ont de
moral, de la noble direction imprimée par l'Église aux hommes de ce
temps-là. A cet égard, le mariage de Louis V et de la duchesse de
Gothie, l'office tenu par Adalbéron dans l'antique cathédrale de Reims
sont des tableaux tout à fait nobles et touchants. En fait de scènes
de cour, on goûtera beaucoup celle de l'entrevue de l'empereur Othon
Janvier 1912. T. GXXIV. 2.
— 18 —
et d'Hugues Capet à Rome. La pompe bornée, mais haute, du céré-
monial, les passions vives, mais surveillées, une certaine brusquerie
dans le geste, tempérée par toute une grandeur environnante, apportent
une impression très nette de la rudesse et de l'atrocité germaine, pliée
à l'essentiel des devoirs du vieux monde. Dans la guerre, l'auteur a
renouvelé discrètement le charme des combats singuliers dont abon-
dent nos vieux poèmes. Sous les murs de Paris, un géant de Ger-
manie est défié et tué par un preux chevalier, que son habit fait dès
lors, en souvenir de cet exploit, décorer du nom de Grise Gonnelle. 11
y a aussi des souvenirs littéraires ; un poème latin du siège de Paris,
d'Abbon, lu au fils d'Hugues, Robert, par Gerbcrt, chargé de former ce
jeune prince aux lettres, en même temps qu'à la fierté de sa race.
M. Baumann en tire une description de Paris, qui fait un effet déb-
cieux.
4. — M. André Beaunier nous donne sous ce nom : L'Homme qui a
perdu son moi, une édition nouvelle de la fameuse contradiction qu'il
v a entre la pensée et la vie. Un inventeur, Bedée, est sommé par son
maître, vieux chimiste, fidèle intransigeant de la science, de s'absor-
ber dans son invention, de vivre pour ses recherches et d'oublier le
monde. En contradiction avec cette sommation, l'auteur met en ligne
troischoses : les sollicitations dans l'amour, dans la jeune épouse de l'in-
venteur; les appels de la foi religieuse dans sa mère ; enfin l'exemple
que la jeune femme, entraînée par unmédecin,donned'utiliserla science
pour la guérison, partant de subordonner la pensée à la vie. Bedée a
inventé le sirium-, M"^^ Bedée ouvre un hôpital où le sirium sert à-
traiter le^ malades. Tout cela, la vie, la foi, l'utilité, nous est montré
comme contraire à la science, à la science pure, comme propre à la
chasser d'une vie d'homme, comme nécessairement exclu, si cet
homme veut se donner à la science. Pourquoi? J'avoue que je n'ai
pas compris. En termes très ardents et sincères, l'auteur nous repré-
sente cette pensée dans Renan et chez feu Gaston Paris, comme ayant
fortement agi sur lui et sur les hommes de sa génération. Je crois que
j'en suis : cependant ce sens me manque. Comment le goût et la pas-
sion du vrai imposerait^! le mépris de l'utile? Est-ce que l'un n'est
pas l'attribut de l'autre? Et quant au cœur, il est tout à fait impro-
bable que, chez un homme d'ailleurs normal, l'amour de la science
soit de nature à l'accaparer tout entier. Reste la foi. Ceci se conçoit
mieux. La science a sur ce point ses tentations; pas tout à fait cepen-
dant comme les entend M. Beannier, pas à cause d'une opposition du
préjugé, de l'habitude du train de la vie avec la raison pure. Non.
Si j'avais à définir ces tentations, je dirais plutôt qu'elles tiennent
à un dégoût inspiré par les vérifications discursives, pour tout ce qui
procède des illuminations intérieures. En sorte que le remède aux
— 19 —
tentations de la science doit être la lecture proportionnée des écri-
vains spirituels. Si tant de gens ont failli dans ce chemin (je ne parle
que des tentations de l'esprit), c'est pour n'avoir su mettre en balance
des livres qui les enivraient de matière profane, que les mœurs et la
dévotion. En fait d'application intellectuelle même, l'équilibre exige
d'être gardé. Le devoir des jeunes catholiques qui lisent est de lire,
H proposition des auteurs profanes, les Pères et les Saints Livres, les
mystiques, les sermonnaires. J'ai peur que M. Beaunier se fasse une
fausse idée de l'état philosophique parfait. Il le conçoit comme un
évanouissement de la personnalité dans l'idée pure. Il en prend pour
exemple Spinoza. Mauvais choix. Il n'y a pas un philosophe sérieux
pour adopter le panthéisme mathématique de, Spinoza; et, si l'on cher-
che ailleurs, est-ce que Descartes, est-ce que Leibniz, est-ce que Male-
branche, est-ce que Platon ou Aristote, est-ce que Kant même, con-
duisent à cet anéantissement? Si je pouvais me permettre d'indiquer
des lectures à M. André Beaunier, je le renverrais, dans les Nouveaux
Essais^ au chapitre de la Puissance et de la Liberté (liv. Il, chap. XXI),
comme è un modèle de ce que peut la pensée pure pour éclairer
le concret, l'ordonner, le rendre propre à la vie même. Le roman finit
par un meurtre. Le vieil alchimiste empoisonne Bedée au moyen
d'une injection, pour empêcher qu'il ne soit plus longtemps infidèle à
la science, et se tue lui-même après.
5. — II y a beaucoup de couleur, et sur un mode varié, dans le re-
cueil auquel M. René de Saint-Chéron avait voulu qu'on donnât ce
nom : La Bague d'opale. Ce sont des contes de tous les âges et de
toutes les civilisations, formant autant de nouvelles distinctes. Récits
historiques, légendes de saints, mythes populaires, Rome, la Grèce,
Venise, l'Inde, Byzance, le moyen âge français, les Arabes d'Espagne,
composent une série aussi attachante par les sentiments que par les
mœurs. Le style, orné sans surcharge, est tout à fait propre à la matière
et la rend parfaitement agréable.
6. — M. Louis Goiffon nous peint, dans une suite de nouvelles, les
drames de la vie intérieure. A cause de cela, il appelle son recueil :
Duels. Ces duels sont pour nous les résultats des sentiments fomentés
par M. Paul Bourget dans s :;n fameux livre du Disciple, et l'auteur
lui en fait hommage.
7. — il n'y a dans les Insoupçonnés que les titres qui soient vrai-
ment piquants : Li Marchand d3 marottes, le Raccommodeur de ten-
dresses, l'Archiviste de sentiments. On peut dire que l'auteur a eu les
idéas, mais la réalisation est vulgaire. Elle l'est par l'invention
de détail et par le style. C'est dommage : on a sans cesse l'impression
de quelque chose qui devrait divertir, et qui ennuie.
8. — Une Fille de rien, c'est-à-dire une fille de campagne, mène
à la ville la vie galante. L'auteur, M. Jules Leroux, nous donne là-
dessus nombre de détails peu convenables à la décence. L'intention
en gros est morale ; mais le pardon du mari qui termine l'histoire
montre que'le souci des sanctions n'est pas le fort de cette morale-là.
Il y a bien du talent littéraire dans ce livre.
9. — La Route de l'Est, c'est le chemin de la Revanche. Seuls persis-
tent à la tenir les officiers fidèles au caractère traditionnel de l'armée.
En face de ce caractère, M. Alexis Callies nous montre celui de l'offi-
cier, tel qu'on a essayé de le faire depuis l'affaire Dreyfus, pédagogue,
humanitaire et pacifiste. Tout, dans ce roman, est à l'honneur du
premier. C'est une bonne action en même temps qu'un beau hvre.
10. — Un roman conjugal, troublé par des passions que la rage de
s'analyser sans fin attise, dénoué pour finir dans la médiocrité, tel
est le Papillon noir, pensé avec distinction, écrit d'un style trop tendre,
trop exaspéré, trop plein d'effets. L'auteur, le comte Antoine de Lévis-
Mirepoix, causerait des émotions plus vives, s'il s'exprimait plus sim-
plement et craignait moins la banalité.
11. — Des tableaux, tracés avec verve, du monde des petits théâtres
et de la jeune littérature composent le roman de Nella, jolie fille, de
M. Roger Lalli. 11 faut avouer que le sel y manque parfois, quoiqu'il
y ait partout de la vivacité. Un des personnages crie, nous dit l'au-
teur : Vive le Boy ! Peut-on demander à M. Lalli comment ce person-
nage a pu crier Y y?
12. — L'amour, que M. A. Tournaire nous peint en défaut dans
les Pauvres d'amour, est de diverses sortes, et compose différents cha-
pitres. L'amitié et les amours qui naissent de la famille y ont leur
place. L'épisode le plus dramatique est celui d'une étudiante, que la
déception d'amour fait tomber à la galanterie de métier. Il y a de la
pesanteur parfois, mais beaucoup d'invention et d'intérêt.
13. — L'Amour dans les ruines est celui qui prend son refuge dans
les ruines de l'existence. Ce refuge de l'amour fait le dénouement du
livre de M. Max Deauville, après que nous ont été dépeintes les avances
d'un autre amour, qui semblait propre à faire refleurir la vie. Le
roman est par lettres, et contient nombre de pages d'une fine analyse
morale.
14. — Idées fatales : histoire d'une désillusion double, celle des
idées humanitaires et de régénération sociale; celle d'un amour, dont
l'auteur, M. Emile Dousset, nous donne l'intéressante histoire. Il y a
beaucoup de vérité dans ce récit et un heureux ménagement de nuan-
ces.
15. — M. Vigne d'Octon fut député et est retourné à la littéra-
ture. Sous ce nom : Les Impossibles Amours, il nous donne des ta-
bleaux d'Afrique, dont le plus intéressant offre le spectacle des
— 21 —
obstacles opposés par la race et la religion à l'attrait de l'amour naï-
vement ressenti. Il y a dans ce livre l'agrément anecdotique de tout
ce qui touche à ces contrées.
16. — Voici un autre ouvrage posthume de Charles-Louis Philippe,
plein de choses fortes et touchantes, au milieu de cette littérature
légèrement emphatique et conventionnelle, qui tenait à l'effort même
que l'auteur faisait pour sortir de la convention. La Mère et l'enfant
est une espèce d'autobiographie, ou de souvenirs d'enfance généra-
lisés. Ceux qui voudront connaître l'évolution ressentie dans les cercles
les plus avancés, vers une restauration de l'ordre et de la hiérarchie
dans tous les genres, ne pourront omettre cet ouvrage-là.
17. — Un recueil de quelques nouvelles, dont la Relique est la
plus importante, plaira par l'invention féconde des aventures et
l'éclat agréable des peintures. La Relique est l'histoire d'un moine
d'un couvent de l'île de Murano, près de Venise. L'auteur, M. Paul
Heuzé, s'est rappelé en cette rencontre tous les meilleurs modèles du
genre.
18. — L'histoire de la conquête de Palmyre sur Zénobie par
Aurélien fait le principal sujet du livre auquel M. Hubert Pierquin a
donné le nom de Tibur, en souvenir des auteurs anciens. Il en est digne
par la grâce facile du récit et la beauté de la couleur locale.
19. — Une aventure galante, dénouée par une rupture, c'est le
sujet de la Rencontre dans le carrefour. Titre malheureux, en ce qu'il
risque d'aggraver la présentation d'un tel sujet. J'ajoute que l'au-
teur, M. pierre-Jean Jouve, ne s'y est fait faute d'aucun des détails
que les auteurs décents négligent. Ce genre d'attrait semble destiné
à faire le plus clair des mérites du livre.
20 . — Scènes de province, innocentes, mais molles, tel est le Nouveau
Docteur de M. Jules Pravieux. Dans le tableau général des petites
mœurs bourgeoises, se déroule l'affabulation d'un amour honnête
et couronné.
21. — Le Couple. Entendez ce sujet dans le sens le plus offensant
du mot. Le roman appartient au genre psychophysiologique préten-
tieux, et, comme l'union conjugale er fait le thème, on peut imaginer
le détail. L'indignation se mêle à l'ennui. « Je suis sauvée de l'amour,
donc je suis. » C'est la conclusion. 11 faut aimer et dépasser l'amour :
c'est l'affranchissement pour une femme. Bene, optime, M. Aurel.
22. — Mimi-Musette est le récit d'une liaison galante, que le jeune
homme qui la pratique voudrait terminer par un mariage. Mais l'é-
pouse prétendue refuse, alléguant sa stérilité; la naissance d'un
enfant paraissant à tous deux la condition du relèvement. L'auteur,
M. Flambart des Bords, prétend ainsi moraliser. J'ai peur que son
action soit mince. Le style est long et raisonneur, à la mode de
— 22 —
1830, parfois chargé de tours prétentieux et bizarres. Les sentiments
tiennent fâcheusement du mélodrame sentimental.
23. — M. Jules Claretie a lu dan? les pathologistes que la vie de
certaines personnes se dédoublait, qu'un instant de sommeil leur
faisait oublier leur vie passée et en commencer une nouvelle, laquelle
de nouveau retombait à l'oubli par un nouvel accès de sommeil.
Alors, les souvenirs effacés renaissaient, la première vie renouée ee
poursuivait, jusqu'à ce que, de nouveau effacée, elle fût remplacée
par la seconde, et ainsi de suite. M. Claretie a fait un roman là-dessus :
U Obsession. Tous les gens qui ont quelque idée des lettres jugeront
une telle idée absurde. Si quelque chose répugne à la peinture des
mœurs, au dramatique, à l'intérêt que le lecteur attend d'un récit,
c'est en effet le cas pathologique. M. Claretie n'a vu là-dedans qu'une
manière d'être moderne. Pourtant cela n'est déjà plus neuf depuis
longtemps. Mais les gens que le moderne préoccupe ne sont pas exi-
geants sur la nouveauté, et les choses qui les ont étonnés une fois ne
perdent jamais le prestige du neuf pour eux. M. Claretie est un vieux
primaire. De plus, il écrit comme un feuilletoniste. Rien n'est donc
si froid que ce livre, si ennuyeux, si plat. Détail fameux : il y a une
chose que le sujet pathologique de M. Claretie n'oublie pas, c'est son
nom. Dans sa première vie comme dans la seconde, il s'appelle André
Fortes. Il le sait; et cela est bien plus commode pour établir les qui-
proquos.
Romans de femmes. — 24. — Voici, de M'"*^ Marie- Anne de Rovet,
un recueil de nouvelles. La Dame à l'oreille de velours est .inspirée
de Conan Doyle. C'est l'histoire de la vengeance d'un prince hindou
exercée d'une manière mystérieuse et terrible. Par l'effet d'un fabu-
leux pouvoir,le baiser de cérémonie, déposé sur la bouche d'un gentil-
homme anglais et sur l'oreille de sa fiancée, entraîne le dessèchement
de la langue chez l'un, de l'oreille chez l'autre. Le gentilhomme se tue
de désespoir, la dame vit retirée à la campagne, la plaie dissimulée
sous un pompon de velours, jusqu'au jour où le prince, venu à Lon-
dres pour le couronnement d'Edouard VU, est attiré par elle dans un
guet-apens. La décharge électrique d'un plot, placé sur le seuil du jar-
din, consomme, en foudroyant le prince, la vengeance de la fiancée. L'in-
vention est curieuse et le détail agréable. L'auteur y met avec aisanos
le menu butin de ses promenades à travers la société anglaise (dont
elle sait parfaitement la langue), en mœurs, en caractères, en style.
Les curieux d'analyse préféreront le Sauvetage, histoire dti partage
d'un galant homme entre une fiancée de cœur lent, mais sûr, et une
coquette. L'originalité de l'histoire est que cette fiancée l'a sauvé de
la mer, dans laquelle il était sur le point de se noyer, et que la coquette
a l'art de se faire sauver par lui d'un accident de cheval. L'orgueil
— 2.J —
masculin, vu par les yeux d'une femme et dépeint avec beaucoup de
grâce, tend à déprendre le fiancé et à le rejeter vers la coquette.
C'est, adaptée avec finesse et singulièrement enrichie, la situa-
tion de comédie que Labiche fait à M. Perrichon. De plus, la
froideur sérieuse de la fiancée compose un caractère original, que
M"^^ de Bovet parvient à faire aimer, par tout ce qu'elle y met de ri-
chesse de sentiment, enveloppée et d'autant plus profonde. Il y a
dans ce portrait une belle profession de foi de noble réserve en face de
l'amour, sans refus d'aimer pourtant, sans sécheresse ni grimace.
L'histoire se dénoue à la confusion de la coquette, et à l'avantage de
la fiancée, au moyen de certains trucs de roman, sur lesquels il me
semble qu'on saura gré à l'auteur de n'avoir pas raffiné, l'intérêt
étant tout entier dans la peinture des sentiments. Les autres nouvelles
sont moins fortes et plus artificielles; on ne les en lit pas moins avec
plaisir, à cause des réflexions que l'auteur y ajoute. On y trouve des
choses comme celles-ci : « Son esprit avait en cela été plus vite que
n'aurait voulu son cœur. ïl était encore amoureux de sa femme que
déjà il ne nourrissait plus guère d'illusion sur la valeur de ce senti-
ment. » — « A Paris on ne vieillit pas, tout au plus meurt-on.» M^^
de Bovet me permettra-t-elle une question? Je lis dans un endroit le
mot éçaltonné^ sans parvenir à deviner ce qu'il veut dire.
25. — M™^ NotUe Roger nous donne un livre des plus intéressants, à
titre de document de l'epprit protesta it.i)e l'un à l'autre Amour, tel est
le nom de ce livre. L'un est l'amour simplement charnel et humain, l'au-
tre, l'amour épuré en Dieu. Ce sujet, ressenti et dépeint avec toute la
chaleur et toute la finesse d'une femme, ne laisse pas de toucher,
quoique les . entiments qu'il expose aient leur source dans une fatale
erreur : la confusion instituée depuis Luther entre la fidélité com-
mune à Jésus-Christ, rt la sainteté proprement dite. Annehse, l'hé-
roïne du livre, se pose l'alternative, ou de mourir à toute chose, ou
d'abandonner la foi. Elle ignore le bienfait de l'Église catholique,
qui, malgré les mille liens du monde auxquels l'âme du fidèle se sent
retenue, organise nos bonnes volontés, et tire de nos efforts cette
reprise constante et les éléments de cet équilbre, dont se forme
l'essentiel de la vie chrétienne. Il est vrai qu'une telle vie ne peut
se constituer sans le secours des sacrements, des pratiques, de l'obéis-
sance des hiérarchies. Les protestants méprisent ces choses; ils ne
reconnaissent la conversion qu'aux élans magnifiques de l'âme,
à son abnégation totale, à son absorption dans Jésus-Christ. Tel
est le programme moral que la Réforme impose sans discernement
à tout homme. De là ne peut que s'engendrer chez les âmes géné-
reuses l'effroyable crise morale que dépeint M^^^ Noëlle Roger.
Chez les âmes petites, ou sèches, ou uniquement pratiques, la Ré-
k
— 24 —
formation se cristallise aisément en petites attitudes hypocrites, qui
laissent le fond de l'homme à la dérive avec l'honnêteté commune
pour seul guide. Chez les tempéraments ardents et impatients, elle
aboutit à l'indifférence. Chez les autres, elle soulève des tempêtes.
Car, si rien n'est difficile comme de pratiquer le renoncement, rien
n'est si naturel à certaines âmes, surtout dans la jeunesse, que de
^'imaginer et de l'embrasser dans un élan. Ainsi, d'une part, on sent
pour Dieu des ardeurs vives, de l'autre on éprouve mille obstacles
dans l'effort fait pour les fixer. On croit fonder la vie spirituelle et
l'on tombe dès les premiers pas. Là-dessus, le confesseur
catholique intervient. « La sainteté, dit-il, est œuvre diffi-
cile, œuvre de longue haleine, c'est une habitude, presque une
profession. Commençons par les devoirs vulgaires. Ils n'empê-
chent pas de monter plus haut; et, si l'on y demeure, ils suffisent.»
Mais le protestant n'a de guide que sa propre illumination inté-
rieure. Cette illumination ne connaît que deux termes extrêmes. Ce-
pendant l'auteur veut conclure. Elle est dans le fond pour Anne-
lise, qui ne peut ni ne veut renoncer à la vie. Et, comme il faut que
l'ouvrage sauve la fidélité à la Réforme, elle fait avouer par un pasteur
que certaine école théologique a trop méconnu le sentiment. Quelle
pitié ! Je le dis sans irrespect, mais avec un sentiment profond : quelle
pitié que ce pieux illuminisme, tempéré de romantisme anarchique !
Ce n'est pas le sentiment qu'on méconnaît, mais la vraie loi de l'Église
et de l'Evangile, qui n'est pas seulement essor de l'âme, récompense
mystique, mais remède : ad medelam percipiendom, disent les prières
de la messe catholique à la communion. L'Église sauve les infirmes;
nos frères séparés s'imaginent qu'elle ne fait qu'enregistrer les saints.
26. — Dans l'Aube, qui est l'aube de la vie ou du mariage, nous
apercevons les affections d'une femme, contrariées par l'infidélité
d'un mari, sa foi religieuse ébranlée, puis détruite par le spectacle de
celle d'un estimable ami. Puis le raccommodement se fait grâce à
l'amendement de l'époux, et la foi revient grâce aux conseils d'un
prêtre. Au reste, le lecteur pourra remarquer dans cette jeune femme
bien des dispositions équivoques. L'auteur, Henri Ardel, nous dit que
le « sentiment de la justice était chez elle excessivement puissant »;
dans les infidélités conjugales, elle déteste surtout la feinte : « c'est
si dégradant de tromper; » enfin elle remet la pureté du mariage à
l'intensité de l'amour : « Il faut tant aimer pour être fidèle. » Justice,
sincérité, amour : trois choses louables et excellentes, mais dont la
mise en vedette, à l'exclusion du reste, accuse l'empoisonnement des
meilleurs esprits de ce temps par la morale d'Ibsen et de Tolstoï.
En bonne morale, la justice cède à l'équité, la sincérité n'a pas de
prix sans l'honneur, et le devoir commande avant l'amour.
— 25 -^
27. — Voici un roman légèrement cynique : La Première Blessure.
Les choses de l'amour y sont maniées à pleines mains et sans voiles.
Jusque dans le mariage, on s'applique à en rendre le détail précis.
Une galanterie conduite par une jeune femme dont le mari est en
voyage, galanterie rompue par l'intervention de son père, en fait 'e
sujet. A ce fond parfaitement choquant, la médiocre philosophie de
l'affranchissement des jeunes générations joint son dégoût. Vou-
lant nous dépeindre les hésitations de son héroïne devant l'adul-
tère, M'"^ Marguerite Lejeune écrit: « Collette n'était pas assez in-
dépendante pour s'en moquer comme elle J'eût voulu, et, bien qu'elle
méprisât les médisances du monde, elle restait prisonnière de leurs
sottises. )) La grammaire n'est pas mieux traitée. « Avant qu'elle ait
eu le temps de s'échapper, Michel la retint. » « C'est une hérésie, fit-
il à mi-voix pour que ses voisins n'entendent pas. »
28. — Un roman d'amour dans les montagnes avec de beaux pay-
sages et des sentiments touchants, tel est la Double Montée de M"^*^
Berthem-Bontroux. On reprochera quelques longueurs, avec un ton
de dissertation qui, par endroits, refroidit la peinture.
29. — Le Seul Amour : c'est tout un programme. 11 exclut la haine et
la violence. L'erreur de l'auteur est de ne pas discerner que, s'il dépend
des bons de chasser la haine de leur cœur, il ne dépend pas d'eux
d'ôter la violence du monde. Ainsi la volonté de n'en user pas pour
eux n'aboutit qu'à mettre en liberté celle des méchants. M"^^ Louis
Lefebvre plaide sa cause par le sentiment. Une jeune fille meurt
dans le roman par l'effet des violences dont elle est témoin dans les
luttes politiques, et qui broient son cœur. C'est pathétique; mais le
lecteur ne peut s'empêcher de trouver cette raison des plus faibles
en ce qui concerne la thèse.
30. — Des fortuites et futiles rencontres orientent une vie de jeune fille
dans ce roman : Le Destin nous conduit, de M '^^^ Lucie Gauthey. C'est
uneaventure de carnaval, un poisson d'avril, qui en décident. Leroman
finit par le mariage de l'héroïne, préparé par les plus tendres senti-
ments.
Romans étrangers. — 31. — ?)Ous ce nom: Figures du pays, voici des
contes du Hainaut et du pays de Liège. Cet ouvrage de M. Hubert
Krains est dans un style populaire un peu rude, mais non dépourvu
de saveur. L'invention est amère souvent; mais une tendresse de
sentiment y mêle ordinairement sa douceur. Je recommande surtout
la Planète, où l'on voit un fils de paysan perdre au jeu les
économies de ses parents, et se noyer tragiquement dans une mare.
32. — L'Ardennaise est la première de trois nouvelles, où M. Henri
Davignon nous présente l'agréable tableau des montagnes wallonnes
et des mœurs de ces contrées. Excellents échantillons de la littéra-
ture régionale, telle qu'elle fleurit chez nos voisins de Belgique.
— 26 —
33. — Frissons de vie, pour une bonne part, pourrait s'appeler
frissons de luxure. On ne contestera pas à l'auteur, M. Georges
Rency, une certaine éloquence en ses rencontres, mais c'est unique-
ment celle des sens dépraves. Le reste (car le livre se compose de
nouvelles) a moins de couleur que de vivacité.
34. — Haute Plaine est une réunion de diverses nouvelles. M. Hu-
bert Stiernet y dépeint les mœurs populaires des Ardennes. Le re-
cueil est conçu dans le genre de tableaux durs, auquel une pointe
d'atrocité se mêle. Un style bref et sans éclat ajoute sa tristesse à celle
du sujet.
35. — Voici un remarquable roman de M'"^ Humphry Ward, très
agréablement traduit. Ce mérite n'est pas commun et se fait d'autant
plus apprécier. Le sujet est la question ouvrière, vue du côté des classes
dirigeantes d'Angleterre. Sir George Tressady, de la Chambre des
Communes, élu pour empêcher les lois ouvrières, se voit convertir
par le charme, la beauté, la noblesse d'âme de Lady Maxwell, femme
du ministre socialiste. Tableaux nombreux de l'action publique de
cette dame dans le monde ouvrier d'une part, et de son prosélytisme
chez ses égaux. L'auteur est pour elle. Je ne l'en critique pas; mais
il me semble que le chemin qu'elle prend, pour lui rendre le lecteur
également favorable, aura peu de prise sur un lecteur français. Elle ne
s'appuie que sur la pitié. Mais justement la question est de savoir si
la pitié sur laquelle elle se fonde est une pitié bien adressée. Devons-
nous tout céder à l'impression d'infortune que donne la classe ouvrière
dans ses grands centresPCetteimpressionneTemportequesurnosnerfs;
cela, il y a quinze ans, était définitif ; aujourd'hui, les nerfs fran-
çais se sont repris. Le socialisme d'une part, la démocratie chrétienne
de l'autre sont en déclin. Le syndicalisme qui, de ce côté, concentre
aujourd'hui l'attention, dirige autrement sa propagande. Comme il
a renoncé à la pousser du côté des classes dirigeantes et à triompher
par les bourgeois, la pitié bourgeoise ne compte plus au nombre de
ses moyens d'action. Il se renferme dans les raisons pratiques et descal-
culs, où le premier rôle revient à l'organisation du corps professionnel.
Certainement une action comme celle de Lady Maxwell serait extrême-
ment mal venue chez les syndicalistes français. Il semble qu'elle soit tou-
jours de mise en Angleterre; en tous cas, l'auteur de ce roman la croit
propre à faire naître l'amitié du lecteur. De là pournous un léger dégoîit
sur le fond. Tressady converti, le transfuge de son parti meurt enfin
dans l'éboulement d'une mine. Cette fin tragique s'ajoute à l'impres-
sion peu agréable de mélodrame. Mais la substance morale et pitto-
resque du livre est quelque chose de très précieux. Des réunions du
monde élégant, des discussions politiques, des scènes conjugales,
courent devant nos yeux dans une lumière fine et cordiale. Lady
— 27 —
Allison, Lord Fontenoy, Maxwell lui-même sont autant de person-
nages dont nous apercevons les traits, dont nous écoutons le ton de
voix, dont nous suivons les gestes. La mère de Tressady est une
vieille coquette, sa jeune femme une épouse frivole et ambitieuse. On
le voit se débattre entre elles deux, dans un tableau où triomphent
l'observation anglaise et la malice du coup d'œil d'une femme. Je
ne sais &i M"^^ Humphry Ward a encore paru dans notre langue,
avec autant d'avantages à cet égard. On l'appréciera d'autant
plus qu'elle nous découvre une Angleterre contemporaine assez
mal connue, où les trait» constants de la nation reçoivent de
l'agitation politique des inflexions toutes nouvelles.
36. . — Nouveau recueil de nouvelles de M. Rudyard Kipling :
Brugglesmith. Ce nom est celui d'un ivrogne de Londres, dont l'aven-
ture ouvre la série. Le reste se passe principalement aux Indes. On
ne finit pas de s'ébahir de l'inexactitude de ces traductions. Le titre
d'une de ces nouvelles est une Nursery rime bien connu : Baa baa
black sheep, hâve you any wool. Il faut traduire : « Bè bè, mouton
noir. )) L'auteur transcrit l'anglais haa baa, tout simplement.
37. — Terres de silence, par M. Edward White, roman d'aventures
de la Prairie renouvelées de Fenimore Cooper, fameux pendant aux
hindoustaneries de Kipling. Le lecteur français y prendra, dans
une traduction assez courante, quoique peu méditéo, un divertisse-
ment très agréable.
;;8. — Barnabe Rudge, traduit de Dickens, a paru dane la collec-
tion des romans de la librairie Hachette à un franc.
39. — La Solitaire est un roman d'amour, déroulé tout entier au
sein de l'aristocratie anglaise, terminé par un mariage. M""^ Henry
de la Pasture y a mis mainte scène élégante et intime du plus touchant
effet.
40 . — Le Fou en liberté, de M. Storrer Clouston, est uin roman dans
le genre de Conan Doyle, déchargé de la complication qui dans l'ori-
ginal en contrarie l'effet. On voudrait par instant la traduction plus
ferme et plus piquante.
4L — Un voyage, fantastique dans son plan et non moins étonnant
dans ses aventures, quoique toujours maintenu dans le possible, au
milieu des mœurs et des conjonctures modernes, c'est l'Ile au poiso'i,
traduit et adapté avec beaucoup d'à-propos et de talent par M. Jac-
ques des Gâchons. L'auteur Quiller Couch a fourni une matière exces-
sivement curieuse et abondante.
42. — Je recommande ces petits contes malgré de grosses légèretés.
Le Napoléon, qui est le premier, a fourni le titre à tout le volume.
L'auteur, M. Alfred Bock, est Hessois, et c'est de son pays qu'îl
parle principalement. La traduction est excellente, sans germaiiisme,
— 28 —
sans aucun de ces mots transportés qui font buter un lecteur à chaque
pas; ainsi la lecture en sera aussi facile qu'intéressante.
43. — Le Village de femmes, de M"*^ Clara Viebig, est un tableau de
mœurs ouvrières allemandes poussées au noir et au symbole. îl y a
bien du convenu, et du brutal aussi, avec un sentimentalisme contenu
qui choque et qui fatigue.
44. — La librairie Stock continue la publication des Œuvres com-
plètes de Tolstoï, traduites par M. J.-W. Bienstock. C'est, cette fois,
la 2^ et la 3^ parties de Résurrection qui paraissent.
45. — Voici des Pages choisies de M"^*^ Maria Koponicka : six pièces
seulement : Prométhé et Sisyphe ; Notre vieux Cheval ; A Cappella : la
Fumée -^ Dans la vallée de la Skawa\ le Vieux Zapala. Mise à part la
contrainte à peu près inévitable de la traduction dans ces sortes d'ou-
vrages, ces pages sont belles et on les goûtera. Il y a une biographie de
l'auteur et une préface littéraire de Sienkiéwicz. L. Dimier.
ÉCONOMIE POLITIQUE ET SOCIALE
1. Le Commerce extérieur et les tarifs de douane, par AuG. Arnaunk. Paris, Alcan,
1911, in-8 de iii-534 p., 8 fr. — 2. La Politique douanière de la France, par
Chables Augier et Angel Marvaud. Paris, Alcan, 1911, in-8 de vi-406 p.,
7 fr. — 3. L^s Primes à la sériciculture et à la filature de la soie, par Joseph
Payen. Lyon, Legendre, 1910, gT. in-8 de 502 p. — 4. L'Effort allemand, V Alle-
magne et la France au point de vue économique, par Lucien Hubert. Paris, Al-
can, 1911, in-16 de 236 p., 3 fr. 50. — 5. La Question agraire au'royaume de Pologne,
par B. KosKOwsKi. Paris, Giard et Brière, 1911, gr. in-8 de 239 p., 4 fr. 50. —
6. Le Régime minier, par Marius Richard. Paris, Alcan, 1911, in-16 de 230 p.,
3 fr. 50. — 7. Les Chemins de fer et la grève, par Yves Guyot. Paris, Alcan,
1911, in-16 de xiv-329 p., 3 fr, 50. — 8. Cesare Beccaria. Scriiti e lettere inediti,
raccolti ed illustrati da Eugenio Landry. Milano, Hœpii, 1910, in-8 de 319 p.,
5 fr. 50. — 9. La MutualiV' nouvelle, guide pratique des mutualistes, par M. Prc^it.
Paris, Giard et Brière, 1911, in-18 de 3S9 p., 3 tr. 50. — 10. La Réglementation
du travail des femmes et des enfants auo: États-Unis, par A. Chaboseau. Paris,
Giard et Brière, 19Î1, in-18, de 206 p , 2 fr. 50. — 11. Causeries sociales, par O.
Jean. Paris, Bloud, 1911, in-16 de 93 p., 1 fr. 50. — 12. L'Acheteur, son rôle
économique et social; les ligues sociales d'acheteurs, par Maurice Deslandres.
Paris, Alcan, s. d. '1911', in-8 de vii-nlO p., 8 ir. — 1.3. La Odierna Eooluzione
dello stato democratico moderno, da Raffaele MustO. Napoli, Detken e Rocholl,
1911, petit in-8 de xvi-26G p. — 14. Le Sionisme, par Angel Marvaud. Paris,
Bloud, 1911, in-16 de. 64 p., 0 fr. 60. — 15. Le Modernisme social, décadence ou
régénération, par l'abbé J. Fontaine. Paris, Lethielleux, s. d. :'1911), i.n-8 de
xii-488 p., 6 fr. — 16. La Démocratie chrétienne, parti et école vus du diocèse
de ^ambrai, par Mpr Delassus. Lille, Desclée, de Brouwer, 1911, çr. in-8 de 62 p.,
1 fr. — 17. Histoire du mouvement syndical en France (1789-1910), par Paul Louis.
Paris, Alcan, 1911, in-16 d^ viii-283 p., 3 fr. 50. — 18. V Organisation des forces
ouvrières, par G. Olphe-Galliard. Paris, Giard et Brière, 1911, in-8 de xv-384
p., 8 fr. — 19, jLp Socialisme et l'activité économique, pav Marcel Braisant. Paris,
Aiîiftn, 1911, in-8 de 232 p., 5 fr. — 20. Dictionnaire du sorialLtme, par Charles
Yérecqi:e. Paris, Giard et Brière, 1911, ia-18 de 502 p., 5 fr.
1. — Si nous n'avons pas cette fois de traités historiques ni de
vastes ouvrages de doctrine, au moins les livres de description et
^ 29 —
d'application sont nombreux et excellents. Je mets au premier rang
le Commerce extérieur et les tarifs de douane de M. Arnauné. Il y
avait bien toute une littérature où les formules de la « valeur inter-
nationale » et de la « balance économique )> avaient conquis leur juste
place, mais il manquait une histoire et spécialement une histoire
pour nous Français. M. Arnauné comble cette lacune. Sans remonter
au-delà de Colbert, il expose depuis lors le double mouvement des
idées et des faits, des systèmes et des lois. A signaler surtout deux
excellents chapitres, l'un sur le traité d'Eden de 1786 et le tarif gé-
néral de 1791, l'autre sur le régime douanier de la Révolution et de
l'Empire. La revision douanière de 1910 est étudiée avec un grand
soin; puis des chapitres sur le régime colonial, la marine marchande et
la question des sucres complètent l'ouvrage. M. Arnauné se pose
nettement en libre échangiste. Il nous semble même qu'il expose le
lecteur à confondre le protectionnisme avec le mercantilisme, sans
montrer suffisamment que l'établissement d'une balance éco-
nomique, fort différente de la balance commerciale, est un
problème insoluble. En tout cas, il fallait se garder de croire
qu'Adam Smith, J.-B. Say et Bastiat eussent creusé le sujet avec la
même rigueur et la même pénétration que Cairnes,Patten et Fontana-
Russo. Mais je regrette que M. Arnauné, historien et homme
pratique, se soit interdit de toucher aux questions de principe, en se
proposant d'intéresser les hommes d'affaires sans les rebuter. — Der-
nière remarque : il manque une table alphabétique qui faciliterait
les recherches.
2. — Tout autre est le volume de MM. Charles Augier et Angel
Marvaud : La Politique douanière de la France. Il ne diffère pas moins
du précédent par le plan que par l'esprit. M. Augier est un inspecteur
principal des douanes, et M. Marvaud, à diverses reprises, a été chargé
d'enquêtes par la Fédération des industriels et des commerçants. Ils
ne font pas de l'histoire, mais de l'actualité; ils remontent à peine
jusqu'à 1860 et ils concentrent leur attention sur la double réforme
de 1892 et de 1910. Mais alors ils exposent avec une grande richesse
de détails les négociations poursuivies avec tel ou tel gouvernement
étranger, en mettant en pleine lumière les pourparlers diplomatiques,
leur but, leurs difficultés et leurs résultats. L'ouvrage de M. Arnauné
fournissait beaucoup pour le développement d'un cours qui aurait été
fait à des étudiants; celui-ci est plutôt un ouvrage à consulter par
les praticiens et les hommes d'affaires. Les tarifs de 1892 et de 1910
sont protectionnistes : MM. Augier et Marvaud le sont aussi, et, par
là encore, réapparaît le contraste entre la théorie, qui est si volontiers
libre échangiste avec les livres, et la pratique, que les intérêts immé-
diats et brutalement tangibles de la plupart des producteurs et
— 30 —
commerçants réclament protectiomiiste, en dépit des discours, des
raisonnements et des phrases. — M. Klotz, qui fut et qui est redevenu
ministre des finances, a fait une Préface de quatre petites pages,
sans plus, où il expose froidement la nécessité du protectionnisme
comme conséquence de nos lois dites de solidarité sociale. Toutes ces
lois, dit-il, « imposent à la production nationale des charges nou-
velles, et il est certain que le coefficient de protection qui avait été
accordé à la production nationale en 1892, s'est trouvé dans la suite
légèrement faussé (p. m). » Et M. Klotz en est encore à parler de
régime « compensateur » ! Il ne compense qu'une chose, le bénéfice
des lois de solidarité sociale avec la cherté des produits et des denrées.
Et qu'est-ce que l'ouvrier y gagne? Il y a là de quoi faire hausser les
épaules à M. Amauné et à bien d'autres. En tout cas, M. Klotz est
bien naïf de 'âcher un tel aveu. 11 y avait mieux à dire pour justifier
notre régime douanier actuel, si l'on tenait tant à le justifier.
3. — Puisque nous en' sommes aux douanes et à la protection,
restons-y. A cet égard, le volumineux traité de M. Joseph Payen, les
Primes à la séricultiire et à la filature de la soie, est une de ces mono-
graphies qui épuisent un sujet. On connaît le pourquoi de ces primes :
elles furent en 1892 la rançon de la hbre importation des cocons et
des grèges, que ne voulaient pas accepter le moulinage et la filature
des Cévennes et de la Drôme, menacés de disparaître. De nombreuses
modifications furent ensuite apportées, mais le principe de la loi du
11 janvier 1892 resta intact. Le -volume de M. Payen s'ouvre par une
très intéressante étude sur la sériculture, la filature et la situation
économique de ces deux industries dans la région du sud-est.
4. — Les journaux, à son apparition, se sont empressés de signaler
le livre très instructif de M. Lucien Hubert, député, sur l'Effort alle-
mand, l' Allemagne et la France au point de vue économique. M. Hubert
ne veut pas soutenir une thèse ou optimiste ou pessimiste : tout
simplement il examine, il expose, il compare, et, de ce parallèle entre
le développement économique de la France et celui de l'Allemagne, il
laisse le lecteur tirer telle conclusion qu'il voudra, pourvu que cette
conclusion soit patriotique. On trouvera là une foule de renseigne-
ments sur la population, l'extraction - minérale, les fabrications in-
dustriellec, les importations et exportations, les banques, les caisses
d'épargne, etc. Seulement certains de ces renfeignements demandent
à être contrôlés et surtout à être compris. Par exemple, M. Hubert
donne à la Société générale un capital de 300 millions : c'est 400 qu'il
faut dire, dont 200 non versés. Ailleurs il ne paraît pas suffisamment
affranchi du sophisme de la balance du commerce (p. 145, 152, 153.
etc.) ; ou bien, parlant de l'augmentation du rendement de la tax(^
sur le revenu des valeurs mobilières, il oublie de remarquer que, d'un»^
— 31 —
part, le tarif de perception a passé de 3 % à 4 « /o en 1890 et que, d'autre
part, la matière imposable s'est accrue, soit que des particuliers
missent leurs affaires en quelque genre de société soumise à la taxe,
soit que des types de sociétés de plus en plus nombreux y fussent
astreints par la loi (p. 201). Le sophisme de la richesse prouvée par
l'impôt éclate encore bien mieux à propos de la progression du ren-
dement de l'impôt sur les successions, impôt dont l'assiette et les
tarifs ont été remaniés à plusieurs reprises dans la période dont il
est ici question (ibid) : de ces changements-là, cependant, M. Hubert
ne nous dit rien. Tout cela doit donc rendre un peu sceptique. Est-il
bien exact, par exemple, de dire que « l'agriculture (en France) n'a
jamais été dans une période plus prospère que maintenant? « (p. 126)
La baisse considérable que l'on constate dans le revenu agricole im-
posable et dans la valeur des fonds ruraux donne ici un démenti
brutal, et il n'y a pas moins d'illusion à soutenir que la loi du 12
juillet 1909, instituant le bien de famille insaisissable, ne peut pas
manquer de retenir la population dans les campagnes (ib.). Évidem-
ment cet exode des paysans gênait un peu M. Hubert, mais il a tort
de se tirer d'embarras par une explication qui n'est que puérile (p. 127).
Ce qui reste vrai, c'est que « la France possède une admirable puis-
sance d'épargne, qui en fait le banquier du monde » (p. 172). A quoi
encore il aurait fallu ajouter que l'Allemagne épargne des hommes,
tandis que la France épargne des pièces d'or. Restons-en, si vous
voulez, sur cette boutade : « L'Allemagne donne l'impression d'un
pays colossalement riche qui n'a pas le sou » (p. 16).
5. — La Question agraire au royaume de Pologne, par M. Kokowski,
paraît être une thèse de doctorat : dans les Facultés de droit, en
effet, la thèse est souvent une occasion de faire des recherches très
originales, de mûrir un travail long et sérieux et d'enrichir les biblio-
thèques économiques de quelque bonne et solide publication. Cepen-
dant l'œuvre actuelle nous a semblé bien aride et trop dénuée d'opi-
nions personnelles; il y manque une carte pour suivre l'auteur; il y
manque aussi, au moins pour les profanes comme moi, des rensei-
gnements assez abondants sur le milieu historique, social et juri-
dique où se pose cette « question agraire. » C'est trop du dépouille-
ment de rapports administratifs et de statistiques, mais ce n'est
pas assez un livre et l'on n'y sent pas non plus une âme. A peine
trouvé-je à noter que la Russie, à la différence de l'Autriche, ne
sait pas faire les dépenses nécessaires pour protéger le pays contre
les inondations ou bien pour lui assurer les voies de commimication
dont il a besoin. Les taxes contributives sont bien levées par mil-
lions, mais elles reçoivent d'autres emplois, et le chemin de fer Lublin-
romaszow, par exemple, est refusé depuis quarante ans à des
demandeurs en concession qui ne réclament ni garantie ni sub-
sides, et qui ont toujours accepté toutes les conditions exigées
(p.174-176).
6. — Le Régime minier, de M. Marius Richard, est une étude fort
intéressante et fort instructive sur notre loi de 1810, comme sur les
critiques qui en sont faites et la refonte dont on la menace. Cette loi
est-elle donc si mauvaise? Non certes. En fait, l'inventeur, ou plutôt
rexplorateur,obtient toujours la concession, lors même que ses droits
à l'avoir ne sont pas nettement proclamés. Puis, ici, la « propriété »
proprement dite du concessionnaire est fort bien justifiée et établie :
Napoléon avait été on ne peut plus précis sur cet article-là, et son
raisonnement est reproduit fort à point (p. 2). En face de Napoléon,
quel petit homme donc que M. Zévaès ! Les profanes trouveront encore
dans ce volume une foule de choses intéressantes, notamment le
tableau de la hausse des salaires quotidiens dans les mines en regard
de la diminution du rendement par tête d'ouvrier, si bien que, de 1888
à 1907, les frais de main-d'œuvre, grâce à ce double mouvement en
sens inverse, ont monté de 5 fr. 04 à 7 fr. 05 par chaque tonne
extraite (p. 80). A signaler, au passage, les mauvais résultats de l'ex-
ploitation administrative en Prusse (p. 91), où la propriété de l'État
s'explique tantôt par d'anciennes exploitations seigneuriales et
tantôt par de véritables concessions que l'Etat s'est adjugées à lui-
même, faute de quelqu'un qui les voulût, parce qu'elles étaient jugées
onéreuses : ce n'est donc pas encourageant pour le système des indus-
tries d'État. Cependant M. Richard se défend d'avoir voulu faire un
plaidoyer en faveur des Compagnies. J'avoue même que je serais
plus sévère que lui sur la redevance projetée de 20 "/o à prendre sur
la part du produit net que le concessionnaire pourrait obtenir an-
nuellement en sus du dixième de son capital de premier établisse-
ment (p. 129 et s.). M. Richard; en effet, ne discute pas assez tout ce
qu'il y a d'arbitraire dans le calcul ou plutôt dans la supposition de
ce capital nécessaire moyen. Qu'appelez-vous donc un coût normal
de mise en exploitation, lorsque vous savez qu'en 1908, sur 1.488
concessions données, il y en avait 904 abandonnées et 319 en perte,
avec 34 millions de déficit chez ces dernières contre 90 millions de
bénéfices dans les deux cents et quelques autres qui faisaient des
bénéfices, mais qui, généralement, avaient lutté et perdu de l'argent
pendant un demi-siècle avant de gagner quelque chose? Rien, en
effet, n'est plus singulier, ni moins connu que l'étonnante et persis-
tante misère d'Anzin, d'a\niche et de bien d'autres compagnies avant
leur relèvement et leur prospérité (p. 64 et s.). Conclusion: la pro-
priété des mines a trop de risques de perte pour qu'on doive lui en-
lever ses bonnes chances quand elle en a. « La législation, disait Na-
— 33 —
poléon, doit être toujours en faveur du propriétaire : il faut qu'il
ait du bénéfice dans ses exploitations, parce que, sans cela, il aban-
donnera toutes ses entreprises. » A noter toutefois que M. Richard,
sans doute par tactique, ne nomme pas une fois le socialisme, qui est
pourtant le moteur de tous ces projets de réforme : en ceci donc,
il est incomplet et ne nous semble pas aller jusqu'au fond de la
question.
7. — On connaît le talent d'exposition de M. Yves Guyot, qu'il a
mis si souvent au service de la bonne économie politique libérale.
Son nouveau volume : Les Chemins de fer et la grève, est un exposé
très complet de la question, non seulement au point de vue français,
avec de très nombreuses citations de textes officiels et de débats
parlementaires, mais aussi avec d'utiles renseignements sur l'étranger.
M. Yves Guyot démontre victorieusement que la meilleure défense
contre les grèves de chemins de fer, c'est l'application toute simple
du droit commun, par conséquent la libre faculté pour les compa-
gnies de remplacer et par conséquent d'éloigner définitivement les
cheminots qui rompent le contrat. Alors ministre, il l'avait pro-
clamé très résolument dès 1889 et 1891 (p. 4 et s.). Il avait raison en
principe et les faits ont montré qu'il avait eu raison aussi en prati-
que. Mais, depuis lors, les idées subversives et le syndicalisme socia-
liste ont fait leur chemin, et l'on s'imagine pourtant que l'on
va se tirer d'affaire par des projets de loi dont le dépôt consacre
précisément la victoire effective de la grève (p. 103, 109, etc.) ! Nous
notons tout particulièrement aussi un chapitre sur «la Répartition des
titres de chemins de fer » (p. 245); on y verra ce que c'est que la
prétendue féodalité financière des grandes compagnies, simples
groupements de plusieurs centaines de milliers de petites bourses.
Que d'esprit dans le chapitre de « Monsieur Tout le monde »,ce pauvre
«Tout le monde» pour qui les chemins de fer ont été faits et que pour-
tant l'on oublie si bien (p. 305) ! En tout cas, je recommande instam-
ment la lecture de ce volume aux cœurs sensibles — ou plutôt aux
ambitieux de popularité malsaine — qui réclament la réintégration
complète et sans réserve de tous les cheminots soi-disant révoqués,
c'est-à-dire démissionnaires par la grève.
8. — Nul n'ignore Beccaria, qui fit à Milan, à la fin du xviii^ siècle,
un des premiers cours d'économie politique et qui s'est rendu célèbre
surtout comme criminaliste par son traité Des Délits et des peines.
M. Eugène Landry, professeur de langue et de littérature françaises
à Milan, a recueilli de lui avec une pieuse vénération un certain nom-
bre de lettres et écrits inédits, auxquels il a Joint des lettres pareille-
ment inédites de Voltaire, d'Holbach, Diderot, Condillac, d'Alembert,
Morellet, etc., etc. L'ouvrage comprend trois parties : 1° Écrits et
Janvier 1912. T. GXXIV. 3.
— 34 —
fragments philosophiques; 2'^ Lettres des philosophes français à Bec-
caria; 3° Lettres et documents intimes de Beccaria, le tout expliqué,
annoté et commenté. Beccaria écrivait fréquemment ses lettres en
français, mais quel français ! Au hasard de la plume, je note la théorie
de Beccaria sur la métempsychose. La matière selon lui est éternelle ;
par conséquent, les molécules impérissables qui ont constitué la « tex-
ture nerveuse » de Caton, de César et de Catilina (nous ne nous in-
quiétons pas des molécules du surplus de leurs personnes) peuvent
bien et même doivent bien, par le mélange de leurs combinaisons
fortuites à travers les siècles, se retrouver toutes exactement ensem-
ble. Ce jour^-Ià, Caton, César et Catilina revivront identiquement les
mêmes. « Voilà donc, dit Beccaria, la plus grande extension possible
donnée à la métempsychose pythagoricienne, et, cette fois-ci, elle l'est
dépouillée du manteau imbécile de la superstition et appuyée
sur la plus solide base de la philosophie » (p. 99-101). Beccaria croit
que c'est arrivé. — Mais je n'ai rien trouvé qui intéressât l'économie
pohtique.
9. — De l'économie politique nous ghssons insensiblement à l'éco-
nomie sociale. Les publications sur les sociétés de secours mutuels ne
manquent pas. Cependant la Mutualité nouvelle, de M. Profit, d'après
les lois combinées des 1er ^yril 1898 et 5 avril 1910, mérite une élo-
gieuse mention. C'est très clair et très simple, bien fait pour faire
comprendre et faire pratiquer le système des sociétés de secours mu-
tuels. La documentation y est correcte et solide. Au point de vue
pratique, nous citerons des spécimens de tables de mortalité et sur-
tout des statuts-types dont on pourra s'inspirer utilement. Assuré-
ment la République y est à certains endroits couverte de fleurs qu'elle
ne mérite point; et la solution de la question est présentée comme
« liée à l'avenir même de la Répubhque » (p. 365) ; mais au moins le
procédé du fonds commun inaliénable, pour lequel M. Profit réédite le
mot de M. Lairolle — « la colossale erreur de l'administration et des
pontifes » (p. 363), — est l'objet d'une discussion à la fois serrée et
écrasante.
10. — Quant à la Réglementation du travail des femmes et des en-
fants aux États-Unis, qui fait partie de la Bibliothèque du Musée
social, elle a certainement coûté beaucoup de travail à M. Chaboseau.
Malheureusement, le livre est d'une lecture ennuyeuse ou plutôt
impossible, parce que ce n'est que l'énumération suivie de tout ce
qui se fait à l'égard des femmes et des enfants dans chacun des
Etats, rAlabama,le Wisconsin, l'IUinois, etc. L'âge minimum est ici de
douze ans, là de treize, ou bien ailleurs de quatorze; l'amende contre
le patron est de 5 dollars ou bien de 10, à moins qu'elle ne soit de 6
ou de 7 dollars, et le délit, pour être commis, exige ici telle ou telle
— 35 —
condition qu'il n'exige pas dans l'Etat voisin. Vous comprenez que,
quand on a lu 200 pages de ce goût-là... pardon, on a fermé le livre
à la dixième page au plus tard. Est-ce fait plutôt pour être consulté?
Eh bien, alors, il aurait fallu des tableaux, mieux encore, de grandes
planches susceptibles d'être lues horizontalement et verticalement
tout ensemble, et à ce prix-là les recherches auraient été faciles. Il
n'en aurait pas coûté beaucoup plus de travail à l'auteur, mais plus
d'argent pour l'impression. Cependant ou le livre était utile, et
c'était cette forme-là qu'il fallait lui donner, ou il ne l'était pas.
11. — Le titre : Causeries sociales, que M. O. Jean a donné à son
opuscule, en exprime bien le but et la forme. C'est une série d'entre-
tiens, écrits avec élégance et facilité, sur la justice, la charité, la ma-
nière d'aller au peuple, etc. Très chrétien et même très pieux par
endroits, ce petit travail est conçu tout à fait dans le sens des Semaines
sociales, avec la conviction que « la charité elle-même doit évoluer »
et que « c'est aujourd'hui une science » (p. 19), puis, que « dans ce
double travail de prévoyance et d'amélioration sociale, il faut que la
part d'activité ouvrière soit prépondérante » (p. 23). Toute autre
manière de faire supposerait, en effet, le maintien des vieilles vertus
et des principes désuets du passé, en laissant trop voir une hiérarchie
sociale qui a fait son temps. En n'opérant pas l'émancipation (faut-il
dire économique, intellectuelle et politique?) qui est dans la nécessité
du moment, on ne réaliserait pas « l'éducation sociale de la classe
ouvrière. »
12. — Voici encore une causerie un peu dans ce même esprit-là,
mais plus social et moins ouvertement chrétien : je veux parler du
solide et épais volume de M. Deslandres, professeur à la Faculté de
droit de Dijon, sur l'Acheteur, son rôle économique et social; les ligues
sociales d'acheteurs. Dans ces pages d'une lecture agréable et facile,
il ne manque ni les fines observations, ni les renseignements de fait
sur ce mouvement nouveau. Cependant il me semble que Vidée des
devoirs de ce genre n'est point si neuve que M. Deslandres veut bien
nous le faire croire. Jadis, tout simplement avec leur bon sens et leur
vieux catéchisme d'antan, nos vieilles familles de province avaient
déjà soin de donner leurs commandes en temps utile pour ne pas
exposer les fournisseurs au surmenage ou pour ne pas gêner l'obser-
vation du dimanche, et elles se faisaient un devoir de faire travail-
ler les honnêtes artisans de leur quartier, avec qui, certes, on ne
faisait pas les fiers. On appelait cela de la bonne charité tout court :
mais on ne mettait pas tout à la sauce « sociale » et l'on ne croyait
pas pour si peu avoir découvert l'Amérique. Ici, M. Deslandres, qui
fréquente les Semaines sociales, me paraît voisiner avec le Sillon et
reléguer un peu trop dans l'ombre la charité comme on l'avait tou-
— 36 —
jours comprise. Pour lui, M. Gide, dont la philosophie est si peu
chrétienne et si froidement amorale, est une autorité qu'il cite
avec une particulière sympathie; quant au socialisme, il y voit
« la mise en œuvre du principe de devoir et de sacrifice » (page
444). Voilà qui va de pair avec son admiration pour le mysticisme
esthétique, mais passablement socialiste, de Ruskin, à qui, certes, il
ne faudrait pas faire gloire de « réintégrer le moral dans récono-
mique « (p. 448). Enfin, de ci de là, de petites attaques contre l'éco-
nomie politique, bien que M. Landry, par exemple, avec sa théorie
de la « rente de l'acheteur, » ne suffise guère à représenter la science
à lui tout seul (p. 428). — En finissant, je poserai une question. En
présence de la raréfaction et de renchérissement des produits de
basse-cour, qui n'en coïncidaient pas moins avec la crise ou plutôt
le déclin chronique de notre agriculture, je voudrais bien savoir si
les ligues sociales sont intervenues et si leurs sympathies n'étaient
pas pour les ménagères de villes plutôt que pour les paysans, à qui
l'on pense toujours si peu. C'eût été une bien belle occasion de se
montrer. Gageons qu'elle n'a pas été mise à profit : l'ouvrier de
ville est toujours bien plus intéressant.
13. — Le volume de M. R. Musto : La Odierna Evoluzione dello stato
democratico moderno^ ne sort pas du cadre des banalités rebattues,
un peu comme une grosse et ennuyeuse brochure. La Préface en
allemand, que M. Labrand y a mise, n'ajoute pas non plus beaucoup.
Évidemment la société est autre chose qu'un simple total d'individus;
mais tout cela n'éclaire pas encore sur le problème des droits de
l'individu à l' encontre de la société, ni sur le rôle des pouvoirs so-
ciaux à l'égard de l'individu. Qu'est-ce que l'homme? D'où vient-il?
Où va-t-il? Existe-t-il un droit naturel qu'il n'ait point fait? Qu'est-
ce enfin que l'État? Est-il l'unique et suprême arbitre de tout droit,
comme aussi l'auteur de toute loi? De cela rien : je dirais volontiers
que M. Musto a oublié d'éclairer sa lanterne. On conçoit donc que
son démocratisme soit vague et flou, ne voulant ni faire résolu-
ment du sociahsme, ni barrer la route à celui qui s'est fait tout
seul et qui arrive sur nous à grands pas.
14. — M. Angel Marvaud, ayant été délégué par le Journal des
Débats au congrès sioniste de 1909 à Hambourg, en a profité pour
faire une étude très intéressante sur le Sionisme. Tout le monde
connaît aujourd'hui le sionisme, ce mouvement qui, lancé par Théo-
dore Herzl, a pour but de rendre une patrie politique aux Juifs. Sui-
vant les uns, ce ne pourrait être que la Palestine, mais d'autres se
contenteraient de n'importe quoi, car il a été question non seulement
de la Cyrénaïque et de la Mésopotamie, mais aussi de l'Oubanghi. Le
premier congrès se tint à Bâle, en 1897; celui de Hambourg, en 1909,
— 37 —
était le neuvième. Entre temps, les plus vastes projets avaient été
formés, notamment celui d'une société au capital de 1.250 millions
pour mettre en valeur le pays nouveau suivant les formules d'une
démocratie socialiste fédérativo. 11 y a, en effet, chez les sionistes,
« une fraction socialiste, assez importante, paraît-il, qui adopte le
programme intégral du marxisme » (p. 38). Dans cet opuscule, plus
curieux assurément que bien des volumes, les jugements et les con-
clusions de l'auteur ne sont pas moins intéressants que l'exposé des
discussions du congrès. M. Marvaud pense que le sionisme a surtout
des obstacles devant lui et qu'il n'est pas en passe d'aboutir ; mais le
sionisme est allemand et socialiste avant tout; il sert les intérêts de
l'Allemagne et il constitue un danger pour nos établissements d'Orient
(p. 61 et s.), parce qu'il est « ouvertement contraire à l'idée d'assimi-
lation (de la race juive) qui est au fond de l'esprit français » (p. 48);
il marque la lutte contre « l'Alliance israélite universelle »; il veut
isoler les juifs comme une nation à part, tandis que l'Alliance israé-
lite ne demande qu'à les fortifier partout. Seulement M. Marvaud
ne s'effraye aucunement de cela, car il croit, de très bonne foi, que la
grandeur de la France est liée à cette fusion du juif et du chrétien.
Il se félicite donc de ce que «les pouvoirs publics en France se sont en-
fin rendu compte de l'intérêt vraiment national « qu'il y a à « prêter
une aide vraiment effective à l'Alliance » (p. 50). La grâce juive n'a
pas pénétré moins profondément M. Anatole Lerey-Beaulieu, qui a
écrit la Préface de ce petit volume. A l'Allemagne de s'appuyer sur le
sionisme; à la France, au contraire, de favoriser l'Alliance, à laquelle
« il est juste, dit-il, d'attribuer pour une bonne part la diffusion du
français dans tout le Levant » (p. 9). A coup sûr il y avait autre chose
à dire de ce mouvement actuel du sionisme, qui souligne si puissam-
ment le phénomène inexplicable et providentiel, unique en son
genre, de la survivance indéfectible du peuple juif.
15. — Nous avons fait, ici même, il y a deux ans, un juste éloge du
Modernisme sociologique de M. l'abbé Fontaine : aujourd'hui, ce sera
du Modernisme social\ décadence ou régénération du même auteur,
toujours infatigable et toujours aussi bien inspiré. C'e.=t de la bonno
philosophie, avec une exacte connaissance des erreurs à la mode, soit
qu'elles proviennent du socialisme révolutionnaire, soit qu'elles aient
été lancées par des catholiques sociaux mal éclairés. Il y a là tout à
la fois une critique négative et une œuvre de reconstruction sur les
bases du droit naturel chrétien. Nous signalerons tout particulière-
ment des discussions sérieuses et bien conduites, très actuelles sur-
tout, à propos du contrat collectif de travail, puis à propos du syn-
dicalisme et de sa prétention de remplacer la discipline patronale par
la seule discipline ouvrière. M. Gide y passe à son tour, et nous savons
— 38 —
à M. l'abbé Fontaine un gré infini d'avoir démasqué un bon nombre
des sophismes socialistes qui fourmillent dans les œuvres trop vantées
de l'illustre professeur : c'est lui, en effet, qui forme ou plutôt déforme
l'esprit des étudiants des Facultés de droit, grâce à l'autorité très
usurpée qu'il a conquise et à laquelle beaucoup de catholiques peuvent
se repentir d'avoir contribué. — L'ouvrage se compose de trois par-
ties : 1° Les Doctrines et les faits sociaux et économiques (y compris
« les faux Dogmes du catholicisme social » et leur connexité avec le
syndicalisme); puis 2° l'État et les faits sociaux et économiques;
enfin 3° l'Eglise et les faits sociaux et économiques. Certaines pages
de cette dernière partie sont des plus remarquables. Nous le disons
en particulier de la description de l'avenir humainement probable de
l'humanité (p. 379 et s.), « le sociaUsme ayant, à titre de religion huma-
nitaire, la prétention de s'étendre peu à peu à l'humanité tout entière,
avec ce grand moyen de séduction: apprendre à l'humanité à s'adorer
elle-même «(p. 382). L'Eglise ne peut ni reconnaître le socialisme comme
sorti de son sein, ni pactiser avec lui : « les éléments formateurs (du
socialisme), qu'ils soient d'ordre intellectuel ou d'ordre religieux, »
procèdent ou d'un matérialisme brutal ou d'un subjectivisme incon-
sistant. 11 n'y a pas à savoir si chacune de ses propositions a été direc-
tement taxée d'hérésie; il faut tenir là une « indéfectibilité directrice »
qui n'est dans l'Eglise que « l'aspect pratique de l'infaillibilité doctri-
nale » (p. 388). Le socialisme chrétien ne doit donc pas faire d'adeptes.
A la- fin se trouve un tableau très sûr des instructions que Léon XIII
et pie X ont données aux catholiques, le premier notamment par
ses deux encycliques Longinqua Oceani, de 1895, ignorée en France,
et Graves de commuai, de 1901, laissée à dessein dans l'ombre par les
hommes qu'elle dérangeait.
16. — Après M. l'abbé Fontaine, Mgr Delassus, que ses travaux
antérieurs, notamment sur l'action des sociétés secrètes, ont fait si
avantageusement connaître, nous offre une foule de renseignements
d'un très haut prix, non moins que des thèses sociales indiscutables,
dans sa Démocratie chrétienne, parti et école vus du diocèse de Cambrai.
On y voit, dès 1893, les origines d'une « école sociale nouvelle » et
d'un « parti social nouveau », les démocrates chrétiens (p. 10), quoique
l'opinion fût plus répandue que l'appellation « démocratie chrétienne »,
qui datait seulement du congrès des prêtres tenu à Reims en 1896. On y
est mis aussi au courant des fameux congrès de la démocratie chré-
tienne organisés à Lyon par M. Mouthon et M. l'abbé Lemire à
partir de 1896 (p. 15, 18 et s.). Inutile de faire l'éloge de la fermeté
rigoureuse de la doctrine, constamment appuyée sur les textes de
Léon XIII et de Pie X. Mgr Delassus avait prouvé qu'il connaît à
fond l'œuvre révolutionnaire et les complots sataniques de la franc-
— 39 — '
maçonnerie : il n'est donc pas de ceux à qui Ton peut faire applaudir
au programme de « christianiser la Révolution, » comme le voulait
M. l'abbé Naudet, alors directeur du Monde (p. 27). C'est bien plus
qu'une brochure à répandre : c'est un vrai livre à étudier et à mé-
diter.
17. — M. Paul Louis nous apporte une nouvelle édition de son
Histoire du mouvement syndical en France^ poussée, celle-ci, jusqu'en
1910. C'est l'ancien volume, mais avec des renseignements nouveaux.
En soi, l'ouvrage est fort instructif, non seulement sur la Confédéra-
tion générale du travail (p. 240 et s.) et autres institutions ou faits
quelconques, mais particulièrement sur le véritable esprit du syn-
dicalisme contemporain. On s'y éclaire suri a grève générale et la
campagne menée en sa faveur, sur le sens de l'action directe — « éman-
cipation des travailleurs par les travailleurs eux-mêmes, « par oppo-
sition à l'action parlementaire ou indirecte (p. 271 et s.) — enfin sur
le sens du mot « révolutionnaire » en contraste avec « réformiste »
— • c'est-à-dire la révolution dans le résultat, quoique non nécessai-
rement dans les procédés, etc., etc. Tout cela peut être étudié avec
fruit, et l'on demeurera épouvanté de l'avenir vers lequel on est em-
porté.
18. — Au contraire, puisque M. Olphe-Galliard est un fonction-
naire — un ancien inspecteur du travail, — il y a gros à parier que
son Organisation des forces ouvrières doit être optimiste, tout à l'éloge
du régime actuel qui a fait disparaître les abus du passé, moyen âge,
Restauration ou monarchie de Juillet. L'ouvrage est bien écrit, bien
documenté, riche de faits et de citations. Une première partie, de
beaucoup la plus longue, étudie la « solution naturelle du problème. »
Cette solution, ce n'est pas la suppression du salariat; c'est seulement
sa réforme par la force organisée et consciente d'un personnel ouvrier
qui sera en mesure d'ordonner et de faire rémunérer convenablement
son travail. L'histoire des trade-unions de l'Angleterre et des États-
Unis complète celle de nos syndicats. Le contrat collectif sera l'ins-
trument du progrès; il sera le moyen suffisant et nécessaire de l'édu-
cation des travailleurs, et, une fois ceux-ci convenablement réédu-
qués, il aura une sanction dans son « observation volontaire » (p. 227) ;
car M. Olphe-Galliard veut bien reconnaître que pratiquement il
n'en comporte aucune autre. Quel malheur que les autres contrats ne
soient pas suffisamment sanctionnés, eux aussi, par la volonté des
parties de les exécuter ! Alors, en effet, nous n'aurions plus besoin ni
de tribunaux, ni d'huissiers! Puis viennent les « solutions artificiel-
les. » M. Olphe-Galliard les ramène à trois groupes : 1» la suppres-
sion du salariat par les « associations ouvrières de production » et par
les « associations commerciales de travail. » Le rôle de ces dernières
— 40 —
serait de vendre du travail en bloc à un patron, qui, par conséquent,
n'aurait aucune question à débattre avec les opérateurs eux-mêmes
(p. 320-321); mais M. Olphe-Galliard y est opposé, parce que ce serait
la « désorganisation des syndicats ouvriers » (p. 322); 2° le « pater-
nalisme » (quelle langue, vraiment !), et ce lui est une occasion d'égra-
tigner en passant Le Play, puis les démocrates chrétiens et MM. de
Mun, Harmel, etc; enfin 3° la conciliation et l'arbitrage, qui ne va-
lent guère mieux, car c'est une chimère de poursuivre la « réconci-
liation des adversaires » et de méconnaître les « lois sociales » d'un
antagonisme évident. Apparemment, n'est-ce pas? la guerre sociale
est une loi de nature, avec l'écrasement des patrons au bout. La con-
clusion, c'est que la solution est dans les « vertus sociales des inté-
ressés, » que les syndicats développent si heureusement. Aussi la
paix, à ce que pense de bonne foi M. Olphe-Galliard, revient de plus
en plus. Les révolutionnaires s'effacent et disparaissent derrière les
réformistes; les grèves sont paisibles (n'est-ce pas? demanderai-je;
on ne tue plus ni ne maltraite les renards?), et la. coalition ouvrière
« entraine le progrès général de l'humanité » (p. 376 et 377). M. Olphe-
Galliard n'aborde nulle part les côtés philosophiques ou psycholo-
giques du problème; il ne sonde pas la nature humaine pour voir si,
en elle, lorsque manque un frein moral, il n'y a pas des impulsions
irrésistibles de cupidité et d'envie. Mais n'insistons pas : son siège
est fait et nous ne voulons pas lui redemander de le refaire, quoique
son syndicalisme ne puisse pas ne pas conduire au socialisme intégral.
Bien entendu, il est hostile aux syndicats Jaunes et aux ouvriers indé-
pendants, dont le moins qu'on puisse dire c'est qu'avec ces idées-là
« l'élite de la classe ouvrière et Tavanl-garde des travailleurs organisés
seraient remplacés par les pires représentants de l'armée permanente
des sans- travail » et que « la situation de la classe ouvrière subirait
bientôt un recul épouvantable » (p. 297). J'ai bien trouvé une fois le
mot « droit naturel » ; mais ce n'était pas de morale naturelle qu'il
s'agissait, c'était un droit au sens de revendication, et revendi-
cation du droit de vivre, que personne, je pense, n'a envie de con-
tester (p. 3)
19. — Comme thèse de doctorat, M. Marcel Braibant a fait un livre
intéressant : Le Socialisme et l'activité économique, « étude sur les
mobiles de l'activité économique individuelle dans les diverses con-
ceptions socialistes. « M. Deschanel y a mis une Préface élogieuse.
L'ouv.age comprend deux parties distinctes, le Communisme et le
Collectivisme. Toutefois, au moins sous l'angle que l'auteur veut obser-
ver, la démarcation n'est pas assez tranchée entre ces deux grands
types de socialisme : car le collectivisme, en détruisant la fami le, le
mariage, l'éducation des enfants, etc., paralyserait tout autant les
— 41 —
ressorts de l'activité économique. Dominerait-il par la contrainte,
tandis que le communisme s'adresserait au sens de l'intérêt social, à
l'honneur et au souci de l'opinion publique, voire même tout sim-
plement au besoin psychologique d'activité? Sudre, ii y a plus de
soixante ans déjà, avait soulevé tous ces problèmes, quoique le mot
collectivisme et même la doctrine collectiviste manquassent alors :
pourquoi M. Braibant ne l'a-t-il pas au moins cité? Puis les conclu-
sions, ici, s'arrêtent à mi-chemin. M. Braibant nous apprend lui-
même qu'il avait commencé sa thèse, « prévenu très favorablement
en faveur de la conception économique du socialisme » (p. 14). Il
s'en est bien ramené par la seule impartialité de ses observations,
« en s'éloignant, dit-il, de la plus généreuse des idées sociales « (p. 15) :
mais sa logique n'a pas poussé plus avant; il n'a pas su comprendre
qu'une institution qui est éminemment utile au développement de
l'humanité et qui est même pour elle de nécessité de moyen, je veux
dire la propriété, est par là même conforme à la nature de cette
humanité et qu'elle est par conséquent de droit naturel. Eh bien
non! Admirateur du Discours sur V inégalité des conditions, de J.-J.
Rousseau, qu'il appelle « une explication historique de la plus haute
valeur » (p. 213), M. Braibant répète à satiété que la propriété n'est
qu'une « institution de droit positif, non de droit naturel » (p. 212,
214, etc.), et qu'il faut en refaire la théorie, en partant du point de
vue purement pratique, exclusivement utilitaire (p. 211). Bien plus,
y a-t-il un droit naturel, aux; yeux de M. Braibant? Probablement
non, puisqu'il n'en dit rien, tout au contraire. Alors la propriété et la
société ne reposeront plus que sur la poigne du gendarme, et pour
aussi longtemps seulement que ceux qui voudront du gendaime
seront plus nombreux ou plus forts que ceux qui n'en voudront
pa ■. Le gendarme cesse ainsi d'être un auxiliaire nécessaire il de-
vient à lui tout seul un principe et le droit tout entier. Mais c'est
bien cela qu'on enseigne dans les Facultés de droit de l'État, et nous
ne pouvons pas reprocher à M. Braibant de ne pas y avoir appris
autre chose. Il avait bonne mémoire.
20. — Le Dictionnaire du socialisme, de M. Charles Vérecque, n'a
pas sans doute, au point de vue des doctrines, l'intérêt ou la valeur
du Handbuch des Socialismus de Stegman et Hugo. La partie biogra-
phique et bibliograpljique est seule complète et encore seulement au
point de vue français. Mais, envisagé ainsi, ce dictionnaire est très
précieux par les renseignements qu'il donne sur une foule de petites
notabilités vivantes et disparues, personnages de la Commune,
journalistes, députés, etc., y compris l'auteur en personne. Cepen-
dant M. Vérecque a eu la délicatesse de ne pas y mettre — ou pas y
compromettre — M. Briand. MM. Viviani et Millerand sont à
peine nommés et très imparfaitement biographies. Pour la facilité
des recherches alphabétiques, je regrette l'iatercalation d'un im-
mense article sur le « Parti ouvrier français » qui tient plus de cent
pages (p. 282-384), c'est-à-dire, à lui tout seul, le quart du volume.
Quant aux opinions socialistes, assurément M. Vérecque les a; il
soutient néanmoins que le socialisme, même collectiviste, ne supprime
pas l'hérédité, puisqu'il se borne à supprimer la propriété des biens
que l'héritier aurait prétendu recueilhr ! ! ! (p. 204). Sur le syndicat,
se posant contre la Confédération générale du travail, il professe
que le syndicat ne peut ni ne doit avoir pour but que « d'arracher au
patronat de meilleures conditions de vie et de travail, par la lutte
collective, « alors que la Confédération générale du travail a le tort
de vouloir supprimer le salariat et le patronat (p. 470-471). M. Vérec-
que donne donc la main à M. Olphe-Galhard, que nous analysions
plus haut, et voilà ce dernier indirectement jugé. J. Rambaud.
HISTOIRE COLONIALE ET COLONISATIOiN
1. Colonies portugaises. Les Organismes politiques indigènes, par A.-L. de Al-
MADA Negrei'ros. Paris, Challamel, s. d., in-12 de 320 p., 5 fr.— 2. Politique musul-
mane de la Hollande, par C. Snouck Hurgronje. Paris, Leroux, 1911, in-8 de 133
p. avec planches et vignettes, 4 fr. — 3. Manjland under the Commonwealth
a chronicle of the years 1649-1658, by Berîïard C. Steiner. Baltimore, the .Johns
Hopkins Press, 1911, in-8 de 178 p. — 4. U Exotisme américain dans la littérature
-française au xvi* siècle, d'après Rabelais, Ronsard, Montaigne, et\, par Gilbert
Chinard, Paris, Hachette, 1911, in-16 de xvii-247 p., 3 fr. 50. — 5. Les Ques-
tions actuelles de politique étrangère dans r Amérique du nord, par A. Siegfried,
P. de Rousiers, de Périgw, Firmin Roz, a. Tardieu. Paris, Alcan, 1911.
in-16 de xviii-242 p., avec 5 cartes hors texte, 3 fr. 50. — 6. Autobiographie de
Henry M. 'Stanley, publiée par sa femme Dorothy Stanley; trad. p ir Georges
Feuilloy. Paris, Pion- Nourrit, 1911, 2 vol. in-16 de xii-301 et 415 p., avec trois
portraits et une carte, 7 f r. — 7. Documents diplomatiques pour servir à Vétude de la
question marocaine, par E. Rouard de Gard. Paris, Pedone; Gamber, 1911, in-8
de 159 p., avec 2 cartes, 5 fr. — 8. Situation économique du Maroc, 1908-1909,
par Gh. René-Leclerc. Oran, imp. Fouque, 1910, in-8 de 238-15 p. — 9. La
Pacification de la Mauritanie, par le colonel Gouraud. Paris, Gomitéde l'Afrique
française, 1911, in-8 de 287 p., avec carte, plans, croquis et gravures. — 10.
L'Afrique équatoriale française, par Maurice Rondet-Saint. Paris, Plon-Nourrit,
1911, in-16 de iv-313 p., avec carte, 3 fr. 50. — 11. L'Éducation sociale des rares
noires, par P. Roeckel. Paris,'iGiard et Brière, 1911, in-18 de 296[p., 3 fr. 50.
1. — L'ouvrage que M. A.-L. de Almada Negreiros a consacré en
1910 aux Organismes politiques indigènes des 'colonies portugaises
relève doublement de la rubrique « Histoire coloniale et Colonisa-
tion. » 11 se divise en effet en deux parties, dont la première est pure-
ment historique et indique avec de nombreux détails quel fut, au
point de vue du statut des indigènes, le régime administratif des
colonies portugaises, depuis le moment où le Portugal a eu des pos-
sessions d'outre-mer, depuis le temps de l'infant Don Henri le Naviga-
— 43 -
teur, l'Illustre, jusqu'à l'époque contemporaine, — dont la seconde
est consacrée à l'étude, dans ces mêmes colonies, des organismes
indigènes administratifs et politiques actuels. Nous aimerions insister
avec tout le développement convenable sur chacune des deux parties,
si pleines de faits, de ce livre sur les Organismes politiques indigènes;
nous aimerions aussi en dégager de multiples enseignements; bornons-
nous à dire, puisqu'il nous faut passer rapidement, que l'historique
fait par l'auteur abonde en renseignements précieux et montre quel
respect la colonisation portugaise n'a cessé de témoigner pour les
organismes politiques indigènes jusqu'au moment où la rafale de
l'assimilation outrancière du xviii^ siècle faillit emporter avec nom-
bre d'autres ces curieuses institutions. De ces institutions des peuples
conquis, M. de Almada Negreiros a étudié avec grand soin, dans sa
seconde partie, le peu qui subsiste, et qui est appelé à disparaître
plus ou moins vite. Dans l'Angola, dans le Mozambique, dans l'Inde
portugaise, à Macao, à Timor, il a relevé de très curieux us et cou-
tumes, des institutions qu'il a bien analysées et d'où il a montré le
Portugal éliminant avec raison ce qui se trouve contraire aux lois
humaines naturelles. Hommes d'État, jurisconsultes, historiens con-
sulteront donc avec fruit le nouvel ouvrage de M. A. L. de Almada
Negreiros; c'est une précieuse contribution à l'étude du passé et du
présent de l'empire colonial portugais.
2. — Auprès de tous les islamisants, le D^ C. Snouck Hurgronje
jouit à juste titre d'une très grande autorité, et, lorsqu'il parle de ces
Indes néerlandaises, qu'il connaît si bien, tous ceux qui s'occupent
(îe politique coloniale l'écoutent de la manière la plus attentive.
Aussi comprend-on qu'il convient de faire silence et de prêter l'oreille
quand il traite, devant l'Académie des administrateurs pour les Indes
néerlandaises, de la Politique musulmane de la Hollande et définit ce
qu'elle doit être. Voilà précisément pourquoi M. A. Le Châtelier a
traduit les conférences consacrées au sujet par l'illustre islamisant
néerlandais, et leur a donné place dans la collection de la « Revue
du monde musulman. » Comment s'est propagé l'Islam, en particu-
lier dans l'archipel des Indes orientales, quels sont les caractères
du système de l'Islam, comment ce système est conciliable, si je puis
ainsi parler, avec le gouvernement colonial néerlandais, enfin quels
doivent être les rapports des Pays-Bas avec leurs sujets musulmans,
voilà les questions traitées par M. Snouck Hurgronje dans cette
courte série de conférences, dont l'idée maîtresse, nettement formulée
dans la dernière, est qu'il convient d'associer la société indigène à
la civilisation européenne, et qu'une telle association, vraiment « na-
tionale », enlèvera toute sa force au panislamisme. C'est une politique
que nous connaissons bien, une « politique dé collaboration avec
les indigènes, » — que préconise par conséquent le D^ Snouck Hur-
gronje, et il la préconise avec une force d'argumentation tout à fait
remarquable, dont ne manqueront pas d'être impressionnés les lec-
teurs de ces quatre conférences. Nous en recommandons vivement
la lecture, parce qu'elle leur sera très profitable, non seulement à
ceux qui s'intéressent aux Indes néerlandaises, mais aussi à tous les
administrateurs français de l'Afrique septentrionale ou occidentale
qui sont en contact avec des populations musulmanes.
3. : — C'est du présent que s'occupe M Snouck- H urgronje; c'est
au contraire au passé que nous amène un récent fascicule des excellen-
tes « Johns Hopkins University Studies. » Bien que, depuis plusieurs
années, cette publication ait pris un caractère bien plutôt écono-
mique, il est possible d'y voir encore paraître, de temps en temps,
d'excellentes études d'histoire coloniale. Tel est le cas pour le ré-
cent travail de M. Bernard C. Steiner, intitulé : Marylanû under the
Commonwealth. Pas n'est besoin de rappeler longuement ici
que cet historien a consacré sa vie à l'étude du passé du Maryland, et
que nous lui devons, sur cet Etat de la Confédération américaine,
une véritable série d'excellentes monographies qui, disposées les
unes à la suite des autres dans l'ordre chronologique, constituent une
précieuse histoire du Maryland au xvii*^ siècle; tout récemment, cette
série s'est enrichie du nouveau volume dont nous avons plus haut
transcrit le titre; l'historien des débuts de la colonisation anglaise au
Maryland, du Maryland à l'époque révolutionnaire, de Robert Eden,
etc., y raconte ce qui s'est passé dans le même pays durant l'époque
républicaine, de 1649 à 1658. Comme précédemment, M. Steiner are-
couru à une forme un peu surannée et, groupant méthodiquement dans
l'ordre chronologique tous les faits que lui fournissait l'étude dea
archives du Maryland, des papiers Calvert, etc., a rédigé une
chronique détaillée du Maryland au cours des dix années dont nous
venons d'indiquer les dates extrêmes. Ainsi se trouve constituée,
avec différentes publications antérieures, une précieuse histoire du
Maryland depuis 1631, histoire d'une conscience et d'une documen-
tation remarquables dont nous attendons la suite avec la plus
grande impatience.
4. — Aux études d'histoire coloniale se rattachent celles qui mon-
trent comment les questions coloniales ont été appréciées, à une épo-
que déterminée, par le public du temps; c'est là, en quelque manière,
une science auxiliaire de l'histoire coloniale qui présente un très vif
intérêt et qui éclaire d'une vive lumière l'histoire proprement dite.
En veut-on un exemple? Le récent et curieux ouvrage de M. Gilbert
Chinard, maître de conférences à Brown University, sur l'Exotisme
américain dans la littérature française au xvi" siècle, d'après Rabelais,
— 45 —
Ronsard, Montaigne, etc., est là pour le fournir; reprenant sans le
savoir, — puisqu'il ne le cite nulle part, — le travail naguère es-
quissé par M. Léon Deschamps dans un chapitre de son Histoire de
la question coloniale en France, et le restreignant au Nouveau
Monde, M. Chinard a voulu rechercher quelle influence la décou-
verte de l'Amérique a exercée, en France, sur les imaginations des
contemporains, et il est arrivé, par ses lectures et ses recherches qui lui
ont permis de tirer parti de quelques ouvrages, encore totalement
oubliés — la Sphère des Deux Mondes de Darinel, par exemple, — à
recueillir à ce propos des renseignements très intéressants, ainsi qu'à
faire de curieuses constatations : dès l'origine, déclare-t-il, la litté-
rature américariste a eu pour caractéristique principale d'être une
littérature exclusivement intéressée, dont l'influence s'exerce, dès
le xvi^ siècle, sur les conceptions morales, religieuses et politiques des
contemporains. — Quelque soin, quelque conscience que M. Chinard
ait apportés à la rédaction de son ouvrage, il n'a pas tout connu;
il n'est pas au courant de travaux récents qui lui auraient permis de
renforcer et de préciser ses conclusions. Ce n'est pas ici, faute de
place, que nous pouvons en faire la preuve; aussi comptons-nous y
revenir ailleurs, et pour deux raisons : pour faciliter à l'auteur, s'il
est possible, la suite de sa tâche, puisqu'il compte montrer dans un
autre volume que l'influence de la littérature américaniste n'a cessé
de grandir en France jusqu'au romantisme, • — puis parce que l'Exo-
tisme américain en vaut la peine, et est un ouvrage d'un intérêt,
d'une utilité, et, parfois aussi, d'une nouveauté incontestables.
5. — Nous sommes en droit de parler ici du volume publié dans la
« Bibliothèque d'histoire contemporaine » sur les Questions actuelles
de politique étrangère dans l'Amérique du nord, car plusieurs des sujets
qui y sont traités sont éminemment coloniaux, tout au moins par
certains côtés. Sans doute, les études de M. Firmin Roz sur la crise
des partis aux Etats-Unis et du comte de Périgny sur le développe-
ment économique du Mexique n'ont rien de colonial, mais la doctrine
de Monroë n'a-t-elle pas fini par subir d^ telles modifications et ex-
tensions que les Yankees s'appuient sur elle pour étendre leur in-
fluence non seulement sur d'autres parties du Nouveau Monde, mais
même sur les Hawaï et les Philippines ? Et la zone du canal de Pa-
nama n'est-elle pas une véritable « possession « des États-Unis dans
l'Amérique centrale? Personne enfin ne contestera le caractère colo-
nial d'un travail sur le Canada et l'impérialisme britannique... Voilà
donc, sur les cinq chapitres du volume, trois chapitres considérables,
traités par MM. André Tardieu, Paul de Rousiers et André Sieg-
fried, qui envisagent les questions coloniales au sens le plus large du
mot... Ils le font de la manière la plus simple et la plus claire, er
— 46 — •
même temps que de façon très vivante, car chacun de ces chapitres
a débuté par être une conférence prononcée au cours de l'hiver de
1911, à l'École des sciences politiques, par un des orateurs que nous
venons de nommer. Publiées, aussitôt après avoir été parlées, dans
France- Amérique, ces conférences ont ensuite été revues par leurs
auteurs, remises au point, complétées ou développées s'il y avait
lieu; leur ensemble constitue, comme l'ont fait précédemment les
conférences relatives à l'Europe et à l'Asie, organisées par la Société
des anciens élèves et élèves de l'École libre des sciences politiques,
un précieux exposé des questions essentielles qui se posent aujour-
d'hui dans le Nord-Amérique; on le consultera avec fruit, au triple
point de vue politique, économique et colonial.
6. — Pour passer du Nouveau Monde au Continent noir, il n'est
pas de meilleure transition que V Autobiographie de Henry M. Stanley.
Cet intéressant et attrayant ouvrage constitue un véritable docu-
ment pour l'histoire de la colonisation contemporaine. N'y est-il pas
question, dans le premier volume même, après le récit de ces premières
années dont tous les journaux ont donné un résumé plus ou moins
développé, — n'y est-il pas question du conflit esclavagiste aux
États-Unis et de la guerre de Sécession, c'est-à-dire de questions colo-
niales au premier chef? Mais c'est surtout dans le second volume,
construit de manière très habile et très attrayante par la veuve du
grand explorateur d'après les notes, les journaux et les lettres de
Stanley lui-même, que l'historien de la colonisation trouvera des
pages, des chapitres ou, mieux encore, des séries de chapitres dont il
devra tirer parti. Sur la fondation de l'État indépendant du Congo,
sur l'expédition au secours d'Emir Pacha, sur une foule d'autres
sujets de non moindre importance, l'ouvrage abonde en renseigne-
ments du plus haut prix, et qui contribuent parfois à éclairer d'un
jour très vif certains événements. C'est le cas. par exemple, pour une
conversation avec Gladstone rapportée aux pages 251-254 du tome II,
et aussi pour l'entrevue de Stanley avec le président Kruger au cours
de ce voyage dans l'Afrique du sud que, une fois devenu membre du
Parlement, le vaillant explorateur exécuta à la fin de 1897 (ch. XIII
du même volume). Parfois, par contre, en particulier sur les rapports
avec Emin, nous souhaiterions plus de lumière encore; mais nous
comprenons fort bien que M"^^ Dorothy Stanley se soit trouvée amenée,
dans certains cas, à n'utiliser qu'avec la plus grande réserve les notes
de son mari. Que de documents intéressants et inédits doivent encore
s'y trouver contenus, à en juger par certaines pages, inconnues jus-
qu'ici, relatives à Livingstone, par exemple ! Souhaitons qu'un jour
ou l'autre M^^^ Stanley se décide à en extraire un certain nombre : les
historiens de la colonisation comme ceux de la géographie, trouveront
sans doute beaucoup à y prendre. L'ouvrage, illustré de trois portraits
de Stanley et accompagné d'une carte, a été en général bien traduit
par M. Georges Feuilloy, encore que, parfois, avec une certaine négli-
gence, nous y avons relevé la déplorable expression « me causer » pour
« me parler » (t. 1, p. 139; II, p. 317), le mot « supporter » dans le
sens d'« admettre » (II, p. 253), etc.. Ce sont là des vétilles que, dans
un autre ouvrage, nous ne relèverions pas; mais la traduction de
l'Autobiographie de Henry M. Stanley devrait être absolument irré-
prochable.
7. — Les récentes conventions relatives au Maroc en faisant un
pays soumis à notre protectorat, il est permis de considérer comme rele-
vant de l'histoire coloniale les livres qui montrent les étapes par les-
quelles, peu à peu, le Maghreb el Aksa en est arrivé au point où nous
le voyons aujoiu-d'hui. Tel est le cas des Documents diplomatiques
pour servir à l'étude de la question marocaine que vient de réunir en
volume M. E. Rouard de Gard, à qui nous sommes déjà redevables de
plusieurs études ou brochures sur le Maroc. On y trouvera les textes
essentiels signés conjointement par la France et par le Maroc depuis
1844, celui des accords conclus entre la France et différents États au
sujet du même pays, enfin celui des conventions internationales de
Madrid en 1880 et d'Algésiras en 1906. Ainsi se trouve constitué un
recueil très commode à consulter, qui rendra de réels services, mais
qui n'est déjà plus exact, par suite de la publication de conventions
secrètes au sujet desquelles le public en était, il y a peu de temps
encore, uniquement réduit à des conjecturées. Pourquoi, pour tenir
son recueil au courant, M. Rouard de Gard ne publierait-il pas un mince
fascicule complémentaire, rectifiant et complétant son texte, là
où il est nécessaire? Ge serait le meilleur moyen de maintenir à ces
Documents tout leur intérêt, et d'en faire ce qu'a voulu leur auteur,
le recueil auquel recourront tous ceux qui voudront étudier les vicis-
situdes et les données actuelles de la question marocaine.
8. — Nous n'hésitons pas, encore qu'on puisse nous en blâmer, à
classer parmi les ouvrages ayant trait à la colonisation, celui que
M. Gh. René-Leclerc, délégué général du « Gomité du Maroc » à Tan-
ger, a publié en 1910 à Oran sous ce titre très modeste : Situation
économique du Maroc, 1908-1909. On y trouve en effet, à côté d'ana-
lyses très minutieuses du commerce général du pays, des importa-
tions et des exportations, de la situation économique de la contrée
entre le l^r janvier 1908 et le 1" janvier 1909, à côté aussi des
statistiques du mouvement commercial et maritime du Maroc pour
le même laps de temps d'après les statistiques du Gomité de sdouanes,
— on y trouve deux chapitres d'une importance extrême pour l'ac-
tion européenne dans les différentes parties du Maghreb el Aksa.
- 48 —
Voici d'abord le chapitre V, consacre à des « études et monographies
diverses, » où, entre des notices sur le sel, l'agriculture, la culture des
céréales, l'élevage du mouton au Maroc, nous relevons quelques
pages intéressantes sur «l'agriculture possible dans la Chaouia »
(p. 162-164), une précieuse contribution à ce que nous appellerons
les « possibilités économiques et coloniales » du Maroc. Et que dire
du chap. VI, consacré tout entier aux « moyens de développer la
situation économique et commerciale de la France au Maroc » (p. 197-
221)? Que dire du chapitre VU, où, en manière de conclusion, M. René
Leclerc, avec sa grande compétence, s'attache à déterminer le pro-
gramme que peuvent, que doivent suivre, pour favoriser l'expansion
économique française dans la <y:!ntrée, et l'intervention officielle, et
l'initiative privée? Tout cela, c'est d^^la colonisation au premier chef
— Voilà pourquoi nous signalons ici ce nouveau volume de M. Ch.
René-Leclerc ; il est, comme ceux qui l'ont précédé, très clair, très
précis, très pondéré ; c'est un répertoire de faits des plus précieux,
et en même temps, sans le vouloir, un plaidoyer singulièrement élo-
quent en faveur de l'action française au Maroc. Pour se rendre un
compte exact de la solidité des prétentions allemandes, il convient
aussi de le lire soigneusement et d'en peser tous les termes; tandis
que, durant les 12 mois de l'année 1908, le commerce français crois-
sait de 16.350.000 francs par rapport aux chiffres de Tannée 1907, et
le commerce anglais de près de 16.120.000 francs, le commerce alle-
mand croissait à peine de 864.000 francs, arrivant, avec ses 10.847.000
francs au total, bon troisième, et bien loin derrière l'Angleterre, dont
le chiffre d'affaires était de 41.547.000 francs, plus loin encore de la
France, dont le commerce avec le Maroc atteignait la somme de"*
51.237.000 francs!
9. — Au sud du Maghreb el Aksa, par-delà le Sahara nord-occi-
dental, se développe, au nord du Sénégal, la Mauritanie, rattachée à
notre empire de l'Afrique occidentale, grâce aux efforts du regretté
Coppolani. Ce pays est demeuré pendant longtemps turbulent, insou-
mis en fait, sans cesse en état de demi-révolte à l'égard des adminis-
trateurs envoyés de Dakar pour y asseoir définitivement notre auto-
rité. Il n'en est plus de même aujourd'hui, grâce à l'œuvre de pacifi-
cation menée à bien, du mois de décembre 1909, par le colonel Gou-
raud. Cette œuvre, les membres de la Société de géographie en ont
connu les grandes lignes dès le 13 juin suivant, grâce à l'exposé que
leur en fit celui même qui l'avait accomplie; mais c'est dans le Bul-
letin du Comité de l'Afrique française qu'il faut en aller chercher les
détails. Vue d'ensemble et exposé détaillé se trouvent maintenant, par
les soins du « Comité de l'Afrique française », réunis dans un volume
intitulé la Pacification de la Mauritanie, qu'illustrent un certain nom-
— 49 -
bre de gravures, ainsi que des plans et des croquis dans le texte, enfin
une carte hors texte; ainsi peut être facilement suivi le journal plein de
menus faits, de renseignements précis et d'indications utiles, soigneu-
sement rédigé par le colonel Gouraud, journal qui est, au point de
vue colonial, un véritable document, au sens le meilleur du mot.
10. — Voici notre pauvre Afrique équatoriale, de par la volonté
des Allemands, bien mutilée et coupée en deux tronçons; ainsi se
trouve achetée, non pas tT'op chèrement peut-être, mais en tout cas
à très cher prix, l'extension de l'influence française sur la majeure
partie du Maroc, des rives de la Petite Syrte à celles de l'Atlantique !
On s'en convaincra très vite en lisant le tout récent ouvrage consacré
par M. Maurice Rondet-Sairt, l'auteur de la Grande Boude, à l'Afrique
équatoriale française. 11 ne s'agit point là d'un livre de géographie pure
ni d'études scientifiques désintéressées, mais d'un livre de géographie
économique et positive, d'un livre de réalisations, dirais-je volontiers.
C'est, en effet, avec l'idée de voir et d'apprendre, de recueillir des
observations précises sur le présent et l'avenir de la contrée que
M. Rondet-Saint a parcouru notre chère Afrique équatoriale depuis
les rivages de l'Atlantique jusqu'à l'Oubangui, remontant l'Ogôoué
jusqu'à N'Djolé, la Sangha jusqu'à Ouesso, l'Oubangui jusqu'à
Bangui, visitant le massif du Haut-Djoué, promenant partout sa
curiosité très informée et très éveillée. Le résultat de cette curiosité
c'est l'Afrique équatoriale française, où l'auteur affirme que la colonie
tout récemment visitée par lui est, « dès aujourd'hui, un pays
d'une colossale richesse visible; elle figurera, avant un quart de siècle,
parmi les plus belles et les plus riches possessions de la République
française. » Certes, M. Rondet-Saint formule à juste titre, au cours de
son travail, bien des réserves justifiées; mais la conclusion énoncée
par lui dans les dernières lignes de son livre n'en est pas moins à
retenir. Elle ravivera chez beaucoup des lecteurs, à qui l'auteur per-
met de bien comprendre l'esprit de suite des Allemands (p. 57 et 72,
par exemple), l'amer regret que cause à tout bon Français l'abandon
aux avidités germaniques d'une bonne partie de notre Congo.
11. — Des études de détail sur telle ou telle partie de l'Afrique,
élevons-nous à des vues d'ensemble en même temps qu'à ces problèmes
d'ordre général sur lesquels ne cessent de réfléchir et de méditer
les administrateurs les plus perspicaces et les plus expérimentés. De
semblables questions, il en est peu — si même il en est — de plus im-
portantes que celle de l'éducation sociale des indigènes; depuis le
moment surtout où aux politiques successives que Von pourrait appe-
ler « de domination » et « d'assimilation » est venue se substituer la
politique de « collaboration », il a fallu en définir les différents points
et en déterminer les grandes lignes; un mot est bien vite dit, en effet,
Janvier 1912. . T. CXXIV. 4.
— 50 —
mais ne suffit pas et, derrière une étiquette, il doit y avoir tout un
programme, et, pour appliquer ce programme, des hommes d'initia-
tive, doués à la fois d'intelligence, d'énergie et de bonté. M. le lieu-
tenant d'infanterie coloniale P. Roeckel doit être un de ces hommes,
sans lesquels la politique de collaboration ne serait qu'un vain mot;
il suffit de lire le petit volume qu'il vient de publier sur l'Éducation
sociale des races noires pour s'en convaincre. Cette éducation, déclare
très justement l'auteur, est « possible, mais à la condition que tous les
Européens qui vont en Afrique se conduisent en éducateurs », ce
que, hélas ! ils ne font pas. Elle est possible, et la meilleure preuve
qu'on en puisse donner, c'est le tirailleur sénégalais, qui une fois
soumis, entre les mains des blancs, à une éducation forte s'adres-
sant spécialement à sa volonté, devient tout différent de ce
qu'il était auparavant, et même, une fois rentré dans son foyer, dans
l'atmosphère d'indolence dans laquelle il a été élevé, garde une par-
tie de son ancienne énergie. Elle est possible, et, ajoute le lieutenant
Rœckel, elle est pour nous une nécessité. Il faut donc agir en
conséquence, et, pour ce faire, donner aux coloniaux l'éducation qui
leur convient à eux-mêmes; ainsi l'auteur, après avoir étudié dans
une première partie la psychologie des races noires et constaté dans
une seconde la pauvreté des résultats obtenus jusqu'ici, se trouve
amené à tracer un programme très intéressant d'éducation pour
ceux-là mêmes qui sont destinés à éduquer les noirs, c'est-à-dire,
en réalité, pour tous les coloniaux. Chacun en effet, M. Roeckel le
montre très bien, a sa tâche particulière, et le simple colon, et le
commerçant, et l'instituteur, et le médecin, et l'administrateur, et
surtout l'officier dont M. Rœckel voit le rôle « le plus beau. « Nul
n'y contredirait, si l'auteur avait pris la précaution de faire préala-
blement une réserve, et de mettre à part le missionnaire, en indi-
quant pour quelle raison il n'en parlait pas; mais le supprimer par
simple prétérition, c'est vraiment inexcusable ! Tel est notre gros
grief contre le livre de M. Rœckel, dont nous avons grand plaisir
à louer par ailleurs les idées et l'ordonnance. Mais il convient de re-
tenir que l'Education sociale des races noires est un ouvrage trop
précis pour pouvoir être mis entre toutes les mains, et il faut déplorer
qvie l'auteur n'ait pas davantage soigné son style; à cet égard, pour
une seconde édition, que nous souhaitons proche, — tant les idées du
lieutenant Rœckel tous semblent bonnes, ■ — une sérieuse revision
s'impose, comme aussi au point de vue des épreuves; celles-ci, en
effet, ont été très mal corrigées, si bien que certaines phrases sont
inintelligibles, celle par exemple où il est question des « possibilités
psychologiques de la rue » (lisez de la race) à la page 260, celle où il
est dit (p. 277) que v le niveau moral des Slaves « (lisez des Blancs)
tendait à baisser en Afrique par suita du manque de contrôle.
Henri Froidevaux.
— 51 —
THÉOLOGIE .
Dietieanaire de tliéol»gic catholif|ue, publie sons la direction
de l'abbé Mangenot. Fasc. XXXII {Dims Scot-Élection), coi. 1921 -2240. —
Fasc. XXXlll (Élection-Emser), col. 2241-2500.— Fasc. XXXIV {Enchantement -
Époux), col. 1-384. — Fasc. XXXV {Èpoux-Espru-Saitit), col. 385-704. Paris
Letouzey et Ané, 1911, 4 fasc. gr. in-8. — Prix de chaque fasc. : 5 fr.
Pendant l'année 1911, quatre fascicules du Dictionnaire de théologie
ont paru, formant la fin du tome IV et le commencement du tome V;
le fascicule XXXV s'arrête aux premières pages de l'article Esprit-
Saint.
Le P. Dublanchy donne en 120 colonnes une remarquable syn-
thèse du traité de l'Eglise; le P. Salaville développe en 100 colonnes,
à propos du mot Epiclase, les controverses concernant la forme du
sacrement de l'Eucharistie; le P. Richard consacre un long article
à la question de VEnfer considéré d'après les textes sacrés, l'ensei-
gnement dés Pères et les décisions de l'Éghse
L'ordre alphabétique amenait les mots Ecriture sainte et le mot
Epiires, qui ont fourni à M. Mangenot la matière de deux notices
courtes et solides. Deux prêtres de Nancy ont parlé, l'un, M. Bigot,
de Y Ecclésiaste et de l'Ecclésiastique, l'autre, M. Clamer, d'Esdras
et Néhémie. M. Mangenot s'est réservé la rédaction de l'article sur
VEpitre aiix Ephésiens.
Le Concile d'Elvire est traité par M. Bareille; le P. Salaville con-
sacre 100 colonnes au Conci/e c^'iipAèse. M. Pareille, spécialiste en fait
d'hérésiologie, s'occupe des Ebionites et de quelques autres sectes
de moindre importance.
Les questions de morale sont traitées par le P. /.ntoine, le P. Des-
brus, rédemptoriste, le P. Dutilleul (Esclavage, en 60 colonnes), le
P. Ortolan (Embryologie et Emhryotomie), l'abbé Fonsagrives (De-
voirs des Epoux). M. Valton examine avec ampleur les Empêchements
au mariage et revient sur la question à propos du mot Erreur.
Election donne lieu à quatre articles : Election divine par M. l'abbé
Michel, qui a rédigé également l'article Élus (nombre des); — l'Élec-
tion en tant qvx'acte humain, par le P. Gardeil; — l'Élection des évê-
ques, par M. l'abbé Rolland; — l'Election des Papes par le P. Ortolan.
M. l'abbé Bour a écrit en 60 colonnes un excellent résumé de ce
qu'il faut savoir sur VEpigraphie chrétienne.
Des notices abondantes comme de coutume concernent les Char-
treux (P. Autore), les Jésuites (P. Brucker), les Dominicains (p,
Coulon), les Franciscains (P. Edouard d'Alençon), les Orientaux
(S. B. Mgr Chebli, patriarche des Maronites, l'abbé Nau, les Pères
de l'Assomption). D'autres sont écrites par MM. Clerval, Constantin
Forget, Godet, le P. Heurtebize, bénédictin, MM, H.umbert, Ingold'
— 52 -
Largent, le P. Raymond, capucin, le P. Servais, carme, le P. de la
Sèrvière, qui se cantonne dans l'histoire du protestantisme anglais,
M. Vernet et le P. Verschaffel. Je ne ferai qu'une réserve à propos de
l'article Diipanloup : j'y ai trouvé des lacunes qui ont bien l'air de
réticences intentionnelles : telle n'est pas la note ordinaire des articles
qui paraissent dans le Dictionnaire.
M. l'abbé Logendrc a rédigé une longue notice du plus haut intérêt
sur Y Etat religieux de l'Espagne. Il y a accumulé les indications sta-
tistiques les plus précieuses et en dégage des conclusions générales
qui honorent l'auteur et la publication à laquelle i) veut bien col-
laborer. P. PiSANI.
Retour n la sainte Cgllse. Expériences et croyances d'un converti,
par le û^ Albert von Ku ville; irad. de l'alleaiand par l'abbé G. Lapeyrb,
avec une Inlroduclioa de Georges Goyau. Paris, Beauchesne, 1910, in-16
de XXX-2O0 p. avec portrait. — Prix: 2 fr. 50.
Sans pouvoir escompter peut-être un succès égal à celui qui l'a
accueilli dans les pays protestants (la traduction présente est faite
sur le texte de la 19-28*^ édition allemande), le livre de M. von
Ruville trouvera chez nous, nous le pensons, la diffusion qu'il mérite.
Document de psychologie religieuse, par 'le récit captivant d'un
« retour à la sainte Église >> par la voie de l'étude, mais surtout par le
sentiment très vif de quelques vérités rehgieuses élémentaires, et par
la sincérité absolue — document historique, par ses détails de pre-
mière main sur la vie protestante, l'individualisme de son aristo-
cratie pensante, son intellectualisme orgueilleux et les préjugés qui
l'obsèdent — synthèse théologique remarquable, par un homme qui
du premier coup s'établit en pleine mentalité catholique (mais fût-il
entré chez nous, s'il n'avait été de chez nous, comme dit l'Apôtre?),
venge l'Église de toutes attaques, uniquement parce qu'il restitué sa
pensée véritable 'et, sans voiler des taches inévitables en son corps de
chair, révèle partout l'esprit divin qui l'anime et qui transparaît à
travers ses faiblesses, — cet ouvrage intéresse au plus haut point la
théologie, l'histoire, la piété. Dans la Préface, M. G. Goyau résume
la genèse et les leçons de cette conversion avec la sympathie et la
pénétration que lui assurent la communauté d'études et l'égale viva-
cité de la foi. H. Gisors.
JURISPRUDENCE
Cours d* droit forestier, par Charles Guyot. T. III, fascicule I",
litre VI. Paris, Laveur, 1911, in-8 de 308 p. — Prix : 5 fr.
L'analyse des deux premiers volumes de ce Cours a paru en mars
— 53 —
1908 (t. CXII du Polybiblion p. 223-224 et en septembre 1910 (t.
GXIX, p. 232-233). Après avoir traité du droit pénal, puis du droit
civil en matière forestière publique et privée, l'auteu raborde, dans la
première moitié de son troisième et dernier volume, la législation des
travaux publics appliquée aux travaux et attributions confits au ser-
vice forestier pour la fixation des dunes du littoral de l'ouest, pour la
restauration et reconstitution des terres forestières et pastorales en
montagne, et enfin quant au régime des eaux. La législation de la
pêche, de la chasse et de la destruction des animaux nuisibles fera
l'objet du second fascicule en préparation.
Jusqu'à la mise à exécution des lois de 1860, 1864 et 1882, d'une
part, concernant les travaux de restauration et conservation des ter-
rains en montagne, et, d'autre part, du décret impérial d'avril 1862
transmettant au service forestier l'œuvre de la fixation des dunes
jusqu'alors confiée à l'Administration des ponts et chaussées, les
agents des forêts étaient étrangers aux travaux publics, au sens légal
de ce mot. L'auteur du Cours traite donc en premier lieu de la légis-
lation y relative que les agents ont désormais à appliquer.
Cette préliminaire étude faite, M. Ch. Guyot aborde, dans un se-
cond chapitre, l'exposé historique, technique et juridique des travaux
de fixation des dunes par reboisement et les questions de droit de
propriété qui s'y rattachent, sans oublier de mentionner, en appen-
dice, la mise en valeur par le même procédé des 800.000 hectares des
landes, cette sorte de prolongement des dunes.
La législation des terrains en montagne avant et depuis la loi du 4
avril 1882; les résultats favorables comme les déceptions qui s'en
sont suivis; les lois en projet pour remédier à jce qui a causé ces der-
nières et compléter les premiers, — tout cela, examiné point par
point avec toutes les questions de droit qui s'y rattachent et les dis-
cussions juridiques appropriées, remplit le chapitre III et occupe le
tiers du fascicule.
Le régime des eaux prend une importance inconnue naguère du
service forestier moderne avant l'année 1898 où lui a été restitué
son ancien titre d'administration des Eaux et forêts, et où lui a été
ajoutée une section des améliorations pastorales (ce qui implique
le régime des sources et des cours d'eau de montagne), de la pêehe
et de la pisciculture. Répartie en une infinité de règlements, ordon-
nances, lois, décrets rendus ou édictés depuis près de deux siècles et
demi, la législation des eaux forme un fouillis inextricable que M. Ch
Guyot a su collationner, éclaircir et mettre en ordre en y projetant
les lumières de sa science juridique. C'est l'objet de son quatrième
chapitre.
Un chapitre V et dernier, d'une dizaine de pages à peine, est em-
ployé à indiquer sommairement l'application à l'Algérie et aux colo-
nies des législations étudiées dans les pages antérieures.
G. DE KiRWAN.
SCIENCES ET ARTS
fi'Annéc ioreiitière (19141). Aclualilés delà science des forêts, par
LuciKN Chanckrbl. Pans et Nancy, Berger-Levraull, 19J1, ia-16 de
ix-323 p., avec -li) grav. hors lexle, — Prix : 3 fr. 50.
lia Foret, so» rôle dans la nature et le» sociétés, par A. Jac-
QUOT. Paris et Nancy, Berger-Levrault, 1911, in-8 de xx-324 p. — Prix :
à fr. 50.
Docteur en droit, docteur ès-sciences, docteur en médecine, et,
par-dessus le marché, inspecteur des eaux et forêts, attaché au mi-
nistère de l'instruction publique et des beaux-arts, l'auteur du
premier de ces deux ouvrages est incontestablement qualifié pour
traiter la très complexe question des forêts et tout ce qui s'y rat-
tache, aux multiples points de vue juridique, naturaliste, économique,
hygiénique et même esthétique; et son travail justifie, il faut le
reconnaître, les prétentions qu'impliquent les nombreux grades et
qualités portés à la suite de son nom, sur la couverture de ce livre.
Il n'apparaît pas toutefois que le côté juridique de la question —
ou plutôt des questions, car elles sont nombreuses, — l'ait particu-
lièrement préoccupé. Ce sera sans doute pour une autre année, M.
Chancerel se proposant de nous donner, chaque année, V Année fores-
tière précédente.
Dans ce premier annuaire, l'auteur s'occupe principalement du
régime des eaux dans sa dépendance des forêts, des inondations et
des reboisements. Il traite aussi de la question relativement nou-
velle de l'emploi, en sylviculture, des engrais chimiques; et, à propos
des mesures à prendre pour la conservation des forêts, il apporte une
contribution importante à la lutte soutenue par tous les corps et
organes compétents, contre le fisc qui impose aux forêts un impôt
plus fort qu'à toutes autres propriétés non bâties, lequel ne peut
qu'amener, à la longue, la disparition des forêts elles-mêmes.
Les maladies des arbres, les végétaux et bois exotiques introduits
ou importés où à introduire, les richesses forestières des deux Améri-
ques, de l'Afrique et de l'Asie et de nos colonies. enfin la chasse dans les
bois de l'État sont traités dans ce volume très rempli. Il est même
tellement rempli qu'on est porté à se demander si l'auteur pourra trou-
ver, chaque année, des éléments aussi nombreux à mettre en œuvre.
25 gravures hors texte, très soignées, viennent à l'appui de celui-ci.
— La Forêt, de M. A. Jacquot, envisage la question à un point
de vue plus vaste encore et la traite d'après un plan plus général que
— 55 —
ne le comportait la forme d'annuaire adoptée par M. Chancerel.
Recueil de quatorze conférences se suivant d'après une méthode dé-
terminée, l'ouvrage, présenté par une Préface de M.Marcel Prévost,
comprend trois parties.
Dans la première, économique, laquelle ne comprend que deux
conférences, l'auteur expose les premiers résultats du mouvement de
l'opinion en faveur de la sylviculture, signale les funestes effets de la
« déforestation, » montre les emplois très variés, directs et indirects
des bois, indique les ressources forestières tant de l'Europe, avec ses
déficits, que du monde entier, et fait ressortir l'avantage des plan-
tations, suivant que le propriétaire est l'État, les communes ou autres
personnes morales et les particuliers.
Neuf conférences sort affectées à la deuxième partie (physique et
chimique), où il est question de l'influence des forêts sur les phéno-
mènes physiques et météorologiques de toute nature et réciproque-
ment, de la fluctuation des cours d'eau et des régimes hydrologiques
dans leur relation avec le taux de boisement ou le déboisement des
régions; des funestes effets des abus pastoraux, (notamment de la
transhumance); des eaux de ruissellement, de la houille blanche, de
la navigation, des irrigations ; de l'influence du boisement et du
déboisement sur le climat et la production agricole; de la mise en
valeur des terres incultes ; de la « prépondérance » des forêts en
hygiène, de l'assainissement par la forêt; du « malaise social « résul-
tant de l'excès du déboisement, et de la relation entre le taux du
déboisement et le taux de la dépopulation ; de l'obtention à réaliser
de la repopulation par l'effet du reboisement (sur ces trois points,
il est fait ici une incursion dans le sujet afférent à la troisième
partie) ; enfin des très nombreux bienfaits indirects des forêts.
Le rôle social des forêts, objet des trois dernières conférences,
comprend d'abord le point de vue esthétique, l'historique du culte
idolâtrique dont les arbres furent l'objet dans l'antiquité. Considé-
ration fort contestable contre le droit de propriété, fondée sur une
interprétation inexacte du jus abutendi (lequel n'est pas le droit
d'abuser, au sens français du terme, mais bien de jouir intégrale-
ment), mais pouvant être amendée sans préjudice pour la thèse con-
servatoire de l'auteur. Conciliation, par une équitable répartition, des
industries forestière et pastorale, celle-ci étant améliorée et celle-là
préservée. Exposé des moyens financiers, administratifs et de
législation, pour établir un sage régime sylvo-pastoral et encourager
le reboisement. ^
Finalement l'auteur clôt son savant volume par un résumé — «pou-
vant faire l'objet d'une seule conférence, » — sur le rôle de la forêt
« au triple point de vue physique, économique et social. '■> Il présente
- 56 -
ainsi son livre comme un fond au service des conférenciers qui vou-
draient faire, comme lui, campagne on faveur de la c reforestation »
de la France. C. de Kirwan.
LITTÉRATURE
P«lUe Granimaire allemande, par Emile Otto. 10» édition revue
par Paul Vbrrieb. Ileidelberg, Gross, 1911, in-16 cartonné de vin-228 p.
— Prix : 2 fr. oO,
La maison Jules Gross, de Heidelberg, est fort connue en Europe
par la publication de ses manuels et livres d'enseignement pour l'étude
des langues modernes, d'après la méthode Gaspey-Otto-Sauer. Le
principe de la méthode consiste à faire marcher de front la grammaire
et la pratique, c'est-à-dire ni le vide de la méthode d'Ahn ou de
Berlitz, ni les divagations de la théorie pure. M. Paul Verrier a revu
la 10^ édition de la Petite Grammaire, et il a essayé de l'adapter
jusqu'à un certain point à la méthode intuitive, la coqueluche de
l'Université moderne, en France encore plus qu'en Allemagne. Il a
simplifié l'ancienne grammaire Otto, pas assez cependant à notre
gré, et, puisque l'on s'adresse à des commençants, je voudrais bien
savoir ce que viennent faire ici ces 20 pages de théorie sur la pronon-
ciation, sur les consonnes voisées ou invoisées. Pourquoi farcir les
jeunes têtes de ces termes qu'elles ne comprennent pas? Les mots
consonnes sonores ou consonîies sourdes, pour être compris de tout le
monde, n'en sont pas moins exacts ou moins scientifiques. Par contre,
nous félicitons les auteurs d'avoir ramené à des proportions plus
humaines les chapitres sur la déclinaison et la conjugaison qui étaient
si touffus dans l'ancienne grammaire Otto. L. Mensch.
Observations mur la légende primitive d'Ulysse, par Maukicb
Choisbt. Paris, C. Klincksieck, 1910, in-4 de 46 p. — Prix : 2 fr.
M. M. Croiset, que les suffrages de ses collègues viennent d'élever
au poste éminent d'administrateur du Collège de France, s'est pro-
posé, dans ce mémoire, « de rechercher, d'après les plus anciens témoi-
gnages et les faits les plus probables, comment la légende d'Ulysse
paraît avoir évolué jusqu'au temps où elle a pris dans YOdyssée la
forme sous laquelle elle est restée populaire. » Et des textes, qu'il con-
fronte avec une rare habileté, il conclut qu'avant la fin du second
millénaire avant notre ère, les îles et la région qui entourent Ithaque
étaient déjà habitées par une race conquérante, probablement venue
du continent et dépositaire d'anciennes traditions. Ulysse passe, dans
les plus anciens chants de l'Iliade, pour un héros en possession d'une
réelle renommée, consacrée par certaines épithètes significatives. Il
— 57 —
brille dès ce temps par la maîtrise de soi-même, la connaissance des
hommes et l'art de se tirer des difficultés : autant de traits de carac-
tère qui le rendaient particulièrement apte à soutenir l'intérêt dont
les longs récits d'aventures ne peuvent se passer. Au cours de ses
périlleux voyages, ce favori de Minerve est avant tout un inventeur
de stratagèmes.
Les investigations de M. Croiset s'arrêtent à l'époque de la composi-
tion de VOdyssée, par lui jugée notablement postérieure àr//iarfe, et par
suite il n'a pas eu à s'occuper de l'Ulysse déconsidéré que Sophocle a
mis sur la scène dans son Philoctète. G. Huit.
Reliqiiiae de Mauhigh Faucon. Paris, Plon-Noiirril, 1911, 2 vol. petit
in-8 de Gii-379 et 439 p., avec 2 porlrails. — Prix : 1 fr.
« Un chartiste poète », tel fut Maurice Faucon, d'après M. Michel
Salomon, qui a consacré à la mémoire de son ami une remarquable
étude, publiée d'abord dans le Correspondant du 10 mars dernier,
puis réimprimée en tête du premier des deux volumes annoncés ici;
nous pourrions ajouter que Faucon fut moins un érudit qu'un poète
et un artiste. Né à Ariane, bourg du Puy-de-Dôme, le 12 mai 1858, il
était entré à l'École des chartes à 17 ans, en novembre 1875. Membre
de l'École française de Rome, cinq ans plus tard, vers la fin de 1880,
il se signala promptement par toute une série de publications, et son
nom ne tarda pas à être connu dans le monde de l'érudition. Par
contre, en dehors d'un cercle très restreint, Faucon poète était resté
à peu près ignoré. Pourtant, il avait donné, en 1889, un volume de
vers intitulé : Italie, la Voie étroite, dans lequel il y avait d'incon-
testables beautés; mais l'auteur, obéissant à un scrupule de cons-
cience dont nous ne sommes pas juge, a retiré du commerce tout ce
qu'il a pu de l'édition. Poète encore, et poète des plus déhcats. Fau-
con se révèle dans les quelques poésies inédites recueillies dans les
Reliquiae. Et de combien de pages, vers ou prose, de ces deux vo-
lumes ne peut- on pas dire qu'elles portent la marque d'un vrai poète ?
En outre, nature essentiellement artiste. Faucon se trouvait remar-
quablement bien préparé pour étudier les chefs-d'œuvre qui, au
cours de ses nombreux voyages en Italie, allaient fixer son atten-
tion. L'histoire de l'art, tel devait être son vrai domaine. On s'en con-
vaincra aisément en parcourant ses écrits posthumes.
Ainsi apparaît ou réapparaît, dans ce recueil, un Faucon poète, un
Faucon artiste, que sans doute ne soupçonnaient pas beaucoup de
ceux qui ne le connaissaient que par ses travaux de pure érudition.
— Là pourtant n'est pas pour nous le principal intérêt des Reli-
quiae.
Vers l'époque où Maurice Faucon, en 1881, achevait sa première
— 58 -
année d'École de Rome, la vie pouvait lui paraître pleine de promesses.
Cependant, s'annonçait déjà la douloureuse destinée qui devait
être la sienne. C'est, en effet, vers ce même temps qu'il ressentit
les premières atteintes du mal implacable, qui, bientôt s'aggravant,
devait, à partir de 1882 ou 1883, lui interdire toute, recherche
lointaine, tout voyage d'étude et trop souvent même tout travail
prolongé. 11 s'ensuivit une longue et profonde crise morale et
religieuse, qui, à travers une phase de mysticisme, devait le conduire
de la simple croyance à la foi la plus épurée et la plus sereine. Cette
crise, écrivait-il lui-même, en 1892, à Jean Aicard, •« s'est dénouée
par une conversion totale, non seulement aux idées chrétiennes...,
mais aux pratiques catholiques dans ce qu'elles ont de plus strict. »
Cette lente évolution religieuse, M. Raymond Saleilles, l'intime
confident de Faucon, et M. Michel Salomon l'ont admirablement
décrite, à l'aide soit de leurs propres souvenirs, soit du Journal laissé
par leur ami de sa correspondance et de quelques-unes de ses plus
belles poésies.
Les exécuteurs testamentaires de Faucon ont retrouvé dans ses
papiers de nombreux feuillets de ce Journal que, pendant une quin-
zaine d'années et peut-être davantage, il avait tenu avec plus ou moins
de régularité, de ses impressions d'artiste et de ses réflexions de « grand
liseur. « Les fragments les plus anciens qui en soient reproduits ici,
datent de ses deux premiers voyages en Italie (1879-1880). Particu-
lièrement nombreuses et attachantes sont les notes (notes d'art
pour une grande partie) se rapportant à sa première année d'École
de Rome (1881). A partir de 1883, le Journal, qui ne va pas au-
delà de 1893, ne présente plus tout à fait le même caractère. Désor-
mais, les pensées et réflexions morales, philosophiques, religieuses
surtout, y dominent. Journal d'un Amiel catholique, a-t-on pu dire
avec raison.
Le premier volume se continue et s'achève par divers opuscules :
deux études d'art, deux nouvelles inédites, où Faucon se montre con-
teur de talent, et deux essais sur les mœurs religieuses en province.
Le second volume est presque entièrement occupé par la Correspon-
dance, qui, sur plus d'un point, complète et éclaire le Journal.
250 à 300 lettres de Faucon, s'échelonnant entre les années 1877 et
1906, ont pu trouver place dans ce recueil; elles sont, à quelques
unités près, adressées soit à sa mère, soit à divers amis de France ou
d'Italie. Cette correspondance, où se découvrent un cœur très tendre
et uns âme des plus vaillantes, témoigne d'une rare élévation de sen-
timents. On ne la lira pas sans un réel profit moral.
Par les soins pieux et intelligents qu'ils ont apportés à la publica-
cation, et, pouvons-nous dire, au sauvetage de tant de pages fortes
— 59 —
ou charmantes, les amis de Faucon ont bien servi sa mémoire. Pour
nous, nous leur sommes reconnaissant de nous avoir fait mieux
connaître et apprécier cette belle et noble figure. L. Auvray.
âious les lauriers. Eloges académiques, par le V'° E.-M. db
Vogué. Paris, Blond, lyil, in-16 de 329 p. — Prix : 3 fr. 50.
On lit et on relit toujours avec plaisir la belle prose oratoire et
poétique de M. E.-M. de Vogtié. Ce sont ici les douze morceaux aca-
démiques qu'il a composés depuis le jour où, s'asseyant pour la pre-
mière fois sous la coupole, il prononça l'éloge de Désiré Nisard, jus-
qu'au tout récent discours sur les prix de vertu, que, « après avoir
rusé pendant vingt ans « pour l'éluder, il se vit obligé d' « exécuter »
à son tour. Et cela est brillant, brillante même, suivant la loi du
genre, spirituel et élégant, de ce dilettantisme qui fait mesure d'éloges
sensiblement égale à M. Paul Bourget et à M. Hanotaux, à Ferdirand
de Lesseps et à J. -Maria de Hérédia, à M. Barrés et à M. Rostand,
qui est en grande coquetterie avec l'ombre du maître Renan, mais ne
manque pas d'adresser des politesses au christianisme inspirateur
des grands renoncements d'ici-bas, et à cette lumière « qui doit venir
de très loin, de très haut, puisque rien ne l'explique dans le pauvre
monde qu'elle illumine. » Il y a un bon chapitre sur les Mémoires de
Marbot; et les pages sur Maxime du Camp et Challemel Lacour,
les allocutions sur la tombe d'Henri de Bornier, ou au pied des monu-
ments de Bernardin de Saint- Pierre et de Nicolas Gogol, achèvent de
témoigner de la souplesse de ce gentilhomme de lettres toujours
courtois, mais plus sympathique que chaleureux, et que l'on jugerait
même froid, n'était son éloquence toujours grave même sous le sou-
rire, et la tristesse intime dont on sent bien qu'était chargée sa pensée.
Gabriel Audiat.
HISTOIRE
lies iiégioais de Varus. Latins et Germains au siècle
d'Auguste, par Ch. Gailly de Taurines. Paris, Hachette, i911, in-16
de 31^ p., avec 8 planches et une carte. — Prix : 3 fr. 50.
Beau et dramatique sujet qu'a choisi M. Gailly de Taurines : les
expéditions de Tibère et de Drusus en Germanie, puis celles de Ger-
manicus et de ses successeurs, groupées autour du désastre de Varus.
Forêts pleines de terreur et marécages perfides, mer sauvage,
côtes basses et marais redoutables, c'est le fond du tableau.
Massacre des légions, surprise des Barbares et vengeance de
Rome, marche périlleuse à travers les marécages et naufrage de
mille vaisseaux romains, voilà les grandes scènes. Les fils adoptifs
^ 60 —
d'Auguste, Drusus et Tibère, Arminius le héros légendaire, Cécina
le vieux général dont l'expériwice compte quarante campagnes, le
sympathique Germanicus et son héroïque épouse Agrippine, à laquelle,
comme par un contraste voulu, s'oppose la farouche Germaine Thus-
nelda, épouse d' Arminius, comme à celui-ci s'oppose son frère Fla-
vius, le barbare germanisé, telles sont les figures qui se détachent en
plein relief. Certes la matière historique est assez riche pour se suffire
à elle-même ! Pourquoi l'auteur a-t-il cru devoir l'agrémenter çà et là
par des procédés romanesques et surannés? Et même un tel début
de roman : « par une belle journée d'été, un homme d'aspect rustique,
à la haute taille,» etc., nous ferait plutôt sourire. Sans compter que,
dès le premier mot, le lecteur a compris qu'il s'agit de Virgile, lequel,
entre parenthèses, vient là, on ne sait trop pourquoi. Et de même,
cette manière négligée d'introduire certains personnages connus,
pour, au bout de vingt lignes, laisser éclater leur nom comme une fan-
fare aux oreilles du lecteur ébloui, tel un conte de M. de Bouilly! Et
ces titres à effet de quelques chapitres : L'Orgie des Barbares ! Impe-
rator ! Le Sommeil de Germanicus !
Que l'auteur eût donc mieux fait de laisser là cette défroque de
mélodrame ! D'autant qu'il est parfaitement capable de s'en passer.
Malgré ces enjolivements, son livre, en effet, se ht non seulement
avec facilité, mais avec un intérêt soutenu. 11 est écrit en général
d'un style rapide, vivant, l'enchaînement des faits se déroule avec
une clarté parfaite, et même l'on ne saurait nier que le triomphe de
Germanicus et le retour des cendres du même prince ne soient de
belles pages.
Mais l'auteur sans doute a cru plaire ainsi aux gens du monde et
rendre son livre plus accessible aux dames. Et c'est pourquoi aussi il
y introduit çà et là des notions propres à rafraîchir la mémoire des
lecteurs moins familiers que lui avec le dictionnaire de MM. Darem-
berg et Saglio. Erreur à laquelle l'auteur fera sagement de renoncer,
car il manie fort bien, quand il le veut, le style historique, et en dépit
de son réel mérite il risquerait d'être classé parmi les amateurs. En
toute sincérité, ce serait dommage. André Baudrillart.
Dietionuaire d'histoire et de géogrnphie eccléciiastiques,
publié sons la direction He Mgr Alfred Baudrillart, Albert Vogt et
Urbain Rouziés. Fasc. 111. {Adulis-Agde), col. 641-928. Fasc. IV. {Agde-
Aix-la-Chapelle,, col. 929-1248. Paris, Lelouzey et Ané, 1911, 2fasc.gr. in-8.
— Prix du fasc. : 5 fr.
Les deux fascicules parus en 1911 contiennent environ 600 articles
rédigés par plus de 100 collaborateurs parmi lesquels je relève non
seulement des noms de prêtres et de religieux connus pour leur
— 61 —
compétence spéciale, mais aussi la signature de nombreux laïques
tels que MM. Goyau, de Labriolle, Dufourcq, Zeiler, Régnier, Ras-
toul, AudoUent et Froidevaux.
Les articles sont, pour la plupart, consacrés à des personnages ayant
leur place dans l'histoire de l'Église : saints et saintes, papes et
évêques, théologiens et écrivains orthodoxes et hétérodoxes; ces
notices sont de dimensions fort inégales, depuis quatre lignes jusqu'à
quatorze colonnes; la plus longue, et j'avoue avec confusion que j'en
suis l'auteur, est celle qui est consacrée à Mgr Affre, archevêque de
Paris.
Des monographies de provinces, de diocèses et d'abbayes com-
plètent cette revue historique dont l'importance n'est pas à dé-
montrer.
Le morceau capital, tant par sa longueur que par son intérêt, est
l'étude où, en 160 colonnes, M. Aug. Audollenta réuni toute l'his-
toire de l'Afrique chrétienne depuis les premières prédications évan-
géliques jusqu'à la conquête arabe. M. Froidevaux en a donné le com-
plément en esquissant l'histoire des missions catholiques dans tout
le continent africain; deux excellentes cartes, dont une en couleurs,
facilitent l'intelligence du texte.
Un article important est attribué à chacun des diocèses français :
M. Rastoul s'est chargé d'Agde et d'Aix ; M. le chanoine Degert
d'Aire et M. le chanoine Durengues d'Agen. Les éditeurs ont eu la
pensée très louable de joindre à ces notices des cartes des anciens
diocèses. Cependant, s'il m'était permis de formuler, je ne dis pas une
critique, mais un désir, c'est que l'établissement de ces cartes soit
exécuté à l'avenir d'après une méthode plus uniforme. En laissant de
côté Agde, à cause de l'exiguité de son territoire, je remarque que
pour Aix et Aire des divisions archipresbytérales ou décanales sont
dessinées sur la carte, et que, pour Agen, les chefs-lieux d'archiprêtrés
sont seulement soulignés. Les limites actuelles des diocèses, utiles à
connaître, sont tracées assez clairement pour Agen, elles sont moins
nettes pour Aire et manquent totalement pour Aix, où elles étaient
plus nécessaires qu'ailleurs. Cette dernière carte est certainement la
moins satisfaisante : l'indication des diocèses limitrophes est incom-
plète, puisque sur huit il n'y en a que quatre d'inscrits; ce sont les
limites actuelles qui ont été employées, alors qu'il s'agit de l'ancien
archidiocèse. De plus, je relève la mention stupéfiante : Archidiocèse
de Tarascon... à première vue, on croirait à une tartarinade, mais
il ne s'agit que d'une énorme coquille du dessinateur qui a voulu
mettre archidiaconé, comme il aurait dû écrire aussi : archidiaconé
d'Arles, puisque la carte indique les trois archidiaconés d'aujour-
d'hui; mais Arles était un ancien archevêché; on a mis archevêché
— 62 —
d'Arles, et, par une sorte d'attraction, Tarascon est aussi devenu une
métropole.
Les ôvêques constitutionnels d'Aix figurent dans la liste épiscopale
de M. Rastoul (entre crochets); mais il n'est pas fait mention de ceux
d'Agen et d'Aire. Je ne pense pas que MM. Durengues et Degert igno-
rent Constant et Saurine ; j'ai même de fortes raisons pour croire le con-
traire. Ma remarque a seulement trait au plan adopté et qui me pa-
raît encore un peu flottant. On en viendra, je pense, à donner aux
monographies analogues une uniformité qui servira autant aux au-
teurs à la recherche d'un plan qu'aux lecteurs en quête de ren-
seignements, p. PiSANI.
Uistoijre de France, depuis lus ori^nes jusqu'à la Itève-
lution, par Ernest Lavisse, T. IX, 2. Tables alphabétiques. Paris,
Hachette, s. d., ui-i de 319 p. — Prix: 7 fr. 50.
Voici enfin le volume de tables qui couronne la grande Histoire
entreprise sous la direction de M. Ernest Lavisse et qui fait grand
honneur à l'éminent académicien, aux collaborateurs qui ont pris
part à l'œuvre commune, à la maison Hachette qui a mis tant
de soin à la bonne exécution de ce travail et à la science historique
française.
Les tables des personnes, des lieux et des matières ont été réunies
en un seul index alphabétique, et nous nous en félicitons parce que
ce procédé facilite et simplifie les recherches. On se rendra compte
de la masse de renseignements contenus dans cette table, si nous
disons que chaque page renferme trois colonnes et chaque colonne
56 lignes.
C'est surtout sur les noms de personnages et les noms de lieux que
le rédacteur de la table a fait porter ses efforts. Les articles un peu
gros (Angoulême, Charlemagne, etc.), comportent un nombre plus ou
moins grand de rubriques, classées alphabétiquement (par ex., pour
Charlemagne: Administration, Arts, Assemblées du peuple. Capitu-
laires, Couronnement, etc.). Parfois, quand les articles sont trop con-
sidérables (Bretagne, Paris, etc.) ces rubriques elles-mêmes sont
réparties entre diverses sections que précède un sommaire (par ex.
pour Bretagne : Géographie; Institutions et mœurs; Histoire). Lorsqu'il
y a plusieurs personnages d'un même nom (Charles, Louis, etc.), ils
sont groupés méthodiquement (Charles : A. rois de France; B. Souve-
rains étrangers; C. Ducs; D. Comtes; E. Personnages divers).
L'on pourra regretter que les personnages n'aient pas toujours été
identifiés à la table : c'est ainsi que trois ducs de Bouillon sont
désignés par leurs noms, et un quatrième simplement par son titre.
11 faut avouer d'ailleurs que ces identifications auraient parfois exigé
du rédacteur de la table un travail considérable.
— 63 —
Les rubriques matières sont moins nombreuses qu'on ne le vou-
drait. Les rubriques Arts, Ecoles (ou Enseignement, Instruction),
Colonies, par exemple, font défaut ou sont très incomplètes (Écoles
en 1789, alors que même en parcourant la table on trouve les élé-
ments d'une liste assez longue).
En dépit de ces desiderata, ce volume rendra de précieux services,
et nous ne pouvons que remercier le collaborateur anonyme de M. La-
visse qui n'a pas reculé devant cette besogne lourde, minutieuse et
quelque peu ingrate. E.-G. Ledos.
Jeanne d'Arc, par Gabriel Hanotaux. Paris, Hachette, 1911, gr. iii-8,
de xiir-421 p., illustré d'un grand nombre de gravures, d'après les origi-
naux du temps. — Prix : 7 fr. 50.
La Fleur des liistoîres françaises, par le même. Paris, même
librairie, 1911, m-l6 de iii-.315 p. — Prix : 3 fr. 50.
Jeanne d'Arc «t la France, par Tabbé Stéphen Coubè. Paris,
Lethielleux, s. d., petit in-S de 207 p. — Prix : 2 fr.
^ttskwkne d'Arc, tua foi, son procèis, non martyre, par IIëlènb
DE LÉCHÉ. Paris, Bloud, 1911. in-12 de 57 p. — Prix : 0 fr. ^30.
Vie de Jeanne d'Arc racontée par elle-mèuie, par Léon Le
Grand. Paris, Maison de la Bonne Presse, in-4 de iv- 26 p. à 2 vol., cou-
verture illustrée en couleurs. — Prix : 0 fr. 10.
— Il est une variété de snobisme aujourd'hui assez répandue :
celle qui consiste à s'incliner, voire à se prosterner, pour ainsi dire,
d'office devant l'œuvre d'un écrivain qui a ses entrées à la Revue
des Deux Mondes, à plus forte raison, s'il a occupé une haute si-
tuation officielle et est maintenant membre de l'Académie française.
Nous prenons la liberté de ne pas sacrifier à cette habitude. Nous
avons lu et nous allons apprécier la Jeanne d'Arc de M. Gabriel
Hanotaux en elle-même et pour elle-même. L'ouvrage est divisé
en trois livres: I. Simple Histoire de Jeanne d'Arc (1. La Jeunesse
de Jeanne d'Arc. — Les Voix. 2. La Délivrance d'Orléans. 3. Le
Sacre de Reims. 4. L'Echec de Paris. — Compiègne. — Rouen.)
II. Les Quatre Mystères de la vie de Jeanne d'Arc (1. La Formation.
2. La Mission. 3. L'Abandon. 4. La Condamnation.) III. Vie de
Jeanne d'Arc après sa mort (1. La Légende. La Fausse Jeanne
d'Arc. 2. La Réhabilitation. 3. Jeanne d'Arc devant l'Histoire
et devant l'Opinion.) Le premier et le troisième livre sont des addi-
tions. Le troisième est plus intéressant et, au moins en ^îertaines
pages, plus original que le premier, exposé simple et de pleine
bonne foi, mais un peu fruste. La partie essentielle et le ^œur même
de l'ouvrage est le second livre, étude vraiment neuve et, sur nom-
bre de points, féconde de quatre problèmes capitaux dans la vie de
l'héroïque vierge. Nous disons problèmes plutôt que mystères, car
- 64 —
ce dernier mot, choisi par l'auteur, nous parait une conséquence
de cette recherche de l'effet dont les écrivains de notre temps
font im si continuel abus et dont on regrette de trouver çà et là
d'autres marques sous la plume de M. Hanotaux. L'examen de
ces problèmes, tout en laissant naturellement place à des dissiden-
ces et à des réserves au triple point de vue théologique, philoso-
phique et historique, est une œuvre de sérieuse et forte valeur
et d'une inspiration aussi large qu'élevée. Les qualités de l'ancien
élève de l'École des chartes y servent de sohde appui aux vues
rétrospectives du penseur et de l'homme d'Etat. L'auteur y a pris,
en face du surnaturel, dont l'apparition est ici lumineuse, l'atti-
tude un peu hésitante, mais en somme loyale et sympathique,
d'un esprit et d'un cœur honnêtes, que son patriotisme pousse vers
des sphères plus hautes que celles où un naturalisme d'habitude le
retient encore. 11 a émis sur les rapports de la raison et de la foi,
de la nature et du surnaturel quelques remarques excellentes qui
rachètent amplement d'involontaires inexactitudes. Au point de
vue proprement historique, son sens est dans ce livre généralement
juste et fin et son regard pénétrant, quoique ses idées ne soient
pas toujours exemptes tantôt de quelque illusion, tantôt de quel-
que subtilité. Son style, où l'on sent un peu trop l'influence de
Michelet) est expressif, imagé, vigoureux, plein de sève et plein
d'élan, mais pas toujours d'un goût très pur. Nous ne saurions,
par exemple, approuver des métaphores comme celle-ci : « Res-
serrée sur son étroite bande de terre, surveillée du côté de la mer
par la jalousie anglaise, la fortune des Pays-Bas, avec tout ce qu'elle
charrie d'eaux fécondantes et de limons puissants, s'enlize dans
son propre succès comme le cours du grand fleuve qui les a créés
et s'épuise avant d'atteindre la mer ». (p. 173). La langue aussi
laisse à désirer. M. Hanotaux nous dit quelque part (p. 146) que
le cœur de Jeanne d'Arc, « gonflé et gros d'uaie immense pitié,
au lieu de se résoudre en larmes et en plaintes, explose en courage. »
Voilà une expression qui ne serait pas sortie de la plume de Gaston
Boissier et qui ne sortirait pas de celle de M. Alfred Mézières.
M. Hanotaux n'en est pas moins un écrivain remarquable aussi
bien qu'un historien de grand mérite. Sa Jeanne d'Arc portera
plus haut sa renommée. Sous les réserves indiquées et pour les
esprits un peu mûrs déjà, la lecture en est bonne et fortifiante.
C'est un livre qui fera du bien. L'illustration, empruntée aux
gravures sur bois du xv^ et du xvi^ siècle, est originale. Nous ne
savons si elle répond pleinement à l'objet que s'est proposé l'auteur.
Mais c'est tout au moins une collection ingénieuse et utile par elle-
même et comme une section particulière d'exposition ou de musée.
— 65 —
— Un autre ouvrage de M. Gabriel Hanotaux : La Fleur des
histoires françaises, « écrit, nous dit-il, pour la jeunesse, » se rat-
tache, au moins par l'inspiration patriotique, à sa belle étude sur
Jeanne d'Arc. En voici les points de vue et les données successives:
La Terre de France. — Les Eaux de France. — Le Ciel de France.
— Les Hommes de France. ■ — La Patrie française. — Les Batailles
françaises. — L'Expansion française. — La Propagande française.
— Le Moyen Age et l'Art religieux. — La Renaissance et la Ré-
forme. — Henri IV et la tolérance. — L'Age classique. — L'Age
philosophique. — L'Age politique et juridique. — L'Age héroïque
et l'Age lyrique. — L'Age réaliste et scientifique. — La Richesse
française. — L'Égalité française. — L'Idéal français. — Le talent
d'écrivain de M. Hanotaux s'y montre peut-être sous un jour
encore meilleur que dans l'ouvrage précédent, quoique non exempt
des mêmes défauts. On y trouve des pages charmantes, des tableaux
où l'éclat poétique s'ajoute avec fraîcheur et vivacité à l'éloquence
et au sentiment. L'auteur y déploie d'ailleurs de rares qualités
de vulgarisateur d'histoire. Mais nous devons ajouter que la doc-
trine, non seulement n'y est pas sûre, mais laisse paraître, à côté
de vues excellentes et de nobles élans, nombre de préjugés fâcheux.
On regrette même d'avoir à noter plusieurs assertions contraires à
l'orthodoxie. On souhaiterait aussi une conception plus juste de
telle ou telle époque, de telle ou telle institution, de telle ou telle
crise de l'histoire de France. Sauf en ce qui concerne l'art reli-
gieux, l'influence civilisatrice de la religion chrétienne et de l'Église
catholique est presque complètement passée sous silence. Cela étant,
malgré le très réel mérite de cet ouvrage, il ne semble pas possible
de le recommander purement et simplement à la jeunesse élevée
dans la vraie doctrine. Mais ses maîtres en pourront faire quelque
usage à son profit et, dans d'autres milieux, il pourra contribuer
à élargir les esprits et à élever les âmes, car il est tout plein, du
moins, du culte de l'idéal et de l'amour de la patrie.
■ — Ce même culte et ce même amour se retrouvent, mais soutenus
par une inspiration ardemment et fortement catholique, dans le
recueil de conférences et d'articles publiés par M. le chanoine
Coubé sous ce titre : Jeanne d'Arc et la France, où sont traités
avec beaucoup de verve et de vigueur oratoire les sujets suivants :
Jeanne d'Arc et le patriotisme. — Jeanne d'Arc et l' antipatrio-
tisme. — • Jeanne d'Arc et l'avenir de la France. — Jeanne d'Arc
et les femmes françaises. — Jeanne d'Arc et les devoirs des catho-
liques. — La Fête nationale de Jeanne d'Arc. — Jeanne d'Arc
et la Bretagne. — La Vérité sur Pierronne de Bretagne. — Jeanne
d'Arc, honneur et conscience de la France. — Nous sommes heu-
Janvier 1912. T. CXXIV. 5.
- 66 —
reux de constater tout d'abord que l'éloquence de M. Coubé se
montre dans ce recueil sous un bien meilleur aspect que dans un
autre qui lui fait pendant : L'Ame de Jeanne d'Arc, dont nous
avons précédemment rendu compte. L'exubérance romantique y
est moins fréquente et moins marquée et le style s'y rapproche
davantage de cette clarté ferme et naturelle qui est le génie même
de la langue française. Ce n'est pas que les expressions de mau-
vais goût y manquent. Dire de la bannière de Jeanne d'Arc que
« c'est son âme hissée au sommet d'une hampe pour parler plus
haut et être vue de plus loin » (p. 18), c'est s'abandonner à une
fâcheuse et presque ridicule emphase. Mais ce genre de traits est
relativement rare et, dans l'ensemble, comme orateur et comme
écrivain, les qualités de M. Coubé l'emportent ici de beaucoup sur
ses défauts. \'oilà pour la forme. Le fond, en général, est excellent,
et l'on y regrette seulement çà et là quelques exagérations de
polémiste et de zelante. Nous avons notamment apprécié les con-
naissances historiques de l'orateur, son souci de l'exactitude et
de louable retenue par rapport au penchant d'autres panégyristes
vers les conjectures ou interprétations douteuses ou les broderies
légendaires. Nous aurions pourtant mieux aimé ne pas retrouver
dans un de ses discours des mots certainement inauthentiques,
comme le fameux, mais faux : « Ouvrez, c'est la fortune de la
France!» (p. 16), ou le prétendu cri : « Vive labeur » ! (p. 24),
qui a déjà donné lieu à bien des tirades et dont on s'obstine sans
raison à faire l'une des devises personnelles de Jeanne d'Arc. Le
recueil Jeanne d'Arc et la France mérite d'être recommandé d'une
façon particulière à nos lecteurs et à nos lectrices.
— Il en est de même, pour des qualités un peu différentes, du
remarquable opuscule de W^^ Hélène de Léché : Jeanne d'Arc,
sa foi, son procès, son martyre, publié sous les auspices de la So-
ciété bibliographique, et ainsi divisé : I. Les Révélations. II. L'Or-
thodoxie de Jeanne d'Arc. III. Les Responsabilités. IV. Conclu-
sion. Ce travail se distingue par l'exactitude de l'information, la
justesse du sens historique et de la pensée, la netteté de l'expo-
sition, l'élégante simplicité d'un style de bon exemple et de bonne
compagnie. Ce serait un bon signe, parmi tant d'autres tristes
indices, que le succès de cet excellent écrit dans les milieux auxquels
l'auteur appartient et sa diffusion dans quelques-uns de ceux qui
en dépendent.
— Non moins louable et non moins utile en son genre est la
Vie de Jeanne d'Arc racontée par elle-même, de M. Léon Le Grand.
« Chercher, nous dit l'auteur, à faire revivre la figure de Jeanne
d'Arc en recourant à son seul témoignage, tel est le but de ces
— 67 -
quelques pages. Pour cela, nous avons recueilli dans les textes
contemporains, comme d'autres l'avaient fait avant nous (notam-
ment M"i6 P. Froment dans un très bon livre, dont le Polybihlion
a rendu compte), les principales paroles tombées des lèvres de la
Bienheureuse et les avons simplement disposées dans l'ordre chro-
nologique des faits qu'elles relatent ou des circonstances dans les-
quelles elles ont été prononcées. Nous les avons réparties en un
certain nombre de chapitres dont les titres rappellent les diffé-
rentes phases de sa vie pour rendre plus sensible l'enchaînement
des événements, mais nous nous sommes interdit toute addition
et tout commentaire, nous bornant, quand cela était indispensabh;
pour le sens, à noter entre parenthèses le nom de l'interlocuteur
ou à résumer aussi brièvement que possible les questions qui pro-
voquaient telle ou telle réplique ». Accompli avec le soin qu'on
devait attendre d'un érudit aussi distingué que M. Léon Le Grand,
•e travail est d'une utilité multiple. L'histoire, même savante,
pourra en profiter, selon nous, aussi bien que la propagande po-
pulaire. Les références mises au bas des pages, sans gêner en rien
la lecture courante, en font un précieux répertoire. Le rapproche-
ment des textes y est parfois suggestif. Enfin l'âme de Jeanne
d'Arc y apparaît toute vive et toute céleste. Marius Sepet.
L'Église de Paris et la RéYolutlon. T. IV (1799-1802], par P.
PiSANi. Paris, A. Picard et fils, 1911, in-16 de 461 p. — Prix : 3 fr. 50.
L'important ouvrage de M. le chanoine Pisani est achevé et l'on
peut maintenant se rendre exactement compte de ce qu'a voulu
et accompli son auteur. A première vue, ses développements dé-
passent les promesses de son titre. Nous sommes en présence d'une
histoire des événements intéressant l'Église de France qui se sont
produits à Paris de 1789 à 1802. La politique religieuse de la Cons-
tituante, de la Convention, du Directoire et du Consulat est expo-
sée dans son ensemble, d'après les travaux d'hommes appartenant
aux opinions les plus diverses, de MM. Mathiez et Sagnac comme
de MM. Boulay de la Meurthe et Albert Vandal. De là vient qu'à
chaque instant la perspective qui devait servir de fond au sujet
primitif se trouve ramenée au premier plan. Cet élargissement de
la composition s'explique par les circonstances dans lesquelles l'ou-
vrage a été mené à bonne fin. C'est en somme la rédaction d'un
cours professé pendant quatre ans à l'Institut catholique de Paris.
S'adressant à des étudiants, M. Pisani a été amené à éclairer l'his-
toire du diocèse dont la capitale est le chef-lieu par l'histoire géné-
rale de l'Éghse de France. Ceux-ci et derrière eux beaucoup de lec-
— 08 —
leurs retrouveront dans le livre publié un guide commode et fur
pour arriver à comprendre comment cette Église évolua à travers
la crise causée par la rupture du Concordat de 1516 et terminée
par la conclusion du Concordat de 1802. Sur les questions débat-
tues à cette époque, ils recueilleront des informations nouvelles ou
plus précises, appuyées sur des collections de textes ou des statis-
tiques correspondant aux exigences actuelles de la critique historique.
Dans le tome IV et dernier, les faits concernant l'Église de Paris
paraissent à titre épisodique dans chacun des huit premiers chapi-
tres; ils remplissent le neuvième qui nous fait connaître avec détail,
arrondissement par arrondissement, la nouvelle organisation parois-
siale et les prêtres de diverses origines appelés à former le nouveau
clergé. Le reste du volume constitue une histoire du Concordat
qu'on lira avec intérêt et avec fruit, car on y trouvera un exposé
très sûr et très vivant des vicissitudes par lesquelles passa la négo-
ciation. Les Appendices des chapitres IV et VI oiïrent une réunion
de textes propres à faire saisir sur le vif les difficultés de la paix
à conclure entre le Saint-Siège et le gouvernement français. Les
papiers du cardinal Caprara, conservés par hasard aux Archives
nationales, ont été pour la première fois mis sérieusement à profit.
On lira même au chapitre VI une dissertation intitulée Jansénisme
et Gallicanisme, faite pour l'auditoire spécial de l'auteur, où
M. le chanoine Pisani essaie de déterminer l'opinion qu'un catholique
du xx^ siècle doit se former, d'après lui, sur ses ancêtres des xvii^
et xviii^ siècles. L. P.
lies maître* de l'Heure, Essais d'histoire tnorale contemporaine, par
Victor Giraud. Paris, Hachelte, 1911, in-16 de xii-350 p. — Prix : 3 fr. 50.
Le titre que nous venons de transcrire est joli, comme titre à
effet. 11 est moins clair que frappant. Pour l'entendre, il faut avoir
lu l'Avant- Propos où M. Giraud l'exphque. « Les Maîtres de
l'Heure », ce sont les maîtres intellectuels de la génération à la-
quelle M. Giraud appartient, c'est-à-dire, selon sa propre déclara-
tion, celle qui vient « d'atteindre la quarantaine ». Mais cette géné-
ration a été précédée par d'autres qui ne sont pas encore éteintes, et
elle a été suivie de générations nouvelles et différentes, de sorte
qu'il se pourrait bien que nombre de lecteurs ne reconnussent pas
dans les maîtres dont il s'agit ceux de leur heure. Peu importe
au fond, puisque M. Giraud nous donne sur ceux qu'il considère
comme les maîtres de son heure, un recueil d'études très intéres-
santes, où, comme il le dit, l'histoire intellectuelle et morale s'a-
joute à la critique littéraire. — Le présent volume, qui sera suivi
d'un second, est composé de cinq études, consacrées aux écrivains
— 69 —
dont les noms suivent : Pierre Loti, Ferdinand Brunetière, Emile
Faguet, Eugène-Melchior de Vogué, Paul Bourget. Toutes sont
remarquables et offrent une lecture à la fois agréable et nourris-
sante. Une qualité, en soi secondaire, mais qui doit être louée par-
ticulièrement ici, c'est le sens et l'érudition bibliographique de
M. Giraud et l'excellent usage qu'il ne dédaigne pas de faire des
comparaisons d'éditions et des variantes de textes (cf. notamment
p. 295, 313, 314). Mais il a de plus hauts dons et de plus hauts
mérites. C'est un penseur qui embrasse dans leur entier, et dont la
vue dépasse à l'occasion, en les considérant de haut, les sujets qu'il
traite. C'est aussi un critique littéraire très intelligent et très
pénétrant, surtout très bien informé. Toutefois, dans le culte qu'il
professe pour ses maîtres, il excède quelquefois, même assez sou-
vent la mesure, et pose de temps en temps la plume pour prendre
en main l'encensoir. On sent que la Revue des Deux Mondes et
encore plus l'Académie fcançaise sont pour lui des temples, eu il
en pratique les rites avec conviction. C'est dire que ses études se
tournent facilement en panégyriques. Mais cela ne l'empêche pas
d'exprimer, quand il le faut, les réserves nécessaires. Sa foi chré-
tienne, solide et sincère, le soutient et le préserve; elle sauve et
fortifie son indépendance et son originalité. M. Victor Giraud est
aussi un écrivain remarquable, bien que son goût ne soit pas tou-
jours parfaitement pur et que sa langue parfois s'empâte, quand
il nous parle, par exemple, du « sens concret et de la signirication
convergente de toutes ces affinités électives » (p. 195), ou glisse même
dans l'impropriété, quand il écrit (p. 218) que « en intervenant
généreusement dans les questions sociales, elle (l'Église) risquait,
à très brève échéance, de recouvrer tout son ancien prestige ». Ris-
quer s'applique à un mal, non à un bien éventuel. On risque de
perdre, on a chance de gagner. Ce n'est rien, mais il y faut pren-
dre garde. La défense de la langue et du goût est une partie de
cette défense religieuse, morale, sociale, patriotique, littéraire, à
laquelle sont attachées les destinées et l'existence même de notre
pays, et à laquelle M. Giraud est tout à fait digne de prendre une
part de jour en jour plus considérable. Nous recommandons aux
esprits sérieux et curieux le premier volume et nous n'attendons
pas sans un avant-goût de plaisir et d'instruction le second volume
des et Maîtres de l'Heure »... de M. Giraud. M. S.
— 70 —
Calttl«giie raisonné cle!« premières impresfiionH de
Majenre ( 14'A5-1 1157) par Seymour de Ricci. (VeiofTeiillichungen
' der GulenbergGesellschaft, viii-ix. Mainz, Verlag der Gulenberg-Gesell-
schafl, 1911, in-'i de ix-166 p. et 1 pi. en pholoiypie. — Prix : 2o fr.
Die Baniberger Pfistcrdrueke tiud die «fGzeilige Kibel,
von Prof. D' Gottfrihd Zedler. (Même recueil, x-xi.) Ibid., 1911, in-4 de
ii-li;<p., 22 pi. en pholo-lypie, 1 planclie en aulolypieel fig. dans le texte.
— Prix : 25 fr.
Outenberg-CScaelliiehaft. 10" Jahresbericht erslallet in der ordentlichen
Mitgtiederversammlang su Mainz am 23. Jimi ^9H. Mainz, Buchdruckerei
J. Prickarts, 1911, in-/i, 58 p. et 14 fig. dans le texte.
La fondation à Mayence en 1900 et l'inauguration en 1901 du
Musée Gutenberg destiné à recueillir tout ce qui a trait à l'inven-
tion et aux progrès de l'imprimerie ont eu pour conséquence la
fondation, grâce à l'initiative de M. Karl Dziatzko, d'une Société
Gutenberg dont l'objet est double : favoriser le développement
du musée et promouvoir les études sur Gutenberg et sur l'histoire
de l'imprimerie. La cotisation annuelle . des membres est fixée à
12 fr. 50 et peut être rachetée par une souscription perpétuelle de
375 fr.
Bien que la Société ait un caractère international, c'est jusqu'à
présent en Allemagne surtout et en Autriche qu'elle a recruté ses
440 membres actuels. Elle n'a rencontré que six souscripteurs en
Belgique, cinq en Italie, six en Suède, neuf en France, vingt en
Grande-Bretagne; encore, parmi ces souscripteurs, il faut compter
les Bibliothèques. Et, cependant, par l'utilité de l'objet qu'elle s'est
proposé, par l'intérêt des pubHcations qu'elle a distribuées jusqu'ici
à ses souscripteurs, elle mériterait une plus large diffusion. Nous
nous féliciterions si h PobjbibUon, en îa faisant connaître à ses
lecteurs, aidait à son recrutement. La Société qui aurait pu sembler
en sommeil, puisque, depuis quelques années, elle n'avait pas fait
béaéficier ses membres des publications qu'elle devrait leur donner
te us les ans, se rattrape et fait les bouchées doubles en distribuant
coup sur coup deux volumes dont l'un s'applique aux exercices
1908-1909 et 1909-1910 et l'autre aux exercices 1910-1911 et 1911-
1912; et l'un et l'autre de ces volumes sont d une importance assez
considérable.
Le Catalogue,dressé par M. Seymour de Ricci, suppose de vastes
recherches et rendra de précieux services. Ce n'est pas seule-
ment une liste des anciennes impressions mayençaises ; pour chaque
impression, M. Seymour de Ricci s'est efforcé de dresser un
état de tous les exemplaires connus, des fragments même possédés
par des bibliothèques soit publiques soit privées, et il y a joint
l'indication des exemplaires signalés et dont on a perdu la trace;
il indique même, et cela n'était pas superflu, les exemplaires ima-
— 71 —
ginaires que l'on avaijt cru à tort rencontrer dans un dépôt et
qui, en réalité, n'y existent pas. Les impressions sont divisées
en groupes, d'après les caractères qui y ont été employés, et classées
dans un ordre chronologique approximatif. Les exemplaires sont
énumérés d'après l'ordre du pays où ils sont conservés en commen-
çant, nous ne savons pourquoi, par l'Angleterre, et en continuant
par la France et par l'Allemagne.
Le titre donné à son Catalogue par M. Seymour de Ricci est
trompeur. Il ne s'agit pas des seules impressions mayençaises; les
impressions de Pfister à Bamberg, celles de Bechtermuncze à Elt-
ville y figurent également; de même la date de 1467 n'est pas
celle à laquelle s'arrête le travail de M. de Ricci; les Bechter-
muncze s'étendent jusqu'à 1480; des psautiers ou des missels pu-
bliés jusqu'en 1516 ont été relevés par lui .
Tout en rendant hommage au labeur de M. Seymour de Ricci,
nous ne pouvons nous empêcher de faire quelques réserves sur
ses classements; quand il existe d'un même ouvrage deux ou plu-
sieurs tirages — comme cela a lieu pour la Bible de 42 lignes
ou pour le psautier de 1457, — il y aurait eu intérêt à décrire
ensemble tous les exemplaires d'un même tirage, au lieu de les
disperser comme le fait l'auteur, suivant les pays où ils sont con-
servés.
Peut-être pourrait-on relever de ci de là quelques traces de lé-
gèreté, nous n'en citerons qu'un exemple : à propos de la Bible
de 36 1., M. Seymour de Ricci écrit (p. 16, n° 14) : « Selon M. Léo-
pold Delisle {Journal des savants^ 1893, p. 216), un exemplaire
aurait été offert vers 1890 pour 150,000 fr. par un libraire de
Munich »; dans la phrase visée et que voici, il n'est question ni
de 1890 ni de Munich : « Un libraire n'a pas craint dans ces der-
niers temps de demander 150,000 fr. d'un exemplaire de la Bible
imprimée à Bamberg par Albrecht Pfister ». Quant au doute que
M. de Ricci se permet d'émettre sur cette assertion, tous ceux
qui connaissent le soin scrupuleux de M. Delisle dans tous ses tra-
vaux ne s'y arrêteront pas.
— Les impressions de Pfister qui tiennent naturellement une place
dans le Catalogue de M. Seymour de Ricci font l'objet propre
du mémoire de M. Zedler. L'érudit bibliothécaire de Wiesbaden
est arrivé à des conclusions fort intéressantes et, sur bien des points,
entièrement neuves. 11 est parvenu à établir qu'Albrecht Pfister
était un clerc marié qui, pendant au moins douze ans (1448 au
moins à 1460), fut attaché comme secrétaire à la personne de
Georg de Schaumberg, évêque de Bamberg de 1459 à 1475, que
son activité comme secrétaire cesse brusquement en 1460 et qu'il
— 11 —
était mort avant 1466. L'examen très minutieux auquel s'est livret
M. Zedler de la teclmique typographique des volumes imprimés
par Pfister lui a permis de déterminer d'une manière qui me paraît
fort vraisemblable et à peu près sûre l'ordre dans lequel se sont
succédé les impressions du clerc de Bamberg ; comme on sait,
deux de ces impressions sont datées : une édition de V Edelstein
de Boner, du 14 février 1461, et les Quatre histoires, de peu après
la Sainte-Walburge (l'^'' mai) 1462 . Le Boner serait la 2^ impres-
sion de Pfister, qui aurait d'abord imprimé en 1460 une édition de
VAckermann von Bôhmen (exemplaire sans gravures de Wolfenbut-
tel). Les Quatre histoires forment la 3^ impression que suit vers
la fin de 1462 la 1""^ édition allemande de la Biblia pauperiwi
(la plus courte), puis en 1463 l'édition latine de la Biblia pauperum
et la 2^ édition de VAckermann^ en 1464 la 2^ édition allemande
de la Biblia pauperum, la 2® de VEdelstein de Boner; enfin lei?e-
lial de Jacques de Teramo. Si ce dernier ouvrage n'est pas illustré,
comme les autres impressions de Pfister, la raison doit, selon
M. Zedler, en être cherchée dans l'état de fatigue de l'imprimeur
qui, comme on le sait déjà, ne survécut guère à ce travail. M. Zedler
croit aussi pouvoir affirmer que VAckermann n'est pas seulement la
plus ancienne impression que nous ayons conservée de Pfister,
mais la première à laquelle il ait donné ses soins. Les arguments
techniques qu'il fait valoir rendent la chose, sinon certaine, du
moins assez vraisemblable.
Des raisons philologiques avaient conduit des germanistes à
donner pour les éditions de VA ckermann et pour VEdelstein de Boner
un ordre directement inverse de celui que propose aujourd'hui
M. Zedler. Il s'est donc trouvé amené à étudier de plus près le
texte des éditions de Pfister sous le double rapport de l'ortho-
graphe et du style, et cette nouvelle enquête a abouti aux mêmes
conclusions que. l'enquête typographique.
Comme les livres imprimés par Pfister l'ont tous été avec les
caractères de la Bible de 36 lignes, M. Zedler ne pouvait se sous-
traire au devoir d'examiner la question si débattue de savoir qui a été
l'imprimeur de cet ouvrage. Pfister, à qui quelques-uns en avaient
fait honneur, a été généralement écarté et M. Zedler est de ceux
qui repoussent cette attribution difficilement soutenable. Pour lui,
c'est Gutenberg qui est le créateur des caractères de la Bible de
36 lignes comme de ceux de la Bible de 42 lignes; et c'est lui
aussi qu'il faut regarder comme l'imprimeur de cette œuvre. Les
arguments de M. Zedler, dans le détail desquels il ne nous est pas
possible d'entrer ici, sont d'ordre purement technique. Quant au
lieu d'impression de la Bible, tout semble montrer que c'est Bam-
— 73 —
berg et non Mayence; non seulement on explique plus facilement
ainsi, comment, au lendemain môme de l'impression de la Bible, les
caractères sont tombés aux mains du Bambergois Pfister; mais le
papier utilisé pour l'impression a été employé sûrement à Bam-
berg, tandis qu'on n'en trouve point trace à Mayence; les exem-
plaires connus dont on peut déterminer la provenance proviennent
tous ou de Bamberg ou de monastères des environs; c'est à Bam-
berg seulement que l'on trouve trace d'un registre imprimé de la
Bible de 36 lignes. Il y a là tout un ensemble d'indices concordants
et probants. Ce serait en 1457-1458 que Gutenberg aurait mené
à terme cette impression.
Si, dans l'argumentation de M. Zedler, tout n'est pas également
convainquant, ce beau travail, très clair et très fouillé, n'en a pas
moins une importance considérable et s'impose à l'attention et à
l'étude de tous ceux que préoccupe la question des origines typo-
graphiques.
— Pfister est le premier imprimeur qui ait songé à illustrer ses
éditions par des gravures sur bois. M. ri ans Koegler, dans la lec-
ture qu'il a faite le 25 juin 1911 à l'assemblée de la Société Gu-
tenberg : tïher Bucheriïlustrationen in den ersten Jahrzehnten des
deuischen Biichdruckes^ se borne à étudier les productions des pres-
ses baloises. Le fait qu'il met en lumière, c'est qu'au début l'il-
lustration n'a d'autre objet que d'interpréter le texte aussi fidèle-
ment que possible et de le rendre intelligible à qui ne sait lire.
Le dessinateur se réduit à l'essentiel, négligeant le pittoresque inu-
tile, môme quand le texte lui en fournirait les éléments. Peu à
peu, l'illustrateur en prend plus à son aise avec le texte; ainsi
Diirer, — s'il en est bien le des.-^inateur — avec les figures de la
Nef des fous de S. Brant. Encore M. Koegler exagère-t-il plutôt
ces libertés prises par le dessinateur; ainsi dans sa figure 12, où
rien ne lui semble rappeler la sanctification du dimanche, cette
idée n'est-elle pas au contraire éveillée dans l'esprit du lecteur par
la représentation de l'église ou plutôt des églises?
E.-G. Ledos.
BULLETIN
L'Acte de foi eet-ll raisonnable? par le B. P. SCHWALM. Paris. Bloud,
1911, in-16 de 63 p. (Collection Science et Religion). — Prix : 0 fr. 60.
A propos de la foi, ce petit opuscule touche à beaucoup de questions,
questions relatives à la Trinité, aux vestiges d'elle-même qu'elle imprime
dans les créatures, à l'attrait qui emporte toute nature créée vers le surna-
turel, etc. Signalons un beau chapitre, c. 8, sm' la Trinité, centre de la foi, un
autre aussi, ^, 4, que l'on voudrait plus clair, sur ce qui de Dieu est ou n'est
— 74 —
pas naturellement connaissablo. La page à mon a\is la plus intéressante,
p. 59, eet celle où l'auteur analyse dans ce qu'elle a de psychologique-
ment observable, la grâce prévenante, touche suave de Dieu qui nous incite
à croir.^. J'ai le regret d'ajouter que ce passage, d'une valeur psychologique
incontestable, me paraît dialectiquement faible. D'après le P. Schawlm,
ce contact de la présence de Dieu, cette parole intérieure est « obscure sans
doute, mais expérimentée en toute certitude »; et cette certitude expérimen-
tale serait requise pour qu'un acte de foi souverainement ferme fût raison-
nable. — Que tout acte de foi se fasse à l'aide de la grâce, c'est une vérité
dogmatique. Que, dans des cas exceptionnels, vrais miracles d'ordre psy-
chologique, le témoignage intérieur du Saint-Esprit porte en lui-même la
preuve certaine de sa divine origine, je l'admets également. Mais que tous
les croyants aient cette certitude expérimentale de Dieu sensible au cœur,
je ne le pense pas. Faire dépendre la rationabilité de la foi et sa suprême
fermeté d'une expérience religieuse dont tous les croyants devraient être
expérimentalement certains, ne serait-ce pas donner à cette foi un faux air
d'illuminisme? H. Grs.
L.es Idées (la père Bontcmps, Journal d'un paysan, par Abbl NOËL-
Mons, édition de la « Société nouvelle », s, d. iu-12 de 182 p. — Prix :2 fr.
Les idées du père Bont^emps sont radicalement socialistes, et c'est aux
paysans qu'il les prêche, non sans verve ni sans arguments spécieux, avec
un mélange de dissertations économiques et de littérature pathétique, qui
agirait sur bien des lecteurs. La critique vive, acerbe, de la société actuelle
tient nattirellement la plus grande place dans ces pages. Les remèdes propo-
sés sont la nationalisation du sol et un remaniement des lois sur l'héritage,
grâce auxquels l'État pourrait mettre à la disposition des travailleurs et des
associations de travailleurs le sol, les usines, magasins ou manufactures,
avec l'outillage nécessaire. Baron Angot des Rotours.
Le Gldre, par P. Labounoux et P. Touchard. Paris, Hachette, 1910, in-16
cartonné de 199 p., avec 92 fig. — Prix : 2 fr.
Monographie forcément spéciale par suite de la zone plutôt restreinte tant
de la culture du pommier que de la fabrication et de l'usage de cette bois-
son. Cependant la consulteront avec fruit et suivront ses conseils tous ceux
qui produisent des fruits de vente et de consommation. Toute la partie con-
sacrée aux so'ns à donner aux arbres, aux ennemis surtout à combattre,
intéresse naturellement tous les producteurs. Quant aux fabricants de
cidre, ils consulteront avec profit ce qui concernele matériel de fabrication,
son entretien, sa tenue et sa propreté, le traitement des fruits, la manière
d'obtenir le jus, sa fermentation et ce qui regarde la portée
commerciale de ces produits, comme aussi les industries diverses qui uti-
lisent les sous-produits. Ce petit volume prend une bonne place dans l'Ency-
clopédie des connaissances agricoles dont nous avons déjà parlé plusieurs
fois. G. DK S.
Lapin» et cobaye», par Ch. Caillât. Paris, Librairie de la Maison
rustique, 1910, in-8 de 81 p., avec grav. — Prix : 2 fr.
Petite brochure essentiellement pratique. L'auteur, qui invite d'aiiburs
?es lecteurs à le suivre dans la visite détaillée de son clapier, leur en donne
— Tô-
le goût en décrivant tous les détails de l'installation de ses cabanes, leur
aménagement, l'hygiène à observer, enfin la nourriture à donner aux ani-
maux dont on a choisi et sélectionné les racss. L'ouvrage, complété par
dou7e belles planches gravées représentant des installations d'élevage, cons-
titue un guide attrayant et très pratique. G. de S.
Élémentii <i'ai-li itmétique. Premier cjcle, 6"^ et 5* A et B, par P. Gamman.
Paris, de Gigord, 1911, in-16 cartonné de 270 p. — Prix : 1 fr. 80.
Cours élémentali-e de géométrie pinne, par P. CaMMâN et A. -G.
RÉBOUis. Paris, de Gigord, 1911, in-16 cartonnt^, de 294 p. — Prix : 1 fr. 75.
Aif^èbre.. Classe de 3« B, 2' et i" C et D, par P. Gamman et A. Grignon.
Paris, de Gigord, 1912, in-16 cartonné de vi-279 p. — Prix : 3 fr.
M. Gamman, directeur des études scientifiques au collège Stanislas, a
entrepris, avec le concours de plusieurs^ professeurs au même collège, la
publication d'un cours de mathématiques répondant aux desiderata
fréquemment formulés par de nombreux professeurs de l'enseignement
libre. La motion suivante, à laquelle nous nous rallions de la façon la plus
absolue, a toujours réalisé l'unanimité des voix dans les différents congrès:
à qualités égales, dans l'enseignement libre, on doit, sans hésitation, pré-
férer les oeuvres des professeurs de l'enseignement libre. En ce qui con-
cerne les mathématiques, le moment est venu de passer de la théorie à la
pratique; tout au moins en ce qui concerne les trois volumes actuellement
parus de la collection dont nous parlons.
M. Gamman s'est réservé la tâche ingrate d'écrire les Éléments d'arith-
métique. Il s'est efforcé d'être très simple et très clair. Il s'agit d'être com-
pris par de très jeunes erfants. Mais si, dans l'enseignement primaire,
l'arithmétique est une fin, dans l'enseignement secondaire c'est un début
qui doit préparer aux études ultérieures. Il faut donc des notions précises
qui ne paraissent pas trop arides. M. Gamman a su concilier ces deux exi-
gences si opposées. — Dans le Cours élémentaire de géométrie plane, nous
retrouvons, rajeuni et revivifié, l'esprit de simplicité de l'œuvre, mainte-
nant disparue, de Dufailly. Que de générations ont pu absorber le « quod
justum )) de sciences, grâce à cet ancien professeur de Stanislas ! Ge nouveau
livre présente le même avantage pour les programmes actuels. — Malgré
les qualités que nous reconnaissons aux deux ouvrages précédents, nous
n'hésitons pas à mettre hors de pair V Algèbre doMM. Gamman et Grignon.
Le programme officiel de cette science est très vaste; cependant, sur cer-
tains points, il est incomplet. Les auteurs ont su rester brefs, tout en expo-
sant ce qui, logiquement, doit être enseigné. Nous ne saurions faire com-
prendre, en quelques lignes, avec quel tact, quelle délicatesse, les élèves
sont guidés dans cet ouvrage. LIne longue et sagace observation du déve-
loppement intellectuel des auditeurs, telle que M. Grignon Va toujours
pratiquée, est la cause de la haute valeur de ce cours. E. Ghailan.
Un Crime social. L.'.4ifi9a8slnat «i* Vi-nnçoiS Fcrr-er, par LâON Ll-
GA"'r?,3. Paris, Marcel Rivière, 1309, in-8 de 70 p., avec portrait. — Prix :
'. fr.
assassinat est ici pour exécution. L'auteur admet com-ne un axi5aie,
sans même discuter le dossier, que Ferrer était étranger aux émeutss de
Barcelone et que, s'il a été condamné et fusillé, c'est en haine de « l'école
— 76 —
moderne » dont il s'était fait l'apôtre. Il a été en définitive une victime
de l'Inquisition, de l'Église catholique, et aussi de la société bourgeoise
qui s'appuie sur elle, ouvertement en Espagne et en Belgique, indirecte-
ment et sournoisement en France et en Italie. Ce thème sort de centre à une
série de considérations historiques, philosophiques et religieuses, dont on
pressent la profondeur. Comme conclusion à ces pauvretés, on nous an-
nonce l'ouverture d'une souscription pour élever un monument à Bruxelles,
en souvenir de Ferrer. H. Rubat du Mérac.
CHROJNIQUE
Nécrologie. — M. l'abbé Hippolyte Gayraud, député du Finistère,
qu'une grave maladie retenait depuis longtemps loin du Parlement, est mort
à Bourg-la-Reine (Seine), le 16 décembre, à 55 ans. Né à Lavit (Tarn-et-Ga-
ronne), le 13 août -1856, il était entré dans l'ordre des Frères Prêcheurs en
1877 et se fit recevoir docteur en théologie. En 1884 ses supérieurs lui con-
fièrent la chaire de philosophie et de théologie scolastique à l'Institut catho-
lique de Toulouse, chaire qu'il occupa pendant neuf années. Autorisé par le
Souverain Pontife, en 1893, à quitter l'habit dominicain, il s'adonna à la
prédication et groupa autour de lui de nombreux auditoires. Abordant
enfin la politique, il prit vivement la défense de la démocratie chrétienne
dans les congrès et même dans les réunions publiques, et Mgr d'Hulst étant
mort au moment où quelque bruit se faisait au tour de son nom, il fut choi' i
par les électeurs de la troisième circonscription de Brest pour occuper le
siège laissé vacant par le décès du recteur de l'Institut catholique de Paris.
A la Chambre, M. l'abbé Gayraud, qui appartenait au groupe de l'Action
libérale, intervint dans la plupart des débats d'ordre religieux et sut
presque toujours s'imposer à ses collègues anticléricaux parla vigueur de
sa dialectique. Toutefois au moment de la discussion de la loi de sépara-
tion il ne réu?sit pas à obtenir des modifications qu'il espérait pouvoir
amener une entente avec Rome. M. l'abbé Gayraud laisse divers ouvrages
de philosophie, de théologie et de politique parmi lesquels nous citerons;
Thomisme et Molinisme. Première partie : Critique du. Molinisme. Réponse
au R. P. Th. de Régnon, S. J. (Toulouse, 1890, in-12); — Providence et
libre arbitre selon saint Thomas d^Aquin. Thomisme et Molinisme. Seconde
partie : Exposition du thomisme (Toulouse, 1892, in-12); — Saint Thomas
et le prédéterminisme (Paris, 1895, in-16); — Un Programme à propos du
budget de 1895 (Paris, 1895, in-8); — V Antisémitisme de saint Thomas
d' Aquin (Paris, 1896, in-12); — Questions du jour, politiques, sociales, reli-
gieuses, philosophiques (Paris, 1897, in-12); ■ — La Démocratie chrétienne.
Doctrine et programme (Paris, 1899, in-12).
— L'Alsace-Lorraine a perdu dernièrement, en la personne de Mgr Lan-
delin Winterer, un de ses fils les plus dévoués, un de ses plus saints
prêtres, un de ses plus remarquables orateurs et écrivains. Mgr Winterer,
mort à Mulhouse au commencement de novembre, à 79 ans, était né à
Soppe-le-Haut (Haut-Rhin), le 29 février 1832. Il fut successivement
curé à Bischwiller, à Colmar et à Guebwiller, puis fut nommé curé de Saint-
Étienne de Mulhouse et chanoine honoraire du diocèse de Strasbourg. Elu,
en 1874, député au Parlement allemand pour le cercle de Thann-Altkirch,
il ne tarda pas à se placer au premier rang des orateurs politiques de cette
assemblée et se montra un des plus ardents adversaires du prince de Bis-
marck. Et dès lors, pendant quarante ans environ, il ne cessa d'être un
intrépide défenseur des droits de sa patrie nautilée par la guerre fatale et
de l'Eglise persécutée et attaquée dans ses croyances. Maniant la plum?
aussi bien que la parole, il a combattu de préférence le socialisme qui
avait particulièrement attiré son attention. Voici la liste de ceux de ses
ouvrages qui nous sont connus : La Persécution religieuse en Alsace ven-
dant la grande Révolution; — Histoire de Sainte Odille ou V Alsace chrétienne
au VII® et au viii® siècle (Guebviller, 1870, in-8), plusieurs fois réimprimé;
— Le Socialisme contemporain (1878, in-8); — Trois Années de l'histoire
du socialisme contemporain (1882, in-18); — Le Danger social, ou Deux
Années de socialisme en Europe et en Amérique (1885, gr. in-8) ; — Le Socia-
lisme international (Paris et Mulhouse, 1890, in-8).
— Le monde médical vient de perdre un de ses membres les plus distin-
gués, le docteur Odilon-Marc Lannelongue, sénateur et président de
l'Académie de médecine, qui est mort à Paris le 21 décembre, à l'âge de
72 ans. Né à Castera-Verduzan (Gers), en 1840, il fit sgs études médicale?
à Paris, fut reçu docteur en 1867, puis agrégé en 1869, et fut nommé peu
de temps après chirurgien du bureau central des hôpitaux. Attaché, en
1873, comme chirurgien, à l'hôpital de Bicètre, il passait deux ans plus
tard à l'hôpital Trousseau. Le 17 juillet 1883, il était nommé membre de
l'Académie de médecine, qu'il devait présider plus taro, et la même année
on lui confiait la chaire de pathologie externe à la Faculté de médecine,
qu'il échangea ensuite contre une chaire de clinique chirurgicale. Enfin
en 1895, il était appelé à l'Académie des sciences pour la section de méde-
cine et de chirurgie en remplacement de Verneuil. Le docteur Lanne-
longue fut choisi, le 7 janvier 1906, par ses compatriotes du Gers pour les
représenter au Sénat. Dans cette assemblés il ne tarda pas à occuper une
place importante et prit une part active aux discussions relatives à l'hy-
giène, à l'enseignement supérieur, etc. Les principaux ouvrages que laisse
le docteur Lannelongue sont : Circulation veineuse des parois auriculaires
du cœur (Paris, 1867, in-8), thèse pour le doctorat; — Du Pied bot congé-
nital (Paris, 1869, in-8), thèse d'agrégation; — De VOstéomyélite chro-
nique ou prolongée (Pari?, 1879, in-8); ■ — De VOstéomyélite aiguë pendant
la croissance (Paris, 1880, gr. ia-8); — Abcès froid et tuberculose osseuse
(Paris, 1881, in-8); — Coxotuberculose (Paris, 1886, in-8); — Traité des
kystes congénitaux (Paris, 1886, iii-8); — Leçons de clinique chirurgicale
(Paris, 1887, gr. in-8); — Tuberculose vertébrale (Paris, 1888, gr. in-8); —
De quelques Variétés de tumeurs congénitales de l'ombilic et plus spéciale-
ment des tumeurs adénoïdes diverticulaires (Paris, 1886, in-8), avec le doc-
teur V. Frémont; — Méthode de transformation prompte des produits tuber-
culeux des articulations et de certaines parties du corps (Paris, 1891, in-8);
— Affections congénitales. Tête et cou. Maladies des bourgeons de Vambryon,
des arcs branchiaux et de leurs fentes (Paris, 1891, in-8); — La Tubercu-
lose chirurgicale (Paris, 1903, in-8).
— C'est avec un vif sentiment de regret que nous avons appris ici la
mort de M. Léo Rouan et, survenu cet automne, à Mariette (Seine-et-
Marne). M. Léo Rouanet fut des nôtres. 11 donna au PolybibUon, sur divers
ouvrages espagnols, de courtes mais substantielles études. 11 était né à
Béziers (Hérault), en 1863. Après une enfance tout entière écoulée au sein
d'une de ces anciennes familles françaises dont l'horizon d'action et de
rêve semble se limiter à la maison ancestrale, il quitta le Midi pour venir à
Paris. La beauté de la grande ville, le Louvre, une atmosphère intellec-
tuelle, la sincérité et l'enthousiasme de certaifis cénacles le séduisirent.
— 78 —
Il aimait les lettivs, los arts. Il travailla. Son premier livre, un roman •
Maxime Everault, pf rut dès ce temps-là. Ses relations s'étendirent. Mais,
peu à peu, la vie et l'œuvre de Léo Rouanet prirent une orientation nou-
velle. Quelques voyages en Espagne, quelques lectures captivèrent à ce
point son esprit qu'il en vint à s'adonner presque exclusivement aux
belles-lettres et aux arts anciens d'un pays où les hommes firent Séville
et le ciel Calderon. De cette époque jusqu'à sa mort si prématurée, M. Léo
Rouanet mit son intelligence, très sûre et pénétrante, et sa faculté de tra-
vail au service de quelques auteurs espagnols de son choix. Passé maître
dans la connaissance de la lang'ue, il reconstitua et annota de vieux textes,
en traduisit d'autres en un français d'une pureté rare. Il faut citer ses
Chanso7is populaires de VEspagne, traduites en regard du texte (Paris,
1896, in-12); ^ — Intermèdes espagnols du x\ii^ siècle, {entremesses), traduits
et annotés (Paris, 1897, in-8); — Drames religieux de Calderon, traduits
et annotés (Paris, 1898, in-8); — Le Diable prédicateur, comédie espagnole
du xvii® siècle, traduite et annotée (Toulouse, 1901, in-12); — Biblio-
graphie critique du. théâtre espagnol, en collaboration avec M. A. Morel-
Fatio, de l'Institut (Pari.', 1900, gr. in-8); ■ — Quatre dialogues sur la
peinture, de Francisco de Hollanda, portugais, traduits et annotés (Paris
1911, in-12); — Auto Sacramantal de Las pruebas del linaje umano [160o] ;
— Diego de Negueruela; Coleccion de autos, fârsas y coloquios del siglio xvi,
avec notes, appendices et glussaire (Mâcon, 1891, 4 vol. in-8) ; enfin, ces sa-
voureux Mémoires du capitan Alonso de Contreras (Paris, 1911, in-12) , qu'il
« mit en français « avec la collaboration de Marcel Lami, également dis-
paru. Huit jours à peine avant sa mort, M. Léo Rouanet mettait le mot
fin à un volumineux travail, un texte portugais ancien qu'il avait recons-
titué à force de recherches à Paris, à Londres, à Madrid et à Lisbonne.
Son manuscrit, net, complet, pesait sur sa table ; il en parlait avec la
modestie charmante qui fut l'une des caractéristiques de cet homme
distingué, savant collectionneur et bibliophile, esprit délicat et âme
d'élite.
— M. Jean-Baptiste-Edouard Bornet, le di'^tingué botaniste, membre
de l'Institut, considéré à l'étranger, comme un des représentants les plus
autorisés de la science française, est mort à Paris, à la fin de décembre,
à l'âge de 83 ans. Né à Guérigny (Nièvre), le 2 septembre 1828, il étudia
la médecine et fut reçu docteur; mais poussé par un goût très vif pour
l'histoire naturelle, il s'adonna spécialement à d'importantes recherches
sur les végétaux inférieurs. Il étudia les champignons sous la direction
de Leveillé et de Tulasne, puis se rendit à Antibes où il collabora aux
recherches de Thuret sur les organes reproducteurs des algues. Il fut élu,
le 10 mai 1866, membre de l'Académie des sciences en remplacement de
Tulasne et en mai 1891 il obtint la grande médaille d'or de la Société
linnéenne de Londres pour l'ensemble de ses travaux. M. Bcrnet a publié
le résultat de ses découvertes scientifiques dans les ouvrages suivants :
Études psychologiques (Pans, 1878, m-fol.); — Notes algologiques, recueil
d'observations sur les algues (Paris, 1876-1880, 2 vol. in-4); — Concordance
des Algen Sachsens et Europa's de Rabenhorst avec la revision des Nosta-
cacées de Bornet (Venise, 1888, in-8); — Les Algues de P. A. Schousboe,
récoltées au Maroc et dans la Méditerranée de 1815 à 1829 (Paris, 1892, in-8).
— M. Paul Mariéton, un des plus charmants écrivains de cette généra-
tion, est^mort à Nice, le 24 décembre, à 49 ans. Né à Lyon, le 14 octobre
1862, Jean-René-Benoît-Paul Mariéton fit ses études classiques et son
droit dans cette ville. Passionné pour la littérature, il s'adonna d'abord
— 79 — •
à la poésie sous la direction de Jos^phin Soulary, son compatriote, puis
publia dans la /?e('i<e lyonnaise ei la. Reçue du ?nonde latin de nombreux arti-
cles sur les auteurs provençaux désignés sous le nom de félibres. Il ne tarda
pas à devenir un des chefs du félibrige, dont il dirigea les efîorts à Paris
et en Provence et pour lequel il créa, en 1885, un organe spécial, la Revue
félibréenne. Infiniment épris d'art, il avait entrepris avec succès de rendre
une vie nouvelle à l'antique théâtre d'Orange. On doit à M. Paul Mariéton
une édition des Pensées de Vabbé Roux (Paris, 1885, gr. in-8). Ses œuvres
personnelles sont les suivantes : Souvenance. Poésies (Paris, 1884, in-12);
— Joséphin Soulary et la pléiade lyonnaise (Paris, 1884, in-12); — Les
Flamands ,à propos de la mort de Henri Conscience (Lyon, 1884, gr. in-8);
— La Viole d'amour, poésies (Paris, 1886, in-12) ; — Hellas, Corfou,
Athènes, Rome (Paris, 1888, in-16); — La Terre provençale, journal de
route (Paris, 1890, 'n-12); — Le Voyage des félibres et des cigaliers. Rhône
et Vaucluse. Au théâtre d'Orange (Avignon, 1893, in-8); — Le Livre de
mélancolie, poésies (Paris, 1896, in-16); — Voyage des félibres et des ciga-
liers sur le Rhône et le littoral (Avignon, 1892, in-8) ; — Une Histoire d'amour.
George Sand et A. de Musset. Documents inédits. Lettres de Musset (Paris,
1897, in-12); — /asmm (1798-1862) (Paris, 1898, in-12); — Une Histoire
d'amour. Les Amants de Venise ( George Sand et Musset). Édition défini-
tive, avec des documents inédits (Paris, 1902, in-12); — Hippolyte, poésies
(Paris, 1902, in-12); — Le Théâtre antique d'Orange et ses représentations
(Paris, 1903, gr. in-8).
— M. Edmond Saglio, administrateur et archéologue fort connu dans le
monde des beaux-arts et de l'érudition, membre de l'Institut, est mort à
Paris au commencement de décembre, à 83 ans. Né à Paris en 1828, il
entra dans le service des conservations des musées et devint en 1871, à
celui du Louvre, conservateur du département de la sculpture moderne
et des objets d'art du moyen âge et de la Renaissance. Vingt-deux ans
plus tard, en 1893, il fut nommé directeur du musée de Cluny et con-
serva ce poste jusqu'en 1903, année où il prit sa retraite. Il avait été élu,
en 1887, membre de l'Académie des inscriptions et belles-lettres, en rem-
placement de M. Germain. M. Edmond Saglio avait entrepris, avec M.
Charles Daremberg, et dirigé, depuis la mort de ca dernier, la très impor-
tante publication du Dictionnaire des antiquités grecques et romaines d'après
les textes et les monuments, ouvrage qui paraît à Paris par fascicules in-4
depuis 1873. 11 laisse, en outre, de nombreuses études sur l'archéologie
antique, ainsi que de remarquables rapports rédigés à la suite de missions
qui lui avaient été confiées pour étudier à l'étranger l'enseignement indus-
triel et artistique.
— M. François- Anatole Bailly, un de nos plus remarquables hellénistes,
est mort vers le milieu de décembre, à 78 ans. Né à Orléans le 17 décem-
bre 1833, il fit ses études au lycée de cette ville et entra en 1853 à l'École
normale supérieure. Sorti agrégé de grammaire en 1857, il fut nommé pro-
fesseur de quatrième à Orléans et occupa cette chaire jusqu'à l'époque où
il prit sa retraite. Ses excellents travaux lui obtinrent d'être élu membre
correspondant de l'Institut le 27 décembre 1887. Les principaux ouvrages
^publiés par M. Anatole Bailly sont : Manuel pour l'étude des racines grecques
et latines (Paris, 18'63, in-18); — Etymologie et histoire des mots Orléans
et Orléanais (Paris, 1871, in-8); — Grammaire grecque élémentaire d'après
les plus récents travaux de la philologie (Paris, 1872, in-8); — Leçons de mots :
les mots grecs (Paris, 1882, in-18), avec Michel Bréal; — Leçons de jnots :
les mots latins (Paris. 1885, 3 vol. in-8), également avec Michel Bréal; —
— §0 —
Dictionnaire grec-fronçais, rédigé avec le concours de M. Egger, à l'usage
des élèves des lycées et des collèges (Pari.'î, 1894, in-4), très bon ouvrage qui
a obtenu un succès mérité.
— M. John BiGELow, le distingué diplomate et publiciste américain
qui est mort au milieu de décembre, à 94 ans, était né dans l'État de New
York, le 25 novembre l'817. Après avoir été successivement, de 1861 à
1866, consul, puis chargé d'affaires et enfin envoyé extraordinaire
et niinistre plénipotentiaire des États-Unis à Paris, il fut rappf4é dans son
pays sur sa demande et devint pour un certain temps directeur du iYe«'
York Times. De 1874 à 1875, il occupa le poste de secrétaire de l'État de
New York. Pendant son séjour en France, M. Bigelow a publié un volume
très apprécié : Les Etats-Unis d" Amérique en 1863, leur histoire, leurs res-
^ sources miner alogiques, agricoles, industrielles et commerciales (Paris, 1868,
in-8). On lui doit encore : Some Recollections of the late A. P. Berryer (1869);
— France and hereditary Monarchy (1871); ■ — Wit and Wisdom of the
Haitias (1877); — ^Molinos le quiétiste {\^^1]\ — La France et la Marine
confédérée (1888); — Writings and Speeches of S. G. Tilden (1885,
2 vol. in-8). Enfin il a donné une Biographie de Benjamin Franklin d'après
le manuscrit original d'une autobiographie, ainsi qu'une nouvelle édition
des Œuvres complètes de ce célèbre Américain (1887).
— Sir Joseph-Dalton Hooker, célèbre botaniste, le doyen des savants
anglais, est mort au commencement de décembre, à Camp, près de Sun-
ningdale, à 94 ans. Né le 30 juin 1817 à Halesworth (Sufïolk), il fit ses
études médicales, fut reçu docteur, et, bientôt api'ès, accompagna, en qualité
de naturaliste, le capitaine J. Ross dans une expédition au pôle antarc-
tique. Plus tard, il parcourut la Nouvelle-Zélande, l'Asie centrale, les Ind'^s,
le Maroc et fut exposé à de grands dangers dans l'Himalaya où il fut f?it
prisonnier par le rajah de Sikim. De retour en Angleterre, il fut mis en
1865 à la tête du Jardin botanique do Kew, près de Londres, en remplace-
ment de son père qui venait de mourir, et devint examinateur de plu deurs
grands établi;;3ements civile ou militaires. Le 18 juin 1886, il fut élu membre
correspondant de l'Institut de France. M. Hooker a comàgné le résultat
de ses recherches, faites au cours de ses nombreuses explorations, dans
de très importants ouvrages parmi lesquels nous citerons : Flora antarc-
tica (Londres, 1845-1848, 2 vol.); — Flore de la Nouvelle-Zélande (1852);
— Voyages botaniques dans la mer antarctique (Londres, 1847-1860, 6 vol,
in-4) ; — Himalayan Journals (Londres, 1855, 2 vol. in-8) ; — ^' Le Rhododen.
dron de V Himalaya (Londres, 1849-1851); ■ — Flora Tasmanica (Londres-
1855, 2 vol. in-fol.); — Studenfs Flora of the British Isles (Londres,
1870, in-8); — The Flora of British India (Londres, 1872-1897); — Jour-
nal d'une excursion au Maroc et au Grand Atlas (Londres, 1878).
— La ville de Barcelone a fait de solennelles funérailles à son grand
poète Juan Maragall y Gorinna, qui est mort le 20 décembre. Ce maître
en « gay saber « était l'apôtre du « catalanisme » et a exercé une influence
considérable sur le développement du mouvementt littéraire dans sa pro-
vince. Ses principales œuvres en catalan sont une remarquable traduc-
tion d'une des tragédies de Sophocle, Ifigenia, une collection de beaux
chantf lyriques. Visions y cants, puis les Poésies, Enlla, Sequencies, unc
traduction de diverses poésies de Gœthe, sous le titre : Les Dispersés
et eifin quelques autres traductions de poésies grecques. M. Juan Mara-
gall écrivait d'a'lleurs aussi bien fm castillan qu'en catalan^ comme le
prouvent les nombreux et intéres.sants articles qu'il a donnés k\d,Lectura
et au Diario de Barcelona et qui ont été réunis en volume.
— 81 —
— On annonce encore la mort de MM. : Maxime de Beaucorps, qui
laisse de nombreuses études d'histoire et d'archéologie locales publiées dans
les Mémoires de la Société archéologique de T Orléanais et ds.n'r, les Mémoires
de r Académie de Sainte-Croix, mort au château do Latingy (Loiret),
le l^"" décembre dernier, à l'âge de 72 ans; — Charles Boudhors, professeur
honoraire au lycée Louis-le-Grand à Paris, mort dernièrement à 80 ans.
— Charles Canivet, membre de la Société des gens de lettres et de l'Asso-
ciation des journalistes parisiens, lequel avait donné pendant de nom-
breuses années au journal le Soleil, sous le pseudonyme de Jean de Ni-
velles, des chroniques d'actualité fort spirituelles, mort à Paris, le 28 no-
vembre, à 73 ans; — l'abbé Henri Ceillier, chanoine honoraire -^^t supé-
rieur du collège Saint-Vincent de Paul de Renn(.s, mort en cette ville, le
25 novembre; — Louis Donzel, avocat, collaborateur de la revue locale
le Vieux Lons, mort à Lons-le-Saunier, le 18 novembre, à l'âge de 64 ans;
— Georges Dupuy, journaliste de talent, qui a publié d'intéressants récits
de voyage, mort à Paris, au commencement de décembre, à 36 ans; —
Charles Favalelli, conseiller-maître à la Cour des comptes, ancien préfet,
qui avait débuté dans la politique par une ardente campagne dans la
presse républicaine de Bastia contre le mouvement dn 16 mai, mort à
Paris, le l^r décembre, à 69 ans; — Paul Gauckler, l'éminent archéo-
logue, membre correspondant de l'Institut, connu par les fouilles qu'il a
dirigées à Carthage et sur plusieurs autres point' de la Tunisie, et plus
récemment à Rome, où il est mort le 6 décembre; ■ — Gérault-Richard,
journaliste député de la Guadeloupe, directeur de Paris- Journal, tuteur
de nombreuses chantions politiques et l'un des membres les plus ardent';
du parti socialiste dont il soutient les revendications dans diverses feuilles,
telles que la Bataille et la NouveUe Bataille de Lissagaray, la Petite Bépu-
blique, le Chamhard, organe de polémique fantaisiste et tapageuse fondé
par lui en 1893, etc., mort à Paris, au commencement de décembre,
à 53 ans; — Auguste Huzard, pub'iciste normand, mort dernièrement
à Rouen; — le R. P. Jules de Lajudie, S. J., successivement recteur des
collèges de Bordeaux et de Montpellier, supérieur des résidences de Tou-
lou'io et de Bordeaux, mort à Tournai, en décembre, à l'âge de 75 ans; —
Charles Lar'onze, ancien recteur de l'Académie de Rennes, mort au
commencement de décembre; — Emile Laurent, agrégé de rUni\er-
sité de Paris, mort à Paris à la fin de décembre, à 75 ans; — Augustin
Laviéville, inspecteur honoraire de l'Académie de Paris, mort dernière-
ment à 68 ans; — Yves Le Boulbin, qui a publié, dans le Bulletin men-
suel de la Société de géographie commerciale de Paris, une étude remar-
quée sur IcS Mœurs et coutumes ties populations de Bas-Congo (juillet 1909)
mort à Libreville, dans le courant de novembre, à l'âge de 34 ans; — Ernest
Menusier, journaliste et linguiste distingué, membre de l'Académie des
fcien^es philosophiques de Rome, mort au commencement de décembre,
à Epinay-sur-Seine, à 71 ans; — le chanoine Moisset, prêtre de grand
mérite, auteur de deux ouvrages : Catéchisme expliqué aux enfants et
Liturgie expliquée aux fidèles, mort dernièrement à Rodez; — Henri Mo-
NOD, qui a publié un travail sur la Jeunesse d' Agrippa d'Aubigné (1884),
mo-'t à Paris, le 5 novembre, à 67 ans; — M. Maurice Montégut, jour-
naliste et romancier d'une grande fécondité, mort à Paris, le 28 novembre,
à 56 ans, lequel a collaboré au Gil Blas, au Figaro, au Gaulois, etc. et a
publié une interminable série de romans et nouvelles, entre autres : Dé-
jeuners de soleil (Paris, 1891, in-12); Don Juan à Lesbos (1892, in-l2),
Janvier 1912. T. CXXIV. 6.
Madame Tout-le-Monde (Paris, 1893, in-12) et Rue des Martyrs (Paris,
1898, in-12); — Heari Mounory, directour des études et sous- directeur
de l'École centrale, mort à Paris, au milieu de décembre, à 51 an?; —
Émilian Piganeau, artiste peintre et archéologue, ancien président delà
Société des archives historiques de la Gironde, mort dernièrement, à
68 an^^.
— A l'étranger, on annonce la mort de MM. : le Ré.v. Peter Anton,
ministre protestant de Kilsyth (Angleterre), qui fut un des principaux
collaborateurs du Scots Magazine et du Fraser's Magazine, et qui a publié :
Masters in History, The Flywheel, Staying Potrer, etc., mort au commencement
de décembre; — William George Aston, philologue anglais connu par ses
remarquables ouvrages relatifs au Japon, tels que Shinto, the way of the
gods (1906), History of Japanese Literature, et par plusieurs grammaires
de la langue japonaise, mort dernièrement; — Dr. Richard Barth, direc-
teur de l'École Bartsch à Leipzig, mort le 27 novembre, à Vl ans; — l'abbé
BussGHAERT, successivement professeur au collège épiscopal de Thieit
(Belgique), au petit séminaire de Roulers, puis devenu principal "du collège
de Thieit, mort curé doyen de cette ville, le 1^'' décembre ,à l'âge de 65 ans;
— Arthur Cottam, astronome anglais, membre de la Société royale
astronomique de Londres, auteur d'une excellente carte céleste parue
en 1889, mort à Bridgewater, le 23 novembre, à. 75 ans; — Friedrich
Dernburg, écrivain allemand et rédacteur en chef du journal le Berliner
Tagesblatt, mort le 3 décembre à Berlin, à 78 ans, après avoir publié :
Des deutschen Kronprinzen Reise nach Spanien und Rom. Journalistische
Reiseskizzen (Berlin, 1884, in-8); Russische Leute (B'^^rlin, 1885, in-8), etc.;
■ — Walter Graham Easton, écrivain écossais, dont les ouvrages sur les
questicns archéologiques et généalojiiques de l'Écossé faisaient autorité,
mort subitement au commencement de décembre; — le Rév. Rowland
Ellis, évoque anglican d'Aberdeen et des Orcades, auteur d'ouvrages
qui ont eu un grand succès en Angleterre, tels qut, : So?ne Aspects of Wo-
mens Life; The Church in the Wilderness; The Christian Faith, et Christ
and the Gospels, mort au commencenient de décembre; — Hassan Fuad
Pacha, savant turc fort connu dans son pays par ses travaux sur la
pédagogie, mort à Constantinople en décembre; — WilliamGRiGGs, gra-
veur et photograveur angh is de grand mérite, auquel on doit deux ouvrages
très appréciés des artistes : Journal of Indian Art et Spécimens of Illumi-
nated Mss at the British Muséum, mOrt dernièrement à l'âge de 79 ans; — ■
Ernit VON Herzog philologue allemand de réputation, prof esseur d'ar-
chéologie romaine, mort à Stuttgart au milieu de novembre, à 77
ans, auquel on doi t : Die Vermessung des rômischen Grenzwalls in seinem
Lauf durch Wastemberg (Stuttgart, 1880, in-8), fJber die Glaubwiirdigkeit
der aus der rômichen Republik bis zum Ja.hre 387 der Stadt ûberlieferten
Gesei^e (Tubingue, 1881, in-8), etc.; — M"'-^ Marie Hirsch, femme de let-
tres allemande, morte à Hambourg, en novembre, à 64 ans, laquelle a publié,
sous le pseudonyme d'Adalbert Meinhardt, un certain nombre de romans
et nouvelles, entre autres : Reisenovellen (Berlin, 1885, iu-8) et Weshalb'^ Neue
Novellen iBrunswick, 1889, in-8); — >ranz Eugen Hussak, naturaliste
allemand, mort le 5 septembre, à Caldas (Bré;il); — Max Jaenecke,
ancien député au Reichstag, directeur de l'Association des journaux alle-
mands, mort à Berlin, en novembre, à 42 ans; — Wilholm Jenseb, poète
bavarois, mort à Munich, le 24 novembre, à 75 ans; — le P. Knabenbauer,
de la Compagnie de Jésus, un des plus savants théologiens et exégèt s
— 83 —
allemands de notre temps, mort dernièr,,-ment à Maëstricht, lequel a donné
de nombreux articles à d'importantes revues religieuses, principalement
aux Stimmen aus Maria-Laach, a fait paraître un commentaire du pro-
phète Isaïe très estimé et, enfin, a pris une part active, avec Iss PP. Cor-
nely et Hummelauer à la publication du grand recueil Cursus Scripturae
^'acme, qui compte actuellement 39 volumes; — Dr. Klaus Koepecke,
ingénieur allemand, dont les publications sur la construction des ponts et
des voi^s ferrées font autorité, mort à Dresde, en novembre, à 81 ans; —
Louis Levert, fondateur et directeur du journal VÉtoile du centre de
1883 à 1898, mort en décembre à Braquegnies (Belgique); — Dr. Laurenz
MuLLNER, professeur de philosophie à l'Université de Vienne, mort à
Méran, le 28 novembre, à 63 ans; — George Robert Milne Murray, bota-
niste anglais de grande réputation, ancien professeur de botanique à
l'hôpital Saint-George, conservateur du département de la botanique au
British Muséum, mort au milieu de décembre, à Stonehaven, à 53 ans,
lequel avait été le directeur de l'expédition antarctique nationale envoyée
par l'Angleterre en 1901 et auquel on doit les deux ouvrages : Introduction
ta the Study of Seawaeds et Handhook oj Cryptogamic Botany; — Ludwig
PiETSCH, écrivain allemand, auteur de' : Aus Welt und Kunst. Studien
und Bilder (léna, 1867, in-8); Orientfahrten eines Berliner Zeichners. Noch
Athen und Byzanz. Eine Friihlingsausflug (Berlin, 1871, in-8), etc., mort à
Berlin, le 27 novembre, à 87 ans; — Dr. Gustav Portig, écrivain .'11e-
mand, mort en décembre, à Stuttgart, à 73 ans; — Dr. Ludwig Salomon,
journaliste allemand, ancien rédacteur en chef de VEherjeld Zeitung, mort
en novembre, à léna à 67 ans; — William Joshua Smith, l'éditeur anglais
de Brighton bien connu, mort le 21 novembre, à 88 ans; — M™^ Arthur
Stannard,' femme de lettres anglaise, qui a écrit près de 80 romans, dont
les sujets appartiennent ordinairement à la vie militaire, morte au com-
mencement de décembre, à 55 ans; — Dr. Gustav Steinbach, écrivain
et journaliste allemand, rédacteur à la Neue Fret Presse, mort au com-
mencement de décembre, à Méran; — le Rév. Thomas Teignmouth-
Shore, ancien chapelain et prédicateur de la Cour d'Angleterre, auteur
de divers ouvrages plusieurs fois réimprimés, notamment : Some Becol-
lections\ Some Difficulties of Belief et The Life of the World to corne, mort
au commencement de décembre; ■ — Auguste Thierry-Mieg, secrétaire
général de la Société industri 'lie, président du Comité des conférences
littéraires de langue française de Mulhouse (Alsace), mort en décembre;
— Hugo VON TscHUDi, directeur du Musée royal [de peinture de Mu-
nich, après avoir occupé le même poste à Berlin jusqu'en 1909, mort
dernièrement à Munich, à 60 ans, lequel a publié une biographie d'Adolf
Menzel, ainsi que divers autres ouvrages; • — Dr. Johannes Vahlen, pro-
fesseur de philologie classique à l'Université de Berlin, mort en cette
sille, le 30 novembre, à 81 ans, lequel était un des plus distin-
gués philologues de l'Allemagne et avait publié d'excellentes éditions de
divers auteurs grecs et latins, d'Ennius, de Catulle, d'Aristote, etc.,;
Théodore Van de Voorde, poète flamand très apprécié en Belgique, mort
en décembre, à Termonde, à l'âge de 88 ans; — Albert Vierling, journaliste
allemand qui faisait partie de la rédaction de VElsasser depuis 15 ans,
mort au commencement de décembre; — Henry Snowden Ward, écri-
vain américain qui a écrit plusieurs volumes sur les rayons X et sur la
photographie, ainsi que deux ouvrages estimés : The Real Dickens Land et
Shakespeare'' s Town and Times, mort à New York, au commencement
de décembre.
— 84 —
Lectures faites a l'Acapï-imie des inscriptions et belles-lettres.
— Le F"" (ItH^embro, ]\I. Jullian parle de la découverte faite à Périgueux
d'une sculpture gallo-romaine rppré:<entant un pied recouvert d'un soulier
et d'une guêtre qui ^-'ajuste à des braies. — Le 8, M. Omont rend hommage
à la mémoire de MI\I. Edmond Saglio et Paul Gaoïckler, membres correspon-
dants, récemment décédés. — Le 15, M. Jullian lit une lettre de M. Mon-
méja, au sujet de la découverte des murs d'enceinte de l'oppidum des So-
tiates, à Sos, près Mézin en Agenais. — M. Cordier annonce qu'il a reçu
une communication de la mission Legendre. ■ — M. Omont prononce l'éloge
funèbre de M. Bailly, un savant provincial. • — M. HoUeaux explique un
texte de 37 lignes découvert dans les fouilles de Délos. — Divers mem-
bres de l'Académie présentent des observations à ce sujet. — Le 22, M.
Foucart démontre à l'Académie l'authenticité de la 6^ lettre de Démos-
thène. ■ — M. Gagnât fait part de la découverte par le lieutenant Staack
d'une inscription latine trouvée r,ur le parcours du chemin de fer de Tunis
à Sousse. ■ — M. T. Toutain rend compte des fouilles exécutées sur le mont
Auxois par la société des sciences de Semur. — Le 29, M. JuUian revient
sur les découvertes faites à Sof (Lot-et-Garonne) et signale les traces
d'exploitations métallurgiques auxquelles César fait allusion dans les Com-
mentaires.
Lectures faites a l'Académie des sciences morales et politiques.
— Le 9 décembre, M. Paul Robiquet donne à l'Académie la résumé de s )n
étude sur les relations d'Anne d'Autriche avec Mazarin. — M. Lacour-
Gayet ftit ses réserves. — MM. Rocquain, Fagniez et Welschinger s'asso-
cient aux observations de M. Lacour-Gayet. — Le 16, M. Pierre du Ma-
roussemlit un travail sur une association ouvrière de l'ancien régime, la
Comédie franç.àse. — Le 23, M. André Sayous présente son travail sur les
traités de commerce conclus par le Japon avec les pays européens.
Concours. — L'Académie des sciences, lettres et arts de Clermont-Fer-
rand, a décidé de décerner un prix de poésie à l'auteur de la meilleure pièce
en l'honneur de la Très Sainte Vierge Marie.
Prix. — Le 11 décembre 1911, à Stockholm, a eu lieu la: distribution des
prix Nobel. Le prix pour la physique a été décerné au professeur Wilhelm
Wien, de Wurtzbourg, pour sa découverte des lois du rayonnement de la
chaleur. M^^^ Curie a obtenu le prix pour la chimie à cause de la décou-
verte du radium et du polonium. Le professeur Guststrand, d'Upsala, a
reçu le prix pour la médecine, en raison de ses travaux sur la dioptrique
de l'œil. Le prix pour la littérature a été attribué à M. Maurice Maeter-
linck.
Bibliothèque nationale. — • Parmi les dons qui, dans c«s derniers mois,
sont venus grossir les collections de la Bibliothèque nationale, il convient de
signaler, à côté de la riche bibliothèque de M. L. Delisle, des dons qui, pour
être plus modestes, n'en comblent pas moins des lacunes regrettables.
M. Georges Hérelle, à qui le lecteur français doit la connaissance de quel-
ques-uns des meilleurs romans italiens et espagnols, a donné plusieurs cen-
taines de volumes, la plupart en ces deux langues. C'est particulièrement
l'histoire et la littérature roumaine qu'intéresse le millier d'ouvrages que
M. Emile Picot a permis à la Bbliothèque de choisir dans ses collections.
M. de Charencey, qui a honoré le Polybiblion de sa collaboration et qui est
un des vieux amis de la Société bibliographique, a donné plus de 100 ou-
vrages sur la linguistique et notamment sur les langues américaines dont,
— 85 —
comme on sait, il a fait une étude spéciale. On trouvera le catalogue de ces
trois collections à la fin du Bulletin mensuel, pour 1911, des publications
étrangères reçues par le département des imprimés. Vn autre collaborateur
de notre Revue, dont nous déplorons la perte récente et prématurée, M. Léo
Rouanet, a fait également à la Bibliothèque nationale un legs important,
dont elle n'entrera d'ailleurs en jouissance qu'à la mort de M""^ Rouanot.
Parmi les livres légués par M. Rouanet, c'est, comme on pense, surtout la
littérature espagnole, mais aussi la littérature française du xix'^ siècle qui
sont largement représentées. Il y a là des exemples que l'on serait heureux
de voir imiter, pour permettre à notre grand établissement de lutter contre
ceux de l'étranger.
Parïs. ■ — Si vous ne voulez pas être induits en irrésistible tentaition de
voyager, gardez-vous d'ouvrir VAgenda P.-L.-M. pour 1912 : c'est un
séducteur! Mais si, au contraire, vous voulez préparer, en pleine connais-
sance de cause, un itinéraire sur le magnifique réseau de cette compagnie,
n'hésitez pas : procurez- vous cet artistique agenda (Paris, à la gare du
P.-L.-M., bureau de la ptiblicité; bureaux de renseignements et bibliothè-
ques dans les principales gares du réseau, etc., gr. in-8 de 228 p., avec
12 cartes-postale?; détachables, 12 p>lanches hors texte et plus de 300 illus-
trations. — Prix cartonné : 1 f.. 50). La Compagnie n'a rien négligé pour
rendre sa publication particulièrement prenante. D'abord, elle a fait appel
à un certain nombre d'écrivains de marque, tels, par exemple, que MM. R.
Bazin, J. Aicard et M. Donnay, tous trois membres de l'Académie fran-
çaise, pour ne citer que ceux-ci, lesquels ont donné sur divers coins de
pays des notices que des gravures admirablement choisies rendent encore
plus agréables à lire et plus vivantes. Les renseignements généraux et pra-
tiques abondent; les cartes fragmentaires du réseau et celles d'itinéraires
déterminés sont fort nombreuses, et si l'on admJre la quantité des vues et
des sites reproduits ici, on s'égaie fortement avec les 168 dessins d'Henriot,
dont les pages du calendrier sont agrémentées. Il ne nou6 est pas possible
en quelques lignes, de dire tout ce que l'on trouve dans cette belle publi-
cation : elle est à consulter à loisir et à conserver.
— Le Grand AlmaTiach du monde catholique pour 1912 fait vraiment
honneur à la Société Saint- Augustin (Lille, Paris, Lyon, Marseille, Rome,
Bruxelles; etc., Desclée, de Brouwer, in-4 de 188 p., avec 8 planches,
dont 6 en couleurs et 92 grav. — Prix, cartonné : 3 fr.). Parmi les arti-
cles qui le composent, nous citerons : Vieux Almanachs et vieux calendriers,
par Aimé "Wïiz; Sœur Thérèse de V Enfant- Jésus et de la Sainte-Face, par
Mgr R. de Teil; Pompéi, son dernier jour, par l'abbé Ossedat; L'Armée
chinoise, par Léon Goudallier; Domenico Ghirlandajo, peintre florentin,
1449-1494, par Gaston Sortais; Le Père Lacordaire, par H.-D. Noble; La
Patrie de Ruhens, par J.-L. Tellier; Une » Relique « de Jeanne d'Arc:
N.-D. de Bermont, par A. Michel; Egypte. Souvenirs de la Sainte- Famille
en Egypte, par P.-J. Domaine, etc. Ce riche almanach est largement à la
hauteur de ses devanciers, à tous les points de vue.
— D'une importante Histoire des légumes, qu'il a tout dernièrement pu-
bliée et dont le Polybiblion ne tardera pas à rendre compte, M. Georges
Gibault, bibliothécaire de la Société nationale d'horticulture de France, a
extrait presque en entier le chapitre relatif à la pomme de terre, qu'il a
spécialement intitulé : La Légende de Parmentier (Paris, Librairie horti^
cole, 1912, in-8 de 36 p.). Rapprochant et discutant les documents qu'il a
rassemblés, M. Gibault établit nettement que Parmentier n'est en aucune
^ 86 —
'façon rintroductciir en France de la pomme de terre, connue et cultivée
•dans toutes nos provinces ou à peu près et aussi à l'étranger, longtemps
avant la naissance même du célèbre chimiste ! « L'erreur, explique M. Gi-
bault, vient de ce que l'on croit, de nos jours, que Parmentier préconisait
la pomme de terre à titre de légume, tandis qu'il se proposait seulement
d'en extraire la fécule pour faire du pain, et c'était là d'abord son unique
point de vue. Il croyait que 1' midon de la pomme de terre, plus connu sous
le nom de fécule, pouvait être substitué à la farine de blé, ignorant l'im-
portance, dans la nutrition, du gluten, découvert par Beccaria en 1727,
•dans la farine de froment. >, A ec cette étude sérieuse et sévère, solidement
étayée de faits ot de dates, s'écroule la réputation de Parmentier, que l'on
croyait cependant bien établie en tant qu'introducteur et [vulgarisateur de
la culture de la pomme de terre dans notre pays.
— La Notice sur la vie et les travaux de Léopold- Victor Delisle, que M.
Georges Perrot a lue, par fragment?, dans la derrière séance publique an-
nuelle de l'Académie des inscription'"., a pris une ampleur que l'on n'est
pas accoutumé de voir aux lectures de ce genre (Paris, typogr. Firmin-Di-
dot, 1911, in-4 de 101 p., avec portrait) ; et cependant l'œuvre de M. Delisle
est si considérable, les notes et mémoires qu'il a disséminés partout sur les
sujets les plus divers, et dont aucun ne manque d'intérêt, sont si multiples
que M. Perrot n'a pu donner ■ — et il n'a pas prétendu faire autre chose —
qu'un ^erçu des plus im.portants parmi ces travaux.
— Trop de biographies sont froides et ternes; d'autres, moins nombreu-
ses, sont, au contraire, vivantes, parce qu'elles sont écrites sous la dictée
du cœur. On doit ranger parmi ces dernières la luxueuse brochure que
M. René Vallery-Radot vient de consacrer au Docteur Jean Binot, chef de
laboratoire à l'Institut Pasteur (Evreux, imp. Hérissey, s. d., in-8 de 36 p.,
avec 2 portraits et 8 planches). La carrière de Binot a été trop courte : né
le 11 août 1867, il est mort le 25 novembre 1909. Sympathique figure, en
vérité; aussi s'explique- t-on aisément que M. Vallery-Radot ait, pour la
faire revivre, trouvé une phrase simple, colorée cependant et chaude tout
à la fois. Tour à tour, il nous parle du fils modèle, de l'excellent époux, du
travailleur iefatigable, qui, de succès en succès, en était arrivé à être l'un
des collaborateurs les plus estimés du docteur Roux, continuateur du
maître, le grand Pasteur. Il est à remarquer que Binot n'était pas unique-
ment un savant : c'était aussi un artiste dans la plus complète acception du
mot, et plusieurs n'apprendront pas sans quelque surprise que cet esprit
si absorbé dans la technique d'un laboratoire se révélait, le cas échéant,
comme violoniste émérite. N'avait-il pas, de même, acquis une véritable
maîtrise comme photographe, talent dont il sut faire profiter, entre autres,
la science astronomique, à l'occasion d'observations qu'en compagnie de
sa femme, qui fut souvent sa collaboratrice, il alla faire, sur la demande
de Jansen, à l'île d-^ la Réunion, lors de l'éclipsé du soleil du 18 mai 1901.
Le savoir scientifique, le goût et le sens de l'art dans ses diverses manifeste -
tations et aussi, à un très haut degré, les qualités du cœur, Birot possédait
tout cela. Sa mort foudroyante a été un deuil que n'ont pas porté seule?, sa
femme et sa mère, mais tous ceux, ?\ nombreux, qui l'ava'ent approché et
en avaient reçu des services qu'il ne marchandait à personne et ne comptait
jamais. Rien ne pouvait mieux adoucir les regrets cuisants que le défunt a
laissés parmi les siens que cet hommage de M. Vallery-Radot.hommage aussi
cordial que juste.
— De la curieuse, instructive et intéressante revue le Vieux Papier, qui
— 87 —
traite de questions très variées, principalement en matière d'archéologie,
d'histoire et d'art, M^e Laure-Paul Flobert a fait tirer à part, à cent exem-
plaires, une étude aussi humoristique qu'érudite intitulée : La Femme et le
costume masculin (Paris, au siège de la Société du Vieux Papier; Lille, imp.
Lefèvre-DucTocq, 1911, gr. in-8 de 31 p., illustré de 16 reproductions dans
le texte et d'une autre hors texte, sans compter une amusante image popu-
lî^ire en couleurs sur la couverture, qui, représentant le « Grand Combat
à qui portera la culotte, » figure d'ailleurs en noir à la page 8). L'auteur a
rassemblé sur le sujet une quantité considérable de documents dont elle
• a dû nécessairement se borner à ne nous donner qu'un choix; msis l'en-
semble doit être pittoresque. Entre autres choses, elle nous parle de-
femmes-soldats (ou du moins d'un certain nombre d'entre elles) depuis
Jeanne d'Arc jusqu'à nos jours : la galerie, sans être complète, est impor-
tante. L'adoption par la femme du costume masculin, en tout ou en partie,
est aussi traitée à propos des sports, du théâtre et du carnaval ; d'amples
détails nous sont en outre fournis sur les autorisations accordées par la
préfecture de police, pour des motifs divers, à plusieurs femmes très con-
nues ou même célèbres, de s'habiller en homme. Les membres de la Société
du Vieux Papier, qui ont eu la primeur de cette étude peu banale, ont dû
franchement s'égayer, de temps à autre, quand elle leur fut lue par M°^e y\c-
bert dans la séance du 24 mar;i 1911.
Anjou. — Le tome XIII (5^ série, année 1910 ) des Mémoires de la Société
nationale d'agriculture sciences et arts d'Angers (Angers, Grassin, in-8 de
536 pages) contient, entre autres, le? notes et notices suivantes : A. Bour-
deaut : Joachim du Bellay et Olive de Sévigné [VOlive du poète), (p.-55); —
A.-J. Verrier : Deux Monologues angevins du xvi^ siècle : le Pionnier de
Seurdres et le Franc- Archier de Cherré, récités et imprimés à Angers,
vers 1524 (p. 55-107); — L. de Farcy : les Miniatures du mss. de F. de
Rohan (Fleur de vertu) (p. 107-111 ) et Le Pourpoint de Ch. de Blois conservé
jadis aux Carmes d'Angers (p. 155-177); — P. de Farcy : Jean de Fon-
taines vainqueur des Anglais à Baugé en 1421 (p. 213-227); — F. Uzu-
reau : Les Archives anciennes du tribunal d'Angers (p. 227-243); — Joseph
Joubert : Bouquet de la Grye (p. 347-371); — E. Rondeau : Les Ursulines
et la reconstruction du, collège d'Anjou, 1689-1691 (p. 371-389); — F. Uzu-
reau : Les Angevins et la Révolution de 1848 (p. 389-416); — Albert
Bruas : La Caisse d'épargne et de propagande d'Angers (p. 417-450); —
Eusèbe Pavie : Missions diplomatiques du baron Hercules de Charnacé en
AllemagÀe (1629-1632).
— Dans cette dernière étude, tirée à part (Angers, Grassin, in-8 d?
51 p.), M. Pavie, avec une érudition consciencieuse, méticuleuse même,
nous retrace, avec la vie très utile de son compatriote Charnacé, l'impo; -
tance de son rôle près de Richelieu et du Père Joseph, à qui il sembb bien
avoir dévoilé Gustave- Adolphe, —le Charnacé de cett- diplomatie française
de la guerre de Trente Ans que préconisent et recommandent le forcement
du Pas-de-Suze, la délivrance de Casai et le maintien des Nevers à Man-
toue, en vue d'un libre passage des Alpes, l'occupation de Pignerol; enfin
C; lui qui rendit de grands ser\ices à la France, comme le prouve l'auteur
de cette excellsnte étude.
Franche-Comté. — La Société d'émulation du Doubs, dont le Poly-
biblion signale régulièrement les travaux, vient de mettre en distribution
le cinquième volume d?, la 8^ série de ses Mémoires (Besançon, imp. Dodi-
versj 1911, in-8 de xxx-454 p., avec un portrait de P.-J. Proudhon). C'çst
— 88 —
à M. le chanoine Rossignol qu'a été confié le soin de rappeler tout ce qui a
été écrit par ses confrères en 1910 : La Société d'émulation en 1910 (p. 1-
12). — Dans l'impossibilité de résumer son résumé, nous devons nous
borner à citer les études que l'on trouve dans ce volume, savoir : Charles
Nodier, naturaliste, ses œuvres scientifiques publiées et inédites, par M. Ant.
Magnin (p. 19-134). Ces pages forment la suite de cet important travail,
dont la première partie a été insérée dans le tome précédent des Mémoires
de la Société; — De Konakry à Kouroussa. Le Premier Train allant de la
mer au Niger, par M. le lieutenant-colonel Almand (p. 138-150); — Pierre-
Joseph Proudhon. Lettres inédites à Gustave Chaudey et à divers Comtois,
publiées par M. Edouard Droz (p. 159-258, avec portrait). Cette corref.-
pondance est suivie de quelques fragments inédits de Proudhon et d'une
lettre de Gustave Courbet (24 janvier 1865) sur la mort do Proudhon. Iref-
fable document ! En un style et avec une orthographe dont eût rougi un
épicier de l'ancien temps, le maître d'Ornans, futur déboulonneur de la
Colonne, célèbre les talents du grand démolisseur qui eut du moins le
mérite d'être l'un dos plus parfaits écrivains de France. Grand peintre, lepau-
vre Gustave, mais d'une ignorance n'ayant guère d'égale que sa vanité ! —
Le Travail dans les mines et la vie des ouvriers en Franche-Comté sous la do-
mination espagnole, par M. le commandant Allard (p. 259-264), où il est
établi, par la citation d'un édit rendu en 1578 par Philippe II, que la
journée de huit heures n'est pas, comme d'aucuns le croient, une conception
du temps présent; — Jacques de Bourbon (1370-1438, d'après l'ouvrage de
M. Huart, par M. le chanoice Rossignot (p. 265-268); ■ — Un Artiste
oublié. Le Peintre J.-P. Péquignot, de Baume-les-Dames, par M. Maurice
Thuriet (p. 269-288); — Bisontines et Comtoises d'antan. Les Contempo-
raines de Granvelle, par M. Lucien Febvre (p. 289-319); — Un Franc-
Comtois éditeur et marchand d' estampes à Rome au xvi*^ siècle. Antoine Lafery
(1512-1577), par M. le docteur F. Roland (p. 320-378); — Les Morilles
et les helvelles, par M. Frédéric Bataille (p. 381-420). — A signaler enlin
d'agréables poésies signées de MM. Charles Grandmougin, A. Kirchner,
Frédéric Bataille et Albert Mathieu.
— La jeune sœur de la Société d'émulation, du Doubs, la Société gray-
loise d'émulation, nous donne à la même date, ou à peu près, le volume
annuel de son Bulletin, qui en est à son quatorzième numéro (Gray, imp.
Roux, 1911, in-8 de 129 p., avec 5 planche? et une vignette). Tout d'aboi'd,
M. le D'' Bouchet publie, avec deux pages d'Introduction et de nom-
breuses notes, le manuscrit, acheté par lui chez un brocanteur, des souve-
nirs de l'invasion allemande, brièvement rédigés par un hôtelier de Vellexon,
nommé Thézard, mort il-y a quelques années : Épisodes de la guerre de 1870-
1871, à Vellexon (Haute-Saône) (p. 13-32); — Notes pour servir à Vhistoire
de la famille Marchant du M au l g ny, "par M. C. Faitout (p. 33-43, avec une
planche); — Un Livre de raison de la famille Bresson, de Jonvelle, par
M. J, Feuvrier (p. 45-55). Un tirage à part de cette publication nous étant
parvenu, nous en dirons quelques mots dans notre prochaine livraison ; ■ —
Les Sociétés populaires à Gray pendant la Révolution, par M. Ch. Godard
(p. 57-107); — Recherches archéologiques et historiques sur le territoire de
Mantoche (Haute- Saône), par M. A. Gasser (3*= publication, avec 4 plan-
ches et un plan hors texte, p. 109-128).
— Elle est toute poétique et profondément empreinte de l'esprit chré-
tien la légende que M. L. R. (traduisons l'abbé Louis Roy) nous donne
sous le titre bref de Mahaut (Paris, éditions du journal « La Franche-
— 89 —
Comté à Paris )i, 1911, in-12 de 31 p.). L'auteur met en scène la fille d'un
grand seigneur comtois qui, pour accomplir le vœu fait par elle en un péril
extrême, érige un monastère de religieuses bénédictines dont elle devient
la première abbesse. Le sujet est simple, mais les détails sont exquis, k Ce
récit, en marge d'un épisode assez obscur de l'histoire comtoise, déclare
M. Roy, a été composé pour être lu par leur mère à de petits enfants.» Soit.
Mais, à notre avis, il convient à tous les âges, et le style imagé dans lequel
il est écrit, de tournure discrètement archaïque parfois, le fera apprécier
des lettrés eux-mêmes.
S.4V0IE. — La question des origines de la Maison de Savoie a déjà donné
matière à une abondante littérature. Bien des solutions ont été proposées.
M. Camille Rénaux en émet une nouvelle dans un troisième mémoire sur
les Premiers Comtes de Savoie. Le Comté humbertien de Savoie- Belley. Ses ori-
gines et ses variations jusque dans les premières années du xu^ siècle (Belley,
imp. Chaduc, 1911, in-8 de 67 p. Extrait du Bulletin de la Société « Le Bu-
gey ».) M. Rénaux cherche à démontrer par une discussion serrée, mais mal-
heureusement assez difficile à suivre, que les comtes de Savoie sont origi-
naires de Savoie. Le problème délicat n'est peut-être pas encore résolu
à la satisfaction de tous, mais la théorie est intéressante et mérite d'êcre
prise en considération.
Allemagne. — Les nombreuses tentatives de langue internationale dont
on nous assaille de tous les côtés, si elles sont une preuve des aspirations et
des désirs de beaucoup de nos contemporains, nous paraissent aussi un indice
que l'on n'est pas encore près d'aboutir. Les systèmes même qui comptent
le plus d'adhérents ne les satisfont pas complètement, puisqu'il se produit
des scissions dans leurs rangs; et les systèmes nouv eaux qui surgissent sont
un témoignage que les systèmes anciens laissent à désirer. Nous signalons
aux amateun^ de ces sortes de choses le nouvel essai de M. Aloysius Hartl, qui
appelle modestement « perfect « le langage qu'il veut nous faire adopter :
sa Brève grammatica de lingva perfect a l'avantage de tenir en 8 p. (Per-
fect-Literatur. N° 2. Xiinz, Druck der Zentraldruckerei, s. d., in-8 de
8 p.). Ce langage est essentilelement fondé sur la langue latine.
Belgique. — La statistique des imprimés nous paraît avoir un intérêt
bien médiocre si elle se borne à rechercher le nombre des livres, brochures
ou périodiques imprimés soit dans un pays soit dans l'univers, soit pour
une année soit pour tout le temps qui s'est écoulé depuis l'invention de
l'irr>primerie; nous avouons même nous soucier assez peu de connaître le
« nombre total de milliards de mots imprimés répandus dans le monde, «
bien que ce rêve paraisse hanter l'Institut international de bibliographie. La
statistique n'aurait vraiment d'intérêt que si elle pouvait déterminer d'une
manière réelle la circulation des livres et par conséquent le degré d'influence
qu'ils ont pu exercer sur l'humanité; mais une statistique de ce genre est
à peu près impossible, parce que le chiffre du tirage ne répond aucunement
à celui des lecteurs; parfois il le dépasse, souvent aussi il lui est notable-
ment inférieur. Mais, même réduite à la simple constatation du nombre de
livres imprimés, la statistique est peu facile et peu sûre. Les sources qui
peuvent servir à l'établir, comme les registres de dépôt légal des d.ifférents
pays ou comme les revues bibliographiques; sont incomplètes et parfois
inexactes. L'Institut international de bibliographie a cru cependant pou-
voir présenter au Congrès qui s'est tenu à Bruxelles en 1910 des résultats
généraux sur la statistique des livres imprimés depuis l'origine, en même
— î;to —
temps qu'il formulait une méthode pour établir à l'avenir cette statistique :
Institut international de bibliographie, publication n° 109. La Statistique in-
ternationale des imprimés (Bruxelles, rue du Musée, 1911, in-8 de 139 p.).
Malheiireusement le rapport dressé par M. B. Iwinski est fort loin d'inspirer
confiance : Le F iinf jahrskatalo g der im deutschen Buchhandel erschienenen
Bûcher de Hinrichs est cité sous le nom fantastique de HinricKs Funjarns
(p. 3, 10, etc.); de même on nous parle de la Sama Santander (p. 4, n" 1),
d'un ouvrage d'un certain Ester Band, Geschichte des deutschen Buchhan-
dels (p. 5 et n. 2; il s'agit du t. 1 rédigé par M. Fr. Kapp, d'une histoire de*
la librairie allemande), du Publishers'Weekley pour Weekly (p. 10 et
p. 1), de V Arskatalog for Voenska Bokhandeln (p. 10; lire arskatalog,
svenska), etc. Le rapport fait par M. Babelon, en 1878, au Congrès biblio-
graphique international est cité comme datant de 1889 (p. 4), et on, lui
emprunte des données, par exemple, sur la Russie en 1887 (p. 10). Le reste
est à l'avenant.
Espagne. — Les tendances séparatistes, ou plutôt régionalistes, qui s'af-
firment en diverses provinces d'Espagne, ont trouvé d'éloquents et ardents
champions dans les pays basques. Signalons à ce sujet quatre opuscules,
qu'on ne lira pas sans intérêt. Sous le titre de : Muera la mentira y viva la
verdad (Buenos Aires, Obsequio de « Irrentzi», 1907, in-32 de 80 p.), Iber a
voulu démontrer, par questions et par réponses, que la seule nation, la na-
tion intégrale des Basques, c'est Euskadi, c'est-à-dire la région habitée
par la race basque : il n'admet point de solution intermédiaire. — Une
autre brochure : Les Conjirmaciones y el Pose forai, par Kondano (San Sé-
bastian, imp. Altuna, 1909, in-32 de 108 p.) résu.ne l'histoire politique
d'Euskadi, qui a joui de temps immorial d'un pouvoir législatif indépen-
dant et qui le revendique comme un bien inaliénable. — Deux opuscules
plus récents sont consacrés à soutenir la même thèse : c'est d'abord :
La Patria de los Vascos, par Kizkitza (San Sébastian, imp. Altuna, 1910,
in-32 de 71 p.) où l'auteur, analysant l'i lée de patrie, montre que les Bas-
ques ne forment qu'une race, ont leur langue, leurs institutions et leur ter-
ritoire; c'est enfin El Carlismo; vaya una esperanza ! par un catholique
basque (Bilbao, imp. y encuad. Bilbao maritime y comercial, 1910), où il
est dit en propres termes que « le carlisme n'a rien à voir avec la tradition
basque » et que « l'on ne saurait être un bon Basque si l'on est carliste. »
On voit combien sont fougueux et intransigeants les partisans du régiona-
lisme en pays basque !
— 11 n'est pas besoin d'aller très loin pour faire des découvertes géogra-
phiques, non pas sensationnelles, mais fort intéressantes; M. Lucien Briet,
l'explorateur bien connu des Pyrénées espagnivles, vient d'en fournir la
preuve dans ses Barrancos et Cuevas. N'a-t-il pas, en effet, du sommet du
Tozal de San Miguel dans le Haut- Aragon, vu le 22 septembre 1910 une
montagne qu'aucune carte, ni celle de Wallon, ni celle de Schrader, ne
signalait encore? Comme il le dit très justement à la page 35 de son mémoire
(' l'ère d3S découvertes géographiques n'est pas close, même au pied du
Marboré ! » Cette petite découverte, que nous souhaitons de voir M. Briet
compléter et préciser un jour, est loin d'être le seul point digne d'être relevé
dans Barrancos et Cuevas; cette description très étudiée du Barranco de loss
Gloces, du Barranco de la Valle, du Barranco de Viandico, du défilé de la
Cambras, des Barrancos de Labaneres, de San Jaime, du rio Yesa, de la
Cueva de Buerba, tous sites éminemment pittoresques et intéressants du
Haut- Aragon est en effet accompagnée de remarques critiques, d'observa-
-Gî-
tions dignes d'être notées, de triits qui permettent de bien saisir la nature
de ce pays ?i curieux et encore si mal étudié; aussi recommandons-nous
vivement la lecture de Barrancos et Cuevas (Haut- Aragon Espagne) (Spe-
lunca. Bulletin et Mémoires de la Société de spéléologie n° 61, octobre
1910, Paris, au siège de la Société, in-8 de 65 p., avec 20 croquis et fig.).
Italie, — Se préoccupant des étudiants soit^de^séminaires soit d'Univer-
sités qui suivent des cours faits en latin, le R. P. William Tatlock, de la Com-
pagnie de Jésus, vient d'écrire à leur usage un petit Manuale stenographiae
latinae (Romae, in Univer-itate gregoriana; Londinii, l,Amen Corner, E.
C. ; Neo Eboraci, 2-6, West Forty-fifth Street, s. d., in-16 de 56 p. Prix :
3 fr.). Le Manuel du P. Tatlock est basé sur le système sténographique
inventé en 1837 par l'Anglais Isaac Pitman, qui n'est pas seulement le
plus fréquemment usité dans les pays de langue anglaise, mais qui a ren-
contré de nombreux adhérents ailleurs, notamment en Allemagne, en Italie
et en France. C'est un système de transcription phonétique qui s'applique
à la prononciation italienne du latin; peut-être aurait-on pu y apporter
quelques simplifications.
Maroc. — Le nom de M. Ch. René-Leclerc est bien connu de nos lec-
teurs; signalons-leur une preuve nouvelle du savoir et de l'activité du
délégué général du Comité du Maroc à Tanger. C'est une » notice écono-
mique )) sur le Maroc, un petit guide de l'immigrant dans ce pays qui a
récemment paru (Paris, Geuthner, 1911, in-8 de 92 p., avec carte) et con-
tient, distribués de manière très commode, tous les renseignements utiles
sur notre nouvelle possession. Sur les moyens de se rendre au Maroc et
d'y voyager, sur la géographie, l'organisation, le régime économique et
social, le commerce, l'exploitation économique du pays, on trouvera, dans
les sept chapitres de cette plaquette toutes les iridications essentielles.
M. René-Leclerc a parfaitement atteint son but, qui était (comme il le dit
lui-même) de donner un « tableau d'ensemble sur l'existence sociale, ad-
ministrative, économique des Européen?, et surtout des Français au
Maroc. » .
Publications nouvelles. — Petite Année liturgique, ou Paroissien
romain historique et liturgique, par l'abbé J. Verdunoy (in-18, Lethielleux).
— Le Pain évangélique, explication dialoguée des évangiles des dimanches et
fêtes d'obligation, par l'abbé P. Duplessy. T. I. De V Avent au Carême (in-16,
Téqui). — Entretiens eucharistiques, par l'abbé J. Vaudon (in-12, Téqui). —
Exposition de la morale catholique, par le R. -P. M. -A. Janvier. Morale spé-
ciale. I. La Foi, son objet et ses actes (in-8, Lethielleux). — Prêtre et pas-
teur, ou Grandeurs et obligations du prêtre, par le P. Boulay (in-16, Le-
thielleux). — Essai d'apologétique intégrale. La Religion expliquée à un in-
crédule instruit, par A. Detillieux (in-8, Lecoffre, Gabalda). — Peut-on
croire sans être un imbécile?, par H. Desprez (in-12. Librairie des Saints-
Pères). — Le Zélateur de la confession et de la communion fréquente, par l'abbé
S. Febvre (in-18. Maison de la Bonne Presse). ■ — Vous êtes à Jésus-Christ,
par le R. P. Rickaby; trad. et adapté de l'anglais par M. Jary (in-32,
Casterman). — Les Petites Fleurs de saint François d'Assise (Fioretti),
suivies des Considérations des Très Saints Stigmates; trad. d'après les textes
originaux par T. de Wyzewa (in-16, Perrin). • — Exercices spirituels de saint
Ignace de Loyola; trad. de l'espagnol par le P. Debuchy (petit in-16
carré, Lethielleux). ■ — Le Secret admirable du Très Saint Rosaire, par le
bienheureux L.-M. Grignon de Montfort (in-12, Oudin). — Vers la Maison
— 92 —
de lumière, histoire d'une conversion, par B.-A. Baker; trad. de l'anglais
par un Père bénédictin de Solesmes (in-12, Lecoffre, Gabalda). — Par
l'Amour et la douleur l Étude sur la Passion, pgr Léon-Rinabault (in-16,
Pierre Téqui). — L'Éducation de la chasteté, par M. Gatterer et F. Krus ;trad.
de l'allemand par l'abbé T. Dequin (in-16, Bloud) ; — Le Surnaturel dans
les apparitions et dans les guérisons de Lourdes, par A. Castelein (.in-8,
Briixelles, Goemaere). — La Charité à travers la vie, par la comtesso d'Haus-
sonville (in-12, Lecoffre, Gabalda). — The Fairy-Faith in Celtic éountries.
by W.-Y. Evans Wentz (in-8, cartonné, London, Frowde; Oxford Univer-
sity Press). — Le Statut des fonctionnaires. L' Avancement, son organisation,
ses garanties, par C. Georgin (gr., in-8. Librairie générale de droit et de
jurisprudence). — De la commune Renommée dans ses rapports avec la théorie
des preuves, par M. Picard (in-8. Librairie générale de droit et de juris-
prudence). — Différends et procès entre locataires, par G. Courtois (in-'16,
Garnier). — Les Lois commerciales de l'univers, textes originaux et com-
mentaires avec trad. française en regard, par de nombreux collaborateurs
de tous pays, publiés sous la direction de C. Lyon-Caen, P. Carpentier et
F. Daguin.'T. IV (Brésil), VI. (Chili-Paraguay), XXIII (Suède-Norvège),
XXIV (Danemark), XXV (Scandinavie), XXVIIl (Pays-Bas, Colonies
néerlandaises), XXXV (Russie. Pologne), 7 vol. gr. in-8, Librairie générale
de droit et de jurisprudence). — Le Problème religieux dans la philosophie
de l'action. M. Maurice Blondel et le P. Laberthonnière, par T. Cramer (in-
8, Alcan). — La Destinée de l'homme, par C. Piat (in-8, Alcan). — Essais
choisis, par Emerson; trad. de l'anglais par H. Mirabaud-Thorens (in-16,
Alcan). — Essais sur la sensibilité contemporaine, par R. Cor (in-16, Fal-
que). — La Lumière vient de l'Orient. Essais de psychologie japonaise, par
Lafcadio Hearn; trad. de l'anglais par M. Logé (in-r2, Mercure de France).
— La. Morale et l'intérêt dans les rapports individuels et internationaux, par
J. Novicow (in-8, Alcan). — Ce qu'il faudra toujours, par C. Wagner (in-
18, Colin). — Maïmonide, par L.-G. Lévy (in-8, Alcan). ■ — L'Éducation du
caractère, par L. Dugas (jn-8, Alcan). ■ — L'Analyse universelle, par P. de
Coubertin (in-16, Alcan). — La Mémoire verbale et pratique, son développe-
ment naturel et logique par l'audition, la vision, l'idée, par G. Art (in-18,
Pedone). • — Enseignement de Léonce Couture (Toulousa, Privât; Paris,
Champion, in-8). - — Système de politique positive, ou Traité de sociologie
d'Auguste Comte, condensé par C. Cherfils (in-8, Giard et Brière). — //
Fenomeno délia guerra e l'idea délia pace, da G. del Vecchio (gr. in-8, To-
rino, Bocca). — La Synthèse économique. Étude sur les lois du revenu, par
A. Loria (in-8, Giard et Brière). — De la Nature du capital et du revenu, par I.
Fisher; trad. de l'anglais par S. Bouyssy (in-8, Giard et Brière). — Les
Classes rurales en Savoie au xviii*^ siècle, paï" F. Vermale (in-8, Leroux). —
La Sociologie de Proudhon, par C. Bougie (in-18. Colin). — Œuvres de
Michel Bakounine. T. V. (in-18, Stock). — Les Socialistes antidémocrates,
par J. Rivain (in-18, Nouvelle Librairie nationale). — Les Problèmes so-
ciaux du temps présent, par M. Drouilly (in-12, Henry Paulin). — Des-
truction des insectes et autres animaux nuisibles, par A.-L. Clément (petit
in-8, Larousse). ■ — Portez-vous bien ! Notions élémentaires d'hygiène popu-
laire et rationnelle, par le D"^ Terwagne (petit in-8, Giard et Brière). • — La
Fatigue et le repos, par F. Lagrange; publié avec le concours du D'' F. de
GrandmaiSon (in-8, Alcan). — Le Génie littéraire, par A. Rémondet P .Voi-
venel (in-8, Alcan). — L'Alcoolisme dans les armées, par Corn* J.-A. Or-
dioni (in-18, H. P^aulin). — Les Opiomanes, mangeurs, buveurs et fumeurs
— 93 —
d'opium, par R. Dupouy (in.-8, Alcan). — Le Marquis du Planty, médecin
de la Faculté de Paris, maire de Saint-Ouen-sfur-Seine (1808-1876), par le
D"^ H. Perraudeau (in-16, Jouve). — Traité de chimie générale, par W.
Nernst; trad. de î'allemand par A. Corvisy. 2^ partie (gr. in-8, Herraann).
— Science et Philosophie, par J. Tannery (in-16, Alcan). — L'Électricité à
la maison, par H. de Grailigny (in-8, Larousse). — L'Équation de Fred-
holm et ses applications à la physique mathématique, par H.-B. Heywood
et M. Fréchet (gr. in-8, Hermann). — La Connaissance du bétail, par J.
Ginieis (in-12, Amat . — Premières Connaissances agricoles. Notions de
botanique, d'agriculture, d'horticulture, de zootechnie, par J. Leday, (in-8,
de Gigord). — Les Sols humides, par R. Dumont (in-8, Larousse). — La
Culture profonde et les améliorations foncières, par R. Dumont (petit in-8,
Larousse). — Rotations et assolements, par F. Parisot (in-8, Larousse). —
Les Arbres légendaires, par E. Van Bruyssel (in-16, Hetzel). • — Bible et
Science. Terre et Ciel, par C. de Kirwan (in-16, Bloud). — La Sistnologie
moderne (les Tremblements de terre, par le comte de Montessus de Ballore
(in-8, Colin). — L'Infanterie à la guerre, exercices pour l'étude des règlements,
par le cap**® Balédent (in-8. Chapelet). — Cavalerie. Procédés techniques;
la cavalerie dans l'ensemble de l'armée; la cavalerie dans la bataille, par le
cap"^* Loir (in-8, Chapelot). — La Marine marchande et son personnel,
par G; Morael (in-16, Guilmoto). — Les Artistes, par L. Bénédite (petit in-8,
Colin). — Les Musiciens célèbres. Beethoven, par V. d'Indy (petit in-8, Lau-
rens). — Les Musiciens célèbres. Verdi, par C. Bellaigue (petit in-8, Lau-
rens. — Les Musiciens célèbres. Bizet, par Gauthier-Villars (petit in-8,
Laurerts). — Emmanuel Chabrier, 1841-1894, par G. Servières (in-18, Al-
can). — La Condamnation de Mignon, essai de critique musicale, par A.
Nortal (in>-16, Falque). ■ — Les Sciences de la nature en France, au XYiii® siè-
cle, par D. M-Ornet (in-18, Colin). — Grammaire du grec du Nouveau Testa-
ment, par À.-T. Robertson; trad. par E. Montet (in-8, Geuthner). — La
Prononciation du latin, par A. Macé (petit in-12 cartonné, C. Klincksieck). —
La Diction expliquée en 15 leçons, par P. Cosseret (in-16, Paclot). — Par-
lons ainsi de la voix et du geste, étude théorique et pratique du mécanisme de
la parole, par I.-L. Gondal (in-8, de Gigord). ■ — La Crise du français et
la Réforme de l'Université, par A. Faure (in-18, Stock). — Discours politi-
ques, allocutions diverses (1903-1912), par G. Vidal de Saint-Urbain (in-
16, Plon-Nourrit). — Les Chants du cygne, par 1. R.-G. (in-18, Lemerre).
— Les Visions du chemin, par H. Rouger (in-18, Lemerre). —Le Temple
du rêve, par la b^^^^ de Baye (in-16, Perrin). — Dernières Veillées, par
A. Vermenouze (petit in-8, Jouve). — Pour retrouver l'enfant, par G.
Zidler (petit in-8, Jouve). — Paysages de l'âme, par F. Saisset (in-18, Jouve).
— Les Autels et les tombes, par L. Lahovary (in-18, Jouve). — Le Charme
quotidien, par M. Silver (in-16, Messein). — Les Voix de la montagne, par
A. de Bary, (in-18. Stock). — Dans le Jardin de notre amour, par A. Clerc
(in-12, Falque). — Le Miroir enchanté, par R, Lestrange (in-18, Figuière).
— Clartés au crépuscule. Les Châsses d'or, par A. Ramette (in-16. Édition
du Beffroi). — La Passion de Notre- Seigneur Jésus-Christ, drame-mystère,
par l'abbé J. Oger (in-8, Haton). — Les Chrétiens aux lions, drame, par J.
Grech (in-16, Haton). — Vindex, drame social en vers, par E. Bellot (in-12,
Figuière). — L'Envers du décor, par P. Bourget (in-16, Plon-Nourrit). —
La Maltournée, par T. Combe (in-16, Perrin). — La Dette de Jettehen
Gebert, par G. Hermann (in-16. Hachette). — Catherine Aubier, par
ï. Prost (in-18, Colin). — Contes, transcrits par M. Bouchor, d'après
— 9i —
la tradition française (in-32, Colin). — Ombres et lumières, par A.
Blech (in- 18, Publications théosophiques).— Les Neveux de tante Delphine,
par A. de Pitteurs (in- 12, Lethielleux). — L'Histoire d'un jour, par P. Per-
rault (in-12, H. Gautier). — Les Chemins tortueux, par P. Mimande (in-12, H.
Gautier). — Une Dette, par O. Lavalette ('n-12, H. Gautier). —La Violoniste,
par M. Lachèse(in-12, H. Gautier). — Double Conquête, par F. Dupin de
Saint-André (in-16, Hetzel). — La Princesse Maritza, par P.-J. Brebner;
trad. de l'anglais par P. Nozan (in-18, Hennuyer). — Pendant la Terreur,
par L. d'Oberny (in-8, Haton). — Les Aubépines, par M. Auvray (in-8,
Haton). — Le Mystère de Rochebrune, par M™'' Chéron de la Bruyère (in-
18. Haton). — Le Galon d'or, par L. des Ages (in-i8, Haton). — Latiniste,
par L. Villarceau (m-18, Œuvre d'Auteuil). — Correspondance (l'830-1855),
de Gérard de Nerval, avec Introduction et notes par J. Marsan (in-16, Mer-
cure de France). — Lyrisme, épopée, drame. Une Loi de Vhistoire littéraire
expliquée par l'évolution générale, par E. Bovet (in-18, Colin). — LaPoétie
à travers les âges, son rôle dans Véducation populaire, par J.-M. Lentillon
(in-8, Anat). — Voiture et les Origines de Vhôtel de Rambouillet, per E.
Magne (in-18, Mercure de France). — Les Hommes de lettres au xYin^ siècle,
par M. Pellisson (in-18, Colin). — Les Contemporains étrangers, par M. Mu-
ret. I. (in-16, Fontemoing). — Nuovi Studii su Dante, par L. F. Guelfi
(gr. in-8, Città di Castello, Lapi). — Les Principaux Aspects du globe. La
France, par M. Allain et H. Hauser (in-18 cartonné, Alcan). — Diction-
naire topographique du département de V Ain comprenant les noms de lieu
anciens et modernes, par E. Philipon (in-4 à 2 col., Leroux). — La Basse
Normandie, par L. Dimier et R. Gobillot (in'-16, Delagrave). — Du Kho-
rassan au pays des Backhtiaris. Trois mois de voyage en Perse., par H.-R.
d'Allemagne (4 vol. gr. in-4, Hachette). — Les Royaumes des neiges (Etats
hymalayens), par C.-E. Bonin (in-18, Colin). — Mizraïm, souvenirs d'Egypte,
par G. Kurth (in-18, Bruxelles, Dcwit). — L'Afrique occidentale française,
par L. Sonolût (in-16, Hachette). — Les États-Unis du Mexique, par le c*^
M. de Périgny (in-18, Guilmoto). — Les Légions de Varus. Latins et Ger-
mains au siècle d'Auguste, par C. Gailly de Taurines (in-16, Hachette). —
The Celtic Inscriptions of Gaul. Additions and corrections, by J. Rhys (in-
8, London, Frowde). — Histoire de France, par A. Baudrillart et J. Martin.
Cours moyen, certificat d'études (in-16, cartonné, Bloud). — Les plus beaux
Récits des Chroniques de Froissart, transcrits pour les lecteurs d'aujourd'hui
(in-16, Fontemoing). — Luther et le luthéranisme, par H. Denifle; trad. de
l'allemand par J. Paquier. T. II. (in-16, A. Picard et fils). — Récits du
temps des troubles, xvi<^ siècle. De quelques assassins, par P. de Vaissière
(in-8, Émile-Paul). — A la Cour du grand Roi (Saint-Simon).Nouvelle Col-
lection historique pour la jeunesse publiée par la comtesse C. d'Arjuzon (in-
16, Émile-PauI). — Mémoires du président Hénault. Nouvelle éd. complé-
tée, corrigée et annotée par F. Rousseau (in-8 Hachette). — Mémoires de
Saint-Hilaire, publiés pour la Société de l'histoire de France, par L. Lecestre.
T. IV, 1704-1706 (in-8, Laurens). — La Fin d'une dynastie, d'après les
Mémoires et la Correspondance d'une reine de Suède, H edvig- Elisabeth-Char-
lotte (1774-1818), par O.-G. de Heidenstam (in-8, Plon-Nourrit). — Journal
d'émigration du comte d'Espinchal, par E. d'Hauterive (in-8, PenùnK —
Recueil des actes du comité de salut public, avec la. correspondance officielle
des représentants en mission et le Registre du conseil exécutif provisoire, pxihVié
par F -A. Aulard. T. XXI (in-8, Leroux). — Le Conventionnel J -B. Le
Carpentier (1759-1829), d'après de nouveaux documents, pa'i* le
— 95 —
vicomte de Brachet (petit in-8, Perrin). — L'Église de Paris et la
Révolution, par P. Pisani. T. IV. et dernier (1799-1802) (in-12, A. Picard
"t fils). — L'Industrie de la boucherie à Paris pendant la Révolution,
par H. Bourrin (gr. in-8, Leroux). — Liste des victimes du tribunal
révolutionnaire de Paris (Auguste Picard). — Journal d'un prêtre lorrain
pendant la Révolution (1791-1799), publié avec une Introduction, une notice
et des notes, par H. Thédenat (in-16, Hachette). — Les Noyades de Nantes,
par G. Lenotre (in-8, Parrin). — La Révolution à Poitiers et dans la Vienne,
par le M'a de Roux (gr. in-8, Nouvelle Librairie nationale). — Le
Directoire et la paix de VEurope, des traités de Bâle à la deuxième coalition
(1795-1799), par R. Guyot, (in-8, Alcaa). — Zurich. Masséna en Suisse, mes-
sidor an Vll-bruniaire an VIII (juillet-octobre 1799J, par le capitaine L.
Hennequin (in-8, Berg r-Levrault). — Expédition du Portugal (1807), par
le colonel L. Picard (in-8, Jouve). — Correspondance du comte de la Forest,
ambassadeur de France en Espagne, 1808-1813, publié par la Société d'his-
toire contemporaine, par Geoffroy de Grandmaison. T. V. Avril- décembre
1811 (in-8, A. Picard et fils). — Madame de Genlis et la Grande-Duchesse
Élisa (1811-181.S), par P. Mormottan (in-18, Émile-Paul). — De Mu-
nich à Vilnaà V état-major du corps bavarois de la Grande Armée en 1812,
par le lieutt-col^i Sauzey (gr. in-8, Chapelot). — La Vie militaire du
maréchal Ney, duc d'Elchingen, prince de la Moskowa, par le général H.
Bonnal. T. II (in-8, Chapelot). — Vn Héros de la Grande- Armée. Jean- Gas-
pard H ulot de Collart, officier supérieur d'artillerie (1780-1854), par le V®
du Motey (iii-8, A. Picard et fils). — Clausewiiz, par le colonel Camon (in-8,
Chapelot). — Itinéraire général de Napoléon I^^ (gr. in-8, Jouve), par A. Schuer-
mans. (gr. in-8, Jouve). — Napoléon et les Invalides, par le g^i Niox (gr.
in-4, Delagrave). — La Vie parisienne sons Louis-Philippe, pavlH. d'Alméras
(petit in-8, A. Michel). - — Ferdinand- Philippe d'Orléans duc d'Alençon,
par Y. d'Isné (in-12, Lethielleux). — Lacordaire, par A. Albalat (in-12,
Vitte). — Ma Vie, par Richard Wagner. II, 1842-1850; trad. de N. Valen-
tin et A. Schenk (in-8, Plon-Nourrit). — Louis-Napoléon Bonaparte et le
ministère Odilon Barrot (1849), par A. Lebey (gr. in-8, Cornély). — Le Ma-
réchal Pélissier, duc de Malakoff, par le général Derrécagaix (in-8, Chape-
lot). — Souvenirs (1848-1878), par C. de Freycinet (in-8, Delagrave). —
Dom. Guéranger et Madame Durand, par le Rme P.-D.-A Guépin (in-8,
Oudin). — Femme et poète. Elizabeth Browning, par Mn^^ W. Nicati (in-16,
Perrin). — La Séparation des Églises et de l'État. Origines, étapes, bilan, par
J. de Narfon (in-8, cartonné, Alcan). — L'Orientation religieuse de la France
actuelle, par P. Sabatier (in-18. Colin). — Le Gouvernement de Pie X. Con-
centration et défense catholiques, par Aventino (in-18, Nouvelle Librairie
nationale). — Lettres de combat, par F. Brunetière (in-16, Perrin). — La
Marche montante d'une génération, 1890-1910, par J. Ageorges (in-18, Fi-
guière). — Campagne de 1908-09 en Chaouia, par le général d'Amade (in-8,
Chapelot). — Documents diplomatiques pour servir à l'étude de la question
marocaine, par E. Rouard do Card (gr. in-8, Pedone; Gamber). ■ — Après
le traité franco- allemand et maintenant? ... Le Désarmement ou la guerre ! par
le capï^® Félix (in-8, Grasset). — Allemands et Polonais, par V. Nicaise (in-8,
« Marches de l'Est» ). — La Crise constitutionnelle anglaise, par Lewis Gaffié
(in-16, Falque).- — La Turquie et ses voisins, par C. Woods; trad. de l'anglais
par J. Duroy (petit in-8, Guilmoto). — La Tripolitaine d'hier et de demain,
par H.-M. de Mathuisieulx (in-16, Hachette). ■ — Recherches sur les musul-
mans chinois, par le com* d'Ollone (gr. in-8, Leroux). — La Repu-
— 96 —
blique américai7ie, par J. Bryce. 2*^ éd. française complétée par l'auteur. T.I.
Le Gouvernetnent national (in-8, Giard et Brière). — Ce que racontent mon-
naies et médailles, par J. Benderly (petit in-8, Colin). — Dans les Sentiers de
Vhistoire, par R. Fage (in-18, A. Picard et fils). — Bibliographie fran-
çaise, par H. Le Soudier. 2^ série. T.II. 1905-1909 (2. vol. in-8, Le Soudier).
— Bibliographie du temps de Napoléon, comprenant l^ histoire des États-Unis,
par F. M. Kircheisen. T. IL, l""® partie (Paris, Champion; Genève,
Kircheisen; London, Low, Marston, in-8). — La Bibliothèque publique de
Carcassonne, par J. Amiel (in-8, Le Soudier). Visenot.
Le Gérant : CHAPUIS.
Irnpriaieiie poljglulte P'k; Simo.n. Rennes.
POLYBIBLION
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE UNIVERSELLE
OUVRAGES D'ENSEIGNEMENT CHRETIEN ET DE PIETE
Enseignement. — 1. Coins d'i?istructions dominicales, par le chaa. i le R. Turcav.
2« édit. Pi.ris, Téqui, 1911, 3 vol. in-12 de xv-423, 360 et 391 p., 10 !r. 50. — 2.
La Religion chrétienne, simples notes, par l'abbé René Petiteau. 6' édit. Paris,
Ainrit, 1909, in-16 cartonné de vfii-886 p., 3 fr. 75. — 3. Dictionnaire d'exemples
à Vusa<ie des prédicateurs et des cztéchistes, classés pii" le R. P. Sckf.her. É lition
revue p:^r le R. P. J.-P. Lampert ; trad. de l'allemand par l'abbé Jules De-
BREYNE. T. I. Paris et Tournai, Casterm ui, s. d., in-8 de vui-800 p., 10 fr. — 4.
Le Purgatoire, ou Pouvoir, motifs et moyens que nous avons de secourir les âmes du
Purgatoire, par ra])bé Josi;i>n Terrisse. Paris, Aniat, 1912, in-12 de 333 p.,
3 fr. 50.
MoR\LE. — 5. Le Chemin de la vérité, par le comte de Champagny. Nouv. édit. Pa-
ris, Téqui, 1911, in-12 de xxiii-264 p., 2 fr. — • 6. La Force morale, par Georges
Legrand. Paris, Letbielleux, s. d., in-16 carré de vn-151 p., 2 fr. — 7. Le Pro-
blème religieux et moral, par le chanoine Wilhelm Meyer; adapté de l'r.llemand
.par l'abbé L. Djuadicq. Avignon, Aubanel, s. d., in-16 de vin-140 p., 3 fr. —
8. V É lucation de la charité, par l'abbé E. Debize. Paris, de Gigord, 1911, in-16
de vui-127 p., 1 Ir. 25. — 9. Ix « Notre Père » de l'heure présente, par J. Santo.
2« édit. Paris, l'autenr, rue de Vaugirard, 131, in-16 de 192 p., 1 fr.
Jésus-Marie. — 10. Le Prophète de Galilée. Lectures évang'diques pour le temps après
la Pentecôte, par l'abbé A. D \rd. Paris, Lecoffre, Gabalda, s. d., 2 vol. in-12 de
277 et 285 p., 4 tr. — 11. Vie de la Sainte Vierge, d'après les Méditations d'Anne-
Catherim Emmerch, par l'abbé de Cvzalès. U^ édit. Paris, Téqui, 1911,
.in-12 de 415 p., 2 fr. 50.
Jeunesse chrétienne. — 12.. Les Enfants. Questiotis du temps présent; par Mgr J.-
A. Ghollet. Paris, Lethielleux, s. d. , in-12 de viu-215 p., 2 fr. — 13. Catecismo
de la infancia, preparac'éri dogmotica y moral para la primera communion c ins-
trucciones eatequisticai al alcrince de los nin>s, po" el abats Cii. Mali.n.ioud. Bar-
celona, Subirana,,1911, in-16 de xvi-407 p.,. 3 fr. 50. — 14. Conférences à la jeu-
nesse des écoles, par Cn. Van'1)epitt;e. l"'^ série. Grandes Vérités du salut et devoirs
d'état. 2® série. Devoirs envers Dieu et envers le prochain. 3® séri(|. Devoirs en-
vers nous-mêmes. Paris, Téqui) 1911, 3 vol. in-12 de vni-234, 212 et 246 p., 6 fr.
Spiritualité. — 15. Bernardi Ouvierii. Excitatorium mentis ad Deum nunc pri-
mum ad fidem codicis Escurialensis edi'dit P. Benignus Fernande?.. M itriti,
typ. llellenici, 1911, in-32 relié de xxxii-232 p., 2 fr. .50. — 16. Miroir de là
pe>f;ction du B. François d'Assise, par le Frère Léon; version française de Paul
Budry. Paris, Plon-Nonrrit, 1911„ in-16 de xxii-303 p., 3 fr. 50. — 17. Lé R.
P. Pierre Olivaint. S. J. Journal de ses retraites annuelhs. T. L de 1860 à 1865.
T. II. de 1866 à 1870. S^ édit. Paris, Téqui, 1911, 2vol. in-12 de iv-283 et 363 p.,
5 fr. — l?-. Vers In ferveur, par P. Lejeune. Paris, T.stbielleuy, s. d., in-12 de 269
p., 2 fr. — 19. La Communion fréquente dans les Œuvres populaires; raison, métho-
des, expériences, parle R. P. Lintelo. Tournai et Paris. Castei'man, 1911, in-8 de
49 p., 0 fr. 40.
Piété. — Dévotions. — 20. Manuel eucharistique, adspté de l'espagnol par le
R. P. Joseph Thermes. Paris et Tournai, Casterman. !911, petit in-16 de vii-
152 p., 1 fr. 25. -^.21. Un Mois du rosaire chez soi. Sujets de méditation, lectures,
traits, légendes et histoires pour chaque jour du moi^ d'ocîobre, par l'a.bbé A. Saul-
MER. Paris, Beauchesne, 19 ;2, in-16 de vii-316 p., 2 fr. 75. •^- 22. Le Règne de
VÉ-angile dans la bité chrétienne. Pieuses Considérations et règles de conduite, par
l'abbé Prosper Baudot. Paris et Lille, Deslée, de Brouvver, s. d., in-18 le 247
p., 1 fr. — 23. Petit Catéchisme de la srâre, pir Cii. Vandepitte. T't ris, Téqui,
1911, in-32 de ix-68 p. et grav., 0 fr. 2". — : . Le'^Guide de la jevn.-^-e, j.n; l'abbé
' FÉVRIER 1912, ' T. CXXIV. 7.
DE Lamennais, précédé de la Religion dcinontrée i la jeunesse, par Jacques Bal-
MÈs ei ûeV Abrégé de V histoire ««(Vu*;, p. r Bossuf.t. 15'= édit. Paris, Téqui, 1911,
in- 18 de vi-315 p., 1 fr. — 25. V Ami des malades, par le chanoine Oiraud. Paris,
Maison de la Bonne Presse, s. d., in-18 de x-192 p., 0 fr. 5(j. ^.^^ V^ M--1Wl.M
Enseignement. — là 4. — Le Cours (V instructions dominicales d^
M. le chanoine R. Tuican en est à sa deuxième édition. C'est un suc-
cès, surtout pour un ouvrage assez considérable, consacré à l'ensei-
gnement catéchistique. Évidemment ce sont nos confrères, curés ou
catéchistes, qui l'ont apprécié et goûté, mais n'est-ce pas le meilleur
éloge et le plus compétent en faveur d'une œuvre de ce genre ? L'au-
teur ne l'a-t-il pas écrit à dessein pour eux ? « 11 m'a semblé, dit-il,
que je ferais une œuvre utile en offrant à ces pasteurs pleins de zèle
im ouvrage où ils trouveraient, toute préparée, la nourriture spiri-
tuelle qui convient à leur cher troupeau. » Ces pasteurs ont pris cette
œuvre, l'ont jugée bonne, excellente pour leur ministère, l'ont expéri-
mentée et puis l'ont recommandée autour d'eux. Ainsi a été atteint
le but que se proposait M. Turcan. 11 ne s'est pas borné à nous en
prévenir, il nous a aussi indiqué, dans sa Préface, le plan qu'il a suivi
et les principes cjui l'ont guidé. Pour rendre son travail encore plus
utile, il a exposé les moyens de rendre ses instructions fructueuses et
révélé quelques pieuses industries pour attirer- et captiver l'attention
des fidèles, pour graver dans leur mémoire l'enseignement qui leur
est donné. Il énumère enfin les sources où il a puisé, les auteurs dont
il s'est servi, en premier lieu le Catéchisme du concile de Trente. Nous
aurions aimé qu'il y ajoutât le nihil obstat du censeur et l'Imprima-
tur de l'ordinaire; c'est la garantie la plus sûre — et très obligatoire
— de la saine doctrine d'im livre d'enseignement religieux. 11 doit en
être muni, certainement, mais il est nécessaire que le livre en porte
l'indication. L'ouvrage se compose de trois volumes parce que l'au-
teur divise son enseignement en trois ans; ce temps est en effet néces-
saire pour le développement de toutes les questions de dogme, de
morale et de culte sur lesquelles les fidèles doivent être assez perti-
nemment instruits. Chaque instruction d'ailleurs n'est ni trop longue,
ni trop courte; eUe est méthodiquement divisée, et le sujet claire-
ment exposé et développé.
— Le joli volume de M. l'abbé René Petiteau : La Religion chré-
tienne nous donne aussi un enseignement complet de la doctrine. L'au-
teur veut que ce soient de simples notes; c'est un sous-titre trop mo-
deste. Des « notes », il y en a beaucoup, selon le besoin de chaque
question, mais il y a aussi et surtout une exposition claire, méthodi-
que, raisonnée. 11 n'y a pas l'interrogation qui fait d'un livre un caté-
chisme, mais le développement divisé en alinéas numérotés tient lieu,
très avantageusement, d'interrogations qui, d'ailleurs, viennent comme
— 99 —
d'elles-mêmes s'offrir à l'esprit du catéchiste. L'ouvrage se divise
en quatre parties : 1 ° Examen raisonné des fondements de la religion
catholique; 2° Exposition du dogme (Symbole des apôtres); 3° Expli-
cation de la morale (commandements de Dieu et de l'Éghse); A^ Du
Culte (de la grâce, des sacrements et de la prière). Le livre se clôt sur
quelques pages consacrées à la liturgie et aux cérémonies rehgieuses.
Signalons, en particulier, l'étude si complète et si opportune sur l'É-
glise; l'auteur y consacre plus de 200 pages et il la traite à fond, l'en-
visageant sous tous ses aspects, son institution, ses marques ou ses
caractères-, sa constitution, ses rapports avec le monde, ses ennemis;
c'est un résumé bien suffisant pour convaincre tout esprit sincère
de la divinité de l'Église et pour faire connaître l'action, les bienfaits
et les triomphes de cette institution. Dans la partie liturgique se trou-
vent réunies tovites les indications qui peuvent intéresser la piété des
fidèles et leur permettre de suivre avec profit les diverses cérémonies
du culte. Faut-il s'étonner que ce livre soit recommandé par un si
grand nombre d'évêques?
— L'exposition de la doctrine ne saurait que gagner beaucoup à
se mettre mieux encore à la portée du plus grand nombre en appuyant
son enseignement sur des faits : la morale en action confirmerait la
morale en théorie. Ment alors s'offrir très opportunément le Diction-
naire d'exemples à l'usage des prédicateurs et des catélhistes. C'est un
important ouvrage, formé de plusieurs volumes, dont le 1^>" sort des
presses de la maison Casterman; il ne date pas d'hier; il a fait ses
preuves et ce sont les services déjà rendus qui ont engage M. l'abbé
Debreyne à le traduire de l'allemand pour permettre au clerg;é fran-
çais d'en tirer avantage. L'auteur, le R. P. Schérer, et le nouvel édi-
teur, le R. P. Lampert, de l'ordre de Saint-Benoît, ont, par cet ou-
vrage, accompli une œuvre véritable de bénédictin; œuvre d'érudi-
tion, de discernement, de patience, de méthode; ils ont puisé dans la
sainte Écriture, dans la Vie des saints, dans l'histoire de l'Église,
dans toutes les autres sources autorisées. Et, si les exemples et les
faits rapportés sont nombreux, ils ne sont pas éparpillés au hasard;
ils sont coordonnés et rangés sous près de cinq cents titres différents,
accompagnés de divisions logiques, de sorte qu'il est toujours facile
de trouver sur un sujet quelconque les exemples qui conviennent le
mieux. Plus que cela. N'importe quel article du Dictionnaire d'exem-
ples fournirait facilement la matière et le plan d'une ou de plusieurs
instructions excellentes. Sans doute l'auteur et l'éditeur ne préten-
dent pas avoir rigoureusement établi l'authenticité de tous les faits
qu'ils rapportent, mais ils ont le droit de demander d'abord pleine
confiance pour les exemples tirés des Livres saints et ensuite pour les
autres le crédit que méritent les auteurs auxquels ils sont empruntés.
— 100 —
— Le livre de M. labbé Joseph Terrisse est un traitn sur le Purga-
toire; il établit par des preuves théologiques le pouvoir que nous avons
de soulager les âmes captives dans cette prison de feu; il expose les
motifs qui doivent nous engager à secourir ces âmes malheureuses;
il énumère les moyens que l'Église met à notre disposition pour prati-
quer cette charité. C'est le culte des morts que l'auteur s'est proposé
de développer; cette pensée lui est venue « d'une visite au cime-
tière »; il vit beaucoup de monde, le 2 novembre, parcourant les tom-
bes, encombrant même les allées; il y avait très peu de personnes à
genoux et priant. Son cœur de prêtre en fut vivement attristé et il
résolut de se faire l'apôtre du culte des morts. Il a tenu parole et
Dieu a béni son apostolat. Mgr l'évêque de Saint-Flour se plaît à lui
rendre ce témoignage que « son livre contribuera à développer cette
dévotion et ce culte dans l'âme de ceux qui le liront. «
Morale. — 5 à 9.— Le Chemin de la vérité^ par M. le comte de Cham-
pagny, est plus et mieux encore qu'un bon et beau livre, c'est une
bonne et belle action. C'est ainsi que l'a jugé un maître dans l'art
d'écrire, qui fut aussi un grand évêque, Mgr Dupanloup. Louant « ce
bon et beau travail », l'évêque d'Orléans écrivait à Téminent auteur,
membre de l'Académie française : « C'est ici plus qu'une œuvre litté-
raire, c'est une œuvre de zèle, et de premier ordre, puisque le but
que vous vous' y êtes proposé, et qui sera atteint, c'est d'aider au
retour vers la foi les âmes qui ont le malheur d'en être 'éloignées. »
L'homme s' interrogeant sur les besoins de son âme reconnaît qu'il ne
pouvait recevoir satisfaction que d'une puissance supérieure, qui est
Dieu même. Et Dieu, en effet, y a pourvu par la révélation de certaines
vérités si évidentes que, si" elles étaient méconnues, c'en serait fait de
l'âme humaine et du genre humain. Les vérités. Dieu les a confiées
à une société qu'il a formée et à laquelle il a donné tous les caractères
destinés à la faire reconnaître comme son œuvre, c'est la religion chré-
tienne, et, parmi les sociétés qui prétendent être cette religion, c'est
l'Église catholique. Les objections se présentent ici, scientifiques,
historiques et philosophiques; elles sont résolues victorieusement.
En forme d'appendice, le livre se ferme sur quelques notices faisant
connaître d'abord « la folie de certains chefs de secte »; ensuite la
sagesse de quelques savants théistes ou chrétiens; enfin les théories
de certains écrivains antichrétiens.
— Pour son livre : La Force morale, M. G. Legrand s'inspire de la
doctrine thomiste. L'Ange de l'école est son maître; il le suit. dans ses
ouvrages; mieux encore, il le retrouve et le reconnaît dans maints
livres où beaucoup de lecteurs, moins bien imprégnés du caractère
de son génie, ne le soupçonnent peut-être même pas. S, E. le cardinal
Mercier, dans sa Lettre- Préface, félicite l'auteur de son étude sur
— 101 —
« la fortitiido de l'École qui aidera à dissiper la prévention de ceux qui
s'imaginaient encore que les doctrines scolastiques appartiennent
exclusivement au passé. » Il lui souhaite des lecteurs nombreux et il
demandera à l'Esprit-Saint que, « par son don de force, il supplée à la
faiblesse native de leur bonne volonté. » Le traité comprend quatre
chapitres : 1° Notion de la vertu de force; sa place parmi les vertus;
ses modalités essentielles; sa forme parfaite; 2° vertus accessoires de
la force; magnanimité et la magnificence; 3° la patience et la persé-
vérance; 4° le don de force.
— On dirait des pages écrites au jour le jour, celles que nous
doime à lire M. le chanoine Meyer dans son livre : Le Problème
religieux et moral\ ces sujets sont inspirés par les événements ou les
circonstances, comme le sont les sujets pour articles de jour-
naux; il y a le charme et aussi l'utilité de l'à-propos; ils ne révèlent
pas au premier abord leur secret, mais ils excitent la curiosité; le
lecteur s'y laisse prendre; il les lit et il ne tarde pas à reconnaître
qu'il a bien fait. En voici quelques- mis : du train express sur la va-
peur; Ange protecteur ou exterminateur; ce qui demeure; parole de
grand poète; une seule question; unis ou séparés, etc. Et ici, comme
là, dans ces lectures qui semblent si disjointes et si éparpillées, il y a
une vivante unité de pensée, de vue, d'enseignement. M. le chanoine
Meyer n'oublie jamais son but et ne néglige rien pour l'atteindre:
dans le flot toujours montant des objections nouvelles, aider le jeune
homme à marcher droit, malgré l'encombrement de la route et l'iné-
vitable poussée, en lui montrant des jalons bien visibles plantés de
distance en distance. Remercions M. l'abbé Douadicq de l'adapta-
tion qu'il a faite de ce livre écrit en allemand; nous le recomman-
dons volontiers à tous nos étudiants.
— Six conférences composent le livre de M. l'abbé Debize : L'Édu-
eation de la charité. L'auteur tient à nous prévenir qu'il n'a pas voulu
faire un traité sur cette vertu; il a simplement réuni les conférences
qu'il a données en faveur d'oeuvres particulières et qui, naturelle-
ment, devaient se borner à donner quelques conseils adaptés spéciale-
ment à ces œuvres. Alors ce serait presque mieux qu'un traité, ce
serait la praticpe de la charité. Lisez plutôt : 1° Éducation person-
nelle (éducation charitable); 2° Le pauvre: 3° Nos pauvres; 4° Le
pauvre dans sa famille; 5° Le pauvre et la société; 6° Jésus dans le
pauvre. Ces titres, n'indiquent- ils pas assez manifestement l'ensei-
gnement de M. l'abbé Debize, aussi bien que l'utilité et l'opportunité
de ses conseils? Jésus-Christ nous a annoncé qu'il y aurait toujours
des pauvres parmi nous. Mais il nous a enseigné comment nous de-
vions considérer, aimer et servir les pauvres; c'est surtout la 6^ con-
férence que le lecteur doit bien méditer; la question sociale serait
— i02 —
bientôt résolue si cette doctrine était bien comprise, surtout bien mise
en pratique.
— 11 y a du bon, même du très bon, dans le « Notre Père » de l'heure
présente, par J. Santo. C'est le cri de l'âme vers le Ciel d'où viendra le
secours, c'est-à-dire la consolation et la fin de l'épreuve. Il ne faudrait
pas chercher ici la forme didactique : ce sont des élans, des aspira-
tions, comme des jets de flamme. «Ce livre ravit et transporte, écrit
M. Ducrocq à l'auteur, c'est une prière, dans la véritable acception
du mot. La prière se définit : une élévation de l'âme vers Dieu. Votre
livre donne des ailes à l'âme; il la fait s'envoler bien au-dessus des
ténèbres, des boues, des tristesses de cette terre. » Ces pages seront
très utiles aux âmes fortement éprouvées et qui ont peine à se rési-
gner, car celui qui les a écrites « a enduré les souffrances humaines
dans ce qu'elles ont de plus rude, de plus tenaillant.» Nous regrettons
seulement que l'approbation d'un évêque ne soit pas venu consacrer
de son autorité le jugement si flatteur de M. l'abbé Ducrocq-
JÉsus. — Marie. — • 10 et 11. — Le Prophète de Galilée, par M. l'abbé
Dard, en est à ses troisième et quatrième tomes que nous présentons
aujourd'hui à nos lecteurs. L'auteur est fidèle à sa méthode : pour-
4juoi en changerait-il? Il rapporte maintenant les faits et les paroles
du divin Maître : pour le 1^^ volume, depuis la journée de Cana jus-
qu'à celle de Naïm. Là sont compris le miracle de la guérison du fils
du centurion, la pêche miraculeuse, la première mission en Galilée,'
la guérison de l'infirme à la piscine probatique, les témoignages mes-
sianiques sur la divinité du Christ, le sabbatisme, le sermon sur la
montagne. « C'est ici, disons-nous avec l'auteur, que Jésus commence
vraiment à agir et à enseigner.. C'est là que l'action sert de cadre
merveilleux à la doctrine... Et les foules comprennent : Un grand pro-
phète, disent-elles, a surgi parmi nous. » Et M. l'abbé Dard d'ajouter
avec l'accent de l'apôtre qui veut toucher les âmes : « Oui, sur le bord
du lac de Tibériade a surgi un grand prophète : le prophète de Gali-
lée, celui que nous présentons aujourd'hui à la piété de ceux qui enten-
dent sa voix et le suivent, à l'attention de ceux auxquels il manque
plus qu'ils ne croient. » Le sec"dlid volume comprend les messages de
Jean-Baptiste, la pécheresse de Magdala, les imprécations, les para-
boles sur le royaume et leur explication, les miracles de Pérée, de
Capharnaiim, Jean-Baptiste et Hérode, Bethsaïde, le pain vivant de
l'Eucharistie et jusqu'à la Passion. Ces lectures évangéliques feront
l'objet de nos pieuses méditations pendant tout le temps qui sépare
la Pentecôte du temps de l'Avent : il y a là bien des leçons dont nous
devrons tirer les plus précieux avantages pour notre sanctification.
— M. l'abbJ de Cazalès nous donne une Vie de la Sainte Vierge,
d'après les révélations d'Anne-Catherine Emmerich, qui en est à la
— 103 —
onzième édition. Il nous avertit d'abord du caractère de ces révéla-
tions « qui n'ont aucune prétention à un caractère de vérité histo-
rique » et auxquelles « la sœur Emmerich elle-même n'a jamais donné
qu'une valeur purement humaine. » Il en est de ces révélations comme
de celles qui ont été publiées, attribuées à sainte Gertrude, à sainte
Françoise, à sainte Brigitte : elles sont simplement considérées'" comme
pouvant servir à édifier les lecteurs chrétiens et à raviver leur piété;
on ne leur donne ordinairement, dit Benoît XIV, qu'une approbation
permisdve, mais non positive, parce qu'une approbation permissive ou
négative, constatant qu'elles ne contiennent rien de contraire à la
foi ou à la morale catholique, est suffisante. » L'auteur ne s'est ainsi
proposé que de procurer aux âmes pieuses une lecture intéressante et
édifiante. Et c'est bien 1 effet que parait produire le livre de M. l'abbé
de Cazalès, avec les récits à la fois si simples et si animés de la reli-
gieuse de Dûlmen, ses tableaux si saisissants, ses descriptions si pré-
cises, ses personnages si vivants et si vraisemblables, avec le senti-
ment de foi naïve et de dévotion affectueuse qui respire dans toutes
ses pages. Voilà qui est bien entendu, et maintenant le lecteur peut
sans aucun risque parcourir les récits qui lui sont offerts : il sait quel
caractère il convient de leur reconnaître.
Jeunesse CHFftsTiENNE. — 12 à 14. — La principale des questions
du temps présent est bien celle de l'enfance et de la jeunesse; elle est
la grande préoccupation de tous les esprits sérieux, de l'épiscopat
surtout. Mgr Chollet, évêque de Verdun, si connu et si goûté pour ses
excellents ouvrages, publie à la librairie LethieUeux un nouveau
livre qui a précisément pour titre : Les Enfants. « C'est un petit livre,
dit trop modestement Mgr l'évêque de Verdun, un petit livre que
nous envoyons cqmme un missionnaire dans les régions si malheu-
reuses troublées par la lutte scolaire. » Et c[ue leur apporte-t-il à ces
régions qu'il doit rassurer? .Une étude sur les droits des parents, de
l'Eglise et de l'État à l'égard des enfants et une autre étude sur la
responsabilité morale des enfants; ensuite deux lettres pastorales,
relatives au décret Quam singulari dans lesquelles sont envisagés les
devoirs des parents et des enfants en face de l'Église et de l'école.
Faut-il ajouter que toutes les considérations sur ces points si impor-
tants sont d'une précision, d'une opportunité et d'une rectitude qui
entraînent la conviction. Cette œuvre d'évêque dépasse les limites
trop étroites d'un diocèse; elle s'étendra à tous les diocèses de France,
où elle trouvera le plus fidèle écho : les plus graves intérêts du présent
et de l'avenir du pays sont en jeu.
£ — Avant tout, évidemment, il faut que nos enfants soient bien
instruits de la vraie doctrine. L'aumônier des servantes du T.-S. Sa-
crement à Paris veut y travailler par son Catecismo de la infancia.
— 104 —
Un catéchisme en lajigi:e espagnole n'est pas pour nous effrayer; il
sera bientôt traduit et nos établissements pourront en tirer profit.
C'est la préparation dogmatique et morale à la première communion.
M. l'abbé Malinjoud accomplit cette pieuse tâche par des instructions
catéchistiques qu'il donne aux jeunes filles de son établissement. Après
des préliminaires assez développés, c'est la première partie du livre,
comprenant les vérités que nous devons croire, ou les articles du sym-
bole. La 2^ partie est consacrée aux devoirs que nous avons à pra-
tiquer ou le Décalogue,les préceptes de 1 Église, et, par voie de logique
conséquence, il est question du péché en général, des péchés capitaux
et des vertus opposées. Dans la 3^ partie, l'auteur traite des sacre-
ments et des moyens de sanctification. Douze instructions morales
sur la prière pour les morts, sur la grandeur de notre âme, qvielques
fêtes, la dévotion à l'Eucharistie et à la T. S. Vierge remplissent la
4^ partie et complètent l'enseignement religieux qui convient à l'en-
fance. Il faut bien que l'auteur ait consciencieusement rempli la tâche
qu'il s'était imposée, puisque S. E. le cardinal Merry del Val et un
grand nombre d'évêques français et espagnols lui ont écrit des let-
tres si élogieuses.
• — M. le doyen ^'andepitte donne à son enseignement catéchistique
une forme plus élevée. Ses Conjérences à la jeunesse des écoles sont .
divisées en trois séries. La 1^*^ traite des grandes vérités du salut et des
devoirs d'état; quatorze conférences ontpour objet Dieu, Jésus-Christ,
le Saint-Esprit, l'Église, les fins dernières ; quinze s'occupent des
actions de la journée, de la messe, de la communion, des œuvres, de
la vocation : les unes et les autres très courtes — on n'aurait pas le
temps d'y dormir — terminées chacune par quelques réflexions et
pratiques « modestes Heurs a,ux couleurs et aux" parfums variés,
laissées à la disposition de chacun, suivant ses attraits particuliers. »
Les conférences de la 2^ série sont au nombre de dix-neuf sur les de-
voirs envers Dieu et envers le prochain : la foi, l'espérance, la charité,
l'instruction religieuse, la fuite du péché et des occasions, l'accepta-
tion des souffrances de la vie, la prière, la piété; l'amour du prochain^
le support mutuel, les parents et les maîtres, les amis, le prêtre, les
âmes du Purgatoire. Les devoirs envois nous-mcmes. — 3® série —
sont rappelés dar.s vingt et une confâences sous des titres nom-
breux, entre autres les suivants : sanctification de l'âme, emploi du
temps, la conscience, les passions, les péchés de la lajigue, le scandale,
les tentations, poignée de défauts, poignée de vertus, apostolat, per-
éévérance. Et M. le vicaire général de Cambrai nous permet d'appré-
cier l'œuvre de M. le doyen en lui écrivant la lettre qui lui apporte
ses félicitations : « L'expérience qu'en fera la jeunesse de nos écoles,
ajoute-t-il, prouvera que vous avez fait couvre utile en lui procurant
— 105 —
une ample matière à s'instruire dans la connaissance de la religion
et à se perfectionner dans la pratique de la vertu. »
Spiritualité. — 15 à 19. — Bernard Olivier, de l'ordre des Ermites
de saint Augustin et évêque, appartient au xiii^ siècle; il fut un des
plus grands théologiens mystiques de son temps et pajmi ses nom-
breux ouvrages, tous estimés pour leur profonde et sûre doctrine, se
distingue celui que le P. Bénigne Fernandez, du même ordre, vient
d'éditer : Excitatoriiim mentis ad Deiim. On dirait un autre livre de
V Imitation. La 1^® partie nous invite à avoir la plus grande confiance
en la miséricorde do Dieu; la 2^ nous rappelle les principales vertus
du divin Maître, sa passion et sa mort; dans la troisième se trouvent
cinq prières pour solliciter de Dieu le pardon de nos péchés ^.1 toutes
les grâces qui nous sont nécessaires. L'action de grâces et la louange
divine forment la 4® partie. Ce sont des méditations, des prières, des
élévations qui éclairent, fortifient, encouragent l'âme en l'attachant
de plus en plus à Dieu qu'elle veut aimer et servir.
— Qui ne connaît la vie séraphique de saint François d'As-
sise? Et cependant on éprouve une vraie satisfaction spirituelle à la
voir reparaître dans le Miroir de la perfection du bienheureux par le
Frère Léon. M. Paul Budry vient de nous donner une version fran-
çaise de cette œuvre et nous ne saurions trop l'en remercier. Sans
nous attarder à la savante « note historique » sur cet ouvrage, note qui
intéresse surtout les érudits, ouvrons aussitôt le livre à la page où
« commence le miroir de perfection de l'état de frère mineur. » Nous
voilà en plein dans l'action; François d'Assise nous saisit et nous
pénètre par son amour pour la règle, et^ sans nous détourner im seul
instant de l'objet de son livre, l'auteur nous fait suivre son héros à
travers toute sa vie si parfaitement religieuse; pratique rigoureuse et
aussi affectueuse de la pauvreté; sa charité, sa compassion et sa con-
descendance pour le prochain; sa perfection dans l'obéissance et
l'humilité, son zèle pour la perfection de la règle, de ses frères et de
l'ordre tout entier, de son amour pour la passion du Christ, pour
l'oraison, sa victoire sur les tentations, son esprit de prophétie, enfin
sa préparation à la mort. Sans doute, le lecteur se rend bien compte
qu'il ne peut prétendre à cette pratique de la perfection, mais il prend
intérêt à admirer l'œuvre de Dieu dans ses saints et si, pour l'imita-
tion de leurs vertus, il ne peut les égaler, il sait que, comme les saints,
il peut compter sur la grâce pour s'l lever du moins à c[uel que. degré.
— Le R. P. Olivaint disait avec raison : « 11 faut moins de temps
que de courage po.ur faire un saint. » Ayons le courage d'abord d'ou-
vrir le Journal de ses retraites annuelles; parcourons-le attentivement,
surtout avec l'intention bien arrêtée d'en profiter, et puis, la grâce
aidant, mettons bien en pratique les excellents conseils qu'il nous
— 106 —
donne. Ses six retra'tes de 1860 à 1865 ont pour objet la vie terrestre
de Jésus-Christ, l'union à Jésus-Christ, le Sacré-Cœur de Jésus, l'hu-
milité, le courage et la ferveur, ici et là revenant sur les principaux
actes de la vie du divin Maître pour nous pénétrer davantage du sou-
venir do ses exemples et de son enseignement. C'est la même méthode
qu'il suit dans ses autres retraites de 1866 à 1870 : volonté et dévoue-
ment, la fin de l'homme, la préparation à la mort, la vie surnaturelle,
le règne du Saint-Esprit dans la pureté du cœur. C'est p^r cette vie
de prière, de mortification, d'humilité, de zèle, que le saint religieux
sepréparait à rendreunbon témoignage à son Dieu et méritait
la grâce du martyre. Ne semble-t-il pas nous dire avec Notre- Seigneur:
« Hoc fac et vives. Faites tout ce que nous a enseigné le Maître et vous
vivrez»? Puissent de nombreux lecteurs goûter les méditations duR.P.
Olivaint. Il semble que de chacune de ces pages, écrites pour ainsi dire
avec le sang d'un saint confesseur, s'échappe un parfum
divin qui embaume l'âme et q,ui la fortifie. 11 faut du courage, oui,
mais Dieu le donne à qui le demande, bien disposé à en faire usage.
• — Nous aurons alors tout ce qui convient pour prendre, à la suite
de M. le chanoine Lejeune, notre élan Vers la ferveur. Le pieux au-
teur a eu déjà de nombreux disciples — ■ son livre est à son 2® mille — ;
il en mérite davantage et il les aura. Il a dédié son œuvre à ses onze
cents mères chrétiennes de Charleville, sa paroisse; c'est à toutes
les mères chrétiennes que devra peu à peu parvenir son appel. « La
ferveur, au dire de saint François de Sales, est l'amour de Dieu par-
venu à ce point de perfection qui nous fait agir pour Dieu soigneuse-
ment, fréquemment et promptement. » Mais Dieu commande ^^ar
ordres formels — tels les préceptes du Décalogue — ou bien il nous
fait connaître sa volonté, sans nous y contraindre, mais désirant notre
assentiment à ce qui est simplement son bon plaisir. Là est le devoir
de tout fidèle; ici, c'est la générosité d'un cœur aimant Dieu par-dessus
tout, c'est la ferveur. Voilà le but à atteindre; suivons notre excellent
guide : le don de soi-même à Dieu, la pureté d'intention, même dans
les moindres actions, vie intérieure, recueillement, l'humilité, la mor-
tification, l'apostolat, tels sont les degrés par lesquels nous attein-
drons cette ferveur que nous cherchons. 11 faut avouer qu'il n'est pas
de voie plus sûre, mais elle peut paraître un peu rude à parcourir.
L'auteur a prévu cette frayeur et en route il renverse les obstacles,
résout les objections, de telle sorte que le sentier ardu devient aplani
et facile. Vous y réussissez si bien que vous voulez communiquer à
autrui votre satisfaction : à votre tour vous vous faites apôtres de la
ferveur.
— Et, pour entretenir en vous cette divine flamme, vous avez la
divine Eucharistie où réside Celui qui est venu porter le feu sur
— 107 —
la terre et qui n'a qu'un désir, celui de le voir brûler dans toutes les
âmes. Écoutez donc les raisons, les méthodes et les expériences que
vous expose le R. P. Lintelo dans sa brochure : La Communion fré-
quente. Ces quelques pages ont eu la bonne fortune d'être louées par
S. E. le cardinal Gennari; elles ont été présentées au Pape qui en
désire la plus large diffusion.
Piété. — 'Dévotions. — 20 à 25. — Le livre du P. Joseph Thermes
continue et développe l'œuvre du P. Lintelo : son Manuel eucharis-
tique est bien de nature à faire mieux connaître et mieux pratiquer le
sacrement de nos autels. Voici d'abord les figures et les promesses
de l'Eucharistie dans les deux Testaments. Aussitôt après, l'institu-
tion elle-même, au soir de la dernière cène, et alors démonstration
de la présence réelle de Notre-Seigneur sous les espèces du pain et du
vin. Les chapitres suivants sont consacrés aux miracles dans l'Eucha-
ristie, à la matière, au ministère et au sujet de ce sacrement, aux fruits
qu'il doit produire en nous, aux dispositions pour communier, à la
préparation, à l'action de grâces; en un mot,ce livre est un petit traité
complet pour la doctrine et la pratique, relativement à l'Eucharistie;
il se termine par des visites au Saint Sacrement. Rien de plus efficace
pour satisfaire la piété.
— Le Fils appelle la Mère : ils sont inséparables; la piété pour Jésus
ne peut pas aller sans la piété pour Marie. Celle-ci se développera de
plus en plus par le livre où M. l'abbé Saulnier nous offre sous le titre :
Un )nois du rosaire chez soi, une série de sujets de méditations, de lec-
tures,de traits, de légendes et d'histoires pourle mois d'octobre, comme
aussi pour le mois de mai. Ce livre peut être utile à tous les fidèles; il
sera surtout apprécié des infirmes ou des malades, condamnés à ne
pouvoir aller à l'église et qui seront heureux d'y trouver un moyen si
facile de s'associer, de loin, aux pieux exercices de la paroisse en
l'honneur de Marie. Les méditations portent sur les invocations
accoutumées des litanies; mais l'auteur a mis aussi à profit le remar-
quable ouvrage du R. P. Esser sur le Saint Rosaire qui est bien le
monument le plus complet en l'honneur de l'auguste Mère de Dieu.
Des notes préliminaires renseignent le lecteur sur les diverses formes
du saint rosaire et lui offrent un exercice très ingénieux pour les
mystères à énoncer à chaque dizaine, avec quelques mots de médita^
tion ou une strophe d'un cantique qui y est adapté. Les lectures, les
traits, les histoires sont bien choisis, très intéressants et de la plus
sérieuse édification.
— La piété trouvera aussi un précieux aliment dans les Pieuses
Considérations et règles de conduite que M. l'abbé Baudot nous ap-
porte avec son nouveau livre sur le Règne de V Evangile dans la cité
chrétienm. Hélas ! m^m? les chrétiens sont si loin de la doctrine et de
— 108 —
Tesprit de l'Evangile ! Ils ont grand besoin d'y être ramenés afin que
Jésus-Christ vienne régner parmi nous. Cet opuscule est divisé en
deux parties; la 1^^ est foimée de quatre livres où l'auteur traite
tour à tour, avec autant de brièveté que de précision, de tout ce qui
doit convenir aux besoins spirituels de nos contemporains : vie et
avenir de nos âmes, connaissance et service de Dieu, immortalité,
liberté de l'homme, honnêteté chrétienne, charité, bonté, justice,^
douceur, humilité, force, prudence, piété, douleur, mission et apos-
tolat du prêtre; dans la 2^ partie, l'auteur rappelle nos devoirs envers^
Dieu, envers Jésus-Christ, envers le prochain, envers soi-même.
Telles sont les obligations et les règles de la vie chrétienne; en nous
y conformant, nous contribuerons, chacun pour notre part, à res-
taurer parmi nous le règne de l' Évangile.
— Sans doute, de nous-même et tout seul, nou-- ne pourrions pas
accomplir ce grand œuvre, mais le Petit Catéchisme de la grâce nous
apprend que Dieu est là pour nous faciliter cette tâche en nous prê-
tant son secours. Il n'est pas facile de faire bien comprendre à tous les
esprits la vraie notion théologique de la grâce. M. le chanoine Van-
depitte, que nous sommes heureux de retrouver ici, a, ce nous semble,
bien réussi à rendre cette notion assez intelligible; il nous dit simple-
ment et clairement ce qu'est la grâce, ce qu'elle fait en nous et de
nous; et il nous indique les principaux moyens d'entretenir et de dé-
velopper en nous la grâce : les sacrements, surtout la pénitence et
l'Eucharistie, la sainte messe, la parole de Dieu, la prière, les bonnes
oeuvres, la méditation au pied du crucifix, la pensée de la présence de
Dieu, le souvenir des fins dernières.
— Le Guide de la jeunesse, par l'abbé de Lamennais, a fait ses preu-
ves; il en est à sa 15^ édition. Et quel bien il a produit dans les âmes !
Il sait toujours poursuivre son œuvre, car les besoins des âmes sont
toujours grands, même aujourd'hui plus grands que jamais. Com-
posé par le Lamennais croyant et orthodoxe, cet ouvrage est nourri
de la substance des saintes Écritures, surtout de la doctrine
des Évangiles. Avec un art admirable, l'auteur a su fondre, pour ainsi
dire, son style dans le texte sacré, en y mettant le meilleur de son
talent sans rival et de son âme d'apôtre. Hélas ! depuis... Mais son
lœuvre continue à opérer le même bien, à préserver cette jeunesse
qui goûte ses exhortations et suit ses conseils. — Le Guide de la jeu-
nesse est précédé fort à propos de l'ouvrage du D^ Jacques Balniès :
La Religion démontrée à la jeunesse et d'un abrégé de l'histoire sainte
par Bossuet. Cette trilogie se complète; trois grands esprits asso-
ciés à l'œuvre la plus importante et la plus chère à l'Église.
— M. le chanoine Girard a une prédilection pour ceux qui souffrent;
il est VAmi des malades.lh sont si à plaindre ! Ils ont si peu de consola-
— 100 —
lions ! Toujours torturés par le mal et presque toujours seuls !... avec
leur douleur ! Ce petit livre nous apprend d'abord quel est le rôle pro-
videntiel Je la maladie et comment nous devons la sanctifier par notre
résignation à la volonté de Dieu, notre obéissance et notre patience.
Il nous indique les secours divins qui nous sont offerts : le prêtre , les
sacrements, les autres secours de la sainte Église. 11 termine par
un abrégé des vérités de la foi, certaines maximes bonnes à méditer,
quelques prières indulgenciées, surtout par les prières spéciales aux
malades. « C'est bien le Manuel des malades, écrit à l'auteur M.
le vicaire général de Rennes; rien n'y est oublié... Le succès ne saurait
faire doute, la diffusion sera large, le bien produit immense. »
F. Chapot.
POÉSIE — THÉÂTRE
I. PoKsiE. — 1. Lr S'ibla d'or, p:\T Henry D'krieux. Lyon, L'Art libre, s. d., petit
in-8 de 39 p., 2 fr. — 2. Essais poétiques, par L.-A. Morel. Paris, Plon-Nourrit,
s. d., in- 16 de 9t p..' 2 fr. — 3. Une Promenade, par Auguste Barbier. Paris,
Savante, s. d., in-16 de 136 p., t fr. 50. — 4. Sornettes et sonnets, rimes païennes.
par Jean- LivelT. Paris, Éditions des nscholiers, s. d., in-16 de 136 p., 2 fr. — 5.
Les Victoires,pciV Léon Guillot. Paris, Beauchesne, i9 0, in-4 de 50 p., 4 fr. — 6.
UA'lieu à Vadoloscence, par François Mauriac. Paris, Stock, 1911, in-18 de 216
p., 3 fr. 50. — 7. Le Beau Pays, par Pierre Lestringuez. Paris, Fignière, 1911,
in-12 de 165 p., 3 fr. 50. — 8 Chants et poèmes solognots. En Blouse et en sabots,
par PaulBesnard. Paris, Figuière, 191 !, in-18 de 128 p., 2 fr. — 9. Le Cantique
de la Seine, par André Mary. Paris, Éiuile-Paul, 1911, in-16 de 212 p., 3 fr. 50.
— 10. La Chanson des mendiants, par J.-F. Louis Merlet. Paris, l'édition libre
1911, petit in-8 de 121 p., 3 fr. 50.— 11. Les Chanf. du.cygne. par î. R.-G. Paris,
Ijemerre, 1911, in-18 de 232 p., 3 fr. — • 12. Le Chant des sources, par Pierre
d'Arcancues. Paris, Perrin, 1911, in-16 de 219 p., 3 fr. 50. — 13. Le Crépuscule
de Dioûysos, par Paul-Louis Aubert. Paris, Ficker, 1911, in-12 de 152 p.,
3 fr. 50, — 14. Dernières Veillées., par Arsène Vermenouze. Paris, Jouve, 1911,
petit-in-8 de x-204 p. et portrait, 3 fr. 50. — 15. Edelu'eiss et goémons, par Jean
Plémeur. Paris, Figuière, 1911, in-18 de 164 p., 3 fr. 50. -^ 16. Les Foyers
perdu9, par Antoine Nicol\ï. Paris, Éilitioas du Beffroi, 1911, in-16 de 127 n.,
3 fr. 50. — 1 ;. Sous les h'Hres de l'Est, par Gabriel dç Pimodan. Paris, Messein,
1911, petit in-8 de 358 p., 3 fr. 50. — -18. L'Horizon, par Claude Couturier.
Paris, Lemerre, 1911, in-18 de 143 p;, 3 fr. — 19. La Légende du' Mont Saint-
Michel, par Louis Foisil. Paris, Jouve, 1911, petit-in-8 de 132 p., 3 fr. 50. —
20. En Marche vers les ct'n?f, par É ïlf Pignot. Paris, Bloud, 1911, in-16 de 118
p., 3 fr, — 21. Le Miroir enchante, par Robert Lestrange. Paris, Figui're,
1911, in-12 de 240 p., 3 fr. 50. — 22. L'Ombre du templ-, par R. de HANciîf.-^SAU-
MANE. Paris. Falque, 1911, in-16 carré de 117 p., 3 fr. 50. — 23. Le Paradis
retrouvé, p"'..' Joachim Gasquet. Paris, Grasset, 1911, in-16 de 238 p., 3 fr. 50. —
24. Pour retrouver l'enfant, par Gustave Zidler. Paris, Jouve, 191!, petit in-8
de 133 p., 3 fr. 50. — 25. Les Rêves exaltés, par Lucien Boudet. Paris, Éditions
du Beffroi, 1911, in-16 de 103 p , 3 fr. 50. — 26. Tout mon camr par tous les
chemin'!, par Paul Sentenac. Paris' Grasset, 1911, in-16 de 190 p., 3 fr. 50. — 27.
La Veillée so/iVa/re, par Jean-Paul Tort. Pftris, Figuière, 1911, in-18 de 191 p.,
3 fr. 50. — 28. La Vie qui s'oui>re, par Jacques Boyer. Paris, Figuicre, 1911,
in-12 de 110 p., 3 fr. 50. — 29. Les Visions du chemin, p'^X Ht^^k^ Rovger. Pari-;,
Lemjrre, 1911, in-18 de Î62 p., 3 fr. — 30. Les Autels et les tomh s, par Léon
Lahovary. Paris, Jouve, 1912, in-18 de ix-183 p., 3 fr. — 31. Passages de l'ûme,
par Frédéric Saisset. Paris, Jouve, 1912, in-16 de- 121 p., 3 fr.
- 110 —
Poésie ricviMNE. — 32. Dans le Jardin de notre amour, par Alice Clerc. Paris,
Falqiie, 191K in-12 de 157 p., 3 fr. 50. — 33. Les Souvenez-vous, par Claire
ViRENQUE. Paris, Falque, 1911, in-16 de 154 p , 3 fr. 50. — 34. Les Voix de la
montaf;ne, par A. de Bary. Paris, Stock, 1911, in-18 de 256 p., 3 ir. 50.
Anthologies. Recueils. — 35. Aniologia provenzale, par E. Portal. Milan, Hoepli,
191 1, petit, in-16 relit^, de viii-674 p., 4 fr. 50. — 36. Œuvres inconnues de Racine.
Poèmes sacrés, découverts à la Bililiothèque impériale de Saint-P6ters])ourg, par
l'abbé Joseph Boînnet. Auch, bureaux de l'archevêché, 1911, gv. in-8 de xvi-
316 p., avec planches et fac-similé, 10 fr.
Poèmes en prose. — 37. La Chanson: du poète errant, par Gabriel Sarrazin. Paris,
Perrin, 1911, in-16 de xii-261 p., 3 fr. 50. — 38. Ballades françaises. Un de France,
par Paul Fort. Paris, Figuière, 1911. in-18 de 210 p., 3 fr. 50. — 39. Ballades
françaises. L'Aventure éternelle (livre I'''), par Paul Fort. Paris, Figi-ière, 1911,
in-18 de 147 p., 3 fr. 50.
Critique. — 40. Étude sur les Ballades françaises de Paul Fort, par Louis Mandin.
Paris, Figuière, 1911, gr. ip.-8 de 67 p., 1 fr. — 41. Nouvel Essai sur V intensisme
en poésie, par Charles de Saint-C.yb. Paris, Marcel Rivière, s. d., in-18.de 73 p.,
3 fr. — 42. Mélanges de linguistique provençale, par F.-N. NicoLLET.Aix-en-Pro-
s'ence, Tmp. ouvrière, 1910, g?. in-S de 73 p.
II. Théâtre. — 1. U An Mille, drame en cinq actes en vers, par Victor Kinon.
Paris, Librairie générale des sciences, arts et lettres; Bruxelles, Yv^ Larcier,
1911, in-16 de 221 p., 3 fr. 50. — 2. Le Théâtre chrétien. Au Clocher, par Paul
Janot. Paris, Bloud, 1911, in-16 de xii-271 p., 3 fr. 50. — Z. Études dramatiques, i>a.r
Adolphe Môny. T. V. Babel. Paris, Plon-Nourrit, 1911, in-16 de 141 p., 3 fr. 50.
— 4. Les Erreurs sociales. La Peine de vivre. Châtiment, drames modernes, par
Emile Pierret. Paris, Lemerre, 1911, in-8 de iv-247 p., 3 fr. 50. — 5. L'Otage,
drame, par Paul Claudel. Paris, Marcel Rivière, 1911, in-18 de 205 p., 3 fr. 50.
— 6. Pendant la croisade, conte en un acte en vers, par Martin-Valdour et Char-
les Gallo. Paris, H. Paulin, 1912, in-12 de 64 p., 2 fr. 50. — 7. Poèmes de France
et d'Algérie, pa'' Maurice Olivaint. Paris, Lemerre, 1911, in-18 de -242 p., 3 fr.
— 8. Le Béveil, comédie dramatique en trois actes et en vers, par Henri Guer-
LiN. Paris, Jouve, 1911, in-18 de 149 p., 2 fr.
La marce poétique continuant à enfler ck' mesure ment, nous avens
tâché d'apporter dans notre examen un essai de classement indispen-
sable, suivant la logique, le temps... ou l'alphabet.
1. Poésie. — 1. — Le Sable d'or est un mince cahier où M. Henry
Dérieux a voulu apporter « un hommage, un simple hommage aux
maîtres dont la parole un temps l'éblouit, au point qu'il put se mé-
prendre entièrement sur la nature de son tempérament vrai. » Ces
maîtres sont Henri de Régnier, Vielé-Griffin, Mallarmé, Charles
Guérin. Lorsque M. Dérieux aura retrouvé « son tempérament vrai, »
nous reviendrons à lui avec plaisir.
2. — M. L.-A. Morel, lui aussi, publie des Essais poétiques. A quoi
bon publier des essais?
3. — L'Auguste Barbier qui a écrit les fables d'Une Promenade
n'a rien de commun avec le fougueux auteur des ïambes. Jadis atta-
ché au pèlerinage de N.-D. de Lies?e, il a été, comme religieux, exilé
de France, et il console ses quatre-vingts ans en offrant aux enfants
des apologues souvent imités du P. Desbillons, le jésuite fabuliste
latin du xyiii^ siècle. On le voit, nous sommes loin do la Curée ou de
l'Idole.
— 111 —
4. — Les Sorneiies et sonnets de M. Jean Lively sont simplement
des polissonneries, dont bien pou sent spirituelles. M. Octave Pradels,
dans une Préface en vers... libres, naturellement, déclare que ces
poésies n'ont jamais rêvé de faire la conquête
D'un lotus d'ijr aux Jeux-Floraux.
Elles ont bien fait.
5. — Avec les Victoires, de M. Léon Gui]lct,nous rencontrons enfin
un livre. Il est écrit en un beau style classique, • — un peu trop conti-
nûment lyrique et hautain à la façoii de Moréas. Heureusement, vers
la fin, le poète s'humanise un peu plus; il descend de son trépied sy-
billin pour décrire d'agréables et touchants paysages de France :
Les bois sont embaumés par une odeur de miel.
Entre les troncs moussus, comme des pans de ciel,
D"iiïimobiles étangs rêvent, mélancoliques,
Et, par delà les flots rutilants de blé mûr,
Par delà les maïs aux feuilles métallioues,
Le Jura violet bar.'e le clair azur.
6. — M. François Mauriac, lui,n'a rien de cette gravité hautaine. Très
jeune encore, il a été mis aux premiers rangs par les Mains jointes,
dont Maurice Barrés salua si noblement la sincérité, l'émotion, le fré
missement contenu. Nous retrouvons ces mêmes qualités, très pre-
nantes, dans l'Adieu à l'adolescence. M. Mauriac, qui aime à la fois, et
on ne saurait l'en blâmer,
Lts vers de Jean Racine et ceux de Baudelaire,
sait à merveille se replier sur lui-même, et, comme Charles Guérin,
il nous donne une sorte de « journal poétique » du crépuscule de S( n
adolescence et de l'aube de sa jeunesse. Malgré la fatigue qu'engendre
en général la poésie subjective, ce journal est très attachant, car au-
tant les banales expériences amoureuses fournissent des thèmes qui
écœurent, autant l'éveil progressif d'une jeune âme à la vie est un su-
jet délicat et charmant. M. Mauriac l'a traité de la façon abandonnée
qui est la sienne, avec quelques souvenirs de Francis Jammes; il n'a
pas la dextérité minutieuse et un peu affectée de M. Edmond Gojon
dans ce beau livre qui s'intitule : Le Visage penché et où revivent
aussi des scènes d'enfance. Il écrit un peu vite, comme son cœur bat.
Il ne s'inquiète pas de savoir si « passionné » compte trois ou quatre
syllabes; pour le plaisir de faire un vers bien balancé, il nous dira
que les jansénistes ont goûté
L'austère volupté des belles hérésies,
ce qui transformerait ces vieux fanatiques, hypnotisés par l'enfer,
— 112 —
en dilettantes, précurseurs de son ami Baudelaire... Mais le mérite
de M. Mauriac est ailleurs : il est dans sa jeunesse extrêmement sen-
sible, prompte à s'analyser, dans la culture des « états d'âme » aux-
quels il a le loisir et le goût de se livrer, — et dans tout ce qu'il
révèle d'impressions gâchées ou ensevelies à ceux-là qui ont juste le
temps de vivre.
7. — Avec M. pierre Lestringuez, nous demeurons encore sous
l'influence dominatrice de Baudelaire (nous retrouvons dans le Beau
Pays certaines de ses expressions); mais, de plus, Verlaine est passé
par là, apportant ses impropriétés de termes, ses bavures, ses ryth-
mes déconcertants et surtout son inspiration sans élan et sans éner-
gie. M. Lestringuez dédie certains de ces vers,qui racontent en général
de bien pauvres histoires, à Maurice Magre et à Edmond Gojon;
mais il est loin d'avoir le souffle lyrique du premier et l'écriture artiste
du second.
8. — On éprouve une grande déception à lire les Chants et poèmes
solognots de M. Paul Besnard; dès l'abord, on est séduit par le bon
accent de terroir de ce livre, par sa verve paysanne et son allure de
santé... Puis, tout à coup, on tombe sur des grivoiseries, des saletés,
des niaiseries anticléricales : par exemple, dans Tu t'en trouvras ben,
l'auteur cherche à établir que le meilleur moyen d' « arriver « aujour-
d'hui, en France, c'est d'avoir été élevé dans une école catholique et
d'être patronné par les royalistes ! Quant à Rêve de Curé et à Jeanne
d'Arc, ce sont de pures ignominies, de la littérature pour Homais.
Ce n'est pas avec cela que l'on rénovera nos patois provinciaux.
9. — Nous arrivons vite, pour nous cojisoler un peu, au Cantique de
la Seine, où M. André Mary s'est affirmé un de nos meilleurs poètes :
... Je veux honorer le ))eau fleuve gaulois
La douce et claire Seine
Qui, seule, s:nt parler à mon cœur d'une voix
Divinement humaine,
Que ce soit au printemps, aux portes de Paris,
Où la Marne tirdive
Te rejoint au milieu des cent vergers fleuris
Qui parfument ta rive,
Que ce soit sur ces quais vénérés, Ou je peux,
Quand le soir me délivre,
F'àner loin des tracas, près des palyis pompeux,
Le front sur quelque li re,
Ou monter sur le poat de tas Ijgers bateiux,
Quand l'air se rassérène
Et qu'il fait bon, de loin, contempler les coteaux
De Sèvre et de Suresne...
Autour de ces clairs paysages séquanais, tracés avec tant d'exacte
— 113 —
mesure, le jeune poète a su évoquer, peut-on dire, rossence de notre
patrie et de son génie. Peu d'écrivains, certainement, l'ont pénétrée
autant que lui, et pour aimer la France, il l'a étudiée profondément.
Faut-il s'étonner dès lors que Ton sente parfois transparaître chez lui
le souvenir de ses immenses lectures, depuis les conteurs de notre
moyen âge jusqu'à Banville, depuis Ronsard jusqu'au bon Coppée
lui-même? Non; il n'y a là en tout cas qu'un abus de richesse, d'éru-
dition, de ressources littéraires; ne nous plaignons pas que la mariée
soit trop belle, et souhaitons à M. André Mary de continuer son œu-
vre, qui sera certainement, chose rare en ce temps-ci, une œuvre
vraiment française.
10. — Du Cantique de la Seine à la Chanson des mendiants, le saut
est brusque; dans ce livre curieusement édité, avec portrait^ hors-
texte et croquis de M. Max-Pierre Jouret, M. J.-F. -Louis Merlet a'
repris, en vers le plus souvent libres, des thèmes bien usés, que M. Mau-
rice Magre a galvanisés pour la dernière fois dans la Chanson des
hommes. Quoique le fougueux Emile Verhaeren déclare, dans la pré-
face, que voici un « poème ardent, tumultueux, enflammé, brûlant de
pitié, tour à tour violent et doux, clair et sombre, rageur et clément »,
il nous est impossible de suivre M. Merlet nous présentant un Christ
anarchiste qui lève la torche « pour brûler et purifier dans les cités
les foyers d'injustice et de cruauté. » Sommes-nous en 1848 ou en
1912?'
11. — Très loin de ces divagations révolutionnaires, un mystérieux*
I. R.-G., et à qui l'on doit déjà de nombreux recueils de vers, publie
sous le titre : Les Chants du cygne, un volume de rondels, de dizains,
de distiques et de sonnets, où une foule de pièces fugitives enferment
des pensées délicates. *
12. — Le Chant des sources, par M. Pierre d'Arcangues, rontre un
peu dans la même catégorie de livres de salon. On ne peut apporter
rien de bien neuf en littérature, quand on se contente de célébrer les
Feuilles mortes, le Vieux Cimetière, le Clair de lune, Noël, la Mer,
l'Avril et autres choses inattendues. Et l'auteur, cependant, écrit en
pays basque, au milieu des plus fraîches sources d'inspiration ! Il ne
s'en est guère souvenu que dans son titre, et par ci pa'r là...
13. — Quand j'ai ouvert le Crépuscule de Dionysos, de M. Paul-
Louis Aubert, j'ai été frappé au contraire de la personnalité et de la
vigueur de ce recueil. La première partie, malgré son pessimisme
romantique, renferme des poèmes vraiment admirables, tels que le
Sphinx. Malheureusement, cela ne dure pas. Dès les Sonnets, la ma-
tière se gâte, et les Flymnes et les stances, qui suivent, semblent avoir
été hâtivement entassés pour donner au volume la Jongueur néces-
FÉVRiER 1912. T. CXXVI. 8.
_ 114 — .
saire. M. AubeiU, en un poème limii.aire, exalte l'Ait, et dit au
poète :
Sois probe et sérieux quand tu le servira*?,
Ce n'"est qu'aux patients qu'il o:;lr'otivre ses bra=.
Or, tout son livre, par les succès de sa } umièie partie et les échecs de
la seconde, est une illustration de ce d'stique.
14. — Ce n'est pas le défaut de patience, par contre, que l'on pourra
reprocher à Arsène ^^ermenouze ni à son exécuteur testamentaire.
Le regretté poète d'Auvergne attendit jusqu'après la quarantaine
pour publier ses premiers vers et, dans sa courte carrière, se montra
toujours le plus scrupuleux et le plus probe des écrivains. Après sa
mort, son ami, je pourrais dire son directeur de conscience, M. Ga-
briel Aubray, au lieu de se hâter d'entasser les Reliquiae et de nous
donner pêle-mêle tous les vieux papiers du défunt, a su faire un
triage courageux, bien plus digne de la mémoire de \'ermenouze, et
nous offrir ainsi, avec les Dernières Veillées, wn livre à peu près par-
fait. Avec une grande émotion, je feuillette ce livre, ouvert par l'ef-
figie anguleuse, vigoureuse, caractéristique, à la fois espagnole et
celtique, de cet Auvergnat qui ressemblait un peu à Don Quichotte,
et je relis tant de ces poèmes, dont j'ai eu les manuscrits en mains,
dont j'ai souvent corrigé les épreuves sur les indications toujours
insatisfaites de ce pur artiste trop ignoré. On parle de Francis Jam-
nies et de nos jeunes poétesses naturistes; on parle de François Fabié
et des écrivains les plus fidèles à leur terroir : pourquoi oublie-t-on
trop souvent Arsène Vermenouze, grande âme chrétienne, peintre
inégalé de sa province, aussi bien en langue d'oïl qu'en langue d'oc?
Les Dernières Veillées, dans leurs fragments mutilés, sont encore
plus belles c^'En plein Vent ou que Mon Auvergne; les prosaïsmes du
début ont presque tous disparu; le vers est plus souple, plus affiné :
il a fréquenté les jeunes maîtres symbohstes; le sentiment chrétien
s'y pare des images plus riches que réclame notre poésie. Par exemple.
cette communion de Noël :
Et quand le prêtre prit l'hostie en ses mains p'des,
Ils s'ai)prc'chèrent tous, émus et recueillis,
Et ce fut comme si quelque céleste lis
Eût, d'en haut, sur leur lèvre effeuillé ses pétales...
Voyez encore cette page d'anthologie, la Ruche : •
Décortiqué par l'homme, ébranché par le vent,
Le tronc fendu, ce chpne-li''ge vénérable,
Df ns sa nudité rouge et tragique, est semblable
A quelque grand martyr, écorché tout vivant.
Mais de ses larges flancs aux béantes crevasses
S'exhale, aromatique, une senteur de miel,
Et, pcintiliant d'or clair l'azur riant dv ciel,
Un vol d'abeillci sort du Titil arbre vivace. ' '
^ 115 —
Car ce sont les s'urirants, les saignants, les meurtris,
Ceux (jue la vie a déchirés de ses épines,
Qui conservent, dans leurs douloureuses poitrines,
Le plus de pitié douce et d'amour attendri.
Non, Vermenouze n'est pas seulement le plus grand poète de sa
province — ce qui est déjà beau ; — l'une des gloires du félibrige, car
s^on œuvre en langue d'oc en fait un des premiers qui marchent dans
les traces de Mistral : à force de se développer en profondeur, comme
son illustre maître de Maillane, il atteint l'humanité en général, et il
mérite d'attirer l'admiration d'autres gens que des folkloristes, des
curieux des particularités locales ou des partisans indécouragés de
nos régions françaises. Il s'adresse à tous, et il faut remercier M. G.
Aubray de savoir si bien prolonger l'écho de cette bonne et grande
voix. On se souvient encore en Auvergne de la magnifique conférence
que Jean Richepin lui consacra. Rien d'étonnant à cet enthousiasme;
car on peut sans paradoxe comparer l'art de Vermenouze à celui de
l'auteur des Blasphèmes. C'est la même maîtrise prosodique, les
mêmes rimes inattendues, la même audace d'expression et de mé-
trique, la même sonorité, la même richesse d'images... Mais ici, au-
dessus du tumulte ordonné des mots et de la musique savante des
rythmes, il y a toujours l'ombre dominatrice de la Croix.
15. — Si les intentions de M. Jean Plémeur sont aussi louables —
et nous n'en saurions douter en voyant mêlés à son œuvre les noms
de MM. Henry Bordeaux et Louis Tiercelin — il s'en faut que leur
réalisation soit aussi brillante. En chantant la Bretagne et les Alpes
dans Edelweiss et goémons, l'auteur ne s'est guère élevé au-dessus du
niveau de la mer, et ses étonnements devant les montagnes semblent
en faire foi :
Quel Yitan façonna leurs flancs mystérieux
Et quels i'eux inconnus rougissent leurs carcasses... (p. 80).
16. — M. Antoine Nicolaï est plus moderne; ses Foyers perdus ap-
partiennent à l'école, un peu calmée, un peu assagie, de Baudelaire.
Dans ce recueil, il y a surtout à signaler quelques notations sur la
Corse, que l'on aurait voulues plus précises, et un sonnet pittoresque
sur les fameuses « vocératrices » des funérailles, annonçant les ven-
dettas :
Prophétesses du deuil aux larges manteaux noir,,
L'âme de Colombe rugit dans leurs cantiques.
17. — Une autre région nous apparaît avec les Hêtres de l'Est de
M. Gabriel de Pimodan, la région dévastée et arrachée par la guerre.
C'est vraiment l'œuvre d'un fils pieux de la douce France que de
rappeler nos yeux et notre cœur vers tout ce que l'Alsace et la Lor-
raine ont apporté à l'âme nationale. Aussi lira-t-on avec intérêt ce
— 116 —
livre distingué, jamais banal, où passent les vieilles et poétiques
légendes des Vosges et du Rhin, présentées de façon très adroite,avec
un riche vocabulaire. Sur ces thème'' où passent et repassent les châ-
telaines, les abbesses, les croisés, les sultanes, on aurait pu tomber
dans le poncif romantique, dans une réplique des Odes et Ballades :
il n'en est rien. M. de Pimodan s'en est sauvé grâce à des rythmes très
modernes, grâce à un soin du détail qui conserve à toutes ses « pièces
à dire » une haute tenue poétique. Et ce livre touchant du souvenir
et de l'espérance se termine par la superbe ballade mélancolique
« Au soir du jour et de la vie », adressée à la Dame à la faulx,
comme dirait Saint- Pol- Roux :
Vous seulf nous venez en aide au soir du jour...
^ Nous n'en sommes pas là, et M. de Piniodan nous donnera encore
beaucoup de beaux vers. '•
18. — L'Horizon, de M. Claude Couturier, se rattache à peu près
à la même école poétique. Ce recueil contient de jolies ballades, no-
tamment celle des « Fleurs qui veulent être cueillies » : <^
Que l'on nous cueille, disent-elles.
Mais les sujets, que ne relève aucun intérêt particulier, laissent traî-
ner le volume dans la banalité : c'est, tour à tour, du Banville, du
Coppée, du Sully- Prudhomme... On voudrait du Couturier. '^^
19. — La Légende du Mont Saint- Michel, par M. Louis Foisil, vient
nous prouver à temps, une fois de plus, les immenses ressources ap-
portées à la poésie par l'histoire de nos terroirs. A notre époque où
les livres de vers ressassent misérablement les lieux communs les
plus usés de la sentimentalité, il est séduisant de voir un jeune poète
se consacrer à chanter une des merveilles de son pays, qui est en même
temps un des plus purs joyaux de France. M. Louis Foisil a donc écrit
patiemment une chronique rimée du Mont Saint-Michel : et vous
pensez bien qu'elle ne manque pas de quelques prosaïsmes; elle au-
rait pu aussi, ce me semble, être plus nourrie, plus complète — un
poème sur l'Archange fait défaut, au début — et elle aurait pu de
cette façon se passer des sonnets normands qui complètent le volume;
mais enfin, c'est une œuvre qui révèle une volonté, une pensée élevée,
un culte sincère de l'art. Je n'en veux pour preuve que cette invec-
tive contre la fameuse digue; elle indigne M. Foisil à juste titre, et
par une invention poétique qui aurait ravi Huysmans, il y voit une
revanche de Lucifer : ?
Et Id Digue allonge;'it sn courî)e de couleuvre.
— Lui, Satan, contemplait, en ricanant, son œuvre :
Ce per'ide chemin à tous venants ouvert
Di^couronnait le Sî-int du Péril-de-la- Mer,
— 117 —
Y versait le venin de la Bête vaincue 1 ': 3
20. — Nous nous délasserons un instant avec En Marche vers les
cîmes, de M. Emile Pignot, qui continue bravement à faire des vers
qui datent à peu près d'un demi-siècle. II l'avoue d'ailleurs sans am-
bages en exaltant Victor Hugo, « interprète do la République » et
« sauveur de la patrie » : . := ,
Et voilà que, du fond des horizons inamenses,
Monte le pur s/leil Lai^nant d'or les semences.
Il monte, rouge et vaste, et son ascension
Est une formidable bénédiction.
Mctrr Hugo, je voi? dans son orbite rouge,
Qui monte et s'^ilargit sur le monde qui bouge
Et semble le dossier d'un immense fauteuil.
Je vois, maître, ton buî^te énorme, ô saint aïevl !
Espérons que M. Pignot a tout vu.
21. — M. Robert Lestrange a, lui aussi, le culte de Victor Hugo; il
y joint celui d'Edgar Quinet et de Richepin. Il doit également aimer
Banville, car il refait sans trouble la fameuse Ballade des pendus.
]\/[me Lucie Delarue-Mardrus, dans la préface qu'elle a écrite pour le
Miroir enchanté, déclare que « c'est un plaisir de parler d'un poète
dont la sincérité va parfois jusqu'à l'ingénuité. « Cette ingénuité
n'empêche pas M. Lestrange d'insulter l'Église et ses «gras cardinaux»
et de refaire à sa façon le discours de l'abbé Daniel, du Duel, à la
duchesse de Chailles :
O femme, au cœur de qui bout l'ardente chimère...
On préférera probablement s'en tenir à la prose de M. Lavedan. v
22. — L'Ombre du temple, de M. R. de Manoël-Saumane, n'a rien
de commun avec ces pauvretés. C'est un livre païen très bien écrit.
Lisez, par exemple, V Inscription sur une fontaine :
riumnie, pnsse sans bruit. Tu ne sais rien des choses.
Le doute est ta science, et c'est ta vanité;
Profita des effets, ne cherche pas les causes" :
Respecte le secret de la divinité.
Qu'es-tu donc? Un esprit qiù se count ît à peine,
Porté fa tellement vers son destin obscur;
Tu ne reflètes rien, et vois cette fontaine :
Dans la candeur de l'eau se mire tout l'azur.
— Homme, suis ton chemin sans fatuité vaine.
Sois modeste devant le mystère éternel,
Toi qui n'as que tes yeux pour regr.rder le ciel.
Malheureusement, tout ceci après Hérédia, Samain, Henri de Ré-
gnier, c'est pur exercice d'école; aujourd'hui, les vers antiques ne
doivent servir qu'à enfermer des allégories modernes et des « pen-
sers nouveaux. »
— 118 —
23. — Dans tous ses livres, le lyrique qu'est M. Joachim Gasquet a
appliqué ce principe; sa muse, à la fois impétueuse et hiératique, ne
s'est jamais diisintéressée des problèmes contemporains. Après avoir
beaucoup évolué à travers tous les systèmes politiques et sociaux,
il en est arrivé à l'optimisme gratuit qui fut le lot de Victor Hugo.
Aujourd'hui, dans son Paradis retrouvé, il fait siennes toutes les idées
d'un Enjolras, il paraphrase V Internationale et salue déjà les États-
Unis d'Europe :
L'arc triomphcJ est là. La Paix t'ouvre son arcl.e.
Venez, de tous pays, passez, ntétiers en m-xrche
Sous l'hymne de la Tour Eirfel.
Quelque estime que l'on professe pour le talent éprouvé de M. Joa-
chim Gasquet, quelque souvenir inaltérable que l'on garde de sa
belle campagne des Pays de France, il est bien difficile de le suivre
dans cette voie. D'ailleftrs, il semble que Victor Hugo n'ait pas seu-
lement troublé ses pensées, mais aussi boursouflé un peu sa forme,
si respectueuse jadis des disciplines classiques. On est un peu
étonné par
Les sanglotantes mains du Scnge universel;
et, dans un superbe poème, d'ailleurs, consacré à « la Gloire de Mar-
seille », on est un peu gêné de voir Puget, qui venait sur le quai,
Et de ses yeux nerveux pétrissant l'air en flamme
Sculptait sur l'horizon les galères du soir.
Ah !M. Gasquet, ce ne sont pas les oliviers de votre divine Provence
qui vous ont chuchoté ces inspirations-là !
24. — M. Gustave Zidler, par un chemin mélancolique, nous ramène
à la vérité. Encore un bon poète qui n'est pas à son rang ! Cette fois,
il s'inscrit dans la phalange de ceux qui, depuis le drame de Ville-
quier, ont exhalé leurs plaintes paternelles. Sans égaler le livre admi-
rable que M. Charles de Pomairols consacre à la mémoire de la petite
Lili, Pour retrouver l'.enfant, de M. Gustave Zidler, est un recueil fort
touchant, plein de sentiments sincères et de pensées ingénieuses.
Dans la suite d'élégies où il évoque la mémoire de son fils, il fait par-
fois penser à M. Louis Tiercelin, qui déplora fort harmonieusement la
perte de sa petite-fille; mais il trouve aussi des accents fort person-
nels, qui tireront les larmes des yeux. Je sais bien que certains s'éton-
neront de voir un chrétien comme M. Zidler ne demander à Dieu pour
son paradis
Que l'éternel trésor de l'Enfant retrouvé;
ce n'est peut-être pas d'une mystique très orthodoxe : mais comn e
c'est tendrement humain !
~ 119 — ^ ';
Quelques prosaïsmes, bien difficiles à éviter en un sujet aussi in-
fime, mais qui ressortent davantage sur la trame rigoureusement
parnassienne du style. Coppée n'y a pas échappé.
25. — • Après ce son si clair d'une belle âme, les Rê^>es exaltés, de
M. Lucien Boudet, sonnent quelque peu faux. Toute l'originalité de
ce livre baudelairien réside dans sa conclusion : un appel au néant et
un blasphème. 11 vaut mieux ne pas insister.
26. — Le livre de M. Paul Sentenac — un débutant — : Tout mon
cœur par tous les chemins, est plus personnel. Il y a là du sentiment
(et aussi de la sensualité) et un goût assez vif de la beauté. Mais que
le style en est donc parfois lâché î j ,£ ^^
... J'ai sorti de leur oTjscur recoin .'
Mes premiers vers, laissés pour que je les oublie,
Et maintenant j'ai peur de les aim3r biea m>ins, \
Commo un enfant devant des choses dém')lies...
On n'a pas le droit d'écrire ainsi quand on porte en soi une âme
de poète, et en d'autres pages M. Sentenac nous le laisse fermement
•espérer.
27. — Mêmes incorrections dans le livre de M. Jean- Paul Tort -.La
Veillée solitaire, qui semble bien être d'un disciple de Samain; mais
l'âme qui s'étale en ce livre inquiétant et prenant quand même, appa-
raît singulièrement pessimiste, dégoûtée, amère, antichrétienne, sans
idéal; elle n'a vu dans le xvii*^ siècle que « courtisans débauchés,
marquises hypocrites...», et pourtant, au milieu même de cette boue,
il y a des fleurs de vraie poésie. Quel dommage qu'il soit si difficile
d'aller les cueillir !
28. — Nous n'aurons pas les mêmes regrets devant la Vie qui
s'ouvre, où M. Jacques Boyer dédie à son père, à sa mère, ses « pre-
miers essais de la seizième à la vingt-unième année. » Peut-être, à la
place des parents de ce jeune homme, lui conseillerions-nous de nous
offrir des aspirations plus saines, d'apprendre la prosodie et la ponc-
tuation. Mais il annonce dans sa dédicace que « les soucis de l'exis-
tence l'éloigneront du recueillement de la poésie. » Tout va bien.
29. — Parlons sérieusement de M. Henri Bouger, dont les Visions
du chemin sont un livre sérieux, d'une perfection formelle très rare à
notre ^ poque, bien que je n'aime guère :
J'aurai tissu bientôt tmite ma destinée (p. 17). '
M. Bouger est un solide h.-ritier des romantiques et des parnas-
siens. Son œuvre est un peu froide; le marbre l'est aussi. Mais il est
peu de poètes contemporains capables d'écrire avec cette richesse et
cette suret) de longs poèmes symboliques comme l'Etrangère, ou le
Pèlerin, qui par-dessus le marché est disposé en terza rima.
— 120 —
Certes, nous ne suivons pas M. Rouger dans ses exposés philoso-
phiques, qui vont droit au matérialisme le plus noir ou à l'utopie
révolutionnaire. Nous ne nous occupons ici que du poète, et son atti-
tude méditative et hautaine, son respect de la forme et de l'art doi-
vent être soulignés. Nous ne pouvons citer longuement; contentons-
nous de cette fin de sonnet sur Tliraséas mourant :
Ft tandis que, la voix presque éteinte, les mains
D jà froides, le fils des grands aïeux romriins
Parle, en montrant du doigt les taches élargies,^
L'envoyé «le Néron, pâle, le front baissé,
Respire malgré lui, sur les dalles rougies.
L'acre libation faite du sang \ersé.
Nous souhaitons à beaucoup de jeunes poètes de travailler dans ce
goût.
30. — C'est ce que fera certainement M. Léon Lahovary, quand
il se sera dépouillé d'une trop grande exubérance. Déjà son second
recueil, les Autels et les Tombes,esi notablement supérieur au premier.
On y trouve une âme vibrante, trop vibrante, trop prompte à exté-
rioriser tous ses sentiments, et qui ne sait pas encore suffisamment
séparer ce qui doit appartenir à la pure intimité de ce qui peut être
publié et intéresser l'ensemble des lecteurs. Mais il y a de l'âme, et
c'est beaucoup.
31. — Justement, voici les Paysages de l'âme, de M. Frédéric Sais-
set. Ici, nous avons affaire à un poète qui a atteint la maîtrise. Sur
des thèmes moins forts que dans son précédent ouvrage, les Mois-
sous de la solitude, avec une fluidité qui rappelle son premier volume,
Au fil des rêves, dont Rodenbdch écrivit jadis la préface, M. Saisset
nous donne une série de poèmes psychologiques des plus délicats,
parmi lesquels nous citerons Connaître, Toi qui n'eus pas d'amour,
V Impénétrable... Le recueil manque toutefois d'unité, car nous sor-
tons ensuite des « paysages de l'âme », pour entrer en des te poèmes du
RoussiUon « qui n'ont rien d'abstrait. Là, notre auteur révèle une face
nouvelle de son talent ;il s'y affirme méridional épris des couleurs, des
ligTies, des traditions pittoresques de son pays natal; et sans égaler le
coloris éblouissant de son compatriote Henry Muchart, il célèbre, en
une série de vives aquarelles,
Le parler catalan, si ruile et savoureux,
Et les danses au vol rythmique et gracieiix.
Les feux de la "Saint- Jean qui dans la nuit s'allument...
... tous ces chants du terroir .
La Repa, lo Pardal, Montanyes régalades,
Le vin qui coule en cascadantes « xirritados »
Dii haut du bras levé, le vin, fils du pressoir;
.. Les jeux du carnaval effervescents et fous...
— 121 —
et enfin, surtout,
... le long de rom!)re des platanes,
Flirtant leur cruche en grès, les fines Catalanes
Avec leur coiffe ronde et leur f> ulard pointu.
Il n'y a pas à regretter que I\I. Frédéric Saisset ait abandonné un
instant les « paysages de l'âme, » puisqu'il sait si bien regarder le
monde extérieur.
Poésie féminine. — 32. — Nous voici arrivés aux dames avec
Dans le jardin de noire amour. M^^e Alice Clerc a aimé; elle avaitun
cœur, nous dit-elle, « qui ne demandait qu'à souvrir et s'étendre ».
Après avoir rêvé qu'elle possédait tout ce qu'elle désirait : « la beauté,
la richesse, une villa normande, » eUe a vu enfin arriver l'ami tant
attendu. Jour triomphant !
... Les fleurs
Nous ten/'ent leur cou mince et leur ronde cordlle.
Mais l'ami montre déjà quelque scepticisme; elle soupire :
.Ma sensibilité florale est si-.ns échos.
Et l'aventure, d'une banalité affreuse, se termine :
De loin vous prépariez la rupture avec moi,
Et vous l'avez effectuée.
Mon âme est morte, et c'est vous qui P.ivez tn& !
Cependant, fidèle à l'ordinaire logique féminine, cette âme,' défini-
tivement assassinée, goûte une éternelle joie. Ne nous frappons pas.
33. — Laissons la plaisanterie pour signaler les Souvenez- voit s de
M™^ Claire Virenque, qui sont un des livres féminins les plus remar-
quables de ces dernières années. C'est une série de poèmes d'amour,
mais d'amour dominé par la piété, par la raison, par une forte disci-
pline chrétienne, et exprimé dans un langage tellement sincère, tel-
lement spontané qu'il ne porte presque plus de parure, ni de
date. La partie la plus remarquable de ce volume me semble
le dialogue qui en occupe à peu près le centre et s'intitule :
L' Impossible Tendresse. 11 nous fournit une note tout à fait person-
nelle, en traitant la vieille question de savoir si l'amitié, la pure ami-
tié, est possible et durable entre un homme et une femme :
T'.st-il une tendresse à côté de l'amour
Aussi grande que lui, m is de forme idéale,
Où l'âme, qui cherchait s^, sœur et son égnle,
Trouve un bonheur prefoad et pur cunime le jour?
Dans le cas particulier dont elle nous décrit toutes les phases, et avec
quelle souple délicatesse, M"^® Virenque répond négativement.
L'homme n'a pas su s'égaler à celle qui lui disait si bien :
Artisan d'ici-b.-is, travallie pour le ciel.
— 122 —
et qui lui offrait stoïquement
Qu'une autre soit l'aimée, et ni'U l'ancre gardien.
Alors, ils se sont éloignés, comme elle l'a voulu,
Sans m'-me se tourner sur leur geste hér(iï]U'^,
et, après les renoncements nécessaires, si vaillamment acceptés, il ne
reste plus aux cœurs déchirés que les consolations divines : mais c'est
l'abime insondable de l'amour ! ,
Qu'importe que ton rêve m3ure,
— Pleure, si tu veux, pleure un peu —
Mais pense à Celui qui demeure :
Plus haut que ton amour, vois Dieu.
• Qu'importe que ton r.m"»ur passe,
— Pleure, si tu veux, pleure un peu — •
Mais regarde à travers l'espace :
Plus haut que ton amour, vois Dieu.
Qu'importe ton mU ou ta peine,
— Pleure, si tu veux, pleure un peu —
Mais qi''est-ce que la vie humaine?
Ai'-dessï s de ton mal, vois Dieu.
Nous n'avons pas la place d'en citer davantage. Mais ceci suffit à
montrer que M"^^ Virenque, qui a fondé le prix de Littérature spiri-
tiialiste et a donné un si vif essor au renouveau chrétien de la jeune
poésie, peut aussi offrir des modèles de noble inspiration. Dans le
chœur des voix féminines d'aujourd'hui, elle est la muse de la pure
tendresse. ,j
34. — M"i^ A. de Bary n'a pas d'aussi hautes ambitions; dans ses
Voix de la montagne, elle se contente de noter des paysages, des lé-
gendes alpestres, beaucoup d'inutilités et un certain nombre de
chansons qui doivent être charmantes en musique.
Anthologies. Recueils. — 35. — L' Antologia procenzale^de M. E.
Portai, est une preuve éclatante et nouvelle de l'attention apportée,
au-delà de nos frontières, à notre littérature félibréenne. 11 y a peut-
être trop de choses dans ce recueil; mais c'est un vaste répertoire qui
fournit bien des morceaux oubliés et introuvables et qui rendra,
même aux Français, de notables services. Ajoutons que l'auteur s'est
documenté auprès d'autorités sérieuses : Paul Roman, Esticu, Per-
bosc. On regrette seulement que les biographies des auteurs cités
soient séparées de cet excellent volume.
36. — Nous n'avons pas à revenir ici sur la discussion élevée au-
tour des Œuvres inconnues de Racine, découvertes par M. l'abbc Bon-
net à Saint-Pétersbourg. Ces paraphrases des Psaumes, attribuées
jusqu'ici à Eustache Lo Noble, sont-eUes de Racine? M. Bonnet
— 123 —
semble l'établir par la qualité du papier, par l'écriture des corrections,
par d'intéressants rapprochements de style. Quelquefois même, il
veut trop prouver. De ce que Racine a écrit dans Briiannicus :
Dans le fond de ton cœur, je sais que tu me h;iis,
il ne s'ensuit pas que lui seul pouvait écrire dans le psaume XIII :
Le fou, dans le fond de son cœur (p, 155) ;
et de ce que nous trouvons dans Phèdre :
Minos juge aux enfers tous les pâles humain<5,
il n'y a pas à inférer qu'il soit l'auteur de ce vers du même psaume :
Ils traînent le malheur et la pâle tristesse (p. 1561.
Quoi qu'il ensoit, il faut remercier M. l'abbéBonnet de nous avoir
rappelé une œuvre qui aura désormais sa place dans notre grande
poésie religieuse. Certains sonnets — on les a cités déjà un peu par-
tout — sont fort beaux. D'autres sont ordinaires. Par exemple, pour
traduire : Quoniam contiirbata siint ossa /nea, je n'aime pas beau-
coup :
... C''lmez le trouble qui me tue
Et de mes os perclus rassurez les ressorts (p. 5);
Ni, en regard de : Et non est sanitas in carne meâ,
Quand tout mon pauvre corps n'a pas une paT*tie
Où je plisse trouver une ombre de santé (p. 38).
Mais arrêtons-nous; en critiquant Eustache Le Noble, nous pour-
rions avoir l'air de manquer de respect à Racine.
Poèmes en prose. — 37. — Il est difficile de définir les lois des
poèmes en prose : ceux que M. Gabriel Sarrazin a réunis dans la Chan-
son du poète errant ne nous y aideront pas, car leur rythme est presque
insaisissable. Toutefois ce sont de délicates notations poétiques, un
peu brèves, tantôt sur des états psychologiques, tantôt sur des voya-
ges. Remarqué principalement les Châteaux du Roi de Bavière, et
Arles, « fleur de Provence, /ries des Arlésiennes, cité de la beauté
vivante... »
38. — La manière de M. Paul Fort est plus facile à saisir, puisque,
avec force licences, il se contente de rythmes connus, simplement
disposés à la queue leuleu. Nous avons déjà signalé le charme de cette
poésie fantaisiste. Mais pourquoi paraît-elle avec un semblable désor-
dre? La 3® édition d'Ile de France, qui vient de nous arriver est ex-
quise avec ses promenades à Coucy-le-Château, Senlis, Saint-Jean,
aux-Bois, Roissy-en-France, Jouy-en-Josas, etc. Mais pourquoi, tout
à coup, les ballades, quelquefois un peu lestes, de Margot mon page,
viennent-elles rompre l'unité du volume?
— 12'i —
39. — Dans l'Aventure éternelle, c'est encore plus d( ccnceitant : le
recueil comprend le premier livre d'une histoire d'amour, puis des
pages délicieuses consacrées au Gâtinais, pleines de poésie et à,e drô-
lerie, sur Château-Landon, Nargis, le canal du Loing, et les deux
villages inattendus de Mont-cochon et des Pieds-Chauffés : « A qui ne
le sait pas faites-en confidence; j'aime les Pieds-Chauffés; j'aime
aussi Montcochon. « Il faudrait bien classer un peu toute cette pro-
duction luxuriante : mais M. Paul Fort le voudra-t-il jamais?
Critique. ■ — 40. — M. Louis Mandin peut-être pourra nous répon-
dre, lui qui, mieux que personne, connaît les Ballades jrancaises et
leur auteur. Son étude est fort utile à consulter.
41. — Il est difficile d'en dire autant du Nouvel Essai sur Vinten-
sisme en poésie, où M. Charles de Saint- Cyr emploie bien des pages
et un mot nouveau pour remuer de vieilles idées. Il a raison de ne
pas se laisser éblouir par M. Rostand ni par M. Fernand Gregh; mais
Leconte de Lisle a écrit le Manchy et non le Manchez (p. 49) et l' Al-
batros, de Baudelaire, n'est pas un sonnet.
42. — Les Mélanges de linguistique provençale, de M. F -N. Nicol-
let, renferment sur « le provençal d'Arles au xiii^ siècle » des rensei-
gnements intéressants pour la littérature félibréenne et l'œuvre de
Mistral
IL Théâtre. — 1. — H y a des sujets dans l'air que plusieurs au-
teurs traitent simultanément. L'An Mille est de ce nombre. Le drame
que M. Victor Kinon a composé sur ce thème ne ressemble guère,
d'ailleurs, à celui que M. Maurice Magre fit exécuter, l'été dernier,
à Albi et à Toulouse. C'est une sorte de formidable mélodrame, qui
oscille entre les Burgraves et la Princesse Maleine de Maeterlinck :
cinq actes épouvantables de fureur, d'orgie et de démence. Le grand
défaut de cette pièce, c'est de s'achever comme la réelle fin du monde;
à ce point de vue, le dénouement de M. Maurice Magre, qui nous mon-
tre les hommes sortant de leur terreur et reprenant goût à la vie, est
bien plus exact et saisissant. Mais, malgré tout, malgré des situations
d'une invraisemblance exaspérée et un style emphatique et boursouflé,
cet An Mille de M. Kinon a de la puissance, de la grandeur, et produi-
rait certainement un effet impressionnant sur la scène.
2. — Dans une note plus mesurée, le Théâtre chrétien de M. Paul
Janot se recommande tout spécialement à notre attention. Il ne
s'agit pas du tout des habituelles pièces de patronage, mais de véri-
tables drames, mystères, comédies, employant les vrais moyens du
théâtre à la diffusion des idées patriotiques et religieuses. Nous
applaudissons au succès à' Au Clocher qui fut représenté à Paris, en
juin dernier; mais le volume contient d'autres œuvres au moins aussi
remarquables : Magnificat, émouvant épisode de l'expulsion des con-
— 125 —
grégations; CAec Pilate, excellente satire dans la manière de Courte-
line, et qui ne comprend que des rôles d'hommes; enfin l'Ange de
Noël, une sorte de délicieux « miracle, » moderne et archaïque à la
fois, qui est un vrai petit chef-d'œuvre et au sujet duquel M. Maurice
Barrés a écrit à l'auteur : « Votre affabulation est d'une imagination
rare, poétique, qui m'a rappelé certaines fables religieuses du moyen
âge, ces charmants contes de la Vierge, où l'on voit des personnages
de la plus noble qualité se dévouer au service de Notre-Dame. »
3. — La Babel, de M. Adolphe Môny, fait aussi partie d'une série;
mais elle appartient au genre tout différent des énormes tragédies
dont les théâtres de plein air ont donné le goût. Ingénieur des mines,
médecin, oculiste, sculpteur, alpiniste, M. Môny a beaucoup travaillé,
jusqu'à l'âge de quatre-vingts ans. Il est douteux cependant que ses
pièces de théâtre, injouées, conservent sa mémoire.
4. — Encore du théâtre imprimé, après de vaines attentes chez les
directeurs, que : La Peine de vivre et Châtiment. M. Êrnile Pierret, leur
auteur, qui se lamente avec raison sur la décadence de notre art dra-
matique, semble croire que M. Paul Bourget n'a dii qu'à son grand
nom d'imposer sur le Boulevard des œuvres comme la Barricade. Il y
a là une petite exagération. La Barricade' peut offrir des tendances
discutables : elle n'en est pas moins, surtout dans ses trois premiers
actes, un drame supérieurement agencé et dialogué, alors que les
pièces de M. Pierret se font remarquer soit par leur décousu, soit par
leur inexpérience. On a rendu service à leur auteur, qui peut être un
probe écrivain et un excellent moraliste, en ne les exposant pas aux
feux de la rampe.
5. — Serait-il prudent de tenter cette épreuve avec VOtage, de M.
Paul Claudel? On me pardonnera d'en douter. Je ne méconnais point
le grand talent de Paul Claudel et je crois que, de tous ses drames
symboliques, VOtage est le plus compréhensible. Toutefois, cette
pièce philosophique, politique et religieuse, qui se déroule entre
l'ancien régime, la société nouvelle, la France, l'Église et la foi,
sous les personnages du Pape Pie VII, du curé Badilon, de Sygne de
Coûfontaine, de son oncle le vicomte Ulysse -Agénor- Georges de Coû-
fontaine et Dormant, et du baron puis comte Toussaint Turelure,
préfet de la Marne puis de la Seine, agite de trop formidables pro-
blèmes, sous son style tout en versets comme l'Apocalypse, pour
qu'un public, même très éclairé, puisse, au vol, en pénétrer le sens.
Contentons-nous donc de lire l'Otage dans sa superbe édition ; tâchons
d'en goûter toutes les beautés — quelquefois en nous prenant la tête
à deux mains — et ne regrettons pas que M.Claudel ne dispute aucun
brin de laurier à MM. de Fiers et de Caillavet.
6. — MM. Martin- Valdour et Charles Gallo, eux, ont été joués, et
— 126 —
si ce n'était un dialogue beaucoup trop haché, à l'imitation de Ros-
tand, leur conte en vers : Pendant la croisade, ne ferait pas trop d©
concessions à la triste mode du jour. La place nous manque pour ana-
lyser cet acte très bien agencé, tout à la gloire de la femme française et
à l'exaltation des plus nobles sentiments. Oserai-je noter, en marge^
que l'adjectif pieux compte deux syllabes? C'est le substantif pieu
qui n'en a qu'une.
7. — M. Maurice Obvaint, lui aussi, nous envoie trois petits actes^
représentés à la Comédie -Française et à l'Odéon, s'il vous plaît : La
Champmeslé au camp, la Ballade à Bérengère, l'Apothéose de Musset.
Je ne suis pas très sûr que M. Olivaint ait un sens très profond du
théâtre, de l'intérêt dramatique, mais, en tout cas, c'est un écrivain
maître de sa plume. Il le prouve dansles nombreux poèmes qui accom-
pagnent ses petites pièces et qu'il a groupés sous le titre général de :-
Poèmes de France et d'Algérie. Il y célèbre tout à tour la Normandie,
l'Algérie, ses émotions personnelles et d'aimables fêtes officielles..
Toutefois, ses imitations des poèmes arabes nous laissent un peu rê-
veur :
Ses dents sont un collier de perle? qui repose
Au fond d'un riche, écrin sur de l'ouate rose...
— ... Je ris des yatagans aux hunes bien trempées,
Mais j'ai peur de tes cils, ces mignonnes épées.
Je n'aime pas M. Maurice Olivaint en mamamouchi.
8. — Terminons par le théâtre en plein air, pour nous consoler des
rigueurs de la saison : Le Réveil, de M. Henri Guerlin, a été créé, le
13 août dernier, sur le Théâtre de verdure de Courçay-sur-Indre.
C'est l'histoire, un peu longue, de nos paysans de Touraine, maltraités
et rançonnés par les Anglais, mais peu à peu reprenant courage et
relevant la tête au bruit de l'arrivée de Jeanne d'Arc.Au dernier acte,
on entend les trompettes de la sainte Libératrice et le chant du
Vexilla Piegis, qui annonce sa marche triomphale. C'est un beau mo-
ment, mais bien longtemps désiré. îà Armand Praviel.
HISTOIRE, ART ET SCIENCES MILITAIRES
Mémoires du capitaine Bertrand (Grande Jrm'e 1805-1815J, recueillis et pu liés
par le colo.;el Chaland de la Guillanche, son petit-fils, Angers, Siraudcr^.u,
1911, in-8 de 312 p., 5 fr. — 2. Un Héros de la Grande Armée. Jean Gaspard Hulot
de Collart (1780-1854), par le vicomte du Motey. Paris, A. Picard et fils, 1911,
in-8 de xiv-585 p., avec pi. et cartes, 7 fr. 50. — 3. Quatre g/'néraux de la Révo-
lution. 2*^ série. Hoche et Desaix. Kléber et Marceau, par Arthur Chuquet. Paris,
Fontemoing, 1911, in-8 de 47'i p., 7 fr. 50. — 4. Les Levées départementales dans
V Allier sous la Révolution (1791-1796), par le lieut'-co!''' Dulac. T. II. Paris, ,
Plon-Nourrit, 1911, in-8 de 520 p., 7 fr. 50. — 5. ZUich. Masséna en Suisse, par
le capitaine L. Hennequin. Paris et Nancy, Berger- Le vrjiult, 1911, in-8 de xxii-
559 p., 12 fr. — 6. Guerres d'Espagne, Le Prologue. Expédition iu Portugal (1807),
— 127 —
par le licut'-cnb' L. Picaro. Paris, Jouve, 1912, ^r. in-8 de viii-354 p., 5 fr. — v.
De Munich à Vilna, à Vétat-major du corps bavaroi'i de la Grande Armée, en 1812
d'après les papiers du général d' Albignac, par le lieut'-col''' Sauzey. Paris, Cha-
pelot, 1911, gr. in-8 de xxiv-239 p., avec 9 grav. et 9 planches, 7 fr. 50. — 8.
Soldats suisses au service étranger. Aventures de guerre du capitaine C. Gattlen.
Vie et aventures d'un pauvre homme du Toggenbourg (U. Braecker). Correspon-
dance et Journal de A. Massé. Genève, A. Jullien, 1912, in-lG de iv-343 p., 3 fr. 50.
— 9. Les Gardes d'honneur de la Marne, 1813, pr.r François Sagoi. Pari?, Cham'
pion, 1911, in-8 de 167 p., 2 fr. 50. — 10. Lettres de 1793, l^e série. Lettres de 1812,
{re série. lettres de 1815, 1'''= série, par Arthur Chuquet. Paris, Champion, 1911,
3 vol. petit in-8, de 311, 368, et 413 p., chp.(,ue vol., 3 fr. 50.— 11. 1809. Carn.
pagne de Pologne. Vol. T. Documents et matériaux français, par Wladyslaw de
Fedorowic?-. Paris, Plon-Nourrit, 19; 1, in-8 de iv-447 p., 7 fr. 50. — 12. La Vie
militaire du maréchal Ney, duc d'Elchingen, prince de la Moskcwi, par le général
H. Bonn AL. T. II. Paris, Chapelot, 19 il. g. in-8 de 508 p., avec portrait et 18
cartes, 14 fr. — 13. Gands Artilleurs. Le Maréchal Valée, 1773-1846, par Maurice
GiROD, de l'Ain. Paris et Nancy, Berger-Levrault, 1911, ge. in-8 de 495p.,p.vec un
portrait, 2 reprod. de talOeaux et 2 cartons, 12 f. — 14. Clauseivitz, par le colo-
nel Camon. Paris, Chapelot, 1911, in-8 de x-269 p., avec 17 cartes, 4 fr. — 15. Le
Maréchal Pélissier, duc de Malakoff, par le général D :rrécagaix. Paris, Chapelot,
1911, in-8 de viii-635 p., avec 3 pi. et 2 cartes, 10 fr. — 16. Voyage d'hi'iloire
militaire de Mgr le duc d'Orléans en Bohême [août 1910), par le générel Bonnal.
Paris. Nouvelle Li'irairie nationale, 1911, g*., in-8 de 97 p., avec portrait et fac-
similé de lettre autogrp.phe, 3 fr. 50. — 17. La G lene de 1870-71 et le Traité de
Francfort, d'apr." s les derniers documents, par le général Bourelly. Pgris, Penin,
1912, in-16, vii-221 p., 2 fr. 50. — 18. La Bataille de Frceschwlller. Les Préliminaires,
les incertitudes, l'événement, par A. de Metz-Norlat. Pa.is et Nancy, Berger-
Levrault, 1911, in-8 de 124 p., a^vec 2 cartes et un itinéraire du champ de bataille,
2 fr. 50. — 19. Les Surprises de Baalon et de Stenei/ en 1870, par le capitaine Le-
clère. Paris, Charles Lavauzelle, s. d., in-8 de 44 p., 1 fr. — 20. Les Japonais
en Mandckourie, p r le colonel Cordonnier. Paris, Charles Lavauzelle, s. d., in-8
de 286 p., 6 fr. — 21. L' Armée russe au feu pendant la guerre de 1904-1905, par le,,
lieutenant de landwehr Richard ULLRicH;trad. par Raoul deMarsollet. Paiis,
Chapelot, 1911, in-8 de vin-316 p., 6 fr. — 22. Guerre -russo-japonaise, 1904-
1905. Historique rédigé à rétat-mijor général russe; trp,d. sous la direction du
2*' bureau de l'état-m'ijor de l'armée française. T. II", 1'^ et 2« parties. Paris,
Chapelot, 1911, 2 vol. ensemble ix-932 p., avec atlas, 45 fr. — 23. La Guerre avec-
le Japon. Drclaralions nécessaires. Réponse à l'ouvrage du général Kouropat-kine,
par le comte Witte; trad. de E. Duchesne. Paris et Nancy, Berger-Levrault,
19; 1, ia-8 de vii-77 p., 2 fr. 50. — 24. Campagne de 1908-1909 en Chaouïa, par le
général d'Amade. Paris, Chp,pelot, 1912, in-8 de vi-393 p., avec 44 cartes et cro-
quis dont 33 hors texte et 20 photos hors texte, 7 fr. 50. — 25. Documentas ine-
ditos para la historia de Mexico. J Mémoriat del rorone/ Manuel Maria GiménEZ,
ayiidante de campo del gênerai Santa Anna (179o-1878). II. La Cooperacion de
Mexico en la independencia de Centra America, por el gênerai Vicente Filisola.
1. I et IJ, publicados por Geina ;o Garcia. Mexico, Vda. Bouret, 1911, 3 vol. petit
in-8 de 286, 327 et 340 p., 15 fr. — 26. L.es Grandes Marches d'année, par le gé-
néral H. BoNNAL. Paris, Chapelot, 1911, in-8 de 65 p., 1 fr. 50. — 21. L'Économie des
forces à la bataille de Ligny, par le commandant Bourguet. Paris, Charles- Lavau-
zelle, s. d., in-8 de 32 {)., 0 fr. 75. — 28. L?s Grands Espions. J^ur histoire, par
Paul et Suzanne Lanoir. T. I. Paris, FicKer, 1911, in-16 de 335 p., 3 fr. 50. —
29. Paroles d'un soldat, par le général Bruneau. Paris, Charles-Lavauzelle, s. d.,
in-16 de 304 p., 3 fr. 50. — 30. Le Devoir militaire, par le com* J.-A. Ordioni.
Pi-ris, H. Paulin, 1911, in-18 de 56 p., 1 fr. 25. — 31. Syndicats d'officiers, par
PoBERT DE Boiseleury, Paris, Nouvelle Liîjrairie nationale, s d., in-18 de 71 p.,
0 fr. 75. — 32. Ca-.'alerie Procédés techniques: la cavalerie dans l'ensemble de l'ar-
mée, la cavrlerie dans la bmaillc, ^îw le C^\>iU\'me Loir. Pari?, Chapelot, 1912, in-S
de x-'iOl p., aA'ec nom')r. croquis et 12 certes, 9 fr. — 33. L'Infanterie -i la guerre.
par le capitaine A. Balédent. Paris, Chapelot, 1911, in-8 de xxiv-202 p.. avec
_ 12>^ —
3 cartes, 5 fr. — 3'i. La Tyrannie de Varm^. à feu, par le capitaine Ltnarès. P; -
ris, Ch-îpelot, J91 1, in-8 de ix-'l p., 1 fr. 50. — 35. Le Combai sous bois H les com-
pagnies foresii'Tes, par Lucien Chancerel. Paris, Charles-Lavauzelle, s. d.,
in-8 de 104 p., 2 fr. 50. — 36. Combinaison des efforts de r infanterie et de l'artillerie
dans le combat, par le commandant Niessel. 2<; éd. Paris, Charles-Lavauzelle,
s. d., in-8 de 68 p., 1 fr. 25. — 37. Une Conférence anglaise sur la liaison des
armes, p?r le brigadier gôn'^ral R.-C.-B. Haki^c; trad. de l'anglais par le colonel
d'artillerie Dubois. Pnris, Charles-Lavauzelle, s. d., in-8 de. 6C p., 1 fr. 25. —
38. Infanterie et artillerie en liaison, par le lieutenant-colonel Thomas de C.olli-
GNY. Paris, Charles-Lavauzelle, s. d., in-8 de 126 p., 2 fr. 50. — 39. Dans quelle
mesure l'infanterie peut-elle compter sur l'artillerie pour appuyer son attaque? par
le colonel Lalubin. Paris, Charles-Lavauzelle, s. d., in-8 de 168 p., 3 ''r, rj(». — 40,
Infanterie française et artillerie allemande, par le commandant Gascouin, Paris,
Charles-Lavauzelle, s. d., in-8 de 152 p., 3 fr. — 41. yl i? C tactique, par le
génc;ral Crémer. Paris, Charles-Lavauzelle, 1911, in-16 de 72 p., 1 fr. 50, — 42.
Emplois civils et militaires réservés aux engagés et rengagés. Paris, Charles-Lavau-
zelle, 1911, in-8 de 326 p., 2 fr. 50. — 43. La Menace prussienne. La Riposte,
par le lieutenant Hayem. Paris, r.hnrles-Lavauzelle, s. d., gr. in-8 de 48 p.,
1 fr. g;ï?/- - r • ^"^ "~ ■
1. — Nous l'avons dit à différentes reprises ici même : on n'aurait
jamais cru, il y a encore un demi-siècle, que ces soldats du premier
Empire, qu'on entrevoyait, à cette époque, seulement comme des
traîneurs de sabre assez frustes, eussent compté un aussi grand nom-
bre d'esprits délicats, primesautiers même, quelques-uns fins lettrés,
qui aimaient à noter, dans leurs soirées de bivouac, les détails delà
vie aventureuse qu'ils avaient vécue dans la journée. C'est une réfle-
xion qui nous venait encore une fois à la pensée, en lisant les Mémoires
du capitaine Bertrand, que vient de faire paraître son petit-fils, le
colonel Chaland de la Guillanche. Ces Mémoires, par leur intérêt, la va-
leur des détails sont appelés à prendre un place honorable à côté
des Souvenirs de Marbot, de Thiébault, Noël, Gonneville, Saint-Cha-
mans, etc., etc. Bertrand, entré dans l'armée quinze jours avant
Austerlitz, y demeure jusqu'à la fin de l'Empire et met ces dix années
à conquérir ses épaulettes de sous-lieutenant. Mais, comme il n'est
nommé que quinze jours après la bataille de Waterloo par le géné-
ral Rapp, et au nom de Bonaparte, le gouvernement royal n'a guère
la possibilité de le confirmer dans ce grade. Licencié le 1^^ novembre
1815, Bertrand, qui a la passion de son métier, tient à rentrer de n'im-
porte quelle façon, dans l'armée, et c'est ainsi que nous le voyons en
mars 1816, contracter un engagement comme simple fusilier au 1^'
régiment d'infanterie de la garde royale. Sous-lieutenant en 1825,
lieutenant en 1830, capitaine en 1836, il prit sa retraite trois ans
après et mourut en 1864 ayant, pendant 70 ans, mené une vie d'hon-
neur et de loyauté. Le colonel de la Guillanche a bien fait de remettre
en lumière la figure de ce vieux soldat, dont les souvenirs consti-
tuent une contribution intéressante à l'histoire du premier Empire.
2. — Le nom de Hulot n'est pas inconnu à quiconque s'occupe de
— 12L> —
l'histoire du premier Empire, les Mémoires du général Hulot, parus
jadis, dans le Spectateur militaire, autant qu'il nous en souvient,
constituent sur la période impériale un document de valeur. Le
Hulot dont nous parle aujourd'hui le vicomte du Motey n'est pas
l'auteur des Mémoires, mais son frère dit Hulot de Collart, personnage
de moindre envergure que le précédent, néanmoins aussi intéressant,
peut-être même plus intéressant à d'autres points de vue. Élève de
l'École polytechnique en 1796, capitaine d'artillerie à 27 ans, chef
de bataillon à 33 (1813), Hulot de Collart eût pu atteindre aux^plus
hauts grades de la hiérarchie militaire si l'Empire avait duré. Mais les
événements de 1814 vinrent mettre à néant les espérances du jeune
officier et ce fut ainsi qu'il fut amené à prendre sa retraite en 1830,
comme lieutenant-colonel, s'étant trouvé, par la force inéluctable des
événements, cristallisé dans ce grade pendant un peu plus de seize
années. C'est à l'aide des lettres éci-ites par Hulot de Collart et en les
donnant la plupart du temps in-extenso, que M. du Motey a recons-
titué cette existence mouvementée du vaillant soldat qui fut à la fois
un chrétien et un royaliste convaincu. On lira avec intérêt ce
livre rempli de détails, de renseignements inédits sur les campagnes
du premier Empire. A ce dernier point de vue, le travail de M. du
Motey : Un Héros de la Grande Armée, Jean Gaspard Hulot de Collart
dépasse le cadre d'une simple biographie; c'est en somme une étude
d'intérêt général qu'on devra nécessairement consulter pour l'his-
toire des campagnes napoléoniennes.
3. — Dans son livre : Quatre généraux de la Ré^^ohition : Hoche et
Desaix, Kléber et Marceau, M. Chuquet a réuni environ six cents
lettres ou documents divers concernant les généraux dont les noms
sont inscrits au frontispice du volume. Certaines de ces lettres étaient
déjà connues mais les chercheurs seront bien aisés de les trouver
groupées ici. Recueil intéressant et qui pourra rendre service aux
écrivains s'occupant de la période révolutionnaire.
4. — Les Levées départementales dans V Allier sous la Révolution
de M. le colonel Dulac, constituent un très utile document
pour l'histoire militaire de la période révolutionnaire, à ses débuts
surtout. Sans doute on pourrait penser tout d'abord que ce travail
qui apparaît seulement comme une série de pièces détachées
comme un répertoire de noms, de lettres, de fragments, de Mémoires
ou de Souvenirs divers, n'a d'intérêt qu'au point de vue de l'histoire
locale. En réalité, une étude plus attentive de cette étude témoigne
qu'il y a là autre chose qu'une histoire de clocher. Quantité de faits
mis au jour par M. Dulac jettent une lumière très vive et très nette
sur certains points controversés de la question des volontaires sous
la Révolution. A ce point de vue, la valeur de cette publication
FÉVRIER 1912 T. CXXIV. 9.
— 130 —
s'affirme comme mie de celles dont les historiens devront désorinai»
tenir compte.
5. — Si Masséna fut, au point de vue moral, le personnage sujet à
caution que l'on sait, le « déprédateur intrépide » dont parlait Napo-
léon à Sainte- Hélène, il fut, tout de même, le soldat audacieux et
heureux qui a inscrit dans les fastes militairesdenotrearméequelques
journées glorieuses. Parmi ces dernières, celles des 24 et25 septembre
1799, les grandes journées de Zurich, demeurent parmi les mémora-
bles, puisque, du même coup, le futur duc de Rivoli non seulement
'nfligeait à Korsakov une sanglante défaite, contraignait Souvorov
à une désastreuse retraite sur les Grisons, mais forçait encore la
Russie à se retirer de la deuxième coalition. En dépit de l'intérêt que
présentent de tels événements, il ne paraît pas, à l'examen de la
bibliographie d'origine et de langue françaises, que cette campagne
eût éveillé im très vif sentiment de curiosité dans notre pays et c'pst
pour combler cette lacune que M. le capitaine L. Hennequin vient de
reprendre le sujet. Son travail Zurich. Masséna en Suisse (juillet-
octobre 1799) est l'étude la plus complète que nous ayons encore lue
sur la matière.
6. — M. le colonel L. Picard commence, chez Jouve, une histoire
des Guerres d'Espagne sous le premier Empire et nous donne aujour-
d'hui le Prologue de cette désastreuse équipée, V Expédition du Portu-
gcd. (Pourquoi du Portugal et non de Portugal. Est-ce que Ton dit
l'Expédition de /a Russie, l'Expédition (Ze /a Chine?). Nous signalons
ce travail comme ime étude intéressante, mais qui devra être examinée
de près par la critique. Surtout après les jugements sévères publiés
par l'écrivain dans sa préface sur la valeur des historiens en général,
sur ceux qui l'ont précédé, on serait en droit d'espérer qu'il fera
beaucoup mieux. Or, nous avons été surpris de voir qu'à diverses
reprises M. le colonel Picard se départ du calme, de la sérénité indis-
pensables à l'historien. Quand il nous parle, par exemple (p. 105), du
'( nombre incalculable de victimes sacrifiées par Torquemada », on
se demande si cette assertion, à propos d'une légende dont la critique
historique a laissé fort peu de chose debout, est bien à sa place dans
une histoire de V Expédition de Portugal en 1807. Quoiqu'il en soit, le
travail de M. L. Picard est, nous le répétons, une œuvre consciencieuse
et d'une valeur certaine; nous attendrons l'apparition des volumes
suivants pour l'étudier plus en détail.
7. — De Munich à Vilna, en 1812, de M. le lieutenant-colonel Sau-
zey, est l'histoire du corps bavarois de la Grande Armée pendant la
campagne de Russie. Cette étude, écrite presque entièrement avec les
papiers du général d'Albignac, chef d'état-major au 6"^ corps, sera
sans doute suivie d'une seconde partie, puisque le présent volume ne
— I>31' —
nous conduit pas au-delà du 15 juillet. — M. Sauzey ne peut laisser
son œuvre inachevée et nous aimerions à le voir nous dire ce que
firent les Bavarois dkns la deuxièhie partie de 1^' campagne, notam^
ment à Polotzk. Comme le dit l'auteur avec justesse, le soldat' bava-
rois du premier Empire est tellement français de cœur qu'il nous
intéresse plus qu'aucun de nos alliés de cette époque : l'infamie d'un
de Wrède ne doit pas nous faire oublier cette vérité.
8. — La collection des Soldats suisses au service étranger, commencée
il y a trois ans par l'éditeur .JuUien, de Genève, vient de s'enrichir
d'un nouveau volume consacré aux Aventures de guerre du capitaine C.
Gattlen, à la Vie et aventures d'un pauvre homme du Toggenbourg
(U. Braeker), enfin à la Correspondance et journal de A. Massé. Les
souvenirs de Gattlen et ceux de U. Bfaeker, « le pauvre homme du
Toggenbourg, » ont paru jadis en allemand, et c'est la première fois;
croyons-nous, qu'on en donne une version française. Des Mémoires
de Gattlen nous dirons peu de chose, sinon, que sans avoir une
valeur historique notable et quoique on puisse même, à propos de
Marengo par exemple, y signaler quelques erreurs, ils demeurent
cependant intéressants à lire et pleins d'aperçus curieux sur la vie
militaire dans les armées dé cette époque. Mais le récit capital de ce
volume, c'est la narration de Braeker, que son charme, sa couleur,
son pittoresque désignent comme un vrai bijou littéraire. Ce « pauvre
homme du Toggenbourg » est réellement un pauvre diable qu'un offi-
cier recruteur prussien, peu scrupuleux, enrôle, sans qu'il s'en doute,
au compte de son maître, le vieux Frédéric, qu'il conduit faUacieuse-
ment à Berlin, et qu'il enrégimente de force malgré toutes les protes-
tations du malheureux « volontaire ». Les misères de la vie militaire
dans les troupes du grand Frédéric sont décrites là, avec une intensité
de couleur et de sentiment véritablement frappante. Le départ de
l'armée pour la campagne de 1756, les réflexions des soldats à ce su-
jet, les détails sur l'existence en marche, sur les bivouacs, lanarration
de la bataille de Lowositz, etc., constituent autant de tableaux déli-
cieusement rendus. La troisième partie du nouveau volume de Sol-
dats suisses comprend la Correspondance et le journal, de A. Massé,
documents que M. F. B. a intitulés: Journal et lettres d'un garde d'hon-
neur. M. F. B. est l'écrivain auquel M. JuUien a confié la tâche de
nous présenter, dans une Introduction sommaire, la personnalité de
l'auteur du Journal, et nous voyons danfe cette notice qu'Amédée
Massé était né en 1785, ce à quoi nous ne contredisons pas. Là où
nous nous insurgeons, c'est quand le même biographe ajoute qu'en
<f 1811, le jeune homme fut désigné pour être incorporé daiisle 4® ré-
giment de Gardes d'honneur, cette cohorte de recrues nobles
que Napoléon levait alors dans ses États-. » — Il y a là une erreur
— 132 — :
certaine, les 4 régiments de gardes d'honneur ayant étt cif.s seule-
ment par senatus-consulte du 3 ûvtjV 1813. Ces régiments, quine
furent jamais complètement organisés, ne parurent aux armées que
par fractions détachées,tout à fait à la fin de la campagne et quelques-
uns seulement en 1814. Au 3 avril 1813, Amédée Massé, qui était
accrédité comme secrétaire civil près du général Bertrand en lUj-rie,
depuis le mois de f écrier 1812, avait suivi son général en Allemagne
et passa là tout le reste de la campagne. On ne voit donc pas com-
ment le préfet du Léman aurait pu l'inscrire parmi les gardes d'hon-
neur de son département. S'il y eut im Massé sur les listes du préfet,
c'aura vraisemblablement été son frère, ce frère dont il dit dans une
lettre à son père, datée de Laybach, 15 avril 1813 : « M. de
Chabrol m'a parlé des nouvelles demandes et levées que l'on fait en
France des fils des familles les plus imposées.... je suis fort inquiet
pour mon frère (p. 226). >' Ces réflexions au sujet de la situation d' Amé-
dée Massé, en 1813, n'enlèvent rien à la valeur de sa correspondance
et de son Journal qui nous fournissent de précieux détails sur les dix
demières années de TEmpire, en particulier sur la situation des pro-
vinces illyrieimes, à cette époque. En somme, ce quatrième volume de
Soldats suisses au service étranger a tout lintérèt de ses aînés; il
est à souhaiter que l'éditeur continue cette excellente collection.
9. — Nous venons de voir que Amédée Massé ne put jamais comp-
ter parmi les gardes d'honneur. C'est précisément de cette troupe
d't lite, spécialement du 2^ régiment, que nous parle M. François Sa-
got dans son attachante étude : Les Gardes d'honneur de la Marne
en 1813. Il y a dans cette brochure de très curieux détails sur les dif-
ficultés qu'eurent à vaincre les préfets pom* amver à remplir les
cadres des nouveaux corps dont l'Empereur confiait tout spéciale-
ment la constitution à leur solhcitude. Mais tous les préfets n'avaient
pas l'habileté de M. de Jessaint, et certains, sentant craquer
l'édifice impérial, n'apportèrent pas à l'œuvre à laquelle on les con-
viait tout le zèle désirable. C'est ce qui explique comment cette
conception n'aboutit jamais. Eùt-eUe abouti, d'ailleurs, elle n'était
plus à même de sauver l'Empire.
10. — Nous avons parlé mi peu phis haut de lettres de Kleber, de
Marceau, etc., publiées par M. Arthur Chuquet. Le laborieux et infa-
tigable historien pubhe trois autres volumes de correspondances, ayant
trait à des sujets divers, dues à des écrivains très différents et se
Jéférant aux années 1792, 1812, 1815. On trouvera dans ce répertoire
(qui sera continué) d'intéressantes pages, dont beaucoup sont iné-
dites ou tout au moins peu connues. Les Lettres de 1815 nous ont paru
spécialement curieuses.
11. — La campagne de 1809, quand on en parle en France et même
oo
ailleurs, Autriche comprise, c'est Essling et Wagram. Peu de gens
savent qu'il y eut, cette même année, en Pologne, une campagne
qui, pour avoir été moins brillante que celle menée sur les bords du
Danube, présenta cependant un* vif intérêt, et c'est pour combler cette
lacune historique que M. le sénateur autrichien Wladyslaw de Fedo-
rowicz publie aujourd'hui le volume : 1809. Campagne de Pologne.
L'écrivain a réuni dans ce premier volume uniquement des docu-
ments de langue française; nous aurons les documents allemands
dans mi second volume et, dans un tome troisième, nous trouverons
lee textes en autres langues avec un résumé historique en français.
Nous avons lu avec intérêt ces documents et le sujet traité nous a
paru bien réellement neuf. C'est à désespérer de connaître jamais à
fond cette période napoléonienne, dans laquelle, chaque jour, les
chercheurs rencontrent quelque dessous inexploré.
12. — Nous avons présenté naguère à nos lecteurs le tome I^^ de
la Fz'e militaire du maréchal .Vf//, par M. le général II. Bonnal. Signa-
lons-^eur, sans tarder, l'apparition du deuxième volume de cette
étude, qui va de mars 1802 (c'est-à-dire de la signature de la paix
d'Amiens) au 18 juillet 1807. Comme nous le remarquions à propos
du précédent volume, l'étude du général Bonnal va très au-delà
de ce que nous annonce le titre, et cette Vie militaire du maréchal Ney
est presque une histoire complète des guerres du premier Empire. Les
lecteurs no s'en plaindront pas.
13. — AL Maurice Girod de l'Ain vient de consacrer au Marcchal
Volée, qui fut comme Ney un soldat du premier Empire, vne notice
très complète, peut être im peu touffue pour la taille du sujet. Effecti-
vement, la partie du travail consacrée au Valée de la période impé-
riale est relativement écourtée; celle qui parle de la Restauration tient
en dix pages, et tout le reste du volume est relatif à la carrière du
maréchal en Algérie. Ce travail considérable est bi?a plutôt une his-
toire de la conquête nord-africaine que l'histoire d'un homme, mais,
tel qu'il est, il offre un très grand intérêt. Toutefois, l'ouvrage aurait
gagné à être élagué de quelques paqes de correspondances qui eussent
figuré plus avantageusement dans des annexe . Nous estimons qu'une
telle modification faciliterait singulièrement la lecture de cette étude
consciencieuse. \ .- tL'^r.^'^^
14. — Le Clausewitz de M. le col niel Camon n'est pas, comme on
pourrait le supposer, un':" étud> biogî'aphique C'est moins l'homme
que l'écrivain militaire o\, le penseur dont -'occupe, dans ces pages,
M. Cimon, et la thèse qu'il développe ne sera pas tout d'abord sans
urprendre, c'est à savoir que « Cl lusewitz n'a pas saisi l'essence même
du système de guerre de Napoléon, pas plu? que c 11 > de son système
de bataille.» L'accusati -n est formelle, comm^ on voit. Il ne nous
— 134 —
scnitle |")cS que M. CeniQH en ait ('tabli entièitment le bien fondée
pourtai t, nous pn levons qu'en ce sujet délicat nos lecteurs exami-
nent par eux-mi mes le litige et nous les .rej. voyons au Clansewitz .en
questi n. «
15. — De Clausewitz au maréclial Pélissier la distance parait con-
sidérable. Elle l'est moins cependaait qu'elle le semble à première vue.
Pélissier né en 1794 — quatorze ans seulement après Clau-
sewitz — eut dû être compris dans la levée anticipée de 1813 et prendre
part aux deux dernières campagnes de l'Empire; c'est un premier lieu
qui l'eût rapproché du grand écrivain allemand, lin autre trait de res-
semblance, c'est que,n"ayant très probablement jamais lu les théories
de Clausewitz, il les appliquait d'instinct avec un tact et une énergie
qu'aucun chef d'armée n'a sans doute possédés depuis Bonaparte. Son
nouveau biographe, M. le général Derrécagaix, qui le connut bien,
ayant été longtemps attaché à sa personne en qualité d'aide de camp,
nous le peint tel qu'il fut, tel qiie nous l'avons connu nous-même : en
apparence, un ours mal léché, ayant, au point de vue militaire, des
qualités géniales, avant tout, une volonté de fer, un entêtement irré-
ductible. Pélissier, en dehors du monde militaire, où il se croyait
obligé d'être rude, souvent grossier, montrait dans les relations de
la vie civile et dans les rapports de société des formes beaucoi^p
plus adoucies. Le général Derrécagaix nous retrace la carrière
entière du général Pélissier, de sa naissance (1794) à sa mort
(1864); mais le Pélissier de l'histoire n'a pas vécu d'aussi
longues années, et c'est son commandement en Orient,
au siège de Sébastopol, qui donnera à sa mémoire l'auréole
du véritable capitaine et du grand chef d'armée. Les
événements de Crimée ont été trop souvent racontés, sont
trop connus, pour qu'au point de vue de la relation môme
des événements, le nouveau biographe ait trouvé de l'inédit à
mettre sous nos yeux. 11 n'en est pas de même sous le rapport
des relations particulières qu'entretint Pélissier avec les Tuile-
ries pendant son séjour devant Sébastopol et on lira, à ce
Bujet, dans le nouyeau volume dont nous parlons, quelques révé-
lations d'un'^ véritable intérêt. Cette nouvelle biographie du Maréchal
Pélissier, par son côté anecdotique aussi bien qu'historique, apparaît
comme un travail à la fois attachant et instructif, qu'il y a lieu de
vulgariser. Sans doute, il ressort de cette lecture une pensée qui
vous suit longtemps encore après qu'on a fermé le livre: comment
un homme aussi bien doué au point de vue de l'esprit et du caractère
a-t-il été aussi sec au point de vue du cœur? Et l'on arrive à constater
qu'en dépit de toutes leurs qualités intellectuelles, de tels êtres sont
pbitôt antipathiques. On ne saurait les ha'i'r, mais il n'est pas pos-
— 135 —
Bible de les aimer. II est vrai qu'un tel regret se manifeste en nous à
propos de bien d'autres personnalités célèbres et notamment des
plus grands hommes de guerre connus. Qu'ont été César, Frédéric,
Napoléon, sinon des violents, des irascibles, deségoïstes? Ces « grands
hommes » honorent-ils davantage l'humanité que « l'honnête homme »
tout court ? il est permis d'en douter.
16. — On a dit souvent que si Pélissier avait vécu en 1870, les évé-
nements de l'Année terrible eussent suivi un autre cours. C'est une
façon de parler; car, à cette date, le duc de Malakoff, déjà fort affaibli
physiquement et moralement en 1864 (l'année desamort), n'eût plus
été capable de nous aider même de ses conseils. Peut-être, cependant,
s'il eût vécu en 1866, eût- il réussi à ouvrir les yeux des conseillers de
Napoléon III et, peut-être aussi,. sa perspicacité eût-elle signalé les
dangers qui, dès cette époque, s'amoncelaient autour de notre pays.M.
le général Donnai, appelé récemment par le duc d'Orléans, à l'accom-
pagner dans sa visite aux champs de bataille de Bohême en 1866, a-t-il
parlé au prince de cette éventualité ? Nous l'ignorons ; mais ill' eût fait sans
doute s'il avait eu l'occasion de lire l'ouvrage du général Derréca-
gaLx. Quoi qu'il en s^oit, la brochure écrite par M. Donnai, à la suite
de ce voyage avec Monseigneur, nous donne le récit des huit journées
qu'a exigées cette excursion. A Podol, Gitchin, Trautenau, Nachod,
Sadowa, le général a eu à exphquer à l'héritier de Henri IV les péri-
péties de cette lutte rapide où sombra l'hégémonie autrichienne en
Allemagne. Cette brochure est intéressante à lire, et il suffira
d'en signaler l'apparition à nos lecteurs.
17 et 18. — De Sadowa à Frœschviller, la transition est facile, car
l'un est le prologue de l'autre, le dernier nom est la conséquence du
premier. Nous signalerons donc, ici ensemble, deux intéressantes étu-
des sur la guerre de 1870-71, Tune de M. le général BoureUy sur la
Guerre de 1870-1871 et le Traité de Francfort,!' axitre consacrée par
M. de Metz-Noblat à laBataillede i^rcesrAw'iZfe/'. Encore que l'on puisse
croire quetout a été dit sur les événements delà guerre franco- allemande,
il est bien certain que nombre de points sont encore à élucider et, pour
s'en convaincre, on n'a qu'à lire les deux travaux de MM. Dourelly et
Metz-Noblat. De telles contributions historiques ne redresseraient- elles
qu'un petit nombre d'erreurs, elles demeurent utiles et doivent être
encouragées. C'est dans cet esprit qu'elles seront accueillies favora-
blement par le public, . ^
19. — Nous parlerons en mêmes termes du travail de M. le capi-
taine Leclère sur les Surprimes de Bojalon et de Stenay en 1870. Nous
avons nous-même raconté jadis ces deux coups de main, qui réussi-
rent davantage grâce à l'entrain des jeunes officiers qui y prirent part
que par '.uitede l'habileté des dispositions prises. Quoi qu'il en soit.
— 136 --
ils réussirent et, sans avoir eu do grandes conséquences, on peut avec
quelque raison les rappeler au souvenir des générations présentes.
Elles verront dans ce petit livre la preuve qu'à la guerre l'audace
est presque toujours couronnée par le succès. Ce n'est pas une vé-
rité nouvelle, mais elle est de celles qu'il convient de rappeler.
20, 21, 22 et 23. — Nous parlerons ici, en même temps, de quatre
ouvrages qui, en des modes variés, sur des tons divers, mais avec
ime valeur à peu près égale, traitent du même sujet : l'étude de M. le
colonel Cordonnier sur les Japonais en Mandchoiirie, celle du lieute-
nant de landwehr allemand R. Ullrich : L'Armée russe au feu pendant
la guerre de 1904-1905, la relation officielle de cette même
guerre par l' état-major russe : Guerre russo-japonaise dont
la traduction paraît chez Chapelot au fur et à mesure qu'on
l"imprime à Saint-Pétersbourg, enfin une brochure à sensa-
tion: La Guerre avec le Japon, écrite par le comte Witte, ancien
ministre des finances de Russie, en réponse à la relation
des événements militaires rédigée et publiée par le général
Kouropatkine. M. Cordonnier, dans les Japonais en Mand-
chourie, laisse de côté les détails pour aborder les conditions
politiques dans lesquelles éclatala guerre del904, pour déter-
miner de quelle façon furent arrêtés, des deux côtés, les plans
de campagne, pour envisager avec quelles chances de succès s'abor-
daient, à priori , les adversaires. Point de vue élevé, traité par
l'écrivain avec compétence et connaissance de son sujet.
— Au contraire du colonel Cordonnier, M. le lieutenant Ullrich
s'en tient surtout au détail, au détail des choses qu'il a vues,
des engagements auxquels il a assisté, car cet officier allemand
prit part, en amateur, à la guerre de Mandchourie, notamment à la
bataille de Sandepu, à celle de Moukden, à celle d'Ingoa, etc. Ces
remarques sur la tactique de l'infanterie russe ont donc l'éminent
avantage 'd'avoir été notées sur place, d'avoir été vues et pour ainsi
dire vécues. C'est un document de première main. — ^Très intéressante
également, « quoique » ou peut-être « parce que » ayant la tournure
d'un pamphlet, la brochure du comte Witte. Cette brochure, où le gé-
néral Kouropatkine est fort malmené, avait d'abord été interdite en
Russie, mais l'interdiction a, paraît-il, été récemment levée. Elle
nous signale des faiblesses de commandement, d'organisation,
d'administration que nous connaissions déjà. Puissent nos amis et
alliés profiter de tels conseils, de pareilles révélations ! —
Il nous reste à dire quelques mots de la relation de la guerre de
Mandchourie rédigée par l'état-major russe. Nous avons examiné, en
son temps, la valeur du premier volume ; les tomes récemment parus
nous ont semblé avoir le même mérite que leur aîné. Ces
— 137 -^
nouveaux venus nous parlent des opérations dans la région
de Lyaoyang, c'est-à-dire de la situation au milieu de juillet 1904,
des combats de ce môme mois de juillet, de la suspension des
opérations pendant la saison des pluies, de la reprise des hostilités
(10-23 août) jusqu'à la concentration de l'armée sous Lyaoyang (16-
29 août), enfin de la bataille elle-même. Toute la série des mouve-
ments des troupes est traitée, dans ces deux volumes, avec les minu-
tieux détails qui seuls permettent de tirer de tels événements les
leçons pratiques qu'ils comportent. Quiconque veut apprendre, veut
comprendre l'immensité, l'infini des combinaisons, des opérations,
des détails qu'exige la conduite des armées modernes aura une idée
d'ensemble assez juste de ce gigantesque problème en lisant l'ouvi'age
dont nous parlons. Et en voyant nos généraux modernes placés du
jour au lendemain et presque sans préparation à la tête de masses
d'un demi-million d'hommes, l'on songe, pensif et peu rassuré, au
mot de Napoléon : « Il n'y a que moi et Davout qui puissions conduire
une armée de cent mille hommes » 1
24. — La Campagne de 1908-1909 en Chaoaïa, publiée chez Chape-
lot, est le titre du gros rapport publié par le général d'Amade sur ses
opérations au Maroc. La première partie de ce travail contient, outre
de nombreux détails sur la topographie du pays, sur les mœurs des
habitants, un exposé des opérations militaires de janvier 1908 à l'af-
faire d'Azemmour en juillet 1909. On lira avec intérêt le récit détaiUé
des engagements de Dar-Kseibat et Zaouïet-el-Mekki qui donnent
une idée exacte du genre de combats que nous eûmes à soutenir con-
tre les tribus hostiles. On trouvera dans la deuxième partie un résumé
des précautions prises en Chaouïa pendant l'expédition d'Abd-el-
Aziz vers Marrakech; enfin, encore à la troisième partie, l'auteur du
rapport passe en revue les particularités relatives aux combattants
en présence, Marocains et troupes françaises, et il développe les en-
seignements tactiques que doivent tirer les différents armes de notre
expédition. A signaler les nombreux croquis, cartes, gravures, repro-
ductions de photographies prisesau cours des opérations, illustration
qui donne à l'œuvre un cachet pittoresque et artistique très sen-
sible.
25. — Nous finirons ces notes d'histoire militaire par quelques
mots consacrés à trois nouveaux volumes qui continuent la collec-
tion des Documentos ineditos o muy raros para la historia de Mexico
dont M. Genaro Garcia, l'érudit directeur du Museo nacional de
Mexico, a entrepris la publication. Le premier, qui porte dans la collec-
tion le no 34, nous fait connaître les Mémoires du colonel Manuel Ma-
ria Giménez; les deux suivants (n^^ 35 et 36) sont consacrés à la corres-
pondance et aux souvenirs du général Vicente Filisola, sous le titre :
— 138 —
t
La Cooperaciôn de Mexico en la independencia de Mexico. Nous avons
dit déjà le mérite littéraire et historique de cette collection et com-
bien s'honorait le gouvernement mexicain en accordant son appui,
tout au moins moral, à cette entreprise. C'est donc avec une surprise
pénible que nous avons appris que, par suite des troubles politiques
qui bouleversent depuis quelques mois le Mexique, l'œuvre d'érudition
des Docamentos était obligée de suspendre ses publications. Espérons
que cette interruption sera de peu de durée : les érudits de tous le&
pays, en particulier ceux de France, le souhaitent de tout cœur; il
serait désastreux pour la réputation intellectuelle du Mexique
qu'une œu^Te de ce genre, à la fois patriotique etnationale, sombrât
pour de misérables raisons de coterie ou de pobtique.
26 et 27. — Avec V Économie des forces à la bataille de Ligny, de M.
le commandant Bourguet, et surtout avec Us Grandes Marches
d'armée, de M. le général H. Bonnal, nous quittons l' histoire pour
entrer dans la stratégie. M. le commandant Bourguet, qui ne redoute
pas les barbarismes comme « retraiter » pour « battre en retraite »,
estuneque Napoléon donna à Lignydes signes d'égarement intellec-
tuel dénotés par sa conception erronée du plan de Blûcher et celle
peut-être aussi fausse de l'effet que produirait sur la droite prussienne
l'intervention de Ney (corps d'Erlon), quand celui-ci pourrait inter-
venir. Tous les esprits habitués à penser sont d'accord pour dire avec
M. Bourguet que Ligny a été une victoire maigrelet graves défauts
du plan de bataille. Quant à charger Ney de la faute commise par
l'Empereur en le détachant avec des ordres très positifs sur les Qua-
tre-Bras, il semble qu'il y ait là une partialité regrettable. « Exécu-
tez ponctuellement mes ordres, avait jadis écrit Napoléon à Berthier :
«Moi seul sais ce que je veux faire.» Avec de telles instructions et une
telle façon de commander chez Napoléon, on est mal venu à exiger
de ses lieutenants une initiative qu'il était le premier à leur inter-
dire, La responsabilité de Ligny, notamment celle des marches et
contre -marches de d'Erlon, incombe entièrement à l'Empereur,
tout de même que l'inaction de Grouchy le 18 ; l'histoire impartiale
doit le proclamer. — Nous ne dirons qu'un mot des Grandes Marches
d'armée, de ■M. le général Bonnal, qui y réclame la paternité de certains
principes logistiques, notamment le rapport entre rétablissement
des cantrmnemcnts et la capacité de marche des armées. Sujet
compréhensible surtout pour un officier d'état-major.
28- — Les Grands Espions, de MM. Paul et Suzanne Lanoir, nous
retracent l'existence mouvementée de quelques espions plus ou moins
célèbres et classent dans cette catégorie, on ne sait vraiment pour-
quoi, des patriotes comme Apfel et Stabs. Une grande partie dia vo-
lume est consacrée à l'histoire des agents secrets ciui opérèrent autour
— 139 -
de Metz en 1870, surtout au fameux Régnier. En ne suivant pas
l'ordre chronologique, les auteurs ont rendu difficile la lecture
d'une étude qui pourrait être aisée et intéressante. Ce serait un amen-
dement utile pour une deuxième édition ou un second volume.
29. — Les Paroles d'un soldat, de M. le général Bruneau, ont été
inspirées à l'éminent écrivain par la nécessité de montrer aux géné-
rations actuelles la vanité, l'inanité et tout à la fois le danger des théo-
ries antimilitaristes. De telles paroles ont déjà été dites, de telles
maximes ont été déjà prônées, mais il est utile, il est bon qu'un
officier du mérite de M. Bruneau les fasse siennes, leur donne
l'autorité qui s'attache à sa situation militaire. L'honorable général
commence par nous dire la façon dont il comprend l'idée de patrie,
ce qu'est la guerre, ce qu'est l'armée. Puis il s'adresse aux détracteurs
de ces trois pri ne i paux facteurs delà grandeur française, aux Hervé, aux
Jaurès, aux capitaines Moch et Bleibtreu, et montre victorieusement
combien le système des milices, peut-être excellent en des pays comme
la Suisse, serait, en France, tout à fait insuffisant. Un souffle ardent
de patriotisme anime ces pages qu'il serait urgent de répandre et
de vulgariser : une édition populaire à très bas prix rendrait, sous ce
rapport, de grands services. •
30. — Du même genre que le livre du général Bruneau apparaît la
brochure de M. le commandant Ordioni : Le Devoir militaire, conférence
faite aux élèves de l'École normale d'Auxerre le l^^ mai de l'année
dernière. La tâche de l'orateur n'était pas aisée, car, en dépit des
fleurs de rhétorique dont il entourait son discours, il ne pouvait
être sans ignorer combien les théories de l' antimilitarisme ont fait de
progrès parmi les instituteurs de France; il devait donc craindre que
ses auditeurs ne fussent pas toujours en parfaite communion d'idées
avec lui. M. Ordioni n'a eu que plus de mérite à affirmer devant ce
public incertain la grandeur de l'idée de patrie, la nécessité d'une
organisation militaire solide et forte, le danger de l' antimilitarisme,
l'urgence pour les instituteurs de donner aux enfants confiés à leurs
soins une éducation morale les préparant à l'accomplissement du
devoir militaire. Cette petite brochure, imprimée dans un format
commode, est à recommander et à faire lire à la jeunesse.
31. — Syndicats d'officiers ! Tel est le titre d'une brochure dans
laquelle M. Robert de Boisfleury examine si de tels groupements
sont possibles dans l'armée, s'ils sont désirables, s'ils ne se produiront
pas fatalement dans un corps d'officiers désorienté comme le nôtre.
Il conclut par l'affirmative et, acceptant le fait accompli, ou près de
s'accomplir, il recherche la façon dont l'institution nouvelle pourra
être utilisée pour le salut du pays. Tout cela est bien pensé, bien dit,
rempli d'idées justes, nouvelles, qui ne peuvent manquer de fruc-
tifier,
.- 140 -
32. — Avec le livre de M. le capitaine Loir : Cavalerie, nous entrons
définitivement dans la tactique. L'écrivain affirme que l'utilité des
armes à cheval est plus démontrée que jamais, en dépit de la puis-
sance sans cesse croissante du fusil et du canon. Et cette vérité qu'a-
vait entrevue dès 1869 Ardant du Pic, que confirmaient, moins loin
de nous, des écrivains comme les généraux Maillard et Négrier, il
l'établit par de nouveaux arguments, de nouvelles preuves indénia-
bles. Le livre, très étudié, embrasse l'ensemble de toutes les opéra-
tions qui constituent le service de la cavalerie : découverte, marches,
stationnement, la cavalerie dans l'ensemble de l'armée, la cavalerie
avant, pondant, après la bataille. Travail très complet, d'une lec-
ture facile.
33. — Tout différent du précédent volume nous apparaît le travail
de M. le capitaine Balédent : L' Infanterie à la guerre, répertoire d'exer-
cices pour petites unités, avec étude de la carte. L'écrivain s'attache
plus au sens qu'à la lettre même des règlements et sa méthode est
certainement la bonne. Cet ouvrage, plutôt pratique que théorique
en dépit de ses allures didactiques, rendra certainement des services
à nos jeunes officiers.
34. — Bien que tous les officiers «d'infanterie soient aujourd'hui
imbus de l'esprit offensif, M. le capitaine Linarès est persuadé que
le mode d'emploi actuel du feu de mousqueterie paralysera, à leur
insu même, le mouvement en avant. Il l'affirme dans sa brochure :
La Tyrannie de l'arme à feu, et il cherche un moyen de nous soustraire
à cette tyrannie en prônant ce qu'il appelle le « feu défensif ». Beau-
coup d'idées nouvelles, neuves, émanant évidemment d'un esprit
perspicace, que certains traiteront peut-être de paradoxal, mais
dont les audaces nous paraissent fondées.
35. — M. Chancerel, inspecteur des eaux et forêts, vient de publier,
sous le titre : Le Combat sous bois et les compagnies forestières, une
étude dans laquelle il examine la méthode suivant laquelle les mas-
sifs boisés peuvent être utilisés à la guerre soit pour le cheminement
en avant et l'attaque, soit pour le combat défensif et la retraite. Il
nous dit, en outre, de quelle façon les corps actuels de soldats forestiers
pourraient être employés pour de s missions tenant à la spécialité. Nous
voyons là que la question posée par M. Chancerel a été étudiée déjà
par plusieurs de ses confrères, notamment par M. l'inspecteur Por-
tier: elle ne manquera pas d'aboutir, espérons-le tout du moinis, pour
le bien de notre armée. Le livre de M. Chancerel complète heureuse-
ment l'excellente étude du lieutenant Barthélémy : La Manœuvre
en terrain boisé que nous avons étudiée ici l'armée dernière. Il
appelle une fois de plus l'attention des pouvoirs publics sur une
question plus importante que jamais à la guerre, aujourd'hui que le
- 141 —
défilement des troupes pour la marche d'approche est une con-
dition essentielle du succès.
36, 37, 38 et 39. — La liaison des armes sur le champ de bataille,
c'est-à-dire le mutuel soutien, le judicieux appui qu'elles doivent se
prêter l'une à l'autre pour arriver plus rapidement, plus sûrement
au succès, est une des questions qui préoccupe le plus, de nos jours,
les esprits qu'attirent les problèmes de haute tactique. Nous avons
la preuve de cette attraction dans la publication simultanée de qua-
tre études qui, sous des titres différents, avec des arguments divers,
d'après des méthodes varices, traitent de la même question : i° Com-
binaUon des efforts de l'infanterie et de l' artillerie dans le combat, par
le commandant Niessel ; 2° une conférence faite en Angleterre par le
brigadier-général R. C. B. Haking sur la Liaison des armes\ 3° In-
fanterie el artillerie en liaison^ par le lieutenant-colonel Thomas de
Colligny; enfin et 4° une brochure du colonel Lalubin : Dans quelle
mesure l'infanterie peut-elle compter sur l'artillerie pour appuyer son
attaque? Ces quatre travaux méritent à divers points de vue d'être
sérieusement médités, en particulier la conférence du général anglais
qui, par sa hauteur de vues et tout à la fois le côté pratique de son
argumentation, nous a paru. apte à frapper particulièrement le lec-
teur. M. le colonel Dubois, en traduisant ces pages, a rendu un
véritable service à notre armée.
40. — Nous aurions pu rattacher aux quatre brochures dont nous
venons de parler celle du commandant Gascouin: Infanterie française et
ariillerie allemande, car, tn réalité, c'est encore de la liaisondes armes
qu'elle nous entretient. Toutefois, l'écrivain envisage spécialement
le problème au point de vue de la diminution maxima des pertes, et
cette spécialité dans l'objectif nous a amené à traiter son étude à
] art. L'honorable officier cherche de quelle manière une infanterie
assaillante pourra effectuer son attaque, sous le feu d'une artillerie
nombreuse et bien servie, comme le sera sans doute l'artillerie alle-
mande, cela en subissant le minimum de pertes. Et il conclut en assu-
rant que le succès de la bataille dépendra du degré, de l'intensité de
la liaison entre l'infanterie et l'artillerie. Pour arriver au but sou-
haitéàcet égard, M. Gascouin propose que, dans le règlement sur. le
service en campagne, le chapitre du combat ne soit pas traité d'une
façon différente pour les deux armes principales (infanterie et artille-
rie), comme la chose a lieu actuellement, mais au contraire qu'il soit
fondu, pour ces deux armes, en un texte unique. Il y a là une idée
qui paraît très judicieuse et pour la défense de laquelle on trou-
verait plus d'un argument dans la brochure du général Haking dont
nous parlions tout à l'heure. Ce serait une raison de plus pour l'esti-
mer acceptable.
— 142 ^
4J. — U A B C tactique de M. le général Crémer est un petit
répertoire de définitions et de principes militaires capitaux, qui
pouiTa servir de mémento aux chefs des petites unités pour lesquels
il paraît avoir été écrit. C'est à eux surtout qu'on doit le recom-
mander.
42 et 43. — N-ous terminons cet article d'ensemble en signalant tout
d'abord à ceux de nos lecteurs qu'elle peut intéresser la brochure :
Emplois civils et militaires réservés aux engagés et rengagés : l'ouvrage
a été mis au courant jusqu'à aujourd'hui; il a donc le mérite de l'ao-
tualité et de l'exactitude. — Enfin nous citerons la brochure de M. le
lieutenant Hayem : La Menace prussienne. La Riposte, qui nous ar-
rive au dernier moment. M. Hayem, après avoir examiné la forme que
prendrait une nouvelle guerre avec l'Allemagne, la zone probable
des combats futurs, convie la France à se ressaisir devant im danger
toujours menaçant, à se tenir prête au point' de vue matériel, mais
surtout de fortifier son âme et de se dérober aux intrigues politiques
qui nous divisent. Comte de Sérig.nan.
THÉOLOGIE
jVouveaoBX I?IéB«nges os>»t»ires, par M. dMIijlst. IX. Paris,
de Gigord, 1911, in-3 de 534 p. — l'rix : /j fr.
Ce nouveau volume des Œuvres posthumes de Mgr d'Hulst embrasse,
on peut le dire, toute sa carrière sacerdotale, puisqu'il s'étend de
l'année 18.67, presque son époque de début, à l'année 1896, l'année
même de sa mort. Il s'y trouve, surtout pour les années de début, un
grand nombre de discours achevés et complets, et aussi, surtout pour
les dernières années, de simples canevas ou résumés, brefs de mots,
mais pleins de choses. Les uns et les autres sont très dignes d'être
lus et médités, pour le plus grand profit de l'esprit et de l'âme. Ne
pouvant analyser tant d'oeuvres différentes, il suffit d'en indiquer les
sujets généraux. Une première série a trait aux œuvres eucharisti-
ques. Ce sont des triduums d'adoration perpétuelle, des octaves de
réparation, des instructions aux associés de l'adoration ou de la com-
munion réparatrice ou de l'œuvre des tabernacles, toutes œuvres
particulièrement chères au cœur de l'éminent prélat. La deuxième
série comprend les sermons pour les fêtes de la sainte Vierge et tout
particulièrement le Mois de Marie. La troisième série enfin, ce sont les
sermons donnés aux réunions des Mères chrétiennes de Notre-Dame
de Sion, complétés et achevés par un beau sermon de charité prcèhé
à Sainte-Gudule de Bruxelles, en faveur de l'œuvre du Calvaire.
Tel est en résumé ce nouveau volume, tout à fait digne de ses
aînés, et auquel le public chrétien fera le même bon accueil.
E. PONTAL.
- 143 -
lie Boitddhism® primitif, par Alfbbo Roussbl. Paris, Téquik 1911,
iti-12 (le ix-^31 p. - Prix : 4 fr.
Chaque année, depuis quelque temps, les travaux français consa-
crés au bouddhisme se succèdent presque sans interruption. Après le
livre récent de M. de la Vallée- Poussin, celui du P. Roussel sera le
bienvenu. Devant des auditoires choisis, à Fribourg d'abord, puis- à
Paris, l'éminent oratorien a étudié les problèmes principaux de cette
doctrine si difficilement accessible aux intelligences européennes. Là
Bouddhisme primitif se divise en trois parties : la Vie et l'œuvre du
Bouddha, d'après l'histoire et la légende, le Dhamma, c'est-à-dire
l'onsoignement dogmatique et moral du Bouddha, le Sangha ou mona-
chisnre bouddhique. La compétence du P. Roussel est universelle-
ment reconnue des indianistes, et l'on ne peut que se féliciter que,
par une vulgarisation savante, il se soit appliqué à en faire bénéficier
les profanes. L'exposition est aisée, claire et agréable, non toutefois
sans quelques longueurs. L'auteur s'est attaché à discuter abondam-
ment les comparaisons qu'il est de mode, en certains milieux incro-
yants, d'instituer entre le bouddhisme et le christianisme, spéciale-
ment le christianisme catholique. 11 a bien montré l'originalité irré-
ductible et l'incontestable transcendance de notre religion. Son ou^
vrage joint donc, à ses autres mérites, celui d'apporter à l'apologé-
tique de précieuses contributions. Il est de nature à dissiper les ma-
lentendus et les méprises. On peut donc en conseiller vivement la
lecture et l'étude àtous ceux que préoccupent les questions soulevées
à propos de l'histoire comparée des religions. Puisque le P. Roussel a
cru devoir joindre à son livre un « Chapitre supplémentaire » où il
décrit l'état présent du bouddhisme dans l'Inde, particulièrement à
Ceylan et au Népal, nous formerons le vœu qu'il étende quelque jour
son enquête aux immenses régions situées au nord de l'Himalay.
J. L.
SCIENCES ET ARTS
Esquisse d'une pliiieso|ilile des sciences, par W. OsTWiLD
trad. de l'allemand par M. Dorollh. Paris, Alcan, lyli, iri-16 de iv-184 p.
— Prix : 2 fr. oO.
L'auteur de l'Esquisse d'une philosophie des sciences professe une
philosophie positiviste et subjective. Il ne combat pas précisément
toute métaphysique, si ce n'est par prêter ition; il n'en parle jamais,
il l'ignore. On peut se représenter par là ce que doit être sa « théorie
générale de la connaissance, » sujet de son livre P^. C'est d'une con-
naissance purement sensible, exclusivement fondée sur le témoi-
gnage des sens, qu'il fait la base de sa philosophie des sciences. Si,
dans le raisonnement, il admet la déduction, ce n'est qu'en tant que
— Wi —
Bubordonnce à l'induction et s'appuyant exclusivement sur des prin-
cipes ou vérités mis en lumière en premier lieu par l'induction expé-
rimentale.
Il arrive ainsi à repartir toutes les sciences en trois grandes divi-
sions. Dans la première, il range la logique avec les sciences du cal-
cul, la géométrie et la « phoronomie « (lisez : la cinématique); la
seconde comprend les sciences physiques proprement dites, mécani-
que, physique et chimie; et, dans la troisième, celle des sciences biolo-
giques : la physiologie, la psychologie (sic) et la sociologie. .,;,;
On sera moins surpris de voir la psychologie placée après la physio-
logie, lorsqu'on saura que, pour l'auteur, l'âme humaine n'est point
considérée comme substantielle, mais bien comme une sorte de per-
manence évolutive du souvenir. L'âme humaine rabaissée à la faculté
purement sensitive de la mémoire, voilà à quoi aboutit une philoso-
phie des sciences qui, en rejetant toute une classe, et la plus relevée,
de^facultéshumaines,ne veut voir dans celles-ci, dans les opérations
defesprit, qu'un effet du jeu des sens et des phénomènes sensoriels.
Sur cette base essentiellement incomplète et, partant, nécessai-
rement fausse, l'auteur a écrit un livre d'ailleurs très savant, rendu
par le traducteur en un style austère et sobre qu'on eût aimé voir
au service d'une philosophie plus élevée et plus vraie.
C. DE KlRW^AN.
lia Charité à travers la vie, par la comtesse d'Haussonville.
Pari?, Lecoffre, Gabalda, 1912, in-8 de 320 p. — Prix .- 3 fr. 5ii.
Ce bon et charmant livre est un recueil de passages choisis extraits
des meilleurs écrivains et orateurs sur la charité et s'appliquant aux
différentes circonstances de la vie : enfance, âge mûr, vieillesse, ri-
chesse, pauvreté, etc. On y trouvera les noms les plus divers depuis
l'abbé Perreyve jusqu'à Bossuet et depuis Madame Craven jusqu'à
saint Grégoire de Nazianze. Mais les pages inédites ne le cèdent
en rien aux autres. On y reconnaît l'auteur de l'Introduction si
simple et si chrétienne, dans laquelle, en 25 lignes. Madame la
comtesse d'Hausson ville a écrit une des plus touchantes exhorta-
tions à la charité. Il n'est personne à qui ce livre ne puisse faire du
bien et on comprend à merveille les hautes approbations épiscopales
dont il a été l'objet et l'élogieuse Préface de M. le chanoine de Giber
gués. La charité, c'est le résumé de toute la doctrine chrétienne, mais,
pour le comprendre, il faut avoir soin d'être fidèle au sens exact du
mot et de l'identifier avec l'amour du prochain tel qu'il est prescrit
par l'Évangile. C'est cette vérité que ce livre rend lumineuse. Il n'en
est pas de plus utile à répandre, au moment où certains chrétiens,
d'inspiration contestable, prétendent trouver ailleurs que dans la
charité' le moyen de restaurer le règne du Christ. E. G.
^ 145 ~
nisforfa «le la educarîoEt y la pcdagogia, por el P. RAMô^f
Ruiz Amado. Barcelone), Gili, 1911, ia-16 de /<26 p. — Prix: -i fr.
L'auteur de ce livre s'est proposé de passer en revue les différents
systèmes ou concepts de l'éducation et de la pédagogie à travers
les siècles. Il distingue quatre époques principales : 1^ l'époque tradi-
tionaliste (qui comprend un traditionalisme philologique, dans l'Inde;
scientifique, en Egypte; religieux, chez les Hébreux; politique, en
Chine); 2° l'époque humaniste (qu'il subdivise en humanisme grec, et
en humanisme grec-romain); 3° l'cpoque néo-latine (pédagogie patris-
tique, monastique, scholastique, humanistique; formation de l'en-
seignement secondaire et de l'enseignement primaire); 4° l'époque
rationaliste (pédagogie réaliste, philanthropique, humanitariste,
moraliste, politique, et nettement catholique-réactionnaire). La pre-
mière l'poque remonte aux temps les plus reculés de l'histoire; l'au-
teur fait preuve, dans cette partie, d'une érudition peu commune
puisqu'il s'agit de sjTithétiser les connaissances que nous avons pu
recueillir à grand' peine dans les livres sacrés de l'Inde et dans les
textes hiéroglyphiques de l'Egypte. Deux appendices intéressants
concernent la pédagogie chez le peuple hébreu et dans la Chine, A
partir de la seconde époque, le P. Rujz Amado a divisé en numéros
distincts chacune de ses monographies, et nous en comptons 142 jus-
qu'à la fin du volume. C'est assez dire que le travail de l'auteur est
une étude consciencieuse et aussi complète que possible de la question.
Nous nous plaisons à signaler tout particuhèrement la partie qui con-
cerne le moyen âge. On sait combien cette époque a été dédaignée
parce qu'elle a été trop longtemps méconnue; une réaction s'est
produite au xix^ siècle, par suite d'efforts et de découvertes (!) de la
part d'hommes sérieux, ou plutôt d'hommes de goût. Le moyon âo-e
a reconquis de nos jours la gloire qu'il n'aurait jamais dû voir s'obs-
curcir. Et le P. Ruiz Amado le met en bonne place dans son excel-
lent ouvrage. Il était aussi tout naturel qu'il fît une mention parti-
cuHère des efforts déployés par les jésuites pour l'éducation des jeunes
gens : est-ce modestie? Est-ce quelque autre motif qui l'a empêché
de développer davantage ce point si intéressant? Toujours est- il que
nous avons trouvé un peu écourtées les pages qu'il a consacrées à ce
sujet. Trop concises aussi nous ont paru les sections de la fin, où il
traite des congrégations religieuses de femmes dédiées à l'enseigne-
ment : 8 pages seulement, c'est peu, trop peu, quand il s'agit de montrer
tout ce qu'ont fait ou qu'ont voulu faire les ursulines, les visitan-
dines, et tant d'autres ordres qui ne sont même pas nommés, dont la
mission a cependant laissé un sillon lumineux et marqué d'une
empreinte profonde la société contemporaine. G. Bernard.
Flvpier 1912. T. CXXIV. 10.
— 146 —
Histoire «les léi;uines. par Georges Gibault. P^ris, Lfljrairie hisni^.
coïc, l'.MJ, gv. iu-s do viii-404 p., avec grav. — Prix : 5 fr.
S'occupaat de la vie matérielle des hommes, ce "voîiime retraee tout
ce qui concerne la partie de l'alimentation que l'on demande aux
produits herbacés du sol, aux légumes, etnon pas seulement ce qui se
fait de nos jours, où les habitudes se sont établies en faveur de tels
ou tels végétaux, ont subi les effets de la mode et permis à cer-
tains préjugés de prendre faveur soit pour soit contre certaines na-
tures de plantes ou de légumes, mais encore ce qui s'est fait jadis,
chez les peuples de Rome, de l'Asie et même en Egypte.
Comme l'auteur le dit au début de son livre, notre curiosité sera
excitée par ce que nous trouvons, mais elle ne sera jamais entière-
ment satisfaite. Des documents archéologiques font défaut, ou sont
incomplets; maisle peu qui en subsiste,et à côté, les graines, les débris
végétaux qu'on a trouvés dans les fouilles opérées, notamment' dans
les tombeaux Égyptiens, identifiés avec les représentations
figurées sur les monuments, tous ces spécimens d'autres temps, plus
récemmentencore les miniatures des manuscrits, ont été utiliséspar
l'auteur qui nous a vraiment donné un recueil curieux, plein de science
et du plus grand intérêt.
La division du livre n'est pas rigoureusement scientifique, comme
M. Gibault le dit tout de suite, lui-même. Il débute par l'asperge^
continue par les légumes proprement dits, herbages légumiers, salade,
légUmes racines, donne un développement considérable aux plantes
tuberculeuses apparues ou propagées dans les temps modernes. Ce
sont les heliantis, lescrosnes.les patates et, entre toutes,la pomme de
terre.L' usage de celle-ci est déjà bien ancien, sinon fort répandu. On
suit dans ces pages l'histoire de son développement dans notre Eu-
rope comme aussi dans notre France, pour arriver au point moderne
où, chez le pauvre comme chez le riche, on ne saurait se passer de ce
tubercale. Après un chapitre consacré aux fruits légumiers, dont la
fraise est le plus intéressant spécimen, quelques pages rappellent quel-
les sont les plantes potagères qui ont eu leur temps de vogue, qui
n'ont pu maintenir cette faveur, mais, depuis, sont tombées en dis-
crédit. G. DE Senneville.
LITTÉRATURE
llippolyte de la lUorvoniiaiiîi, «a Yie, ses œuvres, SC8 idées.
Elude sur le rom'inlhmi; en Bretagne, diaprés des documents inédits, par
l'abbé E. Flrury. Paris, Champion", 1911, gr. in-8 <Je 588 p. — Prix : 7fr. 50.
Hippolyte de la Mervonnait». lEuvreH elioi»ies. Poésie
et prose, avec des notes explicatives, par le même. Paris, Champion,
1011, gr. iu-B de 150 p. Prix : 2 fr. 50.
De loin, cet Hippolyte de la Morvonnais fait quelque figure. Il fut
-^ 147 —
l'ami ou le correspondant de Chateaubriand, dô Lamennais, de La-
martine, de Sainte-Beuve, de iVlaùrice de tjùéfin, l'hôte Complaisant
en son manoir du Val de FArguenon d'una quantité d'écrivains célè-
bres de 1830 à 1850. On ne touche guère aux grands romantiques
sans rencontrer son nom dans quelque coin, en tête^ou au bas de
quelque lettre. Et, comme on' sait qu'il a écrit en vers et en prose, on
a fait à l'auteur de la Thébaïde des grèves, des Larmes de Madeleine,
du Manoir des dunes, la grâce de croire qu'il eut, lui aussi, du talent
et peut-être, à cause de sa vie retirée au fond de la Bretagne, un talent
méconnu.
A cause de cela même, il était bon qu'un travailleur allât y voir de
près et remuer le fatras d'inédit qu'a raison de garder son petit- fils,
que n'eut pas tout à fait tort de brûler et d'abandonner dédaigneu-
sement aux rats sa fille Marie. Or, si M. l'abbé Fleury n'a pas eu l'hé-
roïsme de voir que son « héros » était de bois creux, s'il lui conserve
une admiration qui tend à justifier son labeur et ses deux volumes,
l'évidence est là; et c'est la famille du pauvre Hippoiyte qui eut raison
en le considérant toute sa vie comme un fou, un demi-fou tout au
moins, à qui le romantisme et le mal littéraire avaient tourné la tête.
Son portrait en tête du volume donne déjà l'impression d'un
halluciné. Ce qu'on nous dit, trop discrètement, de sa façon de vivre,
ses promenades solitaires en pleins champs, en pleines grèves, avec
une majestueuse redingote et un chapeau à haute forme éternel,
confirment cette inquiétude. Et il transparaît que, quoiqu'il fût tout
le contraire d'un méchant homme, il fit par les bizarreries de son hu-
meur et son indocilité à suivre la voie commune le tourment de sa
mère; qu'il rendit pendant dix ans sa charmante femme très malheu-
reuse, en la rabrouant durement parce qu'elle essayait, l'étroite et
sotte bourgeoise, de ramener doucement le malade à la réalité et de
l'incliner à s'occuper un peu de ses affaires; qu'il s'écarta avec
aigreur de presque toute sa famille, s'isolant dans sa hauteur de génie
incompris et même persécuté. Mais il apparaît en toute évidence que
compilant, compilant, écrivant, écrivant, en vers, en prose, et sur
tous sujets, reconstituant le monde, refaisant même le catholicisme,
donnant dans toutes les utopies du fond de son trou qu'il appelait
noblement sa thébaïde, adressant à tout propos des lettres apoca-
lyptiques et démesurées à tout le monde, à Lamartine, à George
Sand, à Enile da Girardin, voire au nonce du Pape, et à la Nation
française, et réussissant tout juste, malgré l'appétit de gloire qui le
dévorait, à imprimer à ses iVais li-ois ou quatre méchants volumes,
et à ghsser dans quelques journaux ot revaos d3 333 amis quelques
« tartines, » il fut liitérairemeat, et au sans pariait da mot, un raté.
— Les pages choisies qui; M. l'abbé Fieui'y a données parallèle-
148 —
ment à sa grosse thèse justifient, hélas! ce jugement plutôt dur. Et
il est vrai que son goût n'est pas du tout le mien, qu'il admire comme
pittoresque et original ce que je trouve fade et plat, et voit dans la
lune qui se mire sur l'étang ou dans l'épi doré que ramasse le glaneur
des « images neuves et charmantes... « Mais enfin il n'a pas pu se
tromper tout le temps dans son choix. Or, d'un bout à l'autre, les vers
sont mous, puérils, d'une vraie misère. Quant à la prose, à toutes
les divagations philosophiques, sociales et rehgieuses, par lesquelles
La Morvonnais fait écho dans son pauvre cerveau fêlé d'abord aux
thèmes romantiques de la hberté de l'art et de la sainteté de la
poésie, ensuite à toutes les utopies fouriéristes qu'il épousa pour les
rendre plus troubles encore, annonçant l'égalité et l'harmonie univer-
selle ;Vétablissant un parallèle entre Jésus-Christ notre « initiateur
précédent religieux « et Fourier « notre initiateur postérieur scienti-
fique »; cherchant à être un « harmonien catholique », défendant le
« système sociétaire » et la « doctrine harmonienne » contre Lamartine
et contre l'archevêque de Cambrai, le divorce et le « mariage sé-
riaire «; voulant qu'on « libère pleinement les instincts, car toute
nature en soi est bonne »; et cherchant à donner la formule nou-
velle'"d'un catholicisme élargi et plus humain : tout cela est si incohé-
rent et si niais sous sa forme grandiloquente et verbeuse, que c'eût
été une charité de jeter dessus le voile, et de nous conserver seulement
en médaillon la silhouette du doux songe-creux qui fit connaître à
Maurice de Guérin la mer, qui s'occupa de faire avoir à Chateaubriand
l'îlot du Grand-Bé pour tombeau, et qui finit pieusement ses jours,
quoique républicain, démocrate, et ivre de 48, en bâtissant une
église et en devenant marguillier de sa paroisse... *
Mais la vérité a ses droits et le doctorat ses exigences. L'intérêt du
travail, consciencieux et naïf, de M. Fleury est, avec celui de nous
ôter l'illusion que La Morvonnais fut quelqu'un, de nous faire voir
les'ravages qu'opéra dans la jeunesse du xix^ siècle, après les folles
lectures du xviii®, la contagion de toutes les maladies romantiques.
Car le pauvre La Morvonnais les prit toutes : mal du doute, dégoût de
vivre et orgueil de la solitude à la René, mal d'écrire et tourment de
la gloire à la Chateaubriand (d'où les épopées en 39 chants, comme
Pharamond, et les traductions, et les essais dans tous les sens...); puis,
de'Lamennais à Fourier, les utopies sociales et religieuses les plus
extravagantes... Là où il n'y a plus le prestige de l'art, — et c'est
ici le cas, — l'œuvre apparaît un chaos sans le moindre éclair, la vie
un gâchis stérile et lamentable. Gabriel Audiat.
— 149 —
Haute Magyarorszïigoii {Dante en Hongrie), ina Kaposi Jôzssf.
Budapest, Rêvai, 1911, gr. in-8 de 373 p.
Innombrables sont les auteurs qui ont traduit, coram.enté, analysé
l'œuvre de Dante, et cependant l'ouvrage de Joseph Kaposi comble
une lacune. Non seulement il résume ave:, autant d'impartialité que
d'exactitude tout ce qui a été publié en Hongrie sur l'auteur de la
Divine Comédie, mais encore il étudie les rapports de l'auteur avec
le royaume d'André III. Il établit que le poète n'accompagne ni
Charles Martel ni Charles Robert, et, commentant les vers :
; • "' 0 beata Uogaria, se non si lascia|
Più malmenare !
il montre que beaucoup de traducteurs se sont mépris sur leur signi-
fication, parce que, pour en saisir le sens, il faut connaître l'histoire de
la Hongrie, fort compliquée à cette époque où le trône de Saint-
Ètienno fut occupé par des membres de la maison d'Anjou.
La Divine Comédie a commencé à être connue en Hongrie vers 1417 •
par une traduction latine de Giovanni da Serravale, dont un exem-
plaire se trouve à la bibliothèque épiscopale d'Eger; d'autres tra-
vaux suivirent, on en retrouve la trace dans la Corvina\ le mouvement
8' accentua à l'époque de la Réforme et se développa jusqu'à nos
jours. Joseph Kaposi étudie toutes les traductions hongroises qui en
furent faites et dont la première est due à François Csâszâr; celle de
Charles Szâsz, publiée en 1882, est une des plus importantes. Les
principaux chapitres de l'ouvrage de Joseph Kaposi sont : La Fortuna
di Dante; Dante et la Hongrie; Les Premiers Travaux sur Dante en
Hongrie; Les Codex hongrois de Dante; Dante en Hongrie du xvi® au
xviii^ siècle; Les Prêtres hongrois et la littérature dantesque; L'His-
toire de la littérature italienne en hongrois; les Femmes dans la littéra-
ture hongroise de Dante ; Nouvelles Traductions; Dante dans l'art hon-
grois. Une bibliographie hongroise de Dante accompagne l'ouvrage
que termine un index alphabétique des jioms. Dante en Hongrie,'j\\x\
résume tout ce qui a été publié en Hongrie sur le poète florentin, est
un travail complet, bien écrit, facile à consulter, qui rendra service
à]ceux qui voudront étudier l'auteur de la Divine Comédie. :
fj HORN.
HISTOIRE
te» CltrétÈciités celticittcs,'' par Dom Louis Gouga.ud. Pari
Lecoffre, Gabalda, 1911, iQ-1-2 de xxxv-.410 p., avec 3 cartes. — Prix: 3 fr.50.
Ce volume prend place dans l'histoire ecclésiastique de l'Angle-
terre avant celui de Dom Cabrol sur l'Angleterre chrétienne avant les
Normands. A eux deux, ils forment pour ce pays un tout complet. Le
— 1^0 -
dernier paru se recomfl:ande par les mcmes qualilds que le premier^.
Énidilion sûre, analyse sobre des détails, synthèse claire et. ferme
des grandes lignes, exposition simple et nette,, tout contribue à en
faire un excellent ouvrage de vulgarisation à l'usage des gens ins-
truits.
Après une Introduction riche et ordonm e sur les sources et les ins-
truments de travail, Dom Gougaud étudie d'abord les cultes païens
chez les Celtes, puis les origines et l'épanouissement du christianisme
dans les pays insulaires et en Armorique, et enfin les expansions de
ce christianisme surtout par les apôtres irlandais dans les îles du nord
et sur le continent. Il caractérise le rôle tout particulier du mona-
chisme dans les Églises celtiques en ce qui concerne leur organisation
et leur développement. Il raconte ensuite les controverses discipli-
naires, les institutions ecclésiastiques, la culture littéraire et théolo-
gique, la liturgie, la dévotion, les arts chez ces chrétiens, séparés
depuis si longtemps du monde romain, remphs de tradition? très
particuïaristes, doués d'une foi, d^une crédulité toutes spéciales. 11
termine en montrant comment ils s'accordent peu à peu, mais con-
traints et tardivement, avec leurs voisins les Anglo-Saxons et les au-
tres chrétientés. Cette liistoire descend jusqu'au xi*^ siècle, sans
avoir la prétention d'éclaircir tous les problèmes, mais en jetant une
lumière discrète sur presque tous, du moins autant que la science mo-
derne le permet. Elle fera bonne figure dans la Bibhothèque de l'en-
seignement' de l'histoire ecclésiastique. A. Clerval.
lie Roi et mes uiinieJres peiedaut lesti'ois derniers siècIi'H
de la JMoiiiireliîe, par Paul Viollet. Paris, Larose et Teniu, 1912,
^m-8 de x-6t6 p. — Prix : 10 fr.
11 n'est personne parmi les amis des antiquités nationales qui ne
connaisse et n'apprécie les beaux travaux de M. Paul Viollet sur l'his-
toire du droit français, privé ou public, et qui ne les considère comme
une source abondante (ie renseignements à recueillir et de réflexions
à faire. Son Histoire des institutions politiques et achninisiratif^es de la
France (i890-1903, o vol. in-8) s'arrêtait au xvi^ siècle. Le volume
que nous signalons aujourd'hui : Le Boi et ses ministres pendant les
trois derniers siècles de la Monarchie en est une continuation partielle
jusqu'à la Révolution. Le sujet est développé en neuf chapitres : I.
Le Royaume (1. Les Accroissements du royaume. 2. Les Accroisse-
ments du domaine). IL Le Roi (1. Le Droit divin. 2. La Papauté et
la. Couronne de France. 3. L'Empereur et le Roi de France). IIL Le
Rôle de la Royauté. — Le Chancelier et les secrétaires du Roi (1. Le
Roi et le pouvoir central. Vues générales. 2. Le Chancelier. 3. Les
Notaires et secrétaires du Roi). IV. Le Surintendant, le contrôleur
— 151 —
général des i'inances (1. La Surintendance' des finances jusqu'à Col-
bert. 2. Colbert et le- Contrôle général). V, Les Secrétaires d'État
(1. Les Secrétaires d'État avant 1661. 2. Les Secrétaires d'État de-
puis 1661). VI. L'Armée. — Préliminaires. — Première section :
Éléments anciens. — Les Officiers supérieurs. (1. Suppression du
connétable. Le Maréchal général des camps et armées du Roi. 2. Les
Maréchaux de France. 3. Les Gouverneurs). Deuxième section : Élé-
ments actifs. — Les Officiers supérieurs. — Les Troupes (1. Vues gé-
nérales. 2. L'Infanterie et la cavalerie. 3. L'Artillerie et le génie. 4.
Les Commandants. 5. La Vénalité et la noblesse dans l'armée. 6. Les
Troupes. 7. Les Trésoriers et les commissaires des guerres. — Les
Inspecteurs.) VIL La Marine. VIII. Quelques grands Services publics.
(1. Les Mines. — Les Eaux et forêts. 2. La Voirie. 3. Les Postes et
les messageries. 4. La Surintendance, puis Direction des bâtiments du
Roi). IX. Les Intendants de province (1. Les Intendants d'après l'in-
tendant d'Aube et d'après Law. 2. Historique jusqu'à la Fronde in-
clusivement. 3. Historique après la Fronde. 4. La Fin des intendants.)
— Une Table alphabétique générale complète \& volume et en facilite
l'usage. — Fruit d'un travail énorme, qu'ont éclairé les rayons d'une
inteiligenoe remarquablement vigoureuse, claire et subtile, ce volume
s^&ppuie sur une bibliographie si riche qu'elle en est presque effrayante,
et dont, soit par les listes placées à la fin de chaque chapitre, soit par
les indications mises au bas des pages, l'auteur a fait avec une libé-
ralité surabondante profiter le lecteur, auquel il ouvre ainsi toutes
sortes de voies. Cette extraordinaire érudition n'a rien enlevé à la
netteté vive et précise, ni, ce qui est plus fort, à l'agrément aimable
et original, parfois piquant de l'exposé, par où la rare valeur scienti-
fique du livre se rehausse d'un beau mérite littéraire. M. Viollet a le
don singulier de pratiquer à la fois la plus minutieuse analyse et la plus
large synthèse et de les faire valoir l'une par Fautre. Là mente où on
pourra différer d'avis ou de sentiment avec l'auteur (et ce sera sur-
tout le cas pour telle ou telle des questions délicates touchées par lui
dans son second chapitre avec une prédilection peut-être excessive et
une sympathie non dissimulée pour certaines façons de voir), on pro-
fitera de sa science, unie en lui, nous le savons, à une conscience pro-
fondément chrétienne, et on goûtera son talent de mise en œuvre. Nous
ne croyons pas céder à l'entraînement d'une vieille amitié, mais ex-
primer une impression juste, en disant que, considéré dans son en-
semble, son livre est de ceux qui honorent le plus la science française.
M. S.
— 152 -
Une B"rj>vinrc mous Liouis XIV. Ij'AtliniiiisIratioii des
- inlSBidauls «l'Orléans €le fl6»S» à 391», par Charlhs db
Bkaucohps. OrledUi, Marron, 1911, iu-s de xviii-ilO p., avec portrait. —
Prix : 1 tv. 50.
L'organisation administrative de l'ancien régime est peu connue
dans son fonctionnement journalier. On sait que, tout en étant assez
minutieuse, eUe profitait d'une bien plus large décentralisation que
celle dont nous a gratifié un système électif poussé à l'excès et engen-
drant forcément le despotisme intolérable des incompétents. Du
moins, les fonctionnaires de l'ancien régime se montraient capables,
indépendants, très préparés à leurs fonctions, et nous leur devons la
plupart des progrès acquis aux xvii^ et xviii^ siècles. M. Ch. de Beau-
corps, ancien élève de l'Ecole des chartes, a étudié et analysé toutes
les pièces qui demeurent sur le gouvernement de l'Orléanais sous
trois intendants distingués, Jean de Creil, André de Bouville et Yves
de la Bourdonnaye à la fin du règne de Louis XIV.
On trouvera des détails intéressants sur leur vie, on lira surtout
avec intérêt le résumé très exact des divers points sur lesquels
s'exerçait leur contrôle : impositions, comprenant la taille, la capita-
tion, le dixième, les aides et les gabelles; l'administration commu-
nale; lestravauxpublics, ponts, levées, canaux; les affaires militaires,
ban et arrière-ban de la noblesse, milices provinciales; la justice et la
police; les affaires religieuses, clergé régulier et séculier, instruction
publique,assistance et travaux de charité; le commerce et les disettes.
On voit que bien des questions sont abordées dans ce mémoire pré-
senté à la Société archéologique et historique de l'Orléanais, mais qui,
par certains côtés, présente un intérêt général et peut servir de
point de comparaison. Le tout est très clairement exposé et appuyé
sur des documents nombreux, parmi lesquels il n'était pas facile da
faire im choix judicieux. G. B. de P.
lia Conspiration et la fin de Jean^ baron de Batz (t 993-
18SÎÎ;, par le barou de Batz. Paris, Gaimaun-Levy, s. d., ia-8 de o33 p.
— Prix : 3 fr. 53.
Sur ce second et dernier volume de l'histoire agitée et romanes-
que par excellence du baron de Batz, nous maintenons nécessaire-
ment les réserves que nous avons cru devoir présenter à l'examen
àxipvem\eT{Polybiblion de septembre 1908, t. CXIII, p. 256-257)
et que divers ouvrages parus depuis n'ont fait que confirmer ;
mais nous continuons aussi à lire avec un vif intérêt les aventures
de ce personnage toujours énigmatique, toujours agissant. Le style
môme de l'auteur, familier, abondant et ardent, fait circuler une
animation entraînante dans ses récits, et si, par là même, il ne leur
— 153 —
apporte pas toute la force de la science historique, il leur donne
l'intérêt de la passion et l'agrément du mouvement. Le « conspi-
rateur » de la Révolution ne pouvait rencontrer un historien plus
séduit par le personnage, mieux entré dans le sujet. Tout un monde
circule dans ces pages; une bonne table alphabétique facilite les
recherches, et c'est fort à propos. Le « baron » est donc représenté
comme le pivot de tout le mouvement antirévolutionnaire en France
pendant sept ou huit ans; il veut « écraser' les Girondins », puis
« avilir la Convention »; entre temps il corrompt à prix d'argent
les députés, achète les policiers, fait manœuvrer comme des pan-
tins les bourgeois de Paris, ^répand l'argent, s'échappe de prison,
se déguise, se grime, etc. Il veut arracher du Temple la Reine,
mais manque sa généreuse entreprise, s'évanouit comme une ombre
et ne recommence pas. Il apporte l'affirmation positive de la mort
du malheureux Dauphin (p. 387) et son historien partage sa ma-
nière de voir. Il est l'adversaire «personnel» de Robespierre, avec
qui il mène un « duel » dont le 9 Thermidor serait l'étape victo-
rieuse. Très calme sous le Consulat, plus calme encore pendant
l'Empire, tout occupé alors de chicanes pour défendre ses droits
de propriété sur une terre achetée sous un faux nom, en Auver-
gne, il reçoit, à la Restauration, les épaulettes de général de bri-
gade, et il meurt (10 janvier 1822) d'un coup de sang.
^.Une grande partie de ses nombreux papiers, saisis pendant la
Révolution, lui furent restitués ^ par le gouvernement royal; ces
dossiers, devenus la propriété de M. de Batz, constituent, appuyés
par la multitude de ses lectures, la trame de son récit; des Appen-
dices ajoutent des éclaircissements sur la généalogie et le décès de
ce personnage qui. demeure, pour nous du moins, toujours mysté-
rieux. G. DE G.
IiV4nib»g8ade du duc Decazes en 4ngleterre (1990-1991),
par Ernest Daudst. Paris. Plou-Nourrit, 1910, iu-3 de iN-374 p. —
Prix : 7 fr. 50.
^Nous ayant conté les actes de M. Decazes au pouvoir, dans un
premier volume, M. Daudet, qui nous décrit ici son ambassade en
Angleterre, devra ajouter une troisième étude sur M. Decazes à
la Chambre des pairs, comme grand référendaire sous la monarchie
de Juillet, s'il veut achever une histoire dont les éléments sont puisés
dans les riches archives du château de la Grave. Nous ne nous en
plaindrons pas.^M. Daudet écrit sans passion, mais non pas sans
sympathie très vive pour son « sujet ». Je lui reprocherais de ne
voir dans les adversaires de M. Decazes que de mauvais Français,
quand la proposition contraire se pourrait mieux soutenir; c'est
— 154 —
ime injustice que de nommer toujours les royalistes des « ultras »,
puisque l'auteur prend en mauvaise part ce terme qui ne doit
dcésigner qu'une fraction du parti royaliste. Lui aussi^ ce terme
d'ultra pourrait être soutenu et défendu non pour les exagérations
que l'on prête aux politiques qui le reçurent, mais pour les principes
sociaux cju'il représente. . ,, ;
Sans nous faire de grandes révélations sur les sentiments intimes
de Louis XVIII pour son favori, ce volume nous apporte les té-
moignages nouveaux de cette passion qui s'épanche en des lettres
dont les expressions côtoient le ridicule par leur vivacité. Mais aussi
le vieux Roi comprend son devoir et fait passer la tranquillité de
l'Etat avant la satisfaction de ses plaisirs personnels; ainsi ne
veut-il pas créer à ses nouveaux ministres des embarras par la pré-
sence de son ancien ami et il tient ]\L Decazes loin de Paris. Cette
volonté lui devient plus facile pfir son afl'ection nouvelle pour
M°i^ du Cayla. M. Ernest Daudet est fort sévère pour cette
dame et il fournit nombre d'arguments en faveur de son opinion.
On est surpris de la nullité politique de M. Decazes à l'ambas-
sade de Londres. Deux ou trois billets de sa femme ont autrement
de relief et de piquant que ses dépêches et ses lettres au Roi.
Sur la société anglaise nous avons cependant quelques détails cu-
rieux, surtout sur le procès de la reine Caroline qui faisait alors
scandale dans tout le royaume. Plusieurs Appendices ont leur inté-
rêt, en particulier une longue lettre adressée au duc d'Angoulême
le 2 janvier 1828 par M. Decazes. Mais il semble avéré que tout
ce que l'on sait de lui et tout ce que l'on saura lui conservera la
figure d'un personnage très « arrivis-" » et. ^u fond, fort médiocre.
G.
lit» Restauration de l'eatipire allcneand. liC Rôle de la
Baiièpe, 'par A. de Ruvillk ; trad.de rallemand par Pibrre Albin.
avec une Introduction sur les papiers de Cercay et le secret des corres-
pondances diplomatiques par Joseph Reinagh. Paris^ Alcan, 1911, in-8de
ixxu-3-27 p. — Prix : 7 fr.
Il est rare qu'un ouvrage allemssud soit elair.' Celui-ci pourtant,
malgré quelques longueurs, mérite d'être loué pcmr sa clarté et, à
vrai dire, les longueurs qu'on peut, au premier abord, lui reprocher
ne sont que rinévitaljle résultat du légitime et intéressant souci de
Tauteur de ne rien négliger dans l'exposé de négociations extrê-
mement compliquées. Mais nous aimons à trouver une explication
de cette heureuse anomalie dans ce fait que M. de Ruville est d'o-
rigine française. Son arrière-grand-père avait émigré en 1792 et
sa famille était restée fixée en AUemague.
Quand nos i)ensées sont ramenées vers le drame de 1870, nous
— 155 —
sopimes invinciblement hypnotisés par le calvaire de nos armées et
la chute de la France. Tout ce qui ne se rapporte pas direttement
aux opérations de guerre et à notre révolution politique nous paraît
chose négligeable et nous sommes peut-être trop habitués à la manière
incidente dont nos historiens traitent les événements politiques qui
concernent l'histoire intérieure de l'Allemagne, et l'évolution politique
dont l'aboutissement fut l'établissement plutôt que la restauration de
l'empire allemand. — En hsant l'ouvrage de M. de Ruville, on pénètre
les intrigues et les difficultés sans nombre au miheu desquelles le prince
de Bismarck sut se mouvoir pour arriver à ses fins. Les prétentions
des États du sud, l'eiïort sournois de l'Autriche pour reprendre pied
en Allemagne, en dépit des événements de 1866, expliquent, s'ils
ne les excusent pas, les hésitations du gouvernement français au
début de la guerre. La diplomatie de ces princes et de ces ministres
teutons y apparaît comme la plus fourbe et la plus déloyale qu'on puisse
rêver. C'est l'école à laquelle a été élevéM. deKiderlen-Waechter et le
modèle qu'il paraît vouloir imiter dans sa négociation marocaine :
donner et reprendre à chaque incident et se contredire avec cynisme,
telle* sont les maximes qui paraissent dominer cette politique. La Ba-
vière et son roi Louis II auraient voulu gardsr leur indépendance
nationale tout eij ne se mettant pas en opposition avec le sentiment
national qui poussait vers l'unité. M. de Ruville démêle le réseau touffu
des intrigues auxquelles ce doul le et contradictoire sentiment a donné
lieu. Mais surtout, et c'est là ce qui donne à son livre un intérêt de
premier ordre, il explique comment les papiers de M. Rouher, tombés
au pouvoir de M. de Bismarck à la suite de l'occupation par les troupes
allemandes du château de l'ancien ministre de Napoléon IH, lui ont
permis d'exercer un chantage politique d'une irrésistible puissance
sur les hommes d'État qui défendaient l'indépendance des États du
sud et spécialement sur le comte Bray, ministre de Bavière. Devant
la menace de la révélation des négociations qui avaient eu lieu avant
la guerre entre la France et l'Autriche d'une part, l'Autriche et la Ba-
vière d'autre part, pour éviter l'hégémonie menaçante de la Prusse,
ceux-ci ont dû cesser toute résistance. L'empire allemand a été fait
et la Bavière n'en est plus qu'une province.
Dans une Introduction très documentée et tout à fait remar(.;ua-
ble, M. Joseph Reinach cherche à dé?.ager la responsabilité de ce
secoiws inattendu arrivé entre les mains de M. de Bismarck. M. Rou-
her avait-il eu le droit de soustraire ces papiers aux Archives gouver-
nementales? Question singulièrement angoissante quand on observe
que si les traces de ces négociations ne s'étaient pas trouvées au do-
micile particulier de l'ancien ministre, elles ne seraient pas tombées
entre' les mains de notre vainqueur, qui les détient encore sans les avoir
— 156 —
«Atièreinent fait connaître et qui, grâce à elles, a pu exercer uua
pression dont le résultat pèse si lourdement sur la France.
Mais, d'un autre point de vue, il est permis de se demander, après
plus de quarante ans, si les véritables victimes de l'unité allemande
n'ont pas été (après l'Alsace-Lorraine, bien entendu), mais peut-être
autant que la France, ces États du sud, qui jadis marchaient à la
civilisation sous l'influence française qui les pénétrait et les poliçait
et qui, depuis cette époque, écrasés par la domination prussienne,
rétrogradent vers la barbarie teutonne. M. de Ruville a raison de dire,
en terminant son livre, que ce n'était pas être nécessairement un mau-
vais Allemand que de concevoir l'unité allemande autrement qu'elle
a été réalisée. Nous ajouterons que, si la Providence réserve à la France
la victoire dans la lutte prochaine, l'orgueil prussien en pâtira certai-
nement, mais l'intérêt bien compris des pays allemands y trouvera
peut-être largement son compte. Eugène Godefroy.
Femmes de Ficauce. CoUecliou publiée par la maison Lethielleux.
Série de volumes in-l^ à O fr. GO : 1 . Madstme dt- la Fayette, par G. Le-
GIGNE, lio p. — 2. Mademoiselle de Monipeiisier, par le même, 120 p.
— 3. George ISand, par le même, 126 p. — 4. Madame de Sévigné, par
le même, 116 p. — 5. Madame de Staël, par le même, 125 p. — 6. Eugénie
de Gaérin, par M. A. PraT, 124 p. — 1. Madame Octave Feuillet, par
M. DB Varbilles-SommiÈres, 128 p. — S. Madciiioîseile de &.esipinasse,
par M. A. Prat, 154 p.
L'objet et le plan de la collection Femmes de France, entreprise
par la librairie Lethielleux, nous sont indiqués en ces termes: «L'heure
est aux collections. On en fait de très sérieuses et de très frivoles, de
très savantes et de très superficielles. Celle-ci sera avant tout une ga-
lerie de portraits, presque de miniatures. Cent trente pages pour
chaque brochure, pas plus !... Des esquisses légères, rapides, bien
soignées et très vivantes, voilà ce qu'on veut faire. — L'ensemble
sera quelque chose comme le Panthéon féminin de la France, un musée
élégant et aimable où trouveront une place toutes les femmes qui se
sont fait un nom dans les lettres, dans les arts, dans le monde ou dans
l'Église, dans la paix comme dans la guerre... Le directeur de la col-
lection est M. C. Lecigne, professeur de littérature française aux Fa-
cultés libres de Lille. Il a écrit lui-même les premiers volumes de cette
bibliothèque. » — ■ Les cinq portraits dûs à la plume de M. Lecigne :
Madame de la Fayette, Mademoiselle de Montpensier, George Sand,
Madame de Sécigné et Madame de Staël, sont excellents et les deux
derniers particulièrement remarquables. Nous les avons lus avec un
très vif plaisir et ils nous ont donné une très forte idée de l'intelli-
gence et du talent de l'auteur, comnie critique et comme écrivain.
Nous sommes heureux de féliciter l'Université catholique de Lille de
_ 157 —
posséder dans son corps enseignant un homme aussi distingué. Quel-
ques remarques de détail n'enlèvent rien dans notre pensée à ce juste
et sincère éloge. C'est un gros anachronisme, à l'époque de l'anecdote
relative à La Rochefoucauld et Retz (Madame de la Fayette, p. 45),
que de conférer dès lors à ce dernier le titre de cardinal. Il y a un vé-
ritable excès dans la qualification de «livre effroyable», infligée aux
célèbres Maximes (p. 47). Écrire de l'oratorien Du Guet et de sa
pénitente (p. 97) que « le prêtre essayait de radouber la pauvre épave
et de la remettre à flot », c'est se laisser aller à une métaphore à la
fois prétentieuse et désagréable. Le goût est pire encore dans la « tar-
tine beurrée d'un rayon de soleil » ( !) que nous avons eu le regret de
rencontrer au cours de l'étude sur George Sand (p. 81). On s'étonne
de cet écart chez un écrivain élégamment classique, comme l'est en
général M. Lecigne. On se demande ce que vient faire « la banque de
France » dans une anecdote relative à Madame de Sévigné (p. 69). Du
reste, fond et forme sont d'ordinaire de bon aloi et de bon exemple
dans ces cinq volumes, tout à fait propres à bien inaugurer et à faire
valoir auprès du public la collection Femmes de France. Le sixième
volume : Eugénie de Guérin,àvi à M. A. Prat,est aussi un très bon por-
trait et il est écrit d'un style fin et distingué. Le septième : Madame
Octave Feuillet, doit moins sa valeur au sujet lui-même qu'au talent
avec lequel M. de Vareilles- Sommier es a mis en relief les circonstan-
ces et les milieux où a vécu successivement cette aimable dame de
lettres, et qui sont devenus sous la plume de son panégyriste d'agréa-
bles et vivantes peintures de mœurs. Quant au huitième. Mademoiselle
de Lespinasse, œuvre de M. Prat, non seulement il est très inférieur
à l'étude sur Eugénie de Guérin^ mais, c'est notre devoir de le dire,
malgré la juste sévérité du jugement général de l'auteur sur les fai-
blesses de son héroïne, il fait tache dans la collection, où il aurait
mieux valu s'abstenir de lui donner place. Nous y avons goûté sans
doute un fidèle et intéressant tableau des salons du xviii^ siècle, où
l'esprit français s'épanouit alors en fleurs si brillantes; nous y louons
aussi les bonnes et saines réflexions morales de l'Introduction. Mais
nous ne pouvons pas faire que les interminables citations de la corres-
pondance déclamatoire où M^i^ de Lespinasse épanche à grands flots
la fougueuse passion de son amour en partie double, ennuyeuses pour
j,es esprits mûrs, ne soient dangereuses pour la jeunesse. Nous som-
mes donc obligé d'excepter ce volume de l'cloge et de la recomman-
dation générale que mérite jusqu'à présent la collection Femmes de
France. M. S.
— 158 —
l^-.%in(' «l'un grniad caflioliqnc. E'iiit'it fie fei Ae O^oals
Veuillef. journaliste et puléiniste, d'après sa correspoii liante.
L'J/^mme vu'nic, par G. CiiuGiiAU. Pans, Lelhiolleux, s. d., 2 vol. iu-l2 de
LV-3oO eL 364 p. — Prix : 7 Ir.
Pour faire suite à son premier volume sur « l'homme intime, »
le « grand chrétiea » qu'était Louis Veuillot, M. G. Cerceau dé-
peint ici le « grand catholique » que fut aussi le directeur de
l' Univers. 11 use de sa correspondance, pour le montrer, en de larges
extraits reliés par des commentaires chronologiques. A partager
l'admiration de M. Cerceau pour Louis Veuillot, ce que je fais bien
volontiers et sans restriction aucune, j'ajouterai le désir que l'ex-
pression de ce sentiment ait été un peu pUis modérée, parce qu'il
eût été plus convaincant pour ceux qui, connaissant moins
bien le grand écrivain, conservent sur lui des préjugés qu'en bonne
justice on A^oudrait voir tomber. Et ils doivent tomber en face de
la sincérité de l'honiime, du désintéressement du catholique et des
bénédictions de l'Église dont il fut le serviteur humble et très
soumis, très avisé et très courageux. Les doctrines défendues par
Louis Veuillot avec le sens (je dirai le bon sens) de l'orthodoxie
ont été certainement bénies par le Saint-Siège; les théories, sédui-
santes ou non, de ses adversaires ont été perse véramment condam-
nées; cette double remarque, qu'aucun fait ne peut contredire,
a bien sa valeur, je crois.
L'intérêt et l'utilité du travail de M. Cerceau sont donc indé-
niables; ses trois volumes feront connaître, apprécier, respecter,
aimer Louis Veuillot en proportion même de ce qu'il a été plus
méconnu et à certains jours plus calomnié. L'agrément littéraire des
nombreuses citations de ses lettres soutient le lecteur dans des
polémiques qui sembleraient anciennes :'la hberté d'enseignement,
la question des classiques, le ralliement à l'Empire, la lutte contre
l'Empire infidèle à ses promesses catholiques, la suppression et le
rétablissement de l'Univers, la troisième République, les dernières
polémiques libérales.
A la suite de chaque volume, l'auteur a signalé « quelques pages
à relire », citées déjà dans le cours de son travail, et où le lecteur
en elïet éprouvera, sans aucun doute, le plaisir de retrouver les
meilleurs morceaux de la table ,où on l'a fait déjà s'asseoir. Un
Index des noms propres clôture ce recueil et facilite les recherche^
!'G. DE G.
lies Derniers Jours de PauI TerSatne, par F.-A. Cizii^ et
Gustave I.k Rouge. Paris, Mercure de France, 1911, in-18 de 1-270 p.,
avec nombreux documents et dessins. — Prix : 3 fr. sn.
Deux amis des derniers iours,et dont l'un au 'moins fut souvent soi
I
— 159 —
compagnon de bohème et d'hôpital ( ce qui hii a permis d« faire du
pauvre Verlaine quantité de dessins très justes exprimant bien à eux
seuls ses déchéances), ont, après quinî^e ans, pensé qu'on pouvait,
suivant le mot de M. Barrés, « jeter le manteau de Noé par la fenêtre »
et mettre à nu devant le public toute sa misère. J'aime trop la vérité
pour m'en plaindre : mais de voir ce malheureux qui était né bour-
geois, qui avait été bien élevé, fort instruit, qui avait eu le sens de
tout ce qui est noblement et délicatement beau,roulant de l'assommoir
à l'hôpital, dégoûtant par sa mendicité et ses absinthes les amitiés les
meilleures, et tombant la proie des liaisons les plus dégradantes, c'est
vraiment lamentable. Les deux apologistes ont beau essayer de trans-
figurer tout cela avec des mots, l'appeler « Messie crucifié », « un Christ
de la poésie qui s'est sacrifie pour nous offrir le meilleur et le piredelui-
même »; proclamer non seulement qu'il est « spirituel comme Voltaire,
attendri comme Rousseau, délicat comme jM"^^ de Se vigne», maisenc re
que « l'Église n'a jamais eu dans le moyen âge et n'aura sans doute
jamais plus un artiste de cette hauteur, qui célèbre les extases de la
foi avec autant de sublimité attendrie » ; ils ont beau jeter la pierre à
tous ceux que cet avilissement désolait, même à ceux, comme le bon
Coppée, qui, malgré leurs répugnances, vivant ne l'abandonnèrent
jamais tout à fait, mort, s'empressèrent de jeter le manteau sur sa fin ;
hélas ! et les faits et les vers qu'ils citent, ceux aussi qu'à cause de
leur obscénité ils n'ont, malgré tout, pas pu citer, empêchent qu'on
épouse une telle admiration, et ne suggèrent aux plus indulgents
qu'une pitié affreuse. Ils ont tort d'ailleurs de prétendre que le vice
et les maladies, qui firent de Verlaine physiologiquement une épave,
n'entamèrent pas son cerveau et son génie. On a le droit, d'après les
documents mêmes qu'ils apportent, de penser qu'il y avait des
« gommes » dans ce cerveau et dans ce talent des tares. L'intérêt prin-
cipal de leur indiscrète publication n'est-il pas môme de fournir à la
critique de l'avenir l'explication de ce qu'elle trouvera dans l'oeuvre
de trouble, de fumeux, de déliquescent?... Gabriel Audiat.
Ei'Asmenalil^e constituante. lie Pltilosepliîsme révolu -
nairc en aetion, par Gusta.vb Gautherot. Paris, Beauchesne, 1911,
petit in-6 de xv-d40 p. — Prix : 5 fr.
On sait le grand succès des conférences sur l'histoire de la Révo-
lution faites à l'Institut catholique par M. Gustave Gautherot.
Le distingué professeur les réunit aujourd'hui en volume et l'on ne
saurait trop l'en remercier ; il faut aussi lui savoir grand gré
d'avoir renoncé à son premier mode de publication qui ne pouvait
convenir qu'à un tout petit nombre de disciples fervents. En adop-
tant la forme actuelle, il centuple le nombre de ses lecteurs, et
— 160 —
cela dans l'intérêt de l'histoire et du pays. M. Gautherot rompt
carrément en visière avec les idées communément reçues sur la
Révolution et, depuis trente ans, plus propagées que jamais par
les maîtres du jour. Il proclame bien haut la faillite de la Révolution
ou plutôt la faillite de la France par la Révolution. Cette Révo-
lution, la philosophie du xviii^ siècle Ta préparée ; les sociétés se-
crètes, les Illuminés, la Franc-maçonnerie probablement, l'ont orga-
nisée et une minorité bruyante et audacieuse l'a imposée au pays.
Le savant et regretté Albert Sorel a admirablement résumé le
gouvernement de la Constituante en ces termes : « On vit le mi-
nistère dominé par l'Assemblée, l'Assemblée par les clubs, les clubs
dominés par les démagogues, les démagogues par la populace^ ar-
mée, fanatique et faméhque qu'ils croyaient entraîner à leur suite
et qui, en réalité, les chassait devant soi «. 11 est impossible de
mieux caractériser l'histoire de ces deux années et demie, de mai
1789 à septembre 1791, et M. Gautherot en apporte de nouvelles
preuves. Il a suffi de si peu de temps pour bouleverser complète-
ment la France, changer sa mentalité et faire d'une nation^catho-
lique et réglée un peuple désemparé, flottant à tous les vents de
doctrine et n'ayant plus ni foi religieuse ni foi politique. |. Les
illusions des uns, la faiblesse des autres, l'inexpérience de tous ont
laissé le champ libre à un petit nombre de meneurs qui, eux, sa-
vaient ce qu'ils voulaient, c'est-à-dire faire tablelJrase du-' passé
et établir à la place les principes néfastes que le temps devait déve-
lopper et qui nous ont amenés où nous en sommes : la centralisa-
tion à outrance par la destruction de tous les corps organisés,
l'émiettement de la France par sa division en départements et la
suppression des provinces, l'éclosion des luttes de classes et des
conflits d'ouvriers et de patrons par l'abolition des corporations,
où il y avait des améliorations à faire, mais qu'il ne fallait pas
détruire, le vieux patriotisme français remplacé par un humanita-
risme vague, l'indiscipline introduite dans l'armée par les dénoncia-
tions contre les officiers et la fréquentation autorisée des clubs,
la guerre religieuse déchaînée par la constitution civile du clergé.
Ne sont-ce pas là les maux dont nous souffrons encore — tant
l'histoire se poursuit et se répète, • — et n'avons-nous pas le droit
d'en rendre responsables les « grands ancêtres » qui ont bâti de
toutes pièces l'édifice dont tous ces maux sont sortis?
Max. de la Rocheterie.
— IGl —
lies Turcs ont passé là. Recueil de documents^ dossiers, rapports
requêtes, protestations, suppliques et enquêtes établissant la vérité sur les
massacres d'Adana en 1U09, par GEORGES BrÉzol. Paris, chez l'auteur, 66,
boulevard Ornano, 1911, in-12 de vi-400 p., illustré. — Prix : 5 fr. 50.
L'heure est-elle venue d'écrire l'histoire des événements tragiques
qui se sont déroulés tout autour du golfe d'Alexandrette en avril
1909? On peut hésiter sur la réponse. En tout cas, personne ne con-
testera l'immense intérêt du drame cilicien, où viennent en jeu, par-
fois jusqu'au paroxysme, les plus mauvaises passions individuelles,
les haines de races, les pires déviations du sentiment religieux et,
en face d'admirables dévouements, d'odieuses intrigues avec tous
genres de calculs intéressés. Comme, de plus, les multiples péripéties
de la poignante hécatombe sont en étroite relation avec l'évolution
capitale qu'a subie l'Orient dans ces dernières années, on peut pré-
dire à coup sûr qu'elles solliciteront un jour irrésistiblement l'at-
tention des historiens. Qu'il soit d'ailleurs déjà possible de préparer le
récit définitif, M. Brézal n'est pas seul à l'avoir pensé. Mais son ré-
cent travail est peut-être à cet égard le plus important de tous cqux
qu'on a jusqu'ici publiés sur le sinistre. Ce n'est pas une narration sui-
vie, encore moins un réquisitoire ou une œuvre systématique qui
donne à craindre exagération ou parti pris. C'est un pur dossier.
Mais combien éloquent et convaincant dans sa simplicité, je dirais
même dans le décousu des pièces qu'il renferme. Vraiment son au-
teur a été bien inspiré : les années vont vite; il fallait se hâter de
recueillir les témoignages des survivants, de ramasser, sans les laisser
s'éparpiller davantage, les importantes relations des témoins, les cor-
respondances de la presse du monde entier, les télégrammes officiels,
les dépêches et appels de détresse des « rescapés », les suppliques et
protestations de leurs chefs spirituels et civils, les enquêtes parle-
mentaires et gouvernementales, les rapports des cours martiales, les
déclarations ministérielles, les hommages que la reconnaissance indi-
viduelle ou l'admiration publique ont valus aux sauveteurs tant mu-
sulmans que chrétiens, en un mot, toutes les informations capables de
jeter le plein jour sur l'ensemble et les particularités de l'affreuse tra-
gédie. Voilà ce qu'a essayé M. Brézol. On trouvera dans son livre,
méthodiquement groupés, non pas certes la totalité des documents
connus — il a dû forcément se borner — mais un très grand nombre de
pièces et des plus démonstratives. Si le volume n'est pas encore une
histoire, il suffit du moins, tel qu'il est, à situer l'effroyable épisode
dans l'histoire générale contemporaine, à montrer la vraie signifi-
cation des faits et à fixer les responsabilités. L'auteur ne prétend rien
de trop quand il affirme en tête de son œuvre qu'elle établit la vérité
sur les massacres d'Adana. J. Delarue.
FàvAiBR 1912. T. CXXIV. 11.
— 162 —
liibrary of ( oiigrc'<>x. jiiuericaii and Fuglifili Généalogies
in llie liibrary ol Coiegress. Pre'im'.nary CxiaLojH" coiupiied
uiider the direction of ihe chief of the Catalogue Division. Washington,
Government piinting office, 1910, in 8 de 805 p.
On sait que les études généalogiques jouissent, actuellement d'une
' grande vogue en Amérique. D'importantes revues paraissent, aux
États-Unis, qui sont entièrement consacrées à la publication des
généalogies. Les monographies de famille forment à la Bibliothèque
du Congrès une série fort nombreuse; le Catalogue, qui vient de pa-
raître, ne comprend pas moins de 3.750 articles.
Les ouvrages que ce répertoire nous indique se rapportent, pour
la très grande majorité, à des familles anglo-américaines. Quelques-
uns, cependant, ont trait à des maisons c[ui ne se sont pas trans-
portées au-delà de l'Océan, ainsi, aux dynasties royales d'Angleterre
et d'Ecosse. Un bon nombre de généalogies intéressent à la fois l'Eu-
rope et l'Amérique; ce sont celles de certaines races d'immigrés dont
la filiation est déduite à partir d'une époque antérieure à leur éta-
blissement dans le Nouveau Monde.
On est surpris de l'antiquité que quelques monographies attribuent
aux familles dont elles font connaître l'histoire. A en croire les titres
relevés dans le Catalogue, la généalogie des Sanborn remonte à
1194, celle des Hayford à 1100, celle des Morgan à 1089, celle des
Van Doom à 1088, celle des Davenport à 1086, celle des Heam et,
celle des Townsend à la conquête de l'Angleterre par les Normands,
ceUe des Hammond à l'an mille, celle des Hubbard à 866, celle des
Greene à 861, celle des Riddle à £60. Ce n'est rien encore, 11 paraît 'que
les ancêtres de George Washington sont connus depuis l'an 70, et
ceux des Tirre'l, depuis 443... avant Jésus-Christ.
MAX'^PRI^ET.
La ISibiio1li«-qiic |ii(1)lr<jue de Carca!»!»onne, par Jean^ Amiel
Paris, Le Soudier, 1911,Jm-8 de vni-i87. — Prix : 3 fr.
Comme beaucoup de nos bibliothèques françaises, c'est à la Révo-
lution que la bibliothèque de Carcassonne doit son existence. Son
premier fonds provient des livres pris par l'Etat aux établissements
religieux supprimés ou aux émigrés dont les biens furent confisqués.
Quelques dons importants : ceux de Cornet-Peyrusse et du baron
Guillaume Peyrusse, de Mahul, de Gabriel de Chénier, de Ccstc-Re-
boulh, de Jourdanne, sont venus, au cours du xix« siècle et du xx^,
accroître ses collections. Le budget des acquisitions (et du njatériel) a
été longtemps fort maigre et irrégulier; actuellement, il est d'un mil-
lier de francs. A un moment la ville a songé à supprimer son biblio-
thécaire, trouvant que la maison rendait peu de services. Au jour-
— 163 —
d'hui encore le nombre des lecteurs est peu considérable; des statisti-
ques et des explications produites par M. Amiel, il semble qu'il ne
dépasse pas une moyenne de quinze par jour (prêt sur place ou à do-
micile). La faute en est peut-être au peu de commodité des heures
d'ouverture. Les efforts faits pour obtenir de l'adminis-
tration municipale une ouverture plus large et plus facile n'ont pas
abouti jusqu'ici. Peut-être ce livre de M. iVmiel contribuera- 1- il à
obtenir un meilleur résultat.
Bibliothécaire adjoint de la bibliothèque municipale, il a voulu
connaître et faire connaître la maison à laquelle il donne son temps et
son dévouement. De là est né le petit volume que nous annonçons et
qui contient l'histoire de l'établissement, divisée en trois périodes
dont la première (1803-1830) est caractérisée comme une époque de
stagnation; la deuxième (1831-1887) comme une ère de prospérité
sur laquelle se contente de vivre la dernière période (1868-1911),
période du statu quo.
Des notes sur les bienfaiteurs, sur les conservateurs qui se sont suc-
cédé à la tête de rétablissement,sur les budgets, les catalogues, quel-
ques mots — un peu trop brefs — sur les autographes et les manuscrits
complètent cet essai, que M. Amiel pourra reprendre quelque jour en
le développant et en précisant certains points demeurés vagues. L'on
ne serait pas fâché d'être renseigné d'une manière plus précise sur
la composition de la Bibliothèque, sur les principes qui guident les
acquisitions, sur les moyens qu'elle possède de répondre aux besoins
tant des chercheurs et des érudits que des lecteurs ordinaires et du
public ouvrier, industriel et commercial; sur le genre d'ouvrages qui
sont le plus souvent demandés, etc. E.-G. Ledos.
CORRESPONDANCE
M. Seymour de Ricci nous adresse la lettre suivante :
Monsieur,
Dans un article très flatteur que consacre votre collaborateur M.
E.-G. Ledos à mon Catalogue raisonné des premières impressions de
Mayence (Polyhihlion, janvier 1912) je découpe le passage suivant :
« Peut-être pourrait-on relever de ci de là quelques traces de légè-
reté, nous n'en citerons qu'un exemple : à propos de la Bible de 36 L,
M. Seymour de Ricci écrit (p. 16, n^ 14) : « Selon M. Léopold Delisle
(Journal des savants, 1893, p. 216), un exemplaire aurait été offert
vers 1890 pour 150, 000 fr. par un libraire de Munich »; dans la
phrase visée et que voici, il n'est question ni de 1890, ni de Munich r
« Un libraire n'a pas craint dans ces derniers temps de demander
— 1G4 —
150.090 francs d'un exemplaire de la Bible imprimée à Baniberg par
Albrecht Pfister ». Quant au doute que M. de Ricci se permet d'émet-
tre sur cette assertion, tous ceux qui connaissent le soin scrupuleux de
M. Delisle dans tous ses travaux ne s'y arrêteront pas. »
Il y a dans mon travail, je le sais mieux que personne, plus d'une
trace de légèreté; mais c'est à tort que votre collaborateur incrimine
le passage par lui cité. Si j'ai parlé de Munich et de 1890 c'est que,
devant le laconisme de la phrase publiée par Léopold Delisle, j'avais
été demander à M. Delisle lui-même quelques indications complé-
mentaires, que celui-ci me fournit aussitôt avec sa bonne grâce ha-
bituelle, m'indiquant même le nom du libraire qui avait fait cette
offre. [^
Je suSjd'autre part, qu'un bibliographe anglais avait recherché cet
exemplaire, sans trouver d'autre trace de son existence; le libraire-de
Munich m'a déclaré ne se souvenir de rien et n'avoir jamais possédé
la Bible de 36 lignes. Une personne fort au courant de l'histoire de la
librairie allemande m'a assuré que le libraire en question s'était borné
à offrir pour 150.000 francs la Bible en question : si un acheteur sé-
rieux s'était présenté, il aurait essayé d'acquérir un des exemplaires
appartenant à des bibliothèques universitaires allemandes.
.'nQuoi qu'il en soit, et j'en fais juge vos lecteurs, j'étais parfaitement
en droit, après mon enquête, de commenter la phrase de M. Delisle
dans les termes suivants, que seul M. Ledos a estimés tendancieux :
« J'ai peine à croire que cette offre, dont il m'a été impossible de pré-
ciser les circonstances, concernât véritablement un exemplaire de
cette Bible appartenant à ce libraire. »
Veuillez agréer, etc. Seymour de Ricci.
; Et voici la réponse de M. Ledos :
Même après les explications que nous fournit M. Seymour de
Ricci et que je me félicite d'avoir provoquées, la phrase que j'ai citée
demeure malheureuse et inexacte, puisqu'elle se réfère à un texte qui
ne répond pas à l'énoncé qu'elle en donne et que rien ne laisse soup-
çonner au lecteur les motifs que M. Seymour de Ricci a eus de le
compléter comme il fait. Il aurait pu, sans allonger beaucoup son
texte, fournir au lecteur, d'une manière sommaire, les précisions qu'il
apporte ici et qui justifient le vague, très certainement voulu, de
l'indication donnée par M. Delisle. E.-G. L.
— 1G5 —
BÏJLLETIN
Kl Convite dei tilviiio «moi-, por JosÉ Frassinetti ; trad. del ilaliano
por José Pérez IIervâs. Barcelona, Siibirana, 1911, petit in-16 de xvi-
163 p. — Prix : 1 fr. 50.
Frasî'inetti a publié, il y a qiulque trente ans, divers opuscules qui ont
tous pour but d'exciter les fidèles à la réception fréquente du sacrement
de l'Eucharistie. Celui que vient de traduire en espagnol Don José Pérez
Hervâs est a,ssurément le plus doctrinal et en mênnie temps le plus pra-
tique. Il est divisé en cinq chapitres : 1° le Banquet de l'Amour; 2° les
faveurs qu'on y reçoit; 3*^ les dispositions pour s'tn approcher; 4° la fré-
quente communion; 5° le zèle qu'on doit apporter à propager cette pra-
tique. Ce livre de piété s'ajoute à tous ceux qui ont été publiés depuis le
décret de la S. Cong-régation du concile du 16 déc(mbre 19C5, tt ne sera
pas le moins utile aux prêtres et aux f:dèles qui ont à cœur de développer
le culte eucharistique et la fréquente communion. G. Bernard.
L.a Fôrmuli» «oclal crUtlana, por UBALDO ROMBRO QUINONES. Guadala-
jarn, Minguijon, 1910, in-16 de 614 p. — Prix : 2 fr. 50.
Moins que jamais la religion catholique ne peut se désintéresser de ]a
question sociale. Elle le peut d'autant moins que la politique, au lieu d'apla-
nir les difficultés, ne fait qu'en retarder la solution, par suite de? compé-
titions, des luttes personnelles et de l'instabilité du régime. L'auteur du
li\Te que nous venons de lire a cherché à fc mener à la catégorie de principes
scientifiques les vérités capitales de la théologie chrétienne, à renouer
l'harmonie entre le vieux christianisme et la civilisation moderne, à re-
mettre en honneur les notions traditionnelles de la famille, du mariage,
de la propriété, du droit et de la liberté. Ce n'est pas du socialisme chré-
tien, mais la théorie chrétienne exposée, suivant le dogme et l'Évangile,
pour éclairer les masses et diriger les efforts de ceux qui veulent de bonne
foi résoudre. le terrible problème actuel. Les éternelles vérités que rapp'^Ue
M. Quinones ne doivent être oubliées de personne; le progrès des sciences
ne les a point affaiblies, et tout travail est condamné à rester stérile, si l'on
fait abstraction des devoirs qui nous lient à Dieu et à son Église, sous le
spécieux prétexte de faire prévaloir des droits contestés, sinon contestables.
G. Bernard.
■utei-nacloiia matematikal lexiko en Ido, germsinn, ungla, fi-anoa
e iialiana, par Louis Couturat. léna, Fischer, 1910, iu-4 de ii-36 pages. —
Prix : 1 fr. 80.
Ce dictionna,ire contient environ 1200 termes usités en mathématique.
Dans une première partie, disposée» en cinq colonnes par page, les mots
classés par ordre alphabétique en ido sont accompagnés de leur t ^aduction
en allemand, anglais, français et italien. Pour la formation des mots en
ido, I\L Couturat a pris l'avis de tous les pontifes de cette nouvelle langue;
pour le choix des mots et pour leur équivalence franco-all*^mand<^ il a eu
recours à l'excellent lexique de Félix Mùller; pour les traductions anglaises
et italiennes, il s'est adressé à des spécialistes dont la compétence est
indiscutable. Dans une seconde partie, les mots des quatre langues vi—
— 166 —
vantes considérées sont claasés par ordre alphabétique, sans distinction de
langue; toutefois, les mots qui ne diflennt d"; F i do que par la terminaison
grammaticale ont été intentioruxt^lL-ment omis. Espérantiste peu pratiquant
et pas du tout militant, ni.us ne pavLrons pas d î l'influence que peut avoir
ce lexique pour la propagation d? l'Ido. Mtis, par contn-, nous insisterons
sur les immenses services qu'il peut rcnd't'e aux mathématiciens d'une
des quatre langues vivant^^s d'>nt il donn? les équivalents. Ce volume
remplace doiize kxiques différents et, grâce à son heureuse disposition, il
permet d> trouver rapidement la tr?dj'ctif>n d'un mot d'une des langues
dans une quiconque d^s trois autres. Nous souhaitons donc un très vif
succès à cet ouvrage; nous voudrions qu'il soit tel qu^, prochainement, une
édition plus complète paraisse; nous préférerions la voir publier dans un
format plus commode : \m manuel dans le genre des VHustrierte tecknische
W ôrter bûcher i>nïy\iés par von Oldenbourg (Munich) serait la perfection.
E. Chaii.an.
On ttaa Hfstory of the Ballads ( 1 1 OO-l STOU), by W. P. Kbb. London^
Troude, s. d., in-8 de 26 p. — Prix : 1 fr. 8o.
« Poème à la fois lyrique et narratif, d'origine populaira ou coulé d.tns le
moule de la poésie populaire, fait de plus pour circuler moralement parm
tout un groupe d'hommss, « c'est ainsi que M. Ker définit la ballade par
oppo'^ition au conte populaire d'une part, à la poésie purement lyrique, de
l'autre. La ballade ainsi comprise forme un genre littéraire qui fut long-
temps florissant, mai? dont l'histoire est ob.cure. Voici les principales
questions relatives à ce genre que touche M. Ker dans le court mémoire
qu'il a lu à l'Académi? britannique.
1° Domaine (dans les pays de langue romane ou germanique, les seuls
dont s'occupe l'auteur). La ballade se trouve partout, sauf dans l'Italie au
sud des Apennins ; en Castille, les romances sont uae producMon particu-
lière et distincte. 2^ Parenté entre les ballades des dii'férents pays : la
France du nord, le Languedoc, le Piémont, la Catalogne, auxquels peuvent
se rattacher encore le Portugal et, en partie seulement, l'Espagne; dans
les pays germaniques, trois groupes, anglai;, danois (qui comprer d les au-
tres pays Scandinaves), allemand ; le group3 danois trahit une influence
française. 3° Date : sauf de rares exceptions, nos textes ne remontent qu'au
xv^ ou même au xvi^ siècle; une antiquité bien plus grande se laisse supposer
par des vestiges de rédaction antérieures ou par le lien apparent entre
certaines bal'ades et tel ou tel événement historique; la démonstration de
cette antiquité, très difficile à faire, paraît suffisante pour certaines balla-
des danoises ; les premières ballades dïîivent appartenir à la fin du xi^ siè-
cle et au commenC'^ment du xii^ ;leur forme métrique n'est certainement
pas antérieure, au moins dans Ir-s pays de langue germanique, mais certains
thèmes ou motifs proviennent d'une littérature ou d'une tradition plus
anciennes. 4° Origine : les ballades, au moins dans les pays Scandinaves et
en Espagne, ne sont pas nées dans les classes tout à fait illettrées, mais ont
été compo-ées pour des gens d'une certaine culture; elles ne semblent pas,
sauf en Espagne, dériver d'une poésie épique ou narrative plus ancienne
dont elles seraient pour ainsi dire des fragments; elles constituent une forme
poétique particulière qui se distingue par le mélange de narration et de
lyrisme, par la concision, par l'unité d'intérêt, par la note ordinairement
tragique. A travers ce résumé, on apercevra peut-être tout ce qu'en vingt-
six pages a su condenser de matière l'un des hommes d'Europe qui connais-
sent le mieuK la littérature du moyen âge. A. B.vubea.u.
— 167 — ,
•^.'Italie dailâ qnclques ;,pnblleatlon!» da Jésuites rruiiçal», par
Gabr[Bl Mauqain. Paris, Champion, 1910, gr. iu-8de62 p.— Prix: 1 f;. 50.
Cette brochure e?t con>acré3 aux doctrin3î littéraires de Rapin et Bon-
heurs, à leurs appréciations sévèt'es sur les hommas et les choses d'Italie,
au Journal de Trévoux et à ses jugements malveillants sur tout ce qui
touche à la péninsule, — le Vatican et les jésuites exceptés. M. Maugain a
rattaché ce sujet, d'intérêt médiocre, à l'histoire littéraire générale, en y
voyant un épisode de la revirade qui se produit en France entre la géné-
ration italophile de Ménage, Chapelain, La Fontaine, M"»^^ de Sévigné et
de La P"'ayett3 et la génération plus exclusivement française de Boileau,
Adrien Baillet, ttc : chose bizarre, cet éloignement de l'italianisme se produit
au fort de la querelle des anciens et des modernes; ce sont les jésuites qui,
au milieu des horreurs de la Bulle, comme dira Voltaire, se déchaînent
contre les ultramontains. On ne voit pas que M, Maugain ait essayé d'ex-
pliquer ce qu'il y a au premier abord de déconcertant dans ces anachronis-
mes ; il montre que les attaques contre l'Italie furent si vives dans ce petit
clan qu'elles provoquèrent une renaissance de la critique en Italie, par la
création d'une gazette de défense fondée à Venise par Apostolo Zeno,
Scipion Maffei, Vallisnieri, le Giomale de' Letterati d Ilalla : peut-être au-
rait-il pu insister davantage sur les circonstances de cette fondation et
le caractère national du giomale, un des premiers et lointains précurseurs,
presque insconscients du reste, de l'esprit patriotique et unitaire. L'auteur
essaye de montrer les causes de cette autorité accordée par les Italiens du
Settecento à ces deux grammairien-, si parfaitement oubliés de nos jour=, et
montre que les Italiens ont eu raison de voir en eux des adversaires bien
armés et puissants de leur influence littéraire. L'épisode n'a d'ailleurs, en
somme, qu'une bien minime importance. L'étude est soigneusement faite,
méthodique, patiente, bien documentée. L.-G. Pélissibh.
tJne) I»ériotlo électorale ù. ï^oîtiers en 1 rSO, par H. COUTURIBR,
Poitiers, imp. Biais et Roy, 1911, in-8 fie 101 p. — Prix : 1 fr. 25. ._
C'est ajout:T un chapitre nouveau à l'histoire qu'avait écrite, il y a
deux ans, l'auteur sur la Préparation des Etats généraux de 1789 en Poitou,
que de nous donner des détails relatifs à ce qui s'est passé à Poitiers même
pour les élections dans l'hiver d? 1789, quand deux mille électeurs
se pressèrent d-ius la ville pendant deux mois. Il est curisuxde voir la diffé-
rence d'esprit d'^s trois ordres : intransigeante sur ses prérogatives hono-
rifique •■■, la noblesse se prête à des sacrifices pécuniaires en faveur de l'État,
et s'occupe volonti?r3 du sort du peuple; dans le clergé, autour des dsux
évêques de Poitiers et de Luçon, les membres les plus respectables par-
tagent ces sentiments avec la crainte des nouveauté^; une minorité do
jeunes prêtres turbulents ou de petits curés de paroisses rurales étalent
sans vergogne leur ambition toute personnelle et de la façon la plus irres-
pectueuse poui" les autorités ecclé.-iastiqu?s. Dans le tin's état, les ma-
giitrats et avocats de Poitiers veulent conserver les coutumes et éviter
des bouleversements soc'aux que réclament au contraire avec beaucoup
de véhémence et d'impmdence la grande majorité des membres du tiers.
Ces derniers semblent bi^n satisfaire leurs jalousies sociales sous
prétexte du bien général. Dans tout cela, il règne beaucoup de désordre
et de passion.
M. Couturier laisse parler les faits qu'il recueille et expose sans commen-
— 168 —
taire; le tabloau n'en est que plus frappant et cette histoire poitevine a dû
être celle de la plupart de nos provinces au dékut de la Révolution. G.
Soiivonlrci, lnipr'<>sslc ns et réflexions cL'iid vlenx l>onapai>tl»te,
exlr;iits des Mémoires iifdils d'un paysan, par Arsène Thkvenot. Arcis-
sur-Aube, Gradassi-Royer, s. d., in-16 de 69 p. — Prix : 0 fr. 50.
L'auteur a été f.ous l'Empire inï^titutcur puis vérificateur d'^s poids et
mesures dans l'Aube. En 1870, il a vaillamment combattu comme franc-
tireur et, après une injuste révocation, il s'est fait journaliste et son dernier
emploi en cette qualité a été celui de directeur du Vosgien, journal conser-
vateur et catholique d'Épinal. C'est un bonapartiste d'une fidélité tou-
chante et noblement désintéressée. Cet opuscul<- contient quelques souvenirs
personnels, des louanges et une justification plus sentimentale que
documentée de Napoléon III et de sa politique, enfin quelques pièces de
vers dont la dernière est un épithalame r,ur le mariage du prince Victor
Napoléon avec la princesse Clémentine de Belgique. La conclusion que le
lecteur en tirera est que l'auteur est un vieillard ardemment patriote et
extrêmement sympathique. Mais il ne us pei'mettra d'ajouter que ses
déductions politiques n'ont rien de rigoureux. Eugène Godefroy.
KIsâssisclie %'ei-ras8un^e-und Vei-AvultuiigSwunsclic Im lS.Iahr>
bandent, les Pieux Désirs d'un Alsacien, publié par ErnST HaUVIL-
LHR. Metz, Scriba, 1911, in-8 de 71 p/'-
Voilà une brochure qui fit à son apparition un certain bruit en Alsace-
Lorraine. C'est un mémoire dû à un auteur anonyme du xviii® siècle, reven-
diquant pour l'Alsace une nouvelle constitution afin qu'elle ne soit plus
traitée en province réputée étrangère. Trouvé aux Archives nationales à
Paris, par le directeur des archives de la Lorraine,]M. Hauvill r, ce document
fut publié par lui er 1910 dans le Bulletin de la Société lorraine d'histoire
et d'archéologie de Metz. 11 fut présenté à l'empereur Guillaume II qui le
trouva très intéressant, ordonna sa publication en tiré à part et recommanda
de le répandre à profusion. C'est que le mémoi^'e en question était d'une
haute actualité, au moment où l'on discutait la nouvelle constitution
d'Alsace-Lorraine. 11 est curieux de constater combien cette nouvelle
constitution se rapproche de celle que demandait l'anonyme auteur du
mémoire, au xviii.e siècle. C'est dire combien le régime nouveau, par lequel
l'Alsace-Lorraine va être gouvernée, répond peu aux idées modernes. La
lecture du mémoire publié par M. Hauviller est donc d'un grand intérêt,
mais le commentaire de 27 pages dont il a cru devoir le faire précéder
montre comment on peut faire dire à "un document tout autre chose que
ce qu'il exprime. \. G^
Ames inconnues, par JEAN DE LA Brète. Paris, Plon-Nourrit, in-16 de
Ln-120 p. — Prix : 1 fr. 50.
Ce petit volume du délicat auteur qu'est l'auteur de Mon Oncle et mon
curé, fait honneur à son talent et à son cœur. Avec les Notes intimes d'un
séminariste, l'auteur a, non pas conté la vie humble et cachée d'un sémi-
nariste qu'une mort prématurée n'a pas permis de se faire connaître au
monde, mais il nous découvre le fond de son âme, une âme qui n'a fait
que grandir d'année en année, jusqu'au moment où Dieu est venu la
— 169 ~
cueillir pour son paradis. Auguste Merlet était né en 1887, il est mort en
mars 1909, avant d'avoir accompli sa vingt-troisième année, et son
Journal intime laisse l'impression d'un esprit distingué mais plus encore d'une
très belle âme, parvenue de bonne heure à la maturité, et que le milieu
chrétien où il a passé toute sa vie si courte n'a connue que pour deviner
les espérances qui se pouvaient fonder sur elle. Belle fleur, qui n'a pu
donner ses fruits, et qui est allée s'épanouir au ciel, dans toute sa fraîcheur
et son éclat. Livre à proposer aux méditations des jeunes chrétiens, prin-
cipalement à C9UX qui s^^ préparent à l'honneur et aux labeurs du sacer-
doce. Ils y trouveront profit pour leur âme, rien n'étant contagieux comme
le voisinf.go de si rares et si hautes vertus. Quant à ceux qui ne connaissent
pas le prêtre, je voudrais qu'ils lussent aussi ce livre pou se rendre compta
de la vigilance éclairée qui préside ri la préparation des âmes sacerdotales
et de.*^ admirables vertus int:ïllectuelles et morales que l'éducation cléri-
cale sait faire fleurir dans les âmes. Ils n'y trouveraient pas la foi peut-
être, qui est un fruit de la grâce, mais ils sentiraient naître dans leur âme,
pour ces frères inconnus, une estime intellectuelle et morale préparatoire
de jug3ments plus équitables et des pacifications récefsaires de l'avenir.
Je rec(jmmande chaudement ce petit livre, qui présente vraiment un très
grand intérêt. P. Ta «.on. 5,^^
CHRONIQUE
Nécrologie. — Le docteur Paul Topinard, l'illustre anthropologiste,
est mort à Paris, le 20 décemb-'e, à 82 ans. Né à l'Isle-Adam (Seine-et-
Oise), le 4 novembre 1880, il alla passer les premières années de sa jeu-
nesse en pleine nature sauvage aux États-Unis, où son père s'était fait
pionnier dans le Delaware. Après avoir fait ses premières études à la Nou-
velle-Orléans, il revint en France pour suivre les cours de médecine. Reçu
interne des hôpitaux puis docteur en 1869, il se fixa à Paris où il exerça
jusqu'en 1871. Mais à cette date, sous l'influence de son maître Broca, il
renonça à la médecine pour se livrer à l'étid-:^ de l'anthropologie. Grâce
à ce dernier, il fut nommé conservateur d' s collections de la Société d'an-
thropologi , puis directeur adjoint du laboratoire de l'École des hautes
études. En 1876, il devint professeur à l'École d'anthropologie qui venait
d'être fondée et, en 1880, à la mort de Broca, il le remplaça comme secré-
taire général de la Société d'anthropologie et il prit en même temps la
direction de la, Revue d'anthropologie. On ne doit au D' Topinard que deux
ouvrages de médecine : Aperçu sur la chirurgie anglaise (Paris, 1860, in-8)
et De VAtaxie locomotrice progressive (Paris, U65, in-8), volume couronné
par l'Académie de médecine. Mais ses travaux relatifs à l'ethnographie
et àl'anthoropologie sont nombreux et des plus importants. Le- principaux
publiés en volumes, sont : Études sur les races indigènes de V Australie
(Paris, 1872, in-8); — U Anthropologie (Paris, 1876, in-8, ouvrage cou-
ronné par l'Académie de «médecine et par l'Institut et qui, devenu clas-
sique, a été traduit dens plusieurs langues; — Étude sur la taille considérée
suivant Vâge, le sexe, l'individu, les milieux et les races (Paris, 1865, in-8); — ■
Des Anomalies de nombre de la colonne vertébrale chez Vhomme (Pai'is, 1877,
in-8); — Éléments d'anthropologie générale (Paris, 1885, gT. in-8), ouvrage
également récompensé par l'Institut; — L'Homme dans Za namre (Paris,)
1891, in-8);- — Science et foi. L'Anthropologie et la science sociale (Paris, 1900,
in-8).
— 170 —
— Le docteur Manuel Leven, dont la ca^'rière scientifique a été des
plus brillantes, est mort à Paris au commencement de janvier, à 81 ans.
iS'é en 1831, il était entré àTIn-stitut agronomiqu,^ dt Versailles. Mais, lorsque
•cet établi '.sèment fut supprimé en 1852, il sotourni du côté do la médecine.
Interne d:>s hôpitaux en 1856, il fut successivement médecin do la Com-
pagni ? du chemin de fer du Nord, puis médecin en chef de l'hôpital Roth-
schild. C'est dans ce dernier établissement qu'il se livra à ces recherches
sur bs maladies de l'estomac qui ont établi sa réputation sci':'ntifiqur'. Les
principaux ouvrages qu'il a composé>'. sont : Traité des maladies de V esto-
mac (Paris, 1879, in-8); — Estomac et cerveau (Paria, 1884, in-8); • — La
Névrose (Paris, 1887, in-8); — Système nerveux et maladies fPa^is, 1893,
in-8); — La Vie, Vâme et la m.aladie (Paris, 1903, in-8); — Mémoire sur le
cervelet (Paris, 1904, in-8), avec Luys et Ollivier; — Traité de philoso-
phie médicale, œuvre restée inachevée.
— M. Alexandre-Charles- Auguste Bisson, l'auteur dramatique si sou-
vent applaudi, est mort à Paris, le 27 janvier, à l'âge d^ 63 ans. Né à Briouze
(Orne), le 9 août 1848, il vint à Paris en 1869 et entra comme rédacteur
au ministère de l'instruction publique; mais il ne tarda pas à donner sa
■démission pour se consacrer entièrement à la carrière dramatique et à la
littérature musicale. Depuis lors, il fit'représenter sur diverses scènes toute
une série de vaudevilles, opérettes et comédies, dont plusieurs obtinrent
un vif succès, entre autres : Quatre coups de canif (Folies-Marigny, 1873);
— Le Chevalier Baptiste (Gymnase, 1872), avec André Sylvane; — Le
Vignoble de M^^e pichois (Théâtre Scribe, 1874), avec le même; — Un
Voyage d'agrément (Vaudeville, 1881), avec M. Gondinet; — Un Lycée de
jeunes filles (Théâtre Cluny, 1881); — 115, rue Pigalle{C\nny, 1882); —
Ninette (Renaissance, 1882), avec Alfred Hennequin; - — Le Député de
Bombignac (Théâtre-Français, 1884);- — LeCupidon (Palais-Royal, 1884);
— Le Moûtier de Saint- Guignolet (Galeries Saint-Hubert, à Bruxelles,
1885); — Une Mission délicate (R.ona';;sance, 1886); — Un Conseil judi-
ciaire (Vaudeville, 1882); — Ma Gouvernante (Renaissance, 1887); — Le
Boi Koko (Renaissance, 1887); — Les Surprises du divorce (Vaudeville,
1888), avec Antonv Mars, une des meilleures pièces de l'auteur; — Feu
Toupinel (Vaudeville, 1890); — Le Sanglier (1890); — Les Joies de la
paternité (Paris, 1891, in-12); — La Terre-Neuve (Paris, 4897, in-12); —
Le Contrôleur des wagons-lits (Pari",, 1898, in-12); — Le Bon Juge (Paria,
1901, in-12); — Les Apaches (Paris, 1904, in-12); — Les Trois Anabap-
tistes (Paris, i904, in-i2). Très au courant de la théorie musicale, M. Ale-
xandre Bisson a collaboré en outre aux ouvrages siuivants de M. Théo-
dore de Lajarte : Grammaire de la musique (Paris, 1879, m-8); — Petit
Traité de composition musicale (Paris, 1881, in-8); — Petite Encyclopédie
musicale (Pari:, 1881-1883, 2 vol. in-8).
— L'archéologie a fait une perte son .ible en la personne d ^ M. Anthyme
Saint-Pal L, un de ces infatigables travailleurs di la province dont les
travaux honorent tant l'érudition française. Né à Montre jeau (Haute-
Garonn-), il est mort en novembre, à 69 an>. En outre d-s nombreux
articles qu'il a d'innés à diverses revues savantes telles que le Bulletin
monumental et la Revue de l'art chrétien, M. Anthyme Saint-Paul a publié
les ouvrag.-s suivants fort estimé; : Le Présent et l'avenir de Varchitecture
chrétienne (Paris, 1876, in-8); — De la Position et de la forme des clocliers
(Arras, 1878,1882, 2 brcKïh. in-8); — L'Année archéologique. Calendrier
archéologique. Centenaires (Paris, 1880, in-8); — Annuaire de l'archéoogue
jrançais (Paris, 1877-1879, 3 années seules parues); — Viollet-lc-Duc, ses
— 171 —
travaux d'art et son système archéologique (Paris, 1881, iB-8); — Le Cas de
la cathédrale de Reims (TOTU'S, 1881, gr. in-8) ; — Notes sur V architecture dans
le Comminges du iii^ au xv^ siècle (Paris, 1887, in-8); — Du Célibat au^
mariage. Lettre à M. Vabhé Bolo, auteur du livre intitulé « Du Mariage et
du dii'orce )y (Paris, 1891, in-12); — L'Archéologie du moyen âge et ses mé-
thodes (Paris, 1904, in-5); — Architecture et catholicisme. La Puissance
créatrice du génie français et chrétien dans- la formation des styles au moyen
âge (Paris, 1905, in-1 6) ; — Histoire monumentale de la Franc? (Paris, 1911,
gr. in-8).
• — Le Dr. Félix Dahn, jtirist \ historien, romancier et dramaturge alle-
mand, qui jouissait d'une grande notoriété au-d 'là du Rhin, est mort à
Breslau, le 3 janvier, à 78 ans. Né à Hambourg le 9 février 1884, il fit ses
étrdîS à Munich et s\iivit ensuite î^s cours d^ droit à Berlin. Nommé pro-
fesseur à rUnivur;-.ité de Wurt>bourg en 1863, il fut chargé, en 1872, d'en-
seigner le droit ail 'mand et la philosophie du droit à l'Université de Kœ-
nigsborg et, un peu plus tard, il alla occuper une chaire semblable à l'Uni-
versité de Breslau. L'œuvre d^ M. Dahn est considérable et surtout fort
variée. Au domaine du droit et d:) l'histoire apparti- nn^ nt les volumes
suivants : Die Kœnige der Gcrmanen (Wurtzbourg, 1^61-1871, 6 vol. in-8);
— Procopius von Caesarea (Berlin, 1865, in-8); — Westgotische Studien
(Wurtzbourg, 1874, in-8); — Handelsrechtlige Vortraege (Leipzig, 1875,
in-8);] — Das deutsche bûrgerliche Recht der Gegenwart (Nœii'dling?n, 1876,
in-8); — Grundriss des deutschen Privatrechts (Leipzig, 1878, in-8); — Lon-
gobardische Studien, Paulus Diaconus, etc. (Leipzig, 1876, in-8); — • Die
Vernunft im Recht (Berlin, 1879, in-8); • — • Rechtsphilosophische Studien
(Berlin, 1883, in-8); — IJrgeschichte der germaniscken und rnmanischen
Voelker (Berlin, 1881-1883, 3 vol. in-8), etc. Mais la g/ande réputatio'n
•d'écrivain que M. Félix Dahn s'et'.t acquise, il la doit phn encore à s. s ouvrages
•d'imagination, surtout à ses romans historiques, qui ont bcai.e >up contri-
bué au développement du roman moderne. Pa;rmi ces travaux littéraires
nous citerons : Harald und Theano (Berlin, 1856, in-8); — Gerfsc/ue (Berlin,
1857, et Stuttgart, 1872, in-8); — Zwodf Balladen (Leipzig, 1874, in-8) ;
- — • Ein Kampf um Rom (Leipzig, 1876, in-8), plusieurs fois réimprimé ; —
Odhins Trost (Leipzig, 1880, in-8), etc. Enfin, comme auteur dramatique,
;1 a donné un certain nombre de tragédies et de comédies, notamment :
Der King Roderich (1874 et 1876) ; — Deutsche Treue (1875) ; — Staatskunst
der Frauen (iSTJ); — SUhne (Leipzig, 1880), etc. Enfin il est l'auteur
des libretti de quelques opéras, tels que : Armin;' Der Schmied von Gretna
Green; Der Fremde, etc.
— M. Hi'go LuBLiNER, l'auteur dramatique allemand bien connu, qui
est mort à Berlin, le 19 décembre à 66 ans, était né à Breslau, le 22 avril
1846. Après avoir fsit ses études à l'École des arts et méti -rs de Berlin,
il divint le directeur d'vn) manufacture d? ti.sus. Mai'isesaptit- d spour
la littérature théâtrale le poussèrent bi jntôt à renoncer à l'industrie, et,
après quelques essais qui passèrent inaperçus, il attira sur lui l'attention
par Isa comédi • Frauenadvocat (1873). Dès lors, '1 d')r.n\ un certain nombre
de d''ameo, d congédies et d^ tragédies, soit sous son nom, soit soiis le pseu-
den me d^^ H go Burg^r, tantôt seul, tantôt en collaboration, entre centres :
Gabrielle (1878); —Die Frau ohne Geist (1879); — Gold und Eisen (1881);
— • Frau Suzanne (1885); — Armen Reichen 1886); — Die Frau von neun-
zehn Jahren (1887); — Der Name (1888); — Im S pie gel (1890); — Der
Kommende Tag (1891). M. Lubliner a publié également quelques ouvrages
sur d s sujets divers ainsi que d s romans, entre autres : Berlin im Kai-
— 172 —
serreich (Berlin, 18cS6, 2 vol. in-8) et Frau Schubds Tochter (Berlin, 1905,
in-8).
• — L'Italie vient de perdre un de ses poètes les plus tn vue. M. Mario Rapi-
SARDi, professeur do littérature italienne à l'Université do Catane (Sicile),
est mort au commencement de janvier, à 68 ans, dans cette ville, où il était
né le 65 fé\'ri3r 1832. Partisan enthousiaste d'un humanitarisme basé
sur des aspirations n'ayant ri n d ; commun avec l'idéal chréti. n, M. Rapi-
sardi avait consacré aux revendications sociales de notre époque tout son
taknt, servi par un style passionné, parfois exagéré et violent. Il a
abordé avec vne égale habileté l'élégie, la satire, le drame et l'épopée
sociale. Cette œuvre nous montre le poète passant par toutes les phases
de l'emportement pour arriver finalement aux derniers jours de sa vie à
une sorte d; calme bovddhique, produit de la désillusion et de rêves non
réalisés. Voici la liste de ses principales publications : Canti (1863); —
Per il centenario di Dante (1865); — Ricordanze (1872); — Lucifero : poema
(1877);— Al Re : ode (1879); — // nuevo Concetto scienUfico (1879);)— La
Natura, libro VI di Lucrezio (1879); — // Marzo : ode (1882); — Giusti-
zia : versi (1883) ; — Giobbe : trilogia (1884) ; — Poésie religiose (1889-1895) ;
— Versi scelti e riveduti (1888); — La Poésie di Catullo interamente tra-
dotte (1889) ; — Elégie (1889) ; — Per Nino Rixio, ode (1890) ; — Empedocle
ed altri versi (1892); — // Prometeo di ShelUy tradotto (1892); — U Atlan-
tide, poema (1894); — Le Odi di Orazio, tradotte (1897); — Un Santuario
domestico., comedia (1897); — VAsceta ed altri versi (i9(i2].
— M. Gustave de Molinari, le célèbre économiste belge, est mort le
28 janvier à la Parme, petite ville du littoral de la Belgique, à l'âge de
93 ans. Fils du baron Philippe de Molinari, ancien officier de l'Empire,
il naquit à Liège, le 3 mars 1819. 11 se fixa d'abord à Bruxelles où il exerça
la mideeine homœopathique et composa quelques traités relatifs à son
art; mais pci d ■ temps après il vint à Paris où il écrivit dans divers jour-
aux de l'opposition. Obligé de rentrer .n Belgique au coup d'État du
2 d'ic-mbre, il fut nommé professeur d'économie politique au Musée de
l'ind istrie à Bruxelles et devint directeur de l' Economiste belge. Là, comme,
(n France, il se fit une réputation d'économiste d s plus remarquables.
Le 28 mars 1874, il fut élu membre corre.spondanl d^ l'Académie des sciences
morales et politiques. M. Gustave de Molinari a été un zélé collaborateur
non seulement de V Économiste belge et de la Bourse du travail , journaux
belges qu'il avait fondés avec son frère M. Eugène de Molinai'i, avocats
mais encore des périodiques français la Patrie, le Libre- échange, le Courrier
français, la Revue nouvelle, le Commerce, le Journal des économistes, le.
Débats, etc. Parmi les nombreux ouvrages qu'il a publiés, nous citerons :
Des Moyens d'améliorer le sort des classes laborieuses (Paris, 1844); —
Etudes économiques (1846, in-16); — Histoire du tarif, les fers et les houilles,
les céréales (Paris, 1847, in-8) ; — Les Soirées de la rue Saint-Lazare (Paris,
1849, :n-8); — Les Révolutions et le despotisme [Bru^ellefi, 1852); — Cours
d'économie politique: De la Production et de la distribution des richesses
(Paris, 1855, et 1864); — Conversations familières sur le commerce des grains
(Paris, 18.^6 et 2^ édit. 1886, in-l6); — J5e l'Enseignement obligatoire (Paris,
1859); — Lettres sur la Russie (Paris, 1S61 et 2^ tdit. 1877, in-18); —
Napoléon III publiciste (Paris, 1861, in-18); — Questions d'économie poli-
tique et de droit public (Paris, 1861, 2 vol. in-8); — Le Congrès européen.
(Paris, 1864, in-8); — Galerie des financiers belges (1866, in-18); — Les
Clubs rouges pendant le st^ge (Paris, 1871, in-18); — Le Mouvement socia-
liste avant la révolution du 4 septembre 1870 (Paris, 1871, in-18); — La
— 173 —
République tempérée (Paris, 1873, in-8); — Lettres sur les Etats-Unis et
le Canada (Paî'is, 1876, in-18); — La Rue des Nations à V Exposition uni-
verselle de 1878 (Pa^is, 1878, in-18); — U É^'olution économique au xix®-
siècle (Paris, 1880, in-3); — U Irlande, le Canada, Jersey (Pavis, 1881,
in-18); — L' Éi'olution politique et la Révolution (Pari?, 1884, in-8); — Au
Canada et aux Montagnes-Rocheuses, en Russie, en Corse et à l'Exposition
universelle d'Anvers (1885, in-18); — Les Lois naturelles de l'économie poli-
tique (Paî'is, 1887, in-18); — A Panama, l'Isthme, la Martinique, Haïti
(Paris, 1887, in-18); — La Morale économique (Pa^is, 1888, in-8); — No-
tions fondamentales d'économie politique et programme économique (Paris,
1891, in-8), etc. M. do Molinari a donné en outre une nouvelb édition de
VEssai sur le principe de la population, de Malthus (Pavi-;, 1889, in-8).
— On annonce encore la mort d ' MM. : Le D"" Joaquin Albarran, d'ori-
gine cubaine, chirurgien d > l'hôpital Necker, professeur de clinique uro-
logiquc à la Faculté d méd ;cine de Paris, mort au comm nomment de
janvier, lequel est l'auteur de travaux fort estimés relatifs surtout à l'uro-
logie et à la médecin^ opératoire tels que : Étude sur le rein des urinaires
(Paris,''l{^89, in-8), thèse; Les Tumeurs de la vessie (Paris, 1892, gr. in-8);
Les Tumeurs du rein (Paris, 1903, g.', in-8) et Exploration des jonctions
rénales, Etude médico-chirurgicale (Paris, 1905, gi". in-8) ; — Albert Blass,
poète, collaborateur du journal les Gaudes, de Besançon, qui laisse un
important ouvTage : Les Oiseaux du chasseur (2 vol. in-8), mort à Ray
(Haute-Saône), le 2 jan\'ier, à l'âge de 6'* ans; — le chanoine Bonnaure,
supérieur du grand séminaire du diocèse de Viviers, mort au milieu de jan-
vier, à 55 ans; — Stéphane Borel, poète chansonnier lyonnais, auteur
d'un grand nombre d'œuvTes populaires, telles que La Voix des chênes, le
Credo du paysan, etc., mort au milieu de janvier; — le comte Bernard-
Hippolyte-Marie d'Harcourt, le distingué diplomate, mort au com-
mencement de janvier, à 90 ans, lequel avait joué un rôle très important
comme ambassadeur à Mad"id, à Rome et à Londres et à qui l'on doit un
ouvrage estimé : Diplomatie et diplomates. Les quatre Ministères de M.
Drouyn de Lhuys (Paris, 1882, in-S); — A. Hougueret, professeur hono-
raire au lycée Condorcet et à l'Ecole normale supérieure, mort à Paris,
au commencement de janvier, à 66 ans; — Victor Lecoffre, l'éditeur
parisien si avantageusement connu, mort le 28 janvier, à 78 ans; — l'abbé
MusTEL, ancien directeur d^ la Revue catholique, mort d 'rnièrement à
Avranches, à 77 ans; — • Paul Pattinger, qui a publié dans le journal la
Dépêche, d^ Besançon, di erses nouvelles et des étud.s sur l'Allemagne
du sud, a donné aussi, sous le pseudonyme d? Pierre Damour, plusieurs
contes intéressants, dans la revue les Gaudes, et s'est occupé de recherches
sur les patois d) Franche- Comté, mort à Belfort, le 23 décembre dernier,
dans sa 44^ année; — Léon Quid'beuf, directeur de l'École libre Notre-
Dame de Sainte-Croix au Mans, lequel avait débuté dans le journalisme
sous la direction de Louis Veuillot, mort au Mans, au commencement de
janvier, à 78 ans; — Rodolphe Radau, physicien et astronome, membre
de l'Institut, ancien .secrétaire de la rédaction de la Revue des Deux Mon-
des, mort à Paris, à la fin de décembre, lequel a écrit de nombreux
ouvrages de vulgavisation, notamment : L' Acoustique, ou les phénomènes du
son (Paris, 1867, \n-i2); Les Derniers Progrès de la science (Pai*is, 1868,
in-12) et le Magnétisme (Paris, 1875, in-12); — Reynaud, ancien professeur
de littérature latine à la Faculté des lettres de Montpellier et ancien
professeur de rhétorique supérieure au lycée Michelet à Paris, mort au
au commencement de janvier ; — le comte Louis de Romain, com-
— 174 —
posiU-ur ot critique musical, fondateur d'S concerts populaires d' Angers,,
mort à l'Vibourg (Suisse), à la fin d-^ janvier; — Alphonse Serré-Guino,
ancien examinateur d'admission à l'École militaire de. Saint-Cyr, pro-
fesseur honoraire à l'École normale sui>éricure de Sèvres, mort au milieu
d^^ janvier; — Léon Tendron, architecte, qui, ayant collaboré au journal
l'Expert, a écrit des études comparées sur la Jurisprudence de V architecture
et a publié un ouvrage estimé : De la Situation de l'architecture en province,
mort à Angers, le 15 novembre 1911, à l'âge de 64 ans; — Just Tripard,
auteur d* divers travaux historiques dont le plus important a pour titre :
Notices sur la ville et des communes du canton de Salins, suivies de biogra-
phies saiinoises (Besançon et Salins, 1881, in-8), mort à Besançon, lo 15
février.
— A l'étranger on annonce la mort d^ MM. : Baruete, le célèbre
peintre et critique d'art espagnol, historiographe de Velasquez, mort der-
nièrement;— Samuel Bieler. directeur d,^ l'Institut agvicole de Lausanne,
de 1887 à 1903, foudatour d3 la Chronique agricole, où il a publié de nom-
breux articles très appréciés, mort à Laxisann^, le 5 octobre dv-rnivr, à l'âge
de 85 ans; — D'' Heinrich Billeteti, professeur de thérapeutique den-
taire à l'Université suisse de Zurich, mort en cette ville, en janvier, à
78 ans; — Edoardo Calendra, peintre, romancier et" auteur drama-
tiqu<ntali:n, qui a publié, entre autres ouvrages, l'Ouragan (1898), Punition
(1899), diverses comédies et, en collaboration avec l'ingénieur Claudio
Calandra, une étude archéologique sur Une Nécropole barbaresque découverte
à Testofia (1890), mort à Turin le 29 octobre dernier, à l'âge de 70 ans; —
Arthur DE Claparède, géographe et historien suisse, mort à Genève, en
décembre; ■ — Dr. Max Conrat, ancien professeur de droit romain à l'Univer-
sité néei-land ise d'Amsterdam, mort à H(id Iberg (Allemagne), le 12
décembre, à 63 ans; — M™<^ Blacda Coron y, femme d' lettres allemande,
auteur de divers romans, morte en décembre, à Halle-sur-la-Saale, à 70 ans;
— le R. P. François-Xavier Durazzo, de la Compagnie dcJéius, mort
à Gên 'S, sa ville natal'\ à la fin de décembre, à 80 an"-, lequel s'est distin-
gué d .ns la presse catholique d? son pays comme une brillant polémiste
par d;' nombreux articles donnés à VEco d'Italia, au Caltolico militante et
au Cittadino, d' Gênes; — Théophile Durand, directeur du Jardin bota-
nique d^ l'État belge, membre de l'Académie royde de Belgique, mort
le 12 janvier, à l'âge de 56 ans; — le Rev. James Oswald Dykes, ministre
anglican, mort à Edimbourg au commencement de janvier, lequel s'était
fait connaître comme prédicateur éloquent et comme écrivain distingué
ayant publié : On the written Word (1868); Béatitudes of the Kingdom
(iSl 2); Abraham the Friend of God [iSll ) ; Laws of the Ten Words [188^),
etc.; — Francis Espinasse, écrivain anglais, mort à Londres en janvier,
à 89 ans, qui laisse, enti'e autres ouvrages : Life and Tune of François-^
Marie Arouet, calling himself Voltaire (Lond''es, 1866, in-8) et Lancashire
Worthies (Lond'es, 1877, in-8); — Hermann Friedrichs, poète alle-
mand, mort le 4 décembre, à Saint-Goar, à 58 ans; — John S. Gibb, écri-
,vain écossais, aiuteiu" d- : Notes on « Helenore )> by Alexander Ross, School-
master, Lochlee, 1699-1784, mort au milieu dj janvier; — Dr, Johannes
Hartmann, chanoine de la cathédrale d; Munster (Westphalic), profes-
seur d"; droit ecclésiastique-, mort tn décembre, à 83 ans; — Henri IIy-
mans, membre de l'Académie royale de Belgique, membre correspon-
dant d) l'Institut d ; France, conservateur en chff honoraire d; la Biblio-
thèque royale et profes-seur à l'Académie d'Anvers, mort à Bruxelles, en
féxTier; — Dr. Emil Joxas, éci'ivain allemand, passé au service du gou-
^ 175 —
vernim'-nt dmois, mort à Berlin, rn janvier, à 87 am, lequel a contribué^
largom' nt, par d^ nombreuses traductions, à faire connaître aux Alle-
mand-; la littérature d'S pays Scandinaves et a publié en outre divers
ouvrages ;;ur la Suèdi et la Norvège, notamment : Schweden und seine
Entwickelung in volkswirthschajtlichen und geistlichen Beziehung wâhrend
des letzten Jahrzents (Berlin, 1875, in-8); Reise und Skizzenbuch fUr Schwc'
den (Berlin, 1875, in-8); Illustrirtes Reise und Skizzenbuch fur Norwegen
(Berlin, 1876, in-8); — Thomas Knorr, éditeur allemand, mort le 13
décembre à Munich, à 60 ans; — Dr. Jean Kowalczyk, astronome polo-
nais, mort tn décembre, à Varsovie, à 78 ans; — Henry Labouchêre,
journaliste et écrivain anglais, fondateur du périodique Trwi/?, auteur de
Letters of a Besieged Résident (1870), mort à Flortnce, au milieu de jan-
vier, à 80 ans; — Dr. Otto Lies m an n, professeur de philosophie à l'Uni-
versité allemande d'Iéna, mort en cette ville, le 14 janvier, à 72 ans; — •
Dr. Wini List, bibliothécaire en chef de l'Université et d»^ la ville de Stras-
bourg, mort en cette ville, le 8 juin, à 56 ans; — Dr. Wilhelm Franz Loe-
BiscH, professeur de chimie médicinale à l'Université d'innsbruck (Tyrol),
mort en cette ville, le 9 janvier, à 72 ans; - — Sir Frederick Maurice, major-
général de l'armée anglaise, soldat accompli et écrivain militaire très estimé,
mort au milieu de janvier à 71 ans, auquel on doit : Popular History of
the Ashanti Carnpaign (Londres, 1874); Hostilities without Déclaration of
War, The Officiai History of the 1882 Carnpaign, The Officiai History of the
Boer War, etc; — Dr.Josef Ladi lav Pic, archéologue et slaviste tchèque,mort
à Prague, le 19 d3cembre; — Alexander Riach, journaliste écossais, qui,
après avoir appartenu à la rédaction du Scotsman d'abord, puis du Daily
Telegraph, fut pendant vingt-trois ans le directeur de Edinhurgh Eve-
ning Despatch, mort le 29 décembre, à Holytown, près de Glasgow; —
Dr. Gustav Salchow, professeur d3 droit romain et de droit civil à l'Uni-
versité allemande de Halle, mort en cette vill^, le 11 décembre, à 42 ans;
— • Dr. Bernhard Schuchardt, écrivain allemand, mort le 9 décembre,
à Gotha, à 88 ans; — Fri.drich ThEiL, philologue allemand, mort le
7 janvier, à Roirdi (Saxe), à 77 ans; — Ludwig Voltz', peintre et dessina-
teur bavarois, qui avait fourni les illustrations d'un certain nonibre
d'ouvrag''S, mort dîvnièrement à Munich, à 87 ans; - — M"*^ Rosamund
Marriott Watson, femme de lettres anglaise,- morte à la fin de décembre,
laquelle laisse plusieurs volumes d'^ poésies, d^s articles de critique artis-
tique insérés dans VAcademy, et quelqu.es ouvrages sur des questions d'art,
tels que: The Art of the House et The Connaisseur o'cr ces; — LvdA^igW'ECHS
ler, écrivain hongrois, mort à Bidapest en janvier, à 51 ans; — Herber-
Ed.vin Clarke, poète anglais, mort à L( ndres, au milieu de janvier, dont
les œuvres, notamment : Songs in Exile and olher Poents (L( nd'es, 1879,
in-8) et Storm Drift : Poems and Sonnets (Londres, 1882, in-8) (nt obtenu
un légitime succès; — le comte Albrecht von Wickenburg, écrivain
autrichien, mort à Yicnn?, le 17 décembre, .à 73 ans, lequel est l'auteur
d; : Eigenes und Fremdes. Gedichte (Vienne, 1874, in-16); Ollanta. Per-
uanisches Original Drama aus der Inca-Zeit (Vienne, 1876, in-8, etc.; —
Dr. Fran^- von Winckel, professeur d? gynécologie et d'accouchement
à l'Université allemande de Munich, mort en cette ville, lel*^"^ janvier, à
75 ans; — N. N. Zlatovratsky, romancier russe, mort le 23 décembre,
dont les romans fort bien écrits : La Vie de tous les fours au village; Cœurs
d'or ; Fondations, etc., s'adressaient surtout aux paysans et avaient pour
but dî les moraliser.
— 176 —
Lectures faites a l'Académie des inscriptions -et belles-lettres.
— Le 5 janvier, le P. Scheil décrit les formules dont se servaient les Baby-
loniens poxir désigner les années sans le concours de l'arithmétique, et il
parle de la série qui correspond au roi Hammurabi. — M. HoUeaux com-
mente une inscription trouvée à Délos contenant les imprécations des
prêtres contre les malfaiteurs. — Le 12, M. Clcrmont-Ganneau lit une
lettre de M. l'abbé Hyvornat sur des manuscrits copies de la collection
Pierpont Morgan. — M. le comte Durrieu étudie une page de missel ita-
lien du xiye siècle qu'il attribue, sauf réserves, à Michelino da Besozzo.
• — M. Gagnât décrit le système d3s fortifications élevées par les Romains en
Tunisie pour protéger leur conquête. — M. HoUeaux indique l'état d'avan-
cement des fouilles entreprises à Délos aux frais de M. le duc de Loubat et
signale la variété et l'importance des objets remis au jour. — Le 19, M.
Gagnât termine la lecture de son travail sur la défense de la Tripolitaine
romaine. — M. Prou présente et explique les photographies do dalles
existantes dans l'église de Schoennis, canton de Saint-Gall (Suisse), dalles
qu'il croit pouvoir dater du ix" siècle. — Le 26, M. Loth démontre que le
roman de Tristan et Yseult a dû être composé dans un pays où l'on parlait
l'anglais, le français et le celtique, probablement dans le pays de Galles.
— M. JuUian commimique une figure en relief découverte auprès des
Eysies par M. G. Lalanne, sans doute la plus ancienne sculpture connue.
— M. le D"^ Capitan parle des caractéristiques de l'architecture maya (mo-
numents élevés sur les hauteurs, reproduisant des constructions en bois).
Lectures faites a l'Académie des sciences morales et politiques. -^
Le 5 janvier, M. Xénopol lit une étude sur le postulat psychologique.
— Le 13, MM. H. Joly et Passy prennent part à une discussion au sujet
du mémoire de M. Aubert sur la dépopulation de la France. — Le 18, M. Ed.
Seligman commence la lecture d'un travail qui concerne les massacres
de Septembre dont il attribue à Marat la responsabilité principale. —
Le 27, il continue la lecture de ce mémoire et fixe d'une façon précise la
part prise par Danton dans l'organisation des massacres. Danton les
arrêta le 3, lorsqu'il vit que les girondins et ses amis allaient être compris
dans les exécutions.
Prix. — L'Académie des sciences a décerné les prix suivants dans sa
séance du 27 novembre 1911 :
'^Chimie. — PrixjCahours (3 000 fr.), partagé entre M. Louis Hackspill
et M. Richard.
r-'- Prix Berthelot (500 fr.). — A M. André Wahl : Recherches de synthèse
chimique. ■ ■' ''Vi
Médecine et chirurgie. — Prix'Montyon (3 prix de 2 500 francs chacun)
à : MM. L. Testut et O. Jacob : Traité d'anatomie topo graphique; — M. Ale-
xandre Besredka, pour l'ensemble de ses travaux sur V Anaphylaxie; —
M. E. Cassact, pour son mémoire : Du Diagnostic de la péricardie posté-
rieure.
■ 3 mentions de 1 500 fr. chacune, à : M. Pierre Nolf : La Coagulation
du sang; — M. Emile Feuille : Leucopaties métastases ; — M. E. Sacquépée :
Les Infections paratyphoïdes.
Mentions à : MM. héopolà Lévï et H. d^. Roih-ichild: Études sur la phy-
siopathologie du corps thyroïde et des autres glandes endocrines; — M. S.
Mercadé : La Période post-opératoire : soins, suites, accidents; — • M. G.
Faroy : Le Pancréas et la parotide dans Vhérédo-syphilis du fœtus et du
nouveau-né; — M. L. Pariset, pour l'ensemble de ses recherches sur la
— 177 —
Vaginalile du cobaye mâle provoquée par le bacille de la morve et par divers
microbes.
Prix Barbier (2 000 fr.^. — A M. H. Guilleminot : RadiomHrie floros-
co pique.
Prix Bréant (100 000 îr.). — Ce prix, destiné à récompenser celuii qui
aura trouvé le moyen do guérir le « choléra asiatique », n'est pas attri-
bué. L'Académie décerne sur Les arrérages de la fondation : 2 000 fr. à
MM. Audair et Louis Pa^is : La Constitution chimique du bacille de Kock
et les poisons du bacille tuberculeux humain; — 2 000 fr. à M. Dopter :
Éludes sur la méningite cérébro-spinale et sérothérapie antimnénigococci-
que; — 1 000 fr. à M. Duvoir : Étude sur la vario-vaccine.
Prix Godanl (1 000 fr.). — A M. J.-L. Chirié : L'Évolution de la graisse
dans le rein de la chienne, etc.
Prix du baron Larrey (750 fr.). — A MM. Henri Coullaud et Etienne
Ginestons : La Vision des tireurs et recherches nouvelles sur la physiologie
du tir; — mention très honorable à M. Maurice Boigey : Ateliers de travaux
publics et détenus militaires.
Prix Bellion (1 400 fr.). — Partagé entre M. et Mn^e Henri : L'Action
stérilisante des rayons ultra-violets, d'une part, et MM. Courmont et Nogier,
d'autre part : La Stérilisation de Veau potable par les rayons ultra- violets.
Prix Mège (10 000 fr.). — Le prix n'est pas décerné. 300 fr. à MM. P,
Nobécourt et Prosper Mercklen : Bilans nutritifs de la rougeole et de la
scarlatine chez l'enfant. " ■'-'L^î ■^■•''■'*^ V^'^-V*"^ '^>''^-t'^î|i«^^ jti Q
Prix Chaussier (10 000 fr.). — A. M. a'. Inibert: Le Travail profes-
sionnel.
Physiologie. — Prix Monthyon (Physiologie expérimentale), ■ — • Le
prix, d'ime valeur de 750 îr., a été porté pour cette année à 1 000 fr. Il est
partagé entre M. Marage : Petit Manuel de physiologie de la voix, à l'usage
des chanteurs et orateurs; et M. Raoul Combes : i° La Détermination des
intensités lumineuses optima pour les végétaux aux divers états de leur déve-
loppement; 2° La Formation des pigments anthocyaniques.
Prix Philippeaux (900 fr.). — Prix partagé entre M^^e z. Gruzewska:
pour l'ensemble de ses travaux de physiologie, et M. Maurice Piettre :
Recherches sur la bile.
Prix Lallemand (1 800 fr.). — A M. Henri Piéron : Élude expérimen-
tale de la mémoire; — mention très honorable à M. Maurice Brissot :
L'Aphasie dans ses rapports avec la démence et la vésanie; — mention hono-
rable à M. J. Lévy-Valensi : Le Corps calleux : étude anatomique, phy-
siologique et clinique.
Prix généraux. — Médaille Berthelot. — MM. Darzens, Tifîeneau, Tis-
sot, André Wahl, Louis Hackspiîl, Richard.
Prix Gegner. ■ — G? prix, d'une valeur de 3.800 fr., est porté peur cette
année à 4 000 fr. Attribué à M. J.-H. Fabre.
Prix Trémont (1 100 iiW. — M. Charles Frémont.
Prix Wilde (4 000 fr.). — Prix de 2 000 fr., M. Stefanik, pour ses
travaux d'astronomie; prix de 2.000 fr.,M. A. Trillat, pour son œuvre
scientifique et plus particulièrement pour ses travaux sur l'Aldéhyde for-
mique.
Prix Saintour (3 000 fr.). — M, Jules Drach : Les Groupes de rationa-
lité des équations différentielles. «
Prix Fanny Emden (3 000 fr.). — Le prix n'est pas décerné, mais un
encouragement, avec allocation de 2 000 fr., est accordé à M. Emile
FÉVRIER 1912. T. GXXIV. 12.
— 178 —
Boirac : La Physiologie inconnue; — Encouragement, avec allocation de
1 000 fr. à M. J. Ochorowicz : Hypnotisme, niesinérisT?ie et suggestion
mentale.
Prix Serres (7 500 fr.). — M. L. Vialleton : Travaux r'?latifs à l'cm-
briologîe.
Index. — Un décret de l'Index du 24 janvier 1912, condamne les
ouvrages suivants : Mgr L. Duchesne, Histoire ancienne de V Église, Pa-
ris (sans distinction d'éditions). — Ahhé d'Olonn^ Le Clergé contemporain
et le cilibat, Paris. • — Lhouilly, Cornet du petit citoyen. Ivésumés d'ins-
truction morale et civique. Cours moytn et supérieur. Verdun, 1910. —
M"'' Giacometti, Adveniat regnum tuum. Letture e preghiere cristiane.
Rituale de! cristiano. L'Anno cristiano. F orna, 1904. — Tommaso Gal-
larati Scotti, Storia delV amore sacro e delV amore profana, Milano, 1911.
. Venancio Gonzalez y Sanz, Bancarrotta del protestantismo, Madrid,
1540. — Letters to His Holiness Pope Pius X, by a niodernist, Chicago, 1910. —
The priest, a taie of modernism in New En gland, by tho auth,or of Let-
ters to His Holiness, Boston, 1911.— Le décret annonce la soumission des
auteurs suivants : i^inguste Humbort, Zcnner , Wiesmann, Koch <-t We-
chtr Prolias?ka, frappés par ks décrets des 8 mai et 5 juin 1911. — Un
décret de l'Index du 1'' février 1912 prohibe le roman moderniste de
Mario Palmarini, Quando non morremo. Milan, 1912. — Mgr Duchesne
s'est soumis immédiatement au décret de l'Index qui vient de le frapper.
Paris. - — Dans une substantielle brochure : La Famille dans V anti-
quité (Paris et Lyon ,Yitte, in-18 de 73 p.), M. E. Léotard résume fort
exactement ce que nous savons sur la famille en Grèce et à Rome. Il met
en relief ce fait intéressant que, dans la loi grecque, la notion du devoir
domine celle du droit, et il montre quels étaient ces devoirs. 11 trace, d'aprè?
les Économiques, le portrait de la femme grecr^ue idéale et indique les
limites de la liberté dentelle jouissait, plus larges qu'on ne le croit commu-
nément, et le régime légal qui la concernait. Puis, arrivant à Rome, il
passe en revue les diverses formes de mariage et ses cérémonies, et
décrit la patria potestas, la condition légale de la femme et celle que lui
font les mœurs. La femme romaine est bien supérieure à l'athénienne par
ses vertus et par son influence.
. Le 45e fascicule du Dictionnaire des antiquités, ele MINI. Daremberg et
Saglio (Paris, Hachette, 1910, in-4, p. 1457-1601, avec 146 grav.), com-
prend les principaux articles suivants: Stamnum d'étain) par M. Besnier;
Statua par M. C Picard; Statuaria ars, par M. Deonna; Statio,-paT M. Lécri-
vain; Stips, par M. Toutain; Substitutio, par M. Beauchet; Sumptuariae
leges, par M. Lécrivain; Suouetaurilia, par M. Saglio; Supplicatio, par
M. Toutain; Dca Syria, par M. Cumont; Syssitia, par M. Saglio. Autres
articles de MM. Humbert, V. Chapot, André Baudrillart, Navarre, Albert
Martin, Pottier, Colin, Lafaye, J.-A. Hild, Cagnat, Maynial, etc.
— C'est un document intéressant, plus encore par la richesse de l'anno-
tation que par le texte, que ce i> récit catholique des trois premières guerres
de religion », publié sous le titre à'Acta tumultuum Gallicorum par
M. Henri Hauser, très au courant de toutes les sources historiques du
XVI® siècle (Paris, extrait de la Bei^ue historique, in-8 ele 71 p.). On n'en
connaissait e^ue trois exemplaires et on en trouve un dans un recueil imprimé
à Munich e-n 1573, quelques années seulement après les événements qu'il
raconte, et composé avant la Saint-Barthélémy, dont il ne fait pas mention.
L'auteur est un catholique assurément très exalté; car, s'il i?ttaque viclem-
— 179 —
ment Coudé i-t Coligny et les horrenda Hugunotorum srelera, commis sous
leur patronage, il ne ménage pas Catherine do Médicis ni même le conné-
table do Montmorency, qu'il accus;^ d'une singulière indulgence en.-trs
les protestants, « qu'il eût été facile d'écraser après leurs défaites, au lieu
de leur accord r d s édits asse^, favorables à leur cause)). Il est assez singu-
lier que le chânccli' r di l'Hôpital ait trouvé presque grâce devant ce
« gui.;ard >'. Comment s'app' lait-il? C'est assez difTicile à d -viner.Pourtant
M. Hauser propose timidement d'attribuer cei:Acta au jésuite asstz« espa-
gnoli^.é « le P. Emond Auger, que tous les écivain^ contemporains appellent
d'ordinaire le P. Aymon. Ce qui pourrait faire douter, c'est que ce jésuite
était assf z bien avec la Cour. En]tous cas, cette réponse aux nombreux pam-
phlets protestants de l'époque méritait d'être mise en lumière; et on y
trouve quelques mentions iitile'.
— Israël Bernard de Valabrcgje (1714-1779), interprète attaché à la
Bibliothèque du Roi pour les langues orientales, en même temps que
marchand mercier à Paris, n'est guère connu, bien qu'il ait tenu au
xviii*' ^.iècle une place assez importante dans la communauté juive pari-
sienne. Dans un article du Bulletin du bibliophile, qui a pour principal
objet de nous faire connaître i'inventaire, dressé après décès, de la Biblio-
thèque de Bernard de Valahri gue (Tiré à part. Paris, Henri Leckrc, 1910,
in-8 de 16 p.), M. Paul Hildenfinger nous donne quelques renseignements
curieux et précis sur son activité à la Bibliothèque, sur son rôle parmi
ses cor.'ligionnaires et sur l'idée que l'on peut se faire des goûts littéraires
du personnage par cet inventaire, malheureusement fort sommaire, dans
lequel ces livres sont estimés par lots, avec l'indication pour chaque lot
d'un seul des ouvrages qui le composent. ■ g*
— En l'appelant t; une œuvre d'actualité », M. le chanoine 'F. Béré-
ziat a voulu prouver la nécessité et la possibilité do l'organisation de
la Confrérie du Saint-S acrement à notre époque (Lyon et Paris, Vitte,
1911, in-8 de 74 p., avec 2 portraits). Il en expose le but, les pratiques,
les avantages. Historiquement il rappelle la féconde existence dans le
passé de la Compagnie du Saint- Sacrement (qui n'était pas une « con-
frérie »), en s'appuyant sur l'étude si complète que M. Geoffroy de Grand-
maison a donnée dans le Correspondant du 25 mars 1911.
— M. Henri Guérin, bibliothécaire à la Bibliothèque nationale, vient
de donner Hans le t. IV de V Année linguistique un travail d'ensemble sur
l'Étude des langues égyptiennes et copte, particulièrement de 1890 à 1910.
(Tiré à part. Paris, C. Klincksieck, 1911, in-16 de 48 p.). Si M. Guérin s'est
occupé principalement de la période qui comprend ces vingt dernières
années, il n'a pas cru inutile cependant de nous tracer une esquisse rapide
des grands travaux des fondateurs de l'égyptologie et des illustres savants
qui, après eux, ont assis cette science sur des bases solides. Depuis 1890,
les travaux tant sur les vieilles langues égyptiennes que sur le copte qui
en est dérivé se sont multipliés; aux découvertes nouvelles s'est ajoutée
la mise en œuvre des travaux antérieurs; l'on a pu se faire une idée plus
précise, plus exacte, sinon définitive, du caractère de la langue qui se
rattache aux idiomes sémitiques, mais en partie aussi aux idiomes africains.
La lecture de ce travail n'intéressera pas seulement les égyptologues et
les coptisants.
— On pourra juger des services rendus à la philologie française par un
érudit enlevé pi ématurément en juillet dernier, M. Gaston Raynaud (18ro-
1911), en lisant le discours prononcé à ses obsèques au nomde la Société
— 180 -
de l'École des chartes par M. Eugène Lelong (Nogent-le-Rotrou, imp.
Daupeley-Gauvernour, 4911, in-8 de 10 p. Extrait de la Bibliothèque
de VEcole des chartes, i. LXXII). M. Lelong a joint à son discours l'énu-
mération m quarante-trois articles des publications faites par Gaston
Ra\ naud.
— Nous avons annoncé déjà (t. CXXII, p. 181 1 l'appel lancé par
M. Adolphe Adirer pour la fondation d'une société d.'S Amis de la langue,
française. La Société s'est constituée définitivement et vient de lancer
son premier bulk-tin pour janvier 1912 (Paris, 9, villa Saïd, in-8 de 20 p.).
Le titre même d) la Société, « Société nationale pour la défense du génie
français et la protection de la langue française contre les mots étrangers,
les néologismes inutiles et toutes les déformations qui la menacent », dit
assez clairement 1;; but qu'elle se propos.:». Et nous ne pouvons que renou-
veler l'invitation à nos lecteurs d'aid r au développement de cette oeuvre
utile soit en se faisant inscrire comme membre actif (5 fr. par an) ou à
vie (100 fr.), soit au moins en s'abonnant au Bullrtin (i fr. par an)..
— On a dernièrement publié un élégant volume sous le titre de : Le Ju-
bilé des lycées et collèges de jeunes filles et de V École normale de Sèvres (Paris,
Alcan, s. d., gr. in-8 cartonné de ix-135 p. ^ — Prix : 6 fr.). On y trouve
un Avant-propos de M. Lucien Poincaré, une Préface de M. Berthclot, un
historique qui va de 1880 à 1907, signé de M. Eugène Blum; un compte
rendu du 25'^ anniversaire de la création des lycées de jeunes filles, sigaé
d'une simple initiale; un compte rendu de la journée de Sèvres, signé
Marguerite Aron, et puis des discour-^., et puis des toast j, et des programmes
de concerts, et le menu du banquet, et la liste de toutes le? anciennes élèves
de Sèvres présentes à la fête. Comme il fallait s'y attendre, on rencontre
là beaucoup de noms et de signatures de protestants et de juifs,qui donnent
le caractère de ces institutions de combat. Enfin il y a une quantité d'ima-
ges et de portraits. Bref , l'apologie est complète autant que peu mesurée;
mais c'est une apologie systématique, et personne d'impartial ne pourra la
considérer comme une justification. Car on ne peut vraiment justifier, en
France du moins, une entreprise de déchristianisation de la femme fran-
çaise.
— Nos lecteurs se souviennent sans doute de l'annonce qui a été faite
ici même (t. CXIX, p. 185) d'xm Répertoire d'art et d'archéojogie,. fondé
par la généreuse initiative du îMécène intelligent auquel on doit déjà la
Bibliothèque d'art et d'archéologie (19, rue Spontini), si accueillante et si
précieuse à quiconque travaille sur l'histoire de l'ai't. Avec l'année 1911,
le Répertoire, qui jusqu'alors offrait à ses lecteurs le dépouillement des
articles de périodiques tant français qu'étrangers relatifs à l'histoire de
l'art, a joint la bibliographie des catalogues d^ ventes publiques faites en
France et à l'étrang^^-r, qui achève d; faire di Répertoire un instrument
d'information et d' travail absolum nt indispensable. M. Jacques Mayer,
à qui incomb''' la charge spéciale de cette partie du recueil, classe les ventes
par pays, par vill -s, et dans chaque ville par ordre chronologique. Il ne se
contente pas de donner la date delà vente, les noms du collectionneur, du
commissaire priseur et de l'expert, il précise tn quelques mots le contenu de
la collection, indique les figures et planches que contient le catalogue. Ajou-
tons qu'un ind 'X annuel r< ndra facile l^ manien;ent de ce très utile recueil.
Puisque nous i n avons l'occasion, disons aussi que l'index qui termine le Ré-
pertoire, pour être sommaire, n'en est pas moins fort clair et commode. Il
comprend en une seule série alphabétique: les noms d:* personnes (auteurs
— 181 —
amateurs ou artistes) en petites capitales; les noms des lieux en italiques;
les mots d^ matières (académies, affiches, albâtre) en égyptiennes;
chaque article du répertoire étant numéroté : c'est à ces numéros et non
aux pag s que le renvoi est fait, ce qui en ai giuente naturellement la
précision. Peut-être pourrait-on, par un artifice typographique, distinguer
des artistes les auteurs et les collectionneurs ou autres personnages cités.
— L'an dTnier (février-mars 1911, t. CXXI, p. 229-230), le Polyblblion
a annoncé la première édition de V Annuaire de la curiosité et des beaux-
arts. Voici la deuxième (Paris, 90, rue Saint-Lazare, IX^ arr., 1912, in-
8 de 467 p. — Prix : 8 fr.). Le prix de cet annuaire a dû être relevé de 2 fr.
en raison do son importance plus grande : il renferme, en effet, une nouvelle
division ou partie (la 3^), composée d'une liste alphabétique des amateurs
collectionneurs de Paris, avec dvS indications sur le genre de leurs collec-
tions (p. 285-325). Tout le reste du volume a été d'ailleurs remanié, mis
à jour (sauf d- s omissions toujours inévitables) et avgmenté sensible-
ment. Comme celui de 1911, l'Annuaire de 1912 donne, dans sa première
partie, des renseignements pratiques et l'elate sommairement les évé-
nements artistiques de l'année écoulée ainsi que la législation relative aux
choses de l'art. Vitnncnt ensuite (2^ partie) les adresses commerciales
françaises et étrangères, d sposées par o'de alphabétique d; professions.
Quant à la quatrième partie, elle est formée de listes dos ai'tistes en tous
genres résid mt en France, avec mention de leurs titres et récompenses
aux expositions. Publication do' la plus réelle utilité qui, nous n'en dou-
ton"> pas, sera bien accueillie partout.
— Dix-huit années d'existence prouvent surabondamment que V Agenda
du photographe répond à un besoin et qu'il est bi^n accueilli par les in-
téressés (Paris, (harks-Mtndl, gv. in-8 de 184-95 p., avec de nombreuses
g^i'avures dans le texte, et 4 belles gi'avures hors texte. — Prix: 1 fr.).
Pour 1912, cet agvnd\ contient, comme les précédents, des renseignements
teehniques, d s articles d' vulgarisation, un formulaire, etc. Il y a aussi
un répertoire pour le classement d'S cliehés et des pages spécialement
préparées pour les n-ites à prendre. Vient ensuite le Tout Photo formé de
quatre listes alphabétiques d'amateurs choisis parmi les habiles (Paris
et département de la Seine; Départements; Algérie, Tunisie et colonies;
Étranger). Ces listes, mises à jour, comprennent environ 10.000 noms.
Angoumois. • — Le tome I" de la VIII® série des Bulletins et Mémoires de
la Société archéologique et historique de la Charente [année 1910) vient de
nous parvenir (Angoulême, Constantin, 1911, in-8 de CLxxx-230p., avec
8 planches et de nombreuses figures dans le texts). Constatons d'abord
qu'à la suite de chaejue compte rendu des séances de la Société sont impri-
mées des Annexes de 3 à 8 pag s dont la plupart méritent d'être men-
tionnées ici : G. Papillaid : Syndics perpétuels; — J. de. la Martinière :
Mandement du comte de Jarnac interdisant à deux gentilshommes de se
battre en duel; — D. Touzaud : L'Affranchissement des serfs et l'arrêt du
président Nesmond; — J. de la Martinière : L'Erreur historique de M. de
Nesmond; — D. Touzaud : La Vieille Charente; ■ — A propos de la villa
saintongeaise d'Ausone; — G. Chauvct : La Sculpture de V Eglise de
Ruffec; ■ — D. Touzaud : Les Communautés taisibles en Angoumois autre-
fois et aujourd'hui; — A. Favraud : Une Noi^velle Sépulture de V époque
de la Tène aux Planes, commune de Saint- Yriex; — P. Mourier : Anciens
Vases à bec; — H. de Montégut : Lettre du chevalier de Plamont à son père
racontant le duel entre le comte de Boffignac et le baron de Montalembert
— 1F2 —
(1777); — E. Biais : Lettre du comte Jean (d'Angoulème) à ses conseillers
des finances (1453); lettre de Mer guérite de Valois à son chancelier; lettre
du duc d'Éperaon au Roi (1600); ■ — M'* de Brém<»nd d'Ars-Mig/é : Lettre
inédite de Philippe de Volvire, baron de Ruffec, à Charles de Brémond, baron
d'Ars, 12 septembre 1582; — Abbé Legi'and : Règlement de Mgr de Péri-
gueux pour les droits curiaux de notre diocèse (1715); — D'' GaiUardon :
Acte capitulaire des habitants de la ville d^ Aubeterre contre le sieur de La-
qui, le juge sénéchal d' Aubeterre , concernant le feu de joye quy se fit en
réjouissance de la convalescence du Roy du 30 octobre 1744. ■ — Pages
CLXXii-CLXxxx on trouve une Chronique bibliographique de la Charente
eni:egistrant les livres, brochures et articles insérés dans divers pério-
diques, concernant la région. — Les Mémoires ne sont pas nombreux :
trois seulement. Le premier, de beaucoup le plus important, a pour
auteur M. Gustave Chauvet et pour titre : Os, ivoires et bois de renne ouvrés
de la Charente. Hypothèses palethno^raphiques (p. 1-184, avec 6 planches
et 122 fig.)- Outre une table des matières, ce travail contient une table
des noms do personnes, un index géographique et un index archéologique.
— Le deuxième mémoire, de M. Daniel Touzaud, concerne Z)eaa; Cloches
gothiques exhumées d'une cachette à Ebréon [Charente) (p. 185-203, avec
2 pi. et 2 fig.). — Le volume se termine par une étude do MM. A. et H. R.
du Vignaud sur les Anciennes Franchises de la paroisse de Benest [Cha-
rente] (p. 204-223, avec 1 fig.).
Anjou. — Sous ce titre : Saint-Quentin-en-Mauges (Angers, imp-
Paré, 1911, gr. in-8 de 84 p.), M. le docteur D. Coufïon publie une
brochure où il reproduit à peu près tout ce que les gi'andes publications
locales avaient su dire de cette petite commune angevine : il y a ajouté
quelques pages, les Cahiers de la paroisse, en 1789, la vente des biens
nationaux, djs particularités, les noms dos habitants, et un tableau mon-
trant qu'en 20 ans les mutualistes, en cette population de 980 habitants —
168 de moins qu'en 1894 — se sont élevés de 10 à 55. Nous n'oserions
dire que les étymologies hébraïques, celtiques, etc., dos noms de la pa-
roisse soient indiscutables. Mais l'auteur, qui, pour la période révolution-
naire, ne semble pas bien concevoir l'hostilité des Vendéens contre les
prêtres assermentés qu'on voulait, malgré tout, imposer à leur religion,
fait visiblement eiïort pour ne pas bl;sser les pieuses populations qui
l'entourent. Ainsi se plait-il à reconnaître que, dans ce qui forme aujour-
d'hui l'arrondissement, il y avait, dès le xvi^ siècle, deux écoles gra-
tuites de paroisse, (pour être tout à fait dans la vérité, il conviendrait de
dire qu'il y en avait au moins doux connues et qu'on les devait au clergé),
11 au xvii«^ siècle, 17 au xyiii^ siècle. Et il tût pu ajouter que, ruinées
pendant la Révolution, ces petites écoles, ainsi que M. Couffon le con'rtate,
n'étaient pas plus nombreuses en 1830. Le folk-lore trouvera de curieuses
traditions et superstitions dans ctt écrit ; il est vrai qu'elles iront pres-
que toutes extraites du Glossaire de MM. Verrier et Onillon, comme la
partie topog.-aphique est extraite du Dictionnaire de C. Port : l'auteur no'
pouvait puiser à de meilleures sources.
1» — 11 y a trente ans, le marquis do Ségur publiait, avec l'oraison funèbre
(due à son successeur, en 1879) d'un prêtre, qui a laissé une grande répu-
tation do courage et de sainteté, en Anjou, l'abbj Pinot, guillotiné à
Angors, pour sa fidélité à la religion. Dès 1864, Mgr Ang ^bault avait
nommé M. Brouillet pour procéder à une enquête canonique sur la vie et
l;s vertus do cet ecclésiastique et Mgr Rumeau décida d- promouvoir à la
~ 183 —
cause de béatification de ce sénateur da Dieu. ^I. l'abbé Uzureau ne pou-
vait entreprendre une œuvre plus opportune et plus intéressante que de
recueillir sur place, dans les divers dépôts d'archives, tout ce qui con-
cerne cette victime do la constitution civile di clergé : il le suit, avec
abond'ince de documents, avant la Révolution, dans son ministère, puis
dans ses luttes contre les oppresseurs de sa conscience, lors de son arres-
tation, de sa première condamnation, enfm, jusqu'au jour où on l'obligea
à gravir l'échafaud, revêtu de ses habits sacerdotaux. Ce travail, fort
utile à la cause du pieux martyr, extrait des Mémoires de la Société
nationale d'agriculture, sciences et arts (V Angers, a été tiré à part sous le
titre de : Noël Pinot, curé du Louroux-Béconnais, guillotiné à Angers, le
21 février 1794 (Angers, Grassin, I9l2, in-8 de 9i p.). ,^ ^ Je Jf ^ ii^Aé
Bourgogne. — Ce qui retiendra le plus particulièrement l'attention
dans le tome XX XVI du Bulletin de la Société des sciences historiques et
naturelles de Seniur-en-Auxois, que nous avons reçu tout récemment
(Années 1908-1909. Semur-en-Auxois, imp. Bordot, 1910, in-8 de
ccxL-500 p., avec 26 planches et fig.), ce sont les rapports concernant
les fouilles d'Alesia. Mais ce gros volume renferme aussi diverses études,
telles que : La Propriété paysanne dans les haillages de Semur-en-Auxois,
Saulieu, Arnay-le-Duc, à la fin de V ancien régime (17.50-1790), par M. Eu-
gène Patoz (p. 1-133); — Notice sur Antoine Wechte, graveur, né à Mai-
son-Dieu (Côte-d'Or), mort à Avallon (1800-1868), par M. Hippolyte Mar-
lot (p. 134-146); — Le Statuaire Pierre Travaux, 1822-1889, par M. l'abbé
Eugène Barbier (p. 147-220); — La Fête du 10 août 1793 à Epoisses, par
M. Georges Gallois (p. 221-228); — A propos des tumulus. Simple note sur
leur origine religieuse et leur destination familiale primitive, par M. Charles
Boyard (p. 229-234); — Notes généalogiques sur la famille Potot, par M.
Charles Sartorio (p. 235-245); — Généalogie de M. Gaspard Pontus mar-
quis de Thyard, par M. Alfred de Vaulabelle (p. 246-252). — Nous arrivons
ensuite aux choses se rapportant à Alesia. Trois rapports, appuyés de
26 planches, sont à mentionner : Les Fouilles d'Alesia en 1907, par M. le
commandant Espérandieu (p. 253-352); — Fouilles du Mont Auxois. Rap-
port sur les fouilles exécutées en 1908 par la Société des sciemces historiques
et naturelhs de Semur, présenté au nom de la Commission des fouilles
d'Alesia par M. le D"" Adrien Simon, présid mt d- ladite Commission
(p. 353-384) ; — Fouilles de la Société des sciences sur h Mont- Auxois. Cam-
pagne de 1908. Journal des fouilles, par M. V. Pernet (p. 385-464). Tout
cela est fort intéressant et nous ne pouvons que regretter notamment de
n'avoir pas été mis à même de signaler aux archéologues et aux érudits
les rapports précédents sur les fouilles pratiquées sur le Mont Auxois. —
On remarquera que les procès- verbaux de la Société pour ces deux années
1908-1903 occupent un tiers du volume environ, et ce n'est pas trop;
car leur lecture est intéressante à beaucoup de titres. .^ *j^î,y,,;
Champagne. — Enregistrons le tomo I^' de l'année 1910-1911 des
Travaux de V Académie nationale de Reims, qui forme le 121^ volume de
la collection (Pieims, Michaud, 1911, in-8 de 365 p., avec 4 pi. — Prix :
7 fr.) et contient les mémoires ou études ci-après : L' Amélioration du
logement ouvrier à Reims, par M. Paul Rozey (p. 1-22); — Compte-rendu
des travaux de V Académie pendant Vannée 1910-1911, par M. Henri Jadart
(p. 23-33); — Trois rapports sur les Concours : d'histoire et d archéologie,
par M. Albert Cans; — de photographie, par M. le D' Bagneris, et de
poésie, par M. le D"^ Henri Lardennois; — Supplément au Guide de Reùns
— 184 —1
pubiié pour le Congrès arch'-ologique de 1911, par M. Henri Jadart (p. 127-
147); — Le Parler populaire t^es Canadiens français, par M. le Dr Bagne-
ris (d'après le Lexique de M. d^' Dionne (p-. 149-153); — Saint Jérôme et
Vim-ention des lunettes, par M. le D"" A. Bourgeois (p. 155-165); — Les
Aspects du vieux Reims. La Ville à Varrivce des Romains, par Î\I. Ernest
Kalas (p. 167-203); — Une Maison romaine à Jonchery-sur-Suippe
(Marne), par M. Henry (p. 205-218, avec 3 pi.); — Résultat des recherches
faites sur le plateau de Nandin près Château- Porcien depuis 1906, par
M. E. Bosse (p. 219-226); — - Documents sur Beine, publiés avec une Intro-
duction par M. Gaston Robert (p. 227-275); — Le Mémoire de Finten-
dnnt de Champagne en 1665, par M. A. Cans (p. 277-295); — Notes généa-
logiques tirées des registres paroissiaux du canton de Verzy, pa^ M. le D'
Pol Gk>sset (p. 297-318); — Les Tapisseries de Saint- Jacques, par M.
l'abbé E. Legras (p. 351-362, avec 1 planche).
Dauphiné. — Bien peu de sociétés savantes françaises peuvent riva"
lis-^r avec la Société des touristes du Dauphiné sous le rapport du luxe de^
pixblications. Il suffît, pour s'en convaincre, de parcourir la collection d®
recueils qui paraissant sous le titre, dont nous avons déjà critiqué la trop
grande modestie : Annuaire de la. Société des touristes du Dauphiné. Voici
le 36? volume relatif à l'année 1910 (2^ série, tome XVI. Grenoble, imp.
Allier, 1911, in-8 de 361 p., avec 13 planches et 2 croquis). Il débute paf
une allocution du président, M. Flusin, où l'esprit et le sens pratique se
rencontrent à dose à peu près égale -(p. 34-45). Cette allocution est suivie
d'un rapport du secrétaire général, M. Beudant, sur les travaux de la
Société d' puis rassemblé? générale du 1^'' féxTier 1910 (p. 46-72). — A
nottr ensuite la nomenclature précise des Courses et ascensions au-dessus
de 3.000 mètrts, qui constituent la Chronique alpine de 1910 (p. 81-97),'
et aussi les Excursions collectives de la S. T. D. en 1910, dont leS compteS-
rcndus sont présentés par des sociétaires n'ayant signé que de simples
initiales (p. 99-126, avec 2 pi.). — Suivent des relations et des études que
nous allons mentionner : Le Glacier de Gébroulaz et les crêtes environ-
nantes, par M. Aimé Coutagne (p. 127-163, avec 2 planches et 1 plan); —
Le Tour du Mdnt-Blanc, par M.Henri Ferrand (p.165-185, avec 2 pi.); —
Traversée des arêtes des Grandes- Rousses de VÉtendard au pic Bayh, paï*
M. C. Salesse (p. 187-194, avec 1 pi.); — - De Galgary à Vancouver, à tra-
vtrs les Rocheuses canadiennes' (journal de route), par M. Jean Vallès (p.
195-207, avec 2 pi.); — Les Torrents et leur correction, par M. V. Hulin
(p. 209-240, avec 3 pl.); - — Notice au sujet des tables d'orientation et de la
manière de les dessiner, par M. le capitaine du génie H. Mei nier (p. 241-
273, avex; 1 pl. et des fig.); • — Le Tour du Pelvoux, impressions d'automo-
bile, par M. H. Ferrand (p. 275-288, avec 1 pl.). Une intéressante « Biblio-
graphie alpine » termine ce beau \o\v.me.%^^^i:^.p.^:/i-,_ p:'->^
Franche-Comté. — Sous le titre : Un Coin de la bataille d'Héricourt.
Le Détachcmejn Degenjeld à Chenebier (Paris, Charles-Lavauzelle, ». d.,
petit in-8 de 123 p., avec 3 croquis dans le texte et une ca^te hors texte.
— prix: 2 fr. 50)., M. le capitaine L. Chanson nous donne un "chapitré
intéressant de l'histoire de la dernière période de la guerre franco-alle-
mand ■ connue sous le nom de campagne de l'Est. On a ici l'exposé d'opé-
rations militaires déterminées, allant du 13 janvier 1871 an 17, date à
laquelle commença cette désastr. use retraite qu'en Franche-Comté on
appelle comminémcnt- encore « la déroute de Bourbaki ». « Nous confi-
nant sur le teirain de Ckenebitr, et prenant pour ainsi dire par la main
— 185 —
les deux bataillons badois chargés de sa défense, nous avons, dit l'auttur
essayé do reproduire une photographie aussi exacte que possible de la
mentalité des adAX'rsaires en prés* nce et de ses conséquences au combat.
Avec un intérêt d'autant plus grand que, plusieurs fois déjà, nous avons
manœuvré sur ce terrain, à proximité relative de notre gavnison, nous
avons cherché à revix-re les houi'es tragiques de janvier 1871, à survre,
minute par minute, défenseurs et assaillants, à toucher du doigt leurs
espérances et leurs faiblesses .et, enfin, à exposer sans prétention
quelques réflexions suggérées par les événements. » Ces quelques lignes,
empruntées à l'Avant-propos de ce petit volume, en résument bien le
sujet, qui a été traité avec calme, sans verbiage inutile et d'une façon par-
faitement claire. -«( - ..s;;.
— Un chercheur avisé, doublé d'un érudit très connu en Franche-
Comté, et duquel neus avons ici mentionné nombre d'études diverses,.
M. Julien Feuvrier, a découvert récemment sur les gardes d'un volume
de la bibliothèque de Dole des notes manuscrites qu'il a publiées dans le n° 14
du Bulletin de la Société grayloise d'émulation sous le titre : Un Livre de
raison de la famille Bresson, de Jonvelle (Tirage à part. Gray, imp. Roux,
1911, in-8 de 11 p.). Ce document n'embrasse qu'une période de qua-
rante ans (1580-1621). Après nous avoir présenté assez brièvement cette
famille Bresson, M. Feu\Tier reproduit le texte du li\Te de raison où l'on
trouve « une pièce farcie dans le goût du temps )>. Elle est intitulée : Agi-
mus tibi gratias. '<^ A la lecture, on voit qu'elle fut composée pour être dite
à la fin d'un banquet, où elle devait tenir lieu de l'action de grâces ». On
peut aussi s'égayer d'une « recepte pour la fiebre » qui, certes, n'est pas
ordinaire,..
— Depuis 1899, les sociétés savantes de Franche-Comté se sont réunieii
onze fois en congrès. Et, si les dix premiers congrès ont été aussi fructueux
que le onzième, en vérité ! elles n'ont point perdu leur temps. Nous n'en
pouvons juger, cependant, car le compte-rendu du Onzième Congrès de
V Association franc-comtoise tenu à Poligny le 1^"^ août 1911 (Lons-le-Sau-
nier, imp. Declume, 1911, in-81 de 43 p.) est le premier qui nous soit par-
venu. Les assistants, très nombreux, se sont répartis en quatre sections :
Histoire, Archéologie, Sciences naturelles et Sciences physiques, et, dans
chacune de ces sections, les principaux congi'essistes ont lu des travaux
sommairement analysés dans la présente brochure, mais dont nous espé-
rons pouvoir prendre connaissance in extenso dans les recueils d'^s diverses
sociétés savantes de la région. Si les lettres, les arts et les sciences ont été
célébrés congmment, il convient de remarquer aussi que l'on a allègre-
ment banqueté et spirituellement toasté. La seule allocution reproduite
ici en son entier est celle du présid nt, M. Julien Feu-vrier : on ne nous
dit pas si elle a été couverte d'applaudissements, mais c'est bien inutile;
car la finesse et l'humour de l'orat'ur ont dû être savourées à l'égal des
vieux vins du cru, dont la réputation n'est plus à faire.
— Le cinquième volume de la 8^ séi'ie des Mémoires de la Société d^ému-
lation du Jura qui vient d'être distribué (Lons-le-Saunier, imp. Declume,
1911, in-8 de xx-355 p.) se recommande à l'attention des érudits, beau-
coup plus par la qualité des travaux qu'il renferme que par leiu' quantité.
Nous avons d'abord à mentionner le rapport Sur Ze Mi7/pnai>e de Cluuy,
présenté à la Société par M. Emile Monot (p. 3-26). Nous noterons ensuite :
Histoire de la seigneurie de Marigna, par l'instituteur de cette localité,.
M. Hugun (p. 47-197). Très bonne monographie qui mériterait un tirage
— 186 —
à paH avec table des cliapilres et table onomastique. Ajoutons que le volume
gagnerait alors b.>aucoup à être illustré d?s principaux dessins et photo-
graphies que possède l'auteur et qui n'ont pu trouver ici leurpla,ce; —
Essai sur l^s principes de la culture traditiouriells de la vigne dans le Jura,
dû à M. Louis Joly, ingénieur agi"icole à Montmirey-la-Ville (p. 199-257),
étude d'un> haute utilité pratique, qui, elle aussi, par un tirage à part,
ptiurrait mieux atteindre les intéressés ; — Monographie sur Saint-Lau-
rcnt-la- Roche, par M. Gaillard (p. 259-310), qui emprunte surtout son
intérêt à ce fait que Lacuzon, le fameux chef de partisans comtois pendant
l 'S guerres du xvii^ siècle, en fut le gouverneur après en avoir fait prisonnière
la garnison française qui l'occupait. Le volume se termine par une série
d} poé'.ies écrites par M. P. Guichard sous le titre général prêtant au
calembour : Petites Peintures sur vers (p. 311-341). Une seule est relative
à la région, et c'est, à nos yeux, la plus intéressante; elle est intitulée :
L-? Haut Jura (p. 329-331)1
Provence. — Le volume le plus récemment paru des Mémoires de
V Académie des sciences, lettres et bsaux-arts de Marseille porte les dates
1908-1911 (Marseille, imp. Barlatier, 1911, in-8 de 525 pages, avec 3
planches). Il convient de remarquer, tout d'abord, qu'il y a là plusieurs
discours de réception qui eussent gagné à préciser leur objet par un titre.
Sans insister autrement sur ce point, nous allons énumérer les trav^aux
que l'on trouve dans ce volume : Discours de réception de M. Victor Jamet
(sur la culture scientifique) (p. 1-13); ■ — Réponse de M. de Montricher à
ce discours (p. 15-21); — Discours de réception de M. Jules Goudai^eau (sur
la musique) (p. 23-36); — Réponse de M. de Montricher (p. 37-45); —
Un Hommage tardif, par M. de Marin de Carranrais (à propos d'une sei-
gneurie, après le 4 août 1789) (p. 55-63); ■ — • Etude sur Lazare de Cordier,
poète marseillais du xvii^ siècl', par M. dî Marin de Carranrais (p. 74-
113); — Éloge d'Ernest Reyer, par Charles Vincens (p. 115-138); — Pages
ferventes et patriotiques. Jeanne d'Arc, par M. Prou-Gaillard (p. 145-157);
— La Technique de iouèon, par M. Ferdinand Servian (p. 159-168) ; ^ — Dis-
cours de réception de M. Laurent (sur la paléobotanique) (p. 175-190);
— Réponse de M. Heckel (p. 191-196); — Le Rôh de la femme en agricul-
ture, par M. H. de Montricher (p. 197-207); — Vieil Intérieur de Provence,
par M. Jules Goudareau (p. 209-217); — Une Promenade dans la région
forestière des Cévennes, pa^* ^L Louis Laurent (p. 219-224); — Le Triomphe
du jeune Horace, d'ame tn un acte, en vers, par M. V. Jamet (p. 227-
241); — Discours de réception d^ M. G. Derepas (sur César Franck) (p.
243-258); — Réponse de M. F. Servian (p. 259-271); — Discours de récep-
tion d; M. José Silbert (sur le peintre H >neré Boze) (p. 273-284); — Ré-
ponse dî M. Servian (p. 285-298); ■ — • D'Avignon à Rome. Itinéraire de
Grégoire XI (1376-1377), par M. Emile Perrier (p. 337-392); — Les Trou-
badours ds Marseilk (1809), par M. Louis Br-ès (p. 399-413); — Au Pays
de Mistral, par M. le chanoine S Gamber (p. 415-422); — Xavier de
Maistre, artiste {documents inédits], par M. Ferdinand Servian (p. 423-
435); — Le Tombeau de Raphaël {document inédit), par le même (p. 437-
442, avec 1 pi.); — Discours de réception de M. Paul Barlatier (sur le
théâtre de plein air) (p. 443-459); — Réponse de M. L. Perdrix (p. 461-
479); — Les Jardins de la Mortola et de Monte-Carlo, par M. L. Laurent
(p. 481-487, avec 2 pi.); — La Fontaine de Jules Cantini, monographie
du monument, paT M. Ferdinand Servian (p. 490-495); — Un Pèlerinage
à la tombe de Chateaubriand, par M. Louis Brès (p. 497-503); — Quelques
— 187 —
Considérations sur la loi des retraites ouvrières et paysannes, par iM. Charles
Vincons (p. 505-516). — Pour n? rien omettre, nous dirons que ce vo-
kime renferme une certaine quantité de poésies dues à MM. le chanoine
S. Gambjr, Louis Brès et Victor Jamet.
Alsace-Lorraine. — La direction d' la luxueuse Reçue alsacienne,
qui se publie à Strasbourg et d'>nt notre Partie technique insère régulière-
ment les sommaires, nous adresse un intéressant prospectus duquel nous
extrayons les principaux passages : « La Reçue alsacienne vient d'être
soumise à une importante transformation. Nous en avons détaché la
Chronique d'Alsace- Lorraine qui, .'ous une forme nouvelle, mènera désor-
mais une existence indépendante et se nommera Cahiers alsaciens ...
Les Alsacims dévoués à leur pays natal voient se dresser aujourd'hui des
obligations qui ne s'imposaient pas à leur conscience il y a quelque dix
ains. Dans le domaine des idées, des luttes passionnées se li\Tent, dont
quelques-uns de nos biens moraux les plus précieux sont l'enjeu. L'héri-
tage de nos pères, il nous faut le conquérir sans trêve pour le posséder. Le
temps n'est plus aux résignations muettes, aux renoncements mornes. Ce
qui est défendu avec fermeté et. constance ne saurait périr... Nous avons
toujours proclamé combien importent à notre caractère la langue et la
« culture » française. Aussi, le droit et le devoir de les maintenir et de les
cultiver à côté de l'idiome offiji i et de la pensée allemande ne cesseront-
ils de trouver en nous des champions résolus... Ces principes, que nous
professons depuis bien des années, trouveront dans les Cahiers alsaciens
une expression plus vivante et plus précise que naguère. Nous donnerons
des articles de fond plus nombreux et plus variés. Nous ferons plus substan-
tielle la chronique alsacienne diS hommes et des œuvres. Un format plus
petit, une impression plus grande en faciliteront le maniement et la lecture.
Les Cahiers alsaciens paraîtront, en fascicules in-8, au moins six fois l'an. »
Le siège du nouveau périodique est à Strasbourg, rue Brûlée, 2. — Prix
de l'abonnement annuel: Strasbourg, 4 marcs; Alsace-Lorraine et États
confédéré?, 5 marcs 50; France, Étranger, 7 fr. 50.
Allemagne. — Nous avons annoncé il y a déjà plusieurs mois la publi-
cation entreprise à Paris par l'initiative notan^ment de M. Béduchaud,
8:^, rue des Saints- Pérès, sou; le titre d-i Fiche bibliographique. Yoïci que
d'Allemagne nous arrive l'annonce d'une publication du même genre, que
M. Chr. G. Hottinger, bibliothécaire à Berlin (adresse: Sud nde. Berlin),
lance à son tour dans la circulation : Ein Riicher-Zettel-Katalog und ein
bio-ikono-biblio^raphisches Sammelwerk (Sûdende. Berlin, l'auteur, 1911,
in-8 de 4 p.). Chaque fiche qui a 12,5 cm. sur 7,5 contient au recto le nom
de l'auteur, son prénom, sa date de naissance et, le cas échéant, de mort,
l'indication de ce qu'il est (professeur, médecin, etc.); le titre de l'ouvrage,
annoncé avec les indications bibliographiques nécessaires (en mai'go : une
reproduction réduite du titre), puis une notice sur le contenu de l'ouvrage;
au vurso, on trouvera une courte note biographique (autobiographique,
si possible) sur l'auteur, la liste de ses principaux ouvrages, son portrait
et im autographe. M. Hottinger annonce en même temps la préparation
d'un ! encyclopédie en 40 volumes Das grosse Lexikon, qui contiendra notaïu-
m ont la reproduction photographique d s lois les plus importantes. ./%W^
^Espagne. — Dans notre livraison d'avril 1911 (t. CXXI, p. 378), nous
avons annoncé à cette même place les débuts d'une publication artistique
•espagnol' qui vient d'achever son premier volume et aussi la première
— 188 ^
année de son existence : Muséum, revista rnensual de arte espafiol antiguo
y moderno y de la l'ida artistica contemporanea (Barcolona, callj INIallorca,
291. in-folio de 120-480 p., plus7p.de tables. Espagn\20 fr. ; étranger,
25 fr.). No\is devons rappeler que le texte espagnol tst complété par une
traduction française très claire, très nette, laquelle est toujours placée
en tête de chaque livraison. L'illustration phototypique est soignée et
généralement très réussie; quelques reproductions cependant sent un
peu iniprécises; quant aux planchoscn couKairs et en noir, elles séduiront
les amat< urs. La presse nationale et la presse étrangère ont ménagé un
accueil d s plus favorables à cette riche publication; aussi ne doutons-
nous pas que sa direction n"" s'efïorce de l'améliorer encore. Il ne nous
paraît guère possible, toutefois, que le nombre d' s reproductions soit
augmenté, car, pour 1911, nous en comptons près de 500 ! — Nous vou-
drions pouvoir citer ici tous les articles qui le méritent, mais comme
cela nous conduirait trop hàn, nous nous bornerons à faire un choix, plu-
tôt arbitraire, mais qui donn* ra une idée de l'intérêt qui se dégage du
Muséum : La Collection Chauchard au Louvre, par S. T. — Antoine Moro,
par Miguel Utrillo. — V Art -flamand à Valence, un tableau sur bois inédit.
du XV*" siècle, par J. Tramoyeres Blasco. — > Souvenirs de la Seville romaine,
par J. Gestoso Pérez. ■ — Statuaire romaine au musée de Tarragone, par
Emile Morera. — VI^ Exposition internationale d^art. Barcelone. — Société
des artistes français. Art décoratif, par Georges Caudel. — une Exposition
rétrospective de peinture espagnole à Munich, par Aiguste-L. Mayer. —
Le Collège de Saint- Grégoire de Vclladolid, par Jean Agapito y Revilla.
— Valdes Leal, tableaux et dessins inédits de ce peintre, par Enrique Ro-
rtiero d^ Torr.s. — La Joconde, par Manuel Rodriguez Codolâ. — Clochers
hispano-arabes, par Anselmo Gascon de Gotor. ■ — Les Arts musulmans
d'Espagne à V Exposition de Munich, par Ernest Kûhnel. — Vettore Zanetti,
par :\Iario Bcrardi. — André Méthty, par Georges Caudel. Le « Muséum,
ii.oons-nous dans un charmant pror.p ctus qui accompagn?* la 12« li^'raison,
a recu'ilii tout ce qui s'est fait et nous est paï'venu auréolé de la sanction
séculaire, et tout ce qui se fait et vient s'ajouter à la production des an-
cêtres, reflétant le sentiment et la pensée de la vie actuelle. C'est ce qu'il
(-orvtinuera do faire à l'avenir, car son désir est que, plus tard, quand on
leuilk-tcra ses pages, on puisse y voir les différentes tendances qui luttent
à présent sur le champ de l'art. » La publication barcelonaise figurera
^.vantageusement dans les plus importantes bibliothèques publiques des
d ux mondes et aussi dans les établissements artistiques de quelque valeur.
Hongrie. — Notre distingué collaborateur M. Emile Horft a pu lié dans
la livraison de juillet 1911 des Mémoires de la Société des ingénieur.-, civils
de France une Notice nécrologique sur S. E. Charles de Hieronymi, - u'il a
ensuite fait tirer à part (Paris, 19, rue Blanche, 1911, in-P de 6 p.). Né en
1836, à Buda, ]\I. de Hieronymi, ingénieur de haut mérite, auteur 1 ou-
vrages estimés sur les voies de communication, a rendu des services de
plus d'une sorte à son pays. De 1893 à 1895, ministre hongro|s de l'inté-
rieur, il a été, à deux reprises, chargé du ministère du commerce de la
Hongrie. Il est mort l'an dernier, laissant les plus vifs regrets non seule-
ment chez ses compatriotes, mais aussi en France, où il s'était acquis de
nombreuses sympathies, principalem'^'nt parmi les membres d^ la Société
des ingénieurs civils à laquelle il appartenait depuis 1883. En ces quelques
pages précises, M. Horn a très bien résumé cette existence 'consacrée en-
tièrement à laxhose publique.
— 189 —
Italie. — L'^ Calendario délia basilica ponlificia del sfanlissimn rnsario
in Valle di Pompei est venu, avec son habituelle fidélité, apporter aux
Ijienfaiteurs et aux amis de l'œux-re fondée et :'ntre.tenue avec un si beau zèle
par M. le Comm. Bartolo Longo en favem* d s orphelins «t des enfants de
condamnés d 'S nouv lies d':'S progrès accomplis et du bien opéré da»3
l'année qui vient d^ s'écouler (Valle di Pompei, scuola tipografica pontificia
pei figli di carcerati, 1912, in-32 de 272-112 p.). Des notices sur l'orphe-
linat féminin avec des photogi'aphics de gi'oupes d'enfants (17 nouvelles
orphelines ont été reçues en 1911, 10 ont été placées, 1 est morte), stries
nouvelles con-truction". de cet orphelinat (grand réfectoire), sur l'hospice
pour les enfants des prisonniers (11 reçus en 1911, 6 placés), aussi avec des
photographies de groupe?; sur les œuvres diverses pour ces deux sections
de l'oeuvre (oratoires, cercles, fanfare, ouvroir, écoles, etc.); puis quelques-
unes de ces biographies d'enfants toujours si touchantes, auxquelles se
mêlent aujourd'hui quelques pages da journal d'un jeune garçon hospita-
lisé (récit d'une visite à son père dans la colonie pénale agricole de Pia-
nosa^ forment la partie neuve de l'annuaire de 1912. Rappelons à nos
lecteurs que les offrandes les plus mod-'stes peuvent être adressées au
Comm. Bartolo Longo, à Valle di Pompei (province de Naples).
— Une tradition populaire italienne veut que Marion Delorme, immor-
talisée par Victor Hugo, ait séjourné au Pasquier de Gïaveno, sur la rive
gauche de l'Ola'-io. M. Charles Thuriet a recueilli cette tradition et nous en
fait part en une jolie plaquette extraite du journal Piemonte, qui paraît à
Turin, et qu'il a intitulée : La Tour Marion Delorme au Pasquier de Gia-
veno (Torino, Ofiicina poligrafica éditrice subalpina, 1911, in-18 de 32 p.).
Richelieu, voulant éloigner Marion di Paris et même de la France, afin
■de l'empêcher d'intriguer en faveur de Cinq-Mars dont les jours sont
comptée, s'entend avec un compère, Maurizio de Savoie, pour décider la
charmeuse à passer quelque temps à Giaveno, où le Palazzo Alto serait
mis à sa disposition. Marion Delorme ayant donné dans le piège, Riche-
lieu peut ain-i, sans courir le risque d'être contrarié, faire exécuter Cinq-
Mars et de Thou. Après quoi, IMarion, rendue à la liberté, rentre en France :
elle n'est plus dangereuse. On s'est souvenu dans le pays d'un acte de géné-
rosité accompli par la belle Française au moment de son départ, et c'est
pourquoi l'on a donné son nom à la tour restant encore debout du Palazzo
Alto. Le principal mérite de cette tradition condste en la manière gra-
cieusement littéraire dont elle vient d'être fixée par M. C. Thuriet.
Maroc. — M. Rouard de Card, qui devient de plus en plus, au point de vue
du droit international, un spécialiste d ;s questions marocaines, a récem-
ment publié deux petites brochures d'une valeur inégale. La première est
le catalogue des livres des xvii^ et xviii^ siècles relatifs aux États barba-
resques, faisant partie de sa bibliothèque; la seconde étudie cette célèbre
négociation franco-espagnole de 1902, dont on a tant parlé durant les der-
niers mois. Nous n'insisterons pas sur la première de ces plaquettes, pu-
bliée avec grand soin, mais dont l'intérêt est assez restreint, M. Rouard
de Card n'ayant pas donné d-^s livres qu'il possède une description biblio-
graphique suffisamment précise et n'ayant pas non plus entouré chacun
de ces ouvrages de l'étude critique qui, seule, eût donné un véritable prix
à son travail, beaucoup trop bref et trop superficiel [Livres français des
xvii^ et XYiii^ siècles concernant les États barbaresques : Régences d'Alger,
de Tunis^ de Tripoli et empire du Maroc. Paris, Pedone ; Gamber, 1911,
in-8 de 37 p.). — Par contre, nous ne pouvons que louer absolument
— 190 —
l'excellente étude do M. Roua^'d de Gard sur la Question marocaine
et la ncgociation frajico-espagnolc de 1902 (Paris, Ptdone; Gamber,
4912, in-8 de 37 p., avec 1 carte). L'auteur se retrouve là sur un terrain où
il est accoutumé d^ manœuvrer et qui est le sien propre; il montre fort
bien les défauts de l'arrang^-ment ébauché en 1902 et fait parfaitement
comprendre comment cet arrangement exerça une fâcheuse répercussion
sur les négociations postérieures. A signaler comme présentant un vif
intérêt la lettre de M. Silvela au duc d'Almodovar del Rio dont la bro-
chure de M. Rovard de Gard contient une traduction intégrale extrême-
ment exacte aux pageî 15-24.
Publications nouvelles. — Bell armin et la Bible sixto- clémentine, étude
et documents inédits, par le R. P. X. M. Le Bachelot (in-8, Beauchesne). —
La Messe, ^étude doctrinale, historique et liturgique, par P.-E. Bourceau
(in-16, Beauchfsnek — Nomendator literarius theologiae catholicae, edi-
dit et commentariis auxit H. Hurter. T. V. Theologiae catholicae. Acta
recens. Pars 1. Seculum tertium post celebratum concilium Tridentinum.
Ab anno 1764-1869 (in-8, Oeniponte, lib. academica Wagneriana). —
Opéra moralia sancti Alphonsi Mariae de Ligorio, Doctoris ecclesiae. Theo-
logia moralis, editio nova cum antiquis editionihus diligenter collata in sin-
gulis auctorum allegationibus recognita notisque criticis et commentariis
illustrata, cura et studio P. Leonardi Gaudé (Romae, ex typ. vaticana,
4 vol. gr. in-8). ■ — Manuel de théologie mystique, ou les Grâces extraordi-
naires de la vie surnaturelle expliquées, par le R. P. A. Devine ; trad. de
l'anglais par l'abbé C. Maillet (in-8, Avignon, Ai banel). — Vade-Mecum des
prédicateurs, par deux Mi.ssionnaires (in- 18, Téqui). — Les Sacrements,
conférences aux étudiants, par L. Boucard (in-16, Beauchesne). ■ — Discours
eucharistiques, 2^ série (in-18, Lethielltux). — Leçons et lectures d^apolo-
gétique. La Vraie Beligion, par E. Roupain (in-8, Tournai et Paris, Gas-
terman). — En Lui ! portrait de Vâme dévouée au Sacré-Cœur, par F. Ani-
zan (in-12, Lethielleux). ■ — L'Autre Vie, par L'gt' E. Méric (2 vol. in-18,
Téqui >. ■ — L'Esprit de sainte Claire, par le R. P. Exupère (in-12, Paris et
Tournai, Gasterman). • — Pages de Lourdes, par A. Mailles (in-12, Paris
et Tournai, Gesterman). — Traité de droit civil comparé, par E. Roguin.
Les Successions. III. La Succession testamentaire (in-8. Librairie générale
de droit et de jurisprudence). • — Traité de droit maritime, par D. Danjon.
T. II (in-8, Librairie générale de droit et de jurisprudence). — Études de
philosophie ancienne et de philosophie moderne, par V. Brochard (in-8,
Alcan). — L'Action criminelle, étude de philosophie pratique, par H. Urtin
(in-8, Alcan). — Aile jonti délia vita prolcgomeni di scienza e d'arte per una
filosofia dclla natura, da D"" W. Mackenzie (gr. in-8, Genova, Formiggini).
— Le Sejis et la valeur de la vie, par R. Euchen; trad. par M.-A. HuUet et
A. Leicht (in-16, Alcan). — Morale et moralité, essai sur l'intuition morale,
par P. Sellier (in-16, Alcan). — La Morale par l'État, par A. Marceron
(in-8, Alcan). — Pour former le caractère, par F.-W. Fœrster; trad. par
C. Thirion et M. Paris (in-18, Fischbacher). — L' Internationalisme scien-
tifique {sciences pures et lettres), par P. H. Eijkman (in-8, La Haye, Van
Stockum). — La Passivité économique. Premiers Principes d'une théorie
sociologique de la population économiquement passive, par M.-A. d'Am-
brosio (in-8, Giard et Brière). — La Hiérarchie des principes et des pro-
blèmes sociaux, par F. Roussel-Despierres (in-8, Alcan). — L'Œuvre so-
ciale de la III^ Bépublique, pa^ Godart, Astier, Groussier, Breton, F.
Buisson, Bonnevay, Borrel, Aubriot, Lemire (in-8, Giard). — Les Grèves
— 191 —
et leur réglementation, par F. Latour (in- 12, Édition du « Bulletin de la
semaine »). — La Révolution sociale, par K. Kautsky (in-16, Marcel Rivière).
■ — ■ Le Médecin, son rôle dans la famille et la société, par le D'' J. Vincent
(in-16 carré, Beauchcsne). — V Architecture religieuse en France à Vépoque
romane, par R. de Lasteyrie (gr. in-8, A. Picard et fils). — La Société du
xvni<^ siècle et ses peintres, par L. Vaillat (petit in-8, Perrin). ■ — Le Lan-
gage musical, étude médico-psychologique, par E. Dupré et M. Natham (in-8,
Alcan). — Histoire de la langue musicale, par M. Emmanuel (2 vol. gr.
in-8, Laurens). — ■ Introduction à la vie tnusicale, par P. Lacome (in-18,
D(lagrave). — Notes brèves, par C. Bellaigue (in-18, Delagrave). — W.A.-
Mozart, sa vie musicale et son œuvre, de l'enfance à la pleine maturité, par
T. de Wyzewa et G. de Saint-Foix (2 vol. in-8, Perrin). ■ — Georges Bizet
et son œuvre, par C. Pigot (in-18, Delagrave). — Linguae hebraicae gram-
maticae institutio quam in usum discipulorum suorum, scripsit P. F. Va-
lante (in-8, S. Juliani ad. Veronam, typ. Camilliana). — En Montagne
bourbonnaise. Mœurs et coutumes, superstitions et sorciers, parle D'' Bris-
s(in (in-16, Roanne, imp. Souchier). — Œuvres de Auguste Brizeux^ nou-
velle éd. revue, corrigée et augmentée, précédée d'une notice biographique
sur l'auteur et suivie de notes par A. Dorchain (3 vol. in-18, Garnier). —
Le Front voilé, par M. L. Dromart (in-16, Jouve). — Sous les pins, par M.
Desbruyères (in-16, Jouve). ■ — Le Poème du silence, par la comtesse J.
d'Avancourt (in-16, Jouve). — La Pluie au printemps, par Albert- Jean
(in-16, Crès). ■ — Laudes, poèmes, par C. de Saint-Cyr (in-18, Rivière). — •
Le Théâtre d^ Ibsen, par W. Berteval (in-16, Perrin). — Les Courtagré, Tpax
P. Gourdon (in-18, Calmann-Lévy). — La Neige sur les pas, par H. Bor-
deaux (in-16, Plon-Nourrit). — Sœur Anne, par O. Aubry (in-16, Plon-
Nourrit). ■ — Un Prêtre, par L. Cathlin (in-18, Grasset). — Raffles, cambrio-
leur pour le bon motif, par E.-W. Hornimg; trad. par H. Evie (in-16. Ha-
chette). — Sans lumière, par J. Pravieux (in-12, Lethielleux). — La
Métairie de Las Ramadas, parla comtesse de Massacré (tetitin-8 carré,
Gaillard). — Un Poète protecteur des lettres au xvii^ siècle. Jean Chape-
lain (1595-1674), étude historique et littéraire d'après des documents iné-
dits, par G. Collas (in-8, Perrin). — Voiture et les années de gloire de T hôtel
de Rambouillet, 1635-1648, par E. Magne (in-18. Mercure de France). —
Nouvelles Etudes sur Chateaubriand, essais d'histoire morale et littéraire,
par V. Giraud (in-16. Hachette). — Le Réalisjne du romantisme, par G.
Pellissier (in-16, Hachette). — Pages choisies, par le v**^ E.-M. de Vogué
(in-16, Plon-Nourrit). — Louis Mercier, par A. de Bersaucourt (in-16,
Jouve). — Charles Guérin, par A. de Bersaucourt (in-16, Gaillard). —
Voyage à l'île Majorque, par J. Leclercq (in-16, Plon-Nourrit). — Les
Epistratèges, contribution à l'étude des institutions de l'Egypte gréco-ro-
maine, par V. Martin (in-8, Genève, Georg). — Le Jeune ur de Notre-
Dame, par A. L'Esprit (in-8, Ghampion). • — Les Lettres de Jehanne d'Arc
et la prétendue abjuration de Saint-Ouen, par le comte C. de Maleissye
(in-16, Maison de la Bonne- Presse). — « Les Saints ». Saint Charles Bor-
romée (1538-1584), par L. Gelier (in-12, LecofTre, Gabalda). — Une Héroïne
de la Renaissance italienne. Catherine Sforza (1465-1509), par P.-D. Paso-
lini; texte français et Introduction de M. Hélys (petit in-8, Perrin). —
La Curie et les bénéficiers consistoriaux, étude sur les communs et menus
services (1300-1600), par A. Clergeac (gr. in-8; A. Picard et fils). — Le
Gouvernement du maréchal de Matignon en Guyenne pendant les premières
années du règne de Henri IV, par F. Geslin (in-8, Bordeaux, Mounastre-
— 192 —
Picamilh,. — Une Province sous Louis XIV. L'Administration des inten-
dants d'Orléans de 1686 à 1713. Jean deCreil, André Jnbert, de Bouville,
Yves de la Bourdonnaye,pAr C. d? Baaucorps (iii-8, Orléans, Marron). —
« Les Saints ». La Bienheureuse Marguerite- Marie (1647-1690), par Mgr
Demimuid (in-! 2, Lecoffre, Gabalda). ■ — La Mère Marceline de Chamer-
lat, S*' supérieure générale de la Miséricorde de Billom (1786-1867), par J.-B.
Couderc (in-8, Téqui). — La Haute- Auvergne à la fin de l'ancien régime,
notes de géographie économique, par G. Esquer (in-8, Champion). — Au
temps des volontaires, 1792. Lettres d'un volontaire de 1792, par G. Noël
(in-16, Plon-Nourrit). ■ — - Histoire de la Révolution dans les ports de guerre,
par O. Havard. T. I. Toulon (in-12, Nomvlle Librairie nationale). — Les
Brûlots anglais en rade de l'île d'Aix (1809), par J. Silvestre (in-8, Savaète).
■ — Histoire de V Angleterre depuis 1815 jusqu'à l'avènement de Georges V
(1910), par A. Regnard (petit in-16, Alcan). — Histoire de l'Italie depuis
1815 jusqu^au cinquantenaire de l'unité italienne (1911), par F. Henne-
guy (petit in-16, Alcan). — • Lamennais et ses correspondants inconnus
par A. Roussel (in-12, Téqui). — 1870. Sedan, par E. Picard (2 vol. in-16,
Plon-Nourrit). — Récits de guerre, par le général Pruneau (in-18, Cal-
mann-Lévy). — L' Alsace- Lorraine de Bismarck devant l'histoire et la diplo-
matie, par E. Bonnal (in-8, Savaète). ■ — ■ Madame la duchesse d'Alençon
intime, par Gouraud d'Ablanourt (in-12, Librairie des Saints-Pères). — ■
Une Ame bénédictine. Dom Pie de Hemptinne, moine de l'abbaye de Mared-
sous (1880-1907), (in-12, Lethielleux). — Les Manœuvres impériales alleman-
des en 1911, par le colonel Repington ; trad. de l'anglais par R. Kann
(in-8, Berger- Levrault.) — Corne vive il popolo a Roma, saggio demogra-
fico sul quartiere Testaccio, da D. Orano (in-8, Pescara, Ci'oce). — Combats
d'hier et d'aujourd'hui, par le comte A de Mun. 3« série, 1908 (petit
in-8, Lethielleux). — Études de critique et d'histoire religieuse, par E. Va-
candard (in-12, Lecoffre, Gabalda). — Ames d'aujourd'hui. Essais sur
Vidée religieuse dans la littérature contemporaine, par F. Vincent (petit
in-8, Beauchesne). — En feuilletant de vieux papiers, par E. Welvert (in-18,
Calmann-Lévy). — Les Livres qui s'imposent. Vie chrétienne, vie sociale,
vie civique, par F. Duval (in-8, Beauchesne). — ^ Bibliographie napoUon-
nienne française, par G. Davois. T. III (in-8, l'Édition bibliographique),
— Catalogue des incunables de la Bibliothèque publique d'Aututi, par C.
Boëll et A. Gillot (in-8, Autun, imp. Dejussieu et Demasy). Visenot.
Le Gérant : CHAPUIS.
Imprimerie polyglotte !•>. Simon, Rennes— Paris.
POLYBIBLION
REVUE BIRLIOGRAPIIIQUE UNIVERSELLE
PUBLICATIONS RÉGENTES SUR L'ÉCRITURE SAINTE
ET LA LITTÉRATURE ORIENTALE
1. Rudim?nta linguae hehraicae scholis publicis et àoineslicae discipli.nae brevissime
accomodata Fcripserunt D'' C.-H. Vosen et D' F. Kaulen. Nova editio quam
recognovit et auxit pro^ J.Schumacher. Friburgi Brisgoviae, Herder, 1911, in-
8 de xî-171 p., 3 fr. 10. — "'. Grammaire du grec du Nouveau Testament, paP
A.-T. Robertson; trad. sur la 20 édition par E. Montet. Pari«, Geutluier, !911,
in-8 de xvi-298 p., 7 fr. 50. — 3. Les Mœurs des Israélites, par Fleury. Extraits
précédés d'une notice par Albert Chérel (Collection Science et Religion). Paris
iiloud, 1912, in-16 de 6i p., 0 fr. 60. — - 4 Bible et Science. Terre et Ciel, par Gh.
DE KiRWAN (Collection Science et Religion). Paris, Bloud, 1911, in-12 de 64 p.,
0 fr. 60. — 5. Der Kanon des Allen Testaments zur Zeit des Ben-Sira. Auf. Grund
der Beziehungen des Sirabuches zu den Schriften des A. T. dargestellt von D'' A.
Eberiiarïhr ( Alttestamenlliche Abhandlungen,t. ÏII, fasc. 3). Mlinster iiu V\'est-
phalien, Aschendori'f, 1911, in-8 de n-77 p., 2 fr. 60. — 6. É'udes bibliques. De
l'authenticité des livres d'Esther et de Judith, par le vicomte E, de Marsay.
Paris, Geuthner, 1911, in-8 de 41 p., 1 fr. 60. — 7. Bellarmin et la Bible sixto-clé-
inentine. Étude et documents inédits, par le R. P. Xavier-Marie Lé Ëachelet.
Paris, Beauchesne, 1911, in-8 de yi-210 p., 5~ l'r. 50. — ■ 8. NcVum Tcstamentum
latine secundum editionem sancti H ieronijmi ad codiciini nianuscriptoruin idenï
recensueriint J. Wordsworth et H.-J. Whit.e. ''^ditio nainor curante H. J. WhiTe^
Oxonii, typ. Clarendoniaao, 1911, in-16 de xx-620 p. — • 9. Die Altsyrisrhen Evan.
gelien in ihrem Verhà'tnis zu Talians Diatessaron untersucht von Di". H.-J. Vo-
GELS (Biblisrhe Studien, t. XVI, fa,so. 5). Fi'eiburg im Breisgan, Herder, 1911,
in-8 de xi-158 p., 6 fr. 25. — 10. £es ^am^s^tangiVe-;. Traduction nouvelle d'après
la Vulgate, précédée d'une Introduction historique et accompagnée de nombreuses
notes explicatives avec cartes et plans, par J.-B. Chabot. Tours, Mame, s. d.
(1911), in-12 de x-98-480 p. — ■ 11. Les Étapes du rationalisme dans ses attaquer
contre les Évangiles et la vie de Notre- Seigneur Jésus-Christ, exposition historique et
critique, par L.-Cl. Fill'on. Paris, Lethielleux, s. d. (1911), in-8 de vi-364 p.^
3 fr. 50. — 12. Jésus-Christ et l'étude comparée des religions. Conférences données
aux Facultés catholiques de Lyon par Albert Valexsin. Paris, Lecoffre, Gabalda,
1912, in-12 de ii-232 p., 3 fr. — ■ 13. Die Niederfahrt Christi in die Unterwelt.
EinBeitragzur Exégèse des Neuen Testamentes und zur Geschichte desTaufsym-
hols von D'' Karl Gschvvind ( Neutestamentliche Abhandlungen, t. I., fasc. 3-5).
Munster im Westphalien, Aschendorff, 191.1, in-8 de xvi-255 p., 8 fr, 50. — •
14. Catalogue des cylindres orientaux de la collection Louis Cugnin, par Léon
Legrain. Paris, champion, 1911, in-4 de n-54 p., avec 6 planches, 10 fr.
1. — L'explication scientifique de l'Écriture exige la connaissance
des langues sacrées. Cette connaissance nécessaire exige elle-même
des instruments d'étude : grammaires, dictionnaires et éditions des
textes originaux. Nous annonçons aujourd'hui deux grammaires :
une grammaire élémentaire de la langue hébraïque, une autre, plus
savante, du grec néo-testamentaire. Les Riidimenta linguae hebraicae
du D^ Vosen ont fait leurs preuves. Composés depuis cinquante ans,
ils ont été améliorés d'édition en édition. Les améliorations ont été
introduites par le Dr. Kaulen, à partir de la sixième édition. La neu-
Mars 1912. T. GXXIV. 13.
— 194 —
"A-ièmc vient d'ÎUo pn'pan'o par le proiesseur Sohi mâcher, de Cologne.-
11 a conservé à l'ouvrage sa disposilitn et sa mitht de et il n'y a ap-
porté que des modifications de-détail. .Apits de ceints piclégcmcnes
sur les langues sémitiques en général et la lûrigi:e hdjiaïqi.e en paiti-
culier, vient un premier livie, la gun niaiie pi( pi(nient dite, divisée
en trois parties : les éléments de la langue (écriture, sors et syllabes),
les formes des mots (ici, le nouvel éditeur a placé les pronoms avant
les verbes tant réguliers qu'irréguliers, le nom et les particules), la
syntaxe des noms, des verbes et des particules. Les notions et les rè-
gles données sont simples et claires. On est surpris de l'emploi de
quelques caractères grecs au milieu des caractères romains pour la
transcription des consonnes hébraïques. Le second livre, entière-
ment consacré à l'étude pratique, est foit bien conçu. Après les para-
digmes ordinaires, au nombre de treize, que les élèves doivent ap-
prendre par cœur, on donr.e une série développée d'exercices gradués
de lecture, d'étude de mots et de traduction. Enfin, on trouve une
liste de mots à retenir et le lexique des termes qui se rencontrent
dans les exercices. Cette grammaire peut servir à l'ttude personnelle
de l'hébreu aussi bien qu'à la classe élémentaire. Elle est bien im-
primée, et d'un prix abordable.
2. — La Grammaire du grec du Nouveau Testament est la traduc-
tion fiançaise, faite par M. Montet, sur la seconde édition de A short
gramma'' of the Greek New Testament du professeur américain Ro-
bfrtson. 11 y en a déjà des versions en italien et en allemand. Pour
bien apprécier cet ouvrage, il est nécessaire de connaître le but de
l'auteur. Il n'a pas voulu faire une grammaire élémentaire à l'usage
des commençants ni une grammaire développée et savante
à l'instar de celles de "Winer, Blass et Moultcn. La sicr.ne est d'un
type intermédiaire : brève sans être un abc'cédaire, de caractère assez
scientifique pour instruire davantage les étudiants déjà avancés des
séminaires américains ou les jeunes pasteurs, qui veulent faire l'exé-
gèse grammaticale du texte du Nouveau Teste ment. Elle s'adresse
donc à ceux qui savent la grammaire grecque et mime les éléments
du grec néo-testamentaire. On n'y trouvera par suite aucun paradig-
me de déclinaison ou de conjugaison. C'est une initiation aune étude
plus approfondie et plus positive de cette langue spéciale, qui n'est
pas un grec de synagogue, comme on disait autrefois, mais bien le
grec vulgaire du i''^ siècle de notre ère, le grec populaire des inscrip-
tions et des papyrus de l'époque. Cette grtmmaiie ccmpiend trois
parties d'inégale étendue. La première, qui est très courte, sert d'In-
troduction et renseigne sur les méthodes lirguistiques mrdeines et
sur la nature du grec néo-testementaiie. I a seconde partie, intitulée :
Formes, expose, en sept chaj)itrcs, leut ce qui ecrcerne cette langue
^ _ 195 —
et les particularitts des substantifs, des adjectifs et des verbes. La
troisième partie, la plus longue, traite de la syntaxe en 25 chapitres.
Tous ces chapitres n'ont rien de ce q|ii constitue .un traité ^>ienima-
tical. C'est un exposé de vues personnelles, d'observations multiples,
d'aperçus sur le développement de toutes les parties de la langue
grecque et de comparaisons avec les autres langues indo-europcennes.
Ces rapprochements, aussi bien que le développement historique de
la langue, font trop souvent perdre de vue le grec néo -testamentaire.
Il eût été plus intéressant pour les' lecteurs, qui ne savent pas
le sanscrit auquel on nous reporte souvent, de connaître les exemples
analogues de la langue des inscriptions et des papyrus. Il y a
aussi des répétitions qu'on aurait pu éviter. Malgré ces défauts de
méthode, la nouvelle grammaire sera utile aux élèves qui ne sont plus
à leurs débuts dans l'étude du grec; ils y trouveront nombre d'obser-
vations judicieuses, beaucoup d'exemples que l'index final des passa-
ges du Nouveau Testament permettra de retrouver facilement. Le
traducteur français a serré le texte anglais d'aussi près que possible
et il a employé des néologismes, que tout le monde comprendra à la
lecture. 11 a aussi ajouté quelques notes pour faire ressortir les res-
semblances du grec néo-testamentaire avec la langue Ijébraïque. 1
3. — M. Albert Chérel a découvert l'originalité de la conception
moderne de l'histoire dans les Mœurs des Israélites que Claude Fleury
publia en 1682. Au lieu de traiter des faits, Fleury a décrit les mœurs ;
il voit dans les Juifs non des ancêtres, mais des étrangers; il aime
les anciens, Juifs, Grecs et Romains, sans les admirer en tout ni les
déprécier; il explique leurs mérites et leurs imperfections; il les juge
non d'après les idées du xvii^ siècle, mais d'après leur milieu et leur
temps. Il s'occupe des costumes et des meubles autant que des mœurs.
Il relève la simplicité des mœurs pastorales des Israélites qu'il
oppose maintes fois aux mœurs et aux préjugés sociaux de son épo-
que. Comme sa satire est sociale et non politique ou personnelle,
comme il ne fait pas de portraits, comme il ne pose pas de modèles,
comme il manque d'imagination, son livre n'a pas fait scan-
dale. Selon M. Chérel, il marque une date importante dans la
conception de l'histoire et il donne, en somme, de la personnalité de
Fleury, une idée assez avantageuse. C'est pourquoi M. Chérel en a
publié d'assez larges extraits dans une brochure de la collection
Science et Religion. L'éditeur pense même que le livre de Fleury
peut « conserver quelque éclat » de notre temps. Si Fleury a fait
faire un progrès aux études historiques, il est bien dépassé. Ses com-
paraisons constantes des Israélites avec les Grecs et les Romains sont
démodées. Pour connaître les mœurs des anciens Israélites, nous
étudions maintenant les mœurs des Arabes, des Bédouins de nos
— 190 — .
jours, l.a brochure de M. Chérel, si elle est une révélation pour le
point de départ de cette conception historique, ne peut servir à nos
•contemporains que par contraste; elle fera ressortir nos progrès
dans 1 étude de la société israélite.
4. — La brochure de M. de Kirwan, qui fait partie de la même
collection, traite deux questions qu'indique le titre complet : Bible
et Science. Terre et Ciel. La première concerne le prétendu conflit
entre les sciences de la nature et les textes sacrés. L'auteur rappelle
que ce conflit est d'origine récente; il expose les premiers essais de
conciliation, qui ont été remplacés par le concordisme, lequel a
eu grande vogue pendant un certain temps. 11 mentionne ensuite le
véritable principe de solution qui a été officiellement reconnu par
Léon XIII dans l'encyclique Providentissiinus Deus et qui consiste à
distinguer les buts si différents de la Bible et de la science. Mais,
au lieu d'en faire la stricte application avec beaucoup dexégètes
récents, qui sont revenus à l'interprétation littérale des jours de 24
heures dans le chapitre I^^ de la Genèse, et de s'arrêter à la théorie
des « emprunts scientifiques » ou du langage populaire conforme aux
apparences, il y greffe un concordisme accessoire et hypothétique,
qui n'est qu'un retour déguisé à l'ancien concordisme. M. de Kirwan
n'a pas oublié les vues anciennes de Jean d'Estienne. La seconde
question, relative à l'anthropocentrisme, est mieux traitée. L'auteur
montre très bien que, malgré la pluralité des mondes ultra- solaires,
dont on ne peut dire avec certitude qu'aucun soit habité, l'homme,
qui a été le but de la création, reste moralement le centre du monde.
S'il opère timidement au sujet de l'existence d'hommes étrangers à
notre race, mais sauvés par les mérites infinis de Jésus-Christ, il a
tort d"appuyer son hypothèse sur des textes bibliques. Ceux qu'il
cite sont ou bien de brillantes métaphores qui prédisent le règne
messianique, ou bien des prophéties sur la fin du monde actuel et le
sort futur des élus.
5. — L'étude de M. Eberharter, intitulée : Der Kanon des Alten
Testaments zur Zeit des Ben Sira, comprend trois chapitres d'inégale
étendue et d'inégale valeur. Le premier, de trois pages et demie
seulement, réunit les données bibliques sur le recueil des livres
inspirés. L'auteur en conclut que le canon des protocanoniques de
l'Ancien Testament était clos à l'époque d'Esdras et de Néhémie. Il a
donné trop d'autorité au passage du deuxième livre des Machabées,
II, 13, et il l'a expliqué avec une précision qu'il n'a pas. Sa conclu-
sion n'est pas prouvée; mais ce n'est vraiment qu'une Introduction,
qui ne peut nuire à son travail personnel. Celui-ci est principalement
dans le chapitre II, où M. Eberharter étudie en détail les relations
de l'Ecclésiastique avec les autres^ livres de l'Ancien Testament. Sur
— 107 —
le Pentateuque, les prophètes antrricuis et pcfctnitiis, les higio-
graphes et les deutéroca:ioniques, il a réuni une triple série de passages-
de l'Eccksiastique, d'après le texte hébreu récemment retrouvé,
qui sont ou bien des allusions, ou bien des citations, ou bien des com-
binaisons de différents passages. Une attention spéciale a été donnée
aux ressemblances de l'Ecclésiaste et de l'Ecclésiastique en vue
d'établir lequel des deux livres est le plus ancien. L'auteur a discuté
les arguments pour lesquels M. Peters avait admis l'antériorité de
l'Ecclésiastique et il a conclu avec raison, semble-t-il, à sa posté-
riorité. Les résultats définitifs paraissent certains. Ben-Sira s'est
servi de la plupart des livres protocanoniques de l'Ancien Testament
et il ne reste de doute que pour le Cantique, Esther et Daniel. Il n'y
a aucun indice de l'emploi de Ruth. Quant aux deutérocanoniques^
il aurait eu sous les yeux Tobie et le livre de la Sagesse, peut-être
aussi Baruch. Dans le chapitre III, l'auteur se demande si tous ces^
livres étaient considérés par Bcn-Sira comme des livres canoni-
ques et il répond affirmativement. Il cherche même à montrer que
le sacerdoce juif avait l'autorité nécessaire pour établir la canonicité
des livres inspirés. Il prouve surabondamment (ce que personne ne
nie) que les prêtres juifs avaient la charge d'enseigner la Loi au
peuple. Mais c'est par un abus visible du raisonnement et sans pouvoir
en fournir aucune preuve directe que, selon lui, la Loi doit s'entendre
detousles livres de l'Ancien Testament. Il n'en fournit que des raisons.
de convenance, celle-ci entre autres : Dieu ne pouvait laisser le cha-
risme de l'inspiration privé de tout organe de constatation. Je le
concéderai, mais avec le Père Knabenbauer, dont le sentiment n'est
pas mentionné, je dirai que cet organe de constatation était, non pas
le sacerdoce juif, mais l'autorité d'un prophète. Il n'y a pas de Biblio-
graphie, et des Français, qui ont écrit sur le canon biblique, l'abbé
Trochon est seul cité.
6. • — M. le vicomte de Marsay a écrit quelques pages sur V Authen-
ticité des livres d' Esther et de Judith. Il s'occupe surtout du premier;
il n'est question du second que dans une sorte d'appendice. Au sujet
d'Esther, il résout d'abord les principales difficultés contre l'his-
toricité par la différence des textes qui nous sont parvenus avec des,
remaniements, et il reconnaît que la conspiration des eunuques
Tharès et Bighta est le nœud du drame. Sur cette base, il reconstitue
ce drame de harem. Il ne recherche que la probabilité, la logique
et l'intérêt, c'est dire qu'il l'arrange à sa façon. Il explique le ncm de
la fête des Purim par un mot persan, qui signifie firman; c'est la fête
du firman d'Assuérus, obtenu par Esther. Enfin, il justifie son senti-
ment par des raisons historiques, qui me paraissent justes, et philo-
logiques, dont je ne puis apprécier la valeur, vu mon ignorance du
^ ^ - 1118 -
persan. A propos do Jiulitli, on nous apprenti qu'Holopherne était
un Mèdo, que les faits se seraient passés à l'époque des Juges d'Is-
raël, à laquelle nous ramèneraient les détails historiques et géogra-
phiques du livre. Ces conclusions sont bien différentes de celles qui
ont cours. La campagne d'Holopherne est présentée comme « une
sorte de raid effectué par un chef de partisans. » De nombreuses fautes
d'impression déparent cette brochure.
7. — Chacun sait la part considérable que Bellarmin a eue à la
revision sixto-clémentine de la Vulgate latine. Son attitude à l'é-
gard de l'édition de Sixte-Quint a retardé deux fois le procès d' sa
béatification. Le Père Le Bachelet a découvert des documents nou-
veaux : lettres, dissertations, recueils de variantes, qui projettent
quelque lumière sur l'histoire de notre Bible officielle. Il les a pu-
bliés au nombre de vingt-cinq : Bellarmin et la Bible sixto-clémentine.
II les a fait précéder d'une étude en quatre chapitres, qui les com-
mente en les replaçant dans leur milieu et eh les harmonisant avec
les documents déjà connus. Après la Bibliographie, l'Introduction
nous apprend les antécédents de Bellarmin et la pensée du professeur
de Louvain et de Rome sur la Vulgate. Le chapitre I^^' traite de la
Dissertation sur la Vulgate, ébauchée en 1586, achevée en 1591 et
publiée seulement en 1749; il analyse son contenu, parle de la con-
troverse sur son authenticité, prouve cette authenticité et détermine
l'époque de sa composition. Dans le chapitre II, on voit les travaux
de Bellarmin dans la congrégation grégorio-clémentine en 1591 et
1592, sa critique de la Bible sixtine, ses avis sur la correction à
en faire et sa rédaction de la pré face mi se en tête de la Bible clémentine.
Le chapitre III raconte les faits qui suivirent la publication de cette
Bible, 1592-1621 : le rachat des bibles de Sixte-Quint, un propos de
Bellarmin sur ces bibles et l'infaillibilité pontificale, le sentiment
du même cardinal sur la bulle /Eternus ille, sur la préface de la Bible
clémentine et son autorité, enfin sur la valeur de cette édition. Le
chapitre IV contient l'apologie du cardinal jésuite et répond aux
trois attaques portées contre lui à l'occasion de la Bible sixto-clé-
mentine : 10 Quel genre d'erreurs prête-t-il à Sixte-Quint? 2° La
bulle /FAernus ille a-t-elle été promulguée? 3° Sixte-Quint conçut-il
le dessein de remettre sa Bible sur le métier? Bien que le P. Le
Bachelet apporte des détails nouveaux, il n'a pas réussi à disculper
entièrement Bellarmin des deux dernières accusations. Peu après la
publication de son livre, paraissait en Allemagne un ouvrage dans
lequel Mgr Baumgarten soutient que Sixte-Quint tenait son œuvre
comme définitive et que la bulle, qui l'autorisait, a été promulguée
dans les formes. Prétendre que la souscription des cursores n'a été
qu'une anticipation serait, selon lui, une altération d'un écrit apos-
— 199 —
tolique qui tomberait sous le. coup de rexcomraunication. Le P. Le-
Bachelet n'a pas répondu aux arguments de Mgr Baumgarten, qu'il
ne connaissait que partiellement, et son apologie de Bellarmin n'est
pas décisive. Toutefois il a apporté beaucoup de pièces inédites et il
a éclairci plusieurs points de cette histoire, qui jusqu'ici étaient de-
meurés obscurs.
8. — Ava2it que le cardinal Rampolla n'ait chargé l'ordre bénédic-
tin de préparer les matériaux d'une revision nouvelle de la même
Vulgate latine, John Wordsvvorth, qui vient de mourir évêque an-
glican de Salisbury, avait ojitrepris, avec la collaboration de M.
White, d'éditer le Nouveau Testament latin de saint Jérôme d'après
les manuscrits. Les deux éditeurs ont déjà publié en grand format
et avec un apparat critique développé les Evangiles et les Actes des
apôtres. L'Épître aux Romains paraîtra bientôt. Or, voici que M.
White nous donne en petit format et avec un choix de variantes le
texte 'entier du Nouveau Testament latin, Noviirn Testamentum
latine secimdiim edilionem sancti Hieronymi. Le texte de la grande
édition est reproduit avec des différences de disposition : il n'est
plus divisé en cola et cotnniata, mais il est continu; les noms propres
commencent par une majuscule;la séparationdes mots est conforme
au codex Amiatinus; les paragraphes sont ceux de la version an-
glaise révisée de 1881 ; l'orthographe est régularisée ; enfin lés fautes
d'impression sont corrigées (voir, par exemple, Act.,vi, 13, qui
dicerent au lieu de dicentes). Les sections eusébiennes sont marquées
à la liv. -ge intérieure, et les passages parallèles à la marge exté-
rieure. Les variantes sont placées au bas des pages, sous le texte.
Elles sont tirées de sept manuscrits pour tout le Nouveau Testa-
ment et de deux autres pour les Evangiles et aussi des deux Bibles
sixtine et clémentine; elles indiquent les additions, les omissions et
les transpop'tions. Quant au texte lui-même, il diffère de notre
Vulgaleacittile non seulement par l'orthographe des noms propres
et d'un certain nombre de formes latines, par la division de quelques
adverbes et conjonctions, mais "aussi parles leçons adoptées. Les plus
importantes sont les omissions. Elles portent sur des versets entiers,
Matth., XXIII, 14; Joa., v, 4: Act.,viii, 37; xv,34; xviii,4; xxviii, 29;
I Joa., V, 7 : rai sur quelques mots en particulier, par exemple, in
somnis, Matth., i, 20; tuam, Matth., ix, 18; aiidiendi, Matth., xiii,
43; ut, A( t., in, 20. Les, additions sont plus rares et ont moins d'im-
portance, par exemple, id, Matth., i, 22; m, Act., xx, 7; xxi, 8;
Rom., V, 17; die, Act., xx, 15; hic, Act., xxv, 24; bis, 11 Cor.,
xiii, 2. Les modifications ou les transpositions sont plus fréquentes,
par exemple, erg^o pour itaque; aulem. pour ergo; quia pour quod,\ recessit
pour secessii; futura pour Ventura; pane solo pour solo pane; démoli-
-^ 200 —
u?Unr^ pour exterminant] aUatum est au lieu d'attulit, etc. Parfois, la
coupe du verset est différente; ai!nsi Joa., i, 3. La phrase d'ÎIeb.,
X, 2, est interrogative. L'impression est très soignée. Nous avons là
un excellent travail qui laissera peu à faire aux futurs rcviseuis ro-
mains du Nouveau Testament. En attendant l'édition officielle, qui
tardera beaucoup encore vraisemblablement, les critiques catholi-
ques se serviront utilement de l'édition de Wordsworth et de "V\hite.
Ces Messieurs ont bien mérité de l'Église catholique.
9. ■ — Dans un précédent travail, M. Vogels avait démontré par les
traces d'harmonistique qu'il remarquait dans le codex Bezae que ce
célèbre manuscrit bilingue avait subi dans les Évangiles l'influence
du Diatessaron de Tatien sous une double forme : le texte grec a
été modifié d'après le Diatessaron grec et le texte latin d'après un
Diatessaron latin. Dans un fascicule des Biblische Studien, il vient
de faire la même démonstration pour les anciennes versions syria-
ques des Évangiles, Die Altsyrischen Evangelien in ihrem Verhùltnis
zu Tatians Diatessaron. Une courte Introduction résume les opinions
des critiques sur les rapports des deux traductions syriaques des
Évangiles séparés, la curetonienne et la sinaïtique ou lewi sienne,
avec les quatre Évangiles harmonisés en un seul récit par Tatien dans
son Diatessaron grec ou syrien. M. Vogels croit à l'antériorité du
Diatessaron que Tatien aurait rédigé en grec et traduit peut-être lui-
même en syriaque. 11 trouve, en effet, dans les deux an-
ciennes versions syriaques des Évangiles séparés des traces
de l'influence du Diatessaron, et tout son travail consiste à les
relever et à les grouper. Il suit la même marche que dans son
Harmonistique du codex Bezae, et il constate dans la cureto-
nienne et la sinaïtique les mêmes marques d'harmonisation que
dans le manuscrit bilingue de Cambridge. 1° Les récits parallèles des
Évangiles séparés ont subi des retouches dans les passages où ils
présentaient des divergences réelles. 2° Leurs transitions ont été
harmonisées. 3° Ils ont les mêmes écarts relativement au texte grec.
4° Ils offrent des variantes harmonisantes. Les preuves de ces quatre
affirmations sont multipliées. Ainsi la quatrième liste contient 1605
passages. M. Vogels tire de là deux conclusions importantes : 1»
La vieille version syriaque des Évangiles est postérieure au Diates-
saron de Tatien, dont elle a subi l'iniluence. 2° La version sinaï-
tique est postérieure à la curetonienne, car cette dernière a plus de
tatianismes que la sinaïtique. Ces deux textes ne sont pas toutefois
deux traductions indépendantes; ils sont plutôt deux recensions
d'une même version faites dans des milieux différents, selon des
principes différents et sans influence de l'une sur l'autre. La- Pes-
chito, qui est une revision, faite au iv^ siècle, de l'ancienne version
— 201 —
syriaque, en a fait disparaître la plus grande partie des leçons har-
monistiques, a supprimé les additions et suppléé les omissions d'après
le texte grec. L'ancienne version syriaque des Évangiles est donc
apparentée au Codex Bezae, quoiqu'elle ait subi l'influence du Dia-
tessaron syriaque plus profondément que le texte grec de ce manus-
crit n'a subi celle du Diatessaron grec.
10. — De la fin du ii'^ siècle nous passons au xx® avec une nouvelle
version française des Saints Éi>angiles, ïsiite parM. l'abbé J.-B. Chabot.
Elle est précédée d'une Introduction historique et accompagnée de
nombreuses notes explicatives avec cartes et plans. L'Introduction
fournit auxjecteurs des notions historiques, géographiques et archéo-
logiques, nécessaires à l'intelligence du texte évangélique. L'auteur a
résumé brièvement l'enseignement actuel des commentateurs catho-
liques Sur l'origine, le but, la composition, la date et les auteurs des
Évangiles. Cet exposé succinct est généralement exact tt fort ins-
tructif. Signalons cependant quelques inexactitudes. Au commence-
menfdu xviii*^ siècle, Mill avait déjà relevé 30.000 variantes du texte
grec du Nouveau Testament; depuis lors, on en a constaté d'autres
dans de nouveaux ma.oiiscrits. La Galilée n'a pas reçu son nom de la
présence de colons idolâtres transportés de l'Assyrie (p. 24). Son
nom signifie « cercle » et, si elle est appelée « cercle des païens »,
c'est qu'elle a toujours compté parmi ses habitants des Chananéens,
descendants des anciens maîtres du pays. Le naziréen n'était pas
seulement un enfant voué par ses parents au nazirtat (p. 40); c'était
n'importe quel Israélite à tous les âges de la vie. 11 y a (p. 41 et
107, note) confusion entre les phylactères, bandes de parchemin
attachées au front et aux bras par des courroies, et la mezouza,
morceau de parchemin, placé dans un étui aux portes des maisons.
Les Évangiles ne nous disent pas que Notre-Seigneur ait rempli-
« plusieurs fois » l'office de lecteur à la synagogue (p. 42) ; saint
Luc seul parle de deux lectures. Si la Pâque durait sept jours,
elle se célébrait du 15 au 21 nisan et non du 14 au 21 (p. 50*);
le 14 était seulement le jour des préparatifs. Les coupes, d'après la
Mischna, n'étaient pas distribuées, mais chaque convive buvait à
son verre. Quelques points de la cène évangélique, reconstituée (p.
52*), sont controversés. Voir p. 440. Si on compte les jours à la
manière juive, du soir au soir, l'eucharistie a été instituée le même
jour que Jésus est mort. On discute si ces deux faits ont eu lieu le 14
ou le 15 nisan. Il est donc inexact de fixer l'institution de l'eucharistie
au 14 et la crucifixion au 15 (p. 82*). L'Introduction se termine par
un tableau chronologique des événements, par la liste des principaux
miracles, paraboles et discours de Notre-Seigneur, par une table
alphabétique des noms de lieux et par la table des Évangiles des
— 202 —
dimanches et fêtes de l'aiiiue liturgique. La \'ersion est une traduc-
tion nouvelle, faite sur la vuli^ate latine, saj.s recours au texte grec,
même quand la leçon latine est fautive, la faute est indiquée seu-
lement en note. Si la phrase exige quelques mots d'explication, ils
sont mis entre crochets. M. Chabot a visé à l'exactitude scrupuleuse»
et n'a apporté au texte aucune modification. 11 a fait une traduction
aussi littéral»' que possible, afin de montrer comment les évangélistes
parlaient en grec. 11 n'a pas toutefois méconnu les règles de la syn-
taxe française. Ce souci de littéralisme donne à sa traduction un
cachet particulier. Quelques formules différentes de celles de Sacy,
auxquelles nos oreilles sont habituées, n'étonneront quje les per-
sonnes qui sont plus attachées aux usages reçus qu'au scrupule de
la fidélité à la Vulgate. L'ancienne coupe de la phrase a été resti-
tuée, Joa., I, 3, 4. Les notes tendent aussi à mettre en évidence
le sens littéral du texte. Elles contiennent cependant parfois des
explications morales ou allégoriques, empruntées aux Pères
de l'Eglise. Quelques-unes répètent des détails qui ont été dbnnés
déjà dans l'Introduction. Elles établissent aussi la concordance
entre les récits parallèles. L'ouvrage est imprimé sur un papier
solide et léger; il fait honneur aux presses de Marne. Je n'ai remar-
qué qu'une seule faute d'impression. La traduction nouvelle des
Évangiles destinée aux classes instruites de la société chrétienn
est de nature à faire aimer et goûter la saveur native de nos Évan-
giles. Nous la recommandons chaudement.
11. — Avec une érudition exceptionnelle et au prix d'immenses
lectures, M. Fillion retrace les Étapes du rationalisme dans ses atta-
ques contre les Évangiles et la vie de Notre- Seigneur Jésus-Christ.
Elles sont au nombre de six qui s'échelonnent depuis le milieu du
xviii^ siècle jusqu'à nos jours. Les quatre premières partent d'un
nom célèbre, de Reimarus, de Paulus, de Strauss et de Baur. Elles
sont plus connues en France, et M. Fillion s'étend moins sur elles.
Il se borne à exposer les idées de leurs chefs, à les critiquer et il
indique les réfutations qu'on en a faites aussi bien que les disciples
qui se sont groupés autour des premiers maîtres des écoles rationa-
liste, naturaliste, mythique ou tendancieuse. Les deux autres étapes
embrassent des théories plus flottantes et plus générales; M. Fillion
les nomme l'étape de l'éclectisme et l'étape du syncrétisme ou de
l'évolutionisme. Le nom d'éclectisme convient surtout aux débuts de
cette cinquième étape. La pleine floraison de l'éclectisme aurait pu
être mieux caractérisée soit en elle-même soit dans ses subdivisions.
M. Fillion a été, me semble-t-il, mal dirigé par une phrase de Weinel
(p. 1.35) et il aurait pu distinguer cette époque de la critique par les
principes suivis plutôt que par les tâches abordées. J'y distinguerais
— 203 —
■deux périodes : celle où prédomine la critique littéraire des sources
et celle où prédomine la critique historique des événements évangé-
liques ou de la vie de Notre-Seigneur. En outre, suivant le plan de
M. Bousset, indiqué à la page 300, j'aurais fait rentrer l'étude du
judaïsme contemporain du Sauveur dans le stade iniiial de la sixième
étape, le syncrétisme, lorsqu'on replace le christianisme primitif
dans son milieu juif. Enfin, pour achever mes critiques, l'ordre chro-
nologique n'est pas toujours suivi dans ces deux dernières étapes et
la marche ascendante de certaines théories n'est pas mai que e. Mais
j'insiste trop sur ces défauts de plan et je semble perdre de vue la
masse énorme de renseignements biographiques, bibliographiques et
critiques, que contient ce livre de mon ancien collègue. Je ne saurais
trop l'admirer et le louer. Dans un dernier chapitre, qui sert d'épi-
logue, M. Fillion retrace avec la même érudition la triste lutte pour
l'existence de Jésus, qui se poursuit en Allemagne depuis 1909. La
conclusion relève avec raison les consolations qu'apporte à un cœur
chrétien la constatation de tant d'efforts inutiles contre les Évangiles
et la divinité de Notre-Seigneur qui demeurent inébranlables malgré
les assauts réitérés qu'ils ont subis. Un Index alphabétique permet de
retrouver vite dans le volume toutes les pages où il est parlé du
même personnage.
12. — Pendant l'hiver de 1911, M. Albert Valensin a donné, aux
Facultés catholiques de Lyon, cinq conférences publiées sous ce titre:
Jésus-Christ et l'étude comparée des religions. La première envisage
une question de méthode : comment se pose le problème christolo-
gique devant la science comparée des religions et comment un catho-
lique peut et doit l'aborder. Il est résolument abordé et traité dans
les quatre conférences suivantes. La seconde place les Christs my-
thiques, c'est-à-dire ceux du pan-bouddhisme et du pan-babylo-
nisme, en face du Christ de l'histoire, dont l'image n'a emprunté
aucun trait ni à la vie légendaire de Bouddha ni aux mythes baby-
loniens.'La troisième étudie l'image du Christ devant le syncrétisme
gréco-romain ; elle discute les analogies qu'on a prétendu trouver •
dans la vie de Jésus avec le dieu persan, Mithra, et elle exclut le Christ
du panthéon romain. La quatrième établit les rapports réels que
Jésus, Messie d'Israël, a eus avec les espérances justes ou vaines du
peuple juif, et elle montre comment le Sauveur a réalisé les unes et
déçu les autres. La cinquième nous présente Jésus comme la voie,
la vérité et la vie, et sa religion comme- satisfaisant toutes les aspi-
rations religieuses des âmes et comme surpassant de très haut toutes
les autres religions. M. Valensin touche, dans ces conférences, à beau-
coup d'idées répandues dans le public par l'étude comparée des reli-
gions; il n'a pas le temps de les approfondir; il ne les met pas même
— 204 —
toujours au point, notamment au sujet du syncrc'titmo gre'co-rtmain,
où il ne s'occupe guère que du mithriacisme et où il ne dit pas un
mot du système préconisé par M. Reitzenstein. D'autre part, il a
donné à ses conférences une allure oratoire qui ne sallie pas à la
précision scientifique. Ce sont de hautes envolées et des généralités.
Les notes finales n'ajoutent pas grand'chose au corps du volume. Les
tables facilitent les recherches.
13. — Les Neulestamentliche Ahhandhut^en de M. Meinertz viennent
de publier une longue monographie sur la descente de Jésus aux
enfers : Die Niederfahrt Christi in die U nterwelt . C'est la première
partie d'une thèse présentée à la Faculté de théologie de l'Université
de Fribourg (Suisse) pour le doctorat. L'auteur, M. G schwind, connaît
aussi bien la littérature française que la littérature allemande du
sujet: ce qui est rare dans les livres qui nous viennent d'Allemagne,
mais ce qui n'étonne pas d'un élève de l'Université de Fribourg. La
monographie se divise en trois sections d'étendue très inégale. La
première, qui n'occupe que treize pages, signale et critique l'aspect
que prend la descente de Jésus aux enfers aux yeux des partisans
de l'étude comparée des religions. La seconde, qui compte cent trente
pages, est consacrée à l'examen de deux passages de la première
Épître de saint Pierre, m, 19, et iv, 6, dans lesquels quelques
exégètes trouvent l'affirmation du fait de la descente de Jésus aux
enfers. L'auteur expose d'abord les diverses explications qui ont été
données jusqu'ici de ces deux versets; il en montre ensuite l'insuf-
fisance. 11 étudie en premier lieu le second passage, dont le sens sert
à déterminer la signification du premier. Les inteiprétations variées
qu'on en a données montrent son cbscurité et sa difficulté. L'ejpli-
cation qui lui paraît la plus naturelle consiste à reconnaître dans les
morts, dont il est parlé aux versets 5 et 6, non pas les défunts, mais
les hommes morts au point de vue spirituel. C'est à ce sens qu'il
ramène la formule du verset 5 : juger les vivants et les morts, et
la prédication faite aux impies qu'ils seront jugés d'après leurs œu-
vres charnelles pour les amener à vivre selon Dieu spirituellement.
Il n'y est donc pas question de la descente de Jésus aux enfers. Le
premier passage, qui est plus difficile encore, est plus longuement
traité. Le texte a d'abord besoin d'être établi critiquement avant
d'être interprété, parce qu'il a été diversement remanié dès la plus
haute antiquité chrétienne. Son authenticité et son intégrité admises,
surgissent des explications très variées. M. Gschwind combat celles
qui y voient une prédication du Christ aux âmes des contemporains
de Noé, soit qu'elles aient eu avant leur mort le regret de leurs
fautes, comme le pensait Bellarmin, soit que le Christ les ait conver-
ties dans les enfers, comme si la conversion après la mort était pos-
sible, ou comme s'il s'agissait des anges déchus et gardés en prison
- 205 —
dans l'enfer. 11 rejette l'explication de saint Augustin, qui croyait que
Noé avait prêché à ses contemporains le Christ préexistant. Suit un
long essai d'explication nouvelle du verset. La marche en est enche-
vêtrée. Je me borne à en indiquer les résultats. La suite des idées est
celle-ci : Il vaut mieux être bon et souffrir si Dieu le veut, que d'être
mauvais (verset 17), et ce principe est illustré par deux exemples, celui
du Christ, qui est mort pour nos péchés (verset 18), celui des esprits
mauvais, gardés ouréservés pour le jugement dernier, à quile Christ,
en remontant au ciel, a annoncé le jugement qui les attend, un juge-
ment pareil à celui qui a frappé les hommes incrédules au temps de
Noé. 11 n'est donc pas question non plus dans ce passage de la descente
aux enfers. Ces deux preuves écartées, l'auteur, dans la troisième sec-
tion, en cent pages, expose le fondement, l'attestation et le sens pri-
mitif du Desccnsiis Cltristi ad inferos. Le fait est conforme aux idées
juives sur la mort et l'enfer à l'époque néo-testamentaire; c'est un
postulat des doctrines juives sur le sort des âmes séparées après la
mort et avant la résurrection. Il est attesté dans le Nouveau Testa-
ment par le signe de Jonas, Matth., xii, 40, dans le discours de
saint Pierre, le jour de la Pentecôte, Act.,ii, 23-31, par les affirmations
de saint Paul, Rom., x, 6; Eph., iv, 8-10. La doctrine du Messie
souffraftt et mourant est enfin un fondement, secondaire de la des-
cente du Christ aux enfers. Quant à la signification du fait, elle est
double : elle montre le Christ portant aux âmes détenues dans les
enfers l'annonce du salut qu'il leur a mérité par sa mort, et rempor-
tant la victoire sur les puissances infernales et sur la mort elle-même
par sa résurrection. Deux tables, indiquant l'une les passages bibli-
ques cités et formant l'autre le registre des noms propres, permettent
àe se retrouver dans ce travail touffu, mais très important.
14. ■ — • Le Père Scheil a confié à M. l'abbé Legrain le soin de dresser
le Catalogue des cylindres orientaux de la collection Louis Cugnin, et
il a revu le travail de son élève. Ces cylindres sont au nombre de
71 et ils reproduisent des cachets de toutes les époques depuis les
origines de la civilisation sumérienne (vers 3000 avant J.-C), dans
les plaines du Bas-Euphrate, jusqu'au temps de la domination perse.
L'auteur en a donné une description complète et technique; il les a
rapprochés d'autres cylindres déjà publiés en vue de faciliter et de
confirmer leur interprétation. Il a ainsi fourni aux spécialistes des
renseignements nouveaux pour l'étude des dieux, des pratiques reli-
gieuses, des idées, des mœurs et de l'art de ces anciennes populations.
La reproduction phototypique des 71 cachets permet de contrôler
la description faite, et des tables bien dressées groupent les principaux
1 enseignements produits. C'est un travail de bon augure pour de
plus importantes publications. E. Mangenot.
— 206 —
BEAUX-ARTS
{Suite.)
OrvRAGKS GÏ'.xP'K \r >:. — !?!. Histoire df fart depuis les premiers temps chrétiens-
jusqu'à nos jours, publiée sous la dii'crtion do Aivcrk Micjiei,. T. IV, La fienais-
sance. seconde partie. Paris, ("olin, 191 1, in-4 de 512 p., avec 325 grav. et 5 plan-
ches hors texte, 15 fr. — 22. Manuels d'histoire de l'art. L' Architecture. Antiquité,
par François Penoit. Paris, Laurens, 191!, in-8 de vi!-575 p.. :'.vec 351 grav.,
10 'r. — 23. Manuels d'histoire de l'art. Les Arts de la terr", crramique, verrerie,
émaillerie, moscîfue, vitrail, par René Jean. Paris, Laurens, 1911, in-8 de 480 p.,
avec 198 grav. et 3 cartes. 10 fr. — 2'». Graphique d'histoire de Fart, par Joiseph
G.\iTTHiER. Paris, Plon-Nourrit, 1911, in-8 de vii-224 p., avec fi65 fig., 3 fr, 50.
— 25. Traité de composition décorative, par Joseph ClAUTHiEuet l-ouiS.CArELT.E.
Paris, Plon-Nourrit, 1911, in-8 de v-398 p., avec 53 pi. et 865 fig., 5 fr. — 26.
L'Art de reconnat're les styles. Architecture. Ameublement, par Émiie-Bayard.
Paris, Garnier, s. d., in- 12 de 459 p., avec 280 grav., 4 fr. — 27. L'Art de reron-
nnîre les styles. Le Style Louis XVI, par Émile-Rayard. Paris, Garnier, s. d.,
in- 12 de 288 p., avec 160 grav.. 4 fr.
Musées, collections. — 28. Musées et collections de France. Le Musée de Tours,
par Pail Vitry. Paris, Laurens, 1911, in-8 de lxviii p., avec 122 grav., 10 fr.
— 29. Les Richesses d'art de la ville de Paris. Les Jardins et les squares, par Ro-
bert Hénard. Paris, Laurens, 1911, in-8 de 276 p., avec 64 pi. hors texte,
8 fr. — 30. Les Richesses d'art de la ville de Paris. Les Musées municipaux, pa r
Maurice Quentin-Bauchart. Paris, Laurens, 1912, in-8 de 198 p., avec 64 pi.
hors texte, 8 fr.
Biographies et écrits d'artistes. — 31. Les Grands Artistes. Les Primitifs fran-
çais, par Louis Dimier. Paris, Laurens, s. d,, in-8 de 128 p., avec 24 grav.,
2 fr. 50. — 32. Les Grands Artistes. Mantegna, par Anprf Blkm. Paris, Laurens,
s. d., in-8 de 128 p., avec 24 grav., 2 fr. 50. — 33. Les Grands Artistes. Renve-
nuto Cellini. par Henri Focillon. Paris, Laurens, s. d., in-8 de 128 p., avec 24
grav., 2 fr. 50. — 34. Les Maîtres de l'art. Giovan- Antonio Razzi, dit le Sodoma,
par L. GiELLY. Paris, Plon-Nourrit, s. d., petit in-8 de 187 p., avec 24 grav.,
3 !'r. 50. — 35. L'Art de notre temps. Daumier, par Léon Rosfnthal. Paris,
Librairie centrale des beaux-arts, s. d., petit in-4 de 114 p., avec 48 photo-
gravures, 3 fr. 50. — 36. Grèce, ou le Secret de Tolède, par Maurice Barrés.
Paris, Émi!e-Paul, 1912, in-18 de 189 p., avec 24 illustrations, 3 fr. 50. — 37.
Gérard Dou, sa vie et son œuvre, par W. Martin; trad. du hollandais par Loi/is
DiMiER. Paris, Jouve, 1911, in-8 de 229 p., avec 16 pi. hors texte, cartonné, 12fr. —
38. Traité de la peinture de Léonard de Vinci, trad. intégralement et accompagné
de commsntnires par PÉLADAN. Paris, Delagrave, s. d., in-8 de 247 p., avec '40
grav., 7 fr. 50. — 39. L'Œuvre littéraire de Michel- Ange, n' après les archive^
Ruonaroti, etc., trad. par Boyer d'AcEN. Paris, Delagrave, s. d., in-8 de 19ii p.,
avec 26 pi. hors texte, 7 fr. 50. — 40. Quatre Dialogues sur la peinture de Francisco
de Hollanda, Portugais, mis en français par Léo Rouanet. Paris, Champion,
1911, in- 12 de xxxiii-239 p., avec 2 grav., 5 fr. — 41. Écrits d'amateurs et d'ar-
tistes. Paul Huet d'après ses notes, sa correspondance, ses contemporains. Documents
recueillis et précédés d'une notice biographique par son fils René-Paul Huet.
Paris, Laurens. 1911, in-8 de vi-543 p., avec 17 pi. hors texte, 15 fr. — 42.
Les Membres de l'Académie des beaux-arts depuis la fondation de l'Institut, par
Albert Souries. Troisième série, 1852-1876. Paris, Flammarion, 1911, in-8 de
314 p., 6 fr. — 43. Causeries, réflexions et souvenirs sur la peinture, par J.-F.-C,
Clère. 2«éd., Paris, Henry Paulin, s. d., petit in-8 de vii-446 p., 4 fr, 50.
Voyages d'art. — 44. En flânant. A travers la France. Autour de Paris, par An-
dré Hallays. Paris, Perrin, 1910, petit in-8 de iii-313 p., avec 32 grav., 5 fp,
— - 45. En flânant. A travers l' Alsace, par André Hallays. Paris, Perrin, 1911, petit
in-8 de iii-342 p., avec 36 grav., 5 fr. — 46, En flânant. A travers la France.
Provence, par André Hallays. Paris, Perrin, 1912, in-8 de 1-367 p., avec 28
grav., 5 fr. — 47. Italica. Impressions et .souvenirs, par Joseph L'Hôpital.
— 207 —
Parisi, Pei'riii, î909, in-!6 de xv-2:;9 p., 3 fr. 50. — 48. Toscane et Ombrie., par
(Jaston GrSxdgeorge. Paris, PJon-Nourrit, s. d., in-16 de ii-29i p., 3 fr. 50.
— '(9. Terres antiques. La Sicile, par Achille Segaiu). Paris, Plon-Nourrit, 1909.
i(i-l6 de 1-330 p., 3 fr. 50. — 50. Quinze Jturs à Naples, par André Maukel.
Paris, Hachette, s. d. (1912), iii-I6 de 211 p., avec 124 grav. et 16 plans, cart.
toile, 7 fr. 50. — 51. Les Villes d'art célèbres. Naples et son golfe, par Eunest
LÉMONON. Paris, Laureiis. 1911, in-8 de 172 p., avec 121 grav., 4 fr. — 52.
Les Villas d'art célèbres. Dresde, Freiberg et Meissen. par Georges Serviéres.
Paris, Lauren"^, 1911, in-8 de 164 p., avec 119 gr.iv. , 4 ''r.
Ouvrages généraux. — 21. — La grande Histoire de l'art que
dirig'i M. André Michel est parvenue au milieu de son cours : des seize
volumes qu'elle doit comprendre, le huititme vient d'êtie achevé. Il
continue l'étude de la llenaissance, dont il nous montre l'épanoiiisse-
ment en France, en Espagne et au Portugal. La tâche a été répartie,
pour la France, de la façon suivante : M. Paul Vitiy s'est chargé de
l'architecture, M. André Michel de la sculpture, M. Jean de Foville
des médailles et monnaies, M. le. comte Durrieu de la peinture, M.
Emile Mâle du vitrail. 11 était impossible de choisir des collabora-
teurs mieux préparés; il eût été difficile d'en trouver d'autres. Ja-
mais encore cette période assez obscure de l'art français, période de
transition, qui commence par le plus délicat mélange des influences
du Nord et du Midi pour s'acheminer peu à peu vers une servilité
extrême aux suggestions de l'Italie, n'avait été débrouillée aussi
patiemment, ni analysée avec cette ampleur. Et le grand chapitre
par lequel se termine le volime, l'étude de la Renaissance en Espa-
gne et en Portugal, entièrement neuf pour des lecteurs français, nous
apporte, groupées, ccmplétées, animées par le beau talent de M. Emile
Bertaux, et enrichies par ses soins d'illustrations inédites irfir ment
précieuses, les découvertes les plus récentes de l'érudition d'outre-
Pyrénées.
22. — C'est un livre d'une originalité forte et austère que le tome
l^ï", consacré à Y Antiquité ^ du grand Mauuel de V Architecture donné à
la librairie Laurens par M. François l'enoit, le brillant professeur
d'histoire de l'art à la Faculté des lettres de Lille. Égalant presque
par son ampleur les magnifiques monographies de M. Choisy, il les
dépasse par sa portée; on y voit l'analyse s'acheminer parmi les civi-
lisations méditerranéennes, et s'associer, en même temps qu'à l'his-
toire générale, aux sciences géographiques, géologiques, et même à
la mécanique; partout l'enquête minutieuse se subordonne aux con-
ditions naturelles et humaines, et se laisse diriger par une logique
intime. Le commentaire graphique du texte, vraiment perpétuel,
prend la forme de dessins schématisés où apparaissent tous les types
de constructions et de décors, dans leur développement successif ou
simultané. L'érudition s'y fait abordable à tous les lecteurs; nulle
part elle ne se hérisse de termes spéciaux redoutables auX: profanes,
— 208 —
ou, s'il lui faut les employer, elle les accompagne de leurs équivalents
les plus clairs, elle les vulgarise. Des notes historiques, une biblio-
graphie considérable, un bon index ajoutent aux services que ne peut
manquer de rendre un ouvrage aussi bien adapté aux besoins de l'en-
seignement.
23. — Pourquoi M. ]\ené Jean n"a-t-il pas donné à son excellent
manuel un titre plus large : Les Arts de la terre — et du feu ? Car
enfin s 'il s'agitdel'émailjdu vitrail ou de la mosaïque, c'est l'œuvredu
feu avant tout que nous admirons; mais il est vrai de dire que leur
origine commune est la terre. Ce manuel se compose de plusieurs
parties adroitement soudées. La première, qui tient exactement la
moitié du volume, sous une rubrique générale : L'Argile, comprend
une histoire forcément sommaire par endroits, mais très élégamment
conduite, de la céramique depuis l'antiquité jusqu'à nos jours; les
quatre autres parties, la verrerie, l'émaillerie, la mosaïque et le vitrail,
mettent en œuvre, avec un goût des plus délicats, tous les renseigne-
ments essentiels et les dernières recherches de l'érudition. Le très
aimable et actif conservateur de la Bibliothèque Doucet est installé,
par ses fonctions mêmes, au centre des informations les plus abon-
dantes et les plus sûres ; et il sait nous en faire profiter. L'illustration
de son livre, exécutée avec grand soin, présente, surtout pour la céra-
mique, un choix suffisamment varié des pièces les plus remarqua-
bles.
24, 25. — Le Graphique d'histoire de l'art de M. Joseph Gauthier,
professeur à l'École des beaux-arts de Nantes, est un sommaire très
pratique, par tableaux bien groupés, des différentes phases et des
différentes formes de l'art à travers les âges et les peuples. De petites
figures, schématiques pour la plupart, en général fort bien choisies,
aident à l'intelligence d'un texte ingénieusement distribué, qui ren-
dra d'utiles services aux débutants. — Le Traité de composition
décorative, où le même auteur a eu pour collaborateur un architecte,
M. Louis Capelle, également professeur à Nantes, est une véritable
encyclopédie où de l'étude successive des éléments géométriques et
des éléments naturels se dégagent les lois nettes et rigoureuses de
la stylisation et du décor. Cet ouvrage contient, notamment dans les
chapitres consacrés à la flore et à la faune ornementales, les observa-
tions les plus justes et les plus sages, que les jeunes élèves des écoles
de dessin auront tout profit à méditer; toutefois l'illustration, d'un
goût très personnel, s'écarte parfois trop volontiers des modèles clas-
siques, et les auteurs sont portés à confondre la stylisation avec \e
style. . -.
26, 27. — M. Emile Bayard, qui porte le nom d'un dessinateur
spiritud et charmant, cher aux jeunes lecteurs de la Bibliothèque
— 209 —
rose et des romans de M"^*^ de Ségur, a entrepris sous ce titre : L' Art
de reconnaîre les styles, une série de manuels pratiques, remplis
d'observations judicieuses, et très abondamment illustrés. Le
premier est une sorte d'Introduction générale, causerie agréable et
sans prétentions, qui va des puissantes œuvres des arts anciens jus-
qu'aux derniers raffinements de l'incohérence moderne, cataloguant
parfois, appréciant toujours avec un goût avisé et sûr. Le second,
qui étudip spécialement le Style Louis XVI, nous fait connaître par
ses descriptions, par son illustration surtout, les minutieux détails
d'un luxe qui atteignit peut-être, dans l'ameublement tout au moins,
la plus délicieuse perfection, à la veille du jour où la Révolution,
interrompant brusquement toute une longue et savante tradition,
allait obliger l'art français à se refaire, sans principes assurés, une
éducation nouvelle et singulièrement appauvrie.
Musées, collections. — 28. — Bien des trésors, que l'on ne
soupçonne guère, ont un abri dans nos musées de province, et c'est
faire œuvre utile que d'en répandre la connaissance. Après le Musée
de Grenoble, voici que la librairie Laurens nous présente le Musée de
Tours, dont toutes les œuvres d'art, soigneusement reproduites, for-
ment un bel album d'une centaine de planches. Il y a là des peintures
italiennes célèbres, les deux fragments de la prédelle du Mantegna de
Vérone, dont le panneau central est au Louvre, des Rubens, et sur-
tout des toiles intéressantes de l'école française du xvii*^ et du xviii^
siècle, parmi lesquelles des Le Sueur, plusieurs Boucher, un Perroneau^
et nombre d'œuvres nullement négligeables de maîtres secondaires;
parmi les modernes, un beau Delacroix occupe le premier rang, et le
portrait de Balzac, par Louis Boulanger, tout frémissant de vie et
d'ardeur, est un admirable document pour l'iconographie du grand
omancier. Des sculptures, des tapisseries, des meubles complètent
ce bel ensemble maintenant installé dans l'ancien palais des arche-
vêques. Le catalogue a été dressé très soigneusement par M. Paul
Vitry, conservateur au Musce du Louvre, à qui l'on doit déjà un ex-
cellent volume sur Tours, publié par la même librairie dans sa collec-
tion des « Villes d'art célèbres ».
29, 30. — La jolie et utile collection des Richesses d'art de la ville
de Paris comprend déjà six volumes. Des deux derniers, l'un, dû à
l'érudition et au goût très sûrs de M. Robert Hénard, conservateur-
adjoint du Petit Palais des Champs Elysées, nous décrit l s Jardins
et les squans. On y trouvera les plus précieux renseignements sur
tous ces coins fleuris et verts, parfois terriblement exigus, où respire
et se repose la grande ville; c'est toute une histoire, continuée d'âge
en âge, de Paris vu par le dehors. Mais, s'il s'agit des grands jar-
dins qui sont le luxe en même temps que la santé de Paris, de Vin-
Mars 11>12. t. CXXIV. 14.
— 210 -
cennes à Boulogne, de. Montsouris et du Luxembourg à Monceau et
aux Buttes-Chauniont, le livre de M. Robert llénard nous apporte
un ensemble de monographies, dont le texte fort attachant est encore
embelli par un choix judicieux d'illustrations aussi agn'ables que
variées. — Le second volume, qui traite des Must'es municipaux, est
dû au regretté Maurice Quentin-Bauchart ; un peu rapide, un peu
sommaire peut-être sur quelques points, c'est un exposé agréable et
brillant des richesses réparties en cinq principaux édifices, le Petit
Palais, l'hôtel Carnavalet, la maison de Victor Hugo, les Musées Gal-
liera et Cernuschi; descriptions et anecdotes s'y encadrent de gra-
vures où sont reproduits avec grand soin les meilleurs objets d'art.
Biographies et écrits d'artistes. — 31 à 33. — Trois nouveaux
volumes ont paru dans la collection des Grands artistes de la librairie
Laurens. Le premier est de la plus haute importance par les graves
et nombreuses questions que l'on y trouve agitées en peu de pages.
Il traite des Primitifs français, et a pour auteur notre collaborateur
et ami M. Louis Dimier, spécialiste en la matière. Reprenant avec
une érudition patiente les vives polémiques dont l'Exposition orga-
nisée en 1904 par le regretté Bouchot fut la première occasion, M. Di-
mier s'attache à établir non pas l'existence, mais plutôt l'incohérence
des efforts de l'art français, avant que l'Italie, au xvi^ siècle, lui
ait ouvert sa véritable voie. 11 passe en revue les œuvres de pein-
ture qui nous sont parvenues, à l'exception des miniatures, étudiées
en un autre volume de la même collection, et il n'a pas de peine
à nous montrer le petit nombre de celles dont on peut garantir l'ori-
gine française. Ne va-t-il pas un peu loin dans les conclusions de sa
plaidoirie? Je le croirais volontiers, et surtout je ne le suivrai point
dans son apologie de l'art franco-italien de la Renaissance; mais
son livre, même en l'absence de notes, que n'admet malheureusement
pas le plan de la collection, sera lu et discuté, comme il a été écrit,
avec passion. — M. André Blum a résumé en un travail nettement
et sagement distribué tout ce que l'on sait delà vie et de l'œuvre de
Mantegna. — M. Henri Focillon a étudié et jugé avec enthousiasme
le génie riche, exubérant, excessif et inégal de Benvenuto Cellini;
ses pages fortement documentées vibrent d'un bout à l'autre d'une
sympathie qui surprend parfois, mais qui sait se communiquer.
34. — Dans la collection des Maîtres de l'art, M. Gielly a donné une
intéressante étude sur le Sodoma, peintre puissant et voluptueux,
tenu jusqu'en ces dernières années pour un des meilleurs élèves du
Vinci. L'érudition italienne et anglaise a fait justice de cette légende,
et montré dans le Piémont les origines d'un art d'ailleurs très person-
nel, mais qui ne va pas sans une pointe de sensualité morbide.
L'analyse des œuvres, tableaux et fresques, dont un catalogue très
— 211 —
complet termine le volume, est faite avec un sentiment
généralement fort juste, une critique attentive à séparer le
bon et l'exquis de l'ordinaire et du médiocre, trop fré-
quents chez ce grand artiste inégal, dont l'illustration même
du livre suffit à faire apprécier, auprès de trouvailles de génie,
l'excessive et molle facilité.
35. — 11 serait vain de louer longuement la récente collection de
biographies d'artistes modernes, intitulée : « L'Art de notre temps r,
qui vient de changer d'éditeur, mais sans changer d'aspect; la fa-
veur publique lui a fait un succès mérité. La nouveauté de ces jolis
volumes, c'est d'être avant tout des albums; l'image y tient la pre-
mière place. Nulle part mieux que dans un livre sur Daumier, il
n'était nécessaire de donner de parfaites reproductions : dans ces
photogravures pourtant bien réduites, le blanc et le noir des litho-
graphies originales ont gardé toute leur valeur; on s'attardera avec
un vif plaisir à en admirer la puissante ironie, et on ne lira pas avec
un moindre intérêt les commentaires ingénieux et vivants et la no-
tice où M. Léon Rosenthal, excellent historien de la peinture rcman-
tique, a su dégager l'originalité de l'admirable peintre trop longtemps
méconnu.
36. ■ — Voici encore un petit livre où il y a des images, bien choisies,
parfaitement exécutées, etïort propres à donner l'idée du peintre dont
elles accompagnent la biographie; n\ais il £e trouve que ce peintre
est Greco, et que son biographe est M. Maurice Barrés, qui a décou-
vert, en étudiant Greco, le Secret de Tolède. Alors, qu'est-ce que
nos pauvres images? il y en a bien d'autres, et qui vont se fixer au
plus profond de l'âme, se levant brusquement du milieu de ces lignes
amères et disciplinées comme les bosquets de buis d'un Versailles où
l'on entendrait par moments les échos des violons romantiques. Pour
une fois que M. Barrés s'est amusé à la critique d'art, il nous a
donné le vrai modèle d'un jeu de l'intelligence, dont les érudits le plus
souvent ne font qu'un lourd casse-tête; il a ressuscité l'âme d'un
peintre, pour l'incorporer à une ville. A quoi bon franchir les Pyré-
nées maintenant? J'ai vu, je connais Tolède.
37. — Nou-. devons être reconnaissants à M. Louis Dirnier^ déjn
loué plus haut, qui nous apporte une excellente biographie d'un des-
plus célèbres parmi les petits maîtres hollandais, Gérai d Dou. C'est
la traduction, élégante et précise, d'un livre du savant directeur du
Musée royal de La Haye, M. \^'. Martin, livre dont le mérite n'est
pas seulement de nous raconter par le menu la vie et les travaux de
l'artiste, mais aussi, et surtout peut-être, de nous présenter un ta-
bleau des plus pittoresques et des plus exacts des mœurs et des habi-
tudes des peintres de ce temps. Le commerce des arts, les relations
avec les amateurs, les goûts et les amusements de toute une société
nous apparaissent ici dans la lumière de documents nombreux et
habilement interprétés; le chapitre sur « Un Atelier de peintre au
xvii^' siècle » est une des plus parfaites et délicates reconstructions
que l'on puisse souhaiter du vieil édifice de la peinture hollandaise.
Le catalogue raisonné des œuvres de Gérard Dou, qui termine le vo-
lume, tel que M. Dimier l'a conçu, c'est-à-dire corrigé et complété
d'après le texte de M. Martin, est appelé à rendre aux historiens d'art
les plus signalés services. Enfin, l'éditeur a enrichi ce volume très soi-
gneusement imprimé d'un choix de bonnes planches photographi-
ques, qui donnent une idée suffisante de tableaux de genre dont le
fini et le poli sont poussés jusqu'aux extrêmes limites.
38. — D'admirables publications, poursuivies avec un zèle patient
et désintéressé par de récents éditeurs, ont enfin rendu accessibles à
l'étude les nombreux manuscrits de Léonard de Vinci; ce n'est pas
à dire que l'on puisse aisément s'y diriger; et d'ailleurs le prix exces-
sivement élevé de ces facsimilés superbes leur défend de se caser ail-
leurs qu'aux bibliothèques publiques. La France, où cependant fut
imprimé pour la première fois, en 1651 et 1652, le Traité de la pein-
ture, ne possédait aucune édition moderne de ce bréviaire des artistes,
où le peintre philosophe a lentement rassemblé le trésor de ses obser-
vations, l'expérience de sa vie entière. M. Péladan, depuis longtemps
préparé à ce travail par ses études d'esthétique, vient de traduire
intégralement le texte de Léonard, tel que l'éditeur allemand Ludwig
l'avait mis au jour d'après le manuscrit du Vatican. Sa traduction est
classée dans un ordre logique, complétée par de nombreux fragments
tirés des autres manuscrits du maître, enfin commentée avec le goût
le plus délicat et le plus sûr. Bien que ce livre, par son prix fort mo-
dique, ait un caractère nettement populaire, il n'en faut pas moins
remercier l'éditeur de l'avoir enrichi d'une abondante illustration, qui
se compose d'abord de réductions des figures démonstratives des
éditions du xvii^ siècle, ensuite et surtout de reproductions photogra-
phiques d'après les plus beaux dessins de Paris, de Florence et de
Milan; toutes simples et ordinaires que soient ces reproductions en
noir, elles laissent transparaître un peu de l'âme profonde que nous
devinons au travers des lignes trop serrées et touffues du texte.
39. — L'Œiwre littéraire de Michel-Ange diffère absolument de
celle de Léonard de Vinci; elle se réduit à unrecueilde poésies souvent
grandioses, et à une correspondance assez abondante, qui nous a été
heureusement conservée. M. Boyer d'Agen, à qui nous devons déjà
tant d'excellentes publications sur l'Italie des papes et des arts, a
composé avec amour, à la gloire du peintre de la Sixtine, un recueil de
traductions pour la première fois complètes, et qui comprennent,
— 213 —
outre les lettres et les poésies, la vie du maître, rédigée par son dis-
ciple Ascanio Condivi. H y avait là les ékments suffisants d'un beau
livre, dont la librairie Delagrave a voulu faire l'exact pendant du
Traité de Léonard, précédemment publié; des planches hors texte,
exécutées avec grand soin, y ont été insérées, qui réunissent quelques-
ilns des plus nobles dessins conservés au Louvre, au British Muséum,
aux Offices et au Musée Buonarroti de Florence.
40. — Un comph'ment indispensable et très inattendu des études
sur Michel-Ange se trouve dans les Quatre Dialogues sur la peinture
du Portugais Francisco de Hollanda, œuvre presque inconnue jus-
qu'à ces dernières années, que le regretté Léo Rouanet a traduite et
publiée avec le plus grand soin. Ce sont des bavardages un peu longs,
mêlés d'interviews, si l'on peut dire; mais ces bavardages d'un hon-
nête peintre portugais se font tout bonnement dans le salon de la
marquise Vittoria Colonna, et dans l'atelier de Michel-Ange; ces
dialogues sans apprêt ont pouf interlocuteurs le plus grand des sculp-
teurs et la poétesse illustre qui fut son amie. Quelle surprise ! imaginez
notre Puvis de Chavarmes chez la princesse Cantacuzène, et transpor-
tez le dialogue à trois cents ans de distance !
41. — Le noble monument élevé à la mémoire et à la gloire de Paul
Huet par la piété de son fils, une biographie dont les matériaux sont
les notes et la correspondance du maître, jointes aux lettres, aux arti-
cles, aux souvenirs de ses contemporains, nous rend enfin tout en-
tière cette belle figure d'artiste que sa modestie avait trop long-
temps renfermée dans l'ombre. Dans le splendide essor de la peinture
du xix^ siècle, Paul Huet fut le rénovateur de l'art du paysage, « le
compagnon d'armes, à lavant-garde romantique, d'Eugène Dela-
croix, et de Victor Hugo, l'annonciateur et le préparateur de Jules
Dupré, de Théodore Rousseau, de Millet. » C'est M. Georges Lafenestre
qui nous le dit, dans une Préface charmante qui annonce et qui ex-
plique ce riche et généreux dossier. Désormais on ne pourra plus
étudier l'histoyre du paysage en France sans avoir consulté le livre
de M. René- Paul Huet; on y apprendra à connaître l'homme aussi
bien que l'artiste, le puissant aitiste que l'exposition organisée l'an
dernier aux salles de l'École des beaux-arts nous a montré si vivant
, encore, et si proche de nous. D'ailleurs les belles reproductions hors
texte dont l'ouvrage est illustré peuvent suffire à nous rappeler les
morceaux essentiels de l'exposition, les parties les plus durables de
l'œuvre. Rattachées aux grands Hollandais, mais surtout aux An-
glais, à Constable dont la découverte fut une date dans notre art, ces
peintures ont déjà l'accent personnel, profond, dramatique, que l'on
admirera bientôt sans réserves dans l'école de Barbizon. Il était temps
de rendre justice au grand initiateur.
- 214 -
42. — Le très utile et consciencieux travail de M. Albert Soubies
sur les Membres de l' Académie des beaux-arts depuis la fondation de
V Institut en est à son troisième volume. La période que l'on y trou-
vera étudiée est ce quart de siècle qui englobe le second Empire et
les premières années de la troisième République; période heureuse et
féconde en noms illustres : parmi les peintres, Flandrin, Delacroix,
Meissonier, Cabanel, Gérôme, Baudry, Hébert; parmi les sculpteurs,
Jouffroy, Guillaume, Bonnassieux, Barye; parmi les architectes,
Visconti, Duban, Baltard, Lefuel, \'audoyer, Labrouste, Abadie,
Garnier; parmi les musiciens, Berlioz, Gounod, Félicien David, Vic-
tor Massé; voilà plus de gloire qu'il n'en faut pour suffire à l'intérêt
et au charme d'un livre. De ce livre, comme des précédents, on goû-
tera le ton déférent et respectueux, la recherche du détail pittores-
que et vivant, de l'anecdote qui précise et fait voir le portrait; les
nomenclatures méthodiques de M. Soubies et ses petites biographies
si bien classées épargneront de longues recherches aux futurs histo-
riens.
43. — Les Causeries, réflexions et souvenirs sur la peinture, que
M. Clère dédie à ses petits-enfants, résument familièrement et agréa-
blement, un peu longuement aussi peut-être, toute une esthétique
et toute une morale, ou, si l'on veut, l'expérience de toute une vie
d'artiste probe et consciencieux. Je m'empresse de dire que j'en ai
lu avec un vif plaisir la dernière partie, les Souvenirs d'Italie où l'au-
teur raconte avec une charmante bonhomie les années passées à
Rome, dans le bon vieux temps — c'était avant 1860 — au temps où
vivaient là-bas beaucoup de nos grands artistes, Baudry, Henner,
Hébert, Delaunay, Gustave Moreau, Carpeaux, Falguière, Paul Du-
bois; heureux temps de la Rome de Pie IX! Ces histoires de jadis,
« racontées âmes petits-enfants », sont le véritable attrait et la plus
jolie parure de ce volume tout empli de sages conseils.
\^OYAGEs d'art. ■ — 44 à 46. — Les délicieuses et si instructives
flâneries de M. André Hallays, recueillies et classée's méthodique-
ment et fort bien illustrées, formeront dans quelques années le plus
précieux des recueils où l'on puisse retrouver vivante encore et bien
S'^î'duisante la physionomie de la France d'autrefois. Chaque jour,
hélas! les reliques du passé disparaissent; la cupidité conspire
avec la sottise à en diminuer le trésor; la basse politique, les passions
sectaires s'acharnent impitoyablement contre des beautés qui sont
une part de l'âme nationale; la haine de toute discipline et de toute
tradition, la cruauté aveugle de l'industrie, la hideur du luxe bruyant
s'associent pour lacérer les nobles vêtements de notre France. Remer-
cions, honorons le bon Français qui lutte pour nous conserver notre
patrimoine; qui, depuis tant d'années, au rez-de-chaussée du môme
— 215 - •
journal, et sous un titre aussi modeste que spirituel, fait, sans ja-
mais se lasser, la guerre à tous les vandalismes. La belle édition com-
mencée en 1910 sous ce titre général : En flânant, comprend déjà trois
volumes. M. André Hallays nous y conduit A travers la France^ Au-
tour de Paris et En Provence, et A travers l'Alsace. Ce sont les illus-
tres souvenirs de Maintenon, de la Ferté-Milon, de Meaux et de Ger-
migny, de Maisons, les splendeurs architecturales de Senlis et de
Noyon, les origines de ces splendeurs à Morienval, à Saint-Leu d'Es-
serent, à Vétheuil, à Saint-Jean des Vignes qui nous sont présentés
au premier volume, au milieu de causeries qui évoquent, avec un
charme infini, la figure de nos grands écrivains. En Provence, le voya-
geur ne s'attarde pas longtemps aux villes et aux sites les plus célè-
bres; il nous a donné d'ailleurs, il y a peu de temps {Polyhiblion de juin
1910, t. cxviii, p. 502) un livre qui est unpetit chef-d'œuvre sur Avi-
gnon et le Comtat Venaissin; mais il descend avec nous la vallée du
Rhône, pour s'arrêter à Orange, à Aix, à Arles, il remonte la vallée de
la Durance pour visiter Riez et Digne, il flâne dans les montagnes des
Maures et le long de la côte enchanteresse, de Valbelle et de Brignoles
au Thoronet, à Fréjus, à Grasse et à Vence; et voici que toute une
histoire pittoresque se compose à nos yeux; nous apprenons com-
ment s'éparpille le pompeux monument de Valbelle et comment ee
transforme la Vénus d'Arles; nous évoquons le fantôme des plus par-
faites peintures de Fragonard. L'Alsace enfin nous est décrite avec
une émotion communicative, une piété simple et familière, un senti-
ment aussi juste que délicat des liens qui l'attachent indissoluble-
ment à la patrie mutilée; ce beau livre d'intimité sera cher aux
Alsaciens et à nous, comme l'ont été, comme le demeurent les romans
de René Bazin et de Maurice Barrés. ,^
47 à 49. — Il n'est point d'année où l'Italie n'inspire à quelque
amoureux voyageur l'aveu d'une passion toujours la même et tou-
jours nouvelle; et comment ne pas accueillir d'une main empressée
ces récits d'excursions qui ressemblent, très souvent, aux plus ingé-
nues des confidences? Les chefs-d'œuvre de Taine et de Paul Bour-
get ne doivent décourager personne; peut-être, il est vrai, ont-ils
suscité trop d'imitations. Voici trois livres fort divers de pèlerinages
à la terre de beauté. Les impressions de M. Joseph L'Hôpital, ItaUca,
sont d'un écrivain spirituel qui, délaissant pour une fois sa. chère
Normandie, regardant Milan, Venise, Bologne et Florence d'un œil
attentif, les a décrites avec autant de verve que de bon sens, et, ce
qui ne gâte rien, un sentiment très sincère, très délicat, de la tradi-
tion chrétienne; c'est, parmi tant de pagèS' d'un jour, un livre à
conserver. — Celui de M. Gaston Gr^udgeorge, Toscane et Ombrie,
ne prétend à d'autre ambition que de fixer pour d'aimables compa-
— 210 —
gnons de route — les enfants de l'auteur ■ — des souvenirs heureux
et modérôs, qui gagneraient peut-être à ne point mder un pu-
blie indilTérent à des joies de famille. — - M. Achille Segard est
un poète, un musicien, un peintre. La Sicile lui a fourni le thème de
compositions ardentes, un peu juvéniles parlois dans leur
couleur très vive, un peu païennes aussi; mais tout ce beau pays,.
qu'esit-il donc, sinon une Grèce plus païenne que l'autre? On en
trouvera la sensation forte et insistante dans ces pages nombreuses,,
nourries d'histoire et d'art, et inlassablement vibrantes d'enthou-
siasme.
50. — A la veille des vacances de Pâques, pour encourager et pré-
ciser nos désirs de voyage, la librairie Hachette nous envoie, sous un
séduisant cartonnage blond rehaussé d'or, un de ces livres pittores-
ques, vivants, colorés, où M. André Maurel rassemble, avec d'excel-
lentes informations puisées aux meilleures sources, une curiosité
ardente, un sentiment également vif, et fortement païen, des paysa-
ges et de 1 histoire, et une bonne humeur qui s'exprime toujours de
façon personnelle et primesautière. Ses Quinze Jours à N a pies îoni le
pendant cVC^n Mois à Rome, qu'il nous donnait il y a deux ans;
on glissera le petit livre dans la poche profonde où se cache l'indispen-
sable Baedeker. Comme dans Baedeker, on y trouvera des plans très
sommaires et commodes; mais on y trouvera en plus de charmantes
illustrations où la ville, son rivage, son volcan, ses églises, ses palais,
ses ruines, ses statues antiques et modernes, ses gamins en haillons
sent royalement vêtus de la douce lumière de la Méditerranée.
51, 52. — Mieux encore que les meilleures relations de voyages, les
Villes d'art célèbres de l'éditeur Laurens sauront instruire' et distraire
le touriste en quête de nouveauté, soit qu'il prépare une expédition
vers des rives lointaines, soit qu'il se contente, peut-être à regre,t,
d'un voyage autour de sa chambre. Les illustrations dont foisonne
le beau livre de M. Ernest Lémonon : Naples et son golfe, suffiraient
à remplir des heures délicieuses, alors même qu'elles ne. seraient point
commentées par un texte aussi élégant que foncièrement érudit.
L'antiquité, le moyen âge et surtout l'époque si féconde du baroque
à Naples nous sont présentés avec une abondance de renseignements
précieux, et les quelques pages données au golfe nous rendent des
tableaux tout pénétrés de joie et de lumière. — Le livre de M. Geor-
ges Servière sur Dresde, Freiberg d Meissen fixe pour un t'.mpç les
traits d'une ville jadis charmante, que la mégalomanie de l'Alle-
magrie moderne transforme et enlaidit rapidement. On sait quels
trésors renferme le Musée de Dresde : Raphaël, Titien, Corrège, Véro-
nèse, Holbein, Rembrandt y ont des chefs-d'œuvre; mais les mo-
numents de la Renaissance, le xvii^ et surtout le xviii^ siècle, qui
— 217 -
font à Dresde une physionomie si vivante encore et précise, ne méri-
tent pas moins d'être connus, de même que ceux du moyen âge qui à
Freiberg et à M' issen complètent si heureusement l'étude des diverses
périodes de la civilisation et de l'art au royaume de Saxe.
(A suivre.) André Pératé.
OUVRAGES RELATIFS A L'HISTOIRE DU THÉÂTRE
1. uexcJiichtP. des neuere.n Dramas, von Wiliielm Creizenacii. ErsterBand. Mittel-
nlh-r und Fiuhrenaissance. Z.weite, vermehrte und verhesserte Auflage. Halle a.
S., Mux Nieiueyer, 1911, in-8.de xv-628 p. — 2. The Harrowing of Hell, ])y
Karl You.ng. Reprinted fniiii Volume XV!, Part II, o' the Transactions of the
Wisconain Acade.my oj S'^ience.s, Arts and Lettp.rs. Issued september, 1909, in-8 de
^9 p. >-t3. ^ Liturgkal play of Joseph and his brethren, hy Karl Young. Balti-
more, the Johns Hopkins Press. Reprinted from Modem Lan guage Notes, Fe-
bruary, 191^. in-4 de 5 p. — 'i. Philippe de M-zières Dramatic Office for the Présen-
tation of th' Virgin, by Karl Young. Reprinted irom the Publications ofthe Mo-
dem Language Association of America, XXVi, 1, 19il, in-8 de 54 p.— 5. Cu-
riosii(s bibliographiques relatives au drame chrétien, par Louis Duval. Evreux,
imp, de l'Eure. 1911, in-8 de 16 p. — fi. La Psychologie dramatique du mystère
de la Passion à Oberammergau, par Maurice Blondel. Paris, Bloud, 1910, in-
12 de 64 p. et une fig. (Collection Science et Religion), 0 fr. 60. — 7. hahelais et
le Thi'âtre,pa.r Gustave (ohen. Paris, Champion, 1911, in-8 de 74 p. et 8 pi.
{Extrpjt de hi Pe(up des Eudes tabelaisiennes, t. IX). —8. L'Évolution de la mise
en scène dans le théâtre français, par- le même. Lille, imp. Lefebvre-Ducrocq,
19)0, gr. i'^-8 de 18 p. et 4 pi. — 9. De Jj délie à Molière. Tragédie, comédie.,
tragi comédie, par Eugène Rigal. Paris, Hachette, 1911, in-16 de viii- 303 p.,
3 fr. 'iO. — • 10. LeCid espagnol et leCid français. Essai de critique et d'analyse
littéraire, par l'abbé G. Bernard. Lille, 19i0, in-18 de 29 p. — 11. Gauhier-
Garguille, com.' dien de VHôlel de Bourgogne. Notice d'après des documents inédits,
par E^i'i-j; MAGNE;^suivie des Chansons de Gaultier- Gargid'le et de la Farce de
Perrine, avec la musitjue retrouvée de 6 chansons et 3i3 illustrations concernant
le Théâtre de l'Hôtel de Bourgogne. Par's, Louis-Michaud, s. d., mi de 192 p.,
2 fr. 5((. — 12. Le Théâtre et la Révolution. Histoire anccdotique des spectacles,
de leurs comédiens et.de leur public par rapport à la Révolution française, par
EuNEST Lu.\el. Paris, Daragon, s. d., in-8 de 161 p., 6 fr. — 13. Paris sous
Napoléon. Le Théâtre- Français, par L. de Lanzac de Laborie. Paris, Ploa-
Nouvrit, 19 ' ' , in-8 de iv-33 i p , .5 fr. — 14, Histoire générale du théâtre en France.
V. La Coiu-'die de la Révolution au second Empire, par Eugène Linttlhac. Paris,
Flammnrion, s. d., ^n-î6 de 532 p., 3 fr. 50.— 15. Les Matinées-Conférences
du jeudi à l'Ôdéon. Notice historique et bibliographique, par Roger Semichon.
Paris, Jor.M, 19 '0, gr. in-8 de 38 p. — !fi. Le Théâtre à Montréal. Propos d'un
Huron canadien, p.ir Marcel IIfnry. Paris, F;biue, 19îi, in .'6 de ti-'i'ip.. 3fr.
1. — La réputation du bel ouvfage de M. Wiltelm Cieizfnach :
Histoire du drame moderne est. bien établie dans l'érudition euro-
péenne. 11 serait à souhaiter que les tcrivains qui s'cccvpen' chez
nous du théâtre, et Ditu sait s'ils sont, ncnibi eux ! connussent l'exis-
tence et la valeur de pareils livres. Cela les mettrait en garde contre
les énormités qu'ils commettent trop souvent très à la légère, aussitôt
qu'ils essaient de remonter un peu haut, par exemple dans leurs
Introductions ou leurs premiers chapitres, le cours de l'histoire du
— 218 —
genre dont ils traitent. Le succès du livre de M. Creizenach est attesté
par la seconde édition, revue, augmentée et améliorée, du premier
volume, qui a récemment vu le jour. « Dans cette nouvelle édition,
nous dit l'auteur, mon principal effort devait être de mettre à pro-
fit, dans le cours de l'exposé, les matériaux exceptionnellement
riches qui ont été mis en lumière depuis la première publication (1893).
Outre les recherches d'histoire littéraire et les textes publiés depuis
lors, j'ai tenu compte des rectifications de détail qui m'ont été four-
nies par les recensions de Cloetta et de Kœlbing. Toutefois, les grandes
lignes du développement historique, telles que je les avais marquées
dans la première édition, ont pu être conservées dans ce qu'elles ont
d'essentiel. » Nous rappelons que ce premier volume a pour sujet
le Moyen âge et la première Renaissance et qu'il est partagé en huit
livres intitulés : I. La Continuation du drame antique au moyen âge.
IL Les Commencements du drame sacré en langue latine. II I. Les
Commencements du drame sacré dans les langues populaires. I"V.
Les Drames sacrés de la fin du moyen âge. V. Ébauches d'un drame
sérieux profane. VL Le Drame comique du moyen âge. 'VIL Les
Moralités. VIII. Les Premiers Essais dramatiques des humanistes.
Parmi les améliorations apportées à cette édition nouvelle, il faut
mentionner en particulier la table alphabétique qui le termine et qui
est due à M. Wolfram Suchier, de Halle.
2, 3 et 4. — Les origines, non seulement religieuses, mais liturgi-
ques, du drame moderne, étudiées avec tant de soin par M. Wilhelm.
Creizenach, sont maintenant, dans presque tous les pays chrétiens,
l'objet de recherches minutieuses et approfondies. Nous n'avons pas
renoncé nous-mêmo à reprendre quelque jour tel ou tel point de ce
sujet qui a été l'une des occupations favorites de notre jeunesse. Nous
n'en sommes que mieux préparé à comprendre et à louer les remar-
quables essais en ce genre d'un jeune érudit américain, M. Karl
Young. Les trois études de lui que nous avons sous les yeux lui font
grand honneur. Dans l'une : La Descente aux Enfers dans le drame
liturgique, il a recueilli de multiples et curieux exemples de l'un des
rites de Raques, se rapportant de façon plus ou moins directe, plus ou
moins précise, et sous une forme plus ou moins dramatique, à ce mo-
tif, à cette scène qui tient une place importante dans les Mystères en
langue vulgaire. Une autre ; Un Drame liturgique de Joseph et de ses
frères, enrichit d'un texte curieux et nouveau le théâtre latin scolaire
du moyen âge et ce vaste cycle des Prophètes du Christ, d.yiii nous
avons essayé naguère de retracer la genèse et la de';Lince (Biblio-
thèque de l'Ecole des chartes, années 1867, 1868 et 1877; tirage à
part épuisé, Paris, Didier, 1878, in-8). Enfin àa publication intitu-
lée : L'Office dramatique de la Présentation de la Vierge par Philippe
— 219 -^
de Mézières met à notre disposition, avec des renseignements et des
précisions très utiles, un document fort original, intéressant à la fois
pour l'histoire de la liturgie, pour l'histoire du théâtre et pour l'his-
toire des mœurs.
5. ■ — Les Curiosités bibliographiques relatives au drame chrétien, de
M. Louis Duval, archiviste honoraire de l'Orne, n'ont que peu trait
au moyen âge. Elles s'appliquent surtout au drame religieux detl'âge
postérieur, c'est-à-dire aux pièces sur des sujets sacrés composées
durant la période de la Renaissance et de l'ère classique, et dont le
plus grand nombre ont revêtu la forme de la tragédie. Ce n'en est pas
moins, à plusieurs égards, un prolongement des mystères, et nous
voyons, par exemple, la représentation de la Passion se continuer
bien au-delà de ce que l'on pourrait croire d'abord. On remarque en
particulier les curieux détails donnés par M. Duval sur la composition
« de François Chevillard, prêtre d'Orléans, qui, en 1649, fit paraître
chez Hotot, imprimeur à Orléans, la Mort de Théandre ou la san-
glante tragédie de la mort et passion de Notre- Seigneur Jésus-Christ,
dédiée aux âmes fidèles, in-12. Bien que composée sans aucun souci
des règles étroites imposées par Aristote à l'art dramatique, cette
pièce devait survivre au jugement sévère du janséniste Boileau sur la
grossière ignorance de nos dévots aïeux et sur la trop naïve impru-
dence
Qui sottement zélée en sa simplicité
Joua les Saints, la Vierge et Dieu par piété.
Ecrite pour le peuple, souvent représentée en province et réimprimée
plusieurs fois à Orléans, à Rouen, à Caen, son succès se soutint jus-
qu'à la Révolution. On la jouait encore en Bretagne en 1789. » Comme
il est naturel, les Curiosités de M. Duval se rapportent surtout à la
Normandie.
6. — La célèbre représentation d'Oberammergau en Haute-Ba-
vière est assurément l'un des plus beaux et plus imposants rejetons de
la tradition dramatique du moyen âge. M. Maurice Blondel, dans son
écrit : La Psychologie dramatique du mystère de la Passion à Oberam-
mer^^i^au, remarquable comme tout ce qui sort de sa plume, s'( st moins
occupé d'histoire littéraire que de philosophie et de haute esthétique.
Sans partager toujours toutes ses façons devoir, on goûte l'élévation
et la profondeur, un peu obscure parfois, de ses observations et de ses
aperçus. On ne peut qu'admirer les belles pages si chrétiennes (p. 38,
39), qui commencent ainsi : « Que faudra-t-il dire maintenant du
personnage incomparable qui, par hypothèse, subit et sent en homme
toute la succession douloureuse du sacrifice, mais qui en même temps
connaît et veut en Dieu cett agonie et cette mort dont la claire
vision perpétue les douleurs?... »
— 220 —
7 et 8. — Combien la tradition, religieuse et ccnvique, du théâtre
antérieur à la Renaissance était puissante encore durant cette Renais-
sance même, c'est ce qui ressort clairement des rcclierches très bien
conduites et très bien présentées par M. Gustave Cohen dans son
écrit : Rabelais et Je Théâtre^ où il a relevé, groupé, crmmeuté toutes
les allusions ou indications relatives à la littérature et à l'ait duma-
tique^ contenues dans l'œuvre touffue de l'auteur de Gargantua et
de Pantagruel. « L'époque (nous dit-il, et il le prouve) où Rabelais
conçut et publia son œuvre n'est pas l'âge de la tragédie et de la
comédie, c'est encore celui du mystère et de la farce. Le moyen âge
ne finit ni en 1453, avec la prise de Constantinople, ni même en
1500, avec la naissance de Charles-Quint; sur bien des points, par des
filons profonds et tenaces, '1 se prolonge très avant dans le xvi^ siè-
cle. Si l'architecture, dès le début du siècle, est en pleine révolution,
si Chenonceaux, Chambord, Blois sont déjà bâtis, la littérature est
plus lente à évoluer, et surtout la littérature dramatique. « — La
persistance de cette même tradition est encore bien mise en lumière,
en ce qui concerne les procédés techniques des représentations théâ-
trales, dans le très clair et très agréable opuscule du même érudit :
L' Evolution de la mise en scène dans le théâtre français.
9. — Cette même question de la mise en scène est traitée d'une
façon détaillée, pour le xvi^ et le xvii^ siècles, dans plusieurs des mor-
ceaux recueillis par M. Eugène Rigal en son volume : De Jodelle à
Molière. Tragédie, comédie, tragi-comédie, dont H définit ainsi le ca-
ractère : « Sans former un tout régulier, les essais que je réunis ici
ont cependant un lien commun entre eux et avec d'autres études que
j'ai précédemment publiées. — Les trois premiers (1. Les Personnages
conventionnels dans les comédies du xvi^ siècle. — 2. La Mise en scène
dans les tragédies du xvi^ siècle. — 3. Les Trois éditions de la Sopho-
nisbe de Montchrestien et la question de la mise en scène dans les
trag'dies du xvi^ siècle) complètent ou corrigent ce que j'ai dit de la
comédie et de la tragédie dans le Théâtre de la Renaissance, ■ — le
Théôire au xvii^ siècle avant Corneille, ■ — et le Théâtre français avant
la période classique. — Le quatrième (4. Corneille et l'évolution de
la tragédie) dessine, en la prolongeant bien au-delà de la date où
s'étaient arrêtées ces études, la courbe par laquelle se caractérise l'évo-
lution de notre tragédie; elle marqije aussi le rôle joué dans cette
évolution par Pierre Corneille. ■ — Tout en précisant ce dernier point,
les numéros 5, 6 et 7 (5. Le Cid et la formation de la tra^'cdie idéa-
liste. 6. Polyeucte et l'achèvement de la tragédie cornélienne. 7.
Don Sanche d'Aragon. Un letour offensif de la tragi-comédie), s'effor-
cent de définir les rapports entre la tragi-comédie et la tragédie dans
la première moitié du xvn^ siècle. — Le numéro 8, enfin (8. L' Étourdi
~ 221 -^
•de Molière et le Parasite de Tristan THermite), en (tudiant une
source de Molière, le rapproche de ses devanciers et ftume une sorte
d'appendice à mon livre sur le grand comique. — A chaque article,
j'ai conservé sa date, qui, dans certains cas, peut lui servir de jiisti-
.fication. » — Tous ces morceaux ont le mérite de la précision dans le
fond, de la clarté et de l'élégance dans la forme, qu'on est habitué
à rencontrer dans les travaux de M. Eugène Rigal. Nous avons parti-
culièrement remarqué et goûté la discussion de la théorie de l'évolu-
tion des genres de Brunetière (p. 157 et suiv.). Les thèses littéraires
du célèbre et regretté critique, excellentes parfois, mais pas toujours
aussi solides que l'a fait croire le ton décisif et dictatorial de cet
«sprit éminent, mais absolu et paradoxal, ont besoin d'être revisées,
discutées, même contredites. Il ne faut pas notamment que l'évolu-
tion philosophique et religieuse, si hautement louable, de cet esprit
et les services si noblement rendus par lui, à la fin de sa carrière, à
la grande et sainte cause de l'orthodoxie catholique, canonisent,
pour ainsi dire, tout ce qu'il a pensé, tout ce qu'il a soutenu en toutes
matières à des époques fort différentes de sa vie intellectuelle, et alors
qu'il était parfois sous l'influence d'erreurs manifestes. Des contra-
dictions telles que celle de M. Rigal pourront préserver de cet excès
la naïveté de certaines admirations, de certains enthousiasmes en
bloc. Le culte des justes renommées ne doit pas dégénérer enun
snobisme idolâtre, au détriment ou au péril de la vérité historique ou
littéraire et peut-être de l'équité. M. Rigal, nous en sommes sûr,
admet pour lui-même la contradiction qu'il pratique librement à l'é-
gard de ses devanciers. « On a souvent dit, remarque-t-il (p. 234), que
Polyeucte se rattache aux anciens mystères, et l'on a eu tort, notre
anci nne littérature dramatique étant sans doute ignorée de Cor-
neille. )) Cette assertion est contestable. IL semble résulter de V Exa-
men même de Polyeucte par son auteur que Corneille a recueilli dans
les pièces sacrées des humaiiistes de la Renaissance, lesquelles se
rattachent en bonne partie à la tradition des mystères, au moins
l'écho indirect de cette tradition.
10. — Parmi les sujets abordés dans le volume de M. Rigal figure
(p. 204 et suiv.) une comparaison détaillée, faite avec beaucoup de
soin et de critique, du Ciel de Corneille avec son devancier et modèle
espagnol. La même question a été traitée, à un point de vue un peu
différent, plus favorable au système dramatique d'Espagne, issu di-
rectement de la tradition du moyen âge, par notre très distingué
collaborateur M. l'abbé G. Bernard, dans son opuscule : Le Cid espa-
gnol et le Cid français. Essai de critique et d'analyse littéraire, lequel
inaugure une série d'études intitulées : L'Imitation espagnole en
France. L'impression que laisse à l'esprit la lecture de cet intéres-
— 222 --
sant travail, c'est que, s'il n'avait subi l'influtnce du systtme pseudo-
classique promulgué par l'abbé d'Aubignac, Corneille, émondant,
resstrrant, fortifiant la pièce de Guillen de Castro, écartant les dé-
fauts de ce poète, mais gardant et développant plus qu'il ne l'a
fait toutes ses qualités, aurait produit un Cid supérieur encore au
chef-d'œuvre qu'il nous a donné.
11. — C'est une contribution à l'histoire de notre théâtre pendant
la période qui a précédé immédiatement l'âge classique, dont M. Emile
Magne a cherché à nous enrichir dans son étude, agréablement et
utilement illustrée de gravures empruntées aux peintures ou estampes
contemporaines : Gaulthier-Garguille, comédien de V Hôtel de Bour-
gogne. Infiniment supérieur au travail sur le même sujet de M. Gas-
ton Sansrefus, dont le Polybihlion a rendu compte, appuyé d'une
riche et solide érudition bibliographique, portant la marque d'une
critique encore incomplète, mais en éveil, cet ouvrage est, par mal-
heur, gâté par un triple et grave défaut : une forfanterie d'esprit- fort
qui va jusqu'à l'inconvenance (p. 7); une licence morale qui ne se
refuse aucun manque de retenue et oublie à fond que « le lecteur
français veut être respecté » (p. 12, 24, 25, 44 et passim); enfin un
style détestable, où sont poussées à bout les extravagances préten-
tieuses et antifrançaises de ce qu'on appelle « l'écriture artiste ». ^'"^
12. — Dans les premières pages de son volume : Le Théâtre et la
Révolution. Histoire anecdotique des spectacles, de leurs comédiens' et
de leur public par rapport à la Révolution française, M. Ernest Lunel
a voulu faire l'effet d'un hcmme au courant de l'histoiie du genre
dramatique. Mais précisément ces pages intitulées : Le Théâtre et
l'Église montrent au contraire qu'il n'y entend rien du tout. Au
reste, le corps même de l'ouvrage nous a laissé l'impression d'une
compilation incohérente ,et confuse,- d'un amas d'anecdotes et de
faits divers comprenant quantité de choses étrangères au sujet, d'un
livre, en un mot, qui n'a été ni médité, ni composé, ni écri\..
13. — Quel contraste entre cette négligence inconsciente, cette
étourderie de laisser- aller et le soin consciencieux et réfléchi avec
lequel M. de Lanzac de Laborie, en un sujet analogue, a recherché
et disposé les matériaux, également anecdctiques, de la huitième série
de sa vaste enquête : Paris sous Napoléon, laquelle a sa place dans
le présent article, parce qu'elle a pour sujet !e Théâtre-Français.
« Mon intention primitive, nous dit l'auteur, était de consacrer ce
volume à l'ensemble des spectacles parisiens pendant l'ère napoléo-
nienne. L'abondance des renseignements, l'attrait de documents en
partie nouveaux, peut-être aussi la sçduction plus ou moins incons-
ciente que les choses du théâtre e: ercent chez nous sur tous les es-
prits, m'ont conduit à élargir mon plan et à ne traiter ici quedu
- 223 —
Théâtre-Français, de beaucoup le plus important et à peu près le seul
littéraire, en y joignant le théâtre de picard ou Tht âtre de l'Impcra-
trice, qui peut en êtie considéré comme lannexe. A l'étudedu Théâtre-
Français, j'ai rattaché les géntralitts communes à tous les spectacles,
et aussi quelques données sur lalittérature dramatique du temps, don-
nées que j'ai présentées le plus brièvement possible, mais sans lesquel-
les il m'a paru quemon récit serait incomplet et presque inintelligible. »
Le volume est partagé en sept chapitres : 1. Installation matérielle
et régime administratif. II. La Troupe. III. Le Répertoire. IV. Les
pièces nouvelles. V. Le Public et la Critique. VI. Les Comédiens ordi-
naires de l'Empereur. Vil. Théâtre de l'Impératrice (Louvois, Odéon).
Nous noterons une fois de plus, sans qu'il soit nécesaire d'y ir sister,
le talent d'exposition de M. de Lanzac de Laborie, sa langue de
bonne qualité^ son style net, sobre, ferme, distingué avec naturel.
L'ouvrage est un tissu d'anecdotes (c'est la mode du jour) mais si
bien groupées et si bien contées ! L'auteur ne néglige pas d'ailleurs
d'en faire ressortir, quand il y a lieu, la signification historique ou
littéraire et, pour ainsi dire, l'idte générale. Son goût en littérature
est fin, large et renseigné. Nous avons particulièrement goûté les pa-
ges (p. 182-184) où l'auteur explique les fâcheux préjugés qui faisaient
encore obstacle sous l'Empire à « l'introduction du moyen âge chré-
tien sur la scène »; celles qui se rapportent aux principales « tragédies
nouvelles représentées au début du siècle dernier » (p. 186 et suiv.);
celles où sont examinés le caractère, le rôle, le talent du célèbre cri-
tique Geoffroy, pour lequel nous trouvons M. de Laborie trop sévère
(p. 261 et suiv.). Nous ne partageons pas non plus tout à fait son avis
sur « la comédie en vers » (p. 222-224) et nous contestons surtout que
l'origine de cet usage doive être rapporté à l'imitation de la comédie
antique. Notre comédie nationale du moyen âge, moralité, farce ou
sotie, a toujours été en vers. C'est de l'Italie que nous est venue
l'habitude contraire, très louable d'ailleurs à beaucoup d'égards,
de la comédie en prose. Il va sans dire que Napoléon n'est pas absent
de ce volume qui porte son nom. On sait qu'il pensait à tout et
touchait à tout. M. de Laborie a extrait pour nous deà Souvenirs
du comte de Mérode-Westerloo une curieuse peinture de l'attitude de
l'Empereur à une représentation de gala : « Ce n'était depuis l'or-
chestre jusqu'à la porte du parterre que broderies d'or et de soie;
toutes les loges étaient pleines de dames du nouveau régime, parmi
lesquelles on en remarquait quelques-unes de l'ancien... Napoléon
seul, dans la loge impériale, était étendu tout de son long, dans un
fauteuil de velours cramoisi galonné d'or, les bras et les jambe»
croisés... Derrière son fauteuil se tenaient debout le grand maître
des cérémonies, comte de Ségur, le grand chambellan,, comte de
— 224 —
Montesquiou, tous deux eh uniforme rouge et or. Napoléon, tirant
fréquemment de sa poche une tabatière, prenait une quantité de
tabac, et adressait de temps en temps, d'un air de hauteur, quel-
ques paroles à ces deux messieurs; sa figure exprimait, ce jour-là,
l'humeur et l'agitation... On juge bien que je m'occupais fort peu du
spectacle, et que mes yeux furent constamment portés sur Napoléon,
dont les attitudes et le jeu de physionomie sont toujours présents à
ma mémoire. » (P. 288). Le grand parvenu est saisi là sur le vif.
14. — La persévérance dans une entreprise difficile et de longue
haleine est une marque de vigueur d'esprit. Comme dans le Paris
sous Napoléon de M. de Lanzac de Laborie, nous sommes heureux
de la reconnaître et de la louer dans l'Histoire générale du théâtre en
France de M. Eugène Lintilhac. Le tome V de ce grand ouvrage a
pour sujet la Comédie de la Révolution au second Empire, c'est-à-dire
« l'évolution des genres purement comiques, de Beaumarchais à
Augier et à Dumas fils... Nous aurons ainsi, ajoute l'auteur, conduit
à son terme classique l'histoire de la comédie en France. » — Rappe-
lons ici son dessein pour la suite du livre : « La seconde partie
exposera d'abord l'évolution du genre tragique et des genres mixtes
tels que la tragi-comédie, la pastorale dramatique, la comédie lar-
moyante, la tragédie bourgeoise, le drame et le mélodrame depuis la
Renaissance jusqu'au milieu du dernier siècle. — Alors tous les gen-
res dramatiques auront été étudiés par nous, depuis leurs plus
lointaines origines en France, et définis par l'analyseet lacritiquedes
œuvres les plus caractéristiques de chacun d'eux. — Il nous restera
enfin à exposer et à expliquer leurs métamorphoses au courant du der-
nier demi-siècle. » — On voit l'importance attribuée par M. Lintilhac à
« l'évolution des genres », et c'est à bon droit. Le reproche que lui
a fait à cet égard un critique d'ailleurs très distingué, plein d'esprit,
de trop d'esprit peut-être (Henry Bidou, Journal des Débats du lundi
21 août 1911) ne nous paraît pas fondé. Autre chose est de vouloir
de vive force, comme l'a tenté Brunetière, « étendre la domination
des hypothèses de Lamarck, de Darwin et d'Hseckel jusque sur la
critique » et l'histoire littéraire (Rigal, ouvrage cité, p. 157), autre
chose d'appliquer, comme l'a fait M. Lintilhac et comme nous l'avons
fait autrefois nous-même, une méthode intrinsèque d'investigation
exacte à la genèse, à la généalogie et à l'influence l'une sur l'autre
des œuvres littéraires de l'esprit humain, c'est-à-dire à l'évolution
de cet esprit même en matière de littérature et d'art par l'effet iné-
vitable de la Cause exemplaire. Nier l'intérêt et l'utilité de cette
méthode, c'est peut-être se ranger de gaieté de cœur parmi les adeptes
de ce que M. Lintilhac appelle en un endroit « cette critique hau-
taine et simpliste à la fois » (p. 22) et en un autre endroit « une cri-
— 225 i^
tique plus paresseuse que judicieuse » (p. 25). — La méthode qu'il
a suivie dans ce volume comme dans les précédents et que, loin de la
relâcher, il aurait peut-être dû, sur quelques points, serrer davan-
tage, n'a rien enlevé à l'intérêt de l'exposé de M. Lintilhac, nourri
de faits et de détails solidement ou ingénieusement groupés, et où le
lecteur apprend beaucoup. Le nombre d'œuvres aujourd'hui oubliées,
mais importantes à leur date et par leur influence, qu'il nous fait
connaître par des citations bien choisies, souvent agréables et même
amusantes, est considérable. Ses appréciations sont toujours d'un
homme de goût, nourri de la forte culture classique, et qui, tout en
ouvrant son esprit aux nouveautés utiles, ne répudie jamais les
règles essentielles. Nous avons noté et loué déjà sa réserve morale
et son souci de ne pas mêler à tout propos, comme d'autres l'auraient
fait à sa place, la controverse et la passion politiques à ses juge-
ments littéraires. Il va sans dire néanmoins que sur tel et tel point
notre façon de voir n'aurait pas été la sienne. Nous aurions été
sévère, alors qu'il est indulgent et même favorable à tel proverbe de
Théodore Leclereq ou à telle fantaisie d'Alfred de Musset. Mais,
jugé pour l'ensemble, étant donné le public auquel il s'adresse, c'est
un travail vraiment neuf et intéressant dans les diverses parties dont
il se compose, à savoir : Introduction. Les Théâtres et la loi depuis
la Ilbvolution : scènes, genres et troupes. Chapitre 1. La Comédie
de mœurs dans le théâtre de la Révolution, il. La Comédie
de mœurs de Picard à Etienne. III. La Comédie de mœurs
d'Etienne à Scribe. IV. La Comédie de genre de Collin d'Har-
leville à Octave Feuillet. V. La Comédie-proverbe : Théodore
Leclercq et ses émules; Alfred de Musset. VI. La Comédie d'intrigue
après Beaumarchais et le vaudeville avant Scribe. VIL Scribe et la
comédie- vaudeville. VII I. La Comédie de mœurs de Scribe à Au-
gier. • — Conclusion. Selon sa bonne habitude, l'auteur termine le
volume par une Bibliographie, ainsi divisée : 1. Editions. — 2.
Ouvrages de critique et d'histoire.
15. — Nous trouvons à plusieurs reprises le nom de M. Lintilhac
dans les tableaux qui forment une partie considérable de l'intéressant
opuscule de M. Roger Scmichon : Les Matinées- Conférences du jeudi
à l'Odéon. Notice historique et bibliographique. « L'intérêt qui s'at-
tache aux matinées-conférences de l'Odéon est double, nous dit
l'auteur. D'une part, ce genre de spectacle a tenu une large place
dans l'histoire du second Théâtre- Français; m outre, les conféren-
ciers ayant, depuis 1887, parlé de toutes les pièces importantes ou
.curieuses de notre littérature dramatique, se trouvent avoir fait une
sorte d'histoire du théâtre en France, où abondent les aperçus ingé-
nieux et les développements brillants. » La Notice historique s'ap-
Mars 1912. T. CXXIV. 15.
:— 226 -- 1.
pliquo aux directions successives de MM. Porel, Marck et Desbeaux,
Ginisty, /Vntoine. La Notice bibliographique comprend, du 27 octobre
1887 au 26 mai 1910, le tableau des conférences, dressé par saison
théâtrale. Ce tableau, ou plutôt chacun de ces tableaux renferme la
date de la conférence, le noni du conférencier, le sujet traité et,
s"il y a lieu, l'indication de l'endroit où est imprimé le texte de la
conférence. On sait combien, depuis quelque temps, s'est développée
la vogue des conférences de toute espèce. Les dames surtout les goû-
tent extrêmement. C'est pour elles, disent les mauvaises langues, une
occasion plus intellectuelle que d'autres d'exhiber les modes nou-
velles.
16. — ■ L'influence (pas toujours heureuse) de nos modes et de notre
théâtre s'étend sur tout le monde civilisé. 11 est naturel qu'on la
subisse tout particulièrement sur mie terre autrefois française et où
l'ancienne patrie n'est pas oubliée. C'est ce dont témoigne le volume
de M. Marcel Henry : Le ThAire à Montréal. Propos d'un Huron
canadien. « Au Canada, nous dit l'auteur, un jeune honmie, le théâtre
français, quand il est dirigé par des hommes de goût, entretient une
sorte de culture latine et la gloire du verbe (sic) français retentit avec
bonheur sur ces rives qui n'ont pas désappris à aimer la France
et à la servir dans la constance immuable des âmes qui se souvien-
nent et lui veulent des destins supérieurs au temps. De la sortt, les
roses de France fleurissent chez nous, même sous la neige qu'appor-
tent les vents du Nord. La petite flamme allumée par les créateurs
du sol canadien, brille toujours; elle éclaire nos montagnes et nos
vallées d'une lueur qui magnifie les choses, héroïse les sentiments.
Cette « marche » d'Amérique compose à elle seule tout un poème d'a-
mour et de fidélité. Et sa persistance à durer et à se définir est un
hommage à la vitalité de l'âme française. ■ — Nous avons griffonné,
en marge des drames qui nous furent donnés à Montréal, nos impres-
sions semaine par semaine. Les Français qui nous feront l'honneur
de nous lire voudront-ils discerner à travers ces bégaiements de
jeune critique et ces notions chétives, une façon de penser et de
sentir qui, pour leur être devenue probablement étrangère, repré-
sente quelque chose de leur passé avec le frémissement juvénile
d'une âme amoureusement soumise à sa terre et à ses morts. » — A
l'analyse et à l'appréciation d'une vingtaine de pièces de notre théâ-
tre contemporain, représentées à Montréal, l'auteur a joint sous
ce titre : Notes et impressions, quelques souvenirs de voyage. — 11
serait désastreux que la façon de penser et de sentir de M. Marcel
Henry fût devenue étrangère aux Français de France, car elle est non
seulement profondément hoimête, mais profondément chrétienne et
catholique, avec un souci déclaré sans respect humain, mais dont
—.227 —
l'expression n'est pas toujours aussi chaste que la pensée, pour ]a
moralité au théâtre et dans la vie. Ce que M. Henry aurait besoin,
un urgent besoin de réformer, c'est son style, où s'étale avec can-
deur, dans toute son extravagance prétentieuse, la mode qui, Dieu
merci, commence à décliner chez nous, de l'absurde « écriture ar-
tiste )). 11 écrit sans sourciller : « L'entrevue est mousseuse d'observa-
tion subtile, réglée par un maître «. (P. 171). Il nous parle d' « un
frigide frisson » (p. 203) et de « petits glaciers nains qui se pendent
aux jupes de leurs mères « (p. 206-207). Le jargon de Cathos et de
Madelon devient auprès de cela un chef d'œuvre de naturel. Bref,
M. Marcel Henry écrit mal, horriblement mal. Mais, au travers de
son « écriture » saugrenue, on distingue des qualités natives, et en
particulier une délicatesse de cœur, d'esprit et de sentiment et une
fraîcheur d'imagination qui n'attendent, pour s'épanouir, qu'un
meilleur langage. Il suffirait à M. Henry, pour l'acquérir, de renoncer
à l'imitation des sottises en faveur dans certains petits cénacles de
Paris, mais que l'on devrait dédaigner à Montréal, et de revenir à
l'étude des grands, des impérissables modèles de notre littérature.
Pour bien, très bien écrire, il n'a qu'à le vouloir. Qu'il le veuille !
Marius Sepet.
THÉOLOGIE
JLnchiridio» «yinboloi'tim, definitionum et declaratio
num de rcbue lidei «A ■noriim, auctore il. Dbnzinoëh. Ediiio XI,
quam paravit Cl. Bannwart. Friburgi Brisgoviae, Herder, 1911, in-8 de
xxvu-592 p. — Prix : 6 fr. 25.
Cette nouvelle édition, devenue si tôt nécessaire, dit assez l'utilité
de l'ouvrage et le prix qu'on attache à la refonte opérée par le R. P.
Cl. Bannwart. Outre la correction de quelques erreurs signalées dans
la précédente, voici les améliorations introduites dans celle-ci : addi-
tion des décisions de la Commission biblique depuis 1907 (sur S. Jean,
Isaïe, la Genèse, les Psaumes), du décret Quam singulari (sur la
communion des enfants), du serment antimoderniste et de quelques
documents antérieurs (spécialement sur le célibat des clercs (Con-
cile d'Elvire) et le primat romain (lettres de Jules II, texte du Con-
cile de Sardique, lettre de Clément VI). La table de concordance
entre les numéros des éditions antérieures et des éditions nouvelles
a été très heureusement augmentée. On souhaiterait encore que cha-
que numéro du texte actuel portât entre parenthèses, aussi souvent
que possible, le numéro correspondant d'autrefois : ce serait plus
commode et plus simple. G. Grs.
. — 228 ~
lia ^Vocati»n Jau sacerdoce, par F. J. Hurtaud. Paris, Lecoffre,
(iabalda, 1911, in-li! de '')53 p. — Prix : 4 fr.
Ce livre, écrit à l'occasion et à l'encontre de la thèse de M. Lahit-
ton, est l'truvre d'un théologien averti et compétent. La plupart des
questions soulevées par le professeur d'Aire y reçoivent une solution
pleinement satisfaisante, appuyée sur des raisons théologiques pé-
remptoires et sur la doctrine constante de l'Église. Certains chapi-
tres, ceux par exemple où M. Hurtaud fait la synth se des troisvoca-
tions (vocation à la vie chrétienne, vocation à la vie religieuse, voca-
tion au sacerdoce) ou encore ceux où il analyse l'attrait-intention
droite assureront à son livre un' valeur durable.
On souhaiterait que, dans une nouvelle édition, l'auteur donne
une part plus grande à la documentation et qu'il adoucisse parfois
le ton un peu rude de cette controverse. On comprend la colère du
théologien sincère, blessé par les accusations peu réfléchies et par la
méthode très peu scientifique de l'écrivain qu'il réfute. Dégagée de
quelques vivacités, sa réfutation n'en sera pas moins forte • t se
fera goûter davantage. H. Grs.
JURISPRUDENCE
JFarisprsidence générale et législation de la médecine-
liharinaeie, publiée par Phily, Hknri Petkl, F. Izouard, A. Crinon ,
aIakcel Petii' et P. Bogelot. Paris, Larose et Te nui ; Admiaislraiiou
du Recueil des Sommaires de la jurisprudence française. 1911, iu-8 de Xlli-
959 p. — Prix : 20 fr.
Ce volume est le recueil le plus complet qu'on puisse trouver sur
une matière qui intéresse tout le monde et qui donne lieu aux ques-
tions contentieuses les plus variées. Le livre premier est consacré à
la jurisprudence. 11 embrasse une période de quinze années et cer-
taines décisions publiées remontent même jusqu'à 1892. On peut
dire qu'il contient la solution de presque toutes les espèces qui peu-
vent se présenter; mais ce n'est pas un ouvrage de doctrine. Les au-
teurs se sont interdit toute opinion personnelle et n'ont eu d'autre
but que de renseigner leurs lecteurs sur la façon dont les tribunaux
ont résolu les questions qui leur ont été posées. C'est un ouvrage
essentiellement documentaire, dont la valeur scientifique réside dans
le classement méthodique des solutions publiées, à la manière de
la publication bien connue du Recueil des Sommaires dont il est
issu. Le livru premier est divisé en trois titres ayant respecti-
vement pour objet : 1" la médecine et la chirurgie ; 2^ la phar-
macie ; 3° les autres professions concernant l'art de guérir (den-
tistes, sages-femmes, vétérinaires, herboristes). Le livre second est
— 229 — "
consacré à la législation. Il contient d'abord les articles des codes
applicables à la matière, puis le texte de 265 lois, décrets, arrêtés,
(circulaires, qui, depuis l'arrêt du règlement du Parlement de Paris
du 23 juillet 1748 jusqu'au décret du 18 juillet 1910, la réglementent
à l'heure actuelle. L'impression est excellente; les références sont très
clairement indiquées. On ne saurait mieux atteindre le but utilitaire
que se sont proposé les auteurs. E. G.
SCIENCES ET ARTS
Pagejii scolaireii. Récits, fiouvenira, polémiques, par A. Va-
ouBTTE. Paris, Bloivi, 1910, in-16 de 179 p. —Prix : 2 fr.
Sous C(^ titre modeste, ce livre est un livre de combat. C'est la
dt'>fonse de l'enseignement chrétien sur tons les terrains où se sont
livrées les dernières batailles qui ont laissé tant de ruines derrière
elles, tant de blessés aussi et un grand nombre de morts tombés vic-
times de la misère, de la proscription et de l'exil. En faveur de ces
vaillants, le volume de M. Vaquette, un vaillant lui-même, apporte
un éloquent témoignage qui plaidera leur cause devant l'avenir et
préparera les revanches nécessaires. Trois parties, consacrées aux
trois ordres d'enseignement, l'enseignement primaire, l'enseignement
secondaire et l'enseignement supérieur.
Sous ces trois titres, nous trouvons une grande variété de ques-
tions, toutes d'ailleurs étroitement unies au sujet : la question du
monopole, la question des écoles d'Orient, la question du latin et des
humanités classiques, la question de l'éducation des filles, la ques-
tion des hautes études universitaires, toutes éclairées par des exem-
ples qui augmentent le caractère pratique de ces leçons d'histoire,
de pédagogie et de droit. L'épilogue, c'est la parole des évêques, qui
est venue donner sa sanction aux revendications ^de l'auteur qui'se
déclare heureux, ce sont ses dernières paroles, « de terminer avec
nos évêques, en s'agenouillant sous cette crosse qui se lève et pour
frapper et pour bénir, »
Ce livre d'un vaillant est un très bon ouvrage : il'porte le témoi-
gnage qu' « il n'aura cessé d'être un militant que lorsque la parole
se sera éteinte sur ses lèvres et que la plume sera tombée de sa main
glacée. » Nous espérons qu'il pourra longtemps encore livrer de bril-
lants combats pour la justice et la liberté. P. Talon.
lie Daupliin, par Gustave Bord. Montligeon, Impr. de Moniiigeon ;
Pans, l'duteur, 90, avenue Niel, 1911, in-12 de 179 p., flg. dans le texte
et 12 gravures hors texte. — Prix : 10 fr.
M. Gustave Bord, l'éminent publiciste, auquel on doit des études
— 230 —
historiques si remarquables, a occupé pendant quelques années
(1895-1899) ses loisirs deVacances à chasser le marsouin; il y a mis
le bol entrain et l'ardeur '''qu'il apporte à tout ce qu'irontreprend;
la curiosité de" son*^ esprit l'a conduit à faire, au cours de ces longs
mois, mainte observation'^précise, qu'il a pris soin de noter au jour le
jour. C'est de ces observations qu'il a lire la principale matière de ce
petit volume, édité avec luxe, tiré à petit nombre et df dié u aux amis
qui lui ont fait l'honneur et le plaisir de venir à bord de la
« Lola », à ceux qui s'en souviennent et... aux autres. »
Il y étudie en dix chapitres : l'origine du ncm du dauphin' ; la
légende antique; les légendes modernes; le dauphin et la science;
les mœurs des dauphins; les dauphins et la navigation sous-marine;
les sens du dauphin; le dauphin et l'industrie; la chasse au dauphin;
les harponneurs du dauphin.
Ce ne sont pas les seuls amateurs de ce sport qui prendront plaisir
et profit à ce petit volume; on y remarquera les enseignements que
M. Bord demande aux « cochons de mer» pour la navigation sous-
marine et les indications relatives au bénéfice que l'industrie peut
tirer de cette chasse seront peut-être de nature à la rendre plus
populaire.
'^De jolies illustrations (médailles, vignettes, photographies), parmi
lesquelles un beau et vivant portrait de l'auteur, achèvent de donner
à ce volume un caractère d'élégance et de luxe, qui le fera rechercher
des amateurs. E.-G. L.
Annuaire pour l'an 1919, publié par le Bureau ries longiludfs.
Paris, Gauthier-Villars, in-lG de vi-692. a. 47, b. 34, G. 43 — v[-81^ p. —
Prix : 1 fr. 50.
On sait que, depuis 1904,1e Bureau des longitudes ne publie plus en
quelque sorte qu'un demi-annuaire chaque année. Demi est toutefois
un terme quelque peu restrictif, attendu qu'il y a des parties ou su-
jet s^fixes ' qui sont maintenus sans interruption, tels le calen-
drier et à peu près toute la partie astronomique. Cependant, l'on ne
trouvera pas, dans l'Annuaire de 1912, le calcul des altitudes par le
baromètre, non plus que les parallaxes steDaires, la spectroscopie des
étoiles et leurs mouvements propres, les étoiles doubles : ces données
seront sans doute fournies derechef en 1913. Des renseignements
nouveaux figurent sur la sismologie (M. Bigourdan), sur la
physique solaire (M. Deslandres), et sur celle de la lune (M. Puiseux).
La partie géographique et de statistique, ainsi que celle des mon-
naies, poids et mesures, étant afférente aux années impaires, no fi-
gure pas dans l'Annuaire de 1912,
On 'sait que, do par la loi du 9 mars 1911, ce n'est plus à partir du
— 231 —
méridien de Paris que Ton compte les longitudes, mais biv.ix d'après ce-
lui de la ville anglaise de Greenwich. Pourquoi ne pas l'avouer ? Pour-
. quoi employer une périphrase et dire que les heures sont exprimées
« en temps moyenne Paris diminué de neuf minutes vingt et une se-
condes » ? Sans doute, ce changement constitue un certain échec à
notre amour-propre national ; mais s'il n'y avait que'celui-là !...
Les Notices, cette année, sont au nombre de deux. Dans la notice
A, sur « la température moyenne des diverses parties de la France, »
M.'Bigourdan donne, pour chaque mois de l'année, le tableau des
lignes isothermiques sur toute l'étendue du pays, le résumé de leurs
moyennes pour les trois mois d'hiver et les trois mois d'été, puis un
autre tableau ou carte donnant les isothermiques moyennes de toute
l'année. Des tableaux ou cartes analogues indiquent les variations de
température, en mer, à Clermont-Ferrand, au sommet de la tour
Eiffel, au parc Saint-Maur, sur l'ensemble de la France pour l'an-
née entière.
La très savante notice B, due à M. P. Hatt,' indique une applica-
tion de la méthode algébrique d^s moindres carres .à la trigonomé-
trie, pourarriver'à'Ia'^plus grande exactilude possible dans les cal-
culs'^de" triangulation. "C. de Kirwan.
LITTÉRATURE
B^e IVIoyeii l«ie «lanfs la « liôsenilc des siècles » et les
Squ'-ccs «le Victor Ifii(|o, par Paul'Brrret. Paris, H. Paulin, s. d.,
çrr. in-8 (\p l'.'î n — Prix : 10 fr.
lift Pliilnsopliie de V. flufio (as51-t959) et deux llythes
de la « lié fende des siëeles r, par le même. Pari», H. Paulin,
1910, gr. in-S de Ui y». — Prix : 5 fr.
M. Paul Berret a écrit pour thèses de doctorat deux livres bien amu-
sants et bien instructifs. On sentait, on savait m^me déjà, par quel-
ques illustres exemples, que V. Hugo avait, du droit de fcn génie, pris
son bien partout où il l'avait trouvé. Mais qu'importe,, penFait-on,
que le grand fleuve charrie dars sa nappe immense les gouttes d'eau
de quelques ruisseaux obscur?? Il n'en vient pas moins de là-haut,
d*^ la cime vierge et du nuage déchiré par l'éclair. Et nous voyions
tous, plus ou moinp, 1^^ poète dans cette pose romantique de prophète
inspiré, de vastes en délire, de Moïse parlant sur la montagne avec
Dieu face à ^ace, pose dans laquelle il fe drapa pontificalement jus-
qu'à la fin... Eh! non, ce prophète n'était bien qu'un « faiseur. »
Quand à Guernesey il s'enfermait dans son Jook-out, de six heures
du matin à onze heures, faisant croire qu'il y écoutait son démon,
ou quand il feignait, avec ou ?anB tables tournantes, de recueillir ce
que dit « la bouche d'ombre », en réalité dérobant à tous eon labeur
— 232 —
sans probité, sps démarquages, ses plagiats, il compulsait des dio-
tionuaires et dos manuels d'histoire, il pillait des idées, des images,
des mots même, des brassées de mots sonores, et, jetant le tout
dans son vers qui savait tout porter, il en tirait un amalgame baro-
que, une vraie cuisine de sorcières, dont l'étrangeté souvent faisait
à nos yeux de badauds la seule grandeur...
M. Betret a pu connaître à Guernesey certains des livres et jour-
naux qu'il utilisait; non pas tous, sans doute — et il reste à ce paon
bien des plumes d'emprunt à lui arracher ! ^ — Il a, à la Biblio-
thèque nationale, méthodiquement, minutieusement étudié ses brouil-
lons, les notes, les bouts de vers qu'il jetait en marge d'une revue,
sur une facture, au dos d'une lettre. Il a pu ainsi retrouver les points
de départ, surprendre maint flagrant délit, démêler mainte « conta-
mination, « Suivre en ses manipulations l'alchimiste sans foi ni loi qui
mutile, dénature tout ce qu'il touche, qui prend ou reprend un
thème déjà mis en œuvre, une image qui a de l'éclat, un reste
inutilisé, les fait passer d'uii sujet à un autre, sans respect aucun
des époques, des noms historiques, de la vérité morale, ou même de la
couleur locale, comme qui mettrait, pour être original et écarter tout
soupçon de vol, un trait de Néron dans l'histoire de saint Louis, ou
des détails de mœurs tartares dans la peinture de la cour de Napo-
léon III ! Et les dictionnaires, avec le pêle-mêle qu'ils apportent de
noms, de faits, de récits de toute provenance, de toute époque et
de tout paJ^s, sont à qui procède ainsi des « fournisseurs « très
Commodes et inépuisables. Aussi V. Hugo, M. Berret suit le pillard à
la trace, compilait, compilait Moréri. On n'imagine pas tout ce qu'il
y a de Moréri dans la Légende des siècles !
Il avait commencé en 1846 par le Journal du Dimanche et les
extraits de Chansons de geste d'Achille Jubinal. Voici, aux marges
du numéro du 1^^ novembre, quelques vers de premier jet qui annon-
cent le Mariage de Roland. Et les erreurs matérielles de l'un copiées
par l'autre (le géant Sinnagog au lieu de Sinugos, et le héros Closa-
mond pris par contre-sens pour une épée) seraient suffisamment
révélatrices, si la comparaison des deux textes ne montrait que V.
Hugo n'a rien fait que versifier brillamment le récit qu'il avait sous
les yeux, en mettant toutefois un panache blanc au casque de Ro-
land (oh! l'amour du panache !)•, en le fai-sant, sur un souvenir de
l'Arioste, traduit sous ses yeux en 1811 par Barjaud, se battre avec
un chêne pour arme — ce qui est une autre fausseté; — en sup-
primant, pour rendre le trait de la fin plus gros — et un peu stupide
— l'amour déjà né au cœur de la belle Aude et l'intervention de
l'ange entre les deux héros...
Âymerillot vient de la même source, avec des ressouvenirs des
Burgraves encore très proches.
- 233 —
Dans V Aigle du casque, il y a comme «noyau primitif »Ia poursuite
d'Ernaut par Raoul de Cambrai, prise à la vieille chanson de geste,
adaptée par Leglay et Jubinal, avec le trait des mains coupées, et
l'épisode de l'intervention des nonnes. Walter Scott, que le poète a
beaucoup pratiqué, lui a fourni le cadre écossais où ce drame né
français a été transporté; et de la description du tournoi empruntée
à la Jolie fille de Perth est venue l'idée de changer Ernaut, chevalier
très viril, en un éphèbe blond et rose qui, pris de peur soudain, fuit
éperdument devant son rival. Le Debretl's peerage qui lui avait déjà
fourni pour l'Homme qui rit la liste des pairs d'Angleterre et de leurs
demeures, lui a encore donné, concurremment d'ailleurs avec le fidèle
Moréri, les noms propres dont il aime la sonorité exotique, Angus,
Argyll, Athol, Stirling, Fergus, Balial, etc.; ainsi que la collection
des armoiries et cimiers à oiseaux, où il a puisé pour les uns le héron,
la chouette, et pour Tiphaine l'aigle, qui dans sa première idée
avait ét('' une cigogne. Le faucon menaçant dressé par Walter Scott
sur le casque de Marmion, ou, dans Içanhoé, le corbeau tenant un
crâne dans ses serres, et ceux qui, dans le Rhin de Schreiber (un
recueil qu'il a beaucoup dévalisé pour ses propres lettres du HJiin,
pour Eviradnus et maint autre poème), arrachent les yeux et boi-
vent le sang d'un chevalier persécuteur d'une jeune fille, se sont sans
doute amalgamés sur sa rétine avec l'aigle royal qui, après avoir
trempé son aile dans le sang de Conradin, s'envole, terrible, au-des-
sus de l'échafaud... Et cette gravure il la voyait dans les affreux
volumes d'un certain La Vicoraterie : Cr/mes- (ie5 Pape^, Crme.s des
Empereurs, qui étaient parmi ses répertoires ordinaires de visions
horrifiques pour son moyen âge de la Légende comme pour ses Châ-
timents. Car l'inspiration des deux livres est souvent la même et
TFe//, rastellati d'Oshor, le mangeur de rois, résistant dans son burg à
toutes les sollicitations des princes qui veulent l'entraîner dans leurs
fêtes, et n'abaissant son pont-levis que devant une petite mendiante,
est si exactement la figure de V. Hugo en personne, qu'en écrivant
la pièce le 14 juillet 1869, il mit d'abord en oeuvre la charmante lettre
en vers par laquelle Marie-Lœtitia Ratazzi, cousine de Napoléon III,
venait d'essayer de le séduire, la poétique réponse par laquelle il
s'était refusé : « La France m'est fermée », puis la vision que lui.
donnaient de lui-même les dessins des journaux anglais le représen-
tant, patriarche charitable, au Dîner des enfants pauvres de Guer-
nesey; tout en utilisant, suivant la coutume, et Schreiber, et Moréri,
pour y prendre noms et détails historiques, décor médiéval, fracas
d'armures et fracas de mots...
Et, lorsque ont été ainsi ain?i\y?>ésr Eviradnus , et Kanul, et le
Romancero, et le Petit Roi de Galice, et le comte Félihien et le
— 234 —
Sultan Mourad, la conclusion de M. Paul BeiTet s'impose que
\'. Hu.£:o fut dans la Légende des sèches un « maître menuisier
de la poésie, » entendez surtout un compilateur brillant et habile
dont la documentation et les perpétuels larcins sont masqués par
l'incohérence de sa méthode de recherches, et par l'emploi étrange —
et malhonnête — qu'il a fait de ses sources.
— Naturellement, c'ost la même chose pour sa " philrrcplie. «
Erreur naïve que d'essayer d'en dégager une de l'ensemble de son
œuvre ! « Mis comme un écho sonore » en face de toutes les folies dii
siècle, il en avait une difféiente — vme philosophie, une folie • — à
chaque époque de sa vie. De 1854 à 1859, ce fut la phase apoca-
lyptique d'où sont sortis tant de pathos, répandus, quand l'avisé
Hetzel eut évité un recueil d'Apocalypses, dans les Contemplations,
la Légende des siècles, Dieu, la Fin de Satan, Toute la lyre, etc. Par
le même procédé dont il s'est servi pour les poèmes épiques, M. Ber-
ret a mis au creuset deux mythes: Le Satyre, et Pleine Mer, Plein Ciel,
et il en a « isolé » les éléments divers : la philosophie du moment,
amalgame de Pierre Leroux, Vacquerie, Jean Reynaud, Alexandre
Weill, Boucher de Perthes, et des livres de spiritisme en usage à
Guernesey; — de la mythologie bouffonne, inspirée par les parodies
à la mode d'Offenbach et Crémieux; — des réminiscences de Virgi-
le, d'André Chénier, de Diderot, de Shelley, du Lamartine de la Chute
d'un ange qui lui fut un grand pourvoyeur d'idées; — et des emprunts
très directs à un journaliste, ami de la maison, Barrillot, poète ori-
ginal et de peu de succès, donc pillable à merci, et dont les épopées
sur le progrès et les cantates sur la navigation aérienne étaient illus-
trées aux yeux du visionnaire et grand descriptif par un recueil de
gravures sur les ballons de l'avenir... Et tout cela, je le répète, est
de bon travail, de bonne justice — et de joyeuse hygiène.
Gabriel Audiat.
Ii« Iiittératur« patriotique en Allemagne, l$iOO-f9l5,
par G. Gkomaire. Paris, Colin, 1911, in-18 de vii-30o p. — Prix : 3 fr. 50.
M. Gromaire vient d'étudier un mouvement littéraire qui déter-
mina la politique et jusqu'à un certain point les destinées de l'Al-
lemagne moderne, je veux dire la littérature patriotique qui suscita
et accompagna le relèvement du peuple allemand au commencement
de ce siècle de 1800 à 1815. L'auteur montre d'abord que ce mou-
vement n'est pas né précisément à l'aurore du xix^ sifcîe:une période
littéraire ne naît pas tout équipée, elle a d'obscurs avant-coureurs
qui préparent le chemin. C'est ainsi qu'au xviii^ siècle déjà, les
Gleira,les Kleist,^Klopstock surtout,^cn célébrant l'ancienne Ger-
manie, contribuent à faire naître le sentiment patriotique. Lessing,
— 235 —
en déclarant une guerre acharnée au goût français, fut un des
éducateurs de ce sentiment, bien qu'un jour il ait écrit : « Je n'ai
aucune idée de ce que peut être l'amour de" la patrie. » Gœthe,
rOlympien, qui se trouvait très bien dans son pâté de Weimar, à
part certain jour, où son duc était menacé,'' pratiquait une hau-
taine indifférence. Scliiller, l'exalté, veut au contraire le triomphe
politique de son pays par la grandeur littéraire, et parle avec mépris
« des trésors sans vie de la Grande-Bretagne et du clinquant de la
Gaule. « Ainsi le xviii^ siècle léguait au xix^ l'orgueil de la culture
allemande. Le romantisme avec les Schlegel, les i\rnim, les Brentano
et les Gorres, joint au patriotisme littéraire le patriotisme politique.
On a senti dès lors que la personnalité intellectuelle était liée au
maintien de l'indépendance et la guerre devient inévitable contre
l'étranger, contre l'envahisseur. Après Téna, le cri de guerre est poussé
par un philosophe; on sait, en effet, quel retentisfement eurent les
discours de Fichte à la nation allemande, prononcés en 1808, d'une
éloquence parfois brillante, mais souvent fumeuse et obscure. A la
voix de Fichte surgirent les poètes soldats : Amdt, Lamotte-Fou-
qué, Kleist, Max Schenkendorf, K orner et Riickert: avec eux, la poésie
patriotique prend une allure guerrière et rappelle les strophes enflam-
mées des Callinos et des Tyrtée. M. Gromaire, dans quelques chapi-
tres vivement écrits et mêlés de citations caractéristiques, retrace
le tableau de cette poésie forte, enthousiaste et souvent haineuse.
Il s'arrête en 1815, mais reconnaît que cette étude pourrait être
poursuivie avec intérêt jusqu'en 1870, et même jusqu'à nos jours, et
nous espérons bien qu'il l'achèvera lui-même dans un second volume.
S'il m'était permis d'exprimer un désir personnel, je souhaiterais
que l'auteur donnât en note le texte allemand de ses plus belles cita-
tions; au risque de grossir un peu son volume : ce serait pour nos élè-
ves un recueil nouveau et intéressant, une sorte de complément de
sa Deutsche Lyrik. Oserai-je signaler à M. Gromaire un léger oubli?
A la page 46, le texte porte : « als wir Husaren im Feld ». la traduc-
tion donne : « que nous autres, hussards, dans les champs » : n'est-ce
pas plutôt « hussards en campagne » qu'il faudrait lire ?
L. Mensch.
©«•Ifroy CTliancer [Les Grands Écrivains étrangers], par EmiLB LbgoUIS.
Paris, Bloud, 1910, in..l6 de vii-261 p. — Prix : 2 fr. 50.
Après avoir dirigé et enrichi d'une bonne Préface la récente tra-
duction collective des Contes de Cantorbéry, M. Legouis nous donne
aujourd'hui sur le célèbre auteur de ces contes'"un volume substan-
tiel et très neuf. A'^nos^maigres' et'incertaines connaissances''sur la
vie du~poète, au relevé des sources de ses ouvrages,''!! lui était im-
— 236 —
possible ou du moins fort difficile d'ajouter beaucoup; ce sont là
matière d'explorations très spéciales et trop souvent infructueuses;
mais des documents et des faits connus est tiré ici un très vivant
portrait de Ghaucer, portrait assurément conjectural en partie, mais
où toutes les conjectures sont d'un esprit sagace et présentent le
plus haut dei^ré de vraisemblance. L'étude littéraire fait, du reste, le
principal du livre, étude d'abord de la formation poétique de Chaucer,
laquelle apparaît plus française encore qu'on ne l'a montrée jusqu'ici :
«Chaucer n'a pas eu, comme on dit, une période française. Ilest français
toujours... C'est son esprit même qui est français comme son nom.
Il descend en droite ligne de nos trouvères et il a tout d'eux, sauf la
langue. » Démonstration abondante est fournie de cette opi-.i.ion et
l'on ne pourra plus désormais accepter que fort amendée la théorie
courante des trois périodes successives (française, italienne, anglaise)
du génie de Chaucer. Œuvres lyriques, œuvres allégoriques sont en-
suite passées en revue par M. I^egouis, qui s'étend davantage sur
Troïlns et Criseyde, poème qu'il étudie de très près et sur lequel il
fait un peu plus de réserves que n'en avait fait M. Jusserand
dans un chapitre bien connu de son Histoire littéraire du peuple
anglais. Anx Contes de Caniorbén/ est enfin consacrée toute une moitié
du volume et la proportion n'est que juste. Une analyse détaillée de
ces contes paraissant nécessaire, la difficulté était d'échapper à la
sécheresse ordinaire des résumés, mais cette difficulté a^été fort
habilement vaincue : ces abrégés, coupés d'extraits, sont souvent
presque aussi vivants et aussi pittoresques que le sont les pièces de
Shakespeare abrégées par Lamb. Successivement, nous sont donc
narrées dans leur apparent et savant désordre ces deux douzaines
d'histoires chevaleresques ou satiriques, dévotes ou bouffonne*,
morales ou licencieuses (licencieuses assez souvent, car les théories et
l'esprit en sont en somme d'ordinaire ceux de nos fabliaux; et M. Le-
gouis, exhibant son auteur tel qu'il est, ne l'a expurgé ni dansl'analyse
qu'il en fait, ni dans les spécimens qu'il en donne). De nombreux mor-
ceaux sont traduits en vers français, et ces traductions, de tout point
excellentes, valent par la souplesse alerte autant que par l'exactitude.
Enfin, Chaucer ayant été apprécié comme portraitiste, comme metteur
en scène de ses personnages, comme narrateur, comme écrivain, la
conclusion fait ressortir ce qui fait, avec le génie poétique, aa grande
originahté* parmi les auteurs de son temps : curiosité et observation
sympathique des gens et des choses, goût et faculté de voir ce qui
est et de le peindre tel qu'il est. Aussi agréable de forme que solide
de fond, ce petit volume est sans doute ce qui s'est écrit jusqu'ici de
plus pénétrant, et, dans sa brièveté relative, de plus complet sur
l'homme qu'on appelle, non sans raison, le père de la poésie an-
glaise, A. Barbeau.
— 237 —
IVlichel louriévitch Ijermontoir. S>a Wie et ses oeiiYreis,
par E. DuGHESNB. Paris, Plon-Nuurrit, lyio, in-8 de ni-378 p. — Prix:
7 fr. 50.
Ce livre est une thèse de doctorat et serait pour détourner de ce
genre de littér .turc si beaucoup de thèses ressemblent h celle-là.
Aucun amour, aucun autre sentiment marqué, aucune vue person-
nelle à exprimer n'a apparemment déterminé l'auteur à s'occuper de
Lermontov. Dans la" nécessité où il était d'écrire une « thèse », il
semble n'avoir choisi cet admirable poète que pour profiter d'un
« sujet » qui s'offrait ou qu'on lui indiquait. Ajoutez qu'appliqué
sans doute à se mettre à l'abri des objections de ses examinateurs,
le « candidat » ne s'est jamais aventuré à exprimer sans restrictions
une opinion qui soit à lui. 11 n'exprime, avec une extrême prudence,
que des demi-opinions. Soigneusement informé comme il convenait
de tout (ou de presque tout) ce qu'on écrivit avant lui sur Lermon-
tov, ]\L Duchesne s'en est souvenu de façon excessive. Sa marche
en a été appesantie et est devenue pénible. L'auteur paraît ne faiie
aucun pas sans béquilles, s'appuyant à droite sur un critique russe,
et à gauche sur un autre critique. Vraiment on n'aperçoit, dans
toute cette étude, rien qui appartienne en propre à notre compa-
triote qu'environ six pages; elles se trouvent dans un des chapitres,
très développés, qui ont trait aux influences, plus ou moins avérées,
subies par le poète russe. Par quelques rapprochements l'auteur
établit que Lermontov connaissait Victor Hugo mieux qu'on ne s'en
était avisé. Il avait retenu quelques images des Orientales et quelque
chose du romantisme de Han d' Islande et de Notre-Dame de Paris.
A côté des grandes influences de Byron, d'Auguste Barbier, de. Pouch-
kine, c'est un nom à ajouter à tous ceux que M. Duchesne fait
défiler sous les yeux de ses lecteurs, de Gœthe à H. Heine, de Sha-
kespeare à Ossian et à W. Scott, et de Chateaubriand à Alfred de
Musset. Une critique grave à adresser à M. Duchesne est la façon
dont sont traduits les passages qu'il cite dans ses analyses, presque
interminables, des diver.'^^es œuvres de Lermontov. L'auteur, par un
procédé discutable et peut-être illicite, prend tout simplement des
traductions publiées et y introduit, sans les indiquer par aucune
disposition typographique, les changements qu'il juge nécessaires.
Il fallait se donner la peine de traduire soi-même (et comni' nt ne
pas en avoir le désir?) d'autant plus que les traductions qu'emploie
M. Duchesne et qu'il a le tort de qualifier d' « excellentes », —
plusieurs traductions, notamment de M. Louis Léger, à qui la thèse
est dédiée, • — d'autant plus, dis-je, que ces traductions sont extrê-
mement faibles. Elles sont gauches, si veules et si plates, que souvent
on se demande malgré soi, avec colère, si le traducteur auquel recourt
.^ 238 — ;
cumiilaisanuncjit M. Duchesne a compris, non point les mots, mais
les sentiments du poète. Nous ne pouvons malheureusement pas insis-
ter; une citation donnera idée du galimatias double auquel arrivent, en
s'unissant, le professeur et l'élève : « Et notre poussière, appréciée
avec la sévérité d'un juge et d'un citoyen, sera flétrie par la postérité
d'un vers méprisant, avec l'ironie amère d'un fils déçu qui accuse un
père prodigue. » (p. 63). Cette phraséologie gélatineuse doit corres-
pondre, le croira- t-on, à une fin de poème pleine de force et de
feu ! Que pensera-t-on aussi de cette petite phrase : « Je bourrai à
fond ma cartouche » (p. 101), quand on apprendra qu'il s'agit, en
l'espèce, non point d'un chasseur préparant des munitions, mais d'un
artilleur de 1812 qui charge son canon pendant le combat ! Nous
aurions du reste beaucoup à dire sur l'écriture de M. Duchesne
lorsqu'il exprime quelque chose de son crû. Nos critiques, que nous
arrêtons, ne doivent pas nous empêcher de rendre hemmage à son
effort. Son livre est le premier travail d'ensemble fait sur Lermontov;
à ce titre, il sera pris t n considération, et sans doute par les Russes
eux-mêmes. C'est avec une satisfaction très réelle que l'on voit des
Français aborder l'étude de la littérature russe; le temps approche
enfin, croyons-nous, où nos compatriotes nous fourniront eux mêmes
les renseignements de tout ordre dont nous avons besoin sur la Rus-
sie, pourrons-nous bien ne plus être tributaires en cela des Polonais,
— qui voient les choses russes avec une partialité nationale, et avec
des yeux qui ont à s'instruire comme les nôtres, — ou des Russes,
soit authentiques soit peu orthodoxes, qui nous content ce qu'ils
croient juste... ou ce qu'ils veulent ! Denis Roche.
HISTOIRE
Mizraïm. Souvenirs d'Itgypte, par Godkfroid Kurth. Bruxelles,
Dewil, 1912, iii-18 de 378-ii p. — Prix : i l'r. 50.
Après tant d'œuvres remarquables consacrées au moyen âge, le
grand historien belge a voulu, à son tour, étudier sur place la plus
ancieime civilisation, celle d'où sont sorties toutes nos conceptions
morales et religieuses. Son livre pourrait s'appeler « Pèlerinage d'un
chrétien au pays d'Osiris. » Partout et toujours, ce sont les hautes
pensées de la religion chrétienne qui le dominent en cours de route :
en Italie et en mer, comme sur la terre des Pharaons. A la lecture
des conseils pratiques et terre à terre de Phtahotep à son fils, ceux
de saint Louis à sa fille Isabelle de Franco chantent dans sa mé-
moire. Je crains même que la comparaison avec les progrès moraux
accomplis depuis la venue du Clirist ne l'aient rendu injuste pour
ceux que les Grecs et les Juifs eux-mêmes appelaient : les sages
— 239 —
d'Egypte. S'ils ont divinisé des animaux, si ces grands édifices ont
été construits au prix d'innombrables vies humaines, ces hommes
ont les premiers conçu l'immortalité de l'âme, la justice divine s' exer-
çant sur elle, et rédigé cette admirable confession du mort devant les
quarante-deux dieux juges : « Je n'ai pts tourmenté la veuve, je n'ai
pas desservi l'esclave auprès de son maitic, je n'ai pas affamé; je
n'ai pas fait pleurer. » La pensée éiyptiennc était presque chrétienne
avant le Christ; aussi l'Egypte chrétienne avec les saints de la Thé-
baïde, ses moines innombrables, fils et successeurs des reclus du
Sérapéum, ses grands docteurs, Clémtnt d'Alexandrie, Origène,
Athanase, a-t-elle été le plus beau fleuron de l'Eglise universelle.
Tout cela ne doit-il pas nous porter à l'indulgence? Si l'auteur éprouve
d'involontaires mouvements de révolte dès qu'il entre en contact avec
l'islam, s'il se sent des sentiments de fils des croisés en face des fils des
Sarrasins, il est définitivement conquis dès qu'il arrive vers Thébes;
il ne dissimule pas l'émotion profonde qu'il éprouve devant l'immen-
sité de Karnak, surtout ayant pour guide notre si aimable et si
savant compatriote, Georges Legrain. F. de Villenoisy.
Iloinmes et cltoses tSe l'ancienne Rome, par R. Pighon. Paris,
Fonlemoiu^, 1911, in-16 de vu- 357 p. — Prix : S fr. 50.
t
C'est un recueil de six études parues dans la Revue des Deux Mon-
des et le Journal des savants ou données en conférences au MuKce
Guimet que nous offre sous ce titie le distingué latiniste. On les lira,
ou on les relira avec plaisir sous ce nouvel aspect. Touchant à toutes
les époques de l'histoire romaine, depuis la légende d'Hercule et de
ses bœufs dérobés par Cacus, jusqu'aux polémiques de saint Jé-
rôme, en passant par Sénèque et Néron, à peine avons-nous besoin
de dire qu'on y trouvera quantité de vues ingénieuses, d'idées renou-
velées, rajeunies ou modifiées, soit par des études nouvelles, soit par
les récentes théories sur les religions anciennes. Nous signalerons
tout particulièrement les excellentes pages consacrées par M. Pichon
à ce maître auquel il fait si grand honneur, M. Gaston Boissier, et
de l'œuvre de qui il est aujourd'hui l'un des meilleurs continua-
teurs. A. B.
La H\e privée au temps^ des premiers Capétiens, par Alfkbd
Franklin. 1" éd. Pans, Émile-Paul, 1911, 2 vol. petit iu-8 de xxxii-34'< et
xv-392 p. - Prix : 10 fr.
Faire connaître par le menu la vie de nos ancêtres est une
œuvre nécessitant de longues et patientes recherches. Dans les
chroniques, nous trouvons la suite des principaux événements qui
- 240
agitèrent le monde; mais rarement elles nous apprennent comment
vivaient les contemporains de ces événements. 11 est donc nécessaire
(le s'adresser souvent à d'autres sources qu'aux chroniques pour
nous faire une idée de cett-e vie. Les comptes, les inventaires, les sta-
tuts des métiers, les poèmes satiriques, les œuvres des moralistes,
les traités de médecine, etc., voilà les principaux travaux auxquels
puisa M. Franklin pour composer ces deux volumes dont il donne
aujourd'hui une seconde édition. 'Ces volumes seront intéressants à
consulter non seulement pour les érudits qui y trouveront beau-
coup de renseignements utiles à glaner, mais aussi pour toute
personne instruite qui voudra connaître la société et les usages
du moyen âge. Tout en effet est passé en revue dans ces volumes :
l'Église avec ses fêtes, ses cérémonies et son influence morale et
charitable; le Roi, la Reine avec leur entourage, leur cour, leur person-
nel. On apprend dans les chapitres qui leur sont consacrés comment
vivaient nos premiers rois, comment ils étaient servis, comment ils
moururent et les cérémonies qui entourèrent leurs funérailles.
Après s'être occupé des rois et des reines, M. Franklin consacre
trois chapitres aux femmes, à leur coquetterie, à leurs costumes, à
leur vie, nous faisant connaître leurs bijoux, les étoffes dont elles se
revêtaient, leurs chapeaux, leurs fourrures, les menus objets dont
elles aimaient à s'entourer. L'éducation donnée aux enfants, les soins
qu'on leur prodiguait, leurs jouets et leurs j^ ux ne sont pas non plus
omis. On se figure souvent les siècles du moyen âge comme des
siècles d'ignorance et de superstition. Qu'on parcoure les chapitres
relatifs aux lettres, sciences et arts, et on se rendra compte que, si
les siècles passent, les charlatans restent et que le moyen âge connut,
comme notre siècle, de vrais savants, des artistes de premier ordre
et des professeurs qui savaient foimer et élever la jeunesse d'alors.
Après les chapitres consacrés à la médecine et à l'hygiène, M. Fran-
klin nous parle des repas, de la cuisine, des marchés, des épices, des
vins, puis de la domesticité, des meubles, des jeux des animaux que
l'on aimait avoir autour de soi, de la ménagerie du Roi, des co pora-
tions, des ateliers, ^es confréries, du commerce, des impôts, des
monnaies, etc. En somme, comme nous le disions au début de cet-
article, toutes les catégories de lecteurs parcourront ces deux volumes
avec intérêt et souvent avec grand profit. J. ^'IAKD.
lifs H auite et Bas«e Forestz <1e Ciiinon, des origine.«i au
XV1« 8i«cle, par Eugène Pépin. Pari-, Laveur, 1911, gr. in-8 de
233-xxv p. — Prix : 3 fr.
Ce livre, luxueusement édité, est une ceuvre de haute érudition.
C'est une « Étude de législation et d'histoire forestières, » mais spé-
— 241 —
ciale aux deux massifs boisés dont s'est composée (et se compose
encore aujourd'hui) la forêt de Chinon, du xii^ siècle au commence-
ment du XVII®. Antérieurement à une vieille charte de 1190, relevée
dans un cartulaire de l'archevêché de Tours, les textes font défaut.
Mais, à partir de cette date, M. Pépin a pu les retrouver en nombre,
les ayant pourchassés dans toutes les archives publiques ou privées
de la Touraine, dans' les bibliothèques, dans les ouvrages anciens
ou relativement récents, à toutes les sources enfin.
De la Haute Forêt, la plus considérable puisqu'elle est indiquée
comme ayant contenu 8.160 arpents, la Basse Forêt n'en ayant com-
pris que 1.760, l'histoire est assez compliquée. Elle a toujours été,
jusqu'à la Révolution, indivise entre l'archevêque de Tours, d'une
part, et, d'autre part, le roi d'Angleterre, en sa qualité de comte
d'Anjou vassal du roi de France, et ensuite le roi de France lui-
même, après la réunion du comté d'Anjou à la Couronne. Elle a
subi, durant cette longue période, en tant que propriété, les vicissi-
tudes les plus diverses dans son mode de jouissance. La Basse Forêt,
n'ayant jamais eu qu'un seul propriétaire — le comte de Chinon d'a-
bord et ensuite le roi de France — d'ailleurs « (compagnon de pariage »
de l'archevêque de Tours, a toujours été soumise au même régime.
L'exposé des procédés d'administration auxquels la forêt de Chinon
fut soumise offre un intérêt d'autant plus grand, que cette adminis-
tration et l'organisation de son personnel se rattachent à celles dos
autres forêts du royaume, variables, il est vrai, suivant chaque pro-
vince, mais ayant de nombreux points communs.
La vente et l'exploitation des coupes de bois, surtout l'exercice de
la chasse, la répression des délits, et les nombreuses questions qui
se rattachent à la jouissance, ne sont pas le résultat le moins inté-
ressant de la mise en œuvre des documents recueillis par l'auteur.
Un non moindre intérêt s'attache à la vaste et complexe questioji
des droits d'usage étudiée dans ses origines et dans l'évolution qu'ils
ont subie, dans les diverses catégories d'usagers, le tout suivi d'une
carte à grande échelle de la forêt, dressée en 1673. Ainsi se clôt la
quatrième et dernière partie de l'ouvrage.
Trois annexes le suivent, donnant ; (I). Les listes des « officiers des
eaux et forêts de Chinon et de Touraine »; (II). La bibliographie
d'histoire et de législation en matière forestière; (111). La biblio-
graphie spéciale à l'histoire de la forêt de Chinon. C. de Kirwan.
Hiatoire sociale des relîgioMS, par Maurice Vernes. I. Les Reli-
gions occidentales dans leur rapport cvtc le progrès politique et social. P&ris,
Giard et Brière, 1911, in-8 de 539 p. — Prix : 10 fr.
L'auteur a fait des efforts visibles pour être impartial, et je crois
Mars 1912. T. GXXlV. 16.
— 242 i—
qu'il l'a souvent été, dans cette longue enquête à travers l'histoire
des religions et des peuples de l'Occident. 11 se place fréquemment
à un point de vue rationaliste qui ne saurait être le nôtre; du moins
n'est-il pas du nombre de ceux, tels que Renan et son école, qu'il fus-
tige vigoureusrment au passage, qui, pour satisfaire leur rage de sec-
taires, non seulement sollicitent les textes, mais les mettent à la tor-
ture et les dénaturent à plaisir. M. Vernes, sauf erreur, appartient, de
naissance du moins, à la religion réformée, de là une préférence très
naturelle pour celle-ci, bien qu'il ne déguise nullement les abus d'au-
torité et autres fautes que l'on est en droit de reprocher aux Luther
et aux Calvin, sans parler des Henri VllI. Tout en faisant au chris-
tianisme, en général, sa part, sa large part dans l'amélioration mo-
rale des nations, il aurait pu insister davantage sur les institutions
hautement civilisatrices du catholicisme, au lieu d'appuyer sur des
excès commis en son nom, mais réprouvés par lui. Si les guerres de
religion qui ensanglantèrent l'Europe au xvi<^ siècle furent trop sou-
vent atroces, je ne sache pas que le protestantisme, sous ce rapport
du moins, ait quelque chose à envier au catholicisme. En tei minant
ces lignes, qui sont moins un compte rendu qu'une appréciation som-
maire, je tiens à dire que le lecteur trouvera dans cet ouvrage,
fortement documenté, plus d'une indication utile et plus d'une judi-
cieuse observation. A. Roussel.
Ijcs PhilOBoplsc« et In Société française au 1L¥1I1« fliéele,
par M. RùUsTAN. Paris, Ilachelte, 1911, in-16 de xi-391 p. — Prix : 3fr. 10.
La Révolution française est-elle l'œuvre des philosophes du
xviii^ siècle? L'esprit philosophique a-t-il créé l'esprit révolution-
naire? Nûn, disent certains auteurs comme M. Rocquain et M. Au-
bertin; il y avait un esprit révolutionnaire, alors que les philoso-
phes avaient à peine commencé à vivre et, en 1753, la Révolution
fut sur le point d'éclater. Oui, disent les autres, et la preuve, c'est
que la Révolution ne s'est pas faite en 1753, a éclaté en 1789,
après que les philosophes eurent pubhé leurs ouvrages; ce sont
eux qui, s'ils n'ont pas créé l'esprit révolutionnaire, l'ont déve-
loppé et ont amené l'explosion. M. Roustan qui, à l'inverse de
M. Faguet, partage cette dernière opinion, a examiné quelle a
été l'influence des philosophes sur les diiTérentes classes et les divers
organes de la société, sur la royauté, sur les favorites, sur la
noblesse, sur les magistrats, sur les financiers, sur les salons,
sur la liourgeoisie, sur le peuple. Louis XV n'aimait pas beaucoup
les philosophes, mais il les a servis par les scandales qu'il a donnés
et l'avilissement qu'il a infligé à la Royauté. Les -favorites —
jyjme de Pompadour notamment — protégeaient les philosophes, et les
.- 243 —
philosophes s'accommodaient fort bien d'abus où ils trouvaient leur
compte. La noblesse, la noblesse de cour surtout, se jeta à corps
perdu dans les nouvelles doctrines; la noblesse de province s'en
méfiait; mais elle était pauvre et avait peu d'influence. M. Rous-
tan — et nous ne saurions partager son avis — prétend que la
noblesse française, à l'inverse de la noblesse anglaise, était un
corps fermé; c'est une erreur, suivant nous : sans parler des fa-
miEes anoblies pour d'insignes services, comme les Colbert et les
Phélypeaux, un grand nombre de Français entraient dans la no-
blesse en achetant des charges qui la conféraient. Les magistrats
censuraient et condamnaient les philosophes en principe; mais, en
fait, ils les épargnaient et leurs grandes querelles avec le clergé
sur le jansénisme, l'expulsion des jésuites qui est leur œuvre, ont
plus que tout servi la cause philosophique. Les salons ont été les
principaux soutiens des Encyclopédistes; c'est là qu'ils ont parlé,
c'est par là que se sont propagés leurs écrits; ils y régnaient en
maîtres et c'est de là qu'ils envahissaient l'Académie. Quant au
peuple, nous ne croyons pas qu'il ait été à la fin du xviii^ siècle
aussi malheureux que le prétend l'auteur; le tableau qu'il trace
de la misère populaire, que nous ne voulons nullement nier, nous
parait poussé au noir, et l'on en trouverait la contre-partie dans
les travaux si documentés de M. Albert Babeau et de M. Arda-
scheff sur les Intendants sous le règne de Louis XVI. Mais le plus
curieux chapitre de ce volume est peut-être celui qui concerne
les rapports des philosophes avec les bourgeois; il y a là un por-
trait piquant de l'avocat Barbier, véritable type de bourgeois pari-
sien amoureux de son bien-être, passionné d'ordre matériel, dévoué
au Roi, mais un peu frondeur, un peu sceptique et adoptant, par
esprit d'opposition, des théories dont l'application emportera un
jour tout ce qu'il aime, comme ces riches capitalistes de notre temps
qui patronnent le socialisme dont ils seront les premières victimes.
Nous différerions d'opinion sur plus d'un point avec M. Roustan,
ne fût-ce que sur le zèle des philosophes et, en particuMer, de Vol-
taire pour l'instruction du peuple; mais nous reconnaissons l'inté-
rêt et le mérite de son œuvre qui révèle une étude approfondie
du sujet; l'auteur a eu le mérite et le courage bien rares de lire
ou tout au moins de parcourir les gros in-folios de l'Encyclopédie
dont il fait de fréquentes citations. Mais nous voudrions qu'il
donnât de plus nombreuses références sur ces citations en indiquant
les volumes et les pages. Nous savons que depuis quelque temps
on a abusé des notes, mais il n'y en a pas une seule dans ce livre;
c'est vraiment trop peu. Ma.x. de la. Rochkterie.
— 244 -
lies Impôts iiirerts «ous rancîeii régime, principalement
nu XVllI® siècle, -par Marcel Makion. Paris, Coraely, 1910, gr. iu-8
de m p. — Prix : 12 fr.
Le livre de M. Marion inaugure de la manière la plus heureuse la
Collection de textes sur l'histoire des institutions et des services publics
de la France moderne et contemporaine, publiée sous la direction de
M. Camille Bloch, et je m'excuse auprès des lecteurs du Polybiblion
d'avoir mis quelque retard à le leur présenter. C'est un excellent guide
qui rendra service à tous ceux qui voudront étudier le fonctionne-
ment des impôts directs à la fin de l'ancien régime, et dans lequel
on trouvera déjà tous les textes essentiels et les documents les plus
importants sur la matière. L'ouvrage comprend deux parties, d'iné-
gale étendue : d'abord une Introduction (p. 1 à 123), et ensuite le
Recueil de textes (p. 125 à 416). L'Introduction, nourrie et condensée,
expose à grands traits l'histoire des principaux impôts directs à la
fin du xvii^ et au xviii® siècle : la taille, — la capitation, — le
dixième, le cinquajitième et les vingtièmes, • — l'impôt remplaçant
la corvée. On aurait peut-être souhaité un peu moins de brièveté sur
l'histoire de la taille royale avant le dix-huitième siècle, notamment
au dix-septième; M. Marion la suppose connue et renvoie, d'ailleurs
(p. 431), à l'étude de M. Callery, qu'il trouve cependant trop opti-
miste. Peut-être encourt-il parfois lui-même le reproche opposé, en
poussant un peu trop au noir le tableau (par ex., p. 8 : « passer
pour indigent était le seul moyen de ne pas le devenir effective-
ment »). Mais ce sont là de petites chicanes, sur lesquelles il y aurait
mauvaise grâce à insister; et cette Introduction, avec ses références
aux documents publiés dans la seconde partie de l'ouvrage, constitue
un résumé clair et substantiel de l'histoire des impôts directs à partir
de Louis XIV.
Dans le Recueil de textes (p. 125 et s.) ont été réunis, sur chacun
des impôts en question, d'une part les actes du pouvoir souverain
(édits, déclarations, arrêts du Conseil), d'autre part, des extraits des
correspondances administratives auxquelles ils ont donné lieu, des
extraits des mémoires et rapports des assemblées provinciales, ainsi
que des remontrances des cours souveraines, et enfin quelques pages
d'auteurs du dix-huitième siècle. Cet ensemble de documents bien
choisis, rassemblés en un volume facile à consulter, forme déjà une
mine précieuse : plus de la moitié étaient inédits. Mais ce qui sera
peut-être encore plus précieux pour les travailleurs, c'est la bibho-
graphie qui le complète (p. 421 à 432) : ils y trouveront l'indica-
tion détaillée des fonds d'archives à consulter, et la liste des princi-
paux ouvrages imprimés, tant anciens que modernes, sur ces matières.
On voit par ce simple sommaire quels services cet ouvrage est
-- 245
appelé à rendre, et l'intérêt qu'il présente à lui seul pour le lecteur
qui s'en tiendra à son contenu. On ne pouvait, du reste, trouver de
n)eilleur guide, en pareille étude, que l'auteur de l'Impôt sur le
revenu au xyiii^ siècle; et on relèvera, dans ce nouveau volume, bien
des traits qui donnent à réfléchir. André Lemaire.
La Ciiiinde Peur de fSSO, par Edouard Forbstié. Moniauban,
Masson, l'MI, in-8 de xv-201 p. — Prix : 4 fr.
Quelques semaines après la prise de la Bastille, dans les derniers
jours de juillet ou les premiers jours d'août, une extraordinaire
panique se répandit dans toute la France. Les bruits les plus ef-
frayants et les plus étranges circulaient, variant un peu suivant les
contrées, mais annonçant un même fait et provoquant une même
terreur : le pays était envahi. Dans l'est et le nord, c'étaient
les troupes impériales; dans la Bretagne et les pays maritimes,
c'étaient les Anglais; dans le centre et le midi, c'étaient des bri-
gands, dont on ne disait pas l'origine, mais qui brûlaient les ré-
coltes, pillaient les maisons, massacraient les habitants. En quel-
ques endroits, c'était le comte d'Artois qui, à la tête de 16.000
hommes, venait opérer une sanglante contre-révolution. Des agents
mystérieux, qui apparaissaient comme un éclair et disparaissaient
comme une ombre, passaient dans tous les villages, colportant ces
nouvelles et propageant la terreur. Les femmes s'enfuyaient, emme-
nant leurs enfants ; les vieillards se cachaient ; les hommes valides
s'armaient de piques, de faux, de fusils, quand ils en trouvaient,
faisaient des patrouilles, partaient en reconnaissance, ne décou-
vraient naturellement rien puisqu'il n'y avait rien,, et, déçus, se
jetaient souvent sur les châteaux qu'ils incendiaient, et égorgeaient
les seigneurs. Partout, les autorités constituaient des comités de
vigilance et des gardes civiques pour maintenir l'ordre et se défen-
dre contre ces ennemis imaginaires. C'est ce qu'on a appelé la
«Grande Peur, ;> qui a régné d'un bout de la France à l'autre, au
même moment et dans les mêmes conditions. Un érudit de Mon-
iauban, lauréat do l'Institut, fouilleur habile, connu par nombre
de brochures et d'cuvrages, fruit de patientes et heureuses recher-
ches, a réuni dans ce volume tout ce qu'il a pu trouver dans toutes
les parties de la France, au nord, au centre, dans Test, dans
l'ouest et, plus spécialement, dans le midi, sur cet émouvant sujet,
dont le savant historien qu'est M. Funck-Brentano a pu écrire :
I' «La Grande Peur est un événement de la plus haute impor-
tance et peut-être le plus important de la Révolution ». Le conscien-
cieux travail de M. Forestié prouve la vérité de l'aphorisme de M.
V — 246 —
F'JTick-Brentano, et établit l'existence manifeste d'un complot préparé
d'avance et qui éclata tout d'un coup, sur tous les point<^ du p^ys,
avec une spontanéité et une simultanéité foudroyantes. Oa a voulu
avoir partout et en même temps une organisation révolutionnaire
qui pût contrebalancer et remplacer l'organisation régulière et of-
ficielle, substituer les gardes nationales à l'armée royale. La
prise de la Bastille avait fait éclore cette organisation dans les
villes; la grande peur la fit éclore dans les campagnes. Mais qui
lança le mot d'ordre et envoya les émissaires? Est-ce Mirabeau,
Sicyès, Talleyrand, le duc d'Orléans? On les en a tous accusés tour
à tour, et il est bien possible qu'ils aient tous leur part de respon-
sabilité dans le complot. Mais M. Forestié incrimine plus encore
la franc-maçonnerie"; il cite, à l'appui de son opinion, certain passage
d'un ouvrage publié en 1797 par un bomme très mêlé au mouve-
ment révolutionnaire du midi, Sourdac, et il faut bien avouer que
ce passage est singulièrement suggestif.
A la fin de la belle Préface qu'il a mise en tête du livre de
M. Forestié, M. le baron de Batz a exprimé le souhait que les
nombreux articles publiés par l'auteur sur les Déhuis de la Révo-
lution dans le sud-ouest de la France soient bientôt réunis en vo-
lume. Malheureusement, M. Forestié est mort tout derniè-
rement, et ce voou risque fort de n'être pas réalisé.
Max. de la Rochsterie.
Ij» Fin d'un régime. !Tlontl>^linril, Bcifort et la II»ute-
.^Isace au itéltiit delà Révolution française, 17^9-1 793,
par LÉON Sahler. Paris, Champion, 1911, in-8 de 212 p., avec 4 planches.
— Prix : 6 fr.
Quelque vingt années avant les premiers éclats de la Révolution
française était venu s'installer dans le pays de Montbéliard le prince
Frédéric-Eugène de Wurtemberg qui, moyennant finances, avait
obtenu de son frère, le duc régnant de Wurtemberg, sa nomination en
qualité de stathouder de Montbéliard. Il y menait une vie agn'abl
et facile, tout occupé à faire le bonheur de gens qu'il aimait et d'un
pays qui lui plaisait, résidant tantôt dans la petite capitale de
la principauté, tantôt dans son château d'Étupes, à peine éloi-
gné d'une lieue et construit par ses soins.
Mais bientôt les troubles que la Révolulion à ses débuts suscita
partout >n France et spécialement en Franche-Comté et en Alsace,
provinces qui encerclaient ce petit pays, eurent leur répercussion à
Montbéliard non point du fait des habitants, mais de celui des voi-
sins français. Comtois et Alsaciens. Si bien que, après avoir réclamé
beaucoup et récriminé un peu tant à Paris qu'à Belfort et à Besan-
— 247 —
çon, lo princo Frédéric-Eugène dut quitter ses chères résidences et se
retirer à Bâle.
Ces pauvres Montbéliardais, dont la destinée était liée depuis près
de quatre siècles à celle du Wurtemberg, eurent alors à supporter
les pires ennuis. Toujours menacés par la France, molestés aux fron-
tières par les autorités qui les ruinaient en entravant leur commerce
et même en l'empêchant totalement, c'est en vain qu'ils adressèrent
des plaintes de tous côtés. La surdité était générale, ou à peu près.
Puis un jour (septembre 1792), les Belfortains organisèrent contre
Monthéliard une expédition d'opéra-bouffe, qui n'en réussit pas moins :
la ville se rendit sans combat. Mais les « vainqueurs «, qui n'avaient
pas brûlé une seule cartouche, furent désavoués et durent abandonner
leur conquête. Un peu plus tard (10 avril 1793), le général Després-
Crassier, avGC 216 hommes, renouvela cet exploit; toutefois, le soir
même de son arrivée, il se retirait, laissant au château quatre gendar-
mes en guise de garnison.
JNIontbéliard ne devait rentrer sérieusement et définitivement
dans la grande unité française que le 10 octobre 1793, quand le con-
ventionnel Bernard de Saintes dit Pioche- For v:nt en prendre pos-
session « au nom de la République française une et indivisible. «
M. Léon Sabler nous raconte toute cette histoire de façon très inté-
ressante et très vivante. Son travail, qui se termine par un Index
alphabétique fort utile, est d'ailleurs appuyé d'importants docu-
ments, tels que le Journal du comte du Lau, gouverneur de Belfort
(p. 128-158), de Lettres relatives à la réunion de Mulhouse à la France
(p. 159-180) et de treize autres pièces justificatives d'envergure
moindre. Les deux portraits hors texte et les deux autres planches
typiques qui ornent cet ouvrage ont été remarquablement exécutés.
E.-A. Chapuis.
IVoiiveaux Rérite des temps révoliitioiiRairesi, â'.iprèx des
documents innlil^, par Rrnbst Daudbt. Paris, Haclielte, 1910, in-16 de
vii-273 p. — Prix : 3 fr. oO.
Ce titre est-il bien exact et convient-il de l'appliquer à des faits
qui, pour la plupart, se sont passés sous l'Empire et la Restaura-
tion? La période révolutionnaire n'était-elle pas déjà close? Non,
répond l'auteur. « Les événements tragiques qu'elle vit s'accomplir
durant les années qui suivirent la prise de la Bastille ont laissé
dans ce pays des traces si profondes; nous subissons toujours si
vivement leur influence et, enfin, ceux de nos jours, quand on en
étudie les origines, les causes, le caractère, s'y rattachent si visi-
blement qu'il n'est pas téméraire de prétendre que le cycle révolu-
tionnaire ouvert, il yT'a cent trente ans, n'est pas encore fermé ».
— 248 —
Et ce qui se passe tous les jours sous nos yeux nous démontre
trop que l'auteur a pleinement raison.
Quoi qu'il en soit, ces nouveaux récits des temps révolutionriài-
res sont, comme toutes les œuvres de M. Daudet, très intéressants
et remplis de détails inédits. Qui connaissait en France cette exquise
impératrice Elisabeth de Russie dont le grand- duc Nicolas Mikhaï-
lovitch a réuni et publié la volumineuse correspondance, femme
si charmante et si chrétienne qui, délaissée par son mari, l'empereur
Alexandre, lui resta toujours fidèle et dévouée avec des délica-
tesses de sentiments incomparables?
Quelles amusantes révélations sur les dessous du congrès d'Aix-
la-Chapelle, empruntées à des rapports d'agents secrets, attachan-
tes peintures de ces princes et de ces diplomates réunis autour
de la table du congrès, parmi lesquels se détache, avec un admira-
ble relief de désintéressement et de patriotisme, la grande figure
du duc de Richelieu! Et, avant le congrès d'Aix-la-Chapelle, voici
les grands desseins de ce vieux roi, dont la fermeté et l'autorité,
grandies par l'épreuve, sauvèrent la France du démembrement.
On conçoit qu'il ait suscité des dévouements comme celui du che-
valier de Gouault, si tragiquement fusillé à Troyes en 1814.
Mais le plus piquant peut-être de tous ces récits, en tout cas le
moins connu, c'est l'Odyssée d'une aventurière. Étrange odyssée en
effet que celle de cette Madame Riflon, fille d'un équarisseur de
Bourges, qui débarque tout d'un coup, on ne sait pourquoi, à
Madrid, trouve moyen de capter la confiance à la fois du repré-
sentant des Bourbons, le duc d'Havre, de l'ambassadeur de la Rén
publique, Pérignon, et du ministre du roi d'Espagne, le prince de
la Paix; qui reparaît ensuite en Allemagne et en Russie sous le
nom de M"^*^ de Nembaud, puis de M"^^ de Bonneuil, voit le comte
d'Avaray, le comte de Car aman, agent du comte de Provence à
Saint-Pétersbourg, le général de Beurnonville, ambassadeur de
France à Berlin, le comte Rostopchine, ministre du Czar; est bien
reçue partout et prise au sérieux par les plus grands personnages.
Seul, Louis XVIII flaire l'intrigue et refuse de recevoir l'aventu-
rière. Puis elle disparaît et l'on ne sait ce qu'elle devient. Espé-
rons que de nouvelles recherches révéleront à M. Daudet, si patient
dojns ses investigations et si heureux dans ses découvertes, la fin
véritable de l'odyssée. Max. de la. Rocheterie.
mMalre de l« y^Uerre de Vendée, par le chanoine Dsniaù, Dom
Chamard et l'abbe Uzurbau. T. V et Vi. Angers, Siraudeau, s. d.,2T0l.
gr. iQ-8 de 821 et 823 p., avec cartes. — Prix: 15 fr.
L'éditeur Siraudeau vient de donner au public les derniers rolumei
^ 249 —
de la grande Histoire de la guerre de Vendée^ de l'abbé Deniau, revisée et
mise àjourpar Dom Chamard etM. l'abbé Uzureau.C'estl'histoiredes
derniers épisodes de la Grande ("merre, on pourrait presque dire do
l'agonie de la Vendée. Quand s'ouvre le cinquième volume, deux des
glorieux chefs de la première lieure restent seuls en armes : Charetto
et StolTlet; mais ces armes, ils sont sur le point de les déposer : à bout
de forces, ils signent, avec les représentants délégués de la Conven-
tion, le traité de la Jaunaye. Y eut-il, à ce traité, des articles secrets,
stipulant la délivrance de Louis XVII et le rétablissement de la
Royauté? Au milieu de tous les témoignages contradictoires, l'auteur
semble croire qu'il y eut bien des pourparlers, aucun engagement écrit,
mais des promesses vagues, donnant, suivant îe mot de Napoléon,
« une juste idée de l'habileté des négociateurs républicains et de la
crédulité des négociateurs vendéens » et qui ne furent, bien entendu,
jamais suivies d'effet. La paix d'ailleurs ne devait et ne pouvait pas
durer longtemps.Les conflits ne tardèrent pas à se produire et la guerre
reprit pour aboutir promptement àladéroutedes Vendéens et à la mort
de Stofflet et deCharette, fusillé dans cette ville de Nantes, où il était
entré en triomphateur quelques mois auparavant. t*acifiée par Hoche,
puis par Ilédouville, la Vendée,épuisée, à laquelle on avait rendu ses
prêtres et l'exercice du culte, n'eut que quelques escarmouches par-
tielles sous le Directoire et le Consulat et resta complètement tranquille
sous l'Empire. Aux Cent Jours elle reprit les armes, à l'appel de Louis
de la Rochejacquelein; mais ce dernier fut tué au combat des Mathes et
la défaite de Napoléon à Waterloo mit fin au soulèvement. La Restau-
ration à son début ne fit pas grand'chose pouT* la Vendée. Préoccupé
de ralliera sa couronne 1 s anciens révolutionnaires convertis,
Louis XVIII oublia un peu ceux qui l'avaient fidèlement servi pen-
dant les jours d'exil. Certaines mesures, certaines nominations les
froissèrent, et lorsque, après la révolution de Juillet, la duchesse de
Berry vint chercher en Vendée des défenseurs pour le trône de son fils,
elle n'en trouva qu'un petit nombre. La prised'armes de 1 ~'32, mal orga-
nisée et insuffisamment préparée, aboutit à l'héroïque défense de la
Pénissière et à la captivité de la princesse livrée par Deutz.
Ici naturellement s'arrête l'œuvre de l'abbé Den'au, œuvre magis-
trale dont les recherches du curé de Saint-Macaire, de Dom Chamard
et de M. l'abbé Uzureau, appuyées sur des documents récents ou iné-
dits, ont fait une œuvre absolument nouvelle, enrichie de curieuses
illustrations et complétée par une carte générale du théâtre de la
guerre et des cartes des principaux champs de bataille.
Max. de la Rocheterie.
— 250 —
IVu|»oléon et rRlirn.te. Austerlitz. fja Fin «lu Saint-
Empire (t^O 1-1 1^06). par ÉDOUAKD Driault. Paris, Alcan, 1912,
in-S de 492 p. — Prix : 7 fr.
IVapoléon et l'Europe. lia B'oliticiue extérieure de ]V.<«po-
léoei I^', d'après les iravaUx récents, par le inèiiie. Paris, Leroux, 1911,
in-8 (16 44 p. (Extrait des Annales révolutio7inai7-'!s, jiiillel-soptembre 1911).
lies Itrulots aiifflaiiii en rnclo de l'île d'Aix (1)409), par
J. SiLVKSTRE. P.iris, Savaète. 1912, in-8 de xv-2o2 p. — Prix : 3 fr. 50.
IVapoléon et les Invalide»^, par le général Niox. Paris, Delagrave,
s. d., gr. in-4 de 152 p., avec iiii frontispice et 40 pi. — Prix : 30 Ir.
Kinéraire général de Napoléon I'^^ par Albert Schubrm\ns.
2' édition. Piiris, Jouve, 1911, gr. in-8 de xi-464 p. — Prit : 7 fr. 50.
IKiblio^rapliie du temps de IVapoléon, eomprenânt l'Iiis-
toire des États-Uni.^, par Frédbkic-M. Kirgheisbn. II. Première
partie. I\'apoléon et sa Famille. Mémoires, correspondances, biographies-
Paris;, Champion; Genève, Kircbeisen ; Londres, S. Low, Marstoo, l912i
gr. in-8 de 208 p. - Prix : 10 fr.
Ilîbliographle napoléonienne française jusqu'en 190S,
par Gustave Davois. T. III (N-Zi. Paris, l'Édition bibliographique. 1911,
in-8 de 249 p., avec portrait. — Prix : 30 fr.
M. Edouard Driault continue la série d'études qu'il a entreprises
sur Napoléon et l'Europe en un second volume qui a pour sujet :
Austerlitz. La^ Fin du Saint-Empire 1804-1806, et fait exactement
suite au premier, dont le Polybihlion a rendu compte : La Politique
extérieure du Premier Consul, 1800-1803. Il a exprimé ainsi lui-même
l'origine et le caractère de l'idée générale qui dirige son esprit en cette
vaste carrière : « En écrivant la Question d'Orient, il y a une douzaine
d'années, j'avais noté le rôle capital qu'y avait joué Napoléon en arrê-
tant la poussée russe sur Constantinople. J'ai voulu rechercher les
raisons de cette politique et en préciser les épisodes : l'histoire de
la Politique orientale de Napoléon (1806-1808) m'a obligé à constater
que les ambitions impériales de Napoléon étaient de nature à embras-
ser tout le domaine méditerranéen, et que par conséquent l'Italie et
Rome y avaient dû tenir la première place : je me suis confirmé dans
cette impression en écrivant Napoléon en Italie (1800-1812). Enfin
il m'a paru qu'il y avait quelque chose d'arbitraire et qu'il pouvait
y avoir quelque risque d'interprétation forcée à découper l'œuvre
extérieure de Napoléon par morceaux si importants qu'ils fussent dans
l'ensemble de sa carrière, et j'ai donc rêvé de reconstituer la pnisée
de Napoléon en matière de politique extérieure. » — Précédé d'une
Bibliographie intÛTcssante, le volume sur Austerlitz et la Fi?i du Saint-
Empire comprend trois livres et dix chapitres intitulés : Livre pre-
mier. Le Sacre (180'j). Chapitre I. Le Saint-Empire. II. Napoléon
empereur (18 mai 1804). III. Le Sacre de Notre-Dame (2 décembre
1804). — Livie II. Austerlitz (1805). Chapitre IV. Le Couronnement
de Milan (mai 1805). V. La Troisième Coalition (août 1805). \L
— 251 —
Austerlitz-Schœnbrunn ei Prcsbourg (fk'cembrc 1805). — Livre III.
L'Héritage du Saint-Empire (1806). Chapitre VII. L'Organisation
de l'Italie. VIII. La Confédération du Rhin (12 juillet 1806). IX. La
N(''gociation de 1806. X. Vers léna et Tilsit. — Ce serait de la part
do la critique une exigence trop commode pour elle et insoutenable
au fond que de demander à un auteur en pareille matière une infor-
mation complète et une exposition définitive. Il suffit que celle-là
soit ample et solide et celle-ci instructive dans son ensemble. C'est le
cas pour l'ouvrage de M. Driault, principalement fondé sur les ar-
chives de notre ministère des affaires étrangères. Il renferme, de plus, ,
sur tel et tel point des détails d'un grand intérêt, par exemple sur
l'état politique et social de l'Allemagne d'alors et même de l'Alle-
magne antérieure. Il y a lieu évidemment à discussion sur les appré-
ciations et les vues de l'auteur, en contradiction à certains égards, et,
selon nous, non sans raison, avec certaines thèses du regretté Albert
Sorel. Mais il y a lieu aussi de tenir grand compte de la plupart de
ses observations. La principale réserve à faire ici se rapporte aux
doctrines, aux tendances philosophiques et politiques de l'auteur,
dont la marque se retrouve en ce volume, quoique moins accentuée
que dajis ses précédentes études sur le même sujet. Son style mérite
de grands éloges pour son absence de recherche, pour sa netteté, sa
vigueur et sa précision.
— On prend une idée encore plus claire de l'entreprise de M. Driault
et comme une anticipation des volumes futurs où il nous en donnera
la suite et l'achèvement, dans son remarquable opuscule : Napoléon
et l'Europe. La Politique extérieure de Napoléon I^^ d'après les tra-
vaux récents. « Il m'a paru utile et intéressant, nous dit-il, de recueillir
les résultats de cette activité nouvelle de la littérature napoléonienne,
de rechercher l'orientation générale qui s'y révèle. Cette étude sera
donc, en bref, un état actuel delà connaissance historique au sujet
de la politique extérieure de Napoléon. On ne sera pas étonné d'y
trouver surtout l'interprétation personnelle que je propose de la
question, où j'admets très bien qu'il y ait encore, et pour longtemps
sans doute, matière à discussion. » Disposé, pour notre part, à tom-.
ber d'acoord avec M. Driault sur plusieurs questions touchées dans
cet opuscule, nous différerions de lui sur d'autres. Tout en reconnais-
sant, par exemple, que les pages intitulées : Napoléon et la Résolu-
tion (p. 29 et suiv.) contiennent des considérations fort intéressantes,
nous né saurions en approuver l'esprit général, non conforme, selon
nous, à la juste interprétation de l'histoire et qui procède d'une doc-
trine d'école philosophique, pour ne pas dire de secte"quasi-religieuse.
Pour les adeptes de cette doctrine, la Révolution n'est pas un ensem-
ble de phénomènes produits par des causes^puissantes et diverses,
— 252 —
mais uiio sorte d'entité métaphysique et mystique réalisée dans leur
imairination en une divinité infaillible et propice. Pure chimère ! —
Nous espérons que cette illusion a priori exercera le moins d'influence
possible sur le recueil périodique récemment fondé par M. Driault :
Revue des études napoléoniennes et dont on trouvera régulièrement
le sommaire dans la Partie technique du PolyhihUon. Le fondateur
a pris pour devise le mot célèbre de Tacite : Sine ira cl studio, et fait
appel au concoure de collaborateurs de toute origine et de toute
opinion. L'impartialité est une qualité plus aisée à proclamer en théo-
rie qu'à mettre en pratique. Puisse l'équité tout au moins être l'ins-
piratrice (le la direction donnée à la nouvelle Revue par M. Edouard
Driault '
— L'une des questions examinées avec soin par l'auteur de Napo-
léon et l'Europe est et sera naturellement le caractère de la longue
lutte soutenue par le dominateur du continent contre la maîtressa
des mers, de l'Empereur contre l'Angleterre. C'est un des épisodes
de cette guerre acharnée qu'a retracé en détail M. J. Silvestre, avec
une très curieuse étude de ses conséquences judiciaires et la produc-
tion de documents très instructifs, dans son volume intitulé : Les
Brûlots anglais en rade de l'île d'Aix (1809). L'ouvrage est de valeur
pour notre histoire maritime; il l'est aussi et peut-être plus encore
pour la connaissance de certaines parties des mœurs administratives
et judiciaires de l'Empire. Le procès des quatre capitaines de vais-
seau traduits en conseil de guerre, qui se termina par l'exécution,
vraiment unique, de l'un d'entre eux, jette une triste lumière sur ce
qui se commettait parfois alors sous le couvert de l'autorité impé-
riale, trop peu préoccupée, dans son énergie impulsive, des droits et
des garanties dûs aux justiciables dans une société chrétienne et civi-
lisée. Dans le cas présent, d'ailleurs, l'opinion de M. Silvestre est que
si « une grande iniquité a été commise à Rochefort en 1809, ... nous
devons mettre hors de cause l'empereur Napoléon » (p. 117). Il a
exposé les faits recueillis par lui avec diligence en douze chapitres :
L Événements antérieurs à 1809. I L Sollicitude de l'Empereur à
l'endroit de Rochefort. IIL Situation de la France en 1809. IV.
L'Escadre Willaumez.V. Les Flottes française et anglaise en présence.
Vl. Attaque par les brûlots. VIL Le Lendemain de l'attaque. VIIl.
Sort fait à nos vaisseaux. IX. Résultats obtenus par les Anglais. X.
Le Ministre de la marine et l'Empereur. XI. Le Procès. XIT. L'Exé-
cution. — Le volume se termine par la publication de « Documents
justificatifs » et par un « vocabulaire des expressions techniques
employées dans cet ouvrage. » — A Sainte-Hélène, Napoléon, cau-
sant avec O'Méara de l'affaire des brûlots, émit ce jugement sur les
deux chefs en présence : « L'amiral français était un imbécile, mais
le vôtre était tout aussi médiocre. » (p. 66).
— 253 —
' ' — Les^ombres qui obscurcissent la gloire de Napoléon et les bien-
faits de son régime doivent être fidèlement reproduites par le pinceau
inexorable de Thistoire. Mais les côtés épiques de cette gloire sont une
part capitale de l'honneur national et, surtout au point de vue
militaire, il est utile do les maintenir en plein relief. C'est l'objet
que s'est évidemment proposé le général Niox dans son magnifique
volume, véritable œuvre d'art : Napoléon et les Invalides. « Le livre
que nous présentons, dit-il, nu pas les prétentions do l'histoire...
Napoléon aimait à venir aux Invalides. La trace de son passage s'y
retrouve partout. C'est aux Invalides qu'il s'est essayé pour la pre-
mière fois à son rôle d'Empereur, en distribuant les dtcoiations de
l'ordre de la Légion d'honneur qu'il venait de fonder; c'est aux
Invalides qu'il repose. C'est dans les galeries de l'édiiice que se re-
cueille pieusement et se conserve une grande partie des reliques
glorieuses ou intimes de sa vie militaire et privée. Montrer ces reli-
ques, les commenter, faire revivre, par les pensées qu'elles suggèrent,
le grand homme qu'elles rappellent, tel est le but de ce livre. Il est
divisé en deux parties : L'Hôtel des Invalides. — Napoléon. La pre-
mière partie est consacrée au majestueux monument devenu la sépul-
ture de Napoléon et dans les pierres duquel sont venus successive-
ment s'enchâsser les souvenirs du législateur et de l'homme de
guerre... La deuxième partie est consacrée à l'Empereur. Il est mon-
tré législateur, chef d'État, chef de guerre. On suit les manifes-
tations de son puissant esprit dans ses actes publics, militaires et
politiques; on pénètre quelquefois dans l'intimité de -sa vie. Pour que
le portrait restât sincère, si incomplet qu'il fût, on a conservé les
ombres qui en rendent plus lumineuses les parties éclairées. » Nous
devons ajouter que ces ombres, que l'auteur est très louable de
n'avoir pas omises, sont tracées ici d'une main légère. Le portrait
que nous présente le général Niox, c'est Napoléon vu en beau. L'his-
toire proprement dite devrait être plus sévère. Nous sommes heureux,
d'ailleurs, de noter le talent de plume du général. La splendide illus-
tration qui accompagne son exposé constitue un intéressant musée
militaire et napoléonien.
— L'un des traits principaux et caractéristiques du génie et du
tempérament de Napoléon, c'est son effrayante activité d'esprit et de
corps. Elle n'éclate nulle part de plus étonnante façon que dans le
tableau, pour ainsi dire cinématographique, de sa carrière qu'offre
à nos regards cet excelLnt, ce merveilleux répertoire historique et
critique : Itinéraire général de Napoléon I^^, par M. Albert Schuer-
mans. L'éloge n'en est plus à faire. La seconde édition, augmentée
et améliorée, et pourtant réduite de prix, recevra l'accueil qui lui
est dû. L'auteur a entre tous bien mérité des études napoléoniennes.
— 254 —
— On cil peut dire autant, quoique à un degré moindre, de M. Fré-
déric JM. Kirclieisen, pour sa Bibliographie du temps de Napoléon
(Cf. Polybiblion, octobre 1909, t. CXVI, p. 332-333). La première
partie du tome II, qui vient de paraître, comprend la quatrième
section : Napoléon et sa jamille et le commencement de la cinquième :
Mémoires, correspondances , biographies.
— Entre autres avantages, la Bibliographie napoléonienne fran-
çaise jusqu'en 1908, par M. Gustave Davois, a celui d'être maintenant
achevée. Nous en avons signalé naguère les deux premiers volumes
ou fascicules (Polybiblion, avril 1911, t. CXXI, p. 300-301). Le troi-
sième et dernier va de la lettre N à la lettre Z. On y remarque
les articles consacrés à Napoléon I*^^ \\xi-\\\êm.Q, — où l'en trouve en
particulier la reproduction intégrale de la lettre à Buttafuoco et du
souper de Beaucaire; — à Napoléon III et au prince Napoléon ( Victor);
celui-ci renfermant in-extenso les allocutions, lettres et manifestes
politiques du chef actuel du parti bonapartiste. Parmi d'autres
transcriptions analogues, nous relevons celle du pamphlet bien connu :
Comme quoi Napoléon n'a jamais existé. Il en est de moins utiles,
comme celles de diverses odes sur la naissance du Roi de Rome,
ou d'une plaquette intitulée : L' Avènement de Bonaparte à la couronne,
« composition qui a mérité V Accessit au lycée de Dijon, par Auguste
Pitfond, de la même ville, âgé de 15 ans. y> Ce sont des curiosités. Il
est évident que l'ouvrage de M. Davois n'est pas un chef-d'œuvre de
méthode et de critique. On se demande ce qu'y viennent faire, par
exemple, les livres de M. Albert Soubies sur Y Histoire de la musique.
Mais cette bibliographie est le fruit d'un gros travail et elle sera fort
appréciée pour l'abondance des renseignements de toute espèce qu'elle
renferme. Marius Sepet.
Corresspondauce du conile de la Forkst, anibatiSHdeur de
France en EspAgnc (1»0^-1»I3), publiée pour la Sucielé
u'iiisioire couieinporaine par Gboffuoy de Grandmaison. T. V {(ivril-
décemhre iSH). Paris, A. Picard et tils, 1911, iii-8 de 42"? p. — Prix : 8 fr.
Nous avons rendu compte en leur temps des quatre premiers volu-
mes de cette importante et très intéressante publication. Les qua-
lités que nous avons signalées précédemment, tant dans la forme
que dans le fond de l'ouvrage de M. Geoffroy de Grandmaison, se
retrouvent également dans ce cinquième volume, qui comprend
les neuf derniers mois de l'année 1811. Joseph Bonaparte vient à
Paris pour assister au baptême du Roi de Rome, puis reprend son
poste à Madrid, tandis que continuent à se dérouler les événements
de la guerre, entre autres l'expédition de Valence. Il est impossible
d'analyser un volume plein de détails comme l'est nécessairement
— 255 —
celui-ci. La Correspondance du, comte de la Forest demande à être
lue en entier, et ce ne sera pas peine perdue, je ne dis pas seule-
ment pour les historiens, mais pour tous les amateurs de lecture
sérieuse et instructive. On revit, à cent ans de distance, une période
extrêmement captivante, et Ton gagne beaucoup à connaître ce
peuple espagnol, que trop d'historiens ou de romanciers nous ont
dépeint sous un faux jour. L'Espagne n'a jamais accepté le jpug de
l'étranger, ni un gouvernement qui portait atteinte à ses traditions
essentiellement catholiques. Nous la revoyons sous Napoléon telle
qu'elle s'est montrée jadis dans ses guerres séculaires contre les
Maures : tant qu'elle n'aura pas reconquis son indépendance natio-
nale et sa liberté religieuse, elle luttera par tous les moyens et ne
se déclarera jamais domptée. Ce sont là, des enseignements de
l'histoire qu'il est précieux de recueillir. Oserons-nous faire un léger
reproche à M. Geoffroy de Grandmaison d'orthographier certains
noms propres à la façon française, tels que Santiguesa pour Santi-
giiesa,Iacca pour Jaca? Mais ce reproche est de bien minime impor-
tance, quand on considère la somme de travail consciencieux et
patient qu'a dû coûter à l'auteur la rédaction de son ouvrage monu-
mental. G. Bernard.
WjO» Anglais à Paris, 1S00-1S50, par Roger Bgutkt de Mon-
VEL. 2« eil. .Pans, Plon-Nouirit, 1911, petit iii-8 de vi[-3'/6 p. — l'rix : 5 fr.
La paix d'Amiens précipita en France une foule d'Anglais curieux
de visiter un pays récemment bouleversé par de terribles événe-
ments et qui leur était fermé depuis tantôt dix ans. « Je crois, écri-
vait l'un d'eux, qu'il n'y a jamais eu à Paris autant d'Anglais
qu'en ce moment. « Pour un assez grand nombre d'entre eux, le
séjour en France se prolongea de façon imprévue et désagréable;
déclarés prisonniers de guerre en 1803, ils durent attendre la chute
de l'Empire dans les diverses villes de province (généralement des
villes fortifiées) où on les interna. A la première et surtout à la
seconde Restauration, l'occupation de notre capitale par les troupes
britanniques s'accompagne d'une nouvelle arrivée de voyageurs an-
glais; les soldats de Wellington sont assez bien supportés par la popu-
lation; les officiers, les diplomates, les grands seigneurs et les gens
du monde se voient reçus à bras ouverts à la Cour, dans la noblesse,
dans d'autres milieux même où souvent se renouent des liens contrac-
tés pendant l'émigration. Pour toute la haute société anglaise, Paris
redevient, et à un plus haut degré que jamais, le rendez-vous à la
mode; cette société se mêle à la société française, et une partie se
plaît si fort chez nous qu'elle s'y établit à demeure. Des raisons
fort diverses grossissent la colonie d'éléments assez disparates; lieu
— 256 —.
do plaisirs faciles et peu mciraux pour les uns, Paris est pour les
autres un refuge eontre des eréanciers trop pressants, ou bien encore
\u) asile où l'on peut soit cacher sa ruine, soit au moins vivre plus
simplement et à meilleur compte qu'en Angleterre; certains par-
venus espèrent y frayer plus facilement qu'ailleurs avec des compa-
triotes mieux nés. Dans le monde, les iVnglais les plus distingués et
les plus brillants jouissent d'un prestige singulier, prestige qui, sur-
tout après 1830, les recommande à limitation des gens à la mode.
Alors commence ou au moins se développe l'engouement pour les
mœurs, les usages, le confort britanniques; alors naissent chez nous
les clubs à l'anglaise, s'introduisent les courses de chevaux et les
assauts de boxe; le « gentleman » devient le modèle sur lequel le
Français s'efforce d'ajuster son attitude, ses manières et ses goiits;
tout le règne de Louis-Philippe est une période d'anglomanie et l'on
Sait que depuis lors, au moins en certaines matières, Londres n'a
cessé de donner le ton à Paris. Le livre de M. Boutet de Monvel,
fondé principalement sur des correspondances et des Mémoires anglais
et français, retrace fort agréablement l'histoire des Anglais de Paris
et de leurs amis ou disciples; à la fois amusant et bien informé, il
abonde en anecdotes plaisantes et en traits curieux; il met en scène
quantité de personnages connus et aussi d'originaux. Un chapitre
intéressant est consacré au. séjour de Thackeray parmi nous et à
l'opinion qu'il s'y fit des Français, opinion, on le sait, fort dure au
point de vue moral, plus favorable à d'autres égards. Peut-être M.
Boutet de Monvel eût-il j)u faire ressortir davantage combien, eu
dépit de l'anglomanie, l'imitation de l'Angleterre est restée en somme
superficielle et extérieure, et surtout à quel point, tout en coudoyant
tant d'Anglais, les Français de ce demi-siècle ont en vérité continué
d'ignorer presque tout de l'Angleterre, de ses mœurs, de sa littérature,
de tout ce qui constitue proprement l'âme anglaise. Contact l>ien
plus que pénétration, voilà ce que furent les rapports des deux socié-
tés chez nou , mais il est vrai que le contact fut, dans certaines
régions, tout au moins très étroit, et il valait assurément la peine
d'observer la juxtaposition de deux tj'pes nationaux si différents et
les empi-unts, même légers, que l'un a faits à l'autre.
A. Barbeau.
Histoire de l'Italie moderne (t9&0-l9lO), par Pirtbo Orsi;
Irad. de Hknri Bbrgmann- Paris, Oolin, 1911, petit iu-12 de xn-448 p. —
Prix : 5 fr.
M. Orsi a réussi à donner en 450 pages une histoire sommaire et ce-
pendant vivante et intéressante de ces cent soixante années, si rem-
plies et si diverses, de la vie du peuple italien, et surtout il a rétabli
257 —
dans son exposé ce sentiment du synchronisme dont l'excellent
Lekrbiich de Tivaroni, plus ancien d'ailleurs, est si fâcheusement [dé-
pourvu. C'est là un double mérite d'ensemble dont il faut le louer.
Il en a un autre : c'est d'avoir franchement adopté le point de vue
nationaliste italien et réduit sans ambages l'importance du Pôle
de Napoléon III. Je crois qu'il le diminue trop, mais je le félicite
de nous le montrer tel que ses compatriotes se le figurent, par
amour-propre national ou par intérêt politique de p^arti. .Constater
cette différence d'opinions permettra peut-être à quelques Français
de mieux comprendre le vrai caractère des évolutions ultérieures
de l'Italie, et de renoncer à ce ridicule reproche d'ingratitude que
la presse française lui a si souvent adressé. En somme^ le manuel
d'Orsi devra faire abandonner celui de Crozals et soutiendra hono-
rablement la comparaison avec le manuel anglais (traduit en fran-
çais) de Bolton King. On me permettra cependant de lui préférer
pour la hauteur des vues, l'ampleur des synthèses et la beauté de
la forme oratoire, les leçons sur le Risorgimento de l'éminent • Jljis-
torien Costanzo Rinaudo.
Les matières sont ici réparties en vingt chapitres, dont le pre-
mier, tableau de l'Italie pendant la seconde moitié du xviii^ siècle,
n'est à vrai dire, qu'une Introduction. Les temps de la Révolution
française, de la domination napoléonienne, qui alimentent chacun
un volume entier de la publication Vallardi, sont résumtjs icii en
deux chapitres et en trente pages. Les chapitres IV à VI (Res-
tauration — premiers mouvements -r- dix ans de réaction) embrassent
les années 1815 à 1830. Aux chap. VII et VIII apparaissent Mazzini
et la Jeune /ia/i'e, les Bandiera, Gioberti, Balbo, l'opinion publique,
l'idée unitaire et républicaine. L'époque de Charles- Albert et de
1848 occupe les chapitres IX à XI (Des réformes à la Révolution,
guerre de 1848, guerre de 1849). La plus longue période, celle des
réalisations et de la formation de l'unité monarchique, qui occupe
les vingt premières années du règne de Victor-Emmanuel II, rempHt
cent pages et cinq chapitres : l'auteur s'y niontre essentiellement
italien et adversaire déterminé des anciens gouvernements, mais
il en parle toujours avec beaucoup de modération. Il se montre
d'ailleurs très au courant des publications documentaires italiennes
et étrangères les plus récentes. Sur Cavour et Garibaldi, comjne
sur pie IX et François II, son langage est toujours impartial.
Trois chapitres résument les quarante aimées 1870-1910 et four-
nissent un précis très exact des premières épreuves de l'Italie réu-
nie, jeune nation qui a rapidement pris les tares financières et
morales des plus anciennes. Une étrange erreur a fait reléguer en
un chapitre final le tableau du développement des lettres et des
Mars 1912. T, CXXIV. 17.
— 258 —
arts. Nulle part, cependant, artistes et lettrés n'ont eu plus de
part à la vie nationale; comment supprimer Pellico, Manzoni,
Guerrazzi et tant d'autres, de l'histoire du Risorgimento? D'utiles
appendices complètent ce volume qui est appelé, à côté du manuel
de M. Havette, à rendre de grands services.
L.-G. PÉLISSIER.
IVnsiero e nzione nel Ri«or<fini«uto italianc. Gonferenze
tenute nel Collegio Romano. Roma, i9il, seconda edizioue. Cilti di Cas-
tello, Lapi, 1911, in-8 de vni-173 p.
Cet élégant volume, qui fait honneur aux célèbres presses de
Città di Castello, est un livre de circonstance. La comtesse Paso-
lini, en 1898, désira que le cinquantenaire de la proclamation du
Statut carlo-albortinien de 1848 fût commémoré par une belle
série de conférences, pour rafraîchir les souvenirs d'histoire natio-
nale de ses corvtemporaines de la terza Italia. Elle en demanda le
plan et les sujets au philosophe- poète Carducci, qui indiqua les
moments principaux du Risorgimento et leurs représentants les
plus typiques. La réponse autographe du poète, d'une écriture nette
qui révèle une ferme pensée, orne le volume. (Elle a été reproduite
aussi par Lumbroso dans sa Miscellanea Carducciana, à une échelle
plus'^ petite.) Ces sept conférences furent faites par E. Masi,i G.
Pompilj, G. Mazzoni, Bonfadini,.Pinchia, Bertolini, Chimivri (quatre
desquels sont morts : Masi, Pompilj, Bonfadini, Bertolini), orateurs
que recommandent ou recommandaient des qualités brillantes,
même"" historiques, avec un égal patriotisme, mais qui semblent
s'être quelque peu abandonnés au misogalhsme, en ce qui touche au
moins"; Alfieri et Napoléon III. Les époques racontées — parfois
avec' un lyrisme bien fatigant — sont : l'Italie au début de la
Révolution française (Alfieri); l'Italie sous la République et le ré-
gime napoléonien (Monti, Foscolo, Romagnosi); souffrances et espé-
rances'^ pendant la réaction (Manzoni, Leopardi); pensée itahenne
et coopération au mouvement européen (Gioberti, Mazzini) ; tem-
pête''de 1848-49 (I. Charles Albert. Répubhque romaine et Gari-
baldi. II. Venise et Daniel Monin) ; la revanche de 1860 (Cavour
et l'aUiance française; Garibaldi et l'expédition de Sicile; Victor-
Emmanuel et l'unité). Il ne faut évidemment pas demander à ces
conférences, destinées au grand public, la rigueur et les détails
d'un manuel d'histoire, mais peulement des tableaux et des portraits
d'ensemble qui mettent en lumière les reliefs les plus caractéristi-
ques. Les uns et les autres sont bien réussis et généralement im-
partiaux. Ils forment un résumé philosophique de l'histoire du
Risorgimento, tel que pouvait le voir un poète comme Carducci.
— 259 -^
Il faut remercier la comtesse Pasolini d'avoir fait revivre, dans-
un temps moins idéaliste, ces figures de héros dont on peut ne pas
aimer l'œuvre, mais dont on doit respecter la haute idéalité :
Alfieri, Leopardi, Mazzini, Manin. — Aussi l'éditeur Lapi fut-il
bien inspiré d'éditer ces conférences pour le cinquantenaire de 1848,
et M. Tommasini Mattiucci a bien fait de les réimprimer en l'hon-
neur du cinquantenaire de 1859. L.-G. Pélissier.
>^uuv«nirfi} d'un vieil Atliéuien, par Êmilk Gebhart. Paris, Bloud,
1911, iii-16 de x-300 p. — Prix ; 3 fr. 50.
Gebhart, mort en 1910, n'avait pas été le seul professeur de Sor-
bonne à souffrir des coups portés à notre ancienne éducation classi-
que; mais il avait eu le courage de le dire tout haut. On l'estimait
précisément à cause de son indépendance, tandis qu'autour do lui
s'affichaient d'étonnantes docilités, — à cause aussi de ce qu'avait
de piquant son tour d'esprit littéraire. Il se retrouve tout entier dans
ce volume posthume, où des letties de jeunesse datant de son premier
pèlerinage aux terres classiques voisinent avec une geibe d'articles^
de journaux c[ui s'échelonnent entre 1877 et 1£07. ^„.
Un livre de ce genre ne se prête nullement à une analyse suivie •
c'est une profusion de remarques spirituelles et de boutades joviales,
ce qui ne veut pas dire que les réflexions sérieuses y fassent défaut.
Gebhart excelle à conter l'anecdote (voir, par exemple, p. 31, le récit
du sacre de Mgr Lavigerie à Saint-Louis des Français); mais, à travers
tant de petites histoires divertissantes, il se plaît à approfondir
certaines tendances d'une portée très générale. L'étude intitulée :
La Grèce et les Grecs (p. 257-273) offre un véritable intéiêt elhnclo-
gique.
Mais quelques citations aideront à mieux juger l'écrivain. A propos
du Charme d'Athènes plaquette délicieuse de M. H. Brémond, il
laisse tomber de sa plume les lignes que voici : « Sainte- Sophie venait
de lui rendre h- frisson sacré par lui éprouvé dans les ténèbies de
Notre-Dame. Et cependant, aux premiers jours, le Parthénon gaidait
son secret avec le froid silence du sphinx des légendes scphoclécnnes.
Il comprit que d'abord il fallait pénétrer le mystère de poésie, de
sérénité, d'harmonie qui afflue de toutes parts sur cette terre où
toutes les lignes, toutes les foi mes ont un rythme et une grâce, où
les ombres sont traversées de transparences vermeilles, où, en cer-
taines matinées, la mer Egée, les hautes côtes de l'Aigolidc et le
ciel s'étagent et ge fondent en une gamme d'ineffable azur » (p. 103).
' — Plus loin (p. 15(î), c'est le contraste mélancolique entre le passé et
le présent de ce qui fut la Grande-Grèce : « Toute tradition noble
a été rompue, et les vieux souvenirs se sont effacés. Au xviii^ siècle,
— 260 —
on a découvert avec surprise, au milieu des marais, les temples
doriques de Psestum, mais on cherche encore l'emplacement pro-
bable de Sybaris et de Métaponte. Grotone est un village sord'de,
Tarente s'est réfugiée sur un îlot rocheux qu'un pont relie au con-
tinent... A Misène, à Baies, quelques substructions informes... On voit
encore Herculanum et Pompéi, mais mortes et couchées au fond de
leur tombe. » ■ — Enfin, d'un article destiné, il est vrai, au Gavdois,
détachons cette définition politique assoz inattendue : « Dans la
présente langue grecque, Dimocratia signifie simplement République,
Mais, dans la langue des personnes indifférentes aux nuances délicates
des mots quasi similaires, Anarchia veut dire tout à fait le même
régime. U Anarchia est Télixir de la Dimocratia. Elle est ce breu-
vage terrible que Platon dénonce et que le peuple boit longuement
jusqu'à la folie furieuse » (p. 295).
Si, selon l'usage, ce compte rendu doit se terminer par quelque
réserve, j'exprimerai le regret que Gebhart, à l'exemple de Rabe-
lais à qui il a consacré un de ses plus curieux volumes, ait en plus
d'un passage mêlé de trop près le sacré et le profane, les fictions païen-
nes et les souvenirs chrétiens. G. Huit.
lie 4'ardiiial B.-I?l. liangénieux, areltevèque «le Reims,
AR "Vie et ses œuvres, par le chanoine A. Largent. Paris, Lecoffre,
Gabalda, lyll, iu-8 de vi-276 p., avec portrait. — Prix : H fr.
Avec le juste ton de panégyrist€ sans doute, mais avec une sobre
admiration, l'auteur décrit la longue carrière du vénérable et zélé
prélat qui a marqué aux premières places de l'Eglise de France pendant
le xix^ siècle. Le plus souvent, il suit l'ordre chronologique de cette
belle vie : le séminaire de Saint-Sulpice, le vicariat de Saint-Roch, la
cure de Saint-Ambroise, celle de Saint- Augustin, le vicariat général
de Paris, l'évêché de Tarbes, l'archevêché de Reims, le cardinalat;
parfois, pour la meilleure ordoimance du sujet, il groupe les épisodes
qui forment un ensemble : ainsi tout ce qui se rapporte aux congrès
eucharistiques, spécialement celui de Jérusalem en 1893, quand
Mgr Langénieux fut légat du Saint-Siège, et les questions capitales
qui en furent la continuation et la suite : le protectorat français
en Orient, la réunion des patriarches orientaux à Rome, l'encyclique
Orienialium dignitas Ecclesiarum (30 novembre 1894). Les chapitres
XII, XIII, XIV et XV du livre montrent avec une éloquente évi-
dence l'importance du rôle du cardinal en ces graves affaires de la
chrétienté. La part qu'il prit aux choses religieuses de France n'est
pas abordée avec moins de soin, tantôt aux joufnées joyeuses, plus
souvent aux heures sombres; et, en toutes circonstances, l'archevêque
de Reims n'apparaît pas au-dessous du rôle que lui imposait sa haute
— 261 —
situation. Au moment du 14^ centenaire du baptême de Clovis, qu'il
occupe la première place, cela va sans dire. Les pages consacrées aux
grands pèlerinages ouvriers à Rome le montrent également à la
tête deS' idées sociales de son temps. Le chapitre X offre un intérêt
capital et fournit le récit bien informé de ce bel épisode de l'activité
catholique sous Léon XIII. Au reste, tout le volume s'appuie sur des
correspondances, des mandements et les notes du cardinal, les lettres
pontificales, et présente ainsi d'irréfutables arguments propres à
bien éclairer plus d'un point de l'histoire ecclésiastique contempo^
raine. G. G.
Vers l'union. iJes Sillonii et rAcdioii française. E$<ai de
co'-cii'att>n et dha-monie^ par JoSKPH Shrre. Paris, Falque, 1911, in-16 de
70 p. — Prix : 1 fr.
A travers l'oeuvre de îfl. Maurras, par Pbdro Descoqs. Paris,
I. Beauciiesiie, 1911, iii-16 d, xiii 480 p. — Prix : 4 fr.
La conciliation, vers laquelle oriente M. Joseph Serre, est plutôt
désirée qu'indiquée. Il a grandement raison de penser qu'entre catho-
liques, il faudrait admettre d'assez larges diversités de points de-
vue sans se déchirer par des luttes implacables. Mais il ne montre-
guère, et c'est assez difficile à voir, comment la mentalité propre du
Sillon pourrait s'accommoder des éléments excellents qu'il reconnaît
dans l'Action française, souci dominant de l'ordre, sens très vif de la
hiérarchie, de la continuité et de la tradition. A certains égards, il
ne déplore nullement, il trouve au contraire fort heureux, que M. Maur-
ras soit incroyant ; il souhaiterait même que tous les royalistes fussent
athées, afin de désolidariser l'autel du trône, ce à quoi il félicite
encore plus les chrétiens démocrate de travailler ardemment. C'est
donc un écrivain fort éloigné des doctrines politiques de l'Action
française qui donne le rare exemple de s'essayer à parler d'elle avec
calme, avec ouverture d'esprit et avec justice.
— Mais c'est à M. Pedro Descoqs que nous devons l'examen appro-
fondi et consciencieux que méritait l'œuvre de M. Charles Maurras.
Ce travail de haute valeur avait été publié en grande partie dans les
Etudes de juillet à décembre 1909. Son importance a été soulignée
par une réponse de l'un des meilleurs rédacteurs de la Renie critqiiei
des idées, M. Jean Rivain, qui proteste- contre ses sévérités; et sur^
tout par les attaques passionnées des Annales de philosophie chré-
tienne, qui l'ont accusé d'indulgence scandaleuse. De là, dans ce livre,
des répliques à Testis, à M. Laborthonnière, répliques animées et
développées. Cette polémique vraiment pénible, lorsqu'elle s'étend
sur des falsifications de pensée et de texte, touche parfois aux ques-
tions les plus graves et les plus délicates, celle du rôle respectif, dans'
— 262 —
la religion catholique, de l'autorité et de la vie intérieure de chaque
âme, celle de la distinction des deux ordres naturel et surnaturel,
questions qui ne sont pas l'objet propre de ce hvre.
L,\ double tâche que l'auteur me semble s'être proposée, et avoir
remplie, est la suivante : d'une part, il croit équitable de reconnaître
la justesse et la bienfaisance d'une partie des idées que propage
M. Charles Maurras, et qui doivent à la vigueur de son esprit,
à sa maîtrise d'écrivain, un renouvellement de puissance con-
quérante. Et il montre que, loin d'être solidaires d'une incroyance
qu'il déplore, elles ne sauraient, au contraire, trouver de fon-
dement s:)lide qu'en s'appuyant sur la notion de Dieu et de la
divinité dt ce Christ, contre lequel l'auteur du Chemin du Paradis
(1895) et d'un malheureux article de l'Action française du 15 octobre
1899 proféra naguère des outrages, que ne sauraient excuser sa haine
violente des Juifs. et des protestants. Parce que M. Maurras et ses
amis ne sont pas démocrates, « nous n'avons pas cru, écrit M. Des-
coqs, qu'il fallait renoncer à les rapprocher du Christ, ni refuser
d'avouer les points de contact que présente leur doctrine avec celle
do l'Église. » D'au're part, ne se croyant pas le droit -d'interdire aux
catholiques de colaborer, dans la campagne que mène l'Action
française, avec des incroyants, qui d'ailleurs, loin de menacer l'Église,
s'attaquent à ses persécuteurs, il aperçoit pourtant que de ce
rapprochement et de l ascendant exercé par un chef positiviste
peuvent résulter certains dangers. Il invite spécialement les
jeunes gens à se mettre en g'arde contre eux, à ne pas concen-
trer toute leur activité dans l'agl'ntion politique, à ne pas croire
que, pour renverser la République, tous les moyens soient bons.
Je dois observer, en terminant, que sur la que:>ion de savoir si, en
fait, l'alliance entre les catholiques et les royalistes di, l'Action fran-
çaise est opportune, si c'est le meilleur moyen de servir aujuj.^d'hui
les intérêts de l'Église de France, l'auteur refuse résolument de se
prononcer. Il est tout à fait convenable au Polyhiblion d'imiter cette
prudente réserve. Baron Aîigot des Rotours.
BULLETIN
L.e K De Itcnotn ^Lltieraturn m, de Jean %Venck do Hori'enLer;;
contre :\'icolas <le Cnse, von E. VaNSTBENBBKGHE (Baiid VI II. Ileft 6
des Heitrà e zur Geschich'e der Philosophi' des Millelalte^s. Munster,
Aschen'IorfT, 1910, in-8 de 43 p. — Prix : 1 fr. 90.
Ce fascicule contient le texte inédit de l'ouvrago que JeanWenck écrivit
contre le De Docta ignorantia de Nicolas de Cuse, avec une étude sur l'au-
teur. Wenc'< avait été professeur do théologie à Heidelborg, et par trois
fois recteur de la Faculté. Il avait prêché et s'était fait une certaine repu-
— 263 -
tation de littérature. Pourtant c'est un traditionaliste effrayé par les idées
nouvelles, qui défend l'ancienne théologie, et attaque ceux qui sont plus
hardis et plus personnels. Dans cet opuscule, Wenck s'en prend à Nicolas
de Guse qu'il accuse de panthéisme, de manque de logique, d'inintelligence,
et même d'inconscience. Nicolas de Guse se défendit longuement, et dans
son Apoîogia accuse Wenck de n'avoir pas su le lire, l'interpréter et com-
prendre la largeur de son point de vue. Gette controverse est intéressante
pour l'histoire des idées au milieu du xv^ siècle. A. Clerval.
El nombre. L.a Vida, lu cieiicia, el »i*te, por ErnbSTO HblLO ; trad.
de MiQUBL s. Olivbr. Barceloua, Subirana, 1910, in-8 de xxxvi-443 p. —
Prix : 5 fr.
L'ouvrage d'Ernest Hello, qui nous est offert aujourd'hui dans une
excellente traduction espagnole, a paru en France en 1872, avec une Intro-
duction de M. H. Lasserre. G'est le livre capital de ce penseur profond, d«
ce mystique ardent et souvent sublime, de ce chrétien convaincu, de cet
écrivain étonnant dont le style, comme la pensée, est tout pénétré du
sentiment de « l'ordre éternel » et tout vibrant de foi religieuse. Hello appar-
tient à une école d'apologistes catholiques qui a formé, sinon une école
philosophique proprement dite, du moins une pléiade de littérateurs élo-
quents, tels que Jos. de Maistre et L. Veuillot, en France, Donoso Gortès
et Aparis y Guijarro,-, en Espagne. Il serait superflu d'insister ici sur la
valeur de VHomme d'Ernest Hellc, que connaissent et ont lu certainement
tous les fidèles abonnés du Polybiblion. Mais nous devions signaler l'impor-
tance et l'actualité qu'a gardées ce beau livre, après plus d'un^quart de
siècle, et le bien qu'il est appelé à faire encore, non plus seulement chez
nous, mais même à l'étranger, où il est traduit et admiré comme il le
mérite. G. Bernard.
où sommes- nous? par l'abbé Th. Moreux. Paris, Maison •i'e la Bonne
Presse, s. d., gr. in-8 de 95 p., avec dessins et photographies de l'auteur,
— Prix : 1 fr.
Après D^oà venons-nous ? (cf. Poiybiblion de mars 1910, t. GXVIII,
p. 2.'i9-260), Qui sommes-nous ? (cî. Polybiblion de septembre 1911, t.
CXXII, p. 270-271); aujourd'hui Où sommes-nous ? est le titre d'une
troisième plaquette de M. l'abbé Moreux, non moins que les précédentes
enrichie, prefique à chaque page, de nombreuses gravures et figures
pittoresques ou techniques.
D'où nous venons ? De Dieu créateur et ordonnateur de tout ce qui
existe. — Qui nous sommes ? Un être mixte composé de matière et d'esprit,
de corps et d'àme, mais d'une âme raisonnable et libre, donc responsable.
Où nous sommes? est une autre question. Il s'agit de savoir quelle place
occupe le globe qui nous porte dans l'immensité sidérale dont nous sommes
entourés. Et nous voilà lancés en pleine astronomie physique.
Supposons un observateur placé sur la planète Mars et pourvu d'une
vue assez puissante pour voir, dans son ensemble et ses détails, comme aux
pi'emières logos d'une salle de spectacle, tout notre système solaire, astre
par astre, en commençant, comme de raison, par l'astre-roi. (■'H J
On comprend quel charmant, quel attrayant cours de cosmographie,
l'auteur développe sur cette donnée.
— 264 —
ApTès la cosmographie, l'autetiï", s'élançant à travers les espaces inter-
sidéraux, nous décrit en détail ce qu'il appelle la « géographie du ciel »,
non san^ nous avoir initiés, en passant, à tout ce qui, dans la science
opti(iue. est nécessaire ow utile pour une étude cosm«^gi"aphique complète.
Il faut lire, dans l'ouvrage même, cette brillante description des multi-
tud\?s di' soleils lointains; séparés par des distances eiïrayantes pour
l'imagination, et de tous âges, depuis la naissance jusqu'au déclin, dont
la Galaxie ou \'oie lactée semble êtrir le groupeniont principal.
C'est à peu près vers le centre de ce groupement que se trouverait notre
Soleil, simple étoile par rapport à l'ensemble, et notre Terre avec lui.
Mais Cl- groupem nt est instable, en ce sens que notre Soleil,* comw^
toutes les autres étoiles, a un' mouvement propre, ce qui implique un chan-
gement cuntinu de l'ordre actuel. Reste à savoir où ce mouvement nous
entraîne.
Où allons-nous^ Sera donc prochainement le sujet d'une quatrième
publication du même auteur. |v,; [ C. de Kirw.\n.
I.«-^l*oi-t«»ui"s tiii riamboou 'd'Bontèi-e à Victor Hi.iiso). par AUGUS-
TIN CaBat. P,iris, Perrin, 1911, iu-16 de 263 p. — Prix : 3 fr. 50.
Cela paraît bien jeune — ou bien vieux — de publier, sons ce titre : Xe*
Porteurs du flambeau, des notes de 30 à 50 lignes (Vigny en a 26 et V.
Hugo seul en obiient 300) sur chacun des pcètes de tous les temps et de tous
les payp, Homère, Eschyle, Catulle, Lucrèce, Dante, Shakespeare, Gœthe,
Hen:i Heine, Coppée, INIallarmé, etc., etc., en faisant entrer dans le défilé
r.on seulement Rabelais, Cervantes, Fénelon, Rousseau, Chateaubriand,
mais Tacite, Balzac, Flaubert, et aussi la Révolution française et Napo-
léon... Notes d'un ton sentencieux ou lyrique, pas tor:jours bien écrites,
qui témoignent d'un esprit cultivé, d'une âme erthousiaste, mais qui ne
tranchent ni par la nouveauté des vues ou des aperçus ni par un relief
original de l'expression. i G. A-
Ba*-/por el P.^Luis Coloma." Madrid, imp. de ? Razon y Fe », 1910, iD-12
de 381 p. — Prix : 3 fr. 50.
L? P. Coloma est connu, comme nouvellisU , surtout par son beau livre
intitulé Pequeiïeces, qui révèle un talent supérieur. L'éminent académicien
a écrit d< puis i^.r': un certain nombre de romans et de récits qui n'ont pas
amoindri sa réputaî'on et n'ont pals <fv. moins de succès. Dans celui qui
u.:--is occupe aujourd'hui, nous retrouvons les mêmes qualités de style
impeccch'p et de cmposit'cri originale et artistique. fioy( c'est le surnom
familier d'un officier de marine) a été tenu éloigné da sa famille par un
fâcheux malentendu; il a fait des dettes"; il est faussement accusé d'un
meurtre, dont l'accablent cependant toutes les apprjences. Un ami vlévoué
le fait échapper à temps au péril de la ver.îr ance aveugh de ses ennemis;
son innocence finit par se découvrir, et lo;sque la vérité" est connue tout
entière, nous retrouvons le chevaler':cque Boy chez les carlistes, au milieu
desquels il périt, \ictime encore d'une fatale erveur. Cette courte analyse
du roman du P. Coloma ne svjfît pas à donner une idée de la vie, de
l'intérêt, du naturel et de ia maîtrise qui inspirent l'auteur et qui lui
attachent le lecteur du corPiYK3ncem''nt jusqu'à la fin. Espérons que bientôt
il .:: '"^pnontr('»"j "n t;"cnl.;cijur irançai.s q-i fera passer dans notre langue
ce chef-d'œuvre, comme il s'en est rencontré pour UaJuIiV.: d:?. productions
de bien moindre valeur. G. Bernard.
— 265 — -
caento*'y ranta»«isisy por Fr. Manuel Sanciïo. Barcelona, imp. Subirana,
1910, in-i6 d« 203 p. — Prix : 2 fr.
Le R. P. Manuel Sancho nous donne ici une série de 27 petits contes à
l'usage des enfants, et que les grandes personnes liront elles-mêraes avec
intérêt :
Si Pean d'Ane m'était conté,
J'y prendrais un pJaisir extrême.
Le brut poursuivi par l'auteur, qiw est un religieux de N.-D. de la Merci,,
est eS.seTrtiollement moralivsateur et chrétien. Quelques-uns ds ses récits
sont de vrais petits chefs-d'œuvre du genre. 11 y a des contes m;8rveilleux,,
des légendes pieuses, des fables satiriques (voir, par ex., la Souris darwi-
ni'ste, p. 113-129), d>'S histoires gracieuses (comme celle des Aventures du
Chardonneret, p. 189-203). Les professeurs de langue espagnole trouve-
ront dans ce petit volume des lectures à faire à leurs j ^unes élèves et des
modèles de narrations. G. Bernard.
Cenro-rénumé <i'histoii-e romaine, rédigé d'après le programme de
première A, à Piisage des candidats au baccdauréat, l''" partie (Lalin-
grec), par H. Cabanb. Montpellier, Manufacture de la Charité, 1911, iu-16
de 130 p. — Prix : 1 fr. oii.
Des origines d<:' Rome au dém,' mbrement de l'empire de Charlemagne,
ce résumé constitue un mémento commode par la disposition typographique
de chaque leçon. Il nous a paru clair, complet et bien au courant. Il rendra
service non seulem'^nt aux candidats au baccalauréat, mais à tous ceux
qui ont b' ?oin d'* se remémorer, avec précision et rapidité, les grands faits et
les gj'and'^s lignes de l'histoire romaine et du haut moyen âge. Nous lui
souhaitons bon succès. A. B.
iSitint Jti'tiu, sa vie et sa do<*(riiie, par l'abbé A. Béry. Paris, Blond,
1911, iQ-12'de 64 p. (Collection Science et Rdigion). — Prix : 0 fr. 60.
Ce petit résumé de la vie et de la doctrine apologétique et dogmatique
de saint Justin se lit agréablement et utilement. Il est destiné moins aux
savants et aux spécialistes qu'ai*! public désireux d'avoir sur ce Père si
attachant, sous un petit volum'^, une étude aussi documentée et complète
que possible, et il rendra service. Sa place se trouve chez les ecclésias-
tiques qui font des conférences ou des cercles d'étude ; ils en tireront
profit pour eux et pour leurs- disciples. A. Clerval.
i^oliiiqiio <ie rhUtoii-e «le Ff-ance, par Fagus. Paris, Bibliothèque de
l'Occident, 1910, gr, iii-8 de 35 p.
Un discours sur l'histoire universelle est une oeuvre périlleuse; un dis-
cours sur l'histoire de France en 35 pages ne l'est pas beaucoup m(Hns.
C'est cependant l'œuvre que M. Fagus a entreprise. Son point de départ
est la dislocation do l'impire romain. « Le vampire romain, dit-il, métho-
diquement suçait le monde immobilisé sous lui. Le barbare lui arracha
son moribond pour le dépecer. » La conclusion est celle-ci : « La France
ne saura se sauver' qu'en recourant à sa m'srion : la croisade, et laquelle
se doit entendre pour l'heure actuelle, croisade non contre un Orient
géographique, mais croisade centre l'Oritnt juif et maçonnique. >. L'au-
— 266 —
teur nous avertit de son adnairation pour les ouvrages de MM. Dimier et
l'abbé de Pascal et de son désir d'ailleurs évident de tendre vers un même
but. Je doute que ces messieurs se félicitent d'un concours dont la forme
est bizarre et dont l'argumentation, encore bien qu'elle s'appuie sur un
certain nombre de vérités, ne saurait échappor, sous la forme elliptique
qu'elle revêt, à beaucoup d'objections sérieuses.
Eugène Godefroy.
Un I*roeareur général de Clun;-, agent secnct à Rome de Philippe
(l'Orléans (iriy-iTis), par Dom Paul Denis. Paris, Jouve, 1911,
gr. in-8 de 56 p.
Le Régont s'était promptement trouvé aux prises avec les conflits sou-
levés par la bulle Unigenitus. Il entreprit de négocier avec le Saint-
Siège et se servit pour cela d'un religieux de Cluny, Dom Joseph de
Peint, que ses supérieurs avaient envoyé à Rome pour défendre les intérêts
de l'étroite observance. C'est la correspondance de ce religieux avec le
duc d'Orléans ou son secrétaire Doublet, qu'a retrouvée aux Archives natio-
nales et vient de publier un bénédictin du r3g,'etté monastère de Solesmes,
dom Paul Denis. La négociation dura deux ans et n'aboutit pas à un résul-
tat sérieux. Les talents diplomatiques de Dom de Peint étaient médiocres
et sa tête était faible. Pris à Rome d'un accès de fièvre chaude, on dut
le ramener précipitamment en France, et sa trace ensuite est perdue.
M.^R.
Lee Confesaions de J.-J. R0USSBA.U. Ettraits suivis, nolices cl aanola-
tioas par IIenrc F.,EaR.vND. Paris, Larousse, s. d., petit ia-8 de 220 p.,
avec 6 grav. — Prix : 1 fr.
S^Le plan de ces volumes est bien établi, la typographie en est agrécible,
le prix modique. Et tout va bien quand il n'y a qu'à publier in extenso
le théâtre de Racine, la Princesse de Clèves, ou Eugénie Grandet. Dès qu'on
résume ou qu'on fait des coupures, le travail devient délicat et si^j^t à récla-
mations. Si l'on vis 3, comm^ il est dit dans quelques prospectus, le « grand
public », il ne faut, à mon sens, qu'élaguer les longjo irs et faire tomber,
en le disant franchement, les obscénités : il y en a. oomme on sait, dans
les Confessions. Mais gard3:>vous, éducateurs, sr us prétexte que c'est une
édition abrégée et expurgée, de m^ttsv, comme d c.- très circulaires vous y
invitent, ces volumes dans des bibliothèques popu'.aires ou scolaires. Trop
de pag 'S de ce malheureux névropathe de Roussea(, aventures avec M""" Ba-
sile, épisode des cerises, amoiu^euse amitié avec li'^^ de Warens et ménage
à trois, liaison avec Thérèse, passion pour M"^ d'Houdetot, etc., etc..
sentent le libertinage et même, pour employer un mot de lui, l'érotisme.
Le volume en son ensemble reste malsain, corru^:>teur. Et je ne sais pas s'il
est possible de tirer des Confessions 200 pages qi i ne soient pas troublantes :
ce ne serait plus Rousseau sans doute, et ce ne seraient plus les Confes-
sions... Mais c'est encore une trahison, et douMe, que de supprimer le pire
sans en signaler l'hor/eur, que de laisse sans le commenter — ■ et le
flétrir — tout ce lyrisme de désir et de i/assion, et, sans les dénoncer,
tn.is ces sophismes d'orgueil et d'apologie personnelle par lesquels Rous-
seau se vante d'avoir eu raison toujours it contre tous, d'avoir goûté le
bonheur avec sa liiCrèse. et d'avoir bien fait d'envoyer ses bâtards aux
Enfants trouvés! Mais le trop jeune agr;gé auqu-,'. '^n a donné ce délicat
— 267 —
travail à faire est sans réaction contre les prestiges de son auteur. Il juge
donc « charmantes » les annéas où Rousseau fut « l'aniant de M°^« de Wa-
rens »; l'accouplemant.avcc Thérèse « un lien de plus avec la nature fran-
che, saine et fruste »; estime que la sensation « dont il eut toute sa vie
l'ivresse » « irradie chez lui comme une lumière »; « qu'il n'a jamais rien
écrit qu'il dût désavouer «; que « son œuvre est, moralement, belle »,
'( une œuvre de régénération et d'avenir «; que M. de Malesherbes, en
favorisant Rousseau — qui devait lui faire couper le cou — se montra
i( un esprit droit et éclairé », etc., etc.. J'ai dit dès longtemps, à propos
des livres de cette sorte, que les écrivains de génie ayant déjà par eux-
mêmes bien assez d'empire, c'est toujours, pour qu'il y ait chance d'équi-
libre, à des esp;-its mûrs, sans complaisance aux routines de l'opinion, et
qui n'aient pas l'admiration trop facile, qu'il faudrait confier le soin de
les présenter à la jeunesse, voire au « grand public » qui est un grand
enfant, lui aussi. Gabriel Audiat.
CHRONIQUE
Nécrologie. — Un dîuil cru3l a fi'appé dornièrement l'armée française»
Le général HippolytîLANGLois, sénateur et m'ambre de l'Institut, est mort
à Pains, à l'hôpital militaire du Vaî-do-Grâce, le 12 février, à 73 ans. Né à
Besançon, en 1839, il entra à l'École polytechnique et, au cours d'une
longue et glo.-ieuse carrière, se fit toujours remarquer par une activité inlas-
sable et par l'étendue d3 ses connaissances professionnelles. Capitaine en
1866, colonel en 1888, général de b:'igado en 1894 et de division en 1898,
il fut placé à la tête du 20® corps d'a;*mâ3 à Nancy en 1901, et entra en
1902 au Conseil supérieur de la guerre. En 1906, devenu sénateur de Meurthe-
et-Moselle, il fut, en 1911, élu membre d3 l'Académie française en rempla-
cement du marquis Costa de Beauregard. Comme professeur du cours d'ar-
tillerie à l'Éoole supérieure de guerre et, plus tard, comme commandant
de cette école, il ava't donné des preuves nombreuses de sa science
militaire et d? sa grande expérience. Excellent écrivain, le général
Langlois, qui avait créé en 1901 la Revue militaire, est l'auteur d'ar-
ticles remarquables, parus dans le Temps et dans la Revue des
Deux-Mondes, où il étudiait diverses questions d'organisation et de
commandement. Les volumes qu'il a publiés en outre sont : Les Artille-
ries de campagne de V Europe en 1874 (Paris, 1875, in-18); — ■ Ins-
truction de tir dans Vartillerie de campagne (Paris, 1880, in-8) ; —
V Artillerie de campagne en liaison avec les autres armes (Paris, 1891-1892,
2 vol., in-8, nouvelle éd. en 1903); — '■ Manœuvre d'un détachement de toutes
artnes avec feux réels (Paris, 1897, in-12); — Enseignements de deux guerres
récentes. Guerres turco-russe et anglo-boer (Paris, 1903, gr. in-8, 4® édition
en lyv'*^; — Conséquences tactiques des progrès de l'armement. Élude sur le
terrain (Pai':"'-. 1903, in-8, plusieurs fois réimprimé); — Questions de défense
nationale (Pans, 1906, in-12); — La Belgique et la Hollande devant le
pangermanisme (Paris, 1906, in-12); — Les Manœuvres suis^::^ on, iC07
iPciri.-s. lôû", in-8); — QueiquC- Q^iCctions d^actiialité (Pa^-ls, 19G9, in-12).
Le général Langlois, qui était un ùc^ rédacieur^ J-- la Revue militaire, à
traduit de l'allemand le RèglemcrJ d'exercii^c? ■p.^ur la cavalerie de Vannée
royale de Prusse, du 5 mai 1855 (Paris, 1874, in-12^.
— M. Jules Cauvière, le distingué professeur de droit à l'Institut catho-
- 268 —
lique de Paris, est mort en cette ville, le 1" février, à 67 ans. Né à Marseille
en 1845, après do brillantes études de droit faites à la Faculté d'Aix, il
était entré dans la magistrature et avait été successivement substitut et
procureur do la République. Mais ses ardimtes convictions religieuses le pous-
sèrent à démissionner en 1876 et à entrer à la P' acuité de droit de l'Ins-
titut catholique do Paris, où il enseigna successivement le droit romain et
le droit criminel avec une hauteur de vue et une correction de langage
qui rendaient ses cours excessivement attrayants. Collaborateur très ap-
précié de la Vérité, du Monde, de V Univers, du Correspondant, du Journal
des Débats, du Moniteur, etc.M.Cauvière était membre correspondant do l'Aca-
démie de législation de Toul<Mise, et à Paris il faisait partie de la Société
bibliographique, de laSociété de législation comparée et de la Société des
prisons. En dehors d'une importante Histoire du divorce, à laquelle il tra-
vaillait et dont quelques fragments ont paru dans la Revue générale, il
avait publié : Critique littéraire. D'un Livre nouveau sur la littérature fran-
çaise (Châteauroux, 1883, in-8); ■ — ■ De la Condition de la femtne depuis
Vantiquité jusqu''à nos jours (Marseille, 1891, in-8); — Le Lien conjugal et
le divorce, mœurs israélites et mœurs païennes (Paris, 1890, in-8); — Le
Régime du bon plaisir (La Chapelle-Montligeon, 1895, in-8); — Institut
catholique de Paris. Rapport lu au nom de la Faculté de droit (Paris, 1895,
in-8); — De Digne à Saint- Martin, Vésubie et à Nice (La Chapelle-Montli-
geon, 1896, in-S); — Le Divorce au point de vue catholique et social (Paris,
1897, in-8); — V Honnête H omnw, discours (Paris, 1897, in-18); — Le Bon
Juge, étude de mœnr? conte7np')raines{V*âVis, 1907, in-8); — Discipline
militaire et obéissance passive (Pari;-, 1907, in-16).
— Le trop célèbre ex-Père Hyacinthe, dans le mond? Charles Loyson,
est mort à Paris, le 9 février, à l'âge do 85 ans. Né à Orléans, le 10 mars
1827, il commença ses études dans cette ville et les termina à Pau où son
père venait d'être nomrné recteur d'Académie. Entré à 18 ans au séminaire
de Saint-Sulpice, il fut ordonné prêtre quatre ans plus tard, puis alla
enseigner la philosophie au grand séminaire d'Avignon et ensuite la théo-
logie à celui de Nantes. Rappelé à Paris pour exercer le ministère sacerdo-
tal dans la paroisse de Saint-Sulpice, il se déternlina bientôt après à entrer
dans l'ordre des Carmes, ce qui devait lui permettre de satisfaire son
goût et d'utiliser ses aptitudes pour la prédication. Après deux annéos de
noviciat passées dams le couvent des Carm 'S de Lyon, il revêtit l'habit de
ces religieux et débuta en préchant la retraite dans le lycée de cette ville.
Puis ilalla prêcher l'Avent à Bordeaux en 1863 et le Carême à Périgueux
en 1864. A la fin de cette dernière année, il vint à Paris où il se fit en-
tendre à la Madeleine, et enfin, montant dans la chaire de Notre-Dame,
il obtint pendant l'Avent des trois années 1865, 1866 et 1867, un énorme
succès, dû, hélas! à une prédication qui n'avait cessé de paraître déplus
en plus suspecte aux esprits sages et éclairés. Mandé à Rome et blâihé, il
né tarda pas à prononcer à Paris, dans une séance de la Ligue internatio-
nale d"! la paix, des par .les, moins orthodoxes encore. Sommé alors de se
taire ou de changor de langage, il écrivit au Supérieur général des Cai'mes,
à Rom^', sa fameuse lettre du 20 septembre 1869, qui annonçait sa rup-
ture a.-ec son ordre et, en réalité, avec l'Église catholique. Frappé de l'ex-
communication majn]re,rex-moinc commença alors cette vie errante dans
les pays prot'stants, à laquelle sont condamnés tous les m''mbres du clergé
qui désertent l'Église. Nous n'a^'ons pas à suivre désormais M. Charles
Loyson au cours d'une existence tourmentée de près d'un demi-siècle; nous
— 269 —
devons nous borner à mentionner son œuvre littéraire. Les publications
dont il est l'auteur se divisent naturellement en deux catégories : celles
qui sont signées de son nom de religieux et celles qui portent son nom
de famille. Parmi les premièi'es nous citerons : La Société civile dans ses
rapports avec le christianisme (Paris, 1867, in-18); — Matérialisme et spiri-
tualisme (Paris, 1867, in-8); — La Famille (Paris, 1867, in-18); — Dis-
cours pour la profession de foi catholique d'une protestante (Pai'is, 1868,
in-8); — Discours prononcé au congrès de Munich (Paris, Î872, in-8); • — ■
Cantiques à V usage du eu' te rfu c/iréî;en (Genève, 187G, in-1 6). La série de
volumes parus sous son propre nom comprend : La Liturgie de r Église
catholique- gallicane suivie d'un Abrégé de catéchisme et d'un programme de
la Réforme catholique (Paris, 1883, in-18); ■ — ■ Ni cléricaux, ni athées, re-
cueil de discours et de lettres sur la troisième République (Paris, 1890, in-8) ;
— Edmond de Pressensé. Discours prononcé à Paris, le 19 avril 1891, dans
Véglise gallicane de la rue d' Arras (Paris, 1891, in-12); • — ■ Mon Testament
(Paris, 1893, in-32); — - Qui est le Christ? pour les ju'fs, les chrétiens et les
musulmans (Paris, 1900, in-12); — ■ L'Union religieuse et Le Dieu inconnu.
Discours prononcé dans Véglise Notre-Dame de Genève le 6 octobre 1901
(Genève, 1901, in-12); — Michel Seivet brûlé vif à Genève, le 27 octobre
1553. Discours prononcé à Genève, le 8 mars 1903 (Genève, 1903, in-8). A
cette même catégorie de livres vient s'ajouter une longue suite de brochui'es,
sermons ou conférences sur l'Église catholique en Suisse, Le Dimanche et les
classes laborieuses, U Ultramontanisjne et la Révolution, La Réforme catho-
lique, L'Inquisition, réponse au P. Monsabré, etc.
— M. Marc Sauzet, prof':'sseur à la Faculté de droit de Paris, député et
conseiller général de l'Ardèche, est mort à Paris le 7 février, à 60 ans. Né
à Tournon (Ardèche), le 18 février 1852, il fit ses études de droit à Paris
et devint avocat à la cour d'appel. Reçu agrégé, il fut nommé professeur
à la Faculté de droit de Lyon en 1881, puis à celle de Paris en 1891, M.
Marc Sauzet a été un des collaborateurs les plus actifs de plusieurs re-
cueils spéciaux de droit et y a pul)lié des mémoires fort appréciés, qui
ont été tirés à part, notamment ; Sur la Responsabilité des patrons; — Ls
Livret et les assurances des ouvriers; — ■ La Pe/'sonnalité civile des syndicats;
■ — La Juridiction des conseils des prud'hommes, etc.
— M. Pierre Quillard, poète, écrivain et helléniste distingué, est mort
à Paris, le 4 février,, à 48 ans. Né à Paris, le 14 juillet 1864, il fit de
solides études au lycée Condorcet et entra en 1887 à l'École des chartes.
L'année précédente, il avait fondé avec quelques jeunes littérateurs une
revue, la Pléiade. Nommé en 1892 professeiu' au collège arménien de Cons-
tantinople, il passa quelques années dans cette ville et prit ardemment la
défense des Arméniens persécutés par les musulmans, défense qu'il pour-
suivit à son r >tour à Paris en dirigv^ant pendant plusieurs années la revue
Pro Armenia. Les publications de M. Quillard sont : La Fille aux mains
coupées, poème dramatique avec notice bibliographique et dramatique
(Paris, 1893, in-8); — Za Gloire du Verbe, 1885-1890 (Paris, 1891, in-16);
— La Lî/re héroïque et dolente, de sable et d'or, l'Errante, etc. (Paris, 1897,
in-12); — La Question d'Orient et la politique personnelle de M. Hanotaux
(Paris, 1897, in-12) ; — Le Monument Henry. Listes des souscriptions (Paris,
1899, in-12); — Pour l'Arménie (mémoire et dossier) (Paris, 1912, in-16).
M. Quillard a traduit du grec Les Mimes d'Hérondas, l^ Livre sur les mys-
tères de Jamblique, V Antre des nymphes, àf. Porphyre, et Philoktète, tragédie
de Sophocle.
— 270 —
— On annonce encore la mort de MM. : Henri Beaussier, directeur
politique du Journal d'Indre-et-Loire, mort au milieu de février; — Paul
Bergon, compositeur de musique, mort à Paris, en janvier, à 48 ans; —
Lucien Beszard, qui a professé la langue et la littérature françaises à l'Ecole
normale supérieure de Budapest, puis la littérature et la philologie fran-
çaises à l'Université royale de la même ville, et qui, ayant collaboré au
Correspondant, à la Rei'ue historique et archéologique du Maine, aux Annales
fléchoises et la Vallée du Loir et à diverses revues hongroises, a publié :
Les Larmes dans Vépopie jrançaise (Halle, 1903), Toponymie communale
de l'arrondissement de Mamers (Strai^bourg, in-8), La Langue des] Formules
de Sens (Paris, 1910) et Éludes sur l'origine des noms de lieux habités du
Maine (Paris, 1910.) mort prématurément à Nancy, le 17 janvier, à l'âge
de 30 ans; — Eugène Cavektou, membre de l'Académie de médecine pour
la section de pharmacie depuis 1870 et ancien président de cette com-
pagnie en 1897, mort à Paris, au commenci ment de février, à 88 ans,
lequel, marchant sur les traces de son père, l'illustre pharmacien inventeur
de la quinine, avait fait de nombreuses et importantes recherches princi-
palement dans le laboratoire de Wurtz, sur le « carapa toulouconna »,
les « bromures d'éthylène bromes », etc., et en avait consiL,né les résultats
dans des mémoires fort estimés insérés au Journal de pharmacie et de
chimie; — le chanoine Auguste Dillekséger, curé de Notre-Dame de
Lorette, qui a rempli successivement les fonctions de professeur au petit
séminaire de Saint-Nicolas du Chardonnet et de supérieur de ce même
séminaire, mort à Ville-d'Avray, le 22 février, dans sa 62^ année; — Henri
Fabre, ancien administrateur et rédacteur en chef du Monde illustré,
mort à Paris, au commencement de février; ■ — Paul-Jean FoNTArNE,
rédacteur au Petit Parisien, membre de l'Association des journalistes
parisiens, vice-président de l'Association des nouvellistes parisiens, mort à
Paris, le 9 février, à 59 ans; — Henri Franck, pcète qui n'avait encore
publié que des essais et quelques poésies, mais dont le talent promet-
tait, mort à Paris, à l'âge de 23 ans, le 26 février; — Emile Garet, ancien
député des Basses- Pyrénées, qui avait fondé et dirigé pendant quarante
ans le journal C Indépendant et qui a publié un volume : Les Bienfaits de
la Révolution française (PaO'is, 1880, in-8), mort à Pau, au milieu de fé-
vrier, à 82 ans; — Louis Goard-Pagès, doyen et membre fondateur de la
presse municipale, mort à Paris, à la fin de janvier, à 79 ans; — Jules
Goybet, ancien président de la Société de géographie de Lyon et ancien
di ecteur de l'Écob de la Martinière de la même ville, mort à la fin de
janvier, à 88 ans; — Albert Jourdan, rédacteur à la Dépêche algérienne,
mort à la fin de janvier; — T. Klobb, professeur à la Faculté de Nancy,
mort au milieu de février à 51 ans, lequel avait publié : Essais sur les
lois des doubles décompositions chimiques (Paris, 1889, iii-4); — Judde
de la Judie de la Rivière, publiciste, mort à Bordeaux, à la fin de
janvier; — Lajeuke- Vilar, journaliste parisien, membre de l'Association
de la presse économique et financière, mort à Paris, au commencement de
février, à 58 ans; — Marcel Lauras, auteur dramatiejue, mort au com-
mencement de février, à l'hôpital de Beavjon, à Paris, à 39 ans, lequel
avait écrit, avec M. iMarcel Luguet : La Piqûre, comédie en un acte
(Paris, 1901, in-12); Cœurs vernis, comédie en quatre actes (Paris, 1902,
in-12),etc. ; — Alphonse Lescamela, directeur du journal les Pyrénées,
mort à la fin de février, à 85 ans ;• — l'abbé Pierre- Augustin Lécot,
curé de Chambornay-lez-Bellevaux (Doubs), qui laisse diverses études
— 271 —
historiques et archéologiques raanuscritfS telles qu'une Nomenclature his-
torique des abbés de Belhvaux et une Monographie de Cambiimum, qui
seront publiées prochainement, mort à Chambornay, le 21 décembre, à
l'âge d'î 65 ans ; — Henri Lozé, compositeur de muf-ique renommé, qui, à 14
ans. avait rt mporté le gi'and prix du conservatoire de Bruxelles, mort à Pa-'is,
au milieu d; février, à 57 ans; — Martial Moulin, poète dauphinois,
ancien directeur littéraire de la Revue des journaux et des livres, ancien
secrétaire de la Société des gens de lettres, mort à Aouste (Drôme), le
25 février, à 68 ans, lequel laisse plusieurs volumes, entre autres : En
campagne, 'i81G-i81l (Paris, 1881, in-12); Nella, histoire d'amour (Paris,
1886,' in-12) et Bouquet de nouvelles (Paris, 1889, in-12); — Poirier, doyen
de la Faculté des sciences de Clermont, mort à la fin de janvier, à 64 ans;
— Alfred de Sauvenière, auteur dramatique, romancier et chroniqueur
sportif, mort subitement à Paris, au milieu de février, dont nous citerons :
Idylle rouge (Paris, 1887, in-12). Piments rouges (Paris, 1887, in-8), le
Royaume de Saba, roman d'aventures fantastiques (Paris, 1888, in-12),
Chronique du Coursiug-Club de France (Paris, 1891, in-16), et les Courses
de lévriers, le Coursing (Paris, 1899, in-8).
— A l'étranger, on annonce la mort de MM. : Dr. Gustav Albrecht,
bibliothécaire et écrivain allemand, mort le 13 janvier, à Charlottenbourg,
à 47 ans, lequel laisse quelques ouvrages d'histoire locale; — Armaler-
Hansen, écrivain norvégien, connu par ses publications sur la lèp:'e, mort
à Bergen, en février, à 71 ans; ^- Herman Bang, journaliste, conféren-
cier et directeur de théâtre danois, mort le 29 janvier, à 55 ans, pendant
une tournée de conférences aux États-Unis, lequel est l'auteur de Tine,
Stucco, etc.; — Dr. Georg Berbig, écrivain allemand, auteur d'ouvrages
sur l'histoire locale et l'histoire religieuse, mort le 1^^" février, à Neus-
tadt, près de Cobourg, à 46 ans, auquel on doit : Dr. Johann Gerhards
Visitationswerk in Thuringen und Franken (Gotha, 1896, in-8); Ernst
der Fromme, Herzog zu Sachsen, ein Furst dcr inneren Mission in Zei-
talter des dreizigjâhrigen Krieges (Berlin, 1900, in-8), etc.; — Adolf Brie-
ger, poète lyrique allemand, mort le 18 janvier, à Halle-sur-la-Saale,à 80
ans, lequel est l'auteur de : Ueber den deutschen Hexameter (Posen, 1866,
in-4); Kroesus und Adrastus. Ein Gedicht (Posen, 1870, in-32); Beitrâge zur
Krilik einiger philosophischen Schriften desCicero (Posen, 1873, in-4), etc.;
— Dr. Adolf Brùniag, directeur du musée provincial de la ville de Hano-
vre, mort en février, à 44 ans; — Henry Elmsky Busteed, ancien médecin
militaire de l'armée anglaise de l'Inde, mort à Londres, le le^" février, à
80 ans, lequel avait publié sur l'histoire des Anglais dans l'Inde des ou-
vrages qui font autorité, entre autres : Echoes of Old Calcutta (2^ édit. en
1888); — Dr. Karl Capelle, philologiie allemand, directeur du gymnase
de Hanovre, mort en cette ville, en février, à 71 ans, dont l'ouvrage Anlei-
tung zum lateinischen Aufsatz fUr den Gymnasialgebrauchbaerbeitet (Han-
nover, 1880, in-8), a eu plusieurs éditions; — Dr. Georg Caro, privat-
docent d'histoire à Zurich (Suisse), mort en janvier, à 44 ans; — Dr.
David Cristison, un des principaux représentants des études archéologi-
ques en Ecosse, mort au milieu de janvier à Edimbourg, dont nous cite-
rons : Early Fortifications in Scotland et The Prehistoric Forts in Scotland;
— Dr. Paul DuPROix, professeur de pédagogie à Genève, mort le 24 jan-
vier;— Josef Ettinger, écrivain alkmand, auteur de Benjamin Contant.
Der Roman eines Leben (Berlin. 1909, in-8), mort au commencement de
février, à Francfort-sur-le-Mein, à 42 ans; — Dr. A.-M. Fairbairn, pro-
— 272 —
fesseur et écrivain anglais, qui fut, pendant 23 ans, principal du collèg»-
Mansfièld, à Cxford, ci qui a publié plusieurs oun rages de théologie et
d'histcfire religieuse. n'>taniment : Studies in tfie Philosophy of Religion and
Hislory, Studies in the Life of Christ et The Philosophy of the. Christian
Religion, miu't à LondJ'es, le 9 février, à 74 ans; — Dr. Dittmar Finkler,
professeur d'hygiène à l'Université allemande de Bonn, mort en cettb
ville, le 17 février, à 60 ans; — Dr. Otto Gaebel, professeur , de chimie
pharmaceutique à l'Université allemande de Breslau, mort en février, à
37 ans; — le R. P. Gismondi, membre de la Commission biblique, con-
sulteur de l'Index, successivement professeur de langues orientales à
l'Université grégorienne, professeur de langue hébraïque et de langue ara-
maïque à l'Institut biblique fondé par Pie X, mort à Rome, le 7 février,
à l'âg^ de 61 ans; — Dr. E. Golubinski, écrivain russe, auteu' d'ouvrages
sur l'histoire de l'Église, mort le 20 janvier à Sergiev.-ki Posad, à77 ans ; . —
Dr. Alfred Gruenhagen, professeur de physique médicale à l'Université
allemande de Kœnigsbcg, mort en cette ville, en février, à 70 ans; — Dr.
Rudolf Hackl, archéologue bavarois, mort en février, à Davos, à 31 ans;
— Dr. Hope HoGG. orientaliste anglais, professeur de langues et de littéra-
tures sémitiques à l'Univer.-^ité de Manchester, un des principaux collabo-
rateurs de \ Encydopcdia Bibîica, mort à la fin de février; — Dr. A. Tay- '
lor Innés, écrivain écossais, qui a publié plu^-ieurs volumes sur son pays,
tels que : Studies in Scottish History (1892); John Knox, dans la collec-
tion : Famous Scots (1892) et Tlie Scottish Church and tlie Crisis of 1907
(1908); — Dr. Heinrich Ki h n, professeur do droit ecclésiastique, de patro-
Jogie et d'herméneutique à l'Univecsité all« mande de Wurtzbourg, mort
au commencement da févi'ier, lequel a publié : Weg zur Weisheit,
Andachtshuch fiir Studier - und Gcbildete (Einsiedeln, 1902, in-8), etc.; — •
Dr. Karl Kraut, ancien professeur de chimie à l'École technique supé-
rieure de Hanovre, mort en janvier, à 83 ans; • — Paul Kunad, poète
-lyrique allemand, mort à Beiiin, le 15 janvier, à 48 ans. après avoir
publié : Gedichte und Aphorismen (Leipzig, 1907, in-8L etc.; — Dr. Salô-
mon Lefmann, professein* do Uttévatvu'e et d'histoire de l'Inde ancienne à
l'Université allemande de H-id lb?rg, mort en janvier, à 81 ans, après
avoir publié : Lalita Vistara. Erzaehlung von dem Lelen und der Lehre des
Clakya Siniba. Aus dem Original des Sanskrit uebersetzt (Berlin, 1874,
in-8î; Franz Bopp, sein Leben und seine Wissenschaft (Berlin, 1891, in-8),
etc.; — ■ Dr. Otto Lie&mann, professeur de philosophie à l'Université
allemande d'Iéna, mort en cette ville au milieu de janvier, à 72 ans,
dont les ouvrages ont eu une influence considérable sur l'étude de la philo-
sophie dans son pays, entre autres : Zur Analysis der Wirklichkeit, philo'
sophische Untersuchungen (-Strasboui'g, 1876, in-8) *^iGedanken und That-
sar.hen. Philosophisclie Abhandlungen, Aphorismen und Studien (Strasbourg,
1882, in-8); — Vernon Lushington, écrivain anglais, un des derniers
survivants des collaborateurs de YOxford and Cambridge Magazine, mort à
la fin de janvier, à 80 ans; — Hiigh Mackenzie Mackintosh, une des
figures les plus en vue de la presse de la Grande-Bretagne, lequel avait
dirigé longtt mps le Standard, ainsi que divers autres journaux en Anglo-
terre et en Ecosse, mort au commencement de février, à 56 ans; — Dr.
Julius Pagel, professeur d'histoire de la médecine à l'Université de Ber-
lin, mort en cette ville, le 30 janvier, à 61 ans; — le pasteur César
Pascal, auteur d'un ron\an historique : La Fiancée du, proscrit, mort à
Brighton (Angleterre), le 31 décembre 1911, à l'.ige de 73 ans; — Dr.
— 273 —
Theodor Piderit, écrivain all^'iuand, auteur de : Kuriose Gf^schichteti {Ber-
lin, 1872, in-8); Drei Buclmen-Dichtungen (Nordan, 1880, in-8); Mimik und
Physiognomik (Dotmold, 1886, in-8^, etc., mort à Detmold, le 23 janvier,
à 86 ans; — Dr. Sigi.smond Rahmer, médîcin et écrivain allemand, mort
en février, à Berlin, à 45 ans, dont nous citerons : Physiologie nder die
Lehre von den Lehensvergaengen im menschlichen und tierischen Koerper
(Stuttgart, 1891, in-8); Dr. Josef Ruff, médecin allemand, mort
en février à Karlsbad, à 66 ans, après avoir publié : Diaet und Wegweiser
fUr Gallensteinleidcnde mit ein Anhang : Karlsbader Kur oder Opération?
(Berlin, 1904, in-8), etc.; — Dr. Max Salomon, écrivain allemand, auteur
d'ouvragos sur l'hygiène, mort le 22 janvier à Berlin, à 75 ans, dont
nous citerons : Die Entwickclung des Medicinalwesens in England mit
vergleichenden Seitenblicken auj Deutschland und Reformvorschlaegen. IJis-
torische Skizze (Munich, 1884, gr. in-6) et Handbuch der speciellen Intemen-
Therapie. FUrAerzte und Studierende (Berlin, 1885, in-8); — Alb ort Sco-
BEL, le directeur scientifique de l'établissem-'ut géographique Belhagen et
Klasing de Leipzig, mort le 6 fé-vrier, à Kastelruth (Tyrol); à 61 ans; —
Dr. Frédéric Seebohm, ancien banquier et littérateur anglais, mortàHit-
chin, au commencement de février, à 78 anSj lequel a publié dos monogra-
phies estimées, telles que : The English Village Community, The Tribal
System in Wales, Tribal Custom in Anglo-Saxon Law et The Era of the
Protestant Révolution; — • Mgi' Francesco Sogaro, archevêque d'Amida,
président de l'Académie dos nobles ecclésiastiques, mort dernièrement à
Rome, à 73 ans; — Dr. W. Steffensen, directeur du Musée national
danois, mort à la fin de janvier à Copenhagae, à 72 ans; — • Dr. Fried-
rich Stephan, philologue allemand devenu journaliste, qui fut de 1880 à
1900 le directeur de la Vossische Zeitung, mn't dernièrement à Berlin, à
82 ans; — • Dr. Hjalmar Thuren, écrivain danois connu par ses recherches
sur les chants populaires, mort en février à Copenhague; — Hermann
Undeutsch, professeur de mécanique et de construction de machines à
l'Éoole des mines de Freiberg (Saxe), mort en cette ville, en janvier, à 68
ans; — ■ le R. P. Amand Van Tours, ancien recteur du collège Notre-Dame,
à Anvers, mort à Tournai à la fin de février, à l'âge de 65 ans; — Dr.
Justin Bernhard Westerkamp, professeur de droit à l'Université allemande
de Marbourg, mort en janvier, à 72 ans; — Karl Wolf, écrivain tyrolien,
mort le 4 février, à Méran, à 64 ans.
Lectures faites a l'Académie des inscriptions et belles-lettres.
— • Le 2 février, M. Loth termine la lecture de son étude sur les localités
de Cornouailles, dans lesquelles l'auteur de Tristan et Yseult a fait vivre
ses héros. — M. P. Meyer, qui a cherché ailleurs les origines du même
poème, se rallie à l'opinion de M. Loth. — M. Martha cherche à démontrer
que la langue étrusque appartient au groupe des langues ouralo-altaïques, et
traduit une longue inscription écrite dans cet idiome. — M.Havet présente
quelques observations auxquelles répond M. Martha. — M. Gagnât lit en
seconde lecture son mémoire sur la frontière romaine en Tripolitaine. — Le
23,1e P. Scheil donne une seconde lecture de son travail sur la chronologie du
règne de Hammourabi. — M. Cuq étudie le sénatus-consulte permettant
le cuite de Sérapis à Délos. — L'explication qu'il apporte est contestée
par MM. Gagnât et Alfred Croiset. — M. Prou relit son étude sur les pla-
ques remontant à l'époq^'e carolingienne qu'il a relevées dans l'église de
Schoennis (Suisse).
Mars 1912. T. GXXIV. 18.
— 274 —
Lectures faites a l'Ac.ai>kmie des sciences morales et politiques.
— Le ;> fcvTk'i-, M. H. W'elsohingcr lit la préface d'un livre qu'il va
publier sur le prince de Bismarck. — Le 21, M. Geoffroy do Grandmaison,
président de la Société biblio£?i'apliique, lit un travail très documenté sur
la Cour du Roi Joseph à Matb-id de 1808 à 1913.
Prix. ■ — Dans sa séance annuelle du 7 décembre 1911, l'Académie
française a décerné l"s prix suivants :
Prix de Poésie (I.ÔOO fr.). — A M. 1 ■ linitenant Georg\s Rollin : La
Conquête de Vair.
Prix Montyon (20.500 fr.). — Cinq prix de i. 000 fr. : ia Poétique navale
et la flolle française, par j\L le vice-amiral Fournier; — La Pacification de
la Mauritanie, par M. le colonel Gouraud; — Chantilly et le Musée Condé,
par ;M. Gustave Maçon; ■ — La Force noire, par M. le lieutenant-colonel
Mangin; — Au cœur de VAtlas (1904-1905), par M. d? Scgonzac. — 31
prix de 500 fr. : Trois Filles à marier, par M. Fernand Ai'bier; — Les
Touareg, par M. le capitaine Aymard; — Blad de Luno et Babali, par M.
de Baroncelli-Javon; — Le Cloclier fleuri, par M. Maurice La Belangv;raie;
— - Les Femmes poètes de V Allemagne, par MH»^ Lya Berger; • — Mon ami
Fou-Thon\ par M. Léo B\ram; — Les Indes néerlandaises, par M. An-
toine Cabaton; • — Les Origines de V expédition d'' Egypte, par M. François
Charl'^F-Roux; — La Belgique moderne, terre d'expériences, par M. Henri
Charriant; — Américains et Barbaresques (1776-1824), par M. Dupuy; —
La Petite Gratienne, par M^i'-' Yvonne Durand; — V Ascète, par M. André
Fergan; — La Science du bonheur, par M. Jean Finot; — Histoire géné-
rale de V Algérie, par M. Henri Garrot; — Le Chemin de sable, par M. Jac-
ques des Gâchons; — • Images d' Alsace-Lorraine, par M. Emile Hinzelin; —
Sites délaissés d'Orient (du Sinàï à Jérusalem), par M. Jean de Kergor-
lay; — Kientchang et Lolotie, par M. A. F. Le gendre; • — Chaucer, par
M. Emile Lf g<»uis; — Nouvelles Etudes sur l'histoire de la pensée scientifique,
par M. G. Milhaid; — Le Livre du foyer, par M™e Augusta Moll-Weiss;
— Ce que les pauvres pensent des riches, par M. Fernand Nicolay; — Les
Volontaires de la Meurthe aux armées de la Révolution (levée de 1791^, par
M. Henry Poulet; — L'Ame des villes, par M. de Romeuf; — La Grande
Boucle, par M. Maurice Rondet-Saint; — Dans la vallée de la Couze, par
M. Énaile Roux-Parassac ; — Le Lieutenant Jacques Roze (1875-1907), par
M. Etienne Roze; — L'Énergie américaine, par M. Firmin Roz; — Les
Solitaires, par ]\I. C.-M. Savarit; ■ — Souvenirs de campagne, par M. Silber-
mann; — La Mort du Boi (21 janvier 1793), par M. Pierre d^^ Vaissière.
Prix Juteau-Duvigneaux (5.0C0 fr.). — 1.500 fr. à M. l'abbé Henri Bré-
mond : L'Inquiétude religieuse; ■ — 1.000 fr. à M. l'abbé Jules Lfbreton :
Les Origines du dogme de la Trinité. — 5 prix de 500 fr. : Pages de la
charité, par M. François Bournand; — - LAbbé Béraud, par M. l'abbé J.-B.
Chailkt; — Saint Filibert, par M. l'abbé L. Jaud; — Histoire du sémi-
naire de Saint-Nicolas du Chardonnet, par M. P. Schœnher; — L Idée de
VÊtat dans saint Thomas d'Aquin, par M. Jacques Zeiller.
Prix Sobrier-Arnould (2.000 f'-.). — 2 prix de 1.000 fr. : Le Mont Saint-
Michel, par M. l'abbé Bosstbœuf ; ■ — La Savoie (2« partie), par M. Léan-
dre Vaillat.
Prix Furtado (1.000 fr.). — 2 prix de 500 fr. : Mes filles, par M™*
Dora Mekgari; — George Meredith, par M. Constantin Photiadès.
Prix Fabien (3.300 fr.). — 5 prix de 500 fr. : Contrat de travail et sala-
riat, par jNI. a. Boissard; — L'Assistance par le travail, par M. Edouard
— 275 —
C'.ormouh>liuulo.s; — La Cita future, par M. Louis de Meui"ville; — ■ Au
Pays lau.dais,pdxM. ^.-H. Ricard; — La Crise rurale, i^ar MM. Paul Roux
et Georges de Fontenouille. — 2 prix de 400 fr. : MM. J. Soleil et Geor-
ges Bonnefoy, Z^e Livre dei paysans; — M. Anatole Weber, L'Enseigne-
ment de la prévoyance.
Prix Charles Blanc (2.400 fr.). — 4 prix de 500 fr. : En Grèce, par
monts et par vaux, par MM. Daniel Baud-Bovy et Fred Boissonnas; —
Histoire de la peinture classique, par M. Jean de Foville; — Le Bernin,
par ]\I. Marcel Reymond; — Giov. Antonio Bazzi detto Sodoma et la fin de
VÊcole de Sienne au. xvi^ siècle, par M. Achille Ségard. — Un prix d«
400 fr. : Iconographie de Jean- Jacques Bousseau, par M. de Girardin.
, Prix de Jouy (1.400 fr.). — 900 fr. à M. le commandant de Bouillane
de Lacoste : Autour de l'Afghanistan. — 500 fr. à M. Henri Davignon : Le
Prix de la vie.
Prix Jules Favre (1.000 fr.). — 2 prix de 500 fr. : M"»® A. Couvreur :
Poésies; — M^^*' Emilie de Villers, Les Ames de la mer.
Prix Davaine. Prose (1.500 fr.). — 3 prix de 500 fr. : Sur la via Emilia,
par M. Gabriel Faure; — Vn Fruit et puis un autre fruit, p^r M'ne Jean
Pommerol; — La Dilecta de Balzac, par M^^ Geneviève Ruxton.
Prix Gobert (10.000 fr.). — Le grand prix à M. Joseph Bédier : Les
Légendes épiques; — • le second prix à ]\L Louis Batiffol : Le Boi Louis
XIII à vingt ans.
Prix Therouanne (3.500 fr.). — 1.000 fr. à M. Emile Collas : Valentine
de Milan, duchesse d'Orléans. — 5 prix de 500 fr. : Etudes historiques sur la
pharmacie en Bourgogne avant 1803, par M. A. Baudot; — ■ Une Ambas-
sade suisse à Paris (1663), par M. Tony Borel; — Napoléon et l'Europe.
La Politique extérieure dit Premier Consul (1800-1803), par M. Edouard
Driault ; — L'Opposition religieuse au Concordat de 1792 à 1803. — Après
le Concordat, l'opposition de 1803 à nos jours, par M. C. Latreille.
Prix Halphen (2.000 ff.). — Un prix de 1.000 fr. à M. Jean Brunhes ;
La Géographie humaine. — 2 prix do 500 fr. : Ducliesse de Dino. Chronique
de 1831 à 1862, par M"»^ la princesse Radziw'.ll ; — • Dictionnaire de biogra-
phie des hommes célèbres d'Alsace, par M. Fr, Edouard Sitzmann.
Prix Bordin (2.500 ît.\. — 1.500 fr. à M. Victor Giraud : Biaise et
Pascal; — 2 prix de 500 fr. : La Bévolution française et les lettres ita-
liennes (1789-1815), par M. Paul Hazard; — La Crise anglaise, par M. Phi-
lippe- ]\lillet. j
Prix Marcelin Guérin (5.500 fr.). — J.OOO fr. à M. E. F. Gautier : La
Conquête du Sahara. — 9 prix de 500 fr. : La Benaissance de la Grèce
antique (1820-1850), par M. René Canat; — Les Jongleurs en France au
moyen âge, par M. Edmond Faral; — La Jeunesse de Shelley, par M. A.
Koîzul; — Bonsard, poète lyrique, par M. Paul Laumonier; ■ — • La Jeu-
nesse de Wesley, par ]\L Augustin Léger; ■ — Le Bomantisme et les mœurs,
pa.'- M. Loui>^ Maigron ; — L'Œuvre de Bahelais, par M. J'^an Plattard;
— La Nouvelle française au xv^ siècle, par M. Werner Sœderhj''lem; — •
Bahel. Histoire d'un salon romantique en Allemagne, par M. Jean- Edouard
Spenlé. j
Prix Guizot (3.000 fr.). — 1.000 fr. à M. F. Gaiffe : Le Drame en
France au xviii^ siècle. — ■ 4 prix de 500 fr. : Piron, sa vie et son œuvre,
par M. Paul Chaponnière; — Emile Augier et la comédie sociale, par M.
Henry Gaillard de Champris; — Essai politique sur Alexis de Tocqucville,
par ]\L R. -Pierre Marcel; — L'Œuvre de Molière et sa fortune ^en Iialie, par
M. Pietro Toldo.
prix l.anglois {1.200 fr.). — 3 prix de 400 fr. : à M. Maurice Pellisson:
Chansons et poèmes, de Henri Heine; — à M. Jacques de Coussange;
L'Individualisme, par Ellen Rey ; — à M. Georges Grappe : La France
d^ aujourd'hui, par Barett Wendel.
Prix Saintour (4.500 i'.). —1.500 fr. à M. l'abbé Griselle : Édition
de Bossuei et Fènelon. — • 3 prix' de 1.000 fr. : à M. Ferdinand Gohin:
Œuvres poétiques, par Antoine Héroef, — à M. H.-J. Molinier : Essai
biographique et littéraire sur Oclavien de Saint- Gelays, évêque d'Angoulême
(1468-1502) et Mellin de Saint- Gelays (1490-1558); — à M. Gustave Bois-
sière : Remarques sur les poésies de Malherbe, pa^ Urbain Chevreau.
Prix Jules Janin (1.000 fr.). — A M. Henry Lantoino, pour sa traduc-
tion des Créorgiques de Virgile.
Prix Archon-l)esperouses(2.500 fr.). — 1.000 fr. à M. Albert Giraud :
La Guirlande des dieux. — 3 prix de 500 fr. : La Maison de granit, par
M^s Énxile Arnal; — • V Armada vaincue, par M. INIichel Charles-Bernard;
— Les Brandies lourdes, par M. Léon Bocquet.
Sur le prix du Budget, on a préle\é cinq récompenses de 500 fr. : La
Gloire de la rose, par M. Maxime Formont; ■ — ■ Le Chemin de la vie, par
M. Georges Gourdon; — Dernières Promenades, par M. Gh. Grandmougin;
— L'Encens et la Myrrhe, par M. Charles Grolleau; — La Chanson des
vieilles choses, par M. Loui> Tiercelin.
Prix Davaine. — Poésie (1.500 fr.), partagé entre : Le Livre des livres, par
M. Jean Bonnerot; — Clairs horizons, par Mme Amélie Mesureur.
Prix François Coppée (1.000 fr.). — 2 prix de 500 fr. : Le Royaume
de la terre, par M. Henri Bouvelet; — - Les Conquérants divins, par M.
Adrien de Carné.
Prix Toirac (4.000 fr.). — M. Miguel Zamacois: La Fleur merveilleuse.
P.-ix Emile Augier (5.000 fr.). — M. Gab:'iel Trarieux : L'Alibi.
P.'ixManbinne(3.000 fr.). — 5 prixde 600 fr. : M. Barron, Mn»e pierre
Froment, MM. Charles Fuster, T ancre d> Martel, Séché fils.
— Prix Estrade-Delcros (8.000 fr.). — A M. Charles Péguy.
Prix Née (3.500 fr.). — A M. Louis Bertrand.
Prix Vitet (2.500 fr.). — A M. le colonel Baratter.
Prix Narcisse Michaut (2.000 fr.). — A M. Paul Renaudin : Ce qui
■demeure.
Prix Kastnor-Boursault (2.500 fr.). — A M. François de Nion.
Prix Lambert (1.600 fr.). — A M. de Larmandie.
Prix Marmier (850 fr.). — A M^e Marie- Anne de Bovet.
Paris. — • Les Comptes d'un grand couturier parisien du xv"^ siècle, qui ont
été retrouvés dans une ancienne reliure (que de choses curieuses nous ont déjà
fournies ces reliures de jadis) et que M. Camille Couderc nous fait connaître
avec une excellente Introduction et des notes explicatives précieuses (Ex-
trait du Bulletin de la Société de Vhistoire de Paris et de l'Ile de France,
t. XXXVIII. Pari';, 1911, in-8 de 75 p. et fao simile), nous apportent sur
l'économie domestique danslapremière moitié du xv^ siècle (1423-1455), sur
la vie privée, sur le coût de l'habillement tant des hommes que des fem-
mes (car Colin Gouidin de Lormoye, le couturier en question, était tail-
leur pour les deux sexes), sur les usages du commerce, et même sur quel-
ques personnages de l'époque (la clientèle du tailleur était nombreuse et
varié?, tout en se recrutant surtout dans l'Université et dans le clergé),
nombre de renseignements utiles qu'une bonne table permet de mettre
aisément à profit. ; -'■
- 277 —
— Le R. P. Ubald d'Alonçon cherche la iracoj Des^Influrtu-es francis-
caines sur Vauteur du c Combat spirituel » (Extrait^ des Études francis-
caines. Paris, Avig'uste Picard, 19] 2, in-8 de 16 p.). Il est parvenu à éta-
blir que le R. P. Lorenzo Sciipoli, pour la rédaction de cet ouvrage de
spiritualité ï\ célèbre et sans ccsf e ré'mpvinié, s'est inspiré de la bienheu-
reuse Battista Varani, dans ses Méditations sur 1'. s douleurs mentales de
N.-S. J.-C, et plus encore du Traité de la paix de Vâme du franciscain espa-
gnol Juan de Bonilla, dont l'ouvrago offre avec l; !-;itn de telles ressenn-
blances que souvent il a été publié sous son nom et qu'un éditeur ancien a
pu croire que le Traité de la paix n'était qu'une réduction du Combat
spirituel; ce qui est impossible, observe justement le P. Ubald, puisque,
tandis que ce dernier n'a paru qu'en 1589, l'autre était publié depuis
1580.
— A propos du centenaire de Dichens, que l'Angleterre s'apprête à célé-
brer avec solennité, un admirateur fervent du grand romancier anglais,
M. Albert Troullier, no\is donne une piquante brochure sur les Billets de
M. Miccwber, dans « David Copperfield» (Paris. Larose et Tenin, 1912,
in-8 de 12 p.). 11 nous montre comment Dickens a su nous faire toucher du
doigt « le danger de l'abus du billet à ordre » et peindi'e la mentalité « plus
répandue qu'on ne le pense généralement de ceux qui supposent qu'une
dette est éteinte quand on a obtenu un certain délai pour se libérer. » V.-rli^
— C'est pour nous un vif plaisir de lire un livre ou un simple article de
M. Albert Cim sur un suj^t de bibliophilie ou de bibliogi^aphie. Et ce plaisir,
nous venons de l'éprouver une fois encore en savourant les rt;nseigne-
ments et conseils pratiques qu'il donne dans un travail, érudit sans qu'il
y paraisse t-op, aimable et spirituel à coup sûr, intitulé : V Achat des
livres, lequel a paru dans les numéros des 25 janvier et 25 février der-
niers de la Revue des Français. En 16 pag^s, l'auteur établit d'abord, et
fort justement, que le papier est un facteur important, capital, qu'il ne
faut pas négliger quand on se procure un livre; ensuite il examine les
avantages et les inconvénients des divers formats et les reliures ou car-
tonnp.gvs qu'il convient le mieux d'adopter; il donne aussi quelques avis,
qui prouvent son expérience, sur la façon de « chasser » le « bouquin »,
après quoi il nous présente de fines et amusantes esquisses d'amateurs et
de libraires (libraires à catalogues d'ouvrages d'occasion et étalagistes des
quais), enfin il termine par une hymne à sa manière sur les beautés du
livre et les jàes qu'il procure, tout en égratignant très joliment tel écrivain
de marque ayant commis de grosses hérésies bibliophiliques et en jetant
quelques fleurs aux vrais maîtres qui ont su sacrifier comme il convient
au dieu Livre.
— Les artistes surtout, cela va de soi, mais aussi les arche jlogues et
les historiens seront heureux de consulter le beau volume publié à la
suite de la Réunion des sociétés des beaux-arts des départements (35^ session),
qui s'est tenue à Paris, dans la salle de l'hémicycle, à l'École nationale
des beaux-arts, du 6 au 9 juin 1911 (Paris, imp. Plon-Nourrit, 1911,
in-8 de xxviii-350 p., orné de 51 grav. dans le texte et hors texte. —
Prix : 7 fr. 50). La simple nomenclature des lectures et communications
qui ont été faites à cette occasion suffira povir donner un aperçu de ce
recueil : Jérémie Le Pileur, peintre de Tours, au dix-septicme siècle, par
M. L. BoKSebœuf (p. 3-8, avec 1 planche); — Allégorie du mariage de Gas-
ton d'Orléans et Marie de Bourbon- Montpensier (1625), peinture murale à
Champigny (Indre-et-Loire), par le même (p. 9-12, avec 2 planches^; — •
— 278 —
Doctwirrils sur le tht aire cti Belgique sous le gouwrnement du prince Charles-
Alexandre de Lorraine, par M. Albert Jacquot (p. 12-43, avec 2 pi.); —
La nenaissance en Franche-Comté. L'Atelier dolois de sculpture ornemen-
tale, par P. Bnme (p. 43-58, avec 4 pi.); — Notes et documents inrdits sur
les beaux-arts en Provence, par M. Raimbault (p. 58-77); — Église de
Vancienne abbaye du Miroir, par M. Jean Martin (p. 78-81, avec 4 pi.) ;
— Les Ateliers de sculpture et de taille de pierre de Tournus, par M.Gabriel
Jeanton (p. 82-109, avec 2 pL); — Vitraux de Véglise de Sainte-Croix
(Saôue-et- Loire), par M. Pierre Cordier (p. -110-117, avec 2 pi.); — Le
Premier Jubé de la cathédrale de Bourges, par M. Alfred Gandilhon (p. 118-
123); — Les États de Bretagne et l'enseignement du dessin au dix-huitième
siècle (écoles de dessin de Rennes, Nantes, Saint-Malo et Lorient), par
M. André Lesort (p. 123-142); — Pejntures murales des églises de Torsac
et de Bouteville (Charente), par M. Emile Biais (p. 143-149, avec 1 pi.);
■ — Deux Portraits par Mme Vigée-Le Brun, par le même (p. 149-151,
avec 2 pi.); — L'Église de Marines. La Chapelle du chancelier de Sillery.
Son École de théologie. Ses œuvres d'art, par M. Léon Plancouard (p. 151-
178, a\'t'C 6 pi.); — La Gravure dite « à la Reine », œuvre de Durig (Jean-
Joseph), par M. Maurice Hénault (p. 178-185, avec 2 pi.); — Un Étui à
missel en cuir gravé, du xv^ siècle, par M. E. Veuclin (p. 185-187, avec
1 pi.); — Les Principaux Musiciens de la ville de Dreux (dix-septième et
dix-huitième siècles), notes inédite;^, par M. E. Veuclin (p. 187-191); • —
Jean-Baptiste Vietty (suite et fin), par M. Léon Cliarvet (p. 492-239, avec
4 pi.); — Deux Tableaux inédits du peintre Granet, d'Aix. Son portrait par
L. Dupré, et documents divers, par M. le baron Guiltibert (p. 239-245,
avec 2 pi.); ■ — - Jacques Gamelin, professeur. Le Cours de dessin à V École
centrale de r Aube (11 9 6-iSQd), par M. Joseph Poux (p. 246-279, avec 3 pi.);
• — Les Portraits de Jean Carondelet, chancelier perpétuel de Flandre, con~
seiller intime de l'empereur Charles- Quint, haut-doyen de Besançon, arche-
vêque de Palerme et primat de Sicile (1469-1544), par M. H. de Montégut
(p. 283-287, avec 3 pi. et une reproduction d'ex-iibris dans le texte); — •
Le Retable et le sépulcre de Domjulien (Vosges) (arrondissement de Mire-
court, canton de Vittel), par M. Gaston Chrismant (p. 287-294, avec 3 pi.);
— Le Manoir Formeville, par M. Ch. Engelhard (p. 295-317, avec 3 pi. et
un petit plan dans le texte).
— En décembre 1910 (t. CXIX, p. 543-544), nous avons présenté à
nos lecteurs une brochure de 58 pages, intitulée : Les Ministères français
(1 789-] 909). Une nouvelle édition de ce travail, grandement améliorée et
nxise à jour, nous arrive avec les dates : 1789-1911 (Paris, Cornély, 1911,
in-8 de 79 p. — Prix : 3 fr.). C'est autre chose qu'une simple et sèche
énumération de noms. D'abord, l'Introduction, remaniée, retrace l'histoire
et l'é/olution des différents départements ministériels; puis, des notes
nombreuses et précises, placées au bas des pages donnant la composition
des ministères constitués depuis 113 ans, fournissent les rensuignemimts
nécessaires sur les qu-^-stions essentielles, alors que quelques erreurs, iné-vi-
tables dans une première édition, ont été corrigées; enfin, — amélioration
fort appréciable, — ce petit volume se termine par un Index alphabéticpie
des nom^ djs ministres et sous-secrétaires d'État, qui rend les recherches
trè; faciles. Tous les travailleurs sauront gré â la Société d'histoire mo-
derne d'avoir publié à leur usagi un mémento aussi pratiquement utile,
qui forme, il convient de le remarquer, le deuxième fascicule d'une série
de « petits instruments de travail » que ladite société se propose de cons-
— 279 —
tituer. — Rappelons, puisque l'occasion s'en présente, que le premier de
ces fascicules a trait à la Concordance des calendriers républicain et gré-
gorien, avec une notice préliminaire, par M, Pierre Garon (Pa^is, Bellais,
1905, in-8 do 59 p. — • Prix : 2 fr. 50). La notice reproduit le décret de
la Convention nationale du 5 octobre 1793, duquel il résulte que la pre-
mière année de la République française a commencé le 22 septembre 1792
et a fini le 22 septembre 1793. La suppression du calendrier républicain
eut lieu le 22 fr\ictidor an XIII (9 septembre 1805); mais le calendrier
grégorien no fut mi-^ en usage dans tout l'empire français que le 11
nivôse (1 ^f j mvier 1806). Suivent les tableaux de concordance, q li parlent
du 1^*" vendémiaire an II (22 septembre 1793). Quatre pages de chacune
quatre colonnes sont consacrées à chaque mois républicain. Les concor-
dances vint jusqu'au 22 fructidor an XVII (1«'" septembre 1809). Une
note, mise au bas de la page 10. explique qu'au point de vue typogra-
phique « il a été impossible d'obtenir une disposition satisfaisante en s'ar-
."êtant à l'an XIV (1805), et que « certains actes (actes administratifs,
contrats) contiennent d'ailleurs des dates républicaines postérieures à
l'an XIV «, de sorte que, dans ces conditions, la « concordance p>!rmcttra
de les identifier jusqu'à l'an XVII. » — Et maintenant nous attendons
la suite de ces inté'-^ssants « petits instruments de travail, » Puisse- t-elle
ne point trop tarder !
— Mgr A. Battandier fait paraître à la libraiiie de la Bonne Presse
V Annuaire pontifical catholique pour 1912 (Pal"^S, Maison de la Bonne
Presse, petit in-8 de 797 p., avec de nombreuses illustrations. — • Prix :
5 fr.K C'est le quin/ièmo volume d'une collection qui, tout en contenant
d;s listes complètes, soigneusement mi.^es au point et ingénieusement dis-
posées, de digaitair.^s ecclésia.stiques, offre au lecteur des notic.^s aussi
variées qu'intér.r. santés. Nous y trouvons une étude très solide sur les Pa-
pes et la Papauté au ii*' siècle, sur les diccèses du Pérou, l'organisation
i' Jigieus? de l'empire aUemand, les anciens évêchôs d'IJlyrie et de Grèce,
l'É;.;!! je, janséniste d'Utrecht et les chrétientés orientales d'Ame 'ique. Les
ordres religieux sont tous mentionnés dans un chapitre spécial qui renferme
en outre des statistiques détaillées concernant les basiliens, L'S bénédic-
tins, les augustins et les carmes déchaussés. Le savant prélat y a ajouté
une dissertation fort intérer-sante et copieusement illustrée sur h> port de
la ba^b3, une autre sur l'âge requis pour l'épiscopat, et une d;sc;Mption
fort étendu-' du Trésor d3 la Basilique de Saint-Pierre. L'œuvre do Mgr
Battandijr est complétée par un sommaire des Actes pontificaux et des
Gongi'égations rom lines. Une telle publication n'a d'un simple annuaire .qu3
l'appai'ence et nous ne saurions mieux la comparer qu'à l'encyclopédie de
Moroni, avec plus d'ord.e, de critique et par suite d'utilité pour quiconque
s'intéresse à la vie de l'Église.
— Un volume qui, de plus en plus, devient indispensable à quantité de
personnes et à toutes les administrations, c'est le Paris-Hachette (année
1912, édition simplî, petit in-8 car.^é de 1476-xxvin p. • — Prix : broché,
3 fr. 75; cart., 5 fr.). Le titre complémentaire : Paris tout entier sous la
main,, est amplemmt justifié. En eff<t, si l'on cherche une adîwsse mon-
daine à la ville et à la campagne, un numéro de téléphone, le nom et
l'adresse d'un artiste, d'un écrivain, d'un magistrat, d'un homme poli-
tique, d'un industriel, d'un commerçant, un renseignement iiuvlconque sur
les administrations, Iss théâtres, les expositions, etc., on trouc»^ tout,
vite et sans p'ine. Et cela sous un format commode, nullement cmbarraG"*
- 2S0 —
sant comme les publications similaires, souv.nt trop compliquées. A noter
aussi le grand plan de Paris qui indique les chemins de frr et leurs stations,
les stations des bateaux-omnibus et les lignes du Métropolitain, soit en
exploitation, soit en construction, égolement avec leurs stations.
— Recueil instructif, amusant, édifiant : ainsi peut-on qualifier le Mois
liltéraire et pittoresque, revue vraiment universelle, q\ii, par son illustra-
tion abondante et soignée, a presque le droit de s'annoncer comme album.
L'esprit et l'œil ont donc, ici, satisfaction à peu près égale. Les deux volu-
mes de l'année 1911 nous arrivent tardivement; cela ne saurait nous empê-
cher de les accueillir avec tout l'empressement et toute la svmpathij qu'ils
méritent (tom?s XXV et XXVI de la collection. i3e année. Paris, Ville
arr., 5, rue Bavard, 1911, 2 vol. in-8 de chacun 768-192, avec des mor-
ceaux de musique paginés i-96, répartis par moitié dans chaque volume
et illustrés d'un nombre considérable c^e gravures. — Prix : broché, France,
12 fr.; Étranger, 14 fr.; reliés toile, plaque spéciale, tr. dorées, 17 fr.). Il
nous faudrait plusieurs pages de la présente Chronique pour noter la totalité
des études, récits ou variétés de toutes sortes que l'on trouve dans ces deux
riches volumes; mais cela n'étant pas possible, nous nous bornerons à men-
tionner, en les groupant par genres, les sujets les plus attachants eu que
leurs titres imposent davantage à l'attention : I. Romans ;^t nouvelles :
Les Deux Mains, par Pierre l'Ermite; Le Château de l'oncle Mathieu, par
M. Philippe Ré^'nier; Fin de vacances, par M. Antonin Lavergne ; Saint-
Exupère-les- Châsses, par M. E. Plessis, roman tiré à part en volume et dont il
sera question plus tard; En Retraite, par ]\I. Antonin Lavergne; Légende des
morts, par M. Fved; Uji Mariage banal, par M. Philippe Régnier; Le Petit
Jésus de cire, par M"i^ Suzanne Mercey. — II. Histoire. La France il y "a
cent ans (1811), où notre très distingué collaborateur M. Geoffroy de Grand-
maison retrace la vi3 politique, militaire, religieuse, littéraù'e et artis-
tique dans la capitale en l'année 1811 : étude vraiment curi^-uso et atta-
chante, et si bien illustrée ! Le Siège de Belfart, par M. Emile Clerc, relation
assez succincte, mais combien poignante ! Les Monastères de sainte Thérèse
à Açila, par M. Henry Joly ; Alexandre /^r et Elisabeth , par M. Pio/re Rain;
La France en 1861, par ]M. Noël Aymès; Le 4 acût 1789, par M. Gustave
Gautherot; Comment on voyageait en Grèce et à Rome dans V antiquité , par
M. Jules-Philippe Heuzé; Louis XVIII à Mémel et à Varsovie, par M. le
baron A. de Maricourt; Généraux d^occasion et généraux d'inspiration, par
notre excellent collaborateu- M. le comte de Sérignan; L'Émancipation
des paysans russes, par M. Hubert Gautier. — III. Beaux- Arts. Le Tintoret,
par M. Jacques Hérissay; Famagouste, par M. C. Enlart; Franz Liszt,
par M. L. Auge de Lassus; Les Rois mages d'aprè les artistes, par M. Abel
Fabre; De Giotto à Raphaël, par le même; Baptistères et fonds baptismaux,
par M. Camille Enlart. — IV. Variétés. Eugénie de Guérin et son château natal
par notre collaborateur ]M. Armand Praviel; Sapeurs-Pompiers de Paris,
par M. Ed. Laval; Boulangerie mécanique, par M. A. des Chaumes;
Tahiti, par M le vice-amiral Besson; La Semaine sainte à Fontarabie, par
M. Joseph Thermes ; Les Provinces balttques, par M. Jean Denys; Une
Visite aux ateliers de timbres-poste français, par M. Jacques Boyer; Les
Ostensions en Limousin, par M. Jean Vézère; Les Familles royales d'Europe,
par M. Marc Hélys (Bulgarip, Hollande, Grèce, Korvège, Autriche-Hon-
grie, Russie); Le Millénaire de la Normandie, par Edward Montier; Huit
lettres inédites de Lamennais à Dom Guéranger (1830-1832), par M. Paul
Luion; Les Thébaîdes en Cappadoce, par M. J. de Natolie; Le Musée de
— 281 —
la police, par M. Jean Séris ; Villégiatures romantiques, par M. Jules Ber-
taut; Le Pavage des villes modernes, par M. Jacques Boyer; Colonisation
var orphelins en Tunisie, par M. Henry io\\ -.Artisans d'autrefcs et artistes
d'aujourd'hui, par M. Grospélier. — Sciences. Horloges électriques, par M.
A- des Chauni.'i'S; Phares et projecteurs électriques, pai' le même; Projecteurs
militaires automobiles, par M. Lucii^n Fournior; La Motoculture, par M. A-
des Chaumes; La Sensibilité végétale, par M. A. Acloque; La Lumière
invisible, par lo même; Le Télégraphe chez soi, par M. A. des Chaumes.
Et comme, obligés d'abréger, il convient de finir par quelque chose de sail-
lant, nous signalerons les intéressantes, morahs et pratiques Lettres à ma
cousine (nouvelle série), par M. Gabriel Aubray. 'f:'0,
Anjou. — Sous ce titre : Andegaviana (Paris, A. Picard et fils; Anj,ers,
Siraudeau, IGll, in-8, 512 p., avec une carte. — Prix : 4 fr.), M. l'abbé
Uzureau, avec une persévérance que les amateurs de documents ne sau-
raient blâmex", continue, par une onzième Eéri\ la collection déjà volumi-
neuse de ses reproductions de pièces, auxquelles sont jointes, de temps à
autre, le fruit à^ ses rcchtrches personnelles. Ce orzième volimc est digne
des précédents : nous n'avons fien à retrancher ni à ajouter à ce que nous
en avons dit ici. Citons, on cttte dernière partie : Mœurs et usages des
Angevins; — Voyages en Anjou, en 1686, 1780; — des pièces et notes sur la
Guerre de la Vendre; • — Napoléon et les Chouans en 1799;' — L* Arrondis'
sèment de Beaupreau, en 1803; ■ — La Conspiraticn de Pichegru; — £e
Sac>-e de V Empereur; — L.es Cent- Jours;- — Le Prince de Joinville et le duc
d'Aumale à Angers en 1842; — Louis- Napoléon, Mac-Mahon, etc., des
pages relatives aux chapitres, vicaires-géntiaux, curés, séminaire, églises
ou paroisses d'Angers, Saumur, Cholet, Longue, Torfou, Saint Christophe,
Saint-Macaire, Beaupreau, les Gardes; dt s communautés de Fontevrauld,
Bellefontaine, Bfaufort, Ar.gers, Saumur, fœurs de Saint-François; l'Uni-
versité a'Angers; — pour la biographie, nous trouvons les noms de :
Leroyer de la Da.uversière, Jeanne de la Noue, Montault, Loir-Mongazen,
M"»e de Chemdi* r, le comte de la Potherie, Bancelin, Breton, d'Armaillé,
Duchesne de Denant, Bonchamps, De cf.en, de Luigné, cardinal Ré^^nier,
Giraud, Joubert-Bonnaire, Myionnet, Chri.staud, Segri';, de Falloux, Ba-
chelot, Angebault, Berryer, de Quatrebarbe, etc. Mais il faudrait copier la
table des matières presque toute entière.
— La jeune Société des lettres, sciences et arts du Saumurais, dans son
6® Bulletin (Saumur, imp. Godet, in-8 de 96 p.), publie, avec ses procès-
verbaux, ses excursions, les fouilles de Saint-Rémy la Varenne, des notes
et notices sur : L'Attaque de Saumur par les Vendéens (cap"^ Rolie); —
Corporation des chirurgiens-barbiers (O. De.'mé de Chavigny); — Congrès
régionaliste de Bourges (D'' Bontcmps); — Les Fêtes décadaires à Mon-
treuil-Bellay (C. Charic-r); — Marguerite d'Anjou [M.^'^ Renouard) ; — Les
Lanternes des morts à Moulhierne et à Montsoreau (F. Uzureau); — A
propos d'un fer à cheval (M. Joly ) ; — Une Mineure au rabais [D^ Bontemps) ;
■ — A propos de M^^ de Sévigné (D' Bontcmps); — La « Marie-Jeanne »
(canon des Vendéens) était-elle saumuroise? (capitaine RoUe); — Les
Principaux du collège de Saumur (F. Uzureau). Le fascicule reproduit, en
outre, quatre vieilles planches, gravées sur bois, de l'imprimerie saumu-
roise Degouy {xvii« et xvin« siècles), ainsi qu'un portrait de Marguerite
d'Anjou.
Franche-Comté. — Les compatriotes de M. F. Richenet lui sauront gré
d'avoir réuni en un très gracieux volume les poésies de genres bien tranchés
— 262 —
qu'il a publiées au cours do sa longue existence. Titre point du tout tapageur;
Pas!>c-temps rimes d'un Franc-Comtois (Doli% typogvaphio . Rousseau,
ion, in-12 de 1-222 p. — ■ Prix : 3 îr.). A diverses reprises, nous avons
signalé plusieurs des pièces que l'on retrouve ici et qui ont fait l'objet
de petites plaquettes. Il en est d'autres, et non des moins bon-
nes, que nous ignorions. A lire seulement la première et la dernière de ces
poésies, l'on n'aurait qu'une idée bien imparfaite du talent de M. Richenet,
qui, tout comme le rossignol, passe, avec un égal bonheur, du doux au
grave, du plaisant au sévère. Ainsi le volume s'ouvre par de beaux vers
sur la Mort de V archevêque de Paris sur les barricades de juin et se clôt
par d'autres, singulièrement émouvants, où, sous le titre bref de Meae,
le poète exhale ses plaintes à propos de la mort de sa femme (octobre
1910). Cette pièce est un petit chef-d'œuvre que le cœur a inspiré et
qu'un art réel a fixé. M. Richenet chante aussi l'illustre Pasteur, l'hé-
roïque Mesny de Boisseaux, massacé par les Prussiens pendant l'Année
terrible, et un jeune neveu. Fougères, mort face à l'ennemi, tout là-bas,
au Tonkin. Mais dans ce recueil, la note dominante, c'est la gaîté. Et que
d'esprit et d'humour ! Et puis quelles gracieuses descriptions de la Franche-
Comté ! Quels jolis tableaux de mœurs ! La vie circule partout, pleine de
sève, débordante ! La pièce intitulée : Le Décoré nous fournit un exemple,
entre cent autres, de cette bonne gaîté :
Ecoulpz, mes amis, ce n'est pas une colle :
Sans savoir seulement à quoi sert un licol,
Comme Saint-Georges, fier, heureux, je caracole ;
Me voilà, me voilà, me voilà le col-col-
C'jllègue de Pasteur; je me pousse du col,
Car je sois Chevalier du Mérite agricole.
En maints endroits, M. Richenet se révèle poète du clocher : nous re-
commandons sa fréquentation aux débutants qui, le plus souvent, se
perdent dans le vague et dans le vide ou se noient dans la banalité, croyant
cependant avoir enfourché Pégase, alors qu'ils cheminent lamentablement
sur quelque pauvre Rossinante.
— plusieurs fois nous avons ici même m?ntionné les plaquet-
tes poétiques de M. Amédée Deprat, qui autrefois habitait Besançon
et réside aujourd'hui au Tonkin, à Hanoï. C'est de cette ville lointaine
qu'il nous envoie un nouveau recueil : Impressions de traversée. Premières
Impressions à Hanoï. En Chine (Dole, imp. Aud'b3rt. 1911, in-8 de 38 p.).
En 18 sonnets, il célèbre tour à tour la traversée de Marseille à Port-Saïd
et celle de la mer Rouge au golfe du Bengale, puis Saigon, puis Hanoï; il
rappelle ensuite le souvenir de Francis Gai nier, d'Henri Rivière et de
Courbet et rend hommage aux 592 soldats français qui défendirent
Tuyen-Quan en 1885. Nous ne pouvons tout mentionner; n'oublions pas
cependant la dernière pièce où il salue la dépouille mortelle d'un ami,
ancien maire de Dole (Jura), M. Emile Renaud, ^
Que l'école Iaï.4ue_eut pour puissant soutien;
r^Si C3 magistrat municipal n'a pas d'autre tit.'e pour passer à la postérité, il
n'est pas téméraire de penser qu'il ne tardera guère à être pi'ofondément oublié.
Les .sonnets que nous trouvons ici manquent d'envolée : on croirait vraiment
qu'en émig.^ant sous d'autres cicux, la muse de M. Dup;'at a quelqiui peu
trahi le p' été.
— 2bo <■»-»
— Né à Avignon^ « petit hameau dépendant de la cité de Saint-Claude
(Jura) », le l^r juillet 1751, Antide Janvier, le plus savant horloger de
son temps, mourut à Paris, à l'hôpital Cochin, le 21 septembre 1835. En
plus d'articles succincts insérés dans divers grands dictionnaires, nous ne
pouvons guère citer sur Antid'^ Janvier qu'are notice de 7 pag^^-s lue le
7 juillet 1837, par M. Destigny, à l'Académie de Rouen, dont l'horloger
artiste et écrivain était memb"e. Cette phvsionomie, curieuse cep indant à
plus d'un titre, ne semble pas avoir séduit ses compatriote -, et c'est un
tort que M. Léopold ReA'erchon a un peu réparé en publiant dans le
Cosmos du 7 mars dernier une notice fort attachante sur ce personnage
trop oublié : Une Vie d'artiste : Antide Janvier (p. 272-276, avec un portrait
et un croquis). L'auteur a très bien résumé la vie assez mouvementée de
son héros, donnant aussi un aperçu de ses œuvres de mécanique et de ses
travaux d'écrivain. Et il déclari\ en forme de conclusion : " La vie de
Janvier ne peut pas être offerte comme un exemple de dignité morale. On
y trouve d' s écarts difficilement oxcusablis... Mais quelque blâmable
qu'ait pu être, à certains moment'-., la conduite de l'artiste, la sombre
mi ère dont il pava ses écarts lui mérite quelques bribes de cette indulgence
qu'on accorde aujourd'hui si facilem'^nt à de grands hommes heureux, qui
ne valai'^nt à ce p.4a+ de vue assurément pas mieux que lii. » Voilà qui est
parler net, et combien judicieusement! ■''^f-!:,>j fvi^j j J^
Languedoc. — Elle est de bien modeste apparence la l''^ livraison du
tome IX de la 3^ sérip du Bulletin de la société archéologique, scientifique et
littéraire de Béziers (Béziers, imp. générale Barthe, Soueix, Bourdou et
Rul, 1911, in-8 de 93 p.). On n'y trouve, en effet, que des morceaux de
circonstance, tels qu'un discours, très agréable cependant, du président,
M. le D' Vinas, où est retracée la vie intellectuelle de la Société en 1910
(p. 5-15) ; un Rapport sur le concours de poésie française, présenté par M. le
D' Rome (p. 16-26); un autre Rapport sur le concours de mémoires histo-
riques et archéologiques, lu par M. Antonin Soucaille (p. 27-35); enfin un
Raport sul la pouesio occitano, per lou douctou Vinas (p. 36-51) qui, pré-
senté à l'ar.ditoire en langue d'oc, a dû avoir beaucoup de succès. Ce fas-
cicule renferme la Table générale alphabétique et analytique de 1901 à
1910 des travaux et études publiés par les membres de la Société pendant
cette période décennale. . , -^^ ^i *| t ^
Lorraine. ■ — Le Discours prononcé le 30 septembre 1911 aux obsèques de
M. Gabriel Thomas, secrétaire perpétuel de l'Académio de Stani'.las, par
le président M. Georges Pariset (Extrait dss Mémoires de l'Académie de
Stanislas, 1;»] 1-1912. Nancy, imp. de Berger-Lev-'ault, 1912, iii-S do 12
p., avec portrait) honor? la mémoire d'un ancien magistrat qui fut un érudit
distingué, et qui a laissé notamment un livre sur les Révolutions politiques
de Florence, dont M. Paciset a pu dire qu' « après un quart de siècle il
n'a pas une ride » et que « c'est une œuvre qui restera. » -^
NIVER^'AIs. — Toujours en retard, l'érudit Bulletin de la Société niver-
naise des lettres, sciences et arts. Nous recevons seulement le 2^ fascicule du
tome XIV û.i la 3^ série (XXIV^ volume de la collection) (Nevers,,Maze-
ron, 1911, in-8, paginé 95-158); Le premier travail à mentionner est une
étude biographique que M. J. Charrier nous donne sur l'abbé André-Char-
les Brotier, qui eut une existence fort mouvementée pendant la période
révolutionnaire et mourut à la Guyane, où il avait été déporté, le 12 sep-
tembre 1798 (p. 95-118); — M. H. Montagnon nous entretient ensuite
— 284 —
d ■ la Suède (géologie de sr.f ter/ains pri})iiiifs; ses loiirhières) (p. 119-137) ;■
— M. L.-M. Pousseroau retrace la carrière d'un f impie instituteur, mem-
bre de la Société nivernaise, Gaston Gauthier, qui, tu mourant le 23 août
1911, a laissé de nombreuses études sii.r le Nivernais (p. 138-148). Et se-
lon l'usage, le fascicule se clôt par les Chronique et Mdanges pour Vannée
1911 (p. 149-158), chapitre que M. de Lespina^se rédigv toujours avec le
même soin.
Poitou. — M. Henri Gaillard a tiré à part des Mémoires de la Société
des antiquaires de V Ouest (t. V, année 1911), son Ropport sur les travaux de
la Société... pendant Vannée 1911 (Poitiers, imp. Roy, 1911, Jn-8 de 32 p.).
Le très distingué secrétaire y rend hommage aux membres perdus par la
Société et notamment au rtgretté savant qu'était le P. de La Croix,
dont il esquisse et apprécie l'œuvre en termes excellents; il nous fait
assister à la vie de la société, aux lectures faites pai' les memjjres; il fait
ressortir l'intérêt des mémoires présentés par eux; il expose l'œuvre de
la docte compagnie sur le terrain archéologique et particulièrement les
accroissements des précieux musées auxquels elle apporte tant do soins.
Belgique. • — Le Gl'' volume des Mémoires et publications de la Société
des sciences, des arts et des lettres du Hainaut nous est parvenu récemment
(Mons, imp. Dequesne-Masquillier, 1910, gr. in-8 de xvi-6o-159-lC-7-5 p.,
avec 7 portraits et un fac-similé d'écriture). On y verra qu'en 19(9 ont été
célébrées à Mons des Fêtes à l'occasion du LXXV^ anniicrsaire de cette
société et aussi de la Fondation du prix Houzeau de Lehaie. Divers dis-
cours ont été alors prononcés. Kous nous bornerons à rappeler celui de
M. Jules Carlier sur Antoine Clesse et Vesprit national (p. 27-46). Puis nous
signalerons l'importante biographie que M» Emile Htblard a donnée sur
le Naturaliste hollandais Pierre Lyonet, sa vie et ses œuvres (17(e-17l9),
d'après des lettres inédites (1C9 pages, avec portrait et fac similé d'écriture).
Remarquablement présentée, cette biographie, divisée en huit chapitreSj
comprenel non seulement une table détaillée dos matières, mais aufsi me
table alphabéticiue dos noms de personnes. ■ — Le volvmc se termine par
quatre petits mémoires dus à M. Léon Godeaux ; Généralisation eVun
théorème de François Deriiyts (10 p.); — Si^r la gér.ération de quelques
courbes et surfaces algébriejues (4 p.); — Le Théoranc jvndcmeiA(.l cVad-
jonction sur une variété algébrique à trois dimensions (7 p.); — Sur les
transformations birationnelles involutives qui mutent en elles-mêmes les
droits d'une congruence (5 p.).
Espagne. — Nous avons déjà dit précédemment l'intérêt des Barrancos
et Cuevas (Haut- Aragon. Espagne) do M. Lucien Briet ( Polyliblion de
janvier dernior, t. CXXIV, p. 90-91); la lecture de la seconde partie de
ce travail, paru en septembre î9;i dans Spelunca, Bulletin et Mémoires
de la Société de spéléologie (Paris, au siège de la Société, in-8 de 32 p.,
2. pi. hors texte et fig. dans le texte) n'es^ pas pour modifier notre appré-
ciation. Si l'auteur n'y signale pas, cette fois, la découverte inattendue
d'un pic jusqu'à présent non porté sur les cartes, il y étudie une source
thermale déjà signalée, existant dans le défilé de las Cambras, la l'uente
do Bafios do Puyarruego, et différentes cavernes nouvelles, en parliculie:'
la Cueva de Gallisné. Bientôt, grâce à M. Briet, les Pyrénées aragonaises
n'auront plus de secret pour nous. Mai.-- pourquoi cet auteur n'en tf.it-il pa'^
maintenant une étude d'ensemble? Nul, mieux que lui, n'est qualifié pour
nous la donner.
Turquie. — Nos lecieurs n'ont pu manquer d'avoir dans les journaux
— 285 —
Técho (l^^ déplorabhs di/i ions qui déchirent les Arméniens catlioliques de
Constantinoplo et dos efforts faits par un groupe de mécontents pour '>bte-
nir du gouvernement ottoman la destitution de Mgr Ternan. Un religieux
français qui se trouve actuellement à Constantinople et qui connaît nos
frères arménims pauf avoir étudié avec une sympathie douloureuse leurs
milh?urs et les persécutions dont ils sont victimes, a adressé ^4»x Arméniens
catholiques de Constantinople un appel qui est celui du bon sens et de la
vérité, pour les inviter à l'union dans la foi et la charité et pour leur •'ap-
peler que si leu's griefs si nt justifié;, le seul t'ibunal où ils puissent être
portés c'est celui du Pontife romain qui seul peut défaire ce que le pou-
voir civil n'a pu faire (Péra, imp. F. Loeffler, in-8 de 12 p.)- La brochure,
qui ne porte d'autre nom d'auteur que « par le plus humble de leurs amis »,
est datée du 12 janvier 1912. i i' -1^^ ^^ jr^ ..j-|
5Ç'Ér\Ts-Uxis. — La Smi':hsonian Institution nous a adressé plusieurs
publications, notamment son Bulletin n° 63 (A Monographie Revision of
the Coleoptera bclonging to th'i Tenehrionide Tribe Eleodinii inhabiling
the United States, L'^w:r Calijornia, and adjacent Islands, by Frank E.
Blaisdell (Washington, Governmuitp'intingOff'ce, 1909, in-8 de xi-524 p.,
avec 13 planches), lequel contient une monographie très complète des
colé)ptèr.?s du gîure Elodss qui habitent la Basse-Californie. Quant au
Bulletin n'' 65, il est relatif à la minéralogie (Dendroid graptolites of
the Niagaran Dolomites al Hamilton, Ontario, by Ray S. Bassler (Was-
hington, 1909, in-8 de ix-64 p., avec 91 fig. et 5 planches). Le Bulletin
n" 66 contient une étude entomologique; c'est une revision des coléoptères
de l'ordre des streptosiptera Kirby, par M. W. Dwight Pierce (Washing-
ton, 1909, in-8 de xii-253 p., et 15 planches). Outre ces travaux spéciaux,
nous devons signaler particulièrement le gros 38^ volume des Proceedings
of the United States National Mttseum (Washington, 1911, in-8 de xv-677
p., avec 56 belles planches et de nomb"". fig.). Ce volume se compose pres-
que entièrement demémeires sur l'histoire naturelle. Nous citerons parmi
ces intéressants travaux une étude sur les oiseaux recueillis ou observés
pendant l'expédition de 1' ■( Albatros » dans l'Océan pacifique Nord, la
mer de Bering, le Japon, etc., par M. Austin Hobart Clark; sur les
nouveaux h/méaoptères des îles Philippine'^, par M. Crawford; sur ime
collection d'oiseaux recueillis en Corée, par M. Pierre-Louis Jouy; sur les
nouveaux lépidoptères de Mexico, par M. Dyer; sur de nouvelles espèces
d'ichneumens, par M. Viereck; sur un nouveau crocodile fossile, par MM.
Gilmore, et autres.
Publications nouvelles. — ■ Les Odes de Salomon. Une œuvre chre
tienne des environs de Van 100-120, par J. Labourt et P. Batiffol (in-8,
Lecoffre, Gabilda^ — ■ La Loi et la foi, étude sur saint Paul et les fudaï-
sants, par A. de Boysson (in-16, Bloud). — • La Théologie de saint Paul,
par F. Prat ^in-S, Beauchesne). — Mon grand Catéchisme, manuel d'ins-
truction et de formition chrHienn-'s, par T. Dequin et A. Ledieu (in-16,
cartonné, Bloud). — • La Contemplation, ou Principes de théologie mystique,
par le R. P. E. Lamballe (in-16, Téqui). — • J'ai perdu la foi\ réponse à
VincréduUté moderne, par le R. P. R. Ruiz Amado; trad. de l'espagnol par
l'abbé E. Gerbeaud (in-16, Téqui). — Y a-t-il un Dieu? Y a-t-il survie de
Vâmc après la mort ?, par H. Hugon (in-16, Téqui). — - L'Éducation eucha-
ristique, par J.-G. Broussolle (in-16, Téqui). — ■ Le Christ et l'Eglise dans
la question sociale, par L.-A. Glffre (in-16, Bloud). — ■ Le Cardinal Pie.
Discours choisis, avec une Introduction des notices et des notes, par l'abbé P.
— . 286 -
IlalXiants (petit iii-8, Bruxelles, Kelkr). — L'Objet intégral de Vapologé~
tique, par E.-A. d? PouJpiqust (in-16, Bloud). — En SLwant le Maître.
Moi-^ du Sacré-Cœur, par l'abbé A. Dard (in-IS, Lecoffrc, Gabaldal. —
L'Éducation chrétienne, conférences, par l'abbé H. Le Camus (in-16, Téqui).
■ — ■ Manuel- F ormidaire de V enregistrement, des domaines et du timbre, suivi
d'un Précis de manutention et de comptabilité, par J. Castillon (in-8, Librairie
générale de droit et de jurispr\:denc(>). — Dieu et Science. Essais de psy-
chologie des sciences, par E. de Cvon (in-8, Alcan). ■ — Le Fondement de la
responsabilité pénale. Essai de philosophie appliquée, par H. Urtin (in-8,
Alcan). — Leçons de philosophie sociale, par le R. P. Schwalm. T. IL (in-
16. Bloud). — Œuvres choisies philosophiques, piU D. Hume; trad. de l'an-
glais par M. David. I. Essai sur l'entendement humain. Dialogues sur la
religion naturelle (-in-8. Alcan). — Les Forces éternelles et autres essais, par
Emerson; trad. de l'anglais par K. Johnston (in-16, Mercure di France). —
Précis de psi/chologie, par H. Ebbinghaus; trad. sur la 2« éd. allemande
par G. Raphr-ël et revu sur la 3^ éd. par le D'' G. Revaidt d'Allonnes
(in-8, Alcan). — A travers lesronces, parB. Jouvin (in-16, Bloud). — La Lutte
contre le Sweating- System, par P. Boyaval (gr. in-8, Alcan). — • Le Socia-
lisme français de 1789-1848, par G. et H. Bourgin (in-16, Hachette). —
Estudios sociales, por P. T. Rodriguez (2 vol. in-18, Madrid, imp. Helé-
nicaK — I^es Petites Industries rurales, par Ardouin-Dumazet (in-12, Le-
coffre, Gabalda). — Traitement mental et culture spirituelle. La Santé et
Vharmonie dans la vie humaine, par A.-L. Caillet (in-18, Vigot). • — Lour-
des. Les Guérisons, par le D'' Boi^sarie (gr. in-8, Mairon de la Bonne
Presse). — La Grammaire de la science. La Physique, par K. Pearson; trad.
de l'anglais par L. March (in-8, cartonné, Alcan). — La Télégraphie sans
fil, par L. Fournier (in-18, Garnier). • — Le Pain de froment, étude critique
et recherches sur sa valeur alimentaire selon le blutage et les systèmes de
mouture, par E. Fleurent (in-16, Gauthier- Villars). • — Légumes et fruits
de primeurs. Procédés de forcerie, par A. Van den Heede (in-12, Amat).
— La Doctrine de défense nationale, par le capitaine Sorb (gr. in-8, Berger-
Levrault). — Correspondance et fragments inédits, par E. Fromentin (in-
16, Plon-Nourrit). ■ — Vom Musik-Traktate Gregoi^ des Grossen, von P. G.
Vivell (in-16, Leipzig. Breitkopf und Hâi'tel). — Die Quaestiones in Mu-
sica, von R. Stegîich (ir>-^ Leipzig, Breftkcpf und H a 'tel). • — Sur l'art
de diriger, par F. Weingartner; trad. par E. Heintz (in-16, Leipzig,
Breitkof und Hârtel). • — Ménestrels communaux et « instrumentistes divers »
établis ou de passage à Malincs, de 1211 à 1 790, par R. Van Aerde (gr. in-8,
Malincs, Godenne).— Das Konservatorium fUr Musik in Prag (1811-1911),
verfasst von Dr. J. Branberger (g:*, in-8 carré, Prag, Verein zur Befôr-
d«rung der Tonkunst in Eôhmen). — La Musique en Chine, par G. Soulié
(in-8, Leroux). — Actualités scientifiques, par M. de Nansouty (in-16, Boi-
vin). — Lexique du « Journai des Concourt », par M. Fuchs (in-8, Cor-
nély). — Au Pays lorrain, par P. Ladurelle (in-18, Lem^rre). — Odes, par
G. Marie (in-18, Lcmerre). — L'Ame éparse, par F. Colomb (in-18, Lemerre).
— Petits Poèmes, contes et fantaisies en prose, par A. Ruffin (in-18, Le-
merre). — Confitebnr tibi in Cithara, par P. de Cossé Brissac (in-16, Plon-
Nou-rrit). — Dans le silence des rêves, par P. Granoti» r (in-18, Jouve). —
Au souffle des vullées, par M.-J. de Chantai (in-18, Fignière). — Poésies,
par le vicomte P. Alessand' (in-18, Figuiere). — Pour l'attaque \ par D.
Yvonneau (in-12, IVfcssein). — Vers à chante^". Bimes à dire, par A. de Nes-
selrode (in-î6, Éditions des Escholiers). • — Un Coin du voile, par C. Yver
- 287 —
(in-18, ('alra;!nn-Lcvy^ — • Lu Repentir, par C. de Pomaii'ols (in-16, Plon-
Nourrit). — L'Élève Gilles, par A. Lafon (in-lG, Porrin). — • Un Mari par
procuratinn, par J. Stoele; trM. de l'anglais par R. d'Agè.s (in-JG, Hachi'tte)
— Mes Vacances, par A. Cim (in-8, Hschttte). — Un Duo, par A. Conan.
Doyle (in-18. Stock). — Les Enquêtes dit prestigieux Hewitt, pai' A. Morri-
son; adaptation française par A- Savine et Gcorges-Miclu'l (in-18, Stock).
— Nouvelles Enquêtes du prestigieux Hewitt, par A. Morrison; adaptation
française par A. Savine 'in 18, Stock). — ■ L.a Puissance des autres, par
M. Coraert (in-18, Stock). — Xe Prince des riches, par F. Rivet (in-lS,
Stock). — Imato. Rcx Dei, par A. C.cupey (in-18, Lemerre). — La Graine
au vent, par J. Nesmv (in-16, Grasset). — Fûninistes, par J.-R. Sée (in-8,
Fignière). — Feuilles mortes, par A. Le Brun (in-18, Figuière). — • La Fée
du Val André, par M. de Harcoët (in-16, Beauchesne). — Feux follets, par
H. Bister (in-16, H. Gantier). — Sur le sable, par M. Le Mière (in-16, H.
Gautier). — S aint-Exupère-les- Châsses, par F. Plossis (gr. in-8, Maison de
la Bonne Presse). — Histoire de la. comédie romaine. Sur les tréteaux lutins,
par G. Michant (in-12, Fontemoing). -r- Il Concetto e Vordine del « Para-
diso » dantesco, da G. Bnsnelli. Pai'te II. VOrdine (in-12, Citta di Castello,
Lapi). — Les Grands Écrivains de la France. Correspondance de Bossuet.
Nouvelle éd. publiée par C. Urbain et E. Levesque. T. V. (janvier 1692-
septembre 1G93) (in-8, Hachette). — Leopardi et Mn>e de Staël, par S.
Ravasi (in-8, Champion). — Le Mouvement romantique, par P. Van Tie-
ghem (in-16, Hachette). — Les Sources du merveilleux chez E. T. A.
Hoffmann, pav P. Sucher (in-8, Alcan). — ■ Alfred de Vigny. Contribution à
sa biographie intellectuelle, par F. Baldensperger (in-lG, Hachette). — •
Pages romantiques, par F. Liszt, publiées avec une Introduction et des
notes par J. Chantavoine (in-16, Alcan). — Théodore de Banville (1823-
1891), par JI. Fuchs (gr. in-8, Cornéiy). — IJIllusion et la désillusion
dans le roman réaliste français (1851-1890), par G. Jakob (gr. in-8, Jouve).
— Une nouvelle « Histoire ancienne de l'Église ", par le chanoine Marchand
i in-12, Paris et Poitiers, Oudin). — IJ Avenir du Jtristianisme. \^^ partie. Le
Passé chrétien, vie et pensée, par A. Dufourcq. VI. Époque occidentale. His-
toire de VÉglise du xi^ au xviii^ siècle. Le Christianisme et V organisation
féodale, 1049-1300 (in-lG, Bloud). ■ — El terciari francssca beat Ramon
Llull, doctor arcangélic, y martre de Crist. Sa vida y la hislôria contem-
poranea, per M. J. Avinyo (petit in-8, Igualfcda, Poncell). • — ■ Archives du
' ngner (J. Chappée. Le Mans). Série H, art. 97. Cartulaire de iabbaye de
Saint- Sauveur de Villcloin, par l'abbé li.-J. Denis (in-8, Champion; Le
Mans, A. de Saint-Denis). — Béatrice d'Aragon, reine de Hongrie (1457-
1508), par A. de Berzeviczy. T. I. (in-16, Champion). — • Histoire mo-
'Vm<? (1498-1VI5), classe de i^econde. A. B. C. J)., par P.-G. Heinrich (in-16
eartonné, Bloud). • — - ie Régiment des Gardes- Suisses de France. Les Suisses
en Italie (campagne de Marignan), par le capitaine de Vallière (gr. in-8,
Berger-Levrault ; Lausanne, « Revue militaire suisse » ). — Du Luthéra-
nisme au protestantisme. Évolution de Luther de 1517 à 1528, par L. O'is-
liani (in-8, Bloud). — Saint François-Xavier, par A. B''ou (2 vol. in-8,
Beauchesne). — Bu^sy d'Amboise et Madame de Montsoreau, d'après des
documents inédits, par L. Mouton (in-8. Hachette). — Autour de Saint-
Simon, documents originaux, par A. Pereire (in-18, Champion). — Essai
sur l'ordre des hospitaliers de Saint- Jean- de- Jérusalem et de son gouverne-
ment civil et militaire à Malte, au commencement du xviii^ siècle, par L.
Héritte (in-4. Éditions de « Documents d'histoire «). ■ — Le Mont Saint-
— 288 —
Michel inconnu, d'après des documents iw'dits, par E. Dupont (petit in-8,
Perrin). — Milices et volontaires du Puy-de-Dôme. Etude sur le recrutement
de Vannée 1688-17^^3, par le commandant Flocon (in-8, Bcrj^vr-Lovrault).
— Histoire gé?i^rale de l'Eglise, par F. Mourret. T. VI. L'Ancien Régime,
xvii^ et xviii*' siècles (gr. in-8, Bloud). — La Russie et le Saint-Siège, études
diplomatiques, par P. Pierling. T. V. (in-8, Plon-Nourrit).— Histoire de
Chevron, par J. Gsrin. T. II. I^s Communiers avant 1792 (in-16. Champion).
— Les Martyrs. XI. La Révolution (1791-1794), par le R. P. Dom H.
Leclercq (in-8, Paris et Poitiers, Oudin). — Le Gênerai de Clausewitz, sa vie
et sa théorie de la guerre, par P. Roques (in-8, Berger-Levrault). — Antécé-
dentes politicos y diplomâticos d? los sucesos de 1808, estudio histôrico-critico,
da marqués ae Lema (in-8, Madrid, Beltràn). — La Campagne de 1812.
Mémoires du margrave de Bade; trad.. Introduction et notes, par A. Ghu-
quet (in-16, Fontemomg). — Smolensk. Les Origines, Vépopée de Smolensk
en 1812, par le baron de Baye (petit in-8, Perrin). — La Campagne de
1844 au Maroc. La Bataille d'Isly, par le capitaine A. Latreille (in-S, Cha-
pelot). — '( Ames chrétiennes. « L? Père de Valroger, ses frères, ses sœurs,
d'après leur correspondance, publié par G. de Valroger (in-16, Bloud). —
Bismarck, 1815-1898, par H. Welscliinger (in-8, Alcan). — Henry Har-
risse. Etude biographique et morale, avec la bibliographie critique de ses
écrits, par H. Vignaud (in-8, Chadenat). — Un Moine au xx<^ siècle. Dom
Mayeul Lamey, prieur majeur des bénédictins de Cluny, 1842-1903. Choix
de ses œuvres avec ufie Introd. biographique, par E. Goutay (in-16, Bloud).
— Zadoc Kahn (1839-1908), par J. Veill (in-16, Alcan). — Les Grands
Problèmes de politique intérieure russe, par R. Marchand (in-16, Alcan). — Rc-
cent Administration in Virginia, by F. A.Magruder (in-8, Baltimore, The
Johns Hopkins Press). ■ — - L'Ecole primaire en France sous la troisième
République, par J. Vaujany (in-16, Perrin). — • L'Inquiétude religieuse du
temps présejit, par P. Staijfor (in-16, Fischbacher). — En pensant au pays,
par C. de Vitt (in-16, Hachette). — • La Colonisation française dans « l'Afrique
du Nord ï) Algérie-Tunisie- Maroc, par V. Piquet (petit in-8. Colin). — La
Société marocaine, études sociales, impressions et souvenirs, par le D'' Mau-
ran (gr. in-8, H. PaulinU — Ce Mausolée d'Halicarnasse et le Trophée
d'Auguste, par M. Dieulafoy (in-4, C. Klincksicck). — ■ Feuilles à Samara en
Mésopotamie. Un Palais musulman du ix^ siècle, par H. Viollet (in-4, C.
Klincksieck). — Répertoire bibliographique pour la période dite « révolution-
naire » 1789-1801 en Seine-Inférieure, par V. Sanson. T. II et III. (2
vol. in-8, Champion). — A Guide to books on Ireland, edited by S. J. Brown,
Part I (in 18 ca'.tonn^', Dublin, Hodges Fi^^gis; London, Longmans,
Green), Visenot.
Le Gérantl: en APUIS.
Imprimerie polyglotte Fr. Simon, Rennts— Paris.
POLYBIBLION
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE UNIVERSELLE
ROMANS, CONTES ET NOUVELLES
Romans divers. — 1. VEnvers du décor, par Paul Bourget. Paris, Plon-Nourrit,
1911, in-16 de 342 p., 3 fr, 50. — ?. Davidée Birot, par René Bazin. Paris, Cal-
mann-Lévy, s. d., in-18 de 361 p., 3 fr. 50. — 3. Ceux qui montent, par Léon
Daudet. Paris, Fayard, 1912, in-12 de 318 p., 3 fr. 50. — 4. La Neige sur les
pas, par Henry Bordeaux. Paris, Plon-Nourrit, s. d., in-16 de 348 p., 3 fr. 50,
— 5. Petite Madame, par André Lichtenbcrger. Paris, Plon-Nourrit, .s. d.,
ia-16 de oO« p., 3 fr. 50. — 6. Une ISeura<ithénique, pur Adhémar de Montgon.
Paris, Daragon, 1911, in-18 de 265 p., 3 fjf. bO.—l.'iFeuiUcs mortes, par A. Le Brun.
Paris, Fifiruière, 1912, in-lS de 455 p., 2 fr. — 8. Sœur Anne, par Octavi; Aubry,
Paris, Plon-Nourrit, s. d., in-16 de 315 p., 3 fr. 50. — 9. La Maltournée, par
T. CoMJiE. Paris, Perrin, 1912, in-16 do 320 p., 3 ff. 50. — 10. L'Élève Gdler., par
André Lafon. Paris, Perrin, 1912, in-16 de 260 p., 3 fr. 50. — 11. Chasseurs
du temps passé, par le marquis Th. de Poudras. Paris, Emile Nourry, 1910,
in-12 de 295 p., 3 fr. 50. — 12. Contes et fantaisies, par Emile Gcuiiart. Paris,
Bioud, 1.912, in-16 de 305 p., 3 ff. 50.
Romans de femmes. — • 13. Un Coin du voile, par Colette Yver. Paris, Calmann-
Lévy, 1912, ia-18 d.-? 283 p., 3 fr. 50. — 14. Imato, par Augusta Coupey. Paris,
Ijemerre, 1912, in-18 de 329 p., 3 fr. 50. — 15. L'Elévation, histoire d'une femme
d'aujourd'hui, par M. L. Alméras. Paris, Perrin, 1912, in-16 de 246 p., 3 fr. 50.—
16. La Puissance des autres, par Marguerite Comert, Paris, Sto "k, 1912, in-18
de 314 p., 3 îr. 50. — 17. Féministes, par Ida-R. Sée. Pari^, Figuière, 1912, in-
18 de 184 p., 3 fr. 50. — 18. L'Impossible Aveu, par M™« Pierre de Bouchaud
(Cardeline). Paris, Plon-Nourrit, s. d., in-16 de 277 p., 3 fr. 50.
ROM.ANS ÉTRANGERS. — 19. I^Ha, par FoGAzzARo; trad. de l'italien par G. Hé-
rellf,. Paris, Hachette, 1911, in-16 de 377 p., 3 fr. 5^. — 20. Les Enquêtes du
premgieux Héwiu, par Arthur Morrison; ad.aptntion française par Albert
.Savine et Georges Michel. Paris, Stock, 1912, in-18 d,e 355 p., 3 fr. 50. —21.
Nouvelles Enquêtes du prestigieux Hévitt, par le même; adaptation française par
Albert Savine. Pans, Stoc':, 1912, in-18 de 307 p.. 3 fr. 50. — 22. Un Mar-
par procuration, par Jack Steele; trad. de l'anglais par Robert d'Agés. Paris,
H.^chette, 1912, in- 16 de 274 p., 1 fr. — ■ 2.;. La Lumière vient de l'Orient, par
Lafcadio Hearn; trad. de l'anglais par Marc Logé. Paris, Mercure de France,
191!, in-18 de 355 p., 3 fr. 50. — 24. Raffles, cambrioleur pour l" bo:. monf, par
E.-W. Hornung- trad. de l'anî-lais par Henri Evie. Paris, Il3chette,19U',
in-16 de 260 p., 1 fr.
lloM.\.NS DIVERS. — 1. — M. Paul Bourget réunit quatre nouvelles
sous ce titre L' Envers du décor. La plus importante porte le nom
d'une famille: les Moreau-Jamille, distinguée par une industrie
prospère qu'une double intrigue amoureuse bouleverse. Un
jeune paresseux sans fortune, Calvignac, fait de M™^ Moreau-
Janville une adultère, se fait payer par elle une vie coûteuse, et
demande en mêmetaiips la main d'Hélène Moreau-Janville. Le père
la refuse, elle se fait enlever, non sans avoir donné à son père le
spectacle d'une scène de jalousie, qui révèle l'intrigue de l'épouse.
Des sentiments violents engendrés de cette scène et des résolutions
extrêmes qui s'ensuivent, l'auteur a fait le tableau le plus pathé-
AvniL 1912. T. CXXIV. 10.
— 290 ~
tiquo. Tous les caractères y sont peints avec une vigueur
admirable : la fille obstinée, la mère frivole, le père inflexible et jus-
ticier. Sa fille l'appelle papa. « Je ne suis pas un papa, dit-il, je suis
un père de famille. » Le dénouement se fait en deux parties : à sa femme,
Moreau-Janville pardonne, parce que son fils, un fils de seize ans,
l'en supplie; à sa fille enlevée il permet le mariage, qui devient aussitôt
le châtiment de celle-ci. Il y a dans ces peintures, de nombieuse»
libertés; il y a par-dessus tout un sentiment profond de la nécessité
des mœurs graves et sérieuses, réglées non sur les entraînements même
louables de l'individu, mais sur les intérêts de groupe et de famille.
(( C'est ma conviction, dit le fils à son père, que vous seul êtes dans
le vrai. Les arts, la littérature, la musique (il montrait le piano d'Hé-
lène, la petite bibliothèque de la jeune fille, grossie de volumes co-
quettement reliés, qui étaient des œuvres des poètes, les tableaux
sur les murs, quelques peintures italiennes empruntées à la galerie
du père), j'ai vu où ça mène, ce qu'il y a derrière.» Personne plus que
M. Paul Bourget n'a le sentiment de l'inutilité de tant de_ vies élé-
gantes vernies d'intellectualité. On sent que cette fausse culture des
gens du monde l'irrite comme une hypocrisie récemment inventée de
la paresse, de la sottise et du plaisir.
2. ■ — Davidée Birot est une maîtresse d'école primaire, sans foi reli-
gieuse, et croyant à la vertu de la morale athée qu'elle enseigne. M.
René Bazin veut que nous regardions comme un bon levain cette
confiance. Il en tire sous nos \vvix le retour à Dieu. Mais il y faut
bien des conditions. Il faut que le zèle de l'institutrice soit première-
ment récompensé de salutaires effets chez les gens d^ village, par où
se trouve confirmée sa confiance dans le bien. Hélas ! dans la réalité,
la morale laïque n'opère point. Elle opère ici; elle sépare deux adul-
tères, jMaïeul et Phrosine. Mais comment? Parce que la petite fille
de Phrosine meurt de la honte que l'indignité de sa mère fait peser
sur la maison. L'horreur de cette raoït aide à convertir Maïeul, et à
](^ faire sortir du péché. C'est le premier point. Le second consiste dans
les obstacles que trouve l'institutrice à convertir Phrosine, et qui lui
font souhaiter de prier. Phrosine ne se convertit point. Mais tant
d'efforts faits pour la rendre plus douce et plus heureuse entretiennent
l'âme de Davidée Birot dans une exaltation où germe la foi nouvelle.
Elle épouse Maïeul à la fin. Elle rend à Phrosine un fils que son
mari, en la quittant, avait emmené. Ainsi la fin du livre fait voir le
bon récompensé et le méchant au moins neutralisé. Et cela est très
habilement construit, avec une vraisemblance de détail presque cons-
tante, à laquelle se joint la couleur vraie d'une abondance de petits
tableaux champêtres. M. Bazin est servi dans ces peintures par un
tact ingénieux des mœurs du village, source d'un ton moyen où le
rude et le touchant se mêlent et se balancent à propos. On sent chez
l'auteur une crainte d'outrer le sentiment chez un genre d'hommes'
qui ne l'expriment guère, il y met un scrupule de peintre et un soin
d'esprit bien élevé. En un endroit je crois qu'il dépasse la mesure ;
c'est quand Phrosine (pourquoi n'écrit-il pas Frosine comme Mo-
lière?) retrouve son fils. L'accueil du garçon est d'une brutalité dont
je ne dis pas que la vérité n'a pas fourni les éléments, mais où l'on
n'en sent pas moins le système. M. Bazin a voulu faire rude. Cela est
mécanique, cela manque des nuances que la nature offre toujours.
L'auteur l'a bien senti, car il écrit, parlant de ce fils qui vient de
mal accueillir celle qui se dit sa mère : « Et comme il était jeune, il
avait le cœur en songe. « La grâce un peu chf^rchco du mot ne
saurait dissimuler tout ce qu'elle cherche à couvrir : des sentiments
difficiles à peindre et qu'on renonce à nous expliquer. A vrai dire,
rien n'est si malaisé que la vraisemblance en pareil cas. La tragédie
s'y reconnaissait dans les grands intérêts, les grandes responsabilités,
les grands devoirs, que la reconnaissance paternelle jetait tout d'un
coup sur celui qui en éts.it l'objet, et qui s'imposaient à lui. Dans le
privé, rien de pareil ; le sentiment fait tout. Or qu'en est-il? La
nature se met-elle à parler? et de quelle manière? Et comment le
savoir? où l'étudier? quand pareille chose n'arrive presque jamais.
Ce reproche est mince. La trame du livre est partout ailleurs
fort bien établie et liée; le sentiment du vrai ne quitte jamais le lec-
teur, quand il s'agit du détail et du courant des faits. Ce qui paraîtra
moins solide, c'est la transformation éprouvée par la jeune fille. Est-
il à croire que ce zèle apostolique, allumé de la croyance à «la loi «,
aboutisse à la charité catholique? Je croirais plutôt qu'il est tout le
contraire. Même avec toutes les circonstances que l'auteur imagine et
dispose, on entrevoit mal ce passage. L'institutrice directrice des cons-
ciences, prévenue de l'idée qu'elle a une mission en ce genre, s'en démet-
tra-t-elle aux mains du prêtre (ce qui est la vraie conversion catho-
lique), si on commence par supposer que cette idée va s'exaltant en
elle? Dire oui, c'est confondre peut-être un certain individualisme avec
l'esprit de discipline, de hiérarchie, de tâche réglée et distribuée, qui
fait l'armature de l'Eglise catholique. Sous des couleurs qu'il sait
rendre agréables et touchantes, auxquelles il épargne (chose difficile)
la pédanterie moralisante, l'auteur nous a peint l'esprit sévrien. De
cet esprit il tire une conversion. Dans la réalité des faits, ces
sortes de conversions se font au Dieu ou à l'idéal de M. Pécaut.
Ilya bien du charme dans nombre d'épisodes. Le portrait de la direc-
trice, celui de l'inspecteur primaire sont des chefs-d'œuvre. La petite
fille qui meurt est touchante aux larmes. La vieille infirme, dont les
bonnes paroles aident à convertir Davidée, sont^ pleines d'une sim-
plicité noble, parfaitement conforme au sentiment chrétien, non moins
convenable à l'humble condition de celle qui les prononce.
3. — M. Léon Daudet a mis en partie de roman le mouvement de
l'Action française dans les faubourgs. On voit dans Ceux qui montent,
qui sont les ouvriers du syndicat, les Camelots du Roi en action.
C'est, dis-je, une partie du livre, partie nécessaire aujourd'hui à qui
voulait écrire un roman ouvrier. Le cadre est la Butte Montmartre,
le sujet l'amour de doux jeunes gens du peuple au milieu des passions
politiques déchaînées. Près des premiers acteurs du drame, paraissent
quelques types populaires : ouvriers, boutiquiers, cabaretiers, tracés
de traits probes et nets qui les mettent on relief. Au second rang, de
plus gros personnages, maître et maîtresse d'école, commissaire de
police, artisans huppés d'œuvres sociales, pour lesquels l'auteur n'a eu
qu'à recueillir ses souvenirs et son expérience. Ceux-là tiennent debout
par leur seule importance, par l'abondance connue des traits profession-
nels, que le difficile n'était pas d'extraire, mais de rassembler. Le chef-
d'œuvre du livre à cet égard est Mi^*^ de Sainte-Avanie, anarchiste
millionnaire, propriétaire d'une maison du peuple et d'habitations à
bon marché, en qui se mêlent curieusement l'hypocrisie philanthropique,
le fanatisme anticlérical et l'avarice. M^'*' de Sainte- Avanie n'admet
pas qu'un ouvrier conscient ravale en lui la dignité humaine au point
de ne pas payer son terme, et, pour l'amour du peuple, chasse de ses
maisons les locataires en retard. Les instituteurs, Sampèdre et sa
femme, sont excellemment peints grâce au soin que l'auteur a pris
de les concevoir à la huguenote, animés contre le catholicisme de la
vieille rage antipapiste.il les fait tous deux protestants. Ne le fuspent-
ils pas qu'il n'en faudrait pas moins les peindre dans cette gamme.
En effet, c'est une vérité qu'on a trop souvent oubliée que l'anticlé-
ricalisme du peuple, issu de libre pensée pure, n'est pas du tout celui
de l'école, empreint de fanatisme religieux à rebours, chargé des
grimaces de la vertu. « La vue du Sacré-Cœur et des processions qui
s'y rendaient les remplissait d'une rage gelée, ravivait chaque jour
leur combativité. Vertueux et laborieux, ils mettaient cette vertu et
ce labeur en avant, de telle sorte qu'ils les rendaient plus hideux et
haïssables que des péchés capitaux. Ils répétaient ma conscience, la
conscience, notre conscience. Ils avaient supprimé les prix, et même
les mentions, qui surexcitaient dangerevisement la vanité des éco-
liers. Ils remplaçaient les récompenses par des exaltations qui
avaient lieu le mercredi sous forme de sermon humain, et les puni-
tions par des remontrances d'une portée générale, qui occupaient
la classe du soir. A force de hsinnirV histoire-bataille, l'histoire d'avant
la Révolution et la morale traditionnelle, ils en arrivaient à n'ensei-
gner^plus que des dilutions do métaphysique kantienne, des préceptes
— 293 —
d'hygiène et des formules anticléricales.» Un des plaisirs du livre est
l'air de petite province que M. Léon Daudet donne à Montmartre et,
comme il dit familièrement, à la Butte: province composée de toutes
petites gens connus les uns des autres, et suivis dans leurs compor-
tements par une sorte d'opinion publique dont nous voyons les élé-
ments à l'œuvre : préjugé populaire, presse à un sou, enseignement
scolaire, entraînement d'atelier, propos de cabaret, dévotion, car il
y a sur la Butte de petites gens croyants et dévots. La jeune ou-
vrière, dont l'auteur a fait la moitié de son sujet, appartient juste-
ment à ceux-là, tandis que le jeune homme qui l'aime est du parti de
la révolution. Tout cela forme un tableau d'ensemble tracé avec
beaucoup de délicatesse et avec une fine pénétration des circonstances et
des espèces. Cela sera d'autant plus apprécié que rien ne s'y mêle du
ton pleurard usité chez les naturalistes d'il y a trente ans. Rien de
commun avec ce que Zola appelait des livres « trempés de pitié hu-
maine », nul tolstoïsme, rien de Coppée et du Petit Épicier. Cette discré-
tion enchantera les gens de goût. Les amateurs de langue y pren-
dront un autre plaisir, celui de voir doser l'argot dans les intonations
populaires, dont presque toutes sont des chefs-d'œuvre de vérité et
de mesure. Nous avons connu le grand argot romantique avec les
Misérables, l'argot plat et inepte avec V Assommoir; voici celte fois,
non pas l'argot, mais plutôt une transposition nerveuse, sobre et
incisive, d'un genre absolument nouveau. Et le diapason de cette
langue est celui des peintures. Résultat général : l'horrible presque
partout évité, excepté dans quelques épisodes où il fallait qu'il
fût, comme celui de l'enfant enduit de pétrole, et brûlé en haine des
maitres religieux à qui ses parents l'ont confié: fait parfaitement véri-
dique,et qui jette le jour nécessaire sur la gueire atroce menée là-haut,
au nom du Chevalier de la Barre, contre la basilique, parla rage anticlé-
ricale. Les Camelots du Roi vengent cet attentat, en même temps que
leur propagande, opérant le retour du héros du livre aux principes de
l'ordre, fait une union parfaite de son mariage avec l'ouvrière
catholique.
4. ■ — Un adultère pardonné par l'époux, après lequel la vie recom-
mence,telle est l'histoire contée sous ce titre s'ymbolique:i>aiVfz'g'e sur
les pas, par M.Henry Bordeaux. Cesujet en a tenté d'autres, mais ils
procédaient d'une pensée morale, celle du pardon, et plus ou moins
se rattachaient à Tolstoï, quoique parfois sous des apparences chré-
tiennes. L'originalité de ce roman, c'est de présenter ce dénouement
en forme de loi physique de l'existence, qui ne souffre point de déchi-
rement éternel, qui cicatrise et répare tout. M. Henry Bordeaux a
là-dessus une brillante exégèse du personnage d'Hélène, renouant
près de Ménélas l'ancienne vie conjugale. C'est la leçon, selon lui, delà
— 204 —
Sagesse antique, vraiment adéquate à la vie. Au contraire, chez Ju-
liette,'-'hez Yseult,la fiction deTirréparablan'est qu'une fantaisie roman-
tique. Très nettement, l'auteur nous propose la leçon de son livre
comme relevant dune renaissance du classicisme à laquelle nous
assistons. Cela est séduisant. Est-ce vrai? J'ai peur qu'on ne fasse
ici une confusion. Faut-il chercher le classique uniquement dans le
grec? je veux dire dans les réalisations grecques. Pour ce qui est de
l'art et de la méthode, on ne demande pas mieux que d'accorder
qu'ils y sont tout entiers. Accordons aussi que les notions essentielles
s'y trouvent, et dans un ordre que les siècles n'ont guère chance de
changer. Cependant les mœurs changent, en sorte que les principes,
quoique toujours les mêmes, ne niènentplus aux mêmes conclusions.
Le mariage d'un homme m chrétien et Français est quelque chose
bien différent de celui de Ménélas et d'Hélène, il engage d'autres
sentiments, il est asservi à d'autres intérêts. Quand on aura dit que
l'un et l'autre consiste dans la fixité d'un foyer, on aura dit, je crois,
tout ce qu'ils ont de commun. Comment donc imaginer que pour Marc
Remonay le vrai soit d'imiter l'époux de Lacédémone ? Comment
faire passer cela sous le nom d'une restauration du classicisme? Que
M. Henry Bordeaux prenne garde qu'il a contre lui la tradition clas-
sique. Cette tradition s'exprime, elle parle, elle crie, dans l'éclat de
rire soulevé par les maris de Molière, dans ceux de Desperriers et de
l'Arioste, dans ceux de nos derniers vaudevillistes. M. Bordeaux a
cent fois plus d'esprit qu'eux; mais en cela j'ai bien peur qu'ils aient
raison contre lui. Méprisera-t-il cette veine parce qu'elle n'est pas
grecque, parce qu'elle vient des fabliaux? Et après? Le monde entier
ne tient pas dans Homère, pas plus que la coupole de Saint-Pierre ne
tient dans le Parthénon. Je ne puis lire l'histoire de ces réconcilia-
tions sans penser à celle qui termine si posément, si comiquement
aussi, le fameux conte de Joconde.
Poi rnonlaro a ravall". e il lor senùero
Ch'era a Ponente, Polsero a Levante
Ed aile mogli lor se ne tornaro
Di rhê affanno mai più non si pigliaro.
Astolphe et Joconde font ce que fait Marc. Tout ce qu'il y a de dif-
férence mérite de nous avertir de l'erreur où l'on nous engage.
L'Arioste plaisante, mais sa plaisanterie exclut cet effacement com-
plet des pas de l'adultère par la neige. Qu'il y ait des raisons de
renouer, soit; quoique il soit difficile de les imaginer, quand c'est
l'épouse, c'est-à-dire la pierre même du foyer, son unité et son avenir,
qui a cédé. Ces choses sont comprises des modernes de telle sorte qu'une
pareille faute les compromet essentiellement. Mais, en supposant
même que la vie recommence, quelque chose y est brisée, qu'on ne
— 295 —
réparera jamais. C'est, je crois, l'évidence. M. Bordeaux nel'avoue-
t-il pas quand il requiert comme circonstances à la réconciliation,
la circonstance exceptionnelle d'un accident de montagne où l'adultère
manque trouver la mort, tant ce qu'il veut persuader exige des pré-
parations, d'émotions vives, dans le tourbillon desquelles les senti-
ments communs aient peine à se reconnaître. Je n'ai rien dit de la
partie pittoresque du livre, qui est charmante, avec des tableaux de
montagnes, de fraîches présentations de jeunes filles et d'enfants, ni
du pathétique des situations traitées chacune à part avec une émo-
tion vraie et infiniment pénétrante.
5. — M. Lichtenberger a fait un roman avec les petits récits d'un
jeune ménage; il les appelle Petite Madame. Le tout est d'une fadeur
parfaite. Peut-être on éviterait de le dire, si l'auteur n'avait l'art de
provoquer la critique par le ton avantageux qu'il prend. Evidemment,
il se croit beaucoup d'esprit. Il ne dit rien que d'un air badin. Exem-
ple : « Qui le croirait, non, mais qui le croirait, qu'il y a trois mois
.Jotte n'était qu'une manière de petite provinciale engoncée? Il a
suffi de cent jours (le temps que Napoléon a mis à perdre un empire)
pour faire de Jotte une épouse accomplie, une ménagère, une femme
du monde, une Parisienne. » Et encore « Jacques a un terrible défaut
qui est d'être un peu gourmand. Peut-être que Jotte a les siens comme
tout le monde. Elle n'a pas celui-là. Donnez-lui quatre pommes de
terre frites, une salade bien vinaigrée et quelques fruits çerts, elle
déjeunera comme une reine. » M. Lichtenberger est protestant.
II y a, dans ce ton confit et satisfait, comme un écho de
prêche, qui confine tout à fait aux récits édifiants dé nos manuels
civiques, œuvres des Steeg et des Pecaut. Ici un ton de journaliste s'y
mêle, par où s'achève de dégrader ce style. « C'est étonnant, écrit
M. Lichtenberger, c'est étonnant (e qu'elle aime son chez soi. » On
sait qu'un journaliste ne peut parler d'écrevisses sans les appeler
à la deuxième ligne de son article «ces crustacés »; d'huîtres sans dire
« ces mollusques )>; d'un éléphant sans dire « ce pachyderme ; » d^un
ours « ce plantigrade », etc. M. Lichtenberger ne manque pas ces
élégances, assaisonnées d'autres drôleries : « M^^^ Desbleux la visait
avec un sourire qui doit être exactement celui des vipères, si (ce que
j'ignore) ces ophidiens sourient ». Vraiment, l'auteur s'imagine-t-il que
trois cents pages de ce genre soient tolérables? 11 faut aussi que
M. Lichtenberger nous fasse l'éloge de M. Klotz. « A la voir chiffrer
(à voir chiffrer sa femme), Jacques croit avoir épousé M. Klotz...
Gageons que si M. Klotz lui avait sauté au cou comme a fait Jotte,
il n'aurait pas été moitié si bien récompensé. » Cela est tout à fait
admirable.
6. — Une Neurasthénique, tel est le titre d'un roman qui relève
— 296 —
plue de la médecine et de la thcrapeuthique, que de la morale. M. de
Montgon n'en a pas moins rendu par endioits le cas de Dolorès
d'Astrée touchant et poignant même. Il y a peu de sites, peu d'ana-
lyse, le principal du livre est en dialogue, ce qui donne la fraîcheur et
la vivacité.
7. — Un recueil de nouvelles intitulées: Feuilles ?nortesïeTa\}TendTe
au lecteur l'idée la plus avantageuse du talent de M. Le Brun. Elle*
sont pleines d'impressions de campagne recueillies dans le Cotentin,
parmi ces paysages qui ont si brillamment inspiré un Barbey d'Au-
revilly. Quelques-unes nous mettent au bord de la mer; d'autres au
milieu d'histoires de chasse. L'invention a beaucoup de bonne grâce
et les peintures une grande vérité.
8. — Le roman de Sœur Anne se termine par un suicide, le suicide
d'une femme mêlée à la politique des partis et cherchant, dans les
avantages qu'elle donne, un moyen de fixer l'amour d'un homme.
L'insuccès de ses efforts précipite le dénouement. Dans ce roman, le
monde politique est peint par M. Octave Aubry avec un très grand
talent.
9. • — La Maltonrnée est un village en pays huguenot. Le livre de
M. T. Combe nous en donne le tableau, plus quant aux gens que
quant aux choses. Les propos et les personnages y sont rapportés
avec humour, quoique non pas sans monotonie. La matière e?i grise et
ce que le talent de l'auteur en tire de nuances est trop peu pour tout
un volume.
10. — Voici un livre bien écrit, mais froid, parce que les petits tableaux
qui le composent ne mènent à rien. Point d'événements, que vul-
gaires : le séjour d'un enfant chez une tante à la campagne, l'entrée
au collège, la mort d'un père. L'Elève Gilles, qui traverse tout cela,
nous en présente le reflet agréable et ressenti, dans l'enchaînement
vulgaire d'un journal. M. André Lafon ferait mieux dans un autre
genre que le roman sans doute, avec ses qualités de style et d'imagina-
tion pittoresque auxquelles manque l'invention des faits.
IL — Ces Chasseurs du temps passé, ouvrage inédit du fameux
marquis de Poudras, ont l'ordinaire saveur de tous les ouvrages du
même genre, plaisante vivacité des récits, fraîcheur des impressions
de campagne. Ils comportent quelques libertés, d'intention honnête,
il est vrai. L'éditeur les a fait précéder d'une vie du curé de Cha-
paize, curé chasseur, introduit comme une figure de fantaisie dans le
livre du marquis intitulé : Gentilshommes chasseurs. Ce curé a réelle-
ment existé. Il s'appelait Laforest. Fondras l'a nommé Duverger. Il
en a fait le portrait suivant : « C'était un homme de quarante-cinq à
cinquante ans, grand, sec, vigoureux de corps, avec un visage plein,
haut en couleur et jovial, qui donnait l'idée d'un bon compagnon. H
— 297 —
portait un costume de chasse qui me frappa par sa bizarrerie. La
couleur verte en était bannie avec la plus scrupuleuse exactitude.
Ses bottes à chaudron laissaient apercevoir des bas de filoselle noire;
sa culotte courte était en velours gris de fer et son manteau d'une
ampleur magistrale. Du reste, pas un seul bouton brillant ni le moindre
galon d'argent ou d'or.... Sa messe durait un quart d'heure, mais il
y avait tant d'onction dans le débit du digne curé, chaque mot qu'il
prononçait arrivait si distinctement à l'oreille, qu'on n'était nulle-
ment choqué de sa façon expéditive. 11 était prompt; mais il n'était
pas distrait. « Le style du nouveau livre est le même, des plus faciles
et des plus agréables.
12. ■ — On n'aura pas gagné à vider les tiroirs de feu M. Gebhart de
ces Contes et fantaisies. Un Paradoxe sur Tarqiiin le Superbe en don-
nera l'exemple frappajit. Tarquin le Superbe a fait la république; il
en est le créateur, plus que Thiers, Wallon, Bismarck et Moltke. \'ous
voyez pourquoi. C'est que Tarquin le Superbe est l'aliment de tous
les discours formés contre les tyrans. Cela est bien froid; mais de
plus cela n'est pas juste, puisque trois siècles d'humanités françaises
ont enseigné à maudire Tarquin le Superbe, sans mettre au jour la
plus petite république. Huestion curieuse, qui méritait peut-être
qu'on la traitât. L'admiration, le goût, l'imitation de la littéra-
ture d'opposition faite aux Césars par les auteurs latins, n'a pas
laissé de vivre en France avec le plus parfait attachement au Roi.
Mais, pour expliquer cela, il faudrait de la réflexion, du temps.
Bien plus aisé est de dire le contraire, qui depuis Taine se trouve
partout, et de le donner comme un paradoxe. Et voici le style :
t Parmi les plaies d'Egypte qui accablent les Français du temps pré-
sent, il n'en est point de plus permanente et de plus tenace que
l'irrésistible entraînement où nous nous trouvons à parler politique
après diner... )) Non, vraiment il n'était pas nécessaire de tirer cela des
colonnes du Gaulois. 11 fallait l'y laisser. Tout le livre est de ce ton.
RoMAîss DE FEMMES. — 13. — Un Coiu du voile, de M"*^ Colette
Yver, est un recueil de nouvelles dont la première sera surtout
goûtée; C'est l'Epouse, épouse dévouée dans un genre de circonstances
où le courage de mille autres aurait faibli. Son mari devient fou, et
passe par les états divers qui se déclarent en pareil cas. Tout ce que
cette succession renferme de menace ne parvient pas à la faire con-
sentir à ce que lès médecins demandent d'elle, la permission d'enfer-
mer le malade. Le lecteur est conduit par degrés à ce point où l'on
croit au dénouement tragique. Avec beaucoup de force et d'habileté,
l'auteur l'en tire tout à coup par la surprise d'une guérison. Elle se
produit tout d'un coup, en face d'une tombe amie, comme la récom-
pense de la constance de l'épouse et l'apologie de son sacrifice.
— 298 —
14. — Pourquoi M'"*" Augusta Goupey n'a-t-elle pas poussé plus
franchement le tour de fantaisie d'Iniato? 11 y a dans son talent
tout ce qu'il faut pour réussir délici<Misenient en ce genre. Le don de
la narration rapide, l'audace brillante des inventions, font delà moitié
de ces pages une vraie source d'enchantement. Cela par endroits est vif
et charmant comme Candide, avec une notation brève et touchante
d'émotion, qvii met une note originale. Que ce genre est rare par le
temps qui court 'surtout dans le roman féminin, assommant de phi-
losophie dévorée à toutes les devantures et dont on nous rend les
morceaux tout crus. Une fille des champs se laisse enlever par un
tsigane, au lendemain de ses fiançailles avec un paysan. Et ce tsi-
gane est roi. 11 l'emmène au fond delà Basse-Autriche, l'épouse, la
soumet aux lois de sa nation, l'environne de luxe et de puissance,
l'entretient d'un amour auquel cette jeune fille répond avec une
candeur et une constance touchantes. La condition de ce peuple et de
cette royauté est environnée de mystère. Belle occasion pour l'au-
teur de se jouer dans mille fantaisies, qui n'ont de règles que sa puis-
sance d'inventer et la satiété du lecteur. Sauf quelques sursauts
un peu vifs, la gageure est tenue et le plaisir domine. Seulesles pratiques
occultes et sataniques, auxquelles quelques tsiganes vivent adonnés,
jettent à la fin une note sérieuse et tragique qui détonne. Le voyage
qu'lmato le tsigane fait à travers l'Europe pour visiter ses tribus,
est une merveilleuse occasion de peintures colorées et diverses. L'au-
dience accordée à Constantinople par la sultane mère à l'héroïne, est
quelque chose de riche et de scintillant, tout à fait dans le goût du
dix-huitième siècle. La veine de l'auteiir est là. On voudrait pour notre
plaisir qu'elle s'y maintînt et s'y perfectionnât, qu'elle ne se laissât
pas détourner par son admiration de Barbey d'Aurevilly, admirable
Bans doute, mais non pas dans ce genre, et dont l'imitation en quel-
ques points détonne. Chose remarquable, la facilité aux réflexions so-
ciales et politiques, mêlées au galop dans le tissu de ces espèces de
contes de fées, se rencontre également ici. « Je reviens, dit le tsigane,
de l'Elysée, soucieux, fatigué, énervé. Parmi tous ces gens irrespon-
sables, toujours attaqués, toujours changés, quel parti prendre? que
décider? Le projet mûr la veille e!?t forcément abandonné le lende-
main. Je passe d'une audience à l'autre sans grands résultats pour
ma politique, et sans profit pour personne. Où il n'est pas de respon-
sabilité, de stabilité, Samson laisf^erait ses énergies, Salomon sa sa-
gesse...» Cela semble tout à fait un passage de la PrincessedeBabylone.
15. — L'auteur, M^^^M. L. Aimeras, appelle ce livre -.Histoire d'une
femme d'aujourd'hui, et lui donne ce titre symbolique : L'Évasion :
évasion hors de la vie commune, dont l'éducation de famille fournit
les cadres. L'héroïne brise ces cadres pour être elle-même, développer
— 299 —
des forces qui soient à elle, pour « vivre d'une foi à elle, basée sur les
vérités de sa chair et de son sang. » Ces formules sont courantes.-
Si l'on veut mesurer le ravage qu'elles ont fait dans les esprits fémi-
nins, il faut voir le sérieux avec lequel l'auteur, pleine d'ailleurs de
bonne grâce, d'intelligence et de talent, les aligne. Mais, chère Ma-
dame, je vous prie, qu'est-ce que les vérités d'une chair et d'un sang?
Littéralement cela n'a pas de sens. Et, si par chair et sang vous entendez
le cerveau, daignez considérer que le cerveau appréhende, et ne crée pas
la vérité. La vérité du vôtre est celle du mien, et comme il y a des chan-
ces pour que ni le vôtre ni le mien, imparfaits et particuliers, n'ap-
préhendent toute la vérité, le mieux que nous aurons à faire sera de
«orriger l'un par l'autre et de former, avec celui des autres hommes,
nos frères, ce préjugé commun, qui fait si fort horreur à Pauline. Mieux
encore, il sera sage d'éprouver ce préjugé par l'expérience que don-
nent les choses. Cette expérience est le fruit du temps, elle naît chez
l'individu au bord de la tombe, où les fils seuls peuvent la cueillir.
Ainsi, ce qu'au nom de Pauline vous traitez d' « anciennes formules»,
dont ses parents étaient « prisonniers », a toute chance d'être plus
chargé de vérité que les fantaisies de votre évadée. Je dis vérité. Si
mêlé que soit le préjugé de classe, de pays, de famille, transmis par
les générations, il contient plus de matière iniellectiielle qn(i\ecQVMQSi\x
de quelque sotte ou de quelque faraud, érigé soudain en juge de l'uni-
vei'S et en artisan de création. N'être que soi, ne développer que ses
propres forces ! Ne voyez-vous pas que cela même n'est pas de Pau-
line, que cela sort des bouquins, pleins de déclamation et de logique
estropiée, auxquels s'est allumée l'ivresse de ses vingt ans? Il y a peu
de gens originaux et qui aient droit de l'être. Et ceux-là ne le devien-
nent utilement qu'en commençant par se soumettre. Le roman montre
l'héroïne déçue; l'auteur l'en plaint; mais c'est justice ! Trompée par
son mari, Pauline retourne dans la maison paternelle, avec deux
enfants et ses illusions mortes. Voilà la vraie moralité du livre.
16. - — Autre roman féminin de revendication en faveur de l'indé-
pendance. La Puissance des autres, c'est la conjuration de l'opinion
commune contre l'effort, réputé uniquement noble par l'auteur, d'af-
franchissement de l'individu. Ici, le sujet de cet affranchissement
n'est pas autre chose que l'amour, ce qui rend à ce prêche plus, d'ap-
parence : rien n'étant plus sujet à l'égoïsme que la passion dontM™®
Marguerite Comert nous peint les extrêmes conséquences.
17. — Autre encore de revendications Féministes cette fois, par
y^vne ida.R. Sée, dans la donnée courante et classique du genre, qui ne
risque guère d'avancer cette cause auprès des gens soucieux d'inté-
rêts généraux ou du simple sens commun. L'auteur présente deux
héroïnes, l'une qui réussit, l'autre que ses efforts trompent. A l'une
disons : tant pis^ à l'autre : c'est bieïi fait.
— 3()0 —
18. ■ — Un roman d'amour contrarié non par aucun obstacle exté-
rieur, mais par les sentiments intimes de ceux qui s'aiment, et qui,
malgré un attrait réciproque, éternise entre eux le malentendu
tableau de la passion troublée par l'amour propre •: tel est le livre de
^jme pierre de Bouchaud. Cela s'appelle V Impossible Aveu. Le livre
abonde en touchantes peintures, où l'âme léminine surtout est par-
faitement peinte par une femme.
Romans étrangers. — 19. • — Je dirai franchement l'impressioB
d'horreur que cause Leila de Fogazzaro. Elle tient à des convenance»
historiques. Historiquement, l'Italie n'est la terre que de deux cho-
ses : la confiance absolue dans l'Eglise, le tumultueux sentiment de
l'Unité émané du souvenir des Césars. Un catholique chérit la
première, un citoyen du monde latin se méfie de l'autre, mais il y
trouve des impressions amies. Aux souvenirs orgueilleux de Rome
païenne, au magnifique spectacle de la discipline chrétienne que gou-
verne la Rome des papes, nous associons éternellement les tableaux
physiques de l'Italie, Fa lumière transparente, ses sites incompa-
rables, les ruines de ses monuments, la magnificence de ses palais
et de ses églises. Or, voici que ce cadre nous est présenté, que la ligne
de l'Apennin, les lacs, la plaine du Pô, cette Lombardie de Louis Xft
pt de François I^r^ terre privilégiée pour un Français, source de notre
Renaissance, comme accompagnement de déchirements de conscience,
de chicane intérieure, d'exaltation religieuse, matière calviniste et
huguenote. Quelle profanation, quel dégoût ! Massimo Alberti est u»
disciple du Saint. Il aime Leila, qui le méconnaît d'abord, puisse rend
à la droiture de ses intentions. Dans l'inquiétude de l'obtenir, sa foi,
en qui s'unit le culte des réformateurs protestants et l'obéissance à la
Papauté, chancelle. Mais le souvenir de son maître, dont il préside la céré-
monie de translation, et la sécurité de sa passion couronnée le ramènent
à la profession catholique. Car le Saint exigeait qu'en pensant d'une
manière indépendante, on ne laissât pas d'observer l'obéissance. Leila
est adoptée, dotée, par un vieux Monsieur Marcello, nourri de la Bible
et de l'Imitation, excité de musique de Schumann. Une dame, Donna
Fedele, un curé persécuté, Dom Aurelio, complètent à nos yeux ce
pptit monde moderniste, dont le va-et-vient agite la société de Milaïa.
Entre eux s'échangent des lettres de direction, de crise intérieure, de
sombre mysticisme, qui font à chaque instant se tâter le lecteur et se
demander si Milan n'est pas Genève, et le lac de Lugano le Léman.
Cependant l'auteur est persuadé. Il croit peindre quelque chose de
touchant ami avec des sentiments de tendresse intérieure qui, de tout
temps, fleurissant dans la mystique catholique, ont consolé l'âme de*
fidèles. Ce desséchant appel au sens individuel, inspiré d'une folie
d'orgueil, est présenté ici comme l'essence de la piété, comme ua
— 301 —
retour à l'Évangile. Cependant l'Évangile flétrit chez le pharisien
cette hypocrisie réformatrice. La leçon est perdue pour M. Fogazzaro,
<fui a fini par se persuader que les pharisiens dans l'Evangile repré-
sentent le mensonge hiérarchique et rituel. « Les attaques que j'ai
eues à subir, dit Massinio, de la part d'une plèbe pharisienne. » Non
pas, s'il vous plaît; sadducéenne. Ce que vous prétendez réformer
dans l'Eglise, c'est le saddiicéisme. Les pharisiens, c'est vous, ou du
moins, c'est dans leur direction que vous vous placez. Question de
fait qu'il ne tient qu'au premier venu de vérifier, et dont l'ignorance
endit long surle prétendu contact que l'on croit pouvoir garderdans
ce parti avec le texte des livres saints. Notre- Seigneur a repris les
sadducéens, réprouvant l'hypocrisie dans les formes offi-
cielles et dans la hiérarchie, mais il a repris bien davantage, dans
les pharisiens, l'hypocrisie réformatrice. Le monde ecclésiastique
officiel, les dames de paroisse, la pompe des cérémonies : saddu-
céisme] le charlatanisme d'humilité, l'ostentation, de réforme
intérieure : pharisaïsme . Que M. Fogazzaro écrive et pense tant
qu'il veut, que l'Église se perd dans la religion des rites ; nous
n'aurons pas de peiîse à montrer qu'il aboutit (comme les protes-
tants) à la religion de la grimace. Il y a un autre trait que je ne
veux pas omettre. « Il avait peur, dit quelque part l'auteur, d'être
amené à discuter. Ce que n'aurait jamais admis sa foi candide, avide
d'affirmation. » On avait toujours cru que c'était la raison qui était
avide d'affirmer. Car à quoi tend de toutes ses forces la raison, sinon
à posséder la vérité? Et ce mot d'avide lui convient parfaitement, parce
qu'elle peut en être privée. Mais la foi ! La foi n'est point avide, elle
est paisible, elle est aimante, elle est confiante, elle sait que le bien
qu'elle cherche ne lui manque point. Tel est l'effet des confusions
commises par l'erreur moderniste. La raison, pour M. Fogazzaro,
c'est le doute; et la foi, une volonté aveugle de se cramponner à ce
dont on n'est pas sûr. Cette erreur fausse jusqu'à la psychologie,
jusqu'au langage. Il suffira d'ouvrir Leila pour s'en convaincre. La
traduction est bien pénible, méticuleuse et pleiAe d'impropriétés.
Ciapasu y est rendu par agrippe-sous ; grippe-sous seul est français.
20 et 2L — M. Arthur Morrison est un rival de Conan Doyle dans
le genre du roman judiciaire. Deux volumes de cet auteur ont paru
en même temps en français : Les Enquêtes du prestigieux Héwitt et
Nouvelles Enquêtes du prestigieux Héwitt. L'intérêt est infailliblement
le même que dans Sherlock Holmes. Il y faut beaucoup de mémoire
à retenir les éléments de l'action, beaucoup de patience à suivre le
dénouement, beaucoup de facilité à recevoir les inventions comme
vraisemblables. Il faut aussi un tact du* style fort émoussé, pour sup-
porter la mise en français de traits britanniques costumés à la hâte
— 302 —
par des auteurs, qui visent tout autre chose que le public lettré et
connaisseur.
22. — Une aventure amoureuse, traversée de toutes sortes de machi-
nations ténébreuses, captation de testament, espionnage policier, fait
le sujet d'Un Mari par procuration, de M. Jack Steele. A la fin, tout
est découvert, arrangé, réglé; le traître est démasqué, Jérold et Doro-
thée s'épousent et sont heureux. La traduction est sans raffinement
d'exactitude ni d'élégance.
23. — Voici le premier des livres de Lafcadio Hearn qui ait été
célèbre : La Lumière vient de l'Orient. C'est un tableau du Japon
moderne où se trouvent rassemblés tous les traits les plus populaires,
en même temps que les plus intéressants, de ce peuple, objet de
tant de curiosité. L'auteur y soutient que le Japon ne s'équipe à
l'européenne, que pour être en mesure de repousser la pénétration de
l'Europe. La traduction, comme celle des livres précédents publiés
au Mercure de France, est excellente.
24. — Autre roman policier, soutenu d'une invention abondante,
quoique toujours issue des mêmes sources : liafjks, cambrioleur pour
le bon /no///, par M. E. W. Hornung. Ceci relève du roman feuilleton
plus que de la littérature. Il n'en fera pas moins passer quelques
moments agréables. L. Dimier.
SCIENCES BIOLOGIQUES
i. Lésendes et rnriosités de rhistiiire, paf le D"" Cab».?« Es. Paris, Albin Michel, s. d.
[1012], in-16 carré de 4.07 p., avec 24 grav., 3 fr. 50. — 2. Le Marnais du Planty,
médecin de la Faculté de Paris, maire de Saint-Ouen-snr- Seine (1808-1876), par le
D'' Heîxri Perraudeau. Pariv, Jouve, 1911, in-10 de 151 p., avec portrait, 3 fr.
— • 3. Le Médecin, son rôle dans la famille et la s^ociété, par le D"" J. Vincent.
Paris, Bea-.che'^ne, 1911, in-16 carré de ;v-422 p . 3 fr. 50. — 4. Le Génie lit-
téraire, par les D'» A. RiMoiyn et Paul VoivekEl. Paris, Alcan, 191J, in-8 de
.■^04 p., 5 fr. — ;■,. /.ff9 Opiomanes, mrjn^eurs. hureurs et fumeurf d'opium. Étude
clinique et n:édico littéraire, par !e D'' Rogeb Dui^ouy. Paris, Alcan, 1912, in-8
•'de xiT-323 p., 6 fr. — 0. Traitement mental et culture spirituelle. La Santé et l'har-
monie dans !a vie humaine, par Albert-L. C.aillet. Paris, Vigot, 1912, ia-18
de xiiî-399 p., 4 fr. — 7. Hrjstérie et sainteté, par le D' H. Lavrand. Paris,
PJoud, 1911. in-lf de 127 p., 1 fr. 20. — 8. La Fatigue et le repos. La Fatigue,
la coMsetvation des forces, la médication par le repos, pa" le D' F.
Lagrange, avecle concours du D"" F. de Grandmaison. Parie, Alcan, 1912, in-8
de vn-360 p , 6 'r. — 9. Propriétés optiques des muscles, par Frer Vlès. Paris,
Hermann, 1912, gr. in-8 de xviii-372 p., avec 13 p!., 15 fr. — 10. Consultations
médicales françaises : Dia^nosti: et traitement de Vadénophatie trachéo-bronchirne-,
par le C P. -F. Armand-Delille; L'AliKienlation rationnelle du nourrisson, par
le Di" E -Terrien; -I.'s Acnés et leur traitement, par le D'' Paui. Ga.stou; /.« '
Traitement des conj'.nrtiviief. par le D'' F. TERiïiEM. Paris, Poinat, s. d. (19121,
4 plaquettes, in-16 de 22 p., i 0 Ir. 50 l'une. — 11. Lipnïies et paratoxine. par les
prof. G. Lekûii^e et E. Gkkard. P£;ris, Vigot, 1912, ia-1fi de 74 p., 1 fr. 50. -
12. Traitement des neiirnsihéniijues, par le D' Paui H arteneerg. Paris, Alcan,
1912, in-16 de 346 p., 3 fr. 50. — 13. Congrès des typhlophiles et exposition de la
préservation de la cécité, des œuvres d'assistance et des travaux des aveugles. Compte
— 303 —
rendu dr.s tra.'aux, par C.eorges et Louis Bopcjean. Paris, Figuirrp, 1912, gr. in-S
(le 423-L.. XX t (a-ac) p., 8 fr. 50. — 14. Le Pain de froment. Étude critique et
recherches sur sa ■,'aleur alimentaire selon le blutage et les systèmes de moulure,
par É'^iLK Fleurent, Paris, Ciauthier-Villars, 1911, in-16 de vni-223 p., avfc
33 figures, 3 fr. 75. — 15. L'Alcoolismr dans les armées, par 'e rom* J.-A, Or-
Dio.fi. Paris, Ilenrv T'aulin, 1911, in-18 de V!ir-fj3 p., 1 fr. 25. — lf>. Portez-voun '
H^nl, notions élémentaires d^hygiène populaire et ^rationnelle, par le D''
Terwauise. éd. 4» éd. Paris, Gierd et P,rière. 191?, petit in 8 de 13f> p.,
2 fr. — 17. Nervosismo social , por el D'' XEncAviN*. Barcelona, imp. Horta,
1912, in-8 de 88 p.
1. — Le docteur Cabanes, poursuivant ses inlassables recherches,
nous donne aujourd'hui un volume nouveau, dont l'intérêt n'est
pas moindre que celtii des précédents, et que tous les amateurs des
choses du passé auront à cœur de lire : Légendes et curiosités de l'his-
toire. Nombre de problèmes historiques y sont étudiés et le plus
souvent élucidés. Peut-être, pour tel ou tel des sujets traités, pour-
rait-on reprocher à l'auteur une argumentation insuffisante ou des
conclusions insuffisamment fermes. Quoi qu'il en soit, on ne peut
s'empêcher de constater que l'ouvrage a dû coûter beaucoup de
recherches et il suffira de rappeler ici les titres des chapitres pour
montrer tout l'intérêt que présentent : Un Maniaque sur le trône
(Charles VI); Le Légendaire Barbe-Bleue (Gilles de Rays); Notre-
Dame de Beauté; Les Vapeurs du Roi Soleil; L'Énigme du Masque de
velours; Deux Duels mystérieux; Le Maréchal de Saxe; le Bailli de
Sufjren; L Dioculation à la Cour de France; Où sont les restes de Mira-
beau; Le Parrain de la « Marseillaise «; La Fin d'un héros; Le Pré-
tendu verre de sang de M^^*^ de Sombreuil; Les Femmes grosses devant
les tribunaux, ce dernier chapitre traité surtout d'après l'étude qu'en
a donnée le D^ M. Billard. Voilà bien de quoi exciter la curiosité des
érudits.
2. — Le D^" Perraudeau s'est attaché à nous donner la biographie
d'un de ses prédécesseurs à Saint- Oue,n, marquis authentique, et
néanmoins médecin de cette ville pendant près de trente ans : Le
Marquis du Planty, médecin de la Faculté de Paris, maire de Saint-
Oueti (1808-1876). Les hasards de la clientèle l'ayant mis en présence
d'un malade, fier d'avoir été introduit au monde par « un marquis »,
il a tenu à étudier le rôle qu'avait pu jouer dans la commune le noble
confrère dantan.' A force de recherches, souvent ardues, le D^ Perrau-
deau a fini par réunir les éléments d'une biographie qui constitue une
belle page de l'histoire contemporaine de Saint-Ouen. Fils d'un lieu-
tenant-colonel commandant des gardes de la Porte du Roi et cheva-
lier de Saint-Louis, le jeune du Planty hésita entre la médecine et
la magistrature, et, bien que licencié en droit, il se décida, en fin de
compte et en dépit des railleries des siens, à embrasser la carrière
médicale. Il alla se fixer, vers les derniers jours de juin de 1831, dans
— 304 —
la commune de Saint- Ouen où il eut bientôt l'occasion de donner de
grandes preuves de savoir et de dévouement, lors de l'épidémie
cholérique de 1832. A partir de ce moment, on le trouve mêlé active-
ment aux affaires de la localité en qualité d'abord de conseiller muni-
cipal, puis de maire, charge qu'il occupa pendant plus de dix ans,
jusqu'à son départ en 1860. On ne peut que savoir gré au D^ Perrau-
deau d'avoir reconstitué la physionomie si intéressante d'un médecin
auquel la commune de Saint Ouen est redevable de tant de bienfaits,
et qui peut être donné comme exemple à beaucoup, médecins ou
non.
3. — Si, dans l'ouvrage précédent, nous avons vu ce qu'a été en pra-
tique la carrière d'un médecin qui a su honorer et sa profession et la
ville où il a été appelé à exercer, l'ouvrage du D^" Vincent : Le Méde-
cin, son rôle dans la famille et la société, facilitera aux jeunes méde-
cins l'imitation d'un aussi noble modèle. L'idée maîtresse de cette
attachante étude est celle-ci : « la morale du médecin à propos de
l'influence qu'il peut et doit exercer dans la famille et la société. >»
De là, deux parties dans l'ouvrage La première, la plus captivante et
la plus appropriée à la vie journalière, traite du rôle moral du mé-
decin dans la famille depuis son origine jusqu'à son extinction. Elle
sera d'une réelle utilité pour le public et les jeunes médecins chez
lesquels il accélérera la maturité de l'expérience en leur inculquant
ce savoir pratique, fruit d'un long usage de la vie, joint à la discus-
sion de ce qu'on est appelé à voir, de ce qui est arrivé de bien ou
de mal. Et personne n'est plus apte que le médecin à donner de
judicieux conseils dans toutes les péripéties d'une vie domestique.
L'on ne peut que savoir gré à l'auteur d'avoir critiqué, en fin de cette
partie, le rigorisme exagéré de l'article du code pénal relatif au secret
professionnel, et sa conclusion est conforme aux règles de la morale
naturelle. La deuxième partie de l'ouvrage traite du rôle du médecin
dans la société. On a dit avec raison que l'éducation morale et philo-
sophique du médecin ne saurait être trop développée et qu'il n'est pus
de profession qui exige, pour être exercée noblement, plus d'idées
générales, en même temps que des connaissances spéciales et une
expérience étendue. C'est trop souvent, parce qu'il pèche dans
l'un ou l'autre de ces sens, que le médecin est le plus souvent impuis-
sant dans le milieu social actuel, si même il ne coopère point pour
une large part à la décadence générale. Aussi l'auteur adresse-t-il un
pressant appel à ses confrères et cherche-t-il à leur rappeler les nom
breuses circonstances où leur influence peut et doit se faire sentir.
4. — La « Bibliothèque de philosophie contemporaine » vient de s'en-
richir d'un volume nouveau, dû à la plume des D'"^ A. Rémond, pro-
fesseur à la Faculté de médecine de Toulouse, et Paul Voivenel : Le
— 305 —
Géme ^i^îéraire. La thèse soutenue par les auteurs est sinon nouvelle,
du moins en opposition avec l'opinion courante qui fait du génie une
névrose. Ils cherchent à établir au contraire que le génie n'est point
dû à des excitants du système nerveux, pas plus qu'à des maladies
ou des dégénérescences. Pour eux, le génie ne doit exprimer que « la
perfection relative avec laquelle seront perçues, élaborées et trans-
mises les différentes composantes delà pensée humaine,et, disent-ils,
c'est à démontrer que le génie est fonction, à la fois des centres de récep-
tion, d'association et de projection, que nous allons consacrer les
lignes qui vont suivre, en montrant plus spécialement pour le génie
littéraire ce qui, dans chacune de ces étapes, constitue le facteur
auquel se rattachent à la fois la splendeur et la rareté de la produc-
tion. » Les auteurs commencent par étudier les conditions anatomo-
physiologiques de la création littéraire.Tour à tour, ils examinent les
associations verbo-seisitives, l'attention, le rêve, l'inspiration, le
rôle des excitants (du café chez Balzac, de l'alcool chez Edg. Poë,
lïoffnjann, Verlaine, Villon, Rimbaud); de l'opium (chez Coleridge,
Thomas de Quincey, Stanislas de Guaita, Laurent Tailhade ) ; des
maladies générales (tuberculose chez Samain, Watteau, Chopin,
syphilis); des grandes névroses (chez Dos toïewsky, Flaubert, Pascal,
A. de Musset, etc.); du fétichisme, de l'inversion sexuelle; de la
folie (chez Maupassant, G. de Nerval, Rousseau, Nietzsche); de la
dégénérescence. Un chapitre, et non des moins curieux, est consacré
à établir les relations, inattendues pour la plupart, qui unissent le
génie littéraire et l'instincl, sexuel. Par suite, il y aura une véritable
«coloration» sexuelle des œuvres littéraires, et il est facile de constater,
dans la forni3 de l'extériorisation psychique constituant la poétique
féminine, quelque chose qui la diffi'^rencie profondément de la mani-
festation correspondante chez l'homme. La poésie chez ce dernier
prend les caractères généraux d'un instrument de conquête, d'une
parure; elle semble, au contraire, chez la femme, ne traduire que
l'aspiration générale à une eurythmie plus complète. En résumé,
pour les D''3 Rémond et Voivenel, et cette définition est absolument
neuve, « le génie littéraire est la mmifestation intellectuelle la plus
haute de la progénérescence verbale et sexuelle chez l'homme ». Le
lecteur pourra ne pas toujours souscrire çà et là à l'argumentation
. des auteurs; mais il ne pourra s'empêcher de reconnaître malgré les
divergences sur tel ou tel point, tout l'intérêt que présente cette
nouvelle étude psychologique.
5. — L'ouvrage que le Dr R. Dupouy vient de consacrer à l'une des
plaies qui déciment plus spécialement le monde colonial : Les Opio-
manes, mangeurs, buveurs et fumeurs d opium, vient corroborer les
conclusions de l'étude précédente des D^-J Rémond et Voivenel. Les
Avril 1912. T. CXXIV. 20.
— ;mr> —
fumeries d'opium naguère étaient inconnues en France ; mais, depuis
la conquête de l'Indo-Chine, l'habitude de fumer l'opium contractée
dans ce lointain pays par quelques-uns de nos fonctionnaires civils,
marins ou militaires, a été importée en France. Confinées tout d'abord
dans quelques ports méditerranéens, elles ont formé , en s'infiltrant peu
à peu et sans bruit dans les grands centres et la capitale, un certain
nombre de foyers plus ou nioins actifs. Elles ne tarderont pas à
constituer pour la vitalité de la nation française un véritable danger,
au même titre que l'alcoolisme. Aussi le D^ R. Dupouy a-t-il cru devoir
jeter un cri d'alarme; son travail sera d'autant mieux le bienvenu,
que, s'il existe nombre d'ouvrages sur la morphinomanie, il n'en est
peut-être pas un bien sérieux on France sur l'opiomanie. Après avoir
esquissé l'historique de l'opium et la psychologie si particulière des
toxicomanes, il donne une description très complète et très détaillée
des diverses étapes de l'empoisonnement par la fumée de l'opium,
description basée sur nombre de cas cliniques à la fois nets et précis.
Il a été amené à examiner la littérature extra-médicale de l'opium
et à faire une étude médico-psychologique des quelques opiomanes de
renom : Thomas de Quincy,Coleridge, Baudelaire, Barbey d'Aurevilly,
etc. C'est même le chapitre le plus intéressant, d'une manière géné-
rale, de tout le volume. L'auteur étudie ensuite, avec force détails, les
prétendues jouissances et les méfaits trop réels de l'opium. 11 analyse
l'ivresse, liturgique, pourrait-on dire, et raffinée, provoquée par cette
substance, sa rêverie euphorique et immatérielle, mais passive et
stérile. Jl dévoile les troubles physiques qu'elle provoque fatalement,
et met à nu l'aboulie, la veulerie et la perversité morale des intoxi-
qués chroniques ; il montn^ leur (^échéance progressive et leur lamen-
table fin. Car, quoi qu'on en ait pu dire, l'ivresse thébaïque ne surhu-
manise nullement l'individu; elle ne libère point son psychisme de
sa lourde gangue, ne l'allège et ne le sublime pas au point de lui
permettre de planer dans un ciel idéalement lucide pour y former des
rêves créateurs d'oeuvres supérieures. Assurément, les fumeurs d'opium
éprouvent des sensations de bien-être, et une sorte d'éthérisation et
d'immatérialité sereine; et quelques-uns d'entre eux, mais esprits
supérieurs, ont pu puiser dans leur onirisme toxique (peut-être malgré
cela) l'idée plus ou moins nette de quelqu'une de leurs œuvres. Mais,
en fait, les sensations euphoriques des opiomanes ne sont que factices;
si, dans les débuts, elles peuvent être un stimulant de l'esprit, elles
l'émgussent à coup sûr à la longue. L'opium est donc loin d'être un
créateur d'intelligence et de voluptés et un producteur de merveilles
d'esprit et d'art. Quant à la fin de ceux qui se sont adonnés à cette
fléplorable manie, elle est magistralement décrite dans le chapitre qui
a pour titre : « Période de déchéance ou de terminaison; la mort des
— 307 —
fumeurs d'opium. » Le livre du D^" Dupouy vient à son heure, et
nul doute qu'il n'ait une influence salutaire : c'est une œuvre de saine
science et de haut patriotisme, comme le dit si justement le profes-
seur Régis dans une très intéressante préface placée en tête du
volume.
6. — L'intention première de M. Caillet, qui nous donne aujour-
d'hui son Traitement mental et culture spirituelle, avait été de faire
connaître les règles à suivre pour conserver toute la vie une parfaite
santé tant mentale que physique. Mais l'idée que, dans notre temps
de décadence morale et matérielle, l'être en parfaite santé n'existe
pour ainsi dire pas, a incité l'auteur à faire un traité complet de
guérison psychique, mettant à môme un chacun d'acquérir et de con-
server le bien-être souhaitable et au physique et au moral. Le traité
se base sur quatre méthodes : le mesmérisme ou magnétisme, l'hypno-
tisme, la suggestion enfin, ce que l'auteur appelle le trpitement
mental, et consistant à guérir un malade présent ou absent par la
seule suggestion mentale télépathique. M. Caillet se réclame de
l'école éclectique de la philosophie hindoue, et plus particulièrement
de la doctrine professée par le logi Ramacharaka. Il croit à l'effica-
cité de sa méthode, efficacité qui serait prouvée actuellement par des
milliers d'observations impossibles à nier. Ces observations pourtant
laissent le public médical sceptique, et il est peu probable que les
théories de M. Caillet fassent beaucoup d'adeptes.
7. — Sous le titre : Hystérie et sainteté, le D^" Lavrand s'est donné
Ja tâche d'élucider, en une substanitelle brochure, les rapports et les
différences qui peuvent exister entre la grande névrose et cet état de
perfection mentale qui constitue la sainteté. Ce qu'est l'hystérique,
on le sait fort bien : il offre le type d'un malade dont l'affection cor-
siste en des troubles à la fois physiques et mentaux, avec réactions
réciproques des uns sur les autres. La sainteté 'n'est- elle qu'une des
manifestations de l'hystérie, ou bien y a t-il antinomie entre le psy-
chisme du saint et celui de l'hystérique? L'état de ce dernier se carac-
térise, et l'auteur consacre d'assez longs chapitres à le démontrer,
par des troubles à la fois physiques et psychiques. Mais la perturba-
tion fonctionnelle du système nerveux est la cause initiale du mal et
les altérations qui se manifestent sur les diverses fonctions organiques
n'erî sont que la conséquence plus ou moins éloignée. C'est par les
troubles psychiques que s'expliquent le rétrécissement du champ de
la conscience, les amnésies variables, les idées fixes, et aussi la varia-
bilité, la bizarrerie capricieuse des hystériques, et par suite l'aboulie
ou incapacité de poursuivre un but déterminé. Le saint, au contraire,
se distingue par l'unité de sa vie psychique, par sa persévérance,
par la tension permanente de son activité volontaire et consciente
— 308 —
vers le but qu'il sost proposé. En somme, loin de ressembler à l'hys-
térique, il présente au point de vue psychique des caractères diamé-
tralement opposés; et les résultats surprenants qu'il réalise par
l'exercice des puissances actives de son être en font un surhomme,
au lieu de le ranger parmi les débiles ou les malades de l'espèce hu-
maine. Telle est la thèse surabondamment étayée par le D^ La-
vrand.
8. — Le D^" F. de Grandmaison a eu l'heureuse pensée de publier,
en la complétant toutefois, la dernière étude laissée inachevée par le
regretté D^ Lagrange : La Fatigue et le repos. Par un contraste
bizarre, celui qui avait consacré toute son existence à prôner l'exercice
et le mouvement, même chez les cardiaques, devait aussi entreprendre
un travail traitant du repos et l'on peut dire, après l'avoir parcouru,
que le sujet, étudié magistralement, a été complètement épuisé. On
retrouve, dans l'œuvre posthume du D^ Lagrange, la clarté, la cons-
cience, l'esprit scientifique. Certains chapitres sont merveilleux au
point de vue philosophique et psychologique, tout particulièrement
ceux qui ont trait à la fatigue cérébrale et au surmenage des centres
nerveux. Et l'élégance de la forme ne le cède point à la solidité du
fond, qualité qui se fait de plus en plus rare dans la littérature médi-
cale.
9. — Le volumineux mémoire de M. Fred Vlès : Propriétés optiques
des muscles., est le résumé des recherches entreprises par l'auteur,
durant cinq années environ, dans divers laboratoires, mais surtout à
la station biologique de Roscoff. Étant donnée l'importance prise vis-
à-vis des caractéristiques moléculaires, les propriétés optiques des
corps, il a semblé à l'auteur que l'étude systématique des propriétés
similaires du muscle devait conduire à des notions indispensables sur
la structure de cet élément et sur son fonctionnement. Le présent
volume donne le résumé des recherches faites sur le muscle, au repos,
en extension : c'est,en somme,roptique statique du muscle.Il est divisé
en cinq parties : dans les quatre premières, sont passées en revue et
examinées toutes les propriétés optiques fondamentales du muscle
et de la fibre musculaire : l'absorption, l'indice de réfraction, les ima-
ges des fibres en lumière ultra violette, les spectres de diffraction
produits par les stries, la structure ultra microscopique de ces der-
nières; et, dans la quatrième partie, la plus étendue, les réactions du
muscle en lumière polarisée. Il a été amené à critiquer dans cette
partie, à la suite d'une longue série d'expériences, la célèbre théorie
d'Engelmann sur les rapports entre la contractilité et la biréfringence,
et ihontré que, dans les divers éléments contractiles, il est préférable
de ne pas admettre la généralité de la relation démontrée comme
vérité par le grand physiologiste. Enfin, dans une cinquième et der-
- 309 —
nière partie, M. Vlès a condensé les principaux résultats que l'étude
de l'optique musculaire peut apporter à la connaissance de la struc-
ture du muscle et émis une théorie de la striation. ■ ''
10. — 11 y a déjà quelques années que la librairie Poinat a entre-
pris la publication de petites monographies pathologiques ou théra-
peutiques sous le titre général : Consultations médicales françaises.
Nous ne pouvons que signaler aux médecins l'utilité de ces plaquettes,
rédigées d'une manière essentiellement pratique et consacrées à la
description et au traitement des maladies que l'on rencontre le plus
souvent dans la clientèle journalière. Parmi les dernières mises au
jour figurent : Diagnostic et traitement de Vadénopathie trachéo-bron-
chique chez l'en font,. du D^" Armânà-DeMUe-^ V Alimentation rationnelle
du nourrisson, du D^ Terrien; les Acnés et leur traitement, d\\ D^ Paul
Gaston, et le Traitement des conjonctivites, du D'" F. Terrien.
M et 12. — La chimie biologique tend à prendre une place de plus
en plus grande dans la thérapeutique, à laquelle elle fournit des médi-
caments tirés de l'organisme lui-même. C'est à deux d'entre eux que
les prof. G. Lemoine et E. Gérard consacrent une courte, mais subs-
tancielle monographie : Lipoïdes et paratoxine. Les lipoïdes sont les
parties constitutives des cellules extraites, soit par l'éther, soit par les
autres dissolvants, des corps gras. On leur reconnaît la propriété de
provoquer dans l'organisme la formation d'anticorps, et certains
d'entre eux jouissent de propriétés antitoxiques indéniables, action
susceptible de s'exercer aussi bien sur les poisons minéraux et orga-
niques que sur les poisons d'origine microbienne et qui est analogue
à celle des antitoxines proprement dites. Partant de cette constata-
tion et de l'atténuation exercée par les extraits biliaires mis en pré-
sence de la tuberculine, le prof. Lemoine a imaginé un traitement de
la tuberculose, basé sur l'absorption sous diverses formes de ces
mêmes extraits, auxquels il a donné le nom de paratoxine. Malheu-
reusement on ne peut rien conclure, en ce qui concerne l'effet sur
l'organisme d'une antitoxine quelconque, d'expériences préalables
in vitro, et quant à la paratoxine elle-même, si elle ne paraît pas
dénuée d'une certaine activité thérapeutique, elle est loin de produire
d'aussi bons résultats que le prétend l'auteur de l'opuscule. Mais, en
présence d'une affection aussi grave et aussi rebelle que la tubercu-
lose, aucun moyen n'est à négliger, et, dans certains cas, trop rares
malheureusement, la paratoxine a paru réussir. — L'ouvrage du
Dr Hartenberg : Traitement des neurasthéniques est le complément
naturel de celui que le même auteur faisait paraître naguère sous
le titre : Psychologie des neurasthéniques. L'auteur commence par
établir d'abord la physionomie clinique de l'affection devenue si
commune de nos jours. Qu'est-ce qu'un neurasthénique? Pourquoi
— 310 —
devient-on neurasthénique? Comment distinguer les neurasthéni-
ques des malades atteints d'autres névropathies? Telles sont les ques
lions primordiales traitées au début de l'ouvrage et dont la solution
permettra au médecin d'instituer une thérapeutique appropriée.
M. Hartenberg expose avec le plus de détails possibles toutes les res-
sources dont on dispose pour combattre les causes, les symptômes les
complications ou les manifestations disparates de la névrose, et il
indique également la meilleure ligne de conduite à suivre pour en
obtenir la guérison.
13. — II y a déjà près de deux ans que s'est tenu à Paris le Con-
grès des typhlophiles et exposition de la préseri)ation de la cécité. MM. G.
et L. Bonjean viennent de publier le Compte rendu des travaux de ce
congrès, qui a été un véritable événement dans l'histoire des aveugles.
On y trouvera nombre de rapports ayant trait à l'amélioration mo-
rale, physique et même sociale des malheureux privés du sens de la
vue. Nous signalerons, entre autres, ceux de M. L. Mirman : La Loi
du 22 juillet 1905 et l'assistance aux aveugles; de M. Gilles : De
1 Education des jeunes aveugles dans les écoles maternelles
spéciales ; du D"" Valude : La Cécité causée par l'ophtalmie des
nouveau-nés et les moyens de la combattre; du D^" Truc : L'Inspec-
tion oculistique des écoles et la préservation de la cécité; de M. Boyer :
L'Assistance aux aveugles par le travail et les ateliers régionaux; de
M. Lafontaine : Les Asiles pour l'hospitalisation des aveugles inca-
pables d'un travail utile; du D^^Motais : Préservation de la cécité; du
Di" Cazalès : Les Difficultés de l'assistance aux aveugles ; du
D'^ Gaupillat : De la Société du patronage des aveugles du Nord; etc.,
etc. A la suite du compte rendu des communications, se trouvent
douze appendices portant sur des sujets aussi intéressants que ceux
qui ont été traités au congrès lui-même, et l'énumération des vœux
émis dans le but d'assurer aux aveugles « ce à quoi ils ont droit,
c'est-à-dire la jouissance de tous les droits des voyants. »
14. — L'opuscule de M. E. Fleurent : Le Pain de froment, a pour
but de « faire connaître le produit qui sert de base à l'alimentation
française et de définir la valeur économique de la qualité de pain
qu'elle réclame impérieusement. »' On sait que les préoccupations
dans la meunerie et la boulangerie ont visé presque de tout temps à
la production d'une farine de plus en plus blanche, et par conséquent
d'un pain équivalent en blancheur. Est-ce à dire malgré tout, comme
le croit l'auteur de l'ouvrage, que plus le pain est blanc et plus il est
nourrissant? Assurément, la polémique qui s'est élevée naguère entre
les partisans du pain blanc et ceux du pain complet n'était pas
exempte d'un parfait désintéressement ; et même,à ce qu'affirment des
savants bien informés,les lances que l'on a rompues en faveur du pain
— 311 — .
complet n'avaient d'autre but que d'aider quelques sémites de mar-
que à écouler sur le marché français, et notamment le marché parisien,
des blés étrangers avariés dans leur transport par mer. Il est ceitain
que plus la farine contient de gluten et moins elle est blanche; et
le pain bis «loyal » restera, malgré les assertions de l'auteur, le painHe
plus nourrissant, le pain hygiénique par excellence.
15 et 16. — Depuis quelques années, grâce à l'initiative prise par
plusieurs commandants de corps, il a été fait diverses tentatives
sérieuses contre l'alcoolisation des recrues dans les cantines régi-
mentaires. Malheureusement ces mesures, ainsi que les conférences
antialcooliques, ne se sont pas généralisées, et elles sont restées à l'état
d'exceptions. Le commandant Ordioni a cru bon d'intervenir dans la
lutte par la publication d'une conférence très documentée qu'il faisait
naguère sur le sujet : L'Alcoolisme dans les armées. On ne saurait
trop recommander la diffusion de cet excellent opuscule. — Les
lecteurs du Polybiblion ont pu lire ici même, il y a quelque deux
ans, un compte rendu de la brochure : Portez-vous bien ! du docteur
Terwagne, dont la librairie Giard et Brière publie la quatrième édi-
tion. Ces notions élémentaires d'hygiène populaire et rationnelle,
écrites dans un style simple et terre à terre, ne pourront que faire
du bien dans le milieu auquel elles s'adressent tout spécialement. On
pourrait bien contester ou critiquer quelques-unes des assertions
émises; mais il ne faut pas oublier que l'ouvrage est écrit sans au-
cune prétention scientifique et qu'il s'adresse surtout aux classes
populaires.
17. — Nous terminerons cette revue d'ouvrages biologiques ou
médicaux en signalant aux médecins sociologues la brochure du
D^" Xercavins : Nervosismo social, quoiqu'elle vise exclusivement
l'Espagne. L'auteur y étudie les causes du malaise social dont souffre
aujourd'hui cette nation, et il estime que l'éducation des volontés
aveulies est une force médicatrice suffisante pour relever les énergies
de la patrie, et tirer celle-ci de la neurasthénie qui la déprime et
qui a pour cause primordiale une affection semblable des individus
et des familles. D^" L. de Sainte-Marie.
GÉOGRAPHIE — VOYAGES
1. Atlas universel de géographie. Ouvrage commencé par Vivien de Saint-Marti»
et continué par Fb. Scnn\Dr,r.. N' 55. Indo-Chine. Pnri«, Hachette, 1911, une
feiiille in-folio, 2 fr. — 2. Atlas univev^d de géographie. Ouvrnge commencé par
Vivien de Saimt-Martin et continué par Fr. Schrade^. N" 50. Arabie. Paris,
Hachette, 1911. i ne feuille in-folio, 2 fr. — 3. U Année cartographique. Supplé-
ment annuel à toutes l^s publications de géographie et de cartographie, dressé
et rédigé sous la direction de Fr. Scuradrr. Paris, Hachette, l9ll, 3 feuilles in-
folio avec texte explicatif au dos, 3 fr. — U. La Sismologie moderne. Les Tremble- .
— 312 —
nierUf: de terre, p;>r le ''omte pe Mo\ rrssis m;.; Pai.lohk. r-aiis, ( ulin, 19! 1, in-8
de XX -284 p., avec 63 fig. et '(; planches de reproductions {ihotograj-hiques et
1 Ciirtes hors texte. 4 h; — 5 ttla-: p-itore'qiie dt (a Frn-nre. Recueil de vues
gi'.ngrp.phiques et pittoresnues de tous les d'^partements, accompagnées de notices
gé( graphioups et de ii'gendes explicatives par 0\éstmf. Rfclis. Tume 11. P.-ris,
Atlinger fr.^res, s. d. [1911], in '< dp 6o9 p., 49 'r. — 6. Cuides artistiques et
pittoresques des pays de Frante. J <i Basse-Norn^andie, par L. Dimter et R. Go-
BII.LOT. Paris, Pelagrave, s. d. [!9]?]. in-16 de vn-.ro9 p., avec plans dans le
texte et carte hors texte, 5 fr. — 7. Pans In vaWe de Celles. Souvenirs d'une
colonie de vacances, par A. l-Mtoprc. Paris, }iloud, 1911, in-16 de xvi-2i3 p.,
3 fr. .'■0. — 8. Éludes de g o graphie phi/sinue sur le canton de Fribourg. Fribourg
(Suisse), irap. Fragnii're, 19!0, in-8 de x\xv-199 p.. avec 71 ^ig. et 12 planches,
8 fr. -- 9. Promenades italiennes. Païenne, Syra-'use, Naples, Rivenne, Capri,
Ca<!teldcln)onte, Sabine et Ombrie, par F. Grkgoi oviits; ada]jté de l'allemand par
W""^ JEA^ Carrfre. Paris, Pion Nourrit, s. d. [^911], in 16 de 337 p., 3 fr. 50.
~ 10. La Tripolitaine d'hier et de den.ain, par H. -M. r^E MATuuisiElax. Paris,
Hachette, 1912, in-16 de vin-222 p., avec 52 grav. hors texte et 2 cartes, 4 fr.
— 11. Voyage dans l'Eubce, les Ues Ioniennes et les ('yclade<: en I8'i1, par Ale-
xandre Buclon, puMié pour la première fois par Jean I.ongnon, Paris, Êmile-
Paul, 1911, in-8 de i.xfv-293 p., avec portrait, 7 tr. .50. - 12. Jérusalem hier et
aujourd'hui Note? de voyage, par 1p marf.uis pe VoctjÉ. Paris, Plon-Nourrii, 1912,
in-8 de 109 p., 2 fr. — 13. Les Boyaumes des neiges (É'ats himalaycni), par Char-
i.Es-EuDES PoNiN. Paris, ( olin, 1911, in-18 de x-o06 p., avec 3 cr.rtes dans le
texte et 16 planches photographiques hors texte, 4 ir. - 14. Ze ics, par Lucien
i)E Reinach. Edition posthume, revue et mise à jour par P. (.hemin Dipontis.
Paris. Ouilmoto, s. d. [1911], in-8 de vti-39 ' p , avec carie, 7 fr. 50. — 15. Mission
d'Ollone, 1906-1909. Becherrltes su- les musulmans r}.in(iu-, par le commandant'
d'OLLONF, le capitaine riE Fleurelle, le «"ayiitaine Lep\'îe, le lieutenant de
Bowe; études de A.. Vissièrf, notes de E. Blochet et de divers savants. Paris,
Leroux, 1911, in-4 de xii-'7i p., avec 91 nhotfigraphies, estim pages, cartes et
une carte hors texte, 15 'T. — lo. Pes Éinis-Vr.is du Mexique, par le comte
Maurice de Pérignv. Paris, Ouilmoto, s. d. n9î2), in-8 de x-310 p., avec cirte,
5 fr. 50. — M. L' Assaut du pôle sud, par l'abbé Th. Moheux. Paris, Jouve, 1911,
in-18 de 223 p., avec cartes et grav., 1 fr. 50.
1 et 2. — Chacune des deux feuilles de VAtlas universel de géo-
graphie que nous signalons aujourd'hui présente un très vif intérêt,
mais d'un genre différent. L'une, le n^' 55, qui donne le figuré des
connaissances acquises sur l' Indo-Chine il y a un an maintenant,
nous touche surtout au point de vue colonial; on y rencontre en effet^
àréchelle du 1 : 1.000.000, une excellente mise au point des travaux
les plus autorisés et les plus récents, non seulement sur notre empire
colonial d'Extrême-Orient, mais aussi sur les régions voisines, sur les
provinces chinoises qui rentrent dans notre sphère d'influence, sur
le Siam, et aussi sur la Birmanie anglaise. Rien de plus éloquent que
le contraste présenté sur cette carte, qu'ont soigneusement dressée
MM. E. Giffault et D. Aïtoff, par les parties montagneuses de la
péninsule, la Birmanie, le Tonkin, la côte d'Annam, avec les terri-
toires du centre, ceux que drainent le Mékong et la Ménam; jamais
encore nous n'avions eu occasion de le voir si bien figuré, si éloquem-
ment présenté; et il est juste d'en féliciter les auteurs de la carte,
comme aussi l'habile graveur Delaune, qui a si fidèlement rendu le
dessin de MM. Giffault et Aïtoff. — Avec les pays relativement si con-
— 313 —
nus de l'extrême sud-est de l'Asie, contrastent ceux de l'extrême
sud-ouest, figurés à la même échelle sur la feuille n° 50 du même
Atlas, la feuille d'Arabie. « Quel état et quel état ! » dirions-nous
volontiers avec Bossuet, mais dans un tout autre sens, en comparant
les deux cartes. Ici c'est la vie, et là nous trouvons la mort, c'est-à-
dire le désert à peu près impénétrable et... l'ignorance totale de la
véritable configuration du pays. Seules, les côtes sont connues, et la
précision des détails de leur tracé contraste avec le blanc de l'inté-
rieur, qui s'avance parfois jusqu'à quelques kilomètres seulement des
rivages. Voilà ce qui ressort de l'examen de cette carte, qui n'offri-
rait qu'un intérêt purement scientifique si elle ne contenait, en même
temps que le bassin du golfe Persique, tout l'ensemble de cette Mer
Rouge, où opère une flotte italienne. A la guerre italo-turque, par
conséquent, une carte, dont il semblerait que les seuls géographes
allaient se préoccuper, doit un intérêt tout à fait inattendu d'actua-
lité.
3. - Cet intérêt d'actualité, peu de cartes le présentent parmi celles
que contient la 21^ livraison de l'Année cartographique? Je ne le trouve
guère qu'à la carte du Paraguay établie, sur la feuille d'Amérique,
d'après les travaux de Félix Ladouce, et, à la rigueur, au tracé de
la frontière franco-libérienne d'après les opérations de la commission
de délimitation de 1908-1909. Tous les autres documents réunis sur
les trois feuilles de notre fascicule sont d'ordre exclusivement scienti-
fique; citons parmi eux les croquis se rapportant à l'Arabie du nord-
est, au Turkestan chinois et au Xan-sou, à la Mongolie, à la Chine
occidentale et au Thibet oriental où sont reportés les itinéraires du
capitaine Leachman, du D^ Stein, de l'expédition Kozloff, de M. J.
Bacot, etc., en Asie; — la carte du Sahara central d'après N. Villatte
et celle du Kordofan d'après les travaux anglais les plus récents ;
— dans l'Amérique du sud, un tracé du Rio Uaupès, dans le bassin
septentrional de l'Amazone, d'après le levé de M. Hamilton Rice, et
une fort belle carte de la Bolivie septentrionale et du Matto Grosso.
Dues à MM. Bonnesseur, Chesneau et Huot, ces trois feuilles de
V Année cartographique ont leurs divers tracés établis à des échelles
très différentes, variant du 1 : 10.000.000^ au 1 : 1.750.000^ ;
fort heureusement un croquis d'ensemble permet, sur chaque feuille,
de replacer à une même échelle chaque carte là où elle doit être, et
un texte bref, mais substantiel, en fait ressortir l'intérêt particulier...
Non moins que les fascicules précédents, par conséquent, le
nouveau fascicule de l'Année cartographique mérite qu'on lui fasse
bon accueil.
4. — En France, le nom du comte de Montessus de Ballore est
tellement identifié à la sismologie qu'on a peine à se figurer une
— 314 — •
publication ayant trait à la science des tremblements de terre et non
signée du savant directeur du service sismologique de la république
du Chili. Voici un livre qui corroborera encore cette opinion, un
petit volume qui présente un résumé, dépourvu de tout appareil
critique, des deux gros ouvrages antérieurement publiés par Tauteur
et qui expose de la manière la plus claire et la plus vivante l'état
actuel de la science au sujet de ces phénomènes troublants entre tous
que sont les tremblements de terre. La Sismologie moderne, tel est le
titre de ce livre dont l'auteur a parfaitement défini le caractère
quand il l'a dit « débarrassé de tous les détails sans importance, ou
dont l'interprétation est encore discutable. » En veut-on la preuve?
Qu'on ouvre le nouveau volume de l'éminent spécialiste, qui consacre
encore aujourd'hui, dans un pays comptant parmi les plus ébranlés
du globe, tous ses instants à l'étude des tremblements de terre; qu'on
lise, en réfléchissant un peu, la table des matières ! L'ordre logique,
d'une logique impeccable, dans lequel sont traités les différents sujets,
— depuis le caractère périodique du mouvement sismique jusqu'aux
effets des tremblements de terre sur les constructions et les moyens
d'y remédier, — apparaît immédiatement à l'esprit; et si, muni de
ce « fil d'Ariane « qui constitue, pour tout livre bien ordonné, la
connaissance de sa table des matières, on se met à lire la Sismologie
moderne, comme tout l'exposé de M. de Montessus de Ballore paraît
clair et rapide, comme parfois on en- vient à regretter sa brièveté
voulue ! Il est impossible de ne pas être ému par la grandeur des
horizons que dévoile ce court ouvrage, où l'auteur montre avec force
que la cause des mouvements agitant l'écorce terrestre réside dans
son épaisseur même, et non en dehors; il est impossible de ne pas
s'intéresser aux brefs chapitres consacrés à la géographie sismique et
volcanique, à l'étude des tremblements de terre ressentis en France
et dans les colonies françaises, à tant d'autres questions passion-
nantes... De superbes illustrations, vraiment parlantes, -des carte»
d'une grande lisibilité et portant chacune son enseignement, accom-
pagnent cet excellent ouvrage de vulgarisation, écrit par un maître
ès-science sismologique.
5. — Le dernier volume de V Atlas pittoresque de la France montrera-
t-il les effets, en Haute- Savoie, des tremblements de terre qui s'y
font sentir parfois avec quelque intensité? Nous ne le pouvons pas
dire; du moins devons-nous constater que le tome II de ce bel ou-
vrage n'est pas pour satisfaire notre curiosité à cet égard. Aucun en
effet des départements qui, dans l'ordre alphabétique, depuis le Finis-
tère jusqu'au Nord inclusivement, y passent successivement sous nos
yeux, n'appartient aux régions les plus secouées de notre pays. Mai»,
par contre, queïle emple matière à constatations de toute nature que
;— 315 -
la simple inspection, même peu attentive, de cet album ! Nous regret-
tions naguère que l'Atlas pittoresque de la France eût été conçu dans
l'ordre alphabétique et nous estimions ce plan antigéographique;
nous le tenons encore pour tel.... Mais force nous est bien de recon-
naître, après de multiples expériences, que l'ordre alphabétique
présente quelques avantages; non seulement il évite une certaine
monotonie, mais par la violence et la brutalité des contrastes entre
deux départements que les hasards de l'alphabet font voisiner (la
Haute-Loire et la Loire-Inférieure, par exemple, ou encore le Jura et
les Landes), ou bien encore, parfois, entre deux cantons d'un même
arrondissement, il frappe l'esprit de l'observateur le moins attentif,
il stimule sa curiosité, il l'amène à se poser des questions, à ouvrir
un dictionnaire, une géographie, parfois même à aller plus loin.
Ainsi, au point de vue pédagogique, notre ouvrage possède, grâce à
son absence même de système, une vertu très efficace; et que dire
d'autre part de la valeur de l'enseignement qui se dégage d'une étude
plus attentive, vraiment systématique, de telle ou telle figure parti-
culière? Les phénomènes d'érosion, les méandres, les gorges sont
représentés dans ce volume par des gravures vraiment " admirables ;
ailleurs je trouve des sculptures préhistoriques, des reproductions de
monuments romans ou gothiques de toute beauté; ailleurs encore des
types humains, des costumes, des scènes de mœurs; tout cela constitue
un ensemble plein de vie, de variété, de pittoresque, qui ne cesse de
présenter l'attrait de la nouveauté. Aie feuilleter, comme à entendre
conter Peau-d'Ane, on ne pourra que prendre un plaisir extrême.
6. — A côté de cet intéressant album, il est bon de consulter diffé-
rentes sortes d'ouvrages, des géographies, des « guides «, des mono-
graphies historiques, archéologiques, décrivant l'état présent et
étudiant l'état passé des différentes parties de notre pays. On fera
bien, parmi ces livres, d'assigner une place d'honneur à la Basse-
Normandie de MM. L. Dimier et R. Gobillot, le volume par lequel
débute une nouvelle collection de Guides artistiques et pittoresques des
pays de France qui, à en juger par ce spécimen, portera surtout son
attention sur les richesses artistiques que possède encore en si grande
abondance notre beau pays. Sans doute, le côté pittoresque n'est pas
absolument négligé; il nous a paru toutefois un peu sacrifié. On peut
s'en rendre compte dès la première page, où l'on cherchera vainement
une définition de la Basse- Normandie et quelques chiffres qui n'eus-
sent pas été absolument inutiles; quant au côté « géographie pure », il
est systématiquement laissé de côté. Remarquorîs-le, puisque les
auteurs n'ont pas pris soin de le faire remarquer, et ajoutons que ce
guide ne saurait suffire à lui seul à un voyageur, mais doit être em-
porté comme complément d'un Baedeker ou d'un Joanne, car on n'y
— 316 —
rencontre aucune indication sur les voies d'accès en Basse- Normandie,
sur les chemins de fer, les hôtels, etc. Ainsi le côté pratique n'existe
pas; mais, par contre, quelle iouk de renseignements précis en ma-
tière historique et artistique ! Ces renseignements sont présentés de
manière très alerte, très vivante, parfois un peu maniérée, mais
toujours agréable. Nous aimerions en donner une idée en citant
quelques courts extraits des descriptions si abondantes contenues
dans la Basse-Normandie; bornons-nous, puisqu'il faut y renoncer
faute de place, à signaler comme particulièrement intéressante celle
de la foire de Guibray (p. 70-72, avec plan) et finissons en souhaitant
que les auteurs ne nous fassent pas longtemps attendre le frère de ce
volume, le guide de la Haute-Nouiiandie.
7. — Si, de la Normandie, nous passons en Lorraine, il nous faudra
aller visiter, au pied du Donon, un des plus charmants coins de la
France de l'Est, la vallée de Celles. Pour y excursionner, prenez
comme guide M. l'abbé A. Laroppe, ou, à son défaut, le joli volume
qu'il vient de publier sous ce titre: Dans la vallée de Celles. Ce n'est pas
seulement l'histoire d'une colonie de vacances (organisée durant un
tout récent été pendant quinze jours en plein cœur des Vosges), de sa
vie matérielle et morale, de ses excursions, de ses admirations et
parfois — à cause du mauvais temps — de ses déceptions; c'est en-
core un véritable guide, et un excellent guide, dans les coins et les
recoins d'une vallée que l'auteur connaît admirablement et dont il parle
avec amour, et qu'il inspire le désir de parcourir tout entière. Sans
doute y trouvera-t-on parfois des expressions un peu déconcertantes
(lorsque, par exemple, M. A. Laroppe parle de la « science pédolo-
gique » des collégiens de Saint-Pierre Fourier, ses collaborateurs, à la
page 11, ouenj3ore à la page 186, du rocher de Dabo comme d'une
« sorte de crayon de sanguine écrivant sur le vélin du ciel», etc.); mais
qu'importe? Voilà le livre avec lequel il faut pénétrer dans la vallée,
avec lequel il faut visiter ce coin des Vosges, dont, dès le début,
M. Madelin vante les charmes avec tant d'enthousiasme. « Cette
vallée de Celles, déclare-t-il, je l'ai vue sous tous ses aspects. De
longues semaines, je la contemple toute verte de sa parure d'éme-
raude, lorsque, sur le fond sombre des sapins, nos arbres feuillus
mettent des moires claires; je l'ai vue aussi se vêtir au printemps des
fleurs de ses arbres fruitiers; je l'ai vue couverte de neige lorsque
les traîneaux circulent sur la route du Donon entre ces sapinières où
chaque arbre semble un énorme joyau d'argent ciselé.... Et, sous ses
parures diverses, la vallée m'a paru toujours belle. » Résisterons-nous
à un langage si engageant? et n'irons-nous pas, nous aussi, en partant
de Raon-1'Étape, voir la vallée de Celles à l'une au moins des diffé-
rentes saisons de l'année? MM. Madelin et Laroppe m'ont convaincu,
.- 317 —
pour ma part; ils m'ont inspiré le plus vif désir d'aller excursionner
dans leur coin de Lorraine, et non seulement sous leurs auspices, mais
aussi en leur compagnie.
8. — C'est également en compagnie des auteurs des Études sur le
canton de Friboiirg que j'aimerais excursionner sur le plateau suisse.
Sans doute, la compagnie serait moins gaie, plus sévère; mais, à un
point de vue tout autre que celui auquel se placent les auteurs de
Dans la vallée de Celles, combien intéressante et instructive ! Pour
l'étude de la géographie physique du terrain, du modelé topogra-
phique, des « coudes de capture », des méandres des rivières, des
cirques de montagnes, quels meilleurs guides que MM. L.-J. Romain,
Gaston Michel, Cesare Calciati, Mathias Koncza et leurs savants
maîtres de géographie de l'Université de Fribourg, MM. Jean Brunhes
et Paul Girardin ! Dans la ville de Fribourg, si pittoiesquenier.t située
sur la Sarine, et dans ses environs immédiats, ils ont, en étudiant les
curieux ravins qui surprennent si fort le simple visiteur lorsqu'il
arrive sur le grand pont suspendu, où coulent le Petit Rome et le rio de
Pérolles, fait de bien intéressantes constatations, dont ils ont trouvé
la répétition à quelque distance de la ville; de là des conclusions
dignes de remarque au double point de vue de la géographie physique
et de la géographie humaine, tirées par M. L. J. Romain de son exa-
men de quelques ravins et têtes de ravins. A différentes reprises,
M. Gaston Michel, dans son étude sur les « coudes de capture » du
pays fribourgeois,et M.Cesare Calciati,dans sa thèse sur les méandres de
la Sarine entre lllens et Au- Port et sur le travail de l'eau dans les
méandres encaissés, se sont reportés à la monographie de leur cama-
rade et en ont tiré un excellent parti, faisant Tun et l'autre une
analyse très minutieuse et très serrée des petits coins de terre fri-
bourgeoise dont ils étudiaient la topographie, en restituant l'aspect
ancien, en expliquant tous les phénomènes. M. Mathias Koncza a été
plus loin que ses condisciples, jusque dans les Alpes fribourgeoises,
dont il a comparé certains cirques de montagnes (les cirques encaissés
de limite des neiges) à ceux des Tatra; lui aussi a recueilli des obser-
vations très précises et vraiment intéressantes. — Dans son Introduc-
tion, le professeur Jean Brunhes a parfaitement fait ressortir la valeur
des travaux de ses élèves et a mis en lumière les conclusions géné-
rales qui s'en dégagent; il a rendu justice à leurs efforts si méritoires
et à leurs levés topographiques, qui présentent incontestablement
un très réel intérêt et témoignent éloquemment en faveur de l'ensei-
gnement donné à l'Institut géographique de Fribourg; il a enfin
préconisé, comme tout à fait digne d'être généralisée, la méthode de
l'échantillonnage topographique comme susceptible de rendre les
1>lu8 grands services à la topographie, et, par conséquent, la connexion,
— 318 —
dans les établissements universitaires, de la topographie et de la
géographie, l'utilisation de la topographie comme exercice courant
mis au siervice de la géographie. Idée très juste, dont les travaux des
élèves de M. Jean Brunlies montrent l'exactitude... Par là les Études
de géographie physique sur le canton deFribourg, que vient de pubher
la (c Société fribourgeoise des sciences naturelles », ne méritent pas
de fixer la seule attention des géographes locaux ou des touristes
soucieux de la morphologie des pays qu'ils visitent; elles présentent
encore un intérêt pédagogique de premier ordre.
9. — Rien de plus différent que la manière dont chacun voyage.
L'un ne s'occupe que du côté pittoresque, l'autre est surtout soucieux
de morphologie, le troisième des souvenirs du passé et tel autre encore
de la manière de vivre des habitants. Gregorovius, l'illustre savant
allemand dont chacun connaît les beaux travaux sur l'Italie du
moyen âge, se laissait séduire par les charmes d'un beau paysage,
aimait à observer les mœurs des populations au milieu desquelles il
séjournait, et, en voyant les monuments subsistants des siècles anté-
rieurs, à évoquer leur histoire. Telle est la tendance que nous avons
riagù.èrre relevée dans le premier volume de ses Promenades italiennes,
et que nous constatons encore aujourd'hui dans le second, consacré
à Ravenne, à la Sabine et à l'Ombrie, à Naples, à Capri et à la Sicile.
Il nous semble maintenant impossible de visiter ces différents points
de l'Italie sans emporter avec nous un livre dans lequel se trouvent
tant d'indications historiques précises sur les événements qui s'y sont
déroulés; et le passé n'explique-t-il pas le présent? Sans doute le
présent dont parle Gregorovius, un présent antérieur à l'unifica-
tion de l'Italie, est déjà entré dans l'histoire; mais ce nous est une
raison de plus pour recourir aux Promenades italiennes, qui jetteront
surles guides ordinaires une vie, un pittoresque dont ils sont, hélas !
totalement dépourvus. Ne recourez d'ailleurs à l'adaptation fran-
çaise (car il n'est pas que^ion ici d'une traduction intégrale) qu'à
défaut du texte allemand. En effet, la prose de M^^ Jean Carrère est
très négligée, et le pronom démonstratif celui, celle, y est employé
de manière très abusive (« une nouvelle nationalité, ■ — celle espagnole,
— chercha à s'y établir », à la p. 19; cf. les p. 183, 191, etc.), des
verbes indispensables y sont omis (« il avait consacré l'île à Vénus, et
magnifiquement orné des statues de tous les dieux », à la p. 293).
Chose plus grave : on y trouve des contre-sens qui sont des contre-
bon-sens (à la page 26, on lit que la population sarrasine de la Sicile
« sut gagner la confiance de ses conquérants, les Normands, en les
traitant avec douceur » ; on y apprend, mais ce n'est sans doute
qu'une coquille d'imprimerie, — comme une orthographe fautive du
nom d'Ibn-Haukal (p. .38), — que Lucrèce Borgia était fille du pape
— 319 —
Alexandre VII (p. 214)... On est d'autre part péniblement surpris de
voir cet ouvrage dépourvu de notes le mettant au courant : Amari a
fini cette histoire des musulmans de Sicile dont Gregorovius n'a
connu que les deux premiers volumes (p. 19), la géographie d'Edrisi
a été publiée à nouveau depuis 1790 (cf. p. 30), et Mgr Duchesne a
donné son admirable édition du Liber Pontijicaiis (p. 186). Pourquoi
ne pas le rappeler? Pourquoi parler de « Sainte- Apollinaire en classe »
(p. 181, etc.), ce qui surprend et déconcerte? Souhaitons donc qu'un
jour paraisse une traduction intégrale, et fidèle, et annotée des Pro-
menades italiennes de Gregorovius; on y relèvera toujours des traces
du protestantisme de l'auteur (pourquoi donc M"^<^ Jean Carrère,
dans une adaptation, les a-t-elle laissé subsister aus p. 130-131, 149,
239? c'était bien inutile) aussi bien que de son patriotisme germa-
nique et de son admiration pour l'empereur Frédéric II; mais on y .
trouvera aussi la pensée exacte et complète de l'historien allemand.^
10. — Des rivages de l'Italie méridionale, de Naples et de Palerme,
aux côtes de la Tripolitaine proprement dite et même de la Cyré-
naïque, la distance n'est pas grande et même, théoriquement tout au
moins, il n'y a plus maintenant de différence de pavillon. Il n'en était
pas encore ainsi dans les toutes premières années de ce siècle, au mo-
ment où M. H. -M. de Mathuisieulx commença d'exécuter dans le
pays ces quatre voyages dont il a narré naguère le premier dans A
travers la Tripolitaine, dont il raconte aujourd'hui les trois autres
dans la Tripolitaine d'hier et de demain. Il faut lire ce livre, non pas
seulement parce qu'il est d'actualité, mais, aussi et surtout parce
qu'il est sérieusement fait, parce qu'il renferme des données précises
et encore inédites . parce qu'il est très agréablement écrit. Après avoir
parcouru, avec l'assentiment des autorités turques (qui ne lui ont
d'ailleurs laissé exécuter aucune fouille), les trois zones de la Tripoli-
taine propre, après.avoir visité la Cyrénaïque, le voyageur a été amené
à modifier les conclusions qu'il avait énoncées dans son premier livre
et à proclamer qu'il existe, même en Tripolitaine proprement dite,
« une région qui s'offre à une expansion agricole dont les Turcs et les
indigènes sont incapables, mais où la civilisation européenne peut
apporter une prospérité qu'elle a déjà eue. » C'est l'examen des ves-
tiges laissés par les Romains, des ruines de leurs grandes fermes, de
leurs torciilaria ou pressoirs d'huile, analogues à ceux qui ont été
retrouvés en Tunisie, etc., qui a permis à M. H.-M. de Mathuisieulx
de se montrer si affirmatif et de parler de la « culture prodigieuse du
Tarhouna dans l'antiquité » (p. 17), des puissants travaux d'irrigation
menés à bonne fin dans le pays, du tracé de l'ancien limes tripoli-
tanus (p. 53-54), etc. Non moins intéressante est la partie de la
Tripolitaine d'hier et de demain consacrée à la Cyrénaïque ancienne, au
— 320 —
plateau de Barka, dont la civilisation fut toute hellénique; M. de
Mathuisieulx parle avec enthousiasme de ce « pays de rêve », de ce
« paradis terrestre », de ce « jardin des HespOrides », sur l'avenir
duquel tous les auteurs, voyageurs et géographes, cconomistes et
hommes politiques, semblent absolument daccord. « Ce qu'ttait la
fertilité de ce sol privilégié, écrit-il à la page 28, se devine à c»e qu'il
est encore, malgré labsence d'efforts agricoles chez ses habitants pres-
que barbares ». H y a déjà longtemps, en 1894, l'étude des relations
des voyageurs amenait M. A. Rainaud à des conclusions analogues à
celles que M. de Mathuisieulx formule aujourd'hui dans son livre,
illustré de gravures d'un très vif intérêt géographique et archéolo-
gique et accompagné de très bonnes observations géologiques et
géographiques; nous sommes heureux de constater cet accord, heu-
reux aussi de rencontrer dans un ouvrage aussi bien documenté, aussi
pittoresque et aussi vivant, un excellent tableau d'ensemble de la
Tripolitaine d'hier, et de pressentir, à l'aide des indications précises
qui y foisonnent, ce que sera la Tripolitaine de demain.
11. — La Cyrénaïque a naguère été colonisée par des Grecs venus
de différents points de la Hellade, en particulier par des habitants
d îles de l'Archipel; Alexandre Buchon ne le rappelle pas dans ce
Voyage dans l'Eubée, les îles Ioniennes et les Cyclades en 1841, que
vient de retrouver et de publier M. Jean Longnon, — le jeune fils
du savant dont nous déplorons la perte récente; — mais que d'autres
souvenirs historiques il y évoque, et quel plaisir de visiter avec lui
ces coins de la Grèce insulaire, qu'il a naguère si fidèlement décrits
après les avoir vus avec tant de soin ! On pouvait l'augurer de ce
livre Sur la Grèce continentale et la M orée, paru en 1843, dont M.Mau-
rice Barrés déclare qu'il fut « son meilleur compagnon de Grèce » et
vante avec raison « les mouvements d'amour devant les pèlerinages
historiques »; tel est bien le caractère, ou plutôt un des caractères
de ces notes de route, prises au jour le jour par Buchon et destinées
à former la matière d'un livre qui aurait été le pendant et la conti-
nuation de la Grèce continentale, et qui n'a jamais vu le jour. Avec la
même « affection religieuse » qu'il a parcouru les parties proprement
péninsulaires du pays, Alexandre Buchon en a, en effet, visité les
îles, y recherchant les traces de notre séjour au moyen âge et tous
les matériaux et documents archéologiques et paléographiques néces-
saires pour écrire l'ouvrage qui demeure son grand titre de gloire, cette
Histoire des conquêtes et de l'établissement des Français dans les Etats
de l'ancienne Grèce, qui, avec l'ensemble de ses Recherches historiques
sur la principauté française de Morée, fait de lui le précurseur des
études gallo-grecques. A ce mérite incontestable, Buchon en joint
d'autres : il n'est pas seulement un archiviste en quête de documents-
— 321 —
il est un artiste, dessinant fort mal peut-être, mais sensible à la
beauté des paysages, au charme des spectacles qui se déroulent sous
ses yeux, au pittoresque des costumes; il est en même temps un obser-
vateur consciencieux et scrupuleux, notant tout avec le même soin
que le résultat de ses recherches historiques, et avec une ingénuité,
une fraîcheur de sentiment qui prouvent la délicieuse nature de ce
quadrag. naire. Son Voyage dans l'Eubée nous le révèle tout entier,
et nous montre en lui l'homme en même temps que le savant; il est,
dans toute la force du terme, un document très précieux, puisqu'il
est à la fois un document géographique, un document historique nous
permettant de nous rendre un compte exact de la situation, en 1841,
des pays visités par Buchon, enfin (et dans le meilleur sens du mot)
un document humain. Aussi convient il de fdiciter M. Jean Longnon
de sa découverte, et de le remercier de 1 avoir si bien publiée, avec un
soin qui montre en lui un digne héritier du nom paternel.
12. — Avec la Jérusalem hier et aujourd'hui du marquis de Vogiié,
nous ne quittons ni l'Orient ni le passé, et non pas seulement le passé
judaïque et des origines chrétiennes, le passé des principautés fran-
ques de l'époque des croisades, mais un passé tout récent, à peine
p;)Stérieur à celui où Buchon effectua son voyage en Grèce. C'est en
effet en 1853 que le marquis de Vogtin a vu Jérusalem pour la première
fois, avant de la revoir encore en ldo4, on 1862 et en 1869 et d'y
revenir en 1911; et, à Jérusdeni, on sait quelle œuvre archéologique,
intéressant l'histoire des chevaliers groupts autour de Godefroi de
Bouillon et de ses successeurs, a accomplie l'aimable et savant acadé-
micien. Nous ne changeons donc ni de climat, ni de préoccupatioiiS
intellectuelles, en lisant après le Voyage dans l'Eubée, Jérusalem hier
et aujourd'hui. C'est en effet, — en partie du moins, — pour reprendre
l'examen des monuments qui ont fait l'objet de ses précédentes études
que, cette fois encore, le marquis de Vogué est revenu à Jérusalem;
il le déclare dès les premières pages de son livre (p. 16), véritable
journal d'un court s jour, où il note soigneusement les modifications
qu'il constate dans la physionomie même de la ville sainte, dans la
topographie des lieux, dans l'aspect des monuments... Que de chan-
gements de toute nature, dès l'arrivc'e à Jérusalem ! et comme on
comprend que la première impression de l'auteur, en débarquant dans
une gare après être arrivé naguère à cheval au but suprême de son
pèlerinage, ait été une impression de profonde tristesse ! Si cette
impression n'a pas persisté, c'est à l'hospitalité qu'il a reçue à l'École
biblique de Jérusalem, dont le comte Jean de Kergorlay nous a r écém-
in.eni,d8Lns ses Sites délaissés d'Orient, fait connaître quelques excur-
sions, c'est à l'examen des monuments anciens du berceau du chris-
tianisme que le doit le marquis de Vogiié. Avec quelle ardeur toute
Avril 1912. T. CXXIV. 21
— 322 —
juvénile, avec quei intérêt, uvoi; quelle passion il a étudié à nouveau
ces vénéraliles témoins du passé, « complétant son dossier » et notant
soii^neusement les modifications plus ou moins heureuses, les res-
taurations et aussi les destructions survenues soit à Bethléem, soit à
Jérusalem, rectifiant ses conclusions anciennes ou au contraire les cor-
roborant,complétant et vérifiant ses plans d'autrefois, prenant de nou-
velles mesures, ajoutant des photographies à ses dessins d'hier et
d'avant-hier. Voilà qui nous jiromet — pour un avenir peu éloigné,
j'espère — une nouvelle édition de^ Églises de la Terre-Sainte, et peut-
ctre aussi d'autres ouvrages dont nous saluons l'annonce avec joie...
Mais, durant son court séjour à Jérusalem, le marquis de Vogtié ne
s'est pas contenté d'étudier le passé ;le diplomate qu'il est ne peut pas
se désintéresser du présent; aussi a-t-il fait, au cours de ses études ar-
chéologiques et tout en conversant avec ses hôtes du couvent de Saint-
Étienne, d'instructives constatations dont son livre contient l'indi-
cation. C'est surtout sur « le grand développement des œuvres fran-
çaises et catholiques » qu'insiste l'auteur : rien de plus émouvant que
la revue sommaire de ces œuvres, telle qu'il la passe aux p. 67-84 de
son livre, rien de plus captivant que les détails fournis par lui sur
l'œuvre des dominicains de l'École biblique (p. 84-94), rien aussi de
plus réconfortant puisque, conclut M. de Vogué, grâce aux congréga-
tions françaises, «l'œuvre de la France se poursuit sans défaillance
sur tous les points importants de l'Orient. Félicitons-nous-en, remer-
cions-en le Créateur» et remercions aussi V anieur de Jérusalem hier et
aujourd'hui de nous apporter dans sa brochure, avec tant d'éloquence
et tant de science, de nouveaux éléments d'informations et des motifs
de réconfort.
13. — C'est bien loin des rivages de la Méditerranée orientale, par-
delà le plateau de l'Iran et jusque dans les pays les plus élevés, les
plus inaccessibles de l'ancien monde et du globe entier, que M. Char-
les-Eudes Bonin conduit le lecteur, dans les Royaumes des neiges, c'e&t-
à-dire dans les États blottis dans les hautes vallées de l'Himalaya:
Petit Tibet, Bhoutan, Assam. Ce qu'ils sont aujourd'hui, quels voya-
geurs y ont pénétré, comment les Anglais y font sentir leur influence,
l'explorateur qu'est M. Bonin l'indique avec précision, en même temps
qu'il signale de très curieuses particularités jusqu'à présent à peu près
inconnues des Européens : telle l'existence de cette papesse du la-
maïsme qu'est l'abbesse de la lamaserie de Samding sur le lac Yani-
dok,qui est considérée comme une réincarnation delà déesse hindoue
Vadjravarahi (chap. V). On lira avec fruit, pour se rendre compte
de la situation actuelle des Anglais au nord de l'Inde, depuis la
frontière afghane jusqu'aux peuplades des confins sino-thibétains :
Lolos et Mossos, — et aussi pour s( rendre compte de leuis procédés
— 323 —
d'expansion , — les différents chapitres de cet ouvrage, dont les appendi-
ces intéressent de manière particulière la géographie et l'ethnographie,
et même l'histoire de l'exploration de l'Asie centrale, puisque l'étude
des documents anciens a amené M. Bonin à montrer l'importance
d'une carte oubliée du cours supérieur du Gange, établie par le P,
Joseph Tiefenthaler, S. J., d'après un document indigène. Quelques
croquis insérés dans le texte, de belles planches de reproductions
photographiques hors texte illustrent cet intéressant ouvrage, dont
l'auteur, par suite de son long séjour en Extrême-Orient, de ses explo-
rations en Chine et au Tibet, a su faire un livre vraiment vivant.
Vraiment neuf aussi, car, à notre connaissance du moins, aucun ou-
vrage d'ensemble n'existe encore, ni en français, ni même en anglais,
sur ces pays si joliment appelés par M. Bonin les Royaumes des neiges^
qui. semblent se dissimuler dans les replis de la grande barrière mon-
tagneuse de l'Himalaya.
14. — Pour être mieux connu que les États himalayens dont parle
M. Bonin, le Laos est encore loin d'être parfaitement étudié; que
l'on regarde, dans la carte générale de l'Indo-Chine de l'Atlas unwersel
de géographie dont nous signalions naguère la valeur et l'intérêt, le
tracé de ce pays, et l'on s'en rendra compte immédiatement. On s'en
rendra compte aussi en lisant l'ouvrage posthume du capitaine
Lucien de Reinach qui, grâce aux soins pieux de M. P. Chemin Du-
pontès, vient de voir le jour. Cet officier intelligent et travailleur
avait, dès le jour où il était arrivé dans la contrée, en qualité de com-
missaire du gouvernement, résolu d'étudier son champ d'activité, de le
bien connaître et, dans la mesure de ses forces, de le faire connaître
aux autres; en l'étudiant, il s'était mis à l'aimer ardemment, et il
s'était assigné pour tâche (comme le dit M. PauJ Doumer dans une
préface brève, mais émue) d'en revivre le passé, d'en comprendre le
présent, d'en prévoir et d'en préparer l'avenir. De là, différentes pu-
blications sur le Laos, dont le volume actuel est la plus complète et
la meilleure. Le capitaine Lucien de Reinach a débuté par y retracer
.très succinctement l'histoire du pays depuis le début du xviii^ siècle;
la terre et les hommes, la mise en valeur des richesses du pays et les
moyens de la développer, voilà indiqués en quelques mots les sujets
qu'a ensuite traités l'auteur, tantôt avec une brièveté relative, tantôt
au contraire de manière très ample et en plusieurs chapitres. Signa-
lons, comme particulièrement dignes d'intérêt, les pages concernant le
Mékong (p. 63-98) et aussi les pages danslesquelles, très rapidement,
M. de Reinach affirme sa foi dans l'avenir du Laos par une colonisa-
tion annamite que dirigerait l'inteHigence einc prenne (p. 387-389).
« Nous sommes persuadé, écrit-il en manière de conclusion (p. 390),
que ce pays s'ouvrira bientôt à la colonisation. On ne connaît de
— 024 —
rindo-Chine que la côte; le jour dû l'on aura prouvé que la montagne,
elle aussi, peut être productive, la fortune du Laos sera assurée. » Avec
le regretté commissaire du gouvernement, nous croyons que telle est
bien la vérité; elle se dégage d'autres ouvrages que du sien, mais elle
ne s'en est jamais dégagée avec autant d'évidence que de ce livre sur
le Laos.
15. — A défaut de la main-d'œuvre annamite, et en l'attendant, le
capitaine de Reinach estime qu'une main-d'œuvre prise dans les
provinces méridionales de la Chine, et suitout dans l'île d'Haïnan,
permettrait de commencer la mise en valeur du pays. Que ces tra-
vailleurs chinois soient disciples de Confucius, bouddhistes ou musul-
mans, peu lui importe dans la circonstance, car le résultat économique
le touche seul. Toute autre est la manière de voir de ces voyageurs
qui, il y a quelques années, de 1906 à 1909, ont exploré, sous la
direction du commandant d'Ollone, la Chine occidentale, le Tibet du
N. E. et la Mongolie; ils se sont, eux, tout particulièrement attachés
aux questions scientifiques, à la géographie, à l'ethnographie, à
l'archéologie. C'est ce que nous avons déjà constaté naguère en
parlant des Derniers Barbares du commandant d'Ollone ( Polyhiblion
d'avril 1911, t. CXXl, p. 288); c'est ce que, plus encore, nous
constatons aujourd'hui en lisant ces Recherches sur les musulmans
chinois, dans lesquelles le chef de mission et ses collaborateurs, ainsi
que plusieurs savants d'une indiscutable compétence : MM. Vissière,
Blochet, M. Houdas, d'autres aussi ont exposé les résultats des études
faites sur place au Yun-nan, au Seu-tch"ouan, au Kan-sou et dans
l'est de la Chine par les membres de la mission d'Ollone. Observations
effectuées en cours de route, informations recueillies, documents
obtenus, photographies, voilà ce que contient, systématiquement
classé, encadré de commentaires qui en font ressortir la valeur et
Tintérêt, ce volume qui constitue le tome II d'un grand ensemble.
Un tel ouvrage, admirablement illustré de gravures de tout genre :
cartes, types, ustensiles, stèles, etc., ne se peut analyser; du moins est-
il possible de signaler la nouveauté des pages dans lesquelles le com-
mandant d'Ollone a exposé l'impression qui, pour ses compagnons et
pour lui-même, se dégagea de l'ensemble de leurs recherches (p. 429-
443) : les musulmans ont paru aux voyageurs, dans les régions qu'ils
ont traversées, beaucoup moins nombreux qu'on ne le croyait; ils
sont, pour la plupart, de race chinoise, et l'avenir de l'Islam est lié
en Chine à la situation que ses membres parviendront à occuper.
Actuellement, ceux-ci (quelle que soit d'ailleurs l'époque où l'Islam a
été introduit en Chine et de quelque manière que s'en soit opérée la
diffusion) sont pénétrés par le soufisme, par le chi sme, par les confré-
ries. Si nouveaux sont ces résultats que M. d'Ollone les expose avec
— 325 —
des précautions infinies, non comme des conclusions fermes, mais
comme autant d'indications dont il conviendra seulement de tenir
compte si une enquête nouvelle vient les corroborer et les confirmer.
Méthode extrêmement sage, vraiment prudente, et qu'il faut féliciter
l'auteur d'avoir adoptée; grâce à elle, les conclusions si déconcer-
tantes du voyageur ne peuvent choquer personne, et achèvent de
donner un caractère hautement scientifique à un volume qui demeure
ainsi, d'un bout à l'autre, un recueil d'observations et de documents,
de « recherches », selon le titre même de l'ouvrage, dont, seuls, les
spécialistes pourront tirer des conclusions autorisées.
16. ■ — Quittons maintenant les rivages de l'Extrême-Orient et ga-
gnons, à travers l'Océan Pacifique, les côtes de ces États- Unis du
Mexique, dont le comte Maurice de Périgny connaît si bien l'ensemble,
non par les livres, mais par expérience personnelle; prenons ce voya-
geur pour guide, et sui"^ns-le dans les différentes parties du pays.
Que de faits géographiques, ethnographiques, économiques, il nous
fera remarquer au cours de l'itinéraire, aussi bien dans la région du
Pacifique que sur le Haut-Plateau, dans la Terre Chaude et sur le
littoral du golfe du Mexique ! Comme M. de Périgny ne se préoc-
cupe pas seulement du présent, mais est très soucieux du mystérieux
passé des peuples de l'Amérique centrale, comme il a contribué, pour
sa part, à soulever un coin du voile qui les couvre, il n'a garde de
négliger l'histoire ni l'archéologie; il note curieusement les anciennes
coutumes, les pratiques superstitieuses, les survivances ethniques; il
n'hésite pas à se détourner des chemins battus pour aller voir les
ruines des vieilles cités du Nouveau Monde, il se plaît à évoquer les
souvenirs du temps de la conquête et ceux de l'époque coloniale, à
chercher dans le passé l'explication du présent. De là les deux
chapitres par lesquels s'ouvrent les États-Unis du Mexique^ de là,
ensuite, sur la situation politique et administrative de la contrée, sur
ses ressources économiques, une précieuse vue d'ensemble (ch. III à
VII) qui met le lecteur à même de faire ensuite, avec fruit, à travers
toute la contrée, une série d'excursions instructives à tous les points
de vue. Le seul reproche que l'on pourrait adresser au comte de
Périgny, ce serait, à la fin de ses études régionales, de n'avoir point
conclu; mais, en toute conscience, la chose lui était-elle permise? ou
plutôt n'est-ce pas une conclusion, et la plus exacte, que cette phrase
de la dernière page : « Le Mexique est encore un gamin, mais il gran-
dira et il arrivera un temps où on n'osera plus lui tirer les oreilles. »
M. de Périgny, qui connaît le pays, et qui l'aime, s'unit à ce souhait,
formulé naguère devant lui par le général Bravo ; en un moment où
le Mexique semble agité par les Révolutions et chercher à nouveau sa
voie, nous ne pouvons mieux faire que de nous y associer, à notre
tour.
-^ 326 —
17. — 11 y a quelques mois, M. l'abbé Th. Moreux publiait, dans la
Reçue des questions scientifiques de Bruxelles, deux articles sur le pôle
sud et sur les résultats obtenus sur la connaissance des régions
antarctiques par les expéditions les plus récentes; reprenant son
travail et le mettant au point nécessaire pour le rendre accessible à
tous, il en a fait ensuite un petit volume de vulgarisation qui a vu
le jour à la fin de 1911, sous ce titre: L'Assaut du pôle sud. Accom-
pagné d'une série de cartes très expressives et de vues des régions
antarctiques communiquées par le D^ Jean Charcot, cet ouvrage
aurait dû nous séduire; et cependant force nous est bien de recon-
naître que sa lecture nous a suggéré de sérieuses réserves. Bien en-
tendu, nous ne songeons pas à reprocher à M. l'abbé Moreux de
n'avoir pas prévu le succès éclatant obtenu par Amundsen, mais
pourquoi, dans le dernier chapitre de son voj^me, l'auteur n'a-t-il pas,
à côté des noms de Scott, de Bruce et de Filchner, prononcé même
le nom de ce vaillant explorateur, déjà bien connu par son voyage
dans les régions arctiques? Pourquoi, ce qui est beaucoup plus grave,
n'avoir pas analysé avec plus de précision les résultats obtenus par
les expéditions antérieures, de manière à donner une idée vraiment
exacte de l'œuvre accomplie par chacun? M. l'abbé Th. Moreux
a certainement vu le livre à écrire, mais il n'a guère qu'effleuré
— pour ne pas dire «défloré « — ce beau sujet. Et que penser de la
manière dont les épreuves ont été revues ! Il est question (p. 147)
du '( Futh of Forth « au lieu du « Firth of Forth «, du capitaine
Trizar et Frizar (p. 170 et 171) au lieu du capitaine Irizar, etc..
Au total, l'histoire de l'Assaut du pôle sud, après le petit volume
de M. l'abbé Moreux, peut faire encore le sujet d'un beau livre, —
qui nous manque jusqu'à présent et dont, nous l'espérons, la publi-
cation ne se fera pas trop attendre. Henri Froidevaux.
THÉOLOGIE
lia îflesse. Étude doctrinale, historique et liturgique, par E -P^ BOUHCEAU.
Paris, Beauchesne, 1412, in-16 de viii-231 p. — Prix : 2 fr. 50.
Le titre de l'ouvrage en exprime bien le contenu. C'est une étude
liturgique de la messe; étude éclairée par la doctrine théologique du
sacrifice, préparée par les prescriptions rituelles qui en règlent la
célébration : plan général, modifications apportées par l'année litur-
gique, langue employée, chants qui animent les textes, matière à
consacrer; lieu du culte et objets nécessaires, c'est la première partie,
ce sont les préliminaires. La seconde partie fournit l'explication des
prières et des cérémonies de la messe. A juste titre, l'auteur fait
dériver de la grand'messe solennelle les détails de la messe basse. Il
— 327 —
se contente de suivre la marche générale de la messe romaine : Pré-
paration du sacrifice ou avant-messe et messe proprement dite avec
ses diverses parties.
La pratique de la messe l'ait connaître les diverses méthodes pour
y assister avec fruit. Avant tout est recommandée l'union au prêtre,
soit en lisant les textes même qu'il récite, soit en suivant des yeux
ses gestes si expressifs, soit en s'associant de la voix aux chants
liturgiques.
L'auteur, qui a puisé aux meilleures sources, vulgarise les études his-
toriques auxquelles la liturgie doit sa rénovation, use du symbolisme
avec sobriété et fait tout converger vers le profit spirituel à retirer
de l'assistance au divin sacrifice. Le style est très clair et donne de
l'intérêt aux moindres détails. Quelques-uns de ces détails gagne-
raient à plus de précision. Par exemple : la réunion synagogale, d'oit
est sortie l'avant-messe, était le matin à la page 31; elle est le soir
à la page 39 pour expliquer la substitution du dimanche au sabbat.
11 semble difiieile que la fête do l'Ascension se soit jamais confondue
avec celle de la Pentecôte (p. 41).
C'est en 1883 que parut la première édition du Graduale de
Solesmes, non en 1885 (p. 50). 11 n'est pas même fait mention de
l'autel fixe à la page 60. La couleur rose aux dimanches Gaudete et
Laetare n'est plus seulement permise pour la messe, mais pour tout
l'ofiîce S. C, 29 nov. 1901. Menues imperfections à corriger dans la
prochaine édition, qui ne saurait tarder. . A. Vigourel.
Lie Sfodernisme boiiddhiwte et le bouddhisme du Boud-
dha, par Alexandra David. P;iris, Alcon, 1911, in-8 de 280 p. — Prix
5 fr.
D'après l'auteur, le bouddhisme ne s'adressa jamais qu'à une
élite, bien que 500 millions d'hommes se réclament de cette doc-
trine. 11 prétend que l'Evangile n'est point fait pour les foules, non
plus, affirmation qui dénote une singulière ignorance, pour ne dire
rien de plus. Ce qui est vrai, c'est que le Bouddha, s'il revenait de
nos jours, ne reconnaîtrait plus son œuvre, tant elle a été modifiée
et même dénaturée. Par contre, le Christ, qui est toujours vivant,
se sent toujours chez lui dans l'Église catholique; je n'oserais dire
qu'il en soit ainsi chez les sectes protestantes. Alexandra David
professe pour Çakyamuni une prédilection non déguisée, et dé-
clare sa doctrine absolument supérieure, parce qu'elle préconise
« le détachement de toute espérance fondée sur des hommes ou des
dieux, le renoncement dédaigneux aux récompenses des paradis,
l'acceptation fière de notre solitude dans la lutte contre l'univer-
selle douleur ». Ces quelques lignes suffisent pour indiquer la pensée
— o28 —
maîtresse de ce livre qui n'est, d'un bout à l'autre, qu'un formel
contro-sens, en dépit de certaines considérations assez justes, mais
de minime importance. 11 suffît de voir ce que la doctrine du Christ,
d'un côté, et ce que celle du Bouddha, de l'autre, ont fait et font
toujours des âmes et des peuples qui s'en inspirent, pour juger de
leur valeur intrinsèque et relative. A. Roussel.
SCIENCES ET ARTS
li'Éduralion selon l'F-vangile, par l'abbé Sylvain Vbbret. Paris,
J. de Gigord, 1911, in-l2 de 7i-3'ùi p. — Prix : 3 fr. 50.
En dépit de son titre, qui n'en exprime pas, me semble-t-il, très
exactement l'objet, ce volume, d'ailleurs substantiel et charmant,
n'est pas un livre de pédagogie d'après l'Evangile; je ne suis pas
même sûr que ce soit tout à fait un livre. N'est-ce pas plutôt un
recueil de morceaux ou d'articles, disséminés à travers des revues
et des recueils chrétiens, et réunis après coup pour en faire comme
un choix de lectures, dont les maîtres chrétiens, et même les chré-
tiens tout courts tireront grand profit.
La première partie, parant aux dangers les plus pressants, nous
montre, à la lumière des enseignements évangéliques, les Ennemis
dont la jeunesse doit d'abord triompher : les faux maîtres, phari-
siens, francs-maçons, doctrinaires antichrétiens et modernistes; le
Péché de la jeunesse, symbolisé dans la parabole de l'enfant pro-
digue; les Défauts de la jeunesse, finement analysés dans l'extrait
du carnet d'un précepteur; l'Esprit du monde et ses multiples infil-
trations dans les revues, dans les journaux, dans les conversations,
qui constituent comme une sorte de contre-évangile, c'est-à-dire
exactement le contraire de l'esprit chrétien.
La deuxième partie, au contraire, nous montre comment doit se
faire, d'après l'Evangile, la Formation personnelle et la Formation
pédagogique de l'éducateur; l'Éducation de l'esprit, l'Education du
cœur, l'Éducation du caractère, V Éducation littéraire, la Culture de la
distinction extérieure, la Com pénétration intégrale de la vie scolaire
par l'esprit évangélique, si difi"érent de la morale officielle inscrite
aux programmes de l'enseignement.
Les autres chapitres, rattachés un peu artificiellement par des
titres ingénieux au sujet général de la deuxième partie, traitent des
rapports de l'Église et de l'État, de la loi de séparation, des lois de
confiscation, de la dispersion des séminaires (et ces deux chapitres
sont d'éloquents témdgnages de la persécution contemporaine) et
enfin de la communion fréquente, condition de persévérance dans
la vaillance chrétienne et dans les vocations d'éhte.
— 329 —
Ces simples indications montrent assez sur quels vastes horizons
s'ouvre le livre de M. l'abbé Verret et quel enseignement profitable
on en peut tirer : la forme en est variée, intéressante toujours, émou-
vante parfois, le fond très solide : c'est vraiment un bon livre. J'en
aurais effacé volontiers, p. 284-285, quelques lignes un peu trop favo-
rables à la forme républicaine, et un rapprochement injuste entre
les petits conflits religieux de la Restauration et les infernales démo-
litions d'aujourd'hui : les premiers, simples taquineries d'amis
jaloux; les autres, vrais crimes de bandits qui pillent et égorgent.
11 ne serait qu'équitable de reconnaître qu'entre les deux situations
il n'existe aucune ressemblance. L'histoire n'autorise pas de pareilles
comparaisons. P. Talon.
li' Esprit de taquinerie. É/>>d' de psychologie comparée, par Fernand
NiCOLAy. Paris, perriii, 1911, in-16 de vn--'94 p. — Prix : 3 fr. 50.
M. Nicolay applique depuis longtemps son esprit et sa pénétra-
tion, servis par une très large information, à l'étude psychologique
des enfants, et ses livres, toujours de lecture agréable, sont pleins
de fmes observations dont les pères et les mères de famille et les
éducateurs de l'enfance ont tiré un large profit. 11 continue
aujourd'hui par un livre amusant et instructif àla fois sur l'esprit de
taquinerie. Il précise d'abord ce qu'est la taquinerie, qui diffère en
plusieurs points de beaucoup do petits défauts qui lui ressemblent;
puis il l'étudié chez les jeunes enfants, filles et garçons, chez l'homme
et chez la femme, et la suit dans les différents milieux où les habi-
tudes professionnelles mettent entre les diverses sortes de taquins
de curieuses différences, et puis à travers l'espace et le temps. Car
toutes les époques et tous les peuples eurent leur manière de pra-
tiquer la taquinerie et ce chapitre est vraiment très pittoresque.
Le dernier chapitre revient à la psychologie, et nous y voyons les
raisons pourquoi l'on taquine, quels sont les caractères de la gaieté
et de l'esprit français et enfin quels rapports peuvent s'établir
entre la taquinerie, le rire et le sourire. Et cela finit par un char-
mant éloge de l'esprit français. Vraiment nous avons plaisir à
recommander ce livre plein de bonne humeur, de verve, d'érudi-
tion, de bon sens, et qui laisse passer, sous une forme aimable et
bien française, beaucoup d'excellentes leçons. P. Talon.
Exploitation productive des oiseaux de basse- cour,
par Il.-L. A. Blanchon. Paris, Laveur, s. d., in-8 de 292 p. (L'Agriculture
au XX* siècle). — Prix : 2 fr.
Ce livre sera le bienvenu auprès de nombreux campagnards. Son
titre expose ce que s'est proposé l'auteur, et nous deA'^ons dire que
— 330 -
sa rédaction correspond bien à son but. « Nous voulons, dit-il, mon-
trer à la fermière qu'elle peut presque toujours tirer un excellent
parti de sa basse-cour et d'ordinaire elle n'en tire pas tout le béné-
fice qu'elle pourrait. » C'est qu'il y a une étude à faire par chacun:
se rendre compte de l'élevage qu'on peut pratiquer, de la nature
de son terrain, des , productions de sa contrée, de ses besoins, des
débouchés existants, de ceux que l'on peut se créer. Il faut de
l'intelligence, du travail et de l'industrie. Peu de petits manuels
(et on en a composé beaucoup depuis quelques années) paraissent
mieux compris et mieux rédigés que celui de M. Blanchon.
Le premier chapitre de l'ouvrage est consacré à la production
des œufs et à leur commerce, conseils minutieux et d'expérience
pour réussir sur ce point principal, pour produire ce que l'auteur
appelle l'œuf commercial. En second lieu, il étudie la seconde spé-
culation qui s'occupe de la production et de l'élevage des pouleta,
leur mise en valeur et leur vente profitable, leur envoi aux divers
marchés qui exigent chacun des conditions spéciales. A côté du
poulet, il y a d'autres volailles : oies, canards, dindons, pintades
et même pigeons, qu'on peut être amené à préférer parce que les
circonstances où l'on se trouve les démontreront plus avantageuses.
L'ouvrage se termine par un appendice comprenant un mémoire
du même auteur, qui a été couronné, sur l'ovoculture et les concours
de ponte pour déterminer les meilleures pondeuses, rempli de
faits et de conseils pratiques qu'on lira avec intérêt et grand profit.
G. DE Senneville.
EiH TransforminHae et l'expérience, par Etienne Rabaud. Paris,
Alcan, 1911, ia-16 de vn-3I3 p. - Prix. : 3 fr. 50.
A une époque où les fameuses théories transformistes subissent
une crise redoutable et qui est loin d'être encore résolue, comme
en témoignent les écrits des Félix Le Dantec, des Driesch et tant
d'autres, il est original de voir affirmer, comme une évidence ap-
puyée sur l'expérience et l'observation, la prétendue doctrine trans-
formiste. Il est surtout étrange de voir opposer cette hypothèse
à la doctrine rationnelle des causes efficiente et finale, V épigenèse à la
préformation, pour employer le langage de l'auteur. Celui-ci n'hésite
pas à émettre des assertions aussi paradoxales que celle-ci : « A l'évolu-
tion l'expérience apporte une éclatante confirmation. On la cr.nçoit
nécessairement (sic) comme le résultat des interactions permanentes
de l'organisme du milieu Du créationisme l'expérience ne laisse
rien subsister. Il n'est qu'affirmations peu fondées, cachant sous un
verbalisme compliqué le renoncement à comprendre, puisque la
recherche cesse (?) au moment même où elle devrait commencer »
(p. 310).
— 331 —
Toute l'argumentation de l'autour repose sur un paralogisme.
11 conclut de ses minutieuses et savantes observations biologiques
sur la segmentation et le développement de la matière protoplas-
mique, que « tout se passe comme si la substance vivante se suffi-
sait à elle-même », et, delà, il conclut « que la substance vivante
est eiïectivement une substance autonome, dont les transforma-
tions, de quelque ordre soient-elles, ne dépendent aucunement d'une
fin prévue de toute éternité ».
De ce que tout se passe comme si, etc., il ne résulte logiquement
en aucune façon que les choses soient comme elles semblent le
paraître. L'auteur constate que l'œuf animal se segmente en un plus
ou moins grand nombre de blastomères ou sphères secondaires qui
se segmentent à leur tour, chaque subdivision correspondant à l'un
des organ'es du futur organisme vivant; il en conclut que cette suite
de phénomènes tient à la substance matérielle même, que les diffé-
rentes formes que peuvent subir les blastomères sont déterminées
par les circonstances extérieures et concomitantes, d' où •• résultent
toutes les formes et transformations que l'on observe chez les êtres
vivants. Et en effet tout se passe comme si ces phénomènes ne pro-
cédaient d'aucune cause extrinsèque apparente.
placé à son point de vue préconçu, le maître de conférences à la
Sorbonne s'empresse de conclure que cette cause extérieure n'existe
pas, que la matière se vivifie d'elle-même et, d'elle-même, subit ou
effectue tous les changements et modifications qui aboutissent
finalement, mais sans aucun plan prévu, à l'infinie variété des êtres
qui composent la nature vivante et s'humanisent en elle.
Le même raisonnement, appliqué aux phénomènes subséquents,
semble à l'auteur une objection invincible contre le«créationisme »,
c'est-à-dire contre cette donnée élémentaire de la raison que tout
effet implique une cause apparente ou non, et une cause propor-
tionnée.
^ Grâce à cette belle « philosophie », l'homme connaîtra de plus en
plus ses rapports avec l'ensemble dont il fait partie, « seule con-
naissance à laquelle il puisse jamais prétendre, et de plus en plus
l'évolution des êtres apparaîtra comme un cas particulier de l'évo-
lution générale de la matière ».
Ainsi transformisme matérialiste sans cause originelle détermi-
nante et thèse déprimante de l'incognoscible ou inconnaissable,
telle est toute la philosophie(?) que professe le naturaliste à qui
nous devons le Transformisme et l'expérience. G. de Kirwan.
- 332 -^
LITTÉRATURE
En :VIOEita;;iie boiirb»nnais<>, iiioeursi et coutumes, supers-
tili^iiiM, N«(rciere», |ifir le Dr Uhisson. Roanne, iiup. Souchier, lytt,
iii-16 de 262 p.- Prix : 3 fr. 50.
Ce n'est pas ici l'œuvre d'un folkloriste de profession, mais un livre
écrit avec amour sur un petit coin de terre par un homme qui y est né
et y a vécu. Bien plus, le D'' Brisson y a, pendant vingt-cinq ans,
exercé sa profession à la campagne et, par là, beaucoup vu, entendu
et observé. Condamné au repos par le soin de sa santé, il égayé ses
loisirs en décrivant, dans la forme de causeries familières, les mœurs,
les croyances et les pratiques de ses compatriotes, telles qu'elles se
sont conservées jusqu'ici, encore bien atténuées, mais pourtant déjà
disparaissant par les chemins de fer, la lecture des journaux et l'uni-
formité générale. L'auteur a écrit ces causeries pour ses compatriotes
bourbonnais: pourtant, le lecteur étranger et ami dufolk-lore lira
avec intérêt ou agrément ce que le D^ Brisson,a écrit sur ces sujets.
Le moins original pour nous, étranger au pays, est la description des
usages et des fêtes, ce qui forme la première partie. Mais la seconde
traite des pratiques et superstitions concernant la guérison des maladies
chez les hommes et les animaux. Jusqu'à notre temps, la pénurie était
grande de médecins, de sages-femmes et de vétérinaires; le peuple
s'adressait aux guérisseurs en qui il avait confiance par tradition ou
par autorité, et ces derniers employaient des procédés où se mêlaient
la médecine des plantes, des pratiques de physiothérapie transmises
par d'autres, des pseudo-prières et une sorcellerie devenue bien
vulgaire. Le D^" Brisson les raconte en quatre classes : panseurs,
gougneurs (c'est-à-dire masseurs), médecins de bestiaux et jeteurs de
sorts, puisque c'est par les « sorts « qu'on expliquait les contagions,
surtout chez les bestiaux. Le D^" Brisson a encore connu des familles
de ces guérisseurs où, comme chez des Asclépiades de l'antiquité
grecque, les recettes se transmettaient de père en fils : d'ordinaire,
le dernier rejeton de ces familles fait aujourd'hui des études
médicales et, reçu docteur, profite (et légalement) de la réputation
que ses ancêtres avaient dans le pays. Le D^ Brisson ne donne pas
de sèches énumérations : il a tout vu de près, souvent constaté les
trucs de ces guérisons, remarqué, dans quelques cas, leur entente se-
crète avec des pharmaciens : il rapporte des anecdotes vécues. Il
termine en racontant, pour l'avoir constaté lui-même, le don de « double
vue » de la « dormeuse de La Palisse », laquelle a été étudiée parle
D'^ .lardet, de Clermont-Ferrand.
C'est un livre de psychologie populaire qu'un citadin lit avec autant
d'agrément que d'instruction; mais l'homme d'étude regrette l'ab-
- 333 -
sence d'un index ou table qui lui permette de retrouver tel fait ou
tel détail. H. Gaidoz.
LiC Uislique élé$:iaqiie rliex Tiliiille, Sulpicia, lij'frttaiiaus,
par A. GaRTAULT. Paris, Alcn. > 'W. u ni->s 'i<^. vii-,:;l'i p. — Pii\ : U fr.
« Encore un spécimen d'érudition germanique ! Quel intérêt y a-t-il
vraiment à compter combien il y a de spondées et de dactyles dans
les quatre premiers pieds de l'hexamètre ou dans les deux premiers
pieds du pentamètre chez Tibulle? » Voilà ce que diront les profanes
et les humanistes attardés de la vieille ccole. Ils n'ont pas tout à fait
raison. Sans doute M. Cartault a publié des études plus attrayantes
que celle-ci, et, sans chercher bien loin, il suffit de citer l'cdition
critique qu'il a donnée récemment de Tibulle, ses Recherches à propos
du Corpus Tibullianum, et surtout sa belle Etude sur les satires
d'Horace. L'œuvre présente n'a pas des visc'es si hautes et ne quitte
pas le domaine de la métrique. Elle étudie successivement : 1° la
structure prosodique et verbale, 2° la coupe penthémimère et heph-
thémimère, 3° les élisions dans les vers de Tibulle, de Sulpicia et de
Lygdamus, 4° la distribution symétrique du qualificatif et du qua-
lifié, 5° le rapport de la proposition avec le distique, 6<^ l'autonomie
et le groupement des distiques. Ces questions sont quelque peu
arides: certaines pages sont h' rissi es de tableaux et de formules,
mais, de ces sèches nomenclatures, l'auteur a su tirer des conclusions
fort intéressantes sur le caractère génf'ral et l'évolution de la mé-
trique de Tibulle; il a montré que, chez lui, la technique n'est que
la servante de l'art. « Pour Tibulle, dit excellemment M. Cartault,
le distique n'est pas simplement un hexamètre et un pentamètre
juxtaposés, c'est une strophe dont les (léments jouent' leur partie
dans le concert; ils se complètent et s'unissent comme dans un de
ces mariages rares, où le couple n'a qu'une âme, quoique les époux
restent des personnes distinctes. « Ces recherches minutieuses et
méthodiques ont eu un autre r('sultat : elles lui ont permis non pas
précisément d'établir la chronologie des tlégies à lintcrieur de cha-
cun des deux livres que la critique regarde comme authentiques,
mais de montrer que le second livre est sûrement postérieur au pre-
mier, qu'une bonne partie du troisième doit être attribuée à Lygdamus
et une partie du quatrième à Sulpicia; de plus, que Lygdamus et
Sulpicia appartiennent à la même école que Tibulle, qu'ils ont été
peut-être ses élèves, mais que ni l'un ni l'autre n'ont égalé le maître
pour le sens du rythme, et encore moins pour le sens esthétique.
L. Mensch.
— 334 -
De Paitur^e à ^ancko Pança. Mélanges de HUéralure européenne.
par ËMiLB Gebhart. Paris, B'oud, 1911, in-16 de vni-321 p. — Prix : 3 fr. 50.
Petits iTlénieires, par le même. Paris, même librairie, 1912, in-16 de
VI 1-292 p. — Prix : 3 fr. 50.
Emile Gebhart était un homme de beaucoup d'esprit et de talent
et un écrivain remarquable, mais pas un homme de génie. Il n'y a
vraiment pas lieu, comme s'il s'agissait d'un Bossuet ou d'un Pascal,
d'aller recueillir à tout prix les écrits de lui restés inédits ou ense-
velis quelque part pour les remettre en lumière, quels qu'en soient
le ton et le caractère. C'est l'erreur où sont tombés les auteurs du
volume intitulé assez arbitrairement : De Panurge à Sancho Pança,
et qui comprend les morceaux suivants, publiés autrefois en Variété.
ou en feuilleton dans divers journaux : 1. La Satire en France au
moyen âge. 2. L'Eloquence française au moyen âge. 3. Le Drame
sacré au moyen âge. 4. Deux contes de Geoffroy Chaucer. 5. Merry
old England. 6. François Villon. 7. La Satire en France au xvi^
siècle. 8. L'Arioste et le Roland de l'Arioste. 9. Les Colloques d'Érasme.
10. Érasme et Rabelais. IL La Statue de Rabelais. 12. Le Pantagruel
de Dresde. 13. Camoëns. 14. Hamlet et Shakespeare. 15. Don Qui-
chotte. 16. Récents interprètes de Don Quichotte. 17. De la popularité
universelle de Don Quichotte. 18. Une Cause célèbre de piraterie litté-
raire. 19. A propos de Tirso de Molina. 20. Étudiants et écoles de
l'Espagne d'autrefois. 21. Bibliothèque espagnole. — On constate
dans tous ces articles des qualités très réelles de publiciste et de
vulgarisateur, mais très inégalement mises en œuvre selon les sujets
traités et selon l'époque et le journal où ils le furent. En ce qui con-
cerne le moyen âge, par exemple, l'information est superficielle et le
jugement précipité. Quant à l'esprit qui règne dans la majeure partie
des morceaux réimprimés, « les Éditeurs » s'en expliquent ou s'en
excusent en ces termes : « Plusieurs (c'est en réalité la plupart) de
ces études appartiennent à la série que M. Gebhart publia, sous la
signature à'Atticus^ dans la République française, au moment où ce
journal donnait l'assaut au cléricalisme. Atticus s'était mis de la
partie avec un entrain que l'expérience devait peu à peu calmer.
Nous n'avions pas le droit de reproduire ici les plus fougueux de ces
articles, pour la simple raison que M. Gebhart n'aurait jamais
consenti à cette publication. Pour d'autres, un peu vifs de ton, mais
qui nous paraissent avoir une importance capitale dans le développe-
ment littéraire de leur auteur, — l'article sur la Statue de Rabelais,
par exemple. — nous avons cru pouvoir et devoir les sauver de l'oubli
au prix de quelques rares coupures qui ne portent pas sur le fond
des choses, et que M. Gebhart lui-mcme aurait certainement exigées.
Si le plan que nous avons suivi déplaît aux esprits sectaires, cela
- 335 —
nous importe peu. L'œuvre d'Emile Gebhart ne s'adresse qu'aux
hommes de goût. « — En fait, tout chrétien sensé qui aura lu les
articles ici reproduits d'Atticus sera d'avis que les coupures faites
auraient dû s'étendre à la totalité de cette partie du recueil. La
République française, au temps où il y collabora, correspondait à la
Lanterne d'aujourd'hui. Le ton et l'esprit nullement attiques d'At-
ticus y convenaient parfaitement et offrent à l'esprit l'idée de quel-
que fils ou neveu du fameux Homais, échappé de sa pharmacie et
devenu membre de l'Ecole d'iVthènes, puis de notre enseignement
supérieur, mais sans avoir rien retranché de son ignorance religieuse
et de sa méchante sottise. C'est faire tort à la mémoire de Gebhart
que de reproduire de telles élucubrations, qu'il n'était pas, ce semble,
sans sérieusement regretter lui-même. Nous ne savons quel sera là-
dessus l'avis des « sectaires », mais les « hommes de goût », les vrais,
trouveront cela de fort mauvais goût.
— Tout autre, Dieu merci ! est le caractère de l'autre recueil de
morceaux repris à la presse périodique et publiés sous le nom de
Petits Mémoires. Ceux-ci appartiennent, du moins par leur rédaction,
à la dernière partie de la carrière de Gebhart, celle où la réflexion
et aussi l'expérience frappante des conséquences pratiques tirées sous
ses yeux des passions qu'il avait naguère partagées, l'amenèrent à
des idées plus justes, à des sentiments plus nobles, et même à une
indignation généreuse contre les excès dont il était témoin. Le progrès
et aussi le retour y sont manifestes. L'ancien Atticus ne craint pas
de faire l'éloge de la Rome pontificale (p. 231 et suiv.); de stigma-
tiser la politique qui se fait un jeu de « jeter à l'exil, à la misère, les
sœurs de charité » (p. 136). Bien plus, il n'hésite pas à écrire (dans
le Gaulois, où maintenant il collabore) : « Méfiez-vous des faux
monomanes. La politique en produit chez nous avec une prodigalité
désolante. Ne prenez pas ces hommes à la figure triste, à la voix
chevrotante, qui, l'oreille collée aux murailles, y entendent, disent-
ils, cheminer les jésuites, ne les prenez pas pour d'authentiques
maniaques. Ce sont tout bonnement des sophistes qui rient, dans
leurs vieilles barbes répubhcaines, de la naïveté de leurs électeurs.
Bêtes aboyantes, larmoyantes, encombrantes et volontiers venimeuses.
Aristophane, qui ne les aimait point, leur attachait des casseroles
à la queue et les lâchait ainsi estampillées dans les rues d'Athènes.
Chez nous, au moins, les casseroles ne manqueraient point. C'est
plutôt Aristophane qui nous manque. » (p. 22-23). • — Sans doute
dans ces Petits Mémoires qui, comme le titre l'annonce, ont un carac-
tère autobiographique, il reste encore quelques traces de rationa-
lisme et de renanisme et on y rencontre çà et là quelques gamineries.
Mais, cette réserve faite, on les lit avec agrément. M. S.
— 336
Voltaire, lloutesquies et Rousseau eu Angleterre,
parJ. ' HuRro> Collins; irad. <le l'aujilais p.ir Pikrrk Deskillb. l'aiis,
liaclielUs l'il, iii-16 de viii-255 i>. — Prix : 3 tr. 5('.
11 n'y a guère dans l'histoire des relations intellectuelles entre la
France et l'Angleterre d'épisodes qui méritent plus d'attention que
les séjours faits en Angleterre par Voltaire de 1726 à 1729, par Mon-
tesqui 'U de 1729 à 1731, par Rousseau de 1766 à 1767. Outre que
ces S;' jours abondent en incidents curieux, les deux premiers ont eu
des conséquences impossibles à calculer, puisque c'est à l'Angleterre
que Voltaire et Rousseau ont pris la plupart des idées philosophi-
ques, religieuses, politiques et sociales qui devaient à la fin ruiner
l'ancien ri gime. Dans le très instru' tif et très agr'&blj volume qui
passe aujourd'hui en notre langue, le regretté Churton Collins a ras-
semblé tout ce qu'on peut savoir des circonstances qui ont amené
dans son pays les écrivains français et surtout de la façon dont ils y vécu-
rent, des choses qu'ils y virent, des hommes qu'ils fréquentèrent,
des impressions diverses qu'ils en rapportèrent. Aux recherches de
Eesnoiresterres, il a fort ajouté, en ce qui concerne Voltaire, à la fois
documents et faits; peut-être est-il seulement quelquefois un peu
prompt à croire Voltaire sur parole (par exemple, dans le récit de
l'arrivée à Greenwich et à Londres, p. 9-13). Les notes sur l'An-
gleterre de Montesquieu ayant été en partie détruites et sa corres-
pondance avec Chesterfield ayant disparu, il y avait dans l'étude
suivante moins de nouveau à glaner; M. Collins a toutefois compl té
sur bien des points et rectifié au moins assez souvent les récits que
l'on trouve dans les biographies courantes de Montesquieu, par
exemple dans celle de M. Vian. D'un intérêt surtout biographique
est la partie du livre consacrée h Rousseau. Tout ce que cet écrivain
doit à 1 Angleterre de sentiments ou d'idées, il l'avait acquis par les
hommes ou les livres avant de mettre le pied à Douvres. Mais c'est
en Angleterre qu'il écrivit la plus grande partie des Confessions;
c'est là qu il eut avec Hume une fameuse querelle et que, de façon
générale, ses facultés semblent avoir subi une crise qui transforma
définitivement en monomanie ses bizarreries anciennes. Au sujet de
cette crise se posent naturellement maiats problèmes que M. Colli .s ne
résout peut-être pas tous de façon définitive, mais dont il expose trèa
clairement et très complètement toutes les données. Sur tous les points
son livre vaut par une érudition minutieuse, exacte et d'ailleurs,
nullement encombrante; les idées générales y reposent partout sur des
faits patiemment réunis et clairement groupes. La traduction de
M. Deseille est généralement bonne; on y trouve cependant un certain
nombre d'anglicismes fâcheux (déformé pour difforme, p. 20, auda-
cité pour audace, p. 55, etc) ; on ne voit pas pourquoi le traducteur
— 337 —
laisse en anglais certains mots (seaso/i, p. 17, backgammon, p. 149 et
tous les noms d'emplois, ainsi que les titres d'ouvrages); p. 24l, une
phrase m^il construite ferait rapporter à Thérèse Levasseur seule ce
qui doit s'entendre à la fois de Rousseau et d'elle-même.
A. Barbeau.
nruuvelle» ËùtuAeti suv Cliateaubriaiid. Essds Whistoire. morale et
Littéraire, par VICTOR GiRAUD. Paris, iliohette, 19I2, iii-l6 de ix-33o p. —
Prix : 3 fr. 50,
M. Victor Giraud, qui nous a donné déjà des iJ^^tc^es sur Chateau-
briand et deux volumes de Pages choisies chez l'auteur des Mémoires
d' outre-tombe, continue ses recherches, ses réflexions, ses analyses,
avec une sagacité de plus en plus avertie, et le « fanatisme de l'exac-
titude. » Les conférences annoncées de M. Jules Lemaître ont été la
cause de la mise en vente de ce volume, mais un labeur de vingt
années a présidé à sa rédaction fragmentaire, et ces courtes pages
sont la résultante d'études minutieuses et approfondies. M. Giraud
estime que Chateaubriand va « redevenir à la mode », et il avance
son avis motivé sur le personnage; peut-être craignait-il que M. Jules
Lemaitre ne l'abordât pas avec assez de sympathie respectueuse et il
manifeste que l'admiration est en proportion du temps employé à
étudier l'auteur des Martyrs. Des années d'analyse doivent
mettre mieux au point que quelques mois de synthèse pour la prépa-
ration d'élégantes causeries. H y a beaucoup de psychologie dans la
méthode de M. Victor Giraud plus que d'histoire proprement dite,
et un examen littéraire très serré conduit à des conclusions pratiques
sur les textes matériels en même temps que sur les idées morales de
René.Lsi richesse des lectures, et par suite des notes, instruit singuliè-
rement bien le lecteur et le met au fait de détails, de rapproche-
ments, de coïncidences qui le conduisent aux conclusions; sans doute
que M. Lernaître aura puisé là des renseignements utiles et corroboré
sa propre science de la science d'un analyste si bien armé. Je vois
toute la trame des « conférences » où Paris se presse actuellement,
dans la première partie du livre de M. Giraud : « La genèse du Génie
du christianisme » avec les chapitres qui scrutent le génie breton,
l'éducation et le milieu familial, le collège, le Paris de 1787, le voyage
en Amérique, l'armée des Princes, le départ pour l'Angleterre, l'Essai
sur les résolutions, la crise religieuse. Pour caractériser la méthode
de M. Giraud, ajoutons que ces fines et profondes réflexions sont
corroborées par des Appendices sur les textes et manuscrits primitifs
de son héros, des lettres et des fragments inédits, les « contrefaçons »
de ses ouvrages.
L'histoire proprement dite reprend ses droits, quand le critique
Avril 1912. T. GXXIV. 22.
— 338 —
nous conte « deux épisodes de la jeunesse de Chateaubriand. » Le
bibliographe érudit s'affirme en regardant, comme à la loupe, les « re-
liques du manuscrit des Martyrs », et, si maint lecteur ne le suivra
pas dans les détails minutieux de ces rapprochements granimaticaux ,
il n'y en aura aucun qui ne s'incline devant ce labeur de l'érudition
et de la philologie. — Enfin, pour terminer agréablement ce volume
de « Mélanges », si je puis dire, un paquet de lettres inédites de
Chateaubriand aux frères Bertin (de 1821 à 182.8), deux lettres à
Mgr Frayssinous (1827); et en conclusion, sous le titre :« Le sillage
de Chateaubriand », la démonstration que celui-ci exerça la plus
grande influence littéraire sur le xix^ siècle, aussi bien auprès des
romantiques que des réalistes et de nos contemporains les plus proches.
Et ceci ne paraît pas contestable, vraiment.
Geoffroy de Grandmaison.
Regiilo de boda : libreto del matrimoiiio cou los eanlarex
y refranes C|we tiene la ohra, por FKRMiNSACRiSTÀN. Barceiom,
Gili, 1911, in-16 de 3i7 p., illustré. — Prix : i fr.
La langue castillane est peut-être la plus riche en proverbes du
monde. Qu'on se rappelle Sancho Pança, l'ineffable écuyer de l'im-
mortel Don Quichotte ! Qu'on se donne la peine (ou le plaisir) de
lire quelques pages du Romancero ! Que l'on consulte seulement les
titres des innombrables comédies de Lope de Vega et de Calderon :
on sera frappé de la quantité de refranes en usage dans la conver-
sation courante du peuple espagnol. 11 n'est pas étonnant, dès lors,
que s'il s'agit des femmes, du mariage, des gendres et des belles-
mères, le répertoire des proverbes soit particulièrement abondant...
et savoureux. Or, le livre que M. Sacristân a intitulé : Begalo de boda
(Cadeau de noces) est un tissu de proverbes, de couplets et de cita-
tions des grands auteurs dramatiques, relatifs aux fiancés, à l'amour,
aux préludes du mariage, au choix d'un époux ou d'une épouse, au
trousseau de l'épousée, aux disgrâces et aux surprises de l'union
conjugale, et... à tout ce qui s'ensuit. On ne peut imaginer rien de
plus humoristique sur cette matière. Ajoutons qu'il faut être très
Espagnol pour en goûter tout le piquant et pour en comprendre
toute la portée. Et, si nous faisons observer que, d'un bout à l'autre du
livre, pas une ligne, pas un mot ne dépasse les bornes de la décence,
malgré le ton quelque peu épigrammatique de l'auteur, nous aurons
dit suffisamment que le Regalo de boda est un recueil amusant et
même érudit de sentences qu'on lira avec charme et qu'on méditera
avec profit. G. Bernard.
-, : -- ' : —'339 —
HISTOIRE
Essai Sfii* leM oa^igtiie» et [Sa fontlation du durlié d« USar-
manctie, par IIbnri Prentout. Paris, Ghatupion, 1911, iu-8 de 294 p
— Prix : 0 fr.
R'en de plus obscur que l'origine du duché de Norman-
die. Le traité de Saint-Clair-sur-Epte, en vertu duquel Charles le
Simple céda la Normandie à Rollon en l'an 911, créa-t-il vraiment le
duché? — Nous n'en savons rien, dit M. Prentout.Le texte du traité
ne nous est point parvenu. Quelle était l'étendue du territoire? On
Tignore. Qu'est-ce que Rollon? D'où vient-il? C'est un Danois, affirj
ment les professeurs de l'Université de Copenhague. Pas du tout,
repli ([uent les professeurs de l'Université de Christiania : Rollon
était un Norvégien. Erreur 1 interviennent ici les Suédois qui récla-
ment, à leur tour, Rollon, comme un héros de leur race.
Qi' elles institutions Rollon donna-t-il au duché? Nouvelles incer-
titudes et nouvelles controverses. M. Henri Prentout essaie de mettre
de la lumière dans cette sylve ténébreuse. L'éminent professeur
recherche d'abord quels furent les premiers peuples qui habitèrent
la province, puis dans quelles mesures ils la colonisèrent. La civili-
sation romaine, la création de la II'^ Lyonnaise qui fut le premier
cadre de la Normandie, et d'où sortit la province de Rouen ; l'intro-
duction du christianisme; les invasions, les établissements saxons,
la conquête franque, la civilisation franque, etc., autant de problèmes
sur lesquels M. Prentout répand les plus précieuses clartés. La fonda-
tion (lu duché de Normandie exerce surtout la sagacité de l'auteur.
L'histoire des premiers ducs se complique de légendes accréditées
par le doyen Dudon de Saint-Quentin. M. Prentout dégage de ce
folklore les données historiques qu'autorise la critique.
Quelles sont les conclusions de l'auteur? « Rome, dit- il, donna au
pays une éclatante civilisation qui dura plusieurs siècles et disparut
dans la tourmente des invasions. L'Église créa la province de Rouen.
Aux Franks, les Normands doivent la plus grande partie de leurs
droits coutumiers. Aux yeux de M. Prentout, les bandes Scandinaves
qui envahirent la Normandie comptaient très peti de femmes. Aussi
la linguistique ne relève-t-elle, dans le vocabulaire delà vie de famille,
aucun terme qui accuse les envahisseurs. Et, pourtant, cette race se
trahit dans le type physique du Normand. M. Prentout ne fait excep-
tion que pour l'Avranchin, où dominerait, dit-il, Tinfluence bretonne !
Que M. Prentout me permette de ne pas souscrire à cette affirmation.
Il est certain que le type normand a été altéré dans l'Avranchin par
l'afflux armoricain. Mais cette altération ne remonte pas à plus de
cinquante ans. Elle date du creusement des bassins de Granville. Les
- 340 -^
travaux entrepris par l'administration des ponts et chaussées, dans
le port même, et, d'autre part, la création de la voie ferrée ame-
nèrent à Granville, à Pontorson, à Villcdieu, à Avianches, etc., plu-
sieurs milliers de terrassiers de l'Ille-et- Vilaine et des Côtes-du-
Nord, surtout. De nombreux mariages s'effectuèrent. De là des
croisements qui portèrent un coup funeste à la pureté de la race
normande. La population féminine de Granville était célèbre dans
toute la France. Michelet, dans son livre la Mer, lui consacre un
chapitre des plus curieux. A l'heure actuelle, toute trace de l'an-
cienne Granvillaise a complètement disparu; le type est aboli.
C'est ainsi que, sous nos yeux, le caractère d'une population s'est
modifié du tout au tout. Soyons donc circonspects dans nos thèses
historiques. En 1870, l'auteur de ces lignes commandait une com-
pagnie de mobiles recrutée dans le canton de Villedieu-les- Poêles. En
général, l'élément rural se distinguait par une haute stature, les
yeux bleus et les cheveux blonds. L'élément urbain, en revanche, était
petit, trapu et brun. Deux peuples, deux races se juxtaposaient dans
la même compagnie. Oscar Havard.
I^e Domoiiitroï (Ménagier russe du x^ï" siècle.}. Traduction et commea-
laire par E. Duchesne. Paris, A. Plcdrd et fil-', laio, in-8 de 16'J p. -
Prix : 5 fr.
C'est assurément un service rendu aux curieux d'histoire générale
et d'histoire des mœurs que d'avoir traduit le Domostroï, ce guide de
la vie pratique et cet abrégé de la morale courante des Moscovites :
il faut féliciter M. Duchesne d'avoir le premier assumé cette tâche.
On peut regretter toutefois 'que le traducteur se soit borné de façon
si stricte à nous rendre ce service-là; il n'a rien voulu ajouter aux
recherches des savants russes sur le livre qui l'a intéressé. l/Intro^
duclion, assez courte, est juste ce qu'elle doit être pour donner une
connaissance générale, intérieure ou extérieure, de ce curieux ou-
vrage. Les Commentaires , qu'annonce le sous-titre, ne sont que des
notes un peu maigres, fâcheusement rejetées à la fin du volume. La
mode française de mettre les notes au bas des pages, à laquelle a été
préférée la mode russe, économise beaucoup de temps au lecteur et
ne distrait rien de son attention. Nous avons eu l'occasion de
parler dans notre précédente livraison (p. 227- j38) d'un autre
volume de ^L E. Duchesne, et nous l'avons fait longuement; nous
pourrons abréger aujourd'hui les observations générales. Nous ne
dirons que quelques mots appelés par la traduction qui nous est
offerte. Cette version a visé surtout à être élégante et ronde;
elle a, pour cela, fort souvent allongé le texte et l'a singu-
lièrement adouci. Là, par exemple, où le sévère rédacteur du
— 341 —
Domostroï (le pope Silvesire) dit nettement qu'il convient
ail mari de punir sa femme, le traducteur dit : « lui faire des
observations » (p. 82); là où il est recommandé de façon spéciale de
ne pas frapper les gens sur les yeux — ce qui peut leur faire perdre
la vue, — M. E. Duchesne dit : « auvisa^e ))(page83). Le traducteur
aurait pu sans dommage, semble-t-il, donner à sa traduction
une couleur légèrement archaïque qui eût évoqué la naïveté du
texte. Bien des mots sont restés vagues et ne rendent pas les
termes précis auxquels ils correspondent. Tous les lecteurs s'avise-
ront-ils de fortune qu'il s'agit de nouilles dans cette périphrase, du
reste exacte : « des bandes de pâte? « (p. 92). Il y a des phrases lou-
ches : « Crois aux mystères divins, à son corps, à son sang » (p. 29).
Il faut, enfin, déplorer des expressions d'un français incorrect comme
« assécher le linge « (p. 65) (pour le sécher); et se « rendre compte
comment » (p. (S^i). Den'is Roche.
Feinsnes d'autrefois et Hommeni d'aufourd'liui, p»r le comte
D'IiAUSsONviLLK. Paris, Perriii. puiit ia-S de 473 p., avec 8 portraits. —
Prix : 5 fr.
Tout le charme élégant de la plume de M.d'Haussonville se retrouve
dans ce recueil où sont abordés, par le côté facile, un certain nombre
de personnes et de personnages que l'auteur a rencontrés sur son
chemin dans ses travaux historiques. Ainsi le biographe de la duchesse
de Bourgogne se retrouve dans les deux premiers chapitres : « La Der-
nière Secrétaire de Madame de Maintenon «et «Madame de Caylus».
C'est pour avoir jadis donné deux volumes sur le Salon de M^^ Necker^
que M. d'FIausson ville se trouve mieux qualifié à étudier ici : « Made-
moiselle Clairon et le baron de Staël », ou la « Baronne de Staël et la
duchesse de Duras. )> Ses relations personnelles, ses amitiés polit' ques
ou littéraires expliquent pourquoi il parle de Prévost- Paradol, Gréard,
Eugène-Melchior de Vogué. Les lecteurs qui ont goûté la très
intéressante et révélatrice publication des lettres de La Mennais à
la baronne Cottu, faite par les soins de M.d'Haussonville, auront
plaisir à retrouver dans ce volume la figure d' « une Amie de La
Mennais. »
Des portraits accompagnent ce livre : celui où Rigaud a fixé les
traits de Madame de Maintenon est particulièrement attachant dans
sa simplicité émouvante. La baronne Cottu, d'après une miniature,
est curieuse. Les autres «illustrations » n'ont pas de valeur parti-
culière. G.
— 342 —
Jitu Peste de 1 9 90 à Marseille et en France, d'nprès des docu-
nirnts incdiis, par 1>aul Gaffakel et le marquis db Dukanty. Paris, Per-
rii), 1911, in-8 de viii-630 p., avec 12 crrav. el un plan.— Prix : 7 fr. KO.
Il est peu d'événements qui aient laissé dans l'histoire une impres-
sion plus sinistre que la peste de Marseille en 1720, et cela se conçoit
quand on entre dans le détail des faits. Ce détail, on le connaît
complètement aujourd'hui, grâce aux patientes recherches et au
travail de bénédictins de MM. Paul Gal'farel et le marquis de
Duranty, qui, pour le découvrir, ont dépouillé, dans les archives
publiques et particulières, une masse incalculable de documents
officiels ou prives, correspondances, rapports, arrêtés, proclamations,
notes de paiement, livres de raison, journaux, souvenirs intimes, etc.
Ce fut une affreuse situation que celle de la ville de Marseille, lorsque
le Grand Saint-Antoine lui eut apporté du Levant le germe de la ter-
rible maladie. Ce germe trouvait dans la vieille cité phocéenne un
terrain merveilleusement préparé ; il s'y développa à souhait. On
avait beau vouloir le cacher; la violence du mal ne tarda pas à
éclater au grand jour. Tous les quartiers étaient envahis; on y mourait
en masse et en quelques heures. Bientôt les médecins locaux ne suffi-
rent plus; quelques-uns même s'étaient dérobés. 11 fallut en appeler
d'ailleurs, de Montpellier entre autres, dont la Faculté était illustre.
Les corbeaux — c'est ainsi qu'on nommait les ensevelissev.rs — les
rorèeattrc manquaient aussi. On en fit venir, à prix d'or; mais ceux-
là mêmes ne tardèrent pas à être insuffisants; beaucoup du reste
étaient morts, saisis par la contagion. On dut recourir, pour cette
triste besogne, aux forçats auxquels on promit la liberté. Malgré tout,
la maladie était la plus forte : 1rs cadavres s'entassaient dans les
rues. Des hommes généreux, comme le chevalier Roze, se dévouèrent
à cette œuvre d'assainissement.En somjne, s'il y eut quelques exempleb
de faiblesse, il y eut bien plus encore des exemples de courage et
d'abnégation. On connaît l'admirable conduite de l'évêque de Mar-
seille, Mgr de Belsunce. Elle ne fut pas la seule. Avec lui ilfautciter
les quatre échevins, Estelle, Moustiers, Dieudé et Audimar, qui
restèrent intrépidement à leur poste, attelés sans relâche à leur
dangereuse et absorbante besogne; car il fallait non seulement s'oc-
cuper des malades et des morts, mais trouver de l'argent, des vivres,
des auxiliaires, solliciter les secours, infoimer l'intendant Lebret,
qui, lui, restait à Aix, mais attentif à son service. Il convient de
nommer aussi le viguier, marquis de Pilles, le marquis de Brancas
et le bailli de Langeron dont l'énergie purgea la ville de toutes les
ordures et de tous les miasmes qui l'empestaient. Il en est d'autres
encore que nous ne pouvons citer, mais dont on trouvera les noms
dans le beau et savant livre de MM. Gaffarel et de Duranty, qui est
— 3^1 3 —
pour eux un livre d'honneur, car la peste ne se concentra pas à Mar-
seille; elle envahit toute la Provence, Arles, Aix, Toulon, une foule
de petits villages, dont quelques-uns, comme la Garde, moins bien
défendus que les grandes villes, perdirent plus de la moitié de leur
population. Elle envahit même le Comtat et le Languedoc, donnant
lieu aux mêmes terreurs et aussi aux mêmes dévouements ; et au nom
vénéré de Belsunce, il faut, dans la reconnaissance publique, associer
ceux de Mgr de Forbin-Janson, archevêque d'Arles, de Mgr de Vin-
timille, archevêque d'Aix, et du premier consul de cette ville, le
marquis de Vauvenargues. Max, de la Rocheterie.
A tracera trois.isièclea. Études cVœuvres et propos (Thislorien, par Er-
NBST Daudet. Paris, Hachette, 1911. iii-i6 de vui 2So p. — Prix : 3 fr. 50.
Ce sont là des articles de critique, des « propos d'historien », comme
le dit M. Ernest Daudet, marqués au coin d'une érudition avisée et
d'une gracieuseté bienveillante. Lui-même, fort mêlé aux études
historiques de ce temps et souvent en possession d'archives de
premier ordre, n'éprouve pas pour ses « confrères » un sentiment de
jalousie trop fréquent, qui parfois se transforme en acrimonie superbe;
tout au contraire, avec tact, bonne grâce et courtoisie, il loue les
qualités d'autrui et se plaît à reconnaître chez le voisin les mérites
qu'il possède. Dirais-je que cette méthode est rare et d'autant plus
appréciable? fM' i^
Trois parties, chronologiquement suivies, vont dans ce recueil :
10 de Louis XIII à Louis XVI; 2° de la Révolution à la chute de
Napoléon; S^la troisième comprend des « figures du dernier siècle.))Ce8
cadres successifs donnent prétexte à M.E.Daudet d'analyser finement
les œuvres maîtresses de MM. Louis Batiffol, d'Haussonville, marquis
de Ségur, Albert Sorel, Albert Vandal, Frédéric Masson, Geoffroy
de Grandmaison, Henry Houssaye; il reprend avec détails le roman
du prince de Metternich avec M'"*^ de Lieven, dont il avait parlé des
premiers et qu'a complété la publication de M. Jean Hanoteau;
c'est avec le beau livre de M. Bernard de Lacombe et la Chronique
de la duchesse de Dino qu'il aborde Talleyrand ; il formule de justes
réserves sur les calomnies de M'"^ de Boigne; il termine par un
« portrait » du P. Didon, qu'on s'attendait moins à trouver là. G.
li'Histoire de Franre racontée à tous, publiée sous la direction
de F. FuNCK Brrntano. La Révolution, par Louis Madblin. Paris.
Hachette. 1911, in-8 carré de vii-578 p. — Prix : 5 fr.
Dans la grande et belle collection de V Histoire de France racontée à
tous, l'histoire de la Révolution est échue à M. Louis Madelin. Et
— 344 —
c'était justice. Peu d'auteurs étaient mieux préparés par leurs études
antérieures à aborder un tel sujet; peu étaient mieux disposés parleurs
sentiments et leur caractère à le traiter avec impartialité. Le volume
s'ouvre naturellement avec la réunion des États généraux; il se
termine non moins naturellement au 18 brumaire. Ce n'est pas qu'à
cette dernière date la Révolution, à proprement parler, soit finie;
elle s'organise au contraire. Ce qui est terminé, c'est la période révo-
lutionnaire, la période d'anarchie. Pendant ce temps, en effet, l'anar-
chie est partout : elle est dans la royauté qui ne sait pas vouloir: elle
est dans l'Assemblée qui détruit tout et ne reconstruit pas grand'-
chose; elle est dans l'armée où la discipline n'existe plus; elle est dans
le peuple qui secoue toute autorité et ne supporte aucune supériorité.
Car la Révolution, on l'a dit justement, a été faite moins par amour
de la liberté, que par passion de l'égalité. Heureusement, un sentiment
subsiste, au milieu de ce désordre, le sentiment patriotique; il sub-
siste, non pas seulement chez les soldats républicains qui se battent
à la frontière, mais aussi chez les émigrés qui les attaquent et doi^
tout en acceptant le concours des puissances étrangères, aucun n'ei'l
accepté de crder à ces puissances un pouce du territoire nation.;^!.
C'est ce sentiment patriotique qui refait les armées, qui repouite
l'invasion et qui jette un reflet glorieux sur ce régime qui couvre la
France d'échafauds et fait peser sur elle la plus abominable tyrannie
qu'on puisse imaginer. C'est lui aussi qui, finalement, arrache le pays
aux hontes du Directoire et acclame Bonaparte, précisément parce
qu'il incarne à ses yeux la gloire militaire.
Toute cette période de dix ans si mouvementée et si tragique, M.
Madelin Fa racontée dans une série de chapitres écrits d'une plume
vive et alerte, souvent d'une ironie charmante, dans des portraits et
des tableaux tracés de main de maître. C'est un résumé remarquable-
ment fait, dont la lecture est attrayante et facile, et où il semble
en même temps que rien n'a été oublié'ni le bien, ni lemal,ni les exploits,
ni les crimes. Chaque chapitre se termine par la liste des principaux
ouvrages consultés : innovation heureuse qui, tout en montrant l'é-
norme travail entrepris par l'auteur, permet au lecteur d'approfondir,
s'il le veut, le sujet, en lui indiquant les sources où il pourra trouver
des éclaircissements et contrôler les appréciations de l'historien.
Max. de la Rocheterie.
Rmivil cfcfi a<cti'i« (*ii rnniif^ <fii i^aïii* public av^c la Cor-
mH|#oiidanre of.irrflle item r«'f)t >>•< niuuts en niisa^on
et le I6c?i«ti'e «lia ^cnseil cs^ciitif ps o^isoire, publie par F -A.
AULABD. T. XX , <2 mars n<.)5-li -u-r / nnô (22 veuiô.-e an 7//-22 geriuinal
aix ni). P?iris, Ler-ui, 1911. ^v. in-8 de 879 p. — Prix : l^fr.
Dans ces documents, qui vont du 12 mars 1795 au 11 avril 1795,
— S45 —
la question qui occupe tous les esprits, c'est l'approvisionnement
de Paris (p. 357-358). La journée du 13 germiral (2 avril J7r5) ccires-
pond à une crise des subsistances : dans les villes de Rouen et
d'Amiens des émeutes ont (^claté à la même époque et pour le même
objet. Le comité de salut public parle de royalisme, mais fait arrêter
les conventionnels montagnards (p. 462). Le représentant dans la
Somme envoie des relations détaillées du mouvement d'Amiens
(p. 521-523 et 644^645). Pour Orléars (p. 5P0-561). La lettre sur
Rouen est curieuse (p. 571-576) ; tous les représentants envoient des
lettres de félicitations et d'adhésion à la Convention, mais pour
éviter les désordres des départements voisins de Paris, le comité de
salut public est obligé d'autoriser les villes à garder les grains néces-
saires à leur subsistance, tout en assurant le ravitaillement de Paris.
La correspondance du comité avec les représentants aux Côtes de
Brest et à l'armée de l'Ouest nous renseigne sur les négociations avec
les chefs vendéens et avec Stofflet; la pacification n'est pas encore
achevée et des escarmouches fréquentes troublent la tranquillité de
ces régions, mais Stofflet est sur le point de traiter. En Hollande, les
représentants éprouvent de multiples difficultés à organiser la con-
quête et les réquisitions. Enfin, le comité annonce la paix de Bâle
signée entre la République et le roi de Prusse, le 5 avril 1795
G. P.
Reriacil clrm arto* «l«i 'nirertniree'%éetttif.(Prorfs-vfrhnvx. anê-
fêx, ivsirurliotiit, l-tir-s ft nctra d'ver ), p h''é' et a'n té«. par A DhBIPOUR.
Tome \'t, 'n 11 b'-'imnire an SOvvtâs- nn IV [2 nnvpmbi'f i~9S-iO mus 17i)6).
P;iri«, Loroux, 19in, pr. i -8 fi"XTiv-867 p. — Prix : lo fr. 50.
Cette nouvelle publication est la suite du Beciieil des actes du comité
de salut public, publié par M. Aulard. Elle est précédée d'une Intro-
duction de vingt-quatre pages, où M. Debidour explique ce qu'il faut
entendre par actes du Directoire. Ce sont : les messages aux conseils ;
les arrêtés relatifs à la promulgation des lois; les arrêtés proprement
dits pour l'application générale des lois, pour les affaires ou intérêts
individuels; les proclamations; les instructions et les lettres du
Directoire. L'auteur indique ensuite quels sont les textes originaux,
quels sont les documents imprimés, l'usage qu'il a cru devoir faire de
ces textes et les éclaircissements qu'il lui a paru nécessaire d'y ajouter.
Cet ouvrage est d'une lecture délicate; il est bourré défaits; les
procès- verbaux ont leur sécheresse coutumière et il faut les parcourir
avec attention pour découvrir, au milieu des détails, les mesures
importantes.
L'état des finances est la grande préoccupation du moment; le
Directoire recherche les moyens de restaurer promptement les fi-
— 34C —
nances; signalons le mémoire (p. 186-189); le message (p. 296-298);
l'arrêté sur les assignats (p. 495-497). La sécurité publique n'existe
pas. Les tentatives royalistes ou anarchistes contre le gouvernement
se multiplient; d'où des arrêtes nombrojLix, les uns (p. 190-200 et
366-368) à propos de la conspiration du marquis de Bésignan; les
autres (p. 312-318) sur les journaux d'opposition. Continuellement, le
Directoire publie des arrêtés individuels au sujet de prévenus de cons-
piration et d'émigration. Dans l'Ouest, le calme n'est pas rétabli; le
Directoire envoie des instructions secrètes pour le général en chef (p.
339-342).
On peut encore relever les faits suivants : le 21 janvier 1796, le
Directoire célèbre avec éclat l'anniversaire de la mort du dernier roi
des Français (p. 455-460); le 9 février 1796, Bonaparte, général en
chef de l'armée de l'intérieur, présente les commandants de bataillon
delà garde nationale au Directoire et prononce un discours; le 2 mars
1796, il est nommé général en chef de l'armée d'Italie. Pages 819-
828, projet de traité d'alliance entre la France et l'Espagne; pages
835-836, le Directoire réclame des renseignements sur les fonction-
naires et dresse une curieuse nomenclature des citoyens qui doivent
être écartés des fonctions publiques; pages 850-851, à lire les deux
lettres du Directoire à l'empereur des musulmans, Sélim III, le style
diplomatique d'ancien régime est soigneusement observé; pages
860-867, projet d'organisation de l'École polytechnique.
Le présent volume, soigneusement et abondamment annoté, va
du 11 brumaire au 30 ventôse an IV, soit du 2 novembre 1795 au
20 mars 1796. G. P.
Était-ce Loiii» 'X.VII évadé du Temple? par J. dr Saint-Léob^.
Documents inédits tirés des Arcfiives de la police et df s greffrs judifiaires. PSiVi9,
Perrin, 1911, petit in-8 de viii-24d p., avec 4 grav. — Prix : ^ fr.
La question Louis XVII sera donc éternelle? A peine les préten-
tions des Naundorff ont-elles été rejetées par le Sénat et leur impos-
ture démontrée par les documents venus de Prusse et de Hollande,
qu'un nouveau prétendant surgit ou plutôt un vieux prétendant
reparaît. M™^ de Saint-Léger a tiré des Archives de la police et des
greffes judiciaires des rapports, procès- verbaux, lettres, interroga-
toires concernant un certain Charles de Normandie qui, dès 1815, se
présenta en Bretagne comme le fils de Louis XVI, et elle pose la
question : Était-ce Louis XVII évadé du Temple? C'était un étrange
roman que celui que racontait le jeune prétendant débarqué à Saint-
Malo. Il aurait été sacré roi au Temple, après la mort de son père, par
un prêtre, introduit dans la prison, puis sauvé en 1795 avec la com-
plicité de ses gardiens, dans un cheval de bois creux, par le comte
— 347 —
de Frotté et un jeune chirurgien du nom d'Adrien, transporté en
Vendée où Charette l'aurait fait sacrer en grande pompe à Fontenay,
embarqué à Noirmoutiers pour l'Angleterre, fait prisonnier, ramené à
Nantes où il aurait été interrogé par Carrier, enfin, il aurait pu passer
en Amérique d'où il serait revenu pour revendiquer ses droits. Il
demandait à être conduit au Roi et à la duchesse d'Angoulême, qui,
disait-il, le reconnaîtraient.
Au lieu de le conduire à Paris, on l'emprisonna à Saint-Malo d'abord,
à Rouen ensuite et l'on introduisit son procès. M"^^ de Saint-Léger
reproche au gouvernement de la Restauration et en particulier au
préfet de police M. Decazes de n'avoir jamais voulu produire l'acte
de décès du Dauphin mort au Temple, ajoutant que ce silence auto-
risait toutes les suppositions. Que, dans cette affaire, le gouvernement
et M. Decazes aient été maladroits, c'est possible; ce ne sont pas les
seules fautes qu'ils aient commises. Mais conclure de là que Louis XVII
ne soit pas mort au Temple nous paraît bien aventuré.
Qu'était-ce que le Charles de Normandie, jugé à Rouen en 1817?
Était-ce Charles Phélipeau, comme on le crut d'abord? Était-ce
Mathurin Bruneau, ainsi que sembla l'affirmer la vicomtesse de
Turpin, qui l'avait accueilli quelque temps comme le fils du baron
de Vezins? Était-ce Hervagault? La question est oiseuse et sa
solution sans importance.Mais, à la question posée par l'auteur : Était-
ce Louis XVII, évadé du Temple? on peut répondre carrément : Non.
Les remarques mêmes, faites par M. Lenotre dans les quelques
pages qu'il a écrites comme préface en tête du volume, suffisent à
condamner les affirmations du prétendu Dauphin. En juillet^ 1795,
Fontenay-le-Comte, où Charette l'aurait fait sacrer solennellement,
n'était pas en la possession des Vendéens, et Carrier, qui l'aurait fait
incarcérer à Nantes, était guillotiné depuis six mois.
Max. de la Rocheterie.
Histoire de la Révolution dans les ports «le guerre. Tou-
lon, pnr Oscar Havard. Pariis, Nouvelle L'btau le nationale, s.d.,in-8
de CXii-3'.)3 p. — Prix : 7 fr. 50.
Sous le règne de Louis XVI, la marine française, comme le démontre
si bien M. Havard dans son Introduction, avait pris un développe-
ment merveilleux : les ministères de Sartines et de Castries lui avaient
donné une flotte incomparable, et les exploits desd'Estaing, des la Motte
Picquet, des Guichen, du baiili de Suffren surtout, lui avaient rendu
la maîtrise de la mer, qu'elle avait perdue sous Louis XV. La Révo-
lution détruisit cette magnifique situation. Dès le début de 1789, les
désordres se produisent, et c'est à Toulon qu'ils commencent. Une
influence mystérieuse sème l'indiscipline chez les matelots et provo-
que les conflits entre l'autorité civile révolutionnaire, et l'autorité
— 348 —
militaire ou niaritimp, gardienne de l'ordre et delà tradition. Y eut-il
là intervention occulte do l'Angleterie, dcsireuse de prendre sa
revanche de ses rchecs de la guerre d'Amérique et de détruire une
puissance maritime qui l'avait humiliée et détrônée? M. Oscar Ha-
vard le pense et la chose n'aurait rien d'invraisemblable. Si jamais la
Grande-Bretagne a mérite le surnom populaire de « perfide Albion »,
c'est assurément pendant la période révolutionnaire.
Quoi qu'il en soit, dès le 23 mars 1789, une première émeute éclate,
puis en novembre un jeune officier, M. Dauville, est menacé et em-
prisonné; les officiers, les sous-officiers même protestent; c'est à
eux qu'on donne tort et l'autorité supérieure ne les soutient pas.
Les émeutiers, entraînés et appuyés par la municipalité, continuent
leurs exploits. Le chef de la marine lui-môme, le comte d'Albert de
Rions, un des plus brillants lieutenants de Suffren, est emprisonné
avec quatre officiers; il faut, pour le faire mettre en liberté, l'inter-
vention de l'Assemblée nationale, et le vaillant amiral est obligé de
donner sa démission. Le comte de Flotte, qui lui succède, est moins
heureux encore ; mal' ré son attitude conciliante, il est attaqué
et suspendu à la lanterne, avec un de ses officiers, M. de Rochemore.
Les massacres se succèdent. Après le 10 août, c'est pis encore. Le
club des Blancs, sous la direction de misérables comme Sylvestre,
Barthélémy, Lemaille, etc., règne en maître et multiplie les attentats.
Une foule d'honnêtes gens sont victimes ; c'est le mot dont se sert
la municipalité, et deux représentants. Baille et Beauvais, viennent
donner une sanction, officielle en quelque sorte, à tous ces massacres.
Les modérés pourtant finissent par se révolter. Sous l'impulsion de
Jean-Baptiste Roux, les sectionnaires renversent le Corps municipal
et s'installent à l'hôtel de ville, arborent le drapeau blanc et procla-
ment Louis XVI 1. Ils comptent sur l'appui de Marseille, de Lyon,
de la Normandie, soulevés comme eux, à la suite du 31 mai, et font
alliance avec les troupes anglaises et espagnoles qu'ils introduisent
dans la ville, à condition qu'il la conserveront pour le roi de France.
Ils furent trompés ; si, dans cet accord, l'Espagne fut loyale, il semble
bien que l'Angleterre ne le fut pas. On sait comment se termina le
drame : le siège de Toulon par les armées républicaines et sa prise
grâce à la foudroyante attaque de Bonaparte. L'auteur soutient
qu'il y eut trahison des Anglais et accord secret entre eux et les
représentants de la Convention.il semble bien, en effet, que la conduite
de l'amiral Hood pendant le siège fut assez louche. On en trouver^ |
tous les détails dans le beau livre très documenté de M. Hayard, quiJ
nous l'espérons bien, n'est que le premier d'une série sur ce palpitant j
sujet de la ruine de notre marine sous la troisième Républque.
^AX. DE LA ROCHETERII.
^349 —
fi» Terreur dans B'Otietit. lie Conveutionnel «I.-B. I^e Car-
peiitit'r ( I 9^9-1^99/, t/'a/' es dr^ noui>eaux docmi-nis, par le vico.nie
D •; BKACH'iT. Paris, Pen-iU, 1912, petit, \\\-6 de XVi-39y p., avec 5 grav. —
Prix : bfr.
L'idée a été récemment émise d'élever à Gran ville un monument au
conventionnel Le Carpentier. Comme le dit M. P'rédtric Masson,
dans la Préface de ce livre, M. le vicomte de Brachet aura rendu ser-
vice à la moralité publique, en décourageant, par cette étude très
sûre et fouillée, toute tentative de glorification d'un aussi triste
personnage. La tourmente révolutionnaire lui permit de se pousser au
premier rang et d'y donner pleine licence à ses basses passions. A
Valognes, la petite ville aristocratique dans le voisinage de laquelle
il était né en une modeste maison de paysan, à Helleville, et où,
sous l'ancien régime, il exerçait le métier d'homme d'affaires et un
peu d'huissier, il ne parvint à se faire élire représentant à la Con-
vention qu'après avoir imaginé une pétition pour que l'on reprît
aux morts aristocrates le plomb de leurs cercueils. A l'Assemblée,
il se distingua par son acharnement sanguinaire contre Louis XVI
et contre Marie- Antoinette. Mais il devait passer la plus grande
partie de son temps (de mars à mai 1793 et d'août 1793 au même
mois 1794) en mission dans l'Ouest, Normandie et Bretagne, trou-
vant un plaisir particulier à satisfaire, dans son département d'ori-
gine, la Manche, ses caprices de proconsul vaniteux, jouisseur, rancu-
lier, despote et féroce.. Il était à Granville en novembre 1794, quand
cette place subit l'assaut de l'armée vendéenne, et il ne se montra
pas héroïque. Après la chute de Robespierre, son ancien ami, qu il se
hâta de couvrir d injures, il dut à la fin lâcher prise. Les protestations
contre ses excès affluèrent, et, le 21 mai 1795, la Convention vota
d'acclamation un décret d'arrestation contre le «bourreau du dépar-
tement delà Manche. » 11 fut tenu captif , d'abord près de Morlaix,
puis à Brest, jusqu'au mois d'octobre. Puis il revint à Valognes, où il
vécut petitement, mais toujours enfiévré des mêmes haines. Inscrit
Vn moment au barreau, il fut rayé pour des friponneries. La loi du
12 janvier 1816 condamna les régicides à sortir de France. S'étant
embarqué pour l'Angleterre, il s'arrêta à Guernesey et de là revint
dans le Cotentin où l'on ne réussit à se saisir de lui qu'en novembre
1819. En 1820, il fut interné au Mont Saint-Michel, où il vécut encore
neuf années, transformé, semblait- il, « vieillard humble et pieux, fai-
sant l'école aux enfants, et servant la messe tous les jours, sauf le
21 janvier. ,-, Ainsi finit un digne émule des Joseph Lebon, des André
Dumont, des Carrier et des Marat, ayant déclaré d'ailleuis, dans sa
défense aux assises de Coutances en 1820, qu'il n'avait jamais fait
que se conformer « aux systèmes de l'époque. »
Baron Angot des Rotours.
— 350 —
Journal d'éiui^i'Mtnoii du camie d'Espinghal, publié d'après les
aifiiiuscrils originaux par Ernbst d'IIauterivb. l'aris, Perrin, 1911, ln-8
de ix-5Jj9 p., avec portrait et autographe. — Prix : 7 fr. 50.
Avec M. d'Hauterive on doit s'étonner que les manuscrits de M.
d'Espinchal conservés à la Bibliothèque municipale de Clermont-Fer-
rand n'aient pas encore été publics, car ils ne sont pas inconnus et
ils renferment des renseignements historiques extrêmement curieux
sur l'époque de la Révolution. Nous devons donc remercier très
sincèrement M. d'Hauterive de nous donner le texte, allégé a bon
droit, de ces nombreux petits cahiers écrits au jour le jour par le
gentilhomme auvergnat, et nos compliments seraient sans restriction
s'il avait accompagné de notes une publication qui, par malheur,
' n'en contient absolument aucune. Je reconnais que les noms
cités sont extrêmement .nombreux, c'est toute l'aristocratie de
l'émigration autour des Princes, mais biographies ou éclaircissements
eussent été singulièrement agréables au lecteur, et vraiment
fructueux. Ce volume, dont le manuscrit porte comme titre exact :
Journal de voyages et de faits relatifs à la Révolution, que M. d'Hau-
terive intitule : « Journal d'émigration «, a été utilisé déjà par le
commandant de Champflour, dans l'ouvrage qu'il donna, en 1899 :
La Coalition d' Auvergne; Carnet du comte d'Espinchal. Il fait songer
aux très intéressants Souvenirs militaires d'Hippolyte d' Espinchal pu-
bliés en 1901, et qui concernent l'officier du premier Empire, fils du
comte dont nous parlons ici.
Le cadre historique s'ouvre au 14 juillet et se ferme à la mort de
Louis XVL Sorti de France avec la maison de Condé, d'Espinchal
réside successivement en Piémont, en Italie, à Rome, Venise,
Coblentz ; il fait la campagne de 1792, et il demeurera encore dix
années en exil, jusqu'au jour où il sera rayé de la liste fatale sur
le témoignage de huit notables habitants du pays de Saint-Lions qui
certifieront sans rougir qu'il « a résidé sans interruption dans cette
commune » !
Je ne connais pas de document plus vivant, plus précis, plus
partial, plus personnel, plus dédaigneux et plus sincère sur l'émigra-
tion que celui-ci. 11 possède toutes les qualités et tous les défauts de.
la société qu'il peint et au milieu de laquelle il nous fait vivre.
M. d'Espinchal a tous les raffinements de l'honneur et toutes les
inconsciences de l'impiété, toutes les énergies d'un soldat, toutes les
faiblesses d'un libertin; et ce mélange produit un personnage peu
sympathique, mais attachant. A côté des réflexions philosophiques
que sa conduite peut nous inspirer, il convient de retenir les rensei-
gnements historiques qu'il nous fournit. Soit la vie mondaine de l'Ita-
lie à la fin du xviii^ siècle, soit la Cour de Turin et la société aripto-
— 351 —
cratique de Venise, soit surtout le rassemblement auprès du comte
de Provence et du comte d'Aitois sur les bords du Rhin de tous les
gentilshommes français, chacun de ces tableaux donne une impression
profonde. Le prestige du comte d'Artois, les folles dépenses autour de
lui, sa grâce, tantôt sa sagesse et tantôt (plus souvent) sa dissipation
sont décrits avec une sincérité parfaite. Des portraits, fort piquants,
creusés au burin, de « Monsieur », de la comtesse de Provence; des
silhouettes indulgentes de M"^e ^j^ Barry, du cardinal de Rohan ;
des croquis à l'emporte-pièce de Necker et de M™*^ de Staël, « la
guenon genevoise » ( !), fournissent des traits dont il conviendra
désormais de conserver le souvenir, car ils ont une réelle signification.
Les anecdotes abondent et égayent heureusement ce carnet de poche
qui eût été de forme monotone par la précision quotidienne de ses
souvenirs; l'ensemble constitue une lecture instructive comme nous
en réserveront toujouis des témoignages sincères, fussent-ils parfois
passionnés. Geoffroy de Grandmaison.
•fournal d'un prêtre lorrain pendant la Révolution
(t îOI-lî^îl), DuDiie par H. Thhdbnat. Paris, Hachelle, 1912, iii-lii
de XLix-291 p. — Prix : 3 fr. 50.
Le journal d'exil que publie M. l'abbé Thédenat, membre de l'Institut,
est celui d'un curé de Toul, l'abbé Alaidon. Ce vénérable prêtre, curé
depuis 27 ans, en 1791, avait été dépossédé pour refus de serment et
vivait retiré dans une maison particulière, quand les événements de
l'été de 1792 l'obligèrent à fuir. Pendant dix ans, il erra en Allemagne,
en Bohême et jusqu'en Pologne. Il put rentrer en France en 1802, et,
n'ayant pas obtenu le rétablissement de sa paroisse, s'établit à Nancy,
où il mourut en 1827, âgé de 89 ans.
C'était un saint prêtre et son journal nous montre avec quel esprit
de foi il supporta les épreuves de l'exil. C'était aussi un Lorrain avisé
et il semble tout d'abord que, rempli de sens pratique, il ait toujours
su s'arranger pour se tirer habilement des passes les plus critiques;
mais, en le lisant de plus près, on en vient à croire que c'est surtout
son heureux caractère, la simplicité de ses goûts et sa dureté pour lui-
même qui ont atténué l'impression attristante qu'aurait pu laisser
le récit de ses malheurs. Témoin des souffrances des autres, il évite
d'apitoyer sur les siennes.
Son manuscrit s'arrête en 1799; il fut rédigé pendant un séjour
prolongé qu'il fit au séminaire d'Eichstâtt. L'éditeur conjecture
qu'il le laissa aux bénédictines de Saint-Nicolas-du Port et c'est par
la prieure de ce monastère qu'il fut donné au cardinal Mathieu, qui
était son frère. Le cardinal avait projeté de le publier, et, après lui,
— ;352 —
M. Hcrtzog, procureur de Saint- Sulpice à Rome, devenu possesseur
du précieux récit, chargea M. 1 ht denat d'en prc parer Timpression.
M. Thôdenat a revu le texte, en a établi la chronologie et y a ajouté
de nombreuses notes pour lesquelles il a recouru aux lumières de
M. l'abbé Mangenot, professeur d Écriture sainte à l'Institut catho-
lique de Paris, qui a fait de 1 histoire du clergé lorrain pendant la
Révolution une étude approfondie. C'est ainsi que de la collabora-
tion de deux savants, 1 un archéologue, l'autre excgète, est sortie
une des publications les mieux venues qui aient trait à la période
révolutionnaire. P. Pisani.
Un Régime C|ui coninieiire, par L. Picaud. Tarbes, Croharé, 1»11,
in-8 de 2io p.
M. le chanoine Ricaud est l'auteur de ncmbieuses publications rela-
tives à 1 histoiie du diocèse de Taibes pendant la Révolution. Les deux
volumes qu'il a consacrés il y a dix ans (1898 et IGOl) aux Repré-
sentants du peuple en mission dans les Hautes-Pyiénées avaient permis
d'apprécier sa connaissance approfondie des souices et la méthode
rigoui eusement scientifique avec laquelle il sait en tiier parti.
En écrivant naguère : Un Ré g me qui finit, M. Ricaud a établi
comme l'inv. ntaire de la succession qui s'ouviait avec la disparition
de l'ancien régime. Le présent livre est une stati. tique politique, ju-
diciaire et ecclésiastique du régime inauguré en 1790. Successivement,
la constitution de 1791, celles de lan III et de l'an VIII sont venues
modifier l'économie des rouages administratifs, et les hommes char-
gés de les mettre en mouvement ont changé plus souvent encore.
II fallait toute la patiente érudition de 1 auteur pour démêler l'éche-
veau embrouillé de ces mutations continuelles.
Le livre a une portée générale parce que les institutions qu'il ana-
lyse ont été les mêmes dans toute la France. Il suffira de lui emprun-
t3r son plan pour donner de l'organisation de chacun des départe-
ments un tableau des plus instructifs. Ne se trouvera-t-il pas des
travailleurs que tentera cette première et heureuse expérience?
P. PiSANI.
JVaples S9us$ «foiaeitli Banaparte (ISOtt-l^O^), par Jacques
I AMrfAUD- Pans, Piuij Nou.ril, lyll, iu-s de Li 575 p., avec porlrail. —
Prix : 7 fr. 50.
Kiett'-s» inéilites ou éparseti de «lof«epli Bonaparteà .\aple«,
llt4M»-£ ;0*, p^ir J oyitss K.mbaUD. Paris, Piou-Njurrit,, lylt, iu-6
(le XL -22 J p. — Prix : 7 fr. 5 >.
M. Rambaud estime que le règne de Joseph à Naples « est peu
connu »; c'est une ignorance que, grâce à lui, on ne pourra plu»
dcsormais avouer, car son livre étudie ces deux années de gouvcr--
nement avec un soin minutieux dont la « bibliographie » suffit à nous
convaincre. Elle comprend 51 pages de petit texte et nous indique
toutes les sources où il a été longuement puisé : 1° En France, les Ar-
chives nationales, les Archives de la Guerre et do la Marine, des Affaires
étrangères, les manuscrits de la Bibliothèque nationale; 2" En Italie,
les Archives d'État, riches si elles sont mal classées, et en Sicile. Pour
les imprimés, on nous donne des centaines de volumes et encore en
citerait-on plusieurs, importants, qui pourraient allonger la liste. Le
scrupule de l'exactitude est poussé jusqu'à fournir au lecteur des
notes iconographiques très précises, relatant les cartes, plans, mé-
dailles, tableaux et gravures qui se rapportent à Joseph Bonaparte.
Ce n'est qu'après ce déblaiement historique que l'auteur entreprend
son récit devenu ainsi, à l'avance, plein de sécurité pour le lecteur.
Il expose les conditions de la conquête et de la défense du royaume de
Naples, linlluence despotique de Napoléon dans cette occupation;
les efforts de son frère pour organiser, administrer, pacifier le pays,
la situation financière, les réformes législatives, économiques, intel-
lectuelles, la position de cette nouvelle « Couronne » vis-à-vis des
puissances européennes, l'état do la société, du clergé; l'opinion
publique, les partis, et enfin les conditions dans lesquelles se trou-
vait le « royaume de Naples « à l'été de 1808, quand Joseph le quitta
pour aller régner en Espagne. Dans un style, un peu froid sans doute,
d'une grande clarté, d'une simplicité qui ne recherche jamais la
forme littéraire et évite toute controverse possible pour demeurer
dans l'exposition très sobre, peut être un peu monotone, des faits,
l'historien a écrit un volume indispensable et qui manquait encore
aux annales napoléoniennes.
Il lui apporte une documentation particulière pour un recueil de
200 et quelques « Lettres inédites ou éparses « du roi Joseph, à cette
époque précise. Beaucoup étaient connues, mais leur réunion met en
meilleure valeur les pensées qu'il en faut retenir. M. Rambaud les
« édite » avec un scrupule scientifique dont on ne saurait trop le
louer; il les encadre dans une Introduction pleine d'intérêt, des notes
riches de précision, une liste analytique et chronologique, un Index
alphabétique. Il avait pris ce même soin pour son ouvrage principal;
ces deux volumes se complètent l'un l'autre; ils sont destinés à
rendre les meilleurs services aux travailleurs qui seraient ingrats de
n'en pas manifester leur reconnaissance. Ce sont là des livres qui,
Sans bruit, font avancer l'histoire d'un grand pas.
Geoffroy de Grandmaison.
Avril 1912. T. GXXIV. 23.
- 354 —
fl/Opiiositioii religieuse au Coiicordut lia l'élite i<:gliii»e
«le LiyoM, par C. Latheille. Lyon, Laruuucliet, 1911, iu-lti aexii-'iiti6p.,
avec porlratl. — Prix : 3 fr. 50.
Cette étude est un appendice important, sur un sujet particulier,
aux deux volumes du même auteur publiés en 1910 sur l'Opposition
religieuse au Concordat de 1702 à 1803 et de 1803 jusqu'à nos jours
(Cf. Polybiblion de juin 1910, t. CXVlll, p. 523-524). Elle a été
composée sur place et puisée à la source par excellence, jusqu'ici
fermée, les Archives de la Petite Église. Elle précise les conclusions
déjà formulées en 1909 dans une thèse présentée à la Faculté de
théologie de l'Institut catholique de Lyon par M. l'abbé Tardy, à
savoir que l'opposition lyonnaise au Concordat, fondée sur une
fidélité étroite aux anciennes maximes gallicanes, a dû sa principale
vigueur et sa résistance jusqu'à nos jours à l'esprit janséniste.
Le jansénisme, introduit à Lyon par les oratoriens au xvii"^ siècle,
s'y enracina au xviii*^ sous l'épiscopat de M. de Montazet et s'y est
perpétué au xix^ surtout dans le Forez, où le curé Jacqucmont,
déjà présenté au public dans Les Derniers Jansénistes de M. Léon
Séché (t. II), est devenu une des célébrités de la secte agonisante.
Cette infiltration étrangère introduisit la division dans la dissidence.
Un foyer d'intransigeance absolue avec Rome se forma, alimenté à
la fois par la question thcologique et la question disciplinaire. On
crut à Lyon même aux miracles du diacre Paris et il n'y a pas long-
temps que certains « anticoncordatistes » sont allés de là en pèlerinage
au cimetière Saint-Médard à Paris. On essaya même, mais sans suc-
cès, de s'appuyer sur les évêques de l'Église schismatique d'Utrecht.
M. Latreille a démêlé autant que possible le détail de ces luttes
aussi obscures qu'ardentes; il est froidement impartial, sans se défen-
dre pourtant, envers ces catholiques isolés de la catholicité, de la
sympathie respectueuse qu'entraînent toute conviction sincère et
toute fidélité désintéressée à une cause irrémédiablement vaincue. Il
a constaté en terminant que, si certaines conversions éclatantes ont
considérablement diminué ce petit groupe déjà dépourvu d'évêques,
de prêtres et d'églises, d'autre part il est resté des irréconciliables
que l'abolition du Concordat maudit par eux n'a pas découragés;
ceux-là rêveront jusqu'à la fin, de la part du Saint-Siège, l'octroi
de réparations rétrospectives accordées aux morts dont ils demeurent
les disciples. L'histoire des sectes tentée il y a cent ans par Grégorei
n'en est pas encore à son dernier chapitre. L-éonce Pingaud.
— 355 —
!Kou%enirfs d'une iniseion à Berlin, en 11^41^, par âbolpbr
DK URCOUKT, publie [I lur la Société d' list,oiie contemporaine par Geok-
LiiiS Bjuhgin. t. II. l'aris, a. PiCard et lils, luo'j, in-bdeod'J p. — Prix : 8fr.
Ce volume se réfère aux dernières semaines de la courte mission
de M. de Circoijrt à Berlin. 11 y est traité des affaires intérieures de
la Pn sse et de la question des duchés, alors litigieuse avec le Dane-
mark. Les événements sont appréciés du même point de vue sympa-
thique à rAllemagno que nous avons relevé, non sans quelque malaiso,
dans la première partie des Souvenirs. La principale difficulté, avec
laquelle l'envoyé de la France se trouvait aux p/ises, provenait des
Polonais soulevés en Posnanie contre la domination prussiennn.
Les ré|)ublicains qui, sous Louis-Philippe, n'avaient cessé de réclamer
une intervention en leur faveur, eussent été fort capables de mettre
leur i(«ée à exécution. M. de Circourt eut le grand nK^rite de tout
faire pour éviter un conflit qui, loin de servir nos intérêts, aurait une
fois de plus armé contre nous toute l'Europe. 11 y réussit, grâce à
l'appui qu'il trouva près de Lamartine, dont les idét-s étaient saines,
en matière de politique étrangère, du moins. Mais ce haut patronage
ne suflit pas à maintenir l'habile diplomate dans la carrière où il
venait de faire un si heureux début. Débordé par la fraction avancée
de son parti, Lamartine ne sut empêcher le rappel de son ami, que
l'on remplaça à Berlin par un orateur de clubs, Emmanuel Arago ; et
il le laissa encore frustrer, au profit d'un autre « pur », du poste de
Washington, qu'on lui avait fait miroiter comme une compensation
probable. Déçu et mécontent, M. de Circourt s'achemina vcj's la France
par étapes, s'arrêtant successivement à Bonii, à Francfort et à Vevey.
Le récit de son séjour sur les bords du Rhin lui est une occasion
d'entrer dans de nouveaux détai-ls sur la situation de l'Allemagne,
travaillée par deux sentiments, en ce temps-là étrangement confondus
et auxquels le destin réservait, malheureusement pour nous, une
satisfaction fort inégale : l'aspiration vers l'unité et la passion démo-
cratique. H. RUBAT DU Mérac.
K«rsot et SCS ami», par Félix IIèmon. Paris, Hachette, 191 1 , in-16
dexi-8ô6 y. — Prix : 3 fr. 50.
Les morts vont vite. Qui pense aujourd'hui à Bersot? Ce fut pour-
tant, au cours du second Empire et dans les dix premières années
de la troisième République, un intellectuel de marque et, pour cer-
tains groupes, presque un des maîtres de V heure. Le livre de M. Hémon,
Bersot et ses amis, prouve que, dans l'Université tout au moins, sa
mémoire n'est pas encore entièrement effacée. Mais là même il a paru
que, pour faire un ouvrage intéressant qui poitât son nom, il fallait
l'entourer de ses amis, dont plusieurs furent i lustres, et offrir au pu-
— 356—'^
blic, en le prenant pour centre, une « étude d'histoire morale collec-
tive. » L'énoncé des chapitres dont elle se compose donnera 1 idée de
son degré d intérêt : l.Un Collège royal sous Louis- Philippe. II. L'École
normale sous V. Cousin. 111. Le Ministère Ihiers, Cousin, Rtmusat.
IV. Un Prédicateur et un philosophe. — Lacordaire% Bordeaux. V.
Une enquête; devoirs et droits des fonctionnaires. VI. Entre deux
crises. — Versailles et l'élève Gréard. Vil. La Crise de 1848. — La
Liberté de penser. Vlll. Ernest Renan et Ernest Bersot. — Le Coup
d'État et le refus de serment. IX. L'Opinion. — Les Jeunes. — Pré-
vost-Paradol et Gréard. X. Les Années sombres. — La Revue de
l'instruction publique. — La Providence. — Rémusat et Havet. XL
L'Empire autoritaire. Saint-Marc Girardin et les Débats. — Nisard et
Sainte-Beuve. XIl. Les Débats et le Temps. — Edmond Scherer. XIII.
Le Libéralisme en action. L'ami de Montalembert et de Renan. XIV.
Le Ministère Victor Duruy. XV. La Fin de Cousin et de l'éclectisme.
XVI. Sainte-Beuve et l'Université. — La Chute de l'Empire. XVII.
L'Année 1870. — Bersot directeur de l'École normale. — Le minis-
tère J. Simon. XVIII. Le 24 mai et le 16 mai. • — Thiers. — Bersot
président de l'Institut. XIX. Une Accalmie. — Bersot administra-
teur et éducateur. — La ]\lort de Bersot. XX. Coup d'œil d'ensemble.
— Le Moraliste. — L'Homme. - — Cet ouvrage éclaire, en somme, de
façon intéressante, l'histoire contemporaine, politique et intellec-
tuelle, et l'histoire de l instruction publique en France. Il est écrit
sur pièces et, comme on dit, fortement documenté. L'auteur n'est
pas impartial. Ses jugements sont d'un libre-penseur anticlérical,
c'est-à-dire asservi à to\ites sortes de préjugés et de partis-pris. Mais
il est de bonne foi, en ce sens qu'il n'hésite pas à reconnaître le bien-
fondé de la résistance des catholiques ou de leurs inquiétudes en telle
ou telle circonstance. C'est ainsi, par exemple, qu'à propos du minis-
tère Duruy et des controverses que soulevèrent certains actes du
ministre, il n'hésite pas à nous dire : « L Église, à son point de vue,
n'avait pas tort. » Et il cite ce passage d'une lettre de Dui'uy à
Bersot (29 sept. 1875) : « Les jours du cléricalisme sont comptés.
La science le tuera, et c'est dans cette espérance que moi, un lettré,
j'ai employé tous mes efforts à développer la science. » 11 ajoute
même, forçant peut-être quelque peu l'intention réelle du correspon-
dant de Bersot : « Ce n'est pas trahir la pensée de Duruy que d'inter-
préter : « La science tuera le surnaturel » (p. 207). — Le stylo de M.
Hémon est d'assez bonne qualité, c'est-à-dire exempt de mauvaise
recherche, mais il est sec et parfois obscur. L'usage des prénoms
personnels ou des adjectifs possessifs y est souvent malheureux, par
exemple dans cette phrase : « Le secrétaire d'Olivier, Philis, présenta
Deroisin à son ancien maître » (p. 171), c'est-à-dire à Bersot, qui
— %1 ~
avait été le maître de Philis. Le tour à Isrendré était celui-ci : « Pbilis,
ancien élève do Bersot, comme nous l'avons dit (bien auparavant),
lui présenta Deroisin. » L'art d'écrire ne semble pas en progrès, même
dans l'Université. M. S.
Histoire «lu concile «lu Vnttean depuis sa preiuièi'c an-
nonce jusqu'à Ma prorogation, d'après Us dociimenis nuikeiiticpifs.
OMvr'pp (In P. Théodork Grandekath ; édite par le P. Conrad KmcH,
etlrafiiiit d« l'allemand par des religieux de \\ nnême Compagnie. T. II.
Seconde partie. La Co*i.xt{(i/tinn •< /ie Fid»". Catholica ». VAgitiUion extra-conci-
li'ih-p. Bruxelles, Dewit, 1911. iii-S de \\^ p. — Prix : 10 fr.
Nous sommes ici en possession de la seconde partie du tome second
de ce magistral ouvrage; c'est en réalité un volume tout entier de
près de 450 pages, avec sa pagination particulière, son index analyti-
que et sa table des matières. Les notes y sont aussi abondantes,
précises que par le passé et elles offrent un intérêt réel; nous y signa-
lerons (p. .373) une erreur assez pardonnable à l'auteur allemand,
mais que n'auraient pas dû laisser passer les traducteurs français : celui
qu'ils nomment : « un M. du Boys, vicaire général de l'évequo d'Or-
léans », est Albert du Boys, écrivain, ami iiitime de Mgr Dupanloup
(qui mourut chez lui, au château de Lacombe, dans l'Isère), mais
nullement entré dans les ordres.
Ce volume expose toute la discussion conciliaire (avril-mai 1870)
relative à la constitution de Fide Catholica et en donne le texi e latin
original et la traduction française (p. 158). Mais le grand intérêt se
trouve dans le récit extrêmement circonstancié et documenté sur
« l'agitation extra-conciliaire »; les chapitres sur la controverse du Père
Gratry en France, les attacfues de Dôllinger, l'agitation en Allemagne
et dans la Suisse allemande, l'opinion en Angleterre ont une impor-
tance historique de premier ordre; la production niatéricllf des docu-
ments suffit à permettre de juger les intentions, les caractères, les
procédés de ceux qui formèrent la « minorité » du concile; le rôle de
Mgr Strossmayer, en particulier, est très éclairé (p. 49, 147, 200, 282,
329); toute la conduite de Dôllinger nettement exposée. Sur l'opposi-
tion allemande, le P. Granderath possédait les moyens d'une docu-
mentai ion spéciale; pour ce qui a trait aux choses de France, il
s'appuie sur les pièces originales du concile et rend hommage au té-
moignage de M. Emile Ollivier. Le chapitre « Les Puissances et le
Concile » met bien au point la conduite des cabinets européens. Lés
intentions de M. Darù, en France; les ordres de Bismarck et surtout
les Scandaleux efforts de M. d'Arnim manifestent la vérité dans ces
mystères de la diplomatie d'alors. La lettre où M. d'Arnim conseille
aux évêques prussiens de la minorité dé se faire protestants (p.
419) est d'une ironie révélatrice, dans son insolence tudesque.
Q. PB G.
— 358 —
H ilrtirulo 11 de la €oiiiitituri«»n, por R. P. Venancio Maria
DK -MiMBGUiAGA. M;irreloii;i, Gili, 1911, in-lri de 2oG p. — Prix : 3 fr.
Tout le monde sait quelles luttes ardentes se sont engagées en Es-
pagne depuis quelque temps autour de la question religieuse. Sous
des influences soi-disant libérales, c'est-à-dire maçonniques, le pou-
voir a commencé à ejitamer le Concordat, et ses empiétements sur le
terrain religieux sont absolument inconstitutionnels, puisqu'ils vio-
lent l'article 11 de lu Constitution ainsi conçu : « La religion catho-
lique, apostolicfue et romaine est la religion d'État. La nation s'oblige
ù maintenir le culte et ses ministres. Personne ne sera inquiété sur le
territoire espagnol pour ses opinions religieuses, ni pour l'exercice
de son culte respectif, sauf le respect dû à la religion chrétienne.
Toutefois on ne permettra d'autres cérémonies ou manifestations
publiques que celles de la religion d'État. » Le R. P. de Minteguiaga,
prenant acte de ce texte officiel, combat pied à pied, point par point,
et démontre avec ime vigoureuse logique que le gouvernement ne
saurait, sans parjure, donner aux cultes hétérodoxes, ni à la prétendue
neutralité, des droits qui n'appartiennent qu'à la religion catholique.
Après avoir tiré toutes Içs conséquences qui découlent des principes
énoncés dans l'article 11, il attaque dans une seconde partie le fameux
retranchoment des ennemis du catholicisme, qui s'abiitent sous le ,
drapeau de la tolérance religieuse. Qu'est-ce que cette tolérance, en
tant que coîistitutiomielle? La propagande anticatholique, l'enseigne-
ment neutre, la liberté d'opinion religieuse dans l'Université, tout
cela n'est-il pas injuste, contraire au droit et condamné par la Cons-
titution? On devine facilement les conclusions de l'auteur. Les adver-
saires du catholicisme pourront ergoter; les arguments du P. de Min-
teguiaga sont irréfutables, puisqu'il se place sur le terrain du Con-
cordat... Mais si le Cc-ncordat vient à être dénoncé en Espagne avec
la même désinvolture qu'en France, que vaudra sa thèse, et que sera
son livre, sinon une énergique protestation contre le guet-apens de
la secte franc-maconne ? G. Bernard.
Bibliographie française, par FI. I.b Soudier. 2* sôrif, paraissant
par périories quinquennales. T. II. 'I90'>-190!). U' partie : A. -El: 2* iiartic :
I-Z. Paris, H. L'i Soudier, 1911, in-8 eu 2 vol. rie lu3.5 p. — Prix : 75 fr.
Sans revenir ici sur ce que nous avons dit déjà (t. CXII, p. 530-
532), à propos du t. I, de l'œuvre considérable et fort précieuse de
M. H. Le Soudier, nous rappellerons à nos lecteurs que la Bibliogra-
phie française leur offre les ouvrages de la librairie française classés
de trois façons difféi entes : sous le nom d'auteur, au titre, et sous des
rubriques ou mots souches, qui parfois peuvent être multipliés; en
d'autres termes, il est conçu de manière à renseigner son lecteur aussi
- 359 —
rapiaement et aussi sûrement que possible, soit sur un ouvrage de tel
auteur dont il connaît le nom, soit sur l'auteur de tel ouvrage dont il
connaît le titre, soit sur un ouvrage dont il connaît le sujet, tout en
en ignorant et l'auteur et le titre.
Nous ajouterons que ce nouveau volume est en progrès visible sur
le précédent; M. Le Soudier a tenu compte des observations ou des
desiderata qui lui avaient été formulés de côté ou d'autre. Il s'est
efforcé par exemple à grouper d'une manière plus complète les livres
sous les rubriques où l'on peut les chercher.
Ce n'est pas à dire que son travail soit à l'abri de toute critique;
M. Le Soudier a eu raison, croyons-nous, de tenir compte dans les
noms propres de l'article flamand, puisqu'il tient compte de l'article
français; mais il ne l'a pas fait d'une manière assez systématique :
on trouvera à l'article De Bâcher le t. IV des Institutions métaphysi
qiies spéciales du P. St. De Backer, et à l'article Backer (D.) le t. IV
du même ouvrage; des observations analogues peuvent être faites
pour MM. De Bast, De Heen, etc. On a souvent en France la mauvaise
habitude de classer les noms étrangers, les Anglais notamment, au
prénom; la Bibliographie de la France, qui est loin d'être un modèle
à suivre d'ailleurs, en offre les plus fâcheux exemples. M. Le Soudier,
sans doute pour faciliter les recherches, s'est conformé à ce mauvais
usage, en faisant généralement d'ailleurs un renvoi au véritable nom :
Conan Doyle est classé à Conan, 'D'mo'Compagni à Dino,^Hartmann-
Grisar à Hartmann^ Gezsi'Steuer à Geza, Washington Irving à Was-
hington."^W eut été"plus rationnel de faire l'inverse et de se contenter,
pour le prénom, d'un renvoi au nom. En agissant ainsi, à l'avenir,
M. le Soudier aidera, pour sa part, à déraciner chez nos compa-
triotes une habitude détestable, d'autant plus qu'une certaine auto-
rité s'attache naturellement à un livre aussi consulté que le sien.
Le classement devient encore plus défectueux quand il se fait au
nom fautif sans aucun renvoi sous le nom réel (J. Spencer Kennard
classé, sans renvoi, à Spencer).
Les rubriques prêtent encore matière à quelques observations; je
n'insiste pas sur les lacunes (au mot Bibliothèque, je ne trouve pas
l'ouvrage de feu T)Q\h\Q: Becherches sur la Librairie de Charles F, par
exemple); je sais trop, par expérience personnelle, combien il est difficile
d'échapper à des lacunes de ce genre. Il est plus étonnant de ne pas
trouver à la rubrique Mandchourie l'ouvrage de J. P. (non relevé non
plus à cet initialisme) intitulé : /?e5fo/?5 en selle. La Cavalerie russe et
la cavalerie japonaise dans la guerre de Mandchourie; il se rencontre
d'ailleurs et à la rubrique Cavalerie et à la rubrique Guerre russo-
japonaise.
C'est une erreur de relever à la rubrique Paléographie, les Lettres
— 360 —
de Jean XXII ou le Cartnlaire de Berdoues. Et la Diplomatique ou
scipnce des chartes et diplômes a été malencontreusement confondue
avec la Diplomatie.
Notre devoir de critique nous oblige à faire ces réserves et à relever
ces lacunes ou ces erreurs, dont nous pourrions allonger la liste. 11
nous est plus agréable et il n'est que juste, d'insister en terminant sur
l'utilité de ce répertoire, que nous avons personnellement mainte
occasion de consulter et qui nous rend de multiples services, que nous
nous félicitons d'avoir fait mettre dans la salle de travail des ihipri-
més de la Bibliothèque nationale à la disposition du public qui y
trduve un précieux instrument de recherches; il n'est que juste ausèi
de remercier M. Le Soudier du labeur considérable qu'il s'impose
pour mettre sur pied et tenir à jour ce travail qui lui mérite la recon-
naissance aussi bien du public tout entier que de ses confrères en
librairie dont i^ est le guide et le compagnon indispensable.
E.-G. L.
RTILT.ETÎN
Saint Vincent db Paul. Lettres ciiol*îes. publiées d'après le"? manus-
crir.s. Introduction et notes php Pibbrk Costë. P^r'.s. B oiid, I9ll,in-1G le
64 p. (Col eotioii Sci-.nce et Religion). — Pris : 0 fr. 60.
. En attendant une réédition complète de la correspondance de saint
Vincent de Paul, M. Pierre Coste, prêtre de la Mission, a eu raison de
nous donner ces trente-six lettres, dont plus de trente sont inédites et un
grand nombre datée? de- 1631 à 1660. On y trouve non seulement des
détails intéressants sur les oeuvres organisées par le saint, et un St'le
qui ne manque pas de saveur ni parfois de finesse, mais encore des traits
qui caractérisent bien sa belle Ame, comme l'éloge delà mainte simplicité :
■ — « C'est, dit-il, la vertu que j'aime le plus et à laauelle je fais le plus
d'attention dans mes actions » — • ou encore ces conseils aux prêtres de la
Mission : « Tra -aillons hnmidenxent ... Sinon, vous ne fere'. que du' bruit
et d'-S fanfares et peu de fruit. » Baron .\ngot des RotourS.
L.e Cardinal l'îe. Discours choisie, avec nue Introduction, de.*; notices et
des notes, par l'abbé Paul Halflants. Bruxelles, Keller, s. d., [1911j
petit in-8 de 1«0 p. — Prix : 1 fr. ï>0.
Dans l'œuvre magistrale du cardinal Pie, on a choisi, comme des m.odèles
de sa science théolrgique et de son éloquence épiscopale, sept « Discours »
qui offrent tous un intérêt partici'.lier : X'ne Allocution aux jeunes gens du
cercle catholique de Poitiers: une Instruction pastorale sur l'esprit de sacri-
fice; de longs extraits delà célèbre instruction synodalo : «Sur les j rinci-
pales erreurs du temps présent », donnée en 1855; un discours s"r Pome:
l'Éloge funèbre des volontaires catholiques morts pour la défense des
États de l'É'.dise (18601: le fameux mandement du V.i fé -rier 1861 qui
contenait l'allision terrible à Ponce Pilate ; enfin l'homélie prononcée
au couronnement de N.-D. de Lourdes, en juillet 1876, — On voit que
— 361 —
le fond et la forme de ces « choix » sont faits }>oiir sihfîTilièrement élever
l'âme et l'esprit du lecteur. Quelques notes encadrent ces citations élo-
qnentes et disent les circonstances au milieu desqi;elles ces paroles furent
prononcées. Prisse cette brochure donner l'envie et le soOt d'aller puiser
à la source même et de connaître plus à fond l'illustre et orthodoxe
prince de l'Église. G.
Aeclôii ie Ist mujei- en la vifis. social nor el R. P. IGNACIO CaSANOVAS.
Barcdiona, Giii, 1911, iii-16 de 176 p. — Prix : 2 (v.
Ce livre contient les quatre conférences données par l'auteur dans
l'église de Paint-Philippe, à Barcelone, de-ant une élite de dames de la
ville, sur l'iiiter.-ention de la femme dans l'action sociale. lèeligion,
moralité, action, in.^truction : lels sont les q^ ali'o svj' ts dév.-loppé' par le
conférencier, et subdi 'isés chacun en trois poii^ts. Voilà bien du féminisme
pratique! On fait en ce moment des enquêtes s-t l'ignorance religievse.
(t l'on signale volontiers des ca^iscs locales et di^'erses pour expliqi er ce
fléau, car c'est, h n'en pas douter, un redoutable fléau.. Fait-on assez
attention à ce fait qu'en détournant de sa mission éd^icatrice la femme,
qu'elle soit jeune fille ou mère de famille, la franc-maçonnoriech- rcho à
démoraliser et à déchristianiser la société? Le P. CaSanovas met le doigt
sur la plaie; ses conférences devraient être traduites, lues, propagées par-
tout. La femme a un rôle naturel à remplir; elle doit le garder jalouse-
ment; mais, pour combler les lacunes que l'é^■olution de la vie sociale a
produites dans l'éducation familiale, en absorbant l'homme dans la poli-
tique ou dans les affaires, il faut que la femme entre plus efTicacerrient
dans l'action, qu'elle élargisse son domaine d'éducatrice, qu'elle se pénètre
da *antage de l'inflvence qui lui est dé .'olue, en un mot, qu'elle forme
robustement et chrétiennement les âmes que Dieu lui confié. Il nous
Semble que là est toute là pensée du P. Casanovas, et l'on ne peut que
l'approuver. G, Bernard.
iftï'r IVominaliAnins in <lei- Fi-ûh-coia^iik. Eiri 'ieitrng ziir fl-s-
cfiichu de- Univr^nli'"^ /"'■"!?'' *" \'iltehil'e>\ nebat einern n»ue»i Tf.rt
Aufqiihe des '^'ieffi Rosclin an Abûlird, von Dr. Jos Keiners Ba d VIII,
Heit .^, d -s R>-if.>àtf'^ zn- G schichte 1er Philosophie des Miltelallers.) Mil st r,
Aschendorff, 19U», m 8 de 80 p.
L'auteur, à propos d'une nori-v-elle édition très soignée de la lettre de
Roscelin à Abélard, fait un historique très cre-sé du nominalisme dans
le haut moven âge. Il refuse de suivre les auteurs précédents comme
Franck, Hauréa^t, Cousin, qui veulent, s^r des te -ctes mal compris, faire
remonter le nominalisme j'isqu'au ix^ siècle, et il lexpliqne comment il se
présente dans Roscelin et dans Abélard. Il y a là des pages utiles pour
compléter les historiens accrédités de la scolastique. A. Cleryal.
COURTHOPE. London, Fr 'Wde ; Oxford Univcr.siry Pre <. 1911, in j<d>- 6p-
Cette mince brochure, pb's instructive que maint livré, est, comme celle
de ]\L Ker dont il a été parlé dan'^ notre p^'écéd'^nto li^i-airon (p. 1fi6) une
lecture faite à l'Académie britannique. C'est une vue d'ensemble sur l'his-
toire du roman, mais dont le roman du moyen âge forme le contre. L«
— 362 —
ï^am de roman (faut-il le rappeler? )désignait un ouvrage en langue romane,
c'est-à-dire vulgaire, par opposition aux ouvrages de largve latine qu'écri-
vaient les cîercs pour des lecteurs instruits. Les « romans » étaient offerts
d'abord comme des livres d'histoire, traduits (disait-on!) dv. latin: pi is
rimag*ination domina pour plaire au public, et ce furent des œuvres de
fiction. \\ harton assurait qi;e le modèle venait des Arabes et avait clé
un résultat des croisades. M. Courthope s'élève contre cette hypothèse,
mais, en ce qui concerne les récits d'an\our, revendique une part d'in-
fluence pour les romans grecs, connus de By/ance. L'élément celtiqie a
aussi une grande part, et encore aussi l'influence de la société féodale
dont les mœurs inspiraient ces romans et s'y reflétaient. Don guichotte
représente la réaction contre la domination de ce genre de littérature
poussé à l'extravaî?ance; et le roman moderne (tel surtout que l'Angle-
terre l'a connu) s'est attaché, par contraste, à décrire la vie réelle. —
Il est impossible de résumer en quelques mots une lecture qui est elle-
même un résumé : disons seulement que les grands faits de l'histoire
littéraire y sont présentés d'une façon claire par un maître en littérature
comparée. H. Gaidoz.
L.II !Vovol:« «iii Cliile'. Knsayo bibllo;i;B-âfic<> Mohie lit lit ei-atiii-st chi-
lenit (ediclôii del ccnttMiatio), por L. IgnaGio Silva. Santiago de
Chile, lyiO, imp. Barcelona, in 8 de 523 p.
La littérature nationale du Chili nous est relativement peu connue. Le
p. Blanco Garcia en a tracé une esquisse sommaire à la fin de son Histoire
de la littérature contemporaine espagnole, et quelques romans ont été tra-
duits en français, entre autres celui de A. Blest-Gana, intitulé : L'Idéal d'un
mauvais sujet { Hachstte). Aussi lo livre de M. Silva, qui nous donne
une liste de 4S9 ouvrages recueillis par lui au Chili, --st-il des plus intéres-
sants et des plus instructifs pour ce\ix qui étudient la langue espagnole et
l'iiistoire littéraire de l'Amérique du sud. Ce n'est pas seuUment un cata-
logue complet dis Nouvelles parues au Chili; des critiques ou analyses nom-
breuses, voire même des portraits d'auteurs, font de ce gracieux volume
comme une sorte de galerie littéraire où l'on peut se reposer devant les ta-
bleaux les plus remarquables, en ayant sous les yeux les indications néces-
saires pour bien les apprécier. Je ne me porte pas garant de chacune des
app'.'éciations émises par M. Silva; il faudrait pour cela avoir lu les ou-
vrages qu'il nous présente. Mais, au simple point de vue bibliographique, le
catalogue est fort complet, toutes les références sont données méticuleu-
sement, et le conservateur de la Bibliothèque nationale d" Santiago du
Chili a fait œuvre d'érudit judicieux, ce dont nous lui savons gré.
G. Bernard.
Ponipouiansi fOlbla), «an ««Ivadou»-. La Pompeï Uyéi-olse flî'CrllP et
dîssinéft par le colonel db Poitkvin db Maurbillan. Toulon, imp. régio-
nale, iy07, in-8 de xt-128 p., avec 1 portrait, 3 plans et 30 grav.
■."Eiiipiaeeineni d'oibi», par le même. Aix-en-Provence, 1909, in-8 de
Il p. (Extr.tils des Annales de Provence).
M. le colonel de Poitevin est un heureux homme. Après la publi
cation de S'ui premier travail, la découverte d'une inscription est sur-
venue, quic')nrirme singulièrement la justesse de ses conjectures sur le
véritable emplacement de l'antique Olbia de Ligurie, colonie phocéenne
— :^63 — .
sur la situation de laquelle les géographes étaient loin de tomber d'ac-
ocrd. Cette inscription fournit la matière de la seconde brochure.
Il y a un peu de tout dans ce volume de Pomponiara, une lettre curieuse
de Méry à Alexandre Dumas, mais qui, comme document scientifique...
une reproduction et une description de la maison de Pansa, d'intention
éducative, un peu bien inattendue tout de même. Évidemment, l'auteur
n'est vas très familier avec le maniement et la mise en œuvre d'un appareil
érudit. Mais il se présente lui-même au lecteur avec tant de modestie
qu'il y aurait mauvaise grâce à insister. Remercions-le plutôt du zèle et
de la'libéralité avec lesquels il a dessiné lui-môme et reproduit plans,
vues, monuments et objets de toutes sortes se rapportant aux antiquités
des lieux dont il nous entretient. A. B.
i.ei» Hommes «le «leniain, par Rbné Bazin. Paris, J. diîGig'ir.l, 1912, in-8
de 31 0. {PubH:cHinns de la Société bihliogi-aphique). — Prix : 0 fr. ^rj.
La génération actuelle a-t-elle'fait faillite? Bien des fois cette question
a été posée et jamais elle n'a été résolue. A quoi bon d'ailleurs se livrer à
d'inutiles controverses? Songeons plutôt à la génération de demain. C'est
ce que fait M. René Bazin dans une brochure publiée par la Société biblio-
graphique, où vibre l'accent d'un chrj3tien et d'un Français, pour retrem-
per notre race, M. René Bazin voudrait que les pères de famille prissent
à coeur leur devoir. In trop grand nombre de nos compatriotes, et les
meilleurs, le négligent. Le comte de Falloux, dans un discours sur
'( l'Unité nationale » disait, en 1880, quel'éducatio.n de l'enfant se fait sur-
tout au foyer domestique. « Si, disait-il, le collège é'ait U régulateur de
toute la vie, comment expliquerait-on le contraste frappant qui existe
entre deux siècles où l'éducation appartenait exclusivement aux corpo-
rations religieuses? Au dix-sep tiême siècle, tout demeure chrétien; au
dix-huitième siècle, tout devient impie, et cependant ce sont les ora-
to riens et les jésuites qui élèvent successivement la génération du grand
règne et la génération de l'Encyclopédie, Voltaire en tête. « M. René
Bazin partage l'avis de M. de Falloux et tient comme lui, par dessus
tout, à l'éducation du foyer. « Je voudrais, dit-il, qu'à la maison l'enfant
n'entendît pas parler légèrement de ce qui est grave et ne fût pas exposé
à voir détruire en lui-même et par sa propre famille les idées nobles, les
idées saines qu'il reçoit au collègti... Je voudrais que le père fût. dans
cet intime de la faniille, le constant professeur d'énergie et qu'il n'eût
pas seulement le souci de la vérité, mais celui de l'indépendance et de la
constante noblesse de l'enfant. Je voudrais, dit-il encore, que le père mît
son enfant en garde contre la fureur des sollicitations qui estla mendi-
cité la plus répandue et la seule contre laquelle on ne fait rien; je voudrais
qu'un jeune homme ait l'ambition non pas tant des carrières libérales que
des carrières libres ». Dieu fasse que cette vaillante parole soit entendue !
Oscar Hayard.
NÉCROLOGIE. — Un deuil cruel vient de frapper la marine française
et tous les catholiques de notre pays. Victime d'un accident banal, le vice-
amiral de Cuven-ille est mort à Paris, le 15 mars, à ITge de 78 ans. Né
à Allineuc (Côtes-du-Nord),'au château de la Portedohain, le 28 juillet
. — 364 —
1RÎÎ4, M. .Tilles-Marie- Armand Cavelikh de Cuverville fit ses études à
Rennes et à Paris, pnis entra dans la marine en 1850. ^Aspirant en 1852,
lie-itenant de vaisseau en 1860, capitaine de fré.Erate en 1870, capitaine de
vaisseau en 1878, il fut promu a'i ?rade de contre-amiral en 1888 et à celiii
de vice-amiral en 189n. T^lessé de-aut Sébastopol et mis à l'ordre du jour
pour sa belle cond"ite, il servit ni us tard comme aide de camp de l'amiral
de nuevdon à l'escadre du Nord. Il commanda en 1876 la station navale de
la Manche et fut nommé en 1878 attaché na-al à l'ambassade de France
^ Londres. En 1885, on le trouve à la tête de la di -ision na-.-ale de l' At-
lanti-^ue sud et, en 1890. il réce^'ait le commandement en chef de la divi-
sion de l'Atlantique nord, ce qui l'amena à diriger l'expédition du Daho-
mev et à sic:ner un traité a-ec le roi Béhandn. En 1896, il commande
l'escadre de réserve de la Aléditerranée: il devient, en 1898, inspecteur
rénéral de la marine, et, de 1894 à 1899, il remnlit les fonctions de chef
d'état-majordelamarine. nel«61à 1868.il a^-ait été professer à l'École
na^-ale. É'u s4nate".r dans le i^inistère en 1901, réélu en 1903, il avait échoué,
faute de quelques voix, au derniet* renouvellement. Nous avons à peine
besoin de rappeler, tant la chose est connue, nue ne néTli<îeant aucune
occasion de professer sa foi, l'amiral de '"ii'.'erville n'a cessé de protester éner-
sifTuementcontreles attentats dont l'ÉTlise est --ictime dans notre na-s, D'un
autre côté, le nom de cet habile technicien restera inséparable de l'histoire dfe
notre marine qu'il a tant contribué à perfectionner non scdement par la
façon dont il a exercé ses di-ers commandements, mais aussi par les nom-
breux ouvra^res qu'il aécrits, princinalementsurl'artillerie navale. Parmi eUx
nous citerons : La Marine des Etats-Unis avant la guerre et la marine
actuelle, traduit de l'anglais de Donald Mickav (PaHs, 1865, in-S]; — Les
Bâtiments cuirassés (Paris, 1865, in-8); — L'Artillerie navale aux Etats-
Unis (Paris, 1865, in-8); — Cours de tir. Etudes théoriques et pratiques
sur If s armes portatives f Paris, 1864, in-8); — Le Canon de quinze pouces
des États-Unis, traduit dé l'anglais (Paris, 1866, in-8); — Appendice aux
études théoriques et pratiques sur les arp?es à jeu portatives (Paris, 1867,
ln-8); — • Considérations pratiquas sur Vemnlni de V artillerie rayée. Les
cuiraffiés et l'artillerie, traduit de l'anf^lais d'Oweh (Paris, 186'', ih-8): —
La Marina des États-Unis, trad^'it de l'anglais de Velles (Paris, 1867,
în-8): — Ètitde sur la pêche côtière (Paris, 1868, in-8); — La Pèche du
corail sur les côtes de l'Algérie (Paris, 1875, in-8); — La Science de la
co'i^triintion du navire considérée dans ses "rapports avec les lois de là na-
ture (Paris, 1875, in-8); — Progrès réalisés par l'artillerie navale de 1855
à 1880; coun d'œil d'ensemble (Paris, 1881, gr. in-8); — Expériences sur
le filage de l'huile, faites à bord de « la Naïade » du ^ au 9 novembre 1891
(Paris, 1893, in-8); — Le Canada et les intérêts français (Paris, 1898,
in-12); — Les Leçons de la guerre. Port- Arthur, Tsoushima. Ce qu'il faut
à la marine (Paris, 1906, in-l'>1. Plusieurs de ces otivrages sont exti'aits
dés re 'ues sui^'antes dont l'amiral de Cuver -ille était utl zélé collabora-
teur : la Revue maritime et coloniale, les Annales du génie civil, le Journal
des sciences militaires et le .Tournai des arm^s spéciales.
— '^T. Philinne Berger, l'éminent orientaliste, membre de l'Institut,
est mort à Paris. nresaues"bitement. le l't mars, à 66 ans. Appartenant
à une famille nrotestante d'Msace qui a donné de nombreux savants à
notre na'-s. il était né h P,eaucourt (TTaut-Phîn\ le ,15 septembre 1846.
\nr(^s avoir terminé ses études à la Facrlté de théologie protestante de
Strasbourg, il devint, en 1873, auxiliaire de l'Académie des inscriptions
— cWo —
et belles-lettres pour la rérlaction du Corpus inscriptionum scmiticanim.
L'année suivante, il fut nommé ^du; -b biioUiécaiie de l'ii.stiti t et, en
1877, il fut chargé du cours d hébreu à la Faculté du théologie de Paris.
Après la mort d'Lrnest Ken an, la chuirv d'hébreu que celui-ci oc<i pait
au Lollège de France lui fut confiée, et c'est encore à Ftenan qu'il siccéda
lorsqu'il fut élu, en 1892, membre de l'Académie des inscriptions et bel-
les-lettres. M. Philippe Berger laisse de nombreux et importants ouvra-
ges. Voici ceux qui nous sont connus : Les Ex-volo du temple de Tanit
à Carthage. Lettre à M. Lenormant sur les reprcsentations figurées des
stèles puniques de la Bibliothèque nationale (Paris, 1877, in-4); — Tanit
Pené-Baal (Paris, 1877, in-8); — Israël et les peuples voisins (Paris, in-8,
1878); — L'Ange d'Astarté, étude sur la seconde inscription d'Oum-el-
Awamid (Paris, 1879, in-4); — L'Écriture et les inscriptions sémitiques
(Paris, 1880. in-8); — La Trinité carthaginoise. Mémoire sur un bandeau
trouvé dans les environs de Batna (Paris, 1880, in-4); — Notice sur les
caractères phéniciens destinés à l'impression du « Corpus inscriptionum
Semiticanmi » (Pstris, in-8, 1880); — Le Mythe de Pygmalion et le dieu
Pymée (Paris, 1880, in-8); — Les Généalogies de la Bible (Paris, 1879,
in-8); — L'Exposition de la cour Caulaincourt au Louvre (Paris, 1881,
in-8), avec R. Mowat, R. Cagnat, etc.; — La Phénicie (Paris, ISbl, in-8);
— Note sur les inscriptions puniques rapportées d'Utique par M. le comte
d'Hérisson (Paris, 1882, in-8); — Les Inscriptions sémitiques et l'histoire
[Paris, 188.3, in-8); — La Nécropole phénicienne de Mehdia (Paris, 1S84,
in-8), avec Paul Melon; — Stèles trouvées à Hadrumète (Paris, 1884, in-4);
— Lettre à M. Alexandre Bertrand sur une nouvelle forme de la triade
carthaginoise (Paris, 1885, in-8); — L'Arabie avant Mahomet d'après les
ijiscriptions (Paris, 1885, in-8); — Note sur la grande inscription îiéo-puni-
que et sur une autre inscription d' Altiburos (Paris, 1887, in-8) ; — Inscription
néo- punique de Cherchdl, en l'honneur de Micipsa (Paris, 1889, in-4) ; ■ — His-
toire de récriture dans l'antiquité (Paris, 1892, in-8), ouvrage devenu classique
et qui a eu plusieurs éditions; — Notes de voyage de Paris à Alexandrie. L'E-
gypte, la Palestine, la Syrie; le Betou,r (Paris, 1895, in-8) ; • — ■ Mémoire sur la
grande inscription dédicatoire et sur plusieurs autres inscriptions néo-puniques
du temple d'Hathor-Miskar, à Maktar (Paris, 1899, in-4) ; — Musée Lavigerie
de Saint-Louis de Carthage. I. Antiquités puniques (Paris, 1901, in-4); —
Mémoire sur les inscriptions de fondation du temple d'Esmoun à Sidon
(Paris, 1902, in-4); • — Conférences faites au Musée Guimet, 1903-1904
(Paris, 1904, in-8); — Les Origines babyloniennes de la poésie sacrée des
Hébreux (Paris, 1905, in-12); — La Tunisie ancienne et moderne. Sou-
venirs de voyage (Paris, 1907, in-12); — Le Code d'Hammourabi, confé-
rence (Paris, 1907, in-12); — Un nouveau Tarif des sacrifices à Carthage
(Paris, 1910, in-8). M. Philippe Berger a donné en outre de nombreux
articles à des revues spéciales telles que la Gazette archéologique, le Jour-
nal asiatique, les Mémoires de la Société de linguistique, VEncyclopcdie des
sciences religieuses, la Bévue archéologique, les Comptes rendus de l'Acadé-
mie des inscriptions et belles- lettres et le Bulletin de l'Association scienti-
fique.
— Le docteur Antoine Imbert-Gourbeyke, né à Riom (Pu>-de-Dôme)
en 181?, et qui fut pendar t plus de civarar.te ar s professeur à l'École de
médecine de ( lermont-Ierrand, est mort dans cette ville, le 7 mars, à
95 ans. Au;ssi modeste que savant, cet homme mérite que son nom ne
tombe pas dans l'oubli, car il avait donné les preuves de ses grandes oon-
^ 366'-^
naissances médicales et de son admirable dévouement à l'Église dans un
nombre considérable d'articles de journaux et revues, ainsi que dans
une longue suite d'ouvrages très estimés, tels que : De l'Albuminurie puer-
pérale et de ses rapports avec Véclampsie (Paris, 1S51, in-8, réimprimé en
1856); — Mémoire sur Vaclion physiologique de l'huile essentielle d'oranges
amères (Clermont-Ferrand, 1853, in-12); • — t>es Paralysies puerpérales
(Paris, 1861, in-4); — - Recherches pour servir à l'histoire de la contracture
des extrémités (Paris, 1862, in-8); — • Etudes sur quelques symptômes de
l'arsenic et les eaux minérales arsenijères (Paris, 1863, in-8); —^Êloge de
Michel Bertrand (Clermont-P'errand, 1861, in-8); ■ — • Lectures publiques
sur l'homœopathie fuites au palais des Facultés de Clermont- Ferrond (Paris,
in-8, 1865); — Leçons sur le tabac (Paris, 1866, in-12); — Mémoire sur
l'ipecacuanha (Paris, 1869, in-12); — De l'Action de l'arsenic sur la peau
(Paris, 1872, in-8); — Les Stigmatisées I. Louise Lateau de Bois d'Haine,
sœur Bernard de la Croix, Rosa Andriani, Christine de Stumbele. II.
Palma d'Oria, examen de la thèse rationaliste, livre historique des stigmati-
sées (Paris, 1873, 2 vol. in-12); — De l'Action de l'arsenic sur le cœur (Pa-
ris, 1874, in-8); — De la Mort de Socrate par la ciguë, ou Recherches bota-
niques, philologiques, historiques, physiologiques et thérapeutiques sur cette
plante (Paris, 1875, in-8); — Mémoire sur l'arnica montana, suivi de quel-
ques remontrances à M. le professeur Fonssagrives (Paris, 1877, in-8); —
Des Suites de l'empoisonnement arsenical (Paris, 1881, gr. in-8); — Re-
cherches sur les Solanum des anciens (Paris, 1884, in-8); — • Histoire de
l'aconit (Paris, 1874, in-8); — La Stigmatisation, l'extase divine et les mi-
racles de Lourdes. Réponse aux libres- penseurs (Paris, 1894, 2 vol. in-8); - —
L'Hypnotisme et la stigmatisation (Paris, 1899, in-16).
— ■ Le baron Rochus von Liliencron, le doyen des germanistes alle-
mands, est mort à Bonn, le 5 mars, à 92 ans. Né à Ploen (Holstein), le
8 décembre 1820, il suivit les cours de philologie et de droit aux Univer-
sités de Kiel et de Berlin, puis se rendit à Copenhague pour y étudier
les antiquités Scandinaves. Quand la guerre des duchés éclata, en 1848,
il fut nommé secrétaire du bureau des affaires étrangères du Holstein,
puis envoyé à Berlin en qualité de chargé d'affaires des duchés et y resta
jusqu'en 1850. Peu de temps après, le gouvernement danois n'ayant pas
agréé sa nomination à la chaire de langues et de littérature Scandinaves
à l'Université de Kiel, il passa à l'Université d'Iéna où il enseigna la lit-
térature allemande. En 1855, le duc de Saxe-Meiningen l'appela pour lui
confier la direction de la bibliothèque de cette ville. Bientôt après, l'Aca-
démie des sciences de iMunich le chargeait de réunir et de publier les
chansons historiques de l'Allemagne du xv^ au xvi^ siècle, et, en 1869,
elle l'admettait au nombre de ses membres, puis elle le faisait entrer
dans la Commission chargée de publier V Allegemeine deutsche Biographie.
En 1876, il retournait dans l'Allemagne du nord et se fixait à Schleswig
où il devenait directeur du pensionnat des demoiselles nobles. Parmi les
ouvrages que laisse M. de Liliencron, nous citerons : Zur Runenlehre
(Halle, 1851, in-8), avec Î^I. MuUenhoff; — ■ JJeber die Nibelungenhand- ■
schrifte (Weimar, 1856, in-8); — Historische Volkslieder der Deutschen
(Leipzig, 1885-1889, 4 vol. in-8); — Deutschcs Leben im Volkslied (Stutt-
gart, 1885, in-8); — Die horazischen Metren in deutschen Kotyipositionen
des XVI Jahrhunderts (Leipzig, 1888, in-8); — Liturgisch-musikalische
Geschichte der evangelischen Gottesdienste von 1523 bis 1700 (Schleswig,
1893, in-8); — Aufgaben des Chorgcsangcs im hcutigen evangelischen
I
— 367 —
Gottesdicnste (Oppein, 1895, in-8); — Frohe Jugendtage. Lebenserinnc-
rungen. Kmdcrn und Enkeln crzaelht (Leipzig, 1902, in-8); — iVie man
in Anuvald Miisik macht. Die sùebcnte Todsilnde. Zwei Novellen (Leipzig,
1903, in-8).
— On annonce encore la mort de MM. Auge Chiquet, maître de con-
férences de littérature française à la Faculté des Lettres de Llermont-
Ferrand, mort en cette ville à la fin de mars; — l'abbé Auguste Beaume,
professeur de théologie morale au grand séminaire d'Ajaccio, mort en
cette ville, à la fm de mars, à 55 ans; — -le président Bérard des Gla-
JEUX, conseiller honoraire à la Cour de cassation, qui laisse des Souve-
nirs du Palais, mort à Paris le 5 mars; — Félix Blumstein. ancien bâ-
tonnier de l'Ordre des avocats à Strasbourg et ancien bibliothécaire de
cette \ille, mort au commencement de mars, à 80 ans; — Maurice Bon-
voisin, dit Ï\Iars, le caricaturiste de talent qui a collaboré à nombre de
publications illustrées et notamment au Charivari et au Journal amusard,
mort en mars, à l'âge de 63 ans; — le D"" Georges Bougo.v, qui. dans
Vlntennédiaire des chercheurs et curieux, a écrit de nombreux articles,
principalement sur des questions d'histoire de la langue française, mort
à Paris en mars, dans sa 65^ année; — Eugène Dandiran, né à Paris
en 1825, professeur de théologie à l'Université de Lausanne, mort au
milieu de mars, à 87 ans; — Michel Dejussieu, ancien imprimeur, origi-
naire de Langres, mort dernièrement à Autun, à 92 ans, lequel apparte-
nait à une vieille famille qui, de père en fils, n'a cessé de s'adonner à
l'imprimerie depuis son invention; — Emile Devinât, directeur de l'École
normale d'instituteurs de la Seine, membre du Conseil supérieur de l'ins-
truction publique, mort à Paris, au miJieu de février, a 54 an«; —
Georges Dutailly, ancien agent de change, qui, devenu publiciste et
journaliste, avait été administrateur de VËclair et rédacteur financier du
Soir, de la Presse et de la République française, mort à Paris, au com-
mencement de mars; — Eugène Fore au, ancien rédacteur au Petit Jour-
nal, mort à Paris, au milieu de mars, à 45 ans; — François Gairol de
Serezon, avocat à la cour d'appel, maître de conférences à la Faculté
catholique de dr( it de Lyon, mort en cette ville, à la fin de février; —
le R. P. J.-B. Gerlach, provicaire de la Cochinchine orientale, qui a col-
laboré activement aux Missions catholiques, surtout de 1800 à 1901, mort
à Kontum (Annarn) le 29 janvier, dans sa 55" année; — G.-E. Gou-
NOuiLHOU, le doyen de la presse départementale, directeur- fondateur de
la Gironde et de la Petite Gironde, mort dernièrement à Nice, à 91 ans; —
Jean-Baptiste Habert, secrétaire général honoraire de la Faculté des
lettres de Toulouse, mort dernièrement à Lardcane, près de cette ville,
à 66 ans; — l'abbé Lafay, ancien directeur aux séminaires de Luçon,
du Puy, de la Ptochelle et de Paris, mort à la fin de janvier; — Léon
Landau, écrivain et critique littéraire, auteur de : Un Coin de Paris;
le cimetière gallo-romain de la rue Nicole; relation destinée à servir à V his-
toire de la ville de Paris (Paris, 1878, in-8), mort à Paris, au milieu de
mars; — Achille Le fort, professeur honoraire au lycée Corneille, à Ptouen,
ancien député socialiste de la Seine- Inférieure, mort le 8 mars, à 78 ans;
— Frédéric Lemoine, professeur au collège Rfllin, à J'ÉC' le alsacienne
et à l'École coloniale, qui a donné au Bulletin de la Socicté de géographie
commerciale de Par s de nombreux articles sur des questions géographiques
, et coloniales, mort à Paris, en février, à l'âge de 51 ans; —^Armand
Mandel, directeur du journal le Bulletin financier, mort à Paris, au com-
— 36« —
mencement de mars, à 70 ans; — l'abbé Frédéric Monier, directeur de
séminaire de 8aiut-Sulpice, mort à Paris, à la fin de mars, à 80 ar.s; —
Pagart d.'Hermansart, moi'l d<vnièi'> ment à Saint-Omer, à 72 ans,
auteur de : La Ghisle ou la coutume de Merville {Nord) 1451 (Paris,
18i>'-, ia-8); Les Cygnes de Saint-Omer. Fiefs et hommages. La Garenne
du Roi (Paris, 1887, iu-8); Saint-Omer en 1789 et la convocation du
tiers-état aux États généraux (Paris, 1888, iR-12), etc. — ^'ictor Qt;a-
TRE-SoLZ DE Marolles, ancien mapstrat, ])résident de la Corporation
des journalistes chrétiens, fondateur du journal la Corporation et à
q\ii l'on doit trois ouvrages historiques importants : La Vie du cardinal
Manning, les Lettres d'une mère et Vie de Maurice Meigtien, mort
subitement à Paris, le 10 mars, à 60 ans; — Raymond Saleilles,
professeur de léj;islation ci -ile comparée à la Faculté de droit de Paris,
auquel on doit notamment : Introduction à l'étude de droit civil allemand,
à propos de la traduction, française du « Bilrgerliches Gesetzbuch » (Paris,
1904, in-8); De la possession des meubles, études de droit allemand et
de droit français (Paris, 1907, in-8); Mdanges de droit comparé; ques-
tions diverses sur le droit de succession (Paris, 1910, in-8), mort à Beaune
(Côte-d'Or), dans le courant de mars, à l'âge de 56 ans; — Simon, jour-
naliste Orléanais, ancien rédacteur en chef de V Avenir du Loiret, m^ort,
au n.iijeu de mars, à Olivet (Loiret); — Jean- Antoine Vayson, qi;i s'oc-
cupait de f(ilk-lore et de traditions populaires et duquel l'on peut citer :
L'Ouvrière qui revient, légende locale (1901), mort à Abbeville, le 7 fé-
vrier, à l'âge de 83 ans.
— A l'étranger, on annonce la mort deMM.: Dr. Richard Andrée, géo-
graphe et ethnographe allemand, mort le 22 février au cours d'une ex-
cursion entre Nuremberg et îMunich, à 77 ans, leqi el laisse une longue
série d'ouvrages fort estimés, tels que : Der Kampf uni den Nordpol.
Geschichte der Nordpolfahrtcn, 1868-1882 (Biel feld, 1883, in-8); Allge-
meiner Handatlas in 120 Kartenseiten mit vollstaendigem Namenverzeichnis
(Bielefeld, 1886, in-fol.); Die Anthropophagie. Eine ethno graphische Studie
(Leip ig, 1887, in-8), etc.; — Dr Fritz Barth, professeur d'histoire de
l'Église à l'Université allemande de Bonn, mort en cette ville à la fin de
février, à 56 ans;— l'abbé Cattoir, vicaire de Saint-Sauveur, à Gand,
ancien professeur au collège de Renaix (Belgique), mort à Gand, le
13 mars, à Vî'ge de 39. ans: — • Dr. Paul Czermak. professeur de ph^ sique
à l'Uni -ersité a;;trichienne d'innsbruck, mort en cette ville au commence-
ment de mars; — • l'abbé Loris-Cabriel Gi.œckler, ancien curé de Stotz-
heim (Alsace^ qui laisse di -ers ouvrages d'histoire, tels que: Der Elsass,
Kurze Darstrllung seiner politischen Geschichte: A propos de la campagne
de César contre Arioviste; Un Faux Louis XVIJ, etc., mort à Nieder-
bronn (Alsace! le 26 décembre 1911; — Max Grosse, éditeur allemand,
mort le 26 février, à Halle-sur-la-Saale. à 6) ans; • — Dr. Hermann Hah.\,
privat-docent d'anatomie à l'I.'ni'-ersité de IMunich, mort en cette ville,
le 6 mars; — Bruce Home, directeur du Musée municipal d'Edimbourg,
archéologue distingué, a'\teur de di-ers mémoires parus "dans les Tran-
sactions de l'Edinb'Tgh Club, mort à Édimboi rg, le 22 fé-rier, à 82 ans;
— W. Parcourt Hooper, gra^-evr anglais de réputation, qi i a fourni de
fort nombre- ses ilb stratiors à di -ers ouvrages et surtout à Vlllustratcd
London News, mort dernièrement à 78 ans; — Heinrich Kaempchen,
ouvrier mineur et poète populaire allemand, mort le 2 mars, à Linden,
à 64 ans; — Je prince Andréas Kof assis «ffendi, gouverneur de l'Ile d«
— 369- —
Samos depuis 1907, assassiné a\\ milieu de dissensions politiques, dans
le courant de mars, à uG ans, lequel avait écrit en grec modcrjie des
livres iurt appréciés sur divers sujets d'archéologie religieuse, sur la mu-
sique orthodoxe, sur le st^le bj>/.autin dans les églises d'Orient, sur
hhakespeare, ainsi qu'un ouvrage en trois volumes sur la découverte
d<j l'Aniérique; — le Lr. A. H. Keane, ancien professeur d'hindou à l'Lni-
versité de Londres, qui a collaboré au Geographical Journal et à The
Academy, a donné au « Lompendium of Gecgraphy », de Stanford, diverses
monographies sur l'Asie, l'Afrique, les deux Amériques, a publié entre
autres ouvrages : jB.thi<oloqy (1896); Man Past and Présent {IS'J'J) et The
World's Pcople (1908) et a traduit en anglais plusieurs ouvrages français
tels que : La Terre et ses habitants, d'Elisée lieclus et la Linguistique,
d'iiovelacque, mort à liampstead, le 3 février, à l'âge de 77 ans; —
Dr. Otto KùBLER, ancien directeur du gymnase \\'ilhelia de Berlin, mort
le 6 mars, à «5 ans; — Joseph Michaels, professeur honoraire et direc-
teur des travaux pratiques de l'Écjle française de stomatologie, mort
dernièreiuent à 64 ans; — • Dr. Andréas Mohrmann, archéologue alle-
mand, mort à Constantinople, le 2ii février, à 77 ans; — \\ilhelm
Mrstik, poète tchèque, mort à Diwak, près de Brunn, en mars, à 49 ans;
— Georg NiEMANN, professeur de perspecti/e et de st\les d'architecture
à l'École des beaux-arts de Vienne, mort en cette ville, le 19 février, à
71 ans; — l;r. Heinrich Nissen, professeur d'histoire ancienne à l'Uni-
versité allemande de Jionn, mort en cette ville, le 29 février, à 73 ans;
— Don Bienvenido Oliver, savant historien espagnol, membre de
r « Academia de la historia », originaire de Tolosa, où il était né en
1837, mort à Madrid le 20 mars, à 75 ans, lequel était aussi connu à
l'étranger qu'en Espagne, grâce à ses remarquables travaux sur l'his-
toire du droit, notamment : Historia del derecho en Cataluna; Maliorca
y Valencia; El brève sumario del proyecto de Codigo civil de Alemani
y del proyecto de la ley para su planteamiento ; Libre de les costums gêne-
rais escrites de la insigne ciutat de Tortosa; — le Dr. José C. Paz, an-
cien ministre plénipotentiaire de la République Argentine à Madrid et
à Paris, fondateur et propriétaire du journal populaire de Buenos- Aires,
la Prensa, un des types du grand organe de publicité moderne, mort le
11 mars à Monte-Carlo, en France, à 69 ans; — le baron José Maria
DA SiLVA Paranhos, baron de Pao Branco, diplomate brésilien, qui
laisse, entre autres ouvrages : Esquisse de l'histoire du Bnsil; Histoire
militaire du Brésil et Histoire de la guerre de la Triple Alliance, traduc-
tion annotée de l'œuvre de Schneider, qui lui valurent un siège à l'Aca-
démie des lettres du Brésil et la présidence de l'Institut historique et
géographique de Pvio-de-J aneiro, mort le 10 février, dans sa 68^ année;
— Dr. Nicolas Sagoskin, écrivain russe, auteur d'ouvrages sur le droit,
mort en mars, à Saint-Pétersbourg, à 60 ans; — • Dr. Robert Schachner,
professeur d'économie politique à léna, mort en cette ville, en mars, à
37 ans; — Dr. Theodor Schreiber, directeur du Musée des beaux-arts
de Leipzig, ro.ort en cette ville, le 13 mars, à 64 ans, lequel a publié
d'importants ouvrages, notamment : Die Wiener Brunnenreliefs aus Pa-
lazzo Grimant. Eine Studie iiber das hellenistischc Reliefbild (Leipzig,
1888, in-4) et Die hellenistische Reliefbilder (Leipzig, 1889, in-4); — Ernst
ScHUR, écrivain allemand, mort à Gross-Lichterfelde, en mars, à 36 ans,
après avoir publié : Das Leben der Seele (Berlin, 1906, in-8); Betrachtun-
gen ueber die deutsche Kunst und Kultur der Gegenwart (Gross-Lichter-
AVRIL 1912. T. GXXIV. 24.
— 370 —
felde, 1O05, in-8); Das Leben dcr Scele (Berlin, 1906, in-8), etc.; — Dr.
r\icliard von Stoffel.\, professeur de médecine interne à l'Université
de \ ienne, mort en cette ville, le IG février, à 77 ans; — • Dr. Heinrich
Strack, ingénieur allemand, professeur d'architecture à l'École technique
supérieure de Berlin, mort en cette ville, le 17 février, à 71 ans; —
]\jme inua VON Troll-Borostyani, femme de lettres allemande, morte
à la fin de février, à Salzbourg, à 63 ans, laquelle a publié : Im jreien
Reich. Ein Mémorandum an aile Denkenden und Gesetzgcber zur Beseiti-
gung sozialer Irriumer und Leiden (Zurich, 1884, in-8) ; Die Gleich-
stellung der Geschlechter und die Beforni der Jugend-Erziehung (Zurich,
1888, in-8), etc.; . — ■ Dr. August Toepler, ancien professeur de physique
à l'École technique supérieure de Dresde, mort en cette ville, le 7 mars,
à 72 ans: — • Gustav ^^'ENDT, directeur du gymnase de Carisruhe, mort
en mars, à 85 ans, auquel on doit, en outre de traductions de plusieurs
tragédies de Sophocle, plusieurs ouvrages, tels que : Griechische Schul-
grammatik (Berlin, 1888, in-8); Gebrauch des bestimmten Artikels im
Englischen (Hambourg, 1887, in-4); Grundriss- der deutschen Satzlehrc
fur untere Klassender Gymnasien und Realschulen (Lahr, 1890, in-8), etc.
Lectures faites a l'Académie des inscriptions et belles-lettres. -
Le 1^'' mars, M. Cordier lit deux lettres deM. de Gironcourt, écrites au
cours de sa mission aux environs de Tombouctou. — Le 8, M. Pottier
donne lecture d'une notice de M. P. Paris au sujet de vases décorés
provenant du Musée du Bardo et du Musée de Saint-Louis de Carthage
et trouvés dans des tombes puniques. — MM. S. Reinach, Clermont-
Ganneau et Pottier émettent l'opinion que ces vases viennent de la Cy-
rénaïque. — ■ M. Psichari indique quelles sont, à son avis, les origines
sémitiques du mot Lambda, dérivant directement du mot hébreu lamed.
— • M. Clermont-Ganneau demande si le mot Beta a jamais pu se décli-
ner. — - 1\I. Th. Reinach croit à l'interposition d'une langue intermé-
diaire, telle que l'araméen. — Le 1.5, M. Héron de Villefosse parle des
fouilles exécutées par M. l'abbé Leynaud dans les catacombes d'Hadru-
mète et annonce que M. le duc de Loubat a bien voulu contribuer aux
frais de ces fouilles. — M. Gaston Lalanne décrit des bas-reliefs
découverts par lui sous une roche ayant fourni un abri à une popula-
tion préhistorique, à Laussel (Dordogne). — Des membres de l'Académie
s'intéressent aux explications données par M. Lalanne et demandent
des précisions. — M. Ph. Berger demande qx^e M. Psichari soit admis
à présenter de nouveaux détails sur son histoire philologique du mot
lambda. — M. le comte Durrieu parle de documents historiques décou-
verts et non publiés par le regretté M. Delaville Le Roiilx, relativement
à la correspondance échangée entre le sultan Bajazet et le grand-maître
des chevaliers de Saint- Jean, en 1495. — M. Cuq lit en seconde lecture
son travail sur un sénatus-consulte traduit en grec. ■ — M. Cagnat fait
remarquer l'obscurité, pour les Latins eux-mêmes, du texte de ce sénatus-
consulte. • — Le 22, M. Jullian lait observer que les découvert'-s deM. La-
lanne ont un caractère incontestable d'authenticité.- — M. S. Reinach dis-
tingue entre leur intérêt historique considérable et leur intérêt artistique
qui est nul. — Le P. Scheil revient svr la tal:)lette dont il a parlé antérieure-
ment et qui contient les noms des souverains de Tello.— M. Collignon lit
une lettre de M. Picard et de M. A.-J. Reinach sur des foiilles faites
par eux à Thasos en 1911. — M. Mayer Lambert fait une lecture inté-
ressant le genre des noms de nombre en langue sémitique. — Le 29,
• ^ 371 —
M. vVudollent décrit des sépulti^res gallu- romaines découvertes aux Martres
de \ eyrcs (Pu}-de-L( mei et les objets trcs Lien conservés qui y ont été
trouvés. — M. Déchelette présente une explication nouvelle d'un bas-
relief d'ancien art crétois relatif à des sacrilices. ■ — Plusieurs académi-
ciens échangent leurs vues à cet égard.
Lkctures faites a l'Académie des sciences morales et politiques.
• — Le 2 mars, M. Masson lit une étude sur le premier brouillon de \ Emile
de J.-J. Rousseau, en la possession de M. tabre à Genève et analyse
l'évolution de la pensée du philosoplie. • — M. Welscliinger exprime"^ le
souhait qu'une future édition de V Emile tienne compte de ce nouveau ren-
seignement sur la composition de Rousseau. — Le 9, M. A. Deschamps
lit un travail sur Aristote dans sa critique du communisme de Platon et
met en opposition les deux théories de l'État présentées par ces philoso-
phes. — Le 16, M. Lacour-Gayet lit une étude sur les progrès de l'ins-
truction primaire en Bulgarie. — Le 23, M. le comte Baguenault
de l=uchesse analyse une lettre inédite de Jacques Bongars, agent
fran(.ais en Allemagne, sur les projets d'iienri IV en ce qui concerne son
élévation au trône impérial. — Le 30, M. Lyon-Caen présente un mémoire
de M. J.-L. IMaillard concernant Bossuet qu'il dit être né à Franxault,
le 21 septembre 1627, et non le 27 septembre à Dijon, comme le porte
son aute de baptême. — M. J. Plach fait observer qi.e le dissentiment
entre Aristote et Platon au sujet de la communauté des biens ne fait pas
des deux philosophes les ancêtres des socialistes modernes, mais des soli-
daristes.
Balzac plagiaire. (?) — Tout de même, voici une singulière histoire :
Honoré de Balzac, sinon positivement accusé, du moins fortement soup-
çonné de plagiat On sait que, tout dernièrement (voir Polybiblion
d'octobre 1911, t. CXXII, p. 367), la « Renaissance du livre » a publié
un ouvrage inédit de Balzac, intitulé : U Amour masqué, ou Imprudence
et bonheur. Cet inédit^ nous a-t-on affirmé, avait été offert par l'auteur
à la duchesse de Dino, à. une date non précisée. Or, M. Pierre Lavedan.
ayant retrouvé dans le Magasin littéraire d'avril 1845 une nouvelle d'un
certain Moléri : Le Domino blanc, établit, en opposant les uns aux autres
divers passages de ces deux récits, non seulement la ressemblance ap-
proximative, mais la presque identité des textes. Le plagiat saute aux
yeux. Mais aucjuel des deux^ écrivains, du célèbre^ou de l'oublié, doit-on
l'imputer? A ce propos, , M. P. La\edan, à la fin^de l'étude qu'il! a pu-
bliée dans ]e. Mercure de France du 16 mars dernier (p. 299-309), sous le
titre : Balzac et^Moléri, ou le Curieux Dilemme, s'exprime ainsi : « S'il
ne ncus est pas permis encore de mettre en doutej l'authenticité de cet
« inédit », nous pou\ons du moins poser le dilemme suivant : Ou Moléri
ayant eu connaissance du roman de Balzac, l'a résumé et reproduit dans
ses parties essentielles et, dans ce cas, il n'y a plus d'inédit; ou Balzac,
ayant trouvé dans le Magasin littéraire la nouvelle de Moléri, s'en est
emparé pour la transcrire et l'amplifier; alors il n'y a pas davanta^-e
d'inédit; il n'y a plus qu'un plagiat ». — ■ On remarquera d'abord que
M. P. Lavedan ne semble pas absolument convaincu de l'authenticité
de l'écrit portant le nom de Balzac. Mais, s'il ne parvient pas à démontrer
que cet écrit est l'œuvre d'un faussaire, la question restera ouverte de
savoir si Balzac n'a été qu'un mauvais plaisant à l'égard de la duchesse
de Dino, peur laquelle il r 'aurait pas jugé nécessaire de se mettre en
frais, en somme un simple plagiaire, ou si Moléri (de son vrai nom Hip-
— 373 —
polyte- Jules Demuiière) a eu connaissance du petit romauMe Balzac et
l'a imité servilement. Problème qu'il ne sera pas très i'acile de résoudre.
Société française de bibliographie. — La Société française de
bibliographie, dont nous avons entretenu plusieurs fois nos lecteurs
(siège Social, 11;, boul. Saint-berniain; cotisation : 10 francs par an), vient
de laire à ses membres la distribution d'une Table alphabtVque des Mé-
moire!! du marqu:s de Sourchca, dressée i ar M. Léon Lecestre, archiviste
honoraire aux Archives nationales, le collaborateur et le continuateur de
M. de ijoislisle pour la grande édition de feaint-bimon et qui fait, comme
on sait, à l'institut catholique des conférences extrêmement appréciées
sur le xvii^ siècle. L'on ne peut guère s'être occupé du règne de Louis XIV
sans s'être vu obligé de recourir aux Mémoires dit^ du marquis de Sourches,
mine abt)ndant<j ae renseignements précis, d'une information toujours sûre.
On ne pouvait donc que regretter l'absence d'une table qui servit de
guide et de lil conducteur dans ces treize gros volumes. L'est un
service éminent que rend la Société française de bibliographie en don-
nant au public la table dressée jadis par M. Lecestre, bien que cette
table, composée dans un dessein très particulier et pour un usage spé-
cial, — celui du commentateur de Saint-bimon, — ne soit que partielle,
en ce sens qu'elle ne s'applique guère qu'aux noms de personnes : les
noms de lieux n'y figurant que lorsque de Sourchesy mentionne un évé-
nement remarquable (siège, bataille, etc.); les matières (Missions étrangères,
Ouragans), quand les Mémoires contiennent à ce sujet quelque rensei-
gnement notable. Telle qu'elle est, la table permettra d'utiliser une source
historique de premier ordre, plus qu'on n'a pu le faire jusqu'ici. — C'est
dans sa séance du 18 mars 19l:i, présidée yar M. Emile Picot, que les
membres de la Société ont reçu ce volume; ils ont en même temps en-
tendu une curieuse communication de notre excellent collaborateur M.
Henri Stein, qui est le secrétaire et l'âme de la Société dont il a été
le fondateur, sur la Famille Plantin à Paris; nous espérons que M. Stein
ne tardera pas à donner au public cette notice sur le gendre de Plan-
tin qu'il représenta — assez mal d'ailleurs — à Paris, et sur la vie
duquel il a réuni tout un ensemble de documents.
Bibliothèque de la Compagnie de Jésus. — ■ Nos lecteurs connais-
sent le vaste ouvrage entrepris jadis sous le titre de Bibliothèque de
la Compagnie de Jésus par les PP. Augustin et Aloys de Backer,
continus', complété et publié en neuf gros volumes in-4 par le
R. P. Carlos Sommervogel, dont le. nom est demeuré cher à cette
Revue qui, pendant longtemps, a eu l'honneur de le compter parmi les
membres de son Comité de rédaction. Une œuvre de ce genre « ne peut
jamais prétendre à la perfection », et « il est impossible, dit fort jus-
tement le p. Ernest- M. Rivière, qu'à travers les vingt mille colonnes de
cet immense répertoire, plus d'une lacune ne se soit glissée, plus d'une
erreur n'ait été commise ». Aussi, tandis que le P. Pierre Bliard, chargé
de continuer l'œuvre du P. Sommervogel, dont il a doté la première par-
tie [Bibliographie] d'un volume de tables, s'attache à mettre sur pied
la seconde partie IHisioire) qui comprend la refonte de l'ouvrage si in-
complet et pourtant si utile du P. (..arayon, le P. Ernest-M. Ri ière
s'est proposé, sans aucunement empiéter s r le domaine de son confrère,
de nous donner dans une série de fascicules des Corrections et additions
à la <f Bibliothèque de la Compagnie de Jésus », supplément au « De Backer-
Sommervogel », Le premier fascicule (Toulouse, chez l'auteur, 1, rue
— 373 —
Bop.lbonne, 1911, in-4 de xi p. et 3Scol.l nous retrace, clans son Intro-
d'iotin, l'histoire de la biblio'rraohie des PP. j'^sntos depuis Pibadeneira
jus{'i'à nos jours. Suiveat easiite quelques indications relatives à des
anonvmes*ou pse'idonvmes oublif'-s par le P. Sommervogel dans son
t. IX et des notices reotifioati^-es et complémentaires sur plus de 120 écri-
vains de la Compai^aie; le plus souvent, les écrits cités par le P. Ri-ière
sont décrits par lui de visu. Il est fort snihaitable que l'auteur trouve
un nombre de souscripteurs suffisants pour lui permettre de poursuivre
au.ssi rapidement que possible une œuvre aussi utile.
Bibliothèque de l'Institut catholique de Paris. • — Defuis qu»
^I. l'abbé Alarcel Lan<?lois a pris la direction de la bibliothèque de l'Ins-
titut catholiqne de Paris, il n'a non nés;fliî?é pour la perfectionner et pour
en faciliter l'usage. Fréquentée annuellement par environ 500 lecteurs, dont
les demandes de communications tant sur place qu'au dehors ont dépassé
du 15 octobre 1010 au rîl mai 1911 le chiffre de 2fi.000 — et dans ce
chiffre ne rentrent pas les ouvraîïes pris directement par les lecteurs
dans les sa'les de'tra-ail feUes contiennent environ 50.000 volumes) -■
la bibliothèque de l'Institut catholique est un centre intellectuel qui
n'est pas négligeable. Nous signalerons donc à nos lecteurs le très inté-
ressant guide que vient de publier M. Marcel Langlois : La BihlioiMque
de V Institut catholique de Paris. I. Renseignements préliminaires (Paris,
74, rue de Vuugirard, s. d., in-16 de 108 p.). Ils v trouveront des ren-
seignements nrécis sur la topographie des salles de tra 'ail, sur l'orien-
tation des recherches, sur les usages adoptés, sur le règlement en vigueitr,
S'ir la nature, l'imnortance et la provenance des collections, sur les cata-
log'ies et classements. Des listes des périodiques et recueils reçus par la
bibliothèque, de quelques incunables ot manuscrits qu'elle possède sont join-
tes à ce fascicule. En môme temns qu'il sera précieux à ceux qui fré-
quentent la bibliothèque, nous souhaitons au'il tombe entre beaucoup de
mains et qu'il insnire à de nombreux catholiques l'idée d'enrichir — •
nous ne disons pas simnlement de grossir — cet instrument de travail
destiné aux catholiques parisiens
Paris. ■ — • Sous ce titre : Les Aventures de deux splendides livres dlieu-
es ayant appartenu au duc Jean de Berrt/ (Paris, 1911, in-4 de 29 p.
Extrait de la Revue de Part ancien et moderne'^, M. le comte Paul Dur-
rieu nous donne une de ces monogranhies d'histoire de l'art, richement
illustrées d'après les monuments nriginaux, qui sont devenues le princi-
pal objet de son activité scientifique.
— Toujours fidèle à ses belles et curieuses recherches de r.jl'.dore,
do récits et de traditions comparés, M. Emmanuel Cosquin a enrichi son
œuvre à cet égard d'un nouveau travail : Le Cow^e du Chat et de la Chan-
delle dans l'Europe du moyen âge et en 0''ient (Paris. Champion, 1912, in-8
de 111 p. Extrait de la Homania, t. XL, juillet et octobre 1911).
— • Était-ce un Mercure, un dieu Terme ou un Esculape, était-ce une
effigie de Onillaume d' Vu^ergne, de saint Christophe ou de N.-S. Jésus-
Chrish. cette vieille statue énigmatiaue qui. jusque dans la première
moitié du xviTie siècle (e^'actement jusqu'en 1747), décorait le parvis
Notre-Dame? T'est la nuestion qu'après tant d'autres s'est posée M. A.
L'Esnrit et qu'il a étudiée dans son tra-'-ail intitulé : Le Jeûneur de
Notre-Dame (Paris, Champion, 1912, inrS de 80 p., a^ec fijL. Extrait
du Bulletin de la Société historique et archéologique du IV^ arrondissement
de Paris, « la Cité »). L'auteur, avec beaucoup de patience et une cer-
— 374 —
taine compétence à laquelle, cependant, nous aurions vodlu voir se
joiiidre'une critique plus serrée, a réuni tous les renseignements et les
nuiindres indications*^ qu'il a pu rencontrer dans les historiens de Paris,
aiiisi que dans les séries' icono<,Taphiqu es se rapportant à son sujet. Ses
recherches et ses comparaisons l'ont conduit à adopter l'opinion de
Tabbé Leb'-uf qui, dans la statue dite du « Vendeur de gris », voyait une
roprésentati"'n du Christ. Nou.s souscrivons volontiers à cette conclusion
et il paraît non douteux ([ue tous les lecteurs de l'intéressante brochure de
M. I/Esprit ne s'y rallient de même, rejetant une bonne fois toutes les
autres légendes que les croyances populaires avaient assignées à la statue
de « M. Legris ».
— Au même M. A. 1, 'Esprit l'on doit l'établissement des Tables dccen-
nnles (janvier 1902-décembre 1911) du Bulletin trimestriel de la Société
historique et archéologique du IV^ arrondissement de Paris, « la Cité »
(Paris, Champion, 1912, gr. in-8 de 54 p.). La brochure se compose ainsi :
I. Table des matières des six premiers volumes, disposées par volume.
II. Index des auteurs. III. Index alphabétique des 'principaux sujets
traités. IV. Illustrations (armoiries, numismatiques, enseignes, hôtels,
maisons, monuments, plans, portraits et vues). Ce travail rendra les recher-
ches très faciles dans les diA-ers tomes de cette collection, qui nous semble
a priori très intéressante.
— Entre autres conceptions gigantesqr.es de Napoléon I^"", dont sa
chute empêcha ou arrêta l'exécution, figurait un magnifique palais à bâtir
prtur le roi de Rome sur l'espace occupé aujourd'hui en partie par les
bUiments et jardins du Trocadéro. M. Paul iMarmottan, président de la
Société historique d'Auteui^-Pass-, a c.-imposé sur ce projet, son commen-
cement d'exécution et ses suites, une intéressante notice, appuyée de la
publication d'un dossier recueilli par lui aux Archives nationales et qui
« renferme la plus grande partie des lettres de Fontaine, l'architecte
d'^l'Empçivur, au baron Costaz, intendant des bâtiments de la Couronne,
relatives aux achats de maisons et terrains à Chaillot, à partir de
1811, pour l'érection du palais ». Ce travail offre un véritable
intérêt pour l'histoire de Paris et l'histoire administrative du premier
Empire : Le Palais du Roi de Rome à Chaillot (Paris, Chéronnet,
1912, in-8 de 80 p., avec un portrait de Fontaine et divers plans. Extrait
du Bulletin de la Société historique d' Auteuil-Passy).
— • Rome est au Pape. Vient de paraître, sots ce titre, une bro-
chure composée d'une quarantaine de dissertations en faveur du pouvoir
temporel, extraites des œuvres de Louis Veuillot (Paris, Lethielleux,
1911, petit in-12 de 127 p. — Prix: 0 fr. 60.) Lesévénements de 1870
donnent à ces pages un intérêt partiellement rétrospectif. Les catholi
ques n'en liront pas moins avec émotion les réflexions du grand écri-
vain qui sut traduire dans une langue vibrante les élans de la foi si
vive dont il était animé. M. Cerceau, qui a composé ce recueil, l'a fait
précéder d'une Préface oii 11 maintient les imprescriptibles revendications
du Saint-Siège.
— Les Catholiques au pouvoir et la liberté. Le Fait belge, est le titre d'un
opuscule dans lequel M. Manuol Lefranc réfute la thèse de l'intolérance
d'\s catholiques et donne comme prouve do sa fausseté le spectacle que
" >us offrent les catholiques au pouvoir en Belgique d'^pnis plus d'un quart
d ■ siècle. ^Paris. Maison de la Bonne presse, s. d., in-12 de v-41 p. — Prix :
0 fr. 25).
— 375 —
■ — TTn discours crue M. Louis Passy a p''ononcé le 22 mars 1911 a été édité
«m une brochure intitulée : Cent cinquanVème Anniversaire de la Société
nationale d'agriculture de France fPari.^, typ. P. Renouard, petit in-8 de
;'.0 p.^. C'ist un br.f mai'; excellent historique de la Société depuis sa
création fl^r mars 1761^ jusqu'à nos jours.
— Le même M. Loui ; Passy a fort bim retracé la vie et rappelé les œu-
vres du grand savant que fut Albert de Lapparent. Sa Notice sur la vie et
les travaux de Albert de Lapparent (Paris, typ. P. Renouard, petit in-8 de
43 p.), sera lue avec agrément par tout le monde.
— Nous signalerons simplement aux amateurs une nouvelle brochure sur
ce qu'il est convenu d'appeler « la question Louis XVII » : La Légende de
Naundorff. Essai de critique et d'histoire en réponse à M. le docteur T s chirch
par MM. Osmond et Henri Provins (Paris, Daragon, 1912, in-8 de 100 p. — •
Prix : 2 fr. .50). C'est encore, si l'on peut ainsi dire, une lance rompue en
faveur de Naundorff qui, pour l?s auteurs, était bi^n le fils de Louis XVI
évadé du T' mple.
— Les Boy Scouts, tel <>st le titre d'un travail que M. Paul Vuibert a
tiré à part df- la revue V Éducation (Paris, Vuibert, 1911, gr. in-8 de 22 p.,
avec 5 pi. hors texte. — Prix : 0 fr. 75). Cette luxueuse publication nous
apprend comment a été formée en Angleterre la singulière organisation
connue sous le nom de « Boy Scouts » dont 30,000 de ses membres ont été
passé.= en revue, par Georges V, le 4 juillet dernier. Elle nous renseigne
égal^m'^nt sur tous les détails de la vie et sur les exercices des enfants
embrigadés, lesquels promi^ttent de faire plus tard de bons soldats que nos
voisins d'Outre-Manche sauront apprécier.
— Préoccupé, après tant d'autres, de faire régner la paix universelle
entre les nations, M. Casimir Macieje\Aski s'attache à faire sortir cette
théorie généreuse du domaine de l'utopie. Il s'efforce de vaincre l'cbstacle
qui l'y a jusqu'à présent maintenue, en traçant le plan d'organisation
d'une armée internationale, à qui incomberait la charge d'assurer au
besoin l'exécution des sentences d'arbitrage {La Solution du problème
sur la paix universelle. Paris, Giard et Prière, 1911, in-18 de 12 p.)-
— M. ]\Iax de Nansoutv entreprend la publication d'une nouvelle série
&' Actualités scientifiques (Pa,ris, Boivin, s. d., 1912, in-iô de 348 p. —
Prix : 3 francs'!. Dans les 68 articles que l'auteur a écrits avec
son talent habituel de A-ulgarisateur," la majorité est évidemment
consacrée à des nouveautés scientifiques, mais il n'a pas craint de
rappeler des connaissances anciennes lorsque des applications récentes
leur donnent un regain d'actualité.
Anjou. — Jacques CatJwlineau, le saint de V Anjou (Il ^9-1793 ) (Paris, Bloud,
1911, in-18 de 63 p. Prix : 0 fr. 60) est une des plus nobles et des plus
sympathiques figuras de cette épopée que fut le guerre de Vendée : elle
valait d'être popularirée dans un p^tit livre moins imposant que le grand
ouvrage commencé par les abbés Deniau, continué par feu Dom Chamard et
terminé, récemment, par les seins de M. l'abbé Uzureau. C'est la tâche que
s'est donnée M. l'abbé Charpentier, professeur au collège de Beaupréau,
en plein pays des Maugos, où chaque village rappelle les prouesses de ces
soldats-paysans, soulevés pour défendre leurs croyances; sa profonde
connaissance des événements de 1793 lui a permis do dire, en quelques
pages accessibles à tous, ce que fut cet homme de guerre, loué par Napo-
léon, cet humble artisan, que ses vertlis firent appeler « le saint de l'An-
jou »_ par ses contemporains.
- ^76 -
x\uNis. — ivi. Geoi^es Mrsset, ai-cbiviste-paléographe, bibliothécaire de
la ville de la Rochelle, a mis en sorscription che?, l'éditeiîr A. Forcher
(1, rue du Palais, à la Ivochellel un important ouvrage : La Bonne
Ville de La Bochclle du présent au passé. Ce travail, dont le nom de
l'auteur garantit la valeur et l'intérot, formera un beau volume de luxe
grana in-'», ilb stré d'environ 160 gravures en phototvpie dans le texte
et hors texte d'après les procédés de la « Sadag » de Genève. Le prix de
souscription est de 25 francs. A la mise en vente il sera porté à 30 francs.
Bourgogne. — Vient d'être mis en distribution le tome XXX1X«
de la nouvelle série des M/moires de la Société éduenne (Antun, imp.
Dejussieu et Pemas-, 1911, Jn-8 de xxtv-^IF! p., avec 2 planches et ^ fig.).
A tous les points de vue, ce volume retiendra l'attention des historiens
et des érudits. L'indication des tra 'aux dont il se compose le prou-i-era
sans conteste : Une Fille de France reine de Navarre, à Uchon, d'après
une enquête de 1378, par M. A. de Charmasse (p. 1-22); — Les Députés
de Saône- et- Loire aux Assemblées de la Révolution (1789-1799). Conseil
des Anciens (suite et fln), par M. P. Montarlot (p. 23-107); — Catalogue
des incunables de la Bibliothèque publique d' Autun, par MM. C. Boëll et
André Gillot (p. 109-300): — Note sur l'église de Saint- Germain-sur-Cou-
ches, par M. Georges Valat (p. 301-320, avec une planche et 4 fig.); —
Note Sur une inscription votive à la déesse Tutela, gravée sur une hase
de statue trouvée à Autun, par M. R. Gadant (p. 321-331, a-ec une plan-
che); — Note sur un petit bronze d'Hélène et un aureus de Dioclétien, par
M. de Romis^.owski (p. 333-336); — Le Docteur François- Xavier Gillot,
notice biographique, nar AL \. de Charmasse (p. 337-3^'iS). A noter enfin
di -ers mélaTî'^^^ d'hi ■toi-'.>, d'a"d\éolog!.'!, de numismatique et de biblio-
graphie, signés de sinfioles initiales (p. 349-363), sa-'oir : Document inédit
concernant le château ducal de Montcenis; — ■ Indiscrétion sur le Pélican
de la fontaine Saint- Ladre; — Une intéressante Médaille de Constance II \
■ — La Sécular'sation de l'état-civil à Autun le 2 novembre 1792; — Les
Œuvres de l'abbé Bredault; — Un Prieur ignoré de Saint- Sernin-du- Bois \
■ — Jean de Torcy, seigneur de Mona.ji et d'Ode.
Dauphiné. — Les n°^ 3 et 4, juillet et décembre 1910, du Bulletin
de la Société dauphinoise d'ethnologie et d'anthropologie, nui terminent le
tome XVll^ de la collection, nous arri -ent en un se^d fascicule fc renoble,
imp. Allier, 1911, in-f^ paginé 75 à 2*^0 p., a^-ec gra-.). Pauf les tr^is nre-
mières pages remédies nar des sommaires de séances de la Société, tout
le reste du fascicule est occupé par une monogranhie importante, modos-
tement intitulée : Notes historiques et archéolo giqii.es sur Beauvoir en
Royans, par M. Aug. l^a^'ot. Ce tra^-ail, l'un des ulus intéressants que
le Bulletin ait publiés, est di-isé en huit chapitres : 1. Préface. Temps
préhistoriques. T^es Gadois et les Romains, etc. IL Le Château delphinal.
ni. Les Guerres de religion. IV. De la Ré-obition à nos jours. V. La
Paroisse. VI. Le ChAteau actuel. VIL Famille de P>eaumont. VIII. Les
Carmes. .Cette monograuhie est illustrée de pb-sicrs belles planches
(portraits et vues^ et d'un nlan de la localité- de pb'S, l'a^'teur a re-
produit, avec mi'sioue notée (p. 159-170), plusieurs des anciennes chan-
sons en faveur autrefois à Beauvoir.
Fra\che-Comtk. — M. ^enri Cordier est l'auteur d'un petit liA-re bien
écrit et qui ré-'c-le un >-éritable taleut d'obser-ation : Au Pays des .sapins.
Le Sapin. La Montagne {Fontarliev, imp. Emile Thomas, in-12de 168 p.).
En une série d'agréables esquisses, on pnétianes. on spirituelles, on d'al-
lure sériei'se et de sens positif, V. V. Tordier présente de jolies descrip-
tions s h-estrcs et donne d'intéressants détails d'histoire nat'. relie, on
bien il fournit des rer!seit,'nemer!ts plrs intéressants encore sur vn certain
nombre d'industries de la région dont il s'occupe: il. fait aussi de cu-
rienx tableaux de mneiTs et signale di ers usages loca""^: « le rhalet
de fromagerie » et « les Fermes de la montagne - font l'objet de denx
notices pb s importantes que les autres et ani retiendront l'attention;
qnelnues légendes et ])1usieurs "ienv contes montagnards n'ont point été
otibliés : ces derniers s'Ttou.t méritent d'être signalés anx philologues car
ils sont rapportés en patois, a-'-ec traduction française
— Sous le titre de Smiveinrs lùtprrires, M. Th. Tburiet a publié dans
la Pevue idéaliste et fait ers'ite tirer à part nne charmante causerie
oïl il est tour à tour nuestion de la vicomtesse de Hironde. de I amartine,
Louis de Rcnchaud, Xa-'-ier T\''armier, Féli- .Teantet et Fdouard Trenier
(Besançon, imp. Podi-ers, petit in-16 de 16 p.^. Fa^f la vicomtesse de
Gironde, sœur de Louis de Ronchaud, tous les personnages sus-nommés
sont connus, plus en m< ins, comme poètes, et l'auteur, à propos d'i:ne
visite qu'il fit autrefois à M^^^ de Gironde, qui haJiitait à Paint- [.npicin^
près de Saint-flaude du Jura, nous raconte de menus faits et nous rap
pelle des poésies charmantes de X. IV^armier, T^!. Grenier et T-. de Fon'"
chaud. Quant à la sœur de ce dernier, la "icomtesse de Gironde, \T. Thu"
riet nous la présente galamment son.s un ionr fort s ^mpathiai'e. H finit
par nous donner à son to^r me fort jf.lie poésie composée nar b'i à
Turin, le S. octobre 1*^07, intit'dée : Verft IHd-'nl, et dédiée à M™^ Tbu-
riet. Il serait à désirer que l'auteiir nous r ffrît quelque jo^r des Smn'evirs
littpraires pb's étend''S. A en juger par ceux consignés dans cette pla-
quette, ils seraient bien intéressants
— Un écri -ain qui signe Pierre i^elacomté (un pseudonyme, certaine-
ment, qui pourrait bien aussi Aoiler un ecclésiastique lettré et artiste)
vient de publier dans la collection des Contemporiins une biogra''>Me de
Gustave Courbet, peir'tre (1819-18771 (Paris, Maison de la Bonne Presse,
s. d., 191'.', gr. in-P de 16 p., a^ec 5 reproductions de tableaux). L'au-
teur a parfaitement saisi !a rb^ sionomie du ma'tn- d'Ornans. qu'il vul-
gariseainsi, plaoa'">t en é.-,al relief les ai'aMtés etlesdéfa^'ts du personrace.
Du st' le et de l'esnrit, de l'impartialité et de la vigue^T, voilà ce qui
recommande aux amateurs cette nouvelle et précise bi «graphie de Gus-
tave Courbet.
TtE-DE-FPANCE. — • M. l'abbé Fritsch, curé d« Villo-d'Avrav, public un
BuVetin paroissial dans lequel il con-^sacre quelques pagos à l'hi'^^toire
localo. Tl vient do les réunir en un p'^tit volumo (Vori^^aillos, imp Li'bon,
in-12 de 82 p.), intitulé : La Rhohttion française dans le canton de
Sèvres. Ce travail représente une g^and'^ somme do rochorchos faites dans
les archives paroisfialcs de la région; dps détails pittorcave.^ et même
nouveaux en font une lecture agréable pour tous ceux' qui s'intéressent à
l'histoire d^t la Révolution dans les environs de Paris.
Gascogne. — M. le chanoine Pantin a rech' rché dans les archives de
Tarbes les fouvonirsse rapportant à la Terreur blanche. On y voit qu'en
1815 un préfet qui voulait faire du ?.èle chercha à se signaler en démas-
quant quelque somb"e conspiration. A défaut d>^ conspiratours, il pour-
chassa un ehansonnier qui s'était amu;é à ses dépens. A Paris, on ne le
prit pas très au sérieux et en 1819 on lui donna un successeur. Cette petite
— 378 —
histoire ost racontée très agréablement dans une plaquette de 44 pages
iTarbos, imp. Lesbordes). Elle avait parii d'abord dans la /?f(7/e ^/r^ //a;/<es-
Pijrcnces.
Lorraine. — Une nouvelle série de Proverbes et dietonf^ r^cv^'Uis dans
le dr parlement de l'Aube par M. LoiJs Morin vient de para tre ^Iroves,
Grande Imprimerie, 1912, in-8 de 28 p. à 2 colonnes'. M Loui.'- Morin a
fait entrer dans son recueil tous les proverbes que lui ont révélés les
conversations tenues dans les milieux les plus divers ou qu'il a
rencontrés au cours de ses lectures. « Sans doute, déclare-t-il, la collec-
tion n'est pas complète, mais elle ne saurait l'être; il en traîne beaucoup
d'autres dans le langage des gens de campagne ». Cette intéressante bro-
chure ne cite pas moins de 11G4 proverbes, répartis en dix divisions,
plus un supplément important. Et, bien que la plupart d'entre eux se
retrouvent dans toutes les provinces françaises, ou à peu pKs, la pré-
sente oontributiin au folk-lore lorrain mérite d'être signalée ici et son
auteur loué pour la persévérance qu'il a mise à T-emplir la tâche qu'il s'est
miposée.
Poitou. — ■ 11 nous paraît à propos de signaler comme un document
intéressant à divers titres pour l'histoire dos idées, la notice intiti'lée :
Fête de la Croix de Charette à la Chabotterie (6 août 1911). Cette brochure
(Fontenay-le-Comte, imprimerie Henri Lussai'd, 1911, in-8 de 77 p., avec
grav. Extrait de la Revue du Bas-Poitou) est divisée en deux parties :
I. La Fête religieuse. II. La Fête rovaliste. Elle contient, outre le récit
de la fête, plusieurs discours et plusieurs pièces de vers.
Vendômois. — Quoique divisé en quatre trimestres, le tome L du
Bulletin de la Société archéologique, scientifique et littéraire du Vendômois
n'en forme pas moins un volume compact, à pagination continue (Ven-
dôme, imp. Launav, 1911, in-8 de 348 p., avec .3 planches et 5 fig.).
Nous allons mentionner les divers mémoires que l'on y trouve, en sui-
vant l'ordre trimestriel. 1^^" trimestre 1911 : Les Peintures murales de
Véglise de Lavardin,'pdX M. l'abbé Pilté (p. 12-31, avec 3 planches); —
La Pluie à Vendôme pendant la période décennale 1901 à 1910, par M.
Georges Renault (p. 32-43); — L'Inscription du Cambris d'Artins, par
M. P. Clément (p. 44-46, avec 1 fig.); — ■ Histoire du collège de Vendôme,
2e partie. Le Collège de 1792 à 1847, par M. G. Bonhoure (p. 47-76); —
Bibliographie de Loir-et-Cher, 1910, par M. P. Dufay (p. 77-90). -^ 2^ tri-
mestre : Notice sur la chapelle du prieuré des Essarts, par M. P. Clément
(p. 99-109, avec 3 fig.); — Vendôme, poème, par M. Edmond Rocher
(p. 110-112); — • Note sur une pierre molaire à rigole du Vendômois, par
^I. P. Clément (p. 113-115, avec une fig.); — Histoire du collège de Ven-
dôme, 2^ partie (suite). Le Collège de 1792 à 1847, par M. G. Bonhoure,
(p. 116-163). — 3^ trimestre : Essai sur l'histoire des comtes et ducs de
Vendôme de la maison de Bourbon. Louis de Bourbon {\?>9?.-ii^t6], V^'pa.T-
tie, par M. L.-A. Hallopeau (p. 181-232). — 4*^ trimestre : Le Compen-
dium de Pierre Bordier, de Lancé; quarante années d'observations météoro-
logiques (1741-1781), par M. Jean Martellière (p. 245-281); — La Fa-
mille de Lardière et son arbre généalogique, par M. R. de Saint- Venant
(p. 282-297); — Les Lacunes de la Chronique du chanoine Garaull, par
M. Jean Martellière (p. 298-302); — Le Lycée de Vendôme de 1847 ^^à 1870,
par M. G. Bonhoure (p. 303-339).
— 379 —
Belgique. — Le premier fascicule du Catalogue alphabétique des livres,
brochures et cartes de la Bibliothrque de V Observatoire royal de Belgique
(Bruxelles, imp. Hayez, 1910, in-.S de 192 p.) est formé de 1914 fiches.
Celles-ci, préparées et mises en ordre par le bibliothécaire M. A. follard,
contiennent toutes les indications d'i sage, clairement rédigées et dispo-
sées de la façon la plus heurevse. Les recherches seront faciles dans ce
catalogue, qui n'a pas été mis dans le commerce; il a été envoyé gra-
cieusement à tous les grands établissements scientifiques. Nous savons
que la direction de l'Observatoire, à Uccle, est toute disposée à réparer
les oublis dans les limites imposées par un tirage assez restreint. Tout le
monde reconnaît l'importance des catalogues scientifiques et leurs auteurs
sont assurés de la reconnaissance des savants; mais il ne suffit pas
qu'un livre existe, il faut l'avoir à sa disposition. L'achat par ses propres
deniers n'est pas toujours possible; on doit alors solliciter la bienveillance
de l'administration à laquelle on appartient (n'insistons pas). L'Observa-
toire de Bruxelles, par son geste généreux, a causé aux savants un plaisir
Sàus mélange.
Espagne. — La Vie de sainte Claire d'Assise, par le R. P. Léopold
de Chérancé, des Frères mineurs capucins, a obtenu un assez légitime
succès sous sa forme française pov.r que l'on puisse espérer qu'elle ne
sera pas moins goûtée sous le vêtement espagnol que lui a donné une
religieuse Clarisse, dont la modestie garde l'anonyme : Santa. Clora de Asis,
traduccion del froncés (Barcelona, impr. de Francisco J. Altés Alabart;
librairie Eugenio Subirana, 1911, in-16 de 237 p.). Sans revenir sur ce
que nous avons dit de l'ouvrage lors de sa première publication {Poly-
hihlion de mai 1902, t. XCIV, p. 420), œuvre d'édification et sans allure
scientifique, mais qui n'en repose pas moins sur une étude attentive et
raisonnée des sources, nous dirons que la traductrice espagnole s'est fort
bien acquittée de sa tâche; tout en respectant et rendant fidèlement le
texte du P. Léopold, elle n'a pas hésité, le cas échéant, à proposer quel-
q:ies rectifications : c'est ainsi cfn'elle indique (p. 10, n. 1) que l'opinion
a'îtuellement la plus autorisée sur le Spéculum perfectiouis n'est pas celle
qu'a adoptée le P. Léopold; c'est ainsi qu'elle conteste (p. 63, n. 1) ce
qui est dit du rôle d'Innocent III. On ne s'étonnera pas qu'elle ait cru
devoir compléter et préciser l'ou/rage français en ce qui regarde les cla-
risses espagnoles; elle a consacré à ce sujet tout un appendice, où elle
revendique pour l'Espagne l'honneur d'avcir eu des filles de sainte Claire
(Burgos, 1218) avant la France (Reims, 1220). Comme on le voit, l'édition
espagnole du livre du P. Léopold de Chérancé a son intérêt propre. Il
V a des fautes d'impression facilement réparables dans une nouvelle édi-
tion que nous souhaitons prochaine: M. Sabatier est écrit Sebatier, p. 168,
n. 2; Gozza Luzzi (p. 63, n. 3) est mis pour Cozza; Mgr Richard est
défiguré plusieurs fois en Ricard et Wadding en Wading.
Gr^ce. — Ce n'est pas seulement ^nous l'avons déjà constaté à plus
d'une reprise) de la France que s'occupe la Société de spéléologie; elle
étudie aussi avec un soin louable les « abîmes » des contrées étrangères,
tantôt en faisant connaître les résultats essentiels des recherches des
spéléologues nationaux, tantôt en publiant sur eux des mémoires origi-
naux. Tel est le cas pour le tra^-ail de M. N.-A. Sidéridès sur les Kata-
vothres de Grèce [Spelunca. Bulletin et Mémoires de la Société de spéléo-
logie, nO" 63 et 64. Paris, au siège de la Société, 1911, in-8 de 76 p.
avec 34 fig. et 4 planches) dans lequel on trouvera un intéressant exposé
— 380 —
d'ensemble de l'état précis des connaissances actuelles sur les gouffres
abs>rbaits (tel est le seis ecaot du mot grec Katavothres] de la partie
méri lima'e de la péai is île balkanique. Rie:i d'étonnant, par siite de la
nat ire gé ologipie du pa-s, à ce que ces gouffres v soient très nombreux;
riei d'étonnant non plus, par s lite de la coatemporanéité des recherches,
à ce qu'i'â S)ient encore à peine e^pl >rés. Aussi n'est-ce qu'un commen-
cemeitd'iiformationquedonneM. Sidéridèss irle'îrnipedes Kata -othres
du pourtour ,du lac Copaïs et sur celui des alentours- de Trip()lit:^a
en Vroalie; c'est pe i, dira-t-on. Sans doute, et néanmoins ce peu est
déjà beaucoup.
Italie. — A récemment paru : La Lisistrata di Aristofane, tradotta
in' versi italiani da Augusto Franf'hetti, con Introduzione e note di Do-
menico Comparetti (ilittà di Castello, Lapi, 1911, in-16 cartonné de
xxxrv-110 p.). i^es noms du traducteur et du commentateur suffisent
pour recommander àut érudits cette version italienne d'une des comédies
les plus effrontées d'Aristophane. -j
Suisse. — Les Sociétés s-ùsses d'histoire naturelle manifestent tou-
jours la plus grande acti -ité scientifique. Le Bulletin de la Société fri-
bourgeoise des sciences naturelles (Compte rendu 1909-1910, vol. XVIH.
Fribo'Tg, Fragnière, 1910, in-16 de 116 p., a-'-ec 1 portrait et 5 graphi-
ques^ contient plusieurs ét''des sur des sujets variés. Nous citerons de
M. H. Breuil : Un nouvel Homme fossile quaternaire; du D'' de Gandolfi :
La Chasse au Balaenoptera rostrata; du D*" F. L. Kohhraush : Le Ra-
dium: Sur rOrigine des cirques glaciaires, du D' G. Michel, etc.
Maroc — Au Cong'às di l'Vf'ïqi^ du no^'d qui s'est t^nu à Alg^r au
moi^. d'octobre 190R, M. Ch. Flené-Loclerc a adressé plusieurs communica-
tion^ relati.--^s au Marcc. Si qudques-unes do ces notes (l'Action française
au-delà d^ l'extrêm"'-sud marocain en particuli?r) n'ont plus guère qu'un
intérêt hi^^orique, il en va autrommt dos autres, en particuli'^r de colles
qui ont trait aux movpns do dévcloppeT* la situation économique de la
France au Maroc, à la sitaotion religieuse du pays, au commerce de Mélilla.
A signaler encore, au point ae xuf st'^ictHmmt géographique, un travail
sur Irts régions nord et sud de la frontière algéro-marocainfi. Il y a là, au
total, un ensrrinblo de courtes études q-ii, comm^ les autres publications de
M. Ch. R'^né-Leclerc, Stnt pleinos do faits; aussi convonait-il d'm .'signaler
ici la réuni(m en un m^m • fascicule (Congrès de /' Afrique da nord. Paris,
octob.e 1908. Tanger, impiim'^ria-librairia marocaine, gr. in-8 de 6-|-10
+ 5 + 3-1-13-1-6 p.).
États- Uxis. — Dans une récente li-raison de Spelunca, M. E.-A.
■Martel a présenté un bref aperçu d'ensemble des plus récents Water-
Suppli) and Irrigation Papers du Goological Surrey; il a ainsi montré,
non d'ailleurs sans énoncer quelques réser -es, comment rhvdrologie sou-
terraine est étudiée et comprise aux États-Unis, et quelle mine de ren-
seignements pratiques et scientifiques de la plus haute valeur et du plus
p'-issant intérH constituent les fascicules de cette série de monographies,
accompagnées de cartes et d'i'l- strations admirables iV Hydrologie sou-
terraine aux Èuw^-Unis. Sp''lunca. Bulletin et M moires de la Société de
sp'U'ologie, n° 59, Paris, au siège de la Société, 1910, in-8 de 34 p.).
Publications nouvelles. — Histoire des dogmes dans ^antiquité chré-
tienne, par J. Tixeront. T. III. La Fin de l'âge patristique (in-12, Lecof-
— 381 -
fre, Gabalda). — Le Dogme, source d'unité et de sainteté dans VÉglise,
par b.-A. de Poulpiquet (iu-16, Lluud). — Entntiens sur VLucharistie,
par Mgr de bibergues \iii-i6, J. de cigord). — Lettres à un étudiant sur
La sainte LucharLstie, par L. Labauclie (in- 12, Bluud). — Liéments d'apo-
logétique. 111. Objections et problèmes, par J.-L. de la Paquerie (iii-16,'
Bloudj. — La Marque du véritable Anneau, par le l/"" A. von Kuville;
trad. de l'allemand par u.-G. Lape^, re et P. û^ai-ry (iu-J6, Leauchesue).
■ — Lettres spirituelles de Sebastien Zamet, cvéque~duc de Langres, pair de
France, publiées avec une lutruductiun et des notes par L.-I\. Prunel,
et précédées des Avis spir'tuels du même prélat (in-b, A. Picard et lils).
— Nouveaux Mtlanges oratoires, par M. d'iiulst. X. Retraites (in-S, J.
de Gigordj. — Traité de la paix de l'âme (source du combat spirituel),
par le P. J. Bonilla; trad. française par le P. Lbald d'Alençon (in-18,
J. de Gigord).- — La Vie mciUeure par la prière, par P. Ladet (in-16,
Bloud). — Le Mois de Marie, par Mgr LadoJle (in-'16, Lecullre, Ga-
balda). — Le Cœur vaillant, par l'abbé L. Lenfant (petit iii-lb, J. de
Gigord). — La Lurete du cœur, par l'abbé L. Leulant (])etit in-18, J. de
Gigurd). — ■ La Royauté du cœur, i>ar l'abbé L. Lenlai^t {]jetit in-18, J.
de Gigord i. — Prière et silence; simples miditations pour chaque jour du
mois, par V\'. Monod (in-16, lischbacher). — Étude critique sur la tutelle
des mineurs en droit comparé, par K. de la Grasserie (in-12,Libr. génér.
de droit et de jurisprudence). — Comment, avec la loi, la femme peut
protéger ses biens, sa fortune, son libre salaire, les produits de son travail,
ses épargnes, sa famille, par C. Guillard (in-8, Giard et Brière). — La
Crise du libéralisme en matière d'assistance, par G. belprat (in-8, Giard
et Brière). — La Philosophie du langage, par A. Dauzat (in-18, 1-lamma-
rion). — Les Concepts de la raison et les lois de l'univers, par E. de Ro-
berty (in-16, Alcan). — Identité et réalité, par E. Me\ erson (in-8, Alcan).
— Initiation philosophique, par E. Faguet (in-16, Hachette), — Mtlan-
ges de philosophie relativistc, contribution à la culture philosophique, par
G. Simmel; trad. de l'allemand par M"^ A. Guillain (in-8, Alcan). —
Comment vivre? Pourquoi vivre? par l'abbé J. Airaudi (in-12, J. de Gi-
gord). — Arthur Schopenhauer, par E. Seillière (in-16, Bloud). — Une
Grave Question de l'éducation des jeunes filles. La Chasteté, par F. Har-
mel (in-16, Perrin). — Esquisse d'une éducation de l'attention, par J.-J.
Van Biervliet (in-16, Alcan). — Enseignement de Léonce Couture (gr.
in-8, Toulouse, Privât; Paris, Champion). — Neutralité et monopole de
l'enseignement, suivi de l'état actuel de l'enseignement du latin, par V.
Basch, L. Blum, A. Croiset, G. Lansor, D. Parodi, T. Reinach, F. Lévy-
Wogue et R. Pichon (in-8, cartonné, Alcan). — Le Bilan du protection-
nisme en France, par G. Schelle (in-18 cartonné. Alcan). — L'Appro-
priation du sol. Essai sur le passage de la propriété collective à la pro-
priété privée, par P. Lacombe (in-8, Colin). — Le Prolétariat interna-
tional. Etude de psychologie sociale, par R. Broda et J. Deutsch (in-18,
Giard et Brière). — Les Produits coloniaux; origines, production, com-
merce, par G. Capus et D. Bois (in-18 cartonné, Colin). — Forme, puissance
et stabilité des poissons, par F. Houssay (gr. in-8, Hermann). — Pro-
priétés optiques des muscles, par F. Vlès (gr. in-8, Hermann). — Notions
fondamentales d'analyse qualitative, par V. Thomas et D. Gauthier (in-8,
Gauthier-Villars). — Cours de mathématiques supérieures à l'usage des
candidats à la licence es sciences physiques, par l'abbé E. rtoflaes (in-8,
Gauthier-Villars). — Géométrie rationnelle, traité élémentaire de la science
— 302 —
de Vespace, par le D"^ G;-B. Halsted; trad. française par P. Barbarin (in-8,
Gauthier- Villars). — Etudes techniques sur Variation, par A via (in-8, Vi-
vieai). — Petits Modèles d'aéroplanes. Historique. Théorie élémentaire.
Constructions et expériences, par E.-H. Dollfus (in-8, Vivien). — Voca-
' bulaire de V aviateur constructeur (in-12, Vivien). — L'Officier. Le Haut
Conimandemeni el ses aides en Allemagne, par J. Poirier (in-12, C.hapelotj.
— La Musique d'église, par le D"" K. Veinmann; trad. de l'allemand par
P. Landorniy (in-16, Delaplane). ■ — L'Année musicale, publiée par M.
Brenet, jM. Chantavoine, J. Laloy et L. de la Laurencie (in-8, Alcan). —
Le Cycle des hymnes de l'Egliae en vers français et les poèmes religieux
des Philippins de Rouen, par E. Montier (in-16, Bloud). — Vers Dieu.
La Nature, l'amour, la douleur, la foi, par A. Pajsant (in-8, Jouve). ■ —
La Vaine Chanson, par C. Régismanset (in-18, Messein). — Le Vent du
soir, par A. Derzac (in-16, Messein). — L'Aurore du soir. Ariel esclave,
par L. Mandin (in-16, Mercure de France). — Lueurs, par P.-C. Jablons-
ki (in-16, Figuière). — Grimaces et fantaisies, par H. Frenay-Cid
(in-16. Édition du Beffroi). — La Sage Ardeur, par H. de Lisle (in-12,
Édition du Beffroi). — Les Deux Cahiers, par P. Acker (in-16, Plon-
Nourrit). — Nadjié. La Petite Hanoum, par É. Edwards (in-16, Plor.-
Nourrit). — Monsieur de Nugbo, philosophe, par G. Truc (in-16, Perrin).
— Le Merveilleux Voyage de Nils Holgersson à travers la Suède, par S
Lagerlôf; trad. du suédois par T. Hammar (in-16, Perrin). ■ — Les Ins-
tincts galants, par M. Olivier (in-18, l.emerre). — Le Mariage de Lord
Loveland, par Williamson; trad. en anglais par L. d'Arvers (in-16, Ha-
chette). • — La Ville folle, par II. Rainaldy (in-18, Albin Michel). —
Dernières Enquêtes du prestigieux Héwitt, par A. Morrison; adaptation
française par A. Savine (in-18. Stock). — Chez les Américains, par R.
Kipling; trad. par A. Savine (in-16, Stock). — Scènes de la vie de Bohème,
par H. Murger. Nouvelle édition re\ue, corrigée et augmentée, précédée
d'une notice biographique sur l'auteur et suivie de notes par P. Ginisty
(in-18, Garnier). — Nos enfants quand ils jouent, par O. Guibaud (in-16,
Messein). — L'Illustre Athanase Bonsang, par R. des Pomeys (in-S, Fi-
guière). — L'Inceste légitime, par A. Segré (in-1 6, Figuière). — L'Of-
frande au mystère, par P. Fons (in-12 carré, Sansot). — L'Orgie gauloise,
par L. Gastine (in-16 carré, Ducrocq). — La Voie mauvaise, par H.
Baraude (in-16, Roger et Chernoviz). — • Les Trente-six Situations dra-
matiques, par G. Polti (iri-16, Mercure de France). — Le Roman de la .
famille frajiçaise, essai sur l'œuvre de M. Henry Bordeaux, par J. Fer-
chat (in-16, Plon-NouTrit). — Essais de littérature et d'esthétique, 1877-
1885, par O. Wilde; trad. par A. Savine f in-1 8, Stock). — Brelan de
dames, par R. de Montesquiou (in-16, Fontemoing). — La Mer et les
poètes anglais, par J. Douady (in-16, Hachette). ■ — Le Roman anglais
contemporain, par F. Roz (in-16, Hachette). — Edgar Poe, par E. Lau-
vrière (in-16, Bloud). ^ — - Les^Frères Grimm, leur œuvre de jeunesse, par
E. Tonnelat (gr. in-8. Colin). — Les Contes des frères Grimm. Étude sur
la composition et le style du recueil des « Kinder-und Hausmàrcheii » par
E. Tonnelat (gr. in-8, Colin). — Novalis, par H. Lichtenberger (in-16,
Bloud). — Pages choisies de A. Her/.en, annotées par M. Delines (in-16.
Mercure de France^. — La Littérature tchèque contemporaine, par H. Je-
linek (in-16. Mercure de France). — Foules de Jérusalem et solitudes de
Judée, par H. Guerlin (in-12 cartonné, Tours, Marne). — Le Livre de la
route, par J. Joergensen; trad. du danois par T. de Wyzewa (petit in-8,
— 3$3 -
Perrin). — Eusèb'e. Histoire ecclésiastique. Livres I-VIII; texte grec et
trad. française par E. Grapin (2 vol. in-12, A. Picard et fils). — Les
Saints. Saint Ccsaire, 470-543, par l'abbé M. Lhaillan (in-12, Lecofîre,
Gabalda). — Saint Benoit, sa vie, sa règle, sa doctrine spirituelle, par
D. B. Maréchaux (in-16, Beauchesue). — Chronologie des archevêques,
évêques et abbés de l^ ancienne province ecclésiastique d'Auch et des diocèses
de Condom et de Lombez, loÛO-1801, publiée par l'abbé A. Clergeac (in-8,
Champion). — La Bienheureuse Bonne d^ Armagnac (1434-1457), avec un
aperçu historique sur la vie et Vinjluejice de sainte Colette, par G. Davai
(in-16, Bloud). — Luther et le luthéranisme, par H. Denifle; trad. de
l'allemand par J. Paquier (2 vol. in-12, A. Picard et fils). — L'An-
cienne France. Le Bai, par F. l'unck-Brentano (in-8, Hachette). —
Jeanne d'Arc, 1429-1431; l'itinéraire d'une sainte, scènes d'histoire, notes
et éclaircissements, par E. Roupain (in-16, Casterman). ■ — Le Vieux
Montmartre, par A. Warnod (in 18, Figuière.) — Sébastien Zamet, cvêque-
duc de Langres, pair de France, 1588-1655. Sa vie et ses œuvres. Les
Origines du jansénisme, par L.-N. Prunel (in-8, A. Picard et fils). —
Les Grands Ecrivains de la France. Mémoires de Saint-Simon, nouvelle
édition, avec notes et appendices par A. de Bcislisle, L. Lecestre et J.
de Boislisle. T. XXIV (in-8, Hachette). — • D' Artagnan, capitaine des
mousquetaires du Boi, par C. Samaran (in-18, Calmann-Lévy). — Une
Grande Dame de la Cour de Louis XV. La Duchesse d' Aiguillon, 1726-
1796, par P. d'Estrée et A. Gallet (in-8, Émile-Paul). — Histoire de la
charité. T. IV. Les Temps modernes du xvi® au xix^ siècle, par L. Lalle-
raand. 2« partie. Europe (suite) (gr. in-8, A. Picard, et fils). — Lé-
gendes et curiosHés de l'histoire, par le D' Cabanes (in-18 carré, Albin
Michel). — Histoire de la Bévolution jrançaise, par T. Carlyle (3 vol.
in-16, Alcan). — Le Gouvernement révolutionnaire (10 août 17,92-4 bru-
maire an IV), par p. Mautouchet (gr. in-8, Cornély). — Les Beclus de
Toulouse sous la Terreur. Begistres officiels concernant les citoyens empri-
sonnés comme suspects, publiés et annotés par le baron R. de Bouglon.
3^ fasc. Les Citoyennes recluses dajis la ci-devant maison de Saint-Sernin
(gr. in-8, Toulouse, Privât). — Napoléon I^^, son œuvre au dedans et au
dehors, par J. Dontenvilîe (ia-18, Jouve). — ■ Delphine de Sabran, mar-
quise de Custine, par G. MaugraB et le comte P. de Croze-Lemercier
(in-8, Plon-Nourrit). — 1812. La Guerre de Bussie, notes et documents,
par A. Chuquet (in-8, Fontemoing). — La Police politique, chronique
des temps de la Bestauration, 1815-1820, par E. Daudet (in-8, Plon-Nour-
rit). — La Censure en 1820 et 1821. Étude sur la presse politique et la
résistance libérale, par A. Crémieux (gr. in-8, Cornély). — La Bévolution
de Février, étude critique sur les fournées des 21, 22, 23 et 24 février 1848,
par A. Crémieux (gr. in-8, Cornély). — La Propagande bonapartiste en
1848, par Robert-Pimienta (in-8, Cornély). ■ — Les Saints. La Vénérable
Emilie de Bodat (j 787-1852), par Mgr .J.-F.-E. Ricard (in-12, Lecoffre,
Gabalda). — Frédéric Ozanam d'après sa correspondance, par Mgr Bau-
nard (in-8, J. de Gigord). — Lacordaire, d'après des documents inédits,
son œuvre, sa survie et son actualité, par l'abbé L. Pauthe (in-8, Lecofîre,
Gabalda). — Lacordaire, door E. J. B. Jansen (2 vol. in-8, Bruges, Des-
clée. de Brouwer). — Les Origines de la guerre de 1870. La Candidature
Hohenzollern, 1868-1870, par P. Lehautcourt (général Palat) (in-8, Ber-
. ger-Levrault). — Alfred de Vigny, ses amitiés, son rôle littéraire, par E.
Dupuy. T. II. (in-18, Société française d'imp. et de librairie). — Vie de
— 364 — •
Mgr iVHulst, par Mgr A. Baiidrillart. T. I (in-8, J. de Gigord). — Fem
mes (rautrefois, hommes d^ aujourd'hui, par le comte d'Haussonville (petit
iu-8, Pcrria). — Parmi les cyprès et les lauriers, par le marquis de Ségur
iin-8, EmilcPaul). — Sites et personnages, par E. Pilon (in-18, Grasset).
— Les Reliques et les images légendaires, par P. Saint\ \'es (in-16, Mercitre
de France). — Ce qu'on a fait de l'Eglise, (tude d' histoire irelipieuse, avec
une humble shpplique à Sa Sainteté le pape 'Pie X, par //^(in-lG,
Alcan). — Lettres à la Croix. Le Christ régnant (in-li', Jouve). — La
Lutte scolaire en France au dix-neùcième siècle, par F. Buisson, L. Cahen,
A. Dessoye, E. Fournière, G. Latreille, R. Lebey, R. Lévy, C". Seignobos,
G. Schmidt, J. TcheraofT, E. Toutey (in-8 cartonné, Alcan). — Quelques
œuvfes et quelques ouvriers, par E. Lamy (iu-16, Blond). — Ce que je
peux dire, par A. Me. er (iu-16, Plon-Nourrit). — Petits Mémoires, par
E. Gebliart (in-IG, BloudV — La Politique de l'équilibre VJ07-i9]\, par
G. Ilanotaux (in-lC, Plon-Nourrit). — Cronica oficial de las fiestas del
primer centenario de la independencia de Mexico, publicada bajo la direc-
cion de G. Garcia (in-folio, Mexico, Mvser. nacional).^ — • Segells del temps de'
Jaume I, pw Ferrân de Sagarra (gr. in-8, Barcelona, Atés). — • Essai
de bibliographie pour servir à l'Jiistoire de l'empire ottoman. Fasc. I. Reli-
gion. Mœurs et coutumes, par G. Auboyneau et A. Fevret (in-8, Leroux).
'ViSENOT.
Le Gérant : CHAPUIS.
Imprimerie polyglotte Fn. Simon, Rennes.
POLYBIBLION
REVUE RITILIOGUAPIIIÛLE UNIVERSELLE
PHILOSOPHIE
Philosopiite chnérale. — Psychologie. — 1. Criteriologia scholastica, auctoribus
coHogit Ai-Piiojvsus M* Ribo et Balbuf.na. Barcinone, Subirana, 1911, in-16 de
109 p., 2 fr. — 2. La Psychologie par !es textf^x, par J.-F. Renaui.d et M. MAtnK.
Pa'is, Alcan, '.911, in-18 cartonné de yi-296 p., 2 fr. 50. — 3. Aile jonti delta
vit'!, d." D"" WiLi-TAM Mac.ke.n7.if. Genova, P'Tmiggini, 1912, gv. in-8 de 387 p.,
avec () pi. — 4. Précis de psychologie, par Hermann Ebbinghaus; trad. sur la
2" éd. allemande par G. Raphaël et revu «ur la 3« éd. allemande par le D''
(f. Revmilt d'ALONisES. Paris, Alcan, 1912, in-8 de vi 322 p., avec If. fig.,
5 fr. — 5. Identité e* réalité, par Emile Meykrson. 2«éd. Paris, Alcan, 19:2, in-8
de XTX 542 p., 10 fr. — G. Les Concepts de la raison et les lois de Cunivers, par
Eugène de Robfrty. Paris, Alcan, '9' 2, in-16 de 179 p., 2 '"r. 50. — 1. Le
Sens et la valeur de la vie, par Rudolf Eucken; trad. de l'allemand par Marie-
Anne HuLLET et Alfred Leicht. Paris, Alcan, 1912, in-16 de vin-202 p.,
2 fr. 50. —8. la Destinée de V h mim.', par C, Piat. 2« éd. Paris, Alcan, 1912,
in-8 de vii-248 p., 5 fr. — 9. Y a-t-il un Dieu? Y a-t-il une sur«ie de l'âme après
la mort? par Hr. ^^ Hugon. Pan';, T v ni, ''9'2, in-16 de vii-207 p., 2 tr. — 10.
Prescienct divin, et liberté humaine, par l'abbé L. Cristiani (Collection Science et
Religion). Paris, Ploud, 19^2, in-16 de 72 ;j , 0 fr. 60. — 11. Œuvres philoso-
phiques choisies de David Hume; trad. de l'anglais p; r Maxime David. 1. Essai
sur l'entendement humain. Dialogues sur la religion naturelle. Paris, Alc.nn, 1912,
in-8 de xx\n-^04 p., 5 fr. — 12. Mélanges de philosophie relati'nsle, contribution
à la culture philo'iophique, par G. Rimmfl; t"ad. de l'allemand par M"" A. Guil-
LAiN. Paris, Alcrn, 1912, in-8 de vt-268 p., 5 fr.
Morale et Sociologie. — 13. Morale et moralité, essai sur Vintutiion morale, par
Paul Solli-^r. Paris, Alcan, 1912, in-16 de 20'i p., 2 tr. 50. — 14. La Morale et
l'intérêt daiis les rapports individuels et internationaux, p"r J. Novico%v. Paris,
Alcan, 19'2, in-8 de 243 p., 6 fr, — 15. Im Morale par FÉt^f, par André Mar-
cE^ON. Paris, Alcan, 1912, in-8 de vi-S04 p., 5 fr. — 16. Études de morale, par
F. Rauh. Paris, Alcan, 1912, in-8 de xxv-50'^ p., 10 fr. — 17. L'Action crimi-
nelle, étude de philosophie pratique, par Henri Uitin. Paris, Alcan, 19'2, in-8 de
268 p., 5 fr. — 18. Ce qu'il faudra toujours, par C. Wagner. Paris, Colin, 1912,
in-18 de ni-'"9"' p., 3 fr. 50. — 19. Posit'V'sme et catholicisme, à propos de n l'Action
française », p T L. Laberthonmère. Paris, Ploud, 1911, in-16 de 430 p., 3 fr. 50.
Histoire et HniTiQUE. — 20. Initiation philosophique, par Emile Faguet. Paris.
Hachette, 1912, in-16 de 172 p., 2 fr. — 21. Etudes de philosophie ancienne et de
philosophie moderne, par V. Brochard, recueillies et précédées d'une Introduc-
tion par V. Drlbos. Paris, Alcan, ^912, in-8 de xxvtii-560 p., 10 fr. — 22.
Les' Grands Philoso-jhes. Moînonide, nar Louis-Germain Lévy. Ppris, Alcan, 1912,
în-8 de ''SG p., 5 fr. — 23. La Paix dans 'a vérité _ étude sur la personnalité de
saint Thomas d'Aquin, par Bernard Allô. (Collection Science et Religion.)
Pari-;. Bloud, 1911, in-16 de 63 p.. O'r. PO. — 24. Malebranche. pir J. Martin.
{V.c\\]9,e.ih-\n Science et Religion). Paris, Blond, 1911, in-16 de 64 p., 0 fr. 60. —25.
Berhele'i, par J^.an Didier. (C/)llection Science et Religior). Paris, .Ploud, 1911,
în-16 de 71 p., 0 fr. 60. — 26. Condillac. par Jean Didier (Collection Science et
Religior) Paris, Ploud, 19' 1. in-16 de 64 p., 0 fr. 60. — 27. Pierre Leroux, par
J.-Fi. Fidao-Justiniani (Collection Science et Religion). Paris, Floud, 1912, in-
16 de 64 p.. 0 fr. 60. — 28. Guyau. par Paul Arohambault. (Collection Science
tt Religior). Paris, Blond, 1911, in-ifi de 63 p., 0 fr. 60. — "9. Léon Ollé-La-
prun,, par George Fonsegrive (Collection Science et Relisior). P-^ris, Blond,
1911. in-16 de 64 p., 0 fr. 60. ■ — 30. Le Problème religieux dans la philosophie de
Mai 1912. T- CXXIV. 25.
— 386 —
Vaction M. (Maurice Blonde! et le P. Laberthonnicrr), par Tu. Cremer. Parii^,
Mr-an, 1911, in-8 de xn-112 p., 3 U\ — 31. Essais sur la sensibilité contempo-
raine, p-r Rai'iiaE-. Cm. Paris, Falque, 1912, in-16 de 209 p., 3 fr. Ll. #■
Philosophie générale. — Psychologie. — 1. i^orsqu'on vient
de lire quelque logistique ou quelque critique accommodées au goût
du join", il semble qu'on respire dans un air pur ou qu'on se baigne
dans une eau limpide en ravivant son esprit dans la clarté et la santé
de qi elque livre d'antique doctrine, tel que la Criferiologia scolastica
de Ri; ô. On s'y convainc qu'il y a une vérité; que l'âme peut l'at-
teindre par l'expérience, la raison et la foi; que des gignes et des
moyens lui sont offerts pour la distinguer de l'erreur; que par sou
évidence immédiate ou médiate, intrinsèque ou extrinsèque, elle
produit en nous la. certitude; on écarte alors les fantômes du phéno-
ménisme, du subjectivisnie, du scepticisme, et on remercie les
guides prudents et sages qui dirigent nos pas à travers ces spectres
inconsistants et sinistres.
2. — De même qu'on n'enseigne guère la minéralogie sans des col-
lections dans lesquelles sont rangés des fragments de granit, de schiste,
de quartz, ou l'entomologie, sans des plaques de liège sur lesquelles
sont piqués des insectes, de même la psychologie est illustrée et con-
firmée par les faits de conscience en lesquels se réalisent ses lois.
C'est pour aider à ces rapprochements entre les choses et les concepts,
que Mesdemoiselles Renauld et Maire ont recueilli des textes signi-
ficatifs où s'expriment des sentiments, des émotions, des passions,
où se développent des idées, des raisonnements, des hypothèses, où
se formulent des indications, où se précisent des méthodes, qui décri-
vent, traduisent ou dirigent la vie affective et la vie intellectuelle.
Les extraits, empruntés à toutes les littératures, sont variés, et géné-
ralement bien choisis. Il fallait s'attendre — puisque la Psychologie
par les textes Q^l àe^imée. aux lycées de jeunes filles — que l'esprit
de ce livre soit laïque. Dans la bibliographie figurent des ouvrages
de Renan, de Taine, de G. Sand, dont nous ne conseillerions pas la
lecture à des élèves. Mais, entre Kant et Darwin, les jeunes psycho-
logues sont invitées à consulter V Imitation de Jésus-Christ, et ceci
sera peut-être le correctif de cela. Remercions les auteurs de leur
éclectisme.
3. — Allé jonti délia vita, par M. William Mackenzie, com-
prend six chapitres : I. La génération elte.nante, par laquelle la
nature recherche, fixe, conserve et consacre la forme individuelle
sous laquelle apparaissent d'abord les êtres vivants. IL A la recherche
de la personne; les individus se groupent entre eux; à mesure qu'ils
s'élèvent dans la hiérarchie, ils forment des synthèses, véritables
colonies dont l'unité est artificielle. III. L'Unité biologique; elle est
— 387 —
due H rélément psychique, idée directrice, qui ordonne les manifes-
tations et les phénomènes suivant un processus logique. IV. Énergie
psychique et téléologique; les idées se concentrent et se condensent
dans le foyer de la conscience d'où elles semblent .irradier vers une
fin à laquelle les organismes empruntent et doivent leur harmonie,
V. La Morale de la nature; partout sont épars et visibles des élé-
ments éthiques qui se dégagent de la masse qui les contient, se puri-
fient et se perfectionnent progressivement, Vï. Vie et esthétique des
abîmes. Des germes de beauté sommeillent dans les régions les plus
inférieures de l'univers; ils se développent par un progrès incessant et
s'élèvent jusqu'aux sphères seremes et splendides de l'art. Donc la
nature est la mystérieuse source d'où jaillissent la vie, la pense e, la
volonté, le vrai, le bien et le beau. Quatre planches merveilleusement
coloriées et deux autres dessinées en noir fournissent des preuves
expérimentales de cette thèse étay.ée par un appareil scientifique,
dont le seul défaut est d'être absolument inefficace; nulle part n'est
expliqué le passage de la matière à la vie, de la vie à la pensée.
Le talent et le style brillant et imagé de M. W. Mackenzie sont
impuissants à opérer cette transformation. La biologie peut nous
montrer, peut-être, comment les espèces évoluent, mais elle ne
réussira jamais à éliminer l'Intelligence souveraine et à expliquer,
sans Elle, l'œuvre de Dieu.
4, — Depuis la première édition du Précis de psychologie d'ELbin-
ghaus, dont il a été rendu compte ici même, le professeur de l'Uni-
versité de Halle est mort. Son livre n'est assure ment pas négligeable,
car il sait observer, classer et analyser les faits, mais ses idées sur
la liberté, la religion et autres sujets très importants sont arbi-
traires et pernicieuses. Ce Précis de psychologie se fonde sur une mé-
taphysique très erronée. La bibliographie de chaque chapitre fournit
d'utiles indications.
5, — Je suis bien aise que la deuxième édition de l'ouvrage de
M, Emile Meyerson : Identité et réalité, me permette d'insister sur
la valeur exceptionnelle de cet essai de conciliation entre l'expé-
rience et lintelligence. Tout système cosmologique devra tenir compte
des théories scientifiques commentées et discutées par un penseur
très informé des tendances contemporaines, d'un esprit libre et péné-
trant. On trouvera, dans ces pages, un préservatif et un correctif
contre les excès de l'intuitionnisme, du relativisme et de l'idéalisme.
Nous regrettons seulement que l'auteur n'ait point déduit ou indiqué
les conclusions métaphysiques que sa critique laisse entrevoir, auto-
rise et prépare.
6, — « Les rapports intercérébraux qui forment l'essence du phé-
nomène social, modifient la Pérf'b^al't'i nroanmnp ot^ Iv?] pCT'ni--vt?,2it
— 388 —
d'atteindre des idées générales, de produire des concepts, au lieu de
s'arrêter aux images et aux représentations concrètes. Le terme
sur-organique n'a pas d'autre signification... » Tel est l'énoncé d'une
des thèses les plus importantes du néopositivisme. Si ce verbiage
veut dire quelque chose, il signifie que la socic'té rend les hommes
capables de penser et de connaître; cela expliquerait sans doute
l'évolution des concepts et la relativité des lois. Seulement, on est
poussé à demander pourquoi ces « rapports intercérf'braux » n'ont
pas permis aux abeilles, aux castors et aux fourmis de concevoir des
idées générales et de formuler des règles traduisant des rapports
constants entre les choses? Sans doute parce que « leurs cerveaux »
ne sont pas habités et aninv'S, comme le cerveau humain, par un
principe simple et spirituel. Lo « surorganique » ne dérive pas du
• social », mais bien plutôt le conditionne et le produit. Cette
observation enlève toute base solide aux thèses soutenues par
M. de Koberty, dans son livre ^qui exprime quelques considf rations
justes ou ingénieuses) : Les Concepts de la raison et les lois de l'uni-
vers.
7. — Le Sens et la valeur de la vie, par M. R. Eucken. Au cours des
siècles, plusieurs solutions ont été données de ce problème inévi-
table et angoissant. « La perfection et le bonheur de l'homme con-
sistent à procurer la gloire de Dieu », dit la religion. Mais, par suite des
négations, des doutes, et aussi des aspirations humaines, « la religion
ne peut plus donner un appui solide à l'homme, ne peut pas gou-
verner la vie, ni déterminer son sens et sa valeur. )>« Le système de
l'idéalisme immanent, avec l'art et la science, n'est pas moins (branlé
aujourd'hui que celui de la religion. » Le naturalisme, refusant de
reconnaître à l'homme toute qualité spirituelle, l'abaisse au rang
d'une chose infime. La civilisation sociale ne peut vaincre la misère
et le chagrin; la civilisation individuelle propose à notre activité des
buts irréalisables et incapables de nous satisfaire. Voici le terrain
nettement et complètement déblayé. Mais «l'idée que l'esprit, inséré
dans la nature, est véritablement créateur d'énergie et puise en lui
la force de hausser toutes choses, de se hausser lui-même, pour ainsi
dire, à des degrés croissants de spiritualitt' est le leit motiv de ce livre. »
Vous avez compris, sans doute, cette phrase en laquelle M. Bergson
résume la théorie d'Eucken? Alors, je vous conseille de vous en tenir
là; car si vous essayez de m^'diter la seconde partie de cet ouvrage,
vous y trouverez l'éloge de la vie autonome, de la vie intérieure, de
la vie progressive, de la vie d'ensemble opposce à la vie fragmen-
taire et dispersée; et vous constaterez que tout cela est nettement
exprimé et prescrit par la morale chrétienne, sans les confusions, les
obscurités, les contradictions, les... naïvetés qui déparent la pensée
— 389 -
quelquefois profonde et toujours nébuleuse de M. Eucken, qui n'a pas
de sens en dehors du panthéisme contre lequel, cependant, protes-
terait peut-être ce philosophe.
8. — La Destinée de l liowme, par M. C. Piat, est la réédition d'une
excellente étude. Précisément, à propos de l'immortalité de l'âme,
Eucken affirme : « La question conserve trop, beaucoup trop d'obs-
curité pour pouvoir prendre place au premier plan de notre vie... )>,
comme si toute notre vie n'était point orientée, dominée et gouvernée
par cette croyance ou par sa négation ! Le savant professeur de l'Ins-
titut catholique de Paris décèle les germes d'une vie immortelle dans
la qualité et 1 intensité des faits psychologiques, dans la nature
propre et dans la vie spécifique de l'esprit. 11 écarte quelques preuves
fondées sur la simplicité de l'âme et leur préfère les aspirations et les
anticipations de la pensée, de l'amour et de l'action. On sait qu'il a
heureusement et brillamment développé l'argument tiré de la loi
de finalité. Cette nouvelle édition est complétée par des notes impor-
tantes; nous signalerons celle de la page 136 qui met au point,
d'après de récents travaux, la théorie des localisations cérébrales.
9. — Y a-l-il un. Dieu? Y a-i-il une survie de lame après la rnort^
Tel est le titre du livre de M. H. Hugon, illustration et développe-
ment de la preuve de l'existence de Dieu et de l'immortalité de
l'âme tirée du consentement de tous les peuples. Cet accord pro-
vient de la raison qui démontre ces vérités et de la douleur qui les
postule. L'auteur fait défiler tous les peuples et constate qu'ils ont
tous plus ou moins obéi à l'exhortation du psalmiste : « Laudate
Dominum omnes génies ». — Ces pages de lecture facile sont de nature
à fortifier et à éclairer les âmes de bonne volonté.
10. — Prescience divine et liberté humaine, par M. l'abbé L. Cris-
tiani. La question posée en cet opuscule n'est pas nouvelle, mais
elle est présentée d'une manière personnelle et bien résolue. L'idée
de valeur exige l'idée de Dieu. Dieu est nécessairement éternel. 11 a
créé 1 homme libre. La prévision de nos actes est une propriété essen-
tielle de 1 Intelligence infinie. Cette prescience peut s'expliquer parla
connaissance des décrets divins ou par la vision des actes contingents
des créatures. La théorie bergsonnienne d'une durée inhérente aux
événements et constitutive des êtres n'empêche pas une science
éternelle qui la conçoit idéalement de l'embrasser simultanément.
M. Cristiani se meut avec aisance parmi ces notions abstraites qu'il
expose avec élégance.
11. — Je ne sais s'il est aucun philosophe qui doive porter, à égal
degré, la responsabilité des théories les plus néfastes que l'auteur du
Traité de la nature humaine. Le positivisme est contenu tout entier
dans sa négation de l'idée de cause, l'idéalisme dans ses attaques
— 390 —
contre la substance, l'incrédulité dans son naturalisme religieux, le
scepticisme dans sa théorie de la connaissance. Mais on réfute trop
souvent ses idées sans les connaître. Ses œuvres psychologiques,
traduites, il y a trente-cinq ans, par pillon, ne sont guère répandues
et ses œuvres économiques, plus récemment traduites par Fromentin,
n'int 'ressent qu'indirectement les philosophes. M. Maxime David
nous donne le premier volume des Œuvres philosophiques choisies de
Vessayist anglais; il comprend son Essai sur l'entendement humain
et ses Dialogues sur la religion naturelle. Le traducteur s'est efforcé
de rendre très exactement la pensée de Hume; son livre est précédé
d'une préface de M. LévyBruhl, qui est lui-même un ennemi déclaré
de la m taphysique.
12. — Les Mélanges de philosophie relatii>iste sont un recueil de frag-
ments découpés en divers ouvrages du professeur de philosophie à
l'Université de Berlin, G. Simmel. Parmi ces extraits, les uns se
rapportent à la métaphysique (de l'essence de la philosophie; méta-
physique de la mort; les formes de l'individualisme; sur la notion de
valeur), d'autres à la psychologie (■ ociologie des sens; la philosophie
de l aventure), ou à l'esthétique (le Christianisme et l'art; le Réa-
lisme en art; l'aspect des ruines; Venise; l'œuvre de Rodin), ou à la
sociologie et à la religion (la Religion et les contrastes de la vie; le
Matérialisme historique; la Responsabilité juridique), ou enfin à la
critique (le But de la vie dans les philosophies de Schopenhauer et de
Nietzsche). L'auteur se tient en dehors et à côté des systèmes,
attentif à saisir et préoccupé de montrer les aspects suggesti s des
questions, à dégager les conclusions qui en dérivent, à noter les
réflexions qu'elles inspirent et les antinomies qu'elles récèlent. M. Sim-
mel semble se rattacher au kantisme à travers Hegel. C'est un esprit
distingué et perspicace dont la faiblesse est de ne savoir ou vouloir
se fixer à aucune affirmation précise et solide.- Ces pages choisies sont
traduites par M"^ Guillain dans une langue claire et attrayante.
Morale et Sociologie. — 13. — Le domaine moral est indéterminé,
car les actes considérés comme moraux sont diversement appréciés et
qualifiés, suivant qu'on les juge au point de vue légal, social, profes-
sionnel ou naturel. Cela vient de ce que la règle objective est instable,
imparfaite, relative, transitoire, arbitraire, l'ensenible des rapports
qui relient les hommes entre eux étant variable comme ces rapports
eux-mêmes. Il ne faut donc pas essayer de formuler un système de
morale théorique: la biologie n'en contient pas les germes, la socio-
logie n'en explique pas les préceptes, la métaphysique n'en démontre
pas les principes, la religion n'en justifie pas les obligations, 11 n'y a
que des devoirs envers Dieu; or l'expérience, la raison, le sertinient
ne découvrent aucune manière d'agir nécessaire et immuable; le
— 391 —
problème moral t^st donc insoluble. Heureusement, nous pouvons
recourir à la moralité, « tendance à percevoir intuitivement ou à
rechercher par réflexion les rapports exacts des hommes entre eux,
et, une foie ceux-ci perçus, reconnus et déterminés, à sentir le besoin
d'y conformer le mieux possible ses actes » (p. 96). La moralité est
fonction de la constitution même de Ihomme. Les racines de la mo-
ralité sont des émotions de la sensibilité qui deviennent des règles de
conduite lorsque s'y joignent les éléments d'obligation et la cons-
cience de la fixité et de la généralité des règles qui en dérivent. Les
deux grandes classes de nos devoirs auxquels tous les autres se rap-
prochent sont l'assistance et la justice. Tel est le résumé de Morale
et moralité par M. SoUier. Pareil système (exposé, du reste, avec ta-
lent, mais non sans recours à des notions métaphysiques partout
supposées) est la négation absolue de la morale, qui (!st non pas la
constatation de ce que nous faisons, mais la justification de ce que
nous devons " faire.
14. — La morale n'a qu'une base solide : l'intérêt; l'altruisme n'est
qu'un égoïsme déguisé; une action est rr.auvaise, uniquement parce
que contraire à celui qui la commet. C'est la science sociale qui nous
permet de distinguer les actions bienfaisantes des actions malfai-
santes. Le devoir essentiel est de ne pas attaquer, ce qui abolit le
droit de défense, et, par conséquent, toute possibilité de conflit.
L'intérêt se confond ainsi avec la justice qui constitue la paix entre
les citoyens d'un n^ême État, les diverses nations entre elles et enfin
tous les membres de la grande famille humaine; le triomphe de la
morale est identique à la fédération du genre humain. Ces idées sont
développées dans le livre de M. Novicow : La Morale et l'intérêt dans
les rapports individuels et internationaux. L'auteur se défend d'être
matérialiste, et il faut lui donner acte de sa protestation; cependant
il est difficile de ne pas infliger cette épithète à une morale purement
utilitaire.
15. — On peut dénier à l'État la fonction d'enseigner, et plus d'un
excellent esprit la lui conteste; mais, s'il s'arroge ce droit, il est in-
dispensable qu'il enseigne une morale. Jusqu'à présent, il n'a guère
réussi dans l'accomplissement de cette tâche. M. André Marceron,
dans son livre intitulé : La Morale par l'Etat, prétend lui fournir
les moyens de s'en acquitter. L'État ne peut prendre pour base le»
croyances religieuses, puisqu'il aime à se dire athée, ni les principes
métaphysiques, car de quel droit choisirait-il entre les systèmes? ni
les th'ories scientifiques qui supposent des postulats m<^taphysiques;
restent les bases sociologiques dont il faut éliminer tous les éléments
qu'elles pourraient emprunter à la croyance, à la niHaphysique et à
la science. On ne voit guère que la loi, le respect de la loi, la sou-
— 392 —
mission à la loi sur laquelle il soit permis de s'appuyer. La deu-
xième partie (riche en observations justes et en sages conseils) montre
comment il faut appliquer, pour atteindre ce but, les méthodes
pédagogiques. Naturellement, cette « morale » autorisera beaucoup
de vices, notamment l'orgueil, la luxure et presque tous les péchés
capitaux, car la loi et la morale ne se ressemblent guère plus que
le chien constellation et le chien animal aboyant. C'est qu en effet,
l'Etat est incompétent en cette matière et ne peut rien « enseigner »;
il doit se borner à réprimer les actes extérieurs incompatibles avec
l'ordre social. ^>
16. — Des disciples et des admirateurs de F. Hauh ont recueilli,
sous le titre d'Études de morale, des leçons données par ce philosophe
à l'École normale supérieure : Critique des théories morales; ni la bio-
logie, ni l'histoire, ni la raison, ni le sentiment ne peuvent édicter une
règle de conduite, théoriquement justifiable ou pratiquement efficace.
La croyance morale consiste dans une affirmation de valeurs incom-
mensurables, dépendant elle-même des résultats modifiables et pro-
gressifs d'une enquête perpétuelle sur les conditions, les rapports et
les conséquences de nos actions. La Patrie : elle est une réalité exigée
par le développement individuel et la division du travail social;
elle fait naître un sentiment qui se combine avec des croyances reli-
gieuses, des formes de gouvernement, des préoccupations écono-
miques, des éléments ethnographiques et géographiques, des intérêts
particuliers et internationaux. La Justice : tous la veulent et l'exi-
gent; presque personne ne la définit de la même manière. Pour
choisir entre les tendances sociales, il nous faut faire appel à la cons-
cience individuelle. La philosophie n'a rien à faire en ces questions;
la tâche du philosophe consiste à démontrer son impuissance. Ques-
tions de philosophie morale. Qu'est-ce que la certitude morale? Quel
est son contenu et son objet? Quelle valeur faut-il lui attribuer? La
seule conclusion qu'autorise l'expérience, éclairée par la réflexion,
c'est qu'il y a de l'ordre dans la nature ccmme dans nos pensées.
F. Rauh se révèle tout entier dans ce livre posthume, avec la péné-
tration aiguë, l'inquiétante souplesse, l'apparente mod» ration, le maté-
rialisme idéaliste qui caractérisent la race juive, dont il fut l'un des
types les plus représentatifs et l'un des penseurs les plus dissolvants;
l'ombre délétère de 1' « Affaire » plane sur les pages de ce livre et
détermine les aspects et les contours des questions qui y sont trai-
tées.
17. — Si l'on s'en tient à l'historique de la pénalité, on peut se con-
vaincre que les actes donnant lieu aux peines administrées par les
juridictions répressives sont loin d'être fixés par le droit criminel,
essentiellement variable et évolutif. Pourtant être criminel, c'est
A
— 393 —
désobéir à la loi pénale. Les causes du crime sont des mobiles ou des
motifs provenant de la sensibilité, de Tintelligence, de Timagination,
des tendances individuelles et des impulsions sociales. Les remèdes,
ou plutôt le remède, c'est l'association dont l'influence, les sympa-
thies, 1(!S secours réprimeront ou empêcheront les instincts désor-
donnés, favoriseront les inclinations honnêtes. Il y a beaucoup à
prendre dans le livre de M. Urtin : L'Action crimiiidle, quoique sa
définition du crime soit uîi cercle vicieux, car c'est parce qu'un acte
est considéré eorame criminel que la loi le punit, et non parce qu'il
est puni qu'il doit être tenu pour criminel. Le chapitre intitulé : Le
Criminel supérieur nous offre des affirmations telles que celle-ci : « Le
jour où l'apôtre de philosophe devient acteur, de penseur devient
agissant, il devient aussi criminel « (p. 19')). Cela dépend do sa « phi-
losophie » et de sa « pensée ». Le principe des erreurs de M. Urtin, qui
semble être un esprit judicieux et délié, c'est sa confiance en M. Durk-
heira, sociologue surfait et néfaste.
18. — Ce qu'il faudra toujours, par M. C Wagner. Il faudra toujours
croire à la valeur de la vie des choses et des êtres, se proposer un
idéal, l'embellir par la poésie, chercher à l'atteindre par une volonté
énergique, capable d'initiative, de sacrifice et même d'héroïsme,
savoir attendre et savoir souffrir, contracter de bonnes habitudes et
conserver sa bonne humeur, être fidèle à ses convictions et docile
aux inspirations que le génie répand dans les âmes; enfin, il nous faut
un Dieu plus vivant que nous, qui nous apprenne à vivre, à aimer
et à mourir. Des âmes généreuses et délicates se déclarent ravies des
ouvrages de M. le pasteur Wagner; elles le déclarent pénétrant,
émouvant et éloquent; il est incontestable qu'il est préoccupé d'éle-
ver les âmes, de leur donner le goût de la réflexion et de la vie
intérieure. Mais pourquoi est-il si imprécis et si vague, si ennemi des
formules et des dogmes? Cette prétendue largeur d'esprit, cet indiffé-
rentisme doctrinal s'adaptent mal aux prescriptions morales dont on
ne saisit le principe, la raison, ni le motif.
19. — M. Laberthonnière, dans son livre : Positivisme et catholi-
cisme, s'en prend aux doctrines de l'Action française. Il dénonce,
dans une première partie, l'alliance entre les positivistes, tels que M.
Maurras, et les catholiques qui consentent à s'unir à lui et à ceux
qui lui ressemblent pour rétablir l'ordre social et la monarchie. Il
condamne, comme étant immorale et antichrétienne, la recherche des
résultats et s'efforce de démontrer qu'on ne peut accepter l'appui des
agnostiques et des incrédules sans être leur dupe et leur complice.
Il développe et défend ses idées — un peu longuement peut-être —
avec son talent souple et fin. Mais que répondrait il à ceux qui lui
diraient : « L'Action française n'exclut pas les vrais catholiques, tels
— 394 —
que MM. Dimier, de Vezins, de Boisfleury, Léon Daudet et un grand
nombre d'autres intrépides et vigoureux lutteurs. Nous déplorons de
toutes nos forces l'incroyance de M. Charles Maurras, en qui nous
admirons une pénétrante, profonde et cohérente doctrine, en matière
sociale et politique; mais, considérant la République comme la cause
ou la condition de tous les maux dont souffre notre pays, nous somme»
reconnaissants à tous ceux qui s'efforcent de la renverser, et nous nous
garderions bien de repousser les Français clairvoyants et désintéressés
qui s'unissent à nous pour accomplir cette œuvre nécessaire de salut
public, d'honnêteté et même de salubrité. Nous regrettons qu'il y ait
des monarchistes incrédules (ce qui est une inconséquence, dont nous
espérons que leur bon sens, éclairé et secouru par la grâce de Dieu, leg
délivrera), mais nous constatons qu'il y a un certain noiubre de démo-
crates qui sont dans le même cas, et cela n'empêche pas un trop
grand nombre de catholiques de se dire et d'être encore républi-
cains ».
Histoire et Critique. — 20. — M. Emile Fagu et a entrepris de
résumer en 170 pages toute l'histoire de la pensée humaine; il y a
réussi, bien qu'il ne parût pas prédestiné à cette tâche. A quoi
M. Faguet ne réussit-il pas? Une fo's de plus, nous avons pu appré-
cier sa remarquable intelligence et sa prodigieuse culture. Mais ce
petit livre mérite-t-il bien son titre : Initiation philosophique'^ Serait-
on initié aux mathématiques, à la physique ou à la médecine par
l'histoire des mathématiciens, des physiciens et des médecins? Un
exposé doctrinal préalable est indispensable, surtout si on prétend
juger les doctrines, et M. Faguet ne peut se défendre de les apprécier,
plusieurs chapitres sont excellents, mais on rencontre assez souvent
des assert ons contestables, regrettables et même détestables (par
exemple, dans le chapitre XI, le Christianisme). Les pages consacrée!
à saint Thomas d'Aquin accusent un louable souci d'impartialité,
mais la manière dont le grand docteur a compris l'union de la raison
et de la foi n'est point conforme à celle que lui attribue M. Faguet. « La
foi est un acte de volonté que Dieu soutient. » Oui, mais avant tout
un acte de l'intelligence convaincue, par des motifs rationnels, qu'elle
doit croire. « Non crederern nisi viderem esse credendum, » a dit saint
Th mas. On peut constater des om'ssions, celle de Gratry, par
exemole. Les philosophes vivants les plus célèbres sont : «MM. Fouil-
lée, Th'odule Ribot, Liard, Durkheini, Izoïilet, Berf^son ». Liard est un
fonctionnaire; Durkhe'm un malfaiteur intellectuel; Izoulet est trèi
négligeable. Est-ce que Lachelier, Boutroux ou Delbos, par exemple,
ne font pas une autre figure parmi les penseurs de notre temps? Je
n'ai pas besoin d'ajouter que ce livre est clairement et vivement écrit;
c'est parce qu'il peut rendre de réels services que j'ai cru bon d'in-
diquer quelques-uns de ses défauts.
i-— 395 —
21. — Études de philosophie ancienne et de philosophie moderne, par
M. V. Rrochard. Zenon d'Élée, Protagoras et Dt mocrite, Sociale,
Platon, les stoïciens, Épicure, avant le christianiEme; Bacon, Des-
cartes, Spinoza, Stuart Mill parmi les modernes, tels sont les philo-
sophes dont le regretté professeur a étudié certaines œuvres ou
quelques points de doctrine. Sa méthode est conforme à toutes les
règles de la plus exacte critique : étude attentive des textes, compa-
raison avec les autres ouvrages du philosophe étudié, lecture des
commentaires dont ils furent l'objet, en France et à l'étranger. Mais
il y a joint des hypothèses, souvent suggestives, parfois aventureu-
ses; en certaines occasions, il a émis des opinions audacieuses et très
contestables. Il s'efforce de démontrer que Spinoza n'est point pan-
th'Mste; on prouverait plus aisément qu'Helvétius et M. Le Dantec ne
sont pas matérialistes. Malgré son souci de conserver une entière
liberté d'esprit, il est influencé par un certain nombre d'idées pré-
conçues; c'est ainsi qu'il n'a pas ccmpris grand'chcse à la notion
juive de Dieu. Des études sur la croyance et la morale complètent cet
ensemble; le livre se termine par une notice, lue à l'Académie des
sciences morales, sur la vie et les œuvres de Fr. Bouillier. Il est pré-
cédé par une lucide et compréhensive Introduction, due à M. V.
Delbos et écrite avec une amicale sympathie.
22. — L'ouvr;ige de M. Lévy sur Maïmonide, débute par un chapitre
sur la vie et les œuvres du philosophe de Cordoue; suit une vue*
d'ensemble sur sa philosophie et la détermination de ses opinions
particulières sur l'Être et le devenir, l'âme, Dieu, la morale. L'in-
fluence qu'il a exercée est marquée en traits précis et une riche biblio-
graphie permet de vérifier, d'expliquer et de compléter les affirma-
tions de l'auteur. U semble que Maïmonide ait rempli, à l'égard de
la théologie juive telle qu'elle est exposi'e dans le Tabnud, un rôle
analogue à celui de saint Thomas d'Aquin par rapport à la dog-
matique chrétienne. Les idées d'Aristote, unies aux spéculations
néoplatoniciennes, lui fournirent l'armature de son système, parfois
assez confus. Il s'écarte, néanmoins, assez rarement des croyances
bibliques, mais il lei^ interprète quelquefois dans un sens rationaliste.
On connaît sa théorie fameuse sur l'apostasie apparente et extérieure,
qu'il ne craint pas de déclarer légitime et de louer comme un acte de
prudence vertueuse. L'œuvre consciencieuse et érudite de M. Lévy
est une importante et intéressante contribution à l'histoire de la
philosophie médiévale et il se pourrait qu'elle nous aidât à mieux
comprendre en quoi consiste le judaïsme « libéral », dont il fut, sans
doute, l'un des précurseurs.
23. — Dans la collection Science et Religion, le R. P. Aîlo publie
une brochure : La Paix dans la vérité, reproduction d'un éloge de
— 39fi —
saint Thomas d'Aquin, « type excellent de la liberté et de la paix que
donne la vérité ainice v. Le calme de sa vie est le signe de sa victoire
s\ir le doute et l'égoïsme. 11 n'a jamais été soumis qu'à la vérité :
son culte pour la tradition et son respect pour Aristote s'allient à son
indépendance à l'égard des préjugés du passé et des courants d'idées
de son temps; toutes les théories justifiées et toutes les expériences
vérifiées et contrôlées s'adaptent aux grandes lignes de son système
et y trouvent des points d'attache. Mais la vérité, qu'il poursuit d'un
amour ardent, n'est pas une froide abstraction : c'est la vérité éter-
nelle et vivante qui rend le monde intelligible et l'esprit capable de
comprendre, la vérité principe d'ordre et d'harmonie, souverain bien
et beauté radieuse à laquelle saint Thomas s'unit par son admirable
sainteté. Pensées justes, parfois personnelles, exprimées dans une
langue limpide et attrayante, avec une émotion qui fait pénétrer
jusqu'au co.^ur les leçons intellectuelles et morales que renferme
cette brochure; tout cela est très propre à nous révéler l'esprit qui
anime l'œuvre incomparable du Docteur angélique.
24. — Après une substantielle Préface où sont condensés d'inté-
ressants travaux, M. J. Martin expose, en deux parties (Dieu, le
Monde), la philosophie du génial oratorien Malebranche, par des
extraits de ses œuvres diligemment choisis : Dieu, ses attributs,
l'acte créateur, le concours divin; l'univers, sa conception optimiste,
'son essence; l'âme et le corps, la théorie de la connaissance, la vo-
lonté, la croyance et l'erreur, toutes ces questions reçoivent des
solutions originales qui invitent à réfléchir. « Pulchra. noça, falsa »,
disait Bossuet. M. J. Martin ne souscrirait pas, sans doute, à cette
appréciation; il défend ingénieusement et avec ferveur l'illustre
métaphysicien, qui fut, en t^ffet, un homme de génie et un admirable
écrivain, mais qui commit de nombreuses et graves erreurs.
25. — Si l'idéalisme est vrai, l'auteur de Siris est un des plus grands
penseurs qui aient vécu. A ses yeux, les choses ne sont que des faits
de conscience; les figures visibles ne sont que des signes; les idées
générales sont des mots; la matière n'existe pas; mais Dieu existe et
l'âme est immortelle. Dans son opuscule sur Berkelej/, M. .Jean Didier
rend visibles les liens qui rattachent entre elles les différentes parties
de ce système. Son petit livre est lucide et bien composé; des remar-
ques critiques sont insérées dans un exposé qui n'en demeure pas
moins objectif. Malgré ses intentions, l'évêque anglican de Cloyne
ouvre la voie au rationalisme par sa notion de la religion, en même
temps que ses théories philosophiques aboutissent, malgré lui, au
scepticisme.
26. — Après une biographie de ce singulier abbé, Condilac,
qui fut prêtre et ne célébra 'peut-être la messe qu'une seule fois.
— 397 -
M. Jean Didier nous fait connaître ses opinions et ses œuvres.
L'interprétation qu'il en donne est personnelle : il n'aurait pas mé-
connu, d'après lui, l'activité de l'esprit : « nous recevons la sensation
et faisons tout le reste. » Condillac a réagi contre l'innéisme de Des-
cartes; son Traité des sensations a préparé Xo. Critique de la raison
pure, et la Philosophie positive. Sur l'enseignement, sur le langage, sur
l'histoire, il a émis des id('es neuves et fourni à la pensée moderne des
directions et des méthodes. « Il mérite mieux que d'être le grand
maître sensualiste de l'idéologie. » Cette thèse, soutenue avec talent,
ne nous a pas convaincu que Cbndillac n'ait essayé de réduire la science
et la morale à « la sensation transformée »; mais il faudra en tenir
compte en examinant l'œuvre de ce remarquable analyste.
27. — Ce que j'ai pu lire de Pierre Leroux m'a laissé une profonde
et durable impression d'ennui; après tout, il y a peut-être de ma
faute; je me souviens qu'il dressa, contre l'éclectisme de Cousin, des
objections parfois assez redoutables. Plotin, la philosophie allemande,
Saint-Simon et quelques autres sources ont mêlé leurs spéculations
dans son œuvre hétérogène. Il ne manquait pas d'érudition, mais il
était dépourvu de méthode; cependant il poussa assez vigoureuse-
ment sa pensée, diversement orientée vers l'intuitionnisme de Berg-
son et le solidarisme de M. Bourgeois. Il serait le précurseur des catho-
liques « sociaux » par sa louable préoccupation de diminuer la misère
et d'améliorer le sort des humbles. Sympathiques ou antipathiques à
ses idées, nous les trouverons, du moins, résumées avec un soin atten-
tif et une verve spirituelle dans l'utile et agréable brochure de M. J.-
E. Fidao-Justiniani, intitulée : Pierre Leroux.
28. — « Si Guyau, médiocre inventeur, n'eut, en somme, que peu
d'idées, il sut, du moins, leur donner un relief et une vie extraor-
dinaires. » On ne peut qu'adhérer à cette conclusion du Guyau,
de M. pierre Archambault. En sa brève et douloureuse existence, ce
jeune et émouvant penseur, mort à 33 ans, a abordé d'anxieux pro-
blèmes. Après des travaux d histoire et de critique sur Épictète,
Épicure, la morale anglaise contemporaine, il s'efforça de d-' terminer
les rapports entre l'art et la vie sociale, il essaya de construire une
morale sans obligation ni sanction, il conçut la théorie d'une religion
sans Dieu. En ses livres de prose comme dans les Vers d'un philosophe,
il trouva, pour exprimer ses pensées et ses sentiments, de vives et
splendides images. M. Archambault est un guide clairvoyant et expé-
rimenté, qui nous dirige à travers cette œuvre, si résolument anti-
chrétienne par l'esprit qui l'anime, mais qui nous fait pénétrer dans
un cœur triste et tourmenté, auquel la foi aurait versé l'espé-
rance et la paix. L'auteur de cet intéressant opuscule n'a peut-être
pas assez dit que V Irréligion de l'avenir est un des livres les plus
désolants et les plus mauvais du xix^ siècle.
— 398 —
29. — L'étude de M. G. Fonsegrive sur Léon Ollé-Laprune comprend
deux parties : l'Homme et le Penseur. L'homme, par sa droiture, sa
haute conscience, sa bonté, sa loyauté, son influence, mérite le res-
pect affectueux, la gratitude attendrie des catholiques. Le penseur a
su montrer tout ce qu'il y a de christianisme latent et vivant dans
l'âme humaine et dans la pensée philosophique. Il fut, à sa manière,
un apologiste de la religion de Jésus, en montrant qu'elle rejoint,
complète et enrichit les conceptions du monde et de la vie, satis-
faisantes pour la raison, qu'elle formule les devoirs qui s'imposent à la
volonti\ quelle agrandit et réjouit le cœur par l'amour pur et vrai
dont elle exalte et propage le règne bienfaisant. On est parfois tenté
de dOsirer une analyse plus méthodique des ouvrages que M. Ollé-
Laprune nous a laissés, mais nul ne pouvait en parler mieux, avec
une intelligence plus avertie et un accent plus pénétrant, que son très
distingué disciple. >
30. — Il faut' se garder de confondre la méthode avec la doctrine de
l'immanence. Celle-ci pourrait prendre pour symbole le serpent qui
se mord la queue; celle-là prétend chercher et trouver dans les aspi-
rations de l'âme humaine, dans ses besoins et ses tendances, l'exi-
gence morale d'une réalité transcendante, « indispensable et inacces-
sible à 1 homme. » M. Cremer, dans son livre : Le Problème religieux
dans la philosophie de l'action, décrit la méthode d'après les ouvrages
de MM. Blondel et Laberthonnière ; je ne suis pas certain qu'ils se
reconnaissent dans son analyse, aussi bien, n'est-il pas toujours aisé
de saisir leur système complexe en toutes ses nuances. L'Action est
un beau livre dont la portée est indépendante des chemins par les-
quels son auteur veut nous conduire; M. Cremer, pasteur de l'Église
réforme, se flatte d'y découvrir des assertions favorables à lindi-
vidualisme religieux. Rien n'est plus opposé aux convictions de
l'universitaire et de l'oratorien, partisans de l'apologétique intrin-
sèque, mais rien n'est plus propre à mettre en lumière les lacunes
et les dangers de ce système. La méthode d'immanence nous semble
accul e à ce dilemme : ou bien elle nous présente le surnaturel comme
un surcroît indispensable exigé par la nature humaine, et alors il
n'est plus un don gratuit de Dieu; ou elle est impuissante à démon-
trer sa nécessité, et alors elle est inefficace. La brochure de M. Cre-
mer est le fruit d'une étude réfléchie et elle est suivie d'une biblio-
graphie qui rendra de très grands services à ceux qui veulent suivre
de prés les évolutions de la philosophie de 1 immanence.
31. — M. R. Cor s'est préoccupé des impressions qui exaltent la
sensibilité des hommes de notre temps : telles ou telles œuvres les
font naître et les insinuent dans les âmes qu'elles remuent et peu-
vent transformer. Nietzsche, il y a quinze ans. asita les inquiétudes
— 399 —
de nos contemporains, en proposant à leur activité l'acquisition,
l'exercice et le triomphe de la volonté de puissance; Bergson inaugura
une réaction contre l'intelligence, au nom de l'instinct, contre la
raison, au nom de la vie : c'est l'intuition qui nous met en contact
avec la profonde et fuyante réalité. Enfin Claude Debussy demanda
à la musique le pouvoir de suggérer l'inexprimable, d'exprimer l'inef-
fable. Nietzsche est un poète, « un franc-tireur de la philosophie »;
M. Bergson aboutit « à la liquéfaction de l'intelligence »; les œuvres
de M. Claude Debussy sont « des notes, des sons, mais ce n'est pas de
la musique. « Mais M. Bazaillas « inaugure une philosophie dont on
chercherait vainement le modèle... il nous fait pénétrer au cœur de
la sensibilité par les avenues les plus secrètes. » Tout cela, avec beau-
coup d'autres assertions, est développé dans les Essais sur la sensi-
bilité contemporaine , livre abondant en paradoxes, piquant et agressif,
contenant des considérations judicieuses, mais déparé par des atta-
ques inintelligentes contre le christianisme.
Louis Maison neuve.
SCIENCES CHIMIQUES. — SCIENCES MATHÉMATIQUES
Chimie. — ■ 1. Traité de chimie générale, p;;r W. Ner\st: trad. de 1'; llemuid par
A. CoRvisY. 2" partie. Tran^^formation de la matière et de Crnergie. Pari«, Hrrrmnn,
1912, gr. in-8 de 422 p., 10 fr. — 2, Trati "omplet d'analt/se rhim qw appliquée
aux e^sntu indiKtrieh. par J. PosT et B. Neumanj: trad. de l'allpinand et a\ig-
ment^ de nom'ireiises additions par G. Chenu et M. Pellet. T. lU, fa"^c. I,
2'= él. P ris, Hermmn, 1912, in-8 de 468 p. et 56 fig., 15 fr. — 3. Notions
fondamentales d'analyse qualitative, p'iP V. Thomas et D. Gauthier. Paris,
Gauthier-^'illars, 1912, in-8 de vii-331 p. et 91 fig. et 1 pi., 10 fr.
Mathématiques. — 4. Leçons sur les hypothèses cosmogoniques, pnr H. Poincaré,
rédigt^es pnr Hen'ri Vergnk. Paris, Hermtnn, 1911, gr. in-8 de xxv--9'i p. et
i3 fig., 12 fr. — 5. Introduction à la théorie des équations intégrales p '■ TkA-JAn
LAtEsco. ParÏF, Hermann, 1912, g. in-8 de vi -152 p., 4 fr. — 6. I Éjuationde
Frcdholm et ses applications à la phtisique matw^matiq'ie, par H.-R. II .vwood et
>T. Fréchet. Paris, Hermann, 1912, gr. in-8 de m-165 p., 5 tr. — 7. Leçons
sj(i les principes de l'analyse, par R. d'Adhémar. T. !. Paris, Gauthier-Vil! rs,
1912, gr. in-8 de vi-324 p., et 27 fig., 10 fr. — 8. Le Calcul des probabilités et
ses applications, par E. Carvallo. Paris, Gauthier- Villars, 1912, gr. in-8 de
IX- 169 p. et 15 fi?., 6 fr. 50. — 9. Cours de mathématiques supériewes à l'usage
des candidats à la licence ès-sciences phrisique<t. pi"^ l'abbé E. Stoffaes. 3^ éd.
Paris, Gauthier-Villirs. 1911, 2 vol. in-8 de x-.'.9> p., et 114 tig. et v-362 p.
175 Mg. , 20 fr. — 10. Géométrie rationnelle. Traité élénientaire de la science et de
l'espace, par George Bruce Halsted; trad. de l'anglais par Paul Barbarin.
Paris, Gauthier-Villars, 1911, in-8 de iv-296 p. et 1S4 fig., 7 fr. ro. — 11. Me-
sure des angles. Hyperboles éloilées et développante, par le commandant D.
Gautier. Paris, Gauthier- Vill.irs. 1912. in-8 de 84 p. et 14 fig., 2 fr. — 12.
Essai de géom-^trie analytique modulaire à dcw di-nen^^ions, par Gabriel Ar-
Noux. Paris, Gauthier-Villars, 1911, gr. in-8 de xi-159 p., avec de nora'ir. fig.,
6 fr.
Philosophie. — Histoire. — 13. La Grammaire de la science. La Pfyn'qup.p r Karl
Pearson; trad. de l'anglais par Lucien March. Paris, Alcan, 19:2, in-^ car-
tonné de xx-507 p., 9 fr. — 14. Science et Philo<!ophie, p^v Jules T/» if il ;ry.
Paris, Alcan, 1912, in-16 de xvi-336 p., 3 fr. 50. — 15. Grandeur et figure de la
— 400 —
terre, pnr J.-B.-.T. Delambre, ;'.up;mpiité de noies et cartes, pnr G. Bigouiidan.
Paris, GautliierVillars, 19'?, g\ in-8 de viii-'iOt p. et 31 fis:, et carte?, 15 fr.
— 16. L'Œi.ç-e s ientifique (le Blais-e Pascal. Bibliographie rritique et an.ahise de
tous les ouvrages qui s'y rapportent, par Ai-pert Maire. Paris, llermann, 1912,
in-8 de xxxi-184 p., avec portriiit, 5 fr.
■Sciences appliquées. — 17. La Tclé graphie sans iil, par Lit.ie'^' Fourxier. Paris, ■
Garnier, 1912, in-18 de xu-195 p. et 9' fi^., 2 fr. — 18. /. É rrtricité à la mai-
son, par }T. DE GuAFFiGNY. Paris, Larousse, s. d., in-8 de liO p. et 100 ■\g..
1 fr. — 19, Guide du chauffeur d'automobiles, par M. Zerolo. l'aris, Garnier.
1911, in-18 de 329 p. et iv:fig ,3 fr.
Chimie. — 1. — Nous avons étudie à fond d'abord le premier
volume du Traité de chimie générale de M. W. Nernst (Cf. Polybi-
blion d'avril 1911, t. CXXI, p. 269-270), puis le second. En termi-
nant ce travail, nous nous ft'licitcns du long temps que nous y avons
consacré : nos idées se sont précisées sur bien des points, ne s connais-
sances se sont largement étendues. Dans les lois de la chimie phy-
sique, M. W. ^^ernst distingue très nettement : celles que l'en doit
considérer ccmme définitivement acquises, dans 1 état actuel de la
science; celles qui sont probables; celles qui sont douteuses. Pour les
premières, il décrit l'expérience la plus propre à en faire sentir toute
la portée. Pour les secondes, il cite fréquemment plusieurs expé-
riences, car il tient toujours à indiquer dans quelle voie il faut s en-
gager pour essayer de préciser les lois en vue; la multiplicité des
indications données, toujours classées d'après leur importance pré-
sumée, sera très vivement appréciée des chercheurs. Quant aux troi-
sièmes, ou bien il emploie la méthode précédente, ou bien il cite les
travaux actuels en les accompagnant de très sobres réflexions. Entre
temps, il détruit les erreurs qu'une étude insuffisante des lois de la
chimie physique avait introduites; faut-il lui reprocher de le faire
parfois un peu durement? Qu'on lise ce qu'il dit des cryohydrates,
et l'on jugera. L'emploi des mathématiques est réduit au strict mi-
nimum. Une notion précise de la différentielle suffit, car, pour les
intégrales, les étudiants trouveront toujours un camarade qui les
leur expliquera. Sur ce que contient ce volume, nous serons bref.
D'abord nous trouvons deux parties capitales : d'une part, les trans-
formations de la matière, c'est-à-dire la statique et la cinétique chi-
mique; d'autre part, les transfornîations de l'énergie, c'est à-dire
toute la theriuochimie. I/électrochiinie comprend les théories ther-
modynamiques et osmotiques. Actuellement l'existence des ions est
contestée; M.W. Nernst s'appuye sur leur réalité, les conclusions qu'il
en tire me paraissent difficilement attaquables, les défenseurs des ions
feront bien de le consulter. Le peu que nous savons sur la photo-
chimie tennine l'ouvrage. Une logique division des sujets traités, une
rédaction claire et précise quoique concise^ le renvoi aux sources,
chaque fois que cela est nécessaire, facilitent l'étude de ce traité, tout
à fait de premier ordre à tous les points de vue.
— -'^^ —
2. — Le troifiième et dernier volume du Traité complet d'analyse
chimique ne formera que deux fascicules. 11 ne s'en faut point étonner
si l'on considère l'étendue considérable du premier. M. P. Wagner
(Darmstadt) s'occupe des engrais commerciaux, amendements et fu-
miers, puis de la terre arable et des produits agricoles. Malgré l'excel-
lence des méthodes indiquées dans l'édition allemande, les traduc-
teurs ont fait de nombreuses additions pour montrer toutes les métho-
des du comité des stations agronomiques françaises. L'analyse des
produits agricoles contient le dosage de l'acide phosphorique, de la
potasse et de l'azote, c'est-à-dire des éléments que les engrais doi-
vent restituer au sol. M. Nussbaum (Hanovre) a passé une sérieuse
revue des impuretés de toute nature que peut contenir Vair. M. Helle
(Charlottenbourg) donne d'excellunts tableaux 'des propriétés phy-
siques caractérisant les huiles essentielles et des réactions décelant les
fraudes les plus usuelles, le tout n'étant d'ailleurs que le complément
des méthodes de dosages. M. Philip (Stuttgart) a étudié très à fond
le cuir et matières tannantes. Nous avons constaté trop souvent en
France que, dans des tanneries d'importance moyenne et dans des
fabriques d'extraits, il n'y avait aucun contrôle chimique. Nous sou-
haitons que la lecture de ce fascicule qui montre si bien le rôle favo-
rable ou défavorable de certains éléments chimiques, tout en en indi-
quant un dosage facile, fasso changer cet état de choses. Pour le
caoutchouc et la gutta percha, la France est au contraire très bien
organisée; aussi, nombreux seront les chimistes qui chercheront s'ils
ne peuvent trouver des renseigïiemt-nts nouveaux dans l'article do
M. H erbst (Vienne), ainsi que dans les nombreuses additions introduites
par les traducteurs. Des événements récents ont attiré l'attention de
nombreux chimistes sur les matières explosives. Nous recomiuandons
tout spécialement l'article de M. Kast (Berlin) ; il doit servir de base
à toute étude, sans exception, sur les explosifs. Nous n'a^ ons rien à
dire sur les articles « Colle » et Tabac, par M. Kissling (Rrcme), sinon
que les traducteurs ont ajouté le dosage de la nicotine dans ses jus;
quoique, en France, ce produit soit vendu par l'État, il n'est peut-
être pas inutile de le contrôler.
3. — Il y a deux manières d'étudier l'analyse chimique suivant que
l'on poursuit la préparation d'un certificat de chimie dans une Uni-
versité, ou que l'on se destine à la profession de chimiste. Dan;- le
premier cas, l'étude se fait rapidement dans un cycle de questions
très limité; dans le second, il faut des années de laboratoire et une
étude approfondie. C'est pour faciliter celle-ci aux débutants que
MM. ThoRas et Gauthier ont écrit les Notions fondamentales d'ana-
lyse qualitative. Ils ont désiré les guider jusque dans les moi dres
détails, ce qui a amené les auteurs à parler un peu longuement des
Mai 1912. T. CXXIV. 26.
— 402 —
appareils les plus usités dans les iLéthodes d'analyse. Les caractères
des bases et des acides signalent les réactions spéciales à un cL'ni«nt
déterminé. Là encore la rédaction est trop longue, elle est remplie de
phrases absolument inutiles. L'n primaire, mal instruit, peut seul nous
dire : • En sa qualité de métal précieux, l'or ne s'oxyde pas à l'air
quelle que soit la tempért-ture. » L'analyse proprement dite occupe
70 bonnts pages. Cette partie est plus concise et la marche métho-
dique indiquée est à recommander. La note sur les impuretés des
réactifs, commercialement purs, rendra de grands services. Cet ou-
vrage ayant deux auteurs, il semblerait à la lecture qu'ils n'ont pas
collaboré, mais écrit chacun une partie. Nous ne voulons pas savoir
si cela est vrai, car nous serions obligé de réserver à l'un d'entre eux
tout le bon de nos impressions.
Matmémattques. — 4. — Dans ses Leçons sur les hypothèses cos-
mogoniques, M. Poincaré envisage d'abord celles faites par Kant.
Laplace, Paye, M. da Ligondès, M. Sée, ?ir G. H. Darwin. Chacune
d'entre elles est analysée et décon. posée en ses éléments par le savant
académicien. Après avoir examiné si elle ne contient pas d'éléments
supeiflus, il rappelle les conséquences qu'elle entraîne. Sauf sur cer-
tains poi ts d'astronomie stellaire, ces hypothèses envisagent près
que exclusivement la constitution du système solaire. M.Poincaré ne
s'est, pas contenté d'exposer les résultats acquis; dans tous les cas,
il complète, par ses propres calculs, les conséquences que l'on peut
tirer pour 1 explication des phénomènes astronomiques inconnus au
moment où la théorie a été établie. vS'il n'y a pas concordance, si un
fait nouveau ne peut être expliqué, M. Poincaré recherche si une légère
modification de forme, mais ne touchant pas au fond, ne peut
étendre la validité de 1 hypothèse. Un attrait, et non des moindres de
cet ouvrage, est lindieation des points cpmmuns àcertaines hypothèses;
points comuiuns apparaissant seulement lorsque l'esprit subtil
d'analyse de lauteur les a fait sortir de leur obscurité. De l'étude
des sept premiers chapitres ressort la conclusion indiquée par M. Poin-
caré dans sa Préface : actuellement, il n'y a aucune hypothèse suf-
fisamment satisfaisante, cependant celle de Laplace pare presque à
tout. Les origines des chaleurs solaire et terrestre nous font surtout
connaître la grande incertitude qui règne sur la question; aucune
des hypothèses ne semble très admissible. La spectroscopie a permis
à MM. Norman, Lokyer et Schuster de faire de très intr'ressantes
suppositioiis sur le monde stellaire. La th^^orie de M.Arrhenius inté
ressera viv^îment les adeptes de la croyance que le monde ne finira
pas dans une température uniforme. M. Poincaré consacre une bonne
critiqi.e aux travaux de Al. Belot, oui n'a pas su tirer tout le parti
possible de ses excellentes idées. M. Poincaré a complètement laissé
— ws —
de côté les questions religieuses ou philosophi((ues. il a écrit une
critique purement mathématique sur la question des hypothèses
cosmogoniques; son livre est digne de sa science approfondie,
c'est de plus un bon instrument de tiavail.
5. — Pendant longtemps les équations fonctionnelles n'ont été étu-
diées que sur des cas isolés. Les travaux d'ensemble de M. Volterra
sur une catégorie spéciale de ces équations et surtout l'équation de
M. Fredholm, qui rend tant de services, ont attiré l'attention des
mathématiciens sur la fécondité des nouvelles méthodes. Sans pré-
tendre que toute la théorie des fonctions va en être bouleversée, on
est en droit de s'attendre à des découvertes heureuses. Aussi nom-
breux sont les jeunes ( et vieux) mathématiciens désirant s'assimiler
les travaux df M. Volterra et de M. Fredholm. L'Introduction à la
théorie des équations intégrales est parfaite à ce point de vue. M. La-
lesco,par ses recherches personnelles, a étudié à fond tous les travaux
antérieurs sur le sujet; ceci lui a tout d'abord permis d'augmenter
d'une façon notable l'état actuel de la science sur ce point. De plus, il
n'a pas voulu que ce travail préparatoire profitât uniquement à
lui; il l'a condensé sous une forme didactique excellente; souvent, il
a été amené à substituer aux démonstrations primitives des inven-
teurs des démonstrations personnelles plus simples ou plus métho-
diques. I./étude de la théorie des équations intégrales peut être abordée
avec un bagage de connaissances mathématiques assez réduit.
M. Lalesco a laissé systématiquement de côté les nombreuses et im-
portantes applications à la physique mathématique; la copieuse biblio-
graphie elle-même ne se rapporte qu'à la théorie. ,
6. — ■ MM. Heywood et Fréchet, ayant, eux aussi, fait de remar-
quables travaux personnels sur l'équation de Fredholm ont écrit un
petit traité didactique : L' Equation de Fredholm et ses applications à
la physique mathématique. C'est, comme l'ouvrage précédent, une nier-
veille de clarté et de précision. Dans un premier chapitre, les auteurs
exposent tous les problèmes de physique dont la solution dépend
d'une équation de Fredholm; nous renonçons à les énumérer, car
pas une branche de la physique n'est négligée. Le second chapitre
est consacré à l'étude même de l'équation de Fredholm, non pas au
point de vue théorique général, mais surtout dans un but utilitaire.
Le dernier chapitre donne la solution des problèmes posés dans le
premier. Alors on se rend compte de la merveilleuse fécondité de ce
nouvel instrument d'investigation, et nous ne concevons pas que les
mathématiciens ayant étudié l'ouvrage de M. Lalesco s'abstiennent
de lire celui de MM. Heywood et Fréchet. Mais la réciproque n'est
pas vraie. Nous connaissons un grand nombre de professeurs, ingé-
nieurs, qui, sans vouloir faire de travaux personnels, sont curieux de
— 404 —
nouveaux développements de la science. A ceux-là, nous disons -.lisez
l'ouvrage de HM. Heywood et Fréchet, vous y prendrez un plaisir
extrême.
7. — « Mes Leçons sur les principes de l'analyse, dit M. R. d'Adhé-
mar, ne sont pas des réflexions sur les premiers principes de la science
mathématique, mais des explications sur les questions principales ou
fondamentales «. Cette appréciation est exacte, mais ne montre pas
l'utilité de cette importante publication. Deux idées difft' rentes, mais
qui cependant devaient être réunies, lui ont désigné les sujets de ses
leçons. D'une part, dans ces dernières années, des notions et des dé-
monstrations classiques se sont modifiées sous l'influence de la pré-
cision toujours plus grande demandée à la mathématique. D'autre
part, des théories nouvelles sont en train de devenir classiques, soit à
cause de leur valeur propre, soit à cause de leur répercussion sur les
anciennes théories. M. d'Adhémar pst à la fois un érudit très in-
formé et un professeur dévoué (nous laissons de côté le savant
dont le rôle est moindre dans ce livre); il a fait un choix judicieux"
des questions devant être exposées sous une foi me nouvelle aux étu-
diants en analyse; son ouvrage est donc le con.plén^ent naturel et
indispensable de tous les traités d'analyse actuellement en usage. Les
critiques pouvait lui être adressées sont de deux classes: n'a-t-il pas
rappelé des questions trop connues; a-t-il été assez loin dans l'ex-
posé des méthodes nouvelles ? Pour le premier point, nous verrions
peut-être quelques alinéas à supprimer au début de presque tous les
chapitres, pour le second, surtout en ce qui regarde le calcul inté-
gral, nous disons : c'est très bien. La rédaction, vulgairement le
français, dans ce livre est bien plus claire que dans les autres ouvrages
de M. d'Adhémar; en particulier, il précise d'ime façon parfaite la
définition des mots dont l'introduction est récente en analyse. Ce
volume s'occupe des séries, des déterminants, des intégrales siuiples
et multiples, des intégrales curvilignes et de surface, des potentiels,
des équations différentielles, intégrales et fonctionnelles. Un second
volume contiendra la suite des précieux documents que l'auteur niet,
sous une forme aussi simple que possible, à la disposition des étudiants.
Les professeurs, ingénieurs, etc., qui continuent à s'intéresser au déve-
loppement delà science, seront heureux de prendre connaissance de
l'ouvrage de M. d'Adhémar.
8. — Peut-on comprendre les principes du calcul des probabilités,
en saisir la portée et les appliquer à la statistique sans être mathé-
maticien? Tel est le triple problème que s'est posé M. F. Carvallo et
qu'il a brillamment et pratiquement résolu dans le Calcul des pro-
babilités et ses applications. N'être pas mathématicien signifie, pour
M. Carvallo, posséder très bien les matières de notre enseignement
— 405 —
secondaire scientifique, la classe de mathématiques spéciales excep-
tée. C'est le cas, nous le savons, de la grande majorité des candidats
aux fonctions publiques ou priv( es qui exigent, à lexamen d'admis-
sion, des connaissances sur le calcul des probabilités. M. Carvallo
légitime les principes par un choix d'exemples simples et clairs met-
tant en relief tout ce que contient chaque principe; cela l'a amené à
supprimer la théorie des jeux, utile seulement aux mathématiciens.
Ija méthode de la statistique est traitée de la même manière; après
l'avoir étudiée, on est capable de faire les travaux confiés aux débu-
tants par les administrations. Mais pour arriver à ce résultat, M.Car-
vallo a introduit des éléments nouveaux : la courbe de l'intégrale do
Rernoulli substituée à la dérivée, l'écart étalon remplaçant l'écart
total. Pour l'ajustement des écarts, après avoir réduit le problème à
sa forme la plus simple, M. Carvallo donne quelques démonstrations
mathématiques, parce que, sous cette forme, ulles sont facilement
compréhensibles. Les limites du calcul des probabilités et les abus
qu'on en a faits sont des questions à méditer. En dehors des personnes
pom' lesquelles cet excellent ouvrage a été écrit, nous en conseillons
la lecture aux philosophes ainiant parler du calcul des probabilités.
M. Carvallo est très connu pour la clarté avec laquelle il expose les
sujets qu'il traite, son nouvel écrit confirme cette opinion.
9. — Dans les temps où nos Universités dédaignaient l'enseigne-
ment des mathématiques générales, les étudiants, empêchés de suivre
un cours de mathématiques spéciales, n'avaient pour acquérir les
connaissances nécessaires au futur physicien que l'excellent Cours de
mathématiques supérieures de M. l'abbé Stoffaes.Toutes les Universités
donnent maintenant cet enseignement préparatoire. Plusieurs pro-
fesseurs, distingués ont publié de très bons manuels. Sous ces deux
formes, l'enseignement des mathématiques supérieures garde un ca-
ractère essentiellement pratique. Mais le développement de la phy-
sique, le plus grand rôle joué par les mathématiques et aussi le relè-
vement du niveau intellectuel des étudiants rendaient la première
rédaction de M. Stoffaes insuffisante. Une seconde édition, vite épuisée,
a permis à l'auteur de refaire entièrement son livre, qui satisfait à tous
les desiderata de l'heure présente. Tout en adoptant une forme
didactique parfaite, Fauteur n'a pas voulu s'astreindre à une division
rigoureuse en trois parties : compléments d'algèbre, géométrie ana-
lytique, analyse. Il a gradué l'effort demandé à l'étudiant. C'est
ainsi qu'il a intercalé les différentielles et intégrales entre les pre-
mières notions d'analytique et les courbes et surfaces, réser-
vant les équations différentielles pour la fin. Ce livre n'étant
pas destiné à former des mathématiciens, sur certains points trop
longs à préciser, M. l'abbé Stoffaes se contente de donner des
- 40(> —
indications. Ce proccdô est admis par tout le monde. Par exemple,
la génération des équations différentielles suffit à faire ccmprendre le
nombre des constantes figurant dans l'intégrale générale. Apparte-
nant, comme l'auteur, à l'enseignement supérieur libre, nous ne pou-
vons dire que son cours est le meilleur de ceux parus. D'ailleurs, les
(étudiants savent trouver ce qui leur convient. Nous leur demandons
de ne pas perdre leur temps à discuter si Rouasse est supérieur à
Stoffaes. Ces deux auteurs partent de concepts différents, chacun
choisit celui qui s'adapte le mieux à Sa tournure d'esprit. Les futurs
physiciens ne seront pas seuls à utiliser cet excellent ouvrage : tous
ceux qui ont le besoin ou la curiosité de s'initier aux mathématiques
supérieures peuvent le prendre comme un guide sûr.
10. — M. HilLert, dans ses célèbres Grundlogen, a précisé les axio-
mes nécessaires et suffisants pour établir la géométrie, en ne prenant
que des concepts purs — par lui formulés — sans jamais faire
appel à des notions expérimentales. Quoique nous piquant d'avoir
une certaine connaissance de la langue allemande, nous n'avons
jamais pu aller jusqu'au fond des pensées que M. Hilbert formule
dans ses travaux originaux. Nous ne sommes pas seul dans ce cas.
Une grande reconnaissance ira à M. Barbarin pour avoir traduit
l'ouvrage de H. Halsted : Géométrie rationnelle. A cela, il y aura une
double raison. M. Halsted nous fait connaître les concepts et axiomes
d'Hilbert et, se basantsur eux, a rédigé une géométrie élémentaire.Cette
géométrie peut-elle s'enseigner aux écoliers? L'expérience seule don-
nera une réponse certaine; après mûre réflexion, nous croyons fer-
mement qu'elle sera : oui. Il faudrait changer un peu la terminologie
de l'auteur. Nous dirions, par exemple: un point et une droite sont
deux éléments tels que : Axiome I, 1, deux points distincts A et B
déterminent toujours une droite a. Ceci posé, nous constatons que les
axiomes d'association," d'ordre et' de congruence sont très facile-
ment assimilables. Si, maintenant, nous considérons l'ensemble du
livre, nous concluons que cette géométrie est infiniment plus simple
que toutes les géométries classiques. Nous attirons l'attention des pro-
fesseurs sur les problèmes de construction faite par la droite et le trans-
porteur; les solutions, graphiquement préférables à celles actuellement
enseignées peuvent être, dès à présent, introduites dans 1 er.seigne-
ment. Il en est de même du calcul segmentaire et de la théorie des
proportions faite sans avoir recouis à l'idée de continuité. Sur deux
points nous n'avons pas été satisfait. Étant resté dans l'abstrac-
tion, nous n'avons pas pu comprendre (p. 55) qu'une règle nous donne
la représentation physique d une droite; ce qui est plus grave, et
nous ne l'admettons pas,c'est la correspondance d'un segment à un arc
(p. 149) servant à définir la longueur de l'arc. Ce volume suscitera de
. - 407 —
nombreuses discussions. Par exemple, pour l'axiome de Cavaleri
(p. 206), on dira : mais, par des considérations de limite, il se démontre;
pour nous, nous préférons carrément un axiome aux démonstrations
superficielles actuellement employées.
11. — La trisection de l'angle, et en général sa division en parties
quelconques ne so t pas possibles géométriquement, si l'on entend par
ce "mot : des constructions effectuées avec la règle et le compas. Le
corn* Gautier s'est demandé si, en construisant des courbes spéciales,
on ne pourrait pas arriver à solutionner cette question avec une ap-
proximation comparable à celle obtenue dans les constructions géo-
métriques. Il résoud d'une manière très satisfaisante le problème dans
son livre : Mesure des angles. Hyperboles étoilées et développante. Une
hyperbole étoilée est le lieu des points tels que, dans le triangle formé
par un de ses points et les deux foyers, les angles à la base sont dans
un rapport don né. L'étude approfondie faite par l'auteur l'a amené
à remplacer les diverses hyperboles étoilées par une courbe unique :
l'hyperbole développante. Le com^ Gautier démontre que cette courbe,
soigneusement construite, constitue un abaque permettant de cons-
truire les sou s- multiples d'un angle. Il regrette, avec nous, de n'avoir
pu établir un appareil dessinant exactemeiit cette courbe; il aurait été
intéressant de savoir si elle est une courbe cinématique simple. No-
tons, en plus, que cette, courbe donne incidemment la résolution du
problème, dit de la quadrature du cercle. L'auteur de cet intéressant
travail compte poursuivre ses travaux; il serait à désirer qu'il les
étendît à toutes les constructions géométriques pouvant s'effectuer
à l'aide des courbes cinématiques.
12. — Nous pourrions définir V Essai de géométrie unahjiique modu-
laire à deux dimensions l'application de la géométrie analytique à la
théorie des nombres. Au premier abord ce rapprochement parait
fantastique. Mais la Préface seule de M. Arnoux montre tant de con-
nexions entre les propriétés des éléments géométriques d'une courbe
(tangente, normale, foyer, etc.), et la distribution des congruences
relatives à un module, que nous avons abordé avec confiance la lec-
ture de ce livre. Nous avons vite compris que MM. Laisant etTarry,
séduits par la nouveauté et l'intérêt du sujet, aient apporté leur dis-
crète mais précieuse collaboration à M. Arnoux. Le résultat principal
de ce travail est de pouvoir présenter sous une forme concrète, tom-
bant sous le sens de la vue, des propriétés arithmétiques connues
seulemert, jusqu'à présent, sous une forme abstraite. Cet ouvrage
ne peut être étudié que si l'on possède partiellement les travaux
antérieurs de M. Arnoux; le sujet n'est pas épuisé; il nous semble
qu'il peut conduire à des applications classiques, détruisant ainsi le
grand argument des adversaires de M. Arnoux.
— 408 —
Philosophie. — Histoire. — 13. — La science ne fait pas con-
naître la cause des phénomènes, la science ne les explique pas; l'homme
les étudie, il en fait la self-critique, puis il énonce hypothèses et lois.
L'hypothèse sert à grouper les faits, la loi scientifique n'est pas une
vérité, c'est une règle permettant de prévoir, et, s'il y a lieu, de calculer
les phénomènes analogues à ceux qui ont servi à établir la loi. Le
champ des investigations humaines s'étendant, des faits nouveaux
obligent à modifier hypothèses et lois. Telles sont les idées qu'expose
M. Pcarson dans la Grammaire de la science. Ces idées sont actuel-
lement admises, d'une façon générale, dans l'enseignement supé-
rieur; elles pénètrent dans l'enseignement secondaire; seuls les pri-
maires ne peuvent séparer les mots science et vérité. Il est donc bon
que ces notions soient fréquemment mises au jour, il est particuliè-
rement intéressant de les voir répétées par un précurseur comme le fut
M. Pearson. Tout le premier, il reconnaît que sa rédaction est
longue ; cependant on lui saura gré de ses nombreuses citations
d'autres auteurs. Néanmoins, il aurait pu rayer Darwin dont la
méthode critique est fort controversée actuellement. Après ces géné-
ralités, M. Pearson étudie comment des perceptions humaines sont
sortis les concepts scientifiques. L'espace et le temps, notions fonda-
mentales, sont particulièrement difficiles à être bien définis; les expli-
cations de l'auteur n'ont pas éclairci nos idées. Par contre, la
géométrie du mouvement, la matière, les lois du mouvement sont
traitées dans des chapitres qui jettent une vive lumière sur la nature
intime de nos concepts actuels. Ces divers sujets forment la base
de la Physique, ce qui explique le sous-titre choisi. L'auteur se
préoccupe enfin des idées modernes sur la physique et de la crise qu'elle
subit. Cette crise est toute naturelle, la multiplicité des faits nou-
veaux a rendu incomplets les concepts jusqu'alors suffisants. Mais
dans tout le courant de son excellent ouvrage, M. Pearson nous a
montré l'évolution constante de ceux-ci, embrassant un champ
toujours plus grand. Les sages conseils de self-critique qu'il donne
permettront aux chercheurs de solutionner plus rapidement les ques-
tions en suspens.
14. — En réunissant dans le volume : Science et Philosophie, les
principaux articles ou études que J. Tannery aimait à consacrer à de
profondes réflexions sur les principes des mathématiques ou sur le
rôle des math^^matiques dans l'enseignement, M. Borel, tout en ren-
dant un superbe hommage à son vénéré maître, a fait cependant
encore plus : il a rendu accessible l'étude des idées de Tannery.
Cet illustre savant réfléchissait longuement sur une question avant
de faire connaître son opinion; souvent même celle-ci ne voyait le^
jour que dans ses précieux comptes rendus d'ouvrages niathémati-
• — 40v^ —
ques, elle surgissait de la discussion et faisait sortir Tannery de sa
trop grande réserve. On aurait désiré le voir publier plus encore sur
les principes de l'arithmétique, de l'algèbre et de la géométrie; il faut
connaître les idées de Tannery sur ces sujets si Ton veut soi-même
en aborder l'étude. Autant que nous avons pu le vérifier, M. Borel n'a
rien omis d'important en sélectionnant les articles réunis dans le
présent volume. Cette partie du livre restera éternellement vivante.
Certaines questions d'enseignement ont vieilli, leur manque d'actua-
lité tient à ce que les idées de Tannery ont été adoptées; il reste
cependant intéressant de connaître sous quelle forme, pleine de bon
sens, elles se sont produites. Tannery a été avant tout un éduca-
teur cherchant à former les intelligences, la mort n'a pas arrêté son
œuvre, ce livre inspirera encore de bonnes et excellentes idées.
15. — Depuis environ cent ans, le manuscrit de Delambre : Gran-
deur et figure de la terre était resté inédit. Il fallait qu'un savant
absolument désintéressé le revisât, la rédaction en étant fort négligée,
y ajoutât des cartes qui manquaient totalement, des éclaircissements,
sous forme de notes : M. Bigourdan s'est chargé de ce travail et s'en
est parfaitement acquitté. Il fallait aussi (les publications de ce
genre ne couvrant pas leurs frjiis, malgré leur haut intérêt) trouver
une combinaison économique ; M. Poincaré, en publiant une grande
partie de ce traite dans le Bulletin astronomique, a résolu la ques-
tion. Les premiers chapitres de ce livre sont consacrés à une critique,
sévère mais juste, des travaux qui ont précédé ceux de Delambre.
Viennent ensuite les travaux propres de Delambre sur la mesure de
la méridienne. Ceux-ci ont servi à l'établissement de la base du sys-
tème métrique. Delambre a exposé le détail de ses opérations, les dif-
ficultés d'opérer suscitées par les troubles qui agitaient alors la France.
C'est un vrai journal, bien vivant, de son existence à cette époque.
Il nous révèle le soin jaloux avec lequel Méchain dissimule ses registres
d'observation pour les soustraire à la commission de contrôle, ce-
lui-ci voulant ainsi se réserver toute la gloire sises résultats avaient
donné les nombres définitivement adoptés. C'est un des derniers
exemples de jalousie scientifique que les historiens auront à étudier^
Les savants, maintenant, se contentent de satisfaire leurs rancunes
politico-religieuses. Cela vaut-il mieux ? Enfin Delambre expose,
toujours avec son même esprit de critique impartiale, les mesures
du méridien qui ont été faites de 1800 jusqu'au moment où il y a
cessé de travailler. Les astronomes, géodésiens et historiens auront
fréquemment à consulter cet ouvrage; MM. Poincaré et Bigourdan
seront assurés de leur reconnaissance : seul avantage qu'ils tireront
de cette publication.
16. — L'Œuvre scientifique de Biaise Pascal. Bibliographie, est la
— 410 —
réunion de fiches savamment établies et logiquement classées. Elles
signalent trois espèces d'ouvrages : 1° les publications directes de
Pascal; 2° les œuvres des savants qui ont discuté ou analyse les tra-
vaux de Pascal; 3° les ouvrages qui, à tout autre titre, ont cité Pas-
cal. En un mot, sont réunis tous les documents nécessaires pour entre-
prendre un grand travail d'ensemble sur l'œuvre scientifique de Pascal.
Or telle n'est point l'intention de M. A. Maire : on nous en a donné
l'assurance formelle. M. Duhem, qui a écrit pour ce livre une charmante
et très intéressante Préface, ne paraît pas disposé à commencer, pour
le moment, pareil travail. Cependant, les admirateurs de Pascal sont
nombreux; maintenant que la besogne ingrate est toute faite, nous
attendons de quelques-uns d'entre eux la publication de plusieurs
belles études sur Pascal. L'Académie des inscriptions et belles-lettres
a accordé à M. Maire une partie du prix Brunet, récompense juste de
son travail désintéressé.
Sciences appliquées. — 17. — Avec une rapidité surprenante, les
appareils de la Télégraphie sans fil se sont modifiés et perfectionnés.
M. Fournier s'est imposé la lourde tâche de faire connaître au grand
public les installations actuelles. Sauf en ce qui concerne les antennes
horizontales placées près du sol, qui rendent de si grands services aux
Italiens en Tripolitaine, il nous paraît n'avoir rien oul>lié. Comme il
voulait faire un livre aussi scientifique que possible, il a commencé
par rappeler les principes sur lesquels est fondée la télégrapjiie sans
fil. Il a su être à la fois très précis et très compréhensible. M. Fournier
montre l'importance du problème de la direction des ondes, actuel-
lement insuffisamment résolu; il fait connaître les divers essais de
téléphonie sans fil et les ren)arquables travaux de Branly sur la
télémécanique.
18. — Trop bien fait, tel est le reproche que nous adressons à
l'Électricité à la maison. M. de Graffigny a mis une telle précision et une
telle concision dans s? rédaction qu'il faut lire ce livre avec une
attention ne se démentant pas une seconde. Le grand public est-il
capable de cet effort ? Il lui est facilité pourtant par une impression
parfaite accompagnée de figures excellentes. D'autre part, celui qui
s'assimilera ce livre possédera un fond sérieux sur toutes les questions
traitées : les moyens de produire l'électricité chez soi, l'éclairage
électrique domestique, les sonnettes électriques et appareils aver-
tisseurs, les téléphones et allumoirs. L'auteur ne se préoccupe point
de décrire tous les appartriils tendant vers un même but, il en choisit
un et se préoccupe siu'tout d'une bonne installation, d'un parfait
fonctionnement. Les principales applications, telles que : petit»
moteurs, chauffage d'appareils domestiques, etc., forment un dernier
chapitre fort intéressant. En résumé; excellent guide pour apprendre
- 411 —
tout ce que Ton peut faire d'installation ékctrique dans une maison,
tout en étant son propre producteur d'électricité.
19. — Pour profiter entièrement des excellents conseils que donne
M. Zérolo dans le Guide du chauffeur d'automobiles, il faut, au préa-
lable, avoir fait un léger apprentissage dans un atelier de mécani-
ciens. Cela seul permet de remédier aux pannes dont il indique la
recherche méthodique et d'effectuer les petites réparations. Pour ce
qui concerne l'automobile, le manuel de M. Zérolo suffit largement
pour apprendre à le connaître dans ses moindres détails : du moteur
au châssis et de l'entretien à la conduite. Il étudie chacun des
éléments en lui-même, il présente tous les types fondamentaux, il
ne laisse de côté que quelques dispositions très secondaires variant
d'un constructeur à l'autre. Par suite, après avoir étudié ce livre, on
peut rapidement se familiariser avec une automobile de marque quel-
conque et apprendre à s'en servir dans les meilleures conditions. Les
propriétaires d'automobiles et les chauffeurs feront certes leur profit
de ce livre; mais de plus, comme M. Tout le monde s'intéresse à
l'automobile, nous lui signalons très paiticulièien ent ce livre pour
qu'il y puise facilement des connaissances sérieuses sur son véhicule
favori. E. Chailan.
HAGIOGRAPHIE ET BIOGRAPHIE ECCLÉSIASTIQUE
1. Madame Sainrte .-Inné et son culte au mouen âse, par Paul— V. Tharland. T. I.
P^-ns. A. Pica.d et fils, 1911, gr, in-8 de 349 p., 8 tr. — 2. Sainte Brigitt: de
Sièle. Sa vie, sa révélations et son a'uvre, par la comtesse de Fi.a'vigny. S'' éd.,
revue et p.ugmenti^e. Paris, Oiidin, 19'0, petit in-8 de xiii-775 p., 5 <'r. — 3.
Saint- Frani ois- Xavier, par A. Bbou. Paris, Beau^hesne. 191?, 2 vol. in-8 de
xvi-44.5 et 487 p., 12 fr. — ■ '•. Un Apôtre du pans wallon au temp'^ de In R forme.
Le P. Bernard Olivier, S J. p-.r le P Patjt. Debuchy. Lille, Girard, '9 1, in-8
de 180 p., 2 fr. — 5. « Les Saints. » Saint Charles Borromée, par Léonce Ce-
LiER. P; ns, Leco'fre, Gabaldr-, '9'?,in-12dexii-207 p., 2 fr. — 6. « Les Saints-o.
La Bienheureuse Margw rite AIarie,p^.rV.gr Dv.M^ywiî). Paris. LecfT'e, Gahalda,
1912, in-12 de 233 p., 2 fr. — 7. Les Martyrs, par le R. P. Dom H. Leclercq. -
T. XI. La Bévolution (1 791-1 79'i1. Paris, Oudin, 1911, in-8 de cxxiv-521 p.,
4 fr. 50. — 8. La Mère Marceline de Chamerlat, 3" supérieure générale de la Misé-
ricorde de Billom (1786-1867), par le P. J.-B. Couderc. Paris, Téqui, 191?. in-8
de .t95 p., a'^'ec portrait et 4 planches, 5 fr. — 9. Ames chrétiennes. Le Père de
Vcl'oger, s. .s frères, ses sœurs, d'après l ur cor>etpondance, publié par Gervatne
de VAk-oGER. Paris, Bloud, 1911, in-16 de x-310 p., 3 fr. 50. — 10. le Car-
dinal Vaughan, par Paul Thureau-Danchv. Paris, Ploud, 1911, in-16 de 127
p., 1 tr. ?0. — 11. Une A ne béni'dictine. Dom Pie de Hemptinne, moine de fab-^
baye de Mnredsous (1880-i907). 2» éd. Paris, Lethielleiix, 1912, in-12 de 357 p.,
avec portrfit, 3 fr. 50. — 12. M. l'abbé Nicolas Couturier, organiste de la cnhé-
drale de Langres et directeur de l'école musicale de la n>cîtrise (1840 '9' 1), notes et
souvenirs, par L. Ne Et et R. Roussel. Langres, imp. Lepitre- Jobard, 1911,
in-16 de vi-140 p., 1 fr. 75. — 1?. Saint Benoit. Sa vie, sa rèile, sa doctrine
spiritu'lle, par le R. P. D. Be nard Ma-échai^x. Paris, Eeauchesne, 1911, ia-
16 de viii-197 p., 2 fr. — 14. - Les Saints. « Saint Cé'^aire r470-543\ par l'abbé
M. Chatllan. Pari»:, î.ecoffre. Oabalda, 1*^12, in-12 de vni-2;^7 p., 2 ir. — 15.
« Les Saints. -. La Vnêrahlr Énilie de Bodat (1787-1852^, par r.gr J. -F. -Ernest
Ricard, Paris, Lecoffre, Gib.Jda, l'M2, in-12 de xv-2lu p., 2 fr.
- 412 ~
1. — Le litre du livre du R. P. Cbarland : Madcmie Sdincte Anne ei
son culte au moyen âge, bien que d'un archaïsme un peu singulier,
marque précisément l'objet de cet ouvrage de longue haleine. Celui-
ci suppose des lectures considérables; les documents y sont nom-
breux et on s'attend, dès le début, à an vrai travail d'érudition.
Mais on est tôt convaincu qu'on ne peut guère le classer ni dans le
genre érudition pure, ni dans celui d'une vulgarisation sans prétention
à la science historique. Pour le premier genre, il y a trop de phra-
séologie, de végétations, pour le moins inutiles; pour le ranger dans le
second, il y a trop de documents cites souvent intégralement, r-n
latin, en anglais, même en grec. Le livre, d'après l'auteur, paraît
traiter un sujet jusqu'ici presque inexploité. C'est peut-être beaucoup
dire. Quoi qu'il en soit, les esprits qu interesse ce beau et vaste sujet
ne perdront pas leur temps à lire attentivement ce premier tome. La
thèse que tend à établir le P. Charland est celle-ci : le culte de sainte
Anne est très ancien; il a toujours été, il est encore, dans une large
mesure, imiversel, coi'nme l'Église elle-iuême. Il reconnaît lui-même
l'antiquité fort discutée du culte de h mère de la Sainte Vierge : brave-
ment il s'attache à la prouver. Ce culte aurait commencé en Orient et
se serait ensuite développé en Occident où les Bollandistes n'ont
rencontré « la première trace d'une fête particulière en l'honneur de
sainte Anng qu'en 1378, en Angleterre; l'institution de cette solen
nité y fut demandée par les prélats de cette nation ». Ce n'est certes
pas une bien haute antiquité. Dans le Dictionnaire d'archéologie et
de liturgie^ publié sous la direction de Dom Cabrol, art. « Anne ^>, ne
lit-on pas : « Avant 1382, la fête de sainte Anne en Occident n'ap-
paraît sur aucun calendrier.... le culte de sainte Anne en Occident ne
peut rciuonter moins haut que le viii*^ siècle ». Le tome I n'est encore
qu'un chapitre préliminaire Se subdivisant en articles. En voici le
sommaire : La Fête liturgique de sainte Anne, son culte en Orient
(monuments littéraires, fêtes et liturgie, les livres qui témoignent
de ces fêtes et de la liturgie; nombre et solennité de ces fêtes). Les
auteurs qui se livrent à l'étude de l'histoire liturgique auront, dans
ce premier volume, une mine de matériaux précieux et le vaillant cher-
cheur de documents n'aurait qu'à gagner à continuer son important
ouvrage dans la manière émdite.
2. — La publication de la troisième édition de Sainte Brigitte de
Suède par M™e la comtesse deFlavigny nous fait constater le remar-
quable succès d'un ouvrage assez spécial. La première parut en 1892
et « l'érudition s'y unit à l'élévation des pensées et à la noblesse du
style »; la deuxième, en 1906, avec des modifications considérable»
sur l'histoire générale de la Suède, d'après les meilleurs historiens
suédois et sur sainte Brigitte elle-même, d'après les ouvrages publiés
- 113 —
<lepuis 1S91, actuellement à la Bibliothèque royale de Stockholm.
L'cditi on qui nous occupe diffère peu de la deuxième. Cependant
l'auteur y a tenu compte de quelques critiques et y a fait entrer des
ékments nouveaux et recueillis dans des ouvrages suédois récents
et dans des pièces d'archives mises au jour de 1905 à 1909, par le
D"" Robert Geete. Y sont signaL'es notamment la vêture de deux
brigittins anglais comme aussi la béatification de deux brigittincs
françaises. C'est un livre de haute spiritualité, de littérature distin-
guée, aussi bien que 4e documentation très fouillée.
3. — Sainte Brigitte exerça son apostolat à la cour de Suède et à
la cour des Papes; celui de Saint François- Xavier eut pour théâtre
les régions sauvages des Indes. Bien que ce soit une figure de saint
bien connue, le livre de M. A. Brou jouit d'une particulière oppor-
tunité. Son héros n'a pas manqué de biographes de valeur, depuis les
ouvrages de Torsellini, de Luca, de Bartoli établis sur pièces authen-
tiques, œuvres sérieuses auxquelles certaines retouches devaient être
néanmoins apportées pour avoir le fidèle portrait du saint. Les plus
-nécessaires ont été faites, ces derniers temps, par le P. L.-M. Cros,
dans son remarquable travail : « Saint François de Xavier, son pays,
sa famille, sa vie. Documents nouveaux », paru en 1894. Le présent
auteur n'y a presque rien ajouté; il s'est spécialement occupé du « ca-
dre » et l'a constitué en s'inspirant des nombreux ouvrages publiés
sur le même sujet; il a consulté longuement les missionnaires des
pays évangélisés par l'apôtre des Indes et du .lapon. Grâce à leurs
commentaires, il a, plus d'une fois, pu éviter, dans la lecture des
textes, ces contresens qui respectent la lettre et faussent l'esprit.
Malgré quelques défectuosités inévitables, ce récit mettra saint Fran-
çois-Xavier dans un cadre politique, géographique et moral plus
précis que les précédents. Sur ce fond détaillé, la physionomie du
célèbre jésuite ressort moins hiératique, moins déclamatoire que dans
Bouhours et ses émjiles, mais plus vivante et plus réelle. — Une
bibliographie critique ouvre le tome I (p. vii-xvi). A la fin du
tome II, notons quelques appendices fort intéressants : A. Sur le
nombre des conversions opérées par saint François- Xavier; B. Sur
les miracles de saint François- Xavier ; C. Sur la date de la mort du
saint tou ours discutée; un Index chronologique bien utile; im
Index analytique non moins utile pour les chercheurs. Cet ouvrage,
nous en sommes persuadé, prendra rang parmi les meilleurs sur le
saint apôtre des Indes, où il brillera par une sobriété de style clas-
sique, une parfaite et abondante mise en œuvre des sources.
4. — Bien que le P. Bernard Olivier, tel que nous le révèle le P.
Paul Debuchy, jouisse d'une notoriété moins étendue que celle de
son illustre frère en religion, il fut néanmoins l'une des gloires du
— 414 -
pays wallon où il naquit. Il prêcha avec un étonnant succès dans le
Tournaisis et la Flandre française. Comme il vécut à l'époque de la
diffusion du protestantisme et s'employa à le combattre, son histoire
apporte une contribution notable à l'étude de la Réforme en ces
contrées. C'est grâce à sa correspondance récemment publiée que
sa vie a pu être racontée avec quelque détail, à quatre siècles de
distance. Sans parler de l'intérêt qui s'attache aux débuts de la Com-
pagnie de Jésus en Belgique, il y a là, pour l'histoire générale des Pays-
Bas et spécialement pour 1 histoire locale d'Antoing, de Tournai, de
Lille, de Tourcoing, etc., des indications curieuses et des pages pitto-
resques.
5. — La Réforme eut, en Italie, pour ardent adversaire le grand
archevêque de Milan. Outre qu'il fut appelé par ses contemporains
le restaurateur de la piété, il fut le théologien qui contribua tant à
l'heureux achèvement du concile de Trente. Saint Chades Borromée,
adopté pour patron partant d'églises, de diocèses, de séminaires, de
communautés, chose étrange, n'avait point encore parmi nous de
biographie à la fois savante et accessible, édifiante et sûre. M. Léonce
Celier vient de bombler cette regrettable lacune. Son livre est écrit
avec méthode, avec une connaissance exacte des sources et avec cet
agrément austère de style qui convient à pareil portrait.
"6. — A la différence du saint archevêque de Milan, la Bienheureuse
Marguerite- Marie a fait naître des livres d'une grande abondance;
elle vient de susciter un nouvel historien en la personne de Mgr Dc-
mimuid. Son volume, qui appartient à la collection «les Saints» où les
vrais petits chefs-d'œuvre ne se comptent plus, a l'étendue nécessaire
à l'exposé d'une telle vie. Il considère l'éducation, la vocation, le .
noviciat, la profession, les grandes révélations, les épreuves, le
triomphe de la Bienheureuse. Tous les problèmes délicats de cette
existence extraordinaire y sont examinés et résolus avec compétence
et avec un mélange heureux de finesse et d'émotion.
7. — Le nouveau volume de Dom Leclercq a pour objet la Révo-
lution, que contient déjà à l'état virtuel l'époque de l'apôtre du
Sacré-Caur. Ce tome XI des Martyrs ne renferme que la moitié des
actes rassemblas pour cette période; un autre lui sera consacré. C'est
la môme variété dans l'unité, la même méthode critique, les mênxes
recherches étendues et quelquefois aussi la môme exubérance de consi-
dérations d'à côté et... de style, que dans les dix précédents volumes.
Une Introduction de 124 pages esquisse l'histoire des progrès de l'irré-
ligion en France; les faits y ont plu" de place que les raisonnements et ils
montrent la décadence de l'esprit chrétien préparant les excès de cette
tragédie sanguinaire dont un roi, des évoques, des prêtres, des fidèles,
des femmes, des enfants furent les nobles et innocentes victimes. In-
— 415 -
terrogatoires, lettres écrites quelques heures avant l'échalaud, testa-
ments, recommandations orales, récits de quelques survivants, toutes
pièces dignes de ces martyrs des premiers siècles auxquels n'ont rien
à envier les héros chrétiens de la Révolution. Ils sont une démons-
tration éclatante de ce que l'impiété du xviir® siècle avait laissé
encore de forces morales intactes qui ne demandaient qu'à se révéler.
On aurait peut-être pu désirer que chaque diocèse de France fût
représenté par le nom d'une ou de plusieurs victimes illustres, mais
deux gros volumes n'y auraient point suffi. 11 a donc fallu se borner.
Souhaitons que ce recueil inspire la pensée d'une œuvre plus vaste
dans laquelle figureraient tous ceux qu'on a été obligé ici de retran-
cher. Ce serait une des pages les plus glorieuses de l'histoire de l'Église
de France.
8. — La Mère Marceline de Chamerlat, du R. P. Couderc, est une
fleur de grâce céleste qui s'épanouit au sein de la tempête révolution-
naire, à Biîlom, diocèse de Clermont, cette terre qui engendra tant
d'âmes fortes. L'histoire de sa belle vie est aussi celle de la congré-
gation de la Miséricorde de Billom. On l'y suit et admire dans sa
courte vie du monde, dans sa longue et féconde vie religieuse : l'entrée
à la Miséricorde vers 1812, sa profession (1814), sa supériorité à Mois-
sat, son généralat (1817), la' transformation heureuse de son ordre
sous son habile direction, les fondations nouvelles. On remarque
surtout ses vertus intimes et cachées par une jalouse humilité, ses
qualités merveilleuses dans l'administration de sa congrégation, la
conduite surnaturelle de ses filles et la réédition complète et très
sage de la règle statutaire. Elle fut l'ornement et la providence de son
ordre pendant plus de cinquante ans. Ses saints exemples, son humi-
lité, son esprit de foi confiante, sa bonté de cœur, son zèle pour
l'éducation chrétienne des enfants et toutes les œuvres de charité,
conviennent plus particulièrement à notre époque où nous souffrons
cruellement des attaques des ennemis de l'Église.
9.— Avec le Père de Valroger^ nous quittons le cloître pour pénétrer
dans un foyer très chrétien, sorte de séminaire pour la vie religieuse.
Grâce à cette correspondance de famille, nous y contemplons d'abord
ce prêtre aussi modeste que savant, zélé défenseur de l'Église, ce P.
de Valroger qui fut, avec le P. Petetot et le P. Gratry, un des initia-
teurs de la restauration de l'Oratoire en France au xix^ siècle. Ce
livre retrace sa vocation, ses travaux, ses luttes contre le rationalisme,
dans sa correspondance avec son frère aîné, l'abbé Achille de Valro-
ger, le doux sulpicien qui travailla dans l'ombre à la formation de tant
de générations de prêtres; puis apparaît la figure de leur sœur aînée,
Félicie, religieuse de la Visitation à Caen; enfin c'est celle de la plus
jeune, Adèle, un ange de piété et de dévoû ment, qui consacra sa vie
— 416 —
aux pauvres, aux petites filles orphelines abandonnées; elle en éleva
plus de quinze cents à l'ouvroir de Notre-Dame fondé par elle à Caen.
Cette lecture laisse à l'âme le parfum de ces vertus voiles qui se
trahissent dans la simplicité et 1 abandon de ces lettres de famille.
10. — Du retour de l'Angleterre de la Réforme au catholicisme
au XI x^ siècle, les cardinaux Newman et Manning furent les coura-
geux champions. Ils ferment l'âge héroïque de cette évolution reli-
gieuse. Toutefois, pour être d'un intérêt moins saisissant, l'époque
qui suivit la mort des deux grands convertis mérite d'être connue
dans la personne surtout du Cardinal Vaughan, successeur de Man-
ning sur le siège de Westminster. M. Paul Thureau-Dangin s'est
inspiré, pour en reconstituer la figure, d'un volume récent de Snead
Cox : Life of cardinal Vaughan (2 vol. Londres, Heibert and
Daniel). Cette biographie anglaise est composée à la manière de nos
voisins d'Outre-Manche, à savoir sur les papiers communiqués par la
famille et les amis. Gons'qutmment elle est exacte, sincère, simple
de ton, impartiale. Celle de M. Thureau-Dangin, dont les travaux
sur la renaissance religieuse de l'Angleterre sont si appréciés, possède
ces caractères et offre tous les éléments nous permettant de nous
figurer le cardinal Vaughan qui joua un rôle important, quoique de
second plan, dans l'Eglise catholique en Angleterre.
11. — Le cardinal Vaughan fut un homme d'action; Dom Pie de
Hemptinne eut une âme d ascète. Bien que débutant éducateur, il
eut de frappantes intuitions dans la grande œuvre de la culture
morale de l'enfant. Sa vie fut trop courte, mais très harmonieuse et
très remplie. Ce livre doit être médité lentement. Rien n'y ressemble
à la pauvreté verbeuse de certains hagiographes trop nombreux, à
la banalité sentimentale de recueils analogues, ni dans l'Introduc-
tion biographique écrite avec une simplicité discrète, une émotion con-
tenue, ni dans les notes spirituelles de D. Pie de Hemptinne.A dire
vrai, le cœur de ce jeune moine est plus ardent que son intelligence
n'est vive; il éprouve une certaine peine à exprimer exactement ce
qu'il pense et ce qu'il ressent. Il ne faut pas le regretter, car cette
imperfection aide à mieux saisir la solidité, à sonder plus profon-
dément les richesses de sa vie intérieure. Ses phrases paraissent tout
ordinaires, mais à la réflexion on y trouve quelque chose de très péné-
trant et de très sûr qui nous fait sentir que l'expression est bien au
dessous de l'expérience elle-même. La ligne d'ascension de cette
âme est nettement dessinée par le biographe et correspond à ce que
nous savons du vrai mysticisme. Aussi ce livre est-il plein d'attrait
et de lumière.
12. — Il fut également une âme toute d'harmonie, spirituelle et
musicale, ce bon Abbé Nicolas Couturier, dont la vie est décrite par
— 417 —
MM. Nool et Roussel, ses élèves et ses amis. Il y aurait abondante
matière sur ce bon prêtre, sur cet artiste éminent. Modestement
l'auteui" n'a voulu que grouper quelques notes pour dessiner cette
belle physionomie, à larges traits. En Nicolas Couturier, le prêtre
prime tout, et c'est pour ce motif que le prêtre, dans ces pages, occupe
la plus grande place. Cette biographie est surtout lœuvre des con-
disciples, des élèves et des amis de l'excellent organiste dont les sou-
venirs disséminés ont été réunis. C'est un prêtre musicien, l'abbé
Noël, qui s'est occupé de l'artiste, dont il fut l'élève et le collègue.
Sans recherche littéraire, cette brochure retrace le vrai portrait
d'un prêtre qui, par tous ceux qui le connurent, fut estimé et pleuré.
13. — C'est à la dernière heure que nous avons reçu, avec le volume
sur Saint Benoît. Sa vie, sa règle, sa doctrine spirituelle, par le R. P,
D. Bernard Maréchaux, les ouvrages suivants. Ce n'est point œuvre
d'érudition, mais simplement d'édification qu'a voulu faire l'abbé
de Sainte-Françoise Romaine. Il s'est contenté de traduire les pages
que saint Grégoire-le- Grand a consacrées au Patriarche des moines
d'Occident, au deuxième livre de ses « Dialogues», en y ajoutant seu-
lement quelques explications pour marquer la haute portée des
enseignements qui se dégagent de cette vie merveilleuse : la sainteté
admirable du jeune patricien romain qui brille, avec une progression
ininterrompue, jusqu'à sa bienheureuse mort. Saint Grégoire fut
presque le contemporain de son héros; il put donc recueillir bon
nombre de témoignages de la bouche d'hommes graves et religieux
qui avaient vécu avec saint Benoît; il cite leurs noms et indique
leurs fonctions, les sources les plus sûres. — Les fresques de Luca Signo-
relli et du Sodoma qui décorent le cloître de Mont-Olivet-Majeur,
près de Sienne, jouissent d'une grande renommée et sont comme un
poème savoureux d'un haut intérêt. L'auteur y renvoie, chaque
fois qu'il relate un fait s'y trouvant reproduit. Ce livre est donc en
même temps une sorte de guide pour les pèlerins d'art au berceau
de la congrégation bénédictine olivétaine. — A la vie de saint Benoît
sont ajoutées deux études sur la règle composée par le saint et en
donnent une vue d'ensemble. La première est historique; la seconde
ascétique. Celle-là s'occupe de la composition de la règle bénédictine
en la comparant avec les règles basiliennes; celle-ci se renferme dans
le chapitre de l'humilité qui fut incontestablement le fond de la
pensée de saint Benoît sur la vie intérieure. Cet ouvrage contribuera
à faire connaître à beaucoup « la grande, forte, belle et suave physio-
nomie historique du Patriarche des moines d'Occident ».
14. — Saint Césaire, évêque d'Arles, fut pareillement un moine
humble et savant, contemporain de saint Benoît, de la fameuse
abbaye de Lérins; puis ce fut un théologien, un canoniste de pre-
Mai 1912. T. CXXIV. 27.
— 418 —
mier ordre, un artisan de l'unité morale et religieuse de la Gaule
émancipée du joug des Barbares et des superstitions celtiques comme
de celles de l'empire romain. Peu de prélats, peu d'apôtres ont mieux
travaillé que lui à resserrer le lien qui unit l'Église de France au
Saint-Siège et à faire mûrir les fruits d'une culture dont nous vivons
encore heureusement. En un style facile et vivant, M. l'abbé Chaillan
fait revivre une des parties les plus intéressantes de nos origines, à
la fois nationales et religieuses. Ainsi que le Bienheureux Urbain V,
pape français de la Provence, objet d'un premier travail apprécié du
même auteur, saint Césaire d'Arles appartient à cette tradition-
nelle et poétique Provence à laquelle M. Chaillan est attaché par les
liens de son ministère sacré, aussi bien que par son amour informé
de la petite patrie provençale et de sa riche histoire.
15. — A l'autre extrémité de notre histoire, vers la période révo-
lutionnaire, rayonna la belle physionomie delà Vénérable Mère Emilie
de Rodai. Assurément, elle est une des plus admirables femmes, une
des plus généreuses ouvrières de l'apostolat catholique qui aient
été données à la France, entre la fin du xviii^ siècle et le milieu du
siècle dernier. On ne trouvera pas seulement dans cette vie, écrite avec
agrément par Mgr Ricard, le portrait spirituel de la religieuse et la
description des merveilleuses œuvres que l'amour de Dieu et la pas-
sion des âmes savent inspirer, mais encore l'image d'un foyer chré-
tien et celle de la jeune fille qui, sous l'impulsion de la grâce, sait
s'élever du milieu de délicats dangers jusqu'aux célestes hauteurs.
A travers ces pages prenantes, on sent que Mgr l'archevêque d'Auch,
tout en restant d'une exactitude documentaire, a voulu faire par-
tager à ses lecteurs, pour la sainte, sa tendre admiration. On peut,
en toute vérité, lui appliquer ce beau mot de Lacordaire : « La sain-
teté, c'est l'amour de Dieu et des âmes poussé jusqu'à une sublime
extravagance. » Louis Robert.
THÉOLOGIE
TSceolospia Bii»rali», auclore Augustino Lehukuhl. Editio undecima.
l-ribiryi Brisyoviae, HerJer, 1910, 2 vol. gr. in-8 de xix-90fl, xv-950 p. —
Prix : 25 fr.
Le R. P. Lehmkuhl s'est acquis dans les questions morales une
telle autorité, qu'une publication signée de son nom est toujours
favorablement accueillie. Pour présenter celle-ci — c'est la onzième
édition de sa «Théologie morale », répandue en une quinzaine d'années
à quelque quarante mille exemplaires — nous ne pouvons mieux
faire que de traduire quelques lignes de la Préface. Elles précisent les
améliorations réalisées.
— 419 —
Après avoir rappelé le soin avec lequel il s'est constamment efforcé
de tenir son ouvrage au courant des derniers décrets de Rome, le
R. p. ajoute : « Jamais, cependant, je n'avais entrepris de remanier
à fond mon travail. Dans ces derniers temps toutefois, d'une part,
dans les questions de discipline qui touchent particulièrement la
théologie morale et le rôle du confesseur, les lois ecclésiastiques ont
8ubi des modifications si nombreuses et si importantes, de l'autre,
les conditions de la vie sociale et l'étude des sciences théologiques
ont subi de telles vicissitudes, que j'en suis venu à méditer
sérieusement une refonte entière et comme une composition
nouvelle de cette Théologie morale. La tenue générale du livre
et l'ordonnance de l'ensemble sont demeurées identiques; mais, dana
le détail des parties, l'ordre des questions a été modifié, la matière
augmentée et traitée avec plus de soin. Parmi les innovations, je
note un petit nombre des plus importantes : dans le tome I, tout
le chapitre De fine] comme additions : les obstacles au libre arbitre,
des péchés tant mortels que véniels, de nouveaux chapitres sur le
contrat de travail, sur les différentes espèces de monopole, sur les
diverses assurances; dans le tome II ont été faites bien des additions
concernant la notion et l'efficacité des sacrements, la sainte com-
munion et sa fréquence, l'application du Saint Sacrifice et les hono-
raires de messe, l'Extrême- Onction, les fiançailles, le nipriage et leur
forme nouvelle. Il devenait nécessaire de modifier complètement la
numérotation; mais, afin que cette édition pût demeurer en usage
concurremment avec les précédentes, et leur être comparée, je me suis
résolu à établir une table de concordance indiquant les relations
des numéros de cette édition avec ceux des éditions antérieures ».
On voit l'intérêt du nouveau texte. Le R. P. Lehmkuhl y garde
tout l'avantage d'une pensée lumineuse, très mûrie; il y ajoute celui
d'un exposé plus méthodique. Les principes sont mieux discutés,
mieux établis; les théologiens spéculatifs, eux-mêmes, en aborderont
avec fruit l'étude. L'on n'a pas sous les yeux une collection de solu-
tions pratiques, mais une vraie « Somme de théologie morale ». Par
un mérite peu commun, attentif à traiter les « cas-limites » qui
éclairent les derniers aboutissements des principes, le R. P. ne l'est
pas moins à rappeler les règles de l'ascèse et de la perfection chré-
tiennes. La première science, non sans danger grave, pourrait former
des logiciens abstraits et des casuistes ; l'union des deux assure seule
la prudence morale, indispensable au vrai directeur de conscience.
H. GisoRS.
- 420 —
L.e liibérallame ««t un pècké, guivi delà Utlre ptslormUda évéques
de VÉqnaleur tur le lihéralisme, par Don FÉLIX Sarda Y Salvany ; Irad. de
l'espagool par M"« U marquise db Tristany. Nouvelle édilion. Pari»,
Téqui, lato, in-12 do xxvii-31S p. — Prix ; 'i fr. 50.
Cette édition reproduit sans changement les éditions antérieures.
La Préface actuelle a modifié seulement « il y a quelques mois « en
« il y a quelques années ». Quelques assertions appelaient cependant,
soit dans la Préface, soit dans le corps du livre, un mot de rectifica-
tion ou des éclaircissements historiques.
A part ces détails, le célèbre ouvrage n'a rien perdu de son oppor-
tunité. L'application des principes qu'il émet est affaire de prudence,
suivant les temps et les lieux, mais il y aura toujours profit à relire
ces pages inspirées par un sens très droit et par les règles élémen-
taires de la saine théologie. H. Grs.
Ap^losètique elirétienne, par Anatole Moulard et Francis Vin-
cent. 13» edit. Paris, Bloud, 1910, in-10 ûa HOl p. — Prix : 3 fr. 50.
Un manuel qui atteint sa treizième édition peut déjà se passer des
approbations banales. Il lui est plus difficile d'échapper à la criti-
que, s'il aborde des questions aussi délicates que celles de l'apolo-
gétique, où l'on erre aussi bien à minimiser le dogme qu'à le majorer
indûment. Ni l'une ni l'autre de ces tendances n'est proprement le
fait des auteurs de cette Apologétique — et c'est leur éloge; —
toutefois les théologiens avertis souhaiteront encore de ci de là quel-
ques précisions. Il n'est exact de dire que la doctrine de l'évolu-
tion « n'a pas de rapports avec la foi », que si on lui assigne, comme
les auteurs le font d'ailleurs, de notables restrictions (p. 48). L'univer-
salité du déluge, bien que chose scientifique, ne serait nullement ques-
tion libre, si l'universalité morale des Pères l'avaient tenue comme un
fait révélé, donc de foi (p. 94). La preuve par l'obligation morale
(p. 9) semble insuffisante. Beaucoup se refuseront à identifier la con-
venance d'un acte pour la nature raisonnable — convenance inéluc-
tablement sentie — avec l'obligation formelle de le poser ou de
l'omettre. L'existence de la loi n'est donc pas un fait indéniable,
avant qu'on ait prouvé l'autorité personnelle qui fait d'une conve-
nance ou d'une exigence impersonnelle une loi : c'est Dieu. Il est
impossible de ne voir dans les sauvages que des « rétrogrades » (p. 79).
Leur cas est beaucoup plus complexe, mélange d'enfance et de sénilité.
L'exposition des théories de M. Bergson est peu fidèle (p. 30). On ne
peut non plus affirmer catégoriquement qu'Aristote ait cru à « un
monde éternel non créé », puisque explicitement il déclare insoluble
le problème de l'éternité du monde, plusieurs des dates proposées
pour les témoins des évangiles sont incorrectes (Valentin, Basilide),
~ 421 —
ou trop catégoriques (Justin, Celse) (p. 148 sq.). On attendrait (p. 131,
265), à propos de l'indifférentisme, quelques indications sur le protes-
tantisme libéral et le symbolofidéisme où il règne en maître... De
manière générale, on souhaiterait qu'aucune citation d'adversaires ne
soit donnée sans références très précises. C'est un gros surcroît de
travail pour les auteurs, mais très utile au lecteur, et qui amènera
souvent l'écrivain à mieux représenter les théories qu'il réfute.
Vu la multitude des problèmes traités, on pourrait allonger la liste
de ces desiderata, sans nuire, près des lecteurs judicieux, à la
réputation de ce livre. Tel quel, il est certainement de grand mérite
et l'un des meilleurs que nous ayons en ce genre. H. Gisors.
Ln Morale <l'«pré« salut Tliomas et 1«« tlié#l«giens aro-
iRStiqueS- Mémento théorique et yinde btb'.iogiapitique, par A. DB LA HàBKB.
Paris, Beauchesne, 1911, in-8 de xxvii-l5l p. — Prix : 3 fr.
Cet ouvrage contient cinq études sur les questions capitales de la
morale et du droit : I. Existence de la moralité ; sa nature et ses
éléments essentiels; II. Du Bien et de la fin; bien absolu, bien rela-
tif; III. Les Lois divines : loi éternelle, loi naturelle; IV. La Cons-
cience et la connaissance des actions singulières; V. Les Lois humai-
nes et les droits correspondants. Sur chaque sujet, après délimita-
tion du problème, se trouvent indiquées les thèses principales de
l'école, leurs dépendances et leurs corollaires, le tout appuyé de réfé-
rences abondantes à saint Thomas et aux maîtres de la scolastique.
Ce n'est pas un livre fait, c'est un mémento et un « guide biblio-
graphique »; mais la haute compétence de celui qui condense dans ces
notes brèves le résultat de longues réflexions et de longues années
d'expérience, en fait un manuel des plus précieux non seulement pour
les étudiants ecclésiastiques, mais pour les écrivains (sociologues ou
juristes) qui souhaitent une orientation autorisée dans un monde de
pensée dont ils pressentent la richesse, sans oser affronter l'aridité
de ses sentiers. Parmi les meilleures pages on notera celles qui éclai-
rent les problèmes de la loi naturelle (p. 64 sq.), le passage des prin-
cipes généraux (innés, au sens large du mot, p. 73 sq.) aux jugements
que la conscience édicté dans les cas particuliers (p. 101 sq.),les lois
humaines (p. 128 sq.).
L'auteur fait espérer la publication d'une nouvelle série d'études.
En formant le vœu, pour l'utilité de beaucoup, que ce projet soit
promptement réalisé, on souhaiterait que de ci, de là, la rédaction soit
plus coulante. Pour être ainsi condensé, le texte doit être clair à
l'excès; les références, reliées aux yeux de l'auteur par un lien im-
plicite évident, doivent être réunies, pour la commodité du lecteur,
par des transitions explicites. Un effort minime pour que tout para-
-- 4Î2 —
graphe se compose de phrases continues ajouterait beaucoup à la
clarté.
plus d'idées que de mots, plus d'utilité que d'éclat, c'est un éloge
bien mérité par ce livre et dont un recenseur est sûr de n'avoir pas à
fatiguer sa plume. H. Gisors.
JURISPRUDENCE
Ei08 Esponsalesy el matri^nonio segiin la noTisinaa disci-
plina, comtnt'irio camjnic) morai aohie el décrets a Ne Temere », por «l
R. P. Juan B. Fbbkeres. Quintaedicion. Madrid, « Hazôiiy Fe ». 1911, in-16
de 460 p. - Prix : 3 fr. 50.
JLa Curia roinaiia segiiu la iiovisiuia disciplina decre-
tada poi* Pio X.. Comenlario canotiico e historico sobre fa Cons. 4 Sa-
pienti consilio », por el R, P. Juan Fekrkkes- Seiîunda ediciôu. Madrid,
0. Razon y Fe », 1911, in-16 de xc-.5"o p. — Prix : 6 fr.
Ces deux volumes du savant canoniste espagnol sont consacrés
à deux récentes innovations, très importantes, décrétées par Pie X.
La première est la réforme des lois qui concernent la célébration
des fiançailles et du mariage par le décret Ne Temere; la seconde,
la réorganisation de la Curie romaine, par la constitution 6'a/?ie«^)J
consilio, avec les règlements annexes.
— Dans le premier volume, après avoir montré les inconvé-
nients qu'entraînait l'ancienne jurisprudence, et justifié ainsi la
nouvelle discipline, l'auteur étudie successivement les articles du
décret Ne Temere; deux sections distinctes traitent des fiançailles,
puis du mariage; une troisième s'occupe des actes du Saint-Siège
qui sont venus compléter et préciser la loi; enfin une quatrième
est consacrée à une série d'applications pratiques, sous forme de
casus. »
— Le traité de la Curie romaine se divise en deux parties : la pre-
mière, historique , retrace brièvement l'évolution des divers organes
de la Curie jusqu'à ce jour, et notamment des Congrégations cardi-
nalices ; la seconde, dispositive, expose la nouvelle organisation des
Congrégations, offices et tribunaux, dont l'ensemble constitue la
Curie, d'après la nouvelle organisation. Chaque organe est l'objet
d'une étude spéciale, où sont indiqués sa compétence, ses éléments,
les vicissitudes qui l'ont conduit jusqu'à l'état actuel, et les change-
ments qui viennent d'y être introduits. L'auteur termine par trois
chapitres complémentaires : sur la promulgation des lois, sur la valeur
des actes et décisions des divers organes de la Curie, enfin sur les
formules employées par les congrégations, offices et tribunaux
romains.
A l'occasion, le P. Ferreres insiste particulièrement sur ce qui
— 423 —
peut offrir un intérêt spécial pour l'Espagne. Ces volumes, clairs,
bien ordonnés, d'ailleurs très bien documentés, méritent bien l'ac-
cueil particulièrement favorable que leur a fait le public ecclésias-
tique espagnol. A. Boudinhon.
SCIENCES ET ARTS
Peut-on croire sans être «in intbécilc? par Henri Dsspkbz.
Paris, Librairie des Saints-Pères, s. d., in-12 de X[-3'i3 p. — Prix : 3 fr. 50.
« Ceux qui croient en Dieu sont des imbéciles ». Cette déclaration
brutale, prononcée, il y a quelques années, par un instituteur de la
Côte-d'Or, devant ses élèves, provoqua, on se le rappelle, un grand
scandale. M. Henri Desprez fait au coupable l'honneur de discuter
son affirmation, quelque ridicule et prétentieuse qu'elle paraisse. Sa
réponse, fondée sur les arguments les plus simples et des observations
de grand sens qu'il expose avec une extrême clarté, donnera pleine
satisfaction aux lecteurs les plus exigeants. Dans une série d' « ap-
pendices », M. Henri Desprez passe ensuite en revue les principaux
thèmes des griefs fulminés contre l'Église : Galilée, Etienne Dolet,
Giordano Bruno, le chevalier de la Barre, Ferrer, le massacre de
Vassy, la Saint-Barthélémy, la Révocation de l'édit de Nantes, etc. Cet
excellent livre, de lecture facile, sera d'un usage précieux pour la
propagande. 0. H.
L<e Vieillard. L>n Vie montante. Pensées du soir, par
Mgr Baunard. Paris, J. de Gigord, lyn, in-8 de vin-523 p. — Prix : 5 fr.
De ce livre très riche de réflexions personnelles et de citations
intéressantes, écrit par un octogénaire qui a conservé l'esprit alerte et
le cœur aimant, on pourrait presque dire qu'il contient deux livres,
à chacun desquels conviendrait l'un des sous-titres. Pensées du soir,
ce sont celles que l'éminent recteur honoraire de l'Université catho-
lique de Lille dégage du mouvement dos faits et des systèmes qu'il a
vu se succéder, dressant le bilan des progrès, se demandant s'ils ont
accru le bonheur, opposant aux philosophies négatives des agnosti-
ques les fortes certitudes des grands croyants, montrant la transcen-
dance et la vitalité de l'Église, malgré la dureté de l'épreuve qu'elle
subit en France, et que l'on sent être la grande tristesse de ce géné-
reux apôtre. Parler, pour les vieillards, de vie montante, cela semble
une ironie. Mais cette merveille peut devenir une réalité. On verra,
, en ces pages réconfortantes, comment, même en cette période
où les forces fléchissent et où se multiplient les signes dm
déclin, l'âme du chrétien peut encore progresser et s'élever, car
Mgr Baunard ne se borne pas a enseigner l'art de vieillir avec bonn»
— 424 —
grâce et avec un visage serein, connue aurait pu tenter de faire un
sage antique. Les souverains viatiques qu'il propose, il les a trouvés
dans les dogmes et les sacrements de l'Eglise catholique, dans l'amour
tendre et confiant de Jésus-Christ. Oh ! la belle vieillesse dont il trace
ainsi le tableau, un peu bien optimiste, si celle-ci n'avait pas été
préparée par une belle vie. Mais, même dans ce cas, la vieillesse
pourrait aider à monter, parce qu'elle est détachante de bien des
choses inférieures, et parce qu'elle apporte bien des occasions d'ex-
pier. En somme, de cet ouvrage qui met sans cesse en vue de la mort,
c'est une impression pénétrante de joie qui nous vient. Le pieux et
poétique auteur fait voir la vieillesse comme le Samedi saint de la vie,
îe Samedi saint, c'est-à-dire le jour où déjà l'on entend tinter les
cloches de Pâques. Baron Angot des Rotours.
Ce Cflue FéBcl«u dirait au ILH.^ siècle «ur réducatton de«
filles, par L.-B. Daguirbb. Paris, Beauchesne, 1911, in-16 de 335 p. —
Prix : 3 fr. 50.
Un bon livre, mais assez difficile à analyser, parce qu'il ne com-
porte ni tables, ni titres de chapitres, ni résumé des sujets traités.
C'est une suite de dialogues entre une maîtresse clirétienne et ses élè-
ves, qui se réunissent périodiquement pour lire et commenter le livre
de Fénelon sur V Éducation des filles, en. marge duquel elles compo-
sent ensemble comme un nouveau traité d'éducation adapté aux
habitudes d'aujourd'hui, mais toujours inspiré par cette haute raison
qui a sa source et sa sauvegarde dans les enseignements de la reli-
gion. L'auteur a beaucoup lu, et elle use très judicieusement de ses
lectures; elle a de l'expérience, dont elle fait profiter ses jeunes inter-
locutrices, et elle a le courage de résister aux engouements du jour
qui ont si fâcheusement orienté, dans des voies qui ne sont pas faites
pour elles, tant de jeunes filles d'aujourd'hui. Et de ces dialogues,
tout empreints d'une forte sagesse chrétienne, jaillissent, dégagés de
toute aridité didactique, ime foule d'excellents conseils, qui visent
non seulement le présent, mais l'avenir, non seulement les jeunes
filles qui écoutent et répondent, mais les mères chrétiennes qu'elles
deviendront, et qui y trouveront une voie très sûre pour la bonne
conduite de leur vie.
Ce livre est revêtu des approbations d'autorités ecclésiastiques res-
pectables et compétentes, et je puis donc, en toute sûreté de
conscience, le recommander à nos lectrices : « Le plus grand nombre
y apprendra beaucoup; les autres y trouveront une confirmation
de vues justes qu'elles avaient déjà » : toutes en tireront un sérieux
profit. . p. Talon.
IVos Filles. Diailasuca mur l'ètfucativn, par E. Vbscu db Kbbb-
VBN. Lyon et Paris, Ville, 1911, iri-16 de 283 p. — Prii : 2 fr. 50.
L'auteur de ce livre m'est tout à fait inconnu : sans doute est-ce
un début; mais le début est réussi, car le livre est charmant. Son
seul défaut est un titre un peu rébarbatif, qui semble annoncer un
livre didactique sous forme de dialogues, alors que c'est plutôt un
roman dialogué, finement observé, vivement mené, et qui, comme
tout roman qui se respecte, aboutit à un gentil mariage. Nous som-
mes chez M™^ de Montguyon, tantôt à la campagne, tantôt à Pa-
ris, et il y a autour d'elle des nièces, des neveux, des petites filles,
un frère, le général, et l'on cause et l'on vit de la vie du monde, et
de ces causeries sans pédantisme et de ces incidents pittoresques
jaillissent d'excellentes leçons. Parents et enfants, le féminisme, le
tact, les domestiques, la vocation, le mariage, et dix autres sujets
éminemment pratiques sont traités là, sans que jamais cela ait l'air
d'un enseignement. Très aimable façon d'apprendre aux jeunes gens
et aux jeunes filles à bien conduire leur vie d'après les règles de la
morale chrétienne et les convenances mondaines, non celles qui sont
le produit variable de la mode, mais celles qui s'inspirent du bon
sens et du bon goût, et distinguent ce qu'on appelait autrefois les
honnêtes gens. Il n'y a là, sauf une exception, que des person-
nages sympathiques, en compagnie desquels il est agréable de se
former à l'art délicat de bien vivre. Je convie nos jeunes lectrices à
goûter ce plaisir, qui ne leur sera pas sans profit. La plupart, j'en
suis bien sûr, n'ont pas besoin de ces leçons; mais qui, même parmi
les personnes bien élevées, n'a pas ses petits travers, ses petits dé-
fauts, ses petites illusions ou ses petits préjugés? C'est à redresser, à
corriger toutes ces petites imperfections que servira ce bon petit
livre : but modeste peut-être, mais que nous avons le devoir de
viser, ne fût-ce que pour nous rendre agréables aux autres, et qu'il
est toujours louable d'atteindre. Je fais mes sincères compliments
à M. ou à M'"^ Vesco de Kereven, lauréat de l'Institut. P. Talon.
fti'EdacatioM joyease.Ë'n vacancei, en familif, parHEWRi Chantavoinb.
P*rie, Hachetle, 1910, in-16 de xi-197 p. — Prix : 3 fr. 50.
Il s'agit ici surtout de l'éducation par la famille, soit en vacances,
soit dans le cours ordinaire de la vie. L'auteur estime que l'éducation
d'autrefois était trop austère et que le père, lointain et glacé, demeu-
rait toujours le tuteur et le maître de ses fils, rarement leur ami. Histo-
riquement, je crois que c'est très contestable, et j'estime que si le res-
pect était beaucoup plus grand qu'aujourd'hui dans les familles, la
joie n'en était pas non plus absente et que sans doute elle y était de
— 426 —
qualité plus saine que les joies d'aujourd'hui, trop souvent exclu-
sives des convenances et du respect. Quoi qu'il en soit, l'auteur pro-
fesse qu'aujourd'hui il faut l'éducation joyeuse. J'avoue que cet
adjectif me semble assez mal choisi pour caractériser une bonne
éducation, où l'on peut apporter sans doute de la bonne humeur, à
condition pourtant que la fermeté et parfois même la sévérité n'en
soient pas absentes. L'homme ne naît pas bon, quoi qu'en ait dit Rous-
seau, et c'est pourquoi il est nécessaire avant tout que l'éducation
s'applique à redresser ses défauts et à corriger ses vices et ses travers,
ce qui n'est pas généralement une œuvre de liesse. M. Chantavoine
me paraît singulièrement optimiste : il voit tout en rose, à travers
des lunettes qui décolorent beaucoup de gris et beaucoup de noirs.
Donc, en vacances, pas de devoirs à faire; c'est le vieux système,
et il faut y renoncer : la liberté, la contemplation de la nature, les
promenades à travers champs, sur la lande et dans les bois, les pique-
nique dans les auberges champêtres, les vagabondages sur la route,
que de bonnes occasions de se former le cœur et l'esprit dans des
leçons de choses qui valent bien mieux que les livres ! On y apprend
la géographie, l'histoire naturelle, on s'y forme le goût, bref on y
prend toutes ces bonnes leçons pratiques, dont la nature est prodigue
à qui sait la regarder. Je n'en disconviens pas, mais tout de même
on n'apprend pas tout dans les promenades de vacances, et il est même
des choses qu'on est exposé à y oublier ; c'est pourquoi les devoirs de
vacances doivent garder au moins une part de la place que la sagesse
de nos pères leur avait donnée.
Le second livre : En famille, traite de la famille moderne, du res-
pect et de l'amitié, de l'absence, de l'indépendance, des amis, des
idées du monde, des goûts et des plaisirs, des entretiens, et j'estime
que l'auteur y fait la part trop large aux fils, trop étroite aux pères.
Bien entendu, dans tout cela, il n'est pas question de religion ; il
me semble pourtant qu'elle méritait de ne pas être oubliée, ne fût-ce
que pour donner un peu de sérieux à l'éducation joyeuse. On dirait
vraiment que ce n'est là qu'un art d'agrément qu'on peut négliger
sans dommage, alors qu'elle nous apparaît, à nous, comme le facteur le
plus important et le plus nécessaire de la bonne éducation de l'âme
et du cœur.
Bref, il manque bien des choses à ce livre pour être un bon livre
d'éducation. A ne le juger que du point de vue littéraire, c'est d'ail-
leurs un livre charmant : l'auteur a une jolie plume, légère, brillante,
poétique, et dont il se sert fort bien. P. Talon.
— 427 —
CharlcH mrodier naturnliste. $<rs œuvres d'histoire nalurelle publiées
et inédites, par le D' Ant.Magnin. Paris, llermann, 19lt, iu-j3 de x-347 p.,
avec un portrait hors texte, une carte, une vue, nn plan et quelques
figures dans le texte. — Prix : 5 fr. BO.
Avant M. A. Magnin, nul, je crois, — sauf, dans une certaine me-
sure, le Di" Fabre (de Commentry) — ne s'était avisé que Charles
Nodier pût faire figure de vrai savant. Nodier était connu, certes,
«omme Bibliographe et philologue et aussi et surtout comme con-
teur, brillant conteur, mais comme savant !... A la vérité l'on n'igno-
rait pas que, dans son bagage littéraire, très varié, l'on pouvait
trouver quelques études relatives à l'entomologie, chère à ses jeunes
ans; l'on concédait volontiers, de même, qu'il fut un amateur distin-
gué en botanique. Mais c'était tout, ou à peu près.
Or, voici un livre abondamment documenté, précédé d'une Préface
aussi fine que judicieuse de M. L. Bouvier, membre de l'Institut et
professeur au Muséum, — qui entend faire restituer à Nodier la place
que son auteur estime lui appartenir dans l'ordre scientifique. Et donc,
M. Magnin nous présente le gracieux écrivain qui nous a dotés de
Trilby, de la Fée aux miettes, etc., etc., l'historien fantaisiste qui a
écrit des Souvenirs de la Révolution et de V Empire, sous les espèces et
réalités de l'entomologiste, du zoologue, du botaniste, du minéralo-
giste et du physiologiste.
Qui l'eût cru? Et pourtant, en y regardant de près, la thèse du
doyen de la Faculté des sciences de Besançon semble devoir rallier à
ses conclusions nombre de personnes insuffisamment renseignées
jusqu'à présent. Il est même permis de croire que si le D'" Baudin (de
Besançon) était encore de ce monde, l'œuvre de M. le D^" Magnin
ébranlerait, pour le moins, l'opinion émise par ledit M. Baudin de-
Tant l'Académie de Besançon, que Nodier ne saurait être considéré
comme « un naturaliste au sens élevé et véritablement scientifique
du mot ».
Je trouve aux pages 195-198 du présent volume les lignes suivantes
qui résument clairement, avec quelques critiques, les titres scientifi-
ques de Charles Nodier : « Nodier, expose M. Magnin, cultive les scien-
ces naturelles, particulièrement l'entomologie et la botanique, de
1794 à 1814, puis, par intermittence, jusqu'en 1820; il les étudie
théoriquement et pratiquement, réunissant des collections de plantes
et d'insectes, composant des ouvrages, les uns publiés, les autres
restés manuscrits ou inachevés; il professe l'histoire naturelle pen-
dant plusieurs années (1807 à 1810) [à Dole], avec un succès assez
brillant pour qu'on lui offre ime chaire dans l'Université et pour
qu'il ait pu prétendre à la place de professeur des sciences naturelle*
à la Faculté des sciences de Besançon, lors de sa fondation (1811);
plus tard, Nodier ne délaisse pas complètement les sciences dont il
— 428 —
s'était occupé avec passion pendant la première partie de sa vie; il
saisit toutes les occasions d'y revenir; un voyage en Ecosse, où il
allait vérifier une question de géographie botanique et zoologique, lui
permet de faire quelques observations intéressantes sur la flore et
la faune de cette contrée : il publie, presque jusqu'à la fin de sa
vie, des Essais, où il utilise les connaissances très étendues qu'il
possédait en histoire naturelle, par exemple à propos des Sphinx de
J. Bauhin et des Scarabées des hiéroglyphes; quant à ses deux
publications entomologiques principales, la Bibliographie [entomo-
logique, parue en l'an IX], bien qu'elle ait été l'objet de critiques assez
justifiées, n'est cependant pas sans valeur et sa Dissertation [sur
l'usage des antennes dans les insectes et sur l'organe de l'ouïe dans les
mêmes animaux, publiée en l'an VI] expose très judicieusement, avec
les seuls arguments qu'on pouvait donner à cette époque, des théories
actuellement adoptées par les biologistes.... Nodier a été, surtout en
science, un observateur assurément consciencieux, mais entraîné
bientôt à côté par la folle du logis; c'était un savant doublé d'un poète,
et un savant dans le sens le plus large du mot... Mais sa science était
superficielle, n'ayant jamais eu la patience d'approfondir les sujets
que son esprit chercheur lui avait fait découvrir. Ce qui a manqué, en
effet, à Nodier, pour devenir un grand naturaliste, c'est le temps, la
persévérance, la continuité du travail qui lui auraient permis d'en-
treprendre des œuvres importantes comme la Flore du Jura, en germe .
dans son esprit, et d'achever les ouvrages d'une véritable valeur scien-
tifique dans lesquels il avait réuni toutes ses observations sur les
insectes, comme les Harmonies de la botanique et de l'entomologie et
le Muséum entomologicum, qu'il laissa presque terminés; on n'eût
pas alors discuté sa valeur comme naturaliste ».
Ces dernières lignes ne préjugent-elles pas un peu les choses? M.
Magnin ayant vainement recherché partout les manuscrits des ou-
vrages non publiés et ne les ayant pas trouvés, il me paraît bien
difficile de leur accorder à priori une « véritable valeur scienti-
fique ».
Ce n'est assurément pas cette simple remarque qui réduira
d'une façon quelconque le mérite de cet ouvrage nullement rébarbatif,
mais, au contraire, intéressant au plus haut point. L'auteur, qui a
•relevé les traces de son personnage dans tous les lieux où, en Fran-
che-Comté principalement, il a séjourné, nous le montre vivant et
agissant, et les détails qu'il nous fournit à ce propos sont très précis,
nouveaux même parfois.
En somme, livre curieux, attachant, ingénieux, qui procure plus
d'une surprise et a dû coûter à son auteur des recherches considérables
dont il nous fait profiter aujourd'hui. E.-A. Chapuis.
— 429 —
J«an-Heiiri Fabre rentemologiste^ raeonté p»r lui-nténie,
(1993-1919), par Augustin Kabrb. Lyoa et i*aris, Viite, s. d., 2 vol.
in-16 paginés xni-529, avec 13 gravure* hors texte. — Prix : h fr.
Co livre a été écrit à roccasion des fêtes de Sérignan organisées
pour célébrer le jubilé scientifique de J.-H. Fabre, le 3 avril 1910.
L'auteur, un compatriote et parent du savant entomologiste, a con-
sidéré comme un devoir patriotique et religieux de joindre son écho
à tant de voix qui lui apportèrent alors, de tous les points du monde
civilisé, les plus chaleureux témoignages d'admiration.
L'auteur s'efface devant son héros; il s'est appliqué à coordonner,
dans une œuvre d'ensemble, d'une lecture attrayante et conscien-
cieuse, les données biographiques et les plus beaux écrits de Fabre,
pour mettre en relief sa vie et son œuvre. Il a réussi à faire un livre
d'un puissant intérêt fait de science aimable et de poésie, comme les
dix volumes des Souvenirs entomologiques dont il est en grande partie
extrait. D. B.
lia Tmite domestique, par H.-L.-A. Blanghon. Paris, LaTeur, s. d.,
in-8 de viti-23'4 p., avec 43 illustrations. — Prix : 5 fr.
La pisciculture, entreprise d'une manière rationnelle, peut cons-
tituer une opération lucrative, malgré les aléas qu'elle comporte.
M. Blanchon, a,ncien directeur de la station agricole d'Étoile, s'en
porte garant et il donne dans son livre les raisons qui ont fait échouer
les nombreuses tentatives d'élevage du poisson, qui soulevèrent au
début tant d'enthousiasme en France.
Mais, pour le peuplement des eaux, il convient d'abord de choisir
les espèces convenables, savoir conduire l'élevage, nourrir les jeunes,
les surveiller et les nourrir économiquement jusqu'à ce qu'ils aient
atteint la taille marchande, de manière à ce que leur prix de vente
laisse un bénéfice suffisant.
Parmi les espèces à élever, il cite trois salmonidés qui supportent
l'élevage intensif : la truite commune et ses variétés, qui est indigène;
la truite arc-en-ciel et le saumon de fontaine, d'origine américaine.
La truite arc-en-ciel, de la Californie, n'est connue en France que
depuis 1879. Son introduction et sa propagation sont dues à la So-
ciété nationale d'acclimatation de France. Elle est beaucoup plus
féconde que ses congénères, a une rapidité de croissance plus grande
et elle peut être introduite dans presque toutes nos rivières de France
grâce à la qualité qu'elle possède de pouvoir supporter, sans souf-
frir, une température relativement élevée, atteignant jusqu'à 25 de-
grés. Elle possède en outre au plus haut point toutes les qualités
des autres truites. Le saumon de fontaine est originak-e des fleuves et
rivières du nord-est de l'Amérique septentrionale ; on le connaît
-- 430 —
aussi sous le nom de saumon de la Californie. Ses mœurs sont à peu
près analogues à celles de la truite et il réussit parfaitement en
Europe. C'est une heureuse acquisition pour les eaux très froides dans
lesquelles seules il prospère. Sa chair est tantôt saumonée, tantôt
jaune paille ou absolument blanche, excellente lorsque le poisson est
jeune, mais elle perd de ses qualités lorsque les poissons sont âgés
de cinq à six ans.
Tels sont les poissons dont M. Blanchon recommande l'élevage, en
donnant les conseils les plus autorisés pour le mener à bonne fin.
D. B.
lia roMMaîssance du bétail, par J. Ginies. Paris, Amat, 1912, in-i2
de xix-332 p., illustre. — Prix : 3 fr.
L'appréciation du bétail autrefois empirique et intuitive est de-
venue scientifique et raisonnée. Elle ne peut être infaillible, en rai-
son des facteurs nombreux qui échappent à l'examen; cependant,
grâce aux lois générales qu'il a été possible de formuler à la suite d'ob-
servations longuement répétées, il est possible de bien choisir les
chevaux, les bovins, les moutons et les porcs.
M. Ginies, répétiteur à l'École de Grignon, lauréat de la Société
centrale de médecine vétérinaire, sous une forme claire et concrète,
expose dans son livre, d'une manière très méthodique, les questions
dont la connaissance est indispensable aux agriculteurs. La sélection
des reproducteurs, le choix des individus, l'appréciation de l'âge, des
formes corporelles et de l'intégrité organique, les défectuosités : tares,
vices rédhibitoires, infirmités, sont étudiés tour à tour. Son travail
est adapté aux exigences des écoles d'agriculture et renferme les
choses qu'il est nécessaire de savoir. D. B.
L'Origine dualiste des mondes. iCssai de cosiu«g»nie tour-
b lloainafre, par E. Belot. Pari?, Gaulhier-Villars, 1911, ^r. in-8 de
xl-250 p. — Prix : 10 fr.
Pour M. Belot, l'univers ne proviendrait pas d'une primitive masse
nébuleuse unique et amorphe, mais bien du conflit de deux masses
nébuleuses. L'une serait amorphe, étale, disposée en ime nappe paral-
lèle à notice écliptique et douée d'un mouvement de translation rela-
tivement faible ; l'autre aurait la forme d'un immense tube animé
d'un double mouvement : un mouvement tourbillonnaire autour de
son axe, et un mouvement de translation suivant la direction de
l'apex (dans la constellation d'Hercule) à l'énorme vitesse de 75.000
kilomètres par seconde, soit le quart de la vitesse de la lumière. Au
contact de la nappe nébuleuse amorphe et sous l'empire du choc en
— 431 —
résultant, le tube-tourbillon entre en vibration, par suite de quoi sa
longueur se partage en renflements ou veîitres séparés par des nœuds ou
points resserrés, également distants les uns des autres.
A chaque renflement résultant de la vibration, une couche de la
matière tourbillonnante s'épand en une nappe de forme évasée
rappelant la forme d'une tulipe et concentrique au tube-tourbillon.
Par un processus mathématique dont l'exposé ne saurait trouver place
ici, les profils de ces nappes rencontrent un plan parallèle à l'éclip-
tique en des distances qui suivent la loi empirique dite de Bode
(quoique découverte en 1741 par Christian Wolf). Grâce à la diffé-
rence de vitesse entre les mouvements du tube-tourbillon et de la
masse amorphe, d'où résulte une dissymétrie dans le plan de l'anneau
ainsi formé, est entraînée la formation unilatérale des tourbillons
secondaires ou planétaires. De même pour les satellites. Les planètes
auraient donc été formées simultanément, chacune ayant absorbé
presque toute la matière de la nappe lui ayant donné naissance. Les
comètes, les étoiles filantes, les bolides, comme les planètes télesco-
piques, proviendraient du résidu de matière restant après la for-
mation des planètes.
Il ne faut pas perdre de vue qu'on raisonne ici sur des chiffres
d'ordre cosmique. La dimension transversale de la nébuleuse origi-
naire dépasserait considérablement le diamètre de l'orbite de la
planète Neptune, déjà distante de 30 fois la longueur du rayon de
l'orbite terrestre (soit près de 4 milliards et demi de kilomètres).
Cette dimension transversale serait égale à 81 fois la distance du
Soleil à la Terre (soit plus de douze milliards de kilomètres).
Quant à la formation du Soleil, qui serait postérieure à celle des
planètes, elle résulterait de la condensation progressive de deux traî-
nées s'étendant suivant la direction d'apex à antiapex après la tra-
versée de la nébuleuse amorphe; la masse solaire aurait alors subi,
sur une beaucoup plus grande échelle, toute la série de phénomènes
ayant donné naissance aux planètes et aux satellites.
Voilà, très sommairement résumée et exprimée autant que possible
en langage ordinaire, la nouvelle cosmogonie proposée par M. Belot.
Ajoutons que l'argumentation de l'auteur, habitué à se jouer dans les
plus hautes spéculations de la mathématique, est toujours appuyée
sur des chiffres ; que, dans sa théorie, rien n'est, comme dans
celle de Laplace, abandonné au hasard; qu'elle résulte d'une combi-
naison des vues tourbillonnaires de Descartes avec les lois newton-
niennes de la gravitation, lesquelles ne devaient entrer en jeu qu'après
la préparation de la matière cosmique par les précédentes; qu'enfin
l'auteur trouve dans l'apparition des étoiles dites Novœ — lesquelles
sont pour lui le résultat de chocs de matériaux se rencontrant obli-
— 432 —
quement avec des vitesses inégales, et le germe de nouveaux système»
solaires dans les lointains de l'infini — l'éclatante confirmation de
son système cosmogonique.
Une observation pour finir : l'auteur annonce, dans son Introduc-
tion, l'intention d'atteindre deux catégories de lecteurs : les savants,
les professionnels d'une part, et de l'autre tous les esprits simplement
cultivés. Or on se demande si, devant ces pages, hérissées de formules
algébriques, d'équations exponentielles, de courbes logarithmiques
et de calculs d'intégrales, les esprits cultivés, sans être des profession-
nels de la haute mathématique, pourront aisément s'y reconnaître.
C. HE KiRWAN.
LITTÉRATURE
lift Métrique BAcrée de» ^aree» et des R«aB«lns, par E. Cùzaro.
Paris, G. KliQcksieck, 19M, io-lô cartonné de; vin-538 p. — Prix : 8 fr.
Aviez-vous pensé que les anciens, dans leurs traités de métrique,
n'avaient d'autre but que de nous tenir dans les ténèbres et l'igno-
rance? C'est la conclusion à laquelle arrive M. Cézard dans son traité
sur la Métrique sacrée chez les Grecs et les Romains. 11 distingue, en
effet, deux sortes de métriques : l'une, enseignant l'erreur, avait été
composée, dit-il, dans l'intention expresse de cacher la connaissance
des rythmes, elle était destinée aux profanes; l'autre, enseignant la
vérité, mais tenue secrète et sacrée, était révélée dans les mystères
de Cérès; elle était réservée aux poètes et aux initiés. Ainsi, en poésie,
comme en philosophie, il y aurait eu un enseignement ésotérique, et
un enseignement exotérique. Jusqu'à présont, on croyait que les
mystères d'Eleusis avaient trait beaucoup plus aux idées religieuses
qu'aux lois de la métrique. Il n'est pas impossible cependant d'y
trouver l'origine du langage rythmé. Il est certain qu'à Eleusis, il y
avait des processions sacrées, des chœurs chantaient, et ces chants
étaient mesurés par la marche : de là, la strophe, l'anti-strophe et
l'épode, telles que nous les connaîtrons plus tard dans les tragédies
d'Eschyle ou de Sophocle. On peut donc soutenir jusqu'à un certain
point que les mystères d'Eleusis furent le berceau de la métrique. 11
est une autre trouvaille de M. Cézard sur l'origine du dimètre. Tout
le monde reconnaît que le dimètre est l'élément fondamental de la
versification grecque et latine, mais qu'il ait son origine, comme le
prétend l'auteur, dans la conformation du cerveau, les deux hémisphè-
res cérébraux exigeant chacun un pied, il y a bien là de quoi étonner
même les gens les mieux avertis.
D'une manière générale, on est dérouté par les méthodes nouvelles.
Pour ma part, j'accepterais volontiers les théories des métriciens
— 433 —
modernes, si on les appuyait sur des faits et des preuves. Quand on
me vient parler des réformes d'Orphée, je voudrais au moins voir
un vers d'Orphée, car les poésies et fragments poétiques, qui existent
encore sous son nom, ne sont pas de lui, et ont été fabriqués à une
époque beaucoup plus rapprochée de nous. Comment donc la critique
moderne ose-t-elle discuter, avec tant d'assurance, de la métrique
d'Olen, de Phémonoé, de Linos et d'Orphée, alors que nous ne sommes
pas bien sûrs que ces personnages aient jamais existé en dehors de
l'imagination des Grecs? Qui se doutait jusqu'à présent qu'Orphée
fut l'inventeur de l'iambe? Tout le monde croyait que c'était Archi-
loque. On va plus loin, on affirme que ce même Orphée avait imposé
six règles au genre iambique, et on vous explique ces six règles par
des exemples empruntés... à Orphée, pensez- vous; non, mais à Aris-
tophane, à Sophocle et à Platon (frag. 183). C'est vraiment chercher
trop loin les difficultés, pour avoir le plaisir de donner des solutions
nouvelles.
J'aime mieux la seconde partie de ce volume. Elle comprend une
étude solide sur la métrique de Pindare, sur celle des vieux poètes la-
tins, Névius, Ennius et Plaute, et particulièrement sur le vers satur-
nien. Enfin, je signalerai à l'attention du lecteur des vues ingé-
nieuses sur la versification de Virgile, d'Horace et de Sénèque, et,
pour terminer, le court mais substantiel chapitre sur l'origine du
décasyllabe français et de l'alexandrin, où M. Cézard reconnaît
avec tout le monde les sources grecque et latine : Graeco fonte ca-
dant, parce detorta. ^^ L. Mensch.
Lia Question de 1a laiiffue auxiliaire internationale,
par Gustave GAUrHBROT. Paris, Hacheite, 1910, ia-16 de x-318 p. —
Prix : 3 fr. 50.
La Réforme de la prononciation latine, par Camille Gouil-
LAULT. Paris, B'oud, 1910, in-16 de xiii-174 p. — Prix : 2 fr. 50.
De toutes les langues universelles inventées dans les temps moder-
nes, l'espéranto du D^" Zamenhof est incontestablement celle qui a
réuni le plus grand nombre de partisans. Toutefois, elle a beaucoup
d'adversaires qui la combattent et il ne manque pas de gens scep-
tiques qui, ne croyemt nullement à sa durée, lui prédisent le sort qu'ont
eu le solrésol, le volapiik, etc. C'est pour réfuter ceux-là et rassurer
ceux-ci que le distingué professeur de l'Institut catholique a écrit un
livre d'une grande clarté de style et plein d'érudition. Personne ne
pouvait mieux que lui faire un tableau saisissant de cette extension
des relations internationales que semble exiger la création d'un idiome
qui soit commun à toute l'humanité; personne ne pouvait démontrer
Mai 1912. T. CXXIY. 28.
— 434 -
plus habilement que l'espéranto a toutes les qualités requises pour
devenir cette langue auxiliaire. Bref, si un plaidoyer en faveur de
ce dernier doit augmenter le nombre de ses adeptes, c'est certaine-
ment celui qui est dû à la plume du savant professeur. Toutefois,
quand on aura lu le dernier chapitre sur le « schisme idiste », on aura
fe droit de craindre que l'avenir d'une langue auxiliaire artificielle ne
soit pas assuré, puisque, avant même que son emploi ne soit devenu
universel, quelques-uns de ses partisans en ont déjà créé une autre
destinée à la remplacer. Après l'ido, ne verrons-nous pas d'autres
réformateurs inventer encore d'autres systèmes analogues, meilleurs
à leur avis?
— Pendant qu'on s'efforce de façonner de toutes pièces un idiome
facilitant les relations internationales, on oublie trop que le latin,
étant la langue officielle de l'Eglise, est, par cela même, « catholique »
comme celle-ci, c'est-à-dire universel. Il faudrait peu de chose, une
simple réforme dans la manière de le prononcer, pour le transformer
en un organe servant à rapprocher les hommes instruits des diffé-
rentes nations. Chose curieuse à remarquer, c'est au moment où
l'étude du latin est délaissée dans les établissements d'instruction
publique relevant de l'Université, que des érudits chrétiens, désireux
de concourir à la restauration du chant grégorien entreprise par le
Souverain Pontife, et constatant avec raison que cette restauration
est intimement liée à la question de la prononciation de la langue
sacrée, ont pris à tâche de provoquer une réforme dans cette pronon-
ciation, c'est-à-dire de la rendre correcte et une. M. Camille Couillault
s'est placé au premier rang parmi ces réformateurs. Son livre très
savant, très clair, très concis, contient un exposé théorique delà ques-
tion qui se distingue par une remarquable hauteur de vue et présente
ensuite une étude complète des moyens pratiques d'en résoudre les
difficultés. Ce volume, qui a reçu un excellent accueil au Vatican, ce
qui constitue pour lui une très appréciable recommandation, s'adresse
à tous les catholiques qui hâtent de leurs vœux la réalisation de
l'œuvre réformatrice du chant grégorien, ainsi qu'à tous les érudits
qui ont conservé le culte des études latines. Il devrait surtout être lu
et relu par tous les ecclésiastiques dont le devoir est de travailler au
renouveau de la liturgie et à la résurrection du véritable plain-chant.
Une légère critique de détail avant de terminer. A la page 152, M.
Couillault réclame que la forme coelum ne soit pas maintenue dans
les futures éditions officielles des livres liturgiques et soit remplacée
par la forme correcte caeliim. Est-il donc bien certain que cette
dernière soit la meilleure? Des philologues autorisés hésitent entre
l'une et l'autre, déclarant que l'origine du mot est incertaine. Pour
ma part, je considère coelum bien préférable à caelum, car je crois
:^
— 435 —
ce ternie apparenté au grec /tolloç, « creux », le ciel se i^résentant
à nos regards sous la forme d'une demi-sphère concave.
LÉON Cl.lt.NET.
Correspondance de GÉRARD Dii Nkrval (i830-t*i55), avec une
ItiTodiiciion et «les noies par Julbs Marsan. Haris, Mercure de France,
1911, iii-ltj de 343 p. — Prix : 3 fr. 50.
Publication bien faite d'une Correspondance sans intérêt. 11 n'y a
là ni lettres d'amitié ou d'amour qui vaillent par la qualité de l'âme;
ni causeries, indiscrétions, ou jugements sur les hommes et les choses
de l'époque (aucun écho des grands événements politiques ou litté-
raires), ni lettres de voyage, riches d'impressions toute neuves, de
descriptions, de récits. Quoique la plupart de ces 14.3 numéros soient
datés de Strasbourg, Munich, Vienne, Constantinople, Beyrouth,
Malte, etc., le pauvre Gérard Labrunie ayant été un grand vagabond,
il réservait tout pour les articles de revue qui lui avaient, comme il
dit quelque part, créé une spécialité, et n'écrivait guère à son père
ou à ses amis que pour donner son itinéraire, les adresses où il fallait
lui envoyer de l'argent, annoncer aux directeurs ou aux libraires
sa copie et en demander des nouvelles... D'autres sont de simples
billets pour des places de théâtre, des rendez- vous, des remerciements.
Quelques-uns, datés, à diverses reprises, de Passy et de la maison du
docteur Blanche portent la marque sans éclat des troubles qui fêlè-
rent et puis finalement brisèrent tout à fait cette tête romantique.
Il n'y en a pas plus d'une douzaine qui aient quelque agrément litté-
raire. Dans le reste, et dans les notes très précises de M. Marsan,
peut-être les historiens un peu minutieux de la génération de 1830
trouveront-ils à glaner quelques renseignements, quelques références,
quelques dates. Mais, même à ce point de vue documentaire, il ne
semble pas que tout cela ait grande importance. Gabriel Audiat.
liC Faust «le Qoeths. E'isai de critique impersonnelle, par Ernbst
LiCHTENBtiRGiiR. Paris, Alcau, 1911, iii-lo de xi-223 p. — Prix : 2 fr. 50.
M. Ernest Lichtenberger, notre ancien maître à la Sorbonne, a, sinon
inventé, du moins mis à la mode chez nous, la critique imperson-
nelle. Je sais bien que certains disciples ont abusé de la méthode, en
ce sens que, par modestie sans doute, ils effacent leur personnalité
devant les opinions d'autrui et réduisent leur critique à une fasti-
dieuse nomenclature, à une sorte de bibliographie vide des exégètes
et des commentateurs, sans se permettre, pour ne pas influencer le
lecteur, de tirer une conclusion personnelle de tous les documents
qu'ils apportent. 11 suffit de lire l'Esquisse sur la méthode de critique
impersonnelle que M. Lichtenberger a donnée dans la Revue germa-
- 436 -
nique de 1905, et plus encore son Etude sur quelques scènes du Faust
de Goethe, parue chez Hachette, pour se convaincre que les disci-
ples ont exagéré le système et que le maître n'entendait pas abdi-
quer toute personnalité devant la cohue des jugements humains.
L'étude qu'il vient de publier sur le Faust de Gœthe, étude substan-
tielle et condensée en im petit nombre de pages, en est une nouvelle
preuve. Certes, comme il le dit excellemment, cen'est pas lui qui veut
supprimer la greffe d'un développement personnel sur l'exposé im-
personnel des réponses typiques de l'humanité; rien n'empêche en
effet un bon rapporteur de se montrer en même temps excellent cri-
tique. L'idéal de la méthode est de transformer le critique en
rapporteur de l'humanité. La critique impersonnelle ainsi entendue
ne se limite pas au domaine de la littérature, mais peut aussi bien
s'étendre à l'histoire, à la religion, à la morale, à la politique, en
im mot à tous les grands problèmes qui intéressent l'humanité.
Les limites étroites qui me sont fixées ne me permettent pas de
passer en. revue les trois livres qui constituent cette étude : 1° Le
poème avec l'analyse générale de l'action et des caractères; 2^ La
genèse du poème: Urîaust, fragment de 1790, tragédie de 1808, le
second Faust ; 3° L'esprit et le symbolisme du poème : Faust
est une confession de Gœthe, l'expression de l'esprit allemand, et le
réprésentant de l'homme en général. Beaucoup de lecteurs regrette-
ront aA^ec moi que l'auteur n'ait pas donné suite à sa première idée
qiii était de publier cette étude avec tout l'appareil des notes qui
devaient l'éclairer et la nuancer. Il est certain que toute l'œuvre au-
rait gagné de ce fait en coloris, en amusante bigarrure de témoi-
gnages insolemment individuels. Nous attendons avec confiance ce
complément de l'œuvre, ou plutôt cette œuvre nouvelle avec un déve-
loppement plus large sur l'influence du Faust à travers la littéra-
ture et l'art, qui est seulement indiquée dans un appendice. Per-
sonne n'est mieux placé que M. Lichtenberger pour montrer comment
« cette œuvre a exercé en tous sens une action infinie, mais contra-
dictoire, maudite par quelques-uns, adorée d'un grand nombre, sans
cesse ballottée de l'admiration à la satire et de la haine à l'amour ».
L. Mensch.
Ii'liifl«ienee de Oîambattista Iflariuo sur la littérature
irançaise, par Ch. W. Cab-ïbn. Paris, Ilachelte, 1904, iu-8 de 162 p.—
Prix : -i fr. l
' Daté de 1904. ce petit volume n'est arrivé dans mes mains qu'à la
fin de 1911. Ce n'est donc pas le Polyhihlion qui a la faute d'un
tel retard. Mais il sied d'être hospitalier et courtois à un Améri-
cain, qui est venu on France briguer le titre de docteur de l'Uni-
— 4o7 —
versité de Grenoble et qui a écrit en un français a peu près correct un
mémoire sur un poète italien tout rempli de citations italiennes,
mais très favorable au génie français : on n'est pas plus cosmopo-
lite. Seulement, si c'est par cet ouvrage que M. Cabeen a conquis
aussi la chaire de professeur de langues et littératures roAianes à
l'Université de Syracuse (New York), disons à la gloire des pays
latins et de notre vieilleFrance, qu'à peine cette compilation rapide où
défilent après une très sommaire notice biographique sur Marino et
une froide analyse de VAdone, quelques banalités sur l'Hôtel de
Rambouillet, puis des notules, avec citations quelconques, sur Bal
zac, Voiture, Chapelain, Théophile et Saint-Amant, serait-elle ac-
ceptée chez nous d'un élève, jamais d'un maître. Nulle part ni de
personne l'ordre français n'admettrait un tel décousu, qui laisse en
l'air les diverses fiches remplies, et qui n'apporte à la solution de la
question posée (l'influence de Marino sur la littérature française) à
peu près que des éléments négatifs ou contradictoires, puisque « Voi-
ture et Théophile n'en disent rien », -que « Balzac ne l'a probable-
ment pas connu », tandis que Saint-Amant a au moins imité un
do ses madrigaux, que Chapelain a préfacé VAdone avec une admi-
ration sans réserve, que Théophile a traité comme lui le sujet de
Pyrame et Thi^hè. et, pense sans le prouver M. Cabeen, en lui em-
pruntant quelques scènes. Le sujet reste à traiter tout entier, et
avec une autre méthode. La seule utilité de la publication
présente me parait de pouvoir en donner à quelqu'un de chez nous
l'idée. Gabriel ArniAT.
HISTOIRE
Tacite. Traduction nouvelle, mise au courant des travaux récents de la
rihiloli'gie, par L. Loiseau. T. II. Paris, Garnier, 1908, in-18 de 56.! p. —
Prix : 3 fr.
Fidèle aux traditions do la vieille magistrature — hâtons-nous
d'employer une formule qui bientôt, hélas ! n'aura plus de sens, —
M. le premier président honoraire Loiseau consacre à la traduction
les loisirs d'une studieuse retraite. On a déjà signalé, dans cette
Revue, le tome premier de son Tacite, qui contenait les Ann,ales. Le
nom du préfacier était pour le lecteur une garantie. Le tome second
et dernier contient le Dialogue su?- les orateurs, la Vie d'Agriçola, les
Mœurs des Germains et les cinq livres des Histoires. Écrite avec fer-
meté en une langue correcte et d'un style net, cette traduction se
lit avec agrément et nous a paru généralement exacte. De brèves
notes au bas des pages fournissent les éclaircissements indispensa-
bles. A. B.
— 438 —
Hiiifoire partiale, histoire Yrnie, par Jhan Guiraud. II. Moyen
,},)€. lifiiai^s'fDCt.'. lié forint, l'iiris, BeaucheMie, 1912. in-16 dt; XVl-467 p. —
P.-ix : 3 fr. 5u.
C'est avec une viritablo joie que nous avons vu paraître le tome II
de cet ouvrage; c'est avec un intérêt soutenu jusqu'au bout que nous
lavons lu. Nous avons déjà dit (t. CXXI, p. 174-175) le but que se
proposait M. Guiraud, nous avons dit combien ce livre, vrai manuel
d'apologétique historique, outre son importance dans la question des
manuels soclaires offrait de ressources aux conférenciers. Nous
n'avons donc aujourd'hui qu'à exposer «ce que contient ce nouveau
volume. Dans son Introduction, l'auteur se défend tout d'abord
d'avoir voulu faire une guerre sans pitié aux instituteurs; fils d'ins-
tituteur lui-même, ayant conservé pour la mémoire de son père le
culte le plus noble, loin d'être l'ennemi des instituteurs, il se montre
leur ami, n'attaquant que ceux qui manquent à leur devoir d'éduca-
teurs et mettant les autres en garde contre les mensonges et les
erreurs de manuels justement condamnés par les évêques.
Si M. Guiraud revient sur le moyen âge, dont il s'était déjà large-
ment occupé dans son premier volume (un grand tiers de ce tome II est
consacré à cette période), c'est pour montrer, dans une série de cha-
pitres solides et bien documentés, que le moyen âge n'est pas cette
période de torpeur intellectuelle que quelques-uns prétendent y voir, que
les sciences notamment n'ont pas cessé d'y être cultivées et qu'il a
apporté son contingent de découvertes scientifiques; que ni sa litté-
rature ni surtout ses arts ne sont à dédaigner; que la connaissance
du monde n'y a pas été aussi nulle ni aussi réduite que le font croire les
auteurs des manuels.
Les onze chapitres entre lesquels se partage le reste du volume^
traitent de la Renaissance, dans laquelle M. Guiraud fait voir un mou-
vement chrétien fort remarquable à côté des tendances païennes
exaltées par quelques auteurs; du rôle de l'Eglise dans les origines
de l'imprimerie dont on ne saurait, sans ignorance ou mauvaise foi,
la travestir en ennemie; d'Etienne Dolet, dont la légende est une
fois de plus détruite de main de maître; des campagnes au xv® et
au xvi^ siècle ; de la réforme pour laquelle les auteurs de manuels
montrent une partialité explicable en partie par la mentalité protes-
tante de tant de chefs de l'enseignement; de la réforme catholique
Hvant Luther; des doctrines de la Réforme et notamment de l'into-
lérance violente des chefs de ce mouvement, bien qu'il soit de mode
de faire d'eux les apôtres de la tolérance; du vandalisme protestant
du xvi^ siècle; de la responsabilité des guéries de religion que
M. Guiraud prouve justement incomber aux protestants bien plus
qu'aux catholiques; de Coligny, cette vaine idole qu'il détrône
- 439 -^
tUi piédestal qu'on lui a élevé; de la Saint-Barthélémy enfin que,
sans l'excuser naturellement, l'auteur établit avoir été un crime non
rf'ligieux maia politique.
Ce n'est pas seulement aux manuels condamnés que le livre de M.
Guiraud servira de contrepoison et de complément rectificatif; il
aidera bien des lecteurs à réparer les lacunes et à rectifier les erreurs
de plus d'un livre d'histoire; et par là il mérite une bonne place
dans toute bibliothèque sérieuse. Son succès est déjà considérable;
nous ne pouvons que souhaiter qu'il le devienne plus encore; ce sera
tout profit pour l'intelligence des temps passés. E.-G. Ledos.
lie» Origines de la ci^ilisatiou moderne, par GoD^FRoro
KuRTH. (? t!<iilion. Bruxelles, Dewil, 1912, 2 vol. in-8 de xxx-34Û et 304 p.
- Prix : 8 fr.
Cest en 188i) que M. Godefroid Kurth a donné pour la première
fois les Origines de la civilisation moderne, et six éditions successives,
<tont quatre se pressent dans le court espace de douze années (1886-
1898), attestent le succès constant de ce livre et la faveur dont il
jouit auprès du public. C'est que, en même temps que l'auteur s'est ef-
forcé de tenir son livre au courant des plus récents travaux ot qu'il n'a
jamais négligé d'appuyer sur une érudition vaste et solide son exposé
des faits, il a su dissimuler tout cet appareil scientifique sous le
manteau d'une éloquence brillante et chaleureuse; les faits s'animent
et les pensées se pressent sous sa plume. Même si l'érudition vient
contester tel détail, l'ensemble demeure vrai, et ce magnifique
tableau du déclin de la civilisation antique et de la naissance, au
milieu de ses ruines, de la société médiévale, formée et soutenue par
l'Église catholique, jusqu'à l'apogée du régime carolingien, nous
paraît une de ces ceuvres durables dignes de retenir l'attention même
de la postérité.
Sans entrer dans une longue analyse de l'ouvrage qui a été présenté
autrefois à nos lecteurs (t. XLVll, p. 524 et suiv.), nous rappel-
lerons que les treize chapitres qui en forment la charpente sont inti-
tulés : 1. L'Empire romain ; If. Le Monde germanique; III. L'Église;
IV. La Chute de l'empire romain en Occident; V. Progrès de l'Église;
VI. Byzance; VII. Les Royaumes anciens; VIII. Naissance des
sociétés catholiques; IX. La Société barbare au vi*' siècle; X-XI.
Action de l'Église; XIL Les Carolingiens; XIII. Charlemagne.
Vis-à-vis de la cinquième édition parue en 1903, celle-ci ne présente
que peu de modifications dans le texte du livre. La bibliographie
cependant a été mise au courant et la disposition en a été changée
d'une manière heureuse : au lieu d'être groupée tout entière à la
— 440 —
fiii de louvrage, elle a été répartie entre les divers chapitres qu'elle
termine. Une modification moins heureuse et dont nous ne saisis-
sons pas bien les motifs a fait retrancher de cette bibliographie l'indi-
cation des travaux modernes qui figuraient à côté des sources
dans les précédents volumes.
Par contre, M, Kurth a joint, sous forme d'appendice à son
deuxième volume, la reproduction de la vigoureuse réponse faite par
lui aux critiques pédantes de M. Seignobos et dont la Revue des ques-
tions historiques avait eu la primeur en 1900.
Le livre qui aboutit, comme celui qu'Ozanam avait jadis rêvé, à
une apologie de l'Église chrétienne, véritable fondatrice de la civi-
lisation moderne, a sa place marquée dans toute bibliothèque catho-
lique. E.-G. L.
•Vubilés d'Italie, par Hbnby Cochin. Parif=, Plon-Nourril, 1911, in-16
de xiv-299 p. — Prix : 3 fr. 50.
C'est moins en recueil d'études historiques, de l'aveu même de
l'auteur, qu'en album de souvenirs et d'impressions autobiogra-
phiques, qu'il faut considérer ce charmant volume. Il comprend
quatre parties, entre lesquelles, pour l'intérêt, le charme et la grâce,
pour l'ardente et contagieuse sympathie aux choses italiennes, il
serait bien difficile de choisir. Toutes ont été inspirées à l'écrivain,
érudit et disert, par le retour de dates mémorables : sixième cente-
naire de V Attentat d'Anagni, sixième centenaire de Pétrarque, cinquième
de Masaccio, noces d'argent du professeur Novati avec la cience. Ces
dates ont été, pour l'auteur, des fêtes, et c'est surtout pour épancher
son cœur qu'il les a commémorées. Il a une façon si délicate et si
persuasive de présenter ses admirations et ses amitiés que le lec-
teur ne tarde guère à les partager. Pétrarque et Masaccio nous appa-
raissent plus familiers, plus voisins. Sur Boniface VIII, — ce terrible
batailleur, alliant la spiritualité à la violence, tremblant devant son
médecin, le mystérieux Arnaud de Villeneuve, — il a buriné une
belle série d'eaux fortes. Et quelle effigie au.stère et aimable à la fois,
et combien ressemblante, il nous donne de ce Francesco Novati,
à la fois critique, historien, philologue et professeur, honneur de
Crémone et de la science lombarde 1 Tous les amis de cet infatigable
travailleur, de ce maître éminent, doivent des remerciements à M.
Cochin. (Et ceux qui liront ce volume au point de vue strictement
historique sont prévenus qu'il est tout plein de la plus exacte érudi-
tion, qu'il est riche d'idées originales, et qu'il y a beaucoup à y
apprendre.) L.-G. Pélissier.
— 441 —
IjCs liettres de Jelianue d^^lLre et la prétendue abfuration
«lc>^Rint-Ouen, parlt-comi-G. deMalkiSsYB. Paris, Maison de \h Bonae
Pns.-e, s. ()., in-lo de 108 p., avec 1 pi. ei 5 fac-similé-. — Prix : 0 l"r. 25.
Die Fal«clte Junglraii von Orléans, 1436 59, von Hans
PhUTZ. Vurgelvayen ain 1. Juii 19n. Munich, J. Rolu, 1911, ii-8 de 48 p.
Exrail des Silzuniisbericlile der Kœntglich 'iayerischen Akademie der Wis-
Sfuschaflen. Ptiilosop/iisk-^hilologische and hislorische Klnsse Jahrgang 1911,
10 Abhan<llunt;).
Jeanne «l'Are. 1499>I43I . L'Itinéraire d'une sainte. — Scènes d^his-
tove. — iXoieK et éclairrisstmpfts, par EuG. Roupain. Tournai et Paris,
Casierman, iyi2, in-t6 de '/79 p. — prix : 2 fr. 50.
La famille de Maleissye, issue de Charles du Lys, petit-neveu de
Jeanne d'Arc, conserve dans ses archives les originaux, certainement
authentiques, de trois lettres de l'héroïque vierge, adressées au-Y
habitants de Reims le 6 août 1429, les 16 et 28 mars 1430. Le texte,
plusieurs fois reproduit, en est bien connu. Mais une étude patiente
et minutieuse de leur graphie, de celle notamment du mot Je-
hanne, qui leur sert de signature; la comparaison de ces lettres
avec deux autres, celle qui fut envoyée au duc de Bourgogne le 17
juillet 1429 et qui est conservée aux Archives du département du
Nord, et celle que reçurent les habitants de la ville de Riom,
' qui la conserve dans ses archives municipales, lettre datée du 9
novembre 1429; enfin diverses circonstances de la carrière de Jeanne
et divers textes des deux Procès, interprétés d'une façon nouvelle,
ont conduit M. le comte C. de Maleissye à des conclusions exposées
avec talent et avec verve dans un mémoire intitulé : Les Lettres
de Jehanne d'Arc et la prétendue abjuration de Saint-Ouen, où l'on
trouve aussi des considérations pleines d'esprit et de cœur sur le
caractère, la mission, l'œuvre de l'héroïque vierge. Les conclusions
spéciales de l'auteur sont celles-ci. Jeanne, qui ne savait ni A ni B,
selon sa propre expression, lors de l'examen de Poitiers, a profité
des douloureux loisirs qui lui furent imposés après l'échec sous Paris
pour apprendre, non seulement à tracer machinalement et lisible-
ment sa signature, mais à lire et à écrire, et elle avait cette con-
naissance lors du procès de Rouen. L'auteur tire de là des consé-
quences importantes, notamment en ce qui concerne la prétendue
abjuration faite au cimetière Saint-Ouen. Telle est la thèse de M. le
comte de Maleissye. L'examen des arguments sur lesquels elle s'ap-
puie demanderait plus de temps et d'espace que nous n'en pouvons
avoir maintenant à notre disposition. Nous devons donc nous bor-
ner à donner ici notre impression générale. Nous le ferons en toute
franchise, M. le comte de Maleissye ne nous a pas convaincu. Son
argumentation nous a semblé plus ingénieuse que décisive.La méthode
de discussion critique appliquée par lui à divers textes des deux
Procès est, selon nous, défectueuse, non exempte d'illusion et de parti-
- 442 —
pris. Il suit de cette impression que nous considérerions comme une
imprudence de tenir pour acquises et d'adopter telles quelles et sans
pî'is ample informé les solutions et interprétations qu'il nous pro-
pose. C'est donc seulement à titre de « mémoire à consulter » que
son travail nous paraît intéressant et pourra être utile. Ajoutons
toutefois que, pour le caractère généralement frauduleux de la scène
de Saint-Ouen, notre a vis, comme il veut bien le rappeler, est con-
forme au sien. Nous sommes heureux aussi de reconnaître et de dire
que l'idée qu'il a du caractère et de la mission de Jeanne d'Arc est
parfaitement juste et qu'il l'exprime en excellents termes : « En
toutes les occurrences, Jehanne (nous n'aimons pas cette orthographe
archaïque) reste tellement française de vivacité, de cœur et d'esprit,
que par toutes ses fibres on la sent une des nôtres. Si elle élève la
nature humaine, elle reste cependant hvmiaine. Elle est au-dessus
de nous, mais nous la touchons, nous la comorenons. De là vient
qu'elle est la sainte charmante, séduisante, aimée de tous; elle est
la Française par excellence... 11 était réservé à notre siècle de cri-
tique et de positivisme de vouloir approfondir la mission de Jehanne.
Or, plus on examine sa vie et plus on l'analyse; plus on étudie ses
pensées et plus on scrute son âme, plus on arrive à trouver que sa
hauteur morale l'élève encore au-dessus des grandes choses qu'elle a
faites... L'Église seule, en plaçant Jehanne sur les autels, apporte
une explication qui satisfasse pleinement la science et la raison. » On
ne peut mieux dire.
— La gloire de plus en plus rayonnante de l'héroïque vierge, exci-
tant l'attention sur tout ce qui se rapporte de plus ou moins près
à son histoire, amène et amènera sans doute de jour en jour davan-
tage des recherches et des études nouvelles, non seulement en France,
mais dans tout le monde chrétien et civilisé. Ce n'est pas à Jeanne
elle-même, c'est à l'aventurière qui, plusieurs années après sa mort,
osa usurper son nom, c'est à la fausse Piicelle d'Orléans qu'un érudit
allemand, déjà connu par ses travaux sur les ordres du Temple et
de l'Hôpital et sur Jacques Cœur, M. Hans Prutz, a consacré un
travail, communiqué à l'Académie royale des sciences de Bavière le
!*''■ juillet de l'an dernier. Nous l'avons lu avec intérêt et y avons
remarqué les qualités et aussi les défauts assez habituels à l'érudition
et à la critique allemandes. La qualité principale, c'est le souci de ne
pas s'en tenir à un regard superficiel jeté siir les faits, mais détacher
d'en pénétrer le caractère intime et la raison d'être, d'en rechercher
les causes, de les relier l'un à l'autre dans l'ordre vrai de leurs
rapports el dans leur exacte chronologie. Le principal défaut, c'est
de faire usage à cet effet d'une méthode trop conjecturale, visant
trop à la nouveauté trop prompte à suspecter et à rejeter tel ou tel
— 443 -
texte et telle ou telle conclusion que l'on en a jusqu'à présent tirée.
11 sera bon de tenir compte des recherches et des observations de
M. Prutz, mais il serait peu prudent de se ranger à toutes ses vues.
Par exemple, pour notre part, nous tenons pour inadmissible le
rejet du double témoignage de Pierre Sala relativement à la vraie
et à la fausse Jeanne et au fameuK secret du Roi. L'argumentation de
M. Prutz à cet égard est très contestable et s'inspire, sans s'en dou-
ter probablement, du préjugé rationaliste, qui, comme le préjugé
fidéiste, d'autre part, a trop souvent pour effet d'altérer la rectitude
du jugement critique à notre époque. Nous signalerons dans son tra-
vail une erreur de fait et une omission, toutes deux d'ailleurs très
excusables, La première, où sont tombés, à la suite de Quicherat,
tous les historiens de Jeanne d'Arc et nous-même avec eux jusqu'à
la dernière revision de notre livre, c'est l'identification avec Ulrich
de Wurtemberg du jeune gentilhomme dont la fausse Jeanne gagna
la confiance durant son séjour dans la ville d'Arlon. 11 s'agit en réalité
du fils du comte de Virneburg. Virneburg est un village du pays
rhénan, qui fait aujourd'hui partie de la circonscription de Coblenz
et du cercle d'Adenau. L'omission est celle d'un curieux passage de
l'information ouverte, au mois de novembre 1476, à Faveresse et à
Sermaize, prévôté de Vitry, en Champagne, pour constater la filiation
d'un descendant de Jean de Vouthon, frère d'Isabelle Romce. On
y constate la venue à Sermaize, vers 1452, d'une « jeune femme, se
disant être Jeanne la Pucelle », qui fut bien accueillie et fit même une
partie de paume avec le curé du village. 11 va sans dire qu'elle mentait
impudemment. Le texte de cette enquête a été publié par MM. de
Bouteiller et de Braux dans leurs Nouvelles Recherches sur la famille
de Jeanne d'Arc (Orléans, Herluison, 1879, in-8, p. 10, 11).
— D'un tout autre genre que les dissertations de M. le comte de
Maleissye et de M. Hans Prutz est le volume un peu composite de
M. Eug. Roupain : Jeanne d'Arc, 1429-1431, formé de trois parties
distinctes : U Itinéraire d'une sainte. — Scènes d'histoire. — Notes et
éclaircissements. La première est un mélange d'exposition historique
et de réflexions diverses, religieuses, patriotiques et polémiques.
« C'est l'itinéraire de Jeanne d'Arc, nous dit l'auteur. Nous en refe-
rons, une à une, les étapes; recueillant ici des détails chronologiques
précis; faisart là des réflexions utiles pour venger, histoire en main,
l'honneur de Dieu et de l'Église, maladroitement ou haineusement
engagé dans cette querelle. Si modeste que soit l'effort, il aura son
prix. Aucun n'est inutile quand il s'agit de répondre aux attaques
insidieuses et aux mensonges passionnés des détracteurs de Jeanne
d'Arc. Le seul reproche que pourrait encourir un jeune Français, à
l'heure qu'il est (et Dieu nous en préserve), serait de n'avoir pas, sou»
— 444 — :. .
le virginal regard de cette fille au grand ccvur, le courage de smb-
truire et de s'édifier auprès d'elle en vue des combats et de l'action ».
L'information de l'auteur est étendue et variée, son sens juste, son
style élégant avec un peu d'excès de rhétorique. — La seconde par-
tie : Scènes d'histoire, est une composition dramatique en trois actes
avec prologue, destinée, ce semble, aux représentations de collèges
ou de patronages. Elle a le grand mérite d'être écrite en prose, c'est-
à-dire qu'elle évite une grosse pierre d'achoppement en pareille ma-
tière. Nous la signalons à qui de droit, en laissant aux intéressés
le soin d'en apprécier, eu égard à son objet, la valeur pratique. ■ —
La troisième partie : Notes et éclaircisseme?its , se compose de mor-
ceaux détachés, dont la plupart semblent être des articles publiés
antérieurement dans des journaux ou recueils périodiques, et que
l'auteur n'a pas eu tort de reproduire. On y remarque les mêmes
qualités que dans l'Itinéraire. Nous signalons en particulier l'étude
intitulée : Jeanne d'Arc et sa mission nationale, où l'on trouve de
très bonnes observations avec une nuance un peu excessive d'intran-
sigeance. L'impression d'ensemble qui nous reste de ce volume, c'est
qu'avec un peu de jeunesse encore et d'inexpérience il n'en est pas
moins une bonne promesse pour l'avenir. Il y a là, ce nous semble,
l'étoffe d'un penseur et d'un écrivain. Marius Sepet.
Busry d'Amboise et .^Badame «le Monisoreau, d'après des
docinut^nis inédits, par Léo Mouton. Paris, Hachette, 191!?, jn-8 de vi-358 p.,
avec 'i planches hors texte et 1 fac-similé. — Prix ; 7 fr. 50.
C'est un honneur pour Alexandre Dumas et un hommage à l'in-
fluence exercée par ses romans que la peine que se donnent des
historiens pour étudier à la lumière des documents historiques les
personnages immortalisés par sa plume. Après les Trois Mousque-
taires, qui naguère ont excité la verve de sagaces historiens, voici
la Dame de Montsoreau et son mari et son amant auxquels M. Léo
Mouton consacre un volume plein de recherches érudites. /
Ici encore, la réalité historique apparaît assez différente de l'his-
toire. Ce n'est pas que, malgré la chasse qu'il a faite avec passion
aux documents, M. Mouton soit arrivé à faire la pleine lumière sur
l'épisode qui sert de fond au roman, ni sur les personnages qui en
sont les acteurs principaux : la culpabilité de Françoise de Maridort
demeure prcjblématique; sa figure même reste dans la pénombre; il
ne semble i)as cependant qu'elle ait été aussi candide que la peint le
romancier; dame d'honneur de Catherine de Médicis, mêlée par con-
séquent à l'escadron volant trop fameux, courtisée ajwés la mort de
son premier mari par deux cavaliers qui s'égorgent pour l'amour
d'elle, elle n'est pas à l'abri de tout soupçon. Et cependant, en dépit
— 440 —
du tragique épisode auquel est mêlé Bussy d'Amboise, rien ne semble
troubler la bonne harmonie entre elle et son second mari, le comte
de Montsoreau.
Si celui-ci venge un peu brutalement son honneur dans le sang
d'un rival qu'il attire dans un guet-apens, il nous apparaît néan-
moins, dans le livre de M. Mouton, comme un homme un peu terne,
paisible de nature, mais accomplissant avec sérénité des actes de
cruauté, quand il y croit engagé son devoir ou son honneur,
La figure de Bussy, libertin, bretteur, vantard, d'un orgueil insup-
portable, d'une brutale insolence, ne sort pas sympathique de l'exa-
men auquel l'a soumise la critique de M. Mouton. Dans sa vie,
d'ailleurs, et dans son personnage, plus d'un trait demeure obscur,
plus d'un point inexpliqué : la raison, par exemple, de l'influence qu'il
exerça sur le duc d'Anjou, frère de Henri III.
Si le livre <ïue nous annonçons ici ne répond pas à tous les points
d'interrogf-^ion, il n'en est pas moins d'une lecture instructive et
même ami^^^iits. Il nous offre des tableaux de mœurs de la fin du
xvi^ siècle 1^^ ^''^^ ^^^^ V^^^ pour l'historien et qui donnent au livre
un caractè^^ ^^ ^'^^- ^^^ esprits sévères jugeront peut-être que tel ou
tel morce'^u (le récit du voyage de Pologne, après le départ de
l^uosy. iJ^ï" exemple) forme une digression inutile à la marche de
l'action et à la connaissance des héros du drame; mais la plupart
des lecteurs s'amuseront à ces pages le plus souvent pittoresques et y
prendront un plaisir auquel n'a pas échappé, semble-t-il, l'auteur môme
de l'ouvrage.
Deux portraits de Bussy d'Amboise, une vue du château de Mont-
soreau, une autre du château de la Coutanciêre, théâtre du drame
sanglant, un facsimilé de l'écriture de Françoise de Maridort ajou-
tent à l'intérêt de ce volume qui nous apporte sur l'histoire politique
et sociale de l'époque plus d'un renseignement inédit. E.-G. L.
Canons |»ri8 à l'ennemi dan» la guerre patriotique
(ISI9.) [Oroudia olbd\ia ou n^}n'iutéHt v ntéchésCvennouinu voînou.], par
le gré'iéral-miijor V. A. Pétrov. Moscou, (yp. sjnodale, 1911, ia-foiio de
X-t24p.
Voici un des premiers ouvrages suscités en Russie par l'anniver-
saire prochain de la guerre de 1812. Le général Pétrov, sur mandat du
comité organisateur du Musée de 1812, à Moscou, publie avec une
Introduction (traduite en français) et avec une étude technique et
des documents d'archives, la liste nominale et signaletique des 875
canons de toutes nationalités, perdus par l'armée de Napoléon. Ces
canons sont déposés dans la cour de l'Arsenal au Kremlin. Reprenant
une ancienne idée que l'empereur Alexandre î®"" ne fit pas réaliser
pour quelques bonnes raisons, — dont peut-être une raison de bon
goût, — le comité organisateur est favorable à un projet dans
lequel ces canons serviraient à former deux colonnes commémora-
tives. Les deux colonnes seraient érigées près de la cathédrale du
Sauveur, l'une formée de canons français, l'autre de canons étrangers.
On choisirait pour le Musée de 1812 une quarantaine de canons, les
plus intéressants par les fonderies d'où ils proviennent et par leurs
chiffres, leurs armoiries ou leurs devises. Les projets de 1812, comme
celui d'aujourd'hui, ont tous pour couronnement l'aigle à deux
têtes, symbolisant la Russie, tandis que l'ennemi est symbolisé par
un serpent. Le projet de 1812, qu'Alexandre I^i- rejeta, ne semblera-t-
il pas, sur un point, plus noble que celui que l'on forme aujourd'hui?
En 1812, l'aigle étouffait le serpent dans ses serres; en 1912, il le
tiendrait dans son bec ! C'est là un geste de héron, héron dont, à la
vérité, un bon « serpent » pourrait se juger offensé. L'ouvrage du
général Pétrov est orné de planches, de figures et d'un très grand
nombre de reproductions de chiffres impériaux et royaux. Je ne
dirai pas quel rêve intense c'est de lire seulement tous les beaux
noms de vieux canons qui sont transcrits dans ce livre...
Denis ïIoche.
Archives^ campanaires «le Picarilie, par Joseph Bertkblé. T. I.
Abbevii e, l'aillaii; Montpellier, Louis Valal, 1911, m-s de 'j89 p. et 8 pi.
(-xtrHJi ies Mémoires de la Sociélé d/émulation d'Abbeville, l. XXllI/. —
Prix : 5 fr.
Parmi les objets auxquels s'est appliquée l'activité scientifique de
M. Joseph Berthelé, l'archéologie campanaire, l'étude des cloches et
de tout ce qui s'y rapporte, tient depuis vingt-cinq ans une place
considérable. Il vient, une fois de plus, d'attester sa maîtrise en ce
genre par le volume qui contient le commencement de son étude
approfondie des Archives campanatres de Picardie. II s'agit surtout
de quatre dépôts d'archives conservés en pays picard : '< le premier,
appartenant à la fonderie de cloches, toujours existante et toujours
renommée, de Carrépuits, les trois autres provenant des fonderies
de cloches, successivement disparues, de Roisel, de Solente et d'A-
miens... Les documents qui y sont conservés se rapportent non seu-
lement à la Picardie proprement dite, mais encore aux diverses
provinces circonvoisines. Les amateurs de l'histoire locale des divers
départements du nord de la France (Somme, Oise, Aisne, Pas-de-
Calais, Nord, etc.) trouveront dans cet inventaire des détails précis,
que l'on rechercherait en vain ailleurs, sur les cloches d'un grand
nombre de communes et de paroisses. Nos confrères en campanogra-
phie y recueilleront, en outre, quantité de particularités instructives
sur l'artistique industrie de la fonte des cloches, en campagne et en
~ 447 —
fonderie, anténeuremenl aux temps actuels... Nous avons relevé
çà et là sur les prix du travail, les conditions financières des asso-
ciations, la valeur des marchandises, etc., des détails caractéristiques
susceptibles d'être utiles non seulement aux campanographes, mais
encore aux érudits, aujourd'hui de plus en plus nombreux, qui se
préoccupent de l'histoire économique de l'ancienne France ». La
matière contenue dans ce volume, illustré de huit belles planches, a
été répartie ainsi qu'il suit : Introduction. — Première partie. Bio-
graphie des fondeurs (xvii'^-xx^ siècles). Chapitre 1. Les Cavillier,
fondeurs de cloches. 11. Les Gorlier, fondeurs de cloches. — Deuxième
partie. Archives des fondeurs. Chapitre I. Les Archives des Cavillier.
II. Les Archives des Gorlier. — Troisième partie. Historique des cloches.
Chapitre I. Département de la Somme (arrondissements d'Amiens.
Abbeville Doullens, Montdidier, Peronne). ■ — Ajoutons que ce volume
a été distribué, à titre d'équivalence, aux souscripteurs du recueil
périodique trimestriel fondé par M. Berthelé : Ephemeris campano-
graphica. Ils ont reçu, en outre, le fascicule VII de ce recueil où
l'on remarque, entre beaucoup d'autres, de curieux détails de « mu-
sicographie campanaire ». M. S.
<|^ueli|iies œii^'i't^s et qu«lqa«e ouvriri**, par ëtibnnb Lamv.
Parir, B ou<l, 1911. in-16df -289 -•— Prix : 3 fr. 50.
Articles des Débats, du Correspondant, discours prononcés dans de
grandes réunions publiques, à des assemblées de bienfaisance, à la
Société de géographie, aux collèges de Sorèze, de Juilly et de Stanis-
las, — voilà les cadres successifs des sujets abordes par M. Etienne
Lamy et traites par lui avec sa hauteur d'âme et son lyrisme philoso-
phique habituel; il plane facilement au-dessus des intelligences et
leur distribue la manne de sa parole, souvent un peu chimérique,
toujours admirable de beauté morale, faite de conviction. Personne
n'attaquera la sincérité de ses opinions politiques dont certains con
testent la possibilité pratique ; tous applaudiront ses conseils à la
« jeunesse contemporaine » quand il lui dicte son « devoir public »;
quand il retrace avec émotion les services rendus par l'Office central
des institutions charitables, et ceux de l'Hospice français à Jûusa
lem. Ln charme très pénétrant, presque subtil, se dégage des pages
consacrées au duc d'Audiffret Pasquier (figure certainement embel-
lie) et à Albert de Lapparent, dont les rares vertus et les mérites
distingues ne rencontreront que des admirateurs. Tout cet ensemble
enveloppe le lecteur d'une atmosphère d'honnêteté et cte noblesse qui
fait de ce recueil un livre reposant dans nos luttes, et d'une foi me
littéraire charmante en ces temps mauvais d'abaissement intellec-
tuel. C'est l'écho d'un noble cœur. G.
^ 448 —
I^a Monareliie, son droit, «a eonstitution, «on programnie,
par Louis Pabisbt. Paris, Librairie des Sainls-Pèrts, 19l(i, iu-8 de
1-4 'lO p. — Prix : 5 fr.
Les ennemis les plus avérés de l'idée monarchique ne peuvent guère
se refuser à reconnaître qu'elle jouit depuis quelques années d'un
regain de faveur. Passé le t^mps où de braves républicains, munis pour
tout bagage intellectuel des opinions courantes, foudroyaient à bon
compte leur contradicteur royaliste, en lui reprochant de s'attarder
à des conceptions surannées! La vaillante phalange de l'Action
française a remis en honneur des doctrines qui sont à la fois jeunes et
vieilles, parce qu'il n'y a ni jeunesse ni vieillesse pour la vérité. Le
livre de M. Pariset est lui aussi un témoignage de ce renouveau qui,
pour peu qu'il persiste, fera changer de camp l'armée des rétrogrades.
Or, si cet ouvrage aboutit à la même conclusion que l'école de M.
Maurras, il ne s'y rattache en aucune manière. Tandis que Y Action
française procède par induction, basant ses solutions sur l'expérience,
M. Pariset emploie la méthode inverse et affirme des principes, d'où il
déduit des conséquences par voie de raisonnement.
Tout d'abord, dit-il, il y a une vérité politique, un gouvernement de
' droit, produit naturel des circonstances historiques. Huit siècles de
nos annales proclament qu'en France, ce gouvernement est celui de
la dynastie capétienne, fondatrice de la patrie. La Révolution, pense
notre auteur, est l'œuvre directe et personnelle de Satan. Elle a tout
promis à la France, et elle n'a semé que des ruines. Il faut rétablir la
monarchie, non pas une monarchie parlementaire, essai de conci-
liation impossible entre la souveraineté du peuple et le droit royal.
Il faut que le Roi règne et gouverne. Il gouvernera avec le concours
d'une Chambre élue au suffrage universel et d'un Sénat formé d'un
noyau primitif de membres nommés par le Roi, mais se recrutant
ensuite par cooptation.
La seconde moitié du volume contient l'exposé détaillé d'un pro-
gramme monarchique. Il serait difficile d'être toujours d'accord avec
l'auteur sur tous les détails d'un plan qui touche à tant de sujets.
Disons qu'une des idées auxquelles M. Pariset s'attache le plus
fortement est celle de la décentralisation administrative, qu'il sou-
haite de voir s'opérer dans le cadre du département, la reconstitu-
tion de provinces à rayon étendu lui apparaissant comme un danger
possible pour l'unité nationale. Je ne puis que conseiller la lecture de
ce livre où tous, amis et adversaires de l'auteur, trouveront ample
matière à d'utiles réflexions. ^'^':\ u H. Rubat du Mérac.
lie Prorée de la démocratie, par Georges Guy-Grand. Paris, Co-
lin, 1911, in-18 de 327 p. — Prix : 3 fr. 50. .y\ | ^ jJ
, <: Qui veut trop prouver ne prouve rien, « dit un vieux proverbe
— 449 —
français qui remonte à l'époque où le bon sens avait gardé quelque
empire sur la philosophie française. M. Guy-Grand aurait pu le placer
en épigraphe au frontispice d'un ouvrage qui est une revanche atten-
due du bon sens contre un fatras de paradoxes sous lesquels deux
bandes d'ours, des blancs et des rouges, ont entrepris d'écraser ce
qu'ils appellent la démocratie, en ayant bien soin de donner à ce
mot et aux conséquences qu'ils en tirent un sens qui permette des
réfutations faciles et des épigrammes savoureuses.
L'état démocratique est aujourd'hui battu en brèche par deux
écoles : l'une d'extrême droite qui prétend lui opposer le régime
monarchique, l'autre d'extrême gauche qui prétend lui opposer le
régime syndicaliste. Ces deux écoles s'unissent dans un mépris com-
mun de l'individu et prétendent procéder d'un positivisme scienti-
fique. Nous ne croyons pas qu'il ait jamais été fait un exposé plus
clair de leurs doctrines et qu'on en trouve ailleurs une réfutation
plus honnête et plus serrée. Il est impossible d'entreprendre même
un résumé de ce «procès de la démocratie », car le livre que nous
analysons n'est lui-même qu'un résumé aussi bien des idées qu'il
combat que de celles qu'il défend. Son principal mérite consiste, à
notre avis, à réagir vigoureusement contre la maladie décadente de
l'idéologie, à ramener à ses justes limites la place de la philosophie
dans la politique, et à exposer que la démocratie moderne n'est qu'un
état fort naturel de l'évolution de l'humanité sans aucune incompa-
tibilité avec une large et légitime part de traditionalisme. Nul ne
s'étonnera, parmi les lecteurs de cette Revue, que nous félicitions M.
Guy-Grand de la réfutation qu'il nous apporte du syndicalisme révolu-
tionnaire. Nous ne le félicitons pas moins de la réfutation qu'il apporte
des théories d'extrême droite. Le propre de la politique est de ne souf-
frir les conséquences extrêmes d'aucun système, et celles du système
autoritaire ne le cèdent pas en absurdité à celles du système libéral.
Malheureusement, quand M. Guy-Grand combat les théories d'ex-
trême droite et en triomphe, c'est de la doctrine monarchique qu'il
croit triompher. Il faut avouer que pour un républicain c'est de
bonne guerre et qu'on ne peut pas trop lui en vouloir quand on est
obligé de constater que les héritiers intellectuels ô^s ultras de la Res-
tauration revendiquent bruyamment pour eux seuls la qualité de
monarchistes et s'efforcent de creuser un fossé infranchissable entre
la monarchie et la démocratie. S'ils avaient raison, M. Guy- Grand
aussi aurait raison et il aurait beau jeu à démontrer l'impossibilité
actuelle de la monarchie. Mais il est permis de penser que son pos-
tulat manque de base et que la doctrine monarchique n'est pas aussi
incompatible qu'il le pense avec l'état démocratique.
La Monarchie n'est ni un système philosophique ni un ensemble
Mai 1912. T. CXXIV. 29.
— 450 -
de formules fixées sur d'indélébiles Tables de la loi ; c'est une insti-
tution admirablement souple et son mérite consista précisément à
pouvoir s'adapter aux états sociaux et politiques les plus divers, en
apportant toujours aux nations qui l'adoptent le bénéfice de la conti-
nuité qui en est l'essence. Loin d'être incompatible avec la démocra-
tie, elle est au contraire plus nécessaire à une nation démocratique qu'à
toute autre. Aussi nous semble-t-il qu'il reste à M. Guy- Grand un
chapitre à écrire : ce serait la critique non pas de la Monarchie telle
qu'elle est rêvée par les « romantiques », les « Germains » et les
« panthéistes » (ce sont ses propres expressions, p. 293) de l'école
à laquelle ii s'attaque, mais de la monarchie moderne apportant à
la démocratie, considérée comme un état social nécessaire à notre
époque, le bienfait d'une institution héréditaire et soustraite à l'élec-
tion. L'Europe en fournit plus d'un exemple et elle a existé en France.
M. Guy-Grand n'aurait pas de peine à constater les bienfaits d'un tel
régime et sa haute équité n'hésiterait pas à rattacher à la vertu de
l'institution monarchique la plus grande part de ces bienfaits. En
sollicitant pour la Monarchie ainsi comprise la critique avisée et pro-
fonde qui viendrait sous sa plume, l'espoir ne nous paraît point ab-
surde de trouver un jour dans cette critique autre chose qu'une réfu-
tation. La profondeur, l'érudition, le bon sens (qu'on nous excuse
de répéter encore cette expression), qui régnent dans les pages que
nous venons de lire et que nous voudrions voir dans les mains de
tous les honnêtes gens qui se préoccupent de l'avenir du pays, en sont
pour nous un gage que nous retenons précieusement.
Eugène Godefroy.
Ce qu'on a fait de l'Église. Paris, Alcan, 1912, in-16 de xxiii-554 p. —
Prix : 3 fr. 50.
Ce livre résume les doléances d'un groupe de modernistes qui ne se
sont pas résignés à la condanmation portée contre eux.
L'ouvrage est anonyme : « Les auteurs, lisons-nous dans l'Avant-
Propos, n'ont point voulu se nommer, d'abord parce qu'ils sont trop
nombreux, car, si quelques-uns seulement savent comment fut fait
l'ouvrage, beaucoyp lui ont apporté un concouis plus ou moins effec-
tif ». Cette explication est un peu embrouillée et, à celui qui deman-
derait s'il est bien courageux d'éluder les responsabilités de ce qu'on
écrit, il est répondu (p. i) : « Si l'œuvre vaut par elle-même, ce n'est
pas notre signature qui pourrait en augmenter ou en diminuer la
valeur » (!) Donc, les auteurs restent masqués : « ils sont assurés...
que tant qu'il leiu' plaira de ne point révéler leurs noms, ces noms
resteront inconnus » (p. 535). Chacun appréciera cette attitude
comme il l'entendra.
— 451 —
Ce pamphlet rappelle, par sa composition, les récriminations cha-
grines des jansénistes et des constitutionnels contre le Pape et l'Eglise
de Rome. On y trouve quelques faits substantiellement exacts, mais
défigurés par des interprétations tendancieuses, des allégations dé-
pourvues de preuves, des textes tronqués ou" mal entendus, pas mal
d'injures, beaucoup de lieux communs qui trament dans la littéra-
ture protestante et des commérages dépourvus de toute portée.
L'&rchevêque de Paris a interdit dans son diocèse la lecture de ce
livre, qui pourrait pervertir certains esprits, et plusieurs évêques de
France se sont associés à cette condamnation qui oblige même les
fidèles ayant la permission générale de lire les livres qui sont à
l'index.
Les auteurs inconnus ne perdent pas une occasion d'affirmer qu'ils
entendent rester membres de l'Église et que leur foi demeure intacte.
J'aime à penser qu'ils seront conséquents avec ces édifiantes décla-
rations et que lorsque sera passée la mauvaise humeur qui leur a
dicté cette publication peu compatible avec la qualité de catholi-
ques, ils rentreront en eux-mêmes et s'honoreront, en réparant spon-
tanément le scandale qu'ils ont donné. C'est alors seulement qu'on
aura le droit de leur reconnaître le titre de fils soumis de l'Église.
p. PiSANI.
Combate d'hier et d'aujourd'hui, parle comte Albbbt db Mun.
3^ série, 1908. Paris, Lelhielicux, s.d. [1912!, iietil iD-8de348p.— Prix: -i fr.
En rassemblant les divers articles publiés par lui, en 1908, dans la
presse, M. de Mun les a groupés sous trois titres qui disent bien sa
pensée et caractérisent la noblesse de son apostolat : Pour Dieu, pour
la France, pour le peuple. — Dans la première partie, il aborde la
« vie catholique », la « bataille scolaire «, la « défense religieuse ». —
Dans la seconde, il nous conduit « au Maroc »; puis jetant des «regards
en arrière «(pèlerinage de soldat ; /acriwîae rerum; la volonté de vaincre),
il affirme sa foi en la « patrie ». — Dans la troisième, il aborde cer-
taines « réformes » qu'il estime nécessaires, notamment à propos de
l'apprentissage, à propos des petits marmitons, à propos du bâti-
ment, et montre qu'à défaut de les réaliser quand il en est temps
encore, grand temps, on court à la révolution sociale. Deux de ces
chapitres sont à méditer particulièrement dans leur forme éloquente et
précise : « La Charge du nom » et « la Paix du gendarme ».
Il est superflu d'insister sur la valeur morale des idées et le charme
de leur expression. Ce volume manifeste encore plus l'assurance lit-
téraire de la plume du grand orateur catholique, et aujourd'hui
qu'il vient de reprendre la parole avec éclat au Parlement, à l'Aca-
— 452 —
demie, dans les congrès, il faut cependant souhaiter qu'il n'abandonne
pas son rôle de « journaliste », où il est passé maître, G. de G.
liCS Ijivres qui s'imposent. lie chrétienne. Vie sociale. Vie civique,
par Frédéric Duval. Paris. Beauchesne, 1912, io-8 de xxxv-707 p. —
Prix : 6 fr.
M. Frédéric Duval est un chrétien fervent, animé du zèle de l'apos-
tolat. Il est, de plus, attaché d'esprit et de cœur à un groupe infi-
niment respectable, celui des « catholiques' sociaux ». C'est à ce
double point de vue qu'il s'est placé pour composer son ouvrage : Les
Livres qui s'imposent, dont l'objet est d'assembler, d'instruire et
d'armer les chrétiens d'élite, les jeunes gens surtout, qui se sentent
appelés à consacrer leurs efforts à la régénération de la société, en
premier lieu de la société française. 11 s'agit ici tout à la fois d'un
répertoire bibliographique et d'une sorte de manuel doctrinal, où se
fondent, dans l'unité complexe d'un mélange intéressant et original, les
indications techniques, les instructions théoriques et les exhortations
chaleureuses. Les unes et les autres sont réparties dans le cadre sui-
vant : Première partie : La Vie chrétienne. Chapitre I. La Bonne
Route. II. La Foi catholique (Les sources de la doctrine. — Exposés
de la doctrine chrétienne. — La pensée chrétienne à travers les
siècles. — La philosophie chrétienne. — Le sens catholique et la
pensée contemporaine). III. L'Église, gardienne de la foi (Constitu-
tion et organisation de l'Église. — Histoire générale de l'Église. —
A travers l'histoire de l'Église. — L'Église contemporaine. — Des
progrès de l'Église. — L'Église et le monde). IV. La Défense de la
foi (Apologie générale du christianisme. — Quelques objections
importantes contre la foi. — La foi et les erreurs modernes). V. Des
Conséquences de la foi (La piété. — La prière. — Le culte. — La
vie chrétienne. — H faut être apôtre). VI. L'Apostolat. Comment
s'y préparer (Considérations générales sur l'apostolat. — De quel-
ques'^vertus naturelles nécessaires à l'homme d'action. — De la
méthode dans la vie, dans l'étude, dans l'action. — Et maintenant
que faire?) VIL L'Action religieuse (La situation du catholicisme
en France. — Les adversaires du catholicisme. — La conquête des
âmes). — Deuxième partie : La Vie sociale. Chapitre I. Comment
s'orienter (Les principes fondamentaux du droit social). II. La Doc-
trine sociale de rÉglise^(La solution chrétienne du problème social.
— Les sources de la doctrine catholique sociale. — Histoire des doc-
trines catholiques sociales. — Les maîtres de la pensée catholique
sociale. — Un exposé doctrinal et pratique de la doctrine catholique
sociale. — A travers le catholicisme social. — Les doctrines socialistes.
— Comment se tenir au courant). ^III. La Famille JComment on
— 453 —
reut détruire la famille. — Comment restaurer la famille. — Le
mariage. — La femme. • — L'enfant. — La famille et l'enfant dans
l'éducation. — La prolongation de la famille). IV. La Profession.
(L'organisation du travail. — Le mouvement syndical. — Des amé-
liorations que le syndicat, secondé par l'État, peut apporter au
régime du travail. — La législation sociale : ce qu'elle a fait et ce qui
reste à faire). V. L'Action sociale (Les règles de l'action sociale. —
Œuvres d'organisation sociale. — Œuvres de bienfaisance sociale. —
L'action du catholicisme social en France et à l'étranger). — Troi-
sième partie. La Vie civique. Chapitre I. Où trouver les éléments du
droit public. II. De la Constitution des États dans la chrétienté res-
taurée (L'individu libre dans la société organisée. — Comment conci-
lier les droits du pouvoir avec les droits de l'homme et avec les droits
de l'Église. — Le droit public chrétien, seul, peut réaliser les har-
monies civiques). III. La France et ses institutions (L'histoire fait
aimer la Patrie. — Les origines de nos institutions. — Les institu-
tions publiques de la France et les réformes nécessaires). IV. L'Action
civique (L'opinion publique. — Comment le peuple exerce sa souve-
raineté. — L'action publique des représentants du peuple. — La
prospérité publique). V. L'Ordre international. — Conclusion. — Les
indications bibliographiques très abondantes contenues dans cet
ample cadre et qui font l'utilité pratique du livre ont l'exactitude et
la précision que l'on devait attendre d'un ancien élève de l'École des
chartes. Pour les ouvrages les plus importants, M. Duval en fait
ressortir la matière par une table sommaire et il en donne même
quelques extraits. Une Table alphabétique générale et analytique très
détaillée résume ce vaste répertoire de faits et d'idées. Enfin, complé-
ment fort judicieux et d'un grand usage, on trouve à la fin du volume
les Adresses des éditeurs, libraires et imprimeurs cités dans cet ouvrage.
On ne peut mettre en doute la valeur et le mérite de ce grand travail
honoré de hautes approbations. Il est permis, à la vérité, de ne pas
être toujours en parfait accord avec l'auteur. Pour notre part, catho-
lique tout court, docile aux enseignements du Saint-Siège, mais n'ap-
partenant à aucun groupe, à aucune nuance, du moins en matière
d'économie politique ou sociale, et très soucieux, dans les questions
libres, de notre indépendance comme de celle d'autrui, nous aurions,
dans un examen plus détaillé, quelques réserves, quelques restrictions
à faire sur telle ou telle des indications, des instructions, des exhorta-
tions de M. Duval, mais en ajoutant que, dans les limites de son
point de vue et même au-delà, il montre une grande largeur d'esprit.
Considéré dans son ensemble, son livre est de ceux dont tout le monde
peut tirer profit et dont, par conscquent, on peut dire, au moins
relativement et dans une certaine mesure, qu'ils s'imposent. Il est aussi
— 454 —
de ceux qui, non seulement dans leurs quplités mais jusque dans
leur? défauts, par exemple quelques exubérances de pensée ou de style,
font honneur à leur auti ur. M. S.
A Cuidc to Books on Ireland, edited by Stephen J. Brown.
ParL I. Dublin, Ilodges Figgis ; Londc.n, Loigujaiis, Green, petit in-8
cartonné de xviii-372 p. — Prix : 7 fr. 50.
L'auteur nous prévient dans sa Préface que son livre n'est pas une
œuvre de bibliographie technique, mais, comme le titre l'annonce
aveo précision, un guide dans les livres écrits sur l'Irlande. C'est un
grand mérite, car il sera vraiment un guide et un conseiller pour ceux
qui veulent étudier les choses irlandaises, ou qui, les étudiant déjà,
désirent savoir où chercher et trouver des renseignements. L'auteur
exclut les ouvrages écrits en gaélique ou langue irlandaise : ce serait
en effet un autre ouvrage, et très étendu : il ne prend que les ouvra-
ges écrits en langue anglaise, et lorsqu'il dit Irish dialecl, il faut com-
prendre par là le dialecte de l'anglais parlé en Irlande, et générale-
ment V Irish brogue.
L'ouvrage comprendra trois volumes, et ce qui concerne la géogra-
phie et l'histoire de l'Irlande sera la matière d'un prochain volume.
Le premier est surtout consacré à la littérature et il est réparti entre
plusieurs sections:!. Collections générales; II. Littérature en prose;
III. Poésie; IV. Musique; V. Théâtre. Le R. P. Brown a eu l'avantage
de précieuses collaborations qu'il reconnaît dans sa Préface; et la
section « Théâtre » est tout entière l'œuvre d'un de ces collabora-
teurs, M. J. Holloway : on s'étonnerait, en effet, qu'un auteur dont
le nom est suivi du signe S. J., fût au courant de cette littérature.
Les ouvrages sont classés par ordre chronologique dans chaque sec-
tion, et chaque titre est accompagné de quelques lignes sur l'auteur et
le livre, son sujet et son mérite : c'est ce qui fait l'originalité et l'uti-
iité de ce « guide ». Comme il arrive toujours avec les ouvrages de ce
genre, où les meilleurs ne peuvent être parfaits, on signalera sans
doute quelques omissions à l'auteur, et nous voudrions que ce fût
l'occasion d'une nouvelle édition. Dans la première section, nous
sommes étonné de ne pas trouver les Transactions oj the Ossianic
Society (6 volumes in-8, 1854-1861), qui, par leurs traductions de
poèmes irlandais, méritent aussi bien d'être signalées que la Mins-
trelsy de Hardiman. — A propos de Standish O'Grady (p. 37), il con-
viendrait de dire qu'il ne doit pas être confondu (comme cela arrive
quelquefois) avec son presque homonyme, distingué seulement par
une initiale, Standish H. O'Grady. Et pourquoi passer sous silence
les deux grands ouvrages de ce dernier, la Silva Gadelica, et le cata-
logue des manuscrits irlandais du British Muséum? A Dublin,
— 'iJD —
on ne sait peut-être pas quel retentissement a eu chez nous le drame
de Boucicault, Arrah-na-Pogiie (p. 196), si célèbre, non seulement en
Irlande, mais aussi en Grande-Bretagne. Ce drame, traduit en fran-
çais sous le nom de Jean-la- Poste, a eu, en son temps, un très grand
succès sur un de nos théâtres populaires du boulevard; et cette tra-
duction a été publiée en un petit volume in-12 en 1866.
Ce guide est accompagné d'une série de tables, car chaque section
a son index particulier : la section du théâtre en a même trois, par
noms d'auteurs, par titres des pièces et par sujets traités dans les
pièces. C'est une richesse un peu embarrassante, car si on ne sait pas
qu'un auteur est prosateur ou poète ou musicien ou dramaturge, il faut
chercher successivement dans plusieurs tables. Il est probable que
l'ouvrage achevé se terminera par une table alphabétique.
Nous ne pouvons, dans un si court compte rendu, rendre justice à
tout ce que donne ce guide, et il nous faut seulement signaler les
quarante pages consacrées à la musique si originale etsi pénétrante
dont le peuple irlandais a conservé la tradition dans ses mélodies
populaires et dans le jeu de ses harpistes. La littérature dramatique
de l'Irlande devrait aussi nous arrêter, car la vive imagination de»
Irlandais y a répandu la vie. Ce n'est pas ici le lieu de parler
politique; mais ce guide dans la littérature de l'Irlande par le
R. p. Brown montre bien que Dublin est vraiment la capitale
d'une nation. H. Gaidoz.
BULLETIN
A Szenté avatÀs (La Camnisation des saints), par Ë. HUSZÂR. Budapest,
Szent Islvâ'i Târsulat, 1911, in-12 de 54 p. — Prix : 1 fr. 05.
A l.éick (L'Ame), par le D"- J. Trikàl. Budapest, Szent Islvân Târsulat,
1911, in-12 de 92 p. — Prix : 1 fr. ng.
A Kôzépkor Bïelieme (L'Esprit du moyen âge), par le D^ A. KîSS. Buda-
pest, Szent Istvàn Târsulat, 1911, in-12 de 80 p. — Prix : 1 fr. 05.
Vaaârnapok a Xâtraban {Dimanches dans les monls de Tdlra), par le D'
A. ZuBRiGZKY. Budapest, Szent Istvâa Târsulat, 1911, m-12 de 89 p. —
Prix : 1 fr. 05.
A vallàs lêlektann {La Psiictiologie de la religion), par le D' Ch. WlBDBR-
MANN. Budapest, Szent Istv'ân Târsulat, 191 1, in-12 de 82 p. — Prix : 1 fr. 05.
Ces cinq volumes font partie de la collection publiée par la Société de
Saint-Étienne.
— Les quelques pages que M. E. Huszâr écrit sur la Canonisation des saints
pourraient servii* d'introduction à plus d'un ouvrage hagiographique; il
résume ce que le lecteur a b?vSoin do connaître pour bien comprendre ce que
sont les saints, ces grands hommes que l'Église place sur les autels. L'au-
teur remonte à l'origine même de l'Église catholique et montre comment, à
travers les siècles, se sont développées les formalités dont Rome entoure
la proclamation d'un bienheureux, puis d'un saint. Des chapitres spéciaux
— 456 —
tont consacrés au rôlo que jouent les saints dans notre vie spirituelle, aux
reliques et aux tableaux, images, etc. M. E. Huszâr a terni à ce que son
petit livre soit bien documenté, ce qui n'en rend pas la lecture plus dif-
ficile.
— Si l'ânae n'existe pas. il n'y a pas d'éternité, dit l'auteur de VAm^, et
alors à quoi bon le renoncement, pourquoi dompter ses passions? C'est en
Rongeant au grand nombre de vertus qui sont restées sans utilité, paraly-
sées par cette pensée amère, que le D'' Trikâl a écrit sur l'âme un petit
traité divisé en deux parties. La première est consacrée à la considération
de la nature et à la vie de l'âme. La seconde partie traite de l'âme comme
point d'appui du corps et comme base essentielle do la pensée et de l'indi-
vidualité. Ces quelques pages sont écrites au point de vue historique, psy-
chologique et logique, par un auteur connaissant bien son sujet.
— L'Esprit du moi/en âge est un résumé fort intéressant de l'esprit qui
animait les peuples durant ces siècles qui furent la lente préparation de
notre époque. Au commencement du moyen âge, à l'époque de la migra-
tion des peuples, c'est la rudesse qui domine et il faut les longs et persévé-
rants efforts des religieux pour amener, peu à peu, les peuples qu'ils évan-
gélisent à une compréhension plus élevée de la vie. Leurs efforts aboutirent
à la belle floraison d'œuvres littéraires et artistiques dont on a longtemps
méconnu la valeur. Pour composer son travail, le D'" A- Kiss a consulté
surtout les auteurs français, allemands et anglai'^.
— Un séjour dans les Karpathes, où le professeur D"" A. Zubriczky, après
une année d'enseignement, allait chercher un peu de repos, a été l'occasion
pour cet orateur sacré de prononcer trois bons sermons : Jésus et la
Nature, Prière et Messe, Autels à volets. S'inspirant du spectacle gran-
diose de la nature dans ses plus imposantes manifestations, il laisse
parler son cœur et fait partager à ses auditeurs son admiration pour le
Créateur de tant d'œuvres superbes, à côté desquelles on passe trop
souvent avec indifférence. Ces sermons des Dimanches dans les monts de
Tdtra, tout embaumés du parfum salubre des Karpathes, semblent une
apologie de la nature, mais une apologie parlant au cœur.
— La Psychologie de la religion, vaste et important sujet, que le D*' Ch.
Wiedermann a résumé en quelques pages. Il y démontre que le besoin le
plus essentiel de l'âme humaine est de connaître le but de la vie; alors
seulement l'homme peut trouver les règles vitales qui donnent au cœur la
paix et le bonheur. L'autevir démontre l'inanité des doctrines qui jettent le
trouble dans tant d'esprits contemporains, tandis que la vérité éclate aux
yeux de tous ceux qui la cherchent avec bonne foi et bonne volonté.
i , E. H.
Kl Secreto dei éxito > plàlicas de quince miniitos con los jovenes de quince a
■ veinte anos, por el P. Ramon Buiz Amado. Madrid, « Razôn y Fe », 19!0,
in-12 de 312 p. — Prix : 2 fr. 50.
Combien je voudrais que le livre dont j'ai à rendre compte ici fût connu
et traduit dans toutes les langues du monde prétendu civilisé ! Plus que
jamais, l'œuvre de l'éducation de la jeunesse est l'œuvre capitale, celle
dont dépend l'avenir de la société. Plus que jamais la jeunesse, grisée
par les souffles pernicieux de l'esprit nouveau, du modernisme, de l'éman-
cipation, comme on voudra l'appeler, et grâce à la faiblesse ou à l'aveu-
glement des familles, tend à suivre une ligne de conduite qui lui fait
prendre la vie de travers, se laisse entraîner par un snobisme dangereux
— /i57 —
sur une pente où il sera bientôt impossible de l'arrêter, à moins qu'on
ne l'éclairé et qu'on ne la convainque. Les trente-deux articles ou cha-
pitres dont se compose le livre du P. Ramôn Ruiz Amado devraient être
cités tout au long, car un simple compte rendu ne suffît pas à donner
l'idée exacte de l'importance pratique d'un tel effort d'apostolat. Espé-
rons qu'il se trouvera en France un autre apôtre de la jeunesse, qui fera pas-
ser en notre langue les solides vérités que le religieux espagnol expose d'une
façon si pittoresque et si précise tout ensemble. Les jeunes gens y appren-
dront la différence qu'il y a entre «être homme «et «faire l'homme » ; ils
sauront s'orienter dans le chemin de la vie, et, dans la poursuite de la
noblesse et de l'honneur, ils ne se laisseront plus séduiie par ce qui brille,
mais par ce qui est éternellement vrai. G. Bernard.
SiMi' la destinée de quelque* manuxerlts ancien*. Contribution it
i*iiistoire de Fabrl de i»elfe«c, par Camillb Pitollet. Paris, Champion.
1910, gr. in-8 de 15 p. à 2 colonaes. — Prix : 1 fr. 50.
Excellente étude sur un épisode des relations de Peiresc et de Lucas
Holstenius : la donation des manuscrits de Paciuspar l'érudit aixois au
bibliothécaire de laVaticane; sur les négociations à cet effet entre Peiresc
et le vieux jurisconsulte : sur le transport de ces manuscrits de Valence
à Boisgency et de là. après démarches infructueuses auprès de plusieurs
voyageurs, à Rome; sur l'histoire postholsténienne de ces manuscrits
paciopeir< sciens, légués par Holstenius à la ville de Hambourg. M. Pi-
tollet étudie savamment les doutes que peut suggérev la façon dont s'effec-
tua le legs, doutes que réduit à néant la bonne foi du cardinal Barberini,
prouvée par sa correspondance avec le çloriosus senatus Hammoniae et par
le fait que 29 des 31 manuscrits légués sont arrivés et figurent encore
à la Bibliothèque de la grande ville libre. M. Pitollet en a retrouvé et
identifié plusieurs (cod. ms., philol. 91 (xvi^ s.), 90 (xvii^ s.), 32 ou 31
(xvie s_)^ 23 (xvie s.), 35 (xvi^ s. 1580), 25 et 26 (xvi^ s.), comme prove-
nant de Pacius et de Peiresc. 11 y a là une précieuse contribution à l'his-
toire de la paléographie grecque et de l'hellénisme de la Renaissance, et
à celle de ce fécond, bienfaisant et universel génie que fut Peiresc. v ■.
Mais c'est vraiment trahir M. Pitollet que présenter avec une telle
sécheresse les résultats de son étude; elle n'est pas moins intéressante,
moins vivante, je dirai moins amusante par les innombrables incidentes,
digressions, citations et allusions qu'il sème sur la trame serrée de son
discours. Dans des périodes aussi surchargées, mais mieux remplies, que
la célèbre phrase patinienne du chapeau, il introduit des documents tout
entiers, amorce des polémiques savoureuses, allonge de ci de là de cruels
coups de griffes, d'ailleurs désintéressés, et qui n'en marquent que mieux.
Son érudition est polyglotte, polymathique et prodigieuse : résiste- t-il
toujours suffisamment au plaisir de l'étaler?— Une pareille dissertation,
bourrée de noms propres, de titres d'ouvrages, de citations, de rensei-
gnements entassés, véritable « bouillon Liebig « d'érudition est peut être
un peu difficile à lire pour les dilettantes raffinés; mais qu'on y est large-
ment payé de sa peine par tout ce qu'on y apprend de neuf et de solide !
L.-G. PÉLISSIER.
Dom Guéran^ec et Madame Durand. Souvenirs monastiques diaprés la
correspondance de Vabbé de Solesmes, par le R. P. Dom ALPHONSE GuÉPiN.
Paris, Oudin, 1911, in-8 de 86 p. — Prix : 1 fr. 50.
Dom Théophile Berengier, bénédictin, ami de Dom Guéranger, avait
— 458 —
une sœur, M'"^ Durand, qui fut la fille spirituelle de l'abbé de Solesmes.
Chaque année, elle venait de Marseille faire un séjoiir dans la Sarthe,
auprès de l'abbaye, et, dans l'intervalle, des lettres tenaient son conseiller
au courant de son âme. Dans cette correspondance, l'illustre moine lais-
sait parler familièrement son cœur en toute confiance. M™'' Durand,
chrétienne zélée, généreuse et riche, fut une bienfaitrice insigne des bénédic-
tins français, dont le développement moral s'accomplit au milieu de
grandes difïicultés financières. Les lettres dont nous parlons (échelon-
nées du 10 novembre 1852 au mardi de Pâques 1867) sont curieuses pour
l'histoire religieuse du temps par leurs confidences, leurs détails, leurs
réflexions; signalons des jugements sur Chateaubriand et Mathieu de
Montmorency (p. 26); M"^^ Swetchine et son biographe (p. 27);Mon-
talembert et les Moines d'Occident (28); Lacordaire et la vie de Sainte-
Madeleine (30); le P. Faber (35 et 36). Une notice intime sur M"e Bru-
gères (p. 66), qui devint la première abbesse des bénédictines de Sainte-
Cécile, termine ces pages écrites sans prétention, mais avec un respect
filial, par Dom Guépin. G.
reilfe Hi»t«lrc. d'nno Am«-, par Andïé Chaery. Paris, Fion-Nonrrit
s. (i. in-16 de vii-237 p. — Prix : 3 fr. 50.
Cette Petite Histoire d'une âme est-elle bien le journal authentique d'un
jeune homme emporté par la mort après plusieurs années de souffrance,
ou n'est-elle qu'un cadre ingénieux, une sorte de roman psychologique, où
l'auteur a raconté l'évolution de son âmo, du scepticisme mondain de sa
Jeunesse aux sommets radieux de la foi, retrouvés par le moyen de l'é-
preuve et de la douleur? Si la première hypothèse est exacte, il est clair
que nous avons affaire à une grande âmo à qui son attitude héroïque devant
la mort donne une vvaie figure de saint. Peu de vies de saints même, car
il s'y glisse toujours un peu d'humanité, donnent ce spectacle d'une rési-
gnation, d'une patience, d'ime grandeur d'âme à ce point héroïques, et de
ce désir de la mort, où ne reste plus aucune trace, tant il est surnaturalisé,
de crainte ni de regrets. C'est, dans toute sa beauté tragique et sereine,
le triomphe de la foi et de l'espérance chrétiennes. Heureux le jeune saint
qui a subi à ce degré l'empreinte de Dieu jusqu'à monter à ces hauteurs,
où seules les âmes héroïques et vraiment choisies de Dieu peuvent atteindre.
Si, au lieu d'être l'histoire d'une vie, le livre n'est qu'une fiction, il fait tout
de même grand honneur à l'auteur, qui y a mis le meilleur de son âme.
Lelivreest divisé en trois étapes : la première: Inquiétudes et luttes morales,
c'est comme le premier appel du Maître divin combattu par les assauts
tentateurs, dont, sur le mont de la Quarantaine, le Sauveur lui-même
voulut subir l'épreuve; la seconde étape : Temps d'épreuve et de crise, c'est
le mont des Oliviers où le pauvre martyr est comme crucifié par le mal-
heur; la troisième étape enfin, c'est en quelque sorte le Thabor, l'Ascension
spirituelle jusqu'à la mort, où, après une montée moins âpre, mais bien péni-
ble encore, la jeune âme, surélevée de jour en jour par la grâce plus pres-
sante, \oit resplendir la pleine lumière, aurore du magnifique réveil qui
l'attend par delà la tombe. Livre vraiment tragique et émouvant, mélan-
colique et triste parfois, mais avec des ressauts de foi qui le font tout de
suite remonter vers les hauteurs de la paix et de l'espérance chrétiennes.
C'est de l'apologétique vécue, la forme la plus efficace de l'apologétique,
parce que, sans négliger les raisons rationnelles, si je puis dire, elle atteint
surtout l'âme et le cœur. Livre de jeune, tout au moins dans sa forme, et
- 459 —
qui fera du bien à la jeunesse. Si l'auteur est mort vraiment, il faut le
regretter, sous cette réserve du moins que l'analyse de sa vie nous laisse
un magnifique exemple. S'il vit encore, nul doute qu'il ne nous donne de
beaux livres, qu'il me sera agréable de lire et de recommander à nos lec-
teurs. P. Talon.
Le» Catholiques au pouvoir. l^'Œuvre Moelale d» l'État l>elg(e
{188^-1»!*), par Georges Goyau. Paris, J. de Gigord, 1912, ia-18 de
32 p. [l'ublications de la Société bibliographique). — Pi'ix : 0 fr. 23.
En 1884, à l'époque où les catholiques prirent le pouvoir, une crise écono-
mique aigiie sévissait en Belgique. Les principes de l'école libérale, dont
l'action gouvernementale s'était inspirée jusqu'alors, y avaient une large
part de responsabilité. Dès 1886, le président du conseil, M. Bernaert,
traçait un programme de réformes, dont l'exécution s'est poursuivie
pendant un quart de siècle. Une série de lois, patiemment mûries et éla-
borées avec le concours des intéressés, ont organisé la protection et le
relèxement des ouvriers de l'industrie, des paysans et des classes urbaines
adonnées à l'exercice des petits métiers. Une prospérité matérielle sans
exemple a récompensé ces efforts. M. Georges Goyau termine son .étude
si documentée par un hommage ému au gouvernement belge, « qui ne se
contenta point, dit il éloquemment, d'être catholique d'étiquette, mais qui
sut faire passer dans les lois quelques-unes des exigences sociales du catho-
licisme, et qui, pour ne pas s'être désintéressé du règne de Dieu et de la
ju.stice, obtint le reste par surcroît. » H. Rubat du Mérac.
Entretiens divers de la ménagère, par M™« M.-B.-G. VaSSE. Paris,
Bloud, s. d. [1911], in-16 carré de 152 p., avec nombr. flg. — Prix : 2 fr.
Voici im bon, un excellent petit livre, qui mérite d'être chaudement
recommandé. Il comprend cinq parties ayant nécessité quiantité de subdi-
visions, savoir : I. Ménage: Entretien des métaux, meubles. II. Blanchissage :
Entretien du linge de maison. III. Raccommodage : Entretien du linge de
maiso?i. IV. Entretien du linge de corps et vêtements. V. Cuisine populaire,
La Préface, sous forme de lettre à l'auteur, signée de M"^*^ la comtesse
de Diesbach, présente ainsi le volume : « Toutes deux nous visons à l'amé-
lioration de la classe i>uvrière et nous pensons qu'il est inutile de tenter
de l'obtenir sans le concours de la femme, compagne de l'homme, maî-
tresse du logis, éducatrice des enfants... Nous allons à elle quand elle vient
de quitter l'école et nous lui rappelons qu'au logis voici le moment venu
de prendre sa part des travaux quotidiens : faire la soupe du père, aider
la mère au nettoyage de la maison, au lavage du linge de la maisonnée;
apprendre à bien raccommoder pour économiser en même temps; faire du
neuf avec du vieux; soigner les petits; et tant d'autres travaux d'apparence
bien humble, mais tous grands, si la pensée du devoir est là pour les assai-
sonner. Et vous avez vu juste en pensant qu'il fallait que la méthode
intuitive soit employée pour captiver ces petites intelligences facilement
distraites «.
Cette « méthode intuitive « est appliquée ici grâce aux indications pra-
tiques de toute espèce, éclairées par des gravures aussi nombreuses que
simples. — Un dernier détail, qui a sa valeur : chaque subdivision des
chapitres se termine par un précepte ou religieux, ou moral, ou utilitaire,
imprimé en caractères gras afin de forcer l'attention. Il n'en est pas u«
- 460 -^
seul qui ne doive être médité par les ménagères, surtout par celles aux-
quelles manque encore l'expérience. Et les intéressées me pardonneront
d'en citer au moins un qui m'a d'autant plus frappé qu'il est préconisé
par une femme : « La bonne ménagère doit être aimable. Le meilleur repas
est détestable avec une femme grincheuse >' (p. 147).
E.-A. Chapuis.
CHRONIQUE
NÉCROLOGIE. — M. Gabriel-Jacques-Jean Mokod, l'historien univer-
sellement connu, membre d'une famille protestante qui a produit un grand
Bombre de théologiens, de philosophes et d'orateurs, est mort à Versailles,
le 11 avril, à 68 ans. Ké à Ingouville, près du Havre, le 7 mai 1844, il
fit ses premières études dans cette dernière ville et vint les terminer à
Paris aux lycées Bonaparte et Louis-le-Grand. En 1862, il entra à l'École
normale et fut reçu agrégé d'histoire en 1865, après quoi il alla accomplir
un stage à l'Université de Berlin, puis à celle de Gœtingue. A son retour
d'Allemagne, il devint répétiteur d'histoire et ensuite directeur adjoint
à l'École des hautes études, puis maître de conférences d'histoire à l'Ecole
normale. Plus tard, il fut nommé professeur d'hùstoire de la civilisation
du moyen âge à l'Université de Paris et obtint finalement une chaire au
Collège de France. Partisan d'une critique historique sévère et froide
et de méthodes rigoureuses qu'il avait rapportées d'Allemagne et qui ne
r empêchaient pas, par une contradiction étrange, de professer un
véritable culte pour Renan et Michelet, M. CTabriel Monod a publié
de nombreux ouvrages. Voici la liste de ceux qui nous sont connus :
Études critiques sur les sources de Vhist.oire mérovingienne (Paris, 1872,
in-8); - — Allemands et Français. Souvenirs de campagne. Metz, Sedan,
la Loire (Paris, 1872, ip-r2; 2^ édit. en 1875); — Jules Michelet (Paris,
1875, in-12); — De la possibilité d'une réforme de renseignement supérieur
(Paris, 1876, in-8V, — Les Beaux- Arts à l'Exposition universelle (Paris,
1879, in-8); — Etudes critiques sur les sources de l'histoire mérovingienne,
2^ partie : Compilation dite de « Frédégaire « (Paris, 1885, gr. in-8); —
Récits et biographies historiques, petite histoire universelle (Paris. 1882,
in-12), avec G. Dhombres; — Histoire de France depuis les origines jusqu'à
Louis XI (Paris, 1885, in-12), avec Paul Bondois; — Bibliographie de
Vhistoire de France, catalogue méthodique et chronologique des sources et des
ouvrages relatifs à l'histoire de France depuis les origines jusqu'en 1789
(Paris, 1888, in-8); • — Histoire de France depuis Charles VIII jusqu'en
1815 (Paris, 1891, in-12), avec Louis Bougier; — Histoire de l'Europe
et en particulier de la France de ?,9 5 à 1270 (Paris, 1891. in-12),* avec
Charles Bémont; - — Scènes et biographies historiques des temps anciens
et modernes pour la classe préparatoire des lycées (Paris, 1893, in-12), avec
G. Dhombres; ■ — ■ Histoire générale rédigée conformément au programme
des écoles normales primaires (Paris, 1894, in-12), avec Edouard Driault;
— Précis d'histoire de l'Europe et en particulier de la France (Paris, 1897,
in-12), avec le même; ■ — Portraits et souvenirs. Victor Hugo, Michelet,
Fustel de Coulanges, V. Duruy, etc. (Paris, 1897, in-12); — Etudes criti-
ques sur les sources de l'histoire carolingienne (Paris, 1898, gr. in-8); —
Les Maîtres de l'histoire, Renan. Tainc, Michelet (Paris. 1898, in-121.
ouvrage cour<jnné par l'Académie française; — Souvenirs d'adolescence.
— 461 —
Mes relations avec Mgr Dupanloup (Paris, 1903, in-16); — Afi"® Edmond
de Pressensé. Souveniri et lettres inHites (Paris, 1904, in-16); — Jules
Michelet. Études sur sa vie et ses œuvres avec des -fragments inédits (Paris,
1905, in-12)", ■ — La Chaire d'histoire au Collège de France (Paris, 1906,
in-i2); — - Les Débuts d'' Alphonse Peyrat dans la critique historique (Paris,
1908, in-8^; — Les Jubilés de Genève (Paris, 1909, in-8). M. Gabriel
Monod a donné en outre de nombreux articles au Temps, au Journal
des Débats, à la Revue Bleue, à la Revue internationale de l'enseignement,
à la Revue des Deux Mondes, à la Revue de Paris, à la Revue, à la Revue
universitaire et,enlin, il a exercé une grande influence à l'aide de la Revue
critique, dont il était le directeur, et de la Revue historique, qu'il avait
fondée.
• — Dans les premiers jours d'a\ril, est mort à Paris, à 82 ans, M. Victor
Cucheval-Clarigny. Cet universitaire distingué, ancien élève de l'École
normale, était né à Rennes en 1830. Il avait vu de nombreuses généra-
tions d'écoliers autour des chaires qu'il occupa successivement, principa-
lement dans les lycées Saint-Louis et Condorcet à Paris. Et c'est en
grande partie pour eux qu'il avait publié la plupart des ou^ rages dont
il est l'auteur, parmi lesquels nous citerons : Etudes <?ur les tribunaux
athéniens et les plaidoyers civils de Démosthène, thèse présentée à la Fa-
culté des lettres de Paris (Paris, 1863, in-8); — De Sancti Aviti, Viennae
episcopi operibus commentarium, thèse pour le doctorat (Paris, 1863,
in-8); — ■ Analyse et extraits des traités de rhétorique de Cicéron (Paris,
1875, in-16); — Histoire de Véloquence latine, depuis l'origine de Rome
jusqu'à Cicéron, d'après les notes de M. Adolphe Berger (Paris, 1872, 2 vol.
in-8 et in 12); — • Choix de lettres de Cicéron, texte latin avec une Intro-
duction, des analyses et des notes (Paris, 188L in-î6); — Histoire de Vélo-
quertce romaine depuis la mort de Cicéron jusqu'à l'avènement de l'empereur
Hadrien, ^3 avant J.-C.-117 après J.-C. (Paris, 1893, 2 volumes, in-8) ; —
Cicéron orateur. Analyse et critique des discours de Cicéron (Paris, 1901,
2 vol. in-12).
— ■ Le R. P. Albert Poncelet, de la Compagnie de Jésus, est mort à
la fm de janvier, à Montpellier, à 61 ans. Sa disparition cause un grand
vide dans le monde savant et principalement dans la Société des Bollan-
distes. Né à Liège le 30 août 1851, il fit ses études au collège de Saint-
Servais et, en 1878, il entra dans la Compagnie de Jésus au noviciat
d'Arlf^n. Son cours de philosophie terminé, il fut envoyé, en 1885, au
collège Saint-Michel, à Bruxelles, comme professeur de grammaire. C'est
là que, les dons remarquables de son intelligence et sa puissance de travail
ayant été remarqués par le P. Ch. de Smedt, alors président de la So-
ciété des Bollandistes, il fut adjoint comme auxiliaire aux Pères de cette
Société et commença à faire paraître quelques essais hagiographiques pleins
de promesses. De 1889 à 1892, il fit à Louvain ses études théologiques
et les couronna par une soutenance publique de thèses « ex universa
theologia » qui fut des plus brillantes. 11 avait été ordonné prêtre en 1891
et se trouvait par conséquent entièrement libre pour la tâche qui lui
était réservée. De retour à Bruxelles, il reprenait immédiatement au mi-
lieu des Bollandistes une place qu'il ne devait plus quitter et commen-
çait cette vie de travail infatigable dont le résultat est une œuvre aussi
considérable par l'étendue que par la solidité, et à laquelle l'hagiographie
est redevable de progrès immenses. Elle est représentée principalement
par les nombreuses études critiques et les éditions de textes qu'il a pu-
bliées dans la collection des Analecta Bollandiana et par deux volumes
— 462 —
des Acta Sanclonmi auxquels il a collaboré. C'est à lui qu'où doit l'impor-
taute Bihliotheca hagiographica lalina, que le P. de Smedt, déjà vaincu
par l'âge, n'avait pu qu'ébaucher. Enfin, il avait entrepris de rédiger à
lui seul un tome des Acta Sanctomm Belgii, dont la publication avait été
interrompue en 1794. C'est au cours d'un voyage entrepris pour aller con
sulter des documents à l'étranger, afin de compléter ce travail, qu'il fut
atteint à Montpellier du mal auquel il a succombé. On doit également au
P. Poncelet le volume suivant : Annales de Vabbayc de Saint- Ghisla in
(Mons, 1897, in-8), en collaboration avec Dom Pierre Baudrv et Dom Au-
gustin Durot.
- — Mgr VON Albekt, archevêque de Bamberg (Allemagne), est mort
dans sa ville épiscopale, le 23 avril, à 60 ans. Né à Miimmerstadt, dans
le diocèse de Wur; bourg, en 1852, il fut ordonné prêtre en 1875. Il ensei-
gnait brillamment la théologie à l'Université de Wurzbourg, lorsque, à la
mort de Mgr von Schork, il fut nommé à l'archevêché de Bamberg. Mgr
von Schork, qui était un des principaux représentants du thomisme en
Allemagne, a publié entre autres importants ouvrages : Z' ^/««é de V être
dans le Christ d'âpres saint Thomas et Des Attributs divins et de ta
béatitude.
— M. Giovanni Pascoli, que les Italiens considèrent, à juste titre,
comme un de leurs meilleurs poètes contemporains, est mort à Bologne,
au commencement d'avril, à 56 ans. Né en 1855, à San Mauro de Ro-
magne, il enseigna la grammaire grecque et latine aux Universités de Mes-
sine et de Pise, puis remplaça brillamment son émule Giosuè Carducci
dans la chaire de littérature italienne à l'Université de Bologne. Comme
ce dernier, il avait des goûts profondément classiques. Il connaissait mer-
veilleusement trois langues, la sienne d'abord, celle des Hellènes, comme
le prou\ e sa traduction de V Iliade, et celle de Virgile qui lui a inspiré
des poèmes délicat«; et parfaits de forme, qui ont été plusieurs fois cou-
ronnés au concours international d'Amsterdam. Ses compositions italiennes
le plus appréciées sont celles où il décrit excellemment la vie des habi-
tants de la campagne. Nous citerons parmi ses œuvres : Versi per nozze
;'1887); — Nelle nozze di Ida (1895); — Epos (1897); — // Burgeo
<Pietro Angeli) (1897^; — Poewetti (1898); — Minerva Oscura; Prole-
gomeni (1898); — Myricae (1899), plusieurs fois réimprimé; — Lira ro-
mana (1899), chants pour les écoles; — La Ginestra; Pacel (1899); —
Poemi canviviali (1906); — Le Odi e gVinni (1906), etc. On remarque
également sa poésie Giorno dei morti, inspirée par la mort de son père,
qu'une vengeance politique avait fait assassiner.
— Un autre Italien distingué, le savant physicien Antonio Pacinotti,
est mort à Venise, à la fin de mars, à 71 ans. Né à Pise le 17 juin 1841,
il prit part en 1859 à la campagne pour l'indépendance italienne, puis
fut successivement professeur de physique technologique à l'Université
de Pise, assistant à la chaire d'astronomie de l'Institut des études supé-
rieures de Florence, professeur au collège « Cicognini » de Prato, puis à
l'Institut technique de Bologne, ensuite à l'Université de Clagliari. et enfin
professeur de physique à l'Université de Venise. Il était membre de la
Société royale de Naples, de la Société italienne des .sciences, de l'Acadé-
mie des sciences de Turin, de l'Academia des Lincei et de l'Institution
des ingénieurs électriciens de Londres. Les ouvrages publiés par cet émi-
nent physicien sont nombreux. Nous citerons seulement les suivants
Nozioni sperimentali del moi'itnento dei corpi (1869); — SuUa utilizzazione
fisica del calor solare (1870); — Correnti indotti con circuito magnetico
— 463 —
chiuso (1872); — Sulla disperzione délie cariche elettriche operata dalVaria
(1872); — Sopra una cassa di assortiinento perla pUa alla Bunsen fi 873);
— Descr'zione del Gomitolo elettro-magnetico e suo usa nellc macchlne ma-
gneto-elettriche (1874i; — Cenni fnH' hif^toria délie macchine motrici (1875-
1876); '— Cenni delVhistoria deWasironomia (1878-1879); — Qualque rag-
guaglio sopra una macchina magneto-elettrico costruita con volano elcttro-
magnetico (1881); — Lettera ai signori giurati deWesposizione di elelticità
di Torino (1884); — Sulla fermentazione del vino in Uni a condutlurn
(1886); — Lezioni di idrauliea rurale (1892); • — Sulla perenniià délia
memoria del Gahleo in Pisa (1893); — Circa alcuni modelli di carro viole
elettro-magnetico (1904), etc.
— On annonce encore la mort de MM. : Georges Acker, jorurnaliste,
qui, depuis 25 ans, appartenait à la rédaction de la Lanterne et qui était
président de l'Association des nouvellistes parisiens, mort au commence-
ment d'avril; — ■ Maurice Bonvoisin, dessinateur caricaturiste, qui four-
nissait à diverses revue? d'intéressantes illustrations sous le nom de
Mars, mort accidentellement à Monaco, au commennement d'avril; — ■
Eugène-Henri Brisson, député, président de la Chambre, depuis longtemps
le chef du parti radical en France, lequel avait collaboré au Temps et à
l'Avenir national et avait fondé, en 1868, avec MM. Challemel-Lacour et
Allain-Targé, la Revue politique supprimée à la fin de la même année, mort
à Paris, le 14 avril, à 77 ans; — Paul Brousse, avcien député, ancien
président du conseil municipal de Paris, un des principaux promoteurs
du socialisme en France, mort à Paris au commencement d'avril, lequel
avait fondé, avec Jules Guesde, le journal le Parti ouvrier et écrit un
volume : Co«s«/.ff« et Empire (Paris, 1905', in-8) pour la collection publiée
par M. J. Jaurès sous le titre à' Histoire socialiste; —F. Caudrelier, journa-
liste, correspondant du Temps à Vienne, mort le 5 avril, à 27 ans; — •
Louis Fabre, publiciste et journaliste, ancien rédacteur au Journal et au
Petit Parisien, mort le 16 avril, à Neuilly-les-Boi» (Indre), à 33 ans; —
Georges Fillion, journaliste parisien, directeur des services télégraphiques
de l'Agence Havas, à laquelle il était attaché depuis une trentaine d'an-
nées et pour laquelle il avait fait les campagnes du Tonkin et serbo-
bulgare, mort à Paris, au commencement d'avril, à 56 ans; ■ — Gringau,
architecte, correspondant de plusieurs journaux parisiens, tué dans le der-
nier soulèvement des Marocains à Fez; — Jehan, journaliste, directeur
du Progressiste et rédacteur en chef du Courrier de V Allier, mort à Paris,
au commencement du moi^ d'avril; — le docteur Lande, professeur
à la Faculté de médecine, mort subitement à Paris, au milieu d'avril; —
Bertrand Le Beau, journaliste breton, directeur de l'Avenir du Morbihan,
mort à. la fin de mars, à Vannes, à 68 ans; — Charles Leclercq, publi-
ciste, l'un des fondateurs de la Bévue Blanche et auteur d'un volume de
poésies : Ce furent des chansons^ paru sous le pseudonyme de Claude Cohel,
mort subitement à Paris, à la fin d'avril, à 45 ans; — Eugène Lederlin,
ancien professeur de droit romain à l'Université de Strasbourg, ville où
il était né, doyen honoraire de la Faculté de droit de Nancy, mort au
commencement d'avril, à 81 ans, lequel est l'auteur de : Notice sur le
code de procédure civile pour Vempire d' Allemagne (Paris, 1885, in-8) et
a donné, avec E. Glasson et F.-R. Dareste, une traduction avec annota-
tions du Code de procédure civile pour Vempire d'Allemagne (Paris, 1887,
)n-8); — Henry Lucien Brun, un admirable chrétien, fils de l'illustre
sénateur de ce nom, mort à Lyon, au commencement d'avril, à 39 ans,
lequel dirigeait la Revue catholique des institutions et du droit, avait
1
— 464 —
organisé les Congrès des juriscoiisulles catholiques, présidait la Société
d'études historiques et littéraires de Lyon et avait publié un voluni,e : De la
Condition des juifs en France depuis 1789 (Lyon, 1901, in-8), réimprimé
en 1901; — Pillet, professeur à l'École polytechnique, mort à Paris, au
commencement d'avril; — l'abbé Poplinaux, chanoine honoraire de Poi-
tiers, mort au commencement d'avril à 83 ans, lequel avait publié sous
l'Empire, alors qu'il était vicaire à Parthenay, une brochure qui le fit
poursuivre par le gouvernement; — le R. P. Rousselin, religieux de
l'ordre des Frères Prêcheurs, ancien régent des études du collège d'Arcueil
en 1871, qui avait eu la chance d'échapper aux balles des communards,
ancien prieur du collège Saint- Charles, à Saint-Brieuc, et ancien professeur
de philosophie au collège Saint- Edme à Arcachon, mort en exil, au milieu
d^avri), au collège Captier, à Saint-Sébastien (Espagne); — le D"" Schnei-
der, médecin attaché à la direction du service de santé au ministère
de la guerre, professeur agrégé libre au Val-de-Grâce, mort dernièrement
à Paris; — Charles Sellier, conservateur du Musée Carnavalet, à Paris,
inspecteur des fouilles archéologiques et secrétaii-e de la Commission du
Vieux-Paris, mort à Paris, au milieu d'aVril; — le chanoine Soulié,
ancien supérieur du grand séminaire de Montauban, président de l'Aca-
démie des sciences, belles-lettres et arts de Montauban, mort dernière-
ment à Montauban; — Jacques- Charles Wiggishoff, qui. sous les pseu-
donymes de J.-C. Wig et de César Birotteau, a publié de nombreuses
notices et notes dans V Intermédia ire des chercheurs et curieux, mort à Pa-
ris, le 2 avril, dans sa 70*^ année.
— A l'étranger on annonce la mort de MM. : le R. P. Victor Andrès.
de la Compagnie de Jésus, ancien professeur aux collèges de Notre-Dame
à Tournai et de Saint- François-Xavier à Verviers, mortle 31 mai, à37ans;
— Dr. Alexander Berendts, processeur d'histoire de l'Église à l'Univer-
sité de Dorpat (Russie), mort le 10 mars, à 49 ans, après avoir publié :
Die hanschriftliche Ueberlieferung der Zocharias und Johannes Apokryphen.
Ueber die Bibliotheken der Meteorischen und Ossa Olympischen Kloester
(Leipzig, 1904, in-8), etc.; ■ — le major Archibald Butt, aide de camp
du Président des États- Unis, lequel avait appartenu à la presse américaine,
mortle 14 avril, dans le naufrage du « Titanic «; ■ — Auguste Daiche,
ancien professeur au collège Notre-Dame de la Paix, mort à Rivière (Bel-
gique), le 9 mars, à l'âge de 60 ans; — Dr. Faerber, professeur de
mathématiques à l'École royale supérieure de Berlin, mort en cette ville
à la fin de mars; - — M™® Anna Filossofowa, femme de lettres russe,
connue par ses publications en faveur du féminisme, morte le 30 mars
à Venise, à 75 ans; — le Frère Firmatus, directeuï de l'Institut des
Frères des écoles chrétiennes, ancien directeur des collèges de Saint- Amand
à Gand, et de Saint-Trond. mort subitement à Anvers, le 14 avril; — ■
Dr. Richard Frommel, ancien professeur de gynécologie et directeur de
la clinique des femmes à l'Université allemande d'Erlangen, mort à Ber-
lin, au commencement d'avril;- — Justin Mac Carthy, le patriote irlan-
dais, qui débuta dans le journalisme à Liverpool et a publié quelques ro-
mans et divers travaux d'histoire dont le plus important est \ Histoire
de notre temps, (jui s'arrête à l'avènement 'd'Edouard VII, mort en avril;
— Fedor Marti us, écrivain allemand, auteur d'ouvragés théologiq-ues.
mort à Halle-sur-la-Saale, le 28 mars, à 97 ans; — Dr. Wilhelm Munch,
prof esseur de pédagogie à Berlin, mort en cette ville, le 26 mars, à 69 ans;
— Edward W. B. Nicholson, bibliothécaire de la Bibliothèque Bodlé-
\ienae, ancien directeur de la « Loridon Institution », auteur de différents
— 465 —
ouvrages: Keltic Researches, New Testament and Bibliographical Studies, etc.,
mort à la fin de mars, à 64 ans; — Botho von Pressenthin, romancier
allemand, connu sous le pseudonyme de Althagel, mort à Berlin, au com-
mencement d'avril, à 72 ans; — M^e Li^a Ram an n, femme de lettres
allemande, mo^rte à Munich, à la fin de mars, à 79 ans, laquelle a écrit
une biographie du musicien Lis/.t; — M™e Emily Soldene, actrice an-
glaise connue, qui a écrit : My Theatrical and Mus'cal Recollections (1897,
in-8), morte le 8 avril, à 68 ans; — • W. Stead, journaliste anglais, une
des victimes du naufrage du « Titanic », lequel s'était fait, au nom d'un
puritanisme e^ agéré, le censeur des mœurs publiques et avait donné pen-
dant de nombrei ses années des preuves de son manque de jugement et
de son exubérance de langage dans divers périodiques, d'abord dans un
journal radical de Darlington, dont il était le directeur, puis à la Pall
Mail Gazette et à la Review of Reviews; — Dr. August Thon, professeur
de droit romain à l'Université allemande de Iéna,.mort en cette ville, le
28 mars, à 74 ans; — Albert Traeger, poète allemand, mort à Berlin,
le 26 mars, à 82 ans, dont nous citerons Gedichte (Leip.ig, 1856, in-i6),
volume pli sieurs fois réimprimé; — Henry Trotter, poète anglais,
auteur de chants devenus populaires, tels que : The Deathless Arrjy, As-
thore, Love ran. Wait, etc., mort au commencement d'avril, à Fulham; —
le chanoine Van Lede, ancien professeur aux collèges Saint-Loris de Bru-
ges, de Saint-Trond, et de Saint-Amand de Courtrai, ancien principal du
collège de Poperirghe, mort à Bruges, au commencement d'avril, à 85 ans.
Lectures faites a l'Académie des inscriptions et belles-lettres.
— Le 21 a ril, M. H. Cordier donne connaissance de deux lettres de M. de
Gironcourt, annonçant les résultats obtenus par la mission dont il est chargé
dans le nord de l'Afrique. — M. P. Girard lit une lettre de M. Arvauito-
poulo relati -e à la décou\ erte près de Volo en Thessalie de stèles funéraires
d'un trs's ha^'t intérêt. — ■ M. G. Perrot fait connaître une étude de M. René
Vallois S' r l'architecture hellénistique de I )elphes. — M. Jérôme Carcopino
lit un tra-ail si rie rôle donné par Virgile à la ville d'Ostie dans son Enéide,
rôle S'ibord mné à son désir de flatter Auguste, et à sa préoccupation de
rattacher l'Enéide à l'Iliade. — Le 19, M. Gagnât communique, au nom
de M. MerMn, le texte d'une inscription récemment découverte en Tunisie
par des officiers français, qui révèle le nom d'un gouverneur romain in-
connu et précise les frontières de la province. — M. René Pichon donne
lecture d''m tra.'ail s^ir l'épisode d'Amata dans l'Enéide, allusion au culte
de Bacchus. — M. l'abbé Lejay recherche les origines de la préposition
Absque. — M. Havet indique une correction dans un vers de r'atuHe et
propose de lire alpe au lieu de valde. — Le 26, M. Prou lit une lettre de
M. L. Lambeau au sujet de la découverte de l'épitaphe de M. Fsprit Rous-
set, secrétaire de l'Académie des inscriptions, inhumé à Vaugirard. — Le
P. Scheil décrit le matériel d'un armurier babylonien au xx^ siècle avant
J.-C. d'aprrs des textes authentiques. — M. Heuzey signale l'importance
de cette commui ication. — M. Potier précise: en ce qui concerne l'usage
du bron-e à cette époque reculée. — M. Foucart explique le sens de la
cérémonie fondamentale d'Eleusis, l'union du prêtre et de la prêtresse,
symbf>lisant celle de Zeus et de Choré.
Lectures faites a l'Académie des sciences morales et politiques.
— Le 13 aA ril, M. L. Renault prononce l'éloge funèbre de M. Gabriel Monod
décédé le 10 du même mois. — Le 21, M. Colson donne lecture d'un tra-ail
«Pur l'avancement des fonctionnaires et la discipline qu'ils doi -eut observer.
Mai 1912. T. CXXIV. 30.
— 466 —
- - Le 27, M. Maurice Bellom lit un mémoire sur la nouvelle forme des
assurances en Allemagne. • «
Prix. — L'Académie française a décerné les prix suivants dans sa séance
du 26 avril 1912 :
Prix Gobert (10.000 fr.). — 1" prix (9.000 fr.), à M. Louis Madelin : La
Révolution; 2*^ prix ( 1.000 fr.), à M. Pierre Champion : Vie de Charles d'Or-
léans (i;i9'i-146")).
Prix Thérouanne (4.000 fr.). — 1.000 fr. à M. Charles Bost : L»s Pridi-
cants protestants des Cévennes et du Bas-Languedoc (1684-1700) ;— 1.000 fr.
à M. Georges Collas : Jean Chapelain (1595-1674); — 1.000 fr. à M. Léon
Hadiguet : U Acte additionnel aux constitutions de l'empire du 22 avril 1815 ;
— 1.000 fr. à M. Jacques Rambaud : Naples sous Joseph Bonaparte (1806-
1808).
Prix supplémentaires donnés sur les fonds libres d'une fondation histo-
rique. — 500 fr. à M. le lieutenant-colonel Dulac : Les Levées départemen-
tales dans r Allier sous la Révolution (1791-1796); — 500 fr. à M. J. Sil-
vestre : Les Brûlots anglais en rade de Vile d'Aix (1809).
Prix Jean- Jacques Berger (15.000 fr.), à une œuvre concernant la ville
de Paris. — 10.000 fr. à M. L. de Lanzac de Laborie : Paris sous Napo-
léon I^^ : la Religion, Assistance et Bienfaisance, Approvisionnement, le
Monde des affaires et du travail, le Théâtre français; — 1.000 fr. à M. l'abbé
Balloche : Église Saint- Merry de Paris. Histoire de la paroise et de la collégiale
(700-1910); — 1.000 fr. à M. Jacques Pannier : UÈglise réformée de Paris
sous Henri IV; — 500 fr. à M. Hubert Bourgin : L'Industrie de la boucherie
à Paris pendant la Révolution; — 500 fr. à M. Paul Fciirnier : Le Ro-
man de Paris d'après les documents et renseignements fournir par Victorien
Sardou; — 500 fr. à M. l'abbé Jean Gaston : Les Images des confréries
parisiennes avant la Révolution : Saint Hippolyte, le Couvent des bénédic-
tines anglaises du Champ- de-V Alouette; — 500 fr. à M. Charles Magny :
La Beauté de Paris; — 500 fr. à M. Adrien Varloy : Un Échevin de Paris
eu xiii*' siècle . Michel Martel; — 500 fr. à M. A. Vidier : Le Trésor de la
Sainte-Chapelle : Inventaires et documents.
Prix Bordin (3.000 fr.). — 1.000 fr. à M. A. Jeanroy : Giosué Carducci,
l'homme et le poète; — 500 fr. à M. H. Bernardin : L'Abbé Frifillis; —
500 fr. à M. H. Loiseau : L' Évolution morale de Gœthe : les Années de
libre formation (1749-1794); — 500 fr. à M. Emile Magne: Voiture et les
origines de l'hôtel de Rambouillet (i591-i635); Voiture et les années de gloire
de l'hôtel de Rambouillet (1635-1648);— 500 fr. à M. Auguste Rochette :
L' Alexandrin chez Victor Hugo.
Prix Marcelin Guérin (5.000 fr.). — 1.000 fr. à M. le commandant d'Ol-
lone : Les Derniers Barbares : Chine, Tibet, Mongolie; — 750 fr. à M. Char-
ges Legras : La Grande Attente; — 750 fr. à M. Henry Moisset : L'Esprit
public en Allemagne vingt ans après Bismarck; — 500 fr.à M. le capitaine
Deschamps : De Bordeaux au Tchad par Brazzaville; — 500 fr. à M. Jean
H arman d : Madame de Genlis, sa vie intime et politique (1745-1830); —
500 fr. à M. J. Segond : La Prière, essai de psychologie religieuse; — 500 fr. à
M. André Tibal : Hebbel, sa vie et ses œuvres (1813 à 1845); — 500 fr. a
M. Voyslav Myovanovitch : La « Guzla » de Prosper Mérimée.
L'Exposition de la sECTroN des cartes de la Bibliothi-que natio-
nale. — C'est une heuretse initiative qu'a prise M Léon Vallée, conser-
vateur-adjoint chaîné de la section des cartes et plans à la Bibliothèque
nationale, de grouper dans une exposition ouverte au public tous lés
— 467 —
jours depuis le lundi V.i mai, quelques documents qui permettront d'ap-
précier la richesse et la variété des pièces conservées dans cotte section,
qui seront une invitation aux tra .'ailleurs à mettre plus largement à profit
les ressources offertes à sa curiosité et qui, espérons-le du moins, enga.^eront
les pouvoirs publics, selon le vœu de M. Vallée, à se montrer moins parci-
monieux et à moins marchander à ce grand dépôt les crédits qui lui sont
nécessaires pour assurer le bon entretien et l'accroissement normal de
ses collections. Ce n'est pas en effet avec les humbles sommes mises à sa
dispositi m que la section des cartes et plans peut acheter les nouvelles pu-
blications dont l'absence est presque une honte et rechercher en même
temps quelques-unes des pièces anciennes qui manquent dans nos collec-
tions et que nous voyons avec regret prendre trop sou\ ent le chemin de
l'étranger. M. Vallée s'est laissé gi ider dans le chcix, assez délicat, des
pièces e .posées par le désir d'iaitier le public à ce qu'il peut prétendre
trouver à la section (il a éliminé délibérément '< ce que l'on sait devoir
trouver che-'. nous, c'est-à-dire les cartes d'état-major, les hvdrographies »,
etc.>, et a- ssi par des nécessités matérielles : les Aitrines et les cadres dont
il disposait ne lui ont i^as permis de faire rentrer dans cette exposition tout
ce qu'il aurait voulu. Ce sont ai ssi sans doute des considérations topogra-
phiques qui ont déterminé le classement des pièces exposées, qui n'est pas
le classement logique : cet apparent manque d'ordre a du moins pour résul-
tat d'offrir au visiteur une variété amusante et attrayante. Le catalogue qui
se termine par une double talile alphabétique et méthodique (par ordre
alphabétique de rubriques) facilite les recherches du tra\ailleur et lui per-
met de retrouver aisément ce qui l'intéresse. Parmi les objets exposés, on
notera tout d'abord une belle série de pcrtulans (plus de quarante), dont le
plis ancien est le fameux portulan de la Méditerranée dressé en 1380 par
Soleri et parmi lesquels ce n'est pas l'un des moins intéressants que ïa
carte du Nouveau Monde dressée en 1504 par Jacques de Vaulx et acquise
récemment par les soins de M. de la J\oncière. Onze globes terrestres s'éche-
lonnent du xv«aii xix*^ siècle, en commençant par celui de Martin Behaim
en 1492. Parmi les autres objets qui, dans un examen rapide, nous ont
frappé, soit par leur intérêt scientilique, soit par leur caractère de curiosité,
nous citerons un peu au hasard les cartes polyglottes de Gottiried Henîselius,
r istrolabiuni planiim in tabulis ascendens de Joh-.\ngeli, une carte manus
crite de la mer Caspienne établie par ordre de Pierre le Grand et donnée
par lui à la Biulii thèque, un exemplaire de dédicace à Grégoire du plan de
la Bastille {.ar le patriote Palloy, une carte dressée par Louis XV (Fleuves
d'Europe^ et deux autres dressées par Louis XVI I environs de Ciherbourg,
environs de Versailles), un dessin du bombardement de Tripoli en 1728,
auquel les récents événements donnent une piquante actualité. Le cata-
logue dressé par M. Léon Vallée lui-même et qui a paru dans la Revue des
bibliothèques, janvier-mars 191^, a pour titre : Bibliothèque nationale.
I^otice des documents exposés à la section des caries (Paris, Champion, 1912,
in-8 de 65 p.).
L'Abbé Ulysse Chevalier. — La nomination de M. le chanoine
Ul\ sse i he aller comme membre libre de l'Académie des inscriptions
et belles-lettres a suggéré à ses amis la pensée de célébrer cet événement
heureux en offrant au nouvel académicien son buste en marbre et un vo-
lume contenant la bibliographie d>) ses œuvres, drespée par Mg*' Charles
Bellet. Les travaux de M. le chanoine Chevalier honorent asse. la science
tout court et la science catholique en particulier pour que l'on puisse penser
— 468 _
qu'au groupe d'amis qui ont pris l'initiative de cet hommage se joindront
de nombreux souscripteurs. Le Polybiblion, qui ne saurait ovblier la pré-
cieuse collaboration dont l'a honoré M. le ch-moine Ulysse ^he^-aIier,
t^spère bien que beaucoup de ses lecteurs s'associeront à cette marifes-
tation. Les souscriptions, qui donnent droit à la réception de la biblio-
graphie, sont centralisées par M. Gaillard, avoiié, à Valence (Drf me^.
Paris. — Nous mentionnons ici a-v-ec un véritable plaisir un petit livre
aussi utile que curieux, et parfois même amusant : c'est le Dictionnaire
de V imprimerie et des arts graphiques en général, que MM. E. F esormes,
ex-directeur technique à l'École Gutenberg, et Arnold Muller, directeur
de la Bévue des industries du livre, viennent de faire paraître (Paris,
imp. des Beaux- Arts, 36, rue de Seine, 1912, petit in-16 de 311 p. —
Prix : 3 fr. 50). — La courte Préface de l'éditeur nous assi re oi'e « l'im-
primerie et les arts graphiques en général... n'avaient pas de Fictionnaire
vraiment digne de ce nom » et que ce volume « comblera cette lacune ».
Un certain nombre de mots ou d'expressions très connus et qi.i ne s'ap-
pliquent pas exclusivement à l'indi strie du livre ont trouvé îà une place
peu nécessaire; mais enfin nous aurions mauvaise grâce à nous plaindre
d'une surabondance. La Préface sus-indiquée déclare que « les saA-ants,
les hommes de lettres, les bibliophiles et les bibliographes, les collection-
neurs de li'res et les amateirs studieux, les imprimeurs, les correcteurs,
les ' techniciens, etc.. ont intértt à consulter ce Dictionnaire ". — Rien
n'est plus juste; aussi lui souhaitons-nous plein succès.
— Signalons Une nouvelle <• Histoire ancienne de V Église » par M. le
(.hanoine Marchand (Paris, Ou din. 1911, in-12 de 165 p. — Prix : 1 fr. 50)
et VHistoire ancienne de l'Église de Mgr Duchesne considérée par rapport
à la foi catholique, par le R. P. Joseph Chiaudano, seule traduction fran-
çaise autorisée (Paris, Maison de la Bonne Presse, s. d. (1912), in-12 de
33 p. — Prix : 0 fr. 15).
— L'excellente collection des Cotitemporains vient de s'aigmentér de
deux nouveaux volumes : ce sont les tomes XXXIX^ et XL*^ (Paris,
Maison de la Bonne Presse, s. d. (1912), 2 vol. gr. in-8, illustrés d'un
grand nombre de portraits, de grav. et de cartes. ^ Prix de chaque vol. :
2 fr.). Comme d'habitiide, chaque volume est formé de 25 biographies
de 16 pages. Nous allons indiquer les personnages dont il est question.
Tome XXXIX : Louise d'Orléans, reine des Belges; Princesse Hélène de
Mecklem bourg- Schci'er in. duchesse d^ Orléans et Eugène Mage, explorateur,
par M. J. Bouillat; ■ — Maréchal Soult, duc de Dalmatie; Général Lasalle;
Frédéric- Guillaume II, roi de Prusse ; Frédéric- Guillaume III, roi de Prusse ;
Frédéric- Guillaume IV, roi de Prusse; Guillaume I", roi de Prusse, empe-
reur d' Allemagne et Général Leclerc, capitaine général de Saint-Domingue,
beau-frère de Napoléon, par M. Georges Pigault: — J.-B. Dumas, chimiste
français, et Antoine d' Abbadie, explorateur, par M. A. Acloque; — Général
de Miollis. gouverneur de B n'e.T•ovlsl.^e com* L. Auger; — Jean-Baptiste
Laborde, industriel et consul de France à Madagascar, et Badama II, roi
de Madagascar, par M. Pierre de la Pevèze; — Etienne Cabet, théoricien
du communisme, fondateur d'Icarie et Duroc, duc de Frioul, grand mare'
chai du palais impérial, par M. Francis Normand; — Edouard Jenner,
inventeur de la vaccine, par M Le Gabale; — Pozzo di Borgo, homme
politique et Mathieu de Montmorency, par M. Pierre Roissy ; — ■ Cardinal
Mossaia, capucin, apôtre de V Ethiopie, par M. J. Lavenue; — Dominique
Larrey. chirurgien en clief de la Grande Armée, par M. CharleiS Framée; —
1
— 4G9 —
Pierre-Marie Bossan, architecte, par M. E. Quincieu; — Dom Pedro V,
Dom Luis /«•", rois de Portugal, et Dom Carlos /e'', roi de Portugal, par
M. Jean Saison. — Tome XL : Princesse Marie d'OrU'ans, duchesse
de Wurtemberg et Adélaïde d'Orléans, VÈgérie de Louis-Philippe,
par M. .1. Bouillat; — Clément- Auguste de Droste-Vischering, arche-
vêque de Cologne; Jules Grévy, président de la République française;
Hippolyte et Sadi Carnot; Auguste et Jean Casimir- Périer; Félix
Faure, président de la République française; Jules-Eugène Lenepveu, peintre
français; Charles Chesnelong, homme politique; Lucien-Brun Jiomme politique
français, par M. Georges Rigault; — Savary, duc de Rovigo, aide de camp
de Napolton, ministre de la police générale; Pichegru, général de la Révo-
lution, conquérant de la Hollande, par M. F. Normand; — Alexandre de
Lamothe, littérateur français; Jean- Gabriel Peltier, journaliste français, par
M. E. Leterrier; — La Vénérable Servante de Dieu Anna-Maria Taigi;
Sœur Thérèse de V Enfant- Jésus, carnulite, et la Bienheureuse Jeanne Bil-
liart, fondatrice de la Congrégation des Sœurs de Notre-Dame, par M"^*^ la
comtesse de Courson; — Le Vénérable P. François Libermann, fondateur
des missionnaires du Saint-Cœur de Marie, rénovateur de la Congrégation
du Saint-Esprit et créateur des missions d'' Afrique au xix'' siècle, par M. Phi-
lippe KiefTer; — Jacques- René Hébert, le père Duchesne, par M. H. de Ruffy ;
— Le P Fissiaux, fondateur de la Société de Saint- Pierre-ès-Liens, par
M. P. Aillaud; — Général Foy, par M. Maurice Lanthenay; — Tronson-
Ducoudray, défenseur de la reine Marie- Antoinette, par M. Fiercceur; • — •
Chauveau- La garde, défenseur de la reine Marie- Antoinette, par M. R Toiir-
naJre;. — Le Capitaine Coignet, par M. Pierre Benoît; — Louis Galvani,
physicien italien, par M \. Acloque.
— Dans notre livraison de décembre 1902 (t. XCV, p. 494), nous avons
rendu compte d'un ouvragt ie M /ules Mazé, intitulé : Les Etapes hé-
roïques. C'était un bel in-folio éiité en vue des étrennes, mais qui, en rai-
son de son prix, n'était pas acces.«"".jîe à toutes les bourses. 11 n'en sera
plus ainsi, car la maison Marne a eu l'excellente idée de publier de ce livre
une nouvelle édition qui pourra très a^-antageusement être adoptée comme
récompense scolaire (in-12 de 320 p., illustré. — Prix, cartonné : 1 fr. 50).
Rappelons d'ailleurs que les « étapes héroïques » dont il s'agit s'appellent :
la charge de Reichshofïen, la défense de Ba-.eilles. la dernière cartouche,
les charges de Floing et l'ossuai'e de Ba-eilles. Inutile d'ajouter que ces
pages sont vibrantes du pli s pur et du plus ardent patriotisme. M. Mazé
a publié sur « l'Année terrible » une série de 4 volumes, dont ceh i-ci
n'est que le premier : nous espérons bien les voir tous figurer dans cette
même collection à l fr. .50 connue sous la dénomination générique : Pour
tous.
■ — • M. Eugène Morel vient de publier sous le titre : Association des
bibliothécaires français. Bibliothèques, livres ft libraires (Paris, Marcel Ri-
vière, 1912, in-8 de vi-275 p. — Prix:5fr.] la plus grande partie (treize
sur dix-neuf) des conférences organisées par son initiati^;e pendant l'année
scolaire 1910-1911 'à l'École des haïtes études sociales pour donner aux
étudiants, aux bibliothécaires et au p\ blic des notions exactes sur l'orga-
nisation des bibliothèques et le moA en de s'en senir. Les trei e conféren-
ces pvbliées ont pour auteurs et pour titres : MM. Henry Martin : Les Bi-
bliothèques et le public (p. 1-15); Charles Sutrac : Comment se sen-ir des
bibliothèques (p. 17-33)? H. La Fontaine : L'Institut international de
bibliographie et de documentation (p. 35-46): P. Otlet : L'Avenir du livre
— 470 —
et (le la bibliographie (p. i7-74); nous avons déjà signalé cette conférence
qui a été tirée à part; A. Vidier : Les Grandes Bibliothèques. Bibliothèque
nationale, Arsenal. Ma/.arine, Sainte-Geneviève (p. 77-lfO); J. I enil er :
Les Bibliothiqes scientifiques (p. 101-112); Jean Gai tier : Les EibUo-
thèqves de droit et de sciences sociales (p. 113-127); Ihéodore-Fax 1 \ ibert :
Les Bibliothèques commerciales (p. 129-134) ; Henri Michel : l es ribliothc-
ques municipales (p. 137-173) : Camille Bloch : Le Prêt entre bibliothèques
et les catalogi.es collectifs en Suisse (p. 1 77-196) ; Eugène More) : La Librai-
rie publique en Anglet' rro et aux États-Unis (p 197-220); Henri Bourre-
lier : La Lib'a'rie classq e et le livre d'v-^nscigncmsnt (p. 223-243) ; Alfred
Humblot : L'Édition littéraire au xix*^ siècle (p. 245-274).
— Le Bulletin de VIfi.-ttut catholique de Paris, pov.r rendre hommage
à la mémoire du très regretté M. Jules C auvière, l'éminei.t professeir de
droit criminel enlevé si criellement et d'une fa«,on si peu atterdte le
30 janvier dernier, a inséré dans son numéro du 25 février la notice pu-
bliée dans V Univers par M. Fenri Tai dière et les discoirs prononcés aux
obsèques par Mgr Alfred Eaudrillart et par MM. Jules Jamet. au nom de
la Faculté de droit, et Henri Lévêque, au nom des éti diar ts. Un tirage
à part,* que seront heureux de conserver les amis du regretté professeur,
réunit ces articles qui font revivre sa physionomie si s^ mpathiqi e et sa
personnalité si honorable : M. Jules Cauvière (Paris, impr. Levé, s. d.,
in-8 de 7 p.).
— • Ce n'est pas une petite affaire de dépouiller périodiquement les nom-
breux volumes dus aux Sociétés savantes françaises; nous ne l'apprenons
à personne : on n'a d'ailleurs, pour s'en rendre compte, qu'à parcourir
la dernière Bibliographie annuelle des travaux historiques et archéologiques
publiés par les Sociétés savantes de la France, dressée, sous les auspices
du ministère de l'instruction publique, par MM. Robert de Laste; rie
avec la collaboration de M. Alexandre Vidier (1907-1908) (Paris, 1 eroux,
1910, in-4 de 207 p. à 2 colonnes^ Ce consciencieux inventaire s'applique
à 4277 articles numérotés de 28019 à 32295. Et non seulement les auteurs
ont passé en revue tous les recueils des sociétés de la France métropoli-
taine, mais aussi ceux de ses grandes colonies d'Algérie, Tunisie, Indo-
Chine et des instituts français à l'étranger. Précieux répertoire pour les
travailleurs.
Artois. — L'Académie des sciences, lettres et arts d'Arras er est an
tome XL II de la 2^ série de ses Mémoires (Arras, imp. F. Guyot, 1911,
in-8 de 472 p., avec une planche). Un très important travail ou, plis exac-
tement, la fin de ce travail, ouvre le volume dont il occupe à peu près
la moitié; intitulé : La Seconde Restauration dans le Pas-de-Calais (1815-
18301; il a pour auteur M. le comte Gustave de Hauteclocque (p. 7-208,
plus 13 p. numérotées 208 a-208 m). Notons tout de suite que les con-
frères de M de '] auteclocque, « pour fêter ses quarante années de présence
à la Compagnie «, lui ont ofTert une plaquette d'argent, a^ec cette inscrip-
tion : " L'Académi? reconnaissante à M. le comte de Hauteclocque, 1871-
1911 1). pris le président, M. Acremant, lui a adressé une alloci tion où
il rappelle brièvement l'œuvre historique générale de son honoré confrère.
La poésie, enfin, s'en est mt'ée et d'une façon point du tori.t banale :
c'est le secrétaire général, M. le baron Cavrois de Saternault, qii s'est
chargé, en de jolis vers, de complimenter M. de Hauteclocque. Excellent
exemple à suivre, à l'occasion, par les ai très sociétés savantes. — Men-
tionnons les autres études avant trouvé place dans ce volume : Le Cos-
— 471 —
tiimedes cchevirij 'TArras, par M. Ed Morel (p. 214-255. avec une planche);
-- Une Commune modèle dans la lutte contre V alcoolisme, par M. J. Sion
(p. 269-278); — Accord entre le duc de Bourgogne, Eudes IV a le comte
de Flandre, Louis de Nèvers, au sujet de diverses terres situées en Artois
i Paris, Val des Écoliers, 30 fuin 1341), par M. Louis Caillet (p. 279-289);
— Legs de Mahaut d'Artois aux pauvres de Salins, diaprés un document
de 1484 (17 décembre), par M. Louis Caillet (p. 290-293); — Discours de
réception de M. y abhé Charles Guillcmant (sur Louis- Jules- Elisée baron
Cavrois de Saternault^ (p. 301-321); ■ — Réponse à ce discours par M le
chanoine Rambure, suivie d'une Bibliographie des œuvres de M. le baron
Cavrois de Saternauk- {p. 322-342); — Discours de réception de M. le D"^
A- Lestocquoy (sur M. Victor Barbier (p. 343-364); — Réponse à ce dis-
cours, par M. G. Acremant (p. 365-375); — Discours de réception de M. F.
Leprince-Ringuet (sur Mgr Doublet) (p. 426-441); — Réponse à ce dis-
cours par M. l'abbé Rohart (p. 442-450).
Bourgogne. — En août 1911, l'Association française pour l'avance-
nxent des sciences a tenu à Dijon sa 40<' session. Préparé avec soin par
un Comité local, ce congrès a élevé à la ville de Dijon et au départe-
ment de la Côte- d'Or principalement tout en faisant une part à certaines
autres parties de l'ancienne province de Bourgogne, un monument scien-
tifique, historique et artistique qui mérite d'être ici décrit, car il re.<?tera :
Dijon et la Côte-d'Or en 1911 (Dijon, imp. Jacquot, 3 vol. in-8 de 580,
465 et 436 p., illustré d'un grand nombre de cartes et de gravures dans
le texte et hors texte. — Prix : 20 francs). Nous allons donc mentionner,
de façon brève, la place nous étant mesurée, les divers travaux ayant
concouru à la formation de ce? trois beaux volumes : Tome L Les Régions
naturelles de la Côte-d'Or (géographie physique et humaine), par M. A.
Mairey (p. 1-36); — Le Site et la croissance de Dijon, par M. H. Hauser
(p. 37-60); — Esquisse géologique de la Côte-d'Or, par M. L. Collot (p. 61-
100); — Gouffres et cavernes de la Côt/'-d''Or, par MM. G. Curtel et C.
Drioton (p. 101-122); — Le Climat de Dijon et de la Côte-d'Or, par M. J.
Roux (p. 123-136); — La Flore de la Côte-d'Or, par M. J. d'Arbaumont
(p. 137-146); — La Vulgarisation des connaissances pratiques sur les cham-
pignons, par M. M. Barbier (p. 147-158); — La Faune de la Côte-d'Or,
par M. P. Paris (p. 159-188); ■ — V Agriculture de la Côte-d'Or. par M. J.
Guicherd (p. 189-250); — Le Bétail de la Côte-d'Or, par MM. J. Gilicherd
et L. Lapri'gne (p. 251-306) ; — U Arboriculture et Vhorticulture de la Côte-
d'Or, par M. J. Vercier (p. 307-316); — Les Territoires sylvo- pastoraux
du département de la Côte-d'Or, par M. L.-A. Fabre (p. 317-332); ■ — Les
Vignobles de la Haute-Bourgogne, par M. J. Gliicherd (p. 333-360); — La
Vinification en Bourgogne, par M. G. Curtel (p. 361-392); — Caractères
et classification des vins de Bourgogne, par M. L. Mathieu (p. 393-402);
■ — L'Art de consommer les vins de Bourgogne, par M. L. Mathieu (p. 403-
410); — Le Commerce de la Côte-d'Or, par M. G. Martin (p. 411-442); —
L'Industrie de la Côte-d'Or. par M. A. Berthiot (p. 443-554) ; — L' Industrie
électrique en Bourgogne, par M. le colonel Boulenger (p. 555-577). —
Tome 11. Aperçu du passé historique et artistique de la Bourgogne, par MM.
.L Calmette et H. Drouot (p. 1-102); — La Côte-d'Or monumental'', par
M, H. Chabeuf (p. 103-171); — Le Musée de Dijon, par le même (p. 172-
192); — Les Temps préhistoriques et protohistoriques dans la Côte-d'Or,
par MM. C. Drioton et A. Moingeon (p. 193-212); — Alesia. Les Fouilles
de la Société de-^ sciences de Semur, par M. J. Toutain (p. 212-244): — •
— 472 —
Alesia. Les Fouilles de la Croix-Saint-Charles, par MM, le vom* Esperandieu
et le docteur Épery (p. 245-257); ■ — Verlilluni. Les Fouilles de la Société
archéologique et historique du Châtillonnais, par M. H Lorimy (p 258-
274); — Le Castrum divionense, par M. C. Drioton (p. 275-282); —
Beaune historique et archéologique, par M. l'abbé Voillery (p. 283-302); —
Les Archives de la Côte-d'Or, par M. F. Claudon (p. 303-483); — La
Bibliothèque publique de Dijon, par M. C Oursel (p. 434-458); — Les
Archives municipales, par le même (p. 458-463). — T. III. En tête,
quoique devant être reportée au tome I, selon un < Avis au relietir »,
une Ode à la Bourgogne, par M. Stéphen Liégeard (p. i-vi) ; — Les Voies
de communication de la Côte-d'Or, par M. F. Galliot (p. 1-14); — Dijon
centre de communications, par M. L. Eisenmann (p. 15-46); — Le Tou-
risme en Bourgogne, par M. .1. Legras (p. 47-59); — L'Horizon de Dijon,
par M. le D*" V. Michaut (p. 60-62); — La Manufacture des tabacs de
Dijon, par M. de GeofTroy (p. 63-74); — La- Poudrerie nationale de Von-
ges [Côte-d'Or], par M. E. Rogez (p. 75-112); — Les Collections d'his-
toire naturelle (à Dijon, Semur et Larrey-les-Dijon), par MM. L. Collet,
A. Bréon, E. David, J. Guicherd et l'abbé F. Gérard (p. 11.3-136); —
Les Sociétés savantes, par MM. A. Cornereau, J. Calmette, C Jourdin,
A. Baudot, l'abbé P. Voillery, G. Testart, A. Lorimy et H. Guimard
(p. 137-158); — Les Associations agricoles, par M. J. Guicherd (p. 159-
170); — Les Savants bourguignons, par M. A. Hurion (p. 171-194): —
L^ Enseignement supérieur en Bourgogne. L'Université de Dijon, par MM. E.
Bailly, G. Curtel, E. Topsent, Lambert et Boirac (p. 195-226); — L'En-
seignement secondaire et primaire. L' Enseignement professionnel, par MM.
Bourlier, M. Honnet, F. Chollet, Galliot et J. Guicherd (p. 227-266): —
L'Enseignement des beaux-arts à Dijon, par MM. E. Boutellier et A. Lé-
vêque (p. 267-278); — ■ Démographie. Assistance publique. Hospitalisation.
Protection de l'enfance, par MM J. Guicherd et E. Brulet (p. 279-310); —
L* Assistance privée à Dijon. La Mutualité dans le d'partement. Les Grou-
pements parisiens des originaires de la Côte-d'Or, par MM. M. Deslandres,
J Guicherd et P. Perrenet (p. 311-332); — L'Hygiène à Dijon, par M, G.
Zipfel (p. 333-358); — Hygiène de l'alimentation, par M. A. Carreau
(p. 359-394); — Les Eaux de Dijon, par M. G. Curtel (p. 395-422).
Bretagne. — Malgré des dissensions qui se sont prodvites à un récent
congrès, l'Union régional iste bretonne continue son œuvre sors la direc-
tion de M. le marquis de l'Estourbeillon, avec de vaillants collaborateurs.
Son almanach de 1912 a paru, comme le précédent, chez M. Francis
Simon, à Rennes (in-18 de 138 p. — Prix : 0 fr. 20). 11 s'ouvre par un
beau portrait de feu A. de la Borderie, l'historien national de la Breta-
gne, et par un érudit calendrier, tiré de l'hagiographie bretonne et rédigé
par M. le comte B. de Laigue. A côté d'articles sur l'organisation et
l'activité de l'Union régionaliste, il ofîre tout un bouquet de poésies, les
unes en français et les autres en breton. On sait que, depuis Erizeux
jusqu à notre contemporain, M. Tiercelin (dont le nom reparaît dans ce
petit volume), la Bretagne a été une terre de poé.sie et de poètes.
— Pour son étude: Yvignac autrefois (Saint-Brieuc,imp.Saint-Gi iliaume,
1911, in-8 de 40 p.), M.AL'^masson a emprunté ses documents à l'abbé Le-
sage, qui a laissé des manuscrits fort curieux. Il traite, dans une première
partie, de l'histoire religieuse d'Yvignac, de son histoire civi'e dans une
seconde, de ses ordres religieux dans une troisième et, enfin, dans une
quatrième. d'Yvignac à la veille de la Révolution. Un supplément et
— 473 —
des pièces justificatives achèvent de donner à cette brochure une impor-
tance qui, pour être modeste, n'en est pas moins réelle, et l'on ne peut
que souhaiter de voir se multiplier les monographies de ce genre.
Franche-Comté. — Sous le titre : Un Franc-Comtois éditeur et mar-
chand d'estampée à Rome au xvi" sièrle, Antoine Lajrery (1512 1577)
(Besançon, imp. Dodivers, 1911, in-8 de 73 p., avec 5 planches), M. le
D"" F. Roland évoque une physionomie bien oubliée et dont le souvenir
n'est guère consen'é que par de trêves notices, éparses dans les diction-
naires biographiques et renfermant des erreurs rectifiées ici. Antoine
Lafrery n'est pas né à Salins, mais à Orgelet. M. J. Gauthier avait déjà
noté ce fait, mais sans dire sur quoi il s'appuyait; or, M. Roland fournit
ses preuves. Et puis, s'appelait-il Lafrery, ou Frère, ou Lafrère? L'auteur
examine la question, mais faute de document certain, il la laisse en sus-
pens. 11 suit cet éditeur d'art depuis son départ de Franche-Comté pour
la Ville éternelle (vers 1540) jusqu'à sa mort (20 juillet 1577), le mon-
trant d'abord employé chez un marchand d'estampes, puis marchand à
son compte, as.socié ensuite avec son ancien patron et, finalement, deve-
nant l'un des plus riches et des plus estimés libraires d'Europe. Lafrery
a édité beaucoup de gravures; iî a publié avssi un recueil de cartes connu
sous le titre : Atlas Lafrery, et M. F. Roland nous donne sur cet en.sembie
considérable d'intéressants détails. La présente étude avait d'abord paru
dans les Mémoires de la Société d'imulation du Doubs. mais sans aucune
planche; l'on en peut admirer 5 dans le tirage à part ; l'une, entre au-
tres, est la reproduction d'une carte de Franche-Comté et Savoie, datée de
1564, qui serait la plus ancienne des cartes concernant le Comté de Bour-
gogne. Travail curieux, bien conduit et judicieusement documenté.
— Dans Un Artiste comtois à la Cour de Chine au xviii'^ siècle, le Frère
Attiret (1702-1768) (Besançon, imp. Dodivers, 1912, in-8 de 26 p Extrait
des Mcmoirea de la Société ^émulation du Doubs), M. Georges Ga^.ier
s'est attaché à un personnage plus réputé. Né à Dole, le. 31 juillet 1702,
Jean-r ésiré Attiret, fils de peintre et peintre lui-même, connut le succès
avant d'entrer dans la Compagnie de Jésus, qui ne tarda pas à l'envoyer
en Chine auprès de l'empereur Kien-Long (1738). Il est à remarquer que
ce monarque avait déjà à son ser/ice plusieurs artistes européens, tous
jésuites, mais pas Français. Attiret réussit pleinement auprès du con-
quérant chinois, mais non sans passer par des épreuves qu'il raconte de
façon originale en des lettres retrouvées par M. Gazier dans le journai
bisontin le Franc-Comtois de 1843 et dans les Lettres édifiantes écrites des
Missions. Après une existence bien remplie, il mourut à Pékin le 8 dé-
cembre 1768 et ses obsèques furent célébrées aux frais de l'Empereur.
Nul ne devra écrire désormais sur Jean-Denis Attiret sans consulter cette
brochure.
— Encore des artistes. Il s'agit cette fois des Deux Peintres Cariage,
que nous présente M. Georges Blondeau (Vesoul, Louis Bon, 1911, in-8
de 29 p. Extrait du Bulletin de la Société d'agriculture, sciences et arts
de la Haute-Saône). Tous deux étaient originaires de Vesoul. Le premier,
Claude-Basile (1798-1875), père de onze enfants, se trouva dans la né-
cessité, pour faire vi -re une si nombreuse famille, de se consacrer surtout
au pr.fessorat dans sa petite ville natale. H exécuta cependant pour des
églises du diocèse de Besançon et des départements de la Haute Marne
et des Vosges des tableaux religieux qui, sans être des chefs-d'œuvre,
« ont en général une grande allure, un style noble, un dessin correct, un
— 474 -
aspect décoratif satisfaisant ». Le second, Claude-Paul, fils aîré du pré-
cédent, naqvit en 1S36 et moi' rut à Paris, perdart le si(ge de 1870.
Él^vedeCércme, il obtint quelci es sv cet s aux ? alors: l'vre de ses toiles fut
même achetée par l'État: aussi n'est-il pas téméraire de perser qu'en
travaillant cet artiste aurait fini par s'affirmer, si la mort ne l'avait pré-
maturément frappé à l'tge de 35 ans.
— Un Paquet de vieilles lettres, 1799-1802, e'^i le titre d'une brochure
tirée à cent exemplaires numérotés (Montbéliard, imp. montbéliardaise,
1912, in-8 de 46 p.)*et formée de treize lettres publiées, a^-er une Intro-
duction et des notes explicati-es, par M. Léon Sahlcr. L'avteur de ces
lettres, Georges- Frédéric Méquillet, était ministre protestant à Héricourtau
moment de la Révolution, qu'il devait tra^-erser sans trop d'enni is.M.Sahler
nous apprend, entre autres chose?, que Méquillet « reçut chez lui et nour-
rit à sa table des prêtres catholiques insermentés venant visiter leurs
ouaiHes et qu'on ne songeait jamais à découvrir dans la maison du pas-
teur >\ Voilà, certes, un fait tout à sa louarge, car il prouve une grande
bonté d'âme et une réelle générosité. Les lettres ici reprodi ites s'échelon-
nent entre le 22 gei'minal an VI 11 et le 20 vente se an X. /dressées aux
fils du signataire, qui apprenaient le commerce à Strasbourg, elles font
pénétrer dans la vio privée d'un brave homme qui aime beaucoup ses
enfants et leur prodigue les bons conseils. Cette piblication, complétée
par l'inventaire mini tieux de l'apport en mariage de la mère de Georges-
Frédéric Méquillet, servira utilement, par certains côtés, à l'histoire des
mœurs dans le pays de Montbéliard, tout nouvellement réuni à la France,
à la fin du xyiii^ siècle et au commencement du xix^.
— Le fin lettré, l'érudit et l'homme d'esprit se manifestent dans le
discours que M. Léonce Pingaud a prononcé, le 1er fé-rjer dernier, à
l'Académie de Be.sançon, en prenant la présidence de la docte compagnie.
Ce discours, inséré dans le premier fascicule du recueil académique pour
1912, est intitulé : Besançon et les romanciers du xix^ siècle (tirage à
part. Besancon, imp. Jacques et Demontrond, 1912, in-8 de 23 p.K Les
romanciers dont il s'agit ne sont pas les premiers venus: ils s'appellent :
Stendhal, Bah-ac, Richepin. Tous trois ont parlé de la capitale de la
Franche- Comté, à des époques diverses, en des œuvr<s conmus: Stendhal
dans le Rouge et le Noir, Balzac dans Albert Savarus, et M. Richepin,
depuis membre de l'Académie française, dans ses deux nouvelles : iSœur
Doctrouvé et Césarine. Les détails que nous donne l'auteur sont savoureux
sous plus d'un rapport et sa jolie étude débute et s'achète, avec un à-pro-
pos réussi, par des lignes agréablement ironiques à l'adresse des « ano-
nymes chargés de tenir à jour l'index des rues de Besançon », qui dé-
baptisent et rebaptisent les voies de la cité de la façon la pli s saugrenue.
A noter spécialement deux appendices : le premier apprendra des choses
ignorées, ou peu s'en faut, aux stendhaliens: qiiant au second, il mon-
trera aux bahaciens que Weiss, le bibliothécaire bisontin, a^ait fort bien
jugé le grand Honoré pour ne l'avoir vu et entendu qu'une seile fois.
D'antre part, on verra que le m.aître, si loquace et vantard qu'il fût,
s'était bien gardé de révéler à Besançon, où d'ailleurs il ne faisait que
passer, le véritable objet de son voyage à Neuchâtel (premier rerde .-vous
avec M™*' Hanska, « l'Étrangère ») : il avait même eu le génie, lui, si
durement traqué par ses créanciers, d'expliquer qu'il se rei dait en Suisse
afin de rét^ler des questions d'intérêt avec « des débitei rs en retard ».
Oh! les débiteurs de Balzac... rara avis\ M. L Pingaud, qui savait sans
— 475 —
doute à quai s'en tenir, n'a pas jugé opportun d'aborder, même som-
mairement pour rectifier W'eiss, cette histoire malédifiante : de taçon très
discrète, il s'exprime ainsi : « Il se rendait à Neuohâtel pour traiter
quelqu'une de ces affaires qui se partageaient son temps avec la littéra-
ture ». Délicieux, en vérité : glissez, mortel, n'appujez pas ! h^'j
Ile-de-France. — La Société archéologique, historique et scientifique
de Soissons vient de distribrer le tome XVI de son Bulletin (S^ série,
1909) (Soissons, imp. Nougarède, 1912, in-8 de 194 + 33 p. avec 2 planches).
A travers ce volume, nous trouvons à signaler : Le Fief de la Barre et
le Fief champêtre, par M. Firino (p. 11-21) ; — Adrien de Warel [xvn^ siè-
clel, par le même (p 21-37); — Lettre d^un chanoine soissonnais du w^ siè-
cle, communication de M. F. Blanchard 'p. 52-54); — Les Sipultures de
Barbonval, par le même (p. 60-64); — Un Officier retraité à Vailly en
1112, par M. R. Firino (p. 70-75); — Lettre de ré/7iission accordée à Sois-
sonnais en 1359, communication de M. Félix Brun; t — Denis de Warel
de Beauvoir, par M. R. Firino (p. 86-105, avec portrait); — V Enceinte
de Saint- Pierre-en-Chastres, oppidum des Suessiones, par M. Vauvillé (p.
107-109); — Un Episode de Vhistoire de Fontenoy en 1652, par M. R.
Firino (p. 113-115); — Sébastien Mamerot, écrii'ain soissonnais du xv« siè-
cle, par M. Félix Brun (p. 122-136, avec 1 planche); — Deux Manuscrits
soissonnais datant des premières années qui suivirent la révolution de 1830,
par M. Lecer (p. 143-151); — Recherches historiques sur la navigation
de la Vesle, par M. E. Bouchel (p. 155-165); — Notes pour servir à Vhis-
toire des receveurs généraux de la généralité de Soissons, par M. Firino
(p. 166-194).. '_' :,'^2\rh\ [. A 'l'.'
Lorraine. — Nous recevons les Tables alphabétiques et méthodiques
des Annales de VEh [tomes XI à XVIL 1897-1904) et des Annales de
VEn (t du Nord (tomes I à V, 1905-1909), dressées par M. Robert Pari-
set (Nancy et Paris, Berger-Le-rai'lt, 1911, in-8 de 75 p. — ^Prix : 3 fr.)
Nov.s ey tra.}' ons de V Avertissemeit ^]&cé en tête les indications si.irantes :
■i La présente table est di isée en cinq parties. Dans chacune de ces
parties ou de leurs subdi isions, nous avons toujoi rs établi au moins
deux séries, l'une consacrée à l'Est, l'autre au Nord. la première partie
contient, classés dans l'ordre alphabétique, les noms de tous les collabo-
rateurs des Annales, avec l'indication, pour chacun de ceux-ci. des arti-
cles, puis des comptes rendus qu'il a rédigés... On trouve dans la deuxième
table, pour laquelle nous avons adopté l'ordre méthodique... to\ s les
articles publiés... Les revues analysées dans les Annales font l'objet de
la troisième table... C'est aux comptes rendus qu'est consacrée la qua-
trième table... Les divisions y sort à peu près les marnes ave dans la
deu> ième, sauf que nous avons distingué les comptes rendi s des travaux
relatifs à l'Alsace de ceux qui regardent la Lorraine... Enfin la der-
nière tab-e, qui s'occupe de la chronique, renvoie aux notes dont les Uni-
versités de Nancy et de Lille, les archives, les musées, etc. ont été l'objet ».
Très utile instrument de travail.
Normandie. — Pars les premiers temps de sa carrière sciertifique et
dès l'époque qu'il suivait encordes cours de l'École des chartes. M. Léo-
pold T eMsle a donné au Journal de Valognes des mémoires historiques
qui n'a ant pas été tirés à part, sont demeurés inaccessibles à la plu-
part des curi(^ux et qui avaient même échappé d'abord aux recherches
sagaces de M. Paul Lacombe. M. Xavier Delùsle. le frère du regretté
— 476 —
maître de l'érudition française, a retrouvé une collection du Journal de
Valognes et il a donné à V Annuaire de la Manche pour 1912 avec le mé-
moire s -r le Bienheureux Thomas Hélie de Biville, déjà connu parce qu'il
avait été réimprimé, deux notes relatives à l'histoire de Valognes sous
la Révolution ; Mémoire sur le Bienheureux Thomas Hélie de Biville Fête
civique du 13 t)iai 1792. Election des curés du district de Valognes (mai
1791) (Saint-Lô, imp. de Tuai, 1912, in-8 de 38 p.).
Allemagne. — La réduction par le tnotu proprio : Suprend disciplinas
du 2 juillet 1911 des jours fériés obligatoires a prodi.it dans certains mi-
lieux, notamment en Autriche-Hongrie, une agitation dont le caractère
quelque peu factice nous est dénoncé par le P. Michael Gatterer, S. J. :
Wozu die Feiertage vermindern? Kurze Wiirdigung der pâpstl.chen Festtag-
ordnung (Klagenfurt, S. Josef-Vereins-Buchhandlung, 1912, in-16 de 19 p.).
Il est étrange de constater que des journaux qui font profession de ne
pas se soi; cier delà religion soient au premier rang de ceux qui protestent.
Le p. Gatterer n'a pas de peine à montrer la sagesse de la décision pon-
tificale, qui ne -supprime pas les jours fériés, mais qui, en supprimant
l'oblij^ation qui y était attachée, diminue les occasions de violer cette
obligation et invite les fidèles à un respect plus exact du repos du diman-
che et des autres jours fériés.
Italie. — On a attribué aux premières années du xi'^ siècle la rédaction
des Consuetudines farfenses. Dans un petit mémoire présenté au Congrès du
millénaire de Cluny (Extrait du volume du Congrès : Note sur la date de
rédaction des coutumes de Cluny dites de Farfa. Mâcon, impr. Protat, 1911,
in-8 de 4 p.), M. Victor Mortet établit que ce texte monastique a été
rédigé entre 1039 et 1049 et que le rédacteur, le moine Jean, du monas-
tère de Saint-Sauveur dans les Fouilles, n'a fait que transcrire les statuts
clunisiens.
— M. Paul Vulliaud a «prononcé» le 9 janvier 1911, à l'Univer-
sité nouvelle de Bruxelles et au cours de littérature méditerranéenne (?) de
M. Canudo, une conférence sur l'Humanisme au xv^ siècle italien (Paris,
Figuière, 1911, in-16 de 31 p.). Nous n'avons pas compris grand'chose
à ces vues nuageuses exprimées avec grandiloquence. (Est-ce que, vrai-
ment, Nicolas de Cusa « domine de sa lumière immortelle toute la pensée
et la science moderne »?) L'auteur regrette de ne pas pouvoir nous con-
duire « au sein de cette science cabalistique ». Cette ligne (p. 30) suffit
à éclairer le vrai sens de cette br^ichure esotérique.
— M. Giorgio del Vecchio, professeur à l'Université de Messine, a
fait tirer à part de la Cultura contemp iranea, a. II, n° 4, (Ortona a Mare
officine grafiche V. Bonanni, 1910, in-8 de 7 p.) un compte rendu très
sévère qu'il a publié sur un article de Rodari Burlamachi et Bousseau,
parudansla Bivista filosofica en i90S. L'idée d'étudier l'influence de Bur-
lamachi sir Rousseau était excellente, l'étude est manquée; le critique
montre que M. Rodari a étudié les détails des deux œuvres, mais qu'il
n'a rien compris à l'influence générale de Burlamachi sur Rousseau.
« à leur po.silion respective et à leur importance historique; rien n'aiitnrise
à croire que Burlamachi ait eu une part essentielle et prépondérante
dans la formation de la pensée de Rousseau ». La cause paraît entendue
et la thèse de Rodari insoutenable.
Chine. — Le Calendrier- Annuaire pour 1912 de V Observatoire de Zi-
ka-Wei (Chang-Haï, imp. de la Mission catholique; 1911. .in-18 de tv-
— 177 ~
172 p., avec 30 planches, dont 12 cartes astronomiques et un appendice
de 71 p.), construit sur le même plan que ceux des neuf années précé-
dentes, diffère par un certain nombre de' détails de celui de 1911. (Voir
Polybiblion de juillet 1911, t. CXXII, p. 921. Ainsi n'y figi rent plis les
bureaux de poste, les obserx-ations pluviométriqi es et les chemins de fer
de l'ex-Céleste Empire. En revanche, on y a ajouté, concernant 2 i-ka-M'eï,
les éléments magnétiques, la description du Jardin botanique de cette
localité et la mesure de la variabilité annuelle, diurne et semidiurne de
rinsolati'>n. La visibilité au sommet de la coline Zô-Sè où s'élève l'ob-
servatoire; une note d'une trentaine de pages avec vue, plans et tableaux
à l'appui, si r la situation, l'étendue et le climat de N.-D. des^Pins, rési-
dence centrale de la mission de M. ngolie orientale par 41o23'lat. N. et
12()o2Ç)m long. E. G., sont au nombre des innovations apportées au Calen-
drier-Annuaire de 1912. Dansl'Appendioe, relcons également des tableaux
donnant la longueur de l'ombre à midi vrai, suivant les I^itit^des, et la
• concordance des années 1804 à 1923, ainsi que celle des lunes et des mois,
[je Calendrier- Annuaire mentionne l'éclipsé de soleil du 17 avril, invisible
on Chine, une autre éclipse du même astre, du 19 octobre, visible seu-
lement dans l'hémisphère sud, et deux éclipses partielles de lune.
Brésil. — Nombreux sont les articles vraiment intéressants groupés
dans le tome XV (1910) de la Revista da Academia Cearense (Cearà-
l'ortale'.a, . typ. Minerva, 1910, in-8 de 229 p.); nous n'en signalerons
(pie quelques-uns. C'est une nouvelle série de dates et de faits relatifs à
r histoire de Cearâ, classés dans l'ordre chronologique par le baron de
Studart de 1638 à 1700, et, du même auteur dans un tout aiître genre,
nue bien curie se collection d'usages et superstitions cearaises, au nom-
bre de 335; cette publication, qui sera continuée, fera la joie des folk-
Inristes.A sigaaler, au point de vue géographique, les deux articles du
if Moura Brasil sur la sécheresse et l'agriculture en Cearà et de M. Mil-
ton Underdos^n S'ir la région semi-aride de l'ouest des États-Unis. Enfin,
n'oublions pas de dire que le volume s'ouvre par une intéressante notice
du baron de Vasconcellos S'ir les rapports du duc de Palmeîla, Dom
Pedro de Souza Holstein, et de M^e de Staël.
— A côté de ce volume, il convient de mentionner le tome LXXII de la
Revista do Instituto historico e geographico brazileiro pour ''intérêt des étu-
des qu'il contient. Études en grande partie régionales, c'est-à-dire bré-
siliennes, et dont la plupart se rapportent à l'histoire de la géographie du
pa^s; tel est le cas pour le travail de M. Alfredo de Carva^ho sur ce
I globe- trotter »du xvii" siècle que fut François Correal et sur ses impres-
sions de voyage an Brésil entre 1685 et 1690, — pour celui de M. Or -ille
A. Derbv S"r l'itinéraire sui-i en 1553 par l'expédition de Francisco
Bruza de Fsninhosa jusqu'au Fâo Francisco, — pour celui de M. Eduardo
Peixoto intit"Jé : « Sur les chemins de l'or ». A côté de ces intéressantes
monographies, faisons une place à part an journal incomplet d'un voyage
sur le haut Nil rédigé en français, en 1876, par l'empereur D. Pedro II
et traduit en portugais par le Y)^ Affonso d'Escragnolle Taunav, et si-
gnalons une intéressante notice ethnographico-historique sur les Malès,
due au P. Etienne Ignace Bra^'il, une biographie de José Filiciano Fer-
nandes Pinheiro, comte de S. Leopoldo, le premier président de l'Institut
historique du Brésil; enfin de courtes notes sur de récentes contributions
à la cartographie du Brésil (Rio de Janeiro, imp. nationale, 1910, in-8
de 441 p., 1 carte et 1 planche).
I
— 478 -«
Publications nouvelles. — Christus. Manuel d'histoire des religions,
par J. Huby (in-16, cartonné, Beauchesne). — Jésus de Nazareth, histoire
de sa vie racontée aux enfants, par la vénérée Mère Marie Loyola, pi bliée
par le R. P. Thurston; trad. française par M. Bertha (in-16, \itte). —
Le Discours de Jésus sur la montagne, par l'abbé S. Garaber(ln-12, Le-
thielleux). — Palladius. Histoire lausiaque. Vies d''ascètes et de Pères du
désert. Texte grec, Introduction et trad. française par A- Lucot (in-16.
A. picard et fils). — La Sainte Messe, notes sur sa liturgie, par D. E-
Vandeur (in- 12, Abbaye de Maredsous, Belgique). — Le Psalterium hre-
i'iari romani et les nouvelles rubriques, par A. Boudinhon (in- 18, Lethiel-
leux). — Les Meilleures Pages de Lacordaire, avec Introduction par P.
Agnius (in-16, Tourcoing, Duvivier; Paris. Amat). — Œuvres choisies
oratoires et pastorales, par Mgr Touchet. T. VII et VIII (2 vol. in-12, Le-
thielleux). - — La Famille chrétienne et la Sainte Famille. Le Manage
chrétien, par V. Vieille (in- 18, Vitte). — Allez à Marie, par l'auteir des
« Paillettes d'or » (petit in-18, Avignon, Aubanel). ■ — Notre-Dame d'Ars,
ou Méditations sur la Sainte Vierge, tirées des écrits et de la vie du bienheu-
reux J.-M. Vianney, par l'abbé H. Convert (in-32, Vitte) — Conseils
de direction spirituelle, par P. Lejeune (in-16, Lethielleux). — Vivre ou
se laisser vivre? Conseils aux jeunes gens, par P. Saint-Quay (m-16, Téqi i).
— Les Faux Marchés éi terme sur marchandises et sur valeurs mobilières,
ou V Escroquerie au contrat direct, par H. Petellat (in-16, Librairie géné-
rale de droit et de jurisprudence). — Esquisse d'une philosophie de la
nature, par A. Joussain (in-16, Alcan). — Fragments sur l'histoire de la
philosophie, par A. Schopenhauer; trad. française par A. Eietrich (in-16,
Alcan). — Le Mirage de la vertu, par A. Ba^ et (in-16, Colin). — La
Morale républicaine^ par F. Martin (in-8, Alcan). — Pensées des autres,
par E. Le Berquier (in-16. Hachette). — Mon Filleul au « Jardin d'en-
fants », par F. Klein (in-18. Colin). — Billets à ma filleule, par Berthem-
Bontoux (in-l(j, Bloud). — Essqi de transformation sociale. Richesse fictive
ou richesse vermine. Parasitisme social, par J.-M.-L. Reuta (m-8, Jouve).
— Les Classes moyennes, étude sur le parasitisme social, par G. Ceherme
(in-16, Perrin). — Les Foyers nouveaux, par le D' R. ColMn (in-16, Bloi;d).
— La Suisse au xx® siècle, étude écononiiq is et sociale, par P. Clerget.
2^ éd. revue, mise à jour et augmentée (in-18, Colin). — Les Abeilles et
leurs ruches, par P. Lemaire (in-16, Bloud). — I^a Question agraire et
le Socialisme en France, par Compère-Morel (in-8, Rivière), — L'Idée de
Dieu dans les sciences contemporaines. Les Merveilles du corps humain,
par les D''» L. et P. Murât (in-16, Téqui). — La Cellule, son origine, par le
D'' abbé Maumus(gr. in-8 à2 col. Maison de la Bonne Presse). — L'Evo-
lution de la France' agricole, par II. Augé-Laribé (in-18. Colin). — Ana-
tomie et physiologie végétales, par L.-J. E albis (in- "12, cartonné, J. de
Gigord). — Trigonométrie, classes de première C. D. et de mathématiques
A. B., par P. Camman et A. Grignon (in-16, cartonné, J. de Gigord). —
Volcans et tremblements de terre, par A. de Lapparent (in-8, Bloud). —
Idées et commentaires, de J.-J. Nin (in-4, Fischbacher). — Introduction
à l'esthétique, par Ch. Lalo (in-18, A. Colin). — Le Charme d^ Florence,
par M. Brillant (in-16, Bloud). ■ — Documents inédits sur le * Faust )^ de
Gounod, par A. Soubies et H. de Curion (gr. in-8, Fischbacher). —
Grammaire de la diction française, par G. Le Roy (in-18, cartonné, Pela-
plane). — De l'Enseignement du français, par E. Bouchendliomme (in-18,
Colin). ■ — Poètes français. Première Anthologie d<f la Renaissance contrm-
- 479 —
poraine (gr. in-8, « La Renaissance contemporaine »). — Mes Dernières
Fleurs, par J. Bellanger (in-16, Lemerre). — Quelques vers, par H. Thé-
denat (petit in-8, JouveK — Vers Dieu; la nature, Vamour, la douleur,
la foi, par A. Passant (in-16, Jouve). — Heures de France et d'exil, par
A. Do.>sié (petit in-8, Jouve). - — Les Alouettes, par T. Botrel (in-16,
Bloud). — Au cœur de Vidée, par R. Jacquet (in-16, Bloud). — Le Poème
de ma vie. 2^ partie. Ma Philosophie, par L. Duc (in-16: imp. libr. de
" La Prt vil. ce »). — Et V Amour dispose, par A. Alanic '|in-16, Plon-Kourrit).
— Les Petites Ama, par H. de Vismes (in-16, Plon-NourritK — Le Ter-
roriste, parM""^ V. Dmitriev; trad. du russe par G. Savitch et E. Jaubert
(in-16, Plon-Nourrit). — U Imperturbable Silence, récit d'un infirme, par G.
Stenger (ni-16, Perrin). — Dans le désert, par G. Deledda: trad. de l'ita-
lien par M. Hebs (in-16, Hachette). — Contes provençaux, dar J. Rou-
manille, texte provenra' et trad. française 'in-16, carré, Bloud). — Contes
sur vdin, par Pierre-Gauthiez (in-16, Bloud). — Sur les tôles blondes,
par G. de Las (in-ir;, LethielleuxK — La Lune rousse, par ChanapoJ
(in-12 cartonné. Tours, Marne). - — Fille de Chouans, par M. Delly (in-18,
Maison de la Bonne Presse). — La Maîtresse de piano, par F. O'Noll
(in-18, Maison de la Bonne Presse). — Sous les palmes de Bénarès, par
M. Afïre (in-18, Maison de la Bonne Presse). — Chroniques de la Vendée
militaire. Les Aventures du bonhomme Quatorze, par A de Brem (in-16.
Tours, Cattier). — Pages de critique et de doctrine, par P. Bourget (2 vol.
in-16, Plon-Nourrit). • — La Vérité psychologique et morale dans les romans
dp M. P. Bourget, par F.-J. Lardeur (in-16, Fontemoingl. — Les Trou-
badours cantaliens, xn^-xx® siècles, par le duc de la Salle de Rochemaure
(2 volumes in-16 carré, Bloud). — Vlmitation espagnole en France. Le-i
Modèles castillans de nos grands écrivains français, études et analyse, par
l'abbé G. Bernard (in-16, Tourcoing, Duvivier- Paris, Ficker). — Quelques
auteurs et quelques pièces, essai de critique dramatique, par C.-M. Noël
(in-16, Messein). — A travers V Afrique, par le Meut. -colonel Baratier (in-16.
Perrin). — Souvenirs de famille. Voyages. Agriculture (1175-1912), par
Regnault de Beaucaron (2 vol. in-8, Plon-Nourritl — Histoire de Vln-
quisition en France, par T. de Cauzons. T. II (in-8, Bloud). ■ — Les Par-
lementaires français au xvi*^ siècle. T. II. fasc II. Parlement de Toulouse,
par F. ^ indrv (in-8, Champion). — Correspondance du chevalier de Srvigné
et de Christine de France, duchesse de Savoie^ publiée pour la Société de
V histoire de France, par J. Lemoine et F. Saulnier ^in-8, Laurens). —
Histoire des relations de la Russie avec la Chine sous Pierre le Grand
(1689-1730), par G. Cahen (in-8, Alcan). — Le Livre de comptes de la caravane
russe à Pékin en 1727-1728, texte, trad., commentaire par G. Cahen (in-8,
Alcan).- — Le Procès du Neuf Thermidor, par A. Godard (in-16, Bloud) —
L'Intervention de l Autriche {décembre I8i2-mai 1813), parle V**' J. d'Ussel
nn-8, Plon-NourritK ■ — Lettres et documents pour servir à Vhistoire de
Joachim Murât \']61-\815, publiés par S. A. le prince Murât. T VI (in-8,
Plon-Noirrit^ — Les Etats-Unis de 1789 à 1912, par L. Cons (in-16
Nouvelle Librairie nationale). — Chateaubriand, par J. Lemaître (in-18,
Calmann-Lé -y). — L'Expérience religieuse de Chateaubriand, par A. Pons
(in-12, Lethielleux). — Trots idées politiques. Chateaubriand, Michelet,
Sainte Beuve, par C. Maurras (petit in-8. Champion). — Le Maréchal
Niel (1802-1869), par le com< J. de la Tour (in-12. Chapelet). — Feuil-
lets de la vie militaire sous le second Empire, 1855-1870, par le marquis
de la Tour du Pin la Charce(in-8, "Nouvelle Librairie nationale). — Saint-
— 480 —
Gilles, sa légende, son abbaye, ses coutumes, par J. Charles-Roux (in-16
carré, Bloud). — Aux Portes de Paris, par C. Leroux-Cesbron (petit in-8,
Émile-Paul). — Le Miracle permanent d' Andria. Une grosse Epine de la
couronne du Christ rougissante de sang et fewissante, par L. Cavène (gr.
in 8, Maison de la Bonne Presse). — U Abbé Beraud, ancien curé de
Blanzy et de Montccau-les- Mines, fondateur d^ orphelinats, par l'abbé J.-B.
Cbaillet (in-12, Vitte). • — ■ Autour des directions de Pie X. Un Episode
personnel, par J. Rocafort (in 12, Victorien). — ■ L'Ignorance religieuse au
xx^ siècle. Faits. Causes. Conséquences. Remèdes, par l'abbé E. Terrasse
(in-12, Lethielleux) — Le Patriotisme en France et à V étranger, par P
Pilant (in-16, Perrin). — 5'owpenirs, par E. Lavisse (in-18, Calmann-Lévy).
r— Une Educairice. M'ie Dissard, par M. Mayet (in-16 Vitte). — Paleo-
grafia greca e latina, di E. M. Thompson ; trad dall'inglese con
aggiunte e note di G. Fumagalli (petit in-16 cartonné, Mi^ano, Hoepii). —
Bibliographie lorraine (1910-1911). Revue du mouvement inteVectuel, artis
tique et économique de la région (in-8. Berger-Levrault). Visenot.
Le Gérant : CHAPUIS.
Imprimerie polyglotte Fb. Simon. Rennes.
I
POLYBIBLION
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE UNIVERSELLE
JURISPRUDENCE
Dr.oiT i;ivii.. — 1. Traité de droit, civil comporî-, par Tlr.NF.ST Roohin. Les Sun-
cessions, in. La Surcession testamentaire. Paris, Librairie jrénérale de droit et
de jurisprudence, 1912, in-8 de 111-560 p., 10 fr. — 2. Étude critique de la
tutelle des mineurs en droit comparé, p;ir R\oul iie i.a GraS-Strif.. Pari?, la-
Lrairie géru^ralp de dri)it et de jurisprudence, 1912, in-8 de 223 p., 4 fr. —
3. De la Commune Renommée dans ses rapports aven la tl'éorie des preuves, par
MxuRiCF. Picard. Paris, Librairie générale de droit el de jurisprudence, 1912,
gr. in-8 de vu- 155 p., 4 fr. — 4. Différends et procèt entre locataires, par Gas-
ton Courtois. Paris, Garnier, 1911, in-16 de 488 p., 3 fr. 50. — :->. Les Droits
de la famme, par Marcueritf. Martin. Pari?, Marcel Rivinre, 1912, in-12 de
131 p., 2 fr. — 6. La Femme en ftoumanic, sa condition juridique et sociale
dans le passé et le présent, par Aif.xandrk A. C. Stourdïa. Paris, Giard et
Brière, 1911, in-16 de 158 p., 2 fr. 50. — 7. L'Évolution et la femme, par
M'"" Lydif. Mautiai.. Pari?, Giard et Brière, 1911, gr. in-8 de 31 p., 1 fr. 50,
— 8. Comment, avec la loi, la femme peut protéger ses biens, sa fortune, son
lihre salaire, les produits de son travail, ses épargnes, sa famille, manuel popu-
laire par Camili.f GriLi.AîtD. Paris, Oiird et Bricre, 1911, in-8 de i'IS p.,
1 fr. 7".
Droit commercial f.t maritime. — 9. Les Lois commerciales de Punivers, com-
prenant l'ensemble des te ctes relatifs au droit commercial, aven références au droit
civil, aux lois d'organisation iudiciaire et à la orocédure ; textes originaux et
commentaires avec traduction franrai<;e en regard, par de nombreux collaborateurs
de tous pays. Élitiim française sou? la direction de Chari.es Lyo\-Caen,
Paui, C.arpentier, Fernamd Dacuin et Henri Pivudhomme. t. IV. 5n:.ç(/, par
Rodrigo Octawo de La^gcard Menezes. Traduction française p:ir Paui.
GouLF. T. VI. Chili, Paraguaii, par .IuLio Puilippi, Arturo Fernando Pra-
DEL, A. ScHULEu. Trad. franc, par Paul Goulf et Henri Prudhomme. ï.
XXIII. Suède, Norvège, pir Adolf \srR0M, Edward H'amhro, Erns Kallen-
ber:;. Trad. franc, p.ar L. Beauchet. T. XXIV. Dancnarl-, par Kri.and Tyi;-
jK.R(i. Trad. franc, par l.. Beauchet. T. XXV. Scandinavie, par Adolf As-
trom, Edwapd Hambro, Erl\nd TyBjERG. Trad. franc, par L. Beauchet.
T. XXVIII. L'at/s-has, Colonies néerlandaises, par Martinus Van Regteren-
Altena, Fr. Cornelis Hekmeyer. Trad. franc, par H. de Hoon, F. de Pel-
semacker, Louis Dosfel. T. XXXV. Russie, Pologne, par H.-O. Klibanski,
0-Ja. Pergamainte, A.-V. Invadikij. Trad. franc, par P. M\liieux. Paris,
Librairie générale de droit et de jurisprudence, 1911, 7 vol. gr. in-8 de 242,
216 + 32, xYi-171 + 206, 186, 252 et 167 + 148 p. Prix de sous-
cription à l'ouvrage complet : broché 1720 fr., relié 1800 fr. ; chaque vol. sépa-
rément: broché 52 fr., relié 55 fr. — 10. Des Sociétés commerciales, guide pra-
tique et formulaire, par A. Pottier. 2'^ éd., Paris, Librairie générale de droit
et de jurisprudence, 1912, gr. in-8 de 574 p., 12 fr. — 11. Traité de droit mari-
time, par Daniel Dan.ion. T. II. Capitaines, responsabilités, affrètement. Paris,
Librairie générale de droit et de jurisprudence, 1912, in-8 de 797 p., 9 fr.
Droit pénal. — • 12. Traité de droit pénal allemand, par le D"" Franz von Liszt;
trad. par René Lobstein. T. I. Introduction. Partie générale. Paris, Giard et
Bri''-re, 1911, in-8 de xiv-447 p., 10 fr. — 13. Principios fundamentales del
derecho pénal, por el P. Victor Cathrein. Traducido del aleman por el P.
JosÉ-M» S. DE Tejada. Barcelona, Giistavo Gili, 1911, in-12 de 276 p., 3 fr.
— ■ 14. Le Fondement de la responsabilité pénale, par Henri LTrtin. Paris, Alcan,
1911, in-y de 105 p., 2. fr. 50.
Juin 1912. T. CXXIV. 31»
— 482 —
Droit m'hlic. et fiscal. — 15. De la l onction et dcx jui idicltoiis de cassation
en Icsi.^'ation comparée, par Raoll de la Gr.AssicniF.. Paris. Librairie générale
de droit et de jurisprudence, l'JlI, in-8 de 130 p., 3 fr. — ir.. Le Statut des
iùnctionnaires. L'Ai-ancement. son organisation, ses sarant/cs, |);ir Charles OroR-
oiN. Paris, Librairie générale de droit et de juri^tirudence. 1912, gr. in-8 de
930 p., 15 fr. — i'j. Manuel- iorniulaire de l'eniegi.^tiement, des domaines et du
timbre, suivi d'un précis de manutention et de coDijitabilitc, par Jules Castillon.
f)' éd. Paris, Librairie générale de droit et de .jurisprudence, 1912, gr. in-8 de
1038 p. ,12rr. — 18. Les Cojfres-iorts et le fisr, p,(V c.n. Ij.scqur. Paris, Blond,
1911, in- 11) de 'i25 p., 3 fr. 50.
Droit civil. — 1. — L'étude du droit civil comparé, présentée
dans l'ordre systématique des questions et des solutions, est une
science qu'on peut dire à son début, juiisqu'elle n'a encore été
professée avec quelque ampleur que par un savant maître de 1 Uni-
versité de Lausanne, M. Ernest Roguin. Elle pourrait remplir
facilement de très nombreux volumes. M. Hogiiiu en a déjà consa-
cré un a\l^ Mariage, un autre au Régintr inairimonial, deux aux
Successions ab intestat. Abordant maintenant, après une interruption
de trois ans, la matière de la Succession testamentaire, il estime
que trois nouveaux volumes lui seront nécessaires pour traiter ce
sujet. Le premier tome qui vient de paraitie (l'auteur annonce
d'ailleurs que les deux autres le suivront de près) contient tout
d'abord un aperçu liistorique sur les formes primitives de la trans-
mission volontaire de l'héritage, adoption, mancipation romaine,
treuhand germanique, thinx lombard, affatomie franque, puis une
assez longue étude sur les origines et le di-veloppcment du testa-
ment à Rome. M. Roguin a jugé utile de résumer ici les récentes
controverses de quelques professeurs italiens, français et allemands.
Sans méconnaître Timportance considérable du droit romain en
matière de testament, il nous paraît que la question de savoir à
quelle époque précise le testament per œs et librdni naquit de la
mancipation n'intéresse que très indirectement le droit comparé.
S'étant attardé un peu trop, à notre avis, sur ce problème archaï-
que, M. Roguin ne dit absolument rien de l'évolution du testament
au moyen âge et dans les derniers siècles, sujet qui, pourtant, au-
rait mieux mérité de fixer son attGnti(in qiie la vieille loi des
Douze Tables. Il passe immédiatement à l'examen des règles mo-
dernes sur le droit ou la capacité de disposer ou de recevoir par
testament. Comme nous avons pu déjà le lemarquer en rendant
compte de ses précédents volumes, l'éminent professeur, bien que
protestant, a l'esprit trop élevé et trop juridique pour se laisser
aller aux prnjugés anticléricaux contre la mainmorte et les congré-
gations. Il constate que les incapacités dont la loi française de
1901 a frappé les congréganistes n'ont été que des procédés dé-
tournés et peu loyaux de confiscation. Pour (fudicr les diverses
- 483 -
formes de testament admises par les législations actuelles, M. Ro-
guin classe les systèmes législatifs en commençant par les plus
rigides et en finissant par les plus perfectionnés. 11 cite d'abora
les lois qui ne connaissent qu'une ou plusieurs formes emportant
une certaine divulgation du contenu du testament. Il énumère
ensuite les codes qui comportent les formes mystiques, ayant pour
efîet d'assurer le secret de l'acte. Puis viennent les systèmes légis-
latifs caractérisés par l'existence du testament olographe et, enfin,
les deux seules législations, celles de l'Autriche et de la Louisiane,
qui consacrent chacune toutes les principales formes modernep du
testament. Deux conclusions résultent de cette étude : l'une est
l'extension du testament olographe, qui a fini notamment par être
admis dans le code allemand et que le code suisse a généralisé
dans toute la Confédération; l'autre, moins accentuée toutefois^
est le progrès de l'acte public notarié, qui a été introduit on Au-
triche en 1871 et qui est aussi une des deux formes publiques
autorisées par le code allemand. Notre code français aurait encore
plus d'un progrès à faire dans l'atténuation de certains excès de
formalisme. Ainsi le code civil suisse a sagement agi en n'exigeant
pas une dictée de la part du testateur, en se bornant à prescrire
que le disposant « indique ses volontés à l'officier public ». Il con-
viendrait aussi de renoncer à ce long cortège de témoins appelés
en certains cas et qui n'est qu'une survivance malheureuse du
droit romain. M. Roguin traite encore, dans le présent volume,
du contenu des testaments, c'est-à-dire des diverses dispositions
qui peuvent s'y rencontrer : dispositions générales ou legs univer-
sels et à titre universel et dispositions à titre particulier.
2. — U Etude critique sur la tutelle des mineurs en droit comparé,
par M. Raoul de la Grasserie, n'est pas seulement un résumé des
législations sur la tutelle; c'est aussi un examen approfondi des
différents systèmes de protection des mineurs, et cette numogra-
phie est d'autant plus intéressante qu'elle émane d'un jurisconsulte
qui, dans l'exercice des fonctions judiciaires, a pu apprécier le fort
et le faible de nos lois en cette matière. Dans une première })artie,
M. de la Grasserie expose les législations, y compris le code fran-
çais, dans leurs dispositions essentielles; il les classe suivant leurs
affinités, principalement ethniques. Ce sont d'abord le droit romain,
auquel toutes ont emprunté quelque chose, puis le groupe des
législations néo-latines, le groupe germanique, le groupe anglo-
américain et le groupe slave. Cette constatation faite, il comjîare,
dans une seconde partie, ces diverses législations, en fait ressortir
les ressemblances et les différences et essaie d'en déduire des prin-
cipes directeurs. Dans la dernière partie, il soumet à une étude
— 484 —
critique la loi française, en signale les défauts et les lacunes, et
recherche les améliorations à y apporter. Il montre la nécessité
qu'il y aurait de protéger plus efficacement les mineurs à l'égard
des tiers, à l'égard du tuteur et à l'égard d'eux-mêmes. Le moyen
d'obtenir ce résultat serait, suivant lui, de combiner l'organisation
de la tutelle propre aux peuples latins, caractérisée notamment
par le conseil de famille et le subrogé-tuteur, avec l'institution
d'une autorité tutélaire indépendante de la famille, comme celle
qu'ont adoptée les peuples germaniques. Le code devrait édicter
que le subrogé-tuteur recevra périodiquement les comptes du
tuteur et les contrôlera; que certains actes graves et préalable-
ment autorisés seront faits par le tuteur et le subrogé-tuteur réu-
nis. Dans l'état actuel, le subrogé-tuteur n'est guère qu'un person-
nage de luxe. Il y aurait lieu aussi de ne laisser toucher par le
tuteur que les revenus du mineur; les capitaux devraient être
versés directement à une caisse publique. Enfin, l'homologation
des décisions du conseil de famille, dans les cas où elle est requise,
devrait être donnée, non par le tribunal, qui est rarement à même
de statuer en connaissance de cause, mais par un conseil tutélaire,
composé d'hommes compétents et qui serait chargé de surveiller
et de contrôler les tutelles de sa circonscription.
3. — La renaissance des études philosophiques, qui s'affirme
depuis quelques années, ne peut manquer d'avoir un retentisse-
ment dans le domaine du droit. Nous croyons en trouver l'indice
dans une remarquable dissertation d'un jeune jurisconsulte, M. Mau-
rice picard, sur la Commune Renommée dans ses rapports avec la
théorie des preuves. On sait que la preuve par commune renommée
est autorisée exceptionnellement par la loi au profit de la femme
commune, lorsque le mari n'a pas fait inventaire d'un mobilier
à elle échu; au profit aussi des héritiers de l'époux prédécédé,
lorsque l'époux survivant n'a pas fait constater par inventaire la
consistance des effets communs. Cette preuve exorbitante est une
sorte de sanction de l'obligation de faire inventaire. En pratique,
elle est peu fréquente. L'analyse à laquelle M. Maurice Picard l'a
soumise est intéressante surtout par les recherches auxquelles elle
l'a conduit sur les différents moyens de preuve judiciaire. M. Picard
montre que presque toujours le juge doit se contenter, pour former
sa conviction, d'une simple probabilité. Rarement, le fait même sur
lequel porte le débat peut être établi par une preuve directe. Lie
caractère distinctif de la preuve par commune renommée n'est pas
d'être une preuve indire(îte; c'est plutôt d'être une preuve tirée
de l'opinion publique. En cela elle est très exceptionnelle, car gé-
néralement il est interdit au juge de se baser sur l'opinion, dont
la force' probante est presque toujours très douteuse.
— 485 — .
4. — L'hostilité entre propriétaires et locataires est, pour ainsi
dire, à l'état permanent. Mais l'accord ne règne pas toujours non
plus entre les occupants d'un même immeuble. Nombreuses et piême
innombrables sont les occasions de conflits entre voisins du palier ou de
l'étage. D'une discussion à un procès il n'y a qu'un pas, et ce pas est
souvent franchi. C'est aux affaires de ce genre, dont quelques-unes sont
très amusantes, que M. Gaston Courtois, avocat à la Cour d'appel, a
consacré un volume, intitulé : Différends et procès entre locataires.
Il y passe en revue les causes diverses de ces conflits, telles que
les bruits insolites, les infiltrations d'eau, l'abus de la musique,
les mauvaises odeurs, les méfaits des animaux, la méchanceté des
concierges et des domestiques, la vie scandaleuse de certaines per-
sonnes, les infractions à la clause d'habitation bourgeoise, l'intro-
duction dans une même maison de locataires ex(Vçant des profes-
sions similaires, l'emplacement des enseignes sur les façades, etc.
Sur toutes ces questions, il y a des jugements de juges de paix et
de tribunaux, des arrêts de Cours d'appel et aussi des arrêts de la
Cour de cassation. M. Gaston Courtois a relevé avec soin toutes
ces décisions; il les commente et en dégage les règles qui les ont
inspirées. Son livre est un vrai manuel des propriétaires et des
locataires, sans parler des concierges qui trouveraient bien aussi
quelque chose à y apprendre.
5. — Et maintenant nous signalerons • — brièvement — quelques
petits ouvrages sur un sujet qui reste à l'ordre du jour et continue
de passionner bien des cœurs sensibles: la condition juridique des
femmes. — Voici d'abord un nouveau manifeste féministe : Les
Droits de la femme, par M"ie Marguerite Martin. L'auteur y exprime,
non sans éloquence, les revendications du féminisme et aussi ses
illusions. Que l'on supprime l'article du code qui dit que la femme
doit obéissance à son mari, et alors tout ira bien dans le mariage.
Que l'on accorde le droit de vote aux femmes, et tout ira bien
dans la nation. Cet excès de confiance étonne d'autant plus de la
part de M""^ Marguerite Martin qu'elle est bien, elle-même, un
peu « misogyne ». Voici, par exemple, ce qu'elle dit des personnes
de son sexe sur un chapitre qui n'est pas celui qui les touche le
moins : c. Leur toilette est un défi jeté aux lois les plus élémen-
taires de l'hygiène, de l'esthétique et parfois même de la morale.
Elles font percer leurs oreilles pour y suspendre des objets qui
brillent; elles surchargent leurs membres de bijoux, souvent aiïreux,
qui n'ont pas d'autre mérite que de coûter. fort cher; elles com-
priment leur corps dans un corset trop étroit, leurs pieds dans des
bottines ridiculement longues et pointues, etc. » Tout cela est-il
encore la faute du code?... Soyons sérieux. Le féminisme de M™^
— \SCy —
Marguerite Martin l'ost, du reste, plus qu'il ne paraît; c'est le fé-
minisni''' laïque, qui a partie liée avec le socialisme et qui compte
sur le syndicalisme pour arriver à ses fins. Avis aux âmes candides
qui se plaisent à flirter avec lui.
6. — Dans son livre : La Femme en Roumanie, M. Alexandre
Stourdza sacrifie, lui aussi, à la mode féministe. Il fait d'abord un
tableau assez noir de la condition ancienne des femmes roumaines:
« une soumission aveugle au mari, aucune vie intellectuelle ». Mais,
parlant des femmes françaises d'avant 1789, M. Stourdza ne les
suppose pas moins déshéritées : « L'éducation des femmes était
nulle; comme conséquence nécessaire, leur position dans la cité
était retombée au plus bas degré; elles y occupaient la place qtie
leur assignaient dans l'antiquité les civilisations de la Grèce et de
l'Orient... Presque tous les métiers leur étaient fermés ». Quand
on comprend l'histoire de cette façon, on ne peut manquer de glo-
rifier 89 et même le code civil" En ce qui concerne les droits tle
la femme, le code roumain de 1865 ne diffère pas du code Tran-
çais. Aujourd'hui donc, la femme, en Roumanie, peut acquérir une
instruction, une éducation, un métier égaux à ceux des hommes;
elle peut exercer quelques professions libérales, excepté celles d'a-
vocat, de magistrat, la carrière militaire ou diplomatique; elle a
le droit personnel du produit de son travail, sauf le cas où elle
est mariée... M! Stourdza, tout en se déclarant partisan de tous
les articles du programme féministe, qu'il fixe à douze, comme
ceux du Symbole, se montre pourtant modéré; il se contenterait,
pour le moment, de trois améliorations : il demande que la femme
mariée ait la libre disposition de ses salaires; que les femmes puis-
sent être avocats et qu'elles puissent faire partie des commissions
d'arbitres dans les corporations d'arts et métiers.
7. — Ces revendications modestes ne suffiraient certainement pas
à M'^^e Lydie Martial. Dans une communication sur l'Évolution de
la femme, faite à la Société de sociologie de Paris, elle proclame
que « c'est le féminin qui porte en lui la puissance libératrice du
couple ». Elle pense tout autrement que M. Stourdza sur les femmes
françaises d'avant 1789 : « C'est, dit-elle, dans les salons de femmes
supérieurement élevées et cultivées que se prépara au xyiu^ siècle
l'ère de la liberté ». ' Et maintenant la femme doit avoir conscience
de la part qu'elle doit prendre dans la direction des affaires muni-
cipaleà et des affaires de l'État. « L'ingérence de la femme doit y
faire prévaloir surtont la vérité des lois de la ^ie et de la nature
qui ont été violées jusqu'à ce jour, justement parce qu'elle n'avait
pas le droit de les faire respecter. Il n'est que temps que la femme
apprenne à vouloir qu'elles le soient désoi'mais ».
— 487 ^
S". — Avec M. Camille Gaillard, nous passons à un féminisme
moins ambitieux, mais plus pratique. Comment, avec la loi, la femme
peut protéger ses biens, sa fortune, son libre salaire, les produits de
son travail, ses épargnes, sa famille, tel est le titre d'un manuel
populaire, bien conçu, très clair, à la portée de tous et qui, d'ailleurs,
n'a rien d'hostile pour les maris, car, comme le dit M. Gaillard, « sau
vegarder les biens de la femme, c'est consolider l'une des bases
les plus sérieuses de l'association conjugale pour le plus grand
avantage de la famille ». L'auteur explique ce qu'il y a lieu de
faire d'abord avant le mariage, en quoi un contrat de mariage peut
être utile, quels sont les avantages et les inconvénients des dif-
férents régimes matrimoniaux. Se plaçant ensuite pendant le mariage,
il signale les dangers auxquels est exposé le bien de la femme et
indique les moyens de les prévenir ou d'y remédier. Après le ma-
riage, quand la communauté est dissoute, la femme peut avoir aussi
des dispositions à prendre, et le manuel de ^I. Gaillard ne manque
pas de l'en avertir. On y trouve de plus d'excellents conseils sur
l'opportunité d£ constituer un bien de famille, et l'explication de
la loi du 13 juillet 1907 relative aux droits de la femme mariée
sur le produit de son travail.
Droit commercial et maritime. — 9. — Sous le titre : Les
Lois commerciales de l'univers, la Librairie générale de droit et de
jurisprudence a commencé de publier un recueil qui, comme son
titre l'indique, doit comprendre l'enâemble des codes et des lois
qui régissent le commerce dans tous les pays civilisés. Ce recueil
paraît sous la direction de MM. Ch. Lyon-Caen, membre de l'Ins-
titut; Paul Carpentier, bâtonnier des avocats de Lille; Fernand
Daguin, secrétaire général de la Société de législation comparée,
et Henri Prudhomme, juge au tribunal civil de Lille. Les lois y
sont publiées dans" leur langue originale et avec la traduction
française en regard. Elles sont de plus expliquées et commentées
par des Introductions et des annotations dont les auteurs appar-
tiennent généralement à la même nationalité que ces lois. L'ou-
vrage sera complet en 40 volumes, dont 7 ont déjà paru; ce sont
les tomes IV. Brésil; VI. Chili et Paraguay; XXIII. Suède et Nor-
vège; XXIV. Danemark; XXV. États Scandinaves; XXVIIÏ. Pays-
Bas et Colonies néerlandaises; XXXV. Russie et Pologne; XXXIX.
Italie et Roumanie. On annonce que les autres volumes suivront
rapidement et que l'ouvrage sera tenu au courant par des supplé-
ments annuels. Une publication de ce genre serait utile dans toutes
les branches du droit; elle a surtout sa raison d'être pour le droit
commercial, qui est la partie la plus internationale du droit privé.
Dans la savante, mais courte Introduction écrite pour ce recueil
— 488 —
M. Lyon-Caen rappelle que les lois commerciales se sont, pour la
plupart, développées dans les villes d'Italie, au xi^ et au xii^ siè-
cle. De l'Italie elles se répandirent assez rapidement dans les
autres pays de l'Europe, parce que les Italiens, ou, comme on disait
autrefois, les Lombards, se rendaient dans les grandes foires pour y
exercer le commerce de banque. Les règles du commerce furent ainsi
à peu près les mêmes partout tant qu'elles ne furent pas codifiées.
C'est plutôt à partir de leur codification, dont la France a donné
l'exemple au xvii^ siècle, que des diversités s'y sont introduites.
Les avantages considérables que présenterait leur uniformité ont
souvent fait émettre le vœu de l'adoption d'un code de commerce
commun à tous les États. Mais c'est là, suivant M. Lyon-Caen,
un vœu chimérique, au moins pour le temps présent. « Les pré-
jugés et les amours-propres nationaux sont très tenaces, même en
des matières qui ne touchent en rien aux mœurs, à l'organisation
de la famille et de la* propriété, ni à la religion de chaque pays ».
A défaut de ce code universel irréalisable, une collection comme
celle dont il s'agit ici permettra aux importateurs et aux expor-
tateurs, aux armateurs, aux représentants des compagnies de navi-
gation, à tous les négociants enfin qui ont des relations à l'étranger,
de connaître exactement les dispositions législatives, les coutumes,
la procédure des divers pays où s'étendent leurs affaires; elle sera
également très utile aux Chambres de commerce, aux juges consu-
laires, aux hommes de loi, à tous ceux qui ont à consulter ou à
appliquer les lois commerciales; elle pourra enfin grandement con-
tribuer au progrès du droit, en procurant aux hommes d'étude
et aux législateurs les moyens de comparer les lois des différentes
nations et de travailler à leur perfectionnement.
10, — Les sociétés sont aujourd'hui le principal organisme par
lequel se développent l'industrie et le commerce; elles se multi-
plient de plus en plus; tous les jours il en naît de nouvelles et
beaucoup de personnes se trouvent ainsi dans la nécessité de s'ini-
tier à leur fonctionnement. C'est surtout en vue des gens d'affaires
peu au courtmt du droit que M. Pottier a composé son traité
Des Sociétés commerciales. Nous en avons déjà signalé la première
édition (Voir Polybiblion, novembre 1906, tome CVII,p. 386) et,
comme nous l'avions prévu, le public a fait bon accueil à ce livre
véritablement pratique. Après avoir exposé les principes généraux,
l'auteur traite successivement de la société en nom collectif, de la
commandite simple, de l'association en participation, de la com-
mandite par actions, de la société anonyme, de la société à capital
variable, et il a adopté une méthode très favorable à la clarté
et à la facilité des recherches : elle consiste à suivre le même
_ 48!^ —
ordre dans l'étude de chaque espèce de société, à reproduire pour
chacune les mêmes questions, en renvoyant aux explications déjà
données dans les parties précédentes quand les règles sont les mê-
mes. Chaque partie est suivie de formules, accompagnées d'anno-
tations. Toutes les lois citées dans le corps de l'ouvrage sont re-
produites à la fin du volume. La plus récente des lois qui intéres-
sent les sociétés commerciales est celle du 30 janvier 1907, qui
a prescrit, avant toute émission d'actions ou d'obligations, l'insertion
d'une notice dans un bulletin annexe du Journal officiel : loi inu-
tile, loi de paperasserie, « qui n'a eu d'autre résultat, dit M. Pot-
tier, que de procurer des recettes au Journal officiel et des remises
à un courtier ».
11. — Lors de l'apparition du premier volume du nouveau
Traité de droit maritime, de M. Daniel Danjon, professeur à l'Uni-
versité de Caen, nous avons déjà constaté le grand mérite de cet
ouvrage et le talent spécial de l'auteur à mettre de l'intérêt dans
la discussion des questions les plus ardues (voir Polybiblion, juin
1911, tome CXXI, p. 487). Le second volume, qui vient de pa-
raître, justifie pleinement nos premières appréciations. Il comprend
l'étude des fonctions du capitaine, des responsabilités concernant
l'équipage, de l'affrètement et des obligations du fréteur. Au sujet
du capitaine, M. Danjon réfute la théorie d'après laquelle il serait,
à certains points de vue, le mandataire des chargeurs; il montre
que, dans la réalité, le capitaine n'est que l'agent de l'armateur.
Les difficultés que soulève la responsabilité du capitaine envers
l'armateur, par rapport aux actes des gens de l'équipage, par rap-
port au pilote et à l'égard du propriétaire du navire, sont traitées
avec un sens juridique très sûr. En ce qui concerne l'affrètement,
M. Danjon montre qu'il faut se garder de confondre sous ce nom
trois contrats différents, le louage du navire, ce louage accompa-
gné de la sous-location des services de l'équipage, et enfin un con-
trat de transport. Quand il a pour objet direct, comme dans la
plupart des cas, un transport de marchandises à effectuer par les
soins du fréteur, l'affrètement n'est qu'un contrat de transport;
c'est la conception admise aujourd'hui sans difficulté en Angleterre,
en Hollande et en Allemagne. Si les trois genres d'affrètement*
engendrent des obligations communes, chacun d'eux impose aussi
au fréteur certaines obligations spéciales qu'il importe de démêler.
Signalons encore, dans le volume de M. Danjon, une étude très
fine de la force majeure et du cas fortuit, et l'examen approfondi
de la question de validité des clauses de non-responsabilité, qui a
suscité tant de controverses dans la doctrine et dans la jurispru-
dence.
— 490 —
Droit pénal. — 12. — Le Traité de droit pénal allemand^ du
docteur von Liszt, professeur à l'Université de Berlin, est un livre
classique en Allemagne. Toutes les questions théoriques sur le
droit criminel y sont étudiées, tant au point de vue général que
d'après les dispositions du code pénal de l'Empire, en vigueur
depuis 1871 et qu'il est question de réformer. De plus, ce livre
fournit sur chaque question des notions d'histoire du droit et des
■renseignements bibliographiques. L'excellente traduction qu'en
vient de publier M René Lobstein dans la Bibliothèque interna-
tionale de droit privé et de droit criminel, d'après la dix-septième
édition allemande, contribuera à faire mieux connaître en France
l'œuvre capitale du savant professeur de Berlin. Comme le remar-
que fort bien M. Garçon, professeur à l'Université de Paris, dans
la Préface de cette traduction, les différences que l'on peut signaler
entre les lois criminelles des différents peuples ne doivent pourtant
pas faire oublier qu'en définitive les mêmes principes se retrouvent
dans les codes de toutes les nations civilisées. L'application du droit
répressif soulève aussi, dans tous les pays, non seulement les mê-
mes problèmes sociaux, mais encore les mêmes difficultés juridi-
ques. Toutefois, l'on ne peut nier qu'en examinant ces questions
et pour arriver souvent aux mêmes solutions que nous, les Alle-
mands procèdent autrement et emploient une méthode qui nous
déconcerte un peu. Ils sont abstraits et raisonnent sur de purs
concepts, ils distinguent et sous-distinguent, tout en restant dans
l'idée pure, nous, au contraire, nous préférons la marche sur un
terrain plus concret, nous aimons voir clairement les espèces et
les applications pratiques. La lecture du Traité de droit pénal, du
professeur von Liszt, permet de faire des comparaisons intéressantes
entre ces deux manières de procéder, qui tiennent sans doute à la
dilTérence du génie germanique et du génie latin, et encore plus peut-
être à la divergence des idées philosophiques en vogue chez les
deux peuples.
13. — De l'ouvrage du docteur Liszt, il convient de rapprocher
l'excellente étude philosophique et juridique du R. P. Victor Ca-
threin sur les principes du droit pénal. Elle n'a pas été, que nous
sachions, traduite en français, mais }e R. P. José-Maria S. de.
Tejada en a donné une traduction en espagnol: Principios fiinda-
mentales del derecho pénal. Le R. P. Cathrein s'en prend précisé-
ment, dans ce travail, aux théories de l'école sociologico-criminelle,
dont le professeur von Liszt est, suivant lui, le principal repré-
sentant. Il démontre que les idées déterministes dont s'inspirent
les tenants de cette école les conduisent à la déformation des prin-
cipes du droit pénal sur la responsabilité, sur l'imputabilité, sur
— 491 —
les notions de faute et de peine, sur le droit de punir. Pour qui
nie le libre arbitre, il n'y a plus do différence essentielle entre
l'insensé et le coupable; la peine n'est plus qu'une mesure de sé-
curité que la société doit prendre contre les méchants comme
contre les bêtes sauvages; le juge ne peut avoir d'autre rôle que
de constater l'acte criminel ; l'appréciation de la peine doit être
laissée à ceux qui ont la charge d'exécuter le jugement. Par une
contradiction qui ne manque pas d'ironie, comme le remarque le
P. Cathrein, ce sont des libéraux qui prétendent, au nom de la
science, faire prévaloir ces doctrines si contraires à la liberté hu-
maine.
14. — Dans une dissertation sur le Fondement de la responsa-
bilité pénale, M. Henri Urtin, docteur es lettres, paraît s'être donné
pour but de concilier toutes les écoles, d'établir une théorie qui
puisse être acceptée, au moins pratiquement, par les partisans du
libre arbitre et par les déterministes. Contre les uns, il insiste sur
la difficulté pour le juge humain d'apprécier le plus ou moins de
moralité, le plus ou moins de responsabilité du délinquant. Contre
les autres, ceux qui ne veulent se préoccuper que de l'intérêt de
la société à se préserver des criminels, il soutient que ce n'est
pas assez de garantir la société, qu'il faut aussi l'indenmiser du
dommage que le crime lui causé. Cette seconde idée est juste; elle
ne suffit pas, à notre avis, pour motiver la pénalité, qui suppose
avant tout une faute, mais elle conduit M. Urtin à cette conclu-
sion pratique, à savoir que la répression doit, autant que possible,
être organisée de manière que le délinquant soit obligé de réparer
par son travail le mal qu'il a causé. Est-ce à dire qu'il faille pour
cela renoncer à essayer, en la pei sonne du coupable, « de dou-
teuses corrections ou de chimériques amendements »? Non, certes,
et c'est ici que M. Urtin nous paraît dans Terreur : le principal
but de la pénalité n'est pas de réparer le crime ; autrement il
suffirait de revenir au système de la composition des temps barbares;
la société a surtout intérêt à prévenir le crime, à Tempêcher de
naître, à préserver l'innocent, et c'est pourquoi elle s'efforce d'ob-
tenir ce résultat en frappant le coupable d'une peine qui doit
tendre à Tempêcher de récidiver et à décourager ceux qui seraient
tentés de l'imiter. La peine doit donc être expiatoire, moralisatrice
et exemplaire.
Droit public et fiscal. — 15. — Aux nombreux travaux que
l'on doit déjà à sa veine féconde et à sa science éprouvée, M. Raoul
de la Grasserie vient d'e^jouier une étude De la Fonction et des juri-
dictions de cassation en législation comparée. La Cour de cassation est
une institution française d'origine, que beaucoup de peuples nous ont
— 492 —
empruntée. On sait qu'elle a été établie sur le modèle de l'ancien
Conseil des parties, qui était une section du Conseil du Roi; elle
est même encore régie, pour la procédure, par une ordonnance de
1738, œuvre du chancelier d'Aguesseau. Des cours suprêmes, plus
ou moins analogues, existent dans la plupart des pays civilisés^
en Autriche, Belgique^, Bulgarie, Espagne, Italie, Portugal, Grèce,
Roumanie, Hollande, Suisse, Suède, Hongrie, Russie, États-Unis.
Par l'étude comparative de ces hautes juridictions, M. de la Gras-
serie aboutit à des conclusions très intéressantes : les unes cons-
titueraient d'heureuses réformes dans l'organisation actuelle de la
Cour; d'autres tendraient à augmenter notablement ses attributions.
Elle devrait, suivant lui, avoir compétence : 1° pour casser les actes
administratifs contraires à la loi; 2° pour casser les lois contraires
à la constitution; 3° pour casser les lois contraires aux droits na-
turels ou contractuels des citoyens vis-à-vis de la société. L'éminent
magistrat propose de confier aussi à cette cour le droit de vérifier
les pouvoirs des membres du Parlement. 11 voudrait enfin qu'elle
fût substituée au Sénat comme haute Cour de justice, pour faire
disparaître de notre constitution cette parodie judiciaire d'une
assemblée politique qui est à la fois juge et partie. Mais, avant
d'étendre à ce point les attributions de la Cour de cassation, il
serait de toute nécessité de changer son mode de recrutement.
La nomination de ses membres n'est maintenant soumise à aucune
condition ni d'ancienneté, ni de fonctions antérieures, ni de pré-
sentation; tout dépend de l'arbitraire du pouvoir exécutif. Suivant
M. de la Grasserie, l'intervention du gouvernement devrait être
supprimée; les membres de la Cour devraient être élus tour à tour
par la magistrature, par le barreau, par les Facultés de droit, par
le notariat et par le Conseil d'État,
16, — Un gros volume de M. Charles Georgin, qui paraît être
une thèse de doctorat, est consacré à la grosse question du Statut
des fonctionnaires. U Avancement, son oj-ganisation, ses garanties.
« Un régime de démocratie, a écrit un philosophe officiel, M. Fouil-
lée, doit tout accorder au mérite et rien à la faveur ». Voilà le
principe, et voici maintenant son application : « L'avancement des
officiers est livré à l'arbitraire et à la fantaisie » (Messimy).
« L'avancement dans les carrières diplomatiques et consulaires est
livré à l'arbitraire le plus absolu... Le favoritisme cynique, le né-
potisme effréné, est une des plaies de ce régime », (Deschanel).
« 1} s'est glissé dans la République des mœurs tristes et dégra-
dantes ». (Ribot), « Comment s'étonner, quand l'arbitraire est en
haut, comment s'étonner, lorsque le personnel ne se sent plus pro-
tégé, qu'il trouve plus digne et plus efficace de se grouper, de
i
-:493-
s'associer et d'assurer ainsi le respect de ses droits »? (Steeg).
M. Steeg parlait ainsi pendant les jours difficiles de la grève des
postiers, et la Chambre, alors, à l'unanimité, affirmait « sa réso-
lution de donner aux fonctionnaires un statut légal ». Trois ans
ont paësé depuis. On parle toujours du statut légal. Viendra-t-il ?
Que sera-t-il? Comment réglera-t-il l'avancement? Quelle part devra
être faite à l'ancienneté? Quelle part au choix? Dans quelle mesure
aura-t-on recours aux examens et aux concours? Quelles seront
les garanties assurées aux fonctionnaires, garanties administratives
et recours contentieux? M. Charles Georgin étudie consciencieuse-
ment toutes ces questions. Ancien chef adjoint du cabinet du mi-
nistre du travail, il est bien documenté sur les pratiques adminis-
tratives actuelles; il bs juge avec indépendance et l'on ne peut
qu'applaudir à sa conclusion, qui est celle-ci : « Il n'a que trop
duré, le scandale d'une fonction publique distribuée comme si elle
existait en vue. de conserver aux parlementaires la clientèle des
électeurs et aux gouvernants la clientèle des élus ».
17. — Les lois fiscales changent si souvent en France (non pour
s'adoucir, hélas) ! que les ouvrages qui en traitent seraient vite
démodés si leurs auteurs ne prenaient soin de les remettre au cou-
rant. C'est ce que vient de faire, une fois de plus, M. Jules Cas-
tillon pour son excellent Manuel- formulaire de l'enregistrement, des
domaines et du timbre. La sixième édition, qui succède de près à
là cinquième, comprend cent pages de plus que celle-ci, et la ma-
jeure partie de cette augmentation porte sur l'article des succes-
sions. Outre des barèmes pour l'application des nouveaux tarifs
progressifs promulgués en 1910, cet article s'est accru, comme
tous les autres de l'ouvrage d'ailleurs, des instructions les plus
récentes de l'Administration de l'enregistrement et des dernières
décisions de la jurisprudence Nous y remarquons notamment
l'analyse des solutions divergentes données par la régie et par
des tribunaux sur l'interprétation de la loi de 1908 relativ e à l'éva-
luation du revenu des immeubles. Le livre de M. Castillon n'est,
il est vrai, qu'un manuel; mais, dans une matière aussi hérissée
de difficultés que celle de l'enregistrement, ce manuel, qui, du
reste, renvoie aux répertoires de jurisprudence et aux ouvrages de
doctrine, nous semble un fil conducteur presque indispensable à
quiconque se trouve dans l'obligation de pénétrer dans les dédales
du droit fiscal.
18. — M. Ch. Lescœur, professeur à la Faculté libre de droit
de Paris, a recherché, il y a quelques années, Pourquoi -mt comment
on fraude le fisc. Le spirituel volume qu'il a publié sous ce titre
et qui, par parenthèse a bien fait son chemin, vient d'être suivi
— 49/i —
il 11 II sceund, non moins inti'iessanl : Les Coffres-forts et le. fisc.
Au vioux coffre-forl de nos pères on préft'rait, dans ces deniiers
tenips, le dépôt dos fonds et des titres dans les banques; on était
ainsi dispensé de surveiller les tirages et de détacher les coupons
do ses valeurs. Mais le fisc, toujours. aux aguets, y a trouvé son
«oinple; une loi lui a donné le droit de se faire communiquer les
iivi'cs des sociétés de crédit, et ainsi tout ce qui y est inscrit ne
peut plus lui échapper. Alors a commencé la grande hégire des
capitaux vers les banques étrangères. Ah ! les banques suisses,
quelle chandelle elles doivent à nos législateurs! pour se défendre,
nos banques françaises ont imaginé les côfTres-forts à comparti-
ments, qu'elles louent à leurs clients. Là, du moins, les titres
peuvent encore rester à l'abri de l'œil inquisiteur des agents de
l'enregistrement. Mais, attendez un peu, le dernier mot n'est pas dit.
Tels do nos députés n'ont pas de plus grand souci que de dépister
les ruses des capitalistes; sur ce chapitre, les propositions succè-
dent aux propositions. L'un veut que le juge de paix vienne mettre
les scellés après le décès de quiconque est soupçonné d'avoir quel-
ques économies; l'autre prétend imposer aux héritiers un en^oi en
possession spécial pour les titres déposés à l'étranger, sous ;)oine
de voir ces titres attribués par la loi aux héritiers subséquents...
M. Lescœur expose et • discute, scientifiquement et plaisamment,
toutes ces idées, plus ou moins saugrenues, de parlementaires aux
abois. Elles seront peut-être bientôt des lois, mais il est [«unis
d'en rire..., on attendant qu'on en pleure.
Maurice Lambert.
OUVRAGES POUR LA JEUNESSE
Romans, co.ntes et nouvelles. — 1. Maison hanlte. par Marv.\w. J'aris, Ha-
chette, s. d., in-H", allongé de 322 p., illustrations d'après Casimacker, 3fi. .^0.
— 2. Pendant la l'erreur, par L. d'Oper.n'V. Paris, Union, s. d., in-8 de vi-
277 p., 3 fr, — 3. l.a Violoniste, par Marthe IjAChf.S]-,. Paris, Henri Gautier,
s. d., in-12 de 309 p., 3 fr, — ■'i. Mémoires d'un piètre d'hier, par E. Dfs-
.siAUX. Paris, Téqui, 1911, iii-12 do 355 p., 3 fr, — 5. Les Chemin<t tortueux,
par PAULMiM\NnE. Paris, Henri Gautier, s. d., in-12 de 319 p., 3 fr. — fi.
Catherine Aubier, par Yvette Pro&t. Paris, Colin, 1912, in-18 de 275 p., 3 fr. .''tO.
— 7. Les Demoiselles du A' o'él- Fleuri, par Planche Lecrand. Paris, Hachette,
s. d., in-1fi allo'nj^'é de 393 p., illustrations d'apr''s (^^asimacker et Mahut, 3 fr. .^0.
— ■ 8. Une Dette, par O. 1,av\».ette. Paris, Henri Ga\ilier, s. d., in-12 de 318
p., 3 fr. — 9. ./> Mysttie de Hoche brune, par M'"" Giu'.ron he ia Bruyi-be.
Paris, Haton, s. d., in-18 de 287 p.,3fr, — 10. Cousine Sans-Ccne, par Rocer
Dombre. Paris, Colin, s. d., in-18 de 359 j)., 3 fr. 50. — 11, Les Neceux de
tar.te Lielphine, par A. nr PiTTEiins. Paris, Lethielleux, s. d., in-12 de 2'i'i p.,
2 fr. 50. , — 12. Les plus telles Histoires à faire lire aux enfants, contes, trans-
crits par Maurice Poichor. Paris, Colin, 1911, in-32 de 213 p., 1 fr. 25. —
13. La Princesse M antza, pur Pf.i\c\ .1. J!i>,ehneu; trad. de l'anglais par Pierre
\ozA\. Paris, Hennuyer, s. d.. in-IK de 35' p., 3 fr. 50. — 14. Le Galon ^
b
— 495 —
d'nr^ par Lucie des AnF.r. Paris, Haton, f. d., in-18 de 251 p., 2 fr. — !'>.
Double Conquête, par Dupin de SAiNT-A.NPRr. Paris, Hetzel, i«-16 de 338 p.,
illustr. de P. Destez, 3 fr, — 16. La Colonhe de Jiudsay-Mnnor, pnr M. Dflly,
Paris, Maison de la Bonne Presse, s. d., gr. in-8 de 109 p. à 2 colonnes, illustr.
de Jordic, 1 fr, — 17. Les Aubrpine.^, par Michel Auvray. Paris, Haton,
p. d., in-8 de 222 p.; 2 fr. — 18. Latiniste, par Louis Villarceau. Paris,
Œuvre d'Auteuil, s. d., iri-l8 de 28f. p., 3 fr. 50. — 19. Sur le sable, par
Marie Le Mière. Paris, Henri Gautier, s. d., in-12 de 320 p., 3 fr. — 20.
Feux jollct^, par Henry Risif.r. Paris, Henri Cautier, s. d., ir,-12 de 318 p.,
3 fr. — 21. Sans luruère. p;ir Jules Pravieux. Paris, Lethieljeu\-, s. d., in-12
de 205 p., 1 fr. — 22. La Fée du la/ Andrr, par M. de Harcoët. Pari:;,
Beauchesne, 1911, in-16 de 310 p., 3 fr. — 23. Saint-E'xupne-les-Chnsses, par
Frédéric Plessis. Paris, Maison de la Bonne Bresse, gr. in-8 de 100 p. à
2 colonnes, illustr. de .1. M. Jireton, 1 fr. — 2'i. Mes Vacanms. par Albert
CiM. Ppris, Hachette, 1912, in-8 de 187 p., illustr. de ^o gravures, 1 fr. 10.
— 25. Sur les têtes blondes, par Oeorces de Lys, Priris, Lethielleuv, s. d.,
in-12 de 219 p., 1 fr. — 2f.. Hommes et choses du '-ieux temps, par Maurice
Maindron. Tours, Marne, s. d., in-12 de 317 p., cartonné, illustrations de O.
Huillonnet rt 1 ix, 1 f»-. 50. — 27. Tes Corrpaqnons de l'Allimire, par .Jean
Guétary, Tours, Marne, s. d., in-12 de 'tO'' p., illustrations (^'Edouard Zier,
cartonne, 1 fr. 50. — 28. La Lune rviisse, par (Iiiampoj.. Tours, Manie, =. d.,
in-12 de 29'* |>., illustration'^ de René Lelong, cartonné, 1 fr. 50. — 29. l.eif
Contes de Vépce, i)ar Henry de Brisav. Tours, Marne, s. ri., in-12 de 277 p.,
illustrations de K. Giraudat. O. Guilionni>t, Lionel P.oyer et II. Ziev, c.artonné,
î fr. 50. — 30. La I- die du bojard [Kircha le Zaporo^), \^&vVkv\. Yalp. Tours,
Maine, «. d., in-1'2 de 30'. p., illnitralions de 0. Lhuer, cartonU'S '. fr. 50. --
31. Le Bonheur de Sirrone, par Georces P.eaume. Tours, Marne, s. d., in-12
de 308 p.", illustrations de P. Loubère, cartonné, 1 fr. 50. — 32. La Roche-
qui-tue, par Pierre Maei. Tours, Marne, s. d., in-12 de 400 p., illustr. de
Georges Scott, cartonné, 1 'r. 50. — 33. L'Éloile-du-Parifiqur, par Georges
Pkioe. Tours, Marne, s. d., iril2 de 348 p., illu'^tr. de Jordic, cartonné, 1 fr. 50.
— 34. Le* I>eux Antoinette, par FlR^EST Daudet. Tours, Marne, s. d., in-12
de 303 p., illustrations de G. Dutriac, cartonné, 1 fr. 50. — 35. Luric, par
Gar.iielle d'Arvoi!. Tours, Alauie, s. d., in-12 de 314 p., illustrations de Guydo,
cartonne, 1 fr. 50. — 3t>. La Re\>anche du passé, par L. Oi.iyiero. Tours, Marne,
s. d., in-12 de 298 p., illustrations de L. Bailly, cartonné, 1 ir. 50. — 37.
Le Château de la vieillesse, par Guy Chantepleure. Tours, Maine, s. d., in 12
de 372 p., illustrations de Lucien Métivet, cartonné, 1 fr. 50. — 38. Collier-
d'Or, par Dais 1 ET, L\umonmer. Tours, Marne, s. d., in-l.' de 319 p., illustr.
de M. Pille, cartonné, 1 fr. 50. — 39. Fille de preux, par Jean Guétary.
Tours, Marne, s. d., in-12 de 318 p., illustr, de L.-Ed, Fournier, cartonné,
1 fr, 50, -- -lO. La Demomelle blanche, par Charles Folky. Tours, Marne, s. d. ,
in r.' de 318 p., illustrations de G. L>utriac, cartonne, 1 fr. 50. — 41. Le R<i-
man de Vouvriére, par CuAEf.ES de Vitis. Tours, Marne, s. d., in-12 de 460 p.,
illustrations de Ed. Zier, cartonné, 1 fr. 50. — 42. Les Ctfnquéranti de l'air,
par Georges de Lys. Tours, Marne, s. d., in-12 de 291 p., illustrations de A.
Robida, cartonné, 1 fr. 50. — 43. le Reperd du tour du monde, par Léo.\
Berthaut. Tours, Marne, s. d., in-12 de 320 p., illustrations de A. Piobida,
cartonné, 1 fr. 50.
Pièces de théâtre. — i. la Passit)n de Notre-Seigneur Jcsus-Ckrist, drame-
m\ stère en 6 actes et 23 tubleaui, par l'abbé Joseph Ocer. Paris, Raton,
1911, in-8 de 125 p., 2 fr, — 2. Les Chrétiens aux lionsl drame en 3 actes
et épilogue, par Jehan Grech. Paris, Haton, s. d., in-16 de 108 p., 1 fr. —
3. La Rose de Jé/usalêm, mélodrame en 2 actes, avec prologue et épilogue,
par Cahîtas. Paris, Haton, s. d., in-18 de 69 p., 1 fr. — 4. Catdinette et Li-
bellule, opérette dramatique en 3 actes, par Jehan Grech, Paris, Haton, s, d.,
in-l S de 88 p., 1 fr. — 5. Au temps de la ganotte, opérette en 2 actes, pur
Ch. Le Roy-Villa:hs. Paris, Haton, s. d., in-12 de 70 p., 1 fr. —^ 6. Miss
Aéroplane, comédie en 2 acte.s, par Jacques d'Aes. Paris, Haton, s. d., in-18
— 496 —
de 70 p., 1 fr. — 7. Une Altesse en sabofs, opi'rett.e en 2 aites, pur i..h. Le
RoY-ViLT.AP.s. Paris, Haton, p. d., in-18 de 69 p., 1 fr. — 8. Une dure Leçon,
dialogue comique, par J. Bréi.ivf.t. Paris, Halon, '^. d., in- 18 de 12 p., 0 fr. 50.
— 9. La Femme bavarde, luonoinguo par j. Bh^livet. Paris, Haton, s. d.,
iu-lL' do 7 p. — ■ 10. Ambition] par \. jiKii.w. Paris, Savante, s. d., in-8 de
'iO p., 1 fr.
Romans, contes et nouvelles. ■ — 1. — L'étrange villa ita-
lienne, perdue dans les landes bretonnes, n'est pas une Maison
hantée par des esprits ou dos fantômes; elle est enveloppée d'une
atmosphère de souvenirs douloureux : espérances déçues et deuils
cruels. Chantai Dalryn devient le bon génie de la Maison hantée,
comme aussi la providence de ceux qui l'entourent. Dans ce volume,
Mme Maryan décrit, avec sa délicatesse accoutumée, les sites d'Ita-
lie et de Bretagne, où se déroulent son histoire et le monde des âmes,
plus intéressant encore, dans lequel son héroïne, nature généreuse
et intuitive, exerce une influence heureuse pour tous. La note reli-
gievise dont le volume est pénétré n'est ni agressive ni en-
nuyeuse et les leçons de courage et de renoncement qui ressortent
tout naturellement du récit ne sont jamais présentées sous forme
de sermons.
2. — L'auteur de Pendant la Terreur, M. L. d'Oberny, en se
servant d'ouvrages récemment parus sur cet émouvant sujet, a com-
posé un récit où se meuvent des personnages véritables, auxquels
il a donné la physionomie que leur reconnaît l'histoire : la famille
royale, la courageuse Anglaise Madame Atkins, la servante Rosalie
Lamarlière, le concierge Richard, Rougeville le chevalier de l'Œil-
let, etc., y apparaissent tour à tour. Le livre est écrit avec facilité,
il a l'avantage de rappeler, sous la forme d'un roman, des faits
réels qui sont présentés sous leur vrai jour et, à ce point de vue,
il est à recommander. Rien n'est inutile de ce qui contribue à pein-
dre sous son aspect exact cette Révolution dont les manuels officiels
dénaturent de parti pris le caractère, et ce volume sera sûrement
lu avec profit et intérêt par les jeunes gens auxquels il est destiné.
3. — La Violoniste, qui donne son nom au volume, est une jeune
fille d'origine française et d'éducation italienne dont le père a aban-
donné sa famille pour suivre sa vocation musicale. Il meurt et
Carlotta revient auprès de sa famille de France; mais, quand celle-ci
est ruinée, elle reprend sa vie d'artiste pour lui venir en aide.
Tyrannisée par une Américaine milliardaire, qui use de son talent
comme d'un jouet de prix, Carlotta sauve les enfants de sa protec-
trice d'une mort atroce et celle-ci, attendrie et reconnaissante, lui
attribue une dot qui lui permet d'épouser l'homme de son choix.
Ce roman de M"^^ Marthe Lachèse est écrit avec facilité, mais
le style manque parfois de vigueur; la note religieuse est juste et
r»;iv<MiL(!. Notons (IjinB les iioniB et LiLn'S ;iii^liii>s (jiicl()U(!.s Icj^ùrcs
erreurs, qui passtiront probablemont inupricucH de I;i plupjiil des
lecteurs françuiB.
'\. — L'auteur tlu livre intitulé : Méinoire.s d'un prélre d'hier,
M. K. I)(!ssiaux, nous dit, dans sa Préface, que ces Mémoires sont
l'aiitobiogi'aphir d'un de ses amis, mort depuis peu, (it il ajoute
(juo son but, en les publiant, est d'fincourager d'autres ecclésias-
tiques dans leui' ministère parfois épin(!ux. Le piètre, auteur pré-
sumé <lu récit, est llls d'ouvrier et passe sa vie dans une cure
de village. 11 raconte sa vio assez uniforme, ses peines, 8(î8 joies,
ses déceptions; tout cela est très simple et beaucoup de vies de
prêtr<îs doiviMit ressi nd)ler h celle-ci. Signalons surtout dans ces
|)ages le souci de toujc^urs faire mieux, tendance qui donne aux
plus petites choses une réelle grandeur.
f), — (Vest en suivant Iva Oicmins lortueux (pi'Albei't l'iSSartier
de Précigny, jeune magistrat, anivisie dans l'âme, assure sa carrière
et brise son foyer. Quand elle s'aperçoit que, par ambition, son
mari s'est fait délat<iur <!t qu'il (ist devenu l'instrument des Loges,
sa femme le quitte pour élever ses ihnw fils dans les traditions que
renie leur père. Les Chemins tortueux n(! piofiUnt pas à la longue
à Kssarticr, car il est assassiné mystérieusement au monuMit où il
Songe à divorcer pour épousci' une milliardaire, dont la foitune
servira ses rêves ambitieux. Le meurtrier lesln introuvable et les
s(nipçons s'arrêtent sur Michel, b; fils cadet d<î la vi(;tini(!, qui est
v(înu 1(! voir pour piotiîstei' contre le pjojet de divorce. Michel est
arrêté; mais, en temps opportun, l<i vrai coupable se découvre: c'est
un aventurier yankee qui, voulant lui aussi é])Ouser la milliardaire,
trouve tout sinq)le de supprimer soji rival. Après avoir fait des
aveux, l'assassin se suicide et Michel est pleinement innocenté.
L'ouvrage de M. P. Mimandc, suitout l'épisode de l'amîstation,
est bien mené, dans un esprit (ixcc^llent, mais le style de l'auteur
gagnerait à être parfois plus simple.
6. — La donnée de Catherine. Aubier, par M""' Yv(;tte Prost,
est à la fois actuelle et morale, puisque l'héroïjie du roma/i, petite
paysanne, renonce à entrer à l'École de Sèvres en vue de devenir
institutrice, et, malgré ses brevets, n^prend, par des motifs très
louables, son humble tAch(! de « terri«iinie », Le style de l'auteur
est al(!rtc et clair; il révèb; une <;(!rtain(! coimaissance do l'âme
enfantine et il ne manque pas d'un»; pointe d'humour, qui le relève
agréablement. Pourquoi faut-il ajouter un correctif à (îet éloge?
La not(! d(; (m; livr<î bien écrit et, à certains points d(î vue. bien
pensé, (!st absolument laïque; l'auteur représente comme suffisant
pour former les âmes d'enfants les leçons de nKtrale d'une institu-
JuiN 1912 T. CXXIV. 32.
— 498 —
trice philosophe qui est une « sainte » laïque, tandis que le cuii',
qui seul incarne l'élément religieux, apparaît sous un aspect plutôt
déplaisant. Qu'il y ait des curés bourrus et vulgaires nul ne le
nierai; mais représenter à des lecteurs très jeunes un prêtre désa-
gréable en face d'une laïque d'une rare élévation d'âme, n'est
peut-être pas très heureux. Cette réserve faite, le volume, répé-
tons-le, est bien écrit et les paysans y sont bien vivants, plus
naturels peut-être que l'institutrice pédagogue et philosophe, dont
les dissertations paraissent quelquefois bien abstraites pour des
cerveaux campagnards.
7. — Les Demoiselles du Noël- Fleuri ont des allures de personna-
ges de légendes. La cadette, Myrtille, épouse son cousin Stephen,
négociant très riche; elle meurt laissant deux filles jumelles, après
avoir exigé de sa demi-sœur Anne la promesse d'épouser à son tour
Stephen pour élever les orphelines. Anne, qu'on nous représente
cependant comme indépendante, intelligente et volontaire, sous-
crit à ce pacte bizarre; elle épouse Stephen sans amour, pour
obéir à la morte, puis se met à l'aimer et s'en fait des scrupules,
au milieu desquels elle se débat péniblement. Avant qu'elle n'ait
trouvé à ses tourments la seule solution raisonnable, celle d'ai-
mer pour tout de bon l'infortuné Stephen qui l'adore, celui-ci
meurt. On le voit, ce roman de M™^ Blanche Legrand est plutôt
triste; mais on peut en louer la note religieuse, les jolies descrip-
tions du Haut Jura et y relever aussi quelques types de paysans
qui ne sont pas sans saveur.
8. — Line Maubert, fille d'un riche banquier de Lyon, est au
moment de faire un mariage selon son cœur quand elle découvre
que son père a Uiie Dette, que le sacrifice de sa fortune tout entière
pourrait seule acquitter. En elïet, cette fortune appartient à une
pauvresse, à qui ses malheurs financiers ont fait perdre la raison.
AL Maubert refuse toute réparation; alors Line le quitte, rompt
son mariage et. se dévoue aux pauvres et aux malades dans une
pens'Je d'expiation. Les prières qu'elle adresse à Dieu sont enten-
dues puisqu'elle recueille de son père mourant l'aveu de sa faute
et qu il l'autorise à la réparer pour lui. 11 semble que Line n"a
plus alors qu'à épouser son ancien fiancé qui, au courant de tout,
désire ardemment reprendre les projets de jadis; mais elle a décidé
de continuer sa mission d'expiation et l'on devine que Jean Marest
fera, comme elle, le sacrifice de son bonheur personnel à la cause
de la charité. Le style de l'auteur, M. 0. Laval ette, est facile;
l'analyse que nous venons de faire de son récit donne la mesure
de ses sentiments religieux.
9. — Moins tragique est le Mystère de Rochebrune , bien qu'il y
— 400 —
soit question de brigands. La petite Italienne Gaétana, trouvée et
adoptée par une famille française, découvre que son véritable père
a été, malgré lui, affilié à une bande de brigands. Mais cet homme,
plus faible que pervers, expie par un acte de courage son erreur
passée et Gaétana, rendue à son pays, y /ait un mariage heureux.
De jolies descriptions du Midi agrémentent ce nouveau roman de
Mme Chéron de la Bruyère, où la note morale n'est jamais en-
nuyeuse et où la pensée religieuse est discrète et juste.
10. — Cousine Sans-Gêne est une histoire assez invraisemblable,
mais joliment contée par M'"^' Roger Dombre. Renée de Bercueil,
la « cousine Sans-Gêne », accepte, puis abandonne son héritage
avec une rare désinvolture. Par lassitude de la campagne, elle re-
vient à Paris, laissant son château de Provence, « la Maraude »,
à son cousin Hugues do M(M*gallec. Celui-ci est non moir.s géné-
reux et, d'accord ave<- Renée, le million et demi dont il a hérité,
conjointement avec sa « cousine Sans-Gêne », est partagé entre
une tribu de cousins et de cousines, très méritants du reste , dont
les uns sont épousés, les autres dotés par ces millionnaires" peu
ordinaires. De charmantes descriptions de la Provence agrémen-
tent ces* pages écrites avec entrain.
11. — Les Neveux de tante Delphine offrent plutôt une série de
scènes enfantines qu'un ouvrage suivi. 11 convient aux petits lec-
teurs de sept et de huit ans; les dialogues sont très vivants, le
style simple, et un esprit religieux approprié aux petits a inspiré
l'auteur, M'"® A. de Pitteurs.
12. — Voici encore un livre destiné aux petits : Les plus belles
Histoires à faire lire aux enfants. M. Bouchor explique, dans sa
Préface, la pensée qu'il a eue de recueillir les contes les plus beaux,
en les accompagnant de notes et de commentaires. A côté du Petit
Poucet, du CJiaperon-Rouge, de CendriUon, de Biquet à la houpe et
autres vieilles connaissances, nous avons quelques contes moins
Connus venus de Provence et même de Corse. Les commentaires
qui accompagnent ces contes S(int simples et clairs, comme il con-
vient pour les enfants, mais on regrette de n'y trouver qu'une
morale purement laïque et sociale; une note religieuse, si discrète
qu'on la suppose, y aurait une place tout indiquée puisqu'il
s'agit de dégager les leçons de morale qui se cachent sous un récit
amusant.
13. — Un jeune Anglais, Desmond Ellery, victime d'une atroce
injustice, quitte son pays' et va chercher l'emploi de son énergie
dans le petit royaume de Wallerie, dont les puissances européennes
se disputent le protectorat. Il s'y fait le champion de la Princesse
Mariiza, dépossédée de son trône p?,r le roi Fenlinfind; mais après
- ÔOO —
mille aventures dramatiques dont il sort sain et sauf, par une
espèce de miracle, Ellery est foîcé d'abandonner son entreprise et,
comme tout bon roman, celui-ci se teimine par un mariage. La
princesse renonce à une couronne qui ne paraît pas, tant s'en faut,
une couronne de roses, rentre dans la vie privc'e et épouse le capi-
taine qui l'a si vaillamment servie. Ce rcman de M. Peicy J. Breb-
ner, traduit de l'anglais par M. Piene Nozan, est parfaitement
moral et assez mouvementé pour plaire aux jeunes lecteurs -avides
d'aventures périlleuses, car les sauvetages, les ccmplots, lesguets-à-
pens s'y enchaînent de façon à captiver leur attention.
14. — Dajis le Galon d'or, certains aspects de la question so-
ciale sont traités par M'"^ Lucie des Ages sous une forme familière
bien faite pour être comprise par les jeur.es. Ce récit leur fait con-
naître aussi quelques-unes des œuvres si nombreuses établies à Pa-
ris pour moraliser les enfants de la classe ouvrière : patronages,
colonies de vacances, etc. Sans ces œuvres, le petit Marcel serai't
un anarchiste et un apache. Ces choses sont dites, non pas sous la
forme d'un sermon, mais avec simplicité et entrain, de façon à
intéresser les enfants de huit à dix ans, pour qui le volume est
écrit.
15. — L'héroïne de Double Conquête est une jeune Parisienne
que la santé de son demi- frère, le petit Roger, oblige à habiter
à Orthez chez la grand'mère de l'enfant. Les débuts de Marianne
Mercier sont difficiles, mais la jolie Parisienne a de la tête et du
cœur; elle fait la conquête de sa revêche hôtesse et aussi celle,
beaucoup moins difficile, d'un jeune médecin, le D'" É'iie Perrier,
qu'elle épouse pour leur mutuel bonheur. Le volume de M. Dupin
de Saint- André est écrit avec agrément, et la bonne humeur avec
laquelle Marianne fait face aux difficultés, petites et grandes, de
la vie de province, potinière et critique, la rend tout à fait sym-
pathique.
16. — La Colombe de Budsay-Manor, par M. Delly, histoire plus
dramatique que vraisemblable, est inspirée par un excellent esprit.
La « colombe », petite âme irrocente, rachète par sa mort les
fautes de ses aïeux et â('U^ ne la malédiction qui pesait sur sa
race.
17. — Dans les Aubépines, nous avons l'histoire très simple, racon-
tée dans un style assez ordiraiie, d'ure jeune fille orpheline qui,
transplantée dans un mib'eu sntiielipieux, réussit, peu à peu, à con-
soler, à secourir et surtr i t à améliorer son entourage; comme on
le voit, les sentiments qui ort ir spire M. Michel Auvray sont très
louables.
18 — Non moins vive est la note religieuse de Zo^mwte. M. Louis
— 501 —
Villarceau évoque la vie d'un petit séminaire il y a quelque vingt-
cinq ans. Il règne dans ces pages un souffle honnête et chrétien,
et, à travers des souvenirs de collège, sont semées des idées justes
sur l'éducation morale et classique de la jeunesse. Mais ce livre
n'est pas à proprement parler un roman, c'est plutôt une se rie
des réminiscences de la vie de collège, dont l'auteur semble avoir
gardé le meilleur souvenir.
19. — Lucien Valdanne, savant orgueilleux et incroyant, se trouve
avoir bâti Sur le sable une carrière qu'il a voulu diriger par ses
seules lumières, en dehors des influences religieuses qu'il méprise
profondément. L'échec de son ambition, une peine de cœur, une
trahison qui menace son honneur de patriote, en détruisant ses
rêves orgueilleux, ouvrent cette âme hautaine à la vérité éternelle
qui seule donne à la vie son véritable sens. Sa sœur Monique,
élevée comme lui sans religion, est amenée au même but par un
autre genre d'épreuves. La pensée qui a inspiré W^^ Marie Le
Mière est élevée et chrétienne, son style est facile; l'épisode de
Gladys, la «reine de l'or », serait peut-être invraisemblable s'il ne
s'agissait pas d'une Américaine millionnaire, à qui l'on peut sup-
poser toutes les originalités.
20. — Les /'ewa; /o/Ze/5 que poursuivent les héros de M. Henry Bister
les entraînent vers la ruine physique et morale. Etienne et Guil-
lemette de Verchamps, issus d'une race illustre, mais pauvre, rê-
vent surtout une vie facile; Claude Dartigue, la petite bourgeoise
honnête, dont les écus redorent leur blason, est aussi ambitieuse
qu'eux, à sa façon, et, en poursuivant le « feu follet » d'un ma-
riage aristocratique, elle ne rencontre que déceptions. Le plus an-
tipathique comme le plus conséquent des personnages, est Louis
Berthier, le fiancé éconduit de Guillemette, qui d'un obscur méde-
cin devient ambassadeur de la République. C'est le seul dont les
rêves se réalisent. Il manque à ce volume, parfaitement hornête,
une note religieuse et un idéal plus élevé.
2L — Dans Sans lumière, M. Julien Pravieux raconte l'histoire,
peut-être un peu poussée au noir, mais intéressante et bonne à
répandre, d'une paroisse d'où un curé doit s'éloigner, par la faute
des habitants. La condition lamentable de ce village « sans lu-
mière » est décrite dans un style poignant : les crimes s'y multi-
plient, les mauvaises passions y dominent, la misère matérielle y
grandit de pair avec la détresse morale. En somme, nous avons ici
un bon livre d'actualité qui, sous la forme d'un récit fictif, touche
à une question brûlante : l'influence moralisatrice et civilisatrice
du prêtre au xx^ siècle.
22. — La Fée du Va] André a également une note actuelle, car
— 502 -
l'auteur y traite la question sociale, sous la forme d'un roman.
11 nous montre des types de grévistes révolutionnaires, d'indus-
triels riches et bien intentionnés et aussi un marquis, trop arriéré
d'idées pour être vraisemblable; on aimerait voir personnifier au-
trement la vieille aristocratie, dans un volume où il y a tant d'idées
bonnes et saines. Au milieu de ce monde varié, M^^^ de Trémazan,
la « fée », exerce une influence bienfaisante. Cette influence devien-
dra encore plus puissante quand, par son mariage avec l'indus-
triel René Darney, la jeune fille acquerra droit de cité dans le
monde des ouvriers, et travaillera, de concert avec son mari, à leur
régénération sociale, dans le sens chrétien du mot, le seul vrai.
L'auteur, M"^^ de Harcoët, a dédié son livre au comte Albert de
Mun, dont les idées généreuses sont reflétées dans ses pages.
23. — Saint-Exupère-les-Châsses, par M. F. Plessis, a pour théâtre
la Basse-Normandie; l'esprit en est bon et la note religieuse y do-
mine: mais il ne faut pas y chercher des aventures bien sensation-
nelles. C'est, en somme, l'histoire de deux sœurs, Marie-Armande,
ambitieuse et coquette, qui affiche une philosophie antireligieuse,
et Marie-Claire, très ferme et très douce, modeste et pieuse. La
première fait pas mal de bruit et peu de bien, la seconde exerce
sur son entourage une influence où son exemple, encore plus que
ses paroles, joue le principal rôle. Autour des deux sœurs se meu-
vent quantité de personnages secondaires : paysans normands,
châtelains, bourgeois, instituteurs et curés, assez vivants pour avoir
été croqués d'après nature.
24. ■ — Le volume de M. Albert Cim intitulé : Mes Vacances^
est un recueil d'histoires écrites dans un style facile, coulant,
tour à tour gai ou ému; il convient aux enfants de sept à huit ans.
25. — On connaît l'esprit chrétien, le style élégant et aisé de
M. Georges de Lys; son nouveau volume : Sur les têtes blondes i^os-
sède les mêmes qualités morales et littéraires que ses précédents
ouvrages. La figure de son héroïne, Anne Duguay, est douloureuse;
sa vie est brisée par l'accusation injuste portée contre son frère,
brillant officier, dont elle a admis, trop facilement peut-être, la
culpabilité rt, pour ne pas révéler sa triste histoire, elle repousse la
main d'un jeune homme qui l'aime, plus tard, l'innocence de René
Duguay est reconnue et le condamné d'hier est réhabilité d'une
façon éclatante, mais il est trop tard pour sauver la vie du jeune
officier, miné par le chagrin, et pour rendre à sa sœur le bonheur
qu'elle a sacrifié. Elle s'en console en déversant Sur les têtes
blondes des enfants du peuple, le besoin de dévouement qui est
dans sa nature.
26. — Dans le^ volume intitulé : Hommes et choses du vieux
— 503 —
temps, M. Maurice Maindron étudie quelques épisodes historiques
peu ou mal connus; il le fait avec un sens juste et dans un styl((
sobre et coloré, qui rend la lecture, de ce petit livre aussi intéres-
sante qu'instructive. Un des chapitres les plus attrayants est celui
que l'auteur consacre au maréchal de Guébriant, héros modeste
et peu connu, dont le duc d'Aumale a dit : « qu'il ne fit que le
bien et ne pratiqua que le devoir ».
27. — Avec les Compagnons de l'Alliance, M. Jean Guétary met
en scène le chevalier de Maison-Rouge ou, plus exactement, de
Rougeville, qui, après avoir tenté de délivrer Marie-Antoinette de
la Conciergerie, fut fusillé à Reims, en 1814, par les ordres de Na-
poléon. Si le principal personnage de ce roman a réellement existé,
d'autres épisodes sont imaginaires, mais ils forment un ensemble
intéressant, bien écrit, dans un excellent esprit.
28. — La Lune rousse est ici le contraire de la lune de miel.
M. et M""^ Jupin ne rappellent que par leur âge Philémon et Bau-
cis, et le peu de fusion qui existe dans cet antique ménage est
pour leur petite-fiUe Marguerite une utile « leçon de choses »:
elle jure de n'épouser qu'un homme qu'elle aimera et elle tient
parole. On nous fait même pressentir que ses heureuses fiançailles
inaugureront chez ses grands- parents une ère meilleure et que,
chez eux, la lune rousse pourrait bien devenir une véritable lune
de miel. Ce récit conté dans un style gai, vif, alerte, aura un
succès pour le moins égal aux autres ouvrages de l'auteur popu-
laire qu'est M. Champol.
29. — Les Contes de l'épée, de M. de Brisay, sont de courtes
histoires de guerre, racontées avec simplicité et entrain. Elles se
passent à des époques et dans des lifeux très difTérents; mais les
plus émouvantes ont pour théâtre l'a presqu'île de Quiberon, de
tragique m moire.
30. — Dans la Fille du boijard, M. Paul Yalb prend pour cadre
de son roman la guerre civile qui, au commencement du xvii® siè-
cle, bouleversa la Russie. L'histoire est dramatique, mouvementée,
parfaitement morale, mais peut-être un peu confuse, tant les per-
sonnages y sont nombreux et les épisodes multipliés.
31. — Par contraste, le Bonheur de Simone, par M. G. Beaume,
est une histoire contemporaine dont l'intérieur d'un percepteur de
province est le cadre terre à terre. Ce percepteur, M. Chably, se
laisse entraîner à des spéculations de bourse, à l'instigation d'un
riche industriel qui, furieux des pertes subies, dénonce son malheu-
reux complice; celui-ci perd sa place; mais, à la fin, tout s'arrange,
et Simone épouse le fils de son ennemi qui, honteux de sa dureté
passée, se décide à l'accueillir comme sa fille.
— 504 -~
32. — plus mouvementé est le roman de M, Pierre Maël
intitulé : La Roche-gui-tue : c'est l'histoire d'une morte vivante,
de Chouans, de contrebandiers, de Bleus, et elle se déroule en Bre-
tagne, en pleine Terreur. Les jeunes lecteurs en aimeront les péri-
péties dramatiques et aussi les illustrations vraiment jolies et pit-
toresques.
33. — L' Étoile-du- Pacifique, bateau gigantesque, lancé à la Seyne,
près de Toulon, sera une station flottante fixe qui, à l'aide de la
télégraphie sans fil, se tiendra en communication avec les vais-
seaux en marche comme avec la terre ferme. L' Étoile-du- Pacifique
rencontre dans l'accomplissement de sa tâche des difficultés et des
dangers qui sont racontés par M. Georges Price avec une abondance
de détails techniques et un entrain qui rappellent les ouvrages de
Jules Verne, délices des générations précédentes; celle d'aujourd'hui
accueillera avec non moins de plaisir ce volume, auquel le récent
et tragique naufrage du Titanic, autre vaisseau gigantesque, donne
une sorte d'actualité.
34. — Les Deux Antoinette, par M. Ernest Daudet, est l'histoire
ingénieuse et bien contée d'une substitution d'enfants. Une petite
fille, élevée par un chef de gare de province, qui l'a recueillie
des mains de sa mère mourante, se trouve être la fille d'un mil-
lionnaire, tandis que la fille supposée de celui-ci est l'enfant d'une
pauvre couturière. Les deux Antoinette, la vraie et la fausse, ont
des qualités qui leur sont communes, grâce auxquelles la vraie
Antoinette rentre dans ses droits sans léser ceux de son homonyme.
35. — L'ouvrage de M™^ Gabrielle d'Arvor : Lucie, a été cou-
ronné par l'Académie française; les sentiments en sont excellents,
le style en est aisé et certaines descriptions, celle, par exemple,
de l'inondation de la Gai^onne, ont de la vie. Lucie, jolie, ambi-
tieuse et frivole, est une des victimes de cette catastrophe qui lui
enlève ses parents et sa fortune, mais qui lui apporte, à ce prix,
un sens plus vrai de la vie et de ses devoirs. La leçon est dure,
mais on peut espérer que, sous ses dehors cruels, elle cache le
secret d'un plus solide bonheur.
36. 37, 38, 39, 40, 41, 42 et 43. — Les ouvrages compris sous
ces huit numéros ont tous fait l'objet de comptes rendus à l'épo-
que où ils ont paru pour la première fois comnif livres d'étren-
nes, en des éditions luxueuses et de grand format et de prix trop
élevés pour être généralement utilisés comme récompenses scolaires
ou pour être placés dans des bibliothèques populaires. Mais, depuis,
la librairie Mame nous a donné de ces mêmes ouvrages ime édition
nouvelle, de format in-12, d'un bon marché remarquable. Ils pour-
ront donc, avantageusement, servir à ce double usage. Ne pouvant
'^ 505 —
revenir sur leur contenu, nous devons nous borner à renvoyer aux
articles déjà publiés et que l'on trouvera comme il suit dans le
Polyhihlion : 36. La Revanche du passé, par M. L. Oliviero (juin
1910, t. CXVIII, p. 505-506); 37. Le Château de la vieillesse, par
M. Guy Chantepleure (décembre 1900, t. LXXXIX, p. 506); 38.
Collier d'Or, par M. Daniel Laumonier (décembre 1901, t. XCII,
p. 498-499); 39. Fille de preux, par M. Jean Guetary (décembre
1903, t. XCVIII, p. 493); 40. La Demoiselle blanche, par M. Charles
Foley (décembre 1905, t. CIV, p. 502); 41. Le Roman de l'ouvrière,
par M. Charles de Vitis (décembre 1908, t. CXIII, p. 496); 42.
Les Conquérants de l'air, par M. Georges de Lys (décembre 1910,
t. CXIX, p. 503, 504); 43. Le Record du tour du monde, par
M. Léon Berthaut (décembre 1911, t. CXXII, p. 491, 492). Cette
édition, élégamment cartonnée et dont le succès n'est pas douteux,
est ornée d'un certain nombre de jolies gravures qui illustraient
l'édition de luxe.
Pièces de théâtre. — 1. — La Passion de Notre-Seigneur Jésus-
Christ, par M. l'abbé Joseph Oger, est un drame-mystère en vers,
en 6 actes et 23 tableaux; dans sa Préface, 1 auteur déclare qu'il
a suivi pas à pas l'Évangile, se faisant un devoir d'éviter les
inventions romanesques qui déparent toujours le plus auguste des
drames. Il y donne, en même temps, des explications pratiques
pour faciliter aux directeurs des œuvres catholiques la représen-
tation d'une pièce à laquelle l'autorité ecclésiastique a donné son
approbation et qui ne peut impressionner que favorablement l'au-
ditoire auquel elle est destinée.
2. — On pourrait en dire autant du drame : Les Chrétiens aux
lions, composé pour les jeunes gens par M. Jehan Grech et dont
les 17 rôles sont tous des rôles d'hommes. L'action se passe à
Rome au m® siècle et rappelle l'époque héroïque de l'Église nais-
sante.
3. — La Rose de Jérusalem, mélodrame en 2 actes avec prologue
et épilogue, par M. Caritas, a 12 rôles, tous pouvant être remplis
par des femmes. L'action se passe aux temps des croisades et l'hé-
roïne est une jeune chrétienne qui, tombée aux mains des infidèles,
et élevée dans leur culte, reconnaît enfin sa vraie mère et embrasse
la foi catholique.
4. — Catelinette et Libellule, les deux jeunes Caraïbes, qui donnent
leur nom à la pièce de M. Jehan Grech, sont amenées à la cour
de Louis XIV, où, grâce à la protection de la Reine, elles sont
élevées en bonnes chrétiennes et en bonnes Françaises. Cette opé-
rette dramatique compte plus de 20 rôles, tous de femmes, et,
parmi les personnages, paraissent les deux Reines et la future Ma-
dame de Maintenon.
— 505 —
5. — Au temps de la gavotte, opérette en deux actes pour jeunes
filles, est dans une note plutôt gaie; elle renferme 13 rôles, qui
sont tous des rôles de femmes. Une partition musicale complète
cette pièce de M. Ch. Le Roy Villars.
6. — Miss Aéroplane, comédie en deux actes, est écrite pour
les jeunes filles et renferme 6 rôles féminins. L'action se passe à
Chicago; l'héroïne, fille d'aviateur, devient aviatrice à son tour,
pour les besoins de la pièce de M. Jacques d'Ars; mais elle tombe
dans un lac et n'est sauvée de la mort que par le dévouement,
d'une petite servante noire qu'elle a jadis protégée contre les ta-
quineries de ses compagnes. *
7. — Une Altesse en sabotsl par M. Ch. Le Roy- Villars, est la
contre-partie de Au temps de la gavotte, écrite pour jeunes gens.
Il y a aussi 13 rôles, tous masculins.
8. — Une dure Leçon, par M . J . Brélivet, est un dialogue co-
mique destiné aux jeunes gens, avec deux rôles tenus par un Fran-
çais et par un Anglais.
9. — La Femme bavarde, du même auteur, est un monologue
assez drôle et pas trop long.
10. — Avec Ambitionl nous rentrons dans la série des pièces
historiques. Celle-ci renferme 7 rôles d'hommes; le héros en est
Crispinus qui, sous le règne de Julien l'Apostat, se trouve aux
prises avec les mêmes difficultés que doivent affronter de nos jours
les parents soucieux de l'âme de leurs enfants; cette similitude
donne à la pièce un certain caractère. Comme les sectaires du
xx« siècle, l'Empereur philosophe voulait moins tueries corps qu'ac-
caparer les intelligences et les âmes.
Comtesse de Courson.
THÉOLOGIE
L.'Évan$;ile et le temps présent, par l'abbé Élie Pebbin. Nouvelle
édition. Paris, Tequi, 1910, in 12 de xi-372 p. — Prix : 3 fr. 50,X)-^af
Sur l'évangile de chaque dimanche, l'auteur formule quelques
réflexions courtes et suggestives. Le titre de son livre avertit assez
qu'il entend ne rien proposer à ses lecteurs qui ne les touche de
près, et ce n'est pas un médiocre mérite d'y avoir atteint. A vrai
dire, le lien qui rattache au texte sacré les applications proposées
n'est pas toujours très strict. Ceux qui pensent que l'Évangile est
de tous les temps se persuadent que c'est l'idée même du Christ
et la moelle de sa prédication qui ne vieillit pas et qu'une médi-
tation un peu profonde suffit à la dégager toujours séduisante.
— 507 —
Seul, le superficialismc lasse le « temps présent », ou plutôt il
lasse à tour de rôle toute époque qui ne reconnaît ni sa vive image,
ni ses besoins profonds, dans les banalités qu'on lui sert. M. l'abbé
Perrin avait, ce semble, les dons requis pour être en ce sens plus
« évangélique » encore. Son ouvrage est vivant, d'une morale sûre,
pratique, intéressante. Il méritait une réédition. H • Grs.
SCIENCES ET ARTS
Knseignemenl, par Léonce Couture Pnris, Champion ; Toulouse,
Privât, lyil, in-« de xxx 10(i4 p. — Prix: 10 fr.
Personne n"a oublié, ici, les comptes rendus dans lesquels M. Léonce
Couture faisait connaître aux lecteurs du Polyhihlion les nouveaux
ouvrages de philosophie. On admirait sa compréhension, la largeur
d'esprit jointe à la sûreté de la doctrine, l'étendue et la variété
de l'information. On sait que notre éminent collaborateur était
doyen de la Faculté libre des lettres à l'Institut catholique de
Toulouse. Assistant à l'une de ses leçons, le cardinal Mathieu s'é-
criait : « Quel dommage que M. l'abbé Couture ait jeté sa pous-
sière d'or sur tant de petits chemins ! » Et, en effet, l'auteur d'in-
nombrables articles, remarquables à divers titres, non seulement
n'a jamais déployé sa maîtrise en composant un livre, mais encore
ne s'est jamais soucié de recueillir et de publier les études éparses,
ici ou là.
Un de ses fervents disciples, ami très fidèle, admirateur très
éclairé, M. le vicaire général Laclavère, n'a pas consenti à laisser
perdre ces pages précieuses. Sous le titre : Enseignement, il nous
donne un gros volume d'un riche contenu : philosophie et théologie,
études latines, grammaire et littérature françaises, grammaire et
littérature provençales, littérature étrangère, rapports, allocutions
lettres, préfaces.
Sans essayer de résumer tous ces travaux en lesquels l'érudition
la plus vaste et la plus précise s'allient à la vivacité et à la lim-
pidité de la pensée, indiquons quelques-uns des sujets abordés ou
traités par ce véritable maître. En 1888, il lisait au Congrès de
bibliographie un rapport sur vingt années de philosophie française
et il lui suffisait de quelques traits pour esquisser les systèmes et
apprécier les penseurs, avec une admirable et heureuse justesse.
L'année suivante, en son commentaire d'un fragment de Pascal
sur l'Eucharistie, il se bornait à quelques pages, modèle de cri-
tique textuelle et d'ingénieuse restitution pour montrer sa par-
faite connaissance de la philosophie cartésienne, sa documentation
- 508 -
théologique, la solidité et l'originalité de son exégèse. Les huma-
nistes savent avec quelle compétence et quelle sagacité il déter-
mina les lois du Cursus, ou rythme prosaïque, dans la liturgie et
dans la littérature de l'église latine, du iii^ siècle à la Renaissance.
Mais la finesse exquise du lettré n'était alourdie ni gênée
par l'énorme bagage philologique qu'il portait si allègrement : de
Montaigne à Victor Hugo, de Joinville à Sainte-Beuve, il savait
découvrir quelque coin inexploré de notre histoire nationale ou ra-
jeunir une question qui semblait épuisée et dont il nous révélait
des aspects inattendus. — Les romanisants trouvaient en lui un
guide lumineux, dont le culte pieux était dégagé de toute supers-
tition- et qui ne choquait point les hommes de sens, de mesure et
de goût, par cette absence de perspective, si souvent nuisible au
succès et au progrès des études romanes et si fréquente chez les spé-
cialistes aveuglément épris des prétendues beautés qu'ils croient
avoir découvertes.
Cependant, les fragments les mieux liés qui nous aient été conser
vés sont ceux qui se rapportent à l'histoire de la littérature ita-
lienne. Les leçons sur Dante, Pétrarque, le Tasse, la Renaissance
italienne sont les morceaux achevés d'un harmonieux édifice. Sur
de fermes substructions historiques s'élèvent des œuvres d'art, à
la fois savantes, amples et gracieuses. La psychologie des hommes
de génie, la critique de leurs ouvrages, les détails caractéristiques
de leur biographie, les influences qu'ils ont subies, acceptées, re-
cherchées ou exercées, tout cela se présente et se développe quand
il faut, vivifié par des idées générales, éclairé par des hypothèses
parfois hardies, jamais aventureuses, toujours fondées.
Comme il était convaincu que, sans agrément, il n'y a pas de
littérature, Léonce Couture ne s'embarrassait point du fouillis et
du fatras que certains voudraient nous faire prendre pour la
« science » et ne croyait pas qu'il y eût aucun mérite à proposer
des énigmes en des phrases enchevêtrées ou difformes. C'était un
écrivain de race, toujours sobre et clair, d'une élégante distinction.
La implicite et la douceur de sa nature s'expriment par son "tyle
accueillant et attrayant, et c'est bien lui qui revit dans son œuvre
avec son talent, sa science, son art et sa foi.
Louis Maisonneuve.
Dieu et Seienee, Ess'^is de psychologie des sciences, par ÉL'E db Cygn.
2« édition. Paris, Alcan, 1912, in-8 de xin-487 p., avec 2 planches et por-
trait. — Prix : 7 fr. oO.
A la suite d'une préface et d'une Introduction générales où sont
exposés l'esprit, le point de départ et le but de l'auteur, cet ou-
— 509 —
vrage, dont nous avons analysé la 1''^ édition en mai 1910 (t.
CXVIII, p. 424), est divisé en quatre parties.
Dans la première : Temps et espace, M. de Cyon, renvoyant,
au domaine de l'irréel et de l'imaginaire les gcométries non-eucli-
diennes ainsi que la conception toute subjectiviste de Kant sur
l'espace, s'efforce d'établir que la géométrie d'Euclide, la seule
pratiquement vraie, reposerait sur des bases physiologiques.
Le rôle physiologique des sensations et, partant, de leurs organes
dans les concepts d'espace et de temps, bien que d'ailleurs indis-
pensable, est cependant secondaire. Appuyée sur les images, l'intel-
ligence seule abstrait et généralise. Or les idées d'espace et de
temps sont essentiellement abstraites et générales.
Dans sa seconde partie : Corps, âme et esprit, M. de Cyon établit
une distinction bizarre et toute artificielle entre Vâme et V esprit;
ce dernier seul étant impérissable, et l'âme, sorte de résultante du
cerveau, devant périr avec lui. Le savant auteur prend sans doute
pour l'âme elle-même l'ensemble des facultés inférieures ou mixtes
à l'aide desquelles l'âme, appuyée sur les images, met en œuvre
ses facultés supérieures; mais cet ensemble n'est pas l'âme, il n'est
que le résultat de son contact avec l'oiganisme, son point de jonc-
tion avec lui.
Avec la troisième partie, nous entrons dans un ordre d'idées
différent. Il s'agit (ï Evolution et transformisme. La doctrine dar-
winiste que l'auteur a principalement en vue et les théories fantai-
sistes de Hseckel sont aujourd'hui, la première assez abandonnée
et les secondes trop décriées, pour qu'il y ait lieu d'y insister. L'au-
teur en a brillamment mais facilement raison.
Dieu et l'homme ou Science, religion et morale, titres de la qua-
trième partie, assez brève d'ailleurs, semblent bien être la conclu-
sion g'nérale de l'ouvrage. Par le rapprochement de la philosophie
avec la science se fera le rapprochement plus désirable encore de
l'une et de l'autre avec la religion, au plus grand profit de toutes
trois.
Par une distraction de l'éditeur, on a donné à la table des ma-
tières de la 2^ édition la pagination se rapportant à la première.
En sorte qu'aucune des indications de la tsble quant aux pages
n'est exacte. C. de Kirwan.
Le IBégioimlieiiiie, par J. Charlbs-Brun. Paris, Bloud, 1911, in-16 carré
de 289 p. — Prix : 3 fr.
Si l'auteur de ce livre n'a pas inventé le terme régionalisme, lequel
fut fore^é, vers 1874, par un érudit provençal, M. de Berluc-Perussis,
qui d'ailleurs ne s'en montrait pas extraordinairement féru, c'est bien
— 510 —
M. Charles-Brun qui a été le plus actif propagateur et qui a, plus que
personne, contribué à la fortune de ce mot que l'on emploie aujour-
d'hui à tout propos. Je serais personnellement tenté de lui reprocher
d'être trop neutre, imprécis, et insuffisamment traditionnel. Mais tel
qu'il est, il est commode, difficile à remplacer, et l'on verra, en lisant
ce volume, qu'il sert à faire circuler et progresser beaucoup d'idées
fécondes et justes. Du premier chapitre. Critique des excès de la centra-
lisation française, à la conclusion et aux appendices, dont l' un des
plus curieux est un relevé des divers projets de division régionale de
la France, en passant par le Régionalisme administratif , le Régiona-
lisme intellectuel, le Régionalisme économique et social, ce que le brillant
dél. gué général de la Fédération régionaliste dégage, suscite et avive
c'est le sens des diversités françaises et des conséquences qu'il con-
vieiit d'en tirer pour toute l'économie de la vie nationale. On aperçoit
quel est 1 intérêt vital et quelle est l'ampleur des problèmes qu'il aborde.
Mais il se garde des vagues déclamations : il apporte une documenta-
tion abondante et sûre. Baron Angot des Rotours.
Réalisations dèmoeratiques, par A. Ghaboseau. Paris, Giard et
Bi ère, 1910, iii-l« d.- 146 p. — Prix : 2 fr.
Ces quelques pages contiennent un projet complet de réorganisa-
tion ou de « chambardement » de la France, comme on voudra dire :
organisation du vote par procuration et par correspondance, élec-
torat des militaires et des femmes dont le bienfait sera assuré par
l'élite « dès maintenant si nombreuse que constituent les adhérentes
des comités socialistes, des sections de la Ligue des droits de l'homme,
des groupes de libre-pensée, des Loges mixtes et des Loges d'adoption,
etc., etc. », éligibilité des fonctionnaires, scrutin de liste avec
représentation proportionnelle, organisation d'un conseil national des
colonies, suppression des arrondissements et des départements, orga-
nisation des provinces avec conseils généraux sans préfets, autonomie
des arrondissements de Paris, renouvellement du Parlement par
tiers, ( lection du Sénat au suffrage universel, organisation d'un con-
seil national du travail et d'un conseil national des femmes, refonte
de toute l'organisation judiciaire, élection des magistrats par un
collège spr'cial, organisation d'un nouveau collège électoral pour l'élec-
tion du Président de la Piépublique, organisation du référendum, etc.,
etc. Tout n'est pas à rejeter dans ces vastes projets. Mais ils partici-
pent tous, même les moins mauvais, d'une maladie qui sévit à notre
époque dans tous les partis , à droite comme à gauche, et qui est
l'ignorance profonde et dédaigneuse des raisons historiques de l'exis-
tence d^^s in^titut'on? Tue l'on critique. Cette br^^chure pourrait être
— 511 —
la conclusion d'une vaste étude sur l'organisation politique et admi-
nistrative de la France. Telle qu'elle se présente, elle échappe à toute
discussion. Eugène Godefroy.
LITTÉRATURE
lia l*rononciati*n du latin, manuel pratique, par Algidb Macs.
Paris, G. Kliucksieck, 1911, petit in-12 cartonné de 148 p. — Prix : 2 fr.
11 paraît que nous sommes le seul peuple en Europe qui accentue
le latin d'une façon barbare. Bien que notre langue soit fille du latin,
bien que la persistance de l'accent tonique soit la loi fondamentale de
sa dérivation, nous n'avons pas l'air de nous douter qu'il existe un
accent en latin; en tout cas, nous prononçons le latin, comme si cet
accent n'existait pas. \oici plus de dix ans que le conseil supérieur de
l'instruction publique a émis le vœu « qu'on introduisît dans les classes
de l'enseignement secondaire une prononciation plus correcte, qui
tienne compte de l'accent tonique» et qui donne aux lettres leur valeur
latine. » Le petit livre de M. Macé vient donc à son heure pour
transformer notre prononciation si défectueuse, d'autant plus que
l'auteur, pour n'effrayer personne, n'a pas hérissé son manuel de dis-
cussions savantes. 11 a condensé en cinq lignes les rectifications qu'il
faut faire à notre prononciation des consonnes et des voyelles, en
deux lignes la règle générale de l'accentuation, en 17 pages toute
la prosodie nécessaire pour bien accentuer.
Je recommande au lecteur les quelques pages d'introduction sur
l'essence de l'accent latin. Dans une discussion lumineuse, où il com-
mente et explique Za Théorie générale de r accentuation latine de notre
ancien maître, M. Henri Weil, l'auteur établit que l'accent latin
n'est pas mi accent de hauteur, c'est-à-dire un accent musical, comme
il l'était dans le grec ancien, mais plutôt un accent d'intensité comme
il l'est resté dans toutes les langues modernes, et particulièrement
dans les langues novo-latines, excepté la nôtre. Dans la conclusion,
M. Macé expose quelques règles pratiques pour préparer l'introduc-
tion de la réforme dans nos classes; enfin il ajoute à son petit livre un
index intéressant qui permet de déterminer la place de l'accent pour
tous les mots, même rares. Je souhaite que ce traité, où les idées scien-
tifiques s'allient si harmonieusement aux vues pratiques, obtienne
dans nos classes tout le succès qu'il mérite, mais la routine est si
forte. ! h. Mensch.
[lies Chelw-tf'œiivre de la littérature grecque, par Chablbs
Navarhb et Albert Valbntin. Paris, Hachette, 1911, in-16 de vu-8:^3 p.
— Prix : o fr.
Les amis l s lettres antiques n.G peuvent que àc réjOUir de tous ma
.-- VjU —
efforts tentés pour en faciliter l't'tude et en répandre le goût. Les au-
teurs de cette nouvelle anthologie ne se sont d'aillcuis nullement
proposé de rédiger une histoire littéraire suivie et complète :« Nous
avons évité volontairement, écrivent-ils (p. 6), de donner une trop
grande place à des notices biographiques et critiques qui seraient dé-
placées dans un ouvrage de large vulgarisation... L'essentiel, selon
nous, est que le lecteur entre immédiatement et directement en con-
tact avec l'homme et avec l'œuvre ».
Dans les compilations de cette nature, le choix des morceaux a
toujours un caractère plus ou moins arbitraire. Tout en approuvant
d'une manière générale celui qu'on nous présente ici, j'aurais au
moins un regret à exprimer. C'est une vérité aujourd'hui reconnue
qu'au iv^ siècle de notre ère il y eut, après une période de déca-
dence, un véritable renouveau du génie hellénique. Alors, dans l'élo-
quence et les lettres, la sève féconde du christianisme produisit ces
brillants génies, les Athanase, les Grégoire, les Basile, les Chrysos-
tome, auxquels Villemain ne découvrait de rivaux que parmi les
orateurs sacrés du règne de Louis XIV. Pourquoi les avoir systé-
matiquement écartés, alors surtout qu'on n'hésitait pas à accorder
cinquante pages à ce sceptique étrange, aux parfums « capiteux », qui
a nom Lucien?
J'ajoute deux observations relatives à « réconomie » de cette
publication. La première, c'est que professeurs et érudits eussent été
plus satisfaits si chaque extrait eût été suivi d'une référence exacte
au texte original. Et voici la seconde : on ne peut que louer les au-
teurs d'avoir placé un titre en tête de chacun de ces divers frag-
ments di' tachés; ces titres étaient tout naturellement destinés à être
reproduits dans la table des matières. Or, sans aucune raison
apparente, un bon nombre d é; rivains n'y figurent que par leur nom.
Enfin, il me semble que Platon serait en droit de formuler une récla-
mation personnelle. Sous sa rubrique on trouye, c'est vrai, quelques
très belles pages groupées sous la qualification assez vague de « My-
thes et récits »; mais tout ce qui est emprunté à V Apologie, au Cri-
ton et au Phédon est porté, si l'on me permet ette expression, au
compte de Socrate : à peu près ce quc icrtit un historien qui
attribuerait à Catilina la nfuuition si remarquable dont il a fourni
la matière à son célèbre biographe romain. C Huit.
De 1» l?*étliode litléraire. Joumnl d\m pmfefssenr df la dasse de
pr^rnin" . i.;ii J. HÉZA.RD. P;iris. V libt^rf,, l'Ml, in-16 de 73S p.— Prix : 3 fr. 50.
Un peu étrange de prime abord et d'aspect bien touffu, mais inté-
ressant et utile, et plein de suc, est ce journal de sa classe de pre-
— 513 —
niière que publie M. Bézard, professeur au lycée de Versailles : jour-
nal très métlKjdiquement arrangé suivant un plan personnel, mais
qui" a la chronologie pour base, et où se sont condensi's, on nous
l'avoue et c'est visible, les travaux, les exercices, les leçons de plu-
sieurs années d'enseignement. Journal un peu factice donc, mais
qui, par la variété des chapitres : lectures de textes, analyses avec
notes à prendre et fiches à remplir, explications écrites ou orales
d'un beau morceau (17 pages sur une fable de La Fontaine; 12
pages sur 30 vers d'Oreste ù apprendre), plans de devoirs, lettres,
dissertations, critique et refonte de ces devoirs, etc., etc., par tout
ce qu'il y a dans ces 700 pages de causerie — et un peu de bavar
dage — entre le maître et ses élèves, donne assez bien l'idée de ce
qu'est une classe de M. Bézard, et le modèle de ce que peut être
aujourd'hui une classe de première ou même de première supé-
rieure, où le professeur, tout en étant soucieux de l'examen, cherche
de son mieux à conjurer la « crise du français », à diriger la curio-
sité de ses élèves, à féconder d'idées g-énérales leur esprit, à former
leur goût et leur style. Et l'on peut bien penser qu'il a, voulant nous
cinématographier une classe modèle, triché un peu, car ses élèves
se montrent, et dès le début de l'année, d'une information et d'une
puissance de lecture peu vraisemblables (il y en a un qui cite du
saint Prosper !). L'on peut trouver qu'il est, en leur distribuant les
ouvrages à lire, un peu large. Et quoique ses idées soient généralement,
comme il convient, d'une bonne sagesse traditionnelle et moyenne,
ou à cause de cela même, on en pourrait sans doute discuter plus
d'une, penser qu'il aime un peu trop universitairement les Provin-
ciales, et fait selon la mode du jour la place bien grande à Diderot,
à Montesquieu, à l'Encyclopédie, au xviii^ siècle...
Mais il ne s'agit pas pour les jeunes maîtres, ou même les professeurs
déjà mûrs, mais isolés, perdus dans des collèges de province, et à qui
cet ouvrage sera très profitable, de « refaire « la classe de M. Bézard,
et de suivre pas à pas son journal de bord. 11 s'agit qu'ils trouveront
là une méthode appliquée, dont ils pourront s'inspirer, et l'indica-
tion très utile de bibliographies bien au courant, de lectures, de
rapprochements à faire ou à faire faire, de sujets à traiter, et des
types d'explications ou de devoirs, très classiques en leur fond, mais
bien rajeunis par les aperçus d'un professeur très convaincu, très
consciencieux, très bien informé, qui va encore entendre pour les rap-
porter à ses élèves des leçons à la Sorbonne, mais qui leur rapporte
aussi un feuilleton de M. Ad. Brisson ou des traits de Chantecler et
de la Barricade. Gabriel Audiat.
Juin 1912. T. CXXIV. T. 3.
- 514 —
Ii*Art de liie, par Emile Fagubt. Paris, Hachette, 1912, in-16 de iv-
166 p. — Prix : 2 fr.
Sans doute, l'auteur nous trace une mcthcde de lecture inspirc'e
parl'expôrience d'un homme averti, mais qv.elqie peu roy('e ders
des détails, intéressants d'ailleurs, de critique, de philc^cphie, de
psychologie. L'étude de ce manuel est ardue : pour le bien com-
prendre, il faut le lire plusieurs fois.
Le style de l'honorable académicien est loin d'être quelconque;
il décèle un tempérament; mais, d'autre part, ce style est-il toujours
pur et parfaitement limpide? J'ai le regret d'opiner pour la néga-
tive. Qui donc, par exemple, admirera ceci : « 'Tant y a qu'il existe
des pièces... » (p. 48). — Autre chose (p. 102-103) : « Boileau est
un exemple à l'appui de la théorie, Racine contre ». S'il existe une
majorité pour trouver élégante cette manière de s'exprimer, c'est
que, alors, je ne suis pas dans le mouvement. ■ — Que penser aussi
de cette phrase : « C'est bien travailler à me mettre dans l'impos-
sibilité d'être touché directement, et c'est-à-dire c'est bien travailler
b me rendre incapable de jouissance » ? (p. 134). — \^oici, enfin,
qui n'est peut-être point banal, mais que je ne prise guère : « Qui
est-ce qui a une personnalité? Ils sont tqx es qui en ont une » (p. 148).
M. Faguet, à coup sûr, appartient à cette rare espèce. Je suis
persuadé qu'il écrirait parfaitement, c'est-à-dire simplement, s'il le
voulait; mais peut-être craindrait-il, bien à tort selon nous, de
diminuer son originalité, qualité que personne ne songe à lui
contester.
Ces observations ne m'empêcheront pas de reconnaître et de
déclarer que le gracieux petit volume de M. Faguet déborde d'idées
judicieuses le plus souvent et d'aperçus ingénieux, de bons conseils
aussi quand il nous parle de livres d'idées ou de sentiment, des
pièces de théâtre ou des poètes, des écrivains obscurs et des mau-
vais auteurs, des ennemis de la lecture et de la lecture des criti-
ques. Ouvrage à lire lentement, très lentement ■ — car la pensée
de l'auteur n'est pas toujours facile à saisir — et à garder dans sa
bibliothèque pour y recourir à l'occasion; et l'cccasicn sera fré-
quente. " E.-A. Chapuis.
JPouclifeine, par Emile Haumant. Pari?, Bloud, 1911, in 16 de 232 p.,
avec 2 porlrails. — Prix : 2 fr. 50.
Voici un bon petit livre de critique, sérieusement fait, et qui inspire
confiance. On sent que l'auteur connaît depuis longtemps la matière
qu'il traite, ainsi que les commentaires qui en ont été écrits. Le tout
est résumé avec élégance, et avec un soin des détails suffisant pour
le lecteur français. Il y a lieu de s'associer entièrement à une dei
- 51') —
conchisions du volume : « Après avoir demandé à des étrangers de
tout pays des leçons d'un esprit et d'un goût différents du nôtre, il
serait bon de nous tourner enfin vers celui qui nous apporte, avec
ses qualités propres, l'exemple le plus brillant, lior^ de France, démos
qualités traditionnelles «. C'est ce qui fait en grande partie pour
nous le charme de Pouchkine, et nous ne pouvons qu'aimer ce poète
chaleureux, limpide et plein d'esprit. Que Flaubert l'aît jugé « plat »
sur les traductions que lui en improvisait Tourguénev, il n'y a là
rien qui dût étonner M. Haumant, ni à plus forte raison le faire
songer à ne pas écrire son livre. Tourguénev — qui corrigeait cepen-
dant à l'occasion la langue de Mérimée — n'écrivit jamais qu'un
français embarrassé et incolore. Cette langue pauvre dut impres-
sionner Flaubert inconsciemment. Ts^oub ne marquerons que deux
critiques légères. L'une s'adresse à l'éditeur : Comment donner
deux reproductions aussi faibles des portraits de Pouchkine 1
L'autre a trait à une expression qui vraiment nous chiffonne ;
M. Haumant parle des « gibus à longs poils » que portait Pouch-
kine vers 1820. « Gibus «, déjà! et « à longs poils »...
Denis Roche.
HISTOIRE
Ln Brrt.igne 'romaine, par François Sagot. Paris, Fontemoing,
1911, iii-8 de xviii-417 p., avec carte géuérale hors texte et 5 plans et
carte* de détail. — Prix : 1.2 fr.
Voici un ouvrage qui nous manquait, et sur un grand sujet. Il fal-
lait pour Tentreprendre du courage et de l'abnégation Du (vourage.,
parce que les documents littéraires et épigraphiques sur la grande île
à l'époque romaine n'abondent pas. De l'abnégation, car l'histoire
militaire et politique n'offre pas de ces grands épisodes dramatiques
dont est pleine la lutte contre les Germains, et qu'à aucun égard la
civilisation britannique ne peut rivaliser avec celle des voisins d'Ou-
tre-Manche. Pas un nom de littérateur ne vient de la Bretagne,
l'art n'y a rien laissé de remarquable. L'histoire de la Bretagne
romaine est surtout celle d'une occupation militaire. D'avance,
l'auteur savait bien qu'il ne pouvait pas compter sur quelques-uns
de ces chapitres brillants ou aisés qui relèvent un livre d'érudition,
soutiennent à la fois l'autewr et le lecteur, ccnîmc l'histoir-e religieuse,
littéraire, artistique en a fourni plus d'un à M. Audollent, à la
Carthage romaine, de qui la Bretagne romaine de M. Sagot peut être
rapprochée. )i
La tentation eût été ici de solliciter ks textes. L'auteur a su y
résister et, lorsqu'il y a lieu, avcuefr&nchement son impuissance^à
— MG -
conclure. En revanche, il tire admirablement parti de tous ses docu-
ments et monuments. 11 faut rendre hommage aussi à la conscience
qu'il a apportée à la bibliographie. Peu d'études locales ou d'articles
de quelque importance ont dû échapper à ses investigations et c'est
pourquoi l'archéologie supplée heureusement et souvent à ce que
les textes nous laissent ignorer. D'ailleurs, M. Sagot ne s'est pas con-
tenté de consulter des mémoires et de visiter des musées : il a voyagé,
examiné de ses propres yeux les vestiges, plus nombreux qu'on ne
l'a cru longtemps, de l'occupation et de la civilisation romaines et
que les fouilles ont, surtout depuis une vingtaine d'années, abondam-
ment rendus à la lumière.
L'ouvrage est divisé en quatre parties : La Conquête romaine, la
Bretagne aux ii^ et m® siècles, la Bretagne au iv^ siècle, la vie
économique et sociale. Des Conclusions assez étendues exposent en
résumé ce que l'on sait de toute cette histoire et ne taisent pas les
lacunes subsistantes.
Le livre si consciencieux de M. Sagot sera pour les historiens de
l'empire romain un de ces ouvrages de fond que l'on ne peut eo
dispenser de consulter. A^■DRÉ Baudrillart,
lia Sé{>;sialî«;ii de l'ÉjlÊgc et «le l'Kial. Orî5gi!ie.s. Kta|te8.
BHaai, -.jir J. de Narfon. Paris, Alcan, lyiJ, ui-S carlonné de iv-3l7 j).
— Prix : fi Ir.
Dans ce livide, l'auteur étudie les origines de la Séparation, en rap-
pelle les étapes et en établit le bilan. Dans le chapitre des « Ori-
gines » M. de Narfon essaie de répartir les responsabilités. Les
sympathies de l'auteur pour le pouvoir ne sont pas dissimulées. Les
adversaires de l'Église ont, personne ne l'ignore, voulu faire du Pape
pie X le véritable auteur de la Séparation. M. Ribot qualifia cette
manœuvre de « mensonge historique ». M. de Narfon n'admet pas ce
jugement sommaire et plaide les circonstances atténuantes en faveur
de M. Combes. C'est ainsi qu'il approuve le langage tenu, le 27 mai
1904, par le président du Conseil, lors du débat où fut discutée la
protestation de S. S. Pie X contre le voyage à Rome du président
Loubot. M. de Narfon donne également tort au Pape imposant aux
évêques de Laval et de Dijon une démission que sollicitaient le
clergé et les fidèles de chacun de ces diocèses. Selon INI. de Narfon, le
Pape avait le droit de priver les deux évêques de leur autorité spiri-
tuelle, mais non de leur siège. Comprenne qui pourra cette distinc-
tion ! Avons-nous besoin de dire que M. de Narfon blâme la déci-
sion du Pape contre les associations cultuelles? Pie X est particuliè-
rement antipathique à M. de Narfon. Nous vivons — selon ce pu-
bliciste — sous un régime de délation et de terreur : « L'Eglise de
— 517 —
France, — conclut M. de Narfon, — descendra, s'abaissera encore,
jusqu'à ce qu'il plaise à la Providence de la relever. L'heure du relè-
vement viendra. Mais il est à craindre qu'elle ne sonne pas sous le
Pontificat actuel ». M. de Narfon se donne comme un sincère croyant,
attaché de cœiir et d'esprit à la doctrine catholique. Nous n'avons
pas le droit de suspecter la sincérité de M. de Narfon, mais qu'il nous
permette de lui demander si des livres, comme celui que nous avons
sous les yeux, au lieu de servir la cause de l'Eglise, ne fournissent
pas plutôt des armes à ses adversaires? 0. H.
^ttitleis «&'ltistoire, par Arthur Chuqubt. 4« série. Paris, Fontcmoing,
s. d.. fiyilj, in-l6 de 351 p. — Pri'C : 3 fr. 50.
mélanges d'histoire, par E. Angot. Paris, Émile-Paui, 1911, iii-i8 de
317 p. — l'rix : 3 ir. 50.
La même sûreté de recherches, la même sobriété de méthode, la
même franchise d'exposition que dans ses précédents volumes carac-
térisent cette quatrième série que nous donne M. Chuquet. Seulement
pourrait-on dire que les sujets sont un peu disparates, encore que la
plupart se rattachent à l'histoire révolutionnaire ou napoléonienne.
Je signalerai dans ces exposés de vulgarisation faciles à consulter
les deux chapitres : Comment Bonaparte quitta l'Egypte et Comment
Kléber remplaça Bonaparte] La Folie de Jiinot, la nourrice de l'Em-
pereur; hors de ce cadre, un résumé très clair du rôle de Mérimée dans
la publication de la Correspondance de Napoléon, appuyé, en appen-
dices, de lettres de Mérimée au maréchal Vaillant, en 1857, 1858 et
1859.
— Le volume de M. Angot relie des temps encore plus éloignés les
uns des autres: car, si le premier chapitre commence avec Louis XVII,
le dernier se termine au xiii^ siècle; et cet ordre même souligne l'in-
terversion des époques et l'enchevêtrement des récits. C'est trop
se conforriier au titre : Mélanges d'histoire; on n'en voit pas l'utilité
ni l'avantage. Ce regret est le seul que j'exprime au sujet de ce recueil
où les idées sont justes, les réflexions sages et les développements
précis. L'auteur doit être encouragé à continuer ses travaux histo-
riques, s'il veut bien localiser ses recherches et serrer de près les
figures qu'il dessine. Les conclusions du chapitre : « Six mois au
Temple avec Louis XVII », semblent très bonnes; elles ne concor-
dent pas avec celles de M. Lenotre qui paraît bien avoir embelli et
par suite défiguré le cordonnier Simon. Cent pages renferment, mises
en œuvre, les correspondances de la famille royale de Prusse après
léna; ceci sera utilement rapproché du livre de la princesse Rad-
ziwill (Louise de Prusse), qui vient de paraître, et les princes ses
frères y paraîtront moins idéalisés, par suite plus vrais, car le patrie-
— -.18 -
tisme aHcmand a quelque peu travesti leurs caractères assez médio-
cres. Les docun\ents vierment de nos Archives nationales; ils ont du
prix. Le grand morceau du volume, près de 150 pages, relate les vies
mouve.mentées,diverses, tragiques par£ois,des quatre filles de Raymond
Bérenger, comte de Provence, et de Béatrix de Savoie : l'aînée et
la dernière (Marguerite et Béatrix) épousèrent le roi de France,
notre saint Louis, et son frère Charles, les deux autres (Éléonore et
Sancia) furent mariées à deuac frères également : Heiiri LU, roi d'An-
gleterre, et Richard; on ne le peut contester, ce furent là de bril-
lantes alliances. Les aventures de ces princesses offrent un véritable
intérêt et La façon dont- elles sont narrées a beaucoup d'agrément, i, ;
i M , . G. DE G. f ■
Louise de Prusse, princesse Antoine Radziwill. Quarante-cinq
/innée» de ma vie (1 7X0 à 18 tS.), publié, avec des annotations
et un Indeix biographique, par la princesse Radziwill, née; Castellanb.
2' éd. Paris, Plon-Nourrit, lOH, in-8 de xii-453 p., avec un portrait, un
autographe et 14 grav. hors texte. — Prix : 7 fr. 50.
Dans l'Introduction qu'elle' place en tête de ces pages, tirées par elle
des archives de famille de son mari, M'"'' la princesse Radziwill écrit :
« Je veux espérer que non seulement l'Allemagne et la Prusse trou-
veront de l'in.térêt daiis les récits de la princesse Louise, mais aussi
un peu la France, car l'épopée napoléonienne conserve toujours son
prestige. » Ce souhait est exaucé. A écouter les récits, à feuilleter
le journal de la petite nièce du grand Frédéric, sans doute les
Allemands ressentiront un particulier plaisir, car la scfnese déroule à
Berlin le plus souvent et touche les princes de la maison de Brande-
bourg, mais, aussi toute notre occupation jusqu'à la revanche de
1814 est éclairée puissamment par les récits d'un témoin oculaire
bien placé pour voir. Les derniers jours de Frédéric, les sentiments
de sa famille, les figures des deux princes Louis et Auguste, le pre-
mier tué à Saalfeld, le second fait prisonnier après léna, (tous deux
idéalisés par leur sœur qui tient la plume), l'entrevue de Tilsitt (il
y a là des détails précieux et significatifs), l'arrivée des Russes à
Berlin, les émotions pendant la dernière campagne d'Allemagne,
l'invasion de la France, sont autant de tableaux tout à fait intéres-
sants, même en ce qu'ils offrent de déjà connu. La narration est
très calme, très nette et parfois émouvante dans sa simplicité.
De bonnes tables biographiques seront utilement consultées; 16
portraits et gravures illustrent fort agréablement un volume luxueu-
sement édité. Un plus grand nombre de notes serait à souhaiter et
plus de précision dans celles qui s'y rencontrent;, aiûsi (p. 295) on
relèverait des erreurs manifestes : le prince Guillaume de Prusse ne
^:
— 519 —
peut (comme il y est dit.) avoir été reçu à Paris le 7 novembre 1808
par l'Empereur qui, à cette date, se trouvait en Espagne, à Vit-
toria, où il séjourna exactement du 6 au 9. La notice sur le comte
de la Forest (p. 406) est fautive : ce n'est pas en 1807, mais en
1808 qu'il fut envoyé comme ambassadeur de France à Madrid,
et les dates ont ici une importance capitale par rapport même au
rôle que lui assignait Napoléon; c'est pendant le gouvernement
provisoire du mois de mars 1814 qu'il reçut le portefeuille des af-
faires étrangères, non des mains de la Restauration; tout au plus
pourrait-on dire qu'au sacre de Charles X il eut le titre de « ministre
d'État ». Je ne veux pas insister ni multiplier ces rectifications de
détail; je regrette ces lacunes, car elles enlèvent un peu ée crédit
à un livre d'histoire fort bien présenté.
Geoffroy de Gra.ndmaison.
Souvenirs, par Ernbst 1,aVisse. Paris, Calmaun- Lévy, 1912, in-8 de i-
289 p. — Prix : 3 fr. 50.
M. Ernest Lavisse est certainement l'un des hommes qui ont
exercé en France et sur la jeunesse de notre pays une action profonde.
Mêlé jeune encore à l'œuvre de Victor Duruy, grâce à une amitié
de collège avec l'un des fils du grand ministre, il a eu de bonne
heure le goût des questions d'enseignement et d'éducation et, soit
comme professeur d'enseignement secondaire ou supérieur, soit
comme directeur de l'École normale qu'il a voulu, par une transfor-
mation peut-être regrettable, sauver du moins d'une ruine décisive,
soit comme membre du Conseil supérieur de l'instruction publique,
soit comme auteur de manuels vivants et assez populaires, soit
par des livres destinés à agir sur l'opinion publique, il s'est assuré
une large influence sur la direction de la jeunesse et sur la forma-
tion des programmes. Ceux qui ont fréquenté la Faculté des lettres
de Paris ont gardé le souA^enir des brillantes leçons de l'éminent
professeur; ils n'ont pas oublié non plus l'accueil qu'on trouvait
auprès du directeur d'études.
On ne manquera donc pas d'ouvrir avec sympathie et curio-
sité ce premier volume de Souvenirs; je dis « premier volume »,
bien que cela ne soit point marqué au titre et que, s'arrêtant à
son enlrée à l'École normale en 1862, M. Lavisse annonce au con-
traire n'avoir pas l'intention de « se laisser entraîner plus loin
par ses souvenirs ». Mais s'il ne pense pas que sa vie vaille « la
peine d'être contée », il nous laisse espérer qu'il donnera quelque
jour son témoignage sur des événements qu'il a vus et sur des per-
sonnes qu'il a « observées pendant qu'elles faisaient l'histoire ».
— 520 - . ,
Et le témoignage d'un homme qui, sans jouer assurément dans notre
histoire un rôle de premier plaji, a du moins approché et a pu
observer à loisir bien des acteurs de cette histoire, sera de ceux
dont on peut faire le plus de profit.
Le volume actuel, composé de souvenirs sur l'enfance et la pre-
mière jeunesse de M. Lavisse, ne nous apporte pas seulement un
document pr-écieux pour la connaissance de sa formation intellec-
tuelle et morale; on y trouvera aussi des traits curieux de la vie
de province au milieu du siècle dernier et surtout un tableau de
l'enseignement et des méthodes d'instruction et d'éducation suivies
tant dans les écoles que dans les collèges. On ne s'étonnera pas
que, préoccupé comme il l'est de ces questions, M. Lavisse ait inter-
rogé sa mémoire sur ce point tout particulièrement. Déjà, dans
ces discours qu'il se plaît à faire presque chaque année aux enfants
de Nouvion en Thiérache, dont les journaux nous apportent l'écho
et dont quelques-uns ont été réunis en volume, il avait fait appel à
ses souvenirs d'autrefois et dit quelques-uns des récits qui se re-
trouvent dans le livre que nous analysons; mais ils se groupent
ici d'une façon nouvelle et, d'ailleurs, en s'excusant de ces redites,
M. Lavisse nous avertit que des causeries avec des camarades d'en-
fance l'ont amené à modifier certains détails.
M. Lavisse, qui n'a garde de se montrer loudator temporis acti,
ne dissimule pas ses griefs contre l'enseignement de son temps; à
l'objection qui lui a été faite que cet enseignement n'était peut-être
pas si mauvais puisqu'il a produit des hommes comme lui, il ré-
pond fort modestement que nul ne peut savoir aussi bien que lui
tout ce qui lui manque. Je ne suis pas sûr cependant que ses
griefs soient complètement justifiés, m surtout qu'il faille généra-
liser, universaliser la condt mnation qu'il poite contre la façon dont
nos pères ont été éduqués. C'est en partie aux fruits qu'on juge
l'arbre, et il ne me paraît pas que les écoliers d'aujourd'hui offrent
une Supériorité intellectuelle si marquée sur leurs prédécesseurs; ce
qui est vrai, c'est qu'ils ont, dans l'ensemble, des instruments d'é-
tude meilleurs, des manuels mieux et plus abondamment illustrés;
encore devons-nous faire de fortes réserves sur le caractère prétendu
documentaire de ces illustrations, dont quelques-unes sont des fan-
taisies tendancieuses; et puis, il y a eu autrefois de bons manuels,
même des manuels d'histoire; j'en ai vu, du temps même de Louis-
Philippe, qui ne sont point si méprisables, et au temps où M. La-
visse était écolier, l'histoire de France de Duruy pouvait être mise
entre les mains des élèves.
Ces réserves faites sur la portée trop générale que l'on pourrait
être tenté de donner aux observations de M. Lavisse, il nous reste-
— 521 —
à dire que son volume est rempli de traits amusants et instructifs
et de portraits dessinés ou esquissés de manière vivante.
Et Ton ne peut que souhaiter que la plume de M. Lavisse ne
iarde pas trop à lui faire cet appel, auquel sa main, nous dit-il,
obéit fidèlement. E.-G. Ledos
i.ritre» de ccniliat, par Fkrd;nand Bbunetiére. Paris, Perrin, 1912,
iu-16 de vnr-362 p. — Prix : 3 fr. 5ij.
A part un article important paru au Gaulois du 23 janvier 1903
sur Léon XIII, on ne trouvera dans ce volume que des lettres, qui
s'espacent de 1878 à 1906 et ne sont pas inédites; mais elles n'étaient
pas faciles à retrouver et elles montrent bien le tempérament de l'ar-
dent lutteur que fut Ferdinand Brunetière, et les hautes idées, les
idées religieuses, qui, durant ses dernières années, l'occupèrent de plus
en plus. 11 est très franc. Au cours d'une âpre polémique qu'il sou-
tient, à propos de l' « Affaire », avec le Siècle et M. Yves.Guyot, il
qualifie résolument et à plusieurs reprises Voltaire de drôle, et il ne
craint pas d'écrire que, « devant l'impartiale histoire, les Jules Favre
et les Jules Ferry répondront, pour leur part, de Sedan et de Metz ». Il
affirme, avec une opportunité qui n'a pas diminué depuis 1906, qu'il
est impossible, pour l'organisation du culte catholique en France,
d'aboutir à une solution quelconque acceptable sans reprendre avec
le Vatican la oonversation brutalement interrompue jadis par M.Com-
bes. li me semble moins bien inspiré dans sa controverse avec M. Geor-
ges Renard, qui s'étonnait de sa prétention à se qualifier socialiste.
Ces pages font Sentir vivement la valeur et l'indépendance du vigou-
reux esprit qui, par son adhésion réfléchie et toujours affermie, aura
rendu l'un des plus beaux témoignages à l'indestructible puissance
conquérante de la vérité catholique. Baron Angot des Rotours.
Lettrées à mon cdirain, par Marius Gonin (Rémv}. Paris, Leco(Tr'\
Gabal.la, 1911, in-l2 de xx-:!40 p. - Prix : 3 fr. SO.
M. Marius Gonin est un « catholique social i; de Lyon, très actif, trè§
connu dans son champ d'action, et très ain é. Pour épancher son ême
qui est d'un idéaliste, d'un mystique, d'un sentimental, et, comme il
dit de son personnage qui lui ressemble, « d'un décrocheur de lune »,
pour répandre aussi chez les autres sa foi, sa piété, Sa fraternité, il avait,
dans quelqu'un de ses journaux, écrit d'une p^ume facile, couraaite et
fleurie à l'occasion, des lettres où un jeune homme, étudiant dans la
grande ville, puis avocat dans une petite, racontait son amour de
Dieu, les élans, les e.xtases de sa vie intérieure, son désir d'aller vers
ses frères et parmi ses états de langueur, les flottements de sa volonté
un peu làcJie, la dispersion de ses elîorts. les crises de sa «bohème spi-
rituelle, « ses joies toutes les fois qu'il en sortait et se sentait devenir
« un hon\me nouveau ». Et il devenait cet homme nouveau qui sait
-enfin' où il va, soit quand il découvrait les fraternités du tiers-ordre,
ou les cercles d'f'tudes, ou les jardins ouvriers, quand il rencon-
trait un saint — et cela lui arrivait souvent — qui l'illuminait, prêtre,
religieux, frère convers, ou simple ouvrier de patronage, de la sereine
beauté de sa vie ou de sa mort soit, tout simplement, quand il suiA^ait
une retraite en quelque couvent de montaone, ou assistait à une messe
de minuit. Alors, (t à l'ouvrage ! » et le lyrisme coulait à flots. Peut-être
M.Gonin eût il fait œuvre pîus solide et plus pénétrante encore en ra-
contant lui-même directement les difficultés de son apostolat, seseiïorts,
fies revers et ses succès : « J'étais là, telle chose-m'advint. » Au lieu que
tout son livre demeure un peu flou : son héros est sans consistance,
maint épisode de son histoire apparaît par trop factice : les idées sont
vagues et se perdent dans ce sentimentalisme poétique et ee verba-
lisme ardent, où aiment à nager la plupart des catholiques sociaux et
où quelques-uns parfois se noient. Avec le même optimisme, il y avait
uixe autre précision et une autre vie dans les Lettres d'un curé de cam-
pagne et le F ils de F Esprit dont ce Ywre procède. Littérairement, les
gens de métier trouveront donc que cela fuit entre les doigts. Les
hommes d'un certain âge, qui a' ment les livres chargés d'expérience»
riohes de réalités concrètes, s-^raient peut-être déçus. Mais les jeune»
gens — et c'est pour eux que de ces Ictt'es on a fat-tin volume — se
■réchaufferont, mieux que cela^ s'embraseront à cette flamme, très
pure, qui brûle, brûle sans cesse, et ne baisse et ne s'alanguit que
pour flamber davantage. Dans sa belle Préface, M l'abbé Thelher de
Porkehe\'ilb a bien dit que ce livre éveillerait et ferait -! ivre des âmes.
Gabriel Auuiat.
BULLETIN
Ln Vie de l'ouvrièr-o, par M"* JuLBS SiMON. Paris, Bloud, 1911, iû-16 de
6'i p. (Collection Science et Religion). — Prix : 0 fr. 60.
Reprenant le titre que son grand-père donnait il y a cinquante ans à un
îi.'re célèbre, l'auteur de cette petite brochure y tient le langa<.'e d'une
chrétienne qui ne perd pas son temps à discuter, qui expose intégralement
sa foi, qui, aux travailleuses dont elle voudrait élever et ennob'ir la mo-
deste existence, enseigne le bienfait de la messe du dimanche, de la con-
fo'sion, de la communi'.'n, l'art dp b^en vivre et de souffrir sans révolte. A la
fin, on trouve des listes soigneusement dressées, avec adresses, de groupe-
ments féminins, de maisons de famille, de restaurants, de homes, desana-
tnria, d'œuvres de repos et de convalescence.
Baron A^c.oT des Rotours.
- 523 —
Ca Rj^fOi-nie sidinliilslrallv*. Ce qu'ello devrait «îîre, par G. Db-
MARTiAL. Paris, Cornelj, li^ll, in-t6 de "35 p. — prix : 1 fr.
Ce que l'auteur étudie à peu près excliisivement dans ces pages, écrites
d'un style clair et alert\ c'est la question des fonctionnaires auxquels
il \oudrait que l'on reconnût plus d'initiative et de responsabilité, — c'est
tout à fait ce que réclam,ait Le Play, dès 1864, dans la Réforme sociale, —
des libertés plus étendues et mieux déterminées, coniprenant le droit de
s'as6)cier et de se fédérer, mais non celni de faire grève. 11 propose de sup-
primer les préf?ts et le ministère de l'intérieur, sans s'être suffisamment
demandé si leurs fonctions seraient mieux remplies parce qu'elles passe-
raient à des titulaires autrement nommés. M. Demartial me paraît faire
trop peu de crédit à une création qu'il recommande cependant, et qui
serait, avec la soustraction du gouvernement à la tyrannie de l'es;)rit de
parti, la réforme administrative décisive, je veux, dire la constitution de
circonscriptions régionales. Baron Angot des Rotours.
iflétliode pratique «le ooinpiabllfté agricole, par A. DUGLOUX et A.
NiQUBT. Paris, Baillière, s. d., petit ia-4 de 40 p. — Prix : i fr. 3').
L'étude de la comptabilité à l'école, prévue par les nouveaux pro-
grammes scolaires, fait partie de l'enseignement pratique de l'agriculture;
elle initiera les futurs cultis-ateurs aux écritures indispensables qui leur
inculqueront des habitudes d'ordre, d'exactitude, de prévoyance et d'éco-
nomie. Les auteurs de la Méthode pratique de comptabilité agricole ont fait
une œuvre simple et précise en visant surtout à la réalité. D. B.
iilMtoire d«; France, par ALFRED B.iUDRiLLABT, publiée avec la collabora-
lion de J. Martin. Cours moyen {certificat d''éiudes]. Paris, Bloud, iQ-16 car-
tonné de iv-326 p., illuêlré. — Prix: 1 fr. 60.
MgrBaudrillart, en éditant ce manuel avec le concours de M. J. Martin,
professeur d'histoire à l'école Massillon, a voulu surtout mettre entre les
mains do la jeunesse un ou\raga impartial et qui ne lui inspire que des
idées saines et chrétiennes. On peut se rendre compte en le parcourant
que les auteurs et les éditeurs n'ont rien négligé pour présenter ce petit
volume d'une manière agréable et faciliter ainsi aux jeunes enfants l'étude
et l'intelligence de l'histoire. Les gravures s mt nombreuses et bien choi-
sies; les cartes faisant bien comprendre les vicissitudes de notre pays, sunt
multipliées. Aussi l'élève qui aura étudié ce petit volume avec soin, aura
une notion claire et exacte des principaux événements dont notre pays
fut le théâtre. Nous ne croyons pas qu'aucun autre manuel se présente
mieux que celui de Mgr Baudrillart. Les faits sont racontés dans une note
juste et impartiale. On a ainsi véritablement une histoire de France et
non l'hist'-ire d'un parti en France. .1. Viard.
L.'%.:;;onic «lu vieux Rai-!*, par A. Callbt. Paris, Daragon, 1911, in-8 de
18'* p., avec grav. et pi, — Prix : 8 fr.
Voilà un titre que je n'aime pas, je n'hésite pas à le dire. Dans ses trans-
formations (j'admets aue toutes ne sont pas des améliorations^ Paris reste
Paris, ville de lumière et de vie, mais non ville de ténèbres et de mort.
L'amplification serait facile; je l'épargnerai aux lecteurs du Pohjbihlion.
— 524 —
Ponc, c'est sous ce titre que M. A Callet vient de consacrer un volume au x
vostiges dupasse et aux anciens souvenirs de la capitale. Tels qu'ils ont
dû paraître originairement, sous forme d'articles dans quelque quotidien,
les chapitres de ce livre ont pu se faire lire avec plaisir : ils tiraient q-aelque
intérêt d'une circonstance ou d'un événement qui en excusaient la rédac-
tion un peu... hâtive. Mais la réunion en un volume s'imposait elle ?
Prenons au hasard l'article consacré à l'hôtel JaJDack [sic) lise^ : (Jabach).
Quel profit en tire l'histoire? Que contient-il de plus que ce que nous ont
fait connaître depuis longtemps les travaux de MM. de Reiset, de Groiichy
et Bonnaffé? Pourquoi ne pt s avoir cité les noms de ces érudits? Cela n'eût
été que juste. Est-ce volontairement ou par i.t'g'igence que, dans ce volume
daté de 1911, M. Callet novs dit que les Petites Affiches contenaient « il y
a quelque temps >■ l'annonce de la mise en adjudication de l'immeuble
qui fut jadis l'hôtel d\ g.^and collectionneur? C'est en janvier 190'i que la
vente se fit; heureusement, le texte même de l'annonce nous en avertit,
faute de quoi le seul renseignement nouveau contenu dans ces six pages
eût été bien insuffisamment donné, et le « il y a quelque temps » aurait pu
caiser aux curieux de !o: gies recherches et même une déception.
L'ouvrage de M. Callet aurait pu présenter queicjue intérêt en raison
même des souvenirs d'actualité qu'il pouvait suggérer. Mais c'est toujours
par l'imprécision — je ne répète pas le mot négligence — que pêche notre
auteur. Des déGou\ertes archéologiques ont été faites au cours de travaux
exécutés à l'hôtel Favoisy, rue Pavée, dans les «premiers jours de février n
{sic). Qu'en penser? Quel renseignement pour l'avenir!
Je renonce à poursuivre. I es lecteurs superficiels se contenteront de
V Agonie du vieux Paris telle q t'elle leur est présentée, sans indications
desourr-es, sans références, sans mention des dates les plus essentielles, mais
les véritables historiens de notre cher Paris s'abstiendront de sui\re un
ex:emple aussi déplorable. P. Lbe.
i>ei-i-iè«-e la façade stliommide, par P. D. Pari.', Chaoelol, 19J2, in-16
de xi-i07 p. — "Pfix : 1 fr.25.
L'Allemagne jette, en toute occasion, dans le plateau de la balance. — ■
et nous venons de l'éprouver — 'le poids de sa puissance gnemère. Qu'y
a-t-il derrière la façade de ce colossal édifice militaire? Que se passe-t il
derrière ce m.ur? L'auteur répond et prouve que, si l'Hercule allemand
est bien une réalité, nous avons raison de le regarder avec calme et de con-
tinuer à travailler.
Le grand public appréciera d'autant plus cet ouvrage que l'auteur, sans
dissocier les uns des autres les éléments techniques et sociaux dont est faite
la force d'une armée de guerre, fait état de ces « impondérables « dont
Bismarck se félicitait de sav oir tenir compte. G. H .
CHKONIQUE
NÉCROLOGIE. — Le D'' Marc-Daniel Sée, professeur agrégé à la Fa-
culté de médecine de Paris, est mort à Paris dans les premiers jours de
mai, à 86 ans. Xé à Ribeauvillé 'Haut-Rhin) le 11 février 1827, il ap-
partenait à une famille Israélite qui a donné pli: sieurs célébrités médi-
cales à la France. Reçu docteur en 1856, agrégé en 1860 et chirurgien
du bureau central en 1866, il fut chargé du sers-ice chirurgical succe&si-
vement avix hôpitaux dt? Bicêtre, d i Midi, de Sainte- Eugénie et à la Mai-
son municipale de santé. Nommé ensuite chef des travaux anatomiques
à la ]•' acuité, il lut élu en 1878 membre de l'Académie de médecine (sec-
tion d'anatomie'. Parn'ii les publications du D'' JMarc Sée, nous citerons :
Anatoinie et physiologie du tissu élastique 'Paris, 1860, in-8), thèse pour
l'agrégation; — Atlas de Vart des accouchements (Paris, 1871, gr. in-8),
a'CC A. Lenoir et S. 'larnier; — Becherches sur Vanatomie et la physio-
log'e au cœur, tpécxùen eut au pont de inie du fonct'onmmerit des ial-
vules auriculo-ventriculaires (Paris, 1875, in-i!, réédité en 1881. Le D'
Marc Sée a collaboré en oitre à la 4^ édition du Traité d'anatomie
descriptive de Cruveiîhier et il a traduit de l'aHemand, avec M. J. Bé-
clard, les Eléments d'histologie humaine de Kcé îil:er.
— L'éminent chimiste Paul-Émiie, dit François Lecoq de Boisbau-
DRAN, est mort à Paris à la fin de mai, à 74 ans. Appartenant à une
ancienne i'amille noble protestante, dont une partie a\ait quitté la France
à l'époque de la révocation de l'édit de Nantes, il naquit en 1838, à
Cognac. C'est dans la maison de s «n père, qui exerçait le commerce des
eaux-de-vie, qu'il fit ses eti des et f^cntit naître en lui un goût intense
pour la chimje. Loin des Universités et des laboratoires officiels, il se
livra à des études personnelles de spectroscopie et fit de nombreuses
expériences qui l'amenèrent à de- remarquables découvertes, à celle,
entre autres, d'un nouveau métal comblant une lacune dans la série des
corps simples, métal auquel il donna le nom de « gallium ». Les grands
résultats acquis par ces patientes recherches furent si appréciés dans
le monde scientifique que leur auteur obtint successisement un prix
Bordiu à l'Académie des sciences en 1872, le titre de correspondant de
l'Institut en 1878, celui de membre d'honneur de la Société de chimie
•de Londres, un peu plus tard, la grande médaille Davy de la Société
royale anglaise en 1879 et, enfin, le prix Laca^e, de 10.000 francs, dé-
cerné par l'Académie des sciences en 1880. Outre les nombreux mémoires
que M. Lecoq de Boisbaudran a donnés aux Comptes rendus de V Aca-
d'mie des sciences et à diverses autres re>>ues scientifiques, il a pul.'lié
à part : Spectres lumineux, spectres prismatiques, destinés aux i--. cherches
de chimie minérale (Paris, 1874, in-S).
— Un deril cruel a frappé le monde littéraire en Espagne : l'illustre
polygraphe Marcelino Meneîvdezy Pelayo est mort à 56 ans, le 19 mai,
à Santander, où il était né le 3 novembre 1856. Reçu bachelier dans
cette ville, il suivit les cours de philosophie et de littérature à l'Univer-
sité de Barcelone et obtint à Madrid le diplôme de docteur. En 1875,
le gouvernement lui accorda une bourse, grâce à laquelle il put aller
faire des recherches dans les principales bibliothèques et arclmes de
l'Espagne et de l'étranger. A son retour, la chaire d'histoire critique
de la littérature espagnole à ^Uni^•ersité de Madrid étant devenue va-
cante par la mort d'Amador de los Rios, elle lui fut confiée à l'unani-
mité; mais il n'avait alors que 21 ans et il fallut faire en sa faveur
une loi spéciale qui ramenait de ?3 à 21 le nombre des années cjue de-
vaient avoir au minimum les candidats aux chaires universitaires. En
1881, c'est-à-dire à 25 ans, il fut élu membre de l'Académie royale
en remplacement d'Hartzenbvsch et, deux années plus tard, il succédait
à Moreno Nieto à l'Académie d'histoire et, bientôt après, il entrait à
l'Académie des sciences morales et politiques, ainsi qu'à celle des beaux-
arts. Un jour vint où M, Menendez y Pelayo voulut explorer le terrain
politique. Envoyé "plusieurs fois comme député aux Certes des dernières
— 52Ô —
années du règne d'Alphonse XII, il siégea dans la majorité conserv'a-
trice. Ensuite, il fut nommé sénateur, et c'est comme tel que, depuis
celte époque, il n'a cessé de repn'senter les Académies et les Univer-
sités. D'une puissance de travail extraordinaire, cet écrivain ,qui s'est
distingué surtout par ses travaux de criliqi e littéraire, historique et phi-
losophique, a prodvit une œuvre considérable, parmi les volumes qu'il
a piibliés, novs citerons seulement les Suivants : Histona de las ideas
ett'ticas en Espana; — Antolngia de poetas liricos castellanos desde la for-
macion del idioniahastatiiiestros d a"!; — Estudios criticos sobre los escritores
moiAafie^es; — La Poesia horariana; — La. Noi'cla entre los latinos, Horacio
en Espana, traductorcs y comeritadores; ■ — • Calderon y su teatro; — Arnaldo
de Vilanova, medico catalan del siglo xill; — La Ciencia espanola, pole-
jnicas, indicaciones y proyectos; • — Los Hereticos de I.talia; Paginas de un
libro inedito y noticias literarias;- — De las or i gènes del cristianismo y del
escepticismo y especialmente de los precursores espanohs del Kant; — Estu-
dios pcéiicos. M. Menendez y Pelayo, à qui l'on doit également la publi-
cation de la Biblioteca de Autores clasicos, a. donné de nombreux articles
à diverses revues, ainsi que quelques poésies à la Revista de Espaiïa et
à la Ilustracion espanola y americana. Enfm, en qualité de directeur de
la Bibliothèque nationale de Madrid, il avait été chargé de la publi-
cation du Corpus des archives et des bibliothèques espfgioles.
— Le grand romancier et auteur dramatique suédois Aigcste Strind-
BERG est mort le 4 mai, à 63 ans. Ké à Stockholm en 1849; il fit ses
études au lycée de cette ville, mais l'insuffsance de ses ressovrces l'em-
pêcha de suivre les cours de l'Université et ce n'est que très irréguMère-
ment qu'il put faire quelques études complémentaires, tant à Stockholm
cju'à Upsal, tout en exerçant successivement les professions les plus
diverses et les plis humbles. Cependant, en dépit de toi s les obstacles,
il parvint à se consacrer entièrement à la littérature et on le vit abor-
der tour à tour le jcurnalisme, le roman, la poésie et le théâtre. Dès
le début, il laissa paraître dans ces divers genres un âpre pessimisme
dont il s'était imprégné au milieu des souffrances de la lutte pour la vie,
ainsi que cette misanthropie ou plutôt cette misogynie, qui n'a cessé
d'être sa principale caractéristique et qu'il devait à des chagrins domes-
tiques. Dès qu'il le put, M. Strindberg quitta la Suède pour voyager en
Danemark, en Allemagne, en France, en Suisse et en Italie; atssi est-ce
surtout dans ces di-\ers pa^s c[u'il écrivit la plupart de ses œuvres,
puisant ses sujets dans les mœui^ qu'il étudiait ou dans les événements
dont il était le témoin. En dehors de quelques poésies, telles ciue A
Borne, en l'honneur du sculpteur danois Thorwaîdsen (1870), et Nuits
d'un somnambule (4885), M. Strindberg a composé S):rtout des romans
et des pièces de théâtre. Parmi les premiers, qui sont tantôt satiriques
ou philosophiques, tantôt autobiographiques, nous mentionnerons : La
Chambre rouge (Stockholm, 1870); — L'Approche du printemps (Stoc-
kholm, 1880); — Aventures et destinées suédoises (StockhoJm, 1881); —
Ze Nouveau Règne (Stodcholm, 1887); — ' Mariés (StockhoJm, 1885»,
roman qui lui attira des poursuites judiciaires pour outrage à la reli-
gion; — Utopies dans la réalité (Stockholm, 1885^; — Le Fils de la
servante (Stockhr>lm, 1886)-, importante étude autobiograj-hique; — Les
Gens de Ifemscé IjHockholm, 1887); — Vie populaire eux iles de Stockholm
(Stockholm^ 1888); — Tschandala (Stockholm, 1889); — Au bord de la
mer (Stockholm, 1892), le chef-d'œirvre de l'auteur, plisieurs de ces ro-
mans ont été traduits en dis-erses langues. L'œuvre dramatique de
^ 527 —
M. Strindberg tst considérable (gaiement. Elle se compose de tragédies,
de tragi-comédies et de dialogues d'une scène ou deux, notamment : Père
(Heîsii.gbvig, 1888); — Mademoiselle Julie (llelsirgbi>rg, 1888), tragédie
que M. Ch. de Casenove a traduite on français (Paiùs, 1893, in-18); — ■
Camarades (Helsii gboig, 1868); — Créanciers (Copenhague, 1889); —
Le Secret de la Corporation (1880); ■ — La Femme du chevalier Bengt
(1880); ■ — ■ Maître Olof; Le Lien; On ne joue pas avec le feu (1852).
L'auteur avait donné lui-même une traduction française de Père, pré-
cédée d'une préface par Emile Zola (Paris, 1888, in-18). Enfin, on doit
encore à M. Strindbeig quelques études historiques écrites en français»
telles que : Notice sur les relations de la Suède avec la Chine et les pays
iartares depuis le milieu du xvii^ siècle (Paris, 1884, gr. in-8) et Rela-
tions de la. France avec la Suède fusqu^à nos fours (Paris, 1891, in-8).
— La Hoi grie vient de perdre un historien dont les travaux sont
fort appréciés. Né à Karawkova, en 1860, M. Samuel Eorowsky se con-
sacra, dès ses débuts, aux travaux généalogiques et héraldiepies. Ses
principaux travaux sont : Les Daces, étude ethnographique (1883); — •
Histoire de l'arrivée des Magyars en Hongrie (1893); — - Histoire du comi-
tat de Csa.hàd (2 vol. 1897); — U Epoque de la migration des peuples
(1900). 11 a collaboré à de nombreises publications et a rempli les fonc-
tions de secrétaire général de la Société historique horgroise, dont il
dirigeait la Revue : S-àzadok. 11 était membre de l'Académie hongroise.
— M. Thomas Vécsey, mort dernièrement, est né à Sziks;.ô, en fé-
vrier 1839. Professeur de droit romain, il donna à son enseignement un
esprit si patriotique que, plt.s tard, ses anciens élèves l'envoyèrent sié-
ger au Parlement. Ses principaux ouvrages sont : Éludes sur le droit
romain (1867); ■ — Marcellu^ (1881); — Papinianus (1884); — Africanus
(1889); — Les Institutions du droit romain. Introduction à Vhistoire du
droit (4^ édit., 1896). Il a collaboré au Dictionnaire de droit et à de
nombreuses revues juridiques. 11 avait été élu membre de l'Académie
hongroise en 1881.
• — M. Alexandre Mika, né en 1859, est mort tott récemment. Pro-
fesseur à Koloisvàr et à Brassô, il a publié de nombreux ouvrages dont
nous citerons les principaux : Le Développement de la Papauté au xi^ siè-
cle (1883); ■ — La Conception de Ranke sur le commencement du moyen âge
(1884); — La Question des Investitures (1884); — L'Influence de Richelieu,
cardinal ministre, sur la France et sur V Europe (1879); — La Révolution
française (188.5); — Michel Hermann (1888); — Une Année d'histoire
de la Transylvanie et de Brastô, 1613 (1891); — Les Rapports de George
l'àkéczi Z*^'" avec Brassô (1893); — Hitto're de la féodalité et de l'époque
des croiiades (1900).
— On annonce encore la mort de MM. : Alexandre Amiot, ingénieur
eivil, directeur du Moniteur des fabricants de papier, mort à Paris, au
commencement de mai; — Henri Bouasse-Lebel, ancien éditeur d'œu-
vres religieises, mort à Paris, au commencement de mai; — Jean-Eap-
tiste-Aigiste Charavx, ancien doyen de la Faculté des lettres de l'Uni-
versité catholieiue de Lille, mort à 80 ans, au milieu de mai, à Pont-à-
Moisson, où il était né en 1832, lequel laisse des biographies et d'intéres-
santes études littéraires, entre autres : Corneille. La Critique idéale et
catholique (Lille, 1877, in-18); Critique idéale et catholique. L'Esprit de
Montesquieu, sa vie et ses principaux ouvrages (Lille, 1885, in-16); Essai
littéraire et moral sur la Bretagne contemporaine. Poètes et prosateurs (Pa-
ris, 1894, in-16), etc.; — l'abbé Ernest Danicourt, cvré de Naoïrs
— 528 —
(Somme', archéologue érudit, mort au commencement de mai, lequel
laisse une di .aine d'études archéologiques estimées, notamment : Histoire
populaire de la ville et du château de Ham (Ham, 1881, in-16) et Histoire
d' Àuthie, de son prieure conventuel et de son château féodal, suH'ie d'une
notice sur Saint-Lcger-les- Authie (Ham. 1885, in-8); — ■ Fernand de
Dautein, professeur honoraire à l'École polytechnique, qui laisse une
importante Étude sur les ponts de pierre remarquables par leur décoration,
intérieurs au xix^ siècle, et un ouvrage sv.r V Architecture lombarde, mort
le 19 février, dans sa 75^ année; — Emile Decombes, professdjr hono-
raire au Conservatoire de musique, mort à Paris, au commencement do
mai; — Fulbert Dumonteil, écrivain scientifique, mort dernièrement
à PariS; à 82 ans, lequel a dirigé longtemps la chronique scient' fique
à la France, a donné de nombreux articles de vulgarisation à plusieurs
journaux et revues et, enfin, a publié div-ers volumes, notamment :
Les Députés de la Seine, Gombetta, Thiers, Bancel... (Paris, 1869, iri-18);
Portraits politiques. Les Septembrisés (Paris, 1872, in-12); Jardin d'accli-
matation. Portraits zoologiques (Paris, 1874, gr. in-8); — le chanoine
DuPLOYÉ, mort au. commencement de mai, à Saint-Maur-des-F':.^sés
(Seine), à 79 ans, lequel est célèbre grâce à la méthode de sténographie
inventée par lui et par son frère, prêtre également, méthode qu'il fit
connaître par de nombreux écrits, tels que : Sténographie Duployé (Paris,
1864, in-8), souvent réimprimée, par. la création d'une « Bibliothèque
sténographiqu.e » et la fondation de la revue la Sténographie, lequel,
enfin, a publié, toujours en collaboration avec un de ses frères, plusieurs
ouvrages sur le sanctuaire de Notre-Dame de Liesse; — ■ Louis Favre,
ancien rédacteur au Journal et au Petit Parisien., mort au commence-
ment d'avril, à Neuilly-les-Bois (Indre^, à 33 ans; — Paul Gibert, an-
cien rédacteur de VAvranchin et de V Avant- Garde de VOuest, membre
de rAss>ciatii)n des publicistes chrétiens, mort à A-.-ranches au commen-
cement de mai, à 81 ans; — le célèbre harpiste Hasselmaxs, titi-.Iaire
de la classe de harpe au Conservatoire, mort dernièrement à Paris, à
67 ans; — Maurice Jollivet, ancien collaborateur de plusieurs jour-
naux de Paris et du Jo'uma^ de Rome, mort à Pavis, au milieu de mai, lequel
a publié : La Révolution française en Corse : Paoli, Bonaparte, Pozzo di Borgo,
d'après des documents nouveaux (Paris, 1892, in-8) ; Les Anglais dans la Mé:di-
terranée\\l^k-\l^l\. Un Royaume an glo- cor se (Paris, 1896, in-î2K ouvrage
couronné par l'Académie française;— Charles Malo, écrivain militaire, mort
à Paris, à la fin de mai, lequel, en outre des nombreux' articles qii'il a
donnés au Journal des Débats, dont il était le collaborateur militaire
depuis 25 ans environ, a publié plusieurs ouvrages, entre autres : L'Ar-
mée suisse aux grandes manœuvres de 1889 (Paris, 1889, in-8); la Ques-
tion d^ Nancy et la Défense nationale (Paris, 1894, in-8) et Champs
de bataille de France. Descriptions et récits (Paris, 1899, gr. in-8); —
Édouard-B.-P. Millaud, sénateur du Rhône, journaliste et écrivain,
qui, outre plusieurs mémoires sur la ju.risprudence et la médecine légale,
a publié, entre autres ouvrages : Élude sur l'orateur Hortensius (Paris,
1859, in-8); Daniel Manin. Jurisprudence vénète. Lois et coutumes de Ve-
nise (Paris, 1867, in-8); De la Réorganisation de Varmée (Paris, 1867,
in-8) et le Soufflet. Devons-nous signer la paix? (Paris, 1871, in-8),
brochure qui fit grand bruit, mort à Paris, le 17 mai, à 78 ans; —
Henri Pellisson, félibre de Barétons, mort en mai, à 67 ans, à Arette
(Basses-Pyrénées), lequel avait donné de charmantes poésies et nouvelles
à des revues locales, telles que Reclams de Biarn é Gascougne, et publié
- 529 -
quelques brochures intéressantes, notamment : Noste Dame de Sarrahce,
poésie béarnaise (Oloron-Sainte-Marie, 1898, in-8) et Discours d'un pa-
triote biarnés (Oloron-Sainte-Marie, 1901, in-8); — Louis Perrier, ub
des plus savants minéralogistes du Midi de la France, mort au milieu
de mai, à Nîmes, à 76 ans; — Peytraud, censeur du lycée Bufïon à
Paris, mort en cette ville, au milieu de mai, à 54 ans; — l'abbé Léo-
nard-Joseph Rivière, lequel s'occupait d'histoire locale et avait publié
deux intéressantes notices : Notre-Dame du Châtenet, paroisse de LonZtic
(Tulle, 1903, in-8) et Notre-Dame du Chapitre à Tulle, patronne du cha-
pitre et de la paroisse (Tulle, in-8, 1904), mort dernièrement à Tulle, à
72 ans; — le comte Jean de Sabran-Pontevès, auteur de divers ou-
vrages, tels que : L'Inde à fond de train; Un Raid en Asie, couronné
par l'Académie française, et Veillées du Gerfaut, mort au château du
Cierfaut, près d'Azay-le-Rideau (Indre-et-Loire), le 7 mai, à l'âge de
61 ans; — Edgar Verdeau, chroniqueur judiciaire au Matin, mort
subitement à Paris, au commencement de mai, à 38 ans; — le chanoine
J, VuiLLEMiN, ancien supérieur du petit séminaire de Cliâte!-sur-Mo-
selle, lequel avait contribué à développer la presse catholique en créant
le Réveil catholique, qui s'est fondu depuis avec le Peuple vosgien, mort
au milieu de mai, à 77 ans.
— • A l'étraiger on annonce la mort de MM. : Dr. Ernest Christian
AcHELis, professeur de théol(>gLe pratique à l'Université allemande de
Marbouig, mort en cette ville, le 10 avril, à 74 ans, auquel on doit :
Die Entstehungszeit von Luther's geistlichen Liedern (Marbourg, 1884,
in-8) et Aus dem akademischen Goitesdienste in Marburg, Predigten (Mar-
b)urg, 1886, in-8), etc.; — Dr. Ludwig Bach, professeur de thérapeutique
pjur les maladies des yeux à l'Université allemande de Marbourg, mort
en cette ville, en mai, à 46 ans; — ■ Dr. Karl Josef von Bauer, profes-
seur de médecine interne à ri'niversité de Munich, mort en cette ville,
en mai, à 69 ans; — Dr. EdmundBAUMOART, médecin hongrois, auteur
de pub?ioati.'>uS sar les maladies du larynx, mort en avril, à Budapest,
à 73 ans; — Dr. Michael Bérésowski, zoologiste et explorateur russe,
mort à la fin de mai. à Saint-F'étersb:>u]g, à 63 ans; — Jean Blockx,
compositeur flamand de réputation, mort dernièrement à Anvers, à 62 ans;
— Dr. Georg Bode, journaliste allemand, qui fut pendant de lorgaes an-
nées le rédacteur en chef du Posener Tageblatt, mort le 26 avril, à Po-
sen; — Dr. C. F. W. Boedecker, professeur de thérapeutique pour les
maladies dentaires à l'Univ'ersité de Berlin, mort en cette ville, au com-
mencement de mai, à 66 ans; — Edwin Bormann, écrivain allemand,
mort à Leip ig, le 3 mai, à 61 ans, lequel laisse de nombreux ouvrages,
dont plusieurs écrits dans le dialecte de la Saxe, notamment : Riff !
Rnff \ Ruff \ Feichtfrehlige Schitzengriesse ennes alten Leibz' gersch (Leipzig,
1884, in-8) et Das Riichlein Komm mit mir\ Ein Schreih-und kalender
jiir frohliche Menschenkinder (Leipig, 1884, in-8); — A" g ste Chantre,
publiciste suisse et théologien protestant, ancien recteur de l'Université
de Genève, qui avait fondé en 1869 le journal V Alliance libérale et, en
1874, les Étrennes chrétiennes, mort à Genève le 20 janvier dernier, à
l'i'ge de 76 ans; — ■ Alfred-Jnhn Chtjrch, écrivain arglais, professeur de
latin au colLge de l'Université de Londres, mort à Richmond, au com-
mencement de mai, à 83 ans, lequel a publié, en dehors de divers vo-
lumes à l'usage spécial des étudiants, de nombreux ouvrages d'histoire
et de littérature, entre autres : Stories from Virgil (Londres, 1878,
Juin 1912. T. CXXIV. 34.
-— 530 ~
in-8); Stories from Greek Tragedians (Londres, .1879, in-8); The S tory
oj the Persian War (Londres, 1881, in-8); The Sea of Galilée (Londres,
1884, in-8), etc.; — Joseph Demarteau, rédacteur en chef de la Gazette
de Liège et des Nouvelles du jour, qui a écrit de nombrei ses études his-
toriques, artistiques et archéohigiques sur le pa^ s de Li<"ge, parmi les-
■quclîes l'on peut rappeler : Lettre à M. Godejroy Kurth sur la première
église paroissiale de Liège et A travers Veaposition de Vart ancien au pays
de Liège, mort à Lige, le 24 avril; ■ — Dujardin, curé de Cappeîlen,
ancien professeur à l'Institut Saint-Lovis, de Bruxelles, mort à Cappeîlen
^Be'gique), le 7 mai; — Dr. Oscar Ehrhardt, écrivain allemand, auteur
de travaux sur la philologie, mort à la fin d'avril, à Koestritz, à 82 ans;
— E. Fagnart, professeur à l'Université de Gand, mort en cette ville^
uu commencement de mai, à l';"ge de 46 ai s; ■ — Dr. Bernhard P'ittica,
professeur de chimie à l'Université allemande de Marboiig, mort en
cette ville, le 27 avril, à 62 ans; — Dr. Theodor Gier, professeiir de
chirurgie à l'Université allemande de Rostock, mort en cette ville, le
23 avril, à 67 ans; — • Alexander Glowacki, romancier polonais, qui
écrivait S'>rs le pseudonyme de Boltslav Pr». s, mort en mai, à Varsovie,
à 65 ans; — John Gray, anthropol' giste ai glais de réputation, membre
de l'Institut anthropjlogique de Londres et membre correspondant de
la Société anthropoii gique de Paris, mort dernièrement à Londres, ai:-
quel on doit de nombreux mémoires publiés dans les revues spéciales;
— Dr. Vincenz-Maria Gredler, naturaliste allemand de réputation,
mort le 4 mai, à £■ gen, à 90 ans, lequel a publié de nombreux ouvra-
ges sur les sciences naturelles, entomologie, paléontol; gie, etc., notam-
ment : Naturgeschichte in der Zelle (Vienne, 1894, in-8); Zur Conchylien-
fawia von China (Vienne, 1894, in-8), avec Otto Bachmann, et Die
Porphyre der Umgebung von Bozen und ihre miner alogische Einschliisse
(Bozen, 1895, in-8);' — Gerhard Armauer Hansen. botaniste et médecin
norvégien, qui laisse un certain nombre de travaux scientifiques, parmi
lesquels il convient de rappeler la Lèpre, étude clinique et pathologique
(Bergen, 1897), mort à Bergen (Norvtge) le 12 février dernier, à l'âge
de 71 ans; — le chanoine I. Hemeryck, professeur à la Faculté de phi-
losophie et lettres à l'Université de Louvain et assesseur du \ice- recteur,
mort le 12 mai, à l'tge de 69 ans; — Dr. Bernhard Hulber, professeur
de droit ecclésiastique et d'administration civile à l'Université de Ber-
lin, mort en cette ville, le 23 avril, à 77 ans, lequel est Fauteur de :
Die Organisation der Verwaltung in Preussen [alte Lande) und im deut-
schen Reich (Berlin, 1898, in-8); Kirchenrechtsquellen, Urkundenhuch zu
Vorlesungen ueber Kirchenrecht (Berlin, 1898, in-8), etc.; — Dr. Ivan
IvANJUKOV, professeur d'économie politique à l'Institut polytechnique
de Saint-Pétersbourg, mort en cette ville, le 8 a\'ri), à 68 ans; — Benno
Jacobson, feuilletonniste et auteur dramatique allemand, mort à Berlin,
au commencement de mai, à 53 ans, dont nous citerons : Berlinrr-
Geschichten (Berlin, 1894, in-8) et Berliner Luft. Weltstadt-Geschichten
{Berlin, 1904, in-8); — Dr. Heinrich Jaschke. assistant à l'Observatoire
astronomique de l'Université de Vienne, mort en cette ville, en avril,
à 30 ans; — Albert Kauders, musicologue et auteur dramatique autri-
chien, auteur de Walther von der Vogelweide. Bornant. Oper in 3 Acten
(Vienne, 1896, in-8), mort à Vienne, à la fin d'avril, à 58 ans; — Karl
KuAUTLK, directeur de l'établissement royal de gravure sur cuivre de
-.Stuttgart, professeur de gravure à l'École des beaux-arts de cette ville,
mort dernièrement à 78 ans; — M^"*" Elise Kroemer-Schaefer, femme
— 531 —
de lettres allemande, qui laisse des poésies dans la lai gue populaire,
morte à Spire, à la fm d'avril, à 78 ans, dont noi s citerons : Hischdo-
rideede vun Schpeier ihrer lieben Vaterstadt gewidmct (Speier, 1906, in-8);
— Lord Joseph Lister, célèbre chirurgien ai glais, président de la So-
ciété britannique pour l'avancement des sciences, ancien professeur de
clinique chirurgicale à l'Université d'Édimboi.rg, puis au King's Collège
de Londres, qui, entre autres ouvrages, a publié : Chirurgie antiseptique
et théorie des germes (1881), mort à Park-House, près de Deal, le 10 fé-
vrier dernier, à iTge de 85 ans; — Ji stin Me Carthy, historien et ro-
mancier anglais, mort au milieu d'avril, à Folkestone, lequel laisse, en
dehors de nombreuses nouvelles, A Histnry nf our own times, Rewinis-
renées (1899), etc.; — Dr. Johann Messerschmitt. directeur de l'Ob-
sen-atoire sismique de Munich, mort en cette ville, le 10 avril, à 51 ans;
— Av.gust J. MoRDTMANN, pubUciste allemand, auteur de nouvelles et
d'études sur Homère, mort à Darmstadt à la fin d'avril, à 73 ars; —
Dr. Karl von der MiinL, professeur de ph\ sique mathématique à ITni-
versité suisse de Bâle, mort en cette ville, en mai, à 71 ans; — Dr,
Werner îsurnberg, professeur de chirurgie à l'Université allemande de
Halle, mort en cette ville, le 25 avril, à 51 ans; — Dr. Alfred Pribram,
professeur de thérapeutique et de pathologie à l'Université allemande de
Prague, mort en cette ville, au commencement d'avril, à 71 ans; —
Dr. Ivan Lvo^■itch Piaschicku, professeur de mathématiques à l'Uni, er-
sité de Saint-Pétersbourg, mort en cette ville, au commencement de mai;
— Dr. Johann Rudolf Rahn, professeur d'histoire des beaux-arts à l'I'ni-
versité suisse de Zurich, mort en cette ville, à la fin d'avril, à 71 ans;
— Dr. Heinrich Reitter, professeur de chimie à l'Écvvle supérieure du
commerce de Cologne, m,ort en cette ville, en mai, à 47 ans; ■ — • Dr.
Raoul Richter, professeur de philologie à l'L'niversité allemande de
Leip;Jg, mort en cette ville, le 14 mai, à 41 ans; — Robert Cameron
Rogers, écrivain américain, mort dernièrement en Californie, lequel est
l'auteur d'excellentes poésies et d'une pièce de théâtre, The Ensary,
qui a eu beaucoup de succès; — Dr. Josef Alexandrovitch Rusticki,
professeur de chirurgie à l'Université ri sse de Kiev, mort en cette ville,
le 26 avril,' à 67 an--; — Dr. Adolf Seeligmuller, profes.seur de théra-
peutique des maladies nerve- ses à l'Uni, ersité allemande de Halle-sur-
la-Saale, mort en cette ville, en avril, à 75 ars, lecii.el laisse, entre au-
tres importants ouvrages : Neuropathologische Beobacltungen (Ha^le-sur-
la-,'-"aale, 1878, in-8); Lehrbuch der Krankheiten des EUekenmarks und
Celiirns, sowie der allgemeinen Neurosen (Brunswick, 1887, in-8) et Er-
richtung vo?i Vnfallkrankenlâvsern in e. Act der Nothwehr gegen da's zuneh-
mende Stimulantenthum (Leip ig, 1890, in-8); — Bram Stoker, écri/ain
et journaliste anglais, mort au milieu d'a,-ril à Londres, à 65 ans, lequel
laisse quelcpies nouvelles, notamment : Dmcula, et a publié en 1906-1907
les Personal Reminiseenees du grand acteur Iri-g, dont il était l'ami;
- — Dr. Heinrich Struve, ancien profesçeur de philosophie et d'esthéti-
que, à l'Université polonaise de Varsovie, mort en mai à Etham (Angle-
terre), à 72 ans; — Dr. Charles William Stubbs, évêque anglican de
Truro, mort au commencement de mai à 67 ans, lequel laisse de nom-
breux mémoires et serm.ons svr le socialisme chrétien, ainsi que di>'ers
volumes estimés de ses compatriotes, notamment : The Christ of English
Poetry^ Ccmhridge and its Story et Handhook ta Ely Cathedral; — Henry
Sweet, l'éminent philologue anglais, professeur de phonétique à l'Uni-
versité d'Oxfi>rd,'^mort df^rnièrement à 67 ans, dont les ouvrages sont
— 532 —
fort ostimés, ridtammont les suivants : A Ilistory of English Soumis
froni the earîiest period, including an Investigation of the général lo.ws
of Sound Change (Londres, 1874. et Oxford, 1888, in-8); A Handbook
of Phonetics : including a popular Exposition of the Principles of Spelling
Éeform (Oxford. 1877, in-8), et An Anglo-Saxon Primer, with Gram?nar,
Notes and Clossary (Oxford, 1882, in-12); — Jiilii'S Trebot, pédagogue
allemand, directeur de l'École Francke de Halle-sur-la-Saale, mort en
cette ville, en nwïl; ■ — Lionel James Trotter, mort à Londres au com-
mencement de mai, à 85 ans, lequel a pvblié une History of India,
qui a eu phisieure éditions, ainsi que de remar(|uables biographies de
généraux et d'hommes d'État, te^s que John Nicholson, Warren Hastings,
Dalhorsie et Lord Auckland; — Dr. G. K. Uljanov. ancien professeur
de linguistique comparée à l'Université polonaise de Vars'>vie, mort à
lalta (Crimée), le 19 avril, à. 53 ans; — Lady Welby, ancienne dame
d'honneur de la reine Victoria, qui s'occupait de questions d'éducation
et d'enseignement et à qui l'on doit : Grains of Sensé {[897), et What is
Meaningl (1903) morte à Harrow, le 20 mars, à l'f'ge de 75 ans.
LECTXJiRES FAITES A l'ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS ET BELLES-LETTRES.
• — Le 3 mai, M. Frantz Cumont explique une épitaphe métrique décou-
verte à Madaure en Afrique et où l'on trouve l'idée de la vie future
exprimée dans le culte de Bacchus. — M. A. Thomas annonce la dé-
couverte à la bibliothèque universitaire d'Edimbourg de deux feuillets,
débris d'un poème sur Philippe-Auguste. — Le P. Scheil annonce à
l'Académie que l'on a reti'ouvé la tablette en teive cuite contenant le
plan du grand temple de Babylone. — ■ M. Foucart achève la lecture de
son travail sitr les m,^ stères d'Élevsis et la représentation liturgique de
scènes de la vie de Déméter. ■ — MM. S. Pveinach, Foucart, Maurice Croi-
set et Bouché-Leclercq échai-gent à ce sujet leurs obseivations. — - Le 10,
M. H. Cordier communique une lettre de M. de Gironcourt sir des ins-
criptions découvertes par lui sur les bords du Niger. — Le P. Scheil
fait part de la découverte à Constantinople d'un nouvel exemplaire du
code des lois d'Hammurabi. — M. Thureau-Dan^in donne la traduction
•d'une inscript.i<5n cunéiforme relative à une invasion de la Ba]y\lonie au
xxv« siècle avant J.-C. — M. E. Pottier fait connaître une note de
M. Albertini au sujet d'une représentation de lion d'allure héraldique,
découverte dans la province de Cordoue. — M. Ad. Blanchet parle de
l'empereur Postumus, proclamé empereur en Gaule à la suite de sa vic-
toire contre les Francs, qui apparaissent pour la première fois dans
l'histoire. — M. Havet restitue le texte d'un passage ji squ'ici mal lu
de Plaute et remplace le mot Huic par le mot Puto, datif de Putus,
petit garçon. — Le 24, M. le comte Durrieu montre les photographies
de trois m,iniatures d'époques différentes représentant sainte ÉlisaJ^eth
de Hongrie. — M. Morel-Fatio parle de Perkins V^'arbeck qui voulut se
faire passer pour le second des enfants d'Edouard assassmés par ordre
de Flichard III,* et d'une lettre que Marg-.erite d'York écriv-it au roi
d'Espagiie pour lui recommander l'aventurier. Cette lettre vient d'être
retrouvée dans un-recueil de la BUjliothèque nationale. — M. Glot? indi-
que quel était le prix du plomb à Athènes au v^ siècle avant J.-C. —
M. S. Reinach présente ses observations.
Lectures faites a l'Académie des sciences morales et politiques.
— Le 25 mai, M. Vidal de la Blache rend compte à l'Académie du
voyage de la délégation française en Amérique.
— 533 —
Prix. — ■ Le 3 mai, l'Académie dos inscriptions a accordé les récompenses
suivantes relativemeiit au concours dit des « Antiquités de la France » :
fe médaille, 1.50U fr. : MM. Jadart et Demaison : Rrpertoire archéo-
logique de V arrondissement de Reims; — 2^ médaille, 1.000 fr. : M. Victor
iSIortet : Textes relatifs à Vhistoire de V architectwre et à la condition des
architectes en France; — S*' médaille, 500 £r. : M. Sauvage : U Abbaye
de Saint-Martin de Troarn au- diocèse de Bayeux, des origines au xvi^ siè-
cle; — 4e médaille, 500 fr. : M. l'abbé Vidal -.Benoit XII (1334-1342) :
Lettres communes analysées cV après les registres dits d'Avignon et du Va-
tican.
Prix Gabriel- Augiiste Prost (1.300 fr.), destiné à récompenser un travail
historique sur Metz et les environs. Partagé comme suit : 700 fr.
à M. Gavet : Diarium universitatis mussipontanœ (1572-1764);
— 500 fr. à la Bibliographie lorraine publiée par les Annales de l'Est,
organe de la Faculté des lettres de Nancy; — • 200 fr. à la revue inti-
tulée : le Pays lorrain et à la Revu-e lorraine illustrée publiées sous la
direction de M, Ch. Sadoul.
Paris. — La Statue miraculeuse de la SaJnte-Chapelle, qui attire l'at-
tention de M. Henri Lemaitre (Kvtrait du Moyen Age, mars- avril 1912.
Paris, Champion, 1912, in-8 de 14 p.), est une statue de la Vierge adossée
jadis au trumeau de la chapelle basse, devant laquelle la tradition \eut
que Duns Scot, en 1304. soit venu, prier avant d'aller défendre la doc-
trine de î'ImmacLdée Conception; la statue aurait incliné la tête et gardé
depuis lors cette attitude qu'elle n'avait point primitivement. M. Le-
maître recherche les origines de cette légende, dont les suirces primi-
tives ne soufflent pas mot, qui n'apparaît pas avant le xvn^ siècle,
tandis que celle de la venue à Paris de Duns Scot, en 1304, pour défen-
dre la croyance à l'ImniaGulée Conception, ne serait formulée qu'au
xvi^ siècle.
— Le couvent des Capucines de Paris, fondé en 160i, fut reconstruit
aux frais du Roi l'ors de la création de la place Vendôme. M. Denis
nous raconte l'histoire de ce fervent monastère : Les Clarisses capucines
de Paris (1602-1792) (Couvin, Maison de Saint-Roch, 1911, in-8 de 60 p.
Extrait des Éludes franciscaines). Sin appendice se trouve la liste des
43 religieuses qui composaient la communauté en 1790 et qui, toutes,
se déclarèrent décidées à persévérer dai.s l'état religieux.
— En attendant une histoire de l'échevinage parisien qui, jusqu'ici,
ne semble avoir tenté personne, on consultera avec profit les curieuses
Notes sur les prévôts de marchands et échevins de la ville de Paris au
XYiH^ siècle (1701-1789^, dont M. Amédée Trudon des Ormes a enrichi
le t. XXXV^III des Mémoires de la Société de Vhistoire de Paris et de
Vile de France (tirsgj à part, non mis dans ce commerce. Paris, Cham-
pio-n, 1912, in-8 de 121 p.). Les notes sont empruntées pour la plupart
à des journaux ou recueils où elles se trouvaient naturellement perdues
[Gazette de France, Annonces. Af'firh-es et avis divers, Mercure, Almanach
royal, Affiches parisiennes. Journal de Paris, etc.). Les notices, classées
par ordre alphabétique, sont sui\ies d'une liste chronologique des pré-
vôts des échevins et d'un appendice dans lequel on trouvera notammjent
un cafcalfgae des portraits que Poa connaît de ces personnages.
— Du Bulletin de la Société archéologique, historique et artistique « le
Vieux Papier », qui, peu à peu, est devenu l'un des périodiques pari-
siens les pJus curieux et les pins instructifs, M. A. L'Esprit a extrait
SHi étude : Véron, Café des Panoramas (Lille, imp. Lefèvre-Ducrocq;
Paris, \\I]'", 12, bmlevard des Batig !■ Iles, gr. in-8 de 15 p., avec
2 planches . L'auteur fait ici, depuis 1815, l'historique de cet établisse-
me.it ' renommé p'>ur sa richesse » et qui, à l'ép )que où Paris comptait
un certain nombre de cafés politiques ou littéraires, fit une fig .re asse/
honorable, aivsi qu'il rés jlte des détails que nous fournit, de façon très
pr.'-cise, M. A. [^'Esprit. « Actuellenaent encore, remarque cet écrivain, le
Café \'éron est fréquenté par quelques notabilités boulevardiè-
res >. Et il ajoute que « ce n'est pas la présence de la Société histo-
rique « le Vieax Papier », qui tient ses réunions mensuelles dans un
dos salons du haut, qui ôtera du lustre au Café ^'éron, bien au con-
traire ! Nous opinons du bonnet. L'une des deux planches dont cette
brochure est ornée représente le fac-similé de la première invitation
inuslrée des tlînors (le 78*^) du « Vieux Papier » au Café Véron (28 no-
vembre 1911 ).
— Le 3« fascicule des Lettres de Léopold Delisle, dont M. Xavier De-
lisle pcursjit la recherche et la publication avec un zèle fraternel digne
de notre roconniissanco, comprend la Correspondance adressée à M. te cha-
noine Ulysse Chevalier (Valence, Imp. valentinoise, 1912, in-8 de viii-
168 p.). Elle commence le 5 décembre 1866 et elle se pours.it jusqu'à
la- veille de la mort de M. Delisle, puisqu'il est mort le 22 juillet 1910
et que la dernière lettre est du 10 juillet. Au cours de cette longue cor-
respondance (174 lettres, dont 2 adressées au T.^ U. Clieoalier, 1 à Mgr
Bellet. tandis que deux autres émanent de M. le clumoine Chevalier lui-
même et 1 de M"**^ L. Delisle), on voit se transformer en une amitié de
plus en plus affectueuse des relations fondées sur l'estime que M. Delisle
a-.àit ■^- et qu'il ne dissimulait certes pas — pour l'érudit actif qui, au
fond de sa pro rince, a su mener à bonne fin tant ". de besognes exces-
sives et fort difficiles à accomplir, même pour un travailleur ayant à
sa disposition les ressources des grands dépôts de Paris ». Comme l'on
peut croire, des lettres adressées à un érudit de la valeur de M. le cha-
noine Chevalier par un maître de l'érudition tel que M. Delisle sont de
celles que l'on a profit à consulter. Elles serviront, en même temps qu'à
éclairer la f g .re de M. Delisle, à jeter quelque jour sur l'histoire de
rérudition dans le dernier demi-siècle.
— ■ Parmi les donateurs dont la gé.iérosité est venue enrichir les collections
de la Bibli >thèque nationale, l'un dos moindres n'est pas M. Maurice Au-
de >ud. Cet amateur, mort en Egypte en 1907, et auquel une belle fortune
a. -ait permisde réunir unecollectionexcpptionnellementremarquable de liv'res
de grand luxe, en a laissé la propriété à la Bibliothèue nationale, en
même temps que, par d'autres legs, il enrichissait les musées du Louvre
et de la manufacture de Sèvres. Le don fait à la Bibliothèque nationale
oiïre pour cet établissement d'autant plus d'intérêt que la curiosité de
M. Audéoud allait particulièrement aux li*Tes modernes et que, trop
s savent, les éditions de grand luxe lancées par les Carteret, les Jouaust,
les Conquet, les Ferroud, etc., échappent au dépôt légdl ou, quand elles
s'y soumettent, n'arrivent guère à la Bibliothèque que dans un état
asse : piteux. D'ailleurs, les quelque six cents volumes qui forment le
fonds principal de cette belle collection (des ouvrages d'un intérêt moins
particulier ne S->nt pas restés gAmpés, mais ont été versés dans les dif-
férents fonds de la Bibliothèque) se distinguent souvent par des parti-
cularités artistiques qui en augmentent la valeur : états multiples des
planches, dessin ou aquarelle originale de l'illustrateur, etc. Enfin, ils
ont été habillés de reliures appropriées par les meilleurs de nos relieurs
— 535 —
<;ontemporains et, par là encore, ils ajoutent une richesse nouvelle à la
Biblii^tlièque, à laquelle, la parcimonie de son fonds de reliure permet
à peine de recouvrir de la manière la plus modeste ceux des livres pos-
sédés par elle, qui s-nt appelés à fatiguer le plus. Le Catalog.e de cette
collection dressé par M. W. Viennot vient d'être publié avec une Pré-
face dans laquelle M. A. N'idier attire l'attention sur l'intérêt qu'elle
offre : Bibliothèque nationale {Département des imprimés). Catalogue de
la collection Audéoud [éditions d'amateur et reliures modernes) (Paris,
H. Champion, 19J2, in-8 de xxxv-59 p.). Dressé par ordre alphabétique
d'auteurs, ce catalogue est complété par trois tables : 1. des provenan-
ces; 2. des dessinateurs, peintres et graveurs; 3. des relieurs.
— Vient de paraître un petit volume très pratique, que nous signalons
bien vite à l'heure où les déplacements et les villégiatures en rendent
l'usage plus particidièrement utile : c'est le Larousse de poche, de MM.
Claude et Paul Auge (Paris, Larousse, petit in-12 de 1289 p. — Prix,
cartonne toile pleine: 6 fr). Les auteurs nous donnent, sous ce titre,
un Dictionnaire d'' orthographe et de prononciation renfermant la définition
■de 85,000 mots (vocabulaire usuel, y compris même quelques mots dar-
got, d'usage courant, sans négliger l'histoire, la géographie, les sciences, etc).
Disposé sur deux colonnes, ce dictionnaire va jusqu'à la page 1230. Il
est suis'i d'une Grammaire française fort bien résumée, avec la conju-
gaison de tous les verbes irréguliers (p. 1230 à i278) et le volume se
termine (p. 1279 à 1289) par un succinct Historique de la l'tlérature
française. Un tel bloc semblera, à priori, bien cont^idérable pour être
commodément mis en poche; mais la librairie Larousse a rendu la chose
possible, grâce au papier employé, qui est très mince, ce qui n'a pas
nui le moins du monde à la parfaite lisibilité du texte; c'est un véritable
tour de force. Il convient d'ajouter que la brève précision de la rédac-
tion a concouru aussi, et beaucoup, à la réussite d'une tentative qui
mérite un accueil empressé, aussi bien des étrangers que des Français.
Anjou et Maine. — Nous avons sius les yeux les deux magiiifiques
volumes publiés par la Société française d'archéologie à l'occasion de la
LXXVII*' session du Congrès arcliéologique de France^ tenue à Angers et
à Saumur en 1910. Le tome pr se compose en entier du Guide archéo-
logique du Congrès d' Angers et de Saumur, par MM. André Rhein, le cha-
noine Urseau, R. Triger et G. Fleury (Paris, A. Picard; Caen, Deles-
queS; 1911, in-8 de xcvi-299 p., avec 251 planches et figures^ M. André
Rhein nous parle d'abord de Saumur (p. 3-32, avec 13 planches, plans
ou fig ires', après quai, dans une « Première Excursion », il nous conduit
à Montsoreau, Candes et Fontevrault (p. 33-64, avec 20 planches, plans
et figures"'. Le'méme auteur, nous entraînant dans trois autres excursions,
nous fait visiter en détail : Asnières, le Puy- Notre-Dame et Montreuil-
Bellay 12^ excursion, p. 65-84, avec 9 planches, plans et figures); Thouars,
Oiron, Saint- Jouin-de- Marnes et Airvault (3^ excursion, p. 85-129, avec
23 planches, plans et fig res', enfin Saint- Floretit-les- Saumur, les Truf-
fcaux, Trêves, Cunault et Gennes (4^ excursion, p. 130-152, avec 9 plan-
ches, plans et fig-res). — C'est M. le chanoine Urseau qui s'est ensuite
chargé de faire le bref historique de la ville di' Angers, siavi de la des-
cription de tout ce que cette cité renferme d'intéressant au point de vue
archéologique (p. 153-265, avec 44 planches, plans et fg res'. — Ce
guide, on ne psat plus instructif, s'achève avec les p8g s que MM. R.
Triger et G. Fleury ont consacrées à la ville du Mans (p. 266-296, avec
22 planches, plans et figures). A noter que chacune des études ci-dessus
—.536 —
mentii-vanées se tenïiine par une bibliogiraphie plus ou moins ample que-
les tJ'availleurs apprécieront comme il convient. — Passons au tome II,
qui s" est formfi des Procès-verbaux et Mémoires (Paris, A. Picard; Caen,
Dele«iues, 1911, in-8 de 366 p., avec 112 planches, plans et figures).
Les Procès- verbaux rappellent les discoiirs prononcés par MM. le D'' Peton,
Pvcné Bazin, Héron de Vil'lefosse, E. Lefèvre-Pontalis et le toast de M.
Robert Trig<?r. Viennent ensuite les mémoires, au nombre de dix-huit,
que nous allons mentionner : I. L'Enceinte de Bouge-Écu, à Châtelais,
[Maine-et-Loire], par M. Desma'dères (p. 73-77); — N. Les Tombes en
pierre du canton de Segiv, par M. le baron de Villebois-Mareuil (p. 78-^
85); — III. Note sur le dégagement de Venceinte gallo-romaine du Mans,
par M. Robert Triger (p. 86-90); — IV. Étude arch'ologique sur Véglise
de Beaulieu-les~ Loches, par MM. J. Hardion et R. Michel-Dansac (p. 91-
120, avec 17 planches, plans et f gares); — V. L'Église abbatiale du
Ronceray d'Angers, étude archrologigue, par M. E. Lefèvre-Pontalis (p.
121-145, avec 24 planches, plans et fg res); — VI. Les Clochers de V An-
jou, par M. Louis de Farcy (p. 146-154, avec 4 planches); — VII. Rap-
port sur les tombeaux trbuvés dans le transept de Féglise abbatiale de Fon-
tecrault, le 14 juin 1910, par M. L. Magae (p. 155-157); — VIII. Quel-
ques œuvres de peinture exécutées à Vabbaye de Saint- Aubin d'Angers du
IX® au XII® siècle, par M. Amédée Boinet (p. 158-179, avec 10 planches
et figiires); — • IX. Les Peintures murales du moyen âge dans les anciens
diocèses du Mans et d'Angers, par M. Lucien Lécureux (p. 180-195, avec
7 planches et figures); — • X. La Coupole nervée de la Tour Saint- Aubin
d'Angers, par M. Charles-Henri Besnard (p. 196-202^ avec 8 figures); —
XI. Les Voûtes de la nef de la cathédrale d'Angers, par M. John Bilson
(p. 203-223, avec 5 planches et figures); — XII. Les Voûtes de Véglise
de Mouliherne, par M. André Rhein (p. 224-233, avec 3 planches et figu-
res); — ■ XIII. Les Influences angevines en Vendée, par M. ral>bô Gré-
lier (p. 234-246, avec 5 planches, plans et figures); — • XIV. Les Influen-
ces angevines sur les églises gothiques du Blésois et du Vendômois, par
M. le D'' Frédéric Lesueur (p. 247-269, avec 18 planches, plans et figu-
res); — XV. La Croix d'Anjou, par M. L. de Farcy (p. 270-279, avec
une planche); — XVI. La Croix de Bréon, parle même (p. 280-283, avec
une planche et une fg^re); — XVII. Compte de la construction du
château d'Amboise (1495-1496), par M. Louis de Grandmaist^n (p. 284-
340); — XVIII. Le Château de Verdelles [Sarthe), par M. E. Berthelot
(p. 341-354, avec 8 planehes, plans et fg.res). En parcourant ces deux
nouveaux volumes, on constate avec plaisir que les publications annuel-
les de la Société française d'archéologie sont, à tous égards, de plus en
plus remarquables.
J- Bretagne. — Vingt-six prêtres bretons furent extraits le 9 mars 1794
de la prison de Guingamp et conduits à bord d'un vaisseau ancré sur
la côte de Saintonge. Le récit de leurs souffrances a été composé par
l'un d'eux, l'abbé Besson. Nous devons à M. l'abbé A. Lemasson la publi-
cation de cette pièce quiv dans son éloquente simplicité, nous retrace les
épreuves dès déportés dont qninze devaient mourir de misère en rade
de l'île d'Aix [Notes sur les ecclésiastiques du département des Côtes-du
Nord déportés pendant la grande Révolution. Saint-Brieuc, F. Guyon, 1911
in-8 de 32 p.).
Fraxche-Comté. — Fondé en 1092, le prieuré du Marteroy, près de
Vesoul, fut détruit en 1595, lors de l'expéditioH en Franche-Comté de
— 537 --
l'aventurier lorrain Tremblecourt. Dans sa brochure : Le Prieuré du Mar-
teroy et son emplacement (Vesoul, inip. Louis Bon, 1911, m-8 de 52 p.,
avec plan); M. l'abbé J. Roussel donne d'abord un aperçu de l'histoire
de ce prieuré " pour rappeler au lecteur les diverses vicissitudes des bâ-
timents qui le constituaient et dont les siibstnictions ont été retrouvées».
C'est en faisant défoncer une vigie, jadis excellente et ruinée depuis
des années, à une profondeur moyenne de 60 centimètres, que l'autei r
fut amené à pratiquer des fouilles importantes, gi'âce auxquelles on est
aujourd'hui fixé sur « l'emplacement exact d'un établissement religieux
qui ne fut pas sans g'oire, l'une des plus utiles fondations des comtes
de Bourgi g le et de leurs vassaux les sires de Fauccgney ». On suit avec
un vif intérêt M. l'abbé Rovssel dans ses recherches, ses descriptior.s
et s">n « Essai de restitution » très bien présenté. Ce consciencieux tra-
vail se termine par trois appendices dont le dernier est consacré à l'é-
tude de la signification étymologique du mot « Marteroy ».
■ — ■ Pour l'histoire de la Révolution dans le département du Do-iibs,
on consultera utilement la brochure que M. Maurice Pigallet a intitulée-:
Département du Doubs. Les Représentants en mission. Garnier [de V Aube)
et Lejeune (Besançon, typ. J. Jacques, 1911, in-8 de 70 p.1. Carnier, né
à Troyes le 7 septembre 1742, est mort à Blaincourt fAvbe), le 9 sep-
tembre 1805. Quant à Lejeune, né à Issoudun, le 19 août 1758. c'est
en exil, à Saint-Josse-len-Noode, près de Bruxelles, qu'il est mort le
7 février 1827. Tous deux étaient des régicides. Déjà, on juin 1911,
{Polybiblion, t. CXXI, p. 541-542), nous avons signalé cette publication
insérée dans V Annuaire du Doubs de 1911, en exprimant le désir do
la voir tirée à part : c'est chose faite. Les documents mis au jour par
M. Pigallet sont accompagnés de deux notices : l'une, très brève, coi;-
cerne Garnier; l'autre, beaucoup plus importante, rappelle les faits et
gestes de Lejeune. Ce dernier semble avoir conquis l'estime et ia sym-
pathie de M. Pigallet, lequel, assurément, ne s'étonnera pas de nous
voir, en ce qui nous touche, refr;.ser l'une et l'autre à ce personnage.
Il n'en reste pas moins que la présente brochure met à la portée des
travailleurs des pièces que, sans elle, ils eussent dû aller chercher dans
les archives départementaleb.
— Dans V An})uaire du Doubs, de la Franche-Comté et du territoire de
Belfort pour 1912 (Besançon, typ. J. Jacques,, in-8 de 592 p.), le même
M. Pigallet reproduit (p. 552-581^ seize arrêtés du conventionnel Pelle-
tier, pris entre le 3 brumaire an III (2 octobre 1794) et le 11 ventôse
an III (1er niars 1795). Encore un représentant qui sut faire de la
bonne besogne révolutionnaire, ainsi qu'il appert d'une notice de M. Pi-
gallet. A noter que nous n'avons ici qu'une partie des arrêtés de Pelle-
tier, qui mourut à Bourges, sa ville natale, le 7 janvier 1839; la suite
sans doute sera publiée l'an prochain.
— M. l'abbé V. Tissot, curé de Boussières (Doubs), a tiré à part de
la revue la Femme contemporaine, où elle se trouvait tout à fait à sa
place, une relation, bonne page de petite histoire locale, ayant pour
titre : Une Jeune Fille pendant Vinvasion (1870-1871). Souvenirs et im-
pressions (Paris, Librairie des Saints-Pères, 1912, in-18 de 30 p.). Il ne
s'agit point ici de souvenirs propres à l'honorable ecclésiastique, mais
bien de ceux d'une femme du peuple, ]VP'^ Stéphanie Jannot, d'Oiselay
(Haute-Saône). En 1870, cette personne était âgée de 25 ans. Au cours
de rhi\-er de cette terrible année (novembre), elle entreprit, avec un
courage et une décision au-dessvs de s >n êge et de son sexe, malgré
l'opposition des siens, d'aller ù la recherche d'un frère sur le s>rt duquel
elle était inquiète, car il faisait partie du i" bataillon des mobiles de
la Haute-Saône, qui venait de lutter près de Belfort contre des forces
allemandes très supérieures et avait été grandement éprouvé. C'est le récit
des dix; jours qu'elle passa ainsi loin de sa famille, à travers une région
envahie par l'ennemi, qu'elle a fait à M. Tissot qui, avec juste raison,
a jugé utile de sauver de l'oubli ces souvenirs émouvants, où il ne faut
chercher « ni art ni littérature », ce qui, dirons-nous, est fort heureux,
car la simplicité, dans ce cas, est la garantie de la véracité.
— ISoiis avons récemment (mars 1912, t. CXXIV, p. 2S2) critiqué
de façon aosc vive un petit recueil de poésies de M. Amédée Deprat
intitulé : Impressions de traversée. Premières Impressions à Hanoï. En
Chine. Nous ferons meilleur accueil à la plaquette du même poète :
Nouvelles Impressions d'une muse doloise en Extrême-Orient, 1910-1911
(Dole, imp. E. Rousseau, 1912, in-16 de xvi p ). On peut citer avanta-
gcdsement, parmi les neuf pièces dont est composée cette brocluirette :
La Maison de Pasteur à Dole; Hommage au lieutenant- colonel franc-com-
tois Henri Moll et surtout un conte annamite : Co-pho, une Cendrillon
tonquinoise, qui est ravissant, tout simplement : on croirait lire, versifié,
un nouveau conte des Mille et une Nuits.
Languedoc. — Le tome XXXIIfe de la VII^ série des Mémoires de
V Académie de Nîmes (année 1910) nous est tout dernièrement parvenu
(Nîmes, imp Chastanier, in-8 de lxxxiii-378 p., avec 9 planches). Parmi
les pièces liminaires, nous mentionnerons • Rivarol, discours d'ouverture
d'i président. M. le chanoine Delfour (p. v-xxn). et les toasts prononcés
par divers au Banquet en Vhonneur de M. Fernand Janin, grand prix
de Rome (Architecture) le mercredi 14 décembre 1910 (p. LVii-Lxxxin, avec
1 planche) ; après quoi nous passerons aux mémoires : Les Terrains des
Arènes de Ni ries, par M. Félix Mazauric (p. 1-35, avec 6 planche:;); —
Bail en langue d'oc de travaux pour Véglise de Calvisson (1482), publié
par M. Edouard Bondurand (p. 37-51); — A quoi servait Véglise de
Caveirac en 1480, par le même fp. 53-54); — Une Histoire de la séné-
chaussée de Beaucaire sous saint Louis, par M. Edouard Bondurand (p. 55-
62); — Notice sur un tombeau gaulois trouvé à Beaucaire en 1890. Deui
nouvelles inscriptions romaines, par M. le D' N. Julian (p. 63-69, avec
2 pi.); ■ — Le Bétablissement du siège épiscopal de Nîmes sous la Restau-
rcfon, par M. de Sorbier de Pougnadoresse Ip. 72-971; • — ■ Histoire d'une
commune rurale de 1780 à 1800, par ]\L Pierre Guérin (p. 99-302). Il
s'agit ici de la commune de Milhaud et du tableau de son eyistence entre
les années 1780 et 1800. Cette monographie est particulièrement inté-
ressante pour l'histoirÊ des mœurs dans le Languedoc durant la période
envisagée. « Présenter, dit l'auteur dans son Avant-Propos, sous une
form,e très simple, \m récit facile des menus faits qui sont comme la
trame de la vie sociale dans une humble com,mune de village, en un temps
donné, tirer des délibérations de registres municipaux les conclusions que
la vraisemblance des choses et la vue impartiale des faits d'actualité
rendent légitimes et acceptaJjles, aboutir à quelques considérations d'ordre
plus général s\ir l'histoire de notre pays sans préjugés, sans passion,
voilà ce que je me suis proposé ». ■ — ■ A la fin du volume, on trouvera
un inventaire relatif aux musées archéologiques de Nîmes dressé par
M. Félix Ma/.auric sous le titre de Recherches et acquisitions [année 1910)
(p. 303-343).
— Le \olumo que publie M. -llonri Grange, intitulé : Sommaire.'^ des
- 539 —
lettres pontificales concernant le Gard {anciens dioches de Nîmes, d'Uzès
et parties d'Avignon et d'Arles émanant des papes d' Avignon (xiV^ siècle),
l'e partie Nîmes^ A. Chastanier, 1911, ia-8 de 288 p.) renferme l'analyse
de 1834 lettres pontificales se rapportant toutes, pour la période du
XI v'' siècle, soit' aux monastères, paroisses, prieurés, s)it aux person-
nag s des anciens diocèses de Nîmes et d'Uzès. Dans ce travail, chaque
lettre fait l'objet d'une courte analyse, mais suffisante pour en donner
la teneur essentielle, et l'analyse est suivie de l'indication de la cote du
document, de sirte que l'on a ainsi un véritable inventaire des docu-
ments pontificaux relatifs au Gard sous les papes Clément V, Jean XXII,
Benoît XII, Clément VI, Innocent VI, Urbain V, Grég.>ire XI et Clé-
ment VII. Il faut espérer que la fin de cet ouvrage et surtout la ta-
ble, bien nécessaire pour l'utiliser, ne tarderont pas à suivre ce premier
fascicule.
Allemagne. — Depuis quelques années, sous la direction de M. Max
Ett'inger, il se publie à la librairie Josef Rose!, à Kempten, un guide
littéraire pour les catholiques allemands. Des collaborateurs spéciaux y
donnent, sous des rubriques diverses (littérature et histoire littéraire
îillemandes, romans, musique, philosophie, histoire, etc.), un aperçu de
<e que la production littéraire offre en chaque genre de plus recomman-
dable pendant l'année écoulée. Mais en même temps, sous chaque rubrique,
<tn trouvera une liste d'ouvrages recommandables plus anciens. Tout en
tenant compte que de bons ouvrages ont pu assurément échapper aux
rédacteurs du recueil, il faut reconnaître que cette publication bien con-
çue et bien exécutée est appelée à rendre de précieux services. Le prix
extrêmement modique (1 fr. 25) du Literarischer Ratgeber fur die Katho-
lik'n Deutschlands, dont la 10^ année (1911^ vient de paraître (in-8 de
iv-205 p.), le met à la portée de toutes les bourses.
Irlande. — Le Polybiblion a bien des fois déjà sigialé les éditions
et traductions de textes irlandais de M. Kuno Meyer. Ce sont toujours
des tedes inédits tirés du trés)r de l'ancienne littérature de l'Irlande,
et intéressants à des titres divers. Aujourd'hui, c'est une vie de saint,
qui forme le fascicule XVII des Todd Lectures, s>us ce [titre : Betha
Colmâin, etc. (Dublin, Hodges et Figgis, 1911, in-8 de xvii-136 p. —
Pri.-c : 3 fr. 15). Saint Colm.ân, fils de Luachân, florissait au vii^ siècle,
mais sa vie n'a été écrite qu'au xn^ siècle dans un monastère où l'on
conservait ses reliques; elle n'est, à ce qu'il smibîe, conserN'ée que dans
le manuscrit irlandais de Rennes. Ce n'est pas une oeuvre d'histoire ou
d'annales, mais un récit d'édification destiné à montrer le pouvoir du
saint par ses miracles, souvent futiles autant qu'extraordinaires, comme
dans les autres vies de saints irlandais, et M. K. Meyer cite à ce pro-
pos un jugement de saint Bernard s>r les Irlandais de son temps : Chri-
sliani nomine, re pagani. C'est la psychologie religieuse de l'Irlande au
moyen fge et les mœurs bien primitives de cette époque qui forment
l'intérêt de cette vie. Grâce à la traduction anglais? de M. Kuno Meyer,
aussi é'égciiite que précise, ce document est dés irmais accessible à tous
les curieux d'h^gktg.'aphio.
Publications nouvelles. — • Die bedeutung Richard Siinons fiir die
Pentateuckkriiik, xon Dr. F. Stummer (in-8, Munster i. W., Aschendorff).
— Jésus-Christ, sa vie, son temps, par le P. H. Leroy. Année 1910 (in-16,
Beauchesne . — .Études bibliques. Introduction, aux paroles évangfliques,
par le P. D. Buzy (in-12, Lecolfre, Gabalda). — Lu Didascalie des douze
apôtres, trad. du syriaque, par F. Nau (in-8, Lethielleux). — ^. Jésus a-t-il
— 540 —
i'ccu? Coutnn-erse religieuse sur « le Ali/the du Christ «, discours de A. Drevss,.
le pasteur von Sodem, le pasteur F. Steudel, etc.; trad. par A. Lipman
(in- 16, Messein). — L'ÉcoLution. divine, du Sphinx au Christ, par E.
Schurt> (in-16, l'errin). — Paroles de Jésus sur la niotUagne. Entretiens
d'un quart d'heure pour les jeunes chritiens de ce temps, par l'abbé-
Chabot (in-16, BeaudiesneK — Le Pain évangélique, par l'abbé E. Du>-
plessy. T. II. Du Carême à la Saint- Pierre (in-16, Téqui). — - Instructions
d'un quart d'heure pour les dimanches et fêtes de l'année, par l'abbé
H. Verdun (petit in-8, Beauchesne). — Manuel pratique de la dévotion
au Sacré Cœur de Jésus, par l'abbé D.-H. Vandepitte (in-:î?., Téqui). —
IJvre d'or du cœur de Jésus pour les prêtres et pour les fidèles, par J.
Hilgers (in-32, Letliielleux). — I^e Mystère d'amour. Considérations sur
la sainte Eucharistie, par lie R. P. Lecornu (in-16, Téqui). — • La Grâce
à dix Hns. Essai de discernnnent et d'éducation de la grâce chez les jeunes
enfan<s, par l'abbé Celle (petit in-8, Beauchesne). — Pensées choisie^ du
R. P. de Ponlevoy, de la Compagnie de Jésus, par le P. E. Renard (in-
18, Téqui). — ■ /-« Vraie Politesse. Petit Traité sous forme de lettres à:
des religieuses, par l'abbé F. Demore (in-16, Téqui). — La Vocation au
mariage, au célibat, à la vie religieuse^ par le R. P. J. Coppin (in-lC,
Téqui*. • — La Amociôn administratica de los pârrocos. Exposiciôn y co-
mentarios al decreto « Maxima Cura ", por el P. A. Ruibal iin-12, San-
tiag'O, imp del Serainario C. Central). — Z,es Transformations du droit
civil, por J. Charment (in-18. Colin). — Tahl^ générale des références de
jurisprudence aux recueils Sirey, Dalloz, Gazette du Palais, Gazette des
tribunaux et des Pandectes françaises, classée par ordre chronologique, par-
J. Jouglar. T. I (1845-1880), 1" lasc. (in-4 carré, Giard et Brière). —
La Seconde Conférence de la paix. La Haye, juin-octobre 1907, par E.
Lémonon (in-8, Librairie générale de droit et de jurisprudence). — Pre-
iuiers Principes d'une théorie générale des émotions, par M. I.atour (in-16,
Alcan). • — Devoir et durée. Essai de morale sociale, par J. Wilbois (in-8,
Alcan). — Contre la métaphysique. Questions de méthode, par F. Le Dan-
tec (in-8 AlcanU — Die philosophischen werhe des Robert Grosseteste,
hischofs von Lincoln. Zum Erstennial vollstàndig in hritischer nusgabe,
besjrgt \on Dr. L Baur (in-8 , Munster i. W., Ascii en doi'ff). — En
Marge de Nietzsclie. Philosophèmes, par L. Benoist-Hanappier (in-16, Fi-
guière), — Hfgel, sa vie et ses œuvres, par P. Roques (in-8, Alcan). —
Le Monisme matérialiste en France, par J.-B. Sanlze (in-8, Beauchesne)
— Précis d'économie politique, par C. Erouilhet (gr. in-8, Pierre Roj,er).
— • Les Actions de travail dans les sociétés anonymes à participation ou-
vrière, par E Antonelli (in-16, Alcan). — jLes Syndicats féminins et les
syndicats mixtes en France, par A. PawloMski (in-16, Alcan). — La So-
ciologie générale et les lois sociologiques, par G. Richard (in-16 cartonné,
DoinS — Études sociologiques. Deux Républiques {France et Suisse), par
Un diplomate (in-12. Berger-Levrault). - - Les Ravageurs. Récits sur les
ijisecies nuisibles à l'agriculture, par J.-H. Fabre (in-18, Delagrave), —
Dans la Pampa, chasses impromptues, jar G. Paireaux (in-16, Hachette).
— Les Parathyroïdes, par L. Morel (gr. in-S cartonné, Hermann). —
I,e Goût et l'odorat, par .L Larguier des Bancels (gr. in-8 cartonné, Her-
mann). — Le Maître inconnu. Cagliostro_ étude historique et critique sur
la haute magie, par le D'' M. Haven (gr. in-8, Dorbon aîné). — Mémoires
scientifiques de P. Tannery, publiés par J.-L. Heiberg et H. -G. Zeuthen.
I. Sciences exactes dans l'antiquité, 1876-1884. I (in-8 carré, Gauthier-
Villars). — • Pensées, de .). Tannery (in-12, Hachette). — Oscillutions et
- 541 -
-Knbrations, ctade générale des mouvements vibratoires, par A. Bon tarie
{in-lS, O. Doin). — • La Direction de la guerre. La Libeit'' d'action des
généraux en chef, par le cam' V. Diipiiis (in-8, Chapelot^. — Opinions
■allemandes sur la guerre moderne. 1^^ fasc. (gr. in-8, Berger-Levrault). — •
État militaire de toutes les nations du monde, 1912, par C. Mal» (in-'12,
Berger-Levrault). — Les Jeux tt les jouets, leur histoire^ par A. Parmen-
tier (petit in-8, Colin). — Les Maîtres de Vart. Fra Angelico, par A.
Pichon (iu-8, Plon-Noiirrit). — • La Résonance du toucher n la topogra-
phie des pulpes, par M. Jaëll (in-8, Alcan). — Pour lu Patrie, par A.
Gilbert (in-I6, Beaiichesne). — Le Rêve de Géronte « The dfeam of Ge-
rontius ", par le cardinal Newman; trad. par l'abbé V. Lebourg (in-8,
Beauchesne). — De tout mon cœur, par E. Mamet (in-16, Messein). — ■
Entre les murs. Études pour un poème social, par C. Troufleau (in-18.
Société française d'imprimerie et de librairie). — • Les Heures émues, par
P. Valdelièvre (in-12. Édition du Beffroi). — ■ Le Redoutable, par M. Le-
néru (in-16, Hachette). — Théâtre fantaisiste, par M. Rognlat (in-8, Fi-
guière). — • Au tntrnant des jours. Gilles de Claircœur, par Daniel Le-
sueur (in-16, Plon-Nourrit). — Un Obstacle, par J. de la Brète (in-16,
Plon-Nourrit). — Sous la neige, par E. Wharton (in-16, Plon-Noiirrit).
— • Amours rurales, par P. Laconr (in-16, Perrin). — L'Apostolat du
knout en Pologne. Notes de voyage au pays de Chelm, par L.-S. Rey-
mont; trad. du polonais par P. Ca-dn (in-16, Perrin). — • Feuilles mortes,
par J. Morel (in-16. Hachette^. — Mélissa, par J.-O. Cnrwood: adapté
■de l'anglais par V. P'orbin (in-16, Hachette). — • La Fille de Lynch, par
L. Merrick; trad. de l'anglais par F. Delmont (in-18, Colin). — La
Ronde, dix scènes dialoguèes, par A. Schnit^ler (in-16, Stock). . — Œuvres
complètes du C'^ L Tolstoï. T. XX\ai. La Mort d'Ivan Ilitch. Nicolas
Palkine. Marchez pendant que vous avez la lumière. La Sonate à Kreutzer
(in-16, Stock). — Première Paroisse, par P. Abbas (in-16, Dorbon aîné).
— Hors de sa race, par A. de Villemagne (in-18, Figuière). — • Lilla,
par J.-B. Natali (in-18, Figuière). — La Vaine Boni-, par M. Hémon
(in-12, Figuière). — La Bague, satire politique et morale, par M. Du-
broca (in-18, Figuière). — L'Oncle Praline, par A. de Maricourt (in-12,
H.Gautier). — L'Epopée de César, par H. Guerlin (in-16, cartonné. Tours,
Marne). — Vendéenne, par J. Charruan (in-12, Téqui). — Ginevra, ou
le Manoir de Graittley, par L. Fullerton; trad. de l'anglais (in-16, Té-
quil — Choisir, par A. de Saint-Germain (in-16, Édition du « Temps
présent ».) — • Lettres de Frédéric Ozanam, 1831-1853, avec notes et plu-
sieurs lettres inédites (2 vol. in-16, J. de GigordK — Correspondance de
Bory de Saint-Vincent [supplément), publiée et annotée par P. Lauzun
(in-8, Agen, Maison d'édition et imprimerie moderne). — De Dante à
Verlaine. Etudes d'idéalistes et mystiques, par J. Pacheu (in-16, Tralin).
— • Les Liées sociales dans le théâtre de A. Dumas fils, par C.-M. Noël
(in-8, Messein). — • Guide to tlie lave and légal literature of Germany, by
E. M. r.orchard (in-8 cartonné, Washington, Grivernment printing office).
— Au Paradis des Rajahs, par A. de Fouquières (gr. in-8, Fontemoing).
— Croquis de Chine, par J. de la Servière (gr. in-8, Beauchesne). ■ —
En Tripolitaine. Voyage à Ghadamès, suivi des Mémoires du maréchal
Ibrahim- Pacha, ancien gouverneur, sur son œuvre en Tripolitaine avant la
guerre, par E. Bernet (gr. in-8, Fontemoing). — Le Congo méconnu, par
J. Dybpwski (in-16. Hachette). — Le Travail dans le monde romain, par
P. Louis (in-8, Alcan). — La Juridiction de la municipalité parisienne
■de saint Louis à Charles VII, par G. Huisman (gr. in-8, Leroux). -—
Jcanr.r d'Arc (Vaprès les docmnents contemporains, par F. de Richemorit
(in-8, Librairie Saint-Paul). — Les Papes d'Avignon (1305-1378), par 0.
Mollat (in-12, LecofTre, Gabalda).— Un Grand Procès de sorcellerie au
XVII« siècle. L'Abbé Gaufridij et Madeleine de Demandolx '1600-1670),
par J. Lorédan (petit in-8, Perrin). — Anglais et Français du xvii^ siè-
cle, par C. Bastide (in-16, Alcan). — Les Femmes illustres. Ninon de
Lanclos, par E. Moigne (in-16, Éditions d'art et de littérature, Nilsson).
— La Fin des Parlements, 1788-17yO, par H. Carré (in-8, Hachette). —
Le Clergé de France pendant la Révolution, par l'abbé A. Sicard. T- 1.
L'Effondrement (in-8, Lecoffre). — Le Pillage des biens nationaux. Une
Famille française sous la Béi>olution, par P. de pradel de Lamase (in-8,
Perrin). — Tragédies et comédies de l'histoire, récits des temps révolution-
naires, par E. Daudet (in-16, Hachette). ■ — Mémoires et documents re-
latifs aux XVIII® et xix® siècles. J.-B. Brissot. Correspondance et papicrr,
précédés d'un Avertissement et d'une Notice sur sa vie, par C. Perroi d
(in-8, A. Picard et fils). ■ — léna et la campagne de 1806, par H. Ho; s-
saye (in-16, Perrin). — 1812. La Guerre de Russie. Notes et Documents,
par A. Chuquet (in-8, Fontemoing). — 1814. La Manœuvre de Laon, par
le capitaine G. Hubt fgr. in-8, Chapelut). — Waterloo et Sainte- Hélène.
Notes et souvenirs d'un officier d'état-major, par le lieut'-colonel B. Jack-
son. Édités par R.-C. Seaton; trad. de l'aj glais par E. PJromvet (in-î6,
Plon-Nourrit). • — Souvenirs d'un cadet (1812-1823), par Larreguy de
Cisrieux (in-16. Hachette). • — La France sous la monarchie constitution-
nelle (1814-18'i8), par G. Weill (in-16, Alcan). — L'Œuvre française en
Algérie, par R. A} nard (in-16, Hachette). — Lamartine et la Flandre,
par H. Cocliin (petit in-8, Plon-Nourrit^. — L'Europe et la politique
orientale, 1878-1912. par le C"' de Landemont (in-8, Plon-Nourriti. — -
Guerre russo- japonaise (1904-1905), historique rédigé à l'état-major de
l'armée risse; trad. publiée sous la direction de l'état-major de l'armée
[française]. (Paris, Imhaus et Chapelet, gr. in-8, t. II, en 3 vol. et 2 vol.
d'atlas). • — • La Brèche maritime allemande dans l'empire colonial anglais,
par M. Brunet (petit in-8, Gui'moto). ■ — Les Églises chrétiennes au matin
du XX® siècle, par E. Ritter (in-16, Perrin). ■ — Les Origines rationalistes
du démocratisme chrétien, par J. Kig!:cs 'gr. in-8, Jouve). — La Crise
française. Faits, causes, solutions, par A. Chéradame (in-16, Plon-Nour-
rit). — Gens de robe, scènes de la vie judiciaire sous la 3^ République^
par C. rUdeo (in-8, Figuière). — Retours sur la vie. Appréciations et con-
fidences sur les hommes de mon tcmns, par A. Chambolle (in-8, Plon-
Nourrit^ Visknot.
..T*
— 543 —
TABLE MÉTHODIQUE
DES OUVRAGES Aî^ALYSÉS
THÉOLOGIE
Écriture sainte. Exégèse, i.ittôrature orientale. Ri di-
meiita linguae hebraicae scholis publiais et domesticae discipli-
nae brevi; sime accomodata scripserunt Z)'' C.-//. Vosen et D^
F. Kaulen. Nova editio quam recognovit et auxit prof. J.
Schumacher 193
Grammaire du grec du Nouveau Testament (A.-T. Bobertsoji);
trad. sur la 2^ édition par E. Montet 104
Les Mœurs des Israélites (Fleunj). Extraits précédés d'une no-
tice par Albert Chérel 195
Bible et Sciftice. Terre et Ciel (Ch. de Kirwan) 196
Der Kanon des Alten Testaments lur Zeit des Ben-Sira. Auf
Grund der Beziehungen des Sirabuches s-u dèn Scliriften des A.
T. dargestellt von D»' A. Eberhaiter 196
Étvtdes bibliques. De l'authenticité dfs livres d'Estlier et de
Judith (le vicomte E. de Marsay) 197
BeRarmin et la Bible sixto-clémentine.Éti-'de et documents inédils
(le R. P. Xavier-Marie Le Bachelet) 198
Novum Testamentum latine secundum editionem sancti Hiero-
nymi ad codicum mani scriptorum idem, recensuerunt J. Wor-
dsworth et H.-J. White. Editio minor curante H.-J. White. . . . 199
Die Altsyrischen Evaugelien in ihrem Verhâltnis zu Tatians p^
Diatessaron untersucht von Dr. H.-J. Vogels 200
Les Saints Évangiles. Traduction nouvelle, d'apriis laVi.'gate,
par J.-B. Chabot 201
Les Étapes du rationalisme dans ses attaques contre les Évan-
giles et la \ie de Notre-Seigneur Jésus-Christ, exposition his-
torique et critique (L.-Cl. Fillion) 202
Jésus-Christ et l'étude comparée des religions (Albert Valensin). 2'03
Die Niederfahrt Christi in die Unterwelt. Ein Beitrag zur Eyeg» se
des Neuen Tcstamentes und ziîr Ceschichte des Tai"s3mbo]s
von Zir Karl Gschwind 204
Catalogue des cylindres orientaux de l'a collection Louis C\ gnin
(Léon Legrain) 205
liiturgîe. La Messe. Étude doctrinale, historique et liturgique
Œ.-P. Bourceau) 326
Philippe de Mézières Dramatic Office for the Présentation of
the Virgin (Karl Young) 21,8
Tbéeloj^ie tf ogniati<iue. Dictionnaire de théologie catholie^ue,
publié sous la direction de Vabbé Mangenot. Fèsc. XXXII,
XXXIII, XXXIV et XXXV 5t
— 544 —
Dictionnaire d'oxempUs à l'i s.^ge des prédicateurs et des caté-
chistes, classés par le R. P. Schrrer. Édition revue par le R. P.
J.-B. LampeH; trad. de l'allemand par Vahbé Jules Debreyne. 99
Catecisino de la infancia, preparaciôn dogmatica y moral para
la primera communion e iustruccioncscatequisticas al alcance
de îos ninos (el abatè Ck. Malwjoui) 103
Petit Catéchisme de la grâce (Ch. Vandepitte) 108
' Le Libéralisme est un péché, suivi de la Lettre pastorale des évo-
que de l'Equateur sur le libéralisme (Félix Sarda y SaU'any) ;
trad. de l'espagnol par M"'"^ la marquise de Tristany 420
Cours d'instructions dominicales (le chanoine R. Turcan) . . . . 98
La Religion chrétienne, simples notes (Vahbé René Petiteau) . . 98
Enchiridion s mb'^lorum., defmitionum et declarationum de rébus
fidei et morum (H. Denzinger). Editio XI, quam paravit Cl.
Bannwart 227
L'Acte de foi est-il raisonnable? (le R. P. Schwahn) 73
Le « De Ignota Litteratura », de Jean Wenck de Herrenberg
contre Nicolas de Cuse (E. Vansteenberghe) 262
La Vocation au sacerdoce (F.-J. Hurtaud) 228
Le Chemin de la vérité (le comte de Champagny ) 100
La Force morale (Georges Legrand) 100
Le Purgatoire, ou Pouvoir, motifs et moyens que noi s avons de
secourir les âmes du Purgatoire (Vabbé Joseph Terrisse) . . . . 100
Tliéologie morale. Serinons. Theologia moralis (Augustino
Lehmkuhl) 418
Le Problème religieux et moral (le chanoine WilJtelm Meyer) ;
adapté de l'allemand par Vabbé L. Douadieq 101
Le Guide de la jeunesse (Va.bbé de Lamennais), précédé de la
Religion démontrée à la jeunesse (Jacques Balmès) et de l'A-
brégé de l'histoire sainto (Bossuet) 108
L'ÈA^angile et le temps présent (Vabbé Élie Perrin) 506
L'Éducation de la charité (Vabbé E. Debize) 101
Saint Vincent d^ Paul. Lettres choisies, publiées par Pierre
Costé. l 360
Le Cardinal Pie. Discours choisis avec une introduction, des
notices et des notes, par Vabbé Paul Halflants 360
Conférences à la jeunesse des écoles (Ch. Vandepitte), ir'^ série.
Grandes Vérités du salut et devoirs d'état. 2^ série. Devoirs
envers Dieu et envers le prochain. 3^ série. Devoirs envers nous-
mêmes 104
Nouveaux Mélanges oratoires (M. d'Hulst). IX 142
Vapârnapok a Tàtrâban (Dimanches dans les monts de Tâtra)
(le D^ A. Zubriczky) 456
Ap3lo^éti4ue. Apologétique chrétienne (Anatole Moulard et
Fruncifi Vincoit) 420
El nombre. La Vida, la ciencia, el arte (Emesto Hello); trad.
de Miguel S. Oliver 263
Ascétisme et Piété. Le « Notre-Père » de l'heure présente (J.
Santo) 102
Le Prophète de Galilée. Lectures évangéliques poiîr le temps
après la Peatc<:ôte (Vabbé A. Dard) 102
— 545 —
Vie de la Sainte Vierge, d'après les Méditations d'Anne- Catherine
Bmmerich (Vahbé de Cazalès) 102
Les Enfants. Questions A\i temps présent (Mgr J.-A. Chollet) . . 103
Bernardi Olivierii Excitatorium mentis ad Deum nunc primum
ad fidem codicis Escurialensis edidit P. Benignus Fernandez. 105
Miroir de la perfection du B. François d'Assise (le Frère Léon) ;
version française de Paul Budry 105
- Vers la fer\'eur (P. Lejeune) 106
La Communion fréquente dans les Œuvres populaires; raison,
méthodes, expériences (le R. P. Lintelo) 106
Le R. P. Pierre Olivaint. Journal de ses retraites annuelles. T. L
de 18G0 à 1865. T. II de 1866 à 1870 105
Manuel eucharistique, adapté de l'espagnol par le R. P. Joseph
Thermes 107
Un Mois du rosaire chez soi. Sujets de méditation, lectures, traits,
légendes et histoires pour chaque jour du mois d'octobre
(Vabbé A. Saulnier) 107
Le Règne de l'Évangile dans la cité chrétienne. Pieuses Con-
sidérations et règles de conduite (Vahbé Prosper Baudot) .... 107
El Convite del divino amor (José Frassinetti) ; trad. del italiano
por José Pérez Hervâs 1 65
L'Ami des malades (le chanoine Girard) 108
Histoire des religions. Le Bouddhisme primitif ('^Z/rec^iîo«s-
sel) 143
Le Modernisme bouddhiste et le bouddhisme du Bouddha.
( Alexandra David) 327
Histoire sociale des religions (Maurice Vernes). I. Les Religions
occidentales dans leur rapport avec le progrès politique et
social 241
IVtélanges. A vallàs leléktana (La Psychologie de la religion) (le
D^ Ch. Wiedermann) 456
A Szentô avatàs (La Canonisation des saints) (Ë. Huszàr) 455
Retour à la sainte Église. Expériences et croyances d'un C' in-
verti (le D^ Albert von Ruville) ; trad. de l'allemand par Vabhé
G Lapeyre 52
JURISPRUDENCE
Oroit canonique «t eeelèsia<stiqiie. La Curia romana gegûn
la novisima disciplina decretskia por Pio X. Comentario cano-
nico e historico sobre la Cons. « Sapienti consilio » (el R. P.
Juan Ferreres) 422
Lob Esponsales y el matrimonio stgûn la novisima disciplina,
comentario canônico maral sobre el décrète « Ne Temere »
(el R. P. Juan B. Ferreres) 222
OroH public. De la Fonction et des juridictions de cassation en
législation comparée (Raoul de la Grasserie) 491
Le Statut des fonctionnaires. L'Avancement, son organisation,
ses garanties (Charles Georgin) 492
Droit ci y! I. Traité de droit ci\ il comparé (Ernest Roguin). Les
Successions. III. La Succession testamentaire 482
Juin 1912. T. CXXIV. 35.
Étude critique de la tutelle des mine'rtrs en droit lumparé (Raoul
de la Grasf^erie) ^B'd
])c la Commune Renon'môe dans ses rapports avec la théorie
des preuves (Maurice Picard) 484
Différends et prccès entre locataires (Gn-ton ('"urtoisj 485
Les Droits de la femme (Marguerite Martin) 485
La Femme en Roumanie, sa condition juridique et sociale dans
le passé et le présent (Alexandre A. C. Smurdza) 486
Comment, avec la loi, la femme peut protéger ses biens, sa fortune,
sou libre salaire, les produits de son travail, ses épargnes, sa
famille, manuel populaire (Camille Guillard).. 487
Droit commercial. Le^ Lois commerciales de l'univers, et mpre-
uanl reiiSemI)lo des textes relatifs au droit commercial, avec
références au droit civil, aux lois d'organisation judiciaire et
à la procédure; textes originaux et commentaires avec tra-
duction française en regard, par de nombreux collaborateurs de
tous pays. Édition française sous la direction de Charles
Lyon-Caen, Paul Carpentier, Fernajid Daguin et Henri Pru-
dhomme. T. IV. Brésil (Rodrigo Octawo de Langgard Menezes).
Traduction française par Paul Goulé. T. VL Chili, Paraguay
(Julio Phtlippi, Arturo Fernando Pradel, A. Schuler). Trad.
franc, par Paul Goulé et Henri Prudhomme. T. XXI IL Suède,
Norvège (Adolf Astrom, Edward Hambro, Ernest Kullenberg).
Trad. franc, par L. Beauchet. T. XXIV. Danemark (Erland
Tyrherg. Trad. franc, par L. Beauchet. T. XXV. Scandinavie
(Adolf Astrom, Edward Hambro, Erland Tybjerg). Trad.
franc, par L. Beauchet. T. XXVIII. Pays-Bas, Colonies néer-
landaises (Martinus J^an Regteren- Aliéna, Fr. Corneli Hek-
meyer). Trad. française par H. de Hoon, F. de Pclsemacker,
Louis Dosjel. T. XXXV. Ri,s.sie, Pologne (H.-O. Klibanski,
O.-Ju. Pcrgcmainte. A.-V. hivadiki). Trad. traiiç. par P. Mal-
lieu.': 487
Des Sociétés commerciales, g. ide pratique et formulaire (A.
Pottier) 488
,Dirispn;dence générale et législation de la médecine-pharmacie,
pibliée par Phily, Henri Petel. F. Izouard, A. Crinon, Marcel
Petit et P. Bogeloi 228
l>roit nnarltiine. Traité de droit maritime (Daniel Danjon).
T. 1 1. Capitaines, responsabilités, affrètement 489
Droit fisc»!. Manuel formulaire de l'enregistrement, des domaines
et dii timbre, sui\ i d'un précis de manutention et de comp-
taï)i!ilé (Jules Cast'llon) 493
Les Coffres- forts et le fisc (Ch. Lescœur) 493
?lroit forestier. Cours de droit forestier ^C'/iar/fs Guyot).T. III,
fasc. F'', livre vi 52
Droit pénal. Traité de droit pénal allemand (le L'^ Franz von
Liszt); trad. par René Lobstein. T. I. Introduction. Partie
générale 49©
Principios fundamentales del derecho pénal (el P. Victor
Cathrein). Traducido del aleman por cl P. Josc-M.-S. de
Tejada 490
Le Fondement de la responsaiililé pénale (Henri Urtin) 491
b\l —
SCIENCES ET ARTS
Philasophie. Ciéiiéralités. Le Transformisme et l'expérience
(Etienne liabaud) 330
Criteriologia sclulastica (Alphonsus M. Ribô et Balhuena) . . . . 386
Identité et réalité (Emile Meyerson) 387
Les Concepts de la raison et les lois de l'univers (Eugène de Ro-
berty) 387
Le Sens et la valeur de la vie (Rudolf Eucken)\ trad. de l'alle-
mand par Marie- Anne Hullet et Alfred Leicht 388
Œuvres philosophiques choisies de David Hume; trad. de l'an-
g'ais par Maxime David, l. Essai sur l'entendement humain.
Dialogues sur la religion naturelle 389
Mélanges de philosophie relativisto, contribution à la culture
philosophique ((',. Sim.mel); trad. d-^ l'allemand par Mi'e ^,
Guillaiu 3&0
L'Action criniiiitiie, éti;de de philosophie pratique (Henri Ur-
tin) 3<J2
Positivisme et catholicisme, à propes de 1' « Action française »
(L. Laberthnnnière) 393
Initiation philosophique (Emile Faguet) 394
Études de philosophie an(;ienne et de philosophie mcderne (V.
Brochard), recueillies et précédées d'une Introduction par
V. Delbos 395
I.,e Problème religieux dans la philosophie de l'action fMau-
rice Blondel et le P. Laberthonnière) (Th. Cremer) 398
Essais sur la sensibilité contemporaine (Raphaël Cor) 398
Peut-on croire sans être un imbécile ? (Henri Desprez) 423
Le Vieillard. La Vie mondaine. Pensées du soir (Mgr Baunard). 41i3
Esquisse d'une philosophie des sciences (W. Ostwald); trad. de
l'allemand par M. Dorolle 143
Psyeliolofiie. Dieu et Science, essais de psychologie des sciences
(Élie' de Cyon) ' 508
La Psych(»logie parles textes (J.-F. Renauld et M. Maire). . . . 386
Précis de psychologie (Hermann Ebbinghaus) ; trad. de l'alle-
mand par G. Raphaël et revu par le D^ G. Revault d' Alonnes . . 387
Aile fonli délia vita (D^^ William Mackcnzie) 386
L'Esprit de taquinerie. Étude de psychologie comparée (Fernand
Nieolay '. 329
Morale- La Morale d'après saint Thomas et les théologiens scolas-
tiques. Mémento théorique et guide biblic graphique (A. de la
Barre) 421
Morale et moralité, essai sur l'intuition morale (Paul Sollier) . . 390
La Morale et l'intérêt dans les rapports individuels et interna-
tionaux (J. Novicow) 391
La Morale par l'État (André Marceron) 391
Éludes de morale (F. Rauh) 392
La Charité à travers la vie (la comtesse d' H aussonville ) 144
Ce qu'il faudra toujours (C. Wagner) 393
Métaphysique. Y a-t-il un Dieu? Ya-t il une survie de l'âme
après la mort ? (Henri Hugon) 389
— 518 -^
A Lélelc (l'Ame) (le />>• ./. Trikâl) 456
La Destinée de l'hoiume (C. Piot) 389
Prescience divine et liberté humaine (Vabbé L. diniuv.i) 389
Histoire de la |tliilosop1aie. Les Grands Philosophes. ]Maïmo-
nido (Ldiiis-Ccnnniti Ltvij) 395
Der Nipuiinalisnius in der Frûhsclv'lastik. Ein Beitrag i.mv Ge-
schichte der Tniversalien t'rage in Mittelalter, nebst einero
neuen Text-Aiisgabe des l^>riefes Roscelins an Abàlard (Dr.
Jos. Reincrs). ' 361
La Paix dans la vérité, étude sur la ])orsonnalité de saint Tho-
mas d'Aquin (Bernard Allô) 395
Malebranche (J. Martin) 396
Berkeley (Jean Didier) 396
Condillac (Jean Didier) 396
Piern- Leroux (J.-E. Fid.an-Jn^tininni) 397
Guyau (Paul Archamhaull) 397
Lé'in Cllé-Laprone (George Fonsegrive) . 398
Édiicntion. Eiiseiguenient. L'Éducation selnu rÉvangile
(l'abbé Sylvain. Verrct) 7. . . . 328
Ce que i^énelon dirait au xx® siècle sur l'édiicatiMu das filles
(L.-B. Daguirre) 424
Nos, Filles. Dialogues sur l'éducation (E. Vesco de Kercven) . . . . 425
L'Édi'cation joyeuse. En vacances, en iam\\\e(HenriChanlavoin.e) 425
El Seoreto del éxito : plâticas de quince minutes con los jôvenes
de quinee a veinte afios (el P. Ramôn Ruiz Aviado) 456
Entretiens divers de la ménagère fM'"" M.-B.-G. Vasse) 459
H'istoria de la educaciôn y la pedagogia (el P. Rawôn Ruiz
A modo) 145
Enseignement (Lcoure Couture) 507
Pages scolaires. Récits, souvenirs, polémiques (A. Vaquette) . . 229
De la 3Iéthode littéraire. Journal d'un professeur de la classe de
première (J. Bè-ard) 512
L'Art de lire (Emile Faguet) 514
Féminisme. L'Évolution et la femme (M^^ Lydie Martial) .... 486
Acciôa de la mojer en la vida social (el R. P. Ignacio Cqsano-
vas) 361
Scieuces politiquet», éeenomiqueii et soriales. Le liégio-
nalisme (J. Charles- Brun) 5')9
Réalisations démocratiques (A. Chaboseau.) 510
La Pvélorme adniinistrative. Ce qu'elle devrait être (G. Demar-
tial) 5?3
Le Commerce extérieur et les tarifs de douane (Aug. Amauné). 28
La Politique douanière de la France (Charles Augier et Angel
Man'aud) 29
Les Primes à la sériciculture et à la filature de la soie (Joseph
Payen) 30
L'Effort allemand, l'Allemagne et la France au pohit de vue
économique (Lucien Hubert) 30
La Question agraire au royaume de Pologne (B. Koskowski) . . . 31 ,
Le Régime minier (Marins Richard) 32
Les Chemins de fer et la grè\ e ( Yves Guyot) 33
— 549 —
Cesare Beccaria. Scritti e lettere incditi, ratculli ed ilhistrati da
Eugenio Landry 33
La Mutualité nouvene. tfuide pratique des mutualistes (M. Pro-
fit) 34
La Vie de l'ouvrière fM'ie Jules Simon ) 522
La Réglementation du travail des femmes et des enfants aux
États-Unis (A. ChaboseauJ 34
L'Aclieteur, son rôle économique et social; les ligues sociales
d'acheteurs (Maurice Deslandres ) 35
Causeries sociales (O. Jean) 35
La Formula social cristiana (Ubaldo Romero Quihones) 165
La Odierna Evoluzione dello stato democratico moderno (Raj-
faele Muslo) 36
Les Idées du père Bontemps, Journal d'un paysan (Ahel Noël). . 74
Le Sionisme (Angel Marvaud) 36
Le Modernisme social, décadence ou régénération (Vahbé J.
Fontaine) ' 37
La Démocratie chrétienne, parti et école vus du diocèse de
Cambrai (Mgr Délassas) 38
Histoire du mouvement syndical en I^rance (1789-1910) (Paul-
Louis) 39
L'Organisation des forces ouvrières (G. Olphc-Galliard) 39
Le Socialisme et l'activité économique (Marcel Rraibant) 40
Dictionnaire du socialisme (Charles Vérecque) 41
Sciences naturelles. Charles Nodier naturaliste. Ses œuvres
d'histoire naturelle publiées et inédites (le D^ Anl. Magnin) . . 427
Jean-Henri Fabre, l'entomologiste, raconté par lui-même (1823-
191 0) (Augustin Fabre) 429
Le Daupbin (Gustav'e Rord) 229
Médecine. Histoire. CSénéralitéB. Légendes et curiosités de
l'histoire (le TF Cabanes) 303
Le Marquis du Planty, médecin de la Faculté de Paris, maire de
Sainl-Ouen-sur-Seine (1808-1876) (le D^ Henri Perraudeau) . . 303
Le Médecin son rôle dans la famille et la société (le D^ J. Vin-
cent) 304
Congrès des typhlophiles et exposition de la préservation de la
cécité, des œuvres d'assistance et des travaux, des aveugles.
Compte rendu des travaux (Georges et Louis Ronjean) 310
BÎMlogie. Proprié tés joptiqu es des muscles (Fred Vlès) 308
Hygiène. Le Pain de froment. Étude critique et recherches sur sa
valeur alimentaire selon le blutage et les systèmes de mouture.
(Éitiile Fleurent) ' 310
L'Alcoolisme dans les armées (le com^ J.-A. Ordioni) 311
Porte >vous i;ien !, notions élénientaires d'hygiène populaire et
rationnelle (le D^ Tenvagne) 311
Pathologie et Xli6tapeutique. La Fatigue et le repos. La
Fatigue, la consenation des forces, la médication par le repos
(le D^F. Lagrange, axec le concouTS du D^ F. deGrandmaison). 308
Consultations médicales françaises : Diagnostic et traitement de
l'adénophatie trachéobronchique (D'^ P.-F. Armand- Delille). . . 309
L'Alimentation ratinnelle du nourrisson (D^ E. Terrien)... 309
— 550 —
Les A( nés ot loiir traitomenl (U 1)^ Paul Gaston) 309
Le Traitement des conjoncti\'ites (le D^ F. Terrien) 309
Lipuïdes et paratoxine (les prof. G. Lemoine et E. Gérard) 309
Traitement des nenrastluMiiqnos (le ZK Paul Ilartcnberg) 309
S^eiences psychiques. Le Génie littéraire (les D^ A. Rémnnd et
Paul VoH'enel) 304
Les Opiomanes, mangeurs, bnveurs et fumeurs d'opium. Étude
clini(|ue et médico-littéraire (le jy Roger Dupouy) 305
Traitement mental et culture spirituelle. La Santé et l'harmonie
dans la vie humaine (Albert-L. Caillet) 307
Hystérie et sainteté (le D^ H. Lavra.nd) 307
Nervosismo social (el D^ Xerravins) 311
Sciences physiques et chimiques. La Grammaire de la
science. La l'h\si(]u<' (Karl Pearson; trad. de l'anglais par
Lucien Mareh) 408
La Télégraphie sans i'il (Lucien Founier) 410
L'Électricité à la maisun (H. de Graffigny) 410
Traité de chimie générale (W. Nemst); trad. de l'allemand par
A. Corvisy. 2^ partie. Transformation de la matière et de
l'énergie 400
Traité complet d'analyse chimique appliquée aux essais indus-
triels (J. Posi et B. Neumann); trad. de l'allemand et aug-
menté de nombreuses additions par G. Chenu et M. Pellet.
T. III, fasc. 1 401
Notions fondamentales d'analyse qualitative (V. Thomas et D.
Gauthier) 401
Zootechnie. La Connaissance du bétail (J. Ginies) 430
Lapins et cobayes (Ch. Caillât) 74
Exploitation productive des oiseaux de basse-cour (H.-L.-A.
Blanchon) 329
PîeeîcMlture. La Truite domestique (H.-L.-A. Blanchon) '529
■A.grîcMlt«re. Horticulture. Méthode pratique de compta-
bilité agriccle (A. Ducloux et A. Niquet) ... 523
Le Cidre (P. Labounoux et P. Touchard) 74
Histoire des légumes (Georges Gibault) 1 46
Sylviculture. L'Année forestière (1910). Actualités de la science
des forêts (Lucien Chancerel) 54
La Forêt, son rôle dans la nature et les sociétés (A. Jacquot) . . 54
Sciences mathématiques. Éléments d'arithmétique. Premier
cycle, 6^^ et 5*' A et L (P. Camman) 75
Cours élémentaire de géométrie plane (P. Camman et A.- G.
Bébouis) 75
Géométrie rationnelle. Traité élémentaire de la science et de
l'espace (George Bruce Halsted] trad. de l'anglais par Paul
Bar bar in) 406
Essai de géométrie analytique modulaire h deux dimensions
(Gabriel Arnoux) 407
Algèbre. Classe de 3^ B, 2^ et 1« C et D. (P. Camman et À.
Grignon) 75
— 551 —
Internacioiia malematikal lexiko en ido, germaria, angla, l'ranca
e italiaiia (Louis Couturat) . 165
Leçons sur les hypothèses cosmogoniques (H. Foincaré, rédi-
gées par Henri Vergne) 402
Introduction à la théorie des équations intégrales (Trajan La-
lesco) 40;5
L'Équation de Fredholm et ses applications à la physique mathé-
matique (H -B. Heywood et M. Fréclwt) 403
Leçons sur les principes-de l'analj se (P.. cV Adhèmar). T. 1 404
Le Calcul des probabi'ités et ses applications (E. Carvullo). . . . . 404
Cours de mathématiques supérieures à l'usage des candidats à la
licence ès-sciences physiques (Vabbé E. Stojjaes) 405
Mesure des angles. Hyperboles étoilées et développante (le
com^ D. Gautier) 407
Astronomie. Météorologie. Cosmograpiiie. Annuaire
pour l'an I9I2, publié par le Bureau des longitudes 2fU)
Grandeur et figure de la terre (J.-B.-J. Delnmhre), augmenté
de notes et cartes, par G. Bigourdan 409
Où sommes-nous? (Vabbé Th. Moreux) 26:';
L'Origine dualiste des mondes. Essai de cosmogonie tcurbillon-
naire (E. Belot) 430
Sismologie. La Sismologie moderne. Les Tremblements de terre
(le comte de Montessus de Ballore) .'il 3
Aéronautique. Aviation. Les Merveilles de la science. Aéros-
tation, aviation (Max de Nansouty) 8
Sciences militaires. Paroles d'un so\di\t (le gênrral Bnmeau)- 139
Le Devoir militaire (le com^ J.-A. Ordioni) 139
Syndicats d'officiers (Robert de Boisfleury) 139
Emplois civils et militaires réservés aux engagés et rengagés. . . . 142
Cavalerie. Procédés techniques; la cavalerie dans l'ensemble de
l'armée, la cavalerie dans la bataille (le capitaine Loir) 140
L'Infanterie à la guerre (le capitaine A. Balédent) 140
La Tyrannie de l'arme à feu (le capitaine Linarès) 140
Le Combat sous bois et les compagnies forestières (Lucien
Chancerel) 140
Combinaison des efforts de l'infanterie et de l'artillerie dans le
combat (le cotnmandant Niessel) 141
Une Conférence anglaise sur la liaison des armes (le brigadier géné-
ral R.-C.-B. Haking) ; trad. de l'anglais par le colonel d'artillerie
Dubois 141
Infanterie et artillerie en liaison (le lieutenant- colonel Thoma.s de
Colligny) 141
Dans quelle mesure l'infanterie peut-elle compter sur l'artillerie
pour appuyer son attaque ? (le colonel Lalubin) 141
Infanterie française et artillerie allemande (le commandant
Gascouin) 141
A B. C. tactique (le général Crémer) 142
Les Grandes Marches d'armée (le général H. Bonnal) 138
La Menace prussienne. La Riposte (le lieutenant Hayem) 142
Keaux-Arts. Biographies d'artistes. Histoire de l'art
— 552 —
depuis les premiers temps chrétiens jusqu'à nos jours, publiée
sous la direction de .indré Michel. T. H'. La Renaissance, se-
conde partie 207
Manuels d'histoire de l'art. L'Architecture. Antiquité (Fran-
çois Benoit) 207 •
Manuels d'histoire de l'art. Les Arts de la terre, céramique, ver-
rerie, émaillerie. mosaïque, vitrail (René Jean ) 208
Graphique d'histoire de l'art (Joseph Gauthier) 208
Quatre Dialog les sur la peinture de Franciser de Hollanda, Por-
tugais, mis en français par Léo Rouanet 21.'J
Traité de composition décorative (Joseph Gauthier ^^t Louis Ca-
pelle) ' 208
Causeries, réflexions et souvenirs sur la peinture (J.-F.-C. Clère). 214
L'Art de reconnaître les styles. Architecture. Ameublement
( Emile- Baijard) 208
L'Art de reconnaître les styles. Le Style Louis XVI (Émile-
Bayard) 208
Musées et collections de France. Le Musée de Tours (Paul Vi-
try) , 209
Les Richesses d'art de la ville de Paris. Les Jardins et les squares
(Robert Hénard) 209
Les Richesses d'art de la ville de Paris. Les Musées municipaux
(Maurice Quentin- B au chart) 209
En flânant. A travers la France. Autour de Paris (André HaUays) 214
En flînant. A travers l'Alsace (André Hallays) 214
En flânant. A travers la France. Provence (André HaUays) .... 214
Italica. Impressions et souvenirs (Joseph L'Hôpital) 215
Toscane et Ombrie (Gaston Grandgeorge) 215
Terres antiques. La Sicile (Achille Segard) 215
Quinze jours à Naples (André Maure]) 216
Les Villes d'art célèbres. Naples et son golfe (Emest Lémonon) . . 216
Les Villes d'art célèbres. Dresde, Freiberg et Meissen (Georges
Servières) 216
Les Grands Artistes. Les Primitifs français (Louis Dimier) . . . . :!10
Les Grands Artistes. Mantegna (André Blum) 210
Les Grands Artistes. Benvenuto Cellini (Henri Focillon) 210
Les Maîtres de l'art. Giovan- Antonio Bazzi, dit le Sodoma (L.
Gielly) 210
L'Art de notre temps. Daumier (Léon Rosenthai} 211
Greco, ou le Secret de Tolède (Maurice Barrés) 211
Gérard Don, sa vie et son œuvre (W. Martin) ; trad.du hollandais
par Louis Dimier 211
Traité de la peinture de Léonard de Vinci, trad. intégralement et
accompagné de commentaires par Pélodan 212
L'Œuvre littéraire de ]\Iichel-Ange, d'après les archives Buonaro-
li, etc. ; trad. par Bayer d'Agen 21 2
Écrits d'amateurs et d'artistes. Paul Huet d'après ses notes, sa
correspondance, ses contemporains. Documents recueillis et
précédés d'une notice biographique par son fils René-Paul
Huet 213
Les Membres de l'Académie des beaux-arts depuis la fonda-
t'ion de l'Institut (Albert Soubies). Troisième série, 1852-1876. 214
- 553 —
Mélanges. Science et PhilûS( phie (Jules Taimerij) 408
L'Œuvre scientifique de Biaise Pascal. Bibliographie critique et
analyse de tous les ouvrages qui s'y rapportent (Albert Maire). 409
Guide du chauffeur d'automobiles (M. T^erolo) 411
LITTÉRATURE
Linguistique. Piiilologie. La Prononciation du latin, manuel
pratique (AlciJe Marc) 5i 1
La Réforme de la prononciation latine (Camille Couillault) . . . . 434
Pelite Grammaire allemande (Emile Otto), 10'' édition revue par
Paul Verrier '. 5G
Mélanges de linguistique provençale (F.-N. Nicollet) 124
La Question de la langue auxiliaire internationale (Gustave
Gautherot) 433
Foiii-Iore. En Montagne bourbonnaise, mœurs et coutumes,
superstitions, sorciers (le D^ Brisson) .S32
Poésie. Paris (Philippe Dufour) 12
Le SaTîle d'or (Henry Dêrieux) 110
Essais poétiques (L.-A. Morel) 110
Une Promenade (Auguste Barbier) 110
Sornettes et sonnets, rimes païennes (Jean Lively) 111
Les Victoires (Léon Guillot) 111
L'Adieu â l'adolescence (François Mauriac) 111
Le Beau Pays (Pierre Lestringuez) 112
Chants et poèmes solognots. En Blouse et en sabots (Paul Bes-
nard) 112
Le Cantique de la Seine (André Mary) 1 s 2
• La Chanson des mendiants (J. -F. -Louis Merlet) 113
Les Chants du cygne (I. R.-G.) 113
Le Chant des sources (Pierre d' Arcangues ) 113
Le Crépuscule de Dionysos (Paul-Louis Aubert) 113
Dernières Veillées (Arsène Vermenouze) 114
Edehveiss et goémons (Jean Plémeur) 115
Les Foyers perdus (Antoine Nicolaî) 115
Sous les hêtres de l'Est (Gabriel de Pimodan) 115
L'Hori'.on (Claude Couturier) 116
La Légende du Mont-Saint-Michel (Louis Foisil) 116
En Marche vers les cîmes (Emile Pignot) 117
Le Miroir enchanté (Robert Lestrange) 117
L'Ombre du temple (R. de Manoël-Saumane) 117
Le Paradis retrouvé (Joachim Gasquet) 118
Pour retrouver l'enfant (Gustaie Zidler) 118
Les Rêves exaltés (Lucien Boudet) 119
Tout mon cœur par tous les chemins (Paul Sentenac) 119
La Veillée solitaire (Jean- Paul Tort) 119
La Vie qui s'ouvre (Jacques Bayer) 119
Les Visions du chemin (Henri Bouger) 119
Les Autels et les tombes (Léon Lahovary) 120
Paysages de l'âme (Frédéric Saisset) 120
Dans le Jardin de notre amour (Alite Clerc) . , 121
Les Souvenez-vous (Claire Virenque) 121
— 554 —
Les Voix de la montagne (A. de Bary) 122
Antologia provenzale (E. Portai) 1 2ii
Œuvres inconnues de Racine. Poèmes sacrés découverts à la
Bibliothëqiie impériale de Saint-Pétersbourg par rabbé Joseph
Bonnet 122
La Chanson du poète errant (Gabriel Sarrazin) 12".
Ballades françaises. Ile de France (Paul Fort) 12o
Ballades françaises I/Aventure éternelle (livre 1«'') (Paul Fort). 124
Théâtre. L'An Mille, drame en cinq actes et en vers (Victor Ki-
non) 124
Le Théâtre chrétien. Au Clocher (Paul Janot) 124
Études dramatiques (Adolphe Môny). T. V. Babel 125
Les Erreurs sociales. La Peine de vivre. Châtiment, drames
modernes (Emile Piérret) 125
L'Otage, drame (Paul Claudel) 125
Pendant la croisade, conte en un acte en vers ( Martin- Valdour
et Charles Gallo) 125
Poèmes de France et d'Algérie (Maurice Olivaint) 126
Le Réveil, ^omédie dramatique en trois actes et en vers (Henri
Guerlin) 126
La Passion de Notre-Seigneur Jésus-Christ, drame-mystère
(l'abbé Joseph Oger) 505
Les Chrétiens aux lions ! drame (Jehan Grech) 505
La Rose de Jérusalem, mélodrame (Caritas) 505
Catelinette et Libellule, opérette dramatique (Jehan Grech) . . 505
Au temps de la gavotte, opérette (Ch. Le Roy- Villars) 506
Miss Aéroplane, comédie (Jacques d'Ars) 506
Une Altesse en sabots, opérette (Ch. Le Roy- Villars) 506
Une dure Leçon, dialogue comique (J. BréUvet) 506
La Femme bavarde, monologue (J. Brélivet) 506
Ambition (A. Dcran) 506
Romans, contes et nauTel les. Isabelle (André Gide).... 14
La Mare aux gosses (Jacques des Gâchons) 16
Hugues Capet (Antoine Bauniann) 16
L'Homme qui a perdu son moi (André Beaunier) 18
La Bague d'opale (René de Saint-Chéron) 19 W
Duels (Louis Goiffon) 19
Les Insoupçonnés (Henry de Forges) 19
Une Fille de rien (Jules Leroux) 19
La Route de l'Est (Alexis CalUes) 20
Le Papillon noir (Antoine de Lévis-Mirepoix) 20
Nella, jolie fille (Roger Lalli) 20
Les Pauvres d'amour (Albert Toumaire) 20
L'Amour dans les ruines (Max Deauville) 20
Idées fatales (Emile Dousset) 20
Les Impossibles Amours (P. Vigne d'Octon) 20
La Mère et l'enfant (Charles- Louis Philippe) 21
La Relique (Paul Hcuzé) 21
Tibur (Hubert Pierquin) 21
La Rencontre dans le carrefour (Pierre- Jean Jouve) 21
Le Nouveau Docteur (Jules Pravieux) 21
Le Couple. Essai d'entente (Aurel) 21
— 555 --
Mirni-Musette (Flambart des Bords) 21
L'Obsession (Moi et l'autre) (Jules Claretie) 22
L'Envers du décor (Paul Bourget) 289
Davidée Birot (René Bazin) 290
Ceux qui montent (Léon Daudet) 292
La Neige sur les pas (Henry Bordeaux) 293
Petite Madame (André Lichtenberger) 295
Une Neurasthénique (Adhéniar de Montgon) 295
Feuilles mortes (A. Le Brun) 296
Sœur Anne (Octave Aubry) 296
La Maltournée (T. Combe) 296
L'Élève Gilles (André Lafon) 296
Chasseurs du temps passé (le marquis Th. de Fondras) 296
Contes et fantaisies (Emile Gebhart) 297
La Dame à l'oreille de velours (Marie- Anne de Bovet) 22
De l'un à l'autre amour (Noëlle Roger) 23
L'Aube (Henri Ardel) 24
La Première Blessure (Marguerite Lejeune) 25
La Double Montée (Benhem-Bontoux) 25
Le Seul Amour (Louis Lefebvre) 25
Le Destin nous conduit (Lucie Gauthey) 25
Un Coin du voile (Colette Yvér) 297
Imato (Augusta Coupey) 298
L'Élévation, histoire d'une femme d'aujourd'hui (M.-L. Aimé-
ras) 298
La Puissance des autres (Marguerite Comert) 299
Féministes (Ida-R. Sée) 299
L'Impossible Aveu (M^^ Pierre de Bouchaud) [Cardeline] 300
Figures du pays (Hubert Krains) 25
L'Ardennaise (Henri Davignon) 25
Frissons de vie (Georges Rency) 26
Haute- Plaine (Hubert Stiemet) 26
Sir George Tressady (Mrs. Humphry Word) ; trad. de l'anglais
par /. de Mestrnl Combremont 26
Brugglesmith (Rudyard Kipling): trad. de l'anglais par Albert
Savine et Georges Michel 27
Terres de silence (Edward White); trad. de l'anglais par J.-G.
Delamain 27
Barnabe Rudge (Charles Dickens); trad. de l'anglais sous la di-
rection de P. Lorain, par M. Bonnomei 27
La Solitaire (Mrs. Henry de la Posture) : trad. de l'anglais par
Heinecke 27
Le Fou en liberté (J. Storer Clouston); adapté de l'anglais par
Achille Laurent et L. Martin-Dupont 27
L'Ile au poison (A.-T. Qwller-Couch); adapté de l'anglais par
Jacques des Gâchons 27
Le Napoléon (Alfred Bock); trad. de l'allemand par /^a;/^nonrf
Darsilles 27
Village de femmes (Clara Viebig); trad. de l'allemand par
Agnès Lebeau 28
Œuvres complètes (comte Léon Tolstoï). T. XXXVII. Résur-
rection. 2^ et 3« parties; trad. du russe par J.-W. Bienstock. 28
._ 556 —
Pages choisies de Maria Knopnicka. Prométhée et Sisyphe, etc;
trad. du polonais par //. G 2s
Leila (Fogazzaro) ; trad. de l'italien par G. Hérelle 300
Les Enquêtes du prestigieux Héwitt (Arthur Morrison); adap-
tation française par Albert Savine et Georges Michel. . 301
Nouvelles Enquêtes du prestigieux liéwitt [le même ; adapta-
tion française par Albert Savine 301
Un Mari par procuration (Jack Steele) ; trad. de l'anglais par
Robert d'Agés 302
La Lumière vient de l'Orient (Lafcadio Hearn)\ trad. de l'an-
glais par Marc Log? 301!
Raffles, cambrioleur pour le bon motif (E.-W. Homung); trad.
de l'anglais par Henri Evie 302
Boy (el P. Luis Coloma) 264
Cuentos y fantasias (Fr. Manuel Sancho) 265
ouvrages pour la jeunesse. Les Voleurs de foudre (Paul
d'Jvoi) 8
Les Aviateurs des Andes (Marc Janin) y
Jehan, le meneur de loups (Jean Floryde) 10
Maison liantée (Maryan) 496
Pendant la Terreur (L. d'Ohemy) : 496
La Violoniste (Marthe Lachèse) 496
Mémoires d'un prêtre d'hier (E. Dessiaux) 497
Les Chemins tortueux (Paul Mimande) 497
Catherine Aubier ( Yvette Prost) 497
Les Demoiselles du Noël-Fleuri (Blanche Legrand) 498
Une Dette (O. Lavalette) 498
Le Mystère de Rochebrune ('M"»^ Chéron de la Bruyère) 498
Cousine Sans-Gêne (Roger Dombre) 499
Les Neveux de tante Delphine (A. de Pitteurs) 499
Les plus belles Histoires à faire lire aux enfants (Maurice Bou-
cher) 499
La Princesse Maritza (Percy J. Brebner) : trad. de l'anglais par
Pierre Nozan) 499
Le Galon d'or (Lucie des Ages) 500
Double Conquête (Dupin de Saint- André) 500
La Colombe de Rudsay-Manor (M . Delly) 500
Les Aubépines (Michel Auvray) 500
Latiniste (Louis Villarceau) 500
Sur le sable (Marie Le Miére) 501
Feux Follets (Henry Bister) 501
Sans lumière (Jules Pravieux) 501
La Fée du Val André (M. de Harcoët) 501
Saint-Exupère-les-Châsses (Frédéric Plessis) 502
Mes Vacances (Albert Cim) 502
Sur les têtes blondes (Georges de Lys) • • • • 502
Hommes et choses du vieux temps (Maurice Maindron) 502
Les Compagaons de l'Alliance (Jean Gurtary) r., 508' j
La Lune rousse (Chnmpol) 503
Les Contes de l'épée (Henry de Brisay) 503
La Fille du boyard ( Kircha le Zaporog) (Paul Yalb) 503
Le Bonheur de Simone (Georges Beaume) 503
— 557 —
La Roclie-qiù-tiie (Pierre Maèl) 504
L'Etoile-du-Pacifique (Georges Priée) 504
Les Deux .Vnt'ii nette (Ernest Daudet) 504
Lucie (Gabrielle d'Arvor) 504
La Revanche du passé (L. Oliviero) • 505
Le Château de la vieillesse (Guy Chantepleure) 505
Collier-d'Or (Daniel Laumonnier) 505
Fille de preux (Jean Guétary) 505
La Demoiselle blanche (Charles Fole'y) 505
Le Roman de l'ouvrière (Charles de Vitis) 505
Les Conquérants de l'air (Georges de Lys) ." . . 505
Le Record du tour du monde (Léon Berthaut) 505
Les Livres roses pour la jeunesse 12
Périodique» illustrés. Les Veillées des chaumières 11
La P(uip6e modèle. Revue des petites filles 11
Albums. Au pays des Chansons (G. Montorgueil) 10
Épistoliers- Correspondance de Gérard de Nerval ( 800-1855),
avec une Introduction et des notes par Jules Marsan 435
Polygra plies- Ilippflyte de la IMorvonnais. Œuvres choisies. Poé-
sie et iimse, avec des notes explicatives (l'abbé E. Fleury) . . 147
liittérature gi-ecque et latSne. Les C:hefs-d'œuvre de la lit-
térature grecque (Charles Navarre et Albert Valentin) 511
Observations sur la légende primitive d'iilysse (Maurice Croiset). 56
La Métrique sacrée des Grecs et des Romains (E. Cézard) 432
Le Distique élégiaque chez Tibulle, Sulpicia, Lygdamus (A. Car-
tanlt) 333
liittérature française. Nouvel Essai sur l'intensisme en poé-
sie (Charles de Saint-Cyr) 124
Curiosités bibliographiques relatives au drame chrétien (Louis
Duval) 219
Rabelais et le ThéÀtre (Gustave Cohen) 220
L'Exotisme américain dans la littérature irançaise au xvi^ siècle,
d'après Rabelais, Ronsard, Montaigne, etc. (Gilbert) 44
L'Évolution de la mise en scène dans le théâtre français (le même) 220
Gaultier-Garguille, comédien de l'Hôtel de Bourgogne. Notice
d'après des documents inédits (Emile Magne), suivie des Chan-
sons de Gaultier-Garguille et de la Farce de Perrine 222
De Jodelle à Molière. Tragédie, comédie, tragi-comédie (Eugène
Rigal) ?20
Le Cid espagnol et le Cid français. Essai de oritiijue et d'analyse
littéraire (Vabhé G. Bernard) 221
Voltaire, Montesquieu et Rousseau en Angleterre (J. Churton
Collins) ; trad. de l'anglais par Pierre Deseille 336
Les Confessions de J.-J. Rousseau. Extraits suivis, notice et anno-
tations par Henri Legrand 266
Le Théâtre et la Révolution. Histoire anecdo tique des spectacles,
de leurs comédiens et de leur public par rapport à la Révolu-
tion française (Ernest Lunel) 222
Paris sous Napoléon. Le Théâtre- Français (L. de Lanzac de La-
horie). 222
Histoire générale du théâtre en France. V. La Comédie de la
— 558 —
Révolution au second Empire (Eugène Lintilhac) 224
Nouvelles Études sur Chateaubriand. Essai d'histoire morale
et littéraire (Victor Giraud) 337
Le Moyen Age dans la « Légende des siècles « et les Sources de
Victor Hiigo (Paul Berret) 231
La Philosophie de V. Hugo (1854-18591 et deux Mythes de la
'< Légende des siècles » (le même) 234
Hippoly te de la INIorvonnais, sa vie, ses œuvres, ses idées. Étude
sur le romantisme en Bretagne (Vabbé E. Fleury) 146
Étude sur les Ballades françaises de Paul P'ort (Louis Mandin). 124
Les Matinées-Conférences du jeudi à l'Odéon. \otice historique
et bibliographique (Roger Semichon) 22S
Sous les lauriers. Éloges académiques (le 7*^ E.-M. de Vogué) . . 59
Les Maîtres de l'Heure. Essais d'hist()ire morale contemporaine
{ Victor Giraud) ;; 68
liittératures é^trangères- Gescliichte des neuereu Dramas
(Wdhelm Creizenach). Erster Band. î\Iittelalter und Frtihre-
naissance 217
La Psychologie dramatique du mystère de la Passion à Oberam-
mergau (Maurice Blondel) 219
La Littérature patriotique en Allemagne (180C-1815i (G. Gro-
maire) 234
Le Faust de Ciœthe. Essai de criti([ue impersoimelle (Emcst
Lichtenberger) 435
On the History of the Ballads (liOO-1500) (W. P. Ker) 166
The connexion between Ancient and Modem Romancef lt'.,/.Cou/'-
thope) 361
Geoffroy Chaucer (Les Grands Écrivains étrargers (Emile Le-
gouis) 235
Regalo de boda : libreto del matrimonio con los cantares y ré-
frènes que tiene la obra (Fermin Sacristàn) 338
Dante Magyarors âgon (Dante en Hongrie) (Kaposi Jôzsef).. 149
L"" Influence de Giambattista Marino sur la littérature française
(Ch.-W. Cabeen) 436
Pouchkine (Emile Haïunant) 514
Michel louriévitch Lermontov. Sa vie et ses cei-vres (E. Du-
chesne).* 237
Le Théâtre à Montréal. Propos d'un Huron canadien (Marcel
Henry) 226
The Harrowing oî Hell (Karl Young) 218
A Liturgical play of Joseph and his brethren ( Kavl Young) .... 218
mélangea. Les Porteurs du flambeau (d'Homère à Victor Hiigo)
(AitgustirL Cabat) 264
De Panurge à Sancho Pança. Mélanges de littérature européenne.
(Emile Gebhart) 334
Reliquiae (Maurice Faucon) 57
Petits Mémoires (Emile Gebhart) 335
HISTOIRE
Cïéograpliie et Voyages. Atlas universel de géographie (Vivien
de Saint-Martin et Fr. Schrader). ?<" 50. Arabie 312
— 559 —
Atlas \iniversel de géograpliie (Vivien de Saint-Martin et Fr.
Schrader. N*^ 55. Indo-Chine 312
L'Année cartographique. Supplément annuel à toutes les publi-
cations de géographie et de cartographie, dressé et rédigé sous
la direction de Fr. Schrader 31-3
Le Tour du monde. Journal des,voyages et des voyageurs. Année
1911 ."..'... 5
Atlas pittoresque de la France. Recueil de vues géographiques et
pittoresques de tous les départements.accompagnées de notices
géographiques et de légendes explicatives (Onésime Reclus).
T. il 314
Guides artistiques et pittoresqxies des pavs de ?>ance. La Bas.se-
N'irniandie (L. Dimier et R. Gobillot) 315
Dans la valiée de Colles. Souvenirs d'une colonie de vacances (A.
Laropf.e) 316
La Belgique illustrée (Dumout-Wilden) 7
Promenades italiennes. Palerme, Syracuse, Naples, Ravenne, Ca-
pri, Casteldelmonte, Sabine etOmbrie (F. Gregorovius) ; adapté
de l'allemand par M'^'^ Jean Carrère 318
Études de géographie ph} sique sur le canton de Fribourg 317
Voyage dans l'Eubée, les îles' Ioniennes et les Cyclades en 1841
(Ale.randre Buclon), pul)lié par Jean Longnon 320
Jérusalem hier et aujourd'hui. Notes de voyage (le marquis de \ V,-
giié) 321
La Tripolitaine d'hier et de demain (H .-M. de Mathuisieulx)., 319
Les Royaumes des neiges (États himalayens) (Charles-Eudes
■ Bonin) 322
Le Laos (Lucien de Reinach).^^^^)^ posthume, revue et mise à
jour par P. Chemin Dupantes 323
Mission d'OlIone, 1906-1909. Recherches sit les musulmans chi-
nois (le commandant d'Ollone, le capitaine de Flcurclle. le capi-
taine Lepagc, le lieutenant de Boyve éti;d';S de A.Vissière. notes
de E. Blochet et de divers savants) 324
Les États-ljnîs du Mexique (le comte Maurice de Périgny) . . . . 325
L'Assaut du pôle sud (Vabbé Th. Morruj) 326
Histoire aneieniae. Gourbi résumé d'histoire romaine, rédigé
d'après le programme de première A, à l'usage des candidats
au baccalauréat, l"""^ partie (latin-grec) (H. Cabane) 265
Tacite. Traduction nouvelle, mise au courant des travaux ré-
cents de la philologie, par Z. Loiseau. T. II 437
Hommes et choses de l'ancienne Rome (R. Pichon) 239
Les Légions de Varus. Latins et Germains a\i siècle d'Auguste
(Ch. Gailly de Taurines) 59
La Bretagne romaine (François Sagot) 515
Mizraïm. Souvenirs d'Egypte (Godefroid Kurth) 238
Histoire générale- Les Origines de la civilisation moderne (Go-
defroid Kurth) 439
Histoire partiale, histoire vraie (Jean Guiraud). IL Moyen âge,
Rcm'ssance. Réforme 438
Histoire «le TK^Iise. Histoire du concile du Vatican depuis sa
première annonce jusqu'à sa prorogation, d'après les docu-
ments authentiques, ouvrage du P. Théodore Granderath;
— 560 -
édité par le P. Conrad Kirch, et. trad. de l'allemand par des
religieux de lo même. Compagnie. T. II. Seconde partie. La
Constitution « de Fide Catholica ». L'Agitation extra-conci-
liaire 357
Dictionnaire d'histoire et de géographie ecclésiastiques, publié
sous la direction de Mgr Alfred Baudrillart, Albert Vogt et
Urbain Rouziès. Fasc. 111 et IV 60
Hngiographie. Biographie ecclésiastique. Madame
Sainctc Aune et son culte au moyen âge (Paul-V. Chorland).
T. î ". 412
Saint Justin, sa vie et sa doctrine (Tabbc A. Béry) 26.5
Saint Benoît. Sa vie, sa règle, sa doctrine spirituelle (le H. P. D.
Bernard Maréchaux) 41 7
-. Les Saints «. Saint Césaire (470-543) (Vabbé M. Chaillan) 417
Sainte Brigitte de Suède. Sa vie, ses révélations et son œuvre (la
comtesse de Flavigny) 4l2
Samt François- Xavier (A. Brou) 413
Un Apôtre du pays wallon au temps de la Réforme. Le P. Ber-
nard Olivier, S. J. (le P. Paul Dehuchy) 413
« Les Saints ». Saint Charles Borromée (Léonce Celier) 414
Les Martyrs (le R. P. Dom H. Leclercq). T. XI. Lo Révolution
(1791-l'794) . . 414
>i Les Saints ». La Vénérable Emilie de Rodât (1787-18.52) (Mgr
J.-F.-Ernest Ricard) 418 \
« Les Saints «.La Bienheureuse Marguerite-Marie (Mgr Demimuid) 414
La Mère Marceline de Chamerlat, ">'■' supérieure générale de la
Miséricorde de Billom (1786-1867) (le P. J.-B. Couderc) 415
Ames chrétiennes, l^e Père de Valro,^er, ses frères, ses soeurs,
d'après leur correspondance, publié par Germaine de Valroger. 415
Le Cardinal Vai gaan (Paul Thureau-Dangin) 416
Une Ame bénédictine. Dom Pie de Hemptinne, moine de l'ab-
hayo de Maredsous (1880-1907) 416
Histoire du moyen âge. A Kôzépkor szelleme (L'Esprit du
moyen âge) (le D^ A. Kiss) 456
Histoire de France. Histoire de France (Alfred Baudrillart
et /. Martin). Cours moyen (certificat d'études) 523
Histoire de France, depuis les origines jusqu'à la Révolution
(Ernest Lavisse). T. IX 62
Politique de l'histoire de France {Fagus) 265
Jeanne d'Arc (Gabriel Hanotaux) 63
Jeanne d'Arc. 1429-1431. L'Itinéraire d'une sainte. Scènes d'his-
toire. Notes et éclaircissements (Evg. Roupain) 443
Jeanne d'Arc et la France (Vabbé Stéphen Coubé) 65
Jeanne d'Arc, sa foi, son procès, son martyre (Hélène de Léché). 66
Vie de Jeanne d'Arc racontée par elle-même (Léon Le Grand) . . 66
Les Lettres de Jehanne d'Arc et la prétendue abjuration de
Saint-Ouen (le comte C. de Maleissye) 441
Die Falsche Jungfrau von Orléans, 1436-57 (Hans Prutz) ' 442
La Fleur des histoires françaises (Gabriel Hanotaux) 65
La Peste de 1720 à Marseille et en France, d'après des documents
inédits (Paul Gaffarel et le marquis de Duranty) 342
- 561 —
L'Histoire de France racontée à tous, publiée sous la direction de
F. Funck-Brentano. La Révolution (Louis Madelin) 343
La Grande Peur de 1789 (Edouard Forestié) 245
L'Assemblée constituante. Le Philosophisme révolutionnaire en
aclion (Gustave Gautherot) 159
La Conspiration et la fin de Jean, baron de Batz (1793-1822) (le
baron de Batz) • • • 152
Était-ce Louis XVII évadé du Temple? (J. de Saint-Léger). Do-
cuments inédits tirés des archives de la police et des greffes
judiciaires 346
Recueil des actes du comité de salut public avec la Correspon-
dance officielle des représentants en mission et le Registre du
Conseil exécutif provisoire, publié par F,-A. Aulard. T. XX,
12 mars 1795-14 avril 1795 (22 ventôse an III-22 germinal an
III) 344
Recueil des actes du Directoire exécutif. (Procès- verbaux, arrêtés,
instructions, lettres et actes divers), publiés et annotés par
A. Dehidour. Toniepr. Du j] brumaire au 30 ventôse an lY
(2 noveraî)re 1795-20 mars 1796) 345
La Terreur dans l'Ouest. Le Conventionnel J.-B. Le Carpentier
(1759-1829), d'après de nouveaux documents (le vicomte de Bra-
chet) ... 349
Histoire de la Révolution dans les ports de guerre. Toulon (Oscar
Havard) 347
Journal d'émigration du comte d'Espinchal, publié d'après les
manuscrits originaux par Ernest d'Hauterive 350
Journal d'un prêtre lort-ain pendant la Révolution (1791-1799),
publié par H. Thédcnat .- . ■ • 351
Nouveaux Récits des temps révolutionnaires, d'après des docu-
ments médits (Ernest Daudet) 247
Napoléon et l'Europe. Austerlitz. La Fin du Saint-Empire (1804-
1806) (Edouard Driault) 250
Napoléon et l'Europe. La Politique extérieure de Napoléon I®'',
d'après les travaux récents (le même) 251
Itinéraire général de Napoléon I^'' (Albert Schuermans) ..... . 253
Napoléon et les Invalides (le général Niox) 253
Les Anglais à Paris, 1800-1850 (Roger Boutet de Monvel) 255
Histoire religieuse. L'Église de Paris et la Révolution. T. IV
(1799-1802) (P. Pisani) 67
L'Opposition religieuse au Concordat. La Petite Église de Lyon
(C. Latreille) 354
La Séparation de l'Église et de l'État. Origines. Étapes. Bilan
(J. de Narfon) 516
Ce qu'on a fait de l'Eglise 450
Histoire des institutions, des mœurs et de la civili-
sation- La Vie privée au temps des premiers Capétiens
(Alfred Franklin) - 239
Une Province sous Louis XIV. L'Administration des intendants
d'Orléans de 1686 à 1713 (Charles de Beaucorps) 152
Le Roi et ses ministres pendant les trois derniers siècles de la
Monarchie (Paul Viollet) 150
Juin 1912. T. CXXIV. 36.
— 562 —
Les l'hilusiiplios ol la Société l'rancîtise au xviii*^ siècle ( M . Rous-
tan) 242
Les Impôts directs S(a:s rancieii régime, principalement ,ui xviii^
siècle (Marcel Manon) 244
l'n Régime ([ui commence (L. Ricaud ) 352
llisfoire «liploniatique et inilifaire. Correspondance du
comte de la Forest, ambassadeur de France en Espagne (1808-
1813), publiée pour la Société d'histoire cuntemporamo par
Geoffroy de Grandmaison. T. V. (avril-décembre 18î 1 ) 254
L'Ambassade du duc Decazcs en Angleterre (1820-182']) (Er-
nest Daudet) 153
Souvenirs d'une mission à Berlir, en 18'i8 (Adolphe de Circourt). 355
Les Levées départementales dans l'Allier sous la Révolution(1791 -
1796 (le licul'^-col^^ Diilac). T. 11 129
Quatre généraux de la Révolution. 2<' série. Hoche et, Desaix.
Kléber et Marceau (Arthur Chuquet) .... 129
Histoire de la guerre de Vendée (le chanoine Deviau, lJ<»n Cha-
niard et Vahhé Vzureau). T. V et VI 248
Zuricb. Masséna en Suisse (le capitaine L. liennfqnin j 130
Mémoires du capitaine Bertrand (Grande Armée, 1805-1815),
recueillis et publiés par le colonel Chaland de la GuiUanche, son
pelit-fils 128
Vn Héros de la Grande Armée, .lean Gaspard Hulot de Collart
(1780-1854) (le vicomte du Motey) 128
Guerres d'Espagne. Le Prologue. Expédition du Portugal (1807),
(le licuV-col''^ L. Picard) 130
De Munich à Vilna, à l'état-major du corps bavarois de la Grande
Armée, en 1812, d'après les papiers du général d'Albignac (le
lieut^-col^^ Sauzcy) 130
Soldats suisses au service étranger. A\ entures de guerre du capi-
taine C. Gattlen. Vie et aventures d'un pauvre homme du Tog-
genboiirg (U. Braecker). CoiTospondance et Journal de A.
Massé 1 ;^1
Les Gardes d'honneur de la Marne, 1813 (François Sagot) . . . . 132;
Lettres de 1793, l^^ série. Lettres de 181?. 1^'- série. Lettres de
1815, 1'''^ série (ylnhur Chuquet) 132
1809. Campagne de Pologne. Vol. 1. Documents et matériaux
français par Wladyslaw de Fedorowicz 132
La Vie militaire du maréchal Ney, duc d'Elchingen, prince de
la Moskowa (le général H. Bonnal). T. II 133
Grands Artilleurs. Le Maréchal Valée, 1773-1846 (Maurice Gi-
rod, de V Ain) 133
Le Maréchal Pélissier, duc de Malakoff (le général Derrécagaix) . 134
Voyage d'histoire militaire de Mgr le duc d'Orléans en Bohême
(août igiOJ (le général Bonnal) 135
La Guerre de 1370-71 et le Traité de Francfort, d'après les der-
niers documents (le général Bourelly) 135
La Bataille de Frœschwiller. Les Préliminaires, les incertitudes,
l'événement (A. de Meiz-Noblat) 135
Les Surprises de Baalon et de Steney en 1870 (le capitaine
Leclère) r^h
— 563 —
L'Économie dos forcos à la l)ataillo df I.i?<iiv (Ir coniniiindant
Boui'guei) |:{,S
Les Grands Espions. Lfur liistoire ( Pnnl et Suzanne Lanoir).
T. I i;{8
Histoire marltinke et eoloniale. Ia's Brûlots anglais en
rade de l'île dWix ( I809i (J. Sil<,-(strr) 2-^>2
Documents diplomatiiiues pour servir à l'étude de la question
marocaine (E. ' Hnuard de (\i.rd) 'i.7
Situation économique du Maroc, 1908-1909 (Ch. René-Leclerc), 47
Campagne de 1908-1909 en Chaouia (le géiural d'Amade) 137
L'Afrique équatoriale française (Maurice Rotidet-Saint) 'i9
La Pacification de la Mauritanie (le colonel Courcuul) 48
L'Éducation sociale des races nitires (P. Rocrkel) 49
HilStoife iifnviïtciale et locale I/Agonie du vieux Paris
(A. cdlci) 5:i;!
Essai sur les (.rigines l'L la fundation du duché de Nuniiandie
(Henri Prentoul) 339
Archives campanaires de Picardie (Joseph Beithelé). ']'. 1 446
ElsassischeVerfassungs-undVerwultungswunsche im 18 Jahrhun-
dert. Les Pieux Désirs d'un Alsacien, publié par Ernst
Hauvillei 168
La Fin d'un régime. Montbéliard, Belfort et la Haute-Alsace au
début de la Révolution française. 1789-1793 (Léon Sahler) . . 246
Les Haulte et Basse Forestz de Chinon,des origines au xvi*^ siècle
(Eugène Pépin) 24 0
Une Période électorale à Poitiers en 1789 (H. CouturierJ . ..... 167
4||ueetion8 du joui*. La Monarchie, son dmit. sa constitution,
son programme (Louis Pariset) 448
Le Procès de la démocratie (Georges Guy-Grand) 448
Vers l'union. Les Sillons et l'Action française. Essai de conci-
liation et d'harmonie (Joseph Serre) 261
A travers l'œuvre de M. Maurras (Pedro iJescocqs) 261
Les Hommes de demain (René Bazin) 363
Lettres de combat (Ferdinand Bruneticre) 521
Combats d'hier et d'aujourd'hui (le comte Albert de Mun) 451
Derrière la façade allemande (P. D.) 524
Histoire étrinigère. Louise de Prusse, princesse Antoine Rad-
ziH'ill. Quarante-cinq années de ma vie (1776 à 1815), publié
par la princesse Radziwill, née Castellane 518
La Restauration de l'empire allemand. Le Rôle de la Bavière
(A. de Ruville) ; trad. de l'allemand par Pierre Albin, avec une
Introduction sur les papiers de Cercay et le secret des corres-
pondances diplomatiques par Joseph Reinach 154
I^es Chrétientés celtiques (Dom Louis Gougaud) 149
Les Catnoliques au pouvoir. L'Œuvre sociale de l'État belge
(1884-1912) (Georges Goyau) 459
El Articule II de la Constituciôn (R. P. Venancio Maria de
Minteguiaga) 358
Un Crime social. L'Assassinat de François Ferrer (Léon Legavre). 75
Politique musulmane de la Hollande (C. Snouck Hurgronje) . . 43
J ubilés d'Italie (Henry Corhin) 440
— 564 —
I/rtalit' dans quelques publications de jésuites français (Ga-
briel Maugam) , i 67
Naples sous Joseph Bonaparte (l,S0f)-I808) (Jacques Ramhaud). 352
l.ettres inédites ou éparses de Joseph l>ona|)arte à Naples, 1806-
•1808 (Jacques liombaud) 352
Histoire de l'Italie moderne (1750-1910) (Piciro Orsi): trad. de
Henri Bergmann 256
Pensiero e azione nel Ivisorgimento italiano. Conferenze tenute
nel Collegio Romano. Ronia, 1911 258
Colonies portrgaises. Les Organismes politiques indigènes (A.-L.
de Alniada Aegreiros) 42
Lo Domostroï (Ménagier russe du xyi® siècle). Traduction et com-
mentaire par E. Duchesne 340
Canons pris à l'ennemi dans la guerre patriotique (1812). Oroudia
otbilya ou népriatélia v otéchéstvennouiou voïnou (le général-
major V. A. Pétroc) 445
L'Armée russe au feu pendant la guerre de 1904-1905 (le lieu-
tenin' de laridwehr R'chardVllrich: trad par /?ffo?// Marsollet). 136
Maerre russo-japonaise. 1904-Î905. Historique rédigé à l'état-
major général russe; trad. sous la direction du 2® bureau de
i'état-majorde l'armée t/ançaise. T. II L 1'"'' et 2'" parties. . . . 136
La Guerre avec le Japon. Déclarations nécessaires. Réponse à
l'ouvrage du général Kouropatkine (le comte Witte) ; trad. de
E. Duchesne 136
Les Turcs ont passé là. Recueil de documents, dossiers, rapports,
requêtes, protestations, suppliques et enquêtes établissant la
vérité sur les massacres d'Adana en 1909 (Georges Brézol) . . 161
Tseu-Hi, impératrice douairière (la Chine de 1835 à 1909, d'après
les papiers d'État, les Mémoires secrets, les Correspondances)
(J.-O. Bland et E. Blackhouse) 7
Les Japonais en Mandchourie (le colonel Cordonnier) 136
Les Questions actuelles de politique étrangère dans l'Amérique du
nord (A. Siegfried, P. de Bousiers j de Périgny, Firmin Boz,
A. Tardieu) 45
Vlaryland undcr the Commonwealth a chronicle of the years
16+9-1658 (Bernard C. Steiner) 44
Locumentos inédites para la historia de Mexico. Ménioriasdel
'oronel Manuel Maria Giménez, ayudante de campo del gênerai
Santa Anna (1798-1878). II. La Coopéracion de Mexico en la
indepedencia de Centre America (el gênerai Vicente Filisola).
T. I et II, publicados por Genaro Garcia ■ ■ ■ J37
iSioffropIftie IraMçaîse. Bussy d'Amboise et Madame deMont-
.«^oreau, d'après des documents inédits (Léo Mouton) 444
Madame de Sévigné (C. Lecigne) 156
Madame de la Fayette (C. Lecigne) 156
Mademoiselle de Montpensier (C. Lecigne) 156
Un Procureur général de Cluny, agent secret à Rome de Philippe
d'Orléans (1 71 7-1718) (Dom Paul Denis) 266
Mademoiselle de Lespinasse (M.- A. Prat) 157
Madame de Staël (C. Lecigne) 156
• -eorge Sand (C. Lecigne) 1 56
>rsot et ses amis (Félix Hémon) 355
— 565 —
L'Ame d'un grand catholique. Esprit do lui de Louis \euiliot,.
journaliste <?t polémiste, d'après sa correspondance. L'Honime
public (G. Cerceau) 158
Eugénie de Guérin (M.- A. Prat) 1 , . L57
M. l'abbé Nicolas C' uturier, organiste de la cathédrale de Lan-
gres et directeur de l'école musicale de la maîtrise (1 840-101 1),
notes et souvenirs (L. Noël et H. Roussel) 4K)
Souvenirs (Ernest. Lavisse) . 51'.)
Madame Octave Feuillet (M. de Vareilles-Sommières) . .. . . .':. 157
Les Derniers Jours de Paul Verlaine (F.- A. Cazals et Gustave Xe
Bouge) . 158
Ije Cardinal B.-M. Langénieux, archevêque de Reims, sa vie et
ses œuvres (le chanoine A. Largent) 26(i
Femmes d'autrefois et Hommes d'aujourd'hui (le comte (VHaus-
sonville) 341
Ames inconnues (Jean de la Brète) 168
Petite Histoire d'une âme (André Charry) . 458
Biagraphie étrangère. Glausewitz (le colonel Camon) 133
Autobiographie de Henry M. Stanley, publiée par sa femme
Dorothy Stanley; trad. par Georges Feuilloy 46
Archéologie, llamoscrits. Pompon iana (Olbia).SanSalvadour.
La Pompeï hyéroise (le colonel de Poitevin de Maureillan) . . . 362
L'Emplacement d'Olbia (le même) 362
Sur la destinée de quelques manuscrits anciens. Contribution à
l'histoire de Fabri de Peiresc (Camille Pitollet) 457
Mélanges. A travers trois siècles. Étides d'oeuvres et propos t~- '
d'historien (Ernesl Daudet) ^ 343
Études d'histoire (Arthur Chuquet), 4« série 517
Mélanges d'histoire (ë. Angoi) 517
Souvenirs d'un vieil Athénien (Emile Gebhart) 25Û
Dom Guéranger et Madame Durand. Souvenirs monastiques
d'après la correspondance de l'abbé de Solesmes ^Ze B. P. Dom
Alphonse Guépin) 457
Quehpies œuvres et quelques ouvriers (Etienne Lamy) 447
Lettres à mon cousin (Marins Gonin) [Bémy'\ 521
Souvenirs, impressions et réflexions d'un vieux bonapartiste,
extraits des Mémoires inédits d'un paysan (Arsène Thévenot) . 168
Bibliographie. Bibiiothèci laei». Catalogue raisonné des pre-
mières impressions de Ma yence ( 1 445- 1 467 ) (Seymour de Bicci). 70
Die Bamberger Pfisterdnicke und die 36z.eilige Bibel (Proj. D^
Goltfried Zedler) 71
Gutenberg-Gesellschaft. lO^r Jahresbericht erstattet in der or-
dentlichen Mitglieder\ t'rsammlung zu Mainz am 23. Juni
1911 ^•''>
Bibliographie française (H. Le Soudier). 2^ série paraissant par
périodes quinquennales. T. H. 1905-r.)(i9. H^ partie : A.-H.
2e partie : 1-Z 358
Bibliographie du temps de Napoléon, comprenant l'histoire des
États-Unis (Frédéric- M. Kircheisen). IL Première partie. Na-
poléon et sa famille. Mémoires, correspondances, biographies.. 254
— 566 —
Bibliograpliie napoléonienne française jnscju'en 19(t8 (Gustave
Dai'oisJ. T. III (N-Z) 254
Les Livres qui s'imposent. Vie chrétienne. Me sociale. \'ie civique.
(Frédéric Duval) 452
A Guide to Books on Ireland (Stephen J. Broun) . Part 1 454
Library of Gongress. American and English Généalogies in the
Library of Gongress. Preliminary Gatalogue compiled under the
direction of the chief the Catalogue Di\'is{o?i 162
La No vêla en Chile. Ensayo bibliogrâfico sobre la literatura chi-
lena (edicion del centenario) (L. Ignacio Silm) 362
La Bibliothèque publique de Carcassonne (Jean Anùel) 162
— 567 —
TABLE ALPHABÉTIQUE
DES NOMS D'AUTEURS
Aiiiir.MAK (R. D'i 404
\r.E^ (BOYER d') 212
Aces (Lucie des). 500
Agés ^Robert d') o02
Albin (Pierre) 154
ALLO (Bernard^ 395
AlmAda Negreiros (a. L. de). 42
AIMERAS (M. L.) 298
Alonnes (le D'" G. Revault d'). 387
Amade lie gai d') 137
Amado (el P. Ramôn Ruiz). 145, 456
Amiel (Jean) 162
Angot (E.) 517
Arcangues (Pierre d') 113
Archambault (Paul) 397
Ardel (Henri) 24
Armand-Delille (le D'' P. -F.). 309
Arnauné (Aiig.) 28
Arnoux (Gabriel) 407
Ars (Jacques d*) 506
Arvor {Gabrielle d'i 504
Astrom (Adolf) 487
Aubert (PauI-liOi-'is) 113
AuBRY (Octave) 296
Augier- (Charles) 29
AULARD (F.-A.) 344
Aurel 21
AuvRAY (Michel) 500
Balédent (le cap"® A.) 140
Ballore (le C*^ DE Montessus
de) 313
Balmès (Jacques) 108
Bannwart (Cl.) 227
Barbarin (Paul) .• 406
Barbier (Arguste) 110
Barrés (Maurice) 111
Bary (A. de) 122
Batz (le baron de) 152
Baudot (l'abbé Prosper) ...... 107
Baudrillart (Mgr Alfred). 60, 523
Baumann (Antoine) 16
Baunard (Mgr) 423
Bazin (René) 290, 36::
Beauchet (L.) 487
Beaucorps (Charles de) 152
Beaume (Georges) 503
Beauniek (André) 18
Belot (E.) ■ 430
Benoit (François) 207
Bergmann (Henri) 256
Bernard (l'abbé G.) 221
Berret (Paul) 231, 234
Berthaut (Léon) 505
Berthelé (Joseph) 446
Berthem-Bontoux i5
Bertrand (le capitaine) 128
BÉRY (l'abbé A.) 265
Besnard (Paul) 112
BÉZARD (J.) 512
BlENSTOCK (J.-W.) 28
BiSTER (Henry) 501
Blackhouse (E.) 7
Blanchon (H.-L. a.) .... 329, 429
Bland (J.-O.) 7
Blochet (E.) 324
Blondel (Maurice) 219
Blum (André) 210
Bock (Alfred) 27
Bogelot(P.) 228
Boisfleury (Robert de) 139
BoNiN (Charles- Eudes) 322
Bonjean (Georges) 310
BoNJEAN (Louis) 310
Bonnal (le général H.). 133, 135, 138
Bonnet (l'abbé Joseph) 122
_ fses
BONNOMET (M.^ 27
Bord (Gustave) 22y
Bordeaux (Henry) 29o
Bords (Flambart des) 21
Bossu ET 108
BoucHAUD (M™^ Pierre de) .... :^00
Bouchor (Maurice) 49y
BouDET (Lucien) 119
BouRCEAu (E.-P.) ;i26
BouRELLY (le général) 18ô
BouRGET (Paul) 289
BouRGUET (le corn*) i:>8
BouTET de MoNVEL (Roger).... 255
BovET (Marie-Anne de) 22
Bo-YER (Jacques) 119
BOYER d'Agen 212
BoYVE (le lient» de) 324
Brachet (le vicomte de) :^49
Braecker iU.) 131
Braibant (Marcel) 40
Brebner (Percy J.) 499
Bréhvet (J.) 5U6
Brézol (Georges) 161
Brisay (Henry de) 503
Brisson (le D') 332
Brochard 1 V.) 395
Brou (A.) 413
Brown (Stephen J.) 454
Bruneau (le g«' ) 139
Brunetière (Ferdinand) 521
BucLON (Alexandre) 320
Budry (Paul) îi'5
Cabane (H.) 265
Cabanes (le D'') 303
Cabat (Augustin) 264
Cabeen (Ch.-W.) 436
Caillât (Ch.) 74
Gaillet ( Albert-L.) 307
Callet (A.) 523
Callies (Alexis) 20
Camman (P.) 75
Camon (le cclei) 133
Capelle ( Louis) 208
Card (E. Rouard de) 47
Cardeline 300
Caritas 505
Carpentier (Paul) 487
Carrère (M™« Jean) 318
Cartault (A.) 333
Carvallo (E.) 404
Casanovas (el R. P. Ignacio).. 361
Castillon (Jules) 493
34.
Cathrein (le P. \i(tor). .
Cazalès (l'abbé de! ....
C.\ZALS(F.-A.)
Celier (Léonce) .
Cerceau (G.) . .
C.ÉZARD (E.)
Chaboseau (A.i
Chabot (J.-B.i
Chaillan (l'abbé M.)
Chaland de la Guu.lanchk (le
colonel)
t.HAMAKD (Doni)
Champagny (le C'inte de) ....
Chasipol
CHA^CEREL (Lucien) 5'i.
Chantayoine (Henri)
Chantepleire (Guy)
Charla.nd (Paul V.)
Charles-Brun (J.'
Charry (André)
Che.min-Uupontès (P.)
Chenu (G.)
Chérel (Albert)
Chéron de la Bruyère (M™^).
Chinard (Gilberti
Chollet (Mgr J.-A.)
Chuquet Arthur) . . 129, 132,
CiM (Albert)
Circourt (Adolphf dr)
Claretie (Julesi
Claudel 'Paull
Clerc (Alice)
Clére (J.-F.-C.)
Clouston (J. Storer)
CocHiN (Henry) '. . .
Cohen (Gustave)
CoLLiGNv (le lieut»-i;ol«^ Thomas
DE)
CoLLiNS ( J. Churtun)
CoLOMA (el P. Luis) ". .
Combe (T.)
Comert (MaKïuerite^
COK (Raphaël!
Cordonnier (le colonel)
CORVISY (A.) ■
Coste ( Pierre)
Coubé (l'abbé Stéphen)
Couderc (le P. J.-B.)
CouiLLAULT (Camille)
Coupe'y (Augusta)
Courthope (W. J.)
Courtois (Gaston)
CouTURAT (Louis
490
102
158
414
158
432
510
201
417
128
248
100
503
140
425
505
412
50f>
458
323
401
195
498
44
103
517
502
35.")
22
125
121
214
27
440
220
141
336
264
296
299
398
136
400
360
65
415
434
298
361
485
16£
— 569 —
Couture (Léonce) . . '>i>l
Couturier (Claude) 110
COUTLRIER (H.) . . . 167
Creizenach (Wilhelrri' 217
Crkmer (le (général) 142
Cremer (Th.) iys
CaivoN (A.) -.'28
Cristiam (l'abbô L. ;{89
(Jroiset (Maurice' 56
CvoN (Élie de) 508
Daguin (Fernandi 487
Daguirre (L-B.) 424
Danjo.n (Daniel) 489
Dard (l'abbé A.) 102
DARsiLEs(Ilayraond) 27
Daudet (Ernest). 153, 247, 343, 504
Daudet (Léon) 292
David (Alexandrai . 327
David (Maxime) 389
Davigno.\ ( Henri) 25
Davois (Gustave) 254
Deauville (Max) 20
Debidour {A.} 345
Debize (l'abbé E.; 101
Debreyne (l'abbé Jules; 99
Debuchy (le P. Paul) 413
Delamain (J.-G.) 27
Dei.ambhe (J.-B.-J. 409
Delassus (Mgri 3S
Delbos(V.) 395
Delly (M.) 500
Demartial (G.) 523
Demimuid (Mgr) 414
Demau (le (hanoine) 248
Denis (Dom Paul) 266
Denzinger (H.) 227
Deran (A.) 506
Dérieux (Henrvi 110
Derrécagaix (le générait .... 134
Descoqs (Pedro) 261
Deseille (Pierre) 336
Deslandres (Maurice) 35
Desprez ( Henri) 423
Dessiaux (E.) 497
Dickens (Charles) 27
Didier (Jean) 396
DiMiER (Louis) 210, 211, 315
DoMBRE (Roger) 499
DOROLLE (M.) 143
DosFEL (Louis) 487
DouADiCQ (l'abbé Ll 101
Dousset (Émilel 20
Driault (p]d<»iiardi . 250, 251
Dubois (le coloneli 141
DucHESNE (E.l 136; 237, 340
DucLOux (A.) . . 523
DuFOUR (Philippe) .. .. 12
DuLAc (le lieut'-colei 129
Dumont-Wilden 7
DuPiN de Sai.nt-André: 500
DuPOUY (le D'' Koger) 305
Duranty (le marquis de) .... 342
DuvAL (Frédéric) 45?
DuvAL (Louis) 219
EBBiNGHAus(Herman)i . . 387
Eberharter (D"" A.) . . 196
Émile-Bayard ... 208
EspiNCHAL (le comte d' : 350
Eucken (Rudolf) 388
EviE (Henri) 3(t2
Fabre (Augustin) 429
Faguet (Emile) 394,514
Fagus ... 20')
Faucon (Maurice) ... 57
Fedorowicz (\Madysla\v de) .... 132
Fernandez (P. Bénigne) 105
Ferreres (el H. P. Juan B.) 422
Feuili.ov (Georgesi 46
FiDAO-JuSTINIANI (J.-E.) 397
FiLisoLA (el gênerai Vicente).. 137
FiLLiON (L.-Cl.) 202
Fl-AMBART DES B0RD« il
Flavigny (la comt«**< de) 412
Fleurelle (le cap»® de) 324
Fleurent (Emile) 310
Fleury 195
Fleury (l'abbé E.). 146, 147
Floryde (Jeani .... ... lu
FociLLON (Henrii ... 210
FOGAZZARO . . 300
P'orsiL (Louis) 116
FoLEY (Charles) 505
Fonsegrive (Ge'>i^e' . ... 398
FoNTAi.NE (l'abbé J. .. 37
FoRESTiÉ (Edouard) 24"»
Forges 'Henry de) ly
Fort (Paul) ' 123, 1?4
P'oudras (le marquis Th. de). 296
FouRMER (Lucien) 4iO
Franklin (Alfred) 239
Frassinetti (José) 165
Fréchet (M.) • 403
Funck-Brentano (F. ' 343
— 570 —
Gâchons (Jacques des) .... 16, 27
Gaffarel (Paul) 342
Gailly de Taurines (Ch.) . . 59
Gallo (Charles) 125
Garcia (Genaro) 137
Gascouin (le comt) 141
Gasquet (Joacliim) 118
Gastou ('e D'' Paul) 309
Gattlen (le cap"* G.) 131
Gautherot (Gusta\e) .... 159, 433
Gauthey (Lucie) 25
Gauthier (D.i 401
Gauthier (Joseph) 208
Gautier (le com* D.) 407
Gebhart (Emile). 259, 297, 334, 335
Geoffroy de Grandmaison . . 254
Georgin (Charles) 492
GÉRARD (le prof. E.) 309
GiBAULT (Georges) 146
Gide (André) 14
GlELLY (L.) 210
Ctiménez (Manuel Maria) 137
GiMES (J.) 430
Girard (le chanoine) 108
GiRAUD (Victor) 68, 337
GiROD, DE l'Ain (Maurice) .... 133
GOBILLOT (R.) 315
GoiFFON (Louis) 19
GoNiN (Marius) [Rf.my] 521
GouGAUD (Dom Louis) 149
GouLÉ (Paul) 487
GouRAUD lie colonel) 48
GoYAu 'Georges) 459
Graffigny (H de) 410
Granderath ;le P. Théodore). 357
Grandgeorge (Gaston) 215
Grandmaison 'de D'' F. de) .. 308
Grandmaison (Geoffroy de).. 254
Grech (Jehan) 503, 505
Gregoroyius (F.) ol8
Grignon (A.) 75
Geomaire (G.j 234
GscHwiND (Df Karl) 204
GuÉpiN (le R. P. Dom Alphonse). 457
Guerlin (Henri) 126
GuÉTARY (Jean) 503, 505
GuiLLAiN (M"e A.) 390
GuiLLARD (Camille) 487
GuiLLOT (Léon) 111
GuiRAUD (Jean) .-. . 438
Guy-Grand (Georges) 448
GuYOT (Charles) 52
GuYOT (Yvres) 33
Haking (le brigadier général R.
C.B.) 141
Halfants (l'abbé Paul) 360
Hallays (André) 214
Halsted (George Bruce) 406
Hambro (Edwa.'d) 487
Hanotaux (Gabriel) 63, 65
Harcoët (M. de) 501
Hartenbepg (le D' Paul) 309
Haumant (Emile) 514
Haussonville (le C"^ d') .... 341
Haussonville (la comtesse d'). 144
Hauterive (Ernest d') 350
Hauviller (Ernst) 168
Havard (Oscar) 347
Hayem (le lient*) 142
Hearn (Lafcàdio) 302
Heinecke 27
Hekmeyer (Fr. Cornelis) 487
Hello (Ernest) 263
Hémon (Félix) 355
HÉNARD (Robert) 209
Hennequin (le capitaine L.).. 130
Henry (Marcel) 226
HÉRELLE (G.) 300
Hervâs (José Pérez) 165
Heuzé (Paul) 21
Heywood (H.B.) 403
Hoon(H. de) 487
Hornung (E.-W.) 302
Hubert (Lucien) 30
Huet (René-Paul) 213
Hugon (Henri) 389
Hullet (Marie-Anne) 388
Hulst (H. d') 142
Hume (David) 389
HuRGRONJE (C. Snouck) 43
Hurtaud (F. J.) 228
Huszâr(E.) 455
Invadikij(A. V.) 487
Ivoi (Paul d') 8
IzouARD (F.) 228
Jacquot (a.) 54
Janin (Marc) 9
Janot (Paul) 124
Jean (O.) 35
Jean (René) 208
Jouve (Pierre-Jean) 21
Kallenberg (Ernst) 487
Kaposi (Jôzsef) 149
— 571 -
Kaulen (D"^ F.i 193
Kereven (E. V'esco de) 425
KiNON (Victor) 124
Kipling (RudvMO-d) 27
KiRCH (le P. Conrad) 357
Kircheisen (Frédéric-M.) 254
KiRWAN (Ch. de) 196
Kiss (le !)»• A.) 45G
Klibanski (H.-O.) 487
KoNOPNiCK,A (Maria) 28
KosKOwsKi (B.; 31
Krains ( Hubert) 25
KuRTH (Godefroid) 238, 439
La Barre (A. de) 421
Laberthonnière (L.) 393
Laborie (L. de Lanzac de) .... 221:
Labounoux (P.' 74
La Brète fjean de) 168
La Bruyère (M"^^ Chéron de). 498
Lachèse (Marthe) 496
Lafon (André) 296
La Forest (le comte de) .... ?54
Lagrange (le D' F.) 308
La Grasserie (Raoul de). 483, 491
La Guillanche (le colonel Cha-
land de) 128
Lahovary (Léon) 120
Lalesgo (Trajan- 403
Lalli (Roger) 20
Lalubin (le colonel) 141
Lambert (le R. P. J.-B.) 99
Lamennais (l'abbé de) 108
Lamy (Etienne) 447
Landry (Eugeniu) 38
Langgard Menezes (Fîodrigo Oc-
tawo de) 487
Lanoir (Paul) 138
Lanoir (Suzanne) 138
Lanzac de Laborie (L. de) .. 222
La Pasture (Mrs. Henry de).. 27
Lapeyre (Tabbé G ) ol
Large NT de chanoine A.) .... 260
Laroppe (a.) HIC,
Latreille (C.) -^54
Laumonnier (Daniel) 505
Laurent (Achille) 27
Lavalette (O.) 498
Lavisse (Ernest) 62, 519
Lavrand (le D^^ h.) 307
Le Bachelet (ie R. P. Xavier-
Marie) 198
Lebeau (Agnès 28
Le Brun (A.) 296
LÉCHÉ (Hélène de) 66
Lecigne(C.) 156
Leclercq (le R. P. Dom H.).. 414
Leclère lie capitaine) 135
Lefebvre (Louis) 25
Legavre (Léon) 75
Legouis (Emile) 235
Legrain (Léon) 205
Legrand (Blanche) 498
Legrand (Georges) 100
Legrand (Henri) 266
Le Grand (Léon) 66
Lehmkuhl (Augustin) 418
Leicht (Alfred) 388
Lejeune (Marguerite) 25
LE.IEUNE (P.) 106
Le Mière (Marie) 501
Lemoine (le prof. G.) 309
LÉMONON (Ernest) 216
LÉON (le Frère) 105
LÉONARD de Vinci 212
Lepace (le capn®) 324
Le Rouge (Gustave) 158
Leroux (Jules) 19
Le Roy-Villars (Ch.) 506
Lescœur (Ch.) . . .- 493
Le Soudier (H.) 358
Lestrange (Robert) 117
Lestringuez (Pierre) 112
Lévis-Mirepoix (Antoine de) . . 20
LÉVY (Louis-Germain) 395
L'Hôpital (Joseph) 215
Lichtenberger (André) 295
Lichtenberger (Ernest) 435
Linarès (le cap") 140
LiNTELo (le R. p.) 106
LiNTiLHAC (Eugène) 224
Liszt (D'' Franz von) 490
LivELY (Jean) lli
Lobstein (René) 490
Logé (Marc) 302
Loir (le cap ^^) 140
LoisEAu (L.) 437
LoNGNON (Jean) 320
LORAIN (P.) 27
Louis (Paul) 39
Louise de Prusse, princesse An-
toine Radziwill 518
Lunel (Ernest) 222
Lyon-Caen (Charles) 487
Lys (Georges de) 502, 505
— 572 ~
Macé (Alcide) ' 511
Mackenzie (D"" William) :î86
Madelin (Louis) ;^43
Maël (Pierre) 504
Magne (Emile) 222
Magnin (le D' Ant.) 427
Maindron (Maurice) 502
Maire (Albert) 409
Maire (M.) :i86
Maleissye (le comte C. de) . . 441
Malinjoud (el abate Ch.) .... 103
Mallieux (P.) 487
Mandin (Louis) 124
Mangenot (l'abbé) . r>]
Manoël-Saumane (R. de) .... 117
Marceron (André) . :591
March (I ucien) 408
Maréchaux (le R. P. D. Bernard) 417
Marion (Marcel) '/44
MARSA^ (Jules) 435
Marsay (le V*" E. de) 197
Marsollet (Raoul) 136
Martial (M"ie Lydie) 486
Martin (J.) 396. 523
Martin (Mar!.,'ue;ite) 485
Martin (\\ .) 211
Martin-Uupont (L.) 27
Martin-Valdour 125
Marvaud (Angel) 29, 36
Mary (André) 112
Maryan 496
Massé (A.) 131
Mathuisieulx (IJ.-M. dei .... 319
Maugain (Gabriel) 167
Maureillan (le colonel de Poi-
tevin de) 362
Maurel (André) 216
Maurtac (François) 111
Merlet (J.-F.- Louis) 113
Mestral Combremont (J. de). 26
Metz-Noblat (A. de) 135
Meyer (le chanoine Wilhelm).. 101
Meyerson (Emile) 387
Michel (André) 207
Michel (Georges) 27, 301
Mimand b (Paul) 497
Minteguiaga (el R. P. Venancio
Maria de) 358
Montessus de Ballore (le comte
de) .' 313
Montet (E.) 194
Montgon (Adhémar de) 295
Montorgueil (G.) 10
Monvel (Roger Boltet de) .. ^5
MÔNY (Adolphe) 'i25
Morel (L.-A.) 110
MoREux (l'abbé Th 263, 326
MoRRisoN (Arthur) . 301
Motey (le vicomte du) 128
MouLARD (Anatole) '. 420
Mouton (Léo) 444
MuN (le comte Albert de) .... 451
MusTo (Rafïaele) 36
Nansouty (Max de) .... ....... 8
Narfon (J. de) :■...... 516
Navarre (Charles) 511
Nernst (W.) 400
Nerval (Gérard de) 435
Neumann (B.) 401
Nicolaï (Antoine) 115
NicoLAY (Fernand) -. ..... 329
Nicollet (F.-N.) 124
NiESSEL (le com*) 141
Niox (le général) 253
Niquet(A.) 523
NoËL(Abel) .~ 74
Noël(L.) 416
Novicow (J.) 391
NozAN I pierre) 499
Oberny (L. d') 496
Oger (Tabbé Joseph) 505
Olivaint 'Maurice) 126
Olivaint (le R. P. Pierre) 105
Oliver (Miguel S.) . . . .■ 263
Olivier (Bernard) 105
Oliviero (L.) 505
Ollone (le com* d'i... 324
Oi.phe-Galliard (G 39
OuDiONi (le comt J.-A.]'. . 139, 311
Orsi (Pietro) • 256
OSTWALD (W.) 143
Otto (Emile) .•. :. 56
Pariset (Louis) 448
Payen (Juseph) ;..,.... 30
Pearson (Karl) ....',.. 408
PÉLADAN 212
Pellet(M.) 401
Pelsemacker (F. de 487
PÉPIN (Eugène) 240
Per (W. P.) 166
Pergamainte(0. Ja.). . . ; 487
Périgny (le comte Maurice
de) ;. 45. 325
:>73 —
l'ERRAUDEAu (le 1)'' Henri) .... 303
Perrin (l'abbé Élie) 516
Petel (Henri) 228
Petit (Marcel) 228
Petiteau (l'abbé René) 98
PÉTRov (le générâl-major. V,
A.) 445
PHILIPPE (Charies-L<»uis) 21
Philippi (Julio^ 487
Phily 228
Fiat (C.) 389
Picard (le lieut'-colei L.) 130
Picard (Maurice 484
PiCHON (R.) 239
Pie (le cardinal) 360
PiERQuiN (Hubert) 21
PiERRET (Emile/ 125
PiGNOT (Emile) 117
PiMODAN (Gabriel de) 115
PiSANI (P.) 67
PiTOLLET (Camille) 457
PiTTEURs (A. de) 499
Plémeur (Jean) 115
Plessis (Frédéric) 502
PoiNCARÉ(H.) 402
Poitevin de Maureillan (le co-
lonel de) 362
Portal (E.) 122
Post (J.) 401
Pottier ^A.) 488
Pradel (Arturo Fernando) .... 487
pRAT (M. A.) 157
Pravieux (Jules; 21, 501
Prentout (Henri) 339
Price (Georges) 504
Profit (M.) 34
Prost (Yvette) 497
Prudhomme (Henri) 487
Prutz (Hans) 442
Quentin-Bauchart (Maurice) . . 20':)
Quiller-Couch (A. t.) 27
Quinones (Ubaldo Romero) . . 165
Rabaud (Etienne) 330
Racine 122
Radziw^ill (Louise de Prusse,
princesse Antoine) 518
Radziwill, née Castellane (la
princesse) 518
Rambaud (Jacques) 352
Raphaël (G.) 387
Rauh (F.) 39:^
RÉBOuis (A.-G.) 75
Reclus (Onésime) 314
Reinach (Joseph) 154
Reikach (Lucien de) 323
Reiners (Dr. Jos.) 361
RÉMOND (D'' A.) 304
RÉMY [Marins Gonin] 521
Renault (J.-F.) 386
Rency (Georges) 26
René-Leclerc (Ch.) 47
Revault d'Alonnes (le D^
G.) 387
RiBO et Balbuena (A. M.) 386
Ricard (Mgr J.-F. Ernest) 418
Ricaud (L.) 352
Ivicci (Seymour de) 70
Richard (Marins) 32
RiGAL (Eugène) 220
Robertson (A. t.) 194
Roberty (Eugène de) 387
ROECKEL (P.) 49
Roger (Noëlle) 23
RoGuiN (Ernest) 482
Rondet-Saint (Maurice) 49
Rosenthal (Léon) ill
RouANET (Léo) 213
Rouard de Gard (E.) 47
RouGER (Henri) 119
RouPAiN (Eug.) 443
Rousiers (p. de) 45
Rous.seau (J.-J.) 266
Roussel (Alfred) 143
Roussel (R.) 416
Roustan (M.) i?42
Rouziès (Urbain) 60
Roz (Firmin) 45
Ruville (le D'' Albert von) . 5:', 154
SacristIn (Fermin) 338
Sagot (François) 132., 515
Sabler (Léon) 246
Saint-André (Dupin de) .... 500
Saint-Chéron (René de) .... 19
Saint-Gyr (Charles de) 124
Saint-Léger (J. de) 346
Saint-Martin (Vivien de) .... 312
Saisset ( Frédéric 120
Salvany (Félix Sarda y) 420
Sancho (Fr. Manuel) 265
Santo(J.) 102
Sarda y Salvany (Félix) 420
Sarrazin (Gabriel) 123
- 574 —
SA.ULNIER (l'abbé A)
Sauzey (le lieut<-cei)
Savine (Albert) 27,
ScHÉRER (le R. P.)
SCHRADER Fr.) -îl -,
ScHUERMANs (Albert)
SCHULER (A.)
Schumacher (J.)
ScHWALM (le R. p.)
SÉE (Ida-R.)
Segard (Achille)
Semichon (Roger)
Sentenac (Paul)
Serre (Joseph)
Servières (Georges)
Seymour de Ricci
Siegfried (A.)
SiLVA (L. Ignacio)
Silvestre (J.)
SiMMEL (G.)
Simon (M"e Jules)
SoLLiER (Paul)
SouBiES (Albert)
Stanley (Dorothy)
Steele (Jac!;)
Steiner (Bernard G.)
Stiernet 'Hubert)
STOFFAEs(abbéE. )
Stourdza (Alexandre A. C.) . . ■ •
Tacite
Tannery (Jules)
Tardieu (A.)
Taurine^ (Ch Gailly de) ..
Tejada (el P. José-M'' S. de)
Terrien (le D'' F.)
Terrisse (l'abbé Joseph i . . . .
Terwagne (le D')
Thédenat (H.)
Thermes (le R. P. Joseph) . .
Thévenot (Arsène)
Thomas (V.)
Thureau-Dangin (Paul) ...
Tolstoï (comte Léon)
Tort (Jean-Paul)
Touchard (P.)
Tournaire (Albert)
Trikal (le D'' J.)
Tristany (la marquise de). .
TuRCAN (le chanoine R.) . . .
Tyr-ierg (Erland)
107
\M)
'J9
813
258
487
198
78
29V)
21.^1
22.^
I 19
2r.i
21C.
70
45
862
252
890
522
890
214
46
802
44
26
405
486
437
408
4 5
59
490
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!(MJ
811
851
107
168
401
416
28
119
74
20
456
420
98
487
IJrtin (Henri) 892,
Uzureau (l'abbé)
Valensin (Albert)
Valentin (Albert)
Valroger (Germaine de)
Vandepitte (Ch.) 104
Van RECTERE^.-ALTE^A (Marti-
nus) V
N'ansteenberghe (E.
Vaquette (A.)
Vareilles-Sommières (M. de)..
Vasse (M"''' M.-B.-G.)
VÉRECQUE (Charles)
Vekgne (Henri)
Vermf.nouze (Arsène;
Vernes (Maurice)
Verret (l'abbé Sylvain)
Verrier (Paul)
Vesco de Kerhven (E. '
ViEBiG (Clara)
ViGNÉ d'Octon (p.)
ViLLARCEAU (LOuis)
Vincent (Francis)
Vincent (le D"" J.'
Vincent de Paul
Vinci (Léonard de). . . ._.
ViOLLET (Pauli
Virenque (Claire)
ViSSIÈRE ( \.) ,
ViTis (Charles de)
ViTRY (Pau!)
Vlks (Fred)
VOGELS 'D'" H.-J.i
Vor.T (Albert)
VoGxJR (le marquis de)
Vogué (le V*'' E.-M. de)
VoivENEL (le D^ PauL .
VosEN (D"" C.-H.)
■;a5iit)
Wagner (G.)
Ward (Mrs. Humphry) . .
White (Edward)
White(H.J.)
WlEDERMANN (le D' Ch.)
Witte (le comte)
Wordsworth (J.)
Xercavins (el D'')
491
248
208
511
415
108
487
262
229
157
459
41
402
114
241
328
56
425
28
20
500
420
804
360
212
150
121
824
505
209
808
200
(iO
321
59
804
198
393
26
27
199
, 456
. 136
. 199
. 311
Ullrich (le lieut' Richard'
!86
Ya'.ïî (Pnv.l;
YouNG (Karl)
YvF.R (Colette)
Zedlek (l'nir. D'' Gottfried)
— 575 —
2 I S Zerolo ( m. ) '* 11
297 ZiDLER (Gustave) 118
ZuBRiczKY /le r»'' A.i 456
71
TABLE DE LA CHRONIQUE
Nécrologie : Albert iMgi' vom). 462.
— Bailly (François-Anatole), 79.
— Berger (Philippe), 364. — Bi-
GEi.ow (John), 8O.--B1SSON (Alexan-
dro-Charles-AugiiSte), 170. — Bor-
\ET (.lean-Baptiste-Édouard), 73. —
BoROVSKY (Samuel)527, — Cauvière
(Jules', 267. — Cucheval-Clari-
<;\Y (Victor), 46t. — Cuvermule
(le vice- amiral Jules-Maric-Armand
Oavei.ier de), 368. — Dahn (le
Dr. Félix), 171. — Gayraid (l'abbé
Hippnlyte', 76. — Hooker (Joseph
Dalton), 80. — Hyacinthe (l'ex-
l>ère) (\oir Loyson). — Imbert-
GouRBEYRE (le D^ Antoino), 365.
— Langlcis (le général Hippolyte),
267. — I.ANNELONGUE (le D'' Odi-
lon-Marc^, 77. ■ — Lecoq de Bois-
BAUDRAN (Paul-Émile, dit François),
52.'.— Leven (le D'' Manuel) ,170.—
LiLiE.NCRON (le baron Rochus von),
366. — LoYSON (Charles) [ex- Père
Hyacinthe], 268. — Lubliner
(Hugo), 171. — ■ Maragall y Go-
RiNNA (Juan), 80. — Mariéton
(Jean- René-Benoît-Paul), 78. — Me-
nendez y Pelayo (Marceline), 525. —
MiKA (Alexandre), 527. — Molinari
(Gustave de), 172. — Monod (Ga-
briel-Jacques-Jean), 460. ■ — Pa-
cinotti (Antonio), 462. ■ — Pascoli
(Giovanni^ 462. — Poncelet (le
R. P. Albert), 461. — Quillard
(Pierre), 269. — Rapisardi (Mario),
172. — RouANET (Léo), 77. — Sa-
.glio (Edmond) 79. — Saint-Paul
(Anthyme) 170. — Sauzet (Marc),
269. — 8ÉE (D'' Marc-Daniel), 524.—
Strindberg (Auguste). 526.- — Topi-
nard (le D'' Paul); 469. — Vécsey
(Thomas), 527 . — Winterer (Mgr
Landelin), 76.
Lectures faites à l'Académie des
inscriptions et belles-lettres, 84,
176, 273, 370, 465, 532.
Lectures laites a l'Académie des
sciences morales et politiques, 84,
176, 274, 371.. 465, 532.
Prix, 84, 176, :>74,
Concours, 84.
(.orresp^ndauce, 163.
466, 533.
Mélanges : Index. 178. — Balzac pla-
giaire (?), 371. — L'Abbé Ulysse
Chevalier. 467. — Société irançaise
de bibliographie. 37.. — Bibliothè-
que nationale, 84. — L'Exposition
de la section des cartes à la Biblio-
thèque nationale, 466. — Bibliothè-
que de la Compagnie de Jésus, 372.
— Bibliothèque de l'Institut ca-
tholique de Paris, 373.
Nouvelles : Paris, 85, 178, 276, 373,
468, 533. — Angoumois, 181. —
Anjou, 87, 18^', 281, 375, 535. —
Artois, 470. — Bourgogne, 183,
376, 471. — Bretagne, 472, 536. —
Champagne, 183. 378. — Dauphiné,
184, 376. — Franche-Comté, 87,
184, 281, 376, 473, 536. — Gascogne,
377. — Ile-de-France, 377, 475. —
- 576
Languedoo, 28o, 538. — Lorraine,
283, 475. — Maine, 53''>. — Ni\er-
nais, 283. — Normandie, 475. —
P< itou, 284, :î78. — Provence, 186.
— Savoie. S9. — Vendômois, 378.
— • Alsace-Lorraine, 187. — Allema-
gne, 89, 187, 476, 539. — Belgique,
89, 284, 379 — Espagne, 90, 187.
grie, 188. — Irlande, 539. — Italie,
91, 189, 380, 476. — Turquie, 284.
— Suisse, 380. — Chine, 476. —
Maroc, 91, 189, 380. — Brésil, 477.
États-Unis, 285, 380.
&: ■ ■ I
Publications nouvelles, 9i, 190, 285,
380, 478, 539.
284, 379
Grèce, 379.
Hon-
ERRATA
Page 14, ligiu' 48 et page 28, ligne 10, au lieu de : Koponicka, lisez : Konop-
nicka.
Page 378, liga-^ 4, au lieu de : Lorraine, lisez : Champagne.
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Paris, Grasset. 1911, in-18 de 324 p., 3 fr. 50. — 8. U Imperturbable Silence,
par Gilbert .?tenger. Paris, Perrin, 1912, in-16 de 313 p., 3 fr. 50. — 9. Nos
Enfants, quand ils jouent, par O. Guibaud. Paris, Messein, 1912, in-î'^ d:: 320 p.
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laolnÊT, 1912, in-16 de 163 p., 3 fr. 50. — 11. Les Instincts calants, par Maryo
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Paroisse, par Paul Abbas. Paris, Dorbon aîné, s. d., in-16 de 218 p., 3 fr. 50.
— 1 3. La Voie mauvaise, par Henri Baraude. Paris, Roger et Chernoviz, 191 2,
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Michel, in-18 de 317 p., 3 fr. 50. — 15. L'Heure critique, par Fernand Dacrr.
Paris, Daragon, s. d., in-16 de 315 p., 3 fr. 50. — 16. Scènes de la vie de Bohême,
par Henry Murger. Nouvelle édition revue, corrigée et augmentée, précédée
d'une notice biographique sur l'auteur et de notes par Paîii. Ginisty. Paris,
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Nesmy. Paris, Grasset, 1911, in-16 de 318 p., 3 fr. 50. — 18. Monsieur de Nugbo,
philosophe, par Gonzague Truc. Paris, Perrin, 1912, in-16 de xi-271 p., 3 fr.50.
— '19. L'Illustre Athnnase Bonsang. par René des Pomeys. Paris, Figuière, 1912,
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texte provençal et trad. française par Frédéric Choupin. Paris, Bloud, 1911,
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Paris. Figuièrfi, 1912, in-16 de 200 p., 3 fr. 50. — 22. Nadjié, la Petite Hanoum,
par Emile P^dwards. Paris, Plon-Nourrit, s. d., in-16 de 303 p., 3 fi. 50. —
23. Le Prince des riches, par Fernand Rivet. Parii^, Stock, 1912, in-18 de
375 p., 3 fr. 50. — 24. L Orgie gauloise, par Louis Gastine. Paris, Huorocq,
s. d., in-16 carré de ni-201p., illustré, 1 fr. 25. — 25. Histoire delà Maison de
VEspine. par Yves Blanc. Paris, Daragon, s. d., in-18 de 198 p., 3 fr.
Romans de femmes. - 26. Au tournant des jours (Gdles de Claircrfur)^ par
Daniel Lesueur. Paris, flon-Nourrit, s. d., in-16 de 306 p., 3 fr, 50. - 27.
Un Obstacle, par Jean df. la Brfte. Paris, Plon-Nourrit, s. d., in-16 de 302 p.,
3 fr.50. — 28. Les Petites Ames, par Henriette de Vismes. Paris, Plon-Nourrit,
s. d., in-16 de vii-279 p., 3 fr. 50. — 29. Les Courtagré, par Pierre Gourdon.
Paris, Calmann-Lévy, s. d., in-18 de 301 p., 3 fr. 50. — 30. Et VAniout- dispose...
par Mathilde Alanic. Paris, Plon-Nourrit, s. d., in-16 de 364 p., 3 fr. 50. —
31. Ombres et lumières, contes et nouvelles théosophiques, par Aimée Blech.
Paris, Publications théosophiques, 1912, in-18 de 324 p.. 3 fr. 50. — 32. La
Petite Gratiehne, par Yvonne Durand. Paris, Figuière, 1911, in-12 de 170 p.,
3fr. 50. — 33. La Métairie de las Bamadas, pav la comtesse de Massacré. Paris,
Editions du « Temps présent », 1911, petit in-8 carré de 149 p., 3 fr. 50. — 34.
Choisir..., par Addy de Saint-Germain. Paris, Editions du « Ten.ps présent ».
1912, in-16 de 218 p., 3 fr. 50. — 35. Hors de sa race, par ALii de Villemacne ,
Paris, Figuière, 1912, in-18 de 193 p., 3ir. 50.
Romans étrangers. — ■ 36. Les Gardiens de la flamme, par W.-D. Maxvpell;
adapté de l'anglais par Lotis Fabulet. Paris, Plon-Nourrit, s. d., in-16 de
— 6-
330 p., 3 fr. no. — 37. Dcrvtères EnquHcs du prestigieux Jlcuitt, par Arthur
A'ourison; adaptation française par Albert Savink. Paris, StocK, 1912, in-18
de 347 p., 3 fr. 50. — 38. J.e Mariage de Lord J.oveland, par VVili.iamso-, ; t'ad.
de l'anglais par Louis d'Arvf.rs. Paris, Hachette, 1912, in-16 de 245 p., 1 fr. —
39. Un Duo, par Arthur Conan-Doyle; trad. de l'anglais par Alberte S* vine.
Paris, Stock, 1912, in-18 de 297 p., 3 fr. 50.— 40. Sous la neige, par Edith
Whauto\. Paris, Plon-Nourrlt, 1912, in-lfi de 272 p., 3 fr. 50.— 41. CLz les
Américains, par Rudyarp Kipling; trad. de l'anglais par Albert Swinf.
Paris, StocK, 1912, in-18 de 306 p., 3 fr. 50. — 42. Dans le désert, pav G rkzik
Deledda; trad. de l'italien par Marc Hélys. Paris, Hachettî, 191?, in-î6
de 258 p., 3 fr. 50. — 43. La Bonde, par Arthur Schnitzler; trai. de l'alleu and
par Maurice Rémon et Wilhelm Bauer. Paris, Stock, 1912, in-18 d» 279 p.,
3 fr. iO. — 44. Le Merveilleux Voyage de Nils Holgersson à trJVirs la Suèd', pai"
Selma Lagerlof; trad. di suédois par T. Hammar. Paris, F'errin, 1912, in-16
de xvii-408 p., 3 fr. 50. — 45. Le 7Vr/-o/'jste, par M'"«V.Dmit; iev; trad. du russe
par G. Savitch et E. Jaubert. Paris, Plon-Nourrit, s. d., in-16 devn-r08 p.,
3 fr. 50. — 46. Œuires complètes du comte Léon Tolstoï; t-ad. du russe par
J.-W. BiENSTocK. T. XXVll. Paris, Stock, .912, in-18 de 416 p., avec un pur
trait, 2 fr. 50.
Romans divers. — 1. — Ce qui distingue le roman de M. de Pomai-
rols n'est pas l'imprévu des faits, laisses par lui dans l'invention
commune, c'est la noblesse des sentiments, c'est la beauté des ana-
lyses dont ces faits fournissent l'occasion. Noblesse et beauté d'au-
tant plus remarquables, que l'auteur semlDle s'être moins soucié , quant
à l'affabulation, d'éviter le genre du conte édifiant. Visiblement
il a méprisé ce reproche, et cela encore n'a pas nui. Le Repentir
est celui d'un jeune homme, bien élevé, mais frivole et adonné au
plaisir, qui, dans un besoin d'argent, s'emporte à souhaiter (en
pensée) la mort de sa mère. Ce n'est qu'un moment, mais ce moment
revient deux fois, par le fait de circonstances qui du moins le déchar-
gent du reproche d'endurcissement. C'est assez cependant pour
mériter l'horreur; et c'est à la sienne propre qu'il tombe d'abord en
I)roie, quand il voit peu après sa mère en danger de mort. Elle guérit
heureusement, et, depuis lors, il n'est pas de fils plus attentif, plus
dévoué, plus parfait que lui. Ignorante du crime qu'il commit en pensée,
sa mère jouit sans mélange de ces tendresses nouvelles. Et c'est ici
que le conte édifiant finirait. Mais c'est ici que l'auteur le recommence,
et sur des données morales et intérieures qui en renouvellent abso-
lument l'aspect. Ces données morales sont chrétiennes : elles sont le
sentiment de l'énormité de la faute, de ce qu'elle contient (sans Dieu)
de malice irréparable; les données intérieures sont celles que la con-
naissance des hommes a fournies à M. de Pomairols. Or, il les faut
profondes et fortes, à la mesure du programme relevé, exigeant, que
trace la religion. La religion dit : cette faute est horrible. 11 faut en faire
sentir l'horreur. Et cela n'est pas facile, et cela l'est d'autant moins,
que le lecteur, par paresse ou par complicité, incline aisément à l'indul-
gence. M. de Pomairols a soutenu cette gageure, il l'a gagnée. Dans
le trait hardi et sublime que la foi assignait au tableau, sa psycho-
logie a versé les couleurs avec assez de force et d'abondance, pour
achi ver une pein'ure de la réalité. Et de ce succès s'engendre cette
chose rare : un roman chrétien. Combien l'ont essayé, et le manquent^
p ir les moyens qu'ils croient justement les plus propres à le réaliser :
tendresse de sentiment, affectation mystique. Mais ces choses glissent
aisément à la jérémiade romantique. L'imprécision religieuse guette
cette littérature, dont les produits manques tournent en mauvais
livres. Ici le dogme est présent; partant nulle équivoque : ni religion
naturelle, ni huguenoterie. L'humilité imposée à l'âme chrétienne
par Ico réflexions les plus solides, aussi palpables que celles d'un
Bourdaloue; la confession désirée du plus profond de l'âme. Maurice
avoue sa faute à un ami d'enfance; plus tard il ne croit pas même
pouvoir la taire à la jeune fille qu'il souhaite épouser. En même temps,
sous la flamme du remords, se corrige toute son existence. D'une vie
de plaisir il passe à une vie retirée, pleine d'occupations graves, soins
de famille et de propriété. La scène est en Quercy. Là-dessus M. de
Pomairols n'a pas omis la mélodie de la terre et de la tradition. Elle
est commune dans les romans du jour; mais peu la chantent avec ce
charme. Dans le couplet des morts, remarquons que 1 auteur n'a pas
hésité à introduire les expressions mêmes de Ccmte : « Quand on est
ainsi gouverné par les morts, on n'a qu'à aller les rejoindre ». La mère
de Maurice vient de lui dire que son père défunt a défendu qu'elle lui
donnât de l'argent, et cette obéissance accordée au défunt soulève la
coupable impatience du jeune homme. Une paysanne du lieu est
tuée par son fils parce qu'elle employait l'argent qu'il lui devait à
faire dire des messes à son mari défunt. « On peut dire, ajoute un
défunt, que ce mort la gouvernait. » J'admire cette introduction
de formule philosophique dans la trame d'un roman, faite avec
tant d'adresse. A la fin le jeune homme épouse celle qu'il n'eût
jamais obtenue s'il n'eût changé son existence, et qui, sachant sa
faute, l'a pardonnée. Entre temps, la mère de Maurice est morte.
Je ne crois pas qu'on puisse rendre ce malheur avec des couleurs
plus sensibles : « Maurice, d'un élan instinctif, appela sa mère, à
laquelle cet être inanimé ressemblait encore. Sa mère, toujours
prête à l'écouter, toujours heureuse de lui complaire, ne répondit pas,
bien que le corps fut là visible, reconnaissable, ce silence inouï
dénotait une absence extraordinaire, une fuite vers un univers sans
rien de commun avec le nôtre, et qui, dans sa différence extrême, restait
impossible à concevoir. » Une telle expression n'est donnée qu'à ceux
qui sentent profondément et (condition non moins expresse) noble-
ment. Ainsi l'heureux dénouement du roman n'est acheté d'aucune
fadeur; la moralité de l'action n'est étoffée d'aucun pieux mensonge:
nous sommes partout dans le vrai. Et ce vrai est amer, et ce vrai est
— 8 —
consolant aussi, et parla rien n'est si humain, lî y aurait encore à
parler de la manière dont l'auteur a jjjradué son remords, et mené son
drame à l'intérieur. C'est l'art racinien, c'est celui de hi Princesss de
Clèi'es. A cet égard, l'épisode de la femme assassinée est quelque chose
d'infiniment remarquable.
2. — 11 y a de bien délicieuses parties dans un des Deux Cahiers
que nous donne M. Paul Acker, celui de la mère. Celui de la fille me
plaît moins, je l'avoue. L'auteur n'y est-il pas un peu dupe d'un
certain charlatanisme d'esprit positif et pressé? Tel est, à entendre
nos moralistes de presse, le caractère des jeunes générations. 11 y a
bientôt vingt ans que M. Lavedan serine cela. Au contraire, les
parents étaient posés, discrets, tendres au sentiment, pleins de
nuances, assujettis à toutes sortes de respects et d'habitudes. Voyez
là-dessus Mon filleul, dont j'ai fait l'analyse ici. Les Deux Cahiers
sont quelque chose comme cela. A la fille, joueuse de tennis et de
golf, libre avec les jeunes gens et qui se fiance elle-même, assidue des
salles d'hôpital où elle s'emploie pour la Croix-Rouge, s'oppose la
mère, sage à la vieille mode. Encore un coup, cette contre-partie est
charmante. C'est que l'auteur a fui cet air d'antiquité bénète où se
complaît M. Lavedan. Nulle part, nous ne voyons figurer à l'éloge
de son héroïne, qu'elle prend des fiacres au lieu d'automobiles. Puis il
n'y a pas là-dedans de théorie sur l'art d'apprivoiser la jeunesse et de la
faire rentrer en elle-même. Enfin, cette dame se raconte simplement,
comme ferait une véritable femme (ce naturel était bien difficile), mar-
quant de traits solides et véridiques ce qui réellement a mieux valu de
son temps, et proposant le reste comme l'objet seulement de sa pré-
f(''rence instinctive. Ajoutons que, malgré le titre, où cahier s'oppose
à cahier, le plan moral n'est pas tellement étroit, qu'on n'y goûte le
plaisir des Mémoires pour eux-mêmes. Oui, nous avons celui de voir
cette mère charmante remonter dans ses lointains souvenirs, rap-
peler son enfance à la campagne, l'éducation rigoureuse à laquelle
on l'avait formée, ses visites de petite fille aux personnes d'âge,
conduisant le récit jusqu'à son premier bal et à ses fiançailles, dont le
tableau est une merveille de sentiment et de pittoresque, exprimé plei-
nement et simplement. « Tout contre papa, qui tenait ses gants à la
main, je montais les marches, baissant un peu la tête, intimidée et
frémissante aussi; maman nous précédait; on entendait des violons.
Nous pénétrâmes dans une vaste galerie, sur laquelle s'ouvraient
les portes du salon. Immobiles, beaucoup d'hommes en habit noir
obstruaient le passage; ils se retournaient à notre approche et nous
considéraient; je baissais davantage la tête. Enfin nous avions salué
la maîtresse de maison et j'étais à peine assise devant maman, sur
une chaise dorée et eapitonnée de soie cerise, comme toutes les autres
jeunes filles, que M'"*^ de Malvégourt nous présenta des danseurs.
Ils saluaient, je saluais, les joues roses d't'motion; ils sollicitaient une
danse, je la notais sur mon carnet; ils prononçaient leur nom, qui
m'échappait, je les priais de le répéter et je l'inscrivais en lettres
minuscules, car j'appréhendais qu'ils pussent distinguer que j'en
ignorais l'orthographe... » Le bal prend fin. « Tout de même il fallut
partir; mon danseur m'accompagna jusqu'en bas. Nous montons en
voiture; dans le coupé nous écrasions des objets de cotillon. — Tu as
été la reine du bal, dit mon père. — Parce qu'elle danse assez bien,
corrigea ma mère. Soudain une voix crie, éperdue: Arrêtez, cocher,
arrêtez ! Et c'est sans chapeau, sans pardessus, très rouge d'avoir
couru, mon valseur qui passe le visage à la portière, salue, s'excuse :
C'est votre bouquet. Mademoiselle, votre bouquet de muguet, vous
l'avez laissé tomber; alors je vous le rapporte. Je glisse la main
sous mon manteau; le bouquet n'était plus au corsage. Je remercie
ie jeune homme et il demevu'e là, tout drôle, à balbutier des mots
vagues, si bien que maman lui ordonne un peu sèchement : Voulez-
vous dire au cocher de continuer? et relève le carreau de la portière. »
Vraiment, peu de romajiciers écrivent ainsi aujourd'hui. Il semble
qu'on retrouve au fond de cela quelques-uns de ces charmants accents
de Marianne, vers le milieu du livre, où il y a tant de naturel; le
style n'est pas moins dépouillé que celui de Prévost. C'est la première
rencontre avec le fiancé. La suite n'est pas moins agréable. La jeune
fille lui fait aimer la campagne où elle a été élevée, et que M. Paul
Acker place en Alsace. La terre se nomme Ringen. Elle en montre
des photographies et des dessins :« Ce doit être bien joli, dit-il. Je fus
très émue par ces mots si simples. S'il m'avait dit : Comme c'est
joli ! j'aurais bien compris qu'il se débarrassait de Ringen par une
phrase banale.» Ici, double peinture, car cette remarque est vraie;
mais l'empressement que met la jeune fille à la faire et l'exagération
légère peignent délicieusement son amour. A la réflexion se mêle la
comédie. Tout est ainsi : la présentation du fiancé aux paysans de
Ringen, le premier enfant, etc. Nulle banalité, nulle fadeur, partout
un sentiment profond, dans une allure vive et naturelle.
3. — La politique envahit tout. Quelques-uns s'en défendent :
gardons-nous en, disent-ils; mais ellen'en règne pas moins. Ainsi le cho-
léra s'impose à l'attention de ceux même qui déclarent ne s'en pas vou-
loir mêler, comme n'entendant pas la médecine. M. Victor Pavie en
a pris son parti : il fait de la politique le sujet d'un roman. Madame
Bouverot, préfète, vit au milieu des intérêts et des passions qui s'en
nourrissent. Le portrait que l'auteur en donne, fait le centre d'une
peinture fine, exacte, minutieusement vérifiée de la politique en
province. Il y aie sous-préfet, il y a les fonctionnaires, il y a les radi-
caux zélés, il y a les conservateurs tièdes, il y a les irréconciliables; la
— 10 —
pauvre femme doit mener parmi tout cela une vie sortable. L'auteur
eût pu chercher des contrastes faciles : par exemple celui d'une épouse
pieuse luttant contre les conditions qu'impose à son mari un gouver-
nement persécuteur; il l'eût montrée ingénieuse ou sublime, disputant
ses enfants à la libre-pensée, soutenant contre un époux sectaire,
timide peut-être, les droits delà conscience catholique. Cela eût été
plus dramatique; M. Pavio n'a voulu qu'être vrai. Les femmes des
préfets de la III^ République sont rarement d'une piété ardente; cela
ne cadre pas à une situation qu'elles connaissent. Pour que le con-
traire arrivât, il faudrait qu'elles fussent trompées ou contraintes. M"^®
Bouverot nous est représentée conforme à l'ordinaire des préfètes,
tiède sur la religion, tenant la situation de son mari pour honorable.
L'intransigeance de quelques prêtres est, à ses yeux, cause en partie
de l'état de guerre où vivent l'Église et l'État; le reste est l'effet
des circonstances. Cependant elle fréquente l'église, et veut la reli-
gion pour ses enfants. Do plus, il faut bien pourvoir à leur donner
quelques compagnons présentables , comme il s'en rencontre peu
dans le monde officiel. Ainsi, quoique tout déchirement inté-
rieur soit épargné à M"^^ Bouverot, elle n'évite pas d'infinis tirail-
lements. C'est là le sujet de l'auteur, allongé d'un copieux appoint,
que fournissent les intrigues électorales, les trucs de gouvernement,
les procès politiques, les discussions, etc. Le préfet Bouverot arrive
dans sa province porteur du mot d'ordre à' apaise?nent. Et, par l'effet
des circonstances, il ne peut rien apaiser du tout. D'une part, pèsent
sur lui les lois de persécution; d'autre part le radicalisme du lieu
menace; enfin lui-même n'est qu'un nigaud. Il y a là une ironie des
cjioses, que l'auteur a parfaitement rendue. Il suppose son préfet se
rendant lui-même chez un curé que le gouvernement chasse de son
presbytère, tout plein de paroles d'apaisement. «Bouverot entamait
l'exorde du petit discours qu'il avait longuement préparé. Plus qu'un
autre, il déplorait personnellement les rigueurs de lois dont il lui fallait
bien, comme citoyen, accepter les dispositions, comme représentant du
pouvoir assurer l'exécution dans les limites de ses attributions. Mais
il estimait que ces rigueurs seraient singulièrement atténuées, ou du
moins plus aisées à supporter, si ceux qui se rencontraient en adver-
saires, etc., etc., essayaient de régler amiablement le conflit qui les
divise. » Cette misérable littérature, littérature du rien, si bien saisie
dans l'organe du pouvoir, ne l'est pas moins parfaitement dans
l'organe de l'opposition tiède. Le morceau de ce côté, comme il sied,
débute par le mot de pessimisme : « Pourquoi tant de pessimisme?
repartit Martigné. Je trouve, moi, qu'on est trop dur pour notre
malheureuse époque. Sans doute, tout est loin d'y être parfait; mais
on la calomnie volontiers. Il y a dans ce cjue nous souffrons ou croyons
— 11 —
souffrir, dans tout ce qui nous divise, à l'origine de. nos maux réels
ou imaginaires, tant de malentendus ! Vous me savez peu suspect de
partialité en faveur de nos gouvernants. Croyez-vous pourtant que
ce ne soient pas les attaques auxquelles on se livre contre eux qui les
rendent pires? Et n'obtiendrait- on pas davantage de leur bonne vo-
lonté en s'entendant avec eux plutôt qu'en les combattant? » On
remarquera que la conciliation de l'opposant dépasse du premier coup
colle du gouvernant. Selon ce dernier, à l'origine du conflit, il y a des
« rigueurs « ; selon le conservateur il n'y a que des « malentendus. «
La conciliation de l'un maintient donc l'état de guerre, celle de l'autre
feint de le supprimer. C'est que l'un, sous son sot verbiage, demeure
sérieux; l'autre est sot des pieds à la tête : et cela est très finement
observé et rendu. On expulse le curé de force. La ville pousse des cris
et hue le gouvernement, ce qui du reste n'a d'autre conséquence
que de retirer au préfet l'espoir de réaliser l'apaisement. Une autre
histoire n'est pas moins bien traitée : celle de l'ouverture d'une école
libre, que les bureaux refusent pour insalubrité, grâce au soin que
de zélés défenseurs de la laïcité ont pris de faire déboucher dans le
puits le tuyau d'une fosse d'aisance. Autre histoire encore : celle du
sérum contre la méningite cérébro-spinale, que les bureaux font at-
tendre à des sœurs sécularisées, mettant ainsi la vie des malades en dan-
ger. M'"^ Bouverot apporte ce sérum, malgré son mari, qui allègue les
règlements. On entend quelquefois nier ces faits; mais l'information
des journaux nous les a rapportés cent fois, et ils composent le train
de la vie de province telle qu'un gouvernement de parti nous l'a faite.
M. Pavie a bien fait de les ramasser dans un roman, leur donnant
cet air de vraisemblance que confère un cadre composé. Martigné,
le conservateur accommodant, veut être député. Le préfet qui l'agrée
se voit forcé de céder au candidat des radicaux. M"^^ Bouverot
l'écarté parce qu'il la courtise. Un ami officiel de son mari, à qui il doit
sa préfecture, la courtise aussi, avec moins de politesse. Ainsi, des
deux côtés, les relations politiques convoient pour elle d'indignes
avances. Elle y fait face en femme honnête. En femme résignée à son
sort, elle évite de se joindre aux personnes qui reconduisent au chemin
de fer les sœurs gardes malades qui quittent la ville. « Parmi tant de
troublantes incertitudes, tant de déceptions dont sa vie était semée,
un devoir du moins lui apparaissait clairement : maintenir à tout prix
le calme et la paix dans son foyer. » C'est la morale du livre, triste dans
la circonstance, chargée de toute la mélancolie que l'indignité du
régime a versée dans la vie française.
4. — Les Contes sur vélin, de M. Pierre Gauthiez, plairont parle ton
de fine littérature et d'information historique, qu'on peut attendre d'un
écrivain familier de l'Italie du moyen âge et de la Renaissance. Dans
quelquos-uns, c'ostl'Italio moderne qui nous est présentée dans un
style à la fois sobre et pittoresque, chargé de l'impression des lieux.
Le même goût pour Florence qui se montre dans le Lys rouge habite
des contes comme V Epoiwantail ou la Fanfare municipale^ le ton,
cependant, est différent; il y a ici moins de gentillesses et (disons-le)
plus de naturel. D'autres contes se passent chez nous. Les Poules du
bon Dieu, simple récit de la mort d'une petite fille à l'hôpital, sont
quelque chose d'infiniment touchant. « Je ne croyais pas jusqu'alors,
dit le narrateur, qu'un petit enfant se sentait mourir; mais je vis
clairement qu'aux derniers spasmes la petite comprenait. » Suit une
page où fleurissent les impressions naïves (et pleines de quelle poi-
gnante émotion !) d'un homme pour qui réellement cette remarque
est nouvelle. Le conte du Sacrifié, où l'on voit un père prendre la res-
ponsabilité du vol d'un fils soldat, et ce fils pleurer au lit de mort
du père le déshonneur (discret du reste: nul mélodrame dans tout ceci),
assumé ainsi pour le sauver, n'apporte pas de moins fortes impres-
sions. U Ascension manquée, épisode d'alpinisme, tient le lecteur en
suspens jusqu'à la catastrophe, à laquelle des circonstances spéciales
ôtent les horreurs banales. La fin est plaisante. Rivalité des sports.
Un ami adonné à l'aéroplane écoute. « Je t'y mènerai, moi, dit-il,
sur ton Gietschen, et dans un fauteuil encore. »
5. — Sérieusement, est-ce que la Corse ressemble au tableau que
M. Natali nous en fait? Sa prière d'insérer assure qu'on ne connaît
pas cette province. Tant mieux ! diront tous ceux qui auront lu
Lilla.Qnel pays ! Des prostitutions et des meurtres. Et contés de quelle
plume! (Certainement, le pire soupçon contre la Corse est celui-ci :
'a-t-elle beaucoup d'enfants comme l'auteur de ce roman, capables de
se complaire à de si odieuses choses? C'est un spectacle d'animalité
pure, rendu dans un style excité, d'effet court et brutal. Exemple :
« La bouche du prêtre se tordit dans un mauvais rictus de triomphe.
Marietta se dressa galvanisée ...Un baiser l'avait brûlée commeunfer
rouge ... On déboucha la bonbonne, et de sa gueule ouverte, un bon
vin clair coula avec des glouglous... «Voici les élégances :« L'ombre
noyait la chapelle. La lueur d'une veilleuse palpitait. Sur le cristal
du grand lustre, s'allumaient de vagues scintillements. Une langueur
flottait dans l'air tiède et lourd. « Nous croyions cette rhétorique
morte avec Zola, qui la divulgua. On voit qu'il y a encore des régions
littéraires où elle se fabrique à la machine. Le côté pompier et pru-
d'homme ne manque pas : « Leur amour était une passion saine, elle
procédait à la fois du cœur et des sens. » Et ceci, à un jeune homme dont
la femme est soupçonnée de n'être pas fidèle : « Malheureux, lui dit
un jour sa mère, ne vois-tu pas les protubérances qui ornent ton
front. )) Ceci encore : « Certaine allusion à nn beau jour de juillet nous
permettrait de supposer qu'à cette date, la vertu de la demoiselle a dû
subir un assaut qui, peut-être, n'a pas été repoussé. » Après tout,
c'est du patois de feuilletoniste. Une seule chose intéresserait : c'est
le conflit des mœurs de vendetta avec les passions que les intrigues
politiques déchaînent dans le pays. Cela est indiqué, mais pêle-mêle
avec le reste, non en vertu d'aucun choix de l'auteur, seulement parce
que cela se trouve en Corse, et qu'il n'a pu faire autrement que de le
voir. Peut-être quelqu'un qui aura du talent nous contera-t-il cela
un jour. J'aime à croire que le même débarbouillera le sujet de la
marque obscène dont ce livre l'a sali.
6. — Une histoire de renoncement pieux, contée par quelqu'un à
qui la foi manque, ne peut fournir qu'un pathétique faux ou une
diatribe. La Vaine Bonté : un prêtre est amoureux d'une femme
qu'il a laissé épouser à son cousin, et qui, maltraitée par ce dernier,
revient chercher chez lui, dans une cure de campagne, une cachette
et le repos de l'âme. M. Martial Hémon ne fait rien pour nous dissi-
muler qu'il n'accorde nulle autorité à la discipline qui lie le prêtre.
Renégat de ses engagements, rendu à la vie laïque, époux de celle
qu'il aime, il l'estimerait encore. Le prêtre reste ferme, l'auteur veut le
faire admirer. Pourquoi? Est-ce qu'il l'admire lui-même ?Est-ce qu'il
le loue de renoncer au bonheur et d'obliger une autre à y renoncer sans
cause? Mais, dira-t-on, l'auteur n'écrit pas pour lui. Soit; mais à ses
personnages mêmes il donne les sentiments dont il est capable : son
prêtre sacrifié n'en a pas d'autres. Je me trompe. Ce prêtre allègue
pour motif de son acte, une fidélité à sa profession, à son devoir.« Mais,
objecte un personnage, le devoir 1 il y a tant de manières de le com-
prendre ! » C'pst tout à fait cela. Que répond M. Hémon? Rien. Il entre-
prend de nous séduire par la beauté du sacrifice. Ma foi, qu'il sache
de nous une chose : c'est que, catholiques que nous sommes, nous ne
sommes prêts à trouver bons les sacrifices que la religion inspire, que
si elle est vraie, et à les trouver beaux que chez ceux qui la croient
vraie.Le curé en question ne dit rien qui montre qu'il ait la foi : ainsi
son sacrifice déplaît. Il déplaira aux incrédules, il déplaira bien plus aux
croyants, qui ne pourront admettre qu'on se moque d'eux en soute-
nant des plus faibles raisons de religion des sentiments si pathétiques,
en faisant triompher la discipline chrétienne par des impulsions si
misérables. En cela, l'abbé de Brethonne nous fait l'effet d'un succé-
dané de Jocelyn, et cela n'est pas un compliment. Qu'on me com-
prenne bien. Un prêtre peut parfaitement n'avoir que peu de foi et
pourtant demeurer prêtre, surtout si au scrupule de donner du scan-
dale s'ajoute (ainsi que le fait entendre à la fin M. Hémon) un désen-
chantement de tout au monde et des promesses du bonheur même. Un
tel caractère est peu dramatique, cependant il offre de l'intérêt; mais
^ 14 —
c'est à condition qu'il soit net, et étudié profondément. En tant que
pur désabusé, le caractère de l'alDbé de Brethonne est à peine touché
et le cas demeure incertain. En somme, les raisons qu'il y a pour lui
de n'abdiquer pas le sacerdoce paraissent habiter bien moins en lui
que dans l'esprit de l'auteur. M. Hémon a craint de choquer le
lecteur, de faire une diatribe antireligieuse. Au point de vue de la
religion, le livre n'y gagne pas; au point de vue de l'art, il y perd.
Cette diatribe était bien commencée dans les violences du colonel,
oncle du curé. Il faut savoir que la retraite de la cousine chez le
curé entraîne un blâme de l'évêché et le déplacement du prêtre
fidèle. « Relève-toi, dit le colonel, et commence par flanquer ta
démission à ceux dont tu peux te passer. « Voilà qui est parlé. Dans
tout ce qui touche les cas de conscience, il n'y a que cela qui soit
éloquent. Maintenant, que M. Hémon me pardonne cette grande
place donnée à la critique. Il y a ailleurs beaucoup de talent : de
la vivacité, du pittoresque, un intérêt soutenu, un dialogue naturel.
Puis la scène se passe à Tours et à Saint- Avertin. On aime cela, on
aime ce pont du Cher, on aime la scène du débauché buvant dans
le cabaret de Xavier Forças, où l'on mange si bien, qui met en
bouteille de si bons crus. Le livre abonde en scènes de genre fine-
ment touchées, enlevées, sans longueurs, avec mordant, avec éclat.
7. — Sous cet autre titre : Un Prêtre, voici une histoire du même
genre, mais traitée bien différemment. Une large veine comique égaie
et soulève le livre de M. Léon Cathlin : veine surgie de lectures faites
dans Anatole France, dont il ne laisse pas de se distinguer par une
plaisanterie plus brève et plus cinglante, plus voltairienne, quoique
Renan n'y manque pas. C'est un premier élément, et (littérairement
parlant) le meilleur. Un second est la diatribe romantique. Le curé
Cygne est aussi un méconnu. Lui aussi encourt le blâme de l'évêché
pour avoir approché une femme. Et l'injustice ici est d'autant plus
criante, qu'il ne l'approche que pour la convertir, et qu'il ne manque
par là à aucune discipline extérieure, consigne matérielle ou règle
canonique. Il est vrai qu'il s'agit d'une fille de mauvaise vie; mais
personne jamais n'a ouï dire qu'il fût défendu au prêtre d'exhorter,
de catéchiser, de confesser ces sortes de gens. Ainsi l'invention du
blâme est arbitraire; elle fait, dans ce roman, l'effet de ces malheurs
auxquels on ne croit pas, contés par dos geignards insupportables.
En argot d'étudiant, nous disions autrefois que les fâcheux de ce
genre vendaient leur piano. M. Cathlin vend le piano du curé Cygne ;
et c'est le pire des éléments du livre. On l'accorde difficilement avec
la qualité de chrétien, qui est pourtant celle de l'auteur. Quelqu'un
dira : le tour voltairien aussi. En vérité, cela est bien différent. Il
y a_^longtemps que la raillerie voltairienne a cessé de gouverner les
— 15 -
intelligences qui l'accueillent. Elle n'est plus qu'une satire des
mœurs et des visages : et rien n'empêche de concevoir un chrétien
sincère exerçant une verve de ce genre sur les travers ecclésias-
tiques. Le troisième élément est la spiritualité du livre, composée
çà et là de peintures exactes, d'une grande fermeté de dessin heureu-
sement exempte du ton de fausse caresse que Renan a mis à la mode.
Dans la seconde moitié du livre, quelques sermons du curé Cygne et
surtout les propos de conversion tenus par lui à la fille galante, sont
empreints d'une vraie noblesse. J'ai beaucoup remarqué queM.Cathlin
fait lire Bourdaloue à son curé. Cette imagination classe le personnage
et le peintre. Pourquoi, éclairé comme cela suppose qu'il l'est, pei-
gnant un prêtre de cette espèce, l'auteur ne le fait-il pas se con-
duire plus conséquemment, au milieu de circonstances mieux
imaginées ? Avec de beaux dons, l'auteur ne possède évidemment
qu'un jugement et une expérience imparfaits. Le personnage
de Sœur Arthémise, qui se croit inspirée et prédit la fin du monde,
appartient chez lui à la veine voltairienne ; l'épisode du faux miracle
d'un nouveau-né ressuscité à celle de Renan. Dans une gamme de
satire modérée sont les différents traits de la conférence ecclésias-
tique, où l'on voit dîner ensemble les curés du canton. L'histoire de la
vieille qui voit la sainte Vierge, et à qui le confesseur, pour éprouver
l'esprit, ordonne une neuvaine d'eau de neuf jours, est une chose vrai-
ment divertissante. Au bout de neuf jours la pénitente revient : « Mon
père, dit-elle, durant ce temps, je n'ai vu qu'une seule fois la Vierge;
elle semblait mécontente, sans doute parce que ce jour-là je n'avais
pas bu que de l'eau; seulement une petite goutte de rhum. — Ma fille,
répond le prêtre, j 'ai bien prié et je ne crois pas que vos visions vien-
nent d'en haut. »
8. — L' Imperturbable Silence, c'est celui de la surdité. M. Gilbert
Stcnger a mis en récit l'isolement causé par cette infirmité. C'est
la vie supposée d'un vieil oncle décédé, curieusement remplie de l'écho
des événements contemporains. Cet écho est si naturel, en général
il porte si peu la marque ordinaire des reconstitutions, qu'on ne peut
s'empêcher de croire que l'auteur aura utilisé quelques notes authen-
tiques d'un témoin du temps. Le héros se fait avocat, mais, au premier
procès qu'il plaide, on méprise son témoignage, que son infirmité rend
suspect. Il est aimé d'une jeune fille que la révélation de son infirmité
détourne brusquement de l'épouser. Il pense unir, pour la rédaction d'un
journal de province, ses efforts à ceux d'un ami, que sa collaboration ex-
pose bientôt à la moquerie, en sorte que, pour sauver cette collaboration,
il est obligé de la continuer de loin et de se séparer de son ami.
Ces simples épisodes, joints à quelques hors-d' œuvre, composent tout
le livre, écrit d'un style touchant, naturel quoique avec une nuance
— 16 —
d'apprêt ancien, qui rend plus vraisemblable encore la forme de Mé-
moires employée. Il y a beaucoup d'extraits d'auteurs, rendant à mer-
veille les préoccupations d'un homme de ce temps-là : du Cousin, de
l'Augier, du Jules Simon, et cet admirable fragment d'un sermon de
Bossuet sur la mort : La Vie humaine semblable à un chemin..., cité (mais
pourquoi?) avec quelques retouches. Il y a aussi des extraits du
Phédon, sur l'immortalité de l'âme, qui convertissent le héros et un
de ses amis, et qui font entrer au couvent une jeune fille liée d'une
intrigue amoureuse avec ce dernier.
9. • — À' os enfants qua?id ils jouent, jouent-ils, parlent-ils ainsi? Cer-
tainement non. Le style surtout de ce livre est manqué. C'est un style
de grajide personne et même un style d'auteur. De plus, les jeux mis
en dialogue par M. Guibaud ne sont pas des jeux d'enfants. Les
enfants ne jouent pas à la Police correctionnelle, aux Députés, etc. Us
jouent à l'omnibus, à la madame. Il n'y en a pas moins de plaisantes
pages, qui tiennent à la satire que cette fiction enveloppe. L'école
surtout est fort bonne. La maîtresse y donne une leçon de choses.
Les pédagogies contemporaines en contiennent la théorie : « L'enfant
appelé à faire la description d'un objet doit suivre un plan dont nous
donnons un modèle : Entrée en matière, nom de l'objet, forme, couleur,
usage, conclusion. » J'ai lu autrefois un programme de ce genre dans
l'imbécile revue de M. Payot, le Volume. Maintenant, voici le devoir
d'un enfant imaginé (avec son orthographe) par M. Goubaud : « Dis-
crition de l'encryer de la métresse. 1° Nom de l'objet. Ce que j'ai à
décrire sassapèle un encryer. — 2° Forme. Dans le bas, il est puron;
dans le haut, il est pas ciron. — 3° Couleur. Il est noir quantil ia de
lancre noir. — 4^ Usage. 11 serre à maître de l'ancre pour écrir. —
5° Conclusion. Faut avoire de lancre pour maître dans lancryer. » C'est
très bien, d'abord parce que c'est naturel, ensuite parce qu'en peu de
mots, c'est toute la critique du système.
10. — Le comte R. de Montesquiou écrit mal ; cela ne serait rien; mais
en même temps il écrit comme un homme qui se figure écrire divine-
ment et cela engendre un charabia. Toutefois, son Brelan de Dames se
lit avec profit, à cause de la description du musée Saint-Saëns de Dieppe
et du musée de la marquise de Blocqueville, née Davoust, qui est à
Auxerre. Ce sont, comme il dit, deux musées pour rire : une réunion
d'objets dénués de tout intérêt, étalant au surplus des souvenirs de
famille qui, exposés en public, font rire. J'aurais passé sur le musée
Bloc que vilhî, d'abord parce que cette satire exercée sur une femme
dé soblige, ensuite parce que ce musé e ne prend pasla place d'autre chose.
Pojar le musée Saint-Saëns, c'est différent.Lebric-à-bracdontil se com-
pose a obligé de reléguer dans l'escalier du musée de Dieppe une
admirable série d'échantillons de l'ancienne cartographie dieppoise,
— 17 —
en op'.e la plupart, mais d'un grand intérêt, parce qu'on ne les trouve
réunis que là. Cette école des cartographes dieppois, qui va de
François l^"" à Louis XIII, est une des gloires de Dieppe et de la
France, et ce qui s'en voit là a de quoi intéresser même le simple
passant, et aussi l'artiste, à cause des ornements qu'en ces temps for-
tunés l'art ajoutait à ces savants ouvrages. En conséquence de leur
relégation, ces objets demeurent inconnus. Remarquez que cette relé-
gation est aussi celle du goût et de la science de M. Ambroise Milet,
le directeur, auteur de parfaits petits ouvrages sur la cartographie et
les ivoires dieppois; en sorte que le Parisien croit ne côtoyer là que
la province la plus sotte et la plus encroûtée, alors qu'il passe auprès
de curiosités uniques et de lumières aussi gracieuses qu'abondantes.
11. — Ne contrariez pas les Instincts galants chez l'homme, vous
n'obtiendrez de lui qu'hypocrisie. Ne le voyez-vous pas bien? Oui,
vraiment. Mais M. Maryo Olivier voudrait-il nous dire quelle sorte
de penchants contrariés n'engendre pas de même l'hypocrisie des
mœurs? 11 faudrait donc n'en contrarier aucun. La belle audace de
l'auteur consiste à mettre là-dessus la femme en pénitence. Elle (à ce
qu'il assure) n'a d'instincts que maternels. Que chacun suive sa
pente : à elle les marmots; à l'homme les aventures. Le monde arrangé
ainsi, tout va; au lieu que la sotte contrainte des religions et des phi-
losophies, exprimée dans le mariage, gâte tout. Mon cher auteur, vous
faites pitié. D'abord il faut des pères pour élever les enfants, il faut
donc des maris aux femmes. Puis, est-ce que la femme adonnée à la
galanterie est un mythe? Que fait-on de nos vieux auteurs, qui repré-
sentaient ce sexe si fragile, si enclin à mal faire? lisent outré le tableau;
mais, tout enle modérant, on peut être sûr qu'une morale des deux sexes
qui prend le contrepied de ce tableau est absurde. La vérité est que
la vie de la femme lui permet de se mieux régler là-dessus que l'hom-
me, et que, d'autre part, sa faute est plus funeste, ayant pour effet
de détruire le foyer même. Mais en quoi ces deux points palpables
diminuent-ils le prix, abrogent-ils le devoir, de la fidélité réciproque?
12. — Voici le livre d'un prêtre qui signe Paul Abbas. Cela s'appelle
Première Paroisse. Ce qu'il contient est moins un récit qu'une série
de tableaux allègrement brossés de la vie sacerdotale. Ce prêtre se
donne pour âgé et ayant vu le Seize -Mai. N'exagère-t-il pas? Il me
semble qu'en ce cas il nous aurait fait jouir de réflexions plus pro-
fondes en ce qui regarde la politique. L'auteur a l'air de croire que
les opinions du clergé en politique n'ont jamaisété que des fantaisies.
Pas un moment il ne fait cette simple réflexion, que le souci d'assurer
au mieux la sécurité de l'Église et la liberté de leur ministère y entrait
pour une part déterminante. A la fin, il leur ordonne de n'avoir pas
4'opinion, pour n'être que « les curés tout court ». Mauvaise raison.
Juillet 1912, T. CXXV. 2.
— 18 —
Curés tout court étaient oeiix qui jadis prenaient, ceux qui mainteaiant
pwniient parti. 11 faudrait démontrer que le régime de l'État est de
nulle conséquence pour les hommes, pour la société, pour T Église.
13. -^ La Voie mauvaise, que M. Baraude présente, est celle que
suit un député, anticlérical et socialiste par intérêt. Victime à la
fin lui-même des exigences de son parti, il meurt sous le poignard
d'un de ceux qui, s'apprêtant à dévaster un couvent, le trouvent
en défense sur la porte, car ce couvent a pour supérieure une jeune
fillo qui fut sa fiancée et qu'il reconnaît à ce moment. Toute une
intrigue d'amour est mêlce à ce drame, avec quelques parties
touchantes, mais qui, dans l'ensemble, n'évitent pas la banalité.
14. — M. Henry Rainaldy nous dépeint la Ville foUe, la campagne
seule sage. C'est qu'on ne peut convertir la ville au pacifisme, quoi que
fasse un héros imaginé par lui, qu'on nomme l'Apôtre. L'Apôtre,
d'abord acclamé, est enfin obligé de eéderauxsentiments soulevés par
la déclaration de la gueiTe; il va enfouir son chagrin aux champs. Ce
livre, entièrement privé d'intérêt, a quelque chose d'attendrissant
par l'inexpérience des idées et le pompeux enfantillage du style.
15. — Roman patriotique et militaire l'Heure critique, de M. Fer-
nand Dacre, d'inspiration généreuse et d'agréable lecture. L'auteur
connaît bien la vie des soldats, qu'il peint avec vivacité et sème de
plaisants épisodes.
16. — Nouvelle édition des Scènes de la Vie de Bohême de Henry
Murger, avec des notes. On regrette que ce soin de réimpression et
ces notes s'adressent à de si médiocres ouvrages. A ce regret se joint
même un petit scandale, quand on voit une marque de librairie les
Oliver au' rang de classiques.
17. — Sous ce titre : La Graine au vent, M. Jean Nesmy imprime
une série de nouvelles. Presque toutes se passent aux champs. Il y a
du charme et de la couleur, mais un style tendre et une préciosité qui
ne sont pas toujours agréables. Je ne saiscombien d'alexandrins formés
émaillent cettie prose.
18. — Par la plume de M. Gonzague Truc, Monsieur de Nugbo, ])Jn-
losophe, débite ses apophthegmes à la façon de Jérôme Coignard. Mais
M. de Nugbo n'est pas Jérôme Coignard; il n'a ni son invention
d'argimients ni sa rapide appréhension des choses. Ajoutons que le
livre de M. Anatole France n'aurait plus aujourd'hui le succès qu'il
a eu. Nous ne sommes plus au scepticisme disert ni au paradoxe gourmé.
Nous voulons du sérieux: M. do Nugbo n'en a pas. Toute son inspi-
ration est de se distinguer, parfois assez élégamment, mais toujours
avec plus de grimace que de fond. 11 a du reste des lettres et des parties
de jugement. J'ai bien aimé ce qu'il dit, que ce n'est pas l'imprimerie
qui a fait la Renaissance, mais un long effort de l'esprit, commencé
dès Charles V et Jean le Bon.
— 19 —
19. — L'IUuslre Athauase Bonsang est pharpiacien dans une
petite vi]le,où'M. René des P'omeys nous fait assister à quelques scènes
de mœurs fort plaisantes où y est mêlée la politique. 11 y a dans
ce livre de l'invention et de la verve.
20. — M. Frédéric Charpin a publié dans la « Bibliothèque régiona-
liste » de Bloud, des Contes provençaux: de Roumanille, le fameux
poète proven'çal, texte et traduction en regard. Je ne puis, faute de
place, louer comme il faudrait cet ouvrage. Le texte est connu et n'a
pas besoin d'éloges, mais la traduction est excellente, libre et allante:
en tout, un rendu excellent de l'original.
21. — Le mariage d'un frèfe et d'une sœur, l'un fils légitime, l'autre
bâtard, unis sans se connaître, tel est le sujet du livre de M. A. Segré
intitulé: L'Inceste légitime. Ce sujet odiQux retiendrait l'attention sous
la plume d'un Barbey d'Aurevilly; il est traité ici, invention et lan-
gage, dans un style de roman feuilleton de sous- préfecture.
Impossible d'imaginer do visées plus prétentieuses unies à plus d'C
platitude.
22. — Un volume de mœurs turques mises en roman, Nadjié, la
Petite Hanoum, ne cesse de prt'occuper l'esprit par la recherche de
couleur locale, qu'on aimerait autant voir traiter pour elle- mt me; sans
l'embarras d'une affabulation. M. Emile Edwards parle à des initiés.
Ses lecteurs doivent savoir ce qu'était la femme turc|ue avant la
révolution juive. Ils sont supposes s'intéresser à ce qu'elle est devenue
depuis. Mais peu de gens apportèrent ces dispositions toutes faites.
11 faudrait les instruire; un roman ne le peut pas.
23. — Le Prince des riches, par M^ Fernand Rivet. C'est un roman
d'études sociales, mais brodé de tant, àe caractères que le'problènije
économique en e&t noyé. La verve est plaisante, dans le genre de Can-
dide, niais courte, l'invention est riche, mais incertaine, le style est
réellement ^bcminable. Voici ce qu'on lit à la page 1 : « Le caJme de ces
rues oisives étonnait ccmmevune solution de continuité dtns l'œuvre
quotidienne. » Et cela continue j.usc[u'à la fin. Ur.e grçxde partie des
:plaisantmes a lieu au dépens du clergé, dens in esprit qie nous ne
recommanderont pas.
24. — Sous ce nom : ,L'.Orgie, gauloise,. M. Louis Gastine a mis en
roman ,1a conquête de la. Gaule par César. Le sens, du livre, riche en
épisodes, est favoraJîle à cette conquête et au grand hcmme à qui les
Gaulois dur erit d'accéder à la civilisaticn- Rien qui sente les anciennes
récriminations pour l'indépendance problématique d'un sol, où les
Gaulois eux-mêmes vivaient en conquérants.. L'auteur ne suit pas
Henri Martin, mais Fustel de Coul^nges, ccmnieî,l le dé cl are lui- même
dans la Préface. L'ouvrage, est fort intéressant. Les illustrations
détonnent un peu. Qr^elques-unes soi>t d'après, Luminais, le(i.uel fait
penser à Augustin Thierry plus qu'à César.
- 20 —
25. — Un roman de mœurs historiques, c'crit dans un style archaïque,
telle est l'Histoire de la Maison de l'Espine, de M. Yves Blanc. L'aven-
ture est mise au temps de Louis XI 11. Nulle part la vérité des mœurs
n"y est quelque chose de bien saisissant, et le style par malheur n'est
qu'une caricature. L'auteur dit « éperon à boire » là où Rabelais dit
« aiguillon à vin )'. Ainsi du reste.
Romans de femmes. — 26. — M^"^ Daniel Lesueur nous dépeint
une crise de sentiment chez une vieille fille, auteur de romans feuil-
letons, enrichie par cette industrie littéraire, poi sonne bonne et ser-
viable, qui vit environnée d'une famille d'adoption. Une fille bâtarde,
sa nièce, qu'elle élève ainsi, destinée à l'administration, s'éprend de
littérature, et veut écrire dans les journaux. Lutte entre ces deux
vocations. Tableau successif de la vie de bureau et des cabinets
de rédaction. Tout est dénoué par le mariage. La jeune fille épouse
un acteur en renom, qui tient le grand rôle d'une pièce tirée d'un
des feuilletons de sa tante, et où on a fait jouer la nièce. Seule-
ment, au cours des répétitions, la tante s'était éprise de cet
acteur. C'est le Tournant des jours, qui fait le titre du livre.
Elle n'en donne pas moins les mains à ce mariage, en soupirant. Telle
est la fable. L'auteur ne l'a pas conduite de cette façon serrée qui
concentre l'attention, en même temps que la crainte et l'espoir. L'in-
térêt y est incertain et flottant ; de plus on ne prend des personnages
qu'une idée vague ou discontinue. Le personnage de l'acteur, com-
mencé en fat, se termine en honnête homme. La vieille fille, rôle prin-
cipal du livre, n'est peint que de traits généraux, et les passions qui
l'agitent, représentées dans de peiits effets, ne fournissent qu'un tableau
trop faible soit pour nous faire vivement souhaiter qu'elle épouse, soit
pour nous faire déplorer vivement qu'elle n'épouse pas. Le soupir
qu'elle pousse est sans écho chez nous. 11 y a d'autres reproches.
Dans ce roman de mœurs bourgeoises, on ne trouve aucun tableau des
vertus du foyer. L'héroïne vit auprès de deux époux qui ont adopté
sa nièce, et de leurs deux enfants. Ces gens sont dénués de toiite morale,
de toute religion, de toute délicatesse. Soit; il y en a comme cela, et
l'on ne demande pas mieux que d'accueillir la peinture de ces gens-
là; mais c"cst à condition que l'auteur nous les présente comme s'aper-
cevant de ce qui leur manque. Point. M'"^ Daniel Lesueur ne les
reprend que de deux choses : de leur mauvais caractère et de leur
mauvais goût. L'ignoble frivolité de vie qu'ils essaient de mener, elle
l'approuve; toute leur tare à ses yeux est de n'y pas réussir. Au con-
traire, la bâtarde, qui se débrouille dans cette vie avec adresse et
(nous dit-on) avec élégance, a tous les sourires de l'auteur. L'auteur
lui donne des mœurs. Très bien. Mais cela ne l'empêche pas de faire
la coquette et avec le directeur de journal qui reçoit ses articles pour
— 21 —
la séduire, et avec l'acteur qui la met sur la scène. Il faut que nous
voyions en elle la « Parisienne », et, sous ce nom, Dieu sait quels chif-
fons ont cours. Imaginez la bonne grâce qu'il y a à mettre dans ce por-
trait la pudeur ! Destituée de tous ses appuis naturels, isolée au milieu
du fleurt, de l'immodestie, du langage libre, ce sentiment cesse d'être
une vertu, pour tomber au rang d'une résistance physique, dénuée de
tout charme comme de tout intérêt. «Parisienne de vingt ans, dit
Mme Daniel Lesueur, sauvagement pure et diaboliquement coquette. »
Qu'est-ce qu'elle veut que nous fassions de cette sauvage pureté-là?
Dans la vie, bien fou serait le mari qui s'y fierait; dans le livre, elle ne
fera plaisir à personne. Elle n'offrira aucun rafraîchissement à Tima-
gination, aucune sécurité à la morale. Je vais bien étonner M^^ Daniel
Lesueur : mais son roman serait bien plus moral si dans son personnage
d'innocente l'effet se joignait aux apparences. Voltaire et tous les
romanciers du xviii*' siècle n'eussent pas manqué de peindre le per-
sonnage complet. De la sorte ils eussent été dans le vrai, et, si le livre
eût été mauvais, cela fût venu du commentaire, non d'un tableau tru-
qué des faits. Tout détestable que soit Candide, l'écrivain n'y manque
pas à cette règle essentielle, et, du seul point de vue de la morale, je
préfère de beaucoup M^^^ Cunégonde à la Gilberte Andraux de
]\lme Lesueur. L'une est la vie peinte par un homme sans mœurs; l'au-
tre est ce qu'un auteur indulgent aux mœurs libres voudrait faire
prc-'ndre pour la vie. La même remarque touche le Tournant des jours.
Mot menaçant, dont le lecteur attend obscurément quelque éclat re-
doutable. Il l'attend d'autant plus, qu'il voit notre vieille fille et
l'acteur jouer avec le feu. Même on lui dit que cela brûle et bouillonne;
on lui peint les retours de la quarantième année, on insiste sur les
mœurs changées, sur le luxe des repas, sur la pâture; puis, quand la
tante est prête aux dernières sottises, quand nous croyons que tout
va sauter, tout se dénoue le plus aisément du monde. Je laisse le faible,
le négligé, le frivole d'un pareil dénouement; je ne m'arrête qu'à
l'immoral, c'est-à-dire à ce que le faux y tient, non de l'impuissance,
non de la hâte, mais d'une volonté de maquiller la vie, d'en déguiser
l'ordre naturel, d'y brouiller le tableau des effets et des causes, afin
d'en rejeter les devoirs. Il y a dans ce roman des talents littéraires
sensibles dans le détail des peintures. L'auteur connaît bien ce monde
de lettres; elle en donne d'amusants croquis. Il y a des traits comme
celui-ci : « Notre famille, justement ! On y fait trop de littérature. Je
serai l'obscure exception (c'est le frère de Gilberte, épris d'aéroplane,
qui parle). Jusqu'à ce crapaud de Lilie, que j'ai surprise l'autre jour
cachant un cahier, qu'elle avait intitulé le Roman d une poupée. — Non 1
— Je l'ai ouvert, bien qu'elle trépignât de rage. Sais-tu ce que j'ai lu?
Je t'épargne l'orthographe. Les poupées ne naissent pas comme les
— 22 —
enfants. On les achète très cher.C'est pourquoi les petites paiwres peuvent
avoir de jolis frères et sœurs, tnais n'ont jamais de belles poupées. » Cela
est excellent, cela est peint, cela est cueilli dans la nature. J'ajoute :
cela est bieïi d'une femme. Certaine science de^ enfants n'est qu'à elles.
Et comme cela eât rejoint adroitement au sujet ! 11 y a auési des pein-
tures de bureau et une villtgiature au lac des Quatre- Cantons, qui
sont d\m savoureux comique.
27. — Un Obstacle aux vues du féminisme, c'est la nature des
femmes, faibles de coi^ys, chargées des soins domestiquf*s, tendres au
sentinï&nt, etc. M^'^'' Jean de la Brèté le fait voir par d'équitables
analyses et quelques tableaux lîien traCt's. L'originalité du livre est
que cet obstacle y prend corps sous forme de demande en
mariage, non pas une fois," mais par toute l'histoire. Des demandfes en
mariage adressées à l'une, puis à l'autre, des adeptes du féminisme, ont
pour effet de les détourner. La plus décidée met le plus de temps à
céder; c'est qu'elle est l'objet d'approches plus lentes; en sorte que
la morale imaginée par l'auteur se vérifie sans préjudice de détours
variés et d'agréables péripéties. Aussi l'héroïne du livre, Andrée,
avoue-t-elle qu''il faut au mouvement, pour le pousser, c' es femnies
débarrassées des liens du mariage. Elle-même est avocat, d'est un exem-
ple qu'elle donne. Conquérir le plus de situations qui mettent au
niveau des hommes, est la tactique de ce mouvement. Bonne occasion
d'arguments spécieux dont voici le principal : Tant de femmes ont be-
soin de gagner leur pain; leur fermerez-vous ces carrières? Aquoil'au"
,teur répondfort bien que cette question n'engage pas le féminisme. « Il
n'y a pas à protester contre une nécessité et je ne proteste pas, tout en
me maintenant sur cette réserve, qu'il est malheureux que les conditions
sociales créent la n(*cessité... Celles-là travailleront; elles vivront plus
ou moins bien. Mais la plupart, sinon toutes, ne seront jamais qu'un
instrument faussé. « 'Puis ces excellentes raisons : <; La justice ! on nous
la "baille belle ! La justice consiste-t-elle à sortir un être de sa voie
naturelle?)) Ou encore :((EiTement monstrueux, de détruire la nature
en l'aiguillant contre elle-même, ou de la diminuer en no cultivant
pas les qualités propres de chaque être, pour entreprendre des greffes
sur un bois qui n'est pas fait pour elles. )) Un épisode frappant du livre
est celui où l'auteur nous montre une jeune femme, frustrée par un
testament légitime d'un héritage qu'elle espérait, ne parler de rien
moins que de plaider. — Impossible, lui dit-on. Mais elle ne voit pas
cela. D'emblée sa fantaisie prend la place de la loi. Je crois le trait
juste. M™*^ Jean de la Brète a-t-elle raison de l'expliquer ainsi : la
femme «substitue son impression à la loi »?Fœmina, dans le Figaro,
remarquait autre chose. Quand une femme, disait-elle, a
la lettre d'un règlement pour elle, elle s'y accroche, il faut qac tout
— 23 —
pli'^. Et les exemples de Fœmina n'étaient pas moins frappants (ijue
ceux de M'^^'^ Jean de la Brète. Et, si je ne me trompe, tes uns et les
autres pourraient se concilier, et, dans cette conciliation, l'une comme
l'autre de mes auteuis trouveraient matière à exercer, pour le plus
grand profit du lecteur homme, leur analyse. Voici dans Un Obstacle,
qui est remarquablement peiisé : « Un fait certain, dit la féminibte,
c'est qu'un nK)uv€mjBnt s'accentue on faveur de nos idées. » La con-
tradiction reprend : « 11 y a danger dans la confusion suivante : croire
que nous devenons ce que nous devrions être, parce que l'opinion
publique se tourne vers nos idées. » Ce qui ailleuis est développé
ainsi : « C'est par le contact de notre nature avec nos nouvelles fonc-
tions, non sur des concessions obtenues, que nous devons juger la
cause. » Après cela, l'auteur me permettra-t-elle de différer avec elle
sur un point? « Tu es trop droite, dit une féministe repentie, pour ne
pas convenir que généralement nous manquons de sens philosophi-
que, » Non, vraiment, chère Madame, et vous prouvez le contraire.
28. — Je ne comprends pas bien l'intention de M'"*' Henriette de
Visnies.LÉ'5' Pttites Ames^ dont elle nous donne le journal et les pensées
intimes, sont deuxX'une est, élevée selon les ineptes méthodes inspirées
à nos contemporains par les souvenirs de V Emile, hygiène et liberté;
l'autre, élève du Sacré-Cœur, étale sous nos yeux des niaiseries de
couvent à faire pleurer. L'impression est que l'auteur ne choisit pas.
Cependant, il faut choisir et choisir le couvent; et si Tonne peut l'ac-
cepter sous cette forme, marquer en traitsprécis ses vices en désolidari-
santle principe. Comme sice n'était pas assez d'obscurité, une Préfacenous
avertit de ne pas nous moquer des enfantillages d'une petite fille, parce
qu'ils'agitde choses qtiisont sérieuses pour elle. Ainsi noius ne pouvons
même savoir si les sottises dévotes du couvent sont ridicules aux yeux
de M'"^ Henriette de Visnies. Peut-être que les impertinences de l'édu-
cation libertaire ne doivent pas être non plus regardées comme une
satire. Sur tout ceci, il me semble qu'un reproche demeure. Publier
un journal d'enfant, c'est risquer deuxécueils, aussi fâcheux l'un que
l'autre : ou de présenter comme ridicules des sentiments sérieux et
utiles au fond, qu'il n'est au pouvoir d'aucim maître de développer
sous une autre forme; ou d'imposer l'admiration de choses que levir
puérilité rend impropres à voir le jour. Ces journaux sont faits pour
ne pas sortir des mains des enfants. Tout au plus la maman ou le
confesseur en ont-ils affaire. Mais le premier venu ! mais le lecteur
d'un roman! « Respectons, dit à la fin du livre un des persoimages
de l'auteur, les secrets des petites âmes pudiques. » C'est mon avis,
et pour cela, soit vrais, soit simulés, ne les imprimons pas.
29. — Un noble du Poitou épouse une Parisienne, qui souhaite
de sortir du pays. L'époux se fait un devoir d'y rester pour maintenir,
— 24 —
contre l'influence exercée de la préfecture, la saine autorité d'une
vieille famille terrienne. Dans le différend qui divise les époux, se jouent
les intérêts de conscience des Courîagré. A la fin ces intérêts triom-
phent, la jeune comtesse s'accommode au pays. Une jalousie dont
une jeune fille des environs était l'objet, facilite en tombant ce dénoue-
ment. Il y a dans le roman de M. P. Gourdon des choses touchantes
et belles. Il est seulement malheureux que l'auteur ait fait tenir tout
le devoir social d'une vieille famille de France, dans le soin de présider
aux élections. Cela fait un maigre but à tant d'exhortations. J'ajoute
que cela donnerait lieu à la jeune femme de haïr légitimement la
vie des champs, à cause des infamies que cela fait deviner. Dans le
roman même ne voyons-nous pas une lettre anonyme écrite à la jeune
femme, dans le but de la faire rappeler son mari du pays et d'en débar-
rasser le concurrent franc-maçon? Positivement le devoir de résider^
imaginé ainsi, souffre plus d'une objection.
30. ■ — Et V amour dispose... de la vie naturellement; mais de la vie
de qui? d'une femme qui ne voulait vivre que par l'intelligence. Voilà
bien du convenu. Qdoi, le programme de ne vivre que par l'intelligence
peut être posé raisonnablement par une jeune fille? Quoi, le charme de
l'amour seul peut lui démontrer qu'elle se trompe? Mais est-ce que
chez les meilleures femmes (meilleures en cela précisément) l'empire
n'est pas au sentiment? et le rêve de vie intellectuelle n'est-il pas tou-
jours une misère chez elles? Puis nous sommes dans l'abstrait. En fait,
le soin du ménage pèse sur la plupart des femmes qui s'y adaptent
avant de s'être seulement demandé si leur vie serait cœur ou cerveau.
11 y a ici trop de philosophie, et qui n'est pas des meilleures, mais
^[me Mathilde Alanic a des épisodes touchants, des tableaux agré-
ables, une invention de détail fine et délicate.
31. — On souffre à penser que les vieilles erreurs rcn'.antiques
continuent de faire toute l'originalité de petites écoles feimtes comme
celles des théosophes. Ouvrez Ombres et lumières, de M"^^ Aimée
Blech : vous trouverez dans ce recueil de nouvelles tous les échan-
tillons de ces conventions démodées : le poète incompris, l'Inquisi-
tion, le péché école de l'âme, etc. Cependant il est certain que dans
tous les temps les grands poètes ont été connus pour tels et fêtés de
leurs contemporains, que l'Inquisition était un tribunal très régulier
et fort nécessaire, que la pureté native fait la sainteté de plusieurs
âmes, qui n'ont pas à connaître la souillure expiée, pour parvenir à
la perfection. Cela est certain et l'aflirmation de ces vérités traîne
maintenant partout. Ceux qui ne le croient pas savent au moins que les
folies anciennes sont contestées, ils ont perdu la belle sérénité des
affirmations d'autrefois. Ils savent qu'elles ont vieilli. Aux théo-
sophes cependant elles continuent de paraître neuves, brillantes^
— 25 ~^-
incontestables. Cette école est -elle vraiment quelque chos*^ de si
court et de si confiné?
32. — La Petite Gratienne, de M^^^ Yvonne Durand, est la touchante
histoire d'une petite orpheline de village, qu'une pauvre institutrice
élève. Une châtelaine du pays, dont celle-ci instruit les enfants,
devenue folle, la tue d'un coup de revolver, qu'elle dirigeait sur ses
enfants. Petite Gratienne s'élève dans le souvenir de cette bonté passée,
et à la fin trouve un mari dans un homme qu'elle avait refusé d'abord
par délicatesse, qu'elle épouse veuf, quoique jeune encore, et dont elle
élève la famille.
33. — La Métairie de las Ramadas est la première d'un lot de nou
velles paysannes, d'une invention fraîche et charmante, écrite du style
le plus naturel. M"^^ la comtesse de Massacré y montre une connais-
sance parfaite de la vie des champs et des sentiments qui s'y agitent.
34. — C'est un roman de la volonté, qui se termine par un mariage.
Choisir... ou', mais cela ne se peut en gros; les motifs d'agir nous con-
traignent, il faut que notre choix temporise et se glisse dans le système
universel. 11 y a de fines analyses dans ce livre de M"^^ Addy de
Saint-Germain, et du mouvement presque partout.
35. — Le mariage d'une blanche et d'un jaune qui transporte
celle-ci Hors de sa race, fait le sujet du roman de M"^ Alix de Ville-
magne. L'effet de ce mariage est douloureux. L'auteur, qui connaît
bien le monde d'Extrême Orient, pour avoir habité ces contrées,
en a fourni dans ce récit la peinture la plus frappante.
Romans étrangers. — 36. — Voici une nouvelle histoire d'adultère
féminin pardonné : Les Gardiens de la flamme, par M. W. A. Maxwell.
Si l'on voulait la preuve de l'immoralité de cette sorte de pardon, on la
trouverait dans l'air de pédanterie qu'il prend ici. C'est le fait d'un sa-
vant, que la science rend indulgent, à cause des grandes idées qu'elle
donne. A vrai dire, cette science-là n'est pas la science des sociétés,
laquelle enseignant que le foyer repose sur l'intégrité de l'épouse, ne
peut livrer ses infractions au jugement du sentiment particulier. La
pitié, la générosité, le pardon, le stoïcisme, n'ont que faire. L'époux
trompé, ridicule s'il ignore, est réputé vil s'il accepte. Cela ne tient pas
uniquement à la verve de vaudevilliste, mais aux raisons profondes des
choses. Mais le savant de M. Maxwell n'est qu'un naturaliste. Rien
d'étonnant, que tout savant qu'il est, il ignore ces raisons-là.
37. — Dernières Enquêtes du prestigieux Héwitt, par M. Arthur Mor-
rison, fait suite aux Enquêtes et Nouvelles Enquêtes dont nous
avons parlé déjà. Même sujet de roman policier, dont les trucs
sont maintenant aussi connus que ceux des plus anciens mélodrames.
AL Savine a encore traduit ceux-là.
38. — La désillusion causée par le spectacle des mœurs américaines
- 26 ^
fait manquer le Mariage de Lord Lovelaml, celui que oe jeune Lord
rêvait de contracter avec une riche héritière du pays. M. \Vi.llianisun
a rendu ce dégoût, par un grand nombre de traits curieux, où s'étale
l'aversion siaioère des Anglais paur les citoyens du Nouveau Monde.
L'admiiation qu'ils en étalent en public n'y fait rien. La traduction
de M. Louis dArvers pêche par quelques scrupules d'expression, qui
sentent l'iiésitatioii et la timidité.
39. — Voici, de Conan Doyle, une simple histoire : Un Duo. C'est
un roman d'amoiu' pris avant le mariage et conduit jusqu'au premier
enfant, 11 y a quelques traits agréables, ankylosés par la traduction,
et plusieurs de ces gentillesses anglaises, mt'lange de plaisanterie et
de tendresse, qu'on a trop vues et qui ne piquent plus.
40. — Un. mauvais mariage aux États-Unis fait le sujet du roman
de }\\^^^ Edith Wharton, ainsi nommé : Sous la neige. Un suicide
manqué en fait l'affreuse péripétie. La dureté des mœurs américaines,
jointe à l'inclémence du dimat, fait le cadre désolant du livre. Le style
est fort, mais inégal et malaisé.
41. — Chez les Américains est le nom du voyage que M. Rudyard
Kipling fait aux États-Unis. 11 est curieux de voir dans ce livre le
contact de i' Anglais des Indes avec celui du Nouveau Monde. Le
jugement est tantôt favorable, tantôt hostile, souvent avec une acuité
■dont le Français srrait le plus souvent incapable, privé qu'il est des
points commune qui rendent la pénétration plus facile.
42. — Dans le désert^ par M'"^ Grazia Deledda, veut dire dans la vie :
tant est grand le dénuenxent moral auquel tombe Rosalie Asquer après
les courts instants d'un bonheur mesuré. Au milieu de l'agJtatioa de
Rome, Lia ne trouve non plus que la solitude, et revient finir ses jours
dans un village de Sardaigne. Il y a des pages pathétiques, que
le caractère un peu pénible de la traduction gâte par er.di'oits. Dans
l'Misemble, pourtant, cette traduction est bien meilleure que ce que
nous a donné jusqu'ici la collection yl la rose.
43. — La Ronde est un recueil de petits dialogues orduriers, que
des gens ,bien empressés n'ont pu souffrir de voir rester dans leur
allemand original. Dar.s une honnête annonce de cette littérature, ces
messieurs ont soin de nous laire savoir que le livre a été interdit en Alle-
magne. La scène est à Vienne, l'auteur est M. Schnitzler. Cela est entiè-
rement dénué d'esprit. Quant à la traduction, on en aura l'idée par cet
échantillon. Un soldat et une fille se promènent au bord de l'eau.
Cotte eau est le Danube. « Si nous glissons, dit la fille au soldat, nous
lO.xûoQS dans le fleuve. » A ce choix d'expression tout à fait naturel, les
traducteurs en joignent d'autres comme pognon, flics, etc.
4^1. — .Abordons le Merveilleux Voyage. de Nils Holgersson à travers
la Suède, par M"^»^ Selma Lagerlaëf : c'est un conte pour les enfants.
ï
— 27 —
Je ne sais s'il plairait aux nôtres : non pas qu'il y manque des couleurs,
et assez d'ôpisodes bien choisis, mais la trame n'évite pas cette sy-
métrie froide, qui, dans le sein d'une richesse verbeuse, fait r<3S5entir
une réelle indigence. C'est l'inAnention, la fantaisie allemande. Elle
repose ici sur le personnage du tomte, quelque chose comme les nains
habitants do la terre, des contes allemands. « Le peuple des tomtes,
dit l'auteur, demeure sous le plancher, et se fâche lorsque les enfants
crient trop ou ne sont pas sages. » Un garçonnet de quatorze ans est
changé en tomte à cause de ses méchancetés. Sous cette métamor-
phose il quitte la maison et court le monde en compagnie d'un trou-
peau d'oies sauvages et d'autres bêtes, dont il entend désormais le
langage. Cette existence corrige son cœur. Enfin, rentré chez ses pa-
rents, qui le croyaient perdu, un trait de son âme chaiagte rompt le
charme, et le rend à leuis yeux dans sa fîgau'e et sa grandeur première.
Le corps do cette histoire est fait d'une promenade à travers les dif-
férentes parties de la Suède, où perce l'intention pédagogique, à
l'allemande toujours. J'avoue que je ne prends pas mon parti de voir
un écrivain suédois, organe d'une des civilisations les plus distinguées
de l'Europe, ainsi barbouillé de germanisme. De plus, la traduction
tatillonne et pénible assomme le lecteur français; ce passage, par
exemple, où il s'agit des plumes brillantes de certains canards :
'( Regardez donc ceux-là ! disent les autres, voyez comme ils sont
attifés ! » Une oie répond : « Qu'ils s'attifent comme ils veulent, etc. »
Attifés, attifent! où le traducteur prend-il cela? et qa'est- ce qu'il
croit que cela signifie? J'ose l'assurer que l'effet de ce mot est parfai-
tement ridicule ici. Mais il se sera persuadé qu'il y a dans le suédois une
nuance bien fine à rendre. Et visiblement le traducteur est de
ceux qui croient que les bonnes traductions se font mot par mot. De
j)lus il est stylé à un français d'école primaire. 11 tcrit que ces canards
ont les « pattes palmées ». Le français authentique veut « pieds
palmés ». Écoutez ceci : « Horreur ! tu crois que je voudrais manger
de cette salcté-là ! « dit l'oie. L'auteur se doute-t-il de l'air de plate niai-
serie que cette saleté donne à la phrase? Il y a aussi certains traits
d'orthographe que je ne tiens pas pour supportables. Le lac Mélar,
<3onnu de tous les Français instruits, est orthographié, au lieu d'un é,
par un a tréma. Mais il n'y a pas d'à tréma en français; le signe ainsi
composé est une lettre suédoise. Que dirait-on d'un livre traduit du
russe qui écrirait Vérechtchaguine en remplaçant les lettres françaises
dUch par la lettre russe nommé chtcha'} C qîX exactement la même chose.
De même on ne dit pas en français « le soir de Sainte- Valborg » naais
« la nuit de Sainte -Vaubourg ». Pourquoi le débaptiser? — C'est que cela
€st ainsi en suédois. — Vraiment ! et le reste du livre ! que ne laissez-
vous le tout dans sa langue? Cela serait plus tôt fait, et incontesta-
~ 28 —
blement plus exact. Tout ceci ne doit ] as diminuer la juste estime de
plusieurs parties de l'ouvrage, pleines d pittoresque dans l'invention.
Le plus agréable des épisodes est peut-être celui de ce gardien du
Skansen (jardin ethnographique de Stockholm), à qui un v'eux mon-
sieur bienveillant explique la fondation de la ville, en termes pies-
sants et délicieux, ordonnés à la faire aimer. 11 lui promet de lui en
envoyer le livre. Et ce livre vient le lendemain, porté par un laquais
de la cour.Le vieux monsieur était le roi de Suède. « Rappelle-toi, dit-il,
Clément, ce qi e je t'ai dit : Sto kholm a le pouvoir d'attirer le monde.
Elb:^ (le traducteur en son patois dit il) ne s'appartient pas à elle-
même, elle n'appartient pas aux environs, elle appartient à tout le
royaume. Lorsque tu liras dans te n livre (je continue de corriger) tout
ce qui se trouve rassemblé à Stockholm, pense aussi à ce qu'on trouve
réuni dans ces jardins de Skensen. Voici les vieilles maisons des cam-
pagnes suédois s; on danse ici les danses anciennes; voici les costumes
d'autrefois, voici les vieux engins de ménage (le traducteur dit usten-
sile); le ménétrier de hameau, le conteur de sagas, loge ici. Toutes les
chîfees bonnes et vieilles, Stockholm les a attirés chez elle; elle leur
a composé cet asile, afin de les glorifier et de les remettre en honneur
parmi le peuple. » Cela est charmant. M^'^ Lagerloëf y ajoute le site
admirable. «Mais surtout, Clément, pour lire ton livre, il faudra te
mettre sur la hauteur.De là tu verras le jeu brillant des vagues et le
bord de l'eau éclatant et gracieux. Le charme agira sur toi, Clément.»
Quel charme? Celui d'une ondine noyée dans les canaux des des,
'dont la beauté, depuis lors infuse dans le pay&age, en ensorcelle tous
les aspects. Remarquez qu'ici tout est de notre temps : le goût de la
légende, le nationalisme du roi et celui de la capitale, etc. Je ne prêche
donc pas les styles disparus. Je voudrais seulement que les inventions
nouvelles se produisissent et s'ornassent, non selon la fantaisie tu-
desque, mais selon les lois, les proportions, les égards, l'expérience du
bon sens éternel et de la commune beauté.
45. — Le Terroriste appartient au cycle de la propagande révolu-
tionnaire russe. L'abondance de détails de mœurs y fait obstacle
à l'intérêt. Il faut rendro- «n ceci justice aux traducteurs du roman
de M™6 Dmitriev : ils ont eu soin de ne pas multiplier l'ennui par les
mots baroques et l'excès de rendu. La scène est en Petite-Russie, où l'on
garde le souvenir du premier pt-uple russe, bien différent du mosco-
vite, que l'histoire devait mettre à sa place.
46. — \'oici le XXVII^ volume des Œuvres complètes de Tolstoï, pu-
bhé par la librairie Sto k. 11 contient la Mort d'I va ti Ilitch, Nicolas
Palkine, Marchez pendant que vous avez la lumière, et la Sonate à
Kreutzer. Le traducteur est M. J.-W. Bienstock, comme pour les pré-
cédents volumes. L. Dimier.
- 2<J —
ÉCONOMIE POLITIQUE ET SOCIALE
Économie politique etsooiologik. — 1. LeSuiride d'une race, par F. -A.YviLtERMET.
Paris, I ethiellei X, 191 J, in-12 d*» 440 p.,3 tr.^50. — 2. De la Noture du capital et du re-
venu, par Irv/nc Fisher; trad. par Savinien Bouyssy. Paris, Giard etRrière,l9lI,
ia-8 de 475 p. , 13 tr. — 3. La Synthèse économique, étude. lur lei; lois du revenu, par
Achille Loria; t.ral. par Camille Monnet. Paris, Giard et Brière, 19)1, in-8 de
522 p., 12 fr. — 4. Les Peines Industries rurales, par AnnouiN-DuMAZET. Paris,
Lecoftre-Galialfla. 1912, in-i2 de 232 p., 2 fr. — 5. Le Chômage et son remède, par
DANIEL Bellet. Paris, Alcan, 1912, in-lC de viii-279 p., 3 fr. ïjQ.~ P.. Les Institu-
tions de prévoijance dans nos populations rurales, par Rrnouf-Bjgnon. ï aris, Amat,
1912, in-12 de \i-237 p., 3 i'r. — 7. La Vie chire, par Alexandre Chabbin.
Lyon, Genestft, 1912, in-8 de 267 p., 3 fr. o(). — 8. La Lutte contre le sweating-
System. Le Minimum légal de salaire; l'exemple de l' Australie et de i' Angleîerre,i)diT
Paul Royaval. Paris, Ak-an, s.d. (!912), in-8 de ui-718 p., 12 i'r.— 9. Les Gièves
et leur réglementation, enquête sociale, par Frav.ois F.atour. Paris, Edition du
Bulletin delà ôen.ai.ne,\'i\.2,\n-].2àQ \'Vii-238 p., 3 fr. 50. —10. The closed shop in
American trade unions, hy I'r^nic Stockton. Baiumore ,tbe Johns llopl^ins Press,
1911, in-8 d" 187 p. , 1 fr.— \ J. Los Gremio-:, por Estanislao Segarra. Barcelona.
Allés y Alabart, 1911, in-18 de 399 p., 3 fr. 50. — 12. Librari/ of Congress. Select
list of références on (vool ivith spécial référence to the tariff, compiled under the
direction of Herman.v Henry Bernard Meyer. Washington, Government
printing oifice, 1911, gr. in-8 de 163 p. — ■ 13. Library of Congress. Select list oj
références on Boycotts and injuncîions in labor disputes, compiled under the direc-
tion Qi Hepmann Henry Bernard Meyer. Washington, Government printing
office, 1911, gr. in-8 de 69 p. — 14. La Passivité économique. Premisn, Principes
d'une théorie sociologique de la population économique passive, par Manlio Andréa
d'Ambrosio. Paris, Giard et Brière, 1912, in-8, de 389 p., 8 fr. — 15. Les Classes
moi/ennes, étude sur le parasitisme social, par Georges Deherme. Paris, Perrin,
1912, in-16 de ii-321 p., 3 ir. oO. - 16. Système de politique positive, ou Traité de
sociologie d'Auguste Comte, condeï.sé par Christian Cherfils. Pari=!, Giard et
Brière, 1911, in-8 de viii-640 p., 12 fr. — 17. Estudios sociales, por P. Teodobo
Rodriguez. Madrid, imp. Hélénica, 1912, 2 vol. in-8 de vni-291 p. et 354 p.,
5 fr. — 18. La Gwrre devant fe c/iristîanisme, par A.Vaxderpol. Paris.Tralin,
s, d. (1912), in-12 de 280 p., 2 fr. 50.— 19. Il Fenomeno délia guerra e lidea ddla
pa:e, da Georgio DELVECCrtio.2e éd. Torino, Bocca,1911,gr. in-8 de 99 p.
F"o:;ialisme. — 20. L". Socialisni'' français rf' 1789 à 1848, par GEor.GEset Hubert
BouRGiN. Paris, Hachette, 1912, in-16 de viii-111 p., avec 9 grav., 2 fr. — 21t
Li Révolution sociale, par Karl Kautsry. Paris, Marcel Rivière, 1912, in-16de ix-
224 p., 3 fr. — 22. Le^ Problèmes sociaux du temps présent, par M. Drouilly.
Paris, Henrv Paulin, 1912, in-12 de 242 p., 3 ir. — 23. La Hiérarchie des principes
et des problèmes sociaux, par Fr. Roussel-Despierres. Pa.is, Alcan, 1912, in-8
de 244 p., 5 fr. — 24. La Sociologie de Proudhon, par C. Bouglé. Paris, Colin, 1911,
in- 3 de xviii-333 p., 3 fr. 50.
Economie politique et Sociologie. — 1. — La question de la dé-
population de la France pouvait paraître épuisée, après les excellents
ouvrages de MM. Bertillon, Deherme, des Cilleuls, de Félice, Bayard
et tant d'autres. Eh bien, non. M. Vuillermet la reprend on ne peut
plus heureusement dans son Suicide d'une race. Nous n'avons trouvé
nulle part une analyse plus complète et plus judicieuse des causes
de la stérilité, nulle part surtout un sens plus chrétien ou des vues
plus élevées; sous ce dernier aspect, il n'y a que la Peur de l'enfant,
de M. Bayard, qui puisse être comparée. M. Vuilleimet conclut très
nettement à la nécessité d'une instruction foncièrement chrétienne.
— 30 —
source unique et féconde de toute moralité. « Les lois seront impuis-
santes, dit-il, puisqu'elles s'arrêtent au seuil de la conscience... »,
tandis que « ce sont les causes morales qui sont les plus actives »
(p. 405). 11 ne recule pas devant les probJèmes les plus délicats; il s'y
meut au contraire Tivec une aisance et une sûreté qui dc'cèlent la
compétence d'un professionnel de la théologie (p. 230 et s. ; p. 246 et s.).
En ce qui concerne les lois caducaires, il a raison, avec M. Jules Roche
et contre le docteur Bertillon, de ne pas leur attrrbver rp.ccroissement
du nombre des citoyens roriiains, sur lequel les mesures puiement
politiques et les affranchissements exerçaient ceitainement la seule
et véritable influence (p. 329 et s.). C'est un livre à propager : il est
de nature à faire beaucoup de bien à la fois dans le clergé pour qu'il
connaisse le fléau dans toute son intensité, et parmi les laïques
pour qu'ils n'ignorent rien de leur devoir.
2. — Le traité de M. Irving Fisher, traduit par M. Bouissy sous ce
titre : De la Natufv du capital et du revenu, m'a paru d'une ennuyeuse
longueur. Certaines pages ne renferment que des truismes trop
dilués; certaines autres constituent de vraies révoltes contre le lan-
gage courant. Qu'on en juge. Le revenu, suivant M. Fisher, est
« le service rendu par un capital » (p. 143) : généralement la chose et
son service sont distincts, parfois aussi ils ne le sont pas; par exemple
le service que nous rend un petit pain — autrement dit son revenu —
consiste en ce que nous le mangeons. Au passage, M. Fisher remarque
que les variations du taux de l'intérêt influent sur la valeur d'un
bien selon la durce plus ou moins longue de son amortissement;
ainsi une capitalisation à 2 1/2 au lieu de 5 «/o doublera la valeur
-d'une terre qui ne s'amortit pas, elle n'augmentera que de 55 %
la valeur d'une maison à amortir en cinquante ans, et elle ne modi-
fiera pas la valeur du petit pain de deux sous ou plutôt de 365 petits
pains de deux sous qui ne donnent jamais ni plus ni moins qu'un
revenu dé 36 fr. 50 par an (p. 267). Ailleurs j'apprends que « tous les
services que l'on reçoit d'une obligation, y compris le principal quand
il est payé, constituent relativement à l'obligation son véritable
revenu (sic) « (p. 254). Cette fois je recule tout interloqué. Des démons-
trations par les règles de la tenue des livres, des discussions de for-
mules algébricîues et des dessins de courbes graphiques viennent
au secours de cette argumentation plutôt obscure et pénible. J'estime,
quant à moi, que M. Fisher aurait gagné beaucoup à rester fidèle
aux vieilles disciplines juridiques, voire mcme rcmaines, à la distinc-
tion des choses fongiblcs et des choses non fougibles, du jus jruendi
par opposition qm jus abutendi, e% à la notion du quasi-usufruit mis
en parallèle avec l'usufruit. On me sait pas assez ce que l'esprit écoiiD-
niique gagne au contact de l'esprit juridique.
I
— 31 --
3. — La Synthèse économique^ étude sur les lois du revenu, par
M. Achille Loria, tout en étant une œuvre auBsi abstraite — et je
le crains bien, aussi stérile — procède au moins d'une notion plus
judicieuse du revenu. M. Loria donne à celui-ci « comme caractère
essentiel de se reproduire périodiquement et indéfiniment », ce qui
exclut d'une part les biens de consommation qui ne se reproduisent
pas-, tels que le pain, et d'une autre les produits servant à recons-
tituer le matériel détérioré (p. 39, p. 214 et s., etc). Voilà que nous
nous entendons. Par ailleurs, « la jouissance, chose immatérielle,
dit-il, ne se confond pas avec le revenu, choee matérielle et tangible » :
c'est donc aussi l'effondrement de la trop fameuse « rente des con-
sommateurs )) de Marshall (p. 85). Mais M. Loria prend le revenu en
Woc : il n'y distingue ni salaire, ni intérêt, ni profit;, il préfère le
diviser en revenu indistinct, distinct et mixte : « indistinct, dit-il,
quand le travail est totalement associé à la propTiété des moyens de
production et au revenu; distinct, quand il en est tout à fait séparé;
mixte, quand il est, partiellement ou totalement, séparé de la pro-
priété des moyens de production, mais partiellement associé au
revenu » (p. 110). Avez-vous compris? Malheureusement, la concision
de la table des matières et la longueur des chapitres (il y en a un de
plus de 50 pages sans subdivision) ne facilitent ni la lecture, ni l'intel-
ligence du texte. M. Loria était parti de ce principe que « dans les
premiers temps de la société humaine, le travail individuel donne un
produit qui excède dans une mesure notable les subsistances néces-
saires au producteur et à sa famille » (p. 9) — ce que je crois inexact; —
il aboutit à la conclusion que « la contradiction sociale ne pourra
être éliminée et l'équilibre économique rétabli que par une transfor-
mation-profonde, non pas seulement du processus de distribution,
mais surtout du processus de production, grâce à la destruction de
l'association forcée et à la substitution de celle-ci par l'association
libre du travail » (substituer par... quel français !) (p. 519). — Toute
cette métaphysique quintessenciée aurait donc pour but d'acheminer
les intellectuels au socialisme.
4. — Quittons ces hauteurs : elles ont vraiment trop de nuages.
M. Ardouin-Dumazet nous donne un bon voir me sur Us Petites
Industries , rurales. C'est simple, bien écrit, d'une lecture facile, sans
trop de chiffres et de statistique. Le fait général, c'est que les cam-
pagnes se dépeuplent, que beaucoup de petites industries jadis flo-
rissarïtos y ont disparu et que celles qui s'y sont conservées ont perdu
le caractère de travail domestique pour passer du foyer à la manufac-
ture. Les femmes ne peuvent plus gagner, en dehors de l'usine, que
d'es salaires très.bas, qui souvent sont tout simplement des salaires
d'appoint. ^L Ardouin-Dumazet ne croit guèie à la résurrection d'une
— 32 —
industrie rurale qui les occupe chez elles : aussi bien « l'école leur
apprend l'histoire et la géographie, voire même le civisrîie; mais elle
néglige la couture et le tricot « (p. 167). Mieux vaudra une production
agricole variée et adaptée aux lieux, fleurs, fruits frais, conserves, etc.
Je signale volontiers une page saisissante sur la déplorable influence
du service militaire, avec « un vent de fausse philanthropie et de
prétendue fraternité qui semble avoir pour but d'éloigner le soldat
de son clocher » (p. 16).
5. — Le volume de M. Daniel Bellet sur le Chômage et son remède
est ce que nous connaissons de mieux sur la question. Il définit le
chômage en faisant justice des exagérations des uns et des préten-
tions d'exactitude des autres; il discute le risque- chômage pour
conclure que, à proprement parler, celui-ci n'est pas assurable (p. 78
et s.) à cause de « l'introduction d'un facteur qui vient fausser ce que
l'on peut considérer comme le caractère naturel de l'assurance, je
veux dire les subventions publiques » (p. 80); il analyse très judicieu-
sement le fameux « fonds gantois » dont on a fait plus de bruit qu'il
ne convient (p. 206 et s.) ; puis finalement, après avoir exposé clai-
rement et sans beaucoup de chiffres tout ce qui s'est tenté en divers
pays, il conclut timidement qu'il faut tendre surtout à « orga-
niser le marché du travail » par « le régime de la liberté et de l'asso-
ciation » (p. 268 et s.). Aussi bien,' quand des ouvriers se plaignent de
ne pas avoir de travail, l'agriculture se plaint de manquer de bras : seu-
lement, comme disent les paysans, la terre est trop basse pour qu'on
retourne jamais à elle. — M. Paul Leroy-Beaulieu amis une courte
préface, où il observe très justement « qu'une société ou un homme
qui voudrait s'assurer contre tous les risques, assumerait une charge
fixe dépassant de beaucoup le montant moyen de risques » (p. vi). L'as-
surance devient alors un véritable organe de parasitisme social.
L'épargne, la bonne et vieille épargne individuelle est encore le
meilleur remède à beaucoup de maux.
6. — Les Institutions de prévoyance dans nos populations rurales,
du baron Ernouf-Bignon, sont un mémoire complet et bien docu-
menté que l'Académie des sciences morales et politiques a très jus-
tement couronné. M. Einouf-Bignon connaît et aime l'agriculture; il
possède son sujet; il est enfin un libéral qui proclame très haut la
supériorité de la prévoyance sur l'assistance et celle de l'initiative
privée sur l'intervention de l'État. On trouvera là d'excellentes
notices sur les caisses d'épargne, les sociétés de secours mutuels, les
caisses de retraites rurales, les assurances, les écoles ménagères, etc.
Ajoutons que l'auteur est un catholique convaincu qui a le courage
de l'avouer : on le voit à ses quelques pages sur le « rôle social du
«large » (p. 203 et s.). Me pei mettra- t-il cependant une observation?
— SS-
II croit que la loi de 1909 sur le bien de famille « aura pour effet d'aug-
menter le nombre des petits propriétaires, de rattacher au sol la popu-
lation rurale et d'arrêter peut-être l'abandon des campagnes » (p. 160).
Or, en fait, on ne voit pas d'applications de la loi, d'où il suit que si
«lie ne fait point de mal assurément, elle ne fait pas non plus de bien.
Il est vrai que M. Ernouf-Bignon écrivait son mémoire avant d'avoir
pu s'éclairer à la lumière de l'expérience.
7. — La Vie chère, ào M. Alexandre Charbin, traite une des questions
les plus actuelles. Les manifestations de ménagères de l'été dernier,
à Maubeuge d'abord, puis en cent autres localités, en sont une preuve ;
et celles-ci, M. Charbin les a fort bien présentées, non sans montrer
derrière elles la Confédération générale du travail qui les fomentait
(p. 165 et s.). Son plan est clair. Si la vie est chère, jusqu'à quel point
l'est-elle? Pourquoi l'est-elle? Quelles en sont les conséquences? Et
quels peuvent en être les remèdes? Au début du volume est un tableau
succinct et judicieux du système des chiffres-index (p. 9 et s. ; p. 17
et s.). Mais leurs variations ne sont pas un critérium suffisant de
renchérissement, soit qu'on y fasse abstraction de la cherté qui pro-
vient du fait des intermédiaires revendeurs au détail, soit que le
public contemporain se soit créé par lui-même une foule de besoins
plus ou moins factices (p. 43 et s.). Vient une fort bonne discussion
de la théorie de MM. Zolla et deContenson, qui, d'après M. Charbin — •
et c'est bien aussi notre avis — ont exagéré l'influence de l'accroisse-
ment de la production de l'or (p. 61 et s.). Pourquoi donc alors le prix
des denrées achetées directement à la culture — du blé par exemple — •
n'aurait-il pas augmenté? M. Zolla s'imagine que le « bénéfice cultural »
a monté de 50 % en quelques années (p. 126) : ceci, c'est de l'i-pti-
misme hors de propos, et nous penserions plutôt que M. Charbin n'a
pas assez insisté (p. 108) sur le dénivellement qui s'est produit entre les,
conditions de la vie urbaine, avec l'accroissement des salaires indus-
triels et les conditions d'une vie rurale dédaignée, sinon trop souvent
misérable. En tout cas, il a raison dans ses jugements sur la spécula-
tion — car, dit-il « l'organisation vicieuse du marché a bien pu exas-
pérer la crise, mais elle ne l'a point créée )> (p. 117) — et dans ses appré-
ciations sur les expédients que l'on a proposés sous l'influence plus
ou moins avouée des doctrines socialistes, tels que la taxation des
denrées et les coopératives municipales imaginées par M. Caillaux.
Nous laissons les conclusions tirées des statistiques agricoles, parce que
nous savons trop bien comment on les dresse — et nous n'oserions pas
non plus nous associer à certaines critiques contre la « routine ances-
trale » des paysans (p. 237 et 239), cjui nous semblent quelque peu
exagérées.
8. — La Vie chère, de M. Charbin, est une thèse de doctorat ; La Lutté
Juillet 1012« • T. GXXV. 3.
- 34 ^
contre le siveating-sysiem , de M. Paul Boyaval, en est une autre^
celle-ci très volumineuse, bourrce de documents et de recherches^
sur la manière de combattre les salaires de famine dans les industries
à domicile. L'auteur y conclut à l'intervention de l'État avec un
salaire minimum légal que détermineraient des comités mixtes de-
patrons et d'ouvriers. M. Boyaval admire sans réserves la législation
sociale de l'Australie; il n'en discute pas le caractère socialiste et
n'en décrit pas non plus les conséquences économiques. Quant àmoi^
tout en déplorant le sweating-sysieîn et en souhaitant de le voir disparaî-
tre, j'aurais désiré une étude plus compréhensive et d'une portée plus
large; j'aurais désiré notamment que l'on me démontrât, si possible,
comment un « salaire vital » fixé par la loi pourrait ne pas entraîner
logiquement un « prix vital » des denrées, prix fixé également par
la loi, prix tel que les paysans, par exemple, qui font du lait, du
beurre, des veaux, etc., aient leur existence convenablement assurée,
puisque beaucoup sont loin de l'avoir. Ceci est peut-être une « colle »
que je pose à M. Boyaval ; je crois cependant que des problèmes écono-
miques gagnent toujours à être envisagés et étudiés dans leur con-
nexion logique avec tous les problèmes de même ordre qui sont à côté.
9. — Que pensez-vous sur les Grèves et leur réglementation?
M. François Latour a posé cette question à une foule de personnalités
marquantes de France et d'ailleurs et il a collé bout à bout leurs
réponses, avec les plus cocasses voisinages. Voilà son livre. Ainsi
M.^Souchon est flanqué de deux socialistes, l'un Belge et l'autre
Italien, VÎM. Vandervelde et Loria, et le libéral M. Villey y côtoie
.un socialiste chrétien belge, M. de Ponthière. Jugez donc comme
tous ces gens-là s'entendent ! 11 y en a ainsi quarante-et-un, les uns
économistes de mérite, comme MM. Paul Leroy-Beaulieu et Hubert-
Valleroux, les autres socialistes, comme MM. Fournière et Georges
Sorel, d'autres enfin catholiques sociaux plus ou moins socialisants,
comme MM. les abbés Lemire et Naudet, MM. de Mun, Turmann, etc.
plusieurs, il est vrai, se sont contentés de griffonner quelques
lignes banales.Au hasard, je note cet espoir qu'exprime M. le marquis^
de la Tour-du-Pin la Charce : « substituer l'entreprise technique''à
l'entreprise capitaliste, en faisant passer la direction du travail des
mains du capitaliste à celles du professionnel » (p. 25). — Du fond des
bureaux du Bulletin de la Semaine qu'il dirige, M. Imbart de la Tour
a fait une préface au sens catholico-social, et les personnages inter-
rogés dans cette enquête — y compris, paraît-il, les socialistes révo-
lutionnaires eux-mêmes — y reçoivent l'honneur de s'entendre appeler
r. des gens qui ont qualité pour résoudre ces problèmes >^ (p. xvi). Bien
peu, au contraire, y apportaient cette capacité, et ceci n'est pas un
des moindibs défauts du volume.
— 35 —
10. ^The closed shop in Americantrade unions de M. Frank Stock ton,
est quelque chose de plus pratique au sujet de la liberté du travail
aux États-Unis. Le closed shop, c'est l'atelier où des syndiqués ne
doivent pas travailler avec des non-syndiqués, sauf à interpréter
cette défense d'après les règles spéciales de chacun des syndicats.
L'open shop, c'est l'atelier où unionistes et non -unionistes (c'est-à-dire
des syndiqués et des non-syndiqucs) peuvent travailler ensemble au vu
et au su du patron et de l'union. Enfin les non-union shops sont des
ateliers où ne travaillent que des non-syndiqués, peu importe que ce
soit par la volonté du patron qui l'impose ou par celle de l'union
qui l'interdit (p. 10-11). Suit un historique du mouvement des closed
shops, avec la distinction des diverses formes que l'on y rencontre et
des procédés qui y ont implanté ce régime. Mais le closed shop ne doit
pas être confondu avec la closed union ou syndicat fermé. La closed
union ne reçoit que qui bon lui semble : du reste, elle est rare et on
ne la trouve guère que dans les professions en déclin (p. 168 et 176).
Le dernier chapitre du volume étudie les « aspects sociaux de l'atelier
fermé'», au triple point de vue de la conduite économique de l'affaire,
des conséquences à l'égard des non-syndiqués, enfin des conséquences
pour le trade-unionisme en général. Le régime du closed shop fait des
syndiqués par contrainte et c'est bien son but : mais ceux-ci seront-ils
de bons syndiqués et ne gagnerait-on pas autant à les laisser dehors
(p. 179 et s.)? Tout cela est purement descriptif; nulle part, il n'est
fait allusion à des principes quelconques ou à une norme morale de
juste ou d'injuste. Les closed shops et les closed unions servent-ils la
justice en faveur des syndiqués? La desservent-ils à l'encontre des
non-syndiqués? L'auteur n'a rien soupçonné de ce problème, pourtant
intéressant et même capital. Tout est donc purement pratique et
descriptif, comme il sied à une œuvre à courte vue et bien américaine.
On y sent d'un bout à l'autre le business man et pas autre chose.
11. — Nous avons lu avec un grand intérêt le volume espagnol de
M. Estanislao Segarra, intitulé : Los Gnmios (les Corporations).
M. Segarra est un catholique social des plus convaincus. Comme tel,
il fait un éloge enthousiaste, idyllique même parfois, du régime cor-
poratif en Espagne depuis le xii^ jusqu'au xviii^ siècle, avec une foule
défaits et de détails. Tout y était pour le mieux, paraît-il. Ainsi le
monopole des boulangers de Barcelone était consacré par un droit
d'octroi qu'ils percevaient à leur profit sur le pain venant du dehors^
non compris un surpoids dont l'acheteur devait bénéficier (p. 92).
Viennent ensuite des peintures lamentables des trusts, cartells, etc.,
de maintenant, avec tout un programme pour relever les classes
moyennes et les artisans de la petite industrie. Malheureusement, le
volume n'a aucune note et M. Segarra ne renvoie jamais à des
-^ 3(> —
sources que l'on puisse consulter. Ensuite — et ceci est plus grave — le
côte économique et historique du problème social est laissé tout à fait
dans Tombre. Est-ce que le régime corporatif alimentait ou pourvoyait
toute la population? Certainement non. Est-ce que l'Espagne du
moyen âge n'était pas, comme la France d'alors, faite surtout de
populations rurales qui n« connaissaient guère que l'industrie domes-
tique ou d'artisans de village étranger à toute corporation? Et si ce
régime corporatif urbain était si bon, comment n'a-t-il pas empêché
le déclin industriel de l'Espagne, qui commence avec Philippe II?
Les corporations faisaient de l'art, j'en conviens, et beaucoup d'entre
elles ne travaillaient que pour l'objet de luxe : mais n'y a-t-il pas des
gens qui veulent de la camelote, parce qu'elle en est et qu'elle ne
coûte pas cher? M. Segarra réclame à maintes reprises le pouvoir
judiciaire et exécutif de la corporation, avec interdiction du travail
pour qui n'en fait pas partie : cependant, avec l'état actuel de l'opi-
nion ouvrière, ce serait là, pour les ouvriers catholiques, la pire des
servitudes et des misères. Quant à la nécessité économique de la
grande industrie, infiniment plus capable d'utiliser les grandes décou-
vertes, M. Segarra ne paraît guère la soupçonner.
12 et 13. — Le gouvernement de Washington imprime des index
bibliographiques extrêmement complets sur telles ou telles matières
économiques particulières. Cette fois, nous en citons deux : la Select
list of références on wool with spécial référence to ihe iariff et, la Select
list of références on Boycotts and injunctions in lahor disputes. Ce dernier,
relatif aux interdits, boycottages et mises à l'index, a quelque
chance d'être consulté.
14. — La Passii>ité économique, de M. Manlio Andréa d'Ambrosio,
porte ces mots en sous-titre : Premiers Principes d'une théorie socio-
logique de la populat.ioji économiquement passive. Ici, une population
passive n'est pas une population qui pâtit, qui souffre ou est exploitée;
c'en est seulement une qui n'agit pas, ne produit pas et qui vit aux
dépens de l'autre : « inerte » ou « parasite » auraient donc mieux traduit
la pensée. Cela dit, «le pToblème capital de l'économie publique et
de la démographie est de favoriser l'accroissement des activités en
éliminant toujours plus les passivités « (p. 4). M. d'Ambrosio passe
en revue toutes ces dernières quelles qu'en soient les causes, l'âge,
l'infirmité, le crime, la paresse, le chômage involontaire, etc. Quel
est l'effet de ce parasitisme humain? Comment s'en affranchir?
Comment, enfin, assurer une meilleure diffusion de la richesse et du
travail? Tel est le plan. Malheureusement M. d'Ambrosio, qui s'in-
digne en constatant que « l'étude de l'homme, dans la réalité palpi-
tante de la vie économique, a été jusqu'à présent déplorablenient
négligée » (p. 9), néglige absoluriient , cjuant à lui, la nature morale et
- 37 -
le rôle moral de riiumme. jl dit bien « qu'à la lutte on doit substituer
l'accord, la mutualité et l'amour — et l'amour d'autrui à l'égoïsme » —
(p. 198), mais son sens moral est radicalement obtus ou faussé. Assuré-
ment, le parasitisme de la prostitution lui paraît une déperdition regret-
table (p. 63 et s.) et il condamne aussi les faiseuses d'anges (p. 1£0 ets.);
eependant il constate sans répulsion que « la proposition de tuer les
malades incurables et les enfants difformes et idiots commence à se
cioncréter en projets de loi catégoriques » (p. 187), et il est plus qu'in-
dulgent pour le suicide puisque visiblement il s'applaudit de ce que
<t la proposition de faciliter le suicide, due au Bulletin tJiérapeutique,
a trouvé un écho dans les consciences modernes » (p. 188). Après cela
on peut le juger. C'est tout entier d'un matérialisme brutal et dégra-
dant. Naturellement, il abomine le moyen âge et ces parasites que sont
les ordres mendiants et les moines (p. 65): mais ne serait-il pas lui-
même un parasite social d'un autre genre? En tout cas, qu'il nous
laisse tranquilles. Au contraire, il demande « que la France demeure
sourde aux conseils de ceux qui voudraient qu'elle accrût encore sa
population »; il souhaite « que la prudence continue chez nous à
présider aux rapports sexuels » (p. 2). — Le volume n'a pas une seule
note : impossible, par conséquent, soit de vérifier les citations, soit
de. les utiliser.
. 15.. — M. Deherme se place à un tout autre point de vue dans
les Classes moyennes, étude sur le parasitisme social. H s'intéresse au
problème social, moral et pour ainsi dire constitutionnel, plutôt que
proprement économique. 11 se plaint du « développement excessif »
des classes moyennes : il l'attribue au « désordre individualiste » et
à l'anarchie démocraitique. En un mot, c'est « l'accroissement des
consommateurs, la diminution des producteurs, les progrès effrayants
du malthusisme (sic), de l'impuissance, de l'oisiveté, del'inccmpé-
tence et de l'irresponsabilité du capital...Noi s nou^ apercevrons qu'il y
a un abîme quand nous serons au fond > (p. £8 et 29). A citer en parti-
culier la question des grands magasins et du petit commerce, traitée
avec une documentation abondante et sérieuse, puis les chapitres
sur les diplômes, les littérateurs et le culte de l'incompétence (ici.,
nombreux emprunts à M. Faguet). M. Deherme est un positiviste
tout imbu des théories sociales d'Auguste Comte; il croit à la néces-
sité des inégalités encadrées et hiérarchise es et à l'efficacité d'un « pou-
voir spirituel animant une formidable organisation ouvrière « (p. 199),.
Aussi, «dans l'ordre positif, dit-il, il n'y a pas place pour les classes
moyennes, trop, faibles pour commander et se dévouer, trop vaniteuses
pour obéir et vénérer » (p. 119). Tout cela paraîtra bien dur à entendre,
et M. .Deherme, qui heurte ainsi les illusions, les crédulités et toutes
les vanités égalitaires et démocratiques, sera du nombre des pro-
s«&.
— 38 —
phètes qu'on lapide : car les foules, cdime aussi les rois, préfèrent
toujours les courtisans.
16. — Auguste Comte, vers la fin de sa vie, dilua ses rêveries sur la
religion de l'humanité en quatre volumes qui s't'chelonnèrent de 1851
à 1854, sous le titre de: Système de politique positive ,ou Traité de socio-
logie. M. Christian Cherfils les condense en un seul, auquel il laisse le
même titre. M. Jules Rig, qui y a mis une préface de trente lignes, le
félicite de ce travail parce qu'il « ne faut pas laisser la masse des intel-
ligences sous la tutelle soit de la théologie, soit de la métaphysique,
jusqu'à l'époque où l'éducation scientifique pourra être enfin géné-
ralisée )). Auguste Comte est trop connu pour que nous reprenions
l'exposé de son système.Mais ici ce sont des mots alignés sur des mots,
des affirmations sans preuves et toute une religion où Tonne sait
pas si c'est l'orgueil qui domine ou bien la folie et si le dernier asile
ne doit pas être Charenton plutôt que le Panthéon. « Le monothéisme,
est-il dit, se trouve aujourd'hui en Occident aussi épuisé et corrup-
teur que l'était le polythéisme quinze siècles auparavant » (p. 37);
mais il reste « la convergence naturelle de tous les aspects positivistes
vers la grande conception de Y Humanité, qui vient éliminer défini-
tivement Dieu » (p. 26). En appendice se trouve le « calendrier abstrait»
ou « tableau sociolâtrique résumant en 81 fêtes annuelles l'adoration
universelle de l'humanité ». Ça vous a un relent de calendrier révo-
lutionnaire, mais bébète, qui vous prend à la gorge.
17. — 11 y a aussi beaucoup de bon et de très bon dans les Estudios
sociales du R. P. T. Rodriguez, professeur à l'Université de l'Escurial.
Ce sont, à certains égards, des articles détachts, publiés déjà pour
la plupart dans la revue Ciudad de Dios : ainsi le premier volume dis-
cute la question sociale, la valeur économique, la production, ses
éléments ou agents, puis la fin de l'État ; mais les seize chapitres du
tome II forment un véritable traité du contrat de travail et du
salaire. Le P. Rodriguez s'indignerait si je lui disais qu'il est un
libéral, car il prendrait ce mot au sens espagnol; c'est pourtant par-
faitement à l'économie politique libérale et classique qu'il appartient.
Voyez, par exemple, sa théorie du rôle de l'État, son éloge de la
liberté (t. I, p. 270 etc.) et cette justice rendue à Adam Smith, qui
« par dessus tout, dit-il, n'était pas un individualiste sans entrailles
pour le faible, ni sentiment de la réalité dans les luttes économiques »
(t. I, p. 255). Il écarte résolument les fameuses Haider Thesen du
baron de Vogelsang (t. II, p. 27 et 115); il réfute et combat les maîtres
les plus autorisés du catholicisme social, par exemple le R. P. Antoine
et ^^ l'abbé Élie Blanc. Même sa théorie de la valeur, tout en pré-
tendant rompre avec les systèmes économiques, n'est guère qu'une
déformation des formules de l'école autrichienne : « La valeur, dit-il,
— 39 —
•est une fonction de deux variables, les désirs humains et l'aptitude
•que les choses peuvent avoir pour permettre à l'homme de réaliser
ses fins » (t. I, p. 105). Sur les agents de la production, c'est toute la
théorie classique, nature, capital et travail, et même exposée un peu
trop longuement, comme à des gens à qui il faut tout expliquer et
tout mâcher. Dans le tome II, il défend l'entrepreneur, il milite pour
le contrat « à tous risques » ou forfait d'assurance (comme le salaire
en est un), il justifie le rôle du capital, qu'il appelle du travail ancien,
et finalement il combat à maintes reprises la pression que des ouvriers
exercent sur le patron au delà du juste salaire. Si la thèse de la col-
lision des droits ne lui est pas inconnue (propriété et droit à la vie),
il a bien soin de noter que ce droit à la vie se borne à ce qui est stric-
tement nécessaire pour ne pas mourir de faim (t. II, p. 342). 11 y a lieu
cependant de regretter trop d'admiration pour Ruskin; nous ne
voudrions non plus admettre que sous bénéfice de correction certaines
de ses formules; enfin, comme tous les auteurs étrangers au droit
et particulièrement au droit romain, il a le tort de voir dans le jus
abutendi autre chose que ce qui y était, c'est-à-dire autre chose que
le droit du dominus de disposer de ses res singulae par vente, dona-
tion ou transformation (t. II, p. 273). —Nous souhaitons vivement
que cet ouvrage trouve un traducteur : il le mérite à bien des égards.
18. — Sous le titre : La Guerre devant le christianisme, M. A. Van-
derpol, « président de la Ligue des catholiques français pour la paix »,
a fait une étude fort intéressante par les nombreuses citations qu'il
y a enchâssées de saint Augustin, de saint Thomas, des scolastiques,
de Suarez,etc.,et il y a ajouté une traduction du petit traité De Jure
helli de François de Victoria au xvi^ siècle. Ce qui en ressort, c'est ceci.
Au début, l'Église n'examinait pas le droit de la guerre pris en soi;
■elle ne se préoccupait que du métier des armes et elle ne le condamnait
pas, pourvu qu'il fi'it pur de superstitions païennes et d'actes d'ido-
lâtrie (il est vrai, dirons-nous, que sous l"empire romain il n'y avait
pas de guerres nationales, sinon contre les agressions des barbares).
La scolastique est allée plus avant dans le problème : la guerre est un
acte de justice vindicative et le souverain qui la déclare y apparaît
en justicier (ainsi, en effet, ajouterons-nous, pouvaient se présenter
les croisades contre les Sarrasins d'Orient, les Maures d'Espagne,
voire même les Albigeois); par conséquent la guerre, si elle peut être
injuste des deux côtés, ne peut pas être juste à la fois de l'un et de
l'autre. Les soldats qui combattent du côté injuste, sont néanmoins
excusables, sous la condition qu'ils n'aient pas pu se rendre compte
de l'injustice du parti auquel ils sont attachés. Viennent la Renais-
sance et la Réforme. Alors la guerre est envisagée tout autrement.
Le fait cherche à trouver ou à imaginer le droit, et l'on voit ainsi
— 40 —
apparaître soit « l'école matérialiste », qui affiime brutalement la loï
du plus fort et aboutit au darwinisme social, soit « l'école mystique »,.
qui donne à la guerre une place dans le droit divin. Cette philosophie
mouvelle trouve sa plus haute expression dans les Soirées de Saint-
Pétersbourg. Mais une autre école aussi s"cst constituée : « l'école
pacifiste y), à laquelle appartient M. Vanderpol. « L'histoire, dit-celui-ci.,.
l'histoire ancienne comme l'histoire moderne,, nous enseigne que la
victoire se décide par des circonstances ou des actes qui n'ont aucun
rapport avec la justice » (p. 200-202). L'idéal, donc, c'est la création
d'un tribunal supérieur qui proposerait l'arbitrage obligatoire et
qui imposerait l'exécution de ses sentences au moyen d'une armée
fédérale internationale » (p. 203-205). L'auteur s'élève particuliè-
rement contre les guerres qui ont pour xnotifs des conflits d'ordre éco"
nomique (p. 198). — On peut trouver que, en outre du caractère chi-
mérique de son projet, il réduit à peu de chose la légitime défense <les
nationalités et prête bien la main aux tendances internationalistes,
19. — Tout autre est le travail de M. del Vecchio : Il Fenomeno
délia guerra e l'idea délia .pace, qui a été originairement un discours
inaugural prononcé à l'Université de Sassari, puis quelque peu déve-
loppé, M. del A'ecchio parle simplement en rationaliste, il a foi en
Jean- Jacques Rousseau et se réclame de la loi du progrès et de la
théorie de l'évolution de l'humanité. 11 y a, dit-il, des amis et des
adversaires de la guerre, des polemisti et des irenisti. Qui a tort? Qui
a raison? La guerre est un fléau; pourtant, sans même qu'on aille
jusqu'à la théorie matérialiste qui sort de Darwin, elle a aussi d'heu-
reux résultats, même pour un rationaliste, car J. de Maistre n'est
qu'un mystique et ne vaut pas l'honneur dune discussion (p. 31).
Très curieuses les vues de Dante sur la nécessité d'une monarchie
supérieure qui ferait régner la paix par le maintien général de l'ordre
(p. .%). Est-ce que la scolastique n'en aurait pas subi les influences?
Finalement M. del Veccliio ne désespère pas de la paix universelle : les-
déclarations échangées entre les ouvriers socialistes de Paris et ceux
de Berlin en 1870 lui donnent confiance (p. 82), comme aussi la Cour
de la Haye et les traités d'arbitrage. Pourtant la paix n'a pas de
valeur quand on la sépare de la justice, et elle peut elle-mc.me con-
courir à éliminer l'injustice pour rétablir « la liberté sacrée de l'être
humain,, que méconnaissent ou l'cippression des individus ou celle
des natioiïs » (p. 94). On voit que M. del Vecchio ne veut rien dire qui
puisse être tourné contre les guerres qui ont prc'paré de fort loin le-
risorgimento de l'ïtalie. Mais c'est tout de même fort intéressant.
Socialisme. — 20. — Le Socialisme français de 1789 â 1848, de
MM. Georges et Hubert Bourgin, fait partie d'une collection de petits
ou\Tages où l'histoire se présente en de courts extraits empruntés-
,- 41 —
aux hommes mêmes de chacune de ces périodes. Celui-ci lenferme
les chapitres suivants : la Révolution; Saint-Simon et Fourier; les
républicains socialistes (1830-1840) avec Blanqui, Barbes, l'affaire
d'avril 1834, etc.; les théoriciens (1830-1848) avec Cabet, Louis Blanc
et autres; enfin, les communistes depuis Lapommeraye et Dezamy.
Quelques lignes de biographie ou d'histoire précèdent des citations
et coupures fort bien choisies, parfois avec reproduction de gravures
de l'époque. Beaucoup de pièces et même de personnages sortent ainsi
de l'oubii, et l'historien, l'économiste surtout auront à glaner fruc-
tueusement. Mentionnons enfin les index bibliographiques à la fin
(Je chaque chapitre. ^ F
21. — La Révolution sociale, de M. Karl Kautsky, le plus fidèle
disciple de Marx après Engels, est la reproduction, levue et augmentée,
de deux conférences faites en 1902, l'une à Amsterdam et l'autre à
Delft. — Dans la première, M- Kautsky préconise et explique la révolu-
tion sociale qui doit avoir lieu : ce sera la « solution catastrophique »
de Karl Marx. Elle est légitime et nécessaire, car les arguments théo-
logiques, juridiques et historiques ne sont plus de mise (p. 20 et 21).
Et ce ne sera pas une évolution, mais une révolution, quoique ave^
un « processus d'assez longue -durée » (p. 129) : en effet, une « société
ne peut s'élever à un degré supérieur que grâce à une catastrckphe »-
(p. 31). La grève j^ jouera un grand rôle; « elle ne peut pas remplacer
tous les autres moyens, mais elle les complétera et les renforcera »
(p. 111 et 112). — Dans la seconde conférence,,M.Kautsky discute ce que
sera « le lendemain de la Révolution sociale ». Y aura-t-il expropria-
tion immédiate ou seulement rachat de la terre et clés <?ap.itaux?
M.Kautsky ne conclut qu'au rachat. Mais ne vous y trompez pas. « Dès
que la propriété capitaliste aura ipris la forme de dette inscrite de
l'État, <le la commiîne ou des corporations, il sera possible d'établir
un impôt progressif sur les revenus, la fortune et les successions^ plus
élevé qu'on n'aurait pu 1« faire auparavant... et cette élévation les-
semblera fort à une confiscation des grandes fortunes » (p. 147-149).
« A la fin, la production totale pourra être le double de ce qu'elle est
aujourd'hui; donc les salaires pourront être doublés, en même temps
que la journée de travail sera réduite de moitié » (p. 171). Il faudra
bien, sans doute, de nouvelles conditions psychologiques pour sti-
muler le tr-avail et obtenir le désintéressement : mais « la société nou-
velle modifiera considérablement le caractère deThcmme «; il y aura
«oréation d'un type humain plus élevé que nel'estl homme mcdejne^.^
type qui surpassera tous ceux que la civilisation a produits jusqxii'è ce
joisr ». Ce sera donc « uji empire de forcent de beauté, digne de l'idéal
de nos plus profonds, de nos plus nobles penseurs » (p.. .221-223), —
— 42 —
Dans son ensemble, cet ouvrage est des plus intéressants sur les
projets et la mentalité du collectivisme.
22. — Je dirai peu de chose des Problèmes sociaux du temps présent
de M. Drouilly. Est-ce de la franc-maçonnerie ou bien du socialisme?
Ni l'un ni l'autre, à moins que vous ne disiez l'un et l'autre. L'huma-
nité, dit M. Drouilly, a en propre le progrès et l'équité — non pas
l'intelligence et le langage, car intelligence et langage lui sont com-
muns ( !) avec d'autres espèces (p. 26). — Donc il faut tout faire pour
le progrès et l'équité, avec un féminisme mitigé, un collectivisme à
terme et une instruction publique qui, pratiquement, efface et détruise
la superstition. Le but est imprécis, mais on n'a pas besoin de le voir
pour viser : l'expérience et l'avenir éclairciront ce qui est vague et
nébuleux, et fixeront ce qui est flottant. Pour le moment, il faut
« donner satisfaction aux revendications populaires en ce qu'elles ont
d'urgent, tout en laissant à la science le temps nécessaire pour trouver
la solution du problème social» (p. 9). Sur ce thème, qui n'est pas neuf,
l'auteur a écrit des variations qui le sont encore infiniment moins.
23. — Le volume de M. Roussel-Despierres, la Hiérarchie des prin-
cipes et des problèmes sociaux, est une sorte de philosophie esthétique
de l'anarchie, par le règne de l'individualisme et l'apothéose de
l'égoïsme. Nous avons traversé les violences de la démocratie et subi
la tyrannie du nombre après celle des privilèges; nous traverserons
de même les contraintes du socialisme; puis, par l'évolution ou les
révolutions, nous arriverons enfin à l'individualisme. « La perfection
du régime individualiste, dit-il, s'identifierait à l'anaichie idéale...
Ce n'est pas pourtant le régime que nous décrirons, car l'humanité
n'est pas faite de Dieux » (p. 55). Ainsi M. Roussel-Despierres croit
encore à la propriété, « merveilleux instrument de civilisation »
(p. 65); il croit aussi à des liens politiques et nationaux « quoiqu'il
n'existe pas, dit-il, d'autre souveraineté que celle de la conscience indi-
viduelle ». Mais l'Etat aura pour idéal et pour dogme l'individualité
et la liberté ira sans cesse en croissant, comme l'autorité en décrois-
sant (p. 168, 206, etc.). Ce sont surtout des mots et des points d'inter-
rogation, car les questions se greffent sans cesse sur les questions
sans qu'aucune soit résolue.
24. — 11 paraît que l'étoile de Proudhon remonte. Du moins
M. Bougie nous l'assure, « pendant que des hommes de science res-
taurent pieusement des doctrines et que des hommes d'action impa-
tiemment les utilisent » (p. v). M. Bougie part de là pour écrire une
Sociologie de Proudhon. Pour lui, Proudhon est un vrai sociologue,
parce que « la distinction entre la force collective et la somme des
forces individuelles est sa pensée fondamentale » (p. xvii). C'est écrit
avec assurance et chaleur, martelé de mots à effet, mais point du
— 43
tout démonstratif. Ce vohimo-ci, à la différence de ceux que M. Des-
jardins avait écrits, lui aussi i sur Pioudhon, ne fournira pas matière
à de véritables études. C'est trop écrit de chic. J. Rambaud.
THÉOLOGIE
i^a Sainte Trtnîté, Uriure* théologiques, par L. Berthé. Paris, Bloud,
i9ll, gr. in-8 de iu-218 p. — Prix: 5 fr.
Ce choix de lectures théologiques n'a pas de prétentions scienti-
fiques. 11 n'est pas dédié aux théologiens de profession, mais, comme
le dit Mgr d'Evreux dans la Préface, «prêtres et séminaristes y trou-
veront un utile complément du traité de la T. S. Trinité », qui sera
utile aussi aux laïques instruits. C'est une anthologie de textes de
l'Écriture, des Pères, de nos grands docteurs. Ces extraits, groupés en
chapitres suivant le plan classique du de Deo Trino, sont générakment
bien choisis et bien traduits. Les prêtres chargés d'un cours supérieur
de catéchisme, les prédicateurs, les directeurs de cercles d'étude,
dans nos grandes villes, sauront gré à M. le chanoine Berthé de les
avoir mis à même de rendre leurs instructions plus riches et plus
solides. H. Grs.
0|iera nioralia !K. Alplioiisi iTlariae de liigorio. Tlieologia
■norali», edilio nova ciirà el studio P. Leonardi Gaudé. Romae, ex
typo/raphia valicana, 19051912, 4 vol. in.4 de i.xiii 722, 785, tiVi et vii-
819 p , illustrés de chncuii 5 planche.". — l'rix ; 60 fr.
Ces importants volumes ne représentent certes pas toute l'œuvre
de saint i^lphonse de Liguori et ce serait rapetisser indignement
ce grand adversaire des influences jansénistes que de ne voir en lui
qu'un casuiste, en oubliant tout ce que lui a dû, tout ce que lui
doit encore, la piété catholique. Mais c'est précisément pour appren-
dre à soigner les âmes et à leur dispenser les sacrements qu'il
voulut étudier à fond toute la théologie morale, en un traité qui
lui coûta beaucoup de peine et d'ennuis, qu'il corrigea sans cesse
et dont il donna lui-même neuf éditions. On peut bien dire que
l'édition qu'en ofîrent aujourd'hui ses fils spirituels est incompara-
blement la meilleure. Elle est magistrale et définitive. Sans parler
de la netteté de l'impression, qui fait grand hoimeur à la typo-
graphie vaticane, le texte est établi avec une érudition et une
sûreté qui ne laissent rien à désirer. Toutes les citations, et elles
dépassent 70-000, ont été scrupuleusement vérifiées. Des notes très
abondantes présentent les compléments d'information ou les com-
mentaires les plus utiles. Le laborieux artisan de cette belle publi-
cation, celui qui, en 1905, avait offert à Pie X son premier volume,
le p. Léonard Gaudé, un rt'dtniptûiiste né dsrs le diccèEc de
Nancy en 1860, n'a pas vu son couronnement. 11 a été rappelé
par Dieu en août 1910, et le quatrième volume a été achevé par
ses confrères, spécialement par le R. P. Blanc. Nous ne pouvons
donner ici que les grandes divisions du traité de théologie morale :
Livre I^"^. De la règle des actes humains, conscience et lois; Livre II.
A quoi obligent les vertus théologales, foi, espérance, charité? Li-
vre III. Des préceptes du Décalogue et de l'Église; Livre IV. Des
préceptes particuliers à certains états, religieux, clercs, juges;
Livre V. De la manière de connaître et de discerner les péchés;
Livre VI. Des sacrements; Livre VII. Des censures ecclésiastiques
et des irrégularités. — On y a joint une Praxis conjessarii et un
Examen ordinandorum. Enfin, le quatrième volume contient deux
répertoires alphabétiques très bien rédigés et grâce auxquels le
clergé, auquel cet ouvrage est destiné, pourra très facilement s'en
servir. Baron Akgot des Rotours.
IVouYeaux mélanges oiatoires, par M. d'Hulst. T. X. Beiratla,.
Pari?, J. de Gigor 1, 191-2, in-8 de m o28 p. — Prix: 4 fr.
En même temps que le tome I de la Fi'e,dont il est question plus
loin , j'ai reçu le tome X des Nouveaux Mélanges oratoires de Mgr d'Hulst.
Il se rattache étroitement à la Vie, dont il nous donne, en plusieurs
points, les pièces justificatives, puisque c'est le prêtre, l'homme
d'œuvres, l'éducateur qui parle dans ces retraites prcchées devant
les auditoires les plus divers : jeunes gens, œuvres, étudiants, reli-
gieuses, prêtres, religieux, qui bénéficièrent tour à tour de cet infa-
tigable apostolat. Que de belles et bonnes choses dans ce nouveau
volume, où se trouvent entre autres les sermons de début, alors gue
le futur prélat, simpf'le acolyte ou sous diacre, évangélisait le peuple
de son village et lui distribuait la parole sainte ! Le premier sermon
est de 1862 : il a'vait vingt ans, et l'on amie à noter ces promesses
d'avenir. Je recommande volontiers ce v^olume de retraites et de
prédication apostolique. Il fera du bien. P. Talon.
SCIENCES ET ARTS
lie CoRur à l'école de la l»i ou delà lihre pensée, far J. Sfguibr.
Paris, Lecoffre, Gabalda, iniO, in 12 de xn-368 p. — Prix : 3 fr. 50.
Cet excellent livre comprend deux parties, la première: Le Cœur
humain; la seconde : Les Écoles du cœur humain. La première par-
tie envisage le cœur humain, ses besoins, ses aspirations, &es devoirs
dans les diverses situations ou circofistances privées ou publiques-
-«. 45 —
-de la vie : la vie de famille d'abord et la vie privée où, du berceau
à la tombe, sous la forme de l'éducation, du mariage, de la vo-
cation religieuse, enfin de la mort, qui est le couronnement de la
vie, s'affirment et se traduisent les diverses manifestations de la
vie morale, qui, toutes, ont leur cortège d'aspirations et de devoirs,
qu'il faut satisfaire ou remplir pour réaliser vraiment sa destinée.
Puis c'est la vie sociale avec les relations qu'elle établit: famille,
et école, ouvriers et patrons, entre lesquels l'entente et l'union
seraient faciles, si l'esprit de foi les rapprochait, alors que l'esprit
du monde ne fait que perpétuer entre eux les divisions, la jalousie
et la haine. C'est encore la vie sociale, mais particulièrement en-
visagée sous la forme des devoirs de charité, en un mot l'éternelle
question de la pauvreté; ici, l'auteur a beau jeu pour montrer que
nul n'a su comme l'Église résoudre ce problème insoluble à toutes
les méthodes humaines, et il rappelle les œuvres innombrables et
si bien adaptées aux situations les plus diverses qui sont, à chaque
époque, sorties du cœur de l'Église. Une vue d'ensenible pour finir
résume toutes -ces obligations et tous ces devoirs, et les sjaithétise
en un court programme de vie.
La seconde partie est comme la contre-partie de la première.
Elle montre que nulle école, ni l'école païenne, ni l'école de l'anti-
quité juive, si supérieure qu'elle soit à l'antiquité païenne, ni l'école
des temps nouveaux n'ont su résoudre qu'imparfaitement et parfois
singulièrement troubler tous ces problèmes du cœur. Ainsi apparaît
plus manifeste la nécessité de faire ici intervenir le Sauveur, les
préceptes chrétiens, les conseils évangéliques, la loi d'amour, les
.sanctions éternelles, l'Église enfin, à qui Notre -Seigneur a mis en
mains les moyens efficaces pour assurer l'accomplissement de sa
divine loi, loi de salut, loi d'amour, loi de paix. Ainsi l'auteur a
bien justifié sa conclusion : « Jésus-Christ demeure l'idéal du pro-
grés moral;- c'est à son école qu'on apprend le mieux à contenir
les passions humaines, à pratiquer les plus sublimes vertus ».
La première partie est surtout apologétique, la seconde plutôt
directive : elles se complètent admirablement et, ensemble, elles
réalisent vraiment un très bon livre. P. Tai.on.
L'Attilttile sociale cle«» ca<lioliques Sraiiçai» au Xl^*
sièele, par l'abbé Ch\-^lss Calippb. Paris, Blo\uj, IJII, 2 vol. in-16 de
vn[-27> et x-302 p. — Prix : 7 fr.
Le premier volume, qu'ouvre une Préface du comte Albert de
Mun, recueille, au sortir de la Révolution cle 1789 et pendant les
débuts du XIX® siècle, divers essais de synthèse sociale, empruntés à
des esprits de valeur inégale, et qui représentent, avec une très inégale
— 46 —
autorité, la pensée catholique de Joseph de Maistre et de Bonald à
Chateaubriand, à Alexis de Tocqueville et à Lamennais, en passant
par Ballancho, Bûchez et ses disciples, Bordas-DemouHn et François
Huet. Assemblage bien disparate. 11 aurait fallu une critique bien
méthodique et bien ferme pour en dégager un corps de doctrines, en
séparant nettement les sophismes à rejeter et les notions à retenir.
On sent, en lisant ces pages, tout spécialement celles consacrées à
Bûchez, à Bordas-Demoulin, à François Huet, combien facilement
cheminent côte à côte parcelles intéressantes de vérités et aberra-
tions ou chimères.
Le second volume a pour objet de montrer que les catholiques
libéraux n'ont pas versé dans ce libéralisme économique, qui est la
forme de libéralisme dont certains catholiques aujourd'hui ont sur-
tout à cœur de se désolidariser. Mais ces pages intéressantes mon-
trent bien davantage. Elles font apercevoir combien fut profonde la
sollicitude pour les souffrances des classes ouvrières, pour les misères
entraînées par l'introduction du machinisme et de la grande indus-
trie, chez les chefs de file, comme Lacordaire et Montalembert, chez
Gerbet, Foisset, Charles de Coux, Villeneuve-Bargemont, Armand de
Melun, serviteurs dévoués de l'Église et des travailleurs, chez Frédéric
Ozanam, qui ne fut pas seulement un incomparable apôtre de la
charité, mais qui croyait témoigner de la sincérité de son amour
pour le peuple par la ferveur de sa foi démocratique, chez Lamartine,
qui suit bien, en poète, le même mouvement d'idées. Sont un peu en
dehors de ce groupe Berryer, et surtout Balzac, le vigoureux roman-
cier dont les idées religieuses et sociales sont tout à fait en réaction
contre les idées révolutionnaires. Le livre se termine par un chapitre
consacré au Père Gratry, cet esprit généreux, travaillé de tant de
pensées d'avenir, croyant à l'harmonie des lois sociales et des lois
évangéliques. L'estime dans laquelle il tenait Frédéric Bastiat, et
dont je suis bien loin, quant à moi, de lui faire un grief, étonnerait
aujourd'hui bien des lecteurs. Baron Angot des Rotours.
lies Hroduits coloninux, par G. CJapus et D. Bois. Pars, CoUn, 1912,
in-18 de xvi-68~ p., avec 2o3 gravures et caries.— Prix, cartoDué:7 fr.
Au moment où s'achève le partage du monde entre les différentes
nations, il était opportun pour nous, Français, d'examiner de prés
la valeur des colonies que notre activité p'ilitique a su acquérir. Cet
examen, pour être véritablement utile, ne pouvait être fait que par
des hommes d'une compétence indiscutable, connaissant à fond les
théories livresques, et ayant constaté, de visu, leur mise en pra-
tique, leurs résultats aux colonies. Tel est, nous semble-t-il, le cas
— 47 —
de MM. Capus et Bois, coloniaux et professeurs à notre École colo-
niale. C'est dire avec quelle confiance nous pouvons suivre et mettre
à profit les informations mises à notre portée par les auteurs des
études sur l'origine, la production et le commerce des produits colo-
niaux, r »*',;
L'ouvrage se compose de trois parties consacrées aux règnes végétal,
animal et minéral. La première, de beaucoup la plus importante,
étudie les produits d'origine végétale; elle comprend, à elle seule,
plus de 500 pages, et c'est merveille de voir comment elles sont
remplies avec un juste sentiment de l'importance relative, économique,
commerciale, industrielle du végétal considéré. Ce sont de simples
mentions pour les produits secondaires, tels que les différents légumes
du jardin potager tropical, les divers fruits exotiques sans grande utili-
sation en dehors de leur lieu d'origine; des rappels concis, mais large-
ment suffisants et instructifs, lorsqu'il s'agit de cultures connues dans
la métropole : blé, vigne, olivier, chêne-liège; enfin de véritables mono-
graphies avec statistiques comparatives récentes (1900-1909) quand
il faut traiter de cultures plus exclusivement coloniales, riz, manioc,
bananier, dattier, caféier, théier, cacaoyer, poivre, cannelle, vanille,
cocotier, arachide, palmier à huile, sésame, canne à sucre, coton, jute,
ramie, alfa, indigotier, caoutchouc, opium, tabac, camphre. Sur cha-
cune de ces productions, les auteurs donnent des détails clairs et
précis relatifs à l'origine, la culture, la préparation, l'emploi et le
commerce, de telle sorte que l'ouvrage devient un vade-mecum indis-
pensable à tout colon. A signaler le souci d'exactitude et de pondé-
ration qui se manifeste en particulier par l'examen rigoureux des
conditions culturales, l'appel à l'établissement de jardins d'expérience,
l'étude des ennemis qui s'attaquent aux différentes cultures colo-
niales. Il faut encore remercier les auteurs de leur esprit d'initiative
qui trace à différentes reprises des chemins que les habitants des
colonies auront tout intérêt à parcourir : culture rémunératrice du
cacaoyer aux Antilles françaises, du thé dans l'Annam, le l^onkin,
à Madagascar et à la Nouvelle-Calédonie, du cannellier en Indo-Chine,
et aussi de leur sens pratique, positif, qui ne se laisse jamais emballer :
question du poivre en Indo-Chine; ce qu'il faut penser de l'engoue-
ment pour les plantations de caoutchouc, de la concurrence des pro-
duits naturels et des synthèses chimiques.
Le règne animal nous offre des études fort bien comprises sur la
soie, les plumes, livoire, les pêcheries et les divers élevages. Une troi-
sième partie passe en revue les richesses minérales de nos colonies.
Le volume édité avec le soin coutumier de la maison Colin, d'un
format commode, est fort abondamment et instructivement illustré
par des cartes et des gravures qui permettent de se faire une idée
— \s -
juste de la plupart des produits coloniaux. Ajoutons, en terminant,
que cet ouvrage remarquable est plus qu'un manuel, c'est une petite
encyclopédie qui réunit vme multitude de renseignements épars dans
de nombreux travaux, comme en témoigne l'importante bibliographie
de plus de 200 numéros placée à la suite de la Préface; il est d'aiUeurs
très facile de se reconnaître au milieu de ces riches informations et cela
grâce à l'ordre général du volume, grâce aussi à un index alphabé-
tique extrêmement détaillé et en trois caractères différents.
J.-B. ^Iartin.
Truite |trali(|ue An géologie, p/n- James Geikie ; Ira luit et arlaplé
de Touvrage anglais Struclurnl and Fitld Geo'oqy par Paul Lemoinb. Paris,
Hermann, l'JlO, gr. ia-S de x-4'dO p , avec 187 figures et 64 planches,
dont 2 en couleurs. — Prix : 15 fr.
Le volume, publié de l'autre côté de la M?nehe par le savant pro-
fesseur de l'Université d'Edimbourg sous le titre de Structural and
Field Geology, a très rapidement conquis une grande notoriété et est
devenu un ouvrage vraiment classique; aussi faut-il se réjoviir de voir
ce livre traduit en français et mis à la portée de tous ceux qui S3nt
dans l'impossibilité de recourir au texte original même. Ceux qui savent
l'anglais, tout en se reportant de temps à autre au livre dans lequel
M. James Geikie a débuté par faire connaître sa pensée, remercieront
également M. Paul Lemoine de la peine qu'il a prise en traduisant le
Structural and Field Geology, ou plutôt en l'adaptant aux exigences
du public français; ne lit-on pas, quelque familiarisé qu'on puisse
être avec une langue, mieux encore sa langue maternelle? Mais, si
soignée puisse-t-elle être, l'adaptation de M. Paul Lemoine ne pourra
pas .satisfaire tout le monde; elle élimine, en particulier, un certain
nombre de paragraphes spécialement relatifs à la géologie de l'Ecosse
dont on aimerait, parfois, à connaître les conclusions; elle change
un peu l'ordre des chapitres et la répartition des différents para-
graphes; elle contient des additions, placées poiu" la plupai't entre
crochets; ainsi modifie-t-elle quelque peu, et même assez profon-
dément, la forme même de l'ouvrage anglais. Sans doute n'en modifie-
t-elle pas le fond; M. Paul Lemoine, s'il a pris certaines libertés à
l'égard du texte de M. Geikie, en a scrupuleuseruent respecté les idées.
Il n'en est pas moins vrai que le travail du traducteur, s'il est très
méritoire et très utile pour un étudiant français, ne peut pas dispenser
celui qui veut citer Structural and Field Geology de recourir au texte
anglais; entre l'adaptation de M. Lemoine et la traduction de la Face
de la terre, publiée sous la direction de M. Emmanuel de Margerie,
aucune assimilation n'est possible. — Qu'on no prenne pas, d'ailleurs^
€ette constatation pour un blâme; tel qu'il est, le Traité pratique de
J
— 49 —
géologie, avec ses admirables illustrations dans le texte et hors texte,
avec ses figures schématiques dont M. Lemoine a ajouté' un certain
nombre, rendra de très réels services, et ne pourra être que consulté
avec fruit. Fx.
4'arnet (l'art, par Adolphe Boschot. Paàs, Bloii'1, 1911, in-16 de viii-
2Gi p. — Prix :3 fr. 50.
M. Adolphe Boschot est un critique musical qui sait écrire et qui
formule dans une langue distinguée d'originales sentences, non seu-
lement sur les musiciens, comme Beethoven, Mozart, Berlioz et Reyer,
mais sur des artistes et des lettrés tels que Courbet, Albert Diirer,
Stendhal. Brunetière figure, lui aussi, dans cette galerie. Impossible
de mieux peindre ce « petit homme noir, maigre, au dos voûté, au
binocle d'écaillé », dont « la voix, peu forte, très timbrée, un peu mé-
tallique » était si « caressante » et si « prenante » ! « Sa voix lui donnait
des ailes. » dit encore M. Boschot. — Comme c'est vrai ! 0. H.
LITTÉRATURE
la Pensée d'Édlouard Rod. Marceaux choisis publiés avec une
Préface par J. de Mestral Combremont. Paris, Perriu, 1911, iu-16 de
Lm-279 p., avec porlrail et autographe. — Prix: 3 fr. 50.
Edouard Rod fut un bon ouvrier de lettres, point artiste du tout,
ni poète, ni écrivain, mais qui fournit pendant trente ans sa clientèle
franco-suisse d'une loyale marchandise de romans et d'articles, où
il mettait à sa manière, qui était lourde, sans éclat ni relief, mais
assez sienne, des idées et des fictions sentimentales et romanesques
qui étaient de tout le monde. Or, comme ce protestant genevois, qui
dans la tour de Babel des livres avait perdu son Credo, et que la vie
de Paris et son métier de « gendelettre » avaient en quelque façon
rendu sceptique, était demeuré malgré tout spiritualiste, moralisant
et prêcheur, comme il était un brave homme, un père tendre, un ami
charmant, qu'il avait beaucoup de cœur et tout de même un peu
d'âme, il mêlait à ses amusettes, à ses histoires de j^assion et d'adul-
tère, des réflexions, sentences et moralités, qui leur donnaient un
caractère grave et valaient à son talent l'épithète homérique et
consacrée de pénétrant. C'est, sans doute, ce qui a insp-ré à un de ses
admirateurs de recueillir au travers de son œuvre sa « pensée » et
de nous la donner en fragments, aphorismes et maximes, réunis sous
les rubriques: MoraZe, Religion; L'Homme et la vie; La Femme, l'amour;
la Société; Art, Littérature, Éloquence... Hélas ! rien n'est plus fâcheux
pour la mémoire du pauvre Rod, qui ne fut pas du tout un penseur,
que ce livre où non seulement il est impossible de dégager des idées
JuiiLET 1912. T. CXXV. 4.
— 50 -
■un peu précises et qui se tierircnt, mais cù je n'ai pas trouvé une, une
seule page originale, haute ou pioi'tnde et qui vous donne le coup au
cœur ou vous j«tte au front un éclair; pas une pluase qui ait du trait.^
pas un mot de poète ou d'homme d'esprit. Lieux communs de bon
sens que rien ne relève, et beaucoup d'apophtegmes de circonstan-
ce contiadictoiacs, ci eux ou faux , beaucoup qui sont d'es lapalissades
(« Les criminels, les malfaiteurs,. les honnêtes gens, ce sont seulcriient
des hommes qui ont commis des crimes et des méfaits et d'auties- qui
s'en sont abstenus.» — <(L'amour n'est-il donc que le besoin d'aimer?»...)
ou même de pures niaiseries : « Aimer n'est- il pas le mot le plus riche
de la langue?... » — « Rien n'est définitif en, ce mondée excepté l'éternel
devenir ». — Rod, à la veille de sa mort, écrivait sagement (p. m) que
la plupart de ses livres se rangeaient dans « la quantité des choses-
inutiles ». Gabriel Audlvt.
Ciiai*!c« di^riu, par A. de Bbrsaucourt. Paris, Gaillard, 191'2, in-16'
de viii-iiiS p. — Prix : 3 fr. 30.
liUtais Merfîer, par le même. Paris, Jauve, 1912, in-!G de 13'< p. —
Prix : 2 fr.
M. A. de Bersaucourt nous donne sur le poète Charles Guérin une
étude consciencieuse, fouillée, un peu longue et artificiellement métho-
dique — (nature, amour, art, orgueil stoïque, vains désirs de vie
active et d'un foyer peuplé d'enfants, inquiétude de Dieu), — d'une
admiration trop complaisante aussi, mais qui n'est ni sans finesse ni
sans justesse. Charles Guérin, pour trois volumes élégiaquc&,i« iSe/WÊwr
de cendres, le Cœur solitaire, l'Homme intérieur, un peu monocordes^
niais très pénétrants, a été, après Albert Samain, le favori de la
jeunesse, autour de 1900. Sa mort à trente-trois ans, en 1907, a
consommé sa gloire et il est vrai que son inspiration est d'une
sincérité poignante, que sa pensée et son verbe portent les traces
d'une rare, distinction. Encore est-il que cette inspiration est singu-
lièrement trouble, et que son style traîne en ses meilleurs poèmes et
bien des nonchalances et bien des préciosités, restes du décadontisme
symboliste dans lequel il avait donné en plein, à sesi débuts. M. de
Bersaucourt explique son « pessimisme » par un dédoublement entre
sa sensibilité avide de jouir et un. perpétuel souci d'analyse qui le
voue au dégoût de tout. La vérité sans doute est bien plus simple :
sans oser le classer, par respect pour la noblesse de son âme, parmi
ceujc que Veuillot en, son vert langage appelait les» « paillards mélan-
coliques », il faut dire qu'élevé religieusement, faisant probablement
par sa conduite irrégulière et décousue le désesf>ûir de sa famille,
chrétienne, engagé dans un. amour coupable et sans joie, avec riendezr-
vous furtifs, longues séparations, jalousie et tout ce qui est le fruit
r
ordinaire de ces tristes aventures, il souffrit, il fut empoisonné par
l'incurable tristesse de se sentir dévoyé, hors de l'ordre, d'avoir une
vie stérile et gâchée. De là sa neurasthénie, la perpétuelle inquié-
tude qui en faisait un vagabond de corps et d'âme, une infinie dé-
tresse faite de désirs impuissants, de doutes, d'angoisses et de
remords. Du moins, et c'est ce qui fait sa noblesse, il eut la nostalgie
du Dieu perdu et quelquefois maudit; et ce sentiment, épars dans
toute son œuvre, devint, à mesure que la maladie physique et le
malaise moral le torturaient davantage, de plus en plus fort^ de moins
en moins chargé de doutes et de blasphèmes.
Je veux, quand le moment viendra, mourir aux pieds
Du Crucifix qui m'a vu naître,
écrivait-il le 14 mars 1905, et cet effort religieux, qui lui valut de
mourir chrétiennement deux ans après, ennoblit son œuvre, comme
V Espoir en Dieu celle du pauvre Musset.
— Louis Mercier est un poète d'une autre envergure de vol, et
d'une autre richesse de pensée que Ch. Guérin. Je ne suis pas peu
fier — quoiqu'il n'y ait pas grand mérite à voir, quand elle vous
inonde les yeux, la lumière — d'avoir été un des premiers à pro-
clamer, il y a quelque dix ans, le talent tout à fait hors de pair et
vrairiient « génial », en quelques-unes de ses inspirations, de l'auteur,
trop effacé par sa vie provinciale, des Voix de la terre et du temps^
du Poème de la Maison^ de Lazare le Ressuscité etdePonce-Pilate.
Et celui-là est un vrai chrétien et l'a toujours été; certaines
pièces (du premier recueil, l'Enchantée^ surtout) qui ont comme une
odeur de péch"^, et qui expriment fortement la hantise de la femme,
peuvent prouver la puissance de la tentation ou même certains
égarements; mais sur tout cela le flambeau de la foi brille et de plus
en plus pur... M. de Bersaucourt, avec le même ordre un peu lent,
et les mêmes digressions parfois un peu longues sur un des points
déjà connus d'histoire littéraire générale, comme le symbolisme, a
très exactement, après une esquisse de la biographie de Mercier et
une minutieuse étude de son livre de début, analysé et caracté-
risé en lui le poète de la nature et de la vie rurale; — le pessimiste
qui a si profondément senti et si fortement exprimé toutes les
irrémédiables détresses de la vie humaine; — et puis le chrétien qui,
du fond de toutes ces détresses, crie vers Dieu, et évoque sa présence
à travers tous les spectacles de la terre, et toutes les méditations
de son rêve... Or, pour mon goût, j'aimerais peut-être quelque chose
de plus synthétique, et de plus originalement vigoureux. Mais telle
quelle la monographie de M. de Bersaucourt, claire, méthodique,
riche de beaucoup de citations et qui a su profiter des études et
articles antérieurs, est sans nul dcute ce qui peut le mieux laire con-
naître à cette heure l'œuvre de Louis Mercier. Gabriel Audiat.
Ain&tlée 9»i*«uvost. par G. Lhgignk. Paris, Grasset, 191% in-16de261 p.
^ — Prix: ;! fr. 50.
A. Prouvost fut ce qu'on appelle un esprit, un poète distingué. Pas
un très fort tempérament d'artiste ; mais ce qu'il écrivait était artis-
tement ouvragé, délicat et noble, et dans son Poème du travail et du
/•écc(i904), en mettant en fins sonnets et en tableautins léchés la vie
roubaisienne dans laquelle il trempait à plein, les ateliers, les métiers,
les balles de laine, il trouva, comme c'est la loi, l'oiiginalité à force
d"être sincère et « de son terroir». Je l'avais ainsi jugé sans le connaître
autrement que par ses livres, et je crois bien qu'il ne se serait guère
élevé plus haut. Le dilettexte des Sonates au clair de lune eût peut-être
même étouffé à demi sous ses frondaisons de vigne folle le poète per-
sonnel du Noid dont il n'y avait en lui, je le crains, que la moitié de
l'étoffe nécessaire. Peut-être aussi, quoiqu'il se sentît épuisé après son
troisième volume et ne voulût plus écrire, la vie avec ses épreuves, sa
triple vie de chef de famille, de chef d'usine, d'homme d'action sociale
et d'apôtre, aurait tiré de son âme qui était aimante, belle et chré-
tienne, des poèmes de tendresse, de pitié, de bonté qui l'eussent mis
nettement à la tête de cette intéressante pléiade du Beffroi dont il fut
comme le du Bellay. Et les vers inédits que, jusqu'à la dernière heure
de son agonie, distilla sa souffrance sont, en effet, très émouvants et
quelquefois très beaux. Mais il est mort à trente-deux "ans; et son
œuvre fait, comme sa vie, l'effet d'un marbre inachevé. Pourtant
comme ce patricien, très amateur d'art, de littérature et de rêve,
« fanatique des couleurs, des lumières, de la musique », et en même
temps patron laborieux par devoir et soucieux des humbles, était
déjà une figure, comme avec l'histoire très édifiante de ses origines
et de sa famille, avec ses voyages en Afrique, en Orient, en Allemagne,
et le journal qu'il en tint, ou les lettres qu'il en écrivit, avec ses ma-
nuscrits, ses fantaisies et gaietés d'humoriste intime, avec ses sept
sœurs, son gentil ménage, ses amitiés, avec ses souffrances et sa mort,
il y avait de quoi faire un joli et attachant poème en prose, il ne me
paraît pas du tout excessif que le doyen de la Faculté libre de Lille,
M. l'abbé Lecigne,lui ait dressé ce monument, de proportions exactes,
de lignes élégantes, tout festonné de citations qui le justifient et de
traits charmants. Gabriel Audiat.
li'F.Tolutieia mof aie «1«* l^œllic. L^s Années de libre formalion, il'<9-
il'j.'t, par II. LoiSKAU. P; lis, Alcai), 1911, gr.in-8de xvi-811 p.- Prix : 15fr.
Enfin, nous avons nous aussi une biographie morale de Gœthe, et
nous ne sommes plus obligés de nous traîner à la remorque des
Anglais ou des Allemands. Mais pourquoi refaire, dira-t-on, ce que
Lewes chez les Anglais, Duntzer, Bielchowsky, Baumgartner et
tant d'autres chez les Allemands ont si bien fait ! C'est que préci-
sément, malgré les travaux des Bossert et des Mézières, nous n'avions
jusqu'ici qu'une image indécise et flottante de Gœthe. Les uns le
regardent comme le pontife du dilettantisme allemand, comme un
Olympien égoïste, impassible, comme le Talleyrand de l'art. Les
autres prétendent qu'il fut et qu'il est encore un des plus grands
maîtres d'énergie morale et un type achevé d'humanité. Chose étrange !
Ces jugements contradictoires sont également justes, le tout est de
montrer comment ces antithèses viennent se fondre dans la syn-
thèse de l'homme moral. C'est là précisément la nouveauté de ce tra-
vail. M. Loiseau se propose en effet d'étudier l'évolution morale de
Gœthe à travers toute sa carrière. Pour le moment, il ne donne
que la première partie de ce grand ouvrage, c'est-à-dire la période
de la vie de Gœthe qui s'étend de 1749 à 1794, de sa naissance
jusqu'à sa liaison avec Schiller, mais il nous promet une suite pro-
chaine à cette belle étude. Son but est de montrer que Gœthe s'est
élevé, par une lente et pénible ascension, des abîmes obscurs de l'in-
dividualisme le plus fougueux aux régions sereines de la pureté,
s'efforçant de monter toujours plus haut « la pyramide de son
existence ». C'est une tentative hardie, et il y faut une belle au-
dace. Que Gœthe ait monté toujours plus haut « la pyramide de
son existence », tout le monde en conviendra volontiers, mais que sa
moralité ait grandi dans la même proportion, jusqu'à atteindre les
régions sereines de la pureté, ce sera plus difficile à établir, A ne
consulter que ses œuvres, sa correspondance et ses mémoires, c'est-à-
dire à n'écouter que le témoignage personnel de l'homme sur l'homme,
on serait presque tenté de croire que Gœthe a en effet réalisé cet
idéal; mais à côté de ce témoignage personnel, entaché souvent de
complaisance, si ce n'est d'admiration, il y a le témoignage indé-
pendant et souverain des faits et de la vie, qui est parfois en
contradiction avec le premier. Or, j'ai peur que l'auteur n'ait écouté
trop volontiers le témoignage personnel de Gœthe sur lui-même :
« C'est aux documents, où nous trouvons l'écho le plus direct et le
moins affaibli de sa pensée, dit-il, c'est à ses Mémoires, à ses
journaux, à sa correspondance surtout, que nous avons puisé de
préférence nos renseignements ». L'auteur a abordé cette étude,
dit-il encore, avec « l'unique souci de laisser agir sur lui la propre
parole de Gœthe, et il s'est efforcé loyalement de l'interpréter
sans aucun parti pris de quelque nature qu'il fût. » Assurément, on
ne saurait nier la sincérité de Gœthe dans ses Mémoires, et, sans aller
— 54 —
jusqu'à dire qu'ils sont moitié vérité et moitié poésie, il ne faut pas
oublier cependant que Gœthe a écrit Vérité et Poésie, à soixante ans,
et si à cet âge les souvenirs ne manquent pas toujours d€ précision,
il faut avouer cependant qu'ils sont éclairés différemment. Le même
paysage revêt un autre aspect aux premiers feux de l'aurore et aux
derniers rayons du soleil couchant. D'ailleurs, les auteurs de Mé-
moires prennent malgré eux une attitude devant la postérité; et
je les comparerais volontiers aux gens qui se regardent dans une
glace. Par le fait même qu'ils se mirent, fis sont tout près de s'admi-
rer, et leur visage prend une expression spéciale, qui n'est pas l'ex-
pression naturelle d'avant on d'après.
Nous regrettons de ne pouvoir suivre avec M. Loiseau l'évolution
morale de Gœthe depuis le moment où il renonce à l'égoïsme génial
de la Sturm- und Drangperiode, jusqu'au moment on il reconnaît les
limitations de la loi, après son retour d'Italie. Nous espérons que
l'auteur nons donnera bientôt la suite de cette belle étude, et qu'il
nous montrera Gœthe, arrivant, dans la dernière période de sa vie, aux
régions sereines de la sagesse. Méthode logique, clarté de l'exposi-
tion, franchise de la langue et du style, voilà les qualités maîtresses
et bien françaises qui recommandent cet ouvrage aux lettrés; nous
nous plaisons à en féliciter l'auteur et souhaitons qu'il parcoure jus-
qu'au bout sa brillante carrière. L. Mensch.
HISTOIRE
'I/lle de S«rk. 'Un État féodal an JLJL* 8ièel«, par Louis Sâ-
LOSSB. Lille, R. Giard, 1911, in-8 de 3^4 p. — Prix : 5 Ir.
Le voyageur que le steamer du « London and South Western Rail-
way » transporte de Saint-Hélier (Jersey) à Saint- Pierre- Port (Guer-
nesey) ne peut s'empêcher de remarquer, à tribord, de sombres falaises
abruptes que la mer enserre de toutes parts. A quelle île appartier>-
nent ces falaises? A l'Ile de Serk, « le plus merveilleux poème de
pierre qui surgisse à la surface des eaux », « la perle des îles du Canal ».
Ce petit territoire de six kilomètres de longueur sur dix-huit -cents
mètres de largeur, peuplé de cinq cents âmes, est divisé en deux por-
tions inégales, le Grand et le Petit Serk, rattachées entre elles par nn
isthme : « laGcmpéei) longue de 180 mètres, large à pein« de deox,
sans cesse battue par la mer qu'elle domine de plus de 300 pied*
d'élévation; ajoutons que ce rempart ne s'abaisse nulle part et qu'il
a fallu le percer par un tunnel pour offrir aux visiteurs un accès com-
mode. Si nous entrons dans l'île, il ne nous est pas seulement donné
de visiter de délicieux vallons. Nous apprenons que la population est
soumise à un Tégime politique partout ailleurs disparu. Un véritable
•« seigneur «s'y rencontre, avec les mêmes prérogatives féodales que "se»
ancêtres du xvi^. N'est-ce pas là un trait curieux?
Un érudit, M. Louis Selosse, a voulu rechercher si vraiment la
féodalité avait trouvé dans Serk un derni'cr refuge. Après avoir étudié
l'histoire de l'île, notre jurisconsulte se trouve obligé de conclure
que Serk jouit aujourd'hui de la même indépendance et des mêmes
privilèges qu'autrefois. Serk a réussi à maintenir, dans les limites de se»
frontières depuis le xvi® siècle, ce fait caractéristique de tout régime
féodal, la prééminence de la propriété foncière. La possession de la
terre, voilà la source des droits et des obligations de ses habitants,
voilà d'où le seigneur tire ses devoirs vis-à-vis de la Couronne et ses
prérogatives à l'égard d^ ses vassaux; voilà où le sénéchal puise sa
qualité de juge unique et ses pouvoirs de juridiction; telle est, enfin,
l'origine des attributions législatives <et dos mandats de députés
qu'exercent les « tenants ». C'est pour protéger plus efficacement
la possession de la terre qu'ont été édictées ces règles exorbitantes
du droit commun, de l'indivisibilité des héritages et du droit absola
d'aînesse. Contre cette force séculaire sont venues se briser, impuis-
santes, les idées de suffrage universel ou même censitaire, partout
ailleurs triomphantes. Oscar Ha.va.ho.
Roliert F'' et Raoul «le IBoiirgOfçne, rot« de France (0°23>-
OâHj, par Ph. Laubr. Paris, Chaiu[noQ, 1910, gr. in-8 de iv-117 p. —
Piix: 4 fr.
Iie!« Comiiiiiiies irançnii^es à l'époque de» Capétiens directs,
par Achille Luchaire. Nouvel'e edliion, revue et augmentée d'une
lutroduction par Louis Halphen. Paris, Haciielte, 191 1, gr. in 8 de
■XVi-299 p. — Prix: 7 fr. 50.
Le regretté Arthur Giry avait entrepris, avec la collaboration de
ses élèves de l'Ecole des Hautes-Études, une série d'études historiques
intitulées : Annales de Vhistùire de France à l'époque carolingienne,
qui a donné lieu à des ouvrages très importants, parmi lesquels le
livre sur Ch/irles le Simple, de M. Eckel, et celui de M. Ph. Lauer:
Le Règne de Louis IV d'Outremer. Une lacune, dans l'ordre chrono-
logique, subsistait entre ces deux ouvrages. C'est elle que vient de
■combler M. Lauer lui-même, en consacrant l'une de ses deux thèses
pour le doctorat es lettres au récit exact et détaillé, d'après les textes
•originaux et les plus récents travaux de l'érudition «n France et en
Allemagne, des règnes successifs de Robert I^^ et Raoul de Bourgogne,
rois de Frwice, c'est-à-dire de la période comprise entre l'année 923
•et l'année 936. H y a mis le soin et le talent dont avaient témoigné
déjà ses travaux antérieurs. Quoique imprimée dès 1910, la thèse n'a
été soutenue et par conséquent i'ovivrage n'a paru qu'en 1912. Il est
divisé en six chapitres : I. Robert, duc de France, et Raoul, duc de
Bourgogne. II. Les Élections de Robert et de Raoul. III. La Captivité
de Charles le Simple, la guerre normande et la perte de la Lorraine.
IV. La Lutte contre Herbert de Vermandois. Première période. V. La
Lutte contre Herbert de Vermandois après la mort de Charles le
Simple. VI. La Fin du règne. L'auteur a ensuite résumé le résultat
de ses recherches en une Conclusion, publié en Appendice des « frag-
ments inédits de l'Anonyme de Laon, concernant Herbert II, comte
de Vermandois», et très louablement couronné le tout par une bonne
Table analytique.
— L'ouvrage du regretté Achille Luchaire : Les Commufies françaises
à l'époque des Capétiens directs, publié en 1890, méritait certainement
l'édition nouvelle qui vient d'en être donnée par M. Louis Halphen.
L'éditeur y a fait quelques retouches et y a surtout joint une intéres-
sante Introduction, où il énumère les travaux plus récents sur le même
sujet et les données nouvelles qui en résultent, principalement en ce
qui concerne les origines du mouvement communal. Tout cela,
il faut le dire, est encore sujet à recherches et à discussions. Ni le&
travaux dont il s'agit, ni, à plus forte raison, le livre de Luchaire,
intéressant, indispensable même comme mémoire à consulter, ne
doivent être acceptés, sur des points de grave importance, comme
le jugement certain et définitif de l'histoire. L'auteur, au temps sur-
tout où il publia ce livre, n'était, certes, pas exempt de préjugés de
nature à influer sur sa façon de voir et de présenter les faits, notam-
ment quand l'Eglise était en cause. M. S.
li» Cour «le Pliilipiie IV et la décadence de l'E«giagno
(1691-I065), par Martin [Iume; irad. de l'anglais par J. Condamin
el P. Bonnet. Paris, Perrln, 19:2, ia-8 d»i ix-512 p., avec 6 porlraiis. —
Prix : 7 /r. 5i).
L'auteur est professeur à l'Université de Cambridge ; mais il n'a
pas voulu faire œuvre d'historien, il s'est contenté du rôle de chroni-
queur. Et c'est une série de tableaux de la vie et de l'entourage
de Philippe IV, « le monarque au long visage étrange et tragique,
que le plus grand portraitiste de tous les siècles a peint avec une
impitoyable fidélité », qu'il a voulu présenter, en mettant en œu-
vre quelques récits « de première main «.
M. Martin Hume a réussi, en ce sens que son livre est plein d'anec-
dotes, de petits incidents, presque d'aventures légères. Les grands
aspects du règne, l'intervention de l'Espagne en Europe, les guerres
heureuses et malheureuses sont laissés de côté sous prétexte que
John Dunlop les avait traités, il y a trois quarts de siècle, dans « un
ouvrage suranné ». Au demeurant, le livre très touffu, assez humo-
ristique par endroits, est conçu dans un esprit de dénigrement per-
I
— 57 —
pétuel de la vieille monarchie espagnole et de son étiquette aussi
« surannée ».
A coup sûr, Philippe IV, malgré quelques moments brillants d'un
règne de quarante- quatre ans, ne fut pas un homme remarquable.
Il avait dans le caractère des faiblesses inouïes et des défauts presque
enfantins; mais il ne manquait pas de courage et se souciait de
ses devoirs de roi. Qu'il ait abandonné trop longtemps la conduite
des affaires à un grand seigneur intrigant, le comte duc d'Olivarès;
qu'après quelques années d'efforts durant lesquelles il fut très aidé
par sa première femme, il soit retombé sous le joug d'autres favoris :
ce fut, pendant deux ou trois siècles, l'habitude en Espagne, et les
meilleurs rois n'en ont point été exempts. Mais on ne saurait dire que
le gouvernement de Philippe IV fut l'application « irrévocablement
fixée d'avance » du système de saint Dominique, « cet allumeur d'in-
cendies, ce destructeur des hérésies, ce fondateur de la Sainte Inqui-
sition, qui, en un temps où le fer et la flamme pouvaient seuls
parvenir à unifier la chrétienté, se donna pour mission d'opérer cette
unité. )) L'observation serait plus juste, si on l'appliquait à Phi-
lippe II : son petit-fils, tout aussi dévot que lui et tout aussi débau-
ché, ne fut ni despote, ni cruel. On ne peut pas dire non plus qu'il
précipita la décadence de l'Espagne. Personne ne protégea mieux que
lui les arts, les belles constructions, les fêtes somptueuses. Faire pros-
pérer l'agriculture et l'industrie chez un peuple qui a peu de besoins
et qui est assez rebelle au travail n'est pas chose facile; et au fond
on pourrait se demander si ce qu'on appelle la décadence de l'Espagne
n'est pas un état normal que les progrès des temps peuvent seuls
améliorer.
Le côté le plus curieux du livre de M. Hume est celui où il analyse
les diverses influences ayant agi sur l'esprit de Philippe IV: ses
femmes d'abord, si différentes l'une de l'autre, et dont la seconde
avait le grand inconvénient d'être une jeune Autrichienne sans expé-
rience et sa propre nièce, — ce que l'auteur appelle très impropre-
ment un mariage incestueux; — puis, une religieuse très recom-
mandable, Marie d'Agréda, qui entretenait avec le Roi une corres-
pondance fréquente et dont les réponses sont de vraies lettres
de direction. Le côté mystique de l'histoire espagnole apparaît ainsi
très évident et pouvant expliquer bien des choses.
G. Baguenault de Puchesse.
Révolutionuaires et terD*ori8te)i< du «lé|»arAeineiit de
l'irîèjçe, par P. db Gastbras. Paris, Ghatnpion, 1911, iti-8 de xiv-3i9 p.
- P.ix : 4 fr.
Quand M. de Casteras publia, il y atrente-cinq ans, son /fi^^oire de la
— 53 —
Réi'oUition dans le pays de FoixetdansVAriège{PRTh,Thorin),i\éta.it
l'un des premiers à avoir compris que l'histoire révolutionnaire ne
serait renouvelée que grâce aux études d'histoire locale. Il fallait
renoncer aux généralisations vagues et tendancieuses et entreprendre
des monographies départementales ou diocésaines dont la réunion
formerait \in jour les éléments d'une synthèse vraiment scientifique.
Le travail était déconcertant par son immensité; il fallait autant
-de patience que de modestie pour se lancer dans des recherches minu-
tieuses dont le retentissement ne devait pas dépasser le cercle de
quelque académie provinciale. Certes, le monument serait grandiose,
mais combien obscure la tâche des hommes consciencieux qui auraient
à en tailler les pierres !
Aujourd'hui, le classement des dépôts des documents publics est
■en voie d'achèvement; on rencontre partout des archivistes qui
■semblent heureux de mettre leur inépuisable érudition au service
des chercheurs. 11 n'en a pas toujours été ainsi ! les archives locales
n'étaient souvent que des amoncellements de paperasses poussiéreuses;
il fallait affronter la mauvaise humeur de cerbères qui n'aimaient pas
à être dérangés dans leurs travaux personnels et auprès desquels
l'habit ecclésiastique n'était pas toujours une recommandation. Tout
cela est bien loin ! mais il faut savoir un gré infini aux savants eou-
rageux qui, les premiers, se sont aventurés dans la forêt vierge et qui
ont tracé les sentiers où d'autres ont passé librement.
M. de Casteras est l'un de ces pionniers et c'est son honneur. On ne
peut dire que son premier essai ait été irréprochable, mais c'est
grâce à son initiative que d'autres ont marché et maintenant nous
sommes renseignc's, plus ou moins parfaitement, sur l'histoire poli-
tique et religieuse de la Révolution dans près de la moitié des dépar-
tements français.
J-eune avocat en 1876, M. de Casteras est devenu conseiller à la
cour de Toulouse, et, dans un nouveau volume, il résume à grands
traits l'histoire des principaux acteurs du drame révolutionnaire dans
le département de l'Ariège. Le plus en vue, de beaucoup, est le con-
ventionnel Vadier. L'auteur nous le présente sans parti pris, sans
indulgence et sans animosité, comme il convient à un magistrat,
plusieurs personnages ecclésiastiques sont mêlés à ces événements
et j'ai été surpris de ne pas trouver le savant écrivain aussi au courant
que je l'espérais des choses d'église. Quand il nous parle de Bernard
Font, l'évêque constitutionnel de l'Ariège, il dit : « il reçut l'investi-
ture sacerdotale par le ministère de l'abbé Sermet..., métropolitain
du Sud, de Toulouse ». « Investiture sacerdotale « n'a jamais été
synonyme de « consécration épiscopale »; Sermet n'était pas abbé,
mais religieux carme ; il était évêque constitutionnel du département
— 59 —
de la Haute- Garonne et métropolitain du Sud, en résidence à Tou-
louse.
Le fameux Lakanal, vicaire épiscopal de Font, n'était pas orato-
rien, comme il est dit p. 308, mais doctrinaire, et M. de Casteras le sait,,
puiscpiil le dit p. 247; les deux congrégations sont assez connues
pour qu'il n'y ait pas à les confondre. Il est insinué (p. 191) que
Lakanal était non le neveu, mais le fils de Font; c'est là une grosse mé-
disance qui demanderait à être appuyée de quelque commencement
de preuve. Enfin, je ne saurais accepter ce qui est rapporté (p. 196
■et 197) sur le prétendu mariage de Font. Cet évêque vécut et mourut,
hélas ! dans le schisme; il fut l'ami, le représentant, le correspondant
assidu de Grégoire, et c'est précisément pour cela que je vois l'impos-
sibilité de son mariage, car Grégoire était intraitable sur ce point et il
•eût rompu toute relation avec un confrère qui se fûtmarié.En matière
aussi grave, il faudrait d'autres arguments qu'un passage de Thiers,
qui ne prouve rien. Que M. de Casteras nous dise où il a vu l'acte du
mariage de B. Font avec Marianne Durand. M. Gazier, dépositaire
de la correspondance de Font avec Grégoire, a crié à l'invraisemblance
quand je l'ai consulté et je partage absolument son avis.
Ces observations, que j'aurais pu développer encore, m'empêchent
de donner une approbation sans réserves à un ouvrage au:x mérites
duquel je ne puis d'ailleurs que rendre hommage. P. Pisani.
•^a Jeunesse de F'atal-Lotiis Coiia*ler. Étude anecdolique et cri-
tique SU7' sa vie et ses œutyres, de 1772 à iSI2. d'après des documents inédit»,
par Robert Gaschet. Paris, Hachette, 1011, iii-8 de vii-518 p., avec un
portrait. — Prix : 7 fr. 50.
Admirateur sineère et passionné du talent littéraire de Paul- Louis
Courier, M. Robert Gaschet, pour le dire, manifeste ses propres
qualités et ses défauts. Ses qualités sont un vif désir d impartialité, un
profond sentiment des convenances,, un zèle très louable de recher-
ches, de vérifications et d^examen critique des documents originaux.
Les défauts, qui viennent en partie de ces qualités, consistent à tom-
ber dans les redites, à se perdre dans les longueurs et à attacher un
prix superflu à des détails souvent sans importance; enfin, et ceci
surprend, malgré son commerce assidu avec Courier dont le style est
■alerte, prompt, incisif et primesautier, d'une correction classique
toute française, M. Gasohet emploie une langue pesante, lourde et
vieillotte où certains préjugés « 1830 » (par exemple, p. 34) s'éta-
lent avec une niaiserie de forme digne de la naïveté du fond.
Jamais encore, sans doute, l'existence de Paul-Louis Courier n'avait
été précisée avec ce soin. L'auteur suit son enfance en Touraine, son
adolescence à l'École de Châlons, ses premières garnisons à Thionvill^,
— GO —
Mayence, Toulouse, Rennes, Strasbourg; ses séjours en Italie comme
capitaine et chef de bataillon d'artillerie; à Rome, Plaisance, Na-
ples, dans la Calabre, à Florence, à Rome encore, jusqu'en 1813, où
il revient en France. Ses travaux littéraires, ses goûts, ses études sont
analysés avec soin; ses aventures, contées sans autre souci que celui
de la vérité, et malgré son admiration pour son « héros », très loya-
lement M. Gaschet expose toutes ses faiblesses de caractère, toutes
ses défaillances de conduite. Il convient de retenir que ce grand en-
nemi des rois et des prêtres, de la religion et de l'autorité, ce pour-
fendeur de scandales imaginaires, ce pamphlétaire haineux de la
Restauration naquit enfant naturel et mourut assassiné par l'amant
de sa femme; que cet officier fut quatre fois déserteur au siège de
Mayence, à Toulouse, à Rome et la veille de Wagram; que ce « pa-
triote libéral » écrivait que la patrie est là où l'on se trouve bien ;
que cet « honnête homme » fut partout et toujours un coureur de
filles, que son avarice égalait sa malpropreté, qu'il volait des livres
dans les bibliothèques et emportait quand il le pouvait des manus-
crits (à Parme notamment, p. 196). Toutes ces vilaines actions peu-
vent se déguiser sous l'ironie d'un esprit mordant et cultivé; elles
n'en caractérisent pas moins l'homme et vengent bien les « curés »,
les gentilshommes et les royalistes qu'il a prétendu attaquer. La
célèbre histoire de la « tache d'encre » faite par lui au manuscrit de
Longus à la bibliothèque de Florence, en 1810, est exposée dans les
plus amples détails par M. Gaschet; il en résulte incontestable-
ment que Courier eut le mérite de découvrir un passage inconnu du
texte grec et commit la vilenie de le maculer, puis de mentir et de
calomnier et d'insulter autrui. Cette aventure peint au vif le person-
nage : culture littéraire et inconscience de toute moralité. G.
Un Ami de Fourlié, «l'aprés les IVIémaires de Craillard,
ancien oraloriea, vie '-pré nient du Corps législatif, conseiller en Cassation,
par le baron Dsspatys. Pari*, Plon-N )urrit, 1911, i'i-8 de xv-ieO p.,
avec portrait. — Prix : 7 fr. fiO.
Gaillard, ancien oratorien, vice-président du Corps législatif sous
le premier Empire, conseiller à la Cour d'appel de Paris, puis à la
Cour de cassation (pourquoi dans ce livre est-il appelé : « conseiller
efi Cassation »?), Gaillard doit sa célébrité relative à ses relations
constantes avec Fouché.ll en fut le «confident »,dit très bien M.Made-
lin, dans la Préface qu'il a écrite pour présenter ce volume de M. le
baron Despatys; préface rédigée avec humour, rondeur et science
parfaite du sujet. Après avoiràdiversesrepriscsaidéFouché àdétruire
des pièces importantes sans doute, compromettantes certainement, de
son « portefeuille », Gaillard laissa des « notes » nombreuses sur la
— 61 — .
vie de son ami et protecteur. Ces documents manuscrits, utilisés
déjà par M. Madelin et conserves par l'arrière petite-fille du conseiller,
ont été communiqués à M. Despatys. Celui-ci en a composé un premier
volume relatif aux événements de la Révolution; il en tire un second
— que voici — où sont relatés les épisodes de la carrière du ministre
de la police depuis le Consulat jusqu'à sa mort. La lecture s"en pour-
suit comme en un roman plein de péripéties palpitantes, tant est
incroyable, féconde en ruses et en anomalies, la vie de « Fouché, duc
d'Otrante, ancien confrère de l'Oratoire, conventionnel, régicide,
ambassadeur, sénateur, gouverneur de Rome et de l'Ulyrie, pair de
France, député, trois fois ministre chargé de la sécurité de l'État, le
génie, comme le démon de l'intrigue, l'incarnation de la police ». Si
l'on en croit une note de la page 448, les révélations du manuscrit de
Gaillard ne sont pas closes et M. Despatys nous donnera une vue
d'ensemble de la carrière de l'ami de Fouché. Déjà il fait précéder les
chapitres du livre dont nous parlons ici d'une notice générale sur
les « Deux Oratoriens » avant de raconter les événements dont ils
furent conjointement les héros de 1800 à 1820.
En louant M. le baron Despatys de la mise au point impartiale qu'il
a faite de ces papiers curieux, où l'on trouve une foule de détails
relatifs aux dessous de l'histoire, il est permis démontrer moins d'in-
dulgence qu'il n'en accorde au « caractère » de Gaillard; il le '^décore
de vertus chrétiennes dont l'éclat paraît vraiment exagéré; il en fait
un apôtre qui, toute sa vie, s'efforce de « ramener Fouché au bien ».
Que de déceptions dût éprouver ce pauvre homme !
Quelques rectifications à faire : le Père Caselli, qui travailla au
Concordat de 1801, avait été général des servites, et non pas des
jésuites (p. 78); le médecin Hallay est mis certainement pour le doc-
teur Halle (p. 227). En parlant du sénateur Clément de Ris et de son
mystérieux enlèvement, on aurait dû, indiquant les auteurs qui
racontent cet épisode, mentionner le livre de M. Rinn, son dernier et
récent biographe. G. de G.
ta JfeuneiSBe «le Shelley, par A. Koszul. Paris, Bloud, 1910, in-16 de
xxii-Ul i>. — Prix : 3 fr. 50.
Les livies ne manquent pas, et il y en a de fort bons, sur Shelley
et ses ouvrages. Ce qui fait la nouveauté de celui-ci, c'est de n'être
ni vne biogiaphie proprement dite ni une étude httéraire, maisunces&i
d histoire intellectuelle et morale. Si l'auteur y expose en grand détail
tous les faits connus de la jeunesse de Shelley, s'il y analyse
ses premières œuvres, c'est afin, comme il le dit, de « risquer une
résurrection, plus ou moins hypothétique, de sa vie intérieure. » Peur
que la résurrection n*^ fût pas trop hypothétique, une connaissance
-. 62 —
minutieuse de l'existence du poète était nécessaire, et la familiarité
intime avec som œuvrer, et surtout beaucoup de pénétration, de divi
nation même pour démêler ce que cette existence et cette œuvre
ont d'étrangement obscur et complexe; tout cela, M. Koszul le pos-
sède, et aussi, complément important, une sympathie chaude et vi-
brante pour l'âme étrange et souvent déconcertante du poète. A force
d'érudition, d'attention et de finesse, l'auteur a mené à bien maintes
reconstitutions fort délicates; il a mis en lumière des correspondances
cachées entre la vie de Shelley et ses écrits, il a rattaché l'auteur à
son temps et à son milieu et montré comment, par exemple, son athé-
isme agressif et ses idées révolutionnaires résument « tout le trouble
et toute la révolte qui avaient depuis une vingtaine d'années agité
les jeunes têtes deS' écoles et des Universités anglaises, » tout comme
le progrès de sa pensée «reproduit avec une fidélité singulière... le
mouvement de tout le romantisme anglais. » Qu il reste dans certaines
de ces déterminations quelque part d'incertitude et de conjecture,
personne n'en saura mauvais gré à M. Koszul; le sujet ne prête pas
partout à des démonstrations rigoureuses et il suffit que les vrai-
semblances'soient, comme ici, très fortes et les déductions très plau-
sibles. On reprochera peut-être plus justement au volume d'être un
peu touffu et un peu en* lie vôtre; la lecture n'en est pas toujours
facile et l'on ne s'y instri. {.as sans' quelque application. Du moins
est-on payé de sa peine, et, si les œuvres les plus grandes de Shelley
restent en dehors du cadre de ce livre, on peut y suivre de plus
près que nulle part ailleurs l'histoire de ses sentiments et de ses opi-
nions, la formation même de son esprit. A. Barbeau.
lia Vie gfari«ieniie xouti le rè^ni^ (Ee liOiii>^ -Fiiiti|»|t:e^ par
Henri (I'Alméhas. l'aris, Albin Michel, s. d. l'Jn, petit iu-8 de 507 y.,
avec de notiibc. grav. • — Prix : 5 fr.
\ie parisienne, ou pour rendre mieux la pensée de l'auteur : vie
théâtrale, car il consacre la presque totalité de ce volume aux acteurs
et aux actrices. Tout d'abord il nous conduit dans les cafc's et res-
taurants, les antichambres de théâtre; s'il passe rapidement dans les
maisons de jeu, les bals, les concerts, il s'arrête longuement dans
toutes les salles de spectacle, il peint les grandes tragédiennes, comé-
diennes et cantatrices (Rachel, Arnould Plossy, Déjazet, M^^*^ Dorval,
la Malibran); sur Rachel, l'ensemble des détails (p. 176-210) est com-
plet, curieux, édifiant (au sens où on voudra bien l'entendre); il
aborde le monde des danseuses : la Taglioni, Fanny Fs'^ler, et-.; la
Grisi (qu'il nomme Charlotta, quand j^3 pense qu'il faudrait dire: Car-
lotta ou Charlotte), et tant d'autres demoiselles du corps de ballet:
historiettes lien moins que jolies et le plus souvent sansnulagrément.Les
— ô3 —
modes et une liste des « fournisseiirs » célèbres (p. 418); ud chapitre
sur la vie joyeuse des dandys, grisettes et lorettes, les avent^iies
détaillées de la « dame aux camélias » complètent bien ces récits du
boulevard et demeurent dans, la note de ces souvenirs empruntés aux
petits journaux du temps. On expliquerait moins bien la présence de
deux chapitres, qui ne sortent pas de la banalité d'ailleurs, sur Louis-
Philippe et la famille royale (avec un appendice sur la mort du duc
d'Orléans) et l'opposition politique (légitimistes, bonapartistes, répu-
blicains) au gouvernement de Juillet. L'auteur a eu le soin d'orner
son livre d'un assez bon nombre de gravures die l'époque desDaumier^
des Gavarni; je lui ferai ici le double reproche de ne pas les avoir
placés en face des passages du texte qu'ils illustrent et d'avoir (p.
112). donné sur les « Concerts Musard aux Champs Élysées en 1836 »
une- gravure dont les personnages sont habillés à la mode du second
Empire; cet anachronisme jure pour un document historique. L'en-
semble du volume se Lit avec facilité, et aisance, comme il a été
écrit avec bonne humeur. G.
liée Grands C;t«tiioli(|taes par l'anecdote, le détail et l^i^na^e
liarortluire, par Antoine Albalat. Lyon et Paris, Ville, lyil, in-l6
de 2-28 p. el 21 pi. — Prix : 3 fr. 5u.
Lacordaire, door P. Fr. E.-J.-B. Jansen, ord. praed. I-II.Bragge,
Desclee, de Brouwer, s. d., in-8 de 5^6 et 7l)8 p., avec 28 portraits et planches.
Pris : 10 fr.
Ktufles reliçgieuseB, liî<»torâ<iu(*8 et littéraires. Eia«ur«laii'e
«l''a|i7és «les «locuitteiitti nouveaux, son œuvre, sa survi,; et son
actuuUté, par Tabbô L. Pauthe. Paris, LecofTi'-i, Gabalda, 1911, in-8
du xil-476 p. — Prix : 6 fr. 50.
Ii»coi'daire à .^letz, textes nouveaux avec cornmenlaires, publiés
ptr JuLiRN Favre. Fribourg (Suisse;, iuip. de l'Œuvre de Saint-PauJ,
1912, in-8 de x-113 p.
lies meilleures Pages. B.aeoi>daire. Introduction de Paul
Agni.us. Tourcoing, Duvivier, Paris, Amat, s. d., in- 16 de xxxiv-438
p. — ^Prix : 3 fr. 50.
Ce n'est pas, à proprement parler, une biographie de Lacordaire
que IVL Antoine Albalat nous donne avec le concours de M. Paul
VuHiaud, mais plutôt, et dans une certaine mesure, un complément
des biographies de l'illustre dominicain; comme l'indique le titre
même de la collection nouvelle qu'il entreprend, c'est par l'anecdote
et le détail qu'il veut faire pénétrer le public dans l'intimité des
« grands catholiques ». Pour glaner ces détails pittoresques et vivants,
il a fureté de côté et d'autre, consulté des brochures peu connues,
fait appel à des témoignages peu utilisés. Une illustration assez abon-
dante, dans laq;uelle ou trouvera rassemblés notamment plusieurs
portraits du célèbre orateur de Notre-Dame, ajoute à l'iiitérêt de ce
— 64 —
volume, qui ne fera pas mauvaise figure parmi les ouvrages consacres
au restaurateur en France de Tordre des frères prêcheurs. J'ai relevé
de ci delà quelques négligences : p. 34, Mgr Qiiélen pour de Quélen-^p. 38
n. 1, Albert du Boys est qualifié d'abbé. P. 86, l'appel de Lacor-
daire à Metz est attribué, par faute d'impression visiblement, à
l'année 1832; p. 94, le cardinal Sala est appelé Sola; p. 113, Mgr Men-
jaiid est dit Menjard. P. 136-137, Dessauret est qualifié de ministre
des cultes ! etc.
— C'est au contraire un monument biographique considérable
qu'un dominicain néerlandais, le P. E.-J.-B. Jansen, a entrepris de
consacrer à la mémoire de son illustre confrère français. Deux volumes
ont paru et, dans leurs douze cents pages, ils ne nous conduisent qu'à
la veille de la Révolution de 1848. Comme on peut le penser, la vie
de Lacordaire est exposée ici avec détails; les questions y sont
traitées avec ampleur. L'auteur a une information large et sûre,
je ne vois pas qu'il lui ait échappé rien de très important qui ait paru
sur Lacordaire et il n'a pas négligé de consulter des pièces rares ou
perdues dans des recueils d'un accès souvent peu facile. Nous nous
réservons de revenir sur ce bel ouvrage quand la suite en aura été pu-
bliée; mais nous n'aA'ons pas voulu tarder à le signaler à la curiosité
des lecteurs. Le P. Jansen fera bien de surveiller attentivement ses
épreuves; il y a des fautes d'impression relativement nombreuses,
surtout dans le second volume (p. 141 et suiv., Chasserian pour Chas-
seriaii\ p. 412, n. 1, Cordelais pour Bordelais^ p. 419, n. 1, Ladé pour
Ladey\ p. 432, n. 3, Fouchet pour Toiichet, etc.). Une erreur inexplicable
a fait donner le portrait de Jules Favre à propos des jugements de
M. l'abbé Julien Favre.
— M. le chanoine L. Pauthe, à qui l'on doit déjà des œuvres
estimées sur les maîtres de la chaire en France au xvii^ siècle, a voulu
consacrer un nouveau livre au plus grand orateur chrétien qu'ait
connu notre pays au xix® siècle, à celui dont la parole, après avoir
exercé sur ses contemporains une action souveraine, garde encore,
dans les pages qui nous en ont conservé l'écho, et bien qu'elle ne soit
plus soutenue ni par le charme de la voix ni par l'éloquence du geste,
une force et une séduction qui en prolongent les bienfaits pour les
âmes. A l'aurore de sa vie sacerdotale, M. le chanoine Pauthe a connu
Lacordaire à Sorèze et il a gardé de cette rencontre une impression
ineffaçable; son cœur a su conserver dans toute leur fraîcheur les
sentiments d'admiration et de vénération profonde que lui a inspirés
le grand dominicain, et l'on sent, dans le beau livre que nous annon-
çons ici, l'émotion et la tendresse qui en ont dicté les pages. Ce ne
sont d'ailleurs pas des souvenirs personnels, mais une biographie pour
laquelle l'auteur a consulté avec conscience les sources même les plus
. — 05 —
récemment mises à jour, comme les lettres à Falloux et celles dont
M. l'abbé Bézy a fait profiter la Revae hebdomadaire. Deux aspects do ce
livre m'ont paru particulièrement intéressants : c'est, d'un côté,
le soin qu'a pris M. le chanoine Pautlie de nous donner, par des ana-
lyses accompagnées de citations bien choisies, une idée de l'éloquence
de Lacordaire; et c'est là une préoccupation qui ne surprendra pas
chez l'auteur des belles études déjà signalées sur nos orateurs sacrés;
d'un autre côté, M. le chanoine Pauthe a écrit des pages excellentes
sur la façon dont il faut entendre le libéralisme de Lacordaire, de ce
libéral vraiment et hautement chrétien qui n'a rien de commun avec
les libérâtres qu'il flétrissait.
— M. l'abbé Julien Favi^e a consacré, il y a déjà six ans, une étude
documentaire considérable à Lacordaire orateur. C'est un point spécial
de la carrière oratoire du grand prédicateur qu'il étudie aujourd'hui
dans Lacordaire à Melz\ déjà, dans son livre, il avait analysé (p. 240 à
268) les dix-neuf conférences prêchées dans la cathédrale de Metz du
3 décembre 1837 au 15 avril 1838, du moins celles que contenait un
manuscrit mis à sa disposition et rédigé par un élève du grand sémi-
naire, AI. François Schmitt, qui devint curé de Noisseville. Aujour-
d'hui un nouveau manuscrit, sur lequel il a eu \% bonheur de mettre la
main, lui permet de compléter sa première publication. Si le nouveau
texte est incomplet, s'il lui manque les conférences 1-5, 10-16, il a du
moins l'avantage de nous faire connaître trois discours (15^, 16^, 18^)
qui faisaient défaut dans la version de M. Schmitt; et l'on comprend
ce qu'a d'utile la comparaison entre deux rédactions dues à deux
auditeurs différents pour établir, sinon dans son texte réel, ni dans
tout l'éclat de sa forme, du moins dans la marche générale de la pensée,
les discours du grand orateur chrétien. La comparaison de plusieurs
versions est d'autant plus nécessaire que chaque rédaction offre des
passages mal pris, parfois inintelligibles, au dire de M. Favre, qui a
cru devoir, dans certains cas, se permettre quelques « suppressions,
raccords ou adjonctions de mots ». Nous espérons que ses recherches
constantes continueront à être couronnées de succès et qu'il pourra
nous faire connaître successivement d'autres résumés de la parole de
Lacordaire sur d'autres points de la France.
— Tandis que M. Favre s'applique ainsi à rechercher les œuvres
inédites ou peu connues du grand orateur dominicain, M. Paul Agnius
a voulu réunir, dans la collection les Meilleures Pages., desmorceauxca-
pables de faire goûter et comprendre l'éloquence de Lacordaire. Le?
œuvres oratoires n'ont pas d'ailleurs fourni tous les éléments de ce
choix que précède une Introduction, intéressante dans sa brièveté.
A côté du discours pour l'école libre, de morceaux des conférences
de N.-D. de Paris et de Toulouse, de l'éloge funèbre de Drouot, d'une
Juillet 1912. T. CXXV. 5.
— 66 —
homélie et d'un sermon, on trouvera ici quelques lettres, deux articles
de l'Avenir et des pages empruntées à la Lettre sur le Saint-Siège, au
Mémoire pour le rétablissement en France de l'ordre des frères prê-
cheurs, aux Lettres à un jeune homme et à Sainte Marie- Madeleine.
M. Agnius a présenté ces pages suivant l'ordre qu'elles occupent dans
les œuvres auxquelles il les a empruntées. Une table analytique les
groupe sous des rubriques diverses : apologétique, dogme, morale, etc.
Il n'y a, pour ainsi dire, pas de notes, même là où elles pourraient
sembler le plus utiles; sauf pour les lettres à Montalembert, les desti-
nataires ne sont pas indiqués et les allusions que l'on rencontre ne sont
pas expliquées. Le choix qui nous est offert est d'ailleurs intéressant
et c'est avec plaisir que l'on relit ces belles pages, si pleines de pensée
et d'une forme si éloquente. E.-G. Ledos.
Ma Vie (l^i 3-1 850), par Richard Wagner; irad. de N. Valbntin
et A.ScHBNK. Paris, P.oii-Nournl, 1911, 2 vol. in-8de 362 et 364 p.— Prix :
13 fr.
Dans un court Avant- Propos, l'auteur fait remarquer que les notes
qui forment ces volumes ont été écrites au cours de plusieurs années,
et sous sa dictée, par sa femme désireuse d'apprendre de sa propre
bouche l'histoire de sa vie. Plus tard, pour préserver de la destruction
l'unique manuscrit qui contenait les Mémoires, il se décida aies faire
imprimer à un nombre très restreint d'exemplaires, qu'il communiqua
à quelques amis très sûrs. 11 demandait, à cause des dates et des noms
exacts, qu'on laissât s'écouler un certain temps après sa mort, avant
de les publier.
Les deux premiers volumes, qui viennent de paraître, contiennent
l'histoire de sa vie de 1813 à 1850. Comme tous les auteurs de
Mémoires ou de Souvenirs, Richard 'W'agner prétend à la sincérité.
C'est impossible : omnis homo mendax. Wagner cependant la pousse un
peu loin, la sincérité : il ne craint pas de jeter un soupçon sur les ori-
gines de sa mère, « élevée dans un des meilleurs pensionnats de Leipzig,
aux frais d'un soi-disant ami paternel, lequel était, paraît-il, un prince
deWeimar. « Singulière manière de se grandir, en abaissant ses parents !
Orgueil, sensualité, inquiétude se manifestent chez l'adolescent dès
sa treizième année : a Je me souviens d'avoir maintes fois simulé un
sommeil irrésistible, afin d'obliger les jeunes filles qui fréquentaient
chez nous, à me soutenir jusque dans ma chambre; car, en semblable
rencontre fortuite, je m'étais aperçu avec surprise et émotion du
trouble délicieux où me jetait le contact de leur corps ». Comme si la
postérité pouvait s'intéresser aux sensations précoces d'un adolescent
morbide ! Ses études à Dresde et plus tard à l'Université de Leipzig fu-
rent plutôt médiocres et souvent troublées par la fureur du jeu et les
_ 67 —
querelles d'étudiant, qui se terminaient d'ordinaire par la ridicule
fanfaronnade de la Mensiir, encore aujourd'hui en honneur dans les
Universités allemandes.
Wagner est sans contredit un admirable génie musical, mais il n'est
ni un grand homme, ni un grand caractère. Plein de lui-même, il
sonne à chaque page de ses Mémoires une fanfare d'admiration pour
sa personne. A vingt-deux ans, quand il était Kapellnieisier kMsig-
debourg, il avait soin d'emporter avec lui un grand portefeuille
rouge, dans lequel il inscrivait pour sa future biographie des notes
très exactement datées, et il continua ces notes sans interruption,
dans les différentes périodes de son existence. La jeunesse, d'habitude,
est moins préoccupée de la postérité ! Ceux qui voudront connaître
jusqu'où peut aller l'égoïsme, n'ont qu'à lire ce qu'il raconte lui-même
de sa conduite à l'égard de Minna, qui devint sa femme après toutes
sortes d'aventures, l'assista fidèlement dans ses épreuves, et qu'il
quitta avec désinvolture le jour où elle ne pouvait plus lui être utile.
On lira avec intérêt le récit de son séjour à Magdebourg, à Leipzig,
à Kônigsberg, à Londres, à Paris, à Dresde et sa fuite à Zurich, en
Suisse. MM. Valentin et Schenk traduisent avec facilité et élégance ;
nous les félicitons d'avoir mis à la portée de tous ces révélations d'un
grand génie sur lui-même et sur son œuvre. L. Mensch.
« Praeterita ». Souvea'rs de |eiin«afiii^, par John Ruskin; trad.
de M""» Gaston Paris. Paris, Udchetle, 1911, in-16 de xu-371 p., avec
portrait et fac-sinilé. — Prix : 3 l'r. 5U.
Commençons par saluer dans ce volume un mérite qui n'est pas
commun, celui d'une traduction à la fois élégante et fidèle. M'"*^ Gas-
ton Paris nous donne, sans l'enlaidir ni l'altérer, ce livre qui, dit M. de
la Sizeranne dans son Introduction, « fera mieux aimer Ruskin à ceux
qui l'aiment et le rendra encore un peu plus antipathique aux autres ».
Le danger que ce livre rende Ruskin antipathique à personne ne paraît
d'ailleurs pastrèsgrand. Si rebelle qu'on puisse être aux théories aventu-
reuses du critique anglais, cène sont point ces théories qu'on trouvera ici,
mais les agréables souvenirs d'un vieillard et l'aimable récit d'une vie
ou plutôt d'une jeunesse. Praeterita, on le sait, ce sont les Mémoires
de Ruskin, Mémoires que la maladie le força d'interrompre et qu'il
ne put conduire que jusqu'à l'année 1844, qui était la vingt-sixième
de son âge. Tableau curieux d'une enfance et d'une éducation assez
étranges dans un milieu puritain, portraits de toute une famille et de
beaucoup d'originaux, éveil graduel d'idées et de sentiments dans une
âme repliée sur elle-même, savoureux récits de voyages, des anciens
voyages en chaise de poste à travers l'Angleterre et le continent,
impressions très vives produites par tous les spectacles de la nature et
— 68 —
certaines œuvres d'art, descriptions magnifiques de plusieurs de ces
spectacles et de ces œuvres, notation minutieuse de toutes les étapes
d'un développement intellectuel et moral très particulier, voilà ce qui
fait la matière de ces confidences aimablement prolixes, livre de
bonne foi comme les Essais de Montaigne et où l'auteur se peint avec
la même sincérité, la même bonhomie souriante, la même naïve com-
plaisance. On aura certainement plaisir à faire connaissance dans ce
livre avec un homme très remarquable et très singulier; on en aura
à\ utant plus que le livre, comme nous l'avons dit, et à la différence
de bien d'autres, a perdu aussi peu qu'il était possible à passer dans
nutre langue. A. Barbeau.
Ce que je iteux «lîri», par Arthur Mbyer. Paris, Plon-Nourril, 1312,
în-:6 de 433 p., avec un portrait de la comtesse de I.oynhs. — Prix :
3 fr. go.
Après le succès de curiosité et de librairie obtenu parle volume: Ce
que mes yeux ont vu, il faut constater le nouvel accueil,' et plus em-
pressé encore, fait parle public à ce livre, qui en est la suite. Fond et
forme sont également en ascension. Le style en est plus soutenu,
plus travaillé, plus étudié; et la composition demeure plus ferme, non
pas comme des souvenirs retracés au hasard de la mémoire, mais avec
la tenue d'un récit coordonné, préparé et exécuté avec habileté. C'est
une trouvaille qvie d'avoir groupé autour de la « dame aux violettes »
tant de personnes et de choses, sans choquer les bienséances et sans
briser le cadre restreint de l'unique salon où Ton mène le lecteur. Cette
« comlessedeLoynes))paraitle«centre » de toute une société parisienne
pendant quarante ans ; les détailsles plus nets d'une existence très particu-
lière ne peuvent effaroucher personne et cependant nous savons,
nous devinons, nous comprenons tout ce qu'il nous faut savoir. Le
portrait dû au pinceau d'Amaury Duval, placé à la première page,
est impressionnant et révélateur à sa manière; nul ne considérera ce
regard profond, troublant, fascinateur, sans saisir de la femme qu'il
nous « révèle » tout ce que la discrétion de M. Arthur Meyer retient
par devers lui. Le «monde du second Empire et celui de la troisième
République défilent tour à tour; les derniers événements nous étant
plus familiers, nous nous intéressons davantage à l'état-major de la
patrie française, à la mort dramatiq\ie de Syveton, aux dessous de
l'alliance russe qu'au salon du prince Napoléon et aux redoutes d'Arsène
Houssaye. La franchise des révélations ne plaira pas à tout le monde
et il faut une certaine audace à un 1 omme mêlé à la politique, des
partis pour parler avec cette sereine désinvolture de ses amis comme
de ses adversaires. Il n'a pas craint de provoquer plus d'une colère,
mais je ne sache pas que des rectifications se soient produites. Jusqu'à
- _ fiO —
présent les affirmations courtoises et habiles de l'auteur subsistent
donc. On comprend dès lors que chacun ait voulu lire ces étonnants
secrets des dessous de l'histoire contemporaine et l'on ne s'étonnera
pas si le nombre des curieux s'accroît à chaque nouvelle édition.
G.
Vie lie mgr «l'IIuist, par Mgr Alfrid Baudbillart. T. I. Paiùs, J. de
Gigord, iyi2, in-8 de o82 p., avec portrait. — Prix: 5 fr.
Je ne crois pas que nul fût mieux qualifié que Mgr Baudbillart
pour écrire la vie de Mgr d'Hulst. D'autres sans doute ont été, surtout
dans les dernières années, aussi intimement mêles à la vie de l'émi-
nent prélat, ont participé d'aussi près à ses œuvres, mais Mgr Bau-
drillart avait déjà publié les Lettres de direction de Mgr d'Hulst, ce
qui l'avait fait pénétrer plus à fond dans cette belle âme sacerdotale;
il avait été, si je ne me trompe, le fils spirituel du grand recteur de
l'Institut catholique, il était devenu son collaborateur, était toujours
resté son ami respectueux et fidèle, et enfin, grand avantage
après plusieurs années si bien remplies par le rectorat de Mgr Péche-
nard, il lui avait succédé, ce qui mettait à sa disposition les riches
archives de l'Institut, principale source de- cette histoire, au moins
pour les vingt dernières années, les plus caractéristiques, les plus
laborieuses, les plus fécondes de l'existence de celui que Mgr Baunard
a pu appeler « le premier prêtre de France ».
La Vie de Mgr d'Hulst s'ouvre par une Introduction, où se résume,
en quelques pages fortes et sobres, le rôle de Mgr d'Hulst, et se justifie
le dessein de consacrer deux volumes compacts à raconter une vie peu
bruyante sans doute, mais si bien remplie qu'elle fait à elle seule un
chapitre important de l'histoire de l'Église en notre temps.
Ce premier volume comprend trois livres, dont les deux premiers,
comme il convenait, sont rigoureusement chronologiques, et dont le
troisième, au contraire, et c'était nécessaire, épuise certains sujets et
les conduit presque jusqu'à la conclusion, anticipant sur les années qui
seront racontées dans le volume suivant. Le double procédé se justifie
de lui-même par la différence des sujets traités et l'on n'aurait pas
compris que l'auteur otéît à des scrupules chronologiques pour mor-
celer certains récits, qu'il devait mener du premier coup jusqu'au bout
pour en assurer la clarté, la plénitude et l'intérêt. En somme, le
volume est remarquablement construit, avec un art sobre et ramassé
où l'historien de métier se devine, et je l'ai lu, pour mon compte, avec
un intérêt passionné, qui ne m'a laissé d'autre regret que de n'avoir
pas, en même temps que le début, la suite et la fin de cette très noble,
très belle et très émouvante histoire.
Le livre I a naturellement un caractère plus exclusivement per-
— 70 —
sonnel : c'est la Jeunesse de Maurice d'IJulsi, sa gcnralogic, qui le
plaçait en si bon rang dans la noblesse française, sa naissance, ses pre-
mières annt'es, son éducation dans la famille, puis au collège Stanislas
où le premier appel de la vocation se fait entendre; sa vie au grand
séminaire, à Issy et à Paris, puis à Rome, où sa jeunesse lui donna le
temps d'aller parfaire son éducation cléricale, enfin son ordination
en 1865, suivie par la conquête du double doctorat qui le marquait
à l'avance pour le rôle qu'il devait jouer.
Le livre II est consacré aux Premières Œuvres de Mgr d'Hulst, œu-
vres modestes, où il ne pouvait donner toute sa mesure, sa véritable
vocation étant ailleurs, mais auxquelles il se donna, avec tout son
zèle, toute sa piété et toute la générosité de son cœur. Il débuta comme
vicaire dans une paroisse populaire de Paris, et c'est à de pauvres
apprentis qu'avec son saint ami, l'abbé Courtade, il consacra les
prémices de son sacerdoce, et le récit de cette existence humble et
cachée est vraiment d'un bel exemple, très édifiante et très touchante.
Puis c'est la guerre étrangère, où l'humble vicaire se transforme en
un aumônier héroïque, et où le gentil liomme montre vraiment une
âme de soldat; c'est la guerre civile, plus triste et plus douloureuse, où
le vicaire de Saint-Ambroise, revenu dans sa paroisse de faubourg, en
plein quartier de communards, court plus de dangers peut-être que
sur les champs de bataille de Sedan. Dénoncé par un enfant dont il
avait été le bienfaiteur, recherché par des gens qui ne pardonnaient
guère, il fut caché par une pauvre veuve du quartier, et put ainsi
échapper au danger, non sans avoir payé sa dette en intercédant pour
un malheureux communard que son hôtesse avait recommandé à sa
pitié. « Le mauvais rêve était fini, le labeur apostolique allait recom-
mencer. » Mgr d'Hulst, qui semble alors avoir hésité sur la voie à
suivre, n'en remplit pas avec moins de zèle et d'exactitude tous les
devoirs de son ministère, y ajoutant la prédication dans d'autres
milieux, débutant dans sa carrière d'écrivain par la publication de la
vie de la Mère Marie-Thérèse de Jésus, fondatrice de l'Adoration répa-
ratrice. Un an après, il est appelé, sans l'avoir cherché ni désiré, à
l'archevêché de Paris, comme secrétaire littéiaire de Mgr Guibert
et vice-promoteur du diocèse, et, jusqu'en 1875, c'est à ces travaux
administratifs qu'est employée sa vie, éprouvée par de douloureuses
morts, qui n'abattent pas son courage, mais au contraire, pour
employer un mot de son biographe, le font entrer « dans une nouvelle
vie, plus à lui-même et plus à Dieu ». Entre temps, il était devenu
promoteur du diocèse, puis archidiacre de Saint-Denis; mais c'est
dans le livre suivant que nous le verrons enfin s'orienter vers sa voca-
tion définitive; c'est le futur recteur, c'est-à-dire le vrai Mgr d'Hulst
qui se prépare.
— 71 —
Tel est en effet le sujet du livre III : L'Apostolat intellectuel de
Mgr d'Hiilst et l'Université catholique de Paris. C'est, au point de vue
•de l'histoire générale, la partie la plus intéressante du volume, la plus
instructive et la plus caractéristique aussi et la plus richement docu-
mentée. Le premier chapitre est l'histoire des origines de l'Institut
catholique de Paris, qui se confond avec l'histoire de la conquête de
la liberté d'enseignement supérieur; le second chapitre, c'est la fonda-
tion de l'Université, à laquelle Mgr d'Hulst, vicaire général, prit une
part prépondérante; le troisième, c'est l'histoire de ses premières
années, de 1875 à 1880, où Mgr d'Hulst, non encore recteur, mais
secrétaire de l'assemblée des évêques fondateurs, est vraiment l'âme
de tous les conseils et se dépense sans mesure, par la parole, par la
plume, par les démarches de toutes sortes, pour défendre et déve-
lopper une œuvre qu'il a faite sienne et qui sera désormais le but
principal de sa vie. C'est en 1880, après le vote des lois qui l'ont en
partie découronnée, que Mgr d'Hulst devient enfin le recteur, non
de l'Université, mais de l'Institut catholique, puisque les nouvelles
lois l'avaient forcée de changer de nom. Avant d'entamer l'histoire de
ce rectorat glorieux, Mgr Baudrillart fait une halte pour nous initier
à ce qu'était alors cette vie sacerdotale et intellectuelle, et ce qu'elle
cachait de hautes aspirations et de grandes vertus. Les trois chapitres
suivants, c'est le rectorat de Mgr d'Hulst, de 1880 à 1896 : ils nous
résument le programme de Mgr d'Hulst, la réorganisation et les
progrès des Facultés, écoles et cours publics, la direction des études
et la direction morale, les difficultés doctrinales, l'administration,
la propagande. Que de choses sous ces simples mots, et que de soucis,
que de difficultés se cachent derrière ces formules administratives !
Les principales sont les deux affaires de l'abbé Duchesne et de l'abbé
Loisy, où peut-être Mgr d'Hulst ne montra pas assez de prudence.
Affaires délicates, que Mgr Baudrillart, admirablement documenté,
raconte avec beaucoup de franchise et de netteté; luttes émouvantes,
on peut le dire, car Mgr d'Hulst, vivement pris à partie par certains
évêques, eut à se défendre vigoureusement, lui et ses amis, et il le fit
avec un grand talent et un grand courage, dignes peut-être de causes
meilleures, j'ose le dire, bien que son éminent biographe ne semble
pas être de cet avis. Rendons-lui d'ailleurs cette justice que s'il fait
large la part de la louange, il ne fait pas silence sur les torts des pro-
fesseurs qui avaient attiré ce gros orage sur l'Institut; il faut rendre
hommage au talent qu'il a déployé dans ces récits d'un ordre très
délicat, et aussi à son esprit de mesure et d'équité, qui le garde impar-
tial et juste pour tous. Même si on ne partageait pas en tout les appré-
ciations de l'auteur, il ne serait pas possible de ne point admirer ces
pages magistrales, où l'écrivain et l'historien donnent leur mesure.
Lo dernier chapitre est consacré è l'œuvre des congrès scientifiques,
internationaux des catholiques, et il çst, comme les précédents, d'un
très grand intérêt. Le seul fait que cette œuvre n'ait pour ainsi dire
pas survécu à Mgr d'Hulst, et qu'elle soit morte de sa mort, après avoir
épuisé la force d'impulsion qu'il avait su lui donner, montre assez que
Mgr d'Hulst en était vraiment l'âme, et que, s'il n'en avait pas été le
seul inspirateur, il en avait été du moins le principal organisateur et
le modérateur nécessaire. De ce qui ne se fait plus depuis qu'il a dis-
paru, on peut conclure, presque autant que de son action vivante, à
la- place éminente qu'il a tenue dans le mouvement intellectuel catho-
lique de notre temps.
J'C ne veux pas insis.ter davantage : aussi bien n'en est-ce pas assez
pour montrer îa grande valeur et l'exceptionnel intérêt de ce volume
qui fait autant d'honneuir à Mgr d'Hulst qu'à son biographe? C'est un
maître livre, et qui fait vivement désirer que la suite et la fin de
l'œuvre, si magistralement commencée, ne se fasse pas trop attendre.
P. Talon.
I^ inonf Saint- Mieliel inconnu, d'après det docvmenla inédits, par
ÉTiBNNE ÛUPONT. Paris, Perria, 1912, petit iu-8 de 326 p., avec 8grav.
— Piix : 5 fr.
Les douze chapitres qui composent ce volume attestent l'amour
que leur auteur professe pour le Mont Saint-Michel. Originaire
d'Avranches, M. E. Dupont, dès ses premières années, aperçut l'ab-
baye, dans le lointain brumeux de sa grande baie, à travers les arbres
du Jardin des plantes. L'homme mûr est resté fidèle au site, au monu-
ment, aux aventures, aux légendes dont s'enchanta son enfance. La
Préface évoque quelques-uns des prédécesseurs de M. Dupont, csnime
MM. de Gerville, de Saint- Victor, de Dinchomps, Boudent-Godelinière,
l'abbé Desroches et surtout Edouard Le Héricher, le meilleur histo-
rien, à coup sûr, de l'abbaye-forteresse et le plus lettré des érudit»
bas-normands. Une brève mention est accordée à un autre miche-
liste, Victor Jacques, mort prématurément, il y a une vingtaine d'an-
nées, sans avolT réalisé toutes les espérances que ses amis avaient
loûdées sur son avenir. J'ai connu particulièrement Victor Jacques.
Né à Genêts, Jacques, après avoir fait d'excellentes études à l'Ab-
baye-Blanche, près Mortain, franchit le seuil de Solesmes et revêtit
la coule du bénédictin. Dom Gueranger permit an jeune postulant
d'aller à Rome. Là, Victor Jacques fut mis en relations avec Mgr
Raphaël Sirolli, curé de San Salvatore w Lauro. Cet excellent prélat
avait une sœur. Le jeune postulant l'aima. Avec l'agrément de
l'autorité pontificale, Jacques — non engagé dans les ordres sacrés —
quitta l'habit religieux et épousa la signorina Sirolli. La Normandie
— 73 — .
reconquit presque aussitôt Jacques. Excellent catholique, loin d'aban-
donner les études auxquelles il s'était voué, à Solesmes, Jacques se
créa une bibliothèque michelienne sans égale en Europe, publia un
Mont Saint- Michel en poche des plus estimés, et, lorsque Paul Féval
entreprit d'écrire, pour l'éditeur Palmé, l'histoire de l'abbaye, l'ex-
postulant bénédictin fournit au brillant écrivain tous les documents et
concourut à l'élaboration de bien des pages: Voilà un curieux chapitre
qui aurait pu figurer, ce me semble, dans le Mont Saint- Michel inconnu.
M. Etienne Dupont est, à l'heure présente, le plus fervent « michaé-
lographe » de notre pays. Il me suffira de signaler le Mont Saint-
Michel. Etudes et Chroniques; — le Mont Saint- Michel et les Pays
étrangers; — le Légendaire du Mont Saint-Michel et, enfin, la Biblio-
graphie générale du Mont Saint- Michel. Dans le dernier livre, le il/oAif
Saint-Michel inconnu, revivent les grands abbés, Robert de Torigny
et pierre Le Roy, les chemins montais, les pèlerinages d'enfants, lea
anciennes hôtelleries, les cloches de l'abbaye, les espions et lea
espionnes, les traîtres, les prisonniers et les cachots, l'astrologue
Tiphaine Raguenel, les salines, les boutiques, les enseignes, etc., etc.
Parmi les notices dont nous a gratifiés M. Dupont et qu'il a rédigée»
dans un style alerte, tout, certes, n'est pas incûimu du publie lettré
mais tout est intéressant et mérite d'être lu. Oscar Havard.
BULLETIN
Dieu existe, par IIenky DE PuLLY. Paris, Beauchesne, 1911, ia-16 de
6i p. — Prix : 0 fr. 50.
Cette brochure présente, sous une fornie coneiseet suggestive, les princi-
paux arguments en faA eurdel'existence de Dieu. Destinée à des élèves, elle
est claire et solide, appuyant plus sur les évidences de sens commun cfiie sur
les subtilités dialectiques. Toutefois tel ou tel procédé d'argumentation
paraît trop rapide, telle la preuve par la loi morale (p. 13 sq.),pai' l'ordre
du monde (p. 25 sq.), « La loi morale, est-il dit, est un fait psychologique
qui s'impose à l'homme ». — Cn concédera que la convenance ou la discon-
venance des actes avec la nature raisonnable est inéluctablement perçue
et sentie. Soit. L'interprétation de ce fait en loi, de cette convenance ou
nécessité ontologique en obligation m&raJe, préexige la connaissance d'un
législateur absolu. — L'ordre du monde n'est évident qu'à ceux qui ne
réfléchissent pas ou qui, ayant beaucoup réfléchi, ont résolu les multiples
objectio'ns qui se présentent dans une intelligence proionde et bienveillante
des vues de la Providence. La /ï/ia/f/e, si visible dans les éléments du monde,
prouve Dieu — et M. de PuUy fait valoir en ce sens, dans sa troisième par-
tie, nombre d'observations excellentes; l'ardre geniral du monde ne peut
être compris qu'après Dieu prouvé. H. Gus.
— 74 —
El .%cllvii»ino de Di%Iinea y «I Pj-a^mntlsnio de los nio«l«rai»tas en
•us reluclone* cou Im itpoTo^ci lesi, por JosÉ CabanaCH. B^rcelona,
Subiraiia, 1911, in-IG de 78 p. — Prix : 1 fr. 50.
Ralinea polltico, por M. Abboleya Martînbz. BiFcelona, Subiraoa, IQt t ,
petit iD-I6 de xxxi-76 p. — Prix : I fr.
Le centenaire de l'illustre philosophe barcelonais Balmès a dunné lieu
à un Congrès où des travaux importants ont été lus devant un auditoire
d'élite. Les deux opuscules qfue nous signalons ici ont été couronnés par le
jury, et certes ils méritaient cet honneur. Le premier nous donne la syn-
thèse de la doctrine balmésienne mise en face de la théorie moderniste — -
sujet, on le voit, tout brûlant d'actualité. — ■ Après avoir exposé les prin-
cipes fondamentaux de la philosophie de Balmès, l'auteur en déduit les
conséquences doctrinales, qui se résument en cette thèse : « L'activité de
notre âme doit nécessairement être développée par une cause externe. »
S'il y a une activité innée en nous, elle n'exclut pas la cause efficiente,
créatrice d'un être supérieur. Le modernisme, lui, ne voit et ne veut voir
que l'intuition sentimentale de l'être créé sans relation asec la causalité.
Tel est, croyons-nous, le fond même de la dissertation très serrée et très
logique de M. Cabanach. j -. .^
Le second opuscule montre que Balmès, dans son action et dans son sys-
tème politique, a toujours été d'accord avec les enseignements pontificaux.
Il avait rêvé de réconcilier les divers partis par une alliance d'Isabelle II
et du fils aîné de Don Carlos, dans le but d'asseoir sur le trône d'Espagne
un gou\ernement catholique robuste qui mît fin aux di;isions. Mais il ne
sacrifiait aucun principe essentiel, il ne transigeait pas a\ ec le libéralisme,
dont il fut un des plus terribles adversaires.
Nous voudrions qu'il se rencontrât en France un traducteur de ces deux
magistrales œuvres, que nous regrettons de ne potvjir, faute de p'ace,
analyser plus complètement, et nous en recommandons bien volontiers la
lecture à tous ceux qui re-iherchent une documentation substantielle sur
les sujets qu'elles traitent. G. Bernard.
civUme et catlioileisme, par E. JuLiBN. Paris, Bloud, 1911, iii-12 de 64 p.
'Collection Science ri Religion]. — Pris: 0 fr. 60.
■..e Mouvement démocratique et les enlliollqu -m fi-ançaii*, de l830
à 1880, par JuLBS Gay. Paris, Bloud, 191 1 (même colleclion).— Prix : Ofr.60.
Les Con^ervaieui » de la IH' Répultlique. Notes d'h'sloir'e, pa'* GBORGBS
HooG. Paris, Bloud, lyiO, in-16 de 133 p. — Prix : 1 fr. 50.
Ces trois petits volumes sont inspirés du même esprit. Ils déplorent que
l'on ait souvent opposé, ils s'efforcent de rapprocher démocratie et catho-
licisme.
— M. E. Julien, agrégé de l'Université, montre, non sans chaleur, que l'on
peut être à la fois catholique et bon Français. Il s'indigne contre les pré-
tendues incompatibilités invoquées à cet égard par l'anticléricalisme cou-
rant. Dans Son désir de conciliation, peut-être donne- 1- il de la Déclara-
tion des droits de l'homme de la Constituante une interprétation plus
bienveillante qu'exacte. J'aurais souhaité un peu plus de netteté et de
dé.?ision à marquer ce que, sous le nom de démocratie, on professe sou-
vent d'inacceptable non seulement pour le chrétien, mais pour l'homme
raisonnable.
— Le Mouvement démocratique est présenté par M.' Jules Gay, professeur
— 75 —
adjoint à l'Universitt de Li'le, (nmme un mou\ement politique tendant à
l'extension ani.erselle du suffrage et à l'établissement de la République
•et un mou\ement s jcial — (est-il nécessairement solidaire du premier?)
— tendant à améliorer l'organisation de la s ciété, en procurant aux plus
déshérités de ses membres un accrLissement de bien-être, de sécurité et de
dignité. A ce mouvement, les oathulic^ues ne lui semblent avoir franche-
ment tenté de collaborer que deux fois, durant la période qu'il étud'e, et
encore ne fût-ce le fait aue de ouelqu'^s catholiques, peu suivis par l'en-
semble de leurs coreligionnaires en 1830-1.S31 avec t'^penir, si irtout dans
les articles de Lamennais; et en 1848 avec l'È'-e nouvelle, lancée par Oza-
nam et l'abbé Maret, mais dont le succès tomba vite après les journées de
juin. Il indique bien que ni Laccrdaireni Montalembert n'eurent, eux, le
culte aveugle de la dt'mocratie. Sur les divers événements politiques qu'il
résume, sv;r la ré volution du 4 Septembre, sur les responsabilités de nos
•désastres en 1870-1871, sur la Commune de Paris (1871), poir laquelle il se
montre indulgent, l'auteur adopte les jugements de l'orthodoxie républi-
caine.
— Mélancolique histoire, que celle que vient de retracer, non sans verve
ni sans esprit, le secrétaire de la rédaction de la Démocratie, M. Georges
Hoog, et qu'il aurait pu intitiiler histoire, de 1871 à 1906, des fautes des
cathcliques et, si l'on peut employer encore ce vocable démodé, des con-
-servateurs français. La dernière partie de l'opuscule, dans laquelle est faite
trts large place à M. Jules Lemaitre et à V Action jrança-se. tombe trop, à
mon sens, dans la polémique. Le sous-titre: N >'es d'histoire con ■lewimiQv^
aux pages qui nous montrent quels bra .es gens furent les membres de la
droite de l'Assemblée nationale et le maréchal de Mac-Mahon, pas très
heureux politiques sans doute, et en tout cas témoignant pou.r la légalité
un respect, dont ne furent jamais embarrassas les républicains. Il y a des
esovisses bien rondaes, notamment celle de Jules Grévy, le bourgeois jaco-
bin. On n'' néglige "pas de rappeler, av c citali ^ns à l'appui, les imprudences
et les maladresses de certains catholiques, q i vraiment peuvent faire dire
qu'alors ce sont les C(;nser>-ateurs qui ont été compromis par l'E ^lise pli.tôt
qu'i's ne l'ont compromise. Mais il y a trop d'éléments d'appréciation im-
portants que l'auteur a laissés dans l'ombre: concours prêté par Bismarck
au parti républicain en France, action anormale exercée svr la pcliticjue
française par les protestants, les juifs, les francs-maçons, dé /eloppement
systématique depuis 1880 jusqu'à la loi de séparation spoliatrice de 190.5
d'une législation tendant à déchristianiser la France, développement si
continu qu'aucun ministère, même ceux qui parlaient détente et apaise-
ment, n'a jamais osé, en ces matières, proposer une mesure réparatrice
Baron Angot des Rotours.
Pfcmièfef» Connaissance- agrleofo». {Certificat (VéLudes primaires), par
J. Lbday. Paùs, J. d) G'goril, s. d., in-18 carlonué de Si p., et 62 fig. —
Prix: 0 fr.50.
Dans ce petit livre, l'auteur expose les notions de botanique, d'agricul-
ture, d'horticulture, de zootechnie, qu'il est nécessaire de connaître pour
l'obtention du certificat d'études primaires. Ouvrage bien présenté, mais
où l'on peut relever quelques inexactitudes, faciles d'ailleurs à rectifier dans
une prochaine édition, telles que les suivantes : p. 11, « Étamines », : Ce
sont des filets dont les pieds partent de la corolle. — P. 11. « Production
de la graine et du fruit » : Un grain de pollen tombe sur un stigmate, y est
-- 76 —
retenu. « Il descend par le style dans l'ovaire», y rencontre un ovule avec
lequel il se fusionne — P. 42, « Stratification ». Faire stratifier cer-
taiiies graines, c'est les faire germer. — P. 43, « Greffe ». La greffe a pour-
bnt de faire pousser sur un arbre de la môme famille « un rameau d'arbre-
dé]\ greffé » qui a d)nné de beaux: fruits. ' D. B.
C4iani]>lgiiom mortels ot «l»ii;5eraiix, descriplinns, p.gw's fl rem'.des ,
par FBRNA.ND GerÉauBN. Paris, Larousse, s. d., iQ-12 de 35 p., avec
I plaucbes.
II existe d'e.vcellents ouvrages, parfaitement illustrés, destinés à faire
connaître les champignons comestibles et vénéneux. Malheurei.sefnent,
ifs ne s'adressent qu'à un petit nombre de personnes en raison de leur
caractère souvent trop scientifique et de leur prix élevé.
yi. Ouéguen, professeur agrégé à l'École supérieure de pharmacie de
Paris, ancien président delà Société mycologique de l'rance, a fait œuvre
de très grande utilité en mettant à la portée du public un petit opuscule
destiné à populariser les notions très élémentaires permettant d'éviterles
empoisonnements.
Il n'existe en tout que cinq ou six champignons véritablement vénéneux,
dont seulement deux ou trois mcrtels. et c'est presque toujours la même
espèce qui cause les enapoisonnements suivis de mort. Ce sont donc, avant
tout, ces champignons redoutables qu'il importe de connaître.
Dans ce but, l'auteur donne des fi^-ures coloriées d'une eyactitvde rigou-
reuse des Amanite phalloïde, Amanite citrine, Volvaire élégante, champi-
gnons mortels; Amanite panthère. Amanite fausse-orange. Lépiote brnnâtrey
espèces dangereuses. Des descriptions très claires, à la portée de tous,
mettent eu évidence leurs caractères distinctifs.- D. B.
Isis et les Islaqucs sou« l'empire foiuaiii, par JOSKPH BUREL. Paris,
B.oud, 1911, ii-lG dd 63 p. - Prix : 1 fr.
M'idestement, l'auteur de ce travail le présente comme une simple^ note
ma'i'iale» à ce passage de Minucius Félix où, après avjir tenté une expli-
cation rationnelle des mystères, Octa\ ien raille les cérémonies isiaques, les
cris de douleur des prêtres et leurs hurlements de joie. C'est en somme un
exposé bref, mais complet, de ce culte égyptien dans l'empire romain. -On.
sait qu'il y fut très répandu et que sans avoir atteint la presque universa-
lité de mvthracisme, ii exerça cependant sur les âmes une action assez pro-
fonde dont nous avons pour témoin le célèbre roman d'Apulée. Successive-
ment, M. Burel expose l'émouvante mythologie isiaque, la théologie, l'ini-
tiation, le culte et le sacerdoce, cnfi:i les causes du succès de l'isiicisme.
Tout cela très clair et d'une lecture -\ raiment attachante. M. Burel montre
bien qu'il ne faut plus s'en tenir, lorsqu'on parle des cultes exotiques, à
l'éponue impériale, aux railleries des sceptiqi.es et des satiriques païens,
pas plus qu'aux invectives des apologistes chrétiens, comme TertuUien.
La religion isiaque, comme celle de Mithra, répondait à de véritables
besoins religieux, aux mêmes besoins qui de\ aient trou\er dans le christia-
nisme une satisfaction plus complète, avec une pureté supérieure, et sur-
tout avec des bases historiques plus assurées que ces cultes dont les ori-
gines mythiques se perdaient dans l'obscurité totale d'un recul indéfmL
Quelques lecteurs penseront peut-être que l'écrivain chrétien, séduit par
— 77 —
la valeur réelle de l'isiacisme et la grande poésie de son culte, s'est laissé
■entraîner à un optimisme qui eât appelé quelques réserv'es. Ceux-là trouve-
ront la contre-partie dans un article asse: réceat du P. Lagrange {Corres-
pondant di 25 juillet 1910) et pourront se faire une opinion ea toute con-
naissance do cause. André Baudrill.vrt.
l.aDét(*esse tlans la toixrmani^.Tribul.atio'is d'un InUe^ir, parj. SA.NTO-
Paris, chez l'auleur, 131, rue de Vaugirard, 1911, in-l6 de 209 p. — Prix:
1 fr. 10.
C'est rhi3t)ire très pittoresriue et tràs émue d'un modeste Alsacien qui
vient à Paris, travaille dans l'atelier d'un imprimeur et subit les plus cruelles
épreuves, à cause de ses convictions religieuses. Catholique intraitable,
M. Santo profite, en effet, de toutes les occasions pour défendre, soit par la
parole, soit par la plume, la cause de l'Église catholique. En dctresse dans
la lourmente raconte les déboires, et en même temps aussi les triomphes
<je ce bon Français, non moins vaillant qu'éloquent. O. H.
C H h 0 NIQUE
NÉCROLOGIE. — .M. Henry-Jean-Baptiste- Anatole Leroy-Beaulieu,
membre de l'Institut, directeur de l'École libre des sciences politiques,
est mort à Paris, le 16 juin, à 70 ans. Frère de l'économiste Paul Leroy-
Beaulieu, il était né à Lisie ix, en 1842. Après s'être occupé pendant un
certain temps d'études littéraires et artistiques, il alla faire un assei
long séjour en Russie, d'où il rapporta une abondante djcumentation
sur l'organisation politique et SDciale des peuples slaves. A sm retour,
en 1881, il fut nommé professeur d'histoire contemporaine et des affaires
d'Orient à l'Ecole libre des sciences politiques et, un peu plus tard, il
de.'int directeur de cet établissement. Le 30 a»'ril 1887, il fut élu membre
libre de l'Académie des sciences morales et politiques. L'œuvre de M. Aua-
t )le Leroy-Beaulieu est considérable et variée. Em2>reinte d'an large libé-
ralisme, elle est en grande partie consacrée à la défense des protestants,
dîs juifs et des catholiques. M. Leroy-Beaulieu, qui fut un colla-
borateur de la Revue des Deux- Mondes , a publié les volumes suivants :
Heures de solitude. Fantaisies poétiques (Paris, 1865, in-12); — Une
Troupe de comédiens (Paris, 1866, in'-12); — La Restauration de nos mo-
numents historiques devant Part et devant le budget. Cathédrale d'Évreux
(Paris, 1875, in-8); — • Un Empsrew, un roi, un paps, une restauration
(Paris, 1879, in-12); — • L'Empire d^s tsars et les Russes (Paris, 188Î-
1889, 3 vol. in-8); — • Un Homme d'État russe, Nicolas Milutine, d'après
sa correspondance inédite. Étude sur la Russie et la Pologne pendant le
règne. d'Alexandre II, 1865-1872 (Paris, 1884, in-12); — Les Catholiques
libh-auv; l'Église et le libiralism?, de 1830 à nos fours (Paris, 1885,
in-12); — La France, la Russie et l'Europe (Paris, 1888, in-8); — ■ La
Révolution et le libéralisme. Essais de critique et d'histoire (Paris, 1890,
in-12i; — La Papauté, le socialisme et la démocratie (Paris, 1892, in-12);
— L';s Juifs et V Antisémitisme. Israël chez les nations (Paris, 1893, in-12);
— ■ Les Arm'-niens et la question armhiienne (Paris, 1896, in-8); — L'An-
tishnitism-i (Paris, 1897, in-12); — ■ Études russes et européennes. L'Emps-
r^w Alexandre II; VEmp^rertr Alexandre III; la France, l'Italie et la
Triple Alliance, etc. (Paris, 1897, in-12);— Les Périls de l'heure présente.
L'antisémitisnie, le nationalisme, le socialisme et Vantichricalisme (Paris,
1901, ia-8); — Les États-Unis d'Europe (Paris, 1901, in-8), avec André
Fleury, René Dollot, etc.; — Les Doctrines de haine [V antisémitisme ,
V antiprotestantisme, V anticléricalisme (Paris, 1901, in-12); ■ — Les Congré-
gations religieuses et Vexpansion de la France (Paris, 1903, in-16); —
Christianisme et démocratie. Christianisme et socialisme (Paris, l905, in-16);
— Les Questions actuelles de politique étrangère en Europe (paris, 1907,
in-12), avec F. Charmes, R. Millet, etc.
— M. Frédéric Passy, économiste, membre de l'Institut et ancien
député, est mort à Paris le 13 juin, à 90 ans. Il naquit à Paris le 20 mai
1822. Ses études de droit terminées, il fut auditeur au Conseil d'État
de 1846 à 1848 et se consacra entièrement à l'étude de l'économie poli-
tique, science dont il s'eiïorça de répandre la connaissance par de nom-
breuses conférences faites principalement dans le midi de la France,
ainsi que par divers ouvrages qui lui ouvrirent les portes de l'Institut.
En effet, le 3 février 1877, il fut élu membre de l'Académie des sciences
morales et politiques en remplacement de M. Wolowski. Nommé dép té
de Paris en 1881, il siégea au centre gauche jusqu'en 1889, année où il
ne fut pas réélu. Hanté par les utopies humanitaires et pacifistes, M. Fré-
déric Pass^r fut l'un des fondateurs et le secrétaire général de la Ligue
internationale et permanente de la paix. Ses campagnes en faveur de
l'établissement de la paix universelle, grâce à l'institution de l'arbitrage
entre nations, sont bien connues. Elles eurent au moins pour lui l'avantage
de lui faire obtenir le prix Nobel en 1901. En dehors d'un certain nom-
bre de discours et conférences, publiés dans les journaux et tirés à part,
INI. Frédéric Passy a fait paraître les ouvrages suivants : Mélanges éco-
nomiqices (PdJ-is, 1858, in-18) ; ■ — De la Propriété intellectuelle (Paris, 1859,
in-8); — De l'Enseignement obligatoire (Paris, 1859, in-8); — De la Souve-
raineté temporelle des Papes (Paris, 1860, in-8) ;■ — Leçons d'économie polinque
faites à Montpellier (Paris, 1860, 1861, 2 vol. in-8); • — De l'Influence de la
contrainte et de la liberté (Paris, 1886, in-8) ; — La Question des jeux (Paris)
1872, in-8); — La Guerre et la Paix (Paris, 1867, in-8); — Communaidi
et Comtnunistne (Paris, 1867, in-8); — De l'Importance des études écono-
miques (Paris, 1873, in-8); — La Solidarité du travail et du capital (Paris,
1874, in-8); — La Liberté du travail et les traités de commerce (Paris,
1879, in-8); - — • Le Petit Poucet du xix® siècle, George Stephenson et la
naissance des chemins de fer (Paris, 1881, in-18); — Edouard Laboulaye
(Paris, 1884, in-8); — Les Fables de La Fontaine, conférence (Paris,
1888, in-8); — L'École de la liberté (Paris, 1890, in-8); — Vérité et para-
doxes (Paris, 1894, in-12); — Le Respect (Paris, 1895, in-8); — Une
Exhumation. Un Cours libre sous l'Empire (Paris, 1900, in-12); — L'Hé-
ritage du xix« siècle (Paris, 1900, in-8); — Jeen de Bloch et le Musée
de la guerre et de la paix (Paris, 1900, in-12); — Pages et discours (Pa-
ris, 1901, in-12); — Feuilles éparses, poésies, 1840-1904 (Paris, 1904,
in-12); — La Paix et l'enseignement pacifiste. Leçons professées à l'École
des hautes études sociales (Paris, 1904, in-8); — Historique du mouvement
de la paix (Paris. 1905, in-12); — Les Causeries du grand-père (Paris,
1905, i.i-12).
— Le R. P. Elisée- Vincent Mau.mls, de Perdre des trères prêcheurs, est
mort à Mirande (Gers), le 14 juin, à l'âge de 71 ans. En dehors de deux
livres de philosophie pure, le P. Maumus a publié toute une série de
— 79 —
volumes d'actualité dans lesquels sont exposées ses utopies politiques.
Voici les titres de ces ouvrages : La Doctrine spirituelle de saint Thomas
<V Aquin (Paris, 1885, in-12); — • Saint Thomas d'Aquin et la philosophie
cartésienne. Études de doctrines comparées (Paris, 1890, in-12); — Les
Phil'isophes contemporains (Paris, 1891, in-12); - — - La République et la
politique de l'Eglise (Paris, 1892, in-16); — La Pacification politique et
religieuse (Paris, 1893, in-12); — L'Église et la démocratie. Histoire des
questions sociales (Paris-, 1893, in-12); — L'Église et la France moderne
(Paris, 1896, in-12); — Les Catholiques et la liberté politique (Paris,
1897, in-12); — La Politique pratique à l'heure présente (Paris, 1901,
in-8); ■ — - La Crise religieuse et les leçons de l'histoire (Paris, 1902, in-12);
— La Préparation à la foi (Paris, 1904, in-12); — L'Église vengée. Ré-
ponse à la brochure de M. Anatole France « L'Eglise et la République »
(Paris, 1905, in-8); — Le Despotisme jacobin. Lettres d'un libéral (Paris,
1906, in-12); — La Défense de la foi (Paris, 1907, in-12); — Les Mo-
dernistes (Paris, 1909, in-12).
— Les sâ3nces astronomiques ont perdu un de leurs plus remarqua-
bles représentants, M. Charles André, mort à Lyon, au commencement
de juin, à 70 ans. Né à Chauny (Aisne) le 14 mars 1842, M. André
entra à l'École normale supérieure en 1861 et en sortit en 1864 comme
agrégé des sciences physiques. Nommé astronome adjoint à l'Obser atoire
de Paris, il obtint, en 1877, la chaire d'astronomie à la Faculté des
sciences de Lyon et fut chargé de la direction de l'Observatoire de cette
ville, auquel il sut donner une importance considérable. A deux reprises,
il fut envoyé dans les Montagnes Rocheuses et en Australie pour obser-
ver le passage de Vénus sur le Soleil. En dehors d'un grand nombre de
notes, études et communications sur divers phénomènes astronomiques
ou météorologiques parues dans les revues spéciales, M. Charles André
a publié des ouvrages estimés, parmi lesquels nous citerons : Cours de
physique à l'usage des élèves de la classe de mathématiques spéciales (Paris,
1878, in-8); — L'Astronomie pratique et les observations en Europe et en
Amérique depuis le milieu du xvii^ siècle jusqu'à nos jours (Paris, 1874-
1878, 5 vol. i.i-12), avec G. Rayet; — ■ Étude de la diffraction dans les
instruments d'optique; son influence dans les observations astronomiques
(Paris, 1876, in-8), thèse pour le doctorat ès-sciences physiques; ■ — Re-
chercfies sur le climat du Lyonnais (Lyon, 1881, gr. in-8); ■ — • Travaux
■de l'Observatoire de Lyon. I. Influence de l'altitude sur la marche diurne
du baromètre (Lyon, 1888, gr. in-4); ■ — Description du service horaire de
la ville de Lyon (Lyon, 1889, in-4^, etc.
— On annonce encore la mort de MM. : Abéniacar. le doyen des
reporters- photographes, mort à Paris, à 60 ans, au milieu de juin; —
Jules Bailliart, inspecteur d'académie honoraire, mort à Douai le
3 juin, à 82 ans; ■ — Mgr Marie-Prosper- Adolphe de Bon fils, évêque
du Mans depuis 1898, mort dans sa ville épiscopale le 2 juin, à 71 ans,
lequel, en dehors de toute une série de belles lettres pastorales, avait
publié, quand il était aumônier du lycée de Vannes, puis du collège
Sainte-Barbe : Les Évangiles des dimanches et fêtes principales de l'année
(Paris, 1898, in-12) et Manuel de piété du jeune écolier (Paris, 1881, in-12);
— Léon DiERx, poète, originaire de l'île de la Réunion, mort à Paris,
au commencement de juin, lequel laisse : Les Lèvres closes (Paris, 1867,
in-12); Les Paroles du vaincu (Paris, 1871, in-12); La Rencontre, scène
dramatique en vers (Paris, 1875, in-16); Poésies complètes (Paris, 1889-
w 80 —
IS^M 2 vol. in-16), etc.; — Orner Gué raud, professeur au Conser\-atoire
d^ Touloiise, critique musical à l'Exprçss du Midi, mort à Toulouse, au
milieu de juin, à 66 ans; — • Paul Hildenfinger, bibliothécaire à la
Bibliitthèque nationale, mort à Paris, au milieu de juin; — Georges La-
GUERiiE, avocat, député, ancien rédacteur à la Justice que dirigeait
]\l. Clemenceau, connu surtout par le rôle important qu'il a joué dans
le mouvement boulangiste, mort à Paris, le 18 juin, à 54 ans; — AJcius
Ledieu, qui laisse d'assez, nombreux ouvrages, parmi lesquels on peut
rappeler : Traditions populaires de Deinuin (Paris, 4892, in-8); Blason
p'ipidaire d'Amiens (10 J2, in-8); Blason populaire de la Picardie, et qui a
cj!lab)ré activ'ement à la Bévue des traditions populaires, mort à Liin-
clieux (Sommet, le '25 mars dernier, à l'âge de 62 ans; — Lenne, pro-
fesseur honoraire de philos )phie au collège RmIIIu, mort à Paris, au com-
mencement de juin, à 87 ans; — Robert Leroi, censeur des études au
lycée Michelet, mort à Paris, au commencement de juin, à 51 ans; —
Édjuard Pelletan, l'éditeur parisien bien connu, mort à Paris, au com-
men^emeat de juin, lequel s'était fait un grand nom dans la bibliophilie
par les remarquables éditions qu'il a données, par la fondation d'une
Bibliothèque sociale et philosophique populaire et par l'intéressant mani-
feste qu'il a\-ait publié en débutant sous le titre : Le Livre; — Louis
Vergne, chef des ser/ices de publicité Ai la D.'pêche de Toulouse, secré-
taire î,''énéral de la chambre syndicale de la publicité, mort dernièrement
à Paris, à 54 ans; — Victor Yot, chef de la comptabilité générale à
la Baaque de France, professeur à l'École des sciences politiques, mort
au commencement de juin, à Flogny (\onne).
— A l'étranger on aimoace la mort de MM. : Ludwig Gangelbauer,
directeur de la section zoologique du Musée d'histoire naturelle de la
vin.e de Vienne, mort dans le courant de juin, à 56 ans; — T.-A. Hal-
BERïSMA, poète allemaad, mort eu juin, à Ternaud (Frise Orientale),
à 62 ans, lequel laisse divers volumes de vers écrits dans le dialecte
fiiS'ii; — le Rév. Joseph Hammond, écrivain anglais, auteur de : A
Cornish Parish; Church or Chapel; English Nonconformity and Christ's
Chr.'stianity, etc., mort au milieu de mai; — James ^Viiliam Harrison,
le drren des imprimeurs de Londres, mort dernièrement, à 82 ans; —
Karl Hepp, auteur dratnatique, poète et nouvelliste allemand, mort à
Darnstadt, en mai, à 72 ans, après aA'oir publié : Eine Sludentengeschichte
fStitt'^art, 1890, in-8); Weissdom, Gsdichte- (Stuttgart, 1890, in-8), etc.,
ainsi qu'une bonne biographie de Schiller : Schillers Leben und Dichten
(Leiodg, 1885, in-8); — Karl Hey, conserv'ateur du musée de Halbers-
tadt (Allemagne), m^rt dernièrement en cette ville, à 75 ans; — Dr.
Mav Jansen, professcir d'histoire à l'Université de Munich, mort en
cette ville, à la fm de mai, à 41 ans, anrès avoir publié : Gobelinus Per-
sm, Cosmidromius und als^ Anh. dcsselben Verf. : Processus translacionis
et R'Iormacionis monasterii Budacensis (Munster, 1900, in-8); Kaiser Maxi-
nr.liari I (Munich, 1905, in-4), etc.; — Dr. Alfred Ludwig, professeur
de sanscrit à l'Université allemande de Prague, mort en cette ville, le
'2 ;uin, à 80 ans; — Schei'h Hamed Maty, ancien répétiteur de langue
arabe à l'É:ole des lan;.,' les orientales de Berlin, mort au Caire, le 24 mai,
a il ans; — Dr. Adilf Moller, ancien directeur du « Magdalenen
Gvra lasium » de Bres'.au, mort en cette ville, à la fm de mai, à 72 ans;
— Vntonio Sanchez Ferez, littérateur et dramaturge espagnol, mort au
c . :i iian-.emeit de juin; — ■ le Dr. Reymond, de Fribourg (Suisse), dont
— 81 —
les travaux sur la gynécologie et les recherches sur la tuberculose font
autorité, mort au commencement de juin; — ■ Giulio di Tito Ricordi,
chef de la grande maison d'éditions niu'sicales fondée par son grand-père
Giovanni Ricordi, laquelle a publié les oeuvres de tous les grands com-
positeurs italiens, depuis Rossini jusqu'à Puccini, et possède un grand
nombre de manuscrits autographes de leurs œuvres, mort dernièrement
à Milan; — Dr. Ernest S. Roberts, directeur du « Caius Collège » de
Cambridge, mort en cette ville, au milieu de juin, lequel laisse quelques
ouvrages estimés, entre autres une excellente Introduction ta greek Epi-
graphe \ — ■ Ernst ScHULZE, professeur de chimie agricole à l'Ecole
technique supérieure fédérale de Zurich (Suisse), mort en cette ville, en
juin, à 72 ans; — Pentscho Slavpikoy, écrivain bulgare, qui laisse des
poésies et des traductions d'ouvrages étrangers, mort en juin, à Sofia;
— • Karl Stelter, poète allemand, mort en mai, à Munich, à 63 ans,
dont nous citerons seulement Erlebnisse eines Achtzigjàhri gen (Elberfeld,
1903, in-8); — ■ Dr. Karl Stelzel, professeur de construction et de méca-
nique industrielle à l'École technique supérieure de Gratz (Autriche),
mort dernièrement en cette ville; — Dr. Eduard Strassburger, pro-
fesseur de botanique à l'Université allemande de Bonn, mort en cette
ville, le 20 mai, à 69 ans; — Charles-Edouard Van den Broeck, nu-
mismate distingué, qui, entre les années 1865 à 1906, a publié de nom-
breux articles dans la Revue belge de numismatique et la Gazette numis-
matique, mort à Bruxelles, sa ville natale, le l^r mars dernier, dans sa
92*5 année; — • Dr. Verall, professeur de littérature anglaise à l'Uni-
versité de Cambridge, mort en cette ville, "au milieu de juin, lequel,
outre de nombreux articles donnés à divers périodiques, entre autres
à la Quarterly Review, a publié quelques bons ouvrages sur les anciens
auteurs classiques, tels que : Studies in Horace, Euripides the Rationalist,
etc.; — - Johannes Andréas von Wagner, romancier et nouvelliste
allemand connu, ancien professeur de l'École des arts et métiers de
Brunswick, mort en mai à Dresde, à 79 ans, lequel a publié sous le
pseudonyme de Johannes Renatus : Lehensskizzen aus ernsten und heitren
Tagen (Dresde, 1885, 2 vol. in-8); Die letzten Moenche von Cybin. Eine
Geschichte aus dem 16 Jahrhundert (Leip74g, 1887, in-8), etc.; ■ — ■ Spy-
ridon Wassis, professeur de philologie latine à Athènes, mort en cette
ville, le 30 mai, à 59 ans: — Dr. Friedrich Weber, professeur de phy-
sique à l'École technique supérieure fédérale de Zurich (Suisse), mort
dernièrement en cette ville, à 70 ans; — ■ Dr. Karl David af Wirsen,
secrétaire de l'Académie suédoise et du Comité Nobel, mort en juin à
Stockholm, à 70 ans; — Eugen Wolf, explorateur allemand, auteur de
mémoires géographiques, mort à Munich, en mai, à 62 ans; — • Dr. Fer-
dinand ZiRKEL, ancien professeur de minéralogie et de géologie à l'Uni-
versité de Leipzig, mort à Bonn, le 12 juin, à 75 ans.
LeCTTjRES FAITES A l'AGADÉMIE DES INSCRIPTIONS ET BELLES-LETTRES.
Le 31 mai, M. Babelon lit une lettre de M. Toutain au sujet des fouilles
exécutées sur le plateau d'Alise-Sainte-Reine par la Société des sciences
de Semur. M. H. Omont annonce que M. le baron de Faviers vient de
faire don à la Bibliothèque nationale d'un manuscrit qu'a fait rédiger
le roi Louis XII et qui contient un résumé de l'histoire de France. — M. le
comte Durrieu expose l'histoire, reconstituée par lui, d'un atelier angevin
de peintres miniaturistes, qui a produit une quantité de manuscrits
enluminés au cours du xv^ siècle. — M. Prou lit une note de M. Poux,
Juillet 1912. T. CXXV. 6.
— 82 -«
archiviste de l'Aude, (.onstatant que la vue de Carcassonne, qui a servi
à la rostauralion des remparts de cette ville, n'est qu'une copie, remon-
tant au xvii*' siècle, d'un document antérieur. — M. Pottier exprime
et motive son opinion sur les vases corinthiens attribués à Théryclès. —
Le 7 juin, M. Cordier lit une lettre de M. le D"" Legendre, chargé d'une
mission en Afrique, et danslafpielle celui-ci annonce la perte des documents
recueillis pendant la mission. — M. de ]\Iély croit pouvoir trouver dans
le manuscrit des Très Riches Heures du duc de Berri la preuve que des
artistes italiens ont collaboré à la composition des miniatures de cet ou-
\ rage. — M. le comte Durrieu fait observer que ce ne sont pas des mo-
numents de Sienne qui sont représentés dans le ms. de Chantilly, mais
les monuments de Btuirges. — M. Eug. Cavaignac traite de la composition
de la phalange lacédémonienne à propos d'un texte de Xénophon. —
Difïérents aca<lémiciens échangent leurs opinions à cette occasion. —
Le 21. M.Th. Reinach annonce que M. Ilunt, professeur à l'Université"
d'Oxford, vient de découvrir dans les papyrus d'Oxyrrhinchus, en Egypte,
la moitié d'un drame satyrique de Sophocle, intitulé: Les Dépisteurs. —
M. Pottier signale un vase du Louvre dont les dessins illustrent la scène
décrite par M. Reinach. — Le 28, M. Homo indique comment les habi-
tants de Rome, sous les empereurs, pouvaient donner leur adresse dans
la capitale, divisée en « regiones ». — MM. M. Croiset, Gagnât, Haus-
soullier, Perrot, Cuq, Th. Reinach présentent leurs observations au sujet
de cette intéressante communication. — M. de Grûneisen décrit un por-
trait d'Apa Jérémia remontant au v'' siècle et explique la signification
du nimbe à la fois circulaire et rectangulaire, qui entoure sa tête. .
Lectures faites a l'Académie des sciences morales et politiques. ■ —
Le 8 juin, M. G. Fagniez lit un chapitre de son ouvrage sur les femmes
au xvii*^ siècle, qu'il montre protégées contre les écarts de conduite
par les coutumes de l'époque. — Le 14 juin, M. Héron de Villefosse lit
une lettre du P. Jalabert, relative à un officier romain, envoyé à Chypre
pour réprimer une insurrection des Juifs. ■ — M. B. Haussoullier parle d'un
traité d'assistance entre une ville d'Achaïe et Delphes, traité dont on a
retrouvé en partie le texte. — Le 15, M. Louis Renault annonce la
mort de M.F.Passy, survenue inopinément. — Le 22, M. E. Fagniez fait
l'éloge de M. Anatole Leroy-Beaulieu, qui vient de mourir. — Le 23,
M. Th. Ribot entretient l'Académie du livre de M. Paul Bourdeau : La
Philosophie affective. — M. Fagniez continue la lecture de son travail
sur les femmes au début du xvii^' siècle.
Umon pour l'étude du droit des gens d'après les principes chré-
tiens. — Les 16 et 17 juin, s'est tenue à Paris, sous l'initiative de
M. Vanderpol, une réunion en vue de la constitution d'un Institut de
droit international chrétien. Les discussions de cette assemblée et les
travaux d'une commission présidée par M. le baron Descamps-David,
profes.seur à l'Université de Louvain, aboutirent à une modification de
l'idée primitive. Les statuts adoptés par l'assemblée portent qu' « il est
fondé une union internationale catholique pour l'étude du droit des gens
au point de vue des principes chrétiens et du progrès des relations entre
nations » (art. 1). L'Union comprend : 1° des membres-'actifs, qui parti-
cipent à tous les travaux de l'I'nion et qui doivent être agréés par le
conseil sur la présentation^ de cinq membres au moins et des délégués
de la nationalité à laquelle ils appartiennent; 2", des membres adhérents
versant une cotisation aniniflle de 20 francs, rachet;d>le par un verse-
— 83 —
ment unique de 200 francs; 3° des membres bifulyiteurs versant une
cotisation annuelle de 100 francs: '•" des fondateurs donnant une somme
de 1.000 francs au moins une fois versas (art. 2). « L'Union manifeste son
activité dans l'ordre des études de sa compétence par des publications,
par des assemblées ou semaines d'études, par des cours ou conférences
ou par tout autre moyen c]ui sera jugé utile et opportun ». Le conseil
se compose de deux délégués par nation, élus pour trois ans par les mem-
bres actifs de cette nation. Le conseil choisit dans son sein son président
et son vice-président. 11 nomme pour trois ans un secrétaire général
qu'il peut prendre en dehors des délégués, parmi les membres actifs
de l'Union et qui fait de droit partie du conseil. Dans chaque État, les
membres de l'Union peuvent se constituer en comité national. Les mem-
bres actifs de l'Union doivent se réunir dans chaque pays avant le 25
juillet pour nommer leurs deux délégués, et l'on a jugé désirable qu'un
des deux délégués soit laïque et l'autre ecclésiastique. Une réunion géné-
rale, qui aura lieu le 27 octobre à Lnuvain, constituera définitivement
l'Union et arrêtera le programme de la première semaine internationale.
Les Jésuites et l'Imprimerie. • — Dans les pays de missions, où le
nombre nécessairement restreint des ouvriers évangéiiques avait à faire
une abondante moisson et où l'activité personnelle devait, pour
satisfaire à sa tâche, être doublée par d'autres moyens, le recours à
l'imprimerie qui permettait de répandre dans ces populations la bonne
doctrine et de prc^longer ou, au besoin, de suppléer l'enseignement oral,
s'imposa naturellement de bonne heure. Les jésuites ne furent pas des
dernier.7 à s'en apercevoir; de tous côtés ils s'attachèrent à créer les
presses qui ne servirent pas d'ailleurs uniquement à l'impression d'œu-
vres dogmatiques, mais cfu'ils utilisèrent aussi pour des trav'aux d'ordre
purement scientifique. Dans un mémoire qui suppose de longues recher-
ches et qui, cependant, pourra peut-être trouver un complément dans
des recherches ultérieures, le P. (;ecili(> Gômez Rodeles nous apporte
des renseignements curieux sur les imprimeries que les jésuites ont pos-
sédées dans l'Inde (à Goa, à Rachol, à Lochim, etc.). à Macao et sur
d'autres points de la Chine, au Japon et, vraisemblablement, bien qu'il
ne puisse apporter de textes précis sur ce point, en Indo-Chine. Ce tra-
vail sur les Iniprentas de los a/itiguos jesuitas en las uiisiones de Levante
durante los siglos xvi a/ xviii (extrait de Raiôn y Fe. 2'' édition. Madrid,
Rivadeneyra, 1912. in 8 de 56 p.), complète les publications anté-
rieures et recule pour certaines villes la date connue jusqu'ici dé l'intro-
duction de l'imprimerie (Goa, par ex., 155() au lieu de 1561; \angasaki,
1594 au lieu de 1600). — A ce travail, on en rattachera un autre du
même érudit, paru antérieurement, dans lequel il a recherché les presses
établies par les religieux de la même Compagnie en Europe, en Amé-
rique et aux Philippines : Imprentas de los antiguos fesuitas en Furopa,
Amériea y Filipinas durante los siglos XVi al XViii (Extrait du même
recueil, 2® édition. Ibid.; 1910, in-8 de 82 p.). En même temps que
l'histoire de l'imprimerie, celle des missions et celle de l'activité litté-
raire des ordres religieux trouveront à puiser dans ces deux brochures.
NOMENCLATOR ANIMALIUM GENERUM ET SUBGENERUM. Parmi Itg
grandes entreprises de l'Académie des sciences de Berlin, ce ne sera pas
l'une des moins importantes ni des moins intéressantes que l'établisse-
ment d'un Nomenclator animaliuni generum et subgenerum. La nomen-
clature est une des questions qui préoccupent à l'heure actuelle les zoo-
— 84 —
logues, et les congrès do zoologie ont discuté les règles à adopter. Le
Nomenclator de l'Académie de Berlin, établi aveu la précision scientifique
qui nous est annoncée, rendra les plus précieux services; tout nom devra
être accompagné de la citation du passage original où il est employé
pour la première fois.
Voyage d'études en Allemagne. — L'influence française n'a jamais
cessé de se faire sentir en Allemagne tant sur le terrain intellectuel que
sur le terrain économique. En dépit des difficultés politiques qui existent
entre les deux pays, la sympathie des Allemands pour les choses de France
n'est guère contestable. Il y a donc intérêt à développer ces relations;
il y a intérêt surtout pour nos compatriotes à être mieux informés de
ce qui se passe en Allemagne. C'est une des raisons polir lesquelles le
Journal d'Allemagne, dirigé par M. Georges Boll, a pris l'initiative, avec
le concours du Comité des voyages d'études internationaux de Paris, du
Comité berlinois de l'alliance française, de l'Œuvre universitaire des séjours
de vacances à l'étranger et d'autres institutions analogues, d'organiser
pour le mois d'août un voyage d'une semaine à Berlin, qui s'adresse
plus particulièrement aux commerçants français. Le voyage qui, tous
frais compris (chemin de fer, repas, logement, guides, excursions, etc.),
s'élève à la somme extrêmement modique de 100 francs en S'^ classe, 150
en 2«^ et 200 en première, aura lieu du 8 au 15 août. La visite de Berlin se
fera du 9 au 13; le 14, un arrêt à Dusseldorf permettra de voir la
vieille cité et d'y visiter l'exposition des villes d'Allemagne. 11 faut espé-
rer que l'initiative du Journal (T Allemagne sera bien accueillie et qu'elle
sera le point de départ de voyages analogues.
Paris. — En publiant les requêtes adressées à Philippe de Valois par
le prévôt des marchands et les échevins de la ville de Paris et les ordon-
nances ou projet d'ordonnances en réponse à ces requêtes de 1343, M. Ju-
les Viard nous offre de précieux éléments d'information sur les relations
entre VÉckevinage parisien et la Royauté sous Philippe de FaZois( Extrait
du Bulletin de la Bibliothèque et des travaux historiques de la ville de Paris,
fasc. VI. Paris, Imp. nationale, 1912, in-8 de 14 p.). Les revendications
de la ville trouvent auprès de l'autorité royale le meilleur accueil et
M. Viard peut dire justement que « l'ensemble de ces documents, qui sont
des plus intéressants pour l'histoire administrative de la capitale au
moyen âge, montre combien, d'un côté, la ville de Paris savait lutter
pour la sauvegarde de ses privilèges et de ses libertés, mais aussi, d'un
autre côté, que les rois, au moyen âge, avaient toujours le respect de ses
prérogatives ».
— Li'Etat des abbayes cisterciennes au coininenceme?it du .xiv*^ siècle,
que publie notre excellent collaborateur et ami M. Jules Viard (extrait
de la Revue de l'histoire de V Église de France, Paris, 76 bis, nie des Saints-
Pères, s. d., in-8 de 21 p.) est emprunté à un document jadis conservé
dans les archives de la Chambre des comptes et dont nous ne possédons
plus que des copies; c'est une lettre adressée en 1333 par l'abbé de
Citeaux « Venerabilibus in Christo coahbatibus suis in regno Franciae
constitutis ». On y relève la mention de 197 abbayes cisterciennes payant
au Roi la décime, classées par provinces et diocèses, et que M. Viard
a identifiées avec soin. Par le montant de la décime indiqué pour chaque
abbaye, on peut se faire une idée de son importance relative. Le docu-
ment nous apporte en outre sur l'état économique du pays des indica-
tions intéressantes.
— 85 —
— Notredistinguécollaburateur M. MaxPrinet aextrait du Bulletin mo-
numental (année 1911) une étude aussi intéressante qu'érudite sur /es Va-
riations du nombre des fleurs de lis dans les armes de France (Caen, H.
Delesques, 1912, in-8 de 22 p., avec 2 pi. reproduisant 10 sceaux). Les
premières et les dernières lignes de ce travail en donneront une idée
suffisante : « C'est, dit l'auteur, un fait bien connu que les armoiries
des rois de France ont affecté successivement deux formes officielles
différentes : elles ont consisté, d'abord, en un écu d'azur semé de fleurs
de lis d'or, puis en un écu d'azur à trois fleurs de lis d'or. On désigne la
première de ces formes par l'expression de « France ancien » (c'est-à-
dire blason de France ancien) et la seconde par celle de « France mo-
derne ». M. Prinet décrit et explique les nombreux documents qu'il a pu
examiner et il termine ainsi : « Je crois avoir montré, par une suffisante
quantité d'exemples, ce que le nombre des fleurs de lis figurées dans l'écu
de France a eu d'inconstant. La forme dite ancienne et la forme dite
moderne des armes royales ont coexisté, au moins depuis le début du
règne de saint Louis jusqu'au milieu de celui de Charles VI. Cette consta-
tation pourra être fort utile aux archéologues, qui auront à déterminer
la date des monuments du moyen âge armoriés du blason des rois de
France ».
— Nous avons déjà parlé de l'exposition des cartes à la Bibliothèque
nationale. L'un des fonctionnaires de la section des cartes, M. Charles
Du Bus, l'étudié sous un point de vue spécial. Dans la Révolution fran-
çaise à l'exposition du cabinet des cartes (extrait de la Révolution française,
juin 1912, Paris, imp. de la cour d'appel, 1912, in-8 de 31 p.), il parle
avec détail de ceux des documents exposés qui intéressent de près ou
de loin la Révolution et ceux qui y ont été mêlés : œuvres géographi-
ques de Louis XVI et de ses frères, oeuvres intéressant la famille royale,
plans des prisons, etc.
— Le VJIJ^ Congrès diocésain de Paris, qui s'est tenu du 26 février
au l^ï" mars 1912, vient de faire paraître son Compte rendu (Paris, 50,
rue de Bourgogne, 1912, in-8 de 331 p.) dont on ne saurait recomman-
der trop vivement la lecture aux chrétiens qui n'ont pu prendre part
aux travaux de cette assemblée. Plus de vingt rapports, suivis de dis-
cussions parfois animées, toujours intéressantes, ont étudié tour à tour
les œuvres de religion et de piété, les œuvres d'enseignement, les œuvres
de jeunesse, les œuvres sociales, les œuvres de propagande et les œuvres
de presse. L'on a exposé ce qui se fait dans le diocèse, l'on a étudié
ce qui doit se faire, on a recherché les meilleurs moyens d'action sur
de multiples terrains. Et les lecteurs de ce volume y puiseront, avec de
légitimes espérances, avec l'admiration et la reconnaissance pour tant de
dévouements qui s'exercent sans compter, des encouragements, des sol-
licitations, des invitations pressantes à se mêler aux œuvres catholiques,
à leur apporter leur concours, si modeste soit-il, et à aider par là à la
restauration des idées et des principes chrétiens dans notre pays.
— Depuis juin dernier est ouverte jusqu'au 30 septembre prochain,
de 10 heures du matin à 5 heures du soir, une exposition de la Biblio-
thèque et des travaux historiques de la ville de Paris, organisée avec le
concours des collections de M. G. Hartmann, auxquelles ont été ajoutées
des pièces de MM. G. Decaux, Paul Lacombe, Edgar Mareuse, et Victor
Perrot, membres de la Société des Amis de la Bibliothèque. Les gravures
et images de toutes sortes, ainsi que les plans qui composent cette expo-
— 86 -
sition installée à l'hôtel Le Peletier de Saint- Fargeau, 29, rue de Sévi-
gné, se rapportent tous aux Boulevaitb [Madeleine- Bastille), depuis le
\\i\^ siècle jm^qii'à la fin du secotid Empire. Vne brochure portant ce titre
(Paris, imp. Panl Dupont, in-8 oblong de 'il p.), rédigée par MM. Marcel
Poète, conservateur de la Bibliothèque, Gabriel Henriot, bibliothécaire,
et Robert Burnand, sous-bibliothécaire, trace un tableau précis et fort
intéressant des boulevards pendant la période sus-indiquée. Tableau très
littéraire aussi, qui mérite une place dans toute bibliothèque parisienne.
Voici comment est divisée cette notice : 1. L^a Naissance des boulevards;
II. Les Boulevards au xviii*' siècle; Hl. La Révolution sur les boule-
vards; IV. Les Boulevards il y a un siècle; V. Les Boulevards sous la
Restauration; YI. Les Boulevards sous Louis-Philippe; VII. Du soir au
matin : Les Cafés. Au Théâtre. L'Opéra. Carnaval et bals masqués.
Dîneurs et soupeurs; VIII. Magasins; IX. Les Boulevards et la circula-
tion; X, Les Journées de Juillet 1830 sur les boulevards; XI. Au temps
de la République de 1848; XII, Les Boulevards sous le second Empire,
L'ensemble de ce travail est une suggestive évocation de la vie passée
des boulevards de Paris, d'après des documents iconographiques et carto-
graphiques,
— ■ Sans aucun retard, nous informons nos lecteurs que M, E. Renart,
libraire expert, vient de faire paraître un très important Supplément au
Répertoire général des collectionneurs, qu'il publie depuis 1893 (Maisons-
Alfort (Seine), 2, rue de Lorraine, et Paris, 30, rue Jacob, chez l'auteur,
n-16 de 600 p. — Prix : Broché, 8 fr. ; cartonné, 9 fr.). Ce supplément
contient environ 8500 adresses d'amateurs, dont plus de 2400 relatives
à des collectionneurs américains et 1300 adresses de commerçants en
antiquités de tous genres et de toutes nationalités, La nature des col-
lections est indiquée par des signes figuratifs; cette circonstance peut
donc dispenser les intéressés de la connaissance de la langue française.
Du reste, on trouve, en tête du volume, un tableau de ces signes, avec
traduction des mots français en langues allemande, anglaise, italienne et
russe. Il nous paraît superflu d'insister sur les grands services que ce
Supplément rendra à une foule de personnes, principalement aux collec-
tionneurs et aux marchands de tous les pays.
— La librairie Berger- Levrault vient de lancer la première livraison
(janvier-mars 1912) d'une revue nouvelle dont le plan avait été conçu
par feu M. Ch. Malo, le critique militaire très connu et justement apprécié
du Journal des Débats. Elle a pour titre : Les Archives militaires et pa-
raîtra trimestriellement en fascicules in-4 de plus de 100 pages. Le pre-
mier en compte 156, Chaque fascicule se composera de deux parties dis-
tinctes. La première partie constitue, sous forme d'articles rangés alpha-
bétiquement, un répertoire complet des progrès réalisés dans toutes les
branches de l'art, des sciences et des industries militaires, des change-
ments introduits dans l'organisation des armées, enfin des événements
militaires survenus dans les deux mondes, La deuxième partie se compose
d'une revue critique et bibliographique de la littérature militaire, com-
plétée par une table générale des articles parus dans les revues militaires
françaises et étrangères. Ainsi compris, le nouveau périodique ne peut man-
quer d'être goûté par tous ceux qui s'intéressent aux choses de l'armée
(Paris, rue des Beaux- Arts, 5 et 7; Nancy, rue des Glacis, 18, librairie
Berger-Levrault. Prix de l'abonnement annuel : France, 12 francs. Union
postale, 14 francs).
— 87 -
— En mai dernier (t. CXXIV, p. 469), m signalant à celle place
l'édition in-l'i des Étapes héroïques, de M. Jules Mazé, nous exprimions le
désir de voir un jour les 4 volumes de cet auteur parus d'abord en in-1'olio
dans la série: L'Année terrible, réédités dans le format in- 12 de la jolie
coUectinn Pour Tous, de la maison Mame. Il apparaît clairement que
telles étaient déjà les intentions de cette maison, car elle nous donne
aujourd'hui /o Terre san-g/an^e, de M. J. Mazé, qui rappelle successivement
Borny, Rezonville, Saint-Privat et Metz (in-12 cartonné de 302 p., illus-
tré. — Prix : 1 fr. 50). Le Polybiblion a rendu compte de ce volume en
novembre 1904 (t. CI, p. 510). — Plus récemment, à l'occasion des
étrennes (décembre 1910, t. CXIX, p. 500), nous avons anahsé le roman
de M. Jean Drault : La Fiancée de brumaire. 11 suffira donc de ren-
voyer nos lecteurs à l'article publié sur l'édition in-folio et à noter l'édi-
tion in-12 de la collection Pour Tous de la maison Mame, qui nous est
arrivée ces jours derniers (351 p., illustré par Conrad. — Prix, cartonné :
1 fr. 50).
Anjou. — On vient de distribuer ic tome XIV (5^ série), année 1911,
des Mémoires de la Société nationale d'agriculture, sciences et arts d^ An-
gers (Angers, imp. Grassin, in-8 de 508 p.). L'excellence des travaux
publiés par cette société justitie le titre dont elle se glorifie avec raison
d'être une des plus anciennes de France : elle date, en effet, de 1685.
M. L. de Farcy, parlant de la Tapisserie de V Apocalypse (p. 287-295),
croit pouvoir identifier le portrait du roi Louis d'Anjou; il publie, en
outre, des notes sur les Statues de S. Maurice et ses compagnons (xvi^ siè-
cle) à la cathédrale d'Angers (p. 303-307), sur Sauniur au xviii*^ siècle
(p. 337-345) et sur les Vitraux (xii*^-xin<' siècle) de la nef de la cathé-
drale d'Angers (p. 363-375); enfin un Inventaire du château d'Eslelan, près
Bolbec, à la mère de la veuve du maréchal de Cossé-Brissac, née d'Es-
quetot, en 1557 (p. 413-427); — M. A. Bourdeaut s'occupe des Males-
troit d'Oudon et les du fiellay de Lire (Oudôn et le livre des Regrets du
poète) (p. 9-89); — M. E. Rondeau des Ursulines et l'acquisition du Ge-
netay en Morannes (1676-1684) (p. 89-97); — M. l'abbé F. Uzureau de
Noël Pinot, le saint curé du Louroux, dont nous avons déjà parlé ici
(p. 113-203); puis tout un vivant procès-verbal des Élections et le cahier
du tiers état de la ville d'Angers en 1789 (p. 375-413) et à part, même
éditeur, in-8 de 39 p.). Le même auteur a relevé la Liste de personnes
décédées dans les prisons d'Angers pendant la Terreur (p. 427-481), et à
part, même éditeur, in-8 de 55 p. Bien que toutes les déclarations de
décès n'aient pas été faites, cela est démontré, sans compter aussi les
enfants morts à l'hospice, M. LTzureau n'a pas compté moins de 1020
victimes de cet odieux temps à ajouter aux 10.000 déjà connues; encore
convient-il d'ajouter que les paysans, les ouvriers et journaliers sont en
plus grand nombre. — M. Planchenault restitue à sa juste mesure une
légende déjà formée .sur le Souterrain deChâteauneuf{'p.203-2l\); — -M. Jo-
seph Joubert nous conduit jusqu'aux Châteaux du roi Louis II de Ba-
vière (p. 315-337); — M. le chanoine Urseau nous entretient d'une Idée
de congrégation religieuse d'artistes chrétiens à Angers, au milieu du
XIX® siècle (p. 345-363), et M. A. Beignet de la Décadence de l'apprentis-
sage en France (p. 253-287); — ■ M. J. Verrier fait une conférence sur une
Ame indoue (p. 97-113) et raconte son Excursion à l'île de Hoedic (p.
211-253); — M. G. Dufour nous découvre le Bureau de Buffon (avec
gravures^ aujourd'hui dans la famille de M. Lucien Millevoye, à Cha-
- 88 —
lonnes (p. 307-311); — à M. X. de la Perraudière nous devons enfin
avec Trois Ballades (p. 311-315) une amusante facétie : Le Prince Agri-
cole et la Fée rurale, ou Histoire de l'invention des engrais (p. 295-303).
— • La Société des lettres, sciences et arts du Saumurais vient de
publier ses fascicules 6 et 7 (janvier et février 1912; Saumur, P. Godet,
in-8 de 96 et 88 p.)- Avec les procès-verbaux de la jeune et déjà très
vivante société, avec les récits de ses intelligentes excursions, nous trou-
vons dans ce recueil : Attaque de Saumur par les Vendéens, par M. le
capitaine Rolle (p. 9-29); — Corporation des chirurgiens- barbiers de Sau-
mur, par M. O. Desmé de Chavigny (p. 29-33); — • Les Fêtes décadaires
de Montreuil- Bellay, par M. Camille Lharier (p. 33-38); — Marguerite
d'Anjou, par M""" Renouard (p. 39-55, avec grav.); — Les Lanternes des
morts à Montsoreau et à Moulhierne, par M. F. Uzureau (p. 68-72, avec fig.);
— A propos d'un fer à cheval, par M. le capitaine Joly (p. 73-75); —
U Adjudication, en 1752, d'une fille mijieure pour son entretien, à 45 livres
de pension, par devant notaire (p. 75-77); — A propos de M""® de Sévigné,
par MM. le D'' Bonteraps et le comte de Castelfane (p. 78-82); — La
Pièce de canon Marie-Jeanne était-elle Saumuroise? , par M. le capitaine
Rolle (p. 82-86); — Les Principaux du collège de Saumur, 4800-1830,
par M. F. Uzureau (p. 87-92); — La Condamnation de Jean Sans-Terre
par la cour des pairs de France, par M. Gabriel Richault (p. 14-25); —
Adroite politique des Vendéens à l'égard des Saumurois et des Montreuil-
lais faits prisonniers au siège de Boisgrolleau, par M. Camille Charier
(p. 38-43); — Inventaire des biens meubles et immeubles de la maladrerie
de Saumur en 1448, par M. Desmé de Chavigny (p. 44-49); — Les
Solea jerrea (chaussures des mules), par M. Joly (p. 49-54); — Projet
de création d'un collège de filles à Saumur en 1796, par Ch. Couscher,
publié par M. F. Uzureau (p. 54-59); — • Voyage en Saumurois de Lady
Cradock, en 1783, reprod. par M. le D"" Bontemps (p. 61-65); — Lps
Prussiens à Villebernier en 1815, par M. Louis Anis; • — Saumur fortifié,
par M. le capitaine Rolle (p. 70-76 y.
AuvERG>'E. — Marie Boudai, en religion Sœur Marthe, entra à 18 ans
au noviciat, établi près de Clermont, des religieuses du Cœur de l'En-
fant-Jésus, dont le but est l'enseignement de l'enfance et le soin des ma-
lades. Sœur Marthe marqua son court passage sur la terre par l'exacte
pratique des vertus de la vie religieuse, ces petits riens de la règle quo-
tidienne, de la charité pour les humbles et les malheureux, dont l'ensem-
ble forme la couronne de sainteté. Cette vie de dévouement caché, très
imitable, doit être proposée pour modèle aux « enfants de Marie » et aux
patronages de jeunes filles. Cette plaquette intitulée : Sœur Marthe, par
M. J.-H. Conchon (Besançon, imp. catholique de l'Est, 1910, in-16 de
53 y>.), fera beaucoup de bien dans ce milieu délicat où la modicité du
prix permettra de la répandre abondamment.
Champagne. — Le tome XLVIII de la 3« série des Mémoires de la
Société académique d'agriculture, des sciences, arts et belles-lettres du dépar-
tement de l'Aube, qui correspond au tome LXXV de la collection, ne
peut manquer d'être apprécié et recherché, même en dehors de la région
qu'il concerne spécialement (Troyes, Paul Nouël, 1911, in-8 de 506 p.,
avec 3 pi. en couleurs. — Prix : 6 fr.). Et cependant ce volume ne
renferme que deux travaux. Le premier, de M. l'abbé G. d'Antessanty,
a pour titre : Supplément à la liste des coléoptères du département de
l'Aube publiée par M. G. Le Grand (en 1861) (p. 7-63). Le deuxième.
~89 —
dû à M. Louis Leclert, est fort important : c'est un Armoriai historique
de l'Aube (p. 65-421, avec 3 pi. en couleurs). Dans sa Préface, l'auteur
rappelle que M. Alphonse Roserot a publié en 1879, dans le même
recueil académique, un Armoriai du département de VAube, assurément
très bien fait, mais qui, tiré à petit nombre, ne se rencontre plus aisé-
ment. M. Le Clert déclare ensuite qu'il a emprunté à M. Roserot « tout
l'enser.ible de son ouvrage » et qu'il a aussi suivi sa méthode de classe-
ment; mais les 842 armoiries du premier armoriai ont plus que doublé
dans le deuxième, car celui-ci en renferme 1779, sans compter divers
numéros bis. » Cette différence, observe M. Le Clert, provient de ce que
nous avons agrandi le cadre que cet écrivain [M. Roserot] s'était tracé.
Nous donnons, en effet, un certain nombre de blasons d'abbés, d'abbesses
et de fonctionnaires, en y ajoutant ceux des anoblis du premier et du
second Empire et des personnes titulaires d'armoiries ayant à ce jour
des possessions dans les parties des anciennes provinces de Champagne
et de Bourgogne composant le département de l'Aube. Nous avons pensé
que, grâce à la présence de ces documents, il serait plus facile, en con-
sultant notre recueil, de se prononcer relativement à l'attribution des
armoiries que l'on peut rencontrer sur des vitraux, des sculptures, des
cachets, des pièces d'orfèvrerie, etc.. datant même de l'époque la plus
récente ». Et il ajoute : « Notre Armoriai n'est qu'un simple recueil
dans lequel, en indiquant avec précision les sources où nous avons puisé,
nous nous bornons à donner un ensemble sans en garantir la valeur.
C'est au travailleur qu'il appartiendra de remonter à ces sources et
d'apprécier l'usage qu'il devra en faire. »
FriANCHE-CoMTÉ. — Le Testament de Béatrix de Cusance, duchesse de
Lorraine (23 mai 1663) vient d'être publié par M. E. Longin (Lons-le-
Saunier, imp. Declume, 1912, in-8 de 45 p.). M. Longin fait d'abord un
résumé de l'histoire des relations de Béatrix, veuve à 22 ans du prince
de Cantecroix, avec Charles IV, duc de Lorraine et de Bar. Il reproduit
ensuite son testament, suivi d'un codicille rédigé trois jours après. « Nous
n'avons pas, observe-t-il^, l'original des dernières dispositions delà duchesse
de Lorraine, pour donner ici à Béatrix le titre qu'elle a si chèrement
acheté, mais il en existe deux copies authentiques, l'une à la Bibliothè-
que nationale, l'autre à la Bibliothèque de Besançon; je vais les com-
pléter l'une par l'autre en indiquant en note les légères différences qui
existent entre elles ». M. Longin ne manque pas de rappeler la fm par-
faitement chrétienne de cette tapageuse illustration franc-comtoise, pour
laquelle il éprouve une charitable pitié. Au total, publication faite avec
grand soin et éclairée par une multitude de notes de toute nature.
— Quoique d'origine parisienne par sa famille, le général Griois, qui
nous a été révélé par des Mémoires dont le Polybiblion a parlé au mo-
ment de leur mise au jour (septembre 1909, t. CXVI, p. 123, et janvier
1910, t. CXVIII, p. 136-137), était Franc-Comtois de naissance et d'édu-
cation. Pour faire connaître ce personnage à ses compatriotes qui l'igno-
raient, M. Léonce Pingaud a inséré dans les Mémoires de la Société
d'émulation du Doubs une étude sur le Général Griois d'après ses Mé-
moires, qu'il a tirée ensuite à part (Besançon, imp. Dodivers, 1911, in-8
de 16 p.). Mais M. Pingaud a complété son travail par « divers rensei-
gnements empruntés aux documents locaux », grâce auxquels il a pu
faire « ressortir quelques traits nouveaux de la physionomie de Griois ».
L'auteur suit le général à travers sa vie errante de militaire, en Italie,
— 90 —
en Russie, jusqu'à sa mise à la retraite, dix ans après la disparition de
l'Empire, et à sa mort, survenue à Paris, où il s'était fixé, lo 2^i sep-
tembre 1839.
— C'est encore du même Griois que s'occupe M. Pint,'aii(l dans une
brochure extraite du Bulletin de l'Académie de Besançon, à laquelle il
a donné pour titre : Un Chapitre inédit des Mémoires du ^éiïcral Griois
[Voyage aux eaux de Louèche et en Suisse) (Besançon, imp. .laccpies, 1911,
in-8 de 37 p.). Ce chapitre, vraiment curieux, a été omis par l'éditeur
des Mémoires, M. Arthur Chuquet, parce que, sans doute, il l'avait con-
sidéré « comme un appendice inutile à une autobiographie exclusivement
militaire et naturellement encadrée entre les deux dates célèbres de
l'an II et de 1815 >>. Il s'agit, en somme, d'un voyage entrepris par
Griois, pendant l'été de 1830, aux eaux de Louèche, en Suisse. « L'au-
teur y raconte son séjour dans cette station, au milieu d'une clientèle
tant soît peu cosmopolite; le trouble qu'apporta dans ce petit monde
la nouvelle des journées de Juillet et de la chute de Charles X, et enfin
le retour du général à Paris, par l'Oberland et l'Alsace... On remarquera
en particulier la conclusion, où le vieux soldat, libéral au sens où ce
mot était entendu en 1825, se montre soudain converti à d'autres idées
par le spectacle de la révolution nouvelle et prédit, avec une clairvoyance
prophétique, les conséquences de cette révolution jusques et y compris
1870 ». Nous estimons que ces pages doivent prendre place dans la bi-
bliothèque de tous ceux qui possèdent les Mémoires de Ciriois, car elles
achèvent de faire ressortir la psychologie du général.
— Tout récemment, il s'est formé à Paris une association qui, sous le
titre de « Syndicat général d'initiative. Le Jura français », se propose de
« poursuivre la réalisation des mesures propres à augmenter la prospérité
et] la beauté de la contrée jurassienne. Il s'attachera à mettre en valeur
toutes les curiosités de la région, les monuments et les ruines remarqua-
bles, les sites et les paysages intéressants, etc. Ses efforts porteront
également sur la publicité convenable à faire tant en France qu'à l'é-
tranger, pour attirer les touristes dans cette région et les y retenir en
leur rendant le séjour agréable... La zone d'action du syndicat s'étend
virtuellement de la Trouée de Belfort au coude du Rhône, à Culoz,
englobant par suite toute la Franche-Comté et, dans l'Ain, les arrondisse-
ments de Gex et de Nantua ». Une telle création exigeait naturellement
un organe qui, sous le titre de : Le Jura français, revue officielle illustrée,
est appelé à être grandement utile d'abord aux touristes français et
étrangers, ensuite aux commerçants et habitants du pays. Les adhésions
au Syndicat doivent être adressées au secrétaire général, M. F. Vuillaume, 1,
rue Gossec, Paris, XII^; le montant de chaque souscription varie,
selon le cas, de 5 francs à 500 francs. Chaque numéro du nouveau pério-
dique, de format in-4, joliment illustré, coûte 0 fr. 50. Nous publierons
régulièrement les sommaires du Jura français dans noire'JPartie technique.
Normandie. — Nous venons de recevoir le volume de 1911 des Mé-
moires de V Académie nationale des sciences, arts et belles-lettres de Caen.
{Caen, imp. Delesques, in-8 de 233-112 p.). Les Mémoires proprement
dits que l'on trouve dans ce volume sont au nombre de cinq : Trois
Légendes du Cotentin, par M. G. Vanel (p. 1-30); — Un Professeur de
m,athématiques à r Université de Caen au commencement du xvii^ siècle.
François- Gilles Macé, par M. Henri Prentout (p. 31-44); — Inauguration
du m.onument de Segrais à Fontenay-le- Pesnel le 15 octobre 1911, Discours
— 91 —
de MM. Fernand Engerand, P. de Longuemare et Paul Deschanel (p. 45-
99); — - Les Noms des points de V espace chez les peuples océaniens, par
M. le comte de Charencey (p. 101-119); — L'Instruction publique à
Caen pendant la Révolution, par M. C. Pouthas (p. 121-233). La deuxième
partie du volume est formée par la publication de deux documents im-
portants : Note sur la démolition de la forteresse de Tombelaine en 1666,
par M. V. Hunger (p. 1-21) et les Recettes et les dépenses de V abbaye
de Troarn, par M. R.-N. Sauvage (p. 23-76).
Provence. — La brochure de M. Jean Audouard, intitulée: Les
Anciennes Familles de Provence. Généalogie de la maison de Bruny, ba-
rons de la Tour d'' Aiguës, marquis d' Enlrecasteaux (Marseille, Imp. nou-
velle, 1912, in-« de 5i p., avec 1 pi. et 1 tableau synoptique), résume
l'histoire d'une famille de négociants marseillais qui, ayant amas.sé une
grande fortune, acheta, sous Louis XIV, des charges anoblissantes. Ses
diverses branches acquirent, en Provence, de nombreuses seigneuries
et donnèrent naissance à des magistrats distingués. L'une d'elles a
produit un marin glorieux, l'amiral d'Entrée a steaux, qui mourut près de
Java, en 1793, commandant la division envoyée à la recherche de La
Pérouse, et un célèbre assassin, le président d'Entrecasteaux, qui tua sa
femme en 1784. Outre la filiation des Bruny, l'auteur indique celle de
quelques familles qui représentent aujourd'hui leur descendance.
Sainïonge et Aunis. — L'histoire de Barbezieux pendant la période
du moyen âge était restée jusqu'à présent bien obscure, la presque tota-
lité des archives de cette ville ayant disparu. Aussi le tome XLI des
Archives historiques de la Saintonge et de V Aunis (Paris, A. Picard et fils;
Saintes. J. Prévost, 1911, in-8 decxii-311 p. — Prix : 15 fr.) est-il destiné
à combler cette lacune en partie. Le Cartulaire du prieuré de Notre-Dame
de Barbezieux, qui remplit ce volume, est conservé maintenant aux
Archives nationales; il fournit d'intéressants détails sur les premières
années du prieuré, depuis sa fondation, vers 1040, jusqu'au début du
XIII'' siècle. Grâce à ce cartulaire, dont il donne une excellente édition,
M. de la Martinière a pu dresser une liste à peu près complète des prieurs
du xii« siècle, éclairer bon nombre de faits relatifs à l'histoire des pa-
roisses de cette ville, aux dîmes, foires et marchés, aux procès, jugements
et transactions. Non content d'étudier l'histoire religieuse de cette ville ,
il a ai.ssi — en puisant à de multiples sources telles que les Archives
et la Bibliothèque nationales, le British Muséum, les archives de la Gironde
et de la Charente et surtout les archives du château de Chalais — ■
donné uiïe bonne étude généalogique sur les seigneurs de Barbezieux,.
depuis le xi*^ siècle jusque vers la fin du xvi<'. A cette époque, Au-
douin VI, le dernier Barbezieux, ruiné par les guerres et ne pouvant
payer les arrérages des rentes dues aux héritiers d'Agnès, fille d'Itier IV
de Barbezieux, qui avait épousé Geoffroy de la Rochefoucauld, leur aban-
donna, par une convention du 9 juin 1379, toutes ses terres et ses
biens meubles. A la suite du cartulaire qui est surtout un résumé d'actes,
M. de la Martinière a publié 49 chartes, en partie inédites et très im-
portantes pour l'histoire des seigneurs de Barbezieux; elles vont de 1060
au 9 juin 1379. Une bonne table onomastique placée à la fin du volume
permettra de l'utiliser facilement et d'y puiser quantité de renseigne-
ments nouveaux pour l'histoire de la région du sud-ouest de la France.
Nous relèverons un petit lapsus en terminant. Pages 245 et 246, il faut
mettre sine financia et non sine financiam et, à la même page 245, le
- 92 —
nom du notaire a été mal lu; il faut Berth. Cama, au lieu de Berihcania.
A>'GLETERRE. — Daus le neuvième fascicule annuel de International
Catalogue of scientific littérature. Physics (London, Harrison and Sons,
et Paris, Gauthier- Villars, 1911, in-8 de viii-424 p. — Prix : 30 fr.)j
on trouvera les renseignements bibliographiques recueillis par la rédaction
de septembre 1909 à septembre 1910. Nous avons constaté avec plaisir
dans ce volume que, pour toutes les langues employant l'alphabet latin
avec des caractères accentués, l'orthographe originale est scrupuleusement
respectée. Quoique, cette fois-ci, il n'y ait aucun ouvrage russe cité,
nous formulons à nouveau (cf. Polyhiblion de juin 1911, t. CXXI, p.
543) le vœu de voir uniformiser les règles de transcription des mots
russes par l'emploi exclusif de l'orthographe tchèque.
Belgique. — Les abbayes bénédictines de Louvain (Mont-César) et
de Maredsous se signalent depuis quelques années par une admirable pro-
pagande liturgique qui porte déjà les plus heureux fruits : revues sci en-
tifiques et de vulgarisation, publications nombreuses, retraites et semaines
liturgiques entretiennent et développent ce mouvement vers une vie
profondément chrétienne alimentée par les soins maternels de l'Église.
Signalons un tract de propagande : La Liturgie en une leçon, de Dom
Jérôme Picard (Abbaye de Maredsons, Belgique, in-16 de 32 p.). L'au-
teur a placé dans leur cadre théologique, en une synthèse vivante, toutes
les parties de la liturgie dont la pratique, aimée parce que comprise,
fournira tous les détails. On ne saurait trop recommander cet opuscule
que l'abbaye de ^laredsons peut céder à six centimes l'exemplaire, s'il
est pris en nombre.
Espagne. — M. Ferrân de Sagarra s'est proposé de réunir les sceaux
des principaux seigneurs, des gens d'église et des villes qui se trouvent
mentionnés dans la Chronique du roi d'Aragon Jacques l^^ (1213-1276)
et dans quelques autres textes de la même époque. Sa brochure, inti-
tulée : Segells del temps de Jaume I (Extr. des Travaux du Congrès d'his-
toire de la couronne d'Aragon, tenu à Barcelone en juin 1908. Barcelone,
imp. Altès, 1912, gr. in-8 de 71 p. avec planches), d(mne la description
et la reproduction en simili-gravure de 82 de ces petits monuments.
L'auteur a joint à ce catalogue illustré des notices biographiques qui
précisent la personnalité et le rôle historique de chacun des individus
dont il a retrouvé les sceaux. L'ensemble de la publication constitue un
précieux recueil iconographique et apporte une utile contribution à l'his-
toire de l'art sigillaire du xiii*^ siècle. Les sceaux d'Alfonse, comte de
Molina (1255), de la commune de Saragosse (1260-1299), d'Albert de
Lavania (1270-1271), de Sanche Dantillon (1296), des Jurats de Navarre
(1297) sont particulièrement remarquables par l'élégante sobriété de leur
facture.
Portugal. — I^epuis longtemps, M. Sousa Viterbo est connu de tous
ceux qui s'intéressent non seulement à l'histoire du Portugal, mais aussi
à celle de ses possessions d'outre-mer et à l'histoire de la colonisation
par de beaux travaux et la publication de précieux documents. Pour être
d'un intérêt plus restreint que les Trahalhos nauticos, les deux diction-
naires d'armuriers que ce laborieux érudit a publiés dans le tome XI,
2^ partie, des travaux de la classe des sciences morales et politiques et
des belles-lettres de l'Académie des sciences de Lisbonne (Historia o
Memorias da Academia real da'^ sciencias de Lisboa; Lisboa, typographia
âa Academia. 1909, in-4 de "".O -|- 20 -|- 20 -|- 176 -j- 187 p. et un portrait)
— 93 —
n'en présentent pas moins, au point de vue de l'histoire et de l'industrie
et de l'art surtout, une indiscutable utilité, é1?ant 'donnée en particulier
la masse de documents que, sous le nom de chacun des armuriers qu'il
cite, fabricants d'armes blanches dans la première partie, fabricants' d'armes
à feu dans la seconde, a publiés M. Sousa Viterbo. Quelques-uns de ces
armuriers sont Français, tels les deux Corneaut signalés aux no^ 46 et
47 de la première partie (cf. le n» 48 de la seconde); d'autres sont des
armuriers coloniaux établis soit au Brésil, soit aux Indes orientales,
soit encore au Maroc. Deux listes, l'une chronologique, l'autre géo-
graphique, terminent le premier de ces deux excellents dictionnaires, qui
constituent à eux seuls, avec les discours et les documents habituels et
les éloges de MM. Antonio de Serpa Pimentel et Antonio Augusto Teixeira
de Vasconcellos, le gros volume sur lequel nous a\ons plaisir à appeler
aujourd'hui l'attention.
États-Unis. — La Smithsonian Institution vient de distribuer plu-
sieurs de ses publications périodiques. Commençons par citer son An-
nual Report of the Board oj Régents of the Smithsonian Institution for
the year ending Jiine 30, 1910 (Washington, Government printing office,
1911, in-8 cartonné de vii-688 p., avec de nombreuses planches et gra-
vures). 11 convient de noter parmi les principaux mémoires qu'il con-
tient : Les Récents Progrès faits dans F aviation, par M. Octave Chanute;
Sur la constitution de la matière, par M. Becquerel; Problèmes astrono-
miques, par M. Curtis; L'Atmosphère du soleil, par M. Deslandres; Les
Peuples slaves, par M. Niederle. et beaucoup d'autres mémoires déjà
parus dans divers recueils scientifiques de l'ancien continent et de l'A-
mérique du nord.
— La même Société nous envoie le 40^ volume des Proceedings of
the United States National Muséum (Washington, Government printing
office, 1911, in-8 cartonné de xi-670 p., avec 69 planches et une carte).
Les notices insérées dans ce gros volume sont consacrées à l'histoire
naturelle : insectes, poissons, reptiles et animaux divers, originaires de
l'Amérique ou de l'ancien monde.
— Enfin, nous avons reçu en même temps les Contributions from the
United States National Herbarium (Washington, Government printing of-
fice, 1912, 3 br. in-8 de 34, 86 et 26 p., avec planches et figures). Dans
le vol. 13, part. 12 de cette publication spéciale, M. Henry Pittier dé-
crit des plantes nouvelles ou remarquables de la Colombie et du centre
de l'Amérique. Le vol. 14, part. 3, est consacré à une monographie
du genre Bouteloua et autres graminées des régions désertiques, par
M. David Griffiths. Quant au vol. 16, part. 1, il contient diverses des-
criptions de plantes nouvelles dues à MM. R Maxon, J.-N. Rose, Paul
G. Standley et R.-S. Villiams.
Publications nouvelles. — • La Sainte Humanité de Notre- Seigneur
Jésus-Christ, par l'abbé S. Legueu (in-16, Angers, 1, chemin de la Mei-
gnanne). — La Loi d'amour. VI. Les Restaurations sociales; de V esclave
à l'ouvrier, par L.-A. Gafîre (in-12, Tralin). — L'Idéal monastique et la
vie chrétienne des premiers jours, par Un religieux bénédictin de l'abbaye
de Maredsous (in-12, Beauchesne). — Le Verger, le temple et la cellule,
essai sur la sensualité dans les œuvres de mystique religieuse, par C. Oui-
mont (in-16, Hachette). — Les Droits et les devoirs de la propriété, con-
férences de Carême, par J.-B. Paquet (in-8, Bruxelles, Dewit). — Manuel
du tiers-ordre de Saint- François, par le P. Eugène d'Oisy (in- 18, Librairie
— 94 —
Saint- François). — Les Dn'ines Apparitions de Lourdes, par l'abbi' ]'.
Moniquet (petit in-8, Librairie des Saints-Pères). — J/istoire critique des
éi'énernents de Lourdes. Apparitions et f^uérisojis, par G. Bertrin. Nouvelle
édition augmentée et mise à jour (in-8, Lecoffre, Gabalda). — Trois l'illes
saintes. Ars-cn-Dornbes. Saint- Jacques-de-Co)itpostclle , le Mont Saint-Michel,
par E. Baumann (in-l(i, Grasset). — Les Transformations générales du
droit privé depuis le code Napoléon, par L. Duguit (in- 16, Grasset). —
Les Églises et leur mobilier devant la loi civile, par l'abbé F. Fantou (in-16,
Amat). — Les Formes élémentaires de la vie religieuse. Le Système toté-
mique en Australie, par E. Durkheim (in-8, Alean). — La Philosophie
affective, par .). Bourdeau (in-16. Alcan). — Les Étapes de la philosophie
mathématique, par L. Brunschvicg (in-8, Alcan). — Les Règles esthéti-
ques et les lois du sentiment, par H. l)nssauze (in-8, Altan). — L'Année
philosophique, publiée sous la direction de F. Pillon. 22^ année, 1911 (iii-8,
Alcan). — Le Langage et la verhomanie. Essai de psychologie morbide,
par Ossip-Lourié (in-8, Alcan). — La Survivance humaine. Étude de fa-
cultés non encore reconnues, par (). Lodge; irad. de Vanglais, par le D"^
H. Bourbon (in-8, Alcan). — La Réincarnation. La Mélem psychose, l'évo-
lution physique astrale et spirituelle, parle 1)'' Papus(in-I8. Dorbon-aîné).
— La Morale de Geulincx dans ses rapports avec la philosophie de Des-
cartes, par E. Terraillon (in-8, Alcan). — La Conscience collective et la
morale, par A. Bauer (in-16, Alcan). ■ — L'Honneur, sentiment et principe
moral, par E. Terraillon (in-8, Alcan). — A travers la morale, à travers
les choses, par J. Leday (in-18 cartonné, ,1. de Gigord). ■ — Dans un jar-
din solitaire, par M. Fouchet (in-16, Lemerre). - Jean- Jacques Rousseau
et sa philosophie, par II. IIofTding; trad. du daniàs par J. de Coussange
(in-16, Alcan). — Les Grands Philosophes. Schelling. par E. Bréhier (in-8,
Alcan). — Une Philosophie nouvelle. Henri Bergson, par E. Le Roy
(in-16, Alcan). ■ — L'Art de faire un homme. Conseils pratiques d'éducation
moderne. De la première enfance à la fin des études, pai' l'abbé H. ^loc-
quillon (in-16, Perrin). • — Précis d'économie sociale, par G. Legrand
(in-16, Beauchesnel. ■ — Recherches sur le travail humain dans l'industrie.
I. Enquête sur l'alimentation de 1065 ouvriers belges, par A. Slosse et E.
Waxweiler (gr. in-8 cai'tonné, Bruxelles et Leipzig, Misoh et Thron). —
Les Abonnements d'ouvriers sur les lignes de chemins de fer belges et leurs
effets sociaux, par E. Mahain (gr. in-8 cartonné, Bruxelles et Leipzig,
Misch et Thron). — L' Évolution industrielle et agricole depuis cent cin-
quante ans, par G. Renard et A. Dulac (in-8. Alcan). — Illusions socia-
listes et réalités économiques, par D. Bellet (in-16. Rivière). — Salaires,
prix, profits, par K. Marx (in-18, Giard et Brière). — Solidarité, par L.
Bourgeois (in-18, Colin). — The Standard rate in American trade unions,
by D. A. Me Cabe (in-8, Baltimore, the Johns Hopkins Press). — Les
Merveilles de la vie végétale, par A. Acloque (gr. in-8. Bonne Presse). —
Dictionnaire militaire. Encyclopédie des sciences militaires rédigée par un
comité d'officiers de toutes armes. 25^^ livr. et Supplément général (2 fasc.
in-4. Berger- Levrault). — Nos Cathédrales, par A. Bro(]uelet (in-18. Gar-
nier). — Les Sculpteurs français du xiil^ siècle, par M^^*-' L. Billion (in-8
carré, Plon-Nourrit). — Huns Holbein le jeune. L'Œuvre du maître (gr.
in-8 carré, relié toile, Hachette). — En flânant. A travers la France.
Touraine. Anjou et Maine (petit in-8, Perrin). — Musiciens et poètes, par
J. ChcUitavoine (in-16, Alcan). — Éloges académiques et discours, par G.
Darboux (in-16, Hermîinn). - Contributions au folklore bourbonnais, pai'
— 95 —
F. Pérot (in-12 carré, Moulins, les Cahiers du Centre). — Ronces et lierres,
par F. Fabié (in-18, Lemerre). - Hintes galantes, par F. Bailly (in-16,
Lemerre). ■ — Toiles et bronces, par F. Lame (in-16, Jouve). — Thyiiu^
et Uwandes, par H. des Beaumeltcs (in-18, Jouve). ■ — La Danse de So-
phocle, par J. Cocteau (in-Ui, Mercure de France). — Rêves et pensées,
par p. Baudry (in-16, Messein). — Toute mon âme, par C. de 8aint-Cyr
(in- 16, M. Rivière). — Les Églantines, par A. Lobert (petit in-8, Saint-
Quentin, Imp.' générale). Lu Cité des lampes, par G. Silve (in-16,
Calmann-Lévy). — La Route bleue, par J. Rameau (in-16, Plon-Nour-
rit). - La Fresque de Pompci. La Madone qui pleure, par O. Augustin-
Thierry (in-16, Plon-Nourrit). - V Appel, par M.-G. Belgrand d'Arbau-
mont (in-16, Plon-Nourrit). ■ — La Vocation de Frank Guiselcy. par R.
H. Benson; trad. par T. de Wyzewa (in- 16, Perrin). • — Monsieur des
Lourdines, par A- de Châteaubriant (in-16, Cîrasset). - — Jean Guilbert,
scènes du Rouer gue, par G. Mercier (in-16, Grasset). — Les Rlés mû-
rissent, par II. Bordier (in-16, Grasset). ■ — Vers la lumière, par E. Poi-
teau (in-16, Grasset). — La Meilleure Part, par E. Poiteau (in-16, Gras-
set). - A V ombre du clocher, par L. Gros (in-16, Grasset). —- Malgré
son père, par F. Dumont (in-16, Grasset). — Le Moulin sur la Soufroide,
par M. Regnaud (in-16, Grassetl. — Thérèse Dalhran, par L. Fisquet
(iu-16, Grasset). — Les Feuilles sur la route, par M. de la Fuye (in-18
Jouve). — Ames de femmes, par B. de Rigny (in-16, Jouve). — Vision-
naires, par A.-R. Schneeberger (in-18, Figuière). — L'Amour nomade.
Claudia, par M. Deroxe (in-18, Figuière). — La Cure, cas, par L. Baranger
(in-18, Figuière). — Qui sème le vent..., par C. Jeandet (in-16, Figuière). —
Jeanne Michelin. Chronique du xviii'' siècle, suivie de : Les Deux Faces
de la vie, par H. Bordeaux (in-I"2, F(intemoing). — Dorrington détective
marron, par A. Morrison; trad. par A. Savine (in-16. Stock). — La
Lande aux loups, par P. Maël (in-12 cartonné, Tours, Marne). ■ — Œuvres
complètes de Maximilien Robespierre, l""'" partie. Robespierre à Arras.
T. II. Les Œuvres judiciaires, par E. Lesueur (in-8, Leroux). — Victor
Hugo. Œuvres choisies illustrées, par Léupold-Lacour (2 vol. petit in-8,
Larousse). — Œuvres choisies d'Alfred Musset, par J. Giraud (in-16,
Hachette). — La Vie et Vœuvre de Palis.^ot, par D. Delafarge (in-8. Hachette).
— Pour monter et jouer une pièce, par J. Blaize (petit in-8, Colin). — Le
Romantisme en France au xYiii'- siècle, par D. Mornet (in-16. Hachette).
— La Rataille romantique, par J. Marsan (in-16, Hachette). — Pierre
Rosegger. L'Homme et l'œuvre, par A. Vulliod (in-8, Alcan). ■ — Au Ma-
roc, par les camps et par les villes, par G. Babin (in-16, Grasset). —
Dans notre empire noir, par M. Rondet-Saint (in-16, Plon-Nourrit). —
La Tripolitaine interdite. Ghadamès, par L. Pervinquière (in-16, Hachette).
• — Histoire des conciles d'après les documents originaux, par C. J. Hefele;
trad. française par Uom H. Leclercq. T. IV, 2^ partie. T. V, f^ partie
{2 vol. in-8, Letouzey et Ané). — Saint Ëlzéar de Sabran et la bienheu-
reuse Delphine de Signe, par P. Girard (in-12. Librairie Saint-François).
— " Les Saints ». Sainte Chantai, 1572-1641, par H. Bremond (in-12,
LecofTre, Gabalda). ■ — Une Petite Sainte. Sœur Thérèse de l'Enfant- Jésus,
par J. Saint- Yves (in-12, Lethielleux). — Le Cœur d'une reine. Anne
d'Autriche, Louis XIII et Mazarin, par P. Rubiquet (in-8, Alcan). —
La Cour des Stuarts à Saint- Germain-en-Laye, 1689-1718, par G. du
Boscq de Beaumont et M. Bernos (petit in-8, Émile-Paul). — Les Ori-
gines^de la Déclaration des droits de l'homme de 1789, par V. Marcaggi
— 96 —
(in-8, Fontemoiiig). — La Diplomatie de la Gironde. Jacques- Pierre Bris-
sot, par H.-A. Goetz-Bernstein (in-8, Hachette). — La Défense nationale
de 1792 à 1795, par P. Caron (in-16, Hacliette). — Le Congrès de Ras-
tatt (11 juin 1798-28 avril 1799). Correspondance et documents publiés
pour la Société d'histoire contemporaine, par P. Montarlot et L. Pin-
gaud (in-12, A. Picard et fils). — 1812. La Guerre de Russie, par A. Chu-
qiiot (in-8, Fontemoing). Notes et Documents, 'A*-' série. — Le Marquis
René de Girardin (1735-1808), par A. Martin-Decaen (petit in-8, Perrin).
— Ma Vie, 1850-1864, par R. Wagner; trad. de N. Valentin et A. Schenk.
T. III (in-8, Plon-Nourrit). — La Renaissance de l'orgueil français, par
E. Rey (in-16, Grasset). — Les Annements allemands. Lu Riposte, par le
capitaine P. Félix (in-8, Berger-Levraiilt). — Les Catholiques sont-ils
des citoyens? par J. Riche (in-16. Librairie des Saints-Pères). ■ — Histoire
du peuple anglais au xix*^ siècle, par E. Halévy. I. L'Angleterre en 1815
(in-8, Hachette). ■ — Les Rapports de V Église et de V État en Italie, par
le comte J. Casali (in-16, Basset). — Proscrits. Histoire anecdotique de
la persécution et de V expulsion des jésuites de Portugal en octobre 1910,
par L. G. d'Azevedo (gr. in-8, Casterman). — Histoire des Arabes, par
C. Hiiart. T. I (in-8, Geuthner). — Voix canadiennes. Vers V abîme, par
A. Savaète. T. VI (in-8, Savaète). ■ — Histoire de la race française aux
États-Unis, par l'abbé D.-M.-A. Magnan (gr. in-8, Amat). — Bolivar et
V émancipation des colonies espagnoles, des origines à 1815, par J. Man-
cini (in-8, Perrin). • — Les Livres liturgiques du diocèse de Langres. Étude
bibliographique. 2^ supplément, par l'abbé L. Marcel (in-8, A. Picard et
fils). — Bibliographie verlainienne , par G. -A. Tournoux (in-16, Leipzig,
Rowohlt). — Jahrhuch fur Biicher-Kunde und — Liebhaberei, von G. A.
E. Bogeng (gr. in-8, Berlin, Harrwitz). Visenot.
Le Gérant : CHAPUIS.
Imprimerie polyglotte Fr. Simon, Rennes— Paris.
POLTBIBLION
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE UNIVERSELLE
OUVRAGES D'ENSEIGNEMENT CHRÉTIEN ET DE PIÉTÉ
Prédication. — t. Discours choisis du cardinal Pie, avec une Introduction des
notices et des notes, par l'abbé Paul Halflants. Bruxelles, Keller, s, d., in-12
de 180 p., 1 fr. 50. — • 2. Œuvres choisies oratoires et pastorales de Mgr Touchf.t.
T. VII et VIII. Paris, Lethielleux, 1912, 2 vol. in-12 de 474 et 431 p., 7 fr. —
3. Sermons de Bourdaloue adaptés à notre éppque. V^ série. Instructions d'un
quart d'heure pour les dimanches et fêtes de l'année, par l'abbé H. Verdun. Paris,
Beauchesne, 1912, petit in-8 de xvi-521 p., 5 fr. ■ — i. A travers trente ans d'apos-
tolat ^1881-1911), par le chanoine J. Guiraud. Paris, Vie et Amat, 1911, petit
in-8 de xvi-468 p.,- 3 fr. 50. — • 5. Vade-mecum des prédicateurs, par Deux mis-
sionnaires. Paris, Téqui, 1912, in-18 de x-783 p., 5 fr. — ■ 6. Le Pain évangé-
ligue. Explication diaîoguée des Évangiles des dimanches et fêtes d'obligation à
l'usage des catéchismes, du clergé et des fidèles: T. I^''. De V Avent au Carême-
T. II. Du Carême à la Saint-Pierre, i)3Lr l'alibé E. Duplessy. Paàs, Téqui, 1912,
2 vol., in-12 (iï- x-240 p. et 248 p., 4 fr. — 7. Exposition de la morale catholique-
Morale spéciale. La Foi, son objet et ses actes. Carême de 1911, par le R. P.
Janvier. Pari«, I ethielleux, s. d., petit in-8 de 440 p., 4 fr. — 8. Les Sacre-
ments, conférences aux étudiants, par Louis Boucard, Paris, Beauchesne, 1912,
• m-16 de viii-40'. p., 3 fr. 50.
EnseignemeiNT. — 9. Mon grand Catéchisme. Manuel d' instruction et de formation
chrétiennes, _Y)dLV les al)bés Th. Dequin et A. Ledieu. Paris, Bloud, 1912, in-16
cai tonné de iv-375 p., 2 fr. 50. — 10. Le Catéchisme de maman. La Religion
expliquée aux petits enfants, par l'abbé de Saint-Jean. Paris, Bloud, s. d., in-
16 de 79 p., illustré, 0 fr. 60. — 11. Premières Leçons de catéchisme, par l'abbé
Davot. Paris, Bloud, 1911, in-32 cartonné, de 79 p., 0 fr. 40. — 12. Sw le
Chemin du salut. La Famille chrétienne et la Saints Famille. Le Mariage chrétien,
par Victor Vieille. Paris et Lyon, Vitte, 1912, in-18 de 232 p., 1 fr. 25. — ■
13. L'Éducation chrétienne, conférences, par l'abbé Henri Le Cavus. Paris,
Téqui, 1912, in-16 de viii-191 p., 1 fr. 50. — 14. Le Christ et l'Église dans les
questions sociales, conférences données au Brésil, par L.-A. G ffre. Paris, Bloud,
1912, in-16 de xxv 342 p., 3 fr. 50. — 15. L'Autre Vie, par Mgr Élie Mérîc.
13e éd. Paris, Téqui, 1912, 2 vol. in-18 de xvni-337 et 400 p., 6 f r. — 16. Consi-
dérations sur l'éternité, pai le R. P. Drexelius; trad. par Mgr Bélet. 3^ édit.
Paris, Téqui, 1911, in-12 de xviii-235 p., 2 fr. - 17. L'Éducation de la chasteté.
Méthode pratique d'enseignement sexuel et d'éducation de la chasteté proposée aux
parents, aux prêtres et autres éducateurs, par Michel Gatterer et Franz Krus;
trad. de l'allemand par l'abbé Th. Dequin. Paris, Bloud, 1911, in-16 de 150 p.,
2 fr. — IS. La Vraie Politesse. Petit Traité sous forme de lettres h des religieuses,
par l'abbé François Demore. Paris, Téqui, 1912, in-16 de x-226 p., ? fr.
Jésus-Christ. — 19. Le Chrétien intime, par Charles Sauvé. T. VI. Le Culte
des mystères et des paroles de Jésus. I. Élévations éi>an^éliques. Paris, Amat,
1911, petit in-8 de xxiii-470 p., 3 fr. 50. — 20. La Religion de Jésus d'après
l'Évangile, par l'abbé Pierre Lelièvre. Paris, Perrin, 1912, in-16 de xxx-
280 p., 3 fr. 50. — 21. Jésus de Nazareth. Histoire de sa vie racontée aux enfants,
par la Vénérée Mère Marie Loyola, publiée par le P. Thurston; trad. fran-
çaise par Madeleine Bertha. Paris et Lyon, Vitte, s. d., in-16 de xiv-376 p.,
2 fr. 50. — 22. Paroles de Jésus sur la montagne-. Entretiens d'un quart d'heure
pour les jeunes chrétiens de notre temps, par l'abbé Chabot. Paris, Beauchesne,
1912, in-16 de 288 p., 2 fr. 50. — 23. Par l'amour et la douleur/ Étude sur la
Passion, par Léon-Rimbault. 4» édit. Paiis, Téqui, 1911, in-12 de xv-5<15 p.,
3 fr. 50. — 24. Jésucristo viviendo con nosotros en el Sacramento de su amo,, pOF
José M. de Jk.sus Portugal. Barcelona, Subirana, 1910, in-16 de 368 p., 2 fr.
AOUT 1912. T. GXXV. 7.
— 98 —
25. En Lui! Portrait de Vâme déi'ouée au Sacré-Cœur, par Félix Anizan.
Paris, Lethielleux, s. d., in-12 de 522 p., 3 fr. 50. — 26. Livre d'or du Cœur de
Jésus pour les prêtres et pour les fidèles, TpAT Joseph Hilgers. Paris, Lethielleux.
s. d. in-32 de xii-252 p., 1 fr. 25. — 27. Vous êtes à Jésus-Christ, parle R. P.
Rickaby; tiad. et adapté de l'anglais par M. Jry. Paris et Tournai, Caster-
man, 1911, in-32 de 241 p., 1 fr. 25.
L'Eucharistie. — 28. Discours eucharistiques. 2" séiie. Discours dogmatiques
prononcés aux congrès eucharistiques de Jérusalem, de Eeims, de P.iicy l Moniil.
de Bruxelles, de Lourdes. Palis, Lethielleux, s. d., in-12 de 385 p., 3 fr. 50.—
29. Entretiens sur VEucharistie, par Mgr de Gibergues. Paris, J. de Gigord,
1912 in-18 de vi-179 p., 1 fr. 50. — 30. U Éducation -eucharistique, par J.-C.
BroÙssolle. Paris, Téqui, 1912, in-12 de vi-277 p., 2 fr. — 31. Entretiens
eucharistiques pour le recrutement sacerdotal, par l'abbé Jean Vaudon. Paris,
Ténui, 1911, in-12 de xvi-374 p., 3 fr. 50. — 32. Le Mystère d'amour. Considé-
rations sur la .mainte Eucharistie, par le R. P. Lecornu. Paris, Téqui, 1912 , in-r2
de vni-39'i p., 3 fr. 50. — 33. Pr'tre et pasteur, ou Grandeurs et obligations du
prêtre. Extraits des ouvrages du B. J an Eudes, parle P. Boulay. Paris, Le-
thielleux 1911, in-12 de xu-552 p., 3 fr. 50. — 34. Le Zélateur de la confession
et de la communion fréquente, par l'abbé S. Febvre. Paris, Maison de la Bonne
Presse s. d., in-16 de xvi-417 p., 1 fr. — 35. La Grâce à dix ans. Essai de
discernement et d'éducation de la grâce chez les jeunes enfants, par l'abbé Geli.é.
Paris, Ee^uchesne, 1912, petit in-8 de 231 p., 3 fr. — 36. Panis Angelorum.
Tesoro de documentas y practicas para los devotos de la sagrada Eucaristia, por Un
I adr de S. J. Barcelona, Gili, 1911, in-16 relié de 512 p., 2 fr. 50.
Prédication. — 1 à 8. — L'influence d'un évêque comme le car-
dinal pie ne saurait être bornée ni par l'étroite limite d'un diocèse
ni par la durée trop réduite de sa propre existence; nous félicitons
M. 1 abbé Halflants d'avoir contribué à étendre cette influence consi-
dérable par le c'ioix qu il a fait des principaux discours ou œuvres
pastorales du cardinal Pie; instructions sur l'esprit de renoncement
et de sacrifice, sur les principales erreurs du temps présent, sur Rome
consid( rée Comme siège de la Papauté; l'éloge funèbre des volontaires
catholiques (zouaves pontificaux); mandement ; Lave tes mains, ô
Pilate; homélie pour le couronnement de N.-D. de Lourdes, le 3 juil-
let 1876. Épris des remarquables travaux de l'éminent évêque, l'au-
teur fait précéder ces citations d'une étude aussi substantielle que
concise sur « l'évêque et l'orateur «. En tête de chaque citation, est
un résumé de lœuvre qui va suivre avec quelques mots sur son oppor-
tunité. 11 fait bon relire ces pages qui, à leur heure, ont produit en
France la plus vive impression; on se réchauffe volontiers auprès de
ces ardeurs apostoliques qui ont fait de l'évêque de Poitiers l'athlète
puissant et inlassable au service de la vérité doctrinale et du Saint-
Siège.
— La librairie Lethielleux continue la publication des Œuvres choi-
sies de Mgr Touchet, évêque d'Orl'ans, œuvres oratoires et pastorales;
elle en est aux septième et huitième volumes que nous avons sous les
yeux et qui contiennent les œuvres publiées dans le cours de cinq
années, depuis le 29 décembre 1î;05 jusqu'au 12 décembre 1909. Ces
œuvres touchent à toutes les questions qui ont été soulevées depuis
— 99 --
la loi de séparation : protestations, organisation diocésaine, denier du
culte, écoles libres, etc., etc.; moiii propric et encycliques commentés
et expliqués; panégyriques. 11 n'y a rien sur Jeanne d'Arc parce que
tout ce qui a trait à la Bienheureuse, lettres, allocutions, discours,
actes, formeun volume à part", sans parler d'un second volumespécial
qui renferme tous les documents relatifs à la cause de la Béatification.
La table des matières, bien faite et très complète, rt'sume en quelques
mots chacun des actes contenus dans les deux volumes et peut ainsi
donner une idée exacte de leur objet particuher. Nous n'avons pas
'besoin de répéter ce qui a été déjà écrit sur le style et la manière
de l'éminent évêque : ses allocutions surtout, ses éloges funèbres et
see panégyriques portent toujours le caractère de son beau talent ora-
toire ainsi qu'ils mettent en plein relief ses remarquables qualités de
pontife et d'administrateur. Cette collection des œuvres de Mgr Tou-
chet doit faire l'ornement d'une bibliothèque sacerdotale. » - r ■[
— Les Sermons de Bourdaloiie sont de vrais chefs-d'œuvre du genre;
les fruits qu'il leur a été donné de produire se renouvellent à chaque
génération. On félicitait un curé du biein qu'il opérait par ses ins-
tructions : « Cela m'arrive, répondit-il, toutes les fois que je prêche
Bourdaloue ». Mais il le prêchait en le raccourcissant et en l'adaptant
à notre époque. Le livre de M. l'abbé Verdun nous aidera à obtenir
le même succès; il a revisé les longs sermons du célèbre prédicateur
en des Instructions d'un quart d'heure pour les dimanches et fêtes de
r.'année; il nous parait que son travail pourrait nous servir très utile-
ment à enseigner la doctrine sans fatiguer l'auditoire. M. l'abbé
Verdun nous révèle d'abord la méthode qu'il a suivie, nous commu-
nique les éloges qu'il a reçus de divers évêques et de distingués ecclé-
siastiques dont l'un, le R. P. Griselle, lui écrit, entre autres choses
flatteuses : « Ceux qui suivront vos conseils se féliciteront vite de
vous avoir écouté. » Ainsi adaptés, les sermons de Bourdaloue pour-
ront être très bien acceptés; ils prouveront qu'ils n'ont pas encore
fait leur temps et qu'ils peuvent redevenir à la mode. « La morale de
Bourdaloue, si ancienne qu'elle soit, et la solidité de sa doctrine,
jointe à la pureté de sa parole, lui assurent une éternelle actualité ».
— Bourdaloue prêchait, dit-on, les yeux fermés; M. le chanoine
Guiraud, prêche, comme Mgr de Ségur, en aveugle, mais le mission-
naire, comme le pieux prélat, est un aveugle très clairvoyant. Sou s ce
titre : A travers trente ans d'apostolat, il a réuni, dans un volume, ses
principales œuvres oratoires groupées sous ces titres : Panégyriques
(7); homélies sut Madeleine (6); conférences sociales sur les béatitu-
des (4); sermons sur la croix, l'Eucharistie, l'Église et Marie; le temple
catholique, fausseté des joies du monde (5); allocutions sur la Croix-
Rouge, les orgues, les cloches, le cimetière, le mariage (7); Il a été
— 100 —
encourago à cette publication par un grand nombre d'archevêques et
d'évêques qui ont rendu un témoignage autorisé « à la pureté de
la doctrine et à la belle ordonnance classique de la composition faite
de clarté, d'élévation et de simplicité ». Mgr Germain, archevêque de
Toulouse, écrit à l'auteur qu'il a « de nobles sentiments, les grandes
pensées de foi du Père Lejeune, celui que Massillon appelait le mo-
dèle des prédicateurs; il ne doute pas du bien qu'il fera à ceux qui le
liront comme il en a fait depuis trente ans à ceux qui l'ont entendu. »
— Le Vade-niecum des prédicateurs est un vrai manuel à l'usage de
la prédication. Les auteurs — deux missionnaires — bien au courant
de ce ministère, y ont réuni tout ce qui convient à l'apostolat du
pasteur dans sa paroisse ou au dehors. La 1^^ partie comprend les
Dominicales, c'est-à-dire les homélies pour tous les dimanches, deux
homtlies bien distinctes chaque fois et si bien disposées que chacune
pourrait suffire au prône et à une autre instruction. Les fêtes forment
la 2^ partie : celles de Notre-Seigneur et tout ce qui a trait à l'Eu-
charistie ; celles de la Sainte Vierge et de son culte (mois de Marie, etc.) ;
celles des saints. Pour les prédications spéciales, la 3^ partie renferme
les prédications de l'Avent, du Carême, conférences, retraites, nom-
breux sujets de circonstance. Ce ne sont pas des discours tout faits,
mais un texte, une idée pour l'exorde, des divisions bien marquées
avec des subdivsions, mises à leur place, chacune accompagnée de quel-
que texte qui sert au développement:travail tout prêtderechercheset
d'arrangement, mais qui laisse au prédicateur le soin de le revêtir de
sa forme et de lui donner le développement convenable. On ne com-
prend bien un aide, un auxiliaire, que dans ces conditions; si le livre
ne laisse rien à faire, c'est un grave tort; c'est favoriser la paresse;
le prédicateur n'a plus qu'à s'assimiler par la mémoire ce qu'on lui
donne et à le redire fidèlement du haut de la chaire. Nous n'approu-
verions certes pas cette méthode qui aboutirait à paralyser nos meil-
leures facultés el même à nuire à l'efficacité de notre apostolat, car
la parole seule peut faire du bien qui est méditée, réfléchie, celle
qu'on s'est identifiée et dont on s'est pénétré.
— Le Pain évangélique, de M. rabl)é E. Duplessy, est plutôt une
Explication dialogiiée des Évangiles qu'une prédication; nous plaçons
ici cet ouvrage parce qu'il complète, en quelque sorte, le précédent :
c'est l'Evangile mis à la disposition non seulement des catéchistes
mais aussi des prédicateurs; une autre source de sujets très pratiques
qui nous arrivent même de Jésus-Christ, de l'Esprit saint et que
l'Eglise nous offre avec opportunité, en faisant de son enseignement
une part à chaque dimanche. La forme est le dialogue et elle est par
là même plus captivante : on est interrogé, il faut répondre, parce que
cette question qui est posée aujourd'hui, à nous ou en notre présence,
— 101 —
peut nous être adressée dans telles circonstances que nous serions,
quoique très embarrasses, obligés de répondre sur-le-champ, et alors
la pensée de cette perspective nous fait prendre plus d'intérêt à
écouter et à comprendre. C'est l'usage assez répandu aujourd'hui de
mêler à des sermons de carême, de retraite ou de mission des confé-
rences dialoguées. L'ouvrage de M. Duplessy pourra être très utilisé
dans ces occurrences par nos vénérés confrères. 11 n'est pas complet
encore : le tome l^'" va de l'Avent au Carême et le tome 2^ ne con-
tinue que jusqu'à la Saint- Pierre. Mais l'auteur, encouragé par
son succès, ne va pas manquer de publier bientôt la fin de son excel-
lent travail.
— Le maître de la parole apostolique qui continue l'œuvre des
conférences de Notre-Dame de Paris traitait, pendant le carême de
1911, de l'objet et des actes de la foi; le R. P. Janvier se montre tou-
jours à la hauteur de son importante mission, illustrant à son tour
cette chaire où sont montés nos plus éminents orateurs. Sa doctrine,
inspirée des enseignements du Docteur angélique, a reçu de S. É. le
cardinal secrétaire d'Etat, écrivant au nom du Saint-Père, la plus
flatteuse consécration; elle est déclarée opportune parce que, tout en
réfutant les anciennes hérésies, le conférencier se préoccupe aussi de
combattre les erreurs nouvelles. Le cardinal Merry del Val ajoute :
« Le succès de votre parole est la meilleure preuve que, même à notre
époque, le dogme catholique n'a pas besoin d'être amoindri pour être
propose aux esprits sincères et cultivés ». Le R. P. Janvier, en pu-
bliant ses conférences de 1911 : Ex-position de la morale catholique.
Morale spéciale. La Foi, son objet et ses actes, les accompagne, comme
il a fait pour les précédentes, de deux longs appendices; dans le pre-
mier, il énumère, pour chaque conférence, les auteurs qu'il a consultés,
et la liste, as£3z étendue, témoigne du labeur obstiné et du soin cons-
ciencieux doat son étude a été l'objet; dans le second, il réunit
toutes les notes explicatives qu'il a crues nécessaires pour le plein
éclaircissement de ses démonstrations. Enfin une table des matières
reproduit les sommaires et les résumés des conférences qui se trou-
vent en tête de chacune d'elles. Le livre, qui est à sa 2^ édition, con-
tinuera, auprès de ses nombreux lecteurs, l'apostolat que le prédi-
cateur a si heureusement accompli auprès de ses auditeurs.
— Terminons cette série par les conférences de M. l'abbé Louis
Boucard sur les Sacrements. Elles sont au nombre de dix-huit, com-
prenant tout ce qui concerne la vie surnaturelle. Les trois premiers
traitent de la vie même de la foi et de la grâce, des sept sacrements
institués par Notre-Seigneur Jésus-Christ et de leur efficacité.
Chaque sacrement s'offre ensuite l'un après l'autre avec l'enseigne-
ment qui lui est spécial: le baptême et sa liturgie; la confirmation;
— 102 —
l'Eucharistie : présence réelle, communion, sacrifice de la messe,
liturgie; la Pénitence : son institution et sa pratique; les indulgences;
l'extrême-onction; l'ordre et la hiérarchie; le mariage et ses empê-
chements, enfin le divorce. M. l'abbé Boucard n'en est pas à ses
débuts; auteur dogmatique très apprécié, il est, dans ce nouvel ou-
vrage, digne de sa réputation; il s'attache surtout à étudier, discuter
et réfuter les erreurs modernistes; il sera d'un précieux secours aux
prédicateurs, aux catéchistes, aux instituteurs et institutrices qui
désirent un enseignement approprié aux besoins actuels.
Enseignement. — 9 à 18. — Le premier et le meilleur livre d'en-
seignement religieux est le catéchisme. Celui que publient MM. les
abbés Dequin et Ledieu sous le titre de : Mon grand Catéchisme
s'adresse particulièrement à des esprits déjà formés « aux élèves des
cours supérieurs de l'enseignement primaire et à ceux du premier
cycle de l'enseignement secondaire », mais il peut convenir à bien
des gens du monde qui pourront y trouver une connaissance exacte,
complète et approfondie de la doctrine catholique sous une forme
très attrayante. Le livre se divise en 3 parties : Dieu et sa Loi; Jésus-
Christ et l'Eglise; la vie surnaturelle; en tout 55 leçons; chacune
comprend un précis doctrinal; un questionnaire analytique; un déve-
loppement et des explications; un essai d'éducation du sentiment
religieux; des sujets de devoirs écrits; des lectures, extraites, la plu-
part, de la Bible et qui fourniront aux caté(?histes un thème inépui-
sable de commentaires pratiques. Ce plan est neuf et original et « il
est exécuté avec bonheur », écrit à l'auteur Mgr de Soissons, qui sou-
haite à l'ouvrage « tout le succès qu'il mérite ».
— Le Catéchisme de maman est la religion expliquée par une mère
à ses enfants, forme très ingénieuse d'enseignement, bien à la portée
des plus petits; il se compose de sept leçons seulement et encore sont-
elles assez brèves, mais quand même complètes. Chacune a deux par-
ties : la récitation sur la page de droite; l'explication sur la page de
gauche, et cela suit ainsi tout le long du livre qui parle une langue
dont nos ohers enfants connaissent les mots et qui traduit toutes les
questions qui peuvent se présenter et être présentées à leur esprit.
La simphcité de ce livre a fait un devoir à l'auteur, M. labbé de
Saint- Jean, de bannir de ses pages enfantines toute trace de subti-
lité et d'effort; c'est bien la maman qui parle à son cher petit caté-
chumène.
— plus simple encore, et peut-être aussi plus utile le petit livre de
M. l'abbé Davot : Premières Leçons de catéchisme. Dans ces 80 pages,
il y a le résumé complet de la doctrine et aussi de la vie de Jésus-
Christ et du chrétien; il y a des prières et des cantiques. Le livre est
bien adapté au but de l'auteur, et combien il serait à désirer que
— 103 —
nos enfants su6scnt apprendre, comprendre et pratiquer ces leçons et
ces enseignements !
— Les enfants seront ce que les fera la famille; la première édu-
cation est tout. En traitant du Mariage chrétien, le R. P. Vieille, S. J.,
nous dit ce que doit être la Famille chrétienne d'après la Sainte Fa-
mille. Les onze chapitres du livre I^r sont consacrés à la formation
de la famille. Le gouvernement de la famille occupe les vingt chapitres
du livre 11 où il est question des devoirs religieux, des devoirs de
famille et de société, des devoirs personnels; le livre III est le tableau
du bonheur vrai de la famille; joies du foyer chrétien, amour vigi-
lant du père, dévouement héroïque de la mère, docilité de 1 enfant et
ses succès, pureté virginale de la jeune (ille, fondation d'un nouveau
foyer, profession religieuse, vocation sacerdotale et première messe,
etc., tels sont les principaux traits de ce bonheur familial. Suivent la
messe de mariage et une consécration à la Sainte Famille, avec des
appendices sur le divorce, le sacrement du mariage, l'éducation.
« Puisse, dit l'auteur, ce livre devenir la lumière, la loi des inté-
rieurs et les rendre tous semblables à la Sainte Famille de Naza-
reth ! » Nous faisons le même vœu et nous avons bon espoir pour sa
réalisation.
— Voilà, en effet, que M. l'abbé Le Camus, dans ses conférences
sur l' Éducation chrétienne, se propose d'enseigner aux parents lart
de devenir de bons éducateurs. Car cela doit s'apprendre comme s'ap-
prend toute science, toute profession. Rien ne s'improvise, encore
moins cette grande science et cette admirable profession de l'éduca-
tion. Le but de M. l'abbé Le Camus est de montrer comment il faut
l'étudiei*. Herbert Spencer, philosophe, dont toutes les idées ne sau-
raient être acceptées, avait raison de s'écrier : « Combien de parents
entreprennent la tâche si difficile d'élever leurs enfants sans avoir
jamais songé aux principes qui doivent diriger l'éducation physique,
intellectuelle et morale ! « Les douze conférences que nous annonçons
sont bien de nature à faire cette formation : Première éducation, foyer
domestique, habitudes à faire prendre à l'enfant, punitions et récom-
penses, formation à l'économie, auxiliaires des parents, le jeune
homme et le prêtre, confession et communion fréquentes, formation
religieuse : tout est là et bien pensé, bien écrit, sans omettre aucun
détail important. Nous recommandons cet ouvrage aux pères et mères
de famille.
— Avec le R. P. Gaffre nous voici transportés au milieu de la
société contemporaine^ où nous sommes témoins de sa mentalité, de
ses aspirations, de son activité fiévreuse, mais aussi côtoyant les
mêmes dangers, les mêmes abîmes. L'auteur du Christ et de l'Église
dans la question sociale nous conduit , à travers ces périlleux laby-
. — 104 —
rinthes, à la clarté de la lumière cvangélique et, mettant au jourtoutes
les plaies de la société moderne, il essaie de nous faire connaître
les remèdes qui doivent les guérir. Ces conférences nous reviennent du
Brésil, ovi elles ont été prêchées avec un grand succès; elles produi-
ront au milieu de nous le même bien, car nous souffrons du même mal.
« Vos magnifiques conférences sur des sujets sociaux, prononcées de-
vant un public sélect et compétent gagnèrent toujours l'attention
de votre auditoire, conquirent à votre nom de franches et sincères
sympathies et touchèrent efficacement le cœur de vos auditeurs. »
Tel est l'éloge que fait de cet apostolat le cardinal archevêque de Rio
de Janeiro; il est consenti par grand nombre d'évêques et de notabili-
tés ecclésiastiques ou religieuses. Que faut-il de plus pour louer un li-
vre et féliciter son auteur? Quelques sujets traités : la démocratie
dans son essence et ses principes est fille de l'Église catholique; la dé-
mocratie, aux mains des agitateurs, devient le socialisme ennemi de
l'Eghse catholique; doctrine catholique sur le capital; ce que doit être
la femme du monde pour accomplir son rôle social.
— En conformant notre vie présente à tous les enseignements
de l'Église nous préparons ce que Mgr Élie Méric nous offre : L'Autre
Vie, c'est-à-dire la vie future, celle qui ne finira pas. L'ouvrage du
prélat en est à sa 13^ édition; c'est beaucoup, peur un livre aussi
sérieux, de la part d'une génération aussi légère; c'est ce qui convient
à un travail d'une aussi haute valeur doctrinale. Nous l'avons déjà
recommandé à nos lecteurs et nous sommes heureux de renouveler
cette recommandation : on ne saurait trop rappeler l'attention de
notre société frivole sur des vérités dont beaucoup ne comprennent
pas assez l'importance : raison et démonstration de notre immor-
talité; le lendemain de la mort et les limites de la raison; le problème
de notre destinée où se groupent des chapitres d'un palpitant intérêt;
l'âme après la mort; des morts aux vivants; la résurrection des corps;
les qualités des corps glorifiés; les élus se reconnaîtront au ciel, le
nombre des élus, le dernier châtiment; enfin, sous forme d'appendice,
dissertation de M. l'abbé Émery sur la mitigation des peines des
damnés, le milléranisme et les écoles révolutionnaires; purgatoire et
tradition. Est-il étonnant que l'épiscopat loue cette œuvre « savante,
complète, lumineuse »? Il ajoute qu'elle est « pleine d'attrait, de
charme, écrite par une plume brillante et forte ». Et un jugement si
autorisé ne saurait être plus flatteur.
— Restons dans l'autre vie avec les Considérations sur l'éternité
du R. P. Drexelius. Mgr Bélet les a traduites de l'allemand et nous ne
saurions trop l'en remercier en 1 en félicitant; le hvre n'est, certes,
pas une nouveauté, puisqu'il date du début du xvii^ siècle (l'auteur
est mort en 1638), mais pour être si ancien, il n'en est que plus véné-
— 105 —
rable : il a fait ses preuves et il en est sorti victorieux; après trois
siècles il se présente à nous avec la même opportunité et les mêmes
sympathies, Lo prince Aloyse Carafa, nonce apostolique, disait de«
ouvrages du P. Drexelius: « C'est avec une avidité pareille au désir
que j'éprouvais de connaître ces ouvrages ascétiques, que je les lis
maintenant qu'ils sont entre mes mains. Et plus je les relis, plus je
remarque avec bonheur qu'il est plus aisé au corps d'arriver à la
fatigue dans cette lecture qu'à l'esprit de s'en rassasier. Je ne sais
ce qu'il faut y admirer le plus, si c'est la diction ou la piété, la soli-
dité des principes ou la concision du langage ». Nous souhaitons à ce
livre le succès qu'il eut autrefois: à Munich seulement cent soixante-
dix mille exemplaires furent enlevés avec u'ne rapidité inouïe, sans
compter les nombreuses éditions de Mayence, de Francfort, de Colo-
gne, d'Anvers, de Paris et de Lyon. 11 est peu d'ouvrages qui aient
eu ce privilège.
— C est en pensant à l'éternité qu'on trouve la force de mieux sup-
porter les peines de cette vie et de soutenir les combats pour la pra-
tique de la vertu. L' Education de la chasteté nous paraîtra plus facile.
C'est encore de l'Allemagne que nous arrive ce livre dés Pères Gatte-
rer et Krus, S. J. que nous fait connaître la traduction française de
M. l'abbé Dequin; il arrive fort opportunément, hélas ! au sein d'ilne
société qui semble la proie de la sensualité. Il paraîtra audacieux de
Touloir lui prêcher la chasteté, mais l'apôtre ne doit pas préférer ce
qui plaît mais ce qui est utile. Le livre est d'ailleurs d'une excessive
prudence et l'auteur n'avance qu'avec toute la réserve qui s' impose, et
si les considérationsqu'il présente étaient bien comprises et méditées
ses conseils fidèlement suivis, la chasteté redeviendrait en très grand
honneur au milieu du moiide pervers. Importance de la chasteté;
dangers qu'elle rencontre; la protection de la chasteté. Surtout par une
conscience bien formée, et pour cela enseignement donné à l'enfance
dès l'âge le plus tendre et se développant avec les années : tels
sont les principaux points sur lesquels l'auteur appelle notre atten-
tion. Nous pourrions, ^à propos de cet enseignement, répéter le mot du
divin Maître : Faites ce qui vous est enseigné et vous vivrez: Hoc fac
et vives.
— Mais la pratique de la vertu s'allie très bien avec les relations
ordinaires de société; la vraie vertu est fondée sur la charité qui se
fait toute à tout et même, comme la piété, elle est utile à toutes
choses. Ne soyons donc pas surpris du livre de M. l'abbé François
Demore sur la Vraie Politesse. Il a déjà affronté la publicité et il y
a réussi puisqu'il en est à sa 2© édition. C'est un petit traité sous
forme de lettres à des religieuses; l'auteur définit d'abord la poli-
tesse et la distingue de la civilité ; il en fait connaître le principe,
— lOô —
considôro par rapport aux religieuses; il dit son utilité, sa nécessité,
ses avantages. Il propose pour modèle la politesse des saints; à ses
yeux, la politesse est fille de la mortificatioïi, et la splendeur de la
charité; en quoi consistent le maintien religieux, la civilité dans les
conversations, dans les repas, dans les lettres. Vingt-neuf leçons ren-
ferment les meilleurs avis sur la politesse qui sied si bien à une
religieuse.
Jésus-Christ. — 19 à 27. — Le tome Vl*^ de la grande et belle
étude de M. l'abbé Ch. Sauvé : Le Chrétien intime vient de paraître;
il s'occupe du Culte des mystères et des paroles de Jésus en prenant la
forme d'élévations évangéliques. Son œuvre se développe ainsi en ne
laissant rien de ce qui peut servir de leçon ou de modèle dans la vie
et les paroles de Jésus au chrétien qui veut de plus en plus fidèlement
ressembler à cet archétype de toute justice et de toute sainteté.
C'est en un mot la méditation approfondie de toute la vie de Jésus-
Christ, depuis l'annonciation jusqu'à la vie cachée de Nazareth, dans
le premier volume, et, dans le second, du début de sa vie pubhque
jusqu'à la fin de sa vie mortelle sur cette terre. L'auteur suit la même
méthode que dans ses livres précédents. Pourquoi en changerait-il?
L'unité de l'œuvre y gagne beaucoup et ses lecteurs, par leur persé-
vérante sympathie, lui prouvent qu'ils sont satisfaits. Une abondante
table des matières offre dans chaque volume une analyse sommaire,
mais très claire, très précise, très complète des élévations et permet
ainsi au lecteur de se graver plus solidement dans la mémoire la doc-
trine qu'elles renferment si substantielle et si exacte. Parmi les éloges
qu'a reçus l'auteur, mentionnons surtout la lettre laudative que lui a
adressée le Souverain Pontife, où le Chef de l'Eglise l'engage «très vive-
ment à poursuivre son œuvre avec ardeur » et lui souhaite « une
foule de lecteurs surtout, dans le clergé ».
— La Religion de Jésus d'après l'Evangile, dans l'esprit de son au-
teur, M. l'abbé Pierre Lelièvre, n'est rien autre que l'exposé évangé-
lique de la doctrine du divin Maître. Jésus se plaît à nous rappeler que
Dieu est notre Père et aussi notre maître et notre juge. Il nous en-
seigne en quoi consiste la vie surnaturelle qu'il est venu apporter au
monde, le royaume des cieux qui doit être la demeure des saints; il
insiste sur le nouveau et suprême commandement : Tu aimeras le
Seigneur ton Dieu et le prochain, là où sont renfermes la Loi et les
Prophètes. Une troisième partie est consacrée à la personnalité de
Jésus, à l'Église, son œuvre, à la communion éternelle en Jt sus-
Christ. Étude dogmatique, historique et morale, que les fidèles ins-
truits, le clergé surtout, liront avec fruit et qui mérite de fixer l'at-
tention de tout esprit sérieux désirant avoir de l'Évangile de Jésus
une notion exacte et aussi complète que possible
— 107 —
— ■ Sous ce titre : Jésus de Nazareth, la Vénérée Mère Marie Loyola
vient de publier Y Histoire de la vie de Jésus racontée aux enfants;
elle nous est présentée par le R. P. Thurston, S. J., et elle arrive en
France grâce à la traduction de M"^ Madeleine Bertha, revue et ap-
prouvée par M. l'abbé Poulin, curé de la Trinité à Paris. La dédi-
cace de ce livre est ainsi rédigée : « Aux petits enfants est affectueuse-
ment dédiée l'histoire de la vie de Celui qui les aime, qui est mort
pour eux et qui les invite à passer avec Lui une heureuse éter-
nité. » Ces lignes disent assez dans quel esprit le livre a été conçu et
écrit : avec la plus grande affection maternelle, le plus profond désir
d'attirer à Jésus le cœur des enfants et de les lui attacher. Le R. P.
Thurston nous assure que cet ouvrage a été l'objet de toute la solli-
citude de son auteur, non seulement à cause du sujet qui, entre tous,
méritait sa prédilection, mais aussi en raison du dévouement de la
vénérée Mère pour ses futurs lecteurs ». Ce livre s'impose à tous les
éducateurs, à tous ceux qui dirigent les enfants et ont quelque in-
fluence sur leurs âmes, car c'est leur devoir de mettre sous leurs yeux
le portrait fidèle de notre divin Maître afin de le leur faire connaître
et aimer autant qu'ils le peuvent.
— M. l'abbé Chabot connaît bien et aime beaucoup les jeunes chré-
tiens de notre temps; il se propose de les entretenir des Paroles de
Jésus sur la montagne. En leur annonçant des Entretiens d'un quart
d'heure, c'est deux fois être assuré de leurs sympathies, d'abord parce
que, désireux de s'instruire toujours davantage, nos jeunes gens pieux
éprouvent quelque charme à entendre commenter l'enseignement du
divin Maître; ensuite parce que ce commentaire doit être assez court.
Aussi bien n'y a-t-il pas que les jeunes qui aiment la brièveté. Le»
Entretiens de M. l'abbé Chabot sont au nombre de trente-deux.
Evidemment l'auteurn'a pu aborder tous lés sujets si nombreux et si
complexes qui forment ce qu'on appelle « le Discours de la montagne »
où se trouve condensée la doctrine du royaume de Dieu; il s'est
arrêté aux principaux points de cette doctrine : la béatitude, les
pauvres en esprit, la douceur, la douleur, la bonne volonté, la pitié,
cœurs purs, paix, souffrir pour la justice, les demi-chrétiens, charité,
la prière, la Providence, les loups ravisseurs, l'édifice à bâtir, etc.;
quelques titres qui suffisent à donner une idée de l'ouvrage auquel
Mgr l'évêque de Luçon souhaite des lecteurs nombreux.
— M. l'abbé Léon Rimbault nous invite à monter avec lui sur le
Calvaire. 11 intitule son Étude sur la Passion dont il publie la 4^ édi-
tion : Par l'amour et la douleur ! C'est bien en effet ainsi que doit se
résumer en deux mots ce grand acte de la vie mortelle de' Jésus : Par
l'amour! car c'est une inspiration de son divin cœur qui l'a poussé
à s'incarner et à s'immoler pour nous; par la df^"''^"'* ' (^ar sa passion
— 108 —
a été telle qu'il a pu dire : il n'est pas de douleur semblable à ma
douleur. Ce livre est le résultat d'une série de conférences faites à
Notre-Dame, chaque vendredi de la station quadragésimale, pour la
cérémonie de l'ostension de ! insigne relique de la couronne d'épines.
Le don suprême, l'adieu, seul, le condamné, face à la croix, les
larmes, la mère, le drame du \'endredi Saint : tels sont les titres sous
lesquels sont groupés les considérations les plus pieuses et les ensei-
gnements les plus salutaires. La conclusion doit en être d'abord
que nous « avons été sanctifiés sur la terre et que nous serons
sanctifiés au Ciel par l'amour divin crucifié; ensuite qu'à l'amour
divin immolé doit répondre l'amour humain par l'immolation ». C'est
la leçon que l'auteur offre à la méditation des fidèles, en ce siècle
matérialisé et sensualiste qui l'oublie malheureusement ! » Ce sont les
propres paroles de Mgr l'évêque de Nantes.
— 'Voici Jésus- Christ dans sa vie eucharistique, tel que nous le
dépeint Mgr José M. de Jésus Portugal : Jesucristo vivendo con noso-
tros en et Sacramento de su amor. Ce n'est encore que l'œuvre ori-
ginale qui nous apparaît en langue espagnole, mais nous espérons
bien que quelque confrère français nous la donnera en notre langue :
elle le mérite à tous les points de vue, car c'est un travail très édi-
fiant et rempli d'intérêt; il est un des meilleurs livres pour attirer
les coeurs à l'hôte divin de nos tabernacles; foi, espérance et amour en
JésuB-Eucharistie; enseignements du divin Maître qui nous élève
jusqu'à Dieu son Père et nous unit aussi à l'Esprit-Saint; habitation
de Dieu en nos âmes; prière de Notre-Seigneur après la Cène ; culte
dû à Jésus en ce sacrement, vie mortelle de Jésus en rapport avec sa
vie eucharistique; réminiscences de la sainte Passion de Jésus, la
sainte communion et la communion sacrilège, motifs en faveur de la
communion fréquente, communion spirituelle, l'Église et l'Eucha-
ristie; n'y a t-il pas là matière aux considérations les plus élevées et
les plus déterminantes pour nous faire comprendre, aimer et prati-
quer davantage ce sacrement où Jésus vit avec nous par son amour?
— En Lui ! M. l'abbé Félix Anizan nous trace dans ce nouveau
livre, au titre si pressant, le portrait de l'âme dévouée au Sacré Cœur.
11 n'est pas un inconnu pour nous et nous sommes heureux de le re-
trouver avec sa même ardeur d'amour pour le divin Maître, avec le
même zèle pour le faire mieux connaître et le faireaimerun peu plus.
Après nous avoir exposé et précisé son dessein dans ce livre: montrer
et prouver que le Verbe incarné peut être le centre du plan de la pré-
destination, rôle glorieux pour lui et consolant pour nous, il nous
décrit, d'abcrd, la nature de l'âme du plan actuel dans son double
élément générique et spécifique; il énumère, ensuite, les propriétés
absolues et relatives de l'âme du plan actuel : vie parfaite, vie nou-
— 109 ^
velle et débordante, hostie d'amour avec Jésus amour, l'âme du prê-
tre, l'âme épouse du Sacré-Cœur, l'âme et la T. S. Eucharistie, l'âme
et la T. S. Vierge, l'âme et la communion des saints. Et après avoir
parcouru ces développements riches de doctrine et abondants en
aperçus d'une grande élévation, nous voici revenus au centre où se
tient le Sacré-Cœur qui renouvelle tout par degrés; il se choisit de»
coopérateurs sur l'action desquels il peut compter puisqu'ils sont
en Lui ! On peut dire de ce livre ce que Mgr l'archevêque de Tou-
louse écrivait du précédent : Vers Lu\ qu'il fait bon contempler
le Sacré-Cœur comme vous le présentez ! »
— Le Livre d'or du Cœur de Jésus est un simple recueil, pour les
prêtres et pour les fidèles, d'indulgences et privilèges de la dévotion
à ce divin Cœur, mais combien précieux ! Le R.p. J. Heilgers, S. J.,
en a fait un vrai manuel où les dévots au Cœur sacré de Jésus trou-
vent les meilleures prières et les exercices de piété qui puissent leur
convenir. Divisé en dix parties, il renferme, après la préparation,
les prières du matin et du soir, la sainte messe et la communion,
l'adoration et l'action de grâces; hommages au cœur eucharistique
de Jésus, invocations, petit office du Sacré-Cœur, pieuses pratiques
pour divers temps, scapulaires et confréries du Sacré-Cœvr, enfin
suppliques ou formules pour demander à Rome divers pouvoirs. « Un
tel livre n'existait pas encore, dit justement un critique ; il mérite
d'être répandu à profusion et servira a répandre davantage le
culte du Sacré-Cœur,
— Et par ce culte' pieusement exercé, nous dit le R. P. Rickaby,
S. J. : Vous êtes à Jésus-Christ. Ce joli petit livre, avec son titre
rouge et l'encadrement, rouge aussi, de toutes ses pages, si heureux
de vous être présenté, vous apporte la traduction française de l'œu-
vre du savant et pieux jésuite. Faisons-lui bon accueil comme il en
est digne. Vous surtout, jeunesse chrétienne, lisez ces considérations
qui vous sont spécialement adressées sur la mondanité, la corruption
du monde, la communion, la vocation, la grâce, les mauvaises lec-
tures, le respect humain, les objections, la volonté de la chair, la
pénitence, le péché, le purgatoire, la bonne mort. Et c'est vraiment
écrit pour la jeunesse, non pour les rigides Catons, dit l'auteur,
Catons à la mine austère et à l'air rébarbatif; elles ne sont point
disposées d'après une méthode rigoureuse; chacune forme un trait
indépendant; la jeunesse n'a pas de goût pour les traités en forme.
Eucharistie. — 28 à 36. — Le Comité permanent des congrès
eucharistiques internationaux publie la 2^ série des Discours eucha-
ristiques; ce volume comprend encore les discours dogmatiques,
prononcés, ceux-ci, aux congrès eucharistiques de Jérusalem (1893), de
Reims (1894), de Paray-le-Monial (1897), de Bruxelles (1898) et de
— 110 — .
Lourdes (1899). Les orateurs les plus connus parmi ceux qui les ont
prononcés sont le R. P. Lemius, Mgr Cortuyvels, S. E. le cardihal
Perraud, Mgr Isoard, Mgr Fulbert- Petit, Mgr G.Kurth, leR. P. Jan-
vier, chanoine Coubé, Mgr Lenfant, le R. P. Tesnière. Tous ces noms
suffisent à dire la valeur de ces morceaux oratoires en l'honneur de
la divine Eucharistie et ceux, en grand nombre, qui n'ont pu se procu-
rer les comptes rendus complets de ces divers congrès, feront bien
d'avoir la collection de ces volumes ainsi édités, qui contiennent,
Somme toute, 1" essentiel de ces comptes rendus.
— ! es Entretiens sur l'Eucharistie^ de Mgr de Gibergues, consti-
tuent un traité d'un genre spécial qui sera goûté de nos confrères et
apprécié aussi par les simples fidèles. Ces entretiens, au nombre de
treize, considèrent l'Eucharistie sous ses divers aspects : l'Eucha-
ristie, ce qu'elle est, l'Eucharistie et 1 Union divine de charité et
1 Union des hommes entre eux, l'Eucharistie dans la famille, l'Eucha-
ristie et le monde, rôle social de l'Eucharistie; l'Eucharistie et les
pauvres, la manne, figure de l'Eucharistie. Aihsi l'auteur a bien rai-
son de dire que « Jésus vit dans l'Eucharistie pour nous donner
l'intelUgence de ce que nous devons faire et aussi le courage de l'ac-
complir; il est là, modèle incomparable, soutien merveilleux, âme de
notre âme et vie de notre vie ». Telle est la conclusion fortifiante de
ces dcTicieux entretiens.
— M. l'abbé J.-C. Broussolle s'occupe aussi de notre Éducation
eucharistique, d'abord, en nous facilitant la science ou la connais-
sance en général des mystères de la foi, contenus dans le signe de la
croix et les grandes prières du chrétien : pater, ave, credo, les actes.
G est 1 objet des huit instructions de la première partie. La deuxième
partie a pour objet, dans les neuf instructions qu'elle renferme, d'ap-
prendre la science eucharistique, soit en général soit en particulier,
science non curieuse, mais pieuse, qui permet de distinguer le pain
eucharistique du pain matériel ordinaire, de se rendre compte de
I excellence de ce sacrement, de comprendre la signification des
paroles par lesquelles le divin Sauveur a accompli le mystère et a
donn' aux prêtres le pouvoir de le renouveler, de connaître et d'ac-
qu( rir les dispositions avec lesquelles un enfant doit assister à la
messe le jour de sa première communion. Un appendice rappelle et
explique la nouvelle discipline de la première communion. Le point
essentiel en tout ceci, c'est que l'enfant se rende bien compte que
la condition indispensable pour bien communier c'est d'aimer Jésus-
Christ.
— Dans la nouvelle édition de ses Entretiens eucharistiques, M. l'abbé
Jean Vaudon s'attache à mettre en pleine lumière divers aspects de
1 Eucharistie et quelques-unes de ses richesses : ceci s'adresse à tout
~ 111 —
lecteur chrétien. Dans la seconde partie, adressée à tout lecteur, en
général, il est traité du recrutement sacerdotal ; elle conviendrait
plus spécialement au monde de la noblesse et de la bourgeoisie,
aux jeunes gens, aux pères et aux mères. On y entend le cri de dé-
tresse qui s'échappe du cœur d'un prêtre et qui voudrait voir s'ou-
vrir bien larges les portes du sacerdoce que rétrécissent ou même
ferment tant d'injustes préjugés ou tant d'odieux calculs. Pour les
prêtres seuls est la 3*^ partie, qui contient des discours de premières
messes, où l'auteur a fait passer tout ce que son âme sacerdotale
connaît ou éprouve des relations du prêtre avec Notre- Seigneur, avec
l'Église, avec les âmes, pour éveiller des désirs, préciser des aspira-
tions, attiser des flammes. Mais dans tout le livre on sent le feu du
vrai zèle répandre ses ardeurs sur ces pages pénétrées de la saine doc-
trine et d'où jaillit souvent la vraie éloquence.
— Pour le R. P. Lecornu, l'Eucharistie apparaît comme le
Mystère d'amour, et c'est là le sujet de ses Considérations sur cet ado-
rable sacrement. Le livre contient quatre parties. La première traite
de l'Eucharistie en général; la deuxième considère ce que l'auteur
appelle les enceintes de l'Eucharistie; la troisième nous révèle les
amours de Notre-Seigneur; enfin la quatrième contient toutes les
élévations envers l'Eucharistie. Mgr Gendreau trouve dans ce livre
« une doctrine sûre, des aperçus neufs, une flamme brûlante d'amour
et d'enthousiasme, véritable panorama de toutes les merveillefs qui
unissent ensemble Jésus et l'âme fidèle dans ce sacrement ineffable ».
On sent, sous chacun de ces mots dont est rempli le livre, palpiter
une âme généreuse, éprise des grandeurs et des bienfaits de l'Eucha-
ristie. L'auteur n'a eu qu'à écouter son cœur et à écrire sous sa
dictée. Cet ouvrage plaira au clergé pour ses considérations doctri-
nales qui fourniront matière à d'excellentes instructions; lo's fidèles
seront heureux d'y trouver, surtout pour les dévotions à la sainte
Eucharistie, toutes les précisions qui éclaireront leur piété et excite-
ront leur ferveur.
— C'est le sacerdoce qui continue l'Eucharistie, et nous voilà donc
amenés à connaître le livre que vient de pubher avec des extraits des
ouvrages du B. Jean Eudes, le R. P. Boulay : Prêtre et pasteur, ou
Grandeurs et obligations du prêtre. Le bienheureux Eudes s'est, en
effet, attaché à la sanctification du prêtre, et tous ses ouvrages ren-
ferment des idées grandes et belles sur le sacerdoce catholique. Le
P. Boulay puisait ainsi à bonne source et il y a puisé abondamment
en groupant les idées du bienheureux sous des titres divers qui lui
permettaient de donner à son travail l'importance d'un vrai traité
sur les grandeurs et les obligations du prêtre. Il se divise en trois
parties. La première contient des aperçus généraux sur le sacerdoce;
— 112
dignité et sainteté de l'état ecclésiastique, le zèle; dans la deuxième
partie, il a rassemblé tous les devoirs d'un prêtre et d'un pasteur et
indiqué la manière de les remplir dignement : le prêtre et la vie
intérieure, le prêtre et l'office divin, le prêtre et la messe, le prêtre
et les sacrements, et la pré'dication, et les malades. La troisième
partie est consacrée aux époques et aux circonstances marquantes de
l'année pour un prêtre et un pasteur; retraite annuelle, retraite du
mois, le carême, etc. Les appendices viennent compléter l'œuvre par
quelques règles spéciales au clergé et de pieux exercices à l'usage
des prêtres. C'est tout un traité de pastorale extrêmement riche; un
vrai trésor de science ecclésiastique, sans autre prétention que celle
de faire du bien, débordant d'esprit de prière et de piété.
— Le livre de M. l'abbé J. Febvre : Le Zélateur de la confession et de
la communion fréquente est un livre d'actualité et répond à un
besoin sérieux, au point de vue des règles nouvelles, en vigueur pour
la fréquentation de la sainte Eucharistie. Après quelques chapitres
préliminaires sur la fin de l'homme, le péché, l'auteur ne tarde pas à
entrer dans son sujet et nous développe son enseignement au sujet de
la confession fréquente en la considérant par rapport aux diverses
catégories de fidèles. 11 en vient ensuite à la communion dont il
nous énumère les bienfaits sans oublier de nous indiquer les disposi-
tions essentielles pour communier dignement; il fait une part spéciale
pour la communion fréquente des fidèles suivant leur âge ou leurs
situations sociales. Il publie, sous forme d'appendice, les documents
pontificaux des papes Léon XIII et Pie X, concernant l'Eucharistie.
Mgr l'évêque de Safnt-Claude est heureux de féliciter l'auteur en
reconnaissant qu'il a commenté dans un style simple et clair, à l'usage
des fidèles, le décret Sacra Tridentina Synodus et les autres docu-
ments qui s'y rattachent; il ajoute : « Traiter ces questions d'une ac-
tualité frappante, c'était répondre aux désirs clairement exprimes du
Souverain Pontife ».
— La Grâce à dix ans est un Essai de discernement et d'éducation
de la grâce chez les jeunes enfants^ il a été inspiré à M. labbé Gellé
par la nouvelle discipline de l'Église au sujet de la première commu-
nion, c'est-à-dire comme justification des récentes dispositions du
Saint-Siège. « Aux alentours de leur dixième année, les enfants sont-
ils en état de grâce? Et pour répondre à cette interrogation, l'auteur
cherche à établir, d'après la psychologie commune de l'enfant, des
probabilités d'innocence ou de piété; il étudie avec soin les en-
fants qu'il a observés le plus prés, et, ainsi informé, il risque une
ébauche de l'éducation la plus ratiormelle de la grâce. G est l'objet
de tout son livre, très intéressant, très instructif, spécialement quand
il étudie en elle-même la grâce des enfants : ses- manifestations, son
I
— 113 —
mode de dispensation et de préservation. De là découlent de riches
conclusions pédagogiques dont la connaissance sera très utile aux
parents et aux maîtres. •
— Un père de la Compagnie de Jésus publie en espagnol un excel-
lent Manuel de la dévotion à l'Eucharistie : Panis Angelicus est un
vrai trésor de documents et de pratiques relatifs à ce divin sacre-
ment; plusieurs méthodes pour entendre la messe, méditations sur
la sainte communion, prières et exercices de piété envers l'Eucharistie,
etc. Trésor inépuisable et des plus précieux; quand sera-t-il traduit
en notre langue?
(A su'çre.) F. Chapot.
LINGUISTIQUE ET, HISTOIRE LITTÉRAIRE. — LANGUE
ET LITTÉRATURE FRANÇAISES.
TECHNIQUE ORATOIRE ET MNÉMOTECHNIE.'^,,
1. La Philosophie du langage, par Albert Dauzat, Paris, Flammarion, 1912, ia-18
de 331 p., 3 tr. 50. — • 2. Lyrisme, épopée, drame. Une Loi de l'histoire littéraire
expliquée par l'évolution générale, ^3lV ^V-^-EST BowET. Paris, Colin, 1911, in-18 de
ix-312 p., 3 fr. 50. — 3. Les Troubadours cantaliens, mi^-iix^ siècles, par le
duc DE LA Salle de Rochemaure. Paris, Bloud, 1910, 2 vol. in-8 de 651,607
et XVIII p., avec figures et fac-similés, 7 fr. — 4. La Connaissance de la nature
rt du monde au moyen âge, d'après quelques écrits français à l'usage des laïcs,
par Ch.-V. Langlois. Paris, Hachette, 1911, in-16 de xxiv-401 p., 3 fr. 50. —
5. L'Imitation espagnole en France. Les Modèles castillans de nos grands écrivains
français. Etude et analyse, par l'abbé G. Bernard. Tourcoing, Duvivier; Paris
Ficker, s. d., in-18 de 189 p.,;3 fr. — 6. Fénelon. Etudes historiques, par Eugène
Griselle. Paris, Hachette, 1911, in-16 de vii-373 p., 3 fr. 50. — 7. La Poésie
à travers les âges. Son rôle dans l'éducation populaire, par J.-M. Lentillon. Paris,
Amat, 1911, in-8 de 209 p., 3 fr. 50. — 8. Histoire de la langue française des
origines à 1900, par Feudinand Brunot. Tome 111. La Formation de la langue
classique (1600-1G60). Deuxième partie. Paris, Colin, 1911, in-8 de 317 p. (p.
421-738 du volume), 7 fr. 50. — 9. Lexique du « Journal des Concourt «, contri-
bution à l'histoire de la langue française pendant la seconde moitié du xix*' siècle,
par Max Fuchs. Paris, Cornély, 1912, in-8 de xxxii-152 p., 5 fr. — 10. Le
Péril de la langue française. Dictionnaire raisonné des principales locutions et pro-
nonciations vicieuses et des principaux néologismes, par l'abbé Cl. Vincent.
Paris, J. de Gigord, 1910, ia-18 de lvi-198 p., 2 fr. 50. — 11. Le Péril de là
syntaxe et la crise de l'orthographe, par Théodore Joran. Paris, Savaète, 1911,
in-8 de 46 p., 0 fr. 60. — 12. L'Enseignement du français. Leçons professées à
l'Ecole des hautes études sociales, fâr H. BovRGiT^, ALièRET) Croiset, Paul Crou-
ïET, M. Lacabe-Plasteig, GbSTAVE jANSON, Charles Maquet, J. Prettre,
Gustave Rudler, Armand Weil. Paris, Alcan, 1911, in-8 cartonné de m-
268 p., 6fr.
L — Connu déjà par de bons travaux spéciaux de linguistique et
par de bons ouvrages de vulgarisation dans le même ordre de con-
naissances, M. Albert Dauzat nous offre, en ce dernier genre, un
remarquable essai de synthèse : La Philosophie du langage, a.YeG appli-
cation particulière à la langue française. Son objet, nous dit-on, est
Août 1912. T. CXXV. 8.
— \Ui —
«de mettre à la portée du grand public l'ensemble des résultats auxquels
est parvenue aujourd'hui la science du langage, en faisant ressortir
les principes qui dirigent les recherches et les idées générales qui se
dégagent de l'iSterprétation des faits... M. Albert Dauzat a voulu
montrer comment le langage constitue un édifice complexe, qui s'ex-
plique par 1 histoire et nor par la logique, et qui évolue constam-
ment sous l'influence de causes physiologiques et psychologiques. Il
a fait ressortir les rapports do la science du langage avec d'autres
sciences expérimentales, et ses points de contact avec divers problè-
mes d'ordre pratique comme la réforme de l'orthographe et l'ensei-
gnement des langues vivantes ou mortes ». — Le sujet est ainsi
réparti : Livre I. Les Caractères généraux du langage. Chapitre I.
Qu'est-ce que le langage? II. La Diversité du langage et le problème
de la langue internationale. III. Le Renouvellement du langage. —
Livre II. Les Évolutions du langage. Chapitre I. Évolutions et forma-
tions spontanées. II. Les Emprunts et les formations conscientes. III.
Histoire externe des langues. — Livre III. L'Histoire des idées. Cha-
pitre I. L'Ancienne Grammaire et les premières étapes de la science.
IL Les Néo- Grammairiens; la phonétique et l'étude des patois. III.
Les Psychologues et l'orientation sociologique. — Livre IV. Les
Méthodes. Chapitre T. Les Trois Aspects de la science. IL L'Obser-
vation. III. Les Méthodes d'interprétation. IV. L'Expérimentation,
les méthodes d'induction et les lois linguistiques. V. Le Problème
après le théorème : la recherche étymologique. VI. L'Enseignement
de la grammaire devant la science. — M. Albert Dauzat est doué des
deux qualités essentielles d'un bon vulgarisateur : une information
étendue et exacte et un grand talent d'exposition. Son livre apporte
aux personnes du monde quantité de notions utiles. Il convient,
toutefois, en le lisant, d'être sur ses gardes en divers points. C'est
un esprit judicieux et modéré, mais tout plein d'un enthousiasme
excessif pour « la science », c'est-à-dire sa science à lui, la linguis-
tique, et pour les conclusions des maîtres dont il suit les pas. La gram-
maire générale et logique, dont les Hnguistes rabaissent trop le
mérite et la valeur, ne leur cédera peut-être pas définitivement tout
le terrain qu'ils veulent lui prendre, et la pédagogie vraiment pra-
tique ne se laissera pas, sans résistance, imposer par eux certaines mé-
thodes plus spécieuses qu'efficaces. L'une et l'autre feront bien
d'ailleurs de profiter des progrès de la linguistique et de livres tels que
celui de M. Dauzat. LIne autre réserve à faire se rapporte à ce'r-
taines assertions de philosophie générale (p. 23, 24) et à quelques
excursions inutiles et incompétentes, sans mauvaise intention du
reste, dans le domaine de l'exégèse et de la théologie (p. 39, 95).
2. — L'ouvrage de M. Ernest Bovet : Lyrisme, épopée, drame.
- 115 —
Une Loi de l'histoire littéraire, est, selon l'auteur, « une œuvre d'amour
plus encore que de science « (p. v) et aussi un « livre d'esprrance »
(p. ix). En réalité, c'est une conception chimérique, féconde en para-
doxes qui vont jusqu'à l'excentricité'. Le volume s'ouvre par une
« Lettre-préface », adressée à MM. Henri Morf et Joseph Brdier. La
thèse se développe ensuite en quatre chapitres : I. Le Problème des
genres littéraires et la loi de leur évolution. IL Vérification de la loi
par l'examen de la littérature française. HT. Contre-épreuve par
l'examen de la littérature italienne. IV. Conclusions. Suivent quatre
appendices : I. M. Benedetto Croce et les genres littéraires. IT. Les
Sources, les plagiats et le cas d'Annunzio. III. La Tragédie, une
forme du genre dramatique. IV. De la Durée des ères et des époques.
— La thèse de Tauteur, telle qu'elle se présente, est insoutenable, et,
bien loin d'être vérifiée « par l'examen de la littérature française »,
conduit fauteur dans cet examen à de véritables aberrations de
jugement. L'ensemble du livre est à rejeter. Mais on y trouve çà et
là, même assez souvent, nous sommes heureux de le dire, de très re-
marquables et très fines observations exprimées en excellent style.
Très bien doué, cela est sensible, pour la critique et l'histoire litté-
raire, l'auteur s'est trompé sur sa vocation, quand il s'est mi s en
peine d'enfanter un système nouveau d'évolution pseudo-sciéntifique.
La philosophie qui s'y mêle est un idéalisme généreux, mais à la fois
incroyant et trop crédule, remplaçant la religion par futopie.
3. — Le mouvement régionaliste qui se produit dans notre pays,
et dont il faut souhaiter le succès, mais sans excès, sera favorable
tout ense ablô à la renaissance de la vie locale et à fétude métho-
dique et zélée du passé historique et littéraire de la France en ses
diverses provinces. M. le duc de la Salle de Rochemaure, plein d'ar-
deur pour sa chère Auvergne, apporte à ce mouvement et, plus géné-
ralement, à notre histoire littéraire, une très louable contribution
par son ouvrage : Les Troubadours cantaliens. xii^^-xx^ siècles. Nous y
trouvons d'abord une « Conférence en dialecte cantalien donnée au
théâtre d'Aurillac, le 13 novembre 1910, au profit de l'érection du
monument \'ermenouze ». M. de la Salle de Rochemaure s'y montre
un très expert possesseur et cultivateur artistique de l'ancien parler
d'Auvergne, appris par lui dans son enfance en jouant avec les pâtres
dans les prairies du Doux. Aussi faut-il lui pardonner quelque exagé-
ration et quelque inexactitude dans ses assertions relatives à l'anti-
quité de ce dialecte, à ses origines et à sa comparaison avec le
français de Paris (p. 17). Une seconde partie a pour sujet : « Les
Troubadours. Leurs origines. Leur développement. Leur apogée. Leur
décadence! L'École auvergnate. Ses ramifications. Troubadours de
Basse- Auvergne et Troubadours du Velay ». La troisième partie con-
— 116 —
siste dans une série de biographies des ironhadoiirs cantaliens (xii^-
xiv^ siècles). La quatrième a pour titre : « Troubadours cantaliens
d'origine incertaine ou erronée »; la cinquième : « Additions aux
biographies des troubadours cantaliens ». La sixième partie nous
expose « la Poésie cantalienne du xiv^ au xix^ siècle ». On y remar-
que et on y goûte notamment de curieuses études sur les poètes du
siècle dernier, précurseurs et auteurs de la renaissance qui s'est
enfin hier personnifiée dans Vermenouze, savoir : Jean-Baptiste
Brayat, l'abbé Bouquier, labbé Jean Labouderie, Frédéric de Gran-
val, Jean-Baptiste Veyre, Auguste Blancharel, le chanoine Firmin
Fau, Tabbé Louis Boissières, le chanoine Francis Courchinoux. La
septième et dernière partie est formée par un recueil très utile et très
estimable des « Œuvres des troubadours cantaliens » de la grande
époque du moyen âge, textes revus, corrigés, traduits et annotés par
M. René Lavaud, qui a complété ce travail par une Bibliographie
détaillée. L'ouvrage se termine par un ample Index alphabétique.
Malgré un certain défaut de méthode et quelques assertions contes-
tables, l'ensemble de cette publication fait beaucoup d'honneur au
zèle éclairé de M. le duc de la Salle de Rochemaure, qui doit être
proposé comme exemple aux personnes de son rang et de sa condi-
tion.
4. — Un érudit d'un vrai mérite, qui a aussi des dons de vulgarisa-
teur, M. Ch.-V. Langlois, a entrepris de faire connaître au public
lettré les mœurs et la vie intellectuelle des hommes au moyen âge,
non plus d'après les sources proprement historiques, mais d'après les
écrits ou compositions qu'on pourrait appeler collatérales. 11 a ainsi
publié, ces années dernières, deux volumes intitulés, l'un : La So-
ciété française au xiii^ siècle d'après quelques romans d'aventure,
l'autre : la Vie en France au moyen âge d'après quelques moralistes du
temps. L'ouvrage que nous signalons aujourd'hui est le troisième et
dernier de cette série. Il a pour sujet : La Connaissance de la nature
et du monde au moyen âge d'après quelques écrits français à l'usage des
Icâcs. « Mon but, dit l'auteur, est de mettre sous les yeux du lec-
teur les documents les plus propres à procurer une connaissance géné-
rale, et 1 impression précise, de ce qu'était l'état d'esprit des hommes
du moyen âge qui n'étaient pas des savants au sujet des choses de la
nature ». On a exprimé le doute que ce but ait été atteint et que
les textes mis en œuvre par l'auteur fussent un suffisant moyen de
l'atteindre. Quoi qu'il en soit, le travail de M. Langlois, fortement
soutenu d'érudition technique, a tout au moins un très réel intérêt
pour notre histoire littéraire. Il se compose de notices, avec analyses
détaillées, sur les auteurs ou les ouvrages suivants : I. Philippe de
Thaon. IL L'Image du Monde. III. Barthélémy l'Anglais, le Maître
— 117 —
des Propriétés des choses. IV. Le Roman de Sidrach. V. Placides et
Timeo, ou le Livre des Secrets aux Philosophes. VI. Le Livre du
Trésor. En appendice est une « Bibliographie des travaux relatifs à ce
qui est dit des phénomènes naturels dans les littératures du moyen
âge ». On doit savoir beaucoup de gré à M. Langlois de la peine qu'il
s'est donnée pour débrouiller une matière aride. Les personnes suffi-
samment initiées tireront profit de son labeur consciencieux. Mais
il n'est pas hors de propos de les mettre en garde contre une tendance
générale et spontanée de l'auteur, profondément imbu de l'erreur
rationaliste et qui s'exagère infiniment la valeur transcendante,
même dans l'ordre idéal et moral, de ce qu'on appelle « la science
moderne », laquelle n'est trop souvent qu'une ignorance présomp-
tueuse. Il suit de là qu'il est mal préparé à l'appréciation juste des
conceptions religieuses et philosophiques du moyen âge, distinctes
des erreurs physiques où elles se mêlent dans les écrits de cette
époque, et que son sentiment à leur égard, qui naturellement perce
dans son livre, bien loin d'être décisif, doit être considéré comme
influencé par des opinions à priori.
5, — Comme toute l'Europe civihsée au moyen âge, l'Espagne a
été alors tributaire de la littérature française. Mais elle a ensuite pris
sa revanche et exercé à son tour une influence considérable sur notre
littérature. C'est cette intéressante manifestation qu'a étudiée notre
très distingué collaborateur, M. l'abbé G. Bernard, dans son ou-
vrage : Les Modèles castillans de nos grands écrivains français. Étude
et analyse. « Le but de ce modeste travail, nous dit le docte profes-
seur, a été de venir en aide à ceux que leur profession ou leur goût
personnel invite à ce genre de recherches. Tout le monde n'a pas
sous la main les textes originaux qui ont servi, directement ou indi-
rectement, à Corneille, à Molière, à Lesage, en un mot aux espagno-
lisants de France. Nous fournissons les matériaux prîjncipaux aux
maîtres et aux élèves qui les désirent. Il fallait faire un choix parmi
tant d'ouvrages, pour ne pas dépasser les bornes d'un simple ma-
nuel. Ceux qui voudront recourir à des livres de pure érudition et
pénétrer chaque détail de cette compénétration de l'esprit espagnol
et de l'esprit français, trouveront ici quelques indications utiles, des
jalons posés dans ce vaste vaste champ ouvert aux amateurs ». La
matière est ainsi distribuée : Sources bibliographiques. — Discours
préhminaire. — Chapitre I. Avant le grand siècle. IL Corneille et la
tragédie. Le Cid espagnol et le Cid français. III. Corneille et la co-
médie. Le Menteur et la Vérité suspecte. IV. Ce que Molière doit à
l'Espagne. La Princesse d'Élide. Don Juan. V. Les Livres de che-
valerie. VI. La Littérature picaresque. VIL L'Espagnolisme de Victor
Hugo et le romantisme des écrivains castillans.
— 1 18 —
n. — L'histoire littéraire de notre grand siècle n'a pas cessé d'être
l'objet de recherches diligentes. Bossuet et Fénelon sont en parti-
culier plus étudiés, plus scrutés que jamais dans leurs œuvres, dans
leur vie, dans leur querelle. Sur l'un et l'autre, mais par rapport au
second, un infatigable chercheur, heureux en découvertes, M. le
chanoine Eugène Griselle, nous apporte une moisson de documents
et de renseignements nouveaux dans son volume : Fénelon. Etudes
historiques, qui comprend les textes, remarques, et indications sui-
vantes : Préliminaires d'une édition des œuvres de Fénelon. — A
propos des sermons de Fénelon. — Un sermon de Fénelon à retrou-
ver. Panég>i'ique de S. François d'Assise. — Echos de Sermons de
Fénelon. — Un Panégyrique de S. Ignace de Loyola par Fénelon à
Cambrai en 1703. — Lettres sur le quiétisme. — Notes d'u\n contem-
porain sur la lutte de Bossuet contre le quiétisme. — La correspon-
dance de Bossuet et de Fénelon. — Une lettre de Fénelon au cha-
pitre de Tournai. • — Lettre de Bossuet au cardinal de Noailles sur
Fénelon. — Appendices. I. L'Oraison funèbre de l'abbesse de Fare-
moutiers, Jeanne de Pla , prononcée par Fénelon à l'abbaye de Fare-
moutiers, le mardi 15 février 1678. II. Sermon de la dédicace de
l'église S.- Jacques du Haut- Pas, prêché par Fénelon le dimanche
13 mai 1685. Trois utiles instruments de recherches complètent ce
savant recueil : I. Index alphabétique. IL Lexique de quelques ex-
pressions anciennes. III. Index chronologique.
7. — En dépit de quelques bizarreries et de quelques faux pas, on
ne peut que rendre justice aux sentiments religieux et moraux dont
s'est inspiré M. Lentillon, catholique et républicain, dans son petit
ouvrage intitulé : La Poésie à travers les âges. Son rôle dans ïédu-
Ciiion populaire. Il le termine par cette déclaration solennelle : « Fils
du peuple, éducateur des enfants du peuple, c'est au peuple souve-
r lin qu'il offre cet ouvrage ». Mais on ne peut pas ne pas voir qu'il
s'est donné ici une tâche au-dessus de ses forces et n'a produit, pour
le fond, qu'une compilation confuse, et, pour la forme, qu'un échan-
tillon de prose extrêmement primaire. On est d'autant plus surpris
— surprise agréable — en rencontrant tout à coup (p. 131 ) des
vers de l'auteur qui sont fort bons et dont nous citerons, avec
plaisir, le premier quatrain :
Poète, pour la Muse il faut de grands égards,
Qu'elle soit à tes yeux comme une fiancée
Dont tu sais le cœur vierge et chaste la pensée,
De tout spectacle impur détourne ses regards... "
8. — Quoi qu'on pense de certaines opinions, — philosophiques,
politiques ou pédagogiques, — de M. Ferdinand Brunot, il n'est per-
sonne qui ne lui doive savoir gré de son œuvre capitale : Histoire
— 119 —
de la langue française des origines à 1900, poursuivie par lui avea une
régularité méritoire et dont la réputation n'est plus à faire. La deu-
xième partie du tome III, consacré à la Formation de la langue
classique, a pour sujet la Syntaxe. L'auteur y étudie successivement
l'article, le substantif, l'adjectif, les noms de nombre, les pronoms,
le verbe, les adverbes, les prépositions, les conjonctions, l'ordre des
mots, la phrase. 11 expose dans sa Conclusion les nouvelles conquêtes
du français, au xvii® siècle, dans le domaine des sciences et de
l'enseignement, et confronte la langue parlée et la langue litté-
raire, le français dans la nation et la langue académique.
9. — La composition de monographies ultra-spéciales est, enF rance
comme en Allemagne, maintenant fort en faveur dans les Univer-
sités. Un élève de M. Brunot, M. Max. Fuchs, a suivi cette méthode
et cette mode dans sa publication : Lexique du Journal des Concourt.
Contribution à l'histoire de la langue française pendant la seconde
moitié du xix^ siècle. « Les douze cents mots qui figurent dans ce
lexique, nous dit l'auteur, peuvent être répartis en quatre catégories,
d'importance très inégale : I. Mots dont la forme a été altérée,
auxquels ont été attribués des sens nouveaux ou des fonctions
nouvelles. Cette catégorie représente environ le douzième de l'en-
semble. II. Archaïsme. Environ deux douzièmes de l'ensemble. III.
Emprunts à divers parlers spéciaux (langages techniques, locutions
dialectales, termes famiUers ou bas, argot). Environ le quart de l'en-
semble. IV. Néologismes. Environ la moitié de l'ensemble. » Le tra-
vail consciencieux et minutieux de M. Fuchs nous apparaît surtout
comme une contribution à l'histoire de l'une des plus fâcheuses
et absurdes tentatives de déformation de notre langue littéraire.
10 et 11. — Les causes de corruption qui travaillent cette langue
sont multiples. C'est pour y opposer quelque obstacle que M. l'abbé
Cl. Vincent a pubhé son ouvrage : Le Péril de la langue française.
Dictionnaire raisonné des principales locutions et prononciations vi-
cieuses et des principaux néologismes. On feuillettera utilement ce
dictionliaire et or en lira l'Introduction avec intérêt. On louera le
zèle et l'instruction de l'auteur sans partager toujours son avis sur
tous les points et sans oublier : 1° que l'attention à éviter les locu-
tions vicieuses n'est que l'une des moindres parties de l'art d'écrire;
2*^ qu'un purisme et un traditionalisme exagérés sont, eux aussi, des
défauts; 3^^ que l'usage et l'analogie bien établis prévalent toujours, à
la fm, en fait de langue et de style, sur l'étymologie et sur la logique.
— La même appréciation s'applique à l'opuscule analogue de M. Théo-
dore Joran : Le Péril de la syntaxe et la crise de l'orthographe, recueil
dans l'ordre alphabétique des principales expressions jugées vicieuses
par l'auteur.
— 120 —
12. — C'est, au moins de façon indirecte, à ce que l'on a nommé
« la crise du français » que se rapporte le recueil intitulé : L'Ensei-
gnement du français, leçons professées à l'Ecole des hautes études so-
ciales, et ainsi composé : 1. Objet do l'étude du français, par M. Alfred
Croiset. 11. La Part respective des grands siècles littéraires, par
M. Gustave Lanson. 111. Dix-septième Siècle ou dix-huitième, par le
même. IV. Le Français à l'école primaire, par M. Lacabe-Plasteig.
V. Le Français dans les classes élémentaires de l'enseignement
secondaire, par. M. .1. Prettre. VI. L'Enseignement de la grammaire
dans les classes du premier cycle, par M. Charles Maquet. VII.
L'Étude grammaticale du français dans le second cycle, par M. H.
Bourgin. VIII. L'Étude des textes français dans le deuxième
cycle, par M. Paul Crouzet. IX. La nature des devoirs français
dans le premier cycle, par M. Armand Weil. X. Le Devoir
français dans le second cycle, par M. Gustave Rudler. XL
Conclusion : Le Français et la Sorbonne, par M. Alfred
Croiset. — Les noms des auteurs, parmi lesquels sont de
hauts personnages du monde universitaire, suffisent à montrer
l'importance de ce recueil et son influence probable sur l'enseigne-
ment officiel. On y trouve beaucoup de bon et beaucoup de mauvais,
selon les esprits et les tendances assez divergentes des hommes asso-
ciés ici. Le bon l'emporte d'une façon notable dans les leçons qui
portent les numéros IV, V, VI, VIII et IX. Le mauvais descend
jusqu'au détestable dans celles qui sont numérotées II, III et X.
Celles-(n nous représentent, sous le prétexte de l'enseignement du
français, une audacieuse entreprise de tyrannie politique et antire-
ligieuse sur l'esprit de la jeunesse, et des vues pédagogiques aussi
absurdes que périlleuses. Le style n'est pas moins mêlé que les idées,
excellent ici, par exemple, sous la plume de M. Croiset, et là ex-
traordinaire, surtout de la part d'hommes chargés d'enseigner l'art
d'écrire à leurs disciples. Ils écrivent eux-mêmes sans sourciller :
« Parmi les dialecticiens et les critiques du xix^ siècle, des esprits
aigus serviront à affiler l'esprit, Courier, Toc que ville, Renan, Sainte-
Beuve )) (p. 29); ou encore : « Si nous voulons élever nos élèves à
la compréhension et à l'estimation de l'art d'un Michelet, d'un Flau-
bert, d'un Zola, c'est à la condition absolue de procéder sur les
textes à ces explications du vocabulaire, de la langue, à cette ana-
lyse de la matière et de la pâte dont l'œuvre est faite » (p. 185-
159). Que d'on, que d'on ! Et quelle pâte lourde ! — On fera bien de
lire sur ce recueil un très judicieux article de M. Michel Moncarey
dans les Éludes (20 juin 1912, p. 810):
(A suivre.) Mari us Sepet.
— 121 —
POÉSIE
1. Confitebor tibi in cithara,^a.T Pierre de Gossé-Brissac. Paris, Plon-Nourrit, s. d.
(1912). Jn-16 de 178 p., 3 fr. — 2. Laudes, par Charles de Saint-Cyr.
Pa."is, Marci 1 Rivière, s. d., in-16 de 136 p., 3 fr. — 3. Le Ca:ur avide d'in-
fini, par Noël Nouet. Paris, Gaillard, s. d., in-16 de 146 p.^ 3 fr. 50. — 4.
Vingt Sonnets, croquis et tableaux, par Paul Gostel. Paris, Messein, 1911,in-12
de 30 p., 1 fr, 50. - 5. Le Poème de ma vie. 2® partie. Ma Philosophie, par
IiUciKN Duc. Paris, imp.-libraiiie de la « Province », 1911, in-16 de 252 p.,
3 fr. 50. — • 6. Les Saisons de Merlin, par Iienry de la Guichardière. Nantes,
imp. Héron, 1911, in-8 de 23 p., illustré. ■ — 7. Les Ordres qui changent, par
Pierre-Jean Jouve. Paris, Figuière, 1911, in-8 de 46 p., 1 fr. 50. — • 8. /-<•«
Aéroplanes, parle m'*me. Paris, Figuière, 1911, in-4 de 42 p., 2fi. — 9. Clartés
mu crépuscule. Les Châsses d'or, par Alcide Ramette. Paiis, édition du Beffroi,
1911, in-16 de 159 p., 3 fr. 50. ■ — 10. Le Charme quotidien, par Marcel
SiLVER. Paris, J'essein, 1911, in-16 de 106 p., 3 fi. — 11. Quelques Vers, par
Henry Thédenat, Paris, Jouve, 1911, petit in-18 de 90 p., 2 fr. — 12. Poé-
sies, par le vicomte Pierre Alessandri. Paris, Figuière, 1912, in-18 de 107 p.,
3 fr. oO. — 13. Les Alouettes, par Théodore Botrel. Paris, Eloud, 1912, Jn-16
de 255 p., avec 3 gra»-. hors texte, 3 fr. 50. — l'i. Au souffle des vallées,
par Marc-José de (.hantal. Paris, Figuière, 1912, in-18 de 119 p., 3 fr. 50,
— . 15. L'Ame é/jfl^se, par FÉLIX Colomb. Pans, jjeraerre, 1912, in-18 de 214 p., 3 fr.
— 16. Dans lu Silence des rêv.s, par Paul G^anotifb. Paris, Jouve, 1912, in-
18 de 176 p., 3 fr. 50. — 17. L'Infirmier, par Eugène Guilloux. Paris, Figuière,
1912, in-18 de 28 p. — • 18. Lueurs, par Pierre-Charles Jablonski. Paris,
Figuière, 1912, in-16 de 106 p., 3 fr. — 19. Au Cœur de Vidée, par René Jac-
quet. Paris, Bloud, 1912, in-16 de 224 p., 3 fr. 50. — 20. La Pluie au prin-
temps, par Albert Jean. Paris, Grès, 1912, in-16 de 140 p., 3 fr. 50. — • 21.
,4m Pai/s /o/ram, par Paul ijAdurelle. Paris, Le merre, 1912, in-18 de ii-l20p.,
3 fr. — 22. La Sage Ardeur, par Henri de Lisle. Paris, édition du Beffroi,
1912, in-16 de 127 p., 3 fr. 50. — • 23. Carmma sacra, par Louis Le Gard on nel.
Paris, Mercure de France, 1912, in-16 de 197 p., 3 fr. 50. — 24. De tout mon
cœur 1 par Emile Mamet. Paris, Messein, 1912, in-16 de 127 p., 2 fr. 50. — 25.
vlrieiesc/aç'e, par Louis Mandin. Paris, Mercure de France, 1912, in-16 de 197 p.,
3 fr. 50. — 26. Odes, par Charles Marie. Paris, Lemerre, 1912, in-18 de 154
p., 3 fr. — 27. Notre-Dame du Matin, par Pierre ISFothomb. Paris, « l'Occident »,
1912, in-8 de 143 p., 5 fr. — 28. La C' aine d'or et de fer, par Charles Or-
SATTi. Paris, Grasset, 1912, iD-18 de 200 p., 3 fr. 50. — 29. Vers Dieu, par
Achille Paysant. Paris, Jouve, 1912, petit in-8 de 400 p. ,3fr. £0. — 30. La
Terre des Lauriers, par Emile Ripert. Paris, GrasFet, 1012, in-18 de 298 p.,
3 fr, 50. — 31. Entre les murs, par Ch. Troufleau. Paris, Société français»
d'imprimerie et de librairie, 1912, in-18 de 106 p., 1 fr. 75. — 32. Pour Z'^f-
ta^ue i, par Donatien YvoNNFAU. Paris, Messein, 1912, in-16 de 290 p.,3fr. 50.
— 33. Œuvres d'Auguste Bhizeux, nouvelle édition revue, corrigée et augmentée,
précédée d'une notice biographique sur l'auteur et suivie de notes par Auguste
DoRCHAiN, Paris, Garnier, s. d., 3 vol. in-18 de xcix-279, 236 et 350 p., avee
12 héliog. d'après Maillart, 10 fr. 50.
Poèmes en prose. — ■ 34. Petits Poèmes, contes et fantaisies en prose, par Alfred
RuFFiN. Paris, Lemerre, 1912, in-18 de 233 p., 3 fr. 50.
Poésie féminine. — 35. Le Poème du silence, par la comtesse Jean d'Avancourt.
Paris, Jouve, 1912, in-16 de 120 p., 3 fr. 50. — 36. L; Temple du rêve, par la
baronne de Baye. Paris, Perrin, 1912, in-16 de 255 p., 3 fr. 50. — 37. Sous
les pins. Première Gerbe. Heures grises, par Marie Desbruyères. Paris, Jouv»,
1912, in-16 de 140 p., 3 fr. — 38. Le Front voilé, par Marie-Louise Dromart.
• Paris, Jouve, 1912, ip-16 de 244 p., 3 fr. 50.
1. — Sous ce titre liturgique : Confitebor tibi in cithara,}A.Pierre
de Cossé-Brissac nous donne une série très intéressante de poèmes,
— 122 -.
inspirés par l'inépuisable trésor des rituels catholiques. Tour à tour,
nous sentons passer dans ces strophes l'écho des répons de la Pré-
face, des Actes avant et après la Communion, des offices admirables
de la Semaine sainte, des litanies de la Saifite Vierge, des Quinze
Mystères du Rosaire, des Psaumes, du Chemin de la Croix, que l'au-
teur a traités sous la forme de sonnets dialogues entre Jésus et le
Fidèle... La matière est riche. Elle est encore bien incomplètement
explorée. Le livre de M. de Cossé Brissac, qui doit être lu avec sym-
pathie, avec respect, avec recueillement, pourrait-on dire, est une pré-
cieuse indication pour les poètes désorientés et désemparés de notre
époque; il leur montre où est la véritable, l'éternelle source de beauté :
le catholicisme, qui a fait les cathédrales et la Divine Comédie, les
sermons de Bossuet et les plus belles pages de Lamartine.
2. — M. Charles de Saint-Cyr qui, après Matines, nous donne
Laudes, est, lui aussi, un poètp catholique; mais il se rattache à une
tout autre école. Ennemi des parnassiens et des classiques, il s'écrie,
à la suite de \'erlaine :
Nous voulons que notre flûte
Blesse mystérieusement
De son écho se prolongeant
Par delà ce qu'elle module.
Il a réussi parfois, dans ce dessein, no+amment dans la dernière
partie de son livre : h' Ame altérée de Dieu, qui contient de belles choses.
Mais, souvent aussi, que d'hésitatidns pénibles : « Malgré que si mal
je vous aime », dit-il dès son premier vers, et cela continue jusqu'à ce
barbarisme : « Si je défaille, il m absolvera (p. 76). Est-ce cela, l'in-
tensisme?
3. — Encore un poète catholique : M. Nocl Nouet. Encouragé par
le prix de littérature spiritualiste, que lui méritèrent, justement, l'an
dernier, les Étoiles entre les feuilles, M. Nouet s'est hâté de nous
donner un second livre. C'est peut être une erreur. Le poète, dans le
Cœur avide d'infini, ne paraît pas, malgré la beauté de son titre,
avoir eu beaucoup à nous dire : il a cru aimer, il s'est trompé, il
souffre, il attend. Le jour où quelque grand amour le visitera, il nous
donnera le très beau livre qu'on est en droit de lui réclamer. Mais
qu'il laisse venir ce momen+. Cela le sauvera des négligences, qu'il ne
faut pas souligner aujourd'hui dans le livre de cet excellent écri-
vain.
4. — M. Paul Costel se hâte, lui aussi. Il nous envoie Vingt Son-
nets, dont pas un seul n'est achevé. Et c'est dommage.
5. — Par contre, M. Lucien Duc, qui nous offre la deuxième partie
du Poème de sa vie, semble nous envoyer ce qu'on appelle i.'ne « oeuvre
de longue haleine ». Lieutenant de M. Jules Bois, dans la société bien
— 123 —
•m
ccinnue des Félibres de Paris, M. Duc est certainement très supérieur
à son présidain : d'abord, parce qu"il a écrit des poèmes provençaux,
et ensuite parce qu'il chante en français de nobles causes, et d'une
manière très claire. Écoutez-le prodiguer à ses contemporains de
sages conseils :
Contenez les ardeurs de quelques députés
A l'âme fanatique,
Si le pouvoir tombait aux mains des exaltés,
Adieu la République !
M. Lucien Duc doit être un bon ff' libre.
6, — Des félibres, passons amc bardes. M. Henry de la Guichardière
en est un, et des plus convaincus. Sous le nom mystérieux et farouche
de Telen-Aour, il a écrit de belles poésies bretonnes; mais, en français,
il rime aussi des vers sonores, érudits, somptueux et ésotériques, un
peu dans la manière de son compatriote Leconte de Lisle. Les Saisons
de Merlin sont une sorte d'almanach, qu'il intitule les Mois barbares,
et où se déroule la légende de Merlin ou plutôt Myrdhinn. Cela inté-
ressera les celtisants et tous les vrais lettrés.
7 et 8. — Avec M. Pierre- Jean Jouve, nous abordons une nouvelle
école : « les unanimistes », fondée par ce Jules Romains, qui, en de
bizarres adaptations panthéistiques, gaspilla un précieux talent. Je
n'ai pas le temps de vousexpliquer cequ'est l'-cunanimisme». M. Jouve,
ayant à céléljrer une promenade dans les Ordres qui changent, et un
meeting d'aviation dans les Aéroplanes, emploie un procédé de des-
cription qui ne tardera pas à devenir un poncif. Citons simplement
quelques vers :
Ma chair remue par tous ses points; je sens que je suis homogène.
Elle vibre ainsi que la lame d'un tuyau d'orgue qui joue
A cache-cache avec les airs...
Tout cela me laisse assez rêveur.
9. — Je reprends pied avec le volume que M. Alcide Ramette dédie
à la mémoire d'Albert Samain : Les Châsses d'or. Ce livre devrait être
retenu. Certes, il contient bien des inexpériences; on peut ne pas aimer
la lune qui ressemble à « une tête blonde
D'enfant rose endormi dans les franges d'une onde (p. 27).
et, pour constater le silence d'un violon, on pourrait lui dire autre
chose : que « Tu t'es tû » (p. 61). Mais ces défauts de jeunesse n'em-
pêchent pas M. Ramette d'avoir un vrai talent. 11 chante harmonieu-
sement le Nord :
Salut, terre d'exil des âmes héroïques !
Tu mûris sans soleil des moissons pacifiques,
Et tes enfants rêveurs, aux yeux tristes et purs.
Cherchent au bord des lacs et par les bois obscurs
La poésie en pleurs des siècles romantiques !
— J24 —
plus M. Ramette aimera sa terre et son ciel, plus ses vers seront
beaux.
10. — M. Marcel Silver n'a pas cette simplicité. Le Charme quoti-
dien est un livre adroit, mais souvent précieux, affecté, et d'une école
déjà un peu surannée, notamment dans l'épisode dialogué qui le ter-
mine : le Bonheur qui blesse. C'est là que l'on voit bien les défauts de
la mode... en poésie.
11. — M. l'abbé Henry Thédenat, lui, n'a pas sacrifié à la mode.
Aussi, les Quelques Vers, dont il nous offre une seconde édition,
sont-ils fort bons. Évidemment, ils ne nous apportent ni une esthé-
tique inédite ni un « frisson nouveau ». Mais il est à souhaiter que
beaucoup de jeunes poètes en écrivent d'aussi corrects et d'aussi
solides.
12. — Par exemple, M. le vicomte Pierre Alessatidri, qui se con-
tente, dans ses Poésies, de refaire du Musset et du Victor Hugo, en y
ajoutant quelques vers faux et quelques hiatus, ce qui est bien inu-
tile.
13. — Heureusement, voici l'ami Botrel, avec ses Alouettes, où
revivent, de 1903 à 1913, toutes les belles cérémonies patriotique»
de Bretagne et de France. Partout, le barde et sa charmante com-
pagne y apportèrent leur note émue, sincère et éloquente, la plupart
du temps en français, mais aussi en breton (Ever eur bugel) ce qui
ravira tous les vrais régionalistes. « On aimera à répandre ce livre dans le
les cercles, dans les patronages, où il se recommandera de lui-
même », nous dit modestement le papillon officiel. Et Théodore
Botrel de renchérir encore :
Sur ma tombe, gravez ces mots :
t Ci-gtt un gâs des moins illustres,
Un tout petit homme en sabots,
Qui ne chanta que pour les rustres ! »
On y gravera tout de même autre chose, le plus tard possible;
mais on ne saurait croire à quel point, par le temps qui court, cette
simplicité fait du bien.
14. — Ecoutons maintenant M, Marc-José de Chantai. Il produit
beaucoup. Cependant, cela doit lui donner bien du mal d'écrire des
choses dans ce genre : la mort d'une jeune fille :
Elle perça son cœur sur une tige mince
De houx, qu'elle avait pris un soir dans le vallon.
Son âme y demeura. Depuis, quand le vent grince,
On l'entend balancer par gémissements longs (p. 9).
Deux pages plus loin, c'est la lune qui « répand ses feux sur la
voirie » ( !) Mais ce qui dépasse tout, c'est la pièce intitulée : Nuit
bleue :
t
Les couleurs d'horizon avec leur âme Ionique
Couvrent la teinte d'or du phalène joli;
Dans le ciel peu à peu fuit le chœur des diphtongues
Et celui de la plaine étalée aux sourcils (p. 32) I,..
Le volume est intitulé: Au Souffle des vallées : ce doit être le
même vent que celui qui, à travers la montagne, a jadis tant fa-
tigué le pauvre Gastibelza.
15. — M. Félix Colomb est, au contraire, un auteur sérieux. II
chante tour à tour, dans l'Ame éparse, ses impressions d'enfance,
l'amour, l'exotisme, la philosophie de F. Le Dantec, l'aviation, etc.
dans des vers corrects, faciles, et même assez agréables le long d'une
série de sonnets. Mais il ne se dégage pas de là une forte person-
' nalité. M. Félix Colomb est un ami de M. Jean Aicard.
16. — On peut faire, sauf cette dernière note, les mêmes remar-
ques pour le volume de M. Paul Granotier: Dans le Silence des reines.
Certes, au milieu de quelques bizarreries (comme « les fleurs riches de
lymphes pour rimer avec les nymphes, ou des regards d'aigle inassou-
vie)^ l'auteur ne manque pas d'un certain sens poétique ; mais le
moyen de retrouver une personnalité quelconque dans ces pièces
variées comme un kaléidoscope, et qui prennent tour à tour pour
sujets Michel-Ange, les camées, Roland, Ophélie, les villages mo-
dernes, Napoléon, etc.?
17. — M. Eugène Guilloux, auteur de l'Infirmier, récit envers, est
un cordonnier, qui, d'après son préfacier, M. Jean Robert, procède
de Coppée. Nous serons d'accord, et nous déclareroiis que V Infir-
mier rappelle les Humbles, si l'on met à part l'art d'écrire, le talent,
l'habileté technique et l'inspiration.
18. — M. Charles Jablonski ne dérive nullement de Coppée. Ses
Lueurs — un titre très exact — se rattachent plutôt aux inspirations
obscures, amorphes, déconcertantes du décadentisme d'il y a vingt
ans. Qu'on en juge par ce court fragment, où M. Jablonski plaint le
sort de son cœur :
Pourquoi l'avez-vous bourré de coton
Et voulu fourrer dans un uniforme !
( — Choisis-en un : celui que tu préfère.-;, donc. —
— Eh ! je ne préfère point... d'uniforme.)
Pourquoi mon cœur n'a-t-il pu pailer ?
... Et j'ai endossé tous les uniformes.
— Mais, sans doute, en son fond, il était mal bourré
De coton :
Car j'ai bientôt quitté ces uniformes.
Voilà le genre. On laime, ou on ne l'aime pas. Moi, d'ailleurs, je ne
l'aime pas.
19. — Et pas davantage les extraordinaires développements de
M. René Jacquet :
— 120 —
Comme un aveugle-né. par prodige guéri,
S'obstine à ne chercher qu'en ses yeux de pommade
Tout ce que le soleil lui découvre à l'esprit...
pour aboutir à ces croquis fleuris du Luxembourg :
Des gamins font, peu délicats, ...
Chercliez la rime. Un niot de deux syllabes. Et le livre est intitulé :
Au Cœur de l'idée. — 0 popoï ! comme auraient dit les Grecs.
20. — Enfin, un vrai poète : M. Albert Jean, qui publie la Pluie
au prirUemps, avec une Préface de M. Ad. Van Bever. « La poésie,
pour certains, nous dit ce dernier, ce n'est point l'éloquence des mots,
ni la vaine science du rythme, ni encore la richesse des images; c'est
la fraîcheur d'une impression qu'on retrouve et qui fait un écho sonore
dans notre cœur . dVous avez là toute une définition de la manière de
M. Albert Jean, qui évoque avec une grâce pénétrante l'histoire de
« toute une jeunesse » émue et mélancolique. Cela rappelle un peu
certaines parties du beau livre d'Edmond Gojon, le Visage penché.
Mais M. Albert Jean écrit en vers libres — et je ne m'en effraie
nullement, car ses vers libres sont très harmonieux, et nous prou-
vent, d'ailleurs, en maint endroit, que leur auteur sait aussi réussir,
quand il le veut, les plus parfaits alexandrins classiques. Il ne faut
pas oublier ce jeune poète.
21. — Dans une tout autre note, le livre de M. Paul Ladurelle :
Au Pays lorrain, ne manque pas d'être fort sympathique. L'œuvre
d'un Lorrain patriote ne saurait laisser aucun Français indifférent,
même renfermât-elle quelques prosaïsmes, même manquât-elle
parfois de lyrisme et de légèreté. Il nous suffit que les vers soient
corrects, vibrants d'émotion sincère. Nous écoutons chanter l'âme.
22. — M. Henri de Lisle n'est pas un débutant; nous avons déjà
de lui une traduction de Y Ecclésiaste et un recueil intitulé : Au
large. — La Sage Ardeur, qu'il vient de publier, nous le montre en
progrès. Si, dans ce volume, je n'aime pas beaucoup les deux der-
nières parties, l'une un peu banale, l'autre trop directement inspirée
de Moréas, la première, par contre, contient des poèmes vraiment
remarquables, dignes d'un excellent disciple de Vigny. Je signalerai
tout particulièrement Sagesse, et aussi \'Art, où le poète évoque
tous les grands artistes,
D'Apelle à Delacroix et d'Homère à Shalespeare,
Palestrina qui gronde et Schumann qui soupire;
Sous les voûtes Hugo répond à Bethoven;
Ici, pleure le Tasse et sourit la Joconde.
... Et l'âme de Wagner s'exalte dans les cuivres...
Toutefois, dans cette même partie « le froid glacial (\yi émane la
science » est un exemple fâcheux de la manie moderne — que subit
— !27 —
même parfois Charles Guérin — de transformer les verbes neutres en
verbes actifs.
23. — Et maintenant, il faut nous incliner très bas, devant l'un des
plus beaux livres de notre temps. Après sept ou huit ans d'attente, de
méditations, de rêveries, M. l'abbé Louis Le Cardonnel livre au public
ses Carmina sacra. On l'a dit déjà plusieurs fois : M. Le Cardonnel
est certainement le seul poète français auquel on puisse donner le
nom de « grand ». Ce titre, il le mérite avec deux volumes, qui, à la
fois, donnent à tant d'écrivains enfiévrés une leçon de perfection et
de sobriété. J'ai entendu préférer les Poèmes de 1904 aux Carmina
sacra d'aujourd'hui. La vérité est que ces deux livres sont très diffé-
rents : le premier nous offre la courbe décrite par M. Louis Le Car-
donnel, partant du symbolisme, de lamitié de Verlaine, de l'école de
Mallarmé, et aussi de la bohème littéraire de 1890, pour arriver, à la
fois, à la pure tradition classique et à la vie sacerdotale; le second
nous montre le poète installé dans une doctrine et une existence sta-
bles, du moins autant que faire se peut. Car sa grande originalité,
c'est de sentir bouillonner et s'opposer en lui, constamment, sa race
irlandaise et son éducation latine, sa rêverie romantique et sa for-
mation classique.
Je suis né dans Valence, aux mémoires romaines,
Qui voit les monts bleuir dans ses horizons clairs.
L'écho des chants venus de la belle Provence,
Aux aèdes brunis par l'éternel été,
A bercé ma jeunesse, et j'ai, dès mon enfance.
Connu l'enchantement de l'antique Beauté.
Mais, ô mes aïeux d'Irlande, ajoute- 1- il.
Mais j'héiite de vous dans ces époques grises,
Où le doute affaiblit les cœurs les plus virils,
L'âme d'un constructeur do mystiques églises,
Le désir du voyage et Vattrait des exils.
C'est ainsi, peut-on dire, que M. Louis Le Cardonnel réalise l'idéal
de nos plus grands poètes : accorder
L'élan ardent de l'âme à la forme parfaite.
Coupe d'or, d'où le vin ne doit pas déborder.
A cela, il a merveilleusement réussi. On lui a reproché de sacrifîar
trop à la large harmonie de sa strophe et d'avoir une versification
lâchée. On a dit cela aussi de Lamartine : rien n'est plus faux,
pour l'un comme pour l'autre, et j'aime à associer ces deux no us. De
son passage dans les cénacles symbolistes et dans le salon ai Héré-
iia, M. Le Cardonnel a gardé un soin minutieux et précis de la forme,
m soin presque unique aujourd'hui. Ses rimes ne sont jam M banales.
— 128 —
mais elles arrivent si naturellement que le lecteur n'est pas détourné
par elles de l'idée, du sentiment, de l'image; ses rythmes ne sont
jamais monotones, mais ils se moulent si plastiquement à l'impres-
sion que le poète veut produire, qu'ils n'attirent pas comme des tour»
de force. Voyez, par exemple, cette exhortation à un jeune disciple :
La couronne immortelle, enfin, qu'elle te ceigne !
Mais il faut l'acheter avec bien des douleurs :
Vois le sommeil s'enfuir, médite, souffre et saigne.
Et pour qu'un jour l'Ether justicier et profond,
Vainement blasphémé par les foules athées,
Te reçoive, gravis le sentier rude, où vont.
Près du Génie en pleurs, les Vertus insultées !...
11 n'est pas une bibliothèque de lettré ou de croyant qui ne dût
avoir à sa place d'honneur les deux volumes de M. Louis Le Cardon-
nel, qui unissent d'une façon si parfaite la beauté classique et la foi
chrétienne.
24. — Je serai plus bref avec M. Emile Mamet, qui, en tête de
son livre intitulé : De tout mon cœur ! répète deux fois :
J'ai fait de mon mieux, mais, hélas !
Ai-je vraiment fait quelque chose?
Il est difficile de répondre affirmativement quand on a lu ces
« pièces )) déconcertantes, comme Relent (?) qui compté juste ces
quatre vers :
De mon enfance grise,
Où je souffris vraiment,
11 me revient souvent
Des souvenirs navrants.
où celle-ci, Pensée, qui détient le record, car elle n'a qu'un vers :
A force de creuser, le trou devient profond.
25. — Avec M. Louis Mandin nous revenons à une oeuvre plus
sérieuse. En tête à'Ariel esclave, il écrit ceci :
« Si vous êtes asservi aux besognes inférieures, et s'il y en a vous un
Ariel enfermé, c'est-à-dire un sens ardent de beauté, de création,
de vie et d'harmonie, il a le droit impérieux de vivre, et s'il n'est
pour vous qu'un don de souffrance, vous avez pourtant le devoir de
le nourrir en vous, -de le défendre contre toutes les laideurs am-
biantes, contre tous les étranglements et tous les esclavages, contre
les Ubu d'en-haut et les Caliban d'en-bas, contre le médiocratisme
d'une société qui ne connaît que la vertu de l'argent, et qui broie
entre ses lourdes mâchoires l'être pensant et fier, pauvre et soli-
taire ».
On le voit, si rien de tout ceci n'est bien neuf, il y a, dans ce»
— 129 —
invectives à la Chatterton • — auquel M. Mandin se compare — de
la vigueur et de la noblesse. Elles ont été ensuite assez inégalement
exprimées. L'auteur, qui déclare « avoir respecté toutes les règles
fondamentales de la prosodie et de la langue françaises », et qui
s'excuse même d'avoir employé parfois « des images pâles et usées »,
paraît cependant animé d'un individualisme littéraire indiscutable.
Quand un poème s'intitule : Les Ailes des yeux, l'image semble plutôt
neuve; quand un autre titre dit ; « Ariel se parle » ou quand le poète
s'écrie :
Nous sommes les enfants des courants électriques,
De la vapeur grondant, du mystère expliqué...
Nous avons trop de sensitives dans le crâne,
OU allonge des vers de quatorze pieds, je me retourne avec'^quelque
inquiétude vers la prosodie et la grammaire.
26. — Je ne saurais admirer sans réserves les Odes de M. Charles
Marie. Ce disciple attardé d'Horace ne montre ses vraies qualités qu'à
mesure qu'il s'éloigne de son modèle; ses odes les moins antiques,
avec leur souplesse de rythme, leur habileté prosodique, sont les
mieux réussies... Mais que tout cela est froid !
27. — Beaucoup plus vivant s'affirme M. Pierre Nothomb dans le
séduisant volume qui se nomme Notre-Dame du Matin. M. Pierre
Nothomb est un poète d'un talent incontestable. Je ne lui reprocherai
qu'un mélange — d'ailleurs trop fréquent aujourd'hui — d'effusions
mystiques et de passion humaine, de prières à la Vierge et de décla-
rations d'amour. L'auteur essaie de l'expliquer dans ces très beaux
vers :
Mon Dieu, pardonnez-moi tandis que je vous suis
Par h jardin, dans la lumièr,\
Si je ne puis
M'al)straire du symbole immense de la terre.
Et si je mêle ainsi ma chair à vos mystères...
Certains s'étonneront qui peuvent séparer
Leur vision, leur âme et leur génie.
Mais vous êtes pour moi la clef de l'harmonie,
Et si dans ma prière, en ce grand jour doré,
.Te ne vois qu'une chose unique dans ces choses,
— Liturgie des saisons, rythme et métamorphoses
Du culte, sentiment de mon cœur exalté —
C'est que tout se résume en vous. Dieu de l'Été,
Vous, dont l'amour ardent a fait germer ces roses (p. 143).
Evidemment, c'est très poétique; mais est-ce profondément chré-
tien?
28. — M. Charles Orsatti, dans la Chaîne d'or et de fer, a voulu
récrire la Légende des siècles en se fondant sur la vraie tradition
classique et chrétienne. Malheureusement, l'ombre de Victor Hugo
n'a cessé de planer sur le poète, et M. Orsatti nous arrive accom-
AouT 1912. T. GXXV. 9.
— 130 —
pagné de l'érudition tapageuse, des antithèses, des phrases sybillines
et de tous les procédés du grand romantique. 11 y a des moments où
ses poèmes, pourtant vigoureux, tournent au pur pastiche. Oyez, par
exemple, la Mort de Turenne :
Ce maréchal valait à lui seul une armée.
Le Stathouder : poussière; et l'Électeur : fumée.
Si l'ennemi voulait passer, il disait : « Non «,
Simplement... Cela faisait rire les canons...
C'est presque meilleur que le modèle.
29. — M. Achille Paysant, lui, est plus personnel. C'est que, aufesi,
ses maîtres qu'il nomme, « Chénior, Ronsard et Lafontaine » sont plus
sûrs. Aujourd'hui, ce bon et charmant poète, sous le titre Vers Dieu,
nous associe à une grande part de sa vie :
Dans ce livre où, vingt ans, je me suis raconté,
J'ai moins fait œuvre d'art que de sincérité.
Si je n'aime pas du tout la paraphrase du Pater — pourquoi ce tour
de force inutile? Laissons cela à M. Rostand — l'ensemble du vo-
lume est néanmoins des plus sympathique^'. M. Achille Paysant,
avec son goût, son tact, sa science du rythme, excelle dans les pièces
fugitives, parfois en vers libres comme ceux de La Fontaine, et
contenant toujours un sentiment délicat, une pensée ingénieuse :
Vers l'adieu suprême.
Va sans peur et sans remord,
O poète, et fais de même,
Fais de ta vie un poème,
Un cantique de ta mort !
30. ■ — J'arrive au lauréat du prix national de poésie, M. Emile
Ripert. Tous les amis sincères de l'art et des lettres ont été heureux
de son succès. La Terre des Lauriers est un superbe livre, patiem-
ment et savamment composé, où Sd déroule toute l'histoire de la
Provence, avec un enthousiasme, une vie et un sens du pittoresque
tout à fait remarquables. Certes, il y a des moments, où, pour l'exé-
cution d'un aussi vaste dessein, la main du poète a un peu tremblé.
Alors, il s'est souvenu de son maître et ami, M. Rostand, et il a fait
appel à une virtuosité un peu superficielle, qui lui a procuré des
images forcées et apprêtées, des antithèses violentes, des imagina-
tions alambiquées. M. Ripert, à rencontre de la plupart des écri-
vains d'aujourd'hui, est excessivement adroit. Il donne, à certains
moments, l'impression qu'il veut « épater le public ». Mais aussi songez
à la difficulté de ce gros livre d'histoire, que le jeune auteur s'est mis
en tête d'écrire tout entier en terza-rima ! C'était jouer la difficulté
jusqu'à l'extrême; et dans ce flot de triples rimes, presque toutes
riches et belles comme le ciel de Marseille, dcvra-t-on s'étonner qu'il
— 131 —
y en ait certaines un peu violemment amenées, et d'autres qui nous
infligent quelques mauvais vers?
Qu'est-ce donc qu'il y a qui fait que l'on défaille? (p. 261).
Seulement, tout cela, c'est l'exception. Lorsque M. Emile Ripert
est vraiment inspiré, il est admirable. Lisez, par exemple. Aux temps
chrétiens, au temps des poètes, aux temps modernes : en ces trois
parties, s'affirme, je ne crains pas de le dire, une des personnalités
poétiques les plus caractérisées et les plus séduisantes de notre
temps. Et c'est pour cela qu'à son égard on peut se permettre d'être
absolument sincère.
31. — M. Ch. Troufleau, comme M. Ripert, a rêvé, non d'un simple
recueil de vers, mais d'un vaste poème, social cette fois, qui raconte-
rait la triste vie d'un paysan déraciné : E?itre les murs-, il n'en a écrit
que des fragments, assez bien venus d'ailleurs, dans le mode de cer-
tains morceaux familiers de Victor Hugo. Mais pourquoi cette ré-
flexion :
... Des vers boiteux, bégayants, monstrueux,
Des vers à publier au Mercure de France,
lorsque M. Troufleau é3rit lai-mêni^, quelques pages plus loin :
Il le comprit, baissa, comme il faisait souvent
Parles soirs d'ouragan ou sous les bois, la tête (p. 15)?
Ces vers-là n'ont cependant point paru au Mercure.
32. — M. Donatien Yvonneau est un disciple de Déroulède. Il cé-
lèbre toutes les gloires de la patrie, quelquefois avec humour, souvent
avec Ij^isme. Chaque pièce de Pour l'Attaque ! est accompagnée
d'une notice, d'ailleurs inutile, vu la parfaite clarté du style deM. Yvon-
neau. Mais ôé^^ notice^ sont bien écrites et agréables à lire.
33. — M. Auguste Dorchain vient de faire une œuvre excellente, en
rééditant le poète breton Auguste Brizeux. Ces trois volumes, parfai-
tement présentés et précèdes d'une savante notice, rappelleront aux
jeunes générations ce grand écrivain bilingue que l'on peut considérer
comme le vrai précurseur de Mistral et de tous nos poètes de terroir.
Car Brizeux chanta en breton, et ces chants ne sont pas les moiils
beaux de son œuvre. A quand le quatrième volume, avec la Poétique
nouvelle?
Poèmes en prose. — 34. — Les Petits Poèmes de M. Alfred Ruffîn
Sont assez difficiles à classer. Ce sont des morceaux inégaux, tour à
tour fables, dialogues, maximes, notations à la Jules Renard, etc.
M. Ruffin a de la finesse, de l'originalité, du trait, et ce qui le rend
tout à fait sympathique, c'est son goût pour les chats, auxquels il a
consacré un livre tout entier. On lira donc avec un réel plaisir
ses Petits Poèmes en prose • — sans toutefois adopter les idées
— 132 —
qu'il développe dans les Dieux (p. 93) et la Fille Olympe (p. 130).
Poésie fémiisine. — 35, ■ — M"^^*^ la comtesse d'Avancourt, en très
peu de temps, s'est mise dans les premiers rangs de nos poétesses.
Tl y a trois ans à peine, elle envoyait timidement au concours des
Jeux-Floraux une petite élégie, /o Vieille Fenêtre : mais son talent s'y
révélait déjà. Elle a cueilli toutes les fleurs de Clémence Isaure,et son
premier volume: Le Poème du silence, vient d'obtenir le prix de litté-
rature spiritualiste. Prix bien mérité, car, dans ce recueil de début, où
ont été réunies des œu^Tes un peu disparates, frémit une sensibilité
féminine et poétique de premier ordre. Si certaines pièces sont encore
hésitantes, d'autres sont vraiment presque parfaites, comme : A mes
fils, A un solitaire, A Lamartine :
Ah ! si le vrai poète est un amant mystique
De rimmatérjplle et céleste beauté,
Pour qui tout paysage est un vaste cantique,
Toute étreinte un baiser à l'au-delà jeté,
S'il est le musicien qui recueille et qui chante
Les mots sacrés, épars dans l'Espace et le Temps,
Et s'il est celui-là dont l'âme est si brûlante
Que tout, en la touchant, s'évapore en encens.
Celui pour qui l'Amour rayonne au cœur du monde,
Comme la sainte hostie au fond de l'ostensoir...
C'est toi, toi le poète entre tous sur la terre...
Ce sera un honneur pour l'Académie des Jeux-Floraux et pour le
Comité de littérature spiritualiste d'avoir, les premiers, salué ce
talent si pur, qui dédommage de beaucoup des aspirations actuelles
de tant de femmes de lettres.
36. — Le Temple du rêve, de M"^^ la baronne de Baye, est d'un art
plus sûr et d'une personnalité moins nette. Il débute par une série de
poèmes antiques, écrits sous le patronage d'Henri de Régnier :
O voyageur, reviens vers l'ombre hospitalière
De mon humble maison qu'étieint toujours le lierre.
J'ai gardé le vin clair et j'ai gardé le miel...
Mais, au bout de 80 pages, M™^ de Baye abandonne l'antiquité, et
nous voyons défiler tour à tour le Moyen âge, l'Empire, l'Inde, la
Chine, le Japon, la Comédie- Italienne, l'Evargile, les Charmettes, la
Restauration, pour finir avec Cléopâtre,
Que César, écrasant les perles et les roses.
Adorait sous la pourpre et l'or... terriblement I
Il est regrettable que le Temple du rêve n'ait pas plus d'unité. A
moins de refaire les Trophées...
- 133 —
37. — M"^<^ Marie Desbruyères, elle aussi, a des inspirations va-
riées : l'amour, les tremblements de terre, la première communion, le
village de Vernègues, etc., etc. Sous les pins, on trouve de tout,
même la louange du... bistouri :
Je suis le petit bistouri
Propret, brillant dans la vitrine...
Pour moi la victoire s'acquiert
Dans quelque champ opératoire;
Quand un cœur est à découvert,
Dans son sang, je bois de la gloire...
^me Marie Desbruyères donne froid dans le dos.
38. — M"^*^ Marie-Louise Dromart s'impose davantage à l'atten-
tion. Son recueil, /e Fronf çoilé, a de l'unité; c'est toute l'histoire
d'une femme, mêlée de joie et de pleurs, avec beaucoup d'amour et
aussi du renoncement :
Puisque mon pauvre amour m'interdisait l'espoir,"
Sur les autels sacrés de ma mélancolie,
Pour soumettre mon cœur et tromper ma folie.
Mon courage a placé le flambeau du devoir.
' Mais pourquoi M™^ Dromart écrit-elle si vite? La plupart de ses
sonnets sont bâclés. Elle compose trop, et ferait mieux de se relire.
C'est dommage, car il y a, malgré tout, dans ce gros livre, de la poésie.
j Armamd Praviel.
;^ ^ HISTOIRE, ART ET SCIENCES MILITAIRES
1. I^ Régiment des gardes-suisses de France. Les Suisses en Italie (campagne de
Marignan), par le capitaine de Vallière. Lausanne, « Revue militaire suisse » et
Paris, Berger-Levrault, 1912, in-8, xvi-224 p., avec 28 planches et portraits,
6 fr. — 2. Milices et volontiires du Puy-de-Dôme. Étude sur le recrutement de
l'armée, 1688-1793, par le com* Flocon. Paris, Berger-Levrault, 1911, in-8 de
vi-122 p., avec 3 croquis, 3 fr. — 3. Au temps des volontaires, 1792, lettres d'un
volontaire en 1792, présentées et annotées par G. Noël. Paris, Plon-Nourrit,
1912, in-16, de lv-300. p., avec un portrait et 2 cartes, 3 fr. 50. — 4. léna et la
campagne de 1806, par HE^RY Houssaye. Introduction de Louis Madelin,
Paris, Perrin, 1912, in-16, lxiv-274 p., avec portrait et 2 cartes, 3 fr. 50. — 5,
1812. La Guerre de Russie. Notes et documents, par Arthur Chuquet. lf«, 2<' et
3e séries. Paris, Fontemoing, 1912, 3 vol. in-8 de 352, 379 et 471 p., 22 fr.JSO. —
6. Smolensk, Les Origines, l'épopée de Smolensk en 1812, d'après des documents tnc-
difs, par Je baron DE Baye. Paris, Perrin, 1912, petit in-8 de 296 p., avec 2i erav. ,
5 fr. — 7. La campagne de 1812. Mémoire du margrave de Bade. Traduction, In-
troduction et notes d'ARinuR Chuquet. Paris, Fontemoing, 1912, in-16, 268 p.,
3 fr. 50. — 8. Souvenirs d'un cadet (1812-1823), par Larreguy de Civrieux.
Paris, Hachette, 1912, in-16 de vi-282 p., 3 fr. 50.— 9. Waterloo et Sainte-Hélène,
notes et souvenirs d'un officier d'état-mafor, par le lieutenant-colonel Basil
Jackson, édité par R.-C. Seaton et traduit de l'anglais par Em. Brouwet,
Paris, Plon-Nourrit, 1912, in-16 de xxi-280 p., avec portraits, 3 fr. 50. — 10. 1814.
La Manœuvre de Laon, par le capitaine G. Hulot. Paris, Chapelot, 1912, gr.
in-8 de vn-207 p., avec 13 cartes et 2 plans, 10 fr. — 11. Correspondance inédite
de Napoléon I", conservée aux archives de la guerre, publiée par le lieutenant-
^ 134 —
colonel PiCAUD et L. Tuetey. T. i^' 1804-1807. Paris, Charles-Lavau-elle, 1912.
in-8 de 726 p., 1 2 fr. — • 1 2. Le Général de Clausen'itz, sa vie, sa théorie de la guerre
d'après des documents inédits, par P. Roques. Paris et Nancy, Berger-Levrault,
1912, in-8 de X1V-I47 p., 3 fr. — l'i. La Campagne de 1844 au Maroc. La Bataille
d'Isl;/, par le capitaine Albert Latreille. Paris, Chapelot, 1912, in-8 dex-187 p.,
avec ô cartes et plans, 4 fr. — 14. Campagnes d' Afrique. [1830-1910). Algérie,
Tunisie, Maroc, Y>Rv le capitaine Victor Piquet. Paris, Charles-Lavau?.elle,s. d.,
in-t6 de 334 p., 3 fr. 50. — 15. 1870. Sedan, par le lieut'-colonel Ernest Pi-
card. Paris, Plon-Nounit, 1912, 2 vol. in-lt5 de vi-346 et 334 p., avec 6 cartes,
lO fr. — 16. Quarante-trois ans de vie miiuacre, par le général Cuny. Paris,
Plon-Nourrit, 1911, in-8 de 360 p., 5 fr. — 17. Feuillets de la vie militaire
sous le sec- nd Empue (1854-1870), par le lieutenant-colonel marquis de la Tour
DU Pin la CIharce. Paris, Nouvelle Librairie nationale, 1912, in-8 de 191 p.,
avec 4 po) traits, 5 Ir. — 18. Le Maréchal Niel, 1804-1869, par le com' J. de la
Tour. Paris, Chapelot, 1912, in-16, vii-295 p., 3 fr. 50. — 19. Guerre russo-
japonaise, 1904-1905. Historique rédigé à Veiat-major général de Varmée russe]
trad. publiée sous la direction de l'état-major de l'armée [ française]. Pz-emiérc
Période de ta campagne. T. il, en 3 vol. gr. m-8 de xi-769, ix-498 et 431 p., avec
2 atlas de plans et de cartes, cartonnés, 25 fr. — 20. VOfficier, le haut comman.
dément et ses aides en Allemagne, par Jules Poirier. 2« édit. Paris, Chapelot,
1912, in-12 de xxv-252 p., 3 fr. 50. — 21. Les Manauvres impériales allemandes
en 1911, su'.te d'articles adiesi^és au Times, par le colonel Repingto\; trad. de
l'anglais par Réginald Kann. Paris, Berger-Levrault, 1912, in-12 devi-62 p.,
1 ir. — 22. Opinions allemandes sur la guerre moderne. 1 '^'' fascicule. Les Bases
de i art de la guer/e. Armement et technique modernes. Paris et Nancy, Berger-
Levrault, 1912, gr. in-8 de xv-84 p., 1 fr. — 23. L.es Armements rllemands. La
Riposte, par le capitaine Pierre Félix. Paris et Nancy, Berger-Levrault, 1912,
in-8 de xxiii-114 p , 1 fr. — 24. Politique et stratégie dans une démocratie, par
le commandant Mord AfQ. Paris, Plon-Nourrit, 1912, in-16 de viii-276 p., 3 fr. 50.
— • 2h. La Direction df la guerre. La Liberté d'action des généraux en chef, pair le
com^ V. Dupuis. Paris, Chapelot, 19! 2, in-8 de xiv-367 p., avec carte, 6 fr.
— 26. La Doctrine de la défense nationale, par le capitaine Sorb. Paris et Nancy,
Berger-Levrault, 1912, gr. in-8 de 416 p., a> ec une planche, 7 fr. 50. — 27.
Dictionnaire militaire. Encyclopédie des sciences militaires rédigée par un comité
d'officiers de toutes armes. 25« et dernière livraison. Paris et Nancy, B'rger-
Lev/ault, in-4, 30/3 à 3236, 4 fr. — 28. Dictionnaire mjlitaire. Supplément
général mettunt entièrement à jourh Dictionnaire jusju'aui^^ octobrel9li. Pariset
Nincy, Berger-Levrault, 1911, in-4 de 404 p., 10 fr. — 29. État miUiaire de
toutes les nations du monde, 1911, par Charles Malo. Paris et Nancy, Berger-
Levrault, 1912, in-12 de iv-154 p., 1 fr. 25.
1. — La Suisse a, comme l'on sait, fourni jadis différents États euro-
péens de mercenaires soldés, constitués en régiments spéciaux, qui
se créèrent; la plupart du temps, dans leurs armées d'adoption, un
nom honorable. En France, spécialement, la réputation des corps
suisses au service de la monarchie compte plus d'une page glorieuse
et l'héroïque conduite tenue par eux au Dix août — ils y perdirent
environ 800 hommes sur 1.000 — parle assez en faveur de la valeur
morale d'une telle troupe, pour que nous n'ayons pas besoin d'y
insister. Toutefois, avec les idées modernes, le système des capitu-
lations ne pouvait plus subsister; il n'était plus admis ni à l'étran-
ger ni en Suisse même et peu à peu il a fini par disparaître totale-
ment, sauf à Rome, où le Saint- Père entretient encore auprès
de lui une petite troupe de nationalité helvétique. L'histoire des régi-
- 135 —
nients suisses au service étranger a déjà été traitée avec compétence
par divers écrivains; mais en ce qui concerne le régiment au service de
France, il ne l'avait pas été, croyons-nous, avec l'ampleur, la valeur
documentaire que nous rencontrons dans le volume du capitaine de
\'allière:Le Régiment des gardes suisses de France. De très jolies illus-
trations, notamment la reproduction des portraits des chefs de corps
qui commandèrent les gardes du xvi^ au xix^ siècle, donnent à ce
travail un cachet artistique appréciable.
2. — L'histoire des Milices et volontaires du Puy-de-Dôme d^Aélk èié
traitée par M. Mège dans deux ouvrages qui font foi sur la matière.
Malheureusement, ces ouvrages sont aujourd'hui introuvables. M. le
commandant Flocon a pensé que le sujet méritait d'être repris, et
il l'a fait d'une façon moins complète, moihs scientifique peut-être
que son prédécesseur, mais dans un esprit do vulgarisation qui l'obli-
geait à cette simplicité, à cette synthèse. L'écrivain a, d'ailleurs,
utilisé des documents inédits que paraissent n'avoir pas connus les
précédents écrivains. L'ouvrage d'une bonne tenue, sera lu avec
intérêt non pas seulement par les jeunes gens auxquels M. Flocon le
destine, mais par quiconque s'occupe de questions militaires et spé-
cialement de l'histoire militaire de la Révolution.
3. ■ — Au temps des volontaires, 1792, est le titre d'intéressantes
lettres d'un volontaire de la Révolution, que vient de publier chez
l^lon-Nourrit, M. G. Noël, arrière- petit- fils de l'auteur. Ces lettres
ne nous donnent pas, sur les événements de cette première année
des guerres de la Révolution, des renseignements militaires bien
marquants, et sous ce rapport on serait déçu si l'on y cherchait de
tels détails. Mais l'ouvrage vaut par ailleurs. Gabriel Noël est un de
ces volontaires des premières levées qui sont parti? pour la fron-
tière, sous la poussée d'un sentiment patriotique réel, sincère. Au
fond, ce départ ne le contente peut-être qu'à moit é, mais c'est un
homme de devoir qui sait sacrifier ses préférences à ses obligations
aorales.Comme, avec cela, c'est un garçon dont de bonnes études ont
formé l'esprit, comme il sait observer et voir, comme il note volon-
tiers ses impressions, il envoie de temps en temps à ses parents, à ses
amis, des correspondances intéressantes sur le peu qu'il peut appren-
dre des événements militaires auxquels il assiste ainsi que sur les mille
péripéties auxquelles donne lieu l'organisation des régiments, la vieen
campagne, la lutte entre les partisans de l'ancienrégimeet ceux qu'en-
chante le nouveau, etc. Noël est d'ailleurs de ces derniers, mais il
ne tardera pas à être désillusionné, et, dès le 20 juin, il commence à
se désoler de voir (f la guerre au dedans et la paix au dehors : le
contraire de son désir ». Que sera-ce l'année suivante? — M. G. Noël
(le petit- fils) a écrit pour le recueil des lettres de son grand-père
— 136 —
une tort intéressante notice : c'est un préambule qui sert très utile-
ment à la lecture de la correspondance de l'aïeul.
4. — H. Henry Houssaye n'aura pas assisté à la publication de
son travail sur léna. La mort l'a enlevé avant môme qu'il ait pu
achever cette étude, cependant courte, et c'est M.Louis Madelin qui
a accepté la tâche de la parfaire et de nous la donner à connaître.
Il ne faut pas chercher dans le nouveau volume d'Henri Houssaye
les détails ni la documentation abondante de ]Vaterloo : c'est un
simple tableau d'ensemble d'événements connus, mais un tableau
intéressant, un livre d'une lecture aisée et souvent attachante.
5. — Sous le titre : 1812. La Guerre de Russie, M. Arthur Chuquet
nous donne trois volumes de Notes et documents sur la campagne désas-
treuse dont nos ennemis d'antan, nos amis d'aujourd'hui, s'apprêtent
à célébrer le centenaire. Il y a, dans ces trois volumes, beaucoup
d'inédit, un certain nombre de documents qui valent l'inédit pour
nous, étant généralement traduits de l'allemand et extraits d'ouvrages
peu connus en France; on y rencontre aussi beaucoup de choses
connues qui auraient pu céder la place à d'autres. Quoi qu'il en soit,
l'ouvrage sera consulté avec intérêt pour nombre de ses pages.
6. — L'ouvrage du baron de Baye : Sitiolensk, n'envisage pas seu-
lement l'épisode de la campagne de Russie dont ce titre paraît, tout
d'abord, évoquer uniquement le souvenir. L'écrivain, tout en consa-
crant une partie notable de son livre aux journées des 16 et 17 août
1812, a encadré le récit dans une substantielle étude sur les origines
de Smolensk, sur la description de ses monuments anciens et moder-
nes, etc., etc., étude qui constitue une Introduction pleine d'érudition
à la narration des événements militaires de l'année fatale. La deuxième
partie du volume est consacrée aux pièces justificatives, réunion de
documents généralement choisis avec un jugement éclairé. Vingt-
quatre illustrations diverses : vues de monuments, d'icônes de la
vieille cité moscovite, portraits de généraux ou autres, donnent au
li\Te de M. de Baye un attrait artistique que les lecteurs apprécie-
ront.
7. — Intéressants également — toujours à propos de 1812 — les
Mémoires du margrave de Bade, dont M. Chuquet a traduit les cha-
pitres concernant la campagne de Russie. A vrai dire, la brigade ba-
doise, dont le commandant en chef fut précisément l'auteur des Mé-
moiress ne prit part à aucun des engagements livrés par l'armée
française dans sa marche en avant, et c'est seulement pour la dernière
période de la retraite que les notes du margrave badois ont une cer-
taine valeur. On rencontrera là, spécialement pour le passage de la
Bérésina, quelques détails qui nous ont paru inédits.
8. — C'est encore de la période impériale que nous entretiennent
les Mémoires de Silvain Larreguy, publiés récemment par son petit-
fils, M. Larreguy de Civrieux, sous le titre: Sou^'enirs d'un cadet. La
période décrite dans ce volume s'étend de 1812 à 1823; toutefois,,
si Larreguy fait ses débuts militaires en 1812, il a la chance — rela-
tive — de servir, à cette époque, en Espagne. 11 court là, assurément,
de très grands dangers, mais tout au moins il n'y meurt pasdefroid,
et c'est ainsi (ju'il peut rentrer sain et sauf en France en 1814, assis-
ter l'année suivante à la bataille de Waterloo, refaire en 1823 une
autre campagne d'Espagne et donner enfin sa démission comme
capitaine-adjudant-major dans la garde royale, deux ans avant la ré-
volution de Juillet. Silvain Larreguy paraît avoir été, à ses débuts, un
royaliste plutôt tiède; mais s'étant rallié francliement à la monarchie
après les Cent Jours, il persévéra à ce point dans ces nouveaux senti-
ments qu'il prit part, en 1850, à ce qu'on appela le « pèlerinage de
Wiesbaden «, c'est-à-dire à la manifestation organisée, à ladite date,
par des milliers de Français allant à Wiesbaden saluer le comte de
Chambord. Les Mémoires de Larreguy, sans avoir une valeur histo-
rique considérable, sont cependant intéressants à parcourir. L'au-
teur témoigne la plupart du temps d'un esprit d'observation qui lui
a permis de noter bien des dé! ails, banals peut-être à l'époque où ils
furent retenus, mais que le recul des temps rend aujourd'hui tout à
fait rares et précieux.
9. — 11 en est de même des Souvenirs recueillis il y a un siècle par
un officier de l'armée anglaise, Basil Jackson, qui servait à l'état-
major de Wellington en 1815 et qui assista, en cette qualité, à la
célèbre bataille du 18 juin. Le même officier, à cette époque simple
lieutenant, avait été d'abord aide de camp d'Hudson Lowe, et quand
cet odieux personnage partit pour Sainte-Hélène prendre possession
de sa charge de geôlier, il offrit à Jackson, qui accepta, de l'emmener
avec lui. Les Souvenirs de Basil Jackson, publiés sous le titre :
Waterloo et S ainte- H élcne , sont donc le récit d'un témoin oculaire, et
leur valeur historie^up est certaine. Naturellement, en ce qui concerne
Waterloo, on imagine bien qu'un simple lieutenant n'était pas au
courant du secret des dieux et qu'il ne peut nous dévoiler des choses
ni bien nouvelles ni bien importantes. 11 en est de môme pour Sainte-
Hélène. Toutefois, se référant à des événements aussi importants et à
un homme qui a tenu dans le monde la place occupée par Napoléon,
aucun détail n'est indifférent ni oiseux.
10. — 1814. La Manœuvre de Laon, de M. le capitaine Hulot, est
plutôt une étude de tactiriue qu'un travail historique proprement
dit : l'auteur étudie les événements qui se déroulèrent en Champagne
du 22 février 1814 à la fin de la campagne, il les suit pas à pas, jour
par jour, montre les fautes commises des deux côtés et met notam-
— 138 —
ment en lumière cette vérité que si les manœuvres de l'Empereur,
depuis le départ de froyes, étaient établies sur des bases certaines,
étaient dictées par une rigoureuse logique, elles furent, à partir du
4 mars, uniquement dictées par la passion. « Du 4 au 10 mars, Na-
pdléon ne cesse de se tromper en jugeant la situation, et son esprit,
jadis si perspicace, ne soit plus distinguer la réalité des apparences.
Lui qui a vaincu tant de fois l'Europe, ne peut croire cette Europe
capable de le vaincre à son tour >;. De nombreux croquis facilitent
la compréhension de ce travail très scientifiquement écrit et néan-
moins d'une lecture aisée.
11. — La Correspondance inédite de Napoléon I^^, publiée par
MM. E. picard et Tuetey, tous deux appartenant au ministère de la
guerre, est purement militaire. On y trouve, d'ailleurs, quantité de
documents où la part de Napoléon se borne à avoir écrit au bas de
la pièce citée les n\oi&'. approuvé ou rejusé\or\ comprend donc que la
Commission de la correspondance, que MM. LeGestre et de Brotonne
les aient négligés. Beaucoup de ces documents, cependant, sont
utiles à conn.sître au point de vue militaire, et sous ce rapport leur
publication est bonne. Nous la signalons volontiers à ceux qui s'oc-
cupent de la période napoléonienne.
12. — Nous parlions récemment à nos lecteurs de Clausewitz, à pro-
pos d'un écrivain qui reprochait naguère au grand penseur mili-
taire allemand de n'avoir pas compris la doctrine de Napoléon.
M. Roques n'a pas de telles idées et son Général de Clausewitz, sans
être un panégyrique, est une étude dans laquelle le nouveau biographe
est visiblement favorable au personnage dont il retrace la vie. Nous
avons lu avec intérêt et profit ce travail, qui a été pour nous, en
nombre de i)oints, une révélation. En somme, nous ne connaissons
Clausewitz — en France — que par son Traité de la gwrre et nous
ignorons presque tout de lui-même, de sa personnalité, de sa carrière.
Or, il est certain qu'une connaissance approfondie de l'écriveinsert
bien souvent à faire mieux comprendre son œuvre, surtout quand
cette œuvre est un peu nébuleuse, comme le sont la plupart des tra-
vaux éclos dans le pays des Niebelungen. La première partie de l'étude
de M. Roques est consacrée à la biographie même du grand écrivain ;
dans la seconde, le biographe français commente sommairement
non pas les œuvras de Claiîeewitz, mais seulement son Traité de la
guerre, son œuvre capitale, la seule qui ait été traduite en français.
Ce commentaire est clair, précieuse qualité dans un tel travail,
et il permettra à nombre de gens qui parlent aujourd'hui de
Clausewitz, sans en avoir jameis lu une ligne, de se faire une idée
de ce que fut l'auteur du fameux traité et d'en parler, désoruiais, un
peu plus en connaissance de cause. Si jamais la librairie Ghapelot
I
— 139 —
réédite la traduction de la Guerre de Clausewitz le livre de M.
Roques serait la meilleure Introdu^'tion à l'ouvrage allemand: nous
le lui signalons comme tel.
13. — Les leçons du passé sont souvent perdues pour l'avenir : il
no faut pourtant pas se lasser de les rappeler, de les mettre sans
cesse sous les yeux de ceux auxquels elles peuvent être profitables.
C'est sans doute cette pensée qui a guidé M. le capitaine Latreille
quand il a entrepris d'écrire l'histoire de la Campagne de 1844
au Ma'oc, la campagne qu'a rendue célèbre la Bataille disly.
Sa situation à la Section historique du ministère de la guerre
permettait à l'écrivain d'utiliser aisément les nombreux docu-
ments contenus sur la matière dans les archives de la rue Saint-
Dominique, M. Latreille n'y a pas manqué et l'a fait avec intelli-
gence et discernement. Son travail est bien fait, intéressant à par-
courir, d'autant plus instructif que quantité de situations s'y présen-
tent, que nous voyons se renouveler actuellement à Fez, à Marra-
kech, autour des colonnes Gouraud ou Brulard. Livre d'actualité,
dont le mérite survivra, d'ailleurs, aux événements actuels.
14. — Les Campagnes d'Afrique (1830-1910), Algérie, Tunisie^
Maroc, de M. le capitaine Victor Piquet, nous donnent l'ensemble des
opérations militaires effectuées depuis soixante ans par l'armée fran-
çaise de l'autre côté de la Méditerranée. Ce travail, nécessairement
fort résumé, n'a pas la prétention de faire oublier les ouvrages de
Camille Rousset, de M. de Mont-Rond, de Wahl, etc., etc., mais, tel
qu'il est, il rendra des services par son exiguïté même, exiguité rela-
tive, puisque en somme le volume a plus de 300 pages.
15. — M. le lieutenant-colonel Ernest Picard, chef de la Section
historique de l'état-major de l'armée, est bien connu par des tra-
vaux estimés, notamment par son Bonaparte et Moreau et par deux vo-
lumes sur les débuts de la guerre de 1870: La Perte de l'Alsace et la
Guerre en Lorraine. Il nous donne aujourd'hui, sous le titre : Sedan, la
relation des événements malheureux qui aboutirent à la capitula-
tion d'une armée de 70.000 hommes, à la chute d'une dynastie, à l'ef-
fondrement d'un prestige militaire qui avait résisté aux désastres
du premier Empire. M. Picard met bien en lumière les fautes com-
mises par notre commandement, les erreurs de notre direction poli-
tique; il fait voir clairement combien, sous ces deux rapports, les
Allemands noue furent supérieurs. Cependant, il nous semble exa-
gérer les qualités dont firent preuve à cette époque nos adver-
saires; tout au moins est-il en contradiction à cet égard non seule-
ment avec des historiens français comme le général Donnai, le géné-
ral Palat (Pierre Lehaucourt), le colonel Rousset, etc., etc., mais
avec nombre d'écrivains allemands estimés. Quoi qu'il en soit, à cet
— t'iO -~
égard, le nouveau travail du laborieux'' écrivain est] dune lecture
souvent passionnante : d'ailleurs, quel roman peut présenter les
péripéties dramatiques de la catastrophe du 1^^ septembre 1870!
16. — C'est encore en grande partie du second Empire que nous
parle le "général Cuny dans le volume de Souvenirs publiés sous le
titre de : Quarante-trois ans de vie militaire. Toutefois, né en 1838,
c'est-à-dire n'ayant que 32 ans au moment où éclatait la guerre
fatale, M. Cuny avait encore plus de trente années à passer dans
l'armée active avant d'arriver à l'âge de la retraite et c'est en somme
l'histoire militaire de près d'un demi-sièclo qu'il nous donne dans ce
volume de 350 pages, bourrées d'anecdotes, d'histoires plaisantes ou
dramatiques. A part quelques pages relatives à ses débuts dans la
vie militaire, toute la première partie de l'ouvrage est consacrée aux
événements de la guerre de 1870; presque toute la seconde a trait
aux événements militaires dont l'Algérie fut le théâtre de 1871 à
1900, époque où le général quitta l'armée, atteint par la limite d'âge.
Cavalier brillant et audacieux, homme de devoir, le général Cuny
a laissé dans l'armée le souvenir d'un militaire de valeur, d'un
chef bienveillant et aimé : son livre perpétuera utilement sa
mémoire.
17. — Les Feuillets de la vie militaire sous le second Empire (1855-
1S70) du lieutenant-colonel marquis de la 'Pour du Pin la Charce
ne sont pas, comme les Souvenirs du général Cuny, un récit for-
mant un tout homogène, mais une série de chapitres séparés, dans
lesquels l'écrivain nous parle surtout de sa vie en campagne. A vrai
dire, c'est surtout là qu'il nous païaît avoir vécu, car nous le
voyons combattre en Crimée, en Italie, en Algérie, au Mexique, en
1870-pendant la guerre franco-allemande. L'auteur de V Armée fran-
çaise à Metz est un écrivain plein d'humour, d'entrain, de couleur,
dont la manière rappelle les bons mémorialistes de la grande épo-
que, et ses rapports comme attaché militaire à Vienne dénotent
chez lui une entente des affaires à la fois politiques et militaires,
une perspicacité qui en auraient fait un diplomate habile. Les Feuil-
lets sont écrits avec le même esprit, la même vigueur; peu de
livres nu ritent d'être plus chaudement recommandés à la foie pour
charmer l'esprit et fortifier le cœur.
18. — Le Maréchal Niel, auquel M. le commandant de la Tour vient
de consacrer un volume, fut comme Cuny un soldat du second Fmpire,
mais, à la différence de ce dernier, il eût pu à la rigueur — étant né
en 1802 — servir sous Napoléon I^^. Niel se contenta d'assister, en
1811, en simple spectateur, à la bataille livrée devant Toulouse
par le maréchal Soult aux Anglais de Wellington, et il n'entra réel-
lement dans l'armée qu'en 1823 comme lieutenant du génie. Le mare-
— 141 —
ohal Ni.el, persona grata auprès de Napoléon III, est surtout connu
par sa loi sur l'armée du l^'' février 1868 et par la lutte qu'il eut à
soutenir, à cette époque, contre l'opposition libérale des Jules Favre,
Picard, Glais-Bizoin, etc. D'autres époques de sa vie sont également
marquantes, notamment le rôle qu'il joua pendant la campagne de
Crimée auprès de Canrobart et de Pélissier. On sait combien ce der-
nier grand chef mena la vie dure à l'aide de camp de l'Empereur et,
sans approuver les violences du duc de Malakoff, il y a lieu de
penser, pourtant, qu'il eut, en cette occasion, le beau rôle. Personna-
lité de second plan, le maréchal Niel eût peut-être évité à la France
les malheurs de l'Année terrible, s'il avait vécu. Sa prudence, son bon
sens, son influence sur l'Empereur eussent probablement inspiré au
Souverain une conduite qui eût évité, tout au moins retardé de quel-
ques années, la chute du régime.
19. — Nous sautons d'un trait une période de près d'un demi-
siècle en passant du second Empire à la Guerre russo- japonaise de
1904-1905. Nous avons parlé en son temps du premier volume de
cette magistrale publication, rédigée, comme nous l'avons dit, par
létat-major général russe et traduite en français par les soins et soue
la direction du 2^ bureau de notre état-major de l'armée. Le tome
second, en trois parties, nous mène du début des opérations à la
bataille de Tachichao en passant par celle de Wafangkéou, nous
donnant à connaître une multitude de rencontres secondaires, dont
une publication de cette envergure pouvait seule entreprendre le
récit. 11 nous est impossible de faire dans une analyse forcément
sommaire, un résamé même restreint des opérations militaires mul-
tiples relatées dans ces trois énormes volumes. Mais il nous est permis
de répéter ce que nous avons remarqué déjà au cours du précédent vo-
lume : l'authenticité des faits, en particulier la bonne foi avec la-
quelle nos alliés dénoncent leurs propres fautes. C'est ainsi que nous
apprenons par exemple que, dès le début de la lutte, l'énorme consom-
mation d'officiers qui avait été faite pour des missions spéciales, d'une
utilité problématique, avait mis les régim< iils dans une pénurie telb de
chefs sulbalternes que dans nombre de corps les compagnies étaient
commandées par des enseignes de réserve dont l'instruction et l'éduca-
tion militaire étaient presque nulles (II, l'"*^ P-, P* 300). La qualité du
train était partout défectueuse, le service des renseignements fonc-
tionnait mal, etc., etc. On se souvient combien, au début de la
guerre, l'opinion française s'enflanmia en faveur du général Stœssel,
le défenseur de Port- Arthur, pour lequel on évoquait le souvenir des
héroïques défenseurs de Saragosse, de Belfort et même de Numance.
On a su, depuis, combien cet engouement était exagéré et un procèé
célèbre a démontré combien Stœssel avait été inférieur à sa réputa-
— 142 —
tion, à celle qu'on lui avait trop facilement octroyée. Le nouveau
volume (IV, l'"^ p.) cite toute une série de documents inédits qui
révèlent les craintes qu'avait, dès le début, l'état-major général russe
sur la valeur militaire et surtout morale du défenseur de Port-
Arthur. Et cet état-major essayait de rendre confiance à Stœssel
par des instructions admirablement rédigées, d'une hauteur de vues,
d'une noblesse de sentiments qui furent malheureusement perdues.
Nous ne pousserons pas plus loin ces réflexions. Contentons nous de
dire que l'ouvrage de l'état-major général nous apparaît de plus en
plus comme un travail de toute première valeur, qui est absolument
à lire par quiconque veut non seulement connaître en détail les évé-
nements de la récente guerre de Mandchourie, mais par ceux surtout
qui veulent se rendre un compte exact des causes du succès des
Japonais.
20. — Nous en avons fini avec les ouvrages d'histoire militaire
proprement dite, et nous passons à un autre ordre d'idées et d'en-
seignements avec le livre de M. Jules Poirier : L'Officier, le haut
commandement et ses aides en Allemagne. Le proverbe aux termes
duquel « un homme averti en vaut deux », a toujours été vrai, et il
est très certain que la connaissance du caractère, de la puissance de
l'adversaire est, à la guerre, un élément très appréciable de succès.
La création, après la guerre de 1870,de la Reçue militaire de l'étranger,
rédigée et publiée par l'état-major général, eut jadis pour but de re-
médier à l'ignorance qu'on avait pu signaler à cet égard dans notre
armée. On trouve effectivement, dans cette publication, tous les
détails qu'on peut désirer sur l'organisation de l'armée allemande;
mais les cent volumes in-quarto de cette collection ne sont pas d'un
maniement facile et M. Poirier a bien fait d'extraire de ce recueil
et de réunir en un in-16 de 250 pages la quintessence des renseigne-
ments qu'il importe à tout officier français de connaître sur nos ad-
versaires. L'ouvrage en est à sa deuxième édition : c'est assez dire
qu'il a été apprécié et qu'il répondait à un véritable besoin d'infor-
mation.
2L — C'est encore de l'armée allemande que nous parle le colonel
anglais Repington dans sa brochure : Les Manœuvres impériales alle-
mandes en 1911, et M. R. Kann a eu une heureuse idée en
traduisant en français ce travail. Si un jugement porté
sur l'armée allemande par un officier français peut être parfois
taxé de partialité, il n'en saurait être de même des opi-
nions d'un témoin oculaire appartenant à une nation qui n'a pas
contre les Allemands les mêmes rancunes. C'est donc avec
pleine confiance en leur valeur et leur sincérité que nous
pouvons prendre connaissance des appréciations d'un colonel anglais
— 143 —
assistant à des manœuvres commandées par l'Empereur en personne,
et ces appréciations ne sont pas faites pour nous déplaire. C'est ainsi
que nous voj'ons, par exemple, M. Repington constater de visu qu'aux
manœuvres de 1911, « le commandement supérieur ne fit preuve
d'aucune qualité transcendante, qu'il commit des fautes et que la
confiance des spectateurs étrangers en la valeur des chefs allemands
en fut ébranlée ». Et ailleurs : « L'infanterie manquait d'audace, ne
savait pas utiliser le terrain, se retranchait mal, se déplaçait avec une
extrême lenteur, ne s'éclairait pas, exécutait des marches d'approche
archaïques, etc., etc. » Toutes les conclusions de M. Repington
seraient à citer, à lire, à méditer; nous ne rappellerons que cette der-
nière phrase : « L'armée allemande... ne nous semble pas présenter
d'indices de supériorité sur les meilleures armées étrangères; à cer-
tains points de vue, elle ne dépasse même pas un niveau secondaire. »
22. — Les opinions du colonel Repington que nous venons de citer
sont naturellement réconfortantes pour notre pays et montrent que
la France peut, à l'égard d'une lutte possible, envisager l'avenir
avec confiance. Ce n'est pas une raison pour négliger de nous tenir
au courant de ce qui se passe chez notre adversaire. Il y a lieu, au
contraire, de l'étudier toujours pour distinguer si, averti par des
conseils comme ceux que lui donne gratuitement M. Repington, il
ne cherche pas à se corriger de ses fautes, à protéger le défaut de sa
cuirasse. C'est dans cet ëeprit qu'un écrivain anonyme vient de com-
mencer chez Berger-Levrault la publication d'une étude: Opinions alle-
mandes sur la guerre moderne, qui s'annonce comme devant avoir une
certaine ampleur et dont nous venons de recevoir le premier fascicule
(seul paru) : Bases de la guerre et Armement et technique modernes.
C'est dans les écrivains militaires allemands les plus en vue, dans
Schmiedecke, von Balck, etc., surtout dans le général von Bernhardi,
que l'auteur anonyme précité cherche les Opinions allemandes qu'il a.
entrepris de nous révéler et il arrive à nous donner une idée sinon
absolument exacte, du moins assez nette et en tout cas très utile
des théories nouvelles les plus en cours chez nos voisins. L'ouvrage
sera accueilli avec la faveur qu'il mérite, non seulement dans notre
armée, mais par quiconque veut se rendre compte de l'évolution
scientifique militaire qui se produit en ce moment en Allemagne.
23. — Moins didactique, moins calme, beaucoup plus agressif que
le précédent volume nous apparaît le livre de M. le capitaine Pierre
Félix : Les Armements allemands. La Riposte. Ce nouveau volume a été
inspiré à son auteur par ce qui vient de se passer en Allemagne, où
Guillaume II, en vue de dangers imaginaires, vient de demander
d'importants crédits pour l'augmentation d'une armée déjà formi-
dable et tout autant dispendieuse. M. le capitaine FéKx insiste sur
— 144 --
<'0 point capital, dont il démontre le bien fondé, savoir : que la France
n'a besoin du secours de personne, non seulement pour se défendre
contre l'Allemagne, mais même pour prendre l'offensive et vaincre,
si la guerre devient nécessaire. A comparer, dit-il, le peu que nous
étions en 1870, avec ce que nous sommes devenus, en face d'un en-
nemi qui était déjà à cette époque, à quelques détails près, ce qu'il
est aujourd'hui, notre pays doit comprendre combien la situation a
changé et combien nous devons considérer la victoire finale comme
absolument certaine. M. Félix voudrait qu'à cet égard tout l'ensei-
gnement, à partir de celui que les instituteurs donnent à l'école pri-
maire, tendit à la démonstration de cette vérité. Il en résulterait une
immense confiance dans la masse et, partant, un facteur moral puis-
sant de succès. La brochure, pleine du souffle très ardent d'un patrio-
tisme très éclairé, est à lire d'un bout à l'autre. Et si diverses
allégations de M. le capitaine Félix sur les chance dés victoire de la
France paraissent risquées à certains esprits timorés, nous les ren-
verrons aux affirmations de M. le colonel anglais Repington, dont
nous parlons plus haut, qui, dans une autre forme, avec un flegme
tout britannique, fait pressentir cependant tout ce qu'avance l'offi-
cier français.
24. — Dans Politique et stratégie dans une démocratie, M. le com-
mandant Mordacq, de l'École supérieure de guerre, examine la dépen-
dance étroite qui lie la stratégie à la politique, surtout à la politique
extérieure. Il est évident que la diplomatie joue un rôle capital dans
la préparation de la guerre, mais cette dernière est intimement unie
également à la politique intérieure et c'est à ce propos que Jomini,
étudiant cette question complexe et se demandant le régime politique
qui semble devoir préparer surtout le succès à la guerre, conclut à
la Supériorité du régime monarchique. Malheureusement nous n'avons
pas le choix, pour le moment tout au moins, et prenant la situation
telle qu'elle est présentement chez nous, M. Mordacq examine de
quelle façon notre régime actuel peut nous permettre d'assurer à la
fois la défense nationale et la victoire de nos armées. La conclusion
affirme la nécessité de pleins pouvoirs donnés, dès le temps de paix,
au généralissime désigné pour le temps de guerre, sans se laisser arrêter
par les considérations puériles — malheureusement trop en faveur
chez nous — des dangers qu'implique, au point de vue de la sécu-
rité du régime, l'oninipotence purement militaire confire à un gé-
néral. Voilà un. livre que nos hommes politiques feraient bien de lire,
de méditer : ils y trouveraient d'utiles enseignements.
25. — Précisément dans son livre : La Direction de la guerre. La
Liberté d'action des généraux en chef, M. le commandant Dupuis aborde
un sujet qui se rapproche fort du précédent; seulement il ne l'envi-
I
_ 145 —
sage pas de Ja même manière et il estime que « le souci de protéger la
France contre les pires tyrannies, c'est-à-dire contre la domination de
l'étranger et le pouvoir personnel, oblige la République à recruter,
dés le temps de paix, un haut commandement qui soit à la fois loya-
liste et compétent ». En appliquant ce principe, on voit immédiate-
ment combien M. Fallières se trouvera embarrassé quand il aura à
se décider entre lin bon militaire qui ne sera pas républicain et un
bon républicain qui sera un mauvais militaire. Nous n'entreprendrons
pas la discussion de la thèse soutenue ici par M. Dupuis : nous ren-
voyons le lecteur à son livre qui, en dépit de théories qui nous ont
paru risquées, sera lu avec intérêt.
26. — Dans la Doctrine de la défense nationale, M. le capitaine
Sorb, envisageant le cas concret d'une campagne franco-allemande,
n'étudie pas seulement la stratégie et les opérations des armées. Il
cherche aussi à se rendre compte de la valeur des nombreux facteurs
susceptibles d'avoir une répercussion sur la conduite de la guerre. Il
examine l'influence des alliances, il étudie le rôle de l'armée russe; il
discute au point de vue politique et militaire la question de l'appui
anglais et de la transformation de l'entente cordiale en alliance effec-
tive. Abordant la question de l'organisation de l'armée, M. le capitaine
Sorb nous dit qu'au point de vue de la défense nationale, deux théo-
ries sont actuellement en présence. L'une préconiserait une guerre de
longue durée où nous ne nous engagerions pas tout d'abord à fond, de
façon à donner à nos alliés le temps d'entrer en action, de permettre
à nos troupes noires d'arriver sur le continent, de créer aux Alle-
mands des difficultés d'approvisionnement, en les obligeant à tirer
ces approvisionnements de l'extérieur. Dans ces conditions, il suffi-
rait d'un embryon d'armée qui manœuvrerait de façon à traîner les
chosee en longueur et sous la couverture de laquelle « la nation
armée se dresserait tout entière devant l'envahisseur ». L'autre parti
à prendre serait de mettre tout e'n œuvre pour remporter le premier
succès, étant donné que nous avons tout ce qu'il faut pour arriver à ce
premier succès et que de l'issue de la première rencontre dépendra
vraisemblablement celle du reste de la campagne. M. Sorb se déclare
tout à fait opposé à la première méthode et soutient sa thèse d'urne
façon qui nous paraît à la fois judicieuse et concluante. Il dit très ju's-
tement : Avant de songer à organiser la résistance, pourquoi ne pas
chercher tout simplement à remporter la première victoire? Est-ce que
cela empêchera de poursuivre la campagne si, contrairement à nos
prévisions nos forces n'ont pas été suffisamment désorganisées à la
suite d'un échec pour nous permettre de continuer la lutte? Alors, il
sera temps d'exploiter à outrance les facteurs secondaires. Beaucoup
de gens estiment que cette façon de penser de M. le capitaine Sorb est
Août iyi2. T. CXXV. 10.
— 146 —
la bonne : nous croyons savoir que, pour le moment, c'est la façon
de M. Millerand d'entendre la question. Le pays compte sur lui pour
faire triompher cette méthode.
27, 28 et 29. — Le Dictionnaire miliiaire publié par la maison Ber-
ger-Levrault, celui dont nous avons maintes fois entretenu nos lec-
teurs, est arrivé enfin à son terme avec la 25^ et dernière livraison.
Cette livraison va du mot « Train d'artillerie » au mot «Zouaves »,
de la page 3073 à la page 3236, dernière du travail. Avec l'éclosion
sans cesse renouvelée des inventions modernes, le Dictionnaire mili-
taire^ commencé déjà il y a quelques années et dont les difficultés
inhérentes à un tel genre de publication avajent ralenti l'apparition
en dépit des efforts des éditeurs, ce Dictionnaire avaitrécemment besoin
d'être mis au courant, au moins pour les premières livraisons. La
maison Berger-Levrault a compris qu'il lui fallait combler cette la-
cune et, s'imposant un assez lourd sacrifice, elle vient de pubher un
supplément général au Dictionnaire qui met les choses au point jus-
qu'au début de l'année 1912. C'est ainsi qu'on trouvera notamment
dans cette annexe un état militaire (jusqu'à la fin de 1911) de toutes
les nations du monde, rédigé par notre savant et regretté confrère,
Charles Malo, des articles très complets et très au courant sur l'avia-
tion, les aéronefs, les aéroplanes, sur les ballons dirigeables, sur l'orîra-
nisation nouvelle de la batterie, sur le canon à tir rapide, dit canon de
75, sur la nouvelle organisation du Creusot, sur les nouveaux canons
démontables récemment expérimentés en Grèce et en Russie, sur le
nouveau Règlement de l'infanterie, sur les nouvelles mitrailleuses
adoptées en 1907, sur les sapeurs aérosticrs, etc., etc. Grâce donc à
ce supplément, le Dictionnaire militaire est bien une encyclopédie
absolument à jour à la date d'aujourd'hui, de toutes les brandies
des sciences militaires. La réunion des différents articles que comporte
chacune de ces branches constitue, la plupart du temps, un travail
suffisamment complet pour qu'on puisse se dispenser de recourir aux
ouvrages spéciaux; tels les divers articles consacrés à l'aviation, tels
les seuls mots Stratégie et Tactique, avec leurs 192 colonnes équiva-
lant chacune à deux pages ordinaires. Le Dictionnaire militaire a reçu
dans notre armée et aussi à l'étranger un accueil qui indique suffi-
se çmient sa valeur et nul doute qu'un tel genre d'ouvrage ne soit
précieux pour un officier, qui rencontre, là, de la façon la plus com-
mode et la plus sûre, le renseignement dont il a besoin à point nommé.
Le défaut des publications de ce genre est de vieillir rapidement et
de n'être plus bientôt au courant des multiples améliorations ou modi-
fications apportées sans cesse aujourd'liui à l'organisation, l'adminis-
tration, le matériel des armées. Les éditeurs du Dictionnaire ne pou-
vaient ignorer cet inconvénient et ils ont trouvé le moyen d'y remé-
— 147 —
dicr. Effectivement, nous apprenons qu'ils entreprennent la publica-
tion d'une revue spéciale qui, sous le titre d'y\rchives militaires,
tiendra trimestriellement le dictionnaire au courant de toutes les
nouveautés intéressant l'armée. Grâce à cette annexe, qui paraîtra
quatre fois par an, les possesseurs du Dictionnaire auront donc une
œuvre constamment renouvelée et toujours tenue au courant des progrès
intéressant l'armée à quelque titre que ce soit ; il est inutile que nous
insistions plus longtemps sur les avantages d'une telle combinaison.
— Disons encore, et pour terminer, que la maison Berger-Levrault a eu
la bonne idée de grouper en un petit volume d'un format commode,
les articles rédigés par M. Charles Malo lui-même sur l'État militaire
de toutes les nations du monde. Ce mémento rendra de grands services,
à une époque où l'on a besoin d'être constamment renseigné sur la
force militaire d'États soiivent minuscules et dont les encyclopédies
ordinaires prononcent à peine le nom, tels Costa-Rica, Libéria,
Panama, Saint-Marin, etc., etc. Comte de Sérignan.
THÉOLOGIE
La Vérité du catltolieisme, par J. Bricout. Paris, Bloud, 1910, iin-16
de 309 p. — Prix : 3 fr. 50.
Le distingué directeur de là Revue du clergé français réunit dans le
présent volume des articles parus soit dans ce périodique, soit ail-
leurs. Ce sont toutes questions d'actualité : les difficultés de croire
(critique assez rigoureuse de la conférence de Brunetière), Mgr d'Hulst
(ses déficits comme orateur, ses mérites comme philosophe et apolo-
giste), la valeur historique des évangiles, le catholicisme et l'his-
toire (réponse au défi de M. Loisy), le premier pape, le développement
du dogme, ce qui n'est pasde l'américanisme, ce qui n'est pasdumoder-
nisme. M. Bricout se défend à plusieurs reprises de prétendre épuiser
les questions. Son but est surtout de montrer, d'après les historiens
et les théologiens les plus en vue de l'heure actuelle, combien l'édi-
fice catholique est solide, et combien, quoi qu'on dise, on y est au
large. Très au courant des susceptibilités modernes, méthodique et
clair, il pourra, en effet, rassurer bien des lecteurs. Les approxi-
mations et imprécisions que, de ci de là, on pourrait critiquer tien-
nent au genre de ces études, forcément rapides et sommaires.
H. Grs.
£tiides de critique el d'iiistoire religieuse, par M.Vacandard-
3' série. Paris, Lecolfre, Gabalda, 19l2,iin-12 de 379 p. — Prix : 3jr. 50.
Ce nouveau recueil présente les qualités qu'on est habitué à appré-
cier dans les travaux de M. Vacandard : information étendue, juge-
^ 148 ^
ment sûr et modéré. Il comprend quatre mémoires, réimpression,
avec d'importantes additions ou retouches, d'articles parus dans la
Revue du clergé français : 1° Les Fêtes de Noël et de VÉpiphanie.
(La fête de Noël est d'origine romaine; elle remonte au plus tôt à la
seconde moitié du iii^ siècle, au plus tard à 336; elle fut instituée
surtout pour concurrencer la fête païenne du Natalis ùwicti ; l'Église
grecque, qui ne l'accepta pas sans peine, fit en retour pénétrer dans
l'Église latine la fête de l'Epiphanie. Suivent d'intéressants dé-
tails Sur la célébration liturgique ou privée de ces deux solennités;
2° le mémoire sur les Origines du culte des 5ami5, entre autres questions,
traite d'une façon très judicieuse celle des survivances païennes; 3°
l'histoire des Origines de la fête et du dogme de V Immaculée-Concep-
tion fournit un remarquable exemple d'un développement dogma-
tique très lent, longtemps traversé, et d'autant plus caractéristique;
M. Vacandard insiste particulièrement sur la période médiévale; 4°
le dernier chapitre réfute l'absurde accusation du Meurtre rituel,
lancée si souvent contre les Juifs. E. J.
SCIENCES ET ARTS
Pour mieux, vivre. A nmm fil*, par Victor Mabgubritte. Toulouse,
Privât, s. d., in-12 de 352 p. — Prix: 3 fr. 50.
Je ne veux pas nier le talent d'écrivain de M. Victor Margueritte,
encore qu'il en ait fait parfois un assez mauvais usage, mais je suis
bien obligé de dire, après l'avoir lu, que le livre dont je viens de
transcrire le titre, n'est ni un livre bien fait ni un bon livre. Est-ce
même un livre? C'est plutôt un recueil d'articles, publiés au gré des
circonstances, faits, gens ou livres qui passent, et d'où nulle doctrine
ne se dégage qui puisse servir de règle à nos fils dans l'art difficile de
mieux vivre. Les premiers articles sont consacrés à la Vie physique,
et l'on y parle de la gymnastique suédoise, du tir, de l'antialcoolisme,
des cités jardins et de la dépopulation; ce n'est pas mauvais, mais
je ne vois rien dans tout cela qui puisse efficacement aider à refaire
la race française. Petits remèdes à de très graves maladies.
Les chapitres suivants traitent de la Vie i?Uellectuelle , et l'on y
parle d'un livre de M. le docteur Toulouse sur l'art de former un
esprit, de la collaboration des parents et des maîtres d'après le livre
de M. Gâche, du droit usuel, que l'on devrait enseigner aux enfants;
de l'instruction en Allemagne, d'après l'enquête de M. Huret, de
l'enseignement du commerce, des voyages d'études et des séjours
à l'étranger, de l'instruction pour tous, d'après la proposition de loi
de M. Garnaud, une belle utopie destinée à augmenter encore le
— 149 —
nombre des déclassés, et je ne vois rien dans tout cela dont la vie
intellectuelle puisse tirer un sérieux profit.
Puis c'est la part de la Vie morale : à l'école de M. Jean Finot, l'au-
teur nous résume la science du bonheur, dont la condition primor-
diale pour l'homme est « de respecter sa santé )>; à l'école de M. Lave-
dan, il nous parle de la peur, dont on guérira par l'éducation de la
volonté; puis il nous parle du duel, qu'il condamne, et il a raison,^
mais dont il a tort de croire que la Conscience moderne le fera dispa-
raître; du jeu, une vilaine passion, et ici encore je l'approuve; des
fêtes populaires, et il souhaite que l'on fasse revivre les fêtes de la
Révolution pour remplacer le bœuf gras disparu, et que l'on substitue
à la fête du 14 juillet la fête du 4 août, parce que, parait-il, c'est la
nuit du 4 août « qui fit la patrie, la patrie presque égale, vivable à
tous », et qui vit la promulgation de la Déclaration des droits de
l'homme et du citoyen. Passons, et bornons-nous à mentionner les
deux chapitres qui suivent sur un mot nouveau, le mot record^ et sur
la catastrophe de Messine.
La partie suivante est consacrée à la Vie artistique, et il y est surtout
question de littérature, de Jean Aicard, de Corneille, de Balzac, de
Flaubert, surtout de Dumas fils, « restaurateur du foyer assaini », parce
qu'il a travaillé plus que personne à dissoudre la famille en faisant
rentrer le divorce dans les lois et hélas ! dans les mœurs. Cette partie
est assez mauvaise. ^
La dernière partie, la Vie civique^ est pire : on y trouve notamment
une apologie de Garibaldi et une autre de Rossel, l'officier déserteur
qui prêta son épée à la Commune, et l'éloge de Ranc. Ailleurs, l'auteur
écrit que sans Gambetta,on aurait pu dire: « Finis Galliae ». Je m'arrête
sur ce mot. Il indique l'esprit du livre, où il est trop certain que nul
n'apprendra Vart de mieux vivre, du moins tel que nous l'entendons,
en bons chrétiens et en bons Français.'il' P. Talon.
Truite de renchaiuement d«e idées fiondamentales dans
le* sciences et dans l'histoire, par A. Cournot. Nouvelle édition.
Paris, Hachette, 1911, in-8 de xix-712 p. — Prix : 12 fr.
Fonctionnaire supérieur de l'Université et savant de haute marque,
mort en 1877, Cournot a été amené à la philosophie par les sciences.
Mais c'était à une époque où dominait l'école des Cousin, des Jouf-
froy et des Saisset, école éclectique et qui croyait voir une cloison
étanohe se dresser entre la philosophie et les sciences proprement
dites-; aussi nulle attention sérieuse ne fut accordée aux écrits d'uti
savant qui prétendait faire de la philosophie avec les sciences. Depuis
lors, les idées se sont fort modifiées; si, par une réaction en sens
inverse, mais non moins injuste, la science, ou du moins certaine
— 150 —
science, paraît voir avec dédain la philosophie pure, nombreux sont
aujourd'hui les esprits do haute culture qui voient, dans la philosophie
appliquée aux sciences, le légitime couronnement de celles-ci.
C'est pourquoi les écrits philosophiques de Cournot, inaperçus de
son vivant, sont actuellement recherchés, et celui dont le titre est
inscrit en tête de cette notice est une édition posthume d'un de
ces principaux ouVrages phildsophiques paru en deux volumes en
1861'.
Bien que divisé en cinq livres, le sujet comprend deux parties bien
distinctes, l'une que l'on peut considérer comme une philosophie des
sciences physiques et naturelles, l'autre comme une certaine philo-
sophie de l'histoire.
Dans la première, une sorte de métaphysique apphquée aux scien-
ces mathématiques est affectée au livre 1*^^. — Sous ce titre : « La
force et la matière », le livre 11 établit les caractères généraux des
lois du monde physique et de ses" phénomènes, en s'appuyant sur les
idées de cause et de substance, d'ordre, d'harmonie et de .finalité.
Le livre III est à la biologie générale, ce que les deux premiers
sont à la mathématique et au monde inorganique. A y sig'naler, sur
l'origine des espèces, de graves considérations qui, sans que l'auteur
preime parti dans la question du transformisme, sans qu'il y fasse
même directement allusion, en justifieraient le principe « par la solli-
citation d'une force interne qui tendrait à une fin aujourd'hui at-
teinte ».
La seconde partie, objet des livres IV et V, très différents des pré-
cédents, concerne les sociétés humaines et l'histoire do la civilisation.
L'anthropologie, l'ethnographie, la philologie; la religiosité dans
l'humanité, c'est-à-dire l'instinct religieux, l'idée religieuse traduite
par les diverses religions; la morale et les mœurs; les institutions poli-
tiques, sociales, juridiques, économiques; l'art et l'industrie, — telles
sont les questions, toutes reliées entre elles par une vue d'ensem-
ble, qui sont traitées dans le livre IV. Encore l'auteur les rattache-t-il
par des considérations plus générales à celles des livres précédents.
Le livre V et dernier consacré à l'histoire de la civilisation, contient
forcément quelques redites, reprenant plus d'une des questions trai-
tées dans le livre précédent. L'auteur y étudie, principalement, les
originel des civilisations dans la période historique, trace un tableau
comparé des civilisations orientales et occidentales, et envisage les
modifications et transformations qu'ont subies ces dernières pour
aboutir à l'état des sociétés contemporaines.
Si les limites restreintes de cet article ne s'y opposaient, nous
pourrions signaler plus d'un point discutable dans les vues philoso-
phiques de l'auteur. Mais ce que nous tenons à faire remarquer, c'est
— 151 —
que la philosophie de Cournot. est, somme toute, animée d'un esprit
spiritualiste et chrétien, La Préface dont M, Lévy-Bruhl a fait pré-
céder cette édition posthume, n'infirme point, sans la signaler d'ail-
leurs, cette importante considération. C. de Kirwan.
LITTERATURE
Madame de Qeiili9,ea Yie intime et politique (1 916-1S30),
d'après des documents inédits, par Jean Harmand. Paris, Perrin,
1912, petit ia-8 de xii-557 p. avec 8 planches. — Piix : 5 fr.
Madame de Cenlis et la grande-dacliesse Élisa (1911-
1913), par Paul Marmottan. Paris, Émile-Paul, 1912, in-8 de 100 p. —
Prix : 4 fr.
C'est une figure piquante, amusante, intéressante, et sur la fin
presque attendrissante, sans arriver jamais à se faire aimer tout à
fait, que cette Étiennette-Félicité du Crest, marquise de Sillery,
comtesse de Genlis, qui, partie de son village où déjà à neuf ans elle
jouait la comédie dans le château délabré de Saint- Aubin et répétait
par plaisir les leçons de ses maîtresses aux petits villageois, vient à
la conquête de Paris avec sa beauté qui était un peu du diable, son
esprit qui était d'une souplesse merveilleuse, ses talents de société,
sa harpe, sa fameuse harpe, et, moitié comme artiste, moitié comme
demoiselle de condition, papillonna à travers les salons de la seconde
moitié du xviiic siècle, fit un beau mariage, devint dame de M"^^ la
duchesse d'Orléans, institutrice et bientôt « gouverneur » de ses
enfants, tout en étant hélas ! la maîtresse du père, donna avec tout
le Palais-Royal dans la Révolution, irtrigua, fit de la politique or-
léaniste et puis jacobine, dut fuir en émigration où elle se tira
d'affaire avec sa plume, fut logée à l'Arsenal et pensionnée par le
Premier Consul comme une sorte de grand-maître de l'étiquette char-
gée de rappeler aux générations nouvelles les manières de l'ancienne
Cour, puis, de plus en plus tournée à la piété et à la haine de la phi-
losophie du sviii^ siècle, fit en « mère de l'Église » le procès de
Voltaire, de Diderot, de d'Holbach et de toute leur séquelle; mora-
liste d'ailleurs et pédagogue de vocation, écrivain surtout, et il faudrait
dire, n'était l'élégance de son style, écrivassière inépuisable, qui
a produit plus de 150 volumes sur tous sujets, qui voulait à elle
seule refaire V Encyclopédie et qui l'a refaite en quelque manière;
compilatrice et romancière tout ensemble, esprit curieux, ingénieux,
et vagabond — comme fut sa vie, même et surtout sa vieillesse, —
qui inventait des méthodes d'éducation, des jeux de cartes, et des
baumes contre le rhumatisme; logeant d'ailleurs, par habitude ata-
vique, le diable dans sa bourse, et malgré tous les secours, toutes les
pensions, et un formidable commerce de librairie, mourant très pauvre
— 152 —
au lendemain du jour où Louis-Philippe, son élève, montait sur le
trône... Ses Mmioires^ écrits à quatre-vingts ans, sont pleins de trous,
et d'erreurs sans doute : je les crois pourtant sincères autant que
ceux d'une femme peuvent l'être, et précisément parce que ce ne sont
pas des Confessions, mais surtout des récits et des souvenirs sur les
événements et les milieux qu'elle a traversés. Et je suis frappé de voir
que cette liaison avec le duc de Chartres, aujourd'hui attestée par la
révélation d'une partie de leur correspondance amoureuse, elle n'a
pas l'impudeur d'en parler, mais pas non plus l'effronterie de la nier,
se contentant, pour ceux qui savent ou sauront, de la déplorer à mots
couverts en condamnant la fatale idée et le fatal attrait qui la
firent entrer au Palais- Royal « pour son malheur »...
Or, cette vie multiple et touffue qui n'était connue que par quel-
ques notices, quelques articles plutôt méchants, M. Harmand a com-
mencé de la débrouiller par le présent volume, dont les Mémoires ont
fourni le canevas, mais dont beaucoup d'écrits du xviii® siècle, et des
pièces d'archives et des documents de famille lui ont permis d'établir
la tapisserie solide. Je ne trouve pas l'étude encore assez pénétrante
à mon goût-; je pense que les femmes, même les improvisatrices à
l'esprit léger et à la mémoire très fournie, mettant toujours beaucoup
d'elles-mêmes dans leurs écrits, il y avait lieu de chercher davan-
tage dans les ouvrages de celle-ci l'histoire de ses idées, de son âme
et celle de son milieu. Mais le travail eût été difficile et presque infini.
Il a déjà fallu un gros effort et de longues recherches pour
peindre, re fût-ce qu'au pastel, avec exactitude et agrément, les di-
vers aspects de cette changeante figure et donner au moins un aperçu
de son œuvre littéraire, morale, politique et polémique, répandue sur
plus de soixante années et aussi abondante que celle de Voltaire...
— La preuve qu'il y a encore beaucoup de chapitres à ajouter à
cette histoire, beaucoup de dessous à éclairer, M, Marmottan tout
de suite nous la donne avec sa publication très intéressante, très soi-
gneusement et très élégamment faite, de vingt lettres inédites de
M™^ de Genlis (1811-1813) à la grande -duchesse Élisa, la sœur de
Napoléon, qui régnait à Lucques et à Piombino. M. Harmand, qui a
sommairement raconté ses dix années à l'Arsenal et au service de
l'Empereur, qui a indiqué qu'elle espéra, à soixante ans, devenir gou-
vernante des enfants de Joseph, roi de Naples, et mettre, comme disait
à peu près M^^^ de \"olude, tous ces « Corses » dans sa poche, parait
avoir ignoré totalement ses rapports avec la grande- duchesse de
Toscane. Ils commencèrent, sans doute, à Paris, quand Élisa tenait
salon rue de la Chaise; puis, devenue grande -duchesse de Toscane, et
mère de la petite « Madame Napoléone », non seulement elle eut
besoin de choisir une institutrice, — qui fut une propre nièce de
— 153 --,
M'"^ de Genlis — mais elle fut heureuse de recevoir d'une éduca-
trice si célèbre ses avis, aussi de l'avoir pour correspondante à Paris,
lui disant ce qui se lit et ce qui se porte, lui envoyant des livres, des
morceaux de harpe, et en composant. Curieuse enfin d'étiquette,
comme tous ces parvenus de Bonaparte, elle lui fit mettre par écrit,
à son usage, ce qu'elle savait des mœurs de l'ancienne Cour\ et
M, Marmottan nous édite aussi, en en racontant finement l'histoire, ce
manuscrit qui est très instructif et très savoureux. 11 est vrai qu'ha-
bile à tirer plusieurs moutures du même sac aux souvenirs, M™^ de
Genlis a publié en 1818 un Dictionnaire des itiquettes de la Cour, usages
du monde etc., qui est en grande partie extrait de ce travail. Mais
outre que la forme en articles décousus et secs le fait moins agréable à
lire, il y a dans le manuscrit écrit en 1812 pour la princesse, avec
beaucoup d'anecdotes pittoresques et de détails piquants, des traits
et des jugements sur la maison de Bourbon qu'une fois sa ferveur
bonapartiste tombée.... avec les Bonaparte, elle ne pouvait en aucune
façon conserver. , Gabriel Audiat.
I«*Alexandriii «liez Tictor Hugo, par Auguste Rochbitb. Paris.
Hachette, 1911, gr. iD-8 de 605 p. — Prix : 12 fr.
J'ai à faire un honteux aveu. Depuis quelque vingt-cinq ans que
j'ai l'honneur d'écrire au Polyhihlion, je m'étais fait une loi de ne
jamais juger un livre avant de l'avoir lu de la première à la dernière
ligne, quelquefois relu, toujours examiné de près pour voir si, même
dans les meilleurs, il n'était échappé ici ou là quelque faute contre
la vérité... Pour la première fois, je crois, le gros, l'énorme, le formi-
dable volume de M. Rochette a eu raison de mon courage et mis à
bout ma patience. A deux reprises je me suis mis pourtant à l'œuvre :
Bis cecidere manus... 600 pages in-S petit texte sur le seul alexandrin
de V. Hugo, non pas même sur toute sa métrique, c'est déjà rude. Mais
se heurter tout de suite, comme en un livre de mathématiques trans-
cendantes, à des lignes et des pages de chiffres, de signes conven-
tionnels, à des séries inépuisables de schémas, qI bizarrement nommés
(il y a des schémas- silence, des schémas-tenue, des schémas-anticipa-
tion), à des notes et portées musicales destinées à vous faire com-
prendre cette musique du vers français qu'on croyait saisir sans qu'il
fût besoin de la comparer aux cadences de Gounod et de Mendelssohn;
88 voir contraint d'apprendre ou réapprendre toute une langue tech-
nique qui semble à d'honnêtes gens de France bien germanique et
barbare, tout un vocabulaire de triades, d' alexandrins ternaires , qu'il ne
faut pas confondre avec les tripartites, de phonèmes vocaliques, de
clausules asymétriques, de prolepses, d' anacrouses , d'atones syntaxiques,
de consonnes amuies, d'yods, de coefficients consonantiques et d'in-
— 154 -^
flaences de sejis relatif-harmoniques , c'est vraiment de quoi décou-
rager tous ceux qui ne sont pas des fanatiques de la métrique,
entraînés à scander de vingt et une façons différentes une phrase de
Pindare et à faire le compte des spondées qu'il y a dans chaque chant
de VÉnéide. M. Rochette est un de ces iHassables statisticiens et
pointeurs à l'allemande; et ce n'est pas le moins rebutant de son
livre-catalogue, qu'étudiant en somme tout simplement dans quelle
mesure il est vrai que V. Hugo a « disloqué ce niais d' alexandrin)),
c'est-à-dire comment il en a assoupli ou brisé le rythme pour en tirer
des effets expressifs ou artistiques, ou par caprices de virtuose qui
tournèrent sur le tard en tics et manies, et puis comment il a jonglé
avec la rime, il entasse, en une trentaine de chapitres divisés et
subdivisés à l'infini, des listes de vers par 40, 50, 60, portant tous les
cas qu'il a recueillis sur ses fiches de l'emploi de il faut ou de ayant,
ou de pareils ou de tnais à l'hémistiche; de la préposition devant, de
autour, de parmi à la rime; après quoi vient le tour des conjonctions
pendant, comme, tandis que, puis des locutions au fond, ainsi que, etc.
Cet unique procédé de l'accumulation dans la classification nous vaut
des séries semblables d'épithètes prolepses, d'attributs prolepses, de
verbes prolepses, de verbes en rejet, de compléments en rejet, d'épi-
thètes en rejet (voici 40 fois l'épithète immense, 40 fois énorme, ^'0 fois
horrible...), et toutes les riches collections faites d'inversions, de
syllepses, d'euphonies, d'homophonies, de cacophonies, d'hiatus,
d'hémistiches composés d'un seul mot (la Révolution, V acclimatation :
ci 130 exemples), à un, à deux, à trois accents; et les listes de rimes
en é, en i, en u, et des pages et des pages de mots bigarres, rares,
exotiques, de noms propres ou forgés mis dans le vers ou au bout du
vers pour leur effet sonore — ou parce que Hugo aussi déversait,
comme l'a montré M. Berret, ses dictionnaires dans ses poèmes... Or,
l'inutilité de tout ce travail apparaît dans la conclusion qui n'apporte
que cette vérité, depuis longtemps banale, que Hugo « n'a créé aucune
formule », qu'il a seulement joué avec une adresse merveilleuse du
vieil alexandrin, qu'il en a d'abord observé le rythme traditionnel;
puis que, brisant le lien trop étroit qui enchaînait la syntaxe au
rythme, il a, dans son vers assoupli, appelé « à faire leur partie» tous
les éléments de la phrase ou des mots, accents, pauses, voyelles et
consonnes avec leurs timbres divers, jusqu'à ce que, devenu esclave
à son tour de ses procédés, il ait ankylosé Sa pensée dans des clichés
uniformes et sans vie... Et il est vrai que la démonstration de M. Ro-
chette est probante surabondamment ; mais c'est de la surabondance
précisément que je me plains. Il est vrai aussi qu'il ne donne point
l'impression d'un nomenclateur idiot de naissance ou abruti par le
métier, dans lequel une mauvaise discipline et de déplorables exemples
— 155 —
venus même de Sorbonnc l'ont engagé. Il montre, au contraire, à
travers sa forêt de chiffres et de noms, des éclaircies de finesse et de
sentiment littéraire. Et, bien qu'il y ait dans toutes ces ^scansions »,
dans toutes ces questions de ton, d'accent, et àe couleur des mots, pas
mal d'arbitraire, je suis sûr, à ce que j'ai entrevu, qu'il tirerait lui-
même de cette thèse de millionnaire (millionnaire de temps pour la
faire et d'argent pour la faire imprimer) un joli article à la française,
solide en ses dessous, mais clair, lisitle, spirituel, et qui aiguiserait
notre oreille et notre regard pour quand nous lirions du Victor Hugo.
Gabriel Audiat.
HISTOIRE
Histoire de Mormaiidie, par a.. Albert-Petit. Paris, Boivin, s. d.,
petit in-8 de viii-2o6 p., avec gravures hors texte. — Prix : 3 fr.
Ce n'est certes pas un livre de circonstance, n'ayant qu'un passager
intérêt d'actualité, que cette histoire, bien qu'elle ait paru oppor-
tunément l'année du millénaire normand. Ce n'est pas un ouvrage
superficiel, écrit à la légère, bien qu'il se présente dégagé de toute
pédanterie et de tout appareil d'érudition. A l'égard de sa documenta-
tion, que l'on sent pourtant solide, l'auteur se montre d'une discré-
tion que je ne puis m'empêchér de trouver un peu excessive. Il est
vrai que ce sont de longues annales qu'il a entrepris de résumer en
un volume très abordable. Il passe rapidement sur la Normandie
avant les Normands; mais les étapes sont encore nombreuses de
l'époque de Rollon à l'aube du xx^ siècle, et généralement elles sont
bien exposées. Je ne témoignerais pas avoir lu ce sérieux travail
avec toute l'attention qu'il mérite, si je ne mêlais à mes éloges aucune
critique. Alors que l'on nous donne le nom d'un curé de Condé-sur-
Sarthe mis à mort en 1528 pour cause d'hérésie, pourquoi n'avoir
rien dit des ravages et des crimes dont les protestants, spécialement
Montgommery et Côligny, se rendirent coupables en Normandie?
Je m'étonne de n'avoir pas trouvé même une simple mention de
Montchrétien, économiste et poète, du Père Eudes, des assemblées
provinciales sous Louis XVI. Les sanguinaires excès des révolution-
naires, qui préparèrent la violente réaction de la chouannerie, sont
passés sous silence. Il n'est parlé, parmi leurs victimes, que de Bel-
zunce, inexactement, et en termes qui ne laissent pas soupçonner les
scènes de sauvagerie dont la ville de Caen fut le théâtre, en juillet
1789. J'aurais souhaité qu'un regret fût exprimé à l'occasion du
décret de la Constituante, qui démembra et débaptisa la Normandie.
M. Albert-Petit aime pourtant profondément sa belle province; et
son hvre, qui la fera mieux aimer, en connaissant mieux son glorieux
— 156 —
passé, mérite ainsi la reconnaissance de tous ceux qui sentent com
bien il est salutaire dexalter le patriotisme provincial.
Baron Angot des Rotours.
I^a Société française au temps de Philîppe-Auf^uste, par
Achille LuGHAiRE. Paris, Hachette, in-8 de iu-459 p. — Prix : 10 fr.
Il serait sans doute bien tard pour parler iui du livre du regretté
Achille Luchaire sur la Société française au temps de Philippe- Auguste, si
ce livre n'était un de ceux qui méritent d'être toujours signalés à
l'attention, et pour la solidité du fond et pour le mérite de la forme.
Cotte œuvre posthume, inachevée (on s'en aperçoit aux lacunes qui
y existent, à la brièveté extrême du chap. XII), n'en présente pas
moins, de la société du début du xiii^ siècle, un très vivant et très
intéressant tableau, dans lequel le savant, membre de l'Institut a
étudié avec un soin tout particulier (qu'explique l'abondance relative
des documents) la société ecclésiastique du temps; à elle sont consa-
crés en effet sept des treize chapitres de l'ouvrage. Pour être moins
approfondie, la description faite par M. Luchaire de la société féo-
dale (ch. VIII-XII) n'en est pas moins très précieuse; elle piquera
la curiosité du lecteur qui regrettera l'absence de chapitres sur le Roi
et sa cour, sur les corporations, sur le commerce, mais qui comprendra
parfaitement les raisons pour lesquelles l'éditeur de ce volume,
M. Louis Halphen, a estimé ne pas devoir insérer dans ce beau livre
d'histoire sociale les notes laissées par M. Luchaire sur les ordres
mendiants. — Comme les travaux du savant historien sur le pape In-
nocent IIÏ, cet ouvrage est un livre de lecture courante, à peu près
dépourvu de références, mais appuyé sur une base solide et sur une
consultation perpétuelle des textes. Est-il, au point de vue religieux,
absolument impartial? Nous le croyons; on sent, dans les différents
chapitres du volume, dans tous les cas, un effort constant de l'his-
torien pour atteindre à une complète sérénité et à une impartialité
absolue, et l'auteur a rendu pleine justice au rôle civilisateur de
l'Église au xiii^ siècle (cf. la p. 40). — M. Halphen (v. les p. 41,
62-63, 153-154) qui a publié le manuscrit de M. Luchaire, avait une
tâche délicate à remplir; il s'en est acquitté à son honneur; sans
doute le maître lui-même, s'il s' était décidé à tirer de ses leçons sur la
société française au temps de Philippe- Auguste un livre, aurait sup-
primé un certain nombre de répétitions absolument nécessaires dans
un cours public, réuni différentes indications éparses çà et là dans
son Introduction; il aurait aussi comblé les lacunes que l'on peut
relever dans son travail, et, de cette manière, équilibré davantage
les différentes parties d'un livre dont un seul chapitre, le dernier,
est consacré aux paysans et aux bourgeois. Mais tout cela, M. Hal-
— 157 —
phen ne pouvait pas le faire; il s'est donc borné à publier pieuse-
ment le manuscrit de son maître, un peu trop timidement parfois (il
aurait dû rectifier la petite erreur de la p. 348, qui ne compte que
27» ans entre mai 1223 et 1252), et, en ce faisant, il a accompli
une bonne action et mis au jour un beau livre, dont le succès déjà
grand ne peut que grandir encore. Henri Froidevaux.
Les Huguenotfi en Coiuminges. Nouvelle série. Documents inédits,
publiés pour la^Sociélé historique de Gascogne, par l'abbé Jean Lestradk.
Paris, Champion, 1910-1911, 2 fascicules ensemble de 350 p.— Prix: 10 fr.
M. l'abbé J. Lestrade reprend, après dix années d'intervalle, la
publication des documents sur les guerres de religion en Comminges
qu'il a tirés, après un minutieux dépouillement, des archives de
Muret. Ce sont des pièces d'un intérêt divers; mais elles sont bien
publiées, et quelques-unes ont de l'importance pour l'histoire poli-
tique de la Réforme dans le Midi. L'administration de Monluc, de
Matignon ou de Villars,au nom du Roi, en est singulièrement éclairée
leurs correspondances avec les états de Comminges étant parfois très
instructives. Le grand écrivain qu'est Biaise de Monluc ne saurait perdre
à être étudié de près. Son caractère est aussi curieux par ses qualités
que par ses défauts très accusés, d'autant que les uns comme les
autres favorisent sa susceptibilité et sa forfanterie gasconne. On
trouvera, en consultant les tables, beaucoup d'autres personnages
sur lesquels de nouveaux documents sont produits. Le roi de Na-
varre, le futur Henri IV, y figure naturellement; et on n'étonnera
personne en disant que ce petit recueil contient trois lettres iné-
dites qui manquaient au recueil de M. Berger de Xivrey.
La collection des Archives historiques de la Gascogne s'accroît chaque
jour et s'honore par des publications dont la liste est déjà longue.
Quant à M. l'abbé J. Lestrade, ce travail était la meilleure préparation
à V Histoire des Etats de Comminges qu'il se propose de donner pro-
chainement. G. Baguenault de Puchesse.
lia Chalotaîs éducateur, par Jules Dblv aille. Paris, Alcan, 1911,
in-8 de xi-225 p. — Prix : 5 fr.
On a beaucoup écrit sur le rôle politique de La Chalotais;on connaît
l'irréductible adversaire des jésuites; mais on connaît moins l'édu-
cateur. Et cependant tous deux sont inséparables; c'est son antipathie
contre les jésuites qui a conduit le célèbre procureur général du Par-
lement de Bretagne à s'occuper d'éducation; en supprimant l'ordre,
il voulait aussi supprimer la méthode. Et cette préoccupation d'éduca-
tion hantait aussi les Parlements, non seulement celui de Rennes, mais
— 158 —
ceux de Toulouse, de Besançon, de Dijon, etc. Cela ne rentrait nulle-
ment dans leurs attributions; mais peu leur importait. « Des collèges
de jésuites, avait déclaré le procureur général au Parlement de Tou-
louse, on ne rapportait nulle idée des vrais principes qui forment le
citoyen et le chrétien. » Et partant de là, les Parlements se croyaient
le droit de formuler un programme d'éducation nationale. Celui que
La Chalotais a publié sous ce titre : Essai d'éducation nationale, est
certainement un des plus intéressants et des plus complets. Sa pensée
fondamentale est résumée ainsi par M. Delvaille : Il faut « une éduca-
tion d'Etat, par l'Etat et pour l'Etat ». 11 ne faut surtout pas confier
l'éducation à des hommes qui ne sont pas « membres de l'État », qui
ne sont pas « citoyens ». La conséquence logique serait la suppression
de la liberté de l'enseignement et le monopole de l'État. La Chalotais
ne va pas cependant jusque-là. Mais il ne veut pas de congrégations
enseignantes. Il est ainsi le prédécesseur de M. Waldeck- Rousseau,
Breton comme lui. Il admet pourtant comme éducateurs Jes orato-
riens, parce que, dit-il, ils sont « citoyens », en réalité parce qu'ils sont
en opposition avec les jésuites. Il repousse l'idée de la disparition de
la religion; il veut qu'on conserve un culte public. Mais, à ses yeux, la
morale est indépendante de la révélation, et si l'enseignement des lois
divines appartient à l'Église, l'enseignement de la morale appartient
à l'État. Aussi le plan d'éducation nationale a-t-il "eu toutes les
faveurs des philosophes et des encyclopédistes, sauf Diderot, de
Bachaumont, de Grimm, du Journal encyclopédique, des jansénistes
Nouvelles ecclésiastiques^ de Voltaire surtout qui qualifie La Chalotais
de « procureur général de la France entière. »
Quant au programme pratique, on en trouve le détail dans le volume
de M. Delvaille, dont nous ne partageons pas toutes les appréciations,
mais dont nous reconnaissons l'intérêt et les laborieuses recherches.
La Chalotais veut donner plus d'importance au français, aux sciences,
aux langues étrangères, à ce qu'on a appelé depuis les leçons de choses.
Mais il ne veut pas pourtant qu'on abandonne le latin ni le grec. Et il
se plaint de la multiplicité des collèges qui font des déclassés. « Le bien
de la société, dit-il, demande que les connaissances du peuple ne
s'étendent pas plus loin que ses occupations ». Le précurseur de l'ensei-
gnement moderne était essentiellement aristocrate.
Un curieux index des œuvres de La Chalotais et des ouvrages prin-
cipaux qui, avant et depuis 1761, ont traité les questions d'enseigne-
ment, termine ce volume. Max. de la Rocheterie.
_— 159 —
■la Russie et le Saint-Siège^ étude diplomatique, par le P. P. Piea-
LTNG. V. Catherine II. Paul /«~. Alexandre /". Paris, Plon-Nourrit, 1912,
iu-8 de v-480 p. — Prix : 7 fr. 50.
Voici, avec ce tome V, achevé le vaste travail, entrepris, il y a de
longues années, par le P, Pierling et dont nous avons suivi les étapes
ici même avec un intérêt Croissant. Ce n'est pas sans regret que
nous voyons le savant auteur obligé, par l'insuffisance des docu-
ments contemporains, d'abandonner au début du xix^ siècle cette
histoire qu'il a su rendre si instructive par l'abondance des renseigne-
ments qu'il y a accumulés et si attrayante par la forme donnée au
récit.
Ce dernier volume ée divise naturellement en trois livres dont le
premier est consacré à Catherine IL Sous un vernis libéral, l'Impé-
ratrice cachait un absolutisme impérieux. Malheureusement, la mésin-
telligence entre catholiques lui fournit l'occasion du fameux règle-
ment de 1769, qui mettait l'Église catholique de Russie sous la coupe
du gouvernement et tendait à la soustraire à toute influence de
Rome. L'acquisition par la Russie d'une partie de la Pologne, lors des
fameux partages, en augmentant d'une manière considérable le nom-
bre de ses sujets catholiques, donna le désir et l'occasion à la Cour
pontificale d'intervenir et de chercher à s'entendre avec le gouver-
nement impérial. L'ne ambassade en Russie, conseillée par Archetti,
nonce de Varsovie, et dont il fut en effet chargé, n'aboutit à aucun
résultat utile. Catherine II sut retourner l'envoyé pontifical et lui
faire accepter presque toutes ses vues. Il est singulier de voir la pro-
tection accordée aux jésuites par l'amie des philosophes, même après
leur suppression officielle qu'elle n'admit pas en Russie. C'est aussi à
cette princesse que dut son élévation à l'épiscopat un asseztriste per-
sonnage, Siestrzencewicz, dont nous retrouvons l'action funeste au
cours de toute cette longue période, ambitieux sans grands scrupules,
asservi au pouvoir civil et dont l'objectif constant est de se tailler
en Russie une sorte de papauté.
L'avènement de Paul I" offre au Souverain Pontife une nouvelle
occasion de renouer les relations. Mgr Litta, frère d'un dignitaire
de l'ordre de Malte, fort bien en cour de Russie, est chargé de re-
présenter le Pape au couronnement. Malheureusement, malgré des
dispositions assez favorables du Tsar, en dépit de ses principes aris-
tocratiques, l'obstination qu'il met à se faire nommer grand maître
de Malte, titre que naturellement la Cour romaine ne peut accepter,
amène la disgrâce ^X le renvoi de Mgr Litta. La faveur des jésuites
et notamment du P. Gruber, le même que Joseph de Maistre traitait
« d'homme extraordinaire » semblait ouvrir les voies à de nouvelles
démarches et favoriser de nouvelles espérancee quand l'assassinat
- 160 —
vint mettre fin brusquement à la carrière du souverain et à des
espoirs peut-être chimériques.
Aux débuts du règne d'Alexandre l^^, Rome était parvenue, non
sans peine, b faire agréer un nouveau projet d'ambassade, contre-
carré d'ailleurs par l'ambition et les intrigues de Siestrzencewicz,
quand la malheureuse affaire du chevalier des Vernègucs, naturalisé
Russe pour comploter plus aisément contre Bonaparte, et que Con-
salvi finit par livrer aux réclamations de la France, vint mettre à
néant tous ces efforts.
Telle est l'esquisse rapide de ce nouveau volume, qui ne le cède
aux précédents ni en valeur ni en intérêt. Le P. Pierling a élevé
dans ces cinq volumes un monument durable, que l'Institut a récom-
pensé à diverses reprises et qui lui assure la reconnaissance de tous
les amis de l'histoire. Son livre jette sur plus d'un point de l'his-
toire de Russie une lumière singulière et il éclaire vivement aussi
l'histoire des efforts tentés par la Papauté pour assurer le sort des
catholiques et l'unité de l'Église. E.-G. L.
Hecueil des actes du comité de ealiit public nvec la Cor-
respondance officielle des représentants en mission
et le Ifie^ii^tre du conseil exérutif provisoire, publié par
F. -A. AULARD. T. XIX et XX (2l décembre 1'^94-i<^' nivôse an III — 11 mars
1195-24 ventôse an lu ). Paris, Leroux, 2 vol- gr. ia-8 de 823 et 838 p.
-- Prix : 28 fr.
M. Aulard continue la publication de ces documents avec le même
soin, la même précision, la même abondance de notes et d'éclaircis-
sements; il fouille les archives nationales et aussi les fonds des
ministères des affaires étrangères, de la guerre, de la marine et les
collections particulières. Les tomes XIX et XX sont consacrés à
la période qui s'étend du 21 décembre 1794 au 11 mars 1795, près de
1600 pages pour trois mois.
Les pièces publiées peuvent se classer sous plusieurs rubriques :
1° Les arrêtés du comité de salut public : ils sont, de plus en plus,
consacrés aux approvisionnements, aux subsistances, aux finances,
aux questions de politique extérieure, à des détails souvent infimes
d'administration. A signaler, au tome XIX (p. 9-16): vme lettre sur
l'organisation de la conquête belge; au tome XX (p. 411-413) :
négociations avec les Provinces-Unies; (p. 717-722) : propositions de
paix avec l'Espagne : on y trouve l'explication des multiples actes
du Comité à propos des vivres et des fourrages; la République est
dans une position critique et craint la famine.
2o Aux armées de Rhin-et-Moselle, des Alpes et d'Italie, du Nord
et de Sambre-et-Meuse, des côtes de Brest et de Cherbourg, des Py-
— 161 —
rénées -Orientales, les conventionnels ont une vie active et une corres-
pondance pleine de faits, d'impressions, de conseils. Pour quiconque
veut connaître à fond la situation des armées sur les frontières, en
pays ennemi et dans les régions de chouannerie, ce recueil fourmille
de renseignements.
Parmi les représentants : en Bretagne et Vendée, on peut citer
Boursault et Bruë; au cours des premiers mois de 1795, ils ont travaillé
à la pacification de la Vendée ; ils exposent avec clarté les causes des
troubles, l'organisation des chouans. Boursault insiste sur la nécessité
de rapporter le décret de peine de mort contre les prêtres réfrac-
taires : «Vous suppléerez par là à 50.000 hommes» (tome XIX, p. 161);
il insiste en termes pittoresques (p. 296). Bruë raconte une affaire
avec les chouans (t. XX, p. 282-89) et l'entrevue avec Charette et
les autres Vendéens (p. 377-79), la soumission des Vendéens et des
chouans (p. 576-77). En Mayenne, le représentant explique l'état
d'esprit des chouans. En Hollande : c'est la prise d'Amsterdam
(tome XIX, p. 600-5); la situation et la richesse du pays conquis
(tome XX, p. 352-54 et 632-38). Aux Pyrénées -Orientales : le repré-
sentant est en négociations pour traiter des préliminaires de paix avec
l'Espagne (XX, p. 802-6); à l'armée navale de la Méditerranée,
Letourneur (de la Manche) raconte les succès de la flotte ; son style est
d'un vieux loup de mer; ce ne sont qu'encablure, marche au plus près
du vent, dessous le vent, distinction d'un brick d'avec unefrégate, etc.,
(t. XX, p. 748-50).
3° A l'intérieur : les représentants dans les départements
surveillent toujours les robespierristes et cherchent à maintenir le
bon ordre, l'espérance et la confiance dans la Convention natio-
nale. Deux lettres sont à relever :
Tome XIX (p. 629-631) : récit d'une fête civique solennelle, le
21 janvier 1795, à Lyon; t. XX (p. 87-89) : Bailly, représentant dans
le Haut- Rhin, rappelle l'houreuse révolution du 10 thermidor; il
annonce l'épuration de la Société populaire de Strasbourg, flétrit la
guillotine ambulante de Schneider, prêtre autrichien, et il expose son
programme en quelques mots : « Je ferai la guerre aux royalistes, aux
faux patriotes, aux dilapidateurs, à tous les hommes de sang et de
terreur. »
Comme les précédents, ces deux volumes apportent une contribu-
tion indispensable à Thistoire générale et à l'histoire locale. G. P.
Le Clergé brctou en tSOl, d'après les euciniètcs prélecto-
rales de l'an IX et Vnti HL, conservées aux Archives nationales, par
Em. Seveïstre. P;iris, A. iMcard ci fils, 1912, in-8 de 96 p. — Prix : k fr.
Quand le gouvernement du Consulat entreprit de remettre un peu
AOUT 1912. T. GXXV. il.
. ^ 162 —
d'ordre dans nos institutions nationales et prescrivit à ses préfets de
procéder à des enquêtes détaillées qui mettraient le pouvoir central en
mesure de préparer les réorganisations nécessaires, en ce qui touche
les affaires ecclésiastiques, ce travail fut exécuté en 1801 : les listes
départementales dressées à cette époque sont réunies aux Archives
nationales et il en subsiste des doubles dans un certain nombre de
départements,
La comparaison de ces rapports fait comprendre ce qu'il y avait
encore de disparate dans la constitution du corps préfectoral. A côté de ,
fonctionnaires intelligents et consciencieux qui fournissent des états
soigneusement relovés, il en est qui, par incapacité ou par négligence,
n'ont réuni que des indications vagues et incohéi^entes et les passions
sectaires des jacobins mal convertis contribuent à fausser les résul-
tats.
Dans le Finistère, le Préfet s'est imaginé que le tableau qu'on lui
demande servira à préparer les nominations et il se borne à signaler
une trentaine de prêtres, tous constitutionnels; au contraire, dans la
Loire- Inférieure et l'IUe-et- Vilaine, sont inscrits tous les ecclésias-
tiques, même ceux qui ont notoirement renoncé à leur état. Le préfet
de Rennes ajoute aux noms des appréciations qui découvrent ses pré-
férences intimes : les ex-assermentés sont presque tous présentés
comme des citoyens exemplaires, y compris ceux qui avaient apos-
tasie lâchement en 1794, et les insoumis, c'est-à-dire ceux qui n'avaient
pas pactisé avec l'église schismatique, sont gratifiés d'épithètes mé-
prisantes. Une administration ayant quelque souci de l'impartialité
et de la justice ne pouvait faire état de telles diatribes et il est fâcheux
de constater que trop souvent elle se laissa influencer dans ses choix
par de pareilles manœuvres.
I\L l'abbé Sevestre, en publiant les enquêtes relatives aux cinq dépar-
tements bretons, y a ajouté de nombreuses notes qui montrent avec
quelle persévérance il poursuit ses recherches sur l'histoire de l'Église
pendant la Révolution. P. Pisam.
lies Reclus de Teiilotase soits la Terreur, Registres officiels
coiicernaiil les citoyens emprisonnés comme suspects, publies el annotés
par le baron R. de Bouglon. 3* fascicule. Les Citoyennes recluses dans la
ci-devant maison de Saint-Sei-nin, Toulouse, Privât, 1912, in-8 de 370 p. —
Prix : 5 fr.
M. le baron de Bouglon, mainteneur des Jeux Floraux, pour faire
suite aux études qu'il a précédemment publiées sur les prisons de
Toulouse pendant la Révolution, fait paraître aujourd'hui le Registre
officiel des citoyennes recluses dans la ci-devant maison de Saint-Sernin.
Il le commente avec une vaste érudition et consacre à une centaine
des prisonnières, nobles ou religieuses, des notices généalogiques et
— 163 —
biographiques, résultat do ses patientes et heureuses investigations.
Les trois premiers quarts du volume forment un préambule, un peu
long sans doute, et souvent étranger à ce qui fait, à proprement parler,
le sujet de l'ouvrage. C'est une histoire largement traitée des événe-
ments qui se sont déroulés à Toulouse^ de 1789jà''1793. Des notes
nombreuses jettent la lumièro sur une foule de points de détail; il est
malheureusement à regretter que, systématiquement, l'auteur se soit
abstenu d'indiquer ses sources.
Si intéressante que soit cette Introduction, il serait à désirer qu'on
l'eût divisée en chapitres : 280 pages sans aucun point de repère,
sans titres, sans sommaires et sans tables, donnent, à la vérité, une
masse considérable de renseignements précieux, mais il faut avouer
que cette œuvre touffue est longue à lire et impossible à consulter.
La correction des épreuves laisse un peu à désirer; les dates et les
noms propres ne sont pas toujours exacts et je ne vois pas pourquoi
M. le baron de Bouglon tient à faire un cordelier de l'évêque consti-
tutionnel Sermet qui était un carme. P. Pisani.
Alfred de Vigny. Coiitribaitîon à §£& biographie iiitellee-
tuellc, par F. BaLdenspbrgkr. Paris, Hachette, 1912, iu-16 de vii-217p.
— l'fix : 3 fr. 50.
Ce mince volume est composé de dix articles divers, qui se lisent
sans peine, mais qui ne dépassent ni pour l'intérêt, ni pour la valeur
littéraire, le niveau moyen des études et mémoires d'étudiants en
lettres. Or, tout en professant quelque dédain (à la monsieur Josse)
pour les livres riches de substance biographique qui cherchent à
expliquer « les œuvres par la vie », et en défendant — ce qui se peut
faire pour un écrivain aussi souvent remonté dans son cerveau que
Vigny — la vieille méthode qui consiste à analyser surtout les idées
d'un auteur... et à faire, sans minutieuse documentation et patientes
recherches, de la critique en chambre, M. Baldensperger ne se prive
pas d'écrire sur Eloa et les Vosges un morceau qui serait comique,
si l'on n'était touché de la piété régionaliste qui l'a sans doute
inspiré. Une partie du poème a été, en effet, écrite dans les Vosges,
pendant un passage d'étape du lieutenant-poète entre Saverne et
Sarrebourg ; cela suffit pour justifier un article où défilent les écri-
vains romantiques qui, depuis Delille et Ginguené, ont goûté ou
célébré la beauté du Ballon d'Alsace, et cette conclusion, un peu
tirée par les cheveux, qu'on retrouve dans le poème, et surtout au
milieu, l'influence du climat vosgien et la trace de « cette tonalité
légère, de cette fraîcheur sans tristesse », qui fait le charme du pays !...
Par ailleurs, il étudie les deux tristesses de Vigny, à savoir celle qui
lui vient du problème de la souffrance humaine, et celle qu'il a de
— 1G4 —
la faillite des aristocraties, y compris celle des intelligences à Tavè-
nonient de laquelle il avait cru d'abord; — il rapproche assez heu-
reusement Joseph de Maistre et l'auteur de la Fille de Jephté, de
Stello et des Destinées, pour montrer comment celui-ci, grand admi-
rateur des Soirées de Saint-Pétersbourg, a réagi farouchement contre
la doctrine de la réversibilité des peines, de la valeur expiatoire du
sang innocent, et est sur plusieurs points, relevés avec précision,
« l'héritier insoumis et révolté » du prophète savoyard; — il met de
même en vis-à-vis quelques-unes des antinomies de pensée ou de
sentiment les p lus frappantes entre Hugo l'optimiste et le pessimiste
Vigny, sur la nature, sur les destinées de l'humanité, le progrès, la
science, la démocratie, la Ville-Lumière, etc.. — il définit à son tour,
et avec un certain fracas de mots philosophiques, le symbolisme de
Vigny; — il en explique V actualité. Vvà?,, quelque peu de cas qu'il fasse
des études biographiques, il esquisse une notice sur un vieux lettré,
vaguement apparenté à Vigny, Antoine Bruguière, baron de Sor-
sum, conseiller d'État au royaume de Westphalie sous Jérôme Bona-
parte, qui fut un traducteur de Byron, de Shakespeare, du poète
Southey, et d'adaptations anglaises d'une comédie chinoise et du
drame sanscrit de Sacontala; et il attribue à ce demi-orientaliste
un peu des idées du poète sur « l'éternelle ennemie » de l'homme, sur
i'éminente dignité dans l'état des mandarins, et la ressemblance
qu'il trouve (?) entre Moïse et Valmiki ! — J'aime mieux le cha-
pitre sur Thomas Moore et son poème les Amours des anges, depuis
longtemps signalé comme ayant pu donner à Vigny la première idée
de son Eloa, encore que le jeu auquel se livre M. Baldensperger de
rapprocher quelques traits de détail qui n'ont rien de décisif ne l'em-
pêche pas de conclure comme tout le monde aux divergences pro-
fondes des deux œuvres; — ou celui sur cet horrible et fantastique
songe de Jean- Paul Richter, qui, introduit en France par l'Alle-
magne de M™^ de Staël, adopté avec admiration par tous les roman-
tiques, Nodier, Jajiin, Musset, Th. Gautier, Gérard de Nerval,
Quinet, et imité en vers par un Charentais, M. de Lambertie, a bien
pu être pour le méditatif solitaire du Maine-Giraud le germe premier
de son tout différent poème du Mont des Oliviers...
Mais toute cette menue monnaie, sans en médire, ne vaut, pour
éclairer Vigny, ni les précieux documents recueillis et mis en œuvre
par M. Ernest Dupuy, ni la belle et forte étude de M. Lauvrière.
Gabriel Audiat.
Ciambetta et rAlsace-Iiorrnine, par Heniu Galli. Paris, Ploa-
N urril, lyll, iu-16 de n-325 p. — l'nx : 3 fr. 50.
M. Henri Galli s'est ému des travaux récents de MM. Charles Maur-
JL.
— 165 —
ras ot Jacques Bainville où le grand patriote patenté du parti répu-
blicain est accusé de n'avoir jamais joué que la comédie de la re-
vanche. Le désir de laver de ces imputations la mémoire de Gam-
betta est l'origine du présent volume. M. Galli s'est acquitté de sa
tâche avec beaucoup de distinction. Son livre est très intéressant,
très documenté; le ton modéré et convaincu de l'auteur ajoute encore
à la force de son argumentation. Le dictateur n'aurait pu souhaiter
un meilleur plaidoyer, s'il avait prévu les doutes de l'avenir sur la
sincérité de ses déclarations.
Mais, au fait, ces critiques lui furent-elles épargnées de son vivant?
Il faudrait avoir la mémoire bien courte pour l'avoir oublié. A coup
sûr, Gambetta a suscité chez la grande majorité de ses contempo-
rains des enthousiasmes et des espoirs qui confinaient au délire.
Pourtant une minorité, qui n'était méprisable ni par le nombre ni par
la valeur, résista avec énergie à l'entraînement des foules. MM. Maur-
ras et Bain ville n'ont fait que reprendre une thèse fort ancienne, en
l'étayant des révélations contenues dans les Mémoires de Bismarck
et dans les Souvenirs du prince de Hohenlohe. Leurs travaux ont
tous les mérites, sauf celui de la nouveauté, à supposer que la nou-
veauté puisse être, en pareille matière, un mérite.
Les positions successives de Gambetta peuvent être présentées
ainsi. Avocat stagiaire en 1869, il se fit élire député par un faubourg
de Paris, sur un programme qui comportait l'abolition des armées
permanentes. Force est bien de le reconnaître, le patriotisme n'était
pas, à cette date, sa passion dominante. Le peuple français trouva
néanmoins dans son passé des titres suffisants pour ie" laisser prendre,
un an après, la direction de la lutte contre l'envahisseur prussien.
Le voici champion de la guerre à outrance. En 1877, il devient par-
tisan de l'entente avec l'Allemagne, puisque toute la campagne des
363, après le 16 mai, se fit, M. Galli n'en disconvient pas, sur la
plateforme suivante : voter pour les candidats du maréchal, c'est
voter pour la guerre avec l'Allemagne et l'Italie. Telle fut aussi
l'excuse honteuse alléguée pour déchaîner, sous le nom de résistance
au cléricalisme, la persécution religieuse qui se poursuit encore sous
nos yeux. Devenu, à partir de 1879, le chef occulte du gouvernement,
il reprit sa cocarde patriotique, peut-être sans autre vue que de se
faire flagorner par les chefs militaires en quête d'avancement. Rien
dans tout cela, j'en demeure volontiers d'accord, ne ressemble positi-
vement à une trahison; et sans doute Gambetta eût ét^ fort heureux
de voir nos provinces perdues reprendre leur place au foyer de la
famille française. Mais ce sentiment lui était commun avec tous les
Français d'alors; il ne saurait le qualifier pour symboliser plus qu'un
autre Tesprit de revanche.
— 166 —
Tout le plaisir quo j'ai ftu à lire l'altachant ot substantiel volume
de M. Galli ne modifie pas l'image que m'ont laissée do Gambetta
mes souvenirs d'enfance et de prime jeunesse : un politicien doué
d'une faconde intarissable et d'une voix tonitruante qui, presque
chaque semaine, débitait, à l'usage de la démocratie, dans des cafés,
des comices agricoles ou des réunions publiques, des discours bour-
souflés et de style incorrect. Il se servit du patriotisme comme d'un
thème oratoire en faveur, lorsque le vent portait de ce côté-là, tel en
1S70 ou en 1880. Il se faisait tout aussi bien l'apôtre de la paix, tel
en 1869 ou en 1877, s'il espérait de cette attitude un meilleur succès :
au demeurant, simple opportuniste. H. Rubat du Mérac.
I
lia Klessure anal fierinée, nttios d'un 'voyageur en Ali^ace-
Eiorraine, par Gkorges Dugbocq. Paris, Plon-Nourrit, s. d., in-8 de
20'j p. — Prix : ?! fr. KO.
Ce sont bien là des notes de voyage, mais où l'auteur devine admi-
rablement Vâme des clioses et l'esprit des gens. Que ces petits ta-
bleaux de mœurs, ces esquisses de monuments, ces crayons de paysa-
ges sont spirituellement traités l Hélas, comme on devine aussi der-
rière ces apparences calmes, ces dehors charmants, une blessure mal
fermée : celle qu'a faite au cœur du pays l'épée qu'un vainqueur
brutal retourne sans cesse dans la plaie.
L'auteur de ces notes do voyage est bien documenté; signalons ce-
pendant un lapsus sans doute (p. 123) : l'auteur de l'Ancienne
Alsace A table est Charles Gérard et non Charles Grad, suum cuique.
Mais louons sans réserve le style de l'ouvrage: nous y avons relevé
de remarquables pages d'anthologie, méritant d'être conservées à côté
de celles de nos meilleurs auteurs. Ces vieilles mœurs messines et alsa-
ciennes sont décrites avec vérité et justesse. Quel joli tableau que
cette description deM'F.splanade (p. 25), ces images de couvents !
(p. 27-SO). Quelles belles pages que celles où est décrit ce pays lorrain
d'aristocratie rurale ! (p. G7). L'auteur a un peu glissé sur Strasbourg,
mais il s'est attaché plutôt aux petites villes d'Alsace qu'il a regardées
avec des yeux d'artiste (p. 145-147). Il a su voir au musée de Colmar
les tableaux de Grùnewald et les comprendre; ces peintures l'ont
ému « comme un beau cri d'amour et de foi. Jamais peintre n'a com-
pati avec plus de ferveur à l'agonie du Calvaire, et l'on croirait entendre
avec cette Marie-Madeleine qui se pâme, blessée au cœur, la plainte
déchirante de l'Alsace, le chant de ses longues misères »,
Nous avons aimé à lire ces pages jeunes, enthousiastes et vraiment
françaises, qui fraternisent si bien avec l'âme alsacienne. « Menus inci-
dents, chapelets de souvenirs, cueillis comme les pâquerettes du fossé
que j'ai voulu serrer entre les feuillets d'un livre... Rion de plus récon-
— 167 — .
fnrtant qu'un voyago on Alsace... Les Alsaciens, trempés par la lutte;
ont conservé toutes les anciennes vertus françaises : esprit, bonne
humeur, modération, plaisir d'agir, amour du combat et du succès.
Les querelles désespérantes dans lesquelles nous nous alanguissons ne
les touchent pas. Ils ont gardé, intact, leur culte pour leur vieille
patrie; ils ont toujours foi en elle; ils ne souffrent pas un mot de
blâme sur celle qui demeure l'objet de leur tendresse ». Telles sont les
conclusions de ce beau livre. A. G,
Un l*rince ronieniporaiin. Ferdinaaid -Philippe d'Of-
léaits, duc d'Alen^ou. par Y. d'Isné. Paris, Lethielleux, s. d. [1912],
in-« de xvi-270 p., avec portraits et fac-similé d'autographe. — Prix :
3 fr. 50.
FijeureM de femmes, madame ist diielaesiie d'Alençon
intime, par Mabie Gouraud d'Ablancourt. Paris, Librairie des Saints-
Pères, 1911, in-12 de 187 p., avec 2 portraits. — Prix : 2 fr.
Ces deux ouvrages, comme on le devine, se complètent, à certains
endroits même se répètent, tant les points de contact sont nécessaire-
ment nombreux entre les vies du duc et de la duchesse d'Alençon. Ce
sont d'admirables modèles des vertus chrétiennes les plus humbles
dans la position sociale la plus haute et ainsi elles présentent un
exemple tout à fait approprié aux besoins de cette époque démo-
cratique en lui montrant ce que doivent et peuvent être des princes
vraiment catholiques et vraiment princes qui comprennent leur temps.
L'histoire de ces deux âmes d'élite est tout à fait attachante et les
traits caractéristiques rapportés par leurs biographes vont au coeur.
L'histoire du "second fils du duc de Nemours (son père voulut pour
lui l'éducation la plus virile) commence presque en exil, à trois ans, en
IS'jS, et se termine par une mort sereine en 1910. La vie delà
duchesse (la princesse Sophie de Bavière, sœur delà reine de Naples
et de l'impératrice d'Autriche) se couronne par l'héroïsme de ;on
dévouement lors de la catastrophe du bazar de la Charité (1897).
Entre ces dates extrêmes, le ménage royal ne demeure inférieur à
aucun des grands devoirs de son rang. Le duc, élève de l'école de
Ségovie, fait ses premières armes aux îles Philippines; officier d'ar-
tillerie dans l'armée française, il présente le modèle du soldat. Tou-
tes ses paroles, tous ses actes sont marqués au coin des sentiments les
plus chevaleresques. Son esprit cultivé s'intéresse à tout, son cœur
généreux se prodigue aux pauvres; la princesse rivalise avec lui et
tous deux supportent les coups de ïa Providence. avec un esprit chré-
tien digne de leur double qualité, lui, de tertiaire de Saint- François,
elle, de tertiaire de Saint-Dominique. Les instmctions laissées par le
duc d'Alençon à ses enfants (p. 130) et son testament (p. 248) sont
— 168 —
des documents de la plus haute valeur morale. Des portraits, des
gravures, des fac-similés accompagnent ces deux ouvrages à qui
M. Paul Bourget pour le premier, et M. de Pomairols pour le second,
ont mis des préfaces. Les auteurs (IMM. d'isné et Gouraud d'Ablan-
court), également impressionnés par la beauté du hérosct de l'héroïne,
ne les auraient pas dépeints d'une façon moins attachante, en usant
d'un style plus simple, plus ferme, plus concis. Il semble que ces
qualités eussent été mieux appropriées aux caractères à la fois si
modestes et si élevés du duc et de la duchesse d'Alençon, en atten-
dant le monument digne d'eux que leur réserve certainement la
grande histoire. G,
L<a Marelic mouiaiite d'une «fi>nération (1 St>0-19lO), par
JoSKPH Agkorges. Paris, Figuière. 1912, in-18 de 222 p.— Prix: 3 fr. 50.
M. Ageorges appartient aux derniers venus de ces jeunes gens poi r
qui Bourget écrivait en 1889 la préface du DircipJe. Nés au lendemain
de la guerre, ils atteignaient leur dix-huitième année au moment où
l'échec du boulangisme mettait fin à la lutte pour la vie soutenue
jusqu'alors par les républicains. Résumer l'histoire des idées -qui ont
conduit les hommes de sa génération, cette portion d'entre eux, pour
être plus exact, qui était animée de sentiments religieux ou tout au
moins sympathiques à la religion : tel est le but que s'est proposé
l'auteur du présent livre, 11 prend ses camarades au seuil de leurs
études à la Sorbcnne, sans négliger la minorité honorable qui lui
avait préféré les leçons de l'Irslitut catholique. Le gr^md nombre,
qui s'est groupé autour des chaires officielles, n'y a pas trouvé de
direction. Les uns en cherchent une à la Réunion des étudiants, les
autres à V Association de la jeunesse catholique, d'autres à l'Union
pour l'action morale de M. Desjardirs. Plus tard un certain nombre
fréquentèrent le Sillon, les Universités populaires de M. Georges
Deherme, quelques-uns subirent l'influence de M, Henri Lorin ou
de M, Charles Péguy. Les enseignements de Léon XIII et les préoc-
cupations sociales dominaient tous ces groupes. Ceux que hantait
plus particulièrement le souci patriotique suivirent M. Maurice Barrés.
Il y avait beaucoup d'ardeur au travail chez cette jeunesse, beau-
coup de bonne volonté, beaucoup aussi de confiance en soi, allant
au besoin jusqu'à cette persuasion un peu naïve que, dans les choses
de l'ordre social et politique, personne avant elle n'avait rien compris
à quoi que ce soit. Volontiers elle se croyait appelée à renouveler
la face du monde. L'événement n'a pas répondu à de si hauts espoirs.
Les effrirts des assomptionnistos pour syndiquer tous ces dévoue-
ments aboutirent à un échec df nt M. Ageorges nous décrit les phases
avec d'abondants et curieux détails. L'affaire Dreyfus suscita bientôt
— 169 —
le triomphe complet de l'anticléricalisme. Le mouvement propre-
ment catholique n'a donc pas été couronné de succès. Le courant
patriotique a eu un meilleur sort. Il a produit le groupement de
l'Action française. Sans y adhérer, M. Ageorges expose avec beau-
coup de soin et une nuance marquée d'intérêt ses origines, ses idées et
ses chances davenir. H. Rubat du Mébac.
lies noiiiniaiii». l1i!«1oire, état matériel et ÎMtellectiiel,
par A -D. XÉ^opOL. Paris, ûelagrave, s. d., in- 18 de vi- 151 p. — Prix: 2 fr.
lia Itouniaiiie moderne, par Henri lu P(,inte. Paris, Jouve, 1910,
gr. iu-8 de \in-\'i2 p., avec carte. — Prix : 2 fr.
Les occasions ne manqueront pas aux Français qui voudront s'en-
quérir de l'histoire, du présent et de l'avenir du peuple roumain,
nation latine mais lointaine que l'on va peu visiter, que l'on connaît
mal. Dans ces deux petits volumes, parus presque à la même heure,
parlent un Roumain, professeur et lettré, à qui l'on doit déjà une
grande histoire des Roumains, et un Français, qui paraît avoir séjourné
dans le pays et en avoir rapporté une impression très favorable. Si
ce dernier nous décrit surtout la Roumanie moderne, sa constitu-
tion géologique, sa faune, sa flore, son commerce, son industrie,
son armée, sa marine, sa langue, sa littérature, son état politique,
le tout sans s'attarder aux détails, les huit leçons de M. Xénopol,
professées au Collège de France, ont une portée plus haute, et, malgré
leur concision, donnent une idée vive et intéressante de l'histoire du
peuple roumain, de ses aspirations et des difficultés qu'il doit vaincre
pour les réaliser. Ces conférences avaient pour titres : La Race
latine; — Origine du peuple roumain; — Rôle des Roumains vis-à-
vis de la Renaissance; — l'Influence intellectuelle française chez les
Roumains; — Influence politique de la France; — Les Roumains
des pays soumis (5 millions d'âmes); — État économique; ■ — Etat
intellectuel. Elles se lisent avec plaisir et sans fatigue; elles témoi-
gnent d'une sincère sympathie pour la France, où M. Xénopol a ter-
miné d'ailleurs ses études et où il compte beaucoup d'amis. S.
Tlie Celtie Insor iptioiiB cf Gaul. AdditionB and Corr«ctf «ne
byJoHNRHYS. London, Frowde, 1911, in-8 de 100 p., avec planchts. —
Prix; 13 fr. 15.
Personne ne connaît aujourd'hui les anciennes inscriptions celti-
ques ou gauloises aussi bien que Sir John Rhys, non seulement comme
philologue, mais aussi comme archéologue. Il a voulu les examiner
toutes par lui-même et il a tenu en mains leurs plus petits fragments.
Les principales sont, comme on sait, dans le midi de la Gaule (et en
-- 170 —
IcUros grecques) ou clans lo nord de ritalic (en caractères italiotes)'
q\iclques autres aussi, mais moins importantes (et en lettres latines),
(lans diverses parties de notre territoire. Et dans l'est, dans l'ancienne
Séquanie, le Calendrier gaulois de Coligny est encore matière à bien
dos controverses,
L'éminent celtiste d'Outre-Manche avait déjà décrit et étudié ces
débris de la langue gauloise, et cela dans plusieurs mémoires très
étendus que contiennent les Proceedings de l'Académie britannique.
Ce nouveau mémoire porte encore le même titre, comme « Additions
et corrections »; il est accompagné de très nombreuses planches en
photo-gravure, de façon que lis lecteur ait sous les yeux les docu-
ments épigraphiques eux-mêmes. Ce sont des études de détail, et,
d'ordinaire, du plus minutieux détail : restitution de fragments de
textes, interprétation des noms et des mots. Dans bien des cas, cette
interprétation ne peut être que conjecturale; mais la maîtrise avec
laquelle Sir John Rhys domine la philologie celtique et la grammaire
comparée donne la plus grande valeur à ses conjectures, si elle ne peut
toujours entraîner la certitude.
Cette étude, faite de détails, ne peut s'analyser, malgré son im-
portance pour les études gauloises. Nous mentionnons seulement :
1° que l'auteur apporte quelques corrections de détail à ses ancien-
nes lectures et explications du Calendrier de Coligny; 2" qu'il soumet
à un examen plus précis les inscriptions en lettres grecques de la
Vallée du Rhône, celle surtout qui contient Tassez énigmatique hra-
toiide. Ces inscriptions avaient été considérées comme gauloises lorsque
M. d'Arbois de Jubainville prétendit y voir simplement du mauvais
latin populaire du pays : Sir John Rhys revendique et défend leur
celticité, et avec toute raison, ce nous semble.
On peut regretter que ce mémoire, qui forme un véritable volume,
ne soit pas accompagné d'une table des matières et surtout d'un
index verhorum avec lequel on .puisse tirer parti des interprétations et
rapprochements philologiques dispersés parmi les pages ou les notes.
Ce mémoire n'est sans doute pas le dernier de la série, car l'auteur,
qui ne cesse de visiter pendant ses vacances les musées de
France et d'Italie, liera une dernière gerbe de ces glanes : ce sera le
moment de donner pour la série de ces mémoires un bonIndex,comme
il en a toujours donné à ses ouvrages de philologie ou d'histoire litté-
raire. H. Gaidoz.
— 171 —
PnloografiM groca e làtina di E. M. Thompson. Traduzione rlnll'in-
glese coa at^giu-it.e n notft di (îiusbpph FuMA.GALLr. 3» edizione rivedula
ed ainpliala. [Manuali //oepJt). Milano, Hoepli, 1911, iii-16 cartonné de xi-
208 p., avec 38 fig. et 8 pi. — Prix : 3 fr.
Ije JVote liroiiaine, di Giusbppr Pbrugi. Roaia, Bretschneider, 1911, in-
fol. de Lxxxut-t99 p. et 3 pi. — Prix: 20 fr.
li'iieere S«'Iiriït, drci AbhmuUimgpn ziir Einfuhrung in die Geschidile der
SchHft und des Buchdrucks. von Dr Ka.bl Brandi. GolUngen, Vandanbroeck
iiud Buprecht, 1911, iu-8 de xii-80 p. avec 89 Dg. et 6 ff. de facsim. —
Prix: 3 fr. 15.
Die devitfsvlie SeSirift nnd das Aiisland, 4uj2;enai>zte «ind
.Sclii'illli'ase, von Gustav Rupreght. Extrait un Bors'nhLill, 1911,
r.eipzig, Druck von Ramm und Seemann, s. d., in-8 de 32 p. — Prix;
0 fr. 1o.
M. E. Maunde Thompson est sans conteste l'un des plus éminents
paléographes de l'Angleterre; l'article qu'il a consacré en 1885 à la
paléographie dans Y Encydopsedia britannica est assurément un aperçu
rédigé de main de maître do l'histoire des anciennes écritures; suffisant
pour donner une idée générale de cette branche des études, peut-on
vraiment le considérer comme un manuel? il est bien condensé et bien
sommaire pour suffire à qui voudrait aborder sans autre guide l'étude
de la paléographie. Cependant, sous la forme que lui a donnée M. Giu-
soppe Fumagalli pour le faire entrer dans l'excellente collection des
Manuali Hoepli, il a obtenu un véritable succès en Italie, puisque
deux éditions parues en 1890 et 1899 ont été successivement épuisées
et que M. Fumagalli a été obligé d'en rédiger une troisième.
^ Naturellement, les additions que M. Fumagalli a faites au texte
anglais — indépendamment des remaniementsnécessités par le progrès
des études paléographiques au courant duquel M. Fumagalli a soigneu-
sement tenu sa bibliographie — portent surtout sur ce qui concerne
l'Italie. Peut-être même a-t-il un peu trop oublié son titre : « Paléo-
graphie grecque et latine )i, puisque sur les fac-similés qui illustrent son
texte, plus du quart sont consacrés à la langue vulgaire (fig, 27-38 et
pi. VI). Par contre, la partie illustrative du volume est bien maigre en
ce qui concerne la paléographie grecque : pas une planche ne lui est
consacrée, les fac-similés insérés dans le texte sont bien peu de chose.
La paléographie grecque semble sacrifiée.
, Les fac-similés que donne M. Fumagalli sont généralement accom-
pagnés de transcriptions (sauf, je ne sais pourquoi , ceux des fig. 27-38) ;
ces transcriptions ne sont pas toujours parfaitement exactes. Pour ne
prendre qu'un exemple, les mômes caractères de la pi. VI sont trans-
crits 1. 5 simiglante et 1. 7, plus correctement, somiglante; à la même
1. 7 forsi n'est sans doute qu'une faute d'impression et non de lecture,
pour fossi. Entre autres points qui appelleraient des corrections dans
une prochaine édition, nous signalerons ce qui est dit des préten-
— 172 -.
dvis iiKHilins à papier en France à la fin du xiii^ siècle; une note de
M. Joseph Berthelr a rectifié cette erreur accréditée. Est-il Lien exact
de dire (p. -^i) qu'après la découveite de l'imprimerie, l'écriture calli-
ij-raphique disparait? P. 152, Sanwran est une faute d'impression pour
Samaraii.
— Le déchiffrement des notes tironiennes est une des difficultés
qui embarrassent le plus, généralement, les paléographes; le nombie
des érudits qui se sont familiarisés avec les notes tironiennes, bien
qu'il tende à augmenter depuis quelques années, demeure néanmoins
assez restreint. M. Giuseppe Lorenzo Perugi pense avoir trouvé des
principes qui en facilitent la lecture et qui en éclaircissent l'origine.
Dans son volume, certainement fort intéressant, il me semble mettre
bien en lumière que trop souvent on a interprété les notes un peu
au hasard, que Kopp, par exemple, a commis quelques fautes de
lecture. Mais quand M. Perugi déclare que les paléographes « s'obsti-
nent à vouloir voir le conventionalisme dans les notes tironiennes «,
il me paraît exagérer un peu : M. Jusselin, par exemple, dans le Manuel
de paléographie de M. Prou (3® édition, p. 118), dit très nettement :
« Les notes tironiennes ne sont pas une écriture conventionnelle,
mais une écriture littérale ».
On regarde en général les caractères tironiens comme dérivés des
lettres romaines; M. Perugi prétend prouver qu'ils viennent des an-
ciens alphabets italiques; ses raisonnements n'entraînent pas la con-
viction; si pour quelques signes l'emprunt aux anciens alphabets ita-
liques semble visible, il ne faut pas oublier ce fait — que, d'ailleuis,
reconnaît M. Perugi — que plus d'une fois les caractères italiques se
trouvent mêlés — dans des inscriptions, par exemple — aux carac-
tères romains ordinaires.
La plus grosse partie du volume est formée par un dictionnaire de
notes tironiennes (au nombre de 1358), qui rendra des services aux
travailleurs. ^' •
— La question de l'écriture a soulevé en Allemagne d'ardentes
polémiques, dans lesquelles le patriotisme, ou pour mieux dire le chau-
vinisme, a joué naturellement son rôle : l'on a voulu voir une atteinte
à la patrie germanique dans la substitution des caractères ditsromains
aux caractères dits gothiques dans les livres imprimés et l'on a regardé
comme sacrilège la proposition de quelques-uns de faire subir à l'écri-
ture courante tfne modification analogue. Onpouvaits'attendre qu'en
écrivant sur la question, M. Karl Brandi ne se laisserait pasentraîner
aux insanités qu'un faux patriotisme a fait jeter comme arguments
dans la querelle. C'est en paléographe qu'il examine la question et son
livre vaut la peine d'être signalé ici. 11 considère justement que l'écri-
ture, produit et signe de la civilisation, est sujette à une évolution
— 173 —
perpétuelle; il reconnaît que l'on ne peut parler d'une écriture ger-
manique qui se serait transmise à travers les siècles; il esquisse une
histoire générale de l'évolution de l'écriture et il nous donne, notam-
ment dans son second chapitre (Histoire des formes des lettres), des
indications précises sur la façon dont s'est formée l'écriture allemande
actuelle : c'est une histoire partielle — il n'estime pas que l'on soit en
mesure d'écrire d'une manière à peu près complète cette histoire —
de l'écriture allemande qu'il nous donne : des figures bien choisies et
suffisamment abondantes illustrent le texte et le rendent plus intel-
ligible. Le troisième chapitre examine la question du but de l'écriture
et des lois du style. L'opinion personnelle de M. Brandi est en faveur
d'une solution mixte qui, tout en empruntant certains caractères à
l'écriture latine, garderait certaines des lettres allemandes actuelles
(les deux s, par exemple; les liaisons de st et sz, etc.).
— La brochure de M. G. Ruprecht est une œuvre de polémique sur
laquelle nous ne saurions nous arrêter longtemps. Il est quelque peu
paradoxal de prétendre que la clarté ot la simplicité d'une écriture
n'aident pas à la rendre plus lisible; et je ne crois pas que la majorité
des étrangers préfèrent lire l'allemand en caractères germaniques.
L'argument tiré de l'utilité qu'il y aurait d'avertir l'étranger, par
l'emploi de caractères différents de ceux qu'ilemploiedanssalangue,de
la différence de la prononciation n'est que spécieux. A ce compte,
chaque langue devrait se composer un alphabet particulier.
E.-G. Ledos.
BULLETIN
Theolo;;Iae moralls.i^r'ojîi-aminn accomodatunn operi PP. GURY-Fkr-
KERBS a R.'R. Francisco Pena. Barcelona, Subiraua, 1911, in-12 dj 60 {).
Simple programme ou analyse détaillée du cours de théologie morale pu-
bliée par le P. Ferreres, cet opuscule peut servir de questionnaire pour un
examen. Il n'aura d'utilité bien pratique que pour ceux qui ont en mains
l'ouvrage auquel il correspoud. C- S.
La Vlerge-Pi-ètre, examfin théologique d'un titre et d'une doctrine, par le
R. P. EDOUARD lIuGON. Piris, Téqui, 1911, in-12 de 39 p.
Dans ces quelques pages, le P. Hugon expose très nettement quel sens
peut avoir ce titre de Vierge-Prêtre donné souvent à Marie. Écai-tant les
intei-préta lions exagérées, il reconnaît à la T. S. Vierge non pas le sacerdoce
substantiel de Jésus-Christ, non pas le sacerdoce sacramentel des
ministres de l'Église, mais un sacerdoce métaphorique tout spécial et d'un
degré tout à fait supérieur au sacerdoce métaphorique des autres fidèles.
Ij'auteur n'entre dans aucun développement, mais ce qu'il dit suffit
pour justifier sa pensée et pour maintenir la piété dans la ligne de l'ortho-
doxie, es.
— 174 —
■*eilt Munuel pratique contenant le l'ègleiuent général <Io In
ii^oulétô do Saiut-vincent do Panl, avec notes explictlives à
Ihisuge des inemhres de la Conférence Saint-Jean l^Aumônitr de Htme, par deux
membres delà même Conférence. Homa, tip. Desciée, 1012, in-32de IGOp.
— Prix : 1 fr.
Bien qu'il existât déjà en français un petit manuel de ce genre, édité à
Paris par la Société de Saint- Vinrent de Paul, deux membres de la t'.on-
férence Saint-Jean l'Aumônier à Rome n'ont pas jugé inutile de publier
cet opuscule, dans lequel ils ont joint à des renseignements généraux,
exactement et clairement présentés, des renseignements spéciaux sur ladite
ronf(;rence. Elle est d'origine récente, ayant été agréée en 1910. Elle se dé-
clare absolument internationale. Elle tient ses séances hebdomadaires chez
les RR. PP. augustins de l'Assomption, plazza d'Ara "Cœli, 11.
A. DES R.
jLe Roman du liy», par GEORGES Lanok. Paris, Messein, 1911, in-12 de
246 p. — Prix : 3 fr. 50.
Ce livre laisse une impression étrange au lecteur peu au courant des doc-
trines cabalistes et des diverses formes d'ésotérisme qui reviennent tour à
tour à la mode. Il est difficile d'avoir plus de lecture que l'auteur et moins
de critique. Comme tant d'autres, il a été frappé des sentiments artistiques
dont ont fait p.euve les hommes d'une époque bien lointaine, où on ne con-
naissait pas la plupart des éléments qui nous semblent indispensables à la
vie civilisée, et il reprend à son tour cette hypothèse qu'il y a là les épaves
d'une haute civilisation abîmée sous les flots. Il revient au roman de l'At-
lantide exposé par Platon dans le Critias, et y ajoute beaucoup de symboles
interprétés au mieux de sa thèse. C'est la partie du livre dont l'auteur est le
plus satisfait. Il donne ses hypothèses géographiques pour ce qu'elles sont,
malgré la confiance qu'elles lui inspirent, d'où le titre du livre, mais à
l'égard de la symbolique il est sûr d'être dans la bonne voie. On jugera de
sa méthode par le commentaire du chapitre V de l'Évangile de saint Jean.
La Samaritaine y devient une personnification du pays de Samarie; ses
cinq maris des prophètes nationaux, celui avec qui elle est un prophète
étranger, saint Jean Baptiste; l'eau est une initiation et la profondeur du
puits en indique l'antiquité. Il s'agit, en effet, du vieux rite de Bethel, la
religion mégalithique, que professaient les patriarches, et qui venaient de
l'Atlantide.
Les opinions de M. Lanoë offrent beaucoup plu.s d'intérêt lorsqu'il expose
les motifs de soupçonner que les voyages d'Ulysse ont pu s'étendre hors de
la Méditerranée et en territoire celtique. Dans l'île d'Ogygie, la plante
ayant l'habitat le plus méridional est la vigne. Circé, qui a plus ou moins
une physionomie de prêtresse celtique, fait du feu toute l'année dans son
île d'Aea et le chêne est le seul arbre de ses forêts, l'osier le seul arbrisseau.
Les brouillards du pays des Cimmériens ne sont admissibles que dans
l'Europe septentrionale. Du reste, nous savons par Hérodote que les vierges
hyperboréennes qui apportaient des offrandes à Délos venaient de la Bal-
tique. F. DK VlLLE.\OISY.
— 175 —
La Culture pi-ofonilo et Ici» améliorations ronelères, par HbmY
DuMONT. Paris, Larousse, s. p,, petit in-8 de 104 p., avec 33 gravures; —
Prix: 1 fr. 50.
(?est une erreur de croire que les plantes tirent leur nourriture dans les
quinze à seize centimètres de terre que la charrue remue tous les ans dans nos
champs. Des racines de betterave, de luzerne, de blé peuvent, en effet,
atteindre une longueur qui dépasse deux mètres, De plus, dans
les terres peu profondément l^Lbourées^ les plantes souffrent d'un excès
d'humidité l'hiver et de la sécheresse en été; aussi la préparation du sol
sur une grande profondeur est- elle un progrès à réaliser.
Après avoir indiqué les raisons qui motivent les labours profonds, l'auteur
examine les diverses manières de les exécuter et termine par l'indication
de nombreux exemples de domaines où la culture profonde a donné de bons
résultats, ce qui est la meilleure preuve de son utilité. D. B.
notations et assolf^uients, par F. Parisot. Paris, Larousse, s. d., in-8 de
134 p.— Prix : 2 fr.
On semble méconnaître de plus en plus, depuis un certain nombre d'an-
nées, l'importance des rotations et des assolements dans les exploitations
agricoles. Les progrès du machinisme qui facilitent le nettoyage du sol;
l'emploi de plus en plus grand des engrais minéraux, qui permet de restituer
au sol ce que les récoltes lui ont enlevé; la lutte plus efficace contre les pa-
rasites animaux et végétaux, permettent en effet, dans une certaine mesure,
la répétition des cultures sur un même sol. Cependant, les lois relatives à la
succession et à la répétition des cultures n'ont rien perdu de leur valeur et
leur connaissance est aussi nécessaire aujourd'hui qu'autrefois. Dans son
livre, l'auteur examine tout ce qui est relatif à ces questions, les moyens à era-
plover pour éviter leurs inconvénients et profiter de leurs avantages.
D. B.
Le Légendali-e du Alont Salnt-Mlehel, par ETIENNE DUPONT, Paris,
1911, in-)6 de 173 p. — Prix : 3 fr.
Après avoir consacré au Mont-Saint-Michel plusieurs livres de pure éru-
dition, l'auteur a cru devoir donner satisfaction aux esprits curieux qui
s'intéressent aux contes que l'illustre abbaye a suscités. Tout un folk-lore
spécial a poussé pour ainsi dire entre les fentes des pierres. Un savant
Avranchinais, M. Edouard Le Hericher, avait, jadis, eu l'idée de
recueillir les légendes montoises; mais ce projet n'eut pas de suite. Remer-
cions M. Etienne Dupont d'avoir préservé de l'oubli les histoires men/eil-
leuses qu'il nous narre avec infiniment de charme. Telles sont : Le Loup
converti, Bain VEnjantelet, le Serpent d'Irlande, la vision de Vévêque Norgod
racontée aussi, dans V Univers du mois de septembre 1910, par S.H.Mac Leod,
la Clameur des Moines, les Tribulations de Jean Douville, la Feuille de lierre,
le petit Pastoureau, etc.
Ce légendaire est des plus précieux. Mais il ne renferme pas tous les contes
michaelesques. Si M. Etienne Dupont interrogeait les pêcheurs de la baie je
suis persuadé cm 'il trouverait facilement la matière d'un second volume.
O. H.
— 176 —
iwos Ca<hé«ii-«Iee, par A. Broquklet. Paris, Garnier, s.d.,'in-l2 de viu-SOS p,
avec de nombr. j,'rav. — pjix : 5 fr.
Ce livre a été écrit avec l'idée de coopérer à la campagne entreprise par
M. Maurice Barres pour sauver nos édifices religieux menacés par le néo-
vandalisme de nos révolutionnaires. Une Lettre-préface de M. Barrés est
imprimée en tête du volume. Des gra\-ures choisies avec un sens très
artistique font passer sous les yeux du lecteur la plupart des cathédrales
des diocèses anciens et actuels de France. Malheureusement, le texte qui
les accompagne fourmille d'erreurs et doit être considéré comme inexis-
tant; en sorte que le volume n'est, à proprement parler, qu'une jolie col-
lection de cartes postales. P. Pisani.
Que!>>tion» uniéricMi^àei», par Paul-Théodore Vibert. Pari'', Schleicher,
s. d., petit in-l(3 de 112 p. — Prix : 1 Ir.
Le nom seul de M. Paul-Théodore Vibert suffit pour faire pressentir dans
quel esprit seront traitées les questions américaines dont l'étude remplit ce
petit volume: esprit de fougueux anticléricalisme, d'intolérance religieuse
apparaissant à propos de tout, ou plutôt à propos de rien. C'est ce que cons-
tatera bien vite le lecteur des deux chapitres dont la réunion constitue cette
plaquette; dans le premier, fougueuse apologie du Vénézuélien Castro, il
relèvera une virulente attaque contre un clergé catholique français qui,
dans la plupart des républiques de l'Amérique centrale et du nord de
l'Amérique méridionale, « est toujours à la tête des révolutions, en a le génie
avec le machiavélisme, avec le manque de préjugés qui distingue les jé-
suites, etc., etc.» (p. 27); quant au second, et au plus développé, il nous suf-
fira de dire comment il est intitulé: «la Domination cléricale à Saint-Pierre
et Miquelon ». J'aurais mauvaise grâce à insister sur ces venimeuses atta-
ques; signalons leur existence et détournons-nous aussitôt.
Henri Froidevaux.
CHRONIQUE
NÉCROLOGIE. — La mort prématurée de M. Henri Poincaré, docteur
ès-sciences, président de la Société astronomique de Franco, professeur à
la Sorbonne, membre de l'Académie des sciences et de l'Académie fran-
çaise, est une très grande perte pour la science et le monde savant. Né
à Nancy le 29 a.ril 1854, il fut enlevé le 17 juillet dernier par une embo-
lie. C'était, au dire de ses confrères de l'Institut, le premier géomètre de
l'Europe, en même temps qu'un physicien et un astronome de haute
valeur. 11 savait s'élever à ces considérations d'ordre supérieur qui cons-
tituent la philosophie de la science; aussi, bien qu'il fût malheureuse-
ment indifférent en matière religieuse, ses ouvrages réduisent-ils à néant
la prétention des primaires et des savants à parti pris à faire de la Science
(a^ecun grand S) la religion de l'avenir. Élu membre de l'Académie des scien-
ces en 1886, il le fut de l'Académie française en 1908; mathématicien-
philosophe, il y remplaçait le poète-philosophe Sully-Prudhomme. 11 a
publié successivement : Throrie matJu'tnatiqac de la lumière (Paris, 2 vol.,
1889, 1892); — Thermodynamique (Paris, 1892); — Théorie de Vélectri-
r.ité (Paris, 1892); — Mdhodes nouvelles de la mécanique céleste (Paris,
3 vol., 1893); — Capillarité (Paris, 1895); — Thé'orie analytique de la
— 177 —
propagation de la chaleur (Paris, 1895); — Calcul des proT)abilités (Paris,
1896); — Électricité optique (Paris, 1901); — La Science de Vhypothèse
(Paris, 1902); — Théorie des tourbillons (Paris, 1903); — Valeur de la
science (Paris, 1905); — et enfin Leçons sur les hypothèses cosmogoniques,
(Paris, 1911). C. de Kirvan.
— M. Alfred-Jules-Émile Fouillée, philosophe et écrivain dlstingvé,
membre de l'Institut, est mort subitement à Lyon, au milieu de juillet,
à 74 ans. Né à la Pouëze (Maine-et-Loire), le 18 octobre 1838, il fit
ses études au lycée de Laval, où il fut maître d'études, puis se rendit à
Paris, où il donna des leçons comme professeur libre. Peu de temps après
il entra dans l'Université et fut attaché successivement aux collèges de
Louhans et d'Auxerre et au lycée de Carcassonne. Puis, ayant obtenu, en
1864, le premier rang au concours d'agrégation de philosophie, il alla
professer aux lycées de Douai, puis de Montpellier, et obtint finalement
la chaire de philosophie de la Faculté des lettres de Bordeaux, après
avoir été reçu docteur ès-lettres en 1872. Il ne tarda pas à être appe'é
à Paris con^me maître de conférences à l'École normale supérieure, mais
sa mauvaise santé l'obligea bientôt à abandonner ce poste. Admis à la
retraite en 1879, il alla se fixer à Menton. Il avait été élu membre cor-
respondant de l'Académie des sciences morales et politiques le 4 mai
1872. Outre ses deux thèses : Platonis Hippias minor sive socratica con-
tra liberuni arbitrium argumenta (Paris, 1872, in-8) et la Liberté
et le déterminisme ( Paris, 1872, in-8), dont la seconde provoqua
d'ardentes discussions dans la presse, M. Fouillée a publié : La
Philosophie de Platon (Paris, 1869, 2 vol. in-8; 2^ édit. 1888-1889, 4 vol.
in-18); — La Philosophie de Socrate (Paris, 1874, 2 vol. in-8); — His-
toire de la philosophie (Paris, 1875, in-8); — L'Idée moderne du droit en
Allemagne, en Angleterre et en France (Paris, 1878, in-8); — La Science
sociale contemporaine (Paris, 1880, in-8); ■ — ■ Critique des systèmes de
morale contemporaine (Paris, 1883, in-8); — La Propriété sociale et la
démocratie (Paris, 1884, in-8); — L'Avenir de la tnétaphysique fondée sur
V expérience (Paris, 1889, in-8); — La Morale, l'art et la religion d'après
M. Guyau (Paris, 1889, in-8); — L'Évolution des idées-forces (Paris,
1890, in-8); — • L'Enseignement au point de vue national (Paris, 1891,
in-12); — Descartes, dans la collection « Les Grands Écrivains français «
(Paris, 1893, in-12); — Tempéraments et caractères suivant les individus,
les sexes et les races (Paris, 1895, in-8); — La Psychologie des idées-forces
(Paris, 1893, in-8); — Le Mouvement positiviste et la conception sociologique
du monde (Paris, 1896, in-8); — Le Mouvement idéaliste et la réaction
contre la science positive (Paris, 1896, in-8); — Études récentes de sociologie
(Paris, 1896, gr. in-8); — La France au point de vue moral (Paris, 1900,
in-8); — La Conception morale et civique de l'enseignement (Paris, 1901,
in-12); — Nietzsche et l'immoralisme (Paris, 1902, in-8); — Esquisse psy-
chologique des peuples européens (Paris, 1903, in-8); — ■ Le Moralisme
de Kant etl'Amoralisme contemporain (Paris, 1905, in-8); — • Le Socialisme
et la Sociologie réformiste (Paris, 1909, in-8). On a longtemps attribué à
tort à M. Fouillée une série de remarquables livres de lecture et d'ins-
truction pour les écoles qui, publiés sous le pseudonyme de G. Bruno,
étaient l'œuvre de M'"^ Fou^illée.
— M. Joannès Cmatin, l'éminent naturaliste, membre de l'Académie
des sciences et de l'Académie de médecine, est mort au commencement
de juillet, au château de la Romanie, aux Essarts-le-Roi (Seine-et-Marne),
AOUT 1912. T. CXXV. 12.
— 178 —
à 65 ans. Il est né à Paris, le 19 aoiit 1847. Après de brillantes études
au 1 cée Saint-Louis, il se fit recevoir docteur en médecine en 1871 et
docteur ès-sciences en 1872. Ayant débuté dans l'armée comme aide-
major à l'armée du Rhin, puis à l'armée de Paris, il rentra dans la vie
civile et fut successivement professeur agrégé à l'Ecole supérieure de
pharmacie, répétiteur à l'École des hautes études et maître de conférences
à la Faculté des sciences. Enfin, en 1887, il fut nommé professeur à
cette même Faculté. Le 25 mai 1886, il fut élu membre de l'Académie de
médecine, dans la section de pharmacie. Parmi les importants ouvrages
que laisse M. Joannès Chatin, dont la plupart ont été couronnés par
l'Académie des sciences, nous citerons : Études botaniques, chimiques et
médicales sur les valêrianées (Paris, 1872, gr. in-8), thèse pour le doctorat;
• — Du Siège des substances actives dans les plantes médicinales ^ Paris, 1876,
in-8); ■ — Les Organes des sens dans la série animale, leçons d'anatomie
et de physiologie faites à la Sorbonne (Paris, 1880, in-8); — La Trichine
et la trichinose (Paris, 1883, in-8); — Contributions expérimentales à
Vétude de la chromatopsie chez les batraciens, les crustacés et les insectes
(Paris, 1881, gr. in-8); — La Cellule nerveuse. Éludes d'histologie zoolo-
gique sur la forme dite myélocyte i Paris, 1890, in-8); — Recherches sur
Vanguiiiule de la betterave (Paris, 1892, gr. in-8); — La Cellule animale,
sa structure et sa vie (Paris, 1892, in-12); — Organes de nutrition et de re-
production chez les invertébrés (Paris, 1894, in-16); — Les Organes de
relation chez les vertébrés (Paris, 1894, in-16); ■ — Organes de relation chez
les invertébrés (Paris, 1894, in-16); • — La Mâchoire des insectes. Détermi-
nation de la pièce directrice (Paris, 1896, in-8); ■ — ■ Sur la Nocivité des
huîtres (Paris, 1897, in-8).
— Les amis des lettres françaises n'ont pas appris sans une doulou-
reuse émotion la nouvelle de la mort de M. Michel Salo:.:on. Son exis-
tence austère et réservée et qu'il avait voulu ainsi a été entièrement con-
sacrée à prêcher le vrai et le beau et à faire le bien. M. Michel Salo-
Mc-v est né à Riom, le 7 juin 1857. Après des études très complètes dans
sa ville natale, il vint à Paris, où il acquit ses grades à la Faculté de
droit; mais le barreau ne le retint pas longtemps; il se sentait attiré
vers d'autres travaux. Il collabora à la Gazette de France, puis à la
Liberté de Fribourg, au Journal de Genève, dont il fut le correspondant
parisien de 1894 à 1901 et où il avait conservé depuis une chronique
littéraire; à la Quinzaine et au Correspondant, où il faisait depuis deux cns
la suppléance de la chronique politique. Depuis 1901, il donnait des
articles au Journal des Débats, dont il était devenu rédacteur le 24 juin
1908; il s'y fit remarquer dans ses entrefilets politiques comme dans
ses articles littéraires « par la précision et par la culture qu'i's décou-
vraient, par le goût et par le style ». On ne saurait dire quel soin il
mettait à parfaire le moindre article et le souci qu'il avait de la précision.
Des volumes qu'il a écrits nous signalerons : Les Silhouettes du Palais,
souvenir de son passage dans le monde des avocats; — Études et por-
traits littéraires (Paris, 1896, in-181; — Art et littérature (Paris, 1901,
in-16) ; — L'Esprit du temps (Paris, 1906, in-16), ouvrage couronné
par l'Académie française ; — Le Spiritualisme et le progrès scientifique
(Paris, 1900, 2 vol. in-16) sur les philosophes et le temps présent; —
Bonald, on collaboration avec M. Paul Bourget (Paris, 1901, in-16); —
une série de brochures philosophiques sur Taine (Paris, 1903, in-16) ;
— AugusteComte{\'a,v\?.,iWi,\VL-\Ç,);— Joujfroy (Paris, 1907, in-16); —
•- 179 —
Vie de Mgr Dupanlôup (Paris, 1904, in-18); — Charles^ Nodier et le grou-
pe romantique (Paris, 1908, in-16). — Il édita encore des Pages choisies
de de Vogiié (Paris, 1912, in-16), et, avec son ami, R. Saleilles, empor-
té quelques jours avant lui, les Reliquiae de Maurice Faucon (Paris,
Plon-Nourrit, 1911, 2 vol. in-8). Il préparait chez Pion un Beaumarchais,
quand la mort l'a frappé. M. A.
— M. Ernest Grandidier, conservateur du département de la céra-
mique chinoise au Musée du Louvre, est mort à Paris au milieu de
juillet, à 79 ans. M. Grandidier, né en 1833, avait rapporté de ses voya-
ges scientifiques et des missions dont il avait été chargé dans diverses
régions de l'Amérique du sud de très intéressantes collections d'histoire
n aturelle, qui furent partagées entre la Sorbonne et le Muséum. D'un
autre côté, il avait réuni une merveilleuse collection de céramique chi-
noise qu'il donna au Musée du Louvre en 1894. C'est à la suite de cette
libéralité qu'il fut nommé conservateur du département de la céramique
chinoise, qu'il connaissait mieux que personne, comme le prouve son
important ouvrage : La Céramique chinoise (Paris, 1853, gr. in-4).
— On annonce encore la mort de MM. : l'abbé Bousquet, chanoine
de Paris, agrégé de l'Université, vice-recteur de l'Institut catholique de
Paris et professeur de langue grecque dans le même établissement, mort
au milieu de juillet, à MeiJlant (Cher), à 45 ans; — François-Louis Bruel,
archiviste-paléographe, bibliothécaire à la section des estampes à la Bi-
bliothèque nationale, mort au milieu de juillet, à Paris; — André Cas-
TELiN, député de l'Aisne, mort à Saint-Maurice, près de Charenton, au
milieu de juillet, à 62 ans, lequel fut, en Tunisie, le rédacteur en chef
du Progrès tunisien et, rentré en France, collabora à la Lanterne, puis
soutint ardemment, dans la France, la campagne boulangiste et dirigea
enfin la Cocarde; — l'abbé Doby, ancien premier vicaire de Saint-Roch,
à Paris, qui s'occupait de travaux géologiques, mort au milieu de juillet,
à 69 ans, à Bourbonne-les-Bains, sa ville natale, dont le musée venait
d'être placé sous sa direction; — Théodore de Fallois, publiciste mari-
time, le doyen de la presse toulonnaise, qui fut pendant plusieurs années
le correspondant du Temps, mort à Toulon, au commencement de juillet,
à 80 ans; ■ — Emile Gatau, président d'honneur du Syndicat de la presse
rochelaise, mort dernièrement à la Rochelle; — Marius Guerby, profes-
seur de sciences physiques au lycée d'Annecy, président de l'Académie
florimontane, secrétaire de la Commission de météorologie de la Haute-
Savoie, m.ort à Annecy, le 20 juin, à l'âge de 57 ans; ■ — Eugène Guer-
LiN de Guer, chef de division honoraire à la préfecture de Caen, corres-
pondant du Temps, mort à Caen, au commencement de juillet, à 72 ans;
■ — Edouard Guiffon, professeur de botanique à l'École nationale d'agri-
culture de Grignon et directeur adjoint de la station de pathologie vé-
gétale de Paris, mort en juillet, à l'âge de 43 ans ; — le D'' Monoyer, pro-
fesseur à -la Faculté de médecine, un des derniers lauréats de l'ancienne
Faculté de médecine de Strasbourg, auteur d'importants travaux sur
l'ophtalmologie, mort dernièrement à Lyon; — Félix Moulié, directeur
de l'Ecole professionnelle Boulle, à Paris, mort en cette ville au com-
mencement de juillet; — M"^^ Munich, née Augustine Lagout, morte
au commencement de juillet, à Nevers, à 56 ans, laquelle avait mis au
service de l'enseignement libre ses grandes connaissances scientifiques et
littéraires et dirigeait des cours supérieurs de jeunes filles; — Ernest
Perrad, collaborateur du journal les Gaudes, de Besançon, auquel il a
— 180 —
donné de nombreuses poésies et laisse deux revues locales : Tout le
monde chez le Grand (1900) et Tiens vUa nos vieux (1905), mort à Morez
(Jura), le 27 juin, à l'âge de 37 ans; — Jean Poisson, secrétaire général
de Paris- Sport, qui avait appartenu pendant plusieurs années à la ré-
daction du Petit Journal, mort subitement à Vittel, au milieu de juillet,
à 59 ans; — Louis Prunières, secrétaire du Cercle de la librairie de
Paris, qui a publié un certain nombre d'ouvrages, entre autres : Molière
moraliste (Paris, 1901, in-8); Aventure flamande de sœur Godeliève (Paris,
1903, in-8); L'Évolution sociale et Vaction pour la beauté (Paris, 1908,
in- 18), et a donné, sous le pseudonyme de Canova, un roman : Madame
Davenay bienfaitrice (Paris, 1911, in-18), mort à Paris, au milieu de
juillet, à l'âge de 35 ans; — le chanoine Sauvé, archidiacre de Laval,
maître des cérémonies de la cathédrale, mort au commencement de juillet,
à 62 ans, lequel était un liturgiste distingué et rédigeait, chaque année,
un Ordo très apprécié à Rome et auquel on faisait de larges emprunts
dans beaucoup d'autres diocèses de France.
— A l'étranger on annonce la mort de MM. : Adolph Allunian, écri-
vain et dramaturge letton, appelé le « Père du théâtre letton », mort en
juillet, à Riga, à 64 ans ; — le Rév. Robert Borland, docteur en théo-
logie, ministre protestant à Yarrow (Selkir; shire), auteur de | : Yarrow,
its Poets and Poetry; Bord er Raids and Reivers, etc., mort au milieu de
juin; ■ — Charles DE Bricy, sculpteur, professeur à l'Académie des beaux-
arts, à Gand, mort le 28 juin, à Wetteren (Belgique); — Alexander Car-
MicHAEL, philologue écossais, mort dernièrement, à 80 ans, lequel laisse
plusieurs ouvrages sur la langue et la littérature gaéliques; — Dr. Au-
guste DoERiNG, professeur de philosophie à l'Université de Berlin, mort
à Oporto (Portugal), à la fin de juin, à 79 ans; — François Frapier,
avocat distingué, qui a collaboré au journal V Ami de Vordre, dont son
père était rédacteur en chef, mort à Namur le 18 juillet, dans sa
Oe'' année ; — Theodor Gaedertz, écrivain allemand, mort à Berlin, le
8 juillet, à 58 ans; — William Watson Goodwin, savant helléniste américain,
professeur à l'Université Harvard (États-Unis), ancien directeur de l'École
américaine d'études classiques à Athènes, mort au milieu de juin à Cam-
bridge (Massachussetts), à 81 ans, auquel on doit entre autres importants
ouvrages : The Syntax of the Moods and Tenses of the Greek Verb, plu-
sieurs fois réimprimé; Elementary Greek Grammar, et School Greek Grani-
mar; — • Dr. Katz, médecin allemand, auteur d'ouvrages sur l'ophtal-
mologie, mort à Berlin, le 6 juin, à 74 ans; — Dr. Otto Lyon, germa-
niste allemand, mort à Dresde, le 10 juillet, à 59 ans, après avoir publié
toute une série d'ouvrages estimés, notamment : Die Lekture als Grund-
lage des deutschen Unterrichtes (Leipzig, 1907, in-8); Handbuch der deut-
schen Sprache fur Praeparandenansthalten und Seminare (Leipzig, 1910,
in-8), etc.; — Miss Sophia Mac Lehose, femme de lettres anglaise, morte
au milieu de juin, laquelle laisse des nouvelles, notamment : Taies from
Spenser's Faerie Queen, ainsi que quelques volumes d'histoire, entre au-
tres : The last Days of the French Monarchy et From the Monarchy to
the Republic in France; — Behramji M. Malabari, poète réformateur
social parsi, qui fut pendant plus de vingt ans le directeur de VJndian
Spectator et qui s'est fait connaître surtout par l'inlassable ardeur avec
laquelle il s'est efforcé d'améliorer la condition sociale de ses compatrio-
tes, mort dernièrement dans les Indes anglaises; — Enrico Mastracchi,
-avocat italien, ''ancien directeur de VUnità cattolica de Florence, qui, peu-
— 181 —
dant de longues années, avait vaillamment défendu la bonne cause, mort
à Florence au commencement de juillet; — Dr. Moritz Seidel, ancien
professeur de thérapeutique à l'Université allemande d'Iéna, mort en
cette ville, le 2 juillet, à 76 ans; — C. H. Spence, pédagogue et écrivain
anglais, directeur du collège Clifton, mort au commencement de juillet,
lequel était membre du conseil de 1' « Historical Association » et avait
publié de nombreux et intéressants mémoires sur des sujets d'histoire;
— Dr. Karl Strekelj, professeur de philologie slave à l'Université de
Grat? (Autriche), mort en cette ville le 8 avril, à 53 ans; — le chanoine
Waltmann Van Spilbeeck, qui, pendant plus de quarante ans, a professé
successivement la philosophie et la théologie soit à l'abbaye de Tongerloo,
soit à l'abbaye de Parc et a publié divers travaux, notamment : De
Abdij van Tongerloo (1888) et aussi de nombreux articles insérés dans
des revues savantes, mort le 20 juillet, à Tongerloo (Belgique), dans sa
73^ année; — Hugo Wauer, écrivain et conférencier allemand, mort à
Berlin le 5 juillet, à 84 ans; • — le P. Zocchi, S. J., qui, après avoir
dirigé à Venise la Difesa, est devenu l'un des collaborateurs les plus
actifs de la Civilta cattolica, à qui l'on doit en outre de nombreux opus-
cules sur le libéralisme, sur l'esprit catholique dans la culture du jeune
clergé, sur le journalisme catholique, la liberté du Pape, etc., lesquels
ont été traduits dans les principales langues du monde entier, et qui
laisse un fort volume de polémique intitulé : Pape et Roi (1885), mort
à Rome en juillet, dans sa 67^ année.
Lectures faites a l'Académie des inscriptions et belles-lettres.
• — Le 5 juillet, M. Loth fait part à l'Académie de la découverte due à
M. Lindsay, professeur à Saint-Andrews, de neuf gloses bretonnes con-
tenant des mots inconnus et écrites dans un ipanuscrit du ix*^ siècle. ■ —
M. Heuzey lit un mémoire relatif à ce que Pline a dit des astronomes
chaldéens. — MM. Perrot, Dieulafoy, Boucher-Leclercq échangent leurs
observations sur ce sujet. • — M. Joulin lit un travail sur les âges pro-
tohiëtoriques en Europe, sur les conditions dans lesquelles la civilisation
de Hallstadt a cédé la place à la civilisation de la Tène et sur l'in-
fluence hellénique. • — MM. S. Reinach, Pottier et Dieulafoy contrôlent
par leurs connaissances personnelles les conclusions du lecteur. — M. Dur-
rieu présente un mémoire de M. Louis Batiffol sur les transformations
du Louvre sous Henri IV. — Le 12, M. Gagnât donne connaissance des
découvertes accomplies au cours d'une mission par M. Boulifa, répétiteur
de berbère à la Faculté des lettres d'Alger. ■ — M. Dieulafoy lit un mé-
moire du P. Jerphanion sur les églises souterraines de Cappadoce et
explique à son tour quelles relations on remarque entre le style de ces
églises, celui des monuments sassanides et celui des monuments byzantins.
■ — M. G. Millet explique que l'art des miniaturistes occidentaux a dû
être influencé par des exemples venus de l'Orient. — M. Chavannes
analyse les documents rapportés par M. Jacques Bacot de la Chine et
du Thibet et, en particulier, deux inscriptions chinoises du xvi® siècle.
• — Le 19 juillet, M. Héron de Villefosse explique, d'après une découverte
épigraphique faite à Bourbon-Lancy par M. Max Boirot, que le nom de
Bourbon vient du mot Borvo, qui désigne une divinité gauloise prési-
dant aux eaux thermales. — M. Léger annonce qu'il a découvert à la
bibliothèque de Sofia 3000 manuscrits (fonds Pascan Oglou) intéressant
l'histoire de la littérature musulmane. — Mgr Duchesne présente une
observ^ation à ce sujet. — M. Cordier donne connaissance du résultat
1
— 182 — ■;
des travaux du congrès des 'amérioanistes à Londres. — M. Anziani
décrit une amphore corinthienne très ornée remontant au \i^ siècle avant
J.-C. et trouvée dans un tombeau punique à Bordj-Djedid. — M. R.
Pichon analyse quelques textes d'auteurs anciens qui indiquent le sens
à donner au mot atellane, genre de comédie romaine. — M. S. Reinach
s'associe aux conclusions de M. Pichon. — M. Croiset croit que la
iabella, sorte de poésie inférieure et légère, n'a pas changé de caractère.
— Le 26, M. Merlin fait part de la découverte dans les ruines de Thu-
burbo majus, en Tunisie, des. fondations de deux temples dédiés à Baal
et à Tanit. — • M. Diehl lit une notice biographique sur Théodora Com-
nène, princesse byzantine de Trébizonde.
Lectures faites a l'Académie des sciences morales et politiques.
— Le 6 juillet, M. Jean Lemoine, bibliothécaire au ministère de la guerre,
lit une communication ayant trait à la vie intime de M^^ de Sévigné.
— Le 13, M. Faguiei. lit la fin de son travail sur la condition delà femme
en France aux xvi^ et xvii^ siècles.
Aîvnuaire de la bibliographie et de la bibliophilie. — ■ Avec la
quatrième année, le Jahrbuch fur Bûcher- Kunde und Liebhaberei, [que
publie M. G. A. E. Bogeng, se présente à nous sous une forme modifiée
et plus luxueuse. De simple annexe au Taschenbuch des Bûcher j reundes ,
il est devenu une publication complètement indépendante, imprimée sur
beau papier en format gr. in- 8. .50 exemplaires sont tirés sur papier de
Hollande et 750 sur papier indien. Tandis que les trois premières années
contenaient l'esquisse d'un guide des collectionneurs, la quatrième (Ber-
lin-Xi kolassee, Max Harnvitz, 1912, gr. in-8, 147 p. et 16 planches) nous
apporte un choix d'articles variés; voici d'abord (p. 1-24) l'amusante
fantaisie de Charles Nodier: Le Bibliomanc, puis une notice (p. 25-42)
sur la vente Fortsaz, cette fantastique mystification à laquelle se lais-
sèrent prendre les collectionneurs les plus sérieux. M. E. Wolter a re-
tracé la physionomie de NicoloÀ Michailovitsch Lissovvski (avec portrait
et pi.), le bibliographe russe éminent (p. 4.3-46). Après la reproduction
d'un mémoire de A. de Morgan : On. the difficulty of correct description
of books (p. 47-72), M. Bogeng nous donne quatre morceaux d'importance
variée sur la manière de traiter les livres {Die Handhabung der Bûcher,
p. 73-80), sur la façon d'ajouter à un livre qui n'en a pas des illustra- •
lions appropriées, espèce de mode qui fit fureur au xyiii*^ siècle après
la publication, en 1769, de VHistory of England de Oranger, d'où le
nom de Grangerising donné à ce genre de collections (p. 81-100), sur
l'art de collectionner les livres modernes ( Ueber das Sammeln tnoderner
Bûcher, p. 104-145); sur le catalogue sur fiches de la Bibliothèque de
Berlin, dont la mise en vente offre des ressources aux collectionneurs
et aux bibliothèques [Die Titel-und Zetteldnccke der kgl. BibliotJiek zu
Berlin (p. 141-144); enfin sur les fiches de bibliothèques (Bûchereizettel,
p. 145-147); 14 spécimens des caractères de quelques grandes maisons
d'Allemagne, Bauer, Flinsch, Kingspor, Stempel) terminent ce volume,
qui offrira, on le voit, aux bibliophiles, une lecture à la fois amusante
et instructive. Nous devons ajouter que M. Bogeng a eu soin d'ajouter
aux articles anciens qu'il reproduit une annotation qui sera bien accueil-
lie'^de'^ses lecteurs. "^
Syndicat des auteurs d'ouvrages d'enseignement et de vulga-
risation. — Il n'est pas inutile, pensons-nous, de signaler à nos lecteurs
— 183 —
le syndicat qui vient de se fonder sous ce titre, sous la présidence de
M. Sudre, professeur au lycée Louis-le-Grand, 85, boulevard de Port-
Royal (Paris, XIII«). L'objet en est : « l** la défense des intérêts pro-
fessionnels de ses membres et spécialement des intérêts de ceux engagés
ou pouvant se trouver engagés dans une instance dont il prend à sa
charge tout ou partie des frais...; 2«> la vérification de tous comptes
des auteurs vis-à-vis de toutes personnes, notamment des éditeurs... »
Pour tous renseignements, l'on peut s'adresser à M. Sudre.
Paris. • — M. Charles Du Bus passe rapidement en revue dans la Ré-
volution française (tiré à part, Paris, imp. de la cour d'appel, 1912,
in-8 de 11 p.) V Exposition Jean- Jacques Rousseau à la Bibliothèque natio-
nale. Les portraits, les tableaux inspirés par la vie de Rousseau, les édi-
tions originales des œuvres, les manuscrits que cette exposition, aujour-
d'hui termmée, ont fait passer sous les yeux du visiteur et qui étaient
exclusivement empruntés aux collections de la Bibliothèque sont indiqués
par M. Du Bus dans son travail.
— Le deuxième fascicule des Lettres de M. Léopold Delisle, qui, un
peu retardé dans sa publication, ne paraît qu'après le troisième, nous
apporte la Correspondance adressée à M. Auguste Castan, 1855-1909
(8aint-Lô, impr. Jacqueline, 1912, in-8 de iii-9o p., y compris un feuillet
d' errata pour le premier fascicule^. Nous ne savons pas si les lettres adressées
au savant érudit bisontin ne dépassent pas encore en intérêt la corres-
pondance avec MM. les chanoines Tougard et U. Chevalier, qui formait
la matière des fascicules I et III. C'est le biographe de Castan, M. L.
Pingaud, qui s'est chargé de publier cette correspondance. 75 lettres
seulement sur les 104 que contient ce fascicule sont adressées à Castan
lui-même, mort comme on sait en 1892. Mais les autres adressées à la
veuve de l'érudit bibliothécaire concernent presque toutes les travaux
de Castan publiés après sa mort et à la publication desquels M. Delisle
a pris une part active.
• — Parmi les hommages rendus à la mémoire de rilli:stre administra-
teur de la Bibliothèque nationale, l'un des meilleurs est assurément la
Notice nécrologique sur Léopold Delisle présentée à la Société nationale
des antiquaires de France par ÎM. Georges Espinas (Extrait du Bulletin
de la Société nationale des antiquaires de France. Paris, Nogent-le-Rotrou,
imp. Daupeley-Gouverneur, 1912, in-8 de 55 p.). En même temps qu'il
a îait ressortir avec beaucoup de netteté combien la carrière administra-
tive de M. Delisle a exercé d'influence sur la direction de ses travaux,
il a su mettre en lumière de quel côté les goûts de M. Delisle le por-
taient; il a dégagé avec une grande précision les caractères de son éru-
diiion; « toujours il a été novateur et . partout il a su annoncer les
intentions nouvelles et les caractères futurs des recherches historiques.
A "tous égards, par conséquent, nul plus que lui n'a fait œuvre originale
et créatrice; à tous égards, personne, plus que M. Léopold Delisle, n'a
pu mériter d'être appelé l'historien de l'avenir ».
— Elles sont intéressantes et touchantes ces histoires de Convertis que
MM. A. Dossat et J. Montjevet ont racontées dans la Croix et qui se
présentent aujourd'hui à nous, réunies dans une brochure à laquelle on
ne peut que souhaiter de nombreux lecteurs. Les physionomies si diverses
de Jôrgensen, Coppée, Huysmans, Krogh Tonningh, Brunetière, Chester-
ton, Aloert de Ruville, qui, par des chemins divers, ont été ramenés des
régions du doute à la foi catholique, passent tour à tour devant nos
— 184 —
yeux. Puisse Texemple de tes contemporains, qui ont vécu de notre vie
et partagé nos idées, entraîner à l'unité de l'Église catholique tant d'âmes
qui flottent encore incertaines.
— C'est une très agréable et instructive lecture que celle de l'opus-
cule consacré par notre si distingué collaborateur, M. Henri Gaidoz, à
son regretté ami et, pour ainsi dire, à son frère en folk-lore Eugène
Rolland et son œuvre littéraire (Paris, avril 1912, in-8 de 46 p., avec un por-
trait. Extrait du tome XI de Mélusine). L'intérêt en est vif, tant par le
sujet lui-même que par le talent du biographe, non moins habile écri-
vain qu'érudit fin et solide. Nous avons là un curieux chapitre de l'his-
toire de l'érudition dans notre temps et notre pays.
— Le tome XLI de V Almanach des spectacles, publié par M. Albert
Soubies, a vu le jour (Paris, Flammarion, 1912, in-18 de 154 p., avec
une eau-forte de Delzers. — Prix : 5 fr.). On y trouve un tableau fidèle
de l'année théâtrale 1911 : spectacles de Paris, de la banlieue et de la
province, et notamment la liste de toutes les pièces représentées pour la
première fois en France durant cet exercice. La bibliographie, dressée
avec beaucoup de soin, des ouvrages relatifs au théâtre publiés pendant
cette même année, mérite, dans le Polybiblion, un éloge particulier.
— La librairie Armand Colin inaugure une intéressante collection de
Petits Manuels du foyer par deux volumes dont le premier, de M™"^ A.
Moll-Weiss, a pour titre : La Cuisine simple et à bon marché (1912,
petit in-16 de vi-151 p., avec fig. — Prix : 1 fr.). L'auteur, dans une
courte Préface, déclare n'avoir eu « d'autre prétention que de vulgariser
quelques pratiques conseils d'hygiène alimentaire en donnant la manière
la moins onéreuse et la plus simple de les réaliser ». Elle ajoute que ce
qui fait surtout l'originalité des 150 formules que l'on trouve dans son
ouvrage, « c'est que la plupart d'entre elles ont été prises parmi les
vieilles formules de cuisine de nos provinces, au fumet exquis, qui con-
tribuent à donner à la table de famille le caractère intime qui la distin-
gue de la table d'hôte du restaurant ». Ce volume est divisé en trois
parties : la première résume d'excellentes notions générales, alors que la
deuxième traite des substances alimentaires. La troisième examine les
préparations alimentaires : c'est ici qu!ont été groupées, sous huit grandes
divisions, de multiples recettes qui méritent l'attention des ménagères
économes et pratiques. — Le deuxième « manuel » s'occupe de VHahi-
tation (1912, petit in-16 de 159 p., avec fig. — Prix : 1 fr.). Il a pour
auteur un architecte, M. Georges Roux. Des « Considérations générales >'
ferment l'Avant-propos, où l'auteur aurait pu faire mieux que de qualifier
l'homme d' « animal plus perfectionné au point de vue moral et intellec-
tuel » que les autres créatures; par contre, il parle en bons termes de la
patrie et de la famille. Il fait ensuite remarquer que « le genre d'habitation
qu'il convient de considérer dans cet ouvrage est l'habitation réduite à
la satisfaction des besoins les plus nécessaires de l'homme dans les con-
ditions depuis les plus humbles jusqu'à des conditions moyennes aisées;
pour des familles comportant un nombre de membres variable ». Les prin-
cipes que pose M. Roux et les conseils qu'il donne au cours des sept
chapitres composant ce manuel sont aussi clairs que judicieux. Sous la
réserve, plus haut énoncée, de l'assimilation malencontreuse de l'homme
aux animaux, nous ne pouvons que louer M. Roux d'avoir écrit un très
utile petit livre s'adressant plus spécialement aux travailleurs, qui aspi-
rent légitimement à devenir propriétaires. Ce qui ne veut pas dire que
- 185 -^
les propriétaires de pères en fils doivent le dédaigner : îl s'en faut du
tout au tout.
Anjou. — M. l'abbé F. Uzureau vient de publier sous le titre : Le
Miracle eucharistique des Vîmes [Maine-et-Loire] (2 juin 1688) (Lille, imp.
Desclée et de BrouM-er, s. d., in-8 de 24 p.), la relation d'une apparition
de Jésus-Christ sous la forme humaine dans l'ostensoir de cette église.
Le récit du prodige eut du retentissement jusqu'à l'étranger et donna
lieu, sous l'épiscopat de Henri Arnaud, à diverses brochures illustrées,
aujourd'hui fort rares, mais que possède la bibliothèque du Plessis-Vil-
loutreys. M. Uzureau a fait dans sa notice d'intéressants extraits de
plusieurs publications contemporaines du miracle des Ulmes : la lettre
épiscopale, la relation du curé des Ulmes (qui, malheureusement, deux
mois après le prodige, était incarcéré par l'officialité pour sa mauvaise
vie); surtout le très complet volume donné en 1715 par l'abbé Grandet,
dont nous aurions aimé voir le titre en entier dans la plaquette de
M. Uzureau. Le Dictionnaire des prophéties et des miracles de l'abbé Le-
canu (Collection Migne, 1852) ne mentionnait pas le « Miracle des Ul-
mes »; mais, en 1876, les Pères du Saint-Sacrement ont remis ce pèle-
rinage en honneur et le Congrès eucharistique s'y rendit en 1901 : toutes
choses que rappelle l'article de M. Uzureau.
— Le département de Maine-et-Loire est, on peut le dire, un des plus
favorisés au point de vue des publications périodiques locales. La Revue
de V Anjou, qui en est à sa 62® année et dont le Polyhiblion publie les
sommaires, inaugure une nouvelle série que M. Grassin édite avec un luxe
de papier et de typographie extraordinaire. En même temps se publie,
depuis cette année, une nouvelle revue: V Anjou illustré (in-8 de 52p.
par fascicule, 13, rue Voltaire, à Angers), qui ne fait pas double emploi
mais complète, sur certains points, sa «jeune» et respectable aïeule. Cette
nouvelle publication ne vise pas autant à l'érudition et à la documen-
tation, mais elle est bien vivante et toute débordante de jeunesse et
de gaîté ; à côté de la chronique ancienne et moderne, il y a part large
à l'actualité, aux drôleries, aux poésies, aux sports, etc.; le tout genti-
ment illustré et agréablement écrit, avec une note d'art de bon aloi
dont la rédaction de V Anjou illustré doit être sincèrement complimentée.
Champagne. — Voici le 131® volume des Travaux de l'Académie na-
tionale de Reims (t. II de l'année 1910-1911. Reims, Michaud; 1912,
in-8 de v-362 p., avec de nombr. illustr., plans et planches. • — Prix :
7 fr.). Le volume s'ouvre par un très consciencieux travail de M. .Henri
Jadart : Édùfices datés et pierres de fondation à Reims, du xiii® au xviii®
^siècle (p. v-118 p., avec 32 grav.). « En remontant de six siècles en ar-
rître, dit M. Jadart dans sa « Conclusion », nous avons débuté par la
construction de la cathédrale et par celle des remparts et des portes
de l'onceinte fortifiée du xiv® siècle. Au xv®, nous avons retrouvé une
pierre de fondation à l'abbaye de Saint-Denis; puis au xvi® siècle, nous
avonà vu commencer la suite des hôtels et des maisons particulières, des
églises, couvents, hôpitaux, collège et séminaire, qui se continue à tra-
ver/j le xvii® jusqu'à la fin du xviii® ». Le savant secrétaire général de
la;'compagnie se propose de poursuivre ultérieurement « cette revue »
I Wour les xix® et xx^ siècles. Ce que nous avons actuellement est pourvu
l^de trois tables : table des articles, table des illustrations et table des
noms. — Nous mentionnerons également : Un Projet de vente de la ca-
thédrale de Reims au xviii« siècle, par M. Anatole Paroissien (p. 119-
— 186 —
127); — Noies généalogiques tirées des registres paroissiaux des commu-
nes rurales des cantons de Reims, var M. le D'' Pol Gossct (p. 130-176,
avec tableau généalogique et 2 fig.). Ces c Notes » sont complétées par
une table des noms de personnes et une table des matières; — Trois
Mois à Magdebourg, par M. le D"" H. Ilenriot (p. 177-J98); — L'Egypte.
Vers Philar, souvenirs de voyage, par M. Ernest FréviUe (p. 199-224, avec
une planche); — Les Logements ouvriers à Reims et dans les environs en
1911, par M. Félix Michel (p. 224-322, avec un plan); — Notes sur la
métrophoto graphie en France et à l'étranger, par M. Emile Wenz (p. 3 23-
333, avec une planche).
— Le tome XIII des Mémoires de la Société des lettres, des sciences,
des arts, de Vagriculture et de Vindustrie de Sainl-Dizier {années 1911-
1912) (Saint-Dizier, imp. Brulliard, 1912, in-8 de viii-411 p., avec 14
grav.) est l'un des plus intéressants que nous ayons été à même de si-
gnaler ici. Il est ainsi composé : Les Élections des échevins à Saint-Di-
zier de 1756 à 1764, par M. V. Charmeteau (p. 7-16); — Notice sur
Osne-le-Val et le prieuré du Val-d'Osne, par M. l'abbé Hubert Maréchal,
curé d'Osne (p. 17-313, avec 14 grav.). Cette « notice » est en réalité
une bonne et importante monographie. Divisée en vingt chapitres, elle
comprend en outre un chapitre s]>écial de statistiques diverses et se
termine par 2] pièces justificatives et une table des matières. Une table
onomastique eût été utile; • — Chartes bragardes, documents pour servir
à Vhistoirc de Saint-Dizier, par M. G. de la Fournière (p. 315-3'^7); —
Note sur le sondage de Poulain, communiquée par M. Ferry- Capitain
(p. 339-345): — Monsieur Victor Parisel, notes biographiques, par M. Louis
Bossu (p. 347-531); ■ — • Un Aller et retour dans Vempire ottoman, par
M. l'abbé L. Vuilley (p. 353-360).
Dauphin É. ■ — Toujours en retard, la Société dauphinoise d'ethnologie
et d'anthropologie nous donne seulement les n°* 1 et 2, mars et juin 1911,
de son intéressant Bulletin, qui commencent le tome XVIIF de la col-
lection (Grenoble, imp. Allier, 1912, in-8 de 58 p., avec fig.). Nous rele-
vons ici les articles suivants : Notes historiques et archéologiques sur
Beauvoir-en-Royans. Rectifications à propos de lectures défectueuses de di-
verses inscriptions gallo-romaines, par M. Aug. Favot (p. 9-10); — Notes
sur V influence sociale du tourisme à la montagne, par M. H. Duhamel
(p. 11-13); — L'Eau comme boisson alimentaire; les noms de lieux suis-
ses en '( bad », par M. A. Picaud (p. 14-31); — La Hache aux temps
préhistoriques, ses origines, son évolution, sa technique, son rôle dajis la
civilisation, par M. H. Mûller (p. 33-44, avec fig.); — La Symèstroscope
et les proportions du corps humain, par M. Silvy-Leligois (p. 45-58, avec
fig-).
Franche-Comté. — Court, mais très érudit aperçu des vicissitudes
forestières dans les Gaules depuis les temps druidiques jusqu'au ix« siè-
cle de notre ère, telle est l'étude intitulée : La Séquanie et la Gaule
chevelues, que notre très distingué collaborateur M. de Kirwan a donnée
d'abord aux Mémoires de l'Académie de Besançon et qu'il a fait ensuite
tirer à part (Besançon, imp. Jacques et Demontrond, 1912, in-8 de 18 p.
L'auteur fait ressortir l'œuvre civilisatrice des « moines bûcherons et
laboureurs », notamment dans le pays de Luxeuil, où saint Colomban
et ses compagnons s'attaquèrent à l'impénétrable forêt qui couvrait la
région et livrèrent le sol défriché à la culture. Il nous montre aussi
— 187 —
saint Romain agissant de mênae dans le haut Jura,. à Condat (aujourd'hui
Saint-Claude), sans oublier saint Liéphard, travaillant sur les bords de la
Loire, et les disciples de saint Benoît, « qui se répandirent un peu partout
dans les Gaules ». M. de Kirwan, d'une manière générale, a résumé, à
travers plusieurs siècles, l'histoire et le régime des forêts royales, ecclé-
siasticiues et privées. Intéressant et très instructif tableau sous ce rapport
spécial des mœurs publiques à ces épocjues lointaines.
— ■ Les no' 4-2 du tome XXII de la Revue bourguignonne, publiée par
l'Université de Dijon, forment un important volume entièrement rempli
par les Ordonnances franc-comtoises sur l'administration de la justice
(1343-1477), éditées avec beaucoup de soin par M. E. Champeaux, avec
une Introduction sur les sources, la rédaction et l'influence de ces ordon-
nances (Dijon, Damidot; Nourrit; Rey; Venot, et Paris, Champion; Rous-
seau, 1912, in-8 de Lxvn-271 p. — Prix : 8 fr.). « Sur la manière dont
ce livre a été fait et son contenu fixé, dit M. Champeaux, le lecteur
doit être renseigné et se voir en outre muni des indications historiques
indispensables. Trois petits chapitres s'efforceront de lui procurer ce
résultat. Un premier indiquera comment le texte a été établi et par quels
procédés fut délimitée et datée une ordonnance importante. Le second
retracera l'histoire brève des ordonnances et, sans entrer dans le détail,
nous montrera le milieu où elles apparurent, l'enchaînement de leur ré-
daction, leurs étapes et les péripéties que subit leur codification. Enfin,
pour rassurer ceux-là qui font commencer la France au xvi^ siècle, dans
un troisième chapitre ils verront que les ordonnances de notre époque
ont exercé une influence très notable et très sensible dans la Comté jus-
qu'aux conquêtes de Louis XIV et même qu'il en est resté quelque chose
jusqu'à la Révolution ». pour cette publication, M. Champeaux s'est servi
d'un manuscrit de Dom Aubrée (xYiii^ siècle) conservé à la Bibliothèque
nationale, d'une série de manuscrits et d'imprimés indiqués ici et enfin
du Cartulaire de la ville d'Arbois, édité par M. StoufY en 1898. Voilà
donc, pour l'histoire de l'organisation judiciaire de la Franche-Comté
au moyen âge, une contribution des plus précieuses dont l'aridité est con-
sidérablement atténuée grâce à l'étude en trois chapitres que M. Cham-
peaux a placée en tête des textes qu'il reproduit. Le volume se ter-
mine par une table des ordonnances franc-comtoises rendues entre le
28 juin 1343 et le 12 novembre 1460 et par une excellente table alpha-
bétique des matières contenues dans ces ordonnances, qui facilite les re-
cherches.
— • La revue la Médecine internationale a publié dans sa livraison de
juillet dernier (p. 219-230) un curieux travail, signé D"" Rondelet [alias :
D' Cabanes) intitulé : Le Nestor de la chirurgie militaire : le baron Percy,
d'après des documents inédits. C'est à l'occasion de l'érection, que l'on
assure devoir être prochaine, d'un monument à Percy dans une des
cours de l'hôpital militaire du Val-de-Grâce, que l'auteur a voulu « faire
revivre en quelques pages l'extraordinaire carrière de ce héros dont la
bravoure n'eut d'égale que la simplicité ». Pierre-François Percy, né à
Montagney (Haute-Saône), le 28 octobre 1754, est mort à Paris le 18 fé-
vrier 1825. Toute son existence, brièvement retracée par M. Cabanes,
justifie à merveille l'opinion du médecin-inspecteur général Dujardin-
Beaumetz, qui a dit de l'illustre Franc- Comtois : « Il fut, tout à la fois,
un grand organisateur, un grand esprit, un grand chirurgien et un grand
cœur ». L'intérêt deTces pages réside surtout dans les lettres inédites
^ 188 —
de Percy, que l'auteur a extraites de sa collection personnelle et qu'il
a reproduites Ici; la figure du grand chirurgien se trouve ainsi éclairée
d'un jour particulier. Il convient de noter en outre les quatre gravu-
res, le fac-similé d'autographe et le portrait de percy par Boilley, qui
ornent cette excellente étude.
Languedoc. — Tout particulièrement intéressant nous paraît le fas-
cicule formant le premier semestre de l'année 1912 du Bulleiin de la
Commission archéologique de Narbonne (t. XII, Narbonne, imp. Gaillard,
1912, in-8 de xl-155 p., avec des reproductions d'armoiries). Et cela
parce que ce fascicule renferme les trois premières parties de la Biblio-
graphie de VAiide, par M. A. Sabarthès (p. 1-104). L'auteur s'est borné
à relever « exclusivement tout ce qui a été écrit sur l'Aude, les per-
sonnes et les choses de l'Aude ; le reste, quelle que soit sa valeur, a été
volontairement omis ». Les matières ont été ainsi cl assées : Bibliographie
générale. Sciences naturelles, Géographie, Sciences économiques, Histoire,
Droit et Jurisprudence, Littérature, Archéologie. Ce qui est présentement
publié va jusqu'à la Géographie et s'arrête au n° 985. Quand tout aura
paru, M. Sabarthès donnera quatre tables pour faciliter les recherches.
Nous ne doutons pas qu'il soit fait un tirage à part de cet instrument
de travail. — A signaler ensuite : Éloge funèbre de M. Gaston Gautier,
par M. G. Amardel, hommage rendu par le président de la Commission
archéologique à un confrère distingué (p. 105-111); — Les Monnaies
antiques intentionnellement oblitérées, par M. G. Amardel (p. 112-121); ■ —
Armoriai des évêques de Mirepoix, par MM. H. Mullot et H. Sivade
(p. 122-155, avec des reproductions d'armoiries).
Normandie. — M. E. Sevestre, en s'appuyant sur les nombreux et
irréfutables documents que fournissent les congrès diocésains, présente
un tableau très suggestif de l'histoire contemporaine de la Normandie :
Après la Séparation. La Vie religieuse en Normandie (Paris, A. Pi-
card et fils, 1912, in-8 de 27 p.). L'auteur étudie tour à tour les forces
catholiques des cinq diocèses de cette province, l'organisation des œuvres
dans chacun d'eux, leur vitalité et les résultats qu'on en peut attendre.
Il serait à souhaiter qu'un tel travail fût fait pour toute la France.
— Le Journal d'un voyage en Normandie, publié par M. J. Estrup
(Copenhague, Host, 1911, in-8 de 69 p.) est le récit d'un voyage accom-
pli en 1819 par un Danois, Hector Estrup, dont le petit- fils a publié
le journal de route à l'occasion des fêtes du Millénaire. Ce sont des notes
rapides cueillies sur le vif par un esprit aussi averti qu'impartial et
écrites sans prétention, d'une plume alerte et originale.
Poitou. ■ — Il vient de paraître un nouveau fascicule (le 2^ du tome IV)
du Dictionnaire historique et généalogique des fatnilles du Poitou, rédigé
par MM. Beauchet-Filleau et de Gouttepagnon (Poitiers, Société fran-
çaise d'imprimerie et de librairie, mars 1912, in-8, p. 161 à 320). Ses
160 pages d'un texte fort serré, sur deux colonnes, ne comprennent
qu'une partie des noms commençant par la lettre G (Girard-Gour-
jault). C'est que les auteurs ont réuni, touchant l'histoire de chaque
famille, un ensemble de faits et de dates très considérable; ils n'ont
pu le faire sans beaucoup de peine, car, pour la plupart, les généalogies
qui forment ce fascicule sont celles de modestes gentilshommes et de
bourgeois, personnages assez obscurs, dont les traces sont difficiles à re-
trouver. Il est regrettable que, dans un ouvrage aussi soigné
— 189 --
que celui-ci, les descriptions des armoiries ne concordent pas toujours
avec les figures qui les acconapagnent. (Voir les articles Girault de Crou-
zon, Le Godelier, Gourdon de Genouillac.)
Belgique. — Les abbayes bénédictines de Louvain (Mont-César) et
de Maredsous se signalent depuis quelques années par ujie admirable pro-
pagande liturgique qui porte déjà les plus heureux fruits : ^revues scien-
tifiques et de vulgarisation, publications nombreuses, retraites et semaines
liturgiques entretiennent et développent ce mouvement vers une vie
profondément chrétienne alimentée par les soins maternels de l'Eglise.
Mentionnons aujourd'hui un tract de propagande : La Liturgie en une
leçon, de Dom Jérôme Picard (Abbaye de Maredsons, Belgique, in-16 de
32 p.). L'auteur a placé dans leur cadre théologique, en une synthèse
vivante, toutes les parties delà liturgie dont la pratique, aimée parce
que comprise, fournira tous les détails. On ne saurait trop recomman-
der cet opuscule que l'abbaye de Maredsous peut céder à six centimes
l'exemplaire, s'il est pris en nombre.
Espagne. — Sous la direction du très distingué professeur et doyen
de la Faculté de Saragosse, don Eduardo Ibarra y Rodriguez, il se pu-
blie, depuis quelques années, une Collection de documents pour Vétude de
Vhistoire d'Aragon. Elle comprend quatre séries : 1° Documents ecclé
siastiques et royaux; 2° Règlements des villes, notamment les Ordenan-
zas de la ciuclad de Zaragosa en la Edad Media; 3° des documents rela-
tifs au « développement matériel et intellectuel >> de la province; 4° des
« Variétés ». — Cette dernière rubrique vient d'être inaugurée par un
volume d'histoire contemporaine : La Représentaciôn Aragonesa en la
Junta central suprema (25 septembre 1808, 29 janvier 1810). Ces docu-
ments, en grande partie inédits, sont tirés des curieuses archives de Alcala
de Henarès, qui furent transportées en 1897 à l'Archive historico na-
cional dé Madrid. Ils se réfèrent au rôle que jouèrent auprès de la junte
de gouvernement les deux députés de Saragosse : Don Francisco Palafox,
le frère aîné du célèbre Palafox, et Don Lorenzo Calbo de Rozas, jusqu'au
moment où une émeute, à Séville, en janvier 1810, dispersa cette junte
et la remplaça par une Régence. L'éditeur, l'abbé don Pedro Longas
Bartibas, docteur en histoire, a dirigé avec le plus grand soin sa publi-
cation; il l'a fait précéder d'une étude d'ensemble, très claire et très
nette, indiquant les sources, les discutant; il l'a fait suivre d'un très
bon Index alphabétique; l'ensemble de ce volume (xxxvii-255 pages
in-8) fait honneur à la collection que nous indiquons (dont il forme le
tome Vile) ; il fournit des pièces curieuses, précises et, jusqu'à ce jour,
-inconnues sur les premières années de la guerre de l'indépendance.
États-Unis. — C'est vraiment répéter une constatation déjà faite à
bien des reprises que de dire l'intérêt du rapport annuel pour l'année
1908-1909, du bibliothécaire de la Bibliothèque du Congrès. Intéressant
par lui même, et montrant le développement de la grande bibliothèque
américaine, durant les douze mois qui s'étendent du l*^"" juillet 1908
au .30 juin 1909, ce rapport devient plus précieux encore à qui en lit
les appendices, parmi lesquels il convient de citer particulièrement celui
qui a trait à la propriété littéraire (il est très développé et très docu-
-menté) et celui qui contient la liste des acquisitions nouvelles en ma-
nuscrits de la Bibliothèque du Congrès {Library of Congress. Report of
the Librarian of Congress and report of the superintendent of the Library
— 190 —
Builditigs and Grounds for the fiscal year ending June 30, 1909. Washing-
ton, Government printing office, 1909, in-8 cartonné de 228 p., avec
1 grav. et 6 plans).
— La Bibliothèque du Congrès poursuit la publication de ses cadres
de classement. Nous avons sous les yeux deux nouvelles séries : la classe
A, qui s'applique à la Polygraphie et aux Généralités (Library of Con-
gress. Classification. Class A. General works. Polygraphy. Washington,
Government printing office, 1911, in-4 de 63 p.) et la classe L, relative
à l'Éducation [Library of Congress. Classification. Class L. Education.
Ibid., 1911, in-4 de 161 p.). Dans la première série, qui ne porte pas
de nom d'auteurs, rentrent, avec les encyclopédies, les collections, les
revues et périodiques, les sociétés savantes, les almanachs. Dans la se-
conde, à l'établissement de laquelle ont tour à tour collaboré MM. J. C.
Borg, W. D. Johnson, A. F. M. Schmidt et J. D. Wolcott, les grandes
divisions suivantes ont été adoptées : L. Généralités; LA. Histoire de
l'éducation; LB. Théorie de l'éducation et principes d'enseignement; LC.
Formes diverses de l'éducation, aspects sociologiques, etc.; LD-LG. Uni-
versités, collèges et écoles par pays ; LH. Périodiques spéciaux; LJ. Fra-
ternités scolaires et publications qui en émanent; LT. Heures classiques.
— • L'Annuaire de l'Université catholique d'Amérique pour 1912-1913
[The Catholic University of America year-book. Washington, published by
the University, 1912, in-8 de 216 p., avec plan) nous apporte sur le per-
sonnel et l'organisation de cette grande institution des renseignements
pleins d'intérêt. De 1889, date de sa constitution définitive, à 1911,
l'Université n'a pas conféré moins de 697 diplômes, dont 9 de docteurs en
théologie, 16 de docteurs en droit, 32 de docteurs en philosophie. Le cha-
pitre des fondations qui s'ouvre avec la donation princière de 300.000
dollars faite en 1885 par Miss Mary Gwendolin Caldwell, aujourd'hui
M"^e (jes Moustiers de Mérinville, et qui reste toujours ouvert (la dernière
donation indiquée est de 1912), nous fait souhaiter de trouver chez nous
des encouragements aussi généreux. Nous arrivons à un total d'environ
1.300.000 dollars.
Publications nouvelles. — Le Pain évangélique, explication dialo-
guée des évangiles, par l'abbé E. Duplessy. T. IIL De la Saint-Pierre à
V Avent (in-18, Téqui). — La Prédication contemporaine. Pensées et con-
seils homilétiques, par Mgr de Keppler; trad. de l'allemand par l'abbé L.
Douadicq (in-12, Lethielleux). ■ — La Vie spirituelle, ou V Itinéraire de
Pâme à Dieu, par le P. P. Malige (3 vol. petit in-8, Lethielleux). —
Manuel des ttiissiofis paroissiales, par l'abbé J. Sabouret fgr. in-8, Des-
clée, de Brouwer). — Histoire de la philosophie ancienne, par G. Sortais
(petit in-8 cartonné, Lethielleux). — VEsiglio di saut' Agostino, da L.
M. Billia (in-8, Turin, Fiandesio). ■ — L'Œuvre de Frédéric Le Play, par
L. de Montesquiou (in-16, Nouvelle Librairie nationale). • — Le Rapport
social, essai sur l'objet et la méthode de la sociologie, par E. Dupréel (in-8,
Alcan). — Le Luxe, par F. de Béthune (in-8, Fischbacher). ' — Passage de
V électricité à travers les ga3, par J.-J. Thomson; trad. de l'anglais par R.
Fric et A. Faure (gr. in-8, Gauthier- Villars). — Mémoires sur Vélectri-
citè et Voptique, par A. Potier; publiés et annotés par A. Blondel (gr.
in-8, Gauthier- Villars). — Précis d'optique, publié d'après l'ouvrage de
P. Drude, refondu et complété par M. Boll. T. II (gr. in-8, Gauthiew-
Villarsl. — Œuvres de Charles Hermite, publiées par E. Picard. T. HT
(in-8, Gauthier- VillarsL — L'Éducation physique, ou l'Entrainement com
— 191 —
plet par la méthode naturelle, par G. Hébert (in-8, Vuibert). ■ — La Pêche
au bord de la mer, par L. Jouenne et J. -H. Perreau (in-18 cart., Baillière).
— Les Maîtres de la musique. Jean- Jacques Rousseau, par J. Tiersot
(petit in-8, Alcan). — La Ville au bois dormant, par G. Audigier (in-18,
Dorbon-aîné). — Au fil du rêve, par J. Delom de Mézerac (in- 16, Jouve),
— ■ J'entends des appels mystérieux, par A. Cheylac (in- 16, Messein). —
Sensations, par P. Costel (in-16, Messein). — Dix Levers de rideau, say-
nètes et comédies en un acte, par H. Le Pointe (in-16, Jouve). • — Scènes
vécues, pièces en vers et en prose, par L. Julien (in-16, Jouve). — Ma-
nuel théâtral des œuvres, patronages et pensionnats, par H. Morienval
(in-8, Ilaton). — Les Dieux ont soif, par A. France (in-18, Calmann-
Lévy). — Un Pèlerin d'Angkor, par P. Loti (in-18, Calmann-Lévy). ■ —
Fraîcheur, par Gyp (in-18, Calmann-Lévy). — Madeleine jeune femme,
par R. Boilesve (in-18, Calmann-Lévy). — Le Miracle des perles, par
M. Alanic (in-12, H. Gautier). — La Mystérieuse Aurore, par B. de Buxy
(in-12, H. Gautier). — Le Château du mystère, par A. Bruyère (in-12,
H. Gautier). — Les Vacances de Suzette pour 1912 (petit in-18, H. Gau-
tier). — Au Moulin de Virelune, par P. Billaud (gr. in-8. Bonne Presse).
— La Rançon de la gloire, par L. Barracand (gr. in-8. Bonne Presse). —
Lettres de Louis Veuillot à M^^^ Charlotte de Grammont, publiées avec
Introduction et notes par J. Calvet (petit in-8, Lethielleux). — Une
Amie inconnue d'Eugénie de Guérin. Coralie de Gaïx. Correspondance et
œuvres, publiées avec notes et portrait, par le baron de Blay de Gaïx.
Introduction par A. Praviel (petit in-8, Champion). — La Fontaine,
textes choisis et commentés, par E. Pilon (in-16, Plon-Nourrit). — Les
Grands Ecrivains français. Lamartine, par R. Doumic (in-16. Hachette).
— Sur la vie (Essais], par A. Suarès (in-18, Émile-Paul). — E?i Ecosse.
Sites, légendes et récits, par A. Baraudon (in-18, Stock,'. ■ — La Syrie,
par K. T. Khaïrallah (in-8, Leroux). — Le Tibet révolté. Vers Népé-
makô, la terre promise des Tibétains. Lnpressions d'un Tibétain en France,
par J. Bacot (in-8, Hachette). — Une Colonie modèle; la Rirmanie sous
le régime britannique, par J. Dautremer (in-8, Guilmoto). — Le Maroc
physique, par L. Gentil (in-16, Alcan). — Sous la Croix-du-Sud, par le
prince Louis d'Orléans-Bragance (in-8, Plon-Nourrit). -^ Dans l'Atlan-
tique, par H. Dehérain (in-16. Hachette). • — Les Papes à travers les âges.
I. De saint Pierre à saint Hygin, par E. Lacoste (gr. in-8,' Bonne Presse).
— L'Église wisigothique au vii^ siècle, par E. Magnin (in-12, A. Picard
et fils). — Origines et formation d^ la nationalité française, par A. Lon-
gnon (in-12, Nouvelle Librairie nationale). — Histoire d'Alsace, par R.
Reuss (petit in-8, Boivin). — Mon Vieux Rlois. Essai sur les origines
de Rlois, par J. Perrochot (in-18, imp. Migault). — Étude sur Jeanne
d'Arc, par Mgr A. Fabre (in-8, Chéronnet ; Saint-Denis, Dubourg). —
Les Sources de l'histoire de France, xvi^ siècle (1494-1610), par H. Hau-
ser. III. /.es Guerres de religion (1559-1589) (in-8, A. Picard et fils). —
Lx France et le Saint-Empire romain germanique, depuis la paix de West-
phalie jusqu'à la Révolution française, par B. Auerbach (in-8, Champion).
— Manuel pratique pour l'étude de la Révolution française, par P. Caron
(in-8, A. picard et fils). — Procès-verbaux de la Commission temporaire
des a'îs, publiés et annotés par L. Tuetey. T. I. 1^'' septembre 1793-30
frimaire an III (gr. in-8, Leroux). — Notice sur le comte Stanislas de
Cler mont-Tonnerre, député aux États généraux, par le marquis de Château-
brun, in-18, Champion). — Mémoires de la marquise de Nadaillac, du-
— 192 —
chessc d'Escars, suicis des Mémoires inédits du duc d'Escars, publiés par
son arrière-petit- fils le colonel marquis (Je Nadaillac (petit in-8, Émile-
paul). VeuiUot, par L. Dimier, in-18 (Nouvelle Librairie nationale).
1896-1901. Petits Mémoires du temps de la Ligue, par H. de Bruchard
(in-18, Nouvelle Librairie nationale). — La Prochaine Guerre, par C.
Malo (in-8, Berger-Levrault). — Les Armées des principales puissances,
au printemps de \9V1 f petit in-8 cartonné, Imhaus et Chapelot).
ViSENOT.
Le Gérant : CHAPUIS.
Imprimeria polyglotte Fr. Simon, Ronnea— Paria.
POLTBIBLION
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE UNIVERSELLE
PUBLICATIONS RÉCENTES SUR L'ÉCRITURE SAINTE
ET LA LITTÉRATURE ORIENTALE
1. La Chronologie rectifiée du règne de Hammourabi, par le P. Scheil. Paris, C.
Klincksieck, 1912, in-4 de 12 p , avec une héliogravure, 1 fr. 50. — 2. Lie Be-
deutung Richard Simons ; U ■ die Pintateuchkritik, \on Friedricu Stummer ( Alttes-
tanientliche Ahhandlungen de Nikel, t. III, fasc. 4). ! û ister im Westphalien,
AschendorfV 19Î2, in-8 de vii-146 p., 5 fr. — 3. L'Erreur de traduction prouvée
par le moi lÛ^^ Suite d' « Une Erreur de traduction dans la Bible ", par S.
Ferarfs. Paiis, Dui lâcher, 19! 2, petit in-8 de .39 p. — 4. La Durée de Vannée
biblique et V origine du mot nJ"(27, par le même. Paris, Dui lâcher, 1912, )n-8
de 24 p. — 5. Neue griechisch-srllische Evangelienfrogmente ve ôTentHcht von
Joseph Michael Heer (Sonderbiuck aus Oriens christianus, neue Sarie, il, 1).
Leipzig, Harrassowitz, 1912, in-4 de 47 p , avec 2 fac-similés de manusciits. —
6. Jésus a-t-il vécu? Controverse religieuse sur « le Mythe du Christ », ayant eu
lieu à Berlin, au jardin zoologique, les 31 janvier et !«■' féviier 1910, par le.s
soins de V Union nioniste allemande. Neuf Discours, p ononcés par Arthur Deews,
H. VON SoDEN, 'r Stludel, G. HoLLMANN, Max Fischer, Fr. Lipsius, h.
Fra.vcke, Vu. Kappstein, Max Maurenbreche!, ; t-aduit par AiiMA^o Lip-
MAN. Paiis, Messein, 1912, in-12 c'e 181 p., 1 fr. 50. — 7. Le Discours de Jésus
sur la montagne, par l'abbé Stanislas Gamber. Paiis, Lethielleux, s. d. (1912),
in-l2 de 166 p., 3 fi'. — 8. Jésus-Christ, sa vie, soti temps, par le P. Kippolyte
Leroy (Leçons c' Écriture sainte piCchées aux Gc'^û de Paiis et de Biuxelles).
Année 1910. Paiis, Beauchesne, 1912, in-16 de 430 p., 3 fr. ^9. Introduction aux
paraboles évangéliques, par le P. D. Buzy (Études bibliques). Paris, Lecoffre,
Gabalda, 1912, in-12 de xxiii-476 p., 4 fr. — 10. La Théologie de saint Paul,
par F. Prat. 2<>pa!tie. Paris, Beauchesne, 1912, in-8 de vni-579p., 7 fr. 50. —
11. Za Loi et la foi. Etude sur saint Paul et les juc- î;ants, par A. de Boysson,
Paris, Bloud, 1912, in-12 de viii-339 p., 3 fr. 50. — 12. Les Odes de Salornon.
Une Œuvre chrétienne des environs de Van 100-120. Traduction française et Intro-
duction historique par J. Labourt et P. Batiffol. Paris, Lecoffre, Galialda,
1911, gr. in-8 de viil-123 p., 4fr. — 13. LaD.discalie des douze apôtres, traduite
du syriaque pour la première fois par F. Nau. 2^ c dit., revue et pugmentée.
Paris, Tr-thielleux, 1912, in-8 dp xxxii-26'i p., 8 fi. '**'''^.
1. * — C'est à l'aide de la littérature juridique du deuxième millé-
naire avant njtre ère que le P. Scheil, dt ns vn mémoire lu à l'Aca-
démie des inscriptitins et belles-lettres : La Chronologie rectifi.ée du
règne de Hammourabi, a pu rectifier les dates, jusqu'alors connues,
de ce règne. A défaut d'ère usitée, les contrats et pièces de compta-
bilité des Suméro-Accadicns et des Assyro-Babyloniens, dès cette
époque r^îulée, sont datés presque tous par une formule se rappor-
thni. à un événement considérable et personnifiant l'ann'e cou-
rante, par exemple « l'année que le roi creusa le canal Arahtoum ».
Ces formules étaient promulguées, par autorité publique, dans les
premiers jours de l'année, en rapport avec des faits prévus. Parfois,
la prise d'une ville, la défaite d'un ennemi servaient rétrospective-
ment à nommer l'année dans laquelle elles étaient arrivées. Une
Septembre 1<»12. T. CXXV. 1^!.
— J94 — • . ,
ann'^e blanche, c'cst-.à-dirc Ocoulce sans événement remarquable^
était dite cadette ou soiis-cadette de la procède ntc qui était exactement
datée. Si, au cours des mois, survenait vn fait frappant, en pouvait
s'en servir pour désir n':'r l'ann'e courante, mais la dataticn primi-
tive persévérait simultan'mtnt. Nous ne ccnnaissons pas encore les
nniis de toutes les ann'es et nous ne pouvons pas toujours établir
leur suite chronologique^. Mais, sur 43 ann'es du règne de Ham-
mourabi, 36 sont nommées par les contrats venus à notre connais-
san-^e. De plus, des listes récapitulatives donnant la èuite chronolo-
gique de 35. L'une, qui provient des fouilles du P. Scheil à Sip-
par, se trouve au musée de Constantin jple et trais autres sont
conservées au Musée britannique. Mais un document qui appartient
au savant membre de 1" Institut est un itiventaire presque complet
de tous les titres des années de Hammourabi; il comble des lacunes,
dissipe des doute^ rectifie le classement adopté par les assyriolo-
gues et fixe les gran les lignes de ce règne si florissant. Aussi le
p. Scheil en donne-t-il une transcription et une traduction avec une
héliogravure du document. Il fait remarquer que les savants qui
identifient Hammourabi avec Amraphel de la Gen?se pourront placer
son expédition dans l'ouest à la 39® ann-e de son règne. Aucune
ann e n'est datée de la promulgation du fameux code que le P. Scheil
a déchiiïré le premier. Cette codification, dont la découverte a si
vivement intéressé nis con'îemporains, n'aurait donc été pour les
sujets et même pouT les conseillers de Hammourabi « qu'un effott
assez banal de scribes sur des rudiments ^jui depuis longtemps cou-
raient parmi eux », et ne leur aurait pas paru digne de mémoire.
2. — A l'occasion du deuxième centenaire de la mort de Richard
Simon (11 avril 1712), M; Stummer publie un travail, couronné en
1909 par la Faculté de théologie catholique de AVurzbourg, sur la
place tenue par ce célèbre critique et sur la portée de ses écrits par
rapport à la critique du Pentateuque : Die Bedeuiung Richard Si-
mons fur die Pentateuchkritik. Dans une première partie, il expose
l'état antérieur de la question, dans l'antiquité (chez les Juifs et les
Pères de l'Église), au moyen âge (dans les écrits d'j^benesra et de
Tostat), au temps de la Réforme (chez les réformés et parmi les catho-
liques, Uftamment au sujet de l'âge et de la valeur du Pentateuque
samaritain) et chez les prédécesseurs imnif^diats -de Richafd Simon
(Thomas Hobbes, Isaac de la Peyrère et Baruch Spinoza). La se-
con le partie, qui forme le centre du mémoire, traite en deux cha-
pitres des vues du ■ fameux oratorien, dans son Mtstoire critique du
Vieux Testament, parue en 1678, sur la composition et la conser-
vation du Pentateuque, sur l'â-ge et la valeur du Pentateuque sama-
ritain, puis de ses polémiqwes à oe sujet avec ses contemporains. Le
— 195 —
p. Simon prouvait, par le continu mânc du Pcntatevquo, que son
texte ne nous était pas parvenu dtns scn état primitif, mais qu'i.l
portait des traces de retouches faites postérievremcnt ptr des « écri-
vains publics », dont l'existence en Israël remontait au temps de
Moïse. Moïse lui-même avait rédigé la Genèse d'après des récits anté-
ri'eurs, oraux ou écrits, aussi bi(n ejr.e toutes les lois et les ordon-
nances cont(nues dans les cinq livres qui lui sont attribués. Les évé-
nements de son temps avaient été rédigés sur son ordre, pat des écri-
vains inspirés, en une sorte de journal ou d'annales, dont le livre des
guerres de Jahvé pouvait être une partie. Ces récits ou mémoires
contemporains auraient été compilés, abrégés et complétés du temps
d'Esdras par les « écrivains publics » de cette époque, de manière à
former les livres historiques du Pentateue[ue, tels que nous les possé-
dons. En outre, R. Simon ne voyait dans le Pentateuque samaritain
qu'une recension conservée dans l'ancienne écriture et retouchée en
quelques passages seulement du texte hébreu, transcrit en carac-
tères carrés, ou même une copie, un peu altérée, de l'original. Ces
vues, en partie nouvelles, suscitèrent de ^àves polémiques dans
lesquelles le jansénisme n'était pour rien, à l'encontTe de ce que dit
M. Stummer (p. 5&). Elles surgirent de différents côtés, des rangs des
conservateurs rigoureux, de la part des protestants Spanheim et
Vossius, du milieu de critiques plus avancés, les théologiens de Hol-
lande, par la plume du socinien Jean Le Clerc, qui rejetait surtout
l'existence des a é<;rivains publics » et dépassait R. Simon, puisqu'il
attribuait lé Pentateuque à un autemr moderne, au prêtre israélite
envoyé par Salmanazar aux Cuthéens, transportés à Samarie, et se
servant de documents antémosaïques, mosaïques et post mosaïques, en-
fin du côté catholique, de la part du seul Ellies Dupin, qui soutint
la Composition du Pentateuque entier par Moïse et réduisit au mini-
mum les additions ou mcdifications faites à son texte. R. Simon
fit vaillamment face à tous ses adversaires et profita de leurs
attaques pour mettre ses idées personnelles en meilleure lumière.
Notons que le titre de « prieur de Bolleville )> qu'il prit, en 1685, dans
Sa Réponse aux Sentiments de quelques théologiens de Hollande, n'est
pas un pseudenj'me, comme il est dit (p. 74), mais un titre véri-
table, R. Simen étant vraiment titulaire du petit bénéfice de Bolle-
ville en Normandie. La troisième partie traite de 1 influence du P.
Simon dans l'histoire de la critique du Pentateuque. Ses idées furent
adoptées et développées, au wiii^ siècle et au ccmmenccmcnt du
xix^", par Jean Astruc, Jean Salomon Scmler et Jean Godefroi
Eichhorn. Pour eux, le fond du Pentateuque était mosaïque, seule la
forme du livre était postérieure'. La critie[ue documentaire conser-
vatrice du début du xïx«^ siècle conservait encore, Sf ns s'en rendre
— 19G —
compte, quelques-unes des kit es de R. Sim( n; mais Iccole l'volu-
tionniste, qui se rattache aux noms de Reuss, de Graf et de \\'ell-
hausen, ou la nouvelle critique documentaire, a pris la contre-partie
des conclusions de R. Simon, puisque, pour elle, 1 histoire et la
législation, dites mosaïques, dérivent de documents historiques et
législatifs, postérieurs à Moïse. Les critiques récents ont cependant
tous admis le sentiment de l'ancien oratorien sur le Pentateuque
samaritain. L'étude de M. Stummer remet donc exactement le cri-
tique catholique du xvii^ siècle à sa place dans la question brû-
lante de l'authenticité mosaïque du Pentateuque. Son appréciation
est plus juste que celle de l'abbé Margival, qui avait mis sc-n senti-
ment personnel sous le patronage de R. Simtn et dent les articles
ont été réunis en volume (ce qu'ignore M. Stummer). Le P. Simon
n'était pas vn rationaliste ni un n.'gateur de l'authenticité mosaïque
du Pentateuque. 11 continuait l'œuwe des grands commentateurs
jésuites du Pentateuque, et c'est lui faire injure que de le rapprocher
de l'école de Wellhausen. Il est curieux que ses vues, hormis celle
des écrivains publics résumant le Pentateuque au temps d'Esdras,
peuvent aisément se concilier avec la décision de la Commission
biblique touchant l'origine du Pentateuque. R. Simon était donc, au
sujet des livres de Moïse, un critique ccnservateur.
3. — M. Ferarès croit avoir découvert dans l'Exode, XXIIT,
19; XXXIV, 26, et dans le Deutértnome, XIV, 21, une erreur de
traduction, et au lieu de traduire ces passages bibliques, comme on
le fait depuis des siècles, dans le sens de faire bouillir le chevreau dans
le lait de sa mère, il propose de les entendre de la défense de man-
ger cet animal, tant qu'il tette encore sa mère. La défense mo-
saïque, d'humanitaire qu'elle apparaissait, devient simplement hygié-
nique. Comme son Erreur de traduction dans la Bible a obtenu peu
de succès, il y ajoute une suite : L'Erreur de traduction prouvée par le mot
h'Z'2. Il étudie donc toutes les diverses apphcations de ce verbe
dans la Bible. S'il a le sens g('n'ral de cuire ou de préparer des ali-
ments par Tactil n du feu, il signifie rôtir ou griller cjuand il est
accompagné du mot feu, ou bouillir dans l'eau, ou enf^n préparer un
mets lorsque le complément direct est indéterminé. 11 aurait donc
ce sens dans l^s passages bibhques en question, et il ne signifierait
pas bouillir d- n^^ le lait, d'autant plus qu'il ne s'agit pas de lait, mais
du temps de l'allaitement. L interprétation précédemment proposée
est donc justifiée par une démonstration purement grammaticale.
M. Ferarès répond ensuite à quelques critiques qui lui ont été faites
sur l'origine de l'explicatif n cour&nte. Si elle était connue à Alexan-
drie du temps de Philon, le silence de Josèphe montrerait qu'elle
était inconnue à Jérusalem vers l'an 100 de notre ère. Elle aurait
- 197 -- •
donc pris naissance à Alexandrie et ne serait pas primitive.' Toute-
fois, elle na aucun rapport avec la magie, et, selon M. Ferarts, cette
loi culinaire aurait été adoptée et imposée après la dispersion d'Is-
raël au milieu des païens, comme un signe distinctif de la nationa-
lité et de la religion juive. Cette prescription rabbinique ne 'pourrait
donc être considérée que comme une loi d'exception. Elle ne serait
pas constitutionnelle et n'aurait été portée, à l'époque la plus dan;;e-
reuse pour l'existence d'Israël, qu'en vue de protéger la nation juive.
Aujourd'hui que le danger n'existe plus, on devrait revenir à la loi
mosaïque, bien interprétée, et abandonner une pratique inconsti-
tutionndle, eût- elle duré seize siècles. Ce serait une petite révolu-
tion chez les fervents du judaïsme. Il reste à se demander, avant de
la corriger, si cette erreur de traduction ou de tradition est aussi
fortement appuyée que le prétend M. Ferarès.
4. — Avec moins de raison encore, le même écrivain s'occupe de
la Durée de Vannée biblique et de l'origine du mot r\2'C- H veut
prouver que ce mot ne désigne pas dans le Pentateuque la même
mesure de temps, qu'il y a, dans ce livre, la preuve d'un changement
dans la durée de l'anni-e et que l'étymologie du mot indique sa
durée, sinon à l'origine, du moins à une époque très reculée. En
remontant de la sortie d'Egypte à Abraham, on constaterait que
l'ann'e était de sept mois. Avant Abraham, l'ann'^'e, d'après léty-
pnologie du mot hf breu, qui signifierait « doubler », représentait
)robablement un cycle de deux lunaisons, et cette durée cadrerait
très bien avec la généalogie de Sem. La preuve du changement
ïerait donn- e, Gen., XVIII, 11, à propos de l'âge d'Abraham
et de Sara, indiqué d'après le cycle d'Ur qui est inférieur au cycle
le Canaan. Seul, dans le Pentateuque, hormis les récits antédi-
luviens, le Deutéron^ime parle du onzième mois, I, 3, donc de
l'ann'e solaire; mais « nous savons que ce livre date de l'époque
d'Ezra » (p. 22). Ce serait l'auteur du Deutéronome qui aurait donné
force de loi à l'ann'e solaire. Ces conclusions sont purement fantai-
sistes et n'ont pas dans le Pentateuque la base qu'on veut y trou-
ver.
5. — La bibliothèque de l'Université de Fribourg en Brisgau pos-
sède, depuis 1911, parmi un lot de papyrus, cinq feuillets de par-
chemin qui reproduisent des leçons liturgiques en grec et en sahidi-
que, tirées des Évangiles de saint Luc et de saint Marc pour l'octave
de Pâques. On ignore leur provenance, mais ils ressemblent aux
manuscrits exhumés à Akhmîm. M. Heer en a édité le texte, après
avoir donn- deux fac-similés du manuscrit : Neue griechisch-saï-
dische Evangelienfragmente. Ce sont les morceaux suivants : Luc,
XXIV, 1-12, en sahidique; XXIV, 3-12, en grec; Marc, XVI, 2-20,
— 198 —
dans les doux langues; Luc, XXIV, 36, 37, en grec seulement. Sans
parler des variantes, indiquées dans les notes, l'éditeur a tradviit en
latin le texte copte et en grec les versets i et 2 de Luc, XXIV, qui
ne Sun': pas transcrits en cette langue. Il a fait précéder son édition
d'une très érudite Introduction, dans laquelle il étudie le manuscrit
bilingue au point de vue paléogï'aphique, le texte qu'd contient et
le système liturgique qu'il représente. Notons les particularités prin-
cipales seulement. Au lieu d'être écrits sur des pages parallèles,, les
deux textes se suivent; mais certains indices permettent de conclure
que le manuscrit a été copié sur un archétype, sur lequel les deux
textes étaient disposés parallèlement. Les lettres sont des onoiales.
La version sahidique, quoique ayant ses particularités, ressemble
d'assez près au texte grec dont elle est rapprochée. Le plus curieux
est que les deux finales de saint Marc, la courte et la longue, sont
reproduites dans les deux textes comme variantes après XVI, 8, et
c'est pour la première fois que le long texte sahidique se rencontre.
Au point de vue liturgique, les deux textes appartiennent aux leçons
pascales et constituent les péricopes évangéliques, lues les 5^, 6^ et
7^ jours de l'octave de Pâques. Cette distribution ne rentre dans
aucun des systèmes liturgiques connus jusqu'à présent. Sur tous ces
points, notamment pour la critique textuelle, M. Heer multipUe les
rapprochements avec les manuscrits bibhques en toutes les langues.
Son Introduction est un appoint considérable à la critique des Evan-
giles.
6. — Voudrait-on introduire en notre pays la controverse qui,
depuis deux ans, sévit en Allemagne, sur l'existence historique de
Jésus Christ? La traduction française de neuf discours, prononcés à
Berlin, les 31 janvier et l*^"" février 1910, publiée sous le titre :
Jésus a-t-il véciû ne réussira certainement pas à ouvrir chez nous
la discussion; le bon sens français ne se préoccupera pas des rêveries
extravagantes de quelques Allemands. Le groupe berlinois de \ Union
moniste allemande a donc réuni, aux jours indiqués plus haut, une
con'"érence, à laquelle le grand public était invité pour entendre dis-
cuter contradictoirement le problème de l'existence historique de
Jésus. Sans parler des allocutions du président Vielhaber, un moniste
de Berlin, n':'uf discours furent prononcés. Artliur Drews ouvrit le
débat et soumit à la discussion cinq thèses sur le dieu Jésus et sur
son culte, antérieurs à l'ère chrétienne, et sur les témoignages de
saint Paul et des Evangiles touchant un Jésus « historique «. Dans sa
conférence, il avait jeté des doutes sur Tauthenticité des Epitres
de l'apôtre^ rabaissé à plaisir la date des Évangiles (ainsi celle du
quatrième à l'an 140, p. 26) et nié la valeur de la tradition évan-
gélique. Xous n'aurions, selon lui, auci n mot authentique de Jésus
— 199 —
(p» 30). Paul ne connaît pas ua Jésus « historique «, mais un être
divin. Il n? l'a pas inventé. Ce dieu Jésus était antérieur au chris-
tianisme et remontait jusqu'à Josué; Paul en a fait seulement un
homme idéal, et ainsi le mythe de l'homme-dieu s'ofîrant en sacri-
fice pour les hommes s'est transformé en histoire vécue d'un homme
réel. Les témoignages de Josèphe, de Suétone et de Tacite sur Jésus
ne sont pas authentiques. M. Drews prétend même que le Talmud ne
mentionne pas le nom du rabbi de Nazareth (p. 45). La lettre de
Phne à Trajan a elle-même été fabriquée, comme les correspondances
entre Si'nèque et Paul, entre Pilate et Tibère. C'est par de tels pro-
cédés de négation qu'il peut conclure que la réalité historique de Jésus
n'est pas suffisamment attestée. La discussion qui suivit fut par-
tagée entre les adversaires et les partisans de Thistoricité de Jésus.
Hermann von Soden fit une solide réplique à Drews et n'eut pas de
peine à montrer la valeur des témoignages païens et chrétiens en
faveur de l'existence de Jésus, et l'inanité des prétendues preuves du
culte du dieu Jésu& avant l'ère chrétienne. Il a soutenu aussi l'au-
thenticité des paroles de Jésus et réfuté l'explication proposée de la
formation de la personnalité historique de Notre- Seigneur. Steudel
abandonne le Jésus préchrétien de Drews, mais contre l'histoire
évangéhque de Jésus il fait valoir le silence de saint Paul et de
l'histoire contemporaine; puis, il discute la portée de la tradition
synoptique, en s'arrêtant sur le récit de la Passion, qui lui paraît
contraire à la loi juive alors en vigueur, et il dit un mot des sen-
tences rapportées du Sauveur. G. Hollmann fait ressortir avec jus-
tesse que saint Paul, quoiqu'il envisage toujours le Christ ressuscité
et glorifié auprès de son Père, affirme que cet être spirituel et divin
a été homme sur terre. M. Drews revient défendre son Jésus préchré-
tien et le mythe du Christ, et il s'elîorce de répondre aux arguments
de M. Hollmann. Max Fischer reprend la défensive, mais son dis-
cours contient des vues propres aux théologiens libéraux, vues qui
sont contestables et donnant des gages à la critique n'gative
qu'elles contredisent. Lipsius soutient vn christianisme moderne^
qui n'a rien de commun avec le Jésus de l'histoire ni avec le chris-
tianisme primitif. Hans Franc ke conteste les idées de Lipsius
et affirme que le christianisme modems ne peut être indépendant
de Jésus et de sa doctrine. Un pubhciste berhnois, Théodore Kapp-
stein, vient dire que le christianisme actuel (celui de certains pro-
testants, assurément) ne s'occupe guère du Christ historique. Max Mau-
renbrecher, d^Erlangen, déclare que le Jésus historique peut encore
nous intéresser, mais qu'en fait on ne s'en occupe plus, et que, pour son
comp'e, il admet 1 influence historique du mythe du dieu sauveur res-
suscité sur la formation du christianisme. Enfin, Drews résume briève-
I
— 200 —
ment à son point de vue les conclusions de la discussion. Cette confé-
rence contradictoire a mis aux prises des théologiens libéraux qui ont
soutenu l'existence historique de Jésus, avec les tenants du mythe
du Christ, dont les affirmations ne sont pas prouvées. Elle a aussi
fourni à des partisans dun christianisme moderne, indépendant de
Jésus et du christianisme primitif, l'occasion d'énoncer leurs idéea
personnelles sur la religion chrétienne. 11 en ressort qu'ils ne sont plus
chrétiens que de nom. Quoique les tenants du mythe se soient ima-
ginés avoir triomphé, les théologiens libéraux (les orthodoxes n'é-
taient pas venus) ont seuls présenté de sohdes arguments, et un
lecteur sérieux se ralliera à leurs principales conclusions. Quant au
nombreux public, il a montré, par ses applaudissements également
accordés aux divers orateurs, qu'il ne s'intéressait pas au fond du
débat et qu'il assistait seulement à \ n spectacle, en curieux. Son
indifférence religieuse est un indice de l'état d'esprit d'une partie
de la société berlinoise.
7. — Pour faire mieux C( nnaître en son entier le Discours de Jésus
sur la montagne, M. le chanitine Gamber, de Marseille, en pubUe une
traduction française, accompagne de notes explicatives et précédée
d'une Introduction dans laquelle il fait ressortir les caractères,
l'esprit et la doctrine de ce discours. Il n'y a rien en tout cela que
de fort édifiant. Notons seulement que, contrairement à l'avis des
commentateurs cathohques les plus orthodoxes, qui voient dans le
sermon sur' la montagne un recueil d'enseignements dt'nn's par
Notre-Seigneur en des rencontres différentes, M. Gamber pense que
le discours a été prononcé tout d'une fois, tel qu'il est reproduit.
Saint Matthieu aurait plutôt omis qu'ajouté quelque chose et saint
Luc aurait mieux conservé le genre du discours. On ne trouvera
dans ce volume, imprimé sur beau papier, aucun détail d'exégèse,
mais l'exposé clair et exact de la doctrine prêchée sur la montagne
par le divin Maître.
8. — Le P. Leroy continue la pubhcation de ses Leçons cVÊcriture
sainte, prêchées aux Gesù de Paris et de Bruxelles, sur Jésus-Christ,
sa vie, son temps. Celles de 1910 vont de Gethsémani à la condam-
nation à mort de Jésus. Les deux premières traitent de l'agonie, de
l'assaut de Satan et de la victoire de Jésus. Les huit autres roulent
autour des principaux personnages de la Passion : Judas, Anne,
Caïphe, Pierre, le Sanhédrin, Pilate, Hérode, Barabbas. Pour ma
part, je trouve inconvenant d'attribuer à Satan (p. 43-46 et 56) le
combat de l'agonie, comme aussi de parler du Père irrité contre son'
Fils (p. 36), ce Fils fût-il chargé des péchés de l'humanité entière.
D'ailleurs, toute la reconstitution psychologique de l'agonie est pré-
sentée sans aucune explication, de telle sorte qu'un lecteur non averti
— 201 —
pourrait croire qu'elle est contenue dans rÉvano-ile. Tous les détails
n'en sont pas également vraisemblables, et notamment le dialogue
imagin'' entre l'ange et Jésus (p. 70-73) est une pure mise en scène
del'orateur. Gelui-ci sait que l'épreuve avait duré deux heures environ
(p. 68, 70). Quelques données exégétiques sont aussi contestables, par
exemple la date du 13 nisan fixée pour la Pâque chrétienne, avant-
veille de la Pâque juive (p. 5). L'auteur compte les jours à notre
façon, puisqu'il fait commencer le 14 nisan à minuit (p. 134) et la
Pâque au lendemain (p. 313). Dans les huit leçons sur la Passion,
il y aurait beaucoup de détails inexacts ou incertains à relever. Ainsi,
des légionnaires, commandés par un tribun, auraient été accordés
par Pilate à la requête du Grand Conseil pour arrêter Jésus (p. 81).
Cf. p. 101, 133. Quelle valeur a la soi-disant tradition d'une chute
de Jésus au passage du G'Mron (p. 136)? Sur la constitution du tri-
bunal et Sur la marche du jugement inique, l'orateur se serait plus
utilement inspiré de l'ouvrage de M. Regnault: Une Province procu-
ratorienne, etc., que de la Passion du P. Ollivier. Il ajoute au texte
sacré des détails qu'il ne contient pas (p. 170, 171) et se livre à des
descriptions d'imagination (p. 203 et suiv.). Peut-on accorder de la
vraisemblance à la conjecture que Zébédée pouvait être le fournis-
seur attitré de poissons pour la table du grand-prêtre et qu'ainsi son
fils Jean était personnellement connu d'Anne (p. 221)? 11 n'est pas
certain que Judas se soit pendu le vendredi saint et soit mort avant
le Maître qu'il avait trahi (p. 287). 11 serait bon de déterminer si
la souillure légale que les sanhédrites craignaient de contracter en
entrant au prétoire de Pilate (p. 315) était une impureté mineure
qui durait jusqu'au soir et dont on se purifiait par un simple bain,
ou une impureté majeure qui durait sept jours et exigeait l'ofTrande
d'un sacrifice. Il est peu vraisemblable que Notre- Seigneur ait pu
penser qu'en l'interrogeant Pilate pouvait avoir l'intention de se
convertir (p. 325 et suiv.). Les applications et les allusions au temps
présent m'ont paru moins étrangères au sujet traité que dans les
leçons des ann'''es précédentes. Mais quelle singulière idée de parler
du pouvoir coercitif de l'Éghse à l'occasion du glaive (i< saint
Pierre (p. 109 suiv.), fût-ce même pour réfuter Mgr Le Gamus ! L'or-
gueil ne suffit pas à expliquer toutes les erreurs contemporaines
(p. 375 suiv.). La psychologie exposée (p. 388-389) au sujet de la
non conversion de quelques intellectuels est singulièrement faible.
Bref, les Leçons de 1910 auraient pu être d'une critique plus saine
et d'une exégèse plus scientifique, sans qu'elles eussent perdu de leur
intérêt et de leur efficacité sur les âmes des auditeurs et des lec-
teurs.
9. — Le P. Buzy vient de publier une importante et savante Intro-
— 202 —
daction aux paraboles é<i>aiigéliqites, qa'il a présentée à la Commis-
sion biblique comme thèse de doctorat. Elle est divisée en trois par-
ties, La première, qui traite de la parabole en dehors de l'Évangile,
est uno étude de rhétorique, qui a pour but unique de mettre en
pleine lumière la notion de la parabole évangélique. Elle était néces-
saire pour réfuter la définition de la parabole que M. Jtilioher avait
élaborée en Allemagne et que M. Loisy avait tenté de naturaliser en
France. Pour maintenir l'authenticité d'une partie des paraboles de
Notre-Seigncur, il fallait aussi montrer que la parabole n'exclut pas
nécessairement tout élément allégorique et quelle n'est pas, de sa
nature, aussi claire qu'on le prétendait. C'est pourquoi l'auteur a
longuement étudié la parabole dans l'usage moderne, dans toutes
les pliases de la littérature juive (Ancien Testament et écrits rabbi-
niques) et chez les auteurs classiques, Aristote, Quintilien et Cicéron.
La seconde partie forme le centre de l'ouvrage. Après deux chapitres
sur la nature et l'authenticité des paraboles synoptiques, le P. Buzy
en consacre quatre au but de l'enseignement parabohque du Sau-
veur, but en apparence si déconcertant, puisque Jésus emploie à
dessein ce genre d'instruction pour que la masse de ses auditeurs ne
le comprenne pas et s'endurcisse. Sa marche est analytique et pro-
gressive. Il examine d'abord les textes relatifs au but des paraboles
et il établit leur portée, un peu difîcrente, dans chacun des évangé-
listes; iJ expose ensuite l'interprétation qu'en ont donnée les Pères
(S. Augustin et S. Clirysostome) et les exégètes anciens et moder-
nes. Puis, il pose les principes de solution, en expliquant dans le
sens d'un résultat et non d'une fin le passage d'Isaïe, VT, 9, 10,
implicitement ou explicitement appliqué à renseignement parabo-
lique de Jésus, en montrant le caractère tout miséricordieux du Sau-
veur et de sa mission, en déterminant l'état moral de la foule, lé-
gère, indifférente et ne profitant pas, comme il aurait fallu, des
discours de Jésus. C'est dans ces conjonctures que, dans sa prédica-
tion auprès du lac de Tibrriade, le divin Maître inaugure une nou-
velle forme d'enseignement, celui des paraboles, qui devait être à la
fois un châtiment des mauvaises dispositions de l'auditoire et un acte
de miséricorde. Ses paraboles comportaient un châtiment en ce qu'el-
les étaient obscures, parce qu'elles exposaient un concept spirituel
du royaume de Dieu qui, en des traits essentiels, ne correspondait
pas aux idées nationalistes de la foule. Elles restaient néanmoins un
acte de miséricorde, puisque Jésus dispensait la doctrine du royaume
pour convertir les Juifs, trop attachés à leurs vues messianiques
temporelles. Faute d'attention et de réflexion sur cette doctrine,
la masse ne comprit rien à la pensée du Maître, dont l'enseigne-
ment parabolique eut, malgré son but do miséricorde, pour résultat
— 203 —
d'endurcir ses auditeurs et de produire leur réprobation morale. Cet
essai de solution, longuement développé par le P. Buzy, m'agrée
d'autant plus qu'il est foncièrement identique à celui que j'ai pro-
posé moi-même dans mes conférences sur les Évangiles synoptiques.
Il a l'avantage de Sauvegarder, contre les théories rationalistes do
MM. Juliclier et Loisy, l'authenticité de toutes les paraboles du
Sauveur, et d'écarter l'explication trop dure de quelques exégétes
catholiques ou protestants, qui prétendent que, par le choix de
l'enseignement parabolique, Jésus avait pour fin directe, sinon d'aveu-
gler ses auditeurs, du moins de leur cacher, parce qu'ils étaient cou-
pables, sa doctrine sur la nature du royaume messianique. Il pré-
cise 1 interprétation miséricordieuse du P. Rose et du P. Lagrango
et il la complète, en tenant compte de toutes les donnces exégt'ti-
ques et patristiques. Le P. Buzy a suivi la voie la plus sûre, qu'on
pourra élaguer de quelques longueurs et de quelques images qui ren-
dent obscure, au heu de l'éclairer, la pense e de l'auteur. Les para-
boles dogmatiques ou morales, qui n'ont pas été prononcées auprès
du lac, ont été adressées aux pharisiens et aux disciples pour les ins-
truire et annoncer aux premiers le châtiment de leur incrédulité,
s'ils ne se convertissent pas. La troisième partie du livre est consa-
crée aux allégories du quatrième Évangde dans le dessein de faire
ressortir leurs ressemblances avec les paraboles synoptiques et de
montrer qu'elles remontent, au moins dans leur substance, à Jésus.
La monographie du P. Buzy forme \ ne Introduction complète,
sohde, bien ordonn'e et clairement écrite, aux paraboles évangé-
liques. Désormais, tous devront s'y reporter.
10. — La première partie de la Théologie de saint Paul du P. Prat,
parue en 1908, est analytique et elle expose la doctrine de l'apôtre
suivant l'ordre chronologique de ses lettres. La seconde partie, que
nous annonçons, est synthétique et elle propose une systématisation
de la pensée théologique de saint Paul. Cette systématisation est
fort difficile à établir, parce qu'd n'est pas certain que l'apôtre
des Gentils l'ait eue dans l'esprit, non seulement au début de son
ministère et de sa correspondance, mais même à la fin de sa car-
rière, puisqu'il exposait sa doctrine au gré des circonstances et selon
les besoins de ses correspondants. L'auteur a senti cette difficulté.
Aussi a-t-il consacré le I^^^" livre de son second volume, livre préli-
minaire, à exposer le pauhnisme d'après les conceptions modernes,
dont il marque quatre étapes, et d'après sa vraie notion. En face des
diverses théologies pauhniennes, quel plan suivra-t-il? Pour se diri-
ger, il cherche à déterminer lidée-mère de la doctrine de Paul, et il
3a concentre dans cette formule compréhensive : « Le Christ Sau-
veur associe tout croyant à sa mort et à sa vie « (p. 55), qui indique
— 204 —
la porsonnodu R Mlenipteur, le sujet delà rédemption et le plan rédemp-
teur. Il ramène donc toute cette doctrine au mystère de la Rédemp-
tion et, en disposant logiquement toutes les faces de ce mystère, il
aboutit à ce schème : la préhistoire de la rédemption dans les con-
seils divins, la personne du Ré'dempteur, l'œuvre, les canaux et les
fruits de la rédemption. Ce sont les titres des cinq livres suivants. Il
va sans dire que saint Paul n'a pas suivi ce plan et que c'est le théo-
logien moderne qui le découvre, après coup, dans ses Epîtres. Il me
semble que saint Paul expose directement l'œuvre rédemptrice et
son auteur, ses moyens et ses fruits, et indirectement les raisons
d'être comme l'origine, les relations et la qualité du Ri'dempteur.
Le schème établi est donc tout théorique. Aucun autre ne représenterait
adéquatement la pensée, si riche de doctrine et si profonde d'aperçus,
de l'apôtre des Gentils. Acceptons donc celui qu'on nous présente.
Il est impossible d'en faire l'analyse qui exigerait plusieurs pages^
tant l'ouvrage est condensé. Comme le premier tome, le second
atteint, lui aussi, le maximum de densité. Qu'il suffise de caracté-
riser la méthode du P. Prat. Au lieu de citer d'abord les textes^
il en résume la doctrine qu'il éclaire et justifie ensuite par des cita-
tions. Le résumé préliminaire présente la pensée de l'apôtre dans un
ensemble cohérent, qui, loin de l'altérer, la fait valoir et ressortir
dans son contenu plénier. Néanmoins, cette méthode très synthé-
tique a le défaut de laisser craindre au lecteur que peut-être la pensée
apostolique est, sinon forcée, du moins précisée au-delà de son expres-
sion réelle, et il lui faut faire un effort de réflexion pour constater,
à la lecture des textes qui suivent, qu'elle a été bien rendue et qu'elle
est très fidèlement exposée. N "aurait-il pas mieux valu réunir d'abord
les textes les plus saillants et en donner le résumé condensé sous
forme de conclusion? Ce procédé eût fait disparaître jusqu'à la simple
apparence d'un exposé subjectif et personnel de la doctrine apos-
tolique. Il est évident que le P. Prat a étudié consciencieusement,
qu'il a approfondi dans les moindres détails, en s'aidant des meil-
leurs commentaires modernes, le texte des Épîtres de saint Paul. La
richesse et la précision des données le prouveraient à elles seules;
mais les trésors d'érudition amassés dans des notes détachées, très
substantielles, le montrent encore mieux. On y trouvera une quan-
tité considérable de renseignements précieux et les exégètes pourront
y puiser largement. L'auteur n'a pas la prétention d'avoir dit le der-
nier mot sur tous les problèmes. On pourra, pour maints détails,
différer de sentiment et interpréter, autrement qu'il ne l'a fait, tels
ou tels mots du texte. On devra rendre hommage à sa science cri-
tique et exégétique. II a enrichi la littérature catholique d'un vrai
monument, qui nous manquait sur saint Paul. J'ai été étonné cepen-
— 205 —
dant de n'avoir rien trouvé sur les rapports, vrais ou prétendus, de
la doctrine apostolique avec celle des mystères païens et de n'avoir
pas vu cité l'ouvrage de M. Reitzenstein : Die hellenislichen Myste-
rienreligionen , qui est de 1910. Des tables générales, communes aux
deux volumes, faciliteront le maniement de l'ouvrage entier : som-
maire analytique des principaux points traités, bibliographie des
livres utilisés et cités, index des passages expliqués ou table exégé-
tique, index philologique des mots grecs. Dans l'index exégétique
(p. 574), j'ai constaté l'absence de II Cor., IV, 1-5, commenté t. II,
p. 517-520.
11. — Un point particulier de la doctrine de l'Apôtre est étudié dans
une monographie de M. de Boysson : La Loi et la foi. Étude sur saint
Paul et les judaïsants. On est loin d'y trouver la maîtrise du P. Prat.
L'auteur n'a pas pris un contact assez direct avec les textes, qu'il n'a
pas examinas par lui-même; il a adopté des interprétations nou-
velles, parce qu'elles lui plaisaient plutôt que parce qu'elles lui
paraissaient fondées. 11 a fait un travail de seconde main et une
œuvre de vulgarisation qui manque de profondeur et de précision.
Ces reproches portent surtout sur le chapitre préhminairje qui traite
de la date des documents et qui contient diverses inexactitudes, et
sur la première partie ou l'étude historique des luttes de saint Paul
avec les judaïsants. Il est contestable que l'épître avix Galates ait
précédé le concile de Jérusalem et les arguments qu'on apporte en
faveur de ce sentiment sont faiblement présentés. L'identification
du voyage de l'apôtre à Jérusalem, raconté au ch. II de cette épitre,
avec celui des Actes, XI, 30, n'est pas suffisamment prouvée. C'est
la théorie seule qui fait insérer l'incident d'Antioche dans le récit des
Actes, XIV, 27. La seconde partie, l'étude théologique de la doc-
trine apostolique sur la justification et le progrès de la vie surna-
turelle, reste élémentaire, mais elle est exacte. On aurait dû chercher
des traits de la doctrine des judaïsants dans la réfutation que saint
Paul en fait. Quelques noms ou titres sont estropiés dans la biblio-
graphie. Je n'ai pas vu cités l'Œuvre des apôtres de Mgr Le Camus,
ni les Leçons d'exégèse sur saint Paul de M. Toussaint, pas plus que
les ouvrages allemands de MM. \^'eber et Steinmann.
12. — Lorsque M. Rendel Harris publia, en 1909, la version sy-
riaque des Odes de Salomon, dont on ne possédait plus que quelques
fragments coptes et latins, ce fut un événement littéraire, et depuis
lors les livres et les articles de Revues se sont multipliés, chaque spé-
cialiste voulant dire son mot sur ces compositions poétiques et reli-
gieuses. Cette découverte sensationnelle ne passa pas inaperçue
parmi les cathohques français. M. Labourt en prépara en 1910 une
traduction française et Mgr Batiffol une Introduction historique qui
— 206 —
parurent dans la Revue biblique, d'octobre 1910 à avril 1911. Le
tout, un peu corrigé et augmenté, a été édité à part avec une lettre-
préface du P. Lagrange. La traduction de M. Labourt est supérieure
à celles de MM. Harris (en anglais) et Flemming (en allemand) qui-
l'avaient précédée, et elle est vraiment originale. On ne saurait trop
en reconnaître le mérite: Elle est, du re«te, accompagnée de notes
critiques, qui la iiistifient et qui comparent le texte syriaque et le
texte copte dans les parties comnumi s. A l'encontre de M. Har-
nack, qui partageait l'œuvre en deux parties, un fonds juif, mélangé
d'interpolations chrétiennes, et qui en inférait l'existence d'un mysti-
cisme juif, intermédiaire entre les doctrines canoniques juives et la
théologie du quatrième Évangile, Mgr Batifîol a bien montré l'unité
d'auteur et d'inspiration; il a vu que le même poète, par artifice
littéraire, parle tantôt en son nom, tantôt au nom du Christ, tant-ôt
au nom de Salomon. C'est ce personnage de Salomon qui a fait attri-
buer les Odes au fils de David et les a rattachées aux Psaumes dits de
Salomon. MgT Batiiïol a prouvé aussi que les Odes n'ont rien de spéci-
fiquement juif, mais qu'elles sont en leur entier une œuvre chré-
tienne, non "pas sans doute l'œuvre d'un chrétien de la Grande EgHse,.
mais bien celle d'une secte, déjà éloignée du cathohcisme. La doc-
trine de cette secte est déterminée par sa christologie et sa sotério-
logie. La christologie serait, non pas l'incarnation du Fils de Dieu
préexistant, mais une simple théophanie docète ou une manifestatida
du Seigneur dans une chair humaine apparente. Cependant, la cor-
rection proposée dans l'Ode XIX, qui est la principale preuve de ce
docétisme, n3 me parait pas suffisamment fondée. Je suis frappé
davantage par la sotériologie des Odes, qui, au lieu d'être une rédemp-
tion par le Christ Sauveur, consiste seulement en l'illumination de
l'esprit du juste par la connaissance qu'il a du Christ, et je remarqué
un rapprochement étroit avec les idées mystiques des religions hellé-
nistiques à mystères. Le christianisme des Odes n'a donc rien de
gnostique; c'est plutôt un mysticisme d'essence grecque, dépendant
vraisemblablement du quatrième Évangile et vraisemblablement
aussi combattu par saint Ignace d'Antioche. Il viendrait de la Syrie
ou de l'Asie et daterait de la période 100-120. Il reste donc encore
quelques points à préciser sur ces hymnes, mais il semble que Mgr
Batilol a donné à la critique la véritable direction à suivre dans leur
étude.
13. — M. l'abbé Nau réédite sa traduction française, la première
de toutes, du texte syriaque de la Didascalie des douze apôtres. Il l'a
améhorée d'après les versions anglaise, allemande et latine, publiées
après la sienne; il a aussi refait la plupart des notes et a indiqué
les titres des chapitres des didascalies arabe et éthiopienne, ainsi que
les principales particularit&« du manuscrit de Mésopotamie édité par
-. 207 —
M'"*^ Gibson. H a mis en tête de son livre la traduction de la
Didaché et il a ajouté en appendice la version de la Didascalie de
l'apôtre Addaï et des empêchements de mariage pseudo-apostoli-
ques. Dans l'Introduction, M. Nau renseigne les lecteurs sur les ou-
vrages qu'il a traduits; il compare entre eux les divers écrits canoni-
ques pseudo-apostoliques et il les ramène à quelques écrits primi-
tifs, qui ont été compilés dans les recueils qui nous sont parvenus.
11 s'arrête spécialement à la Didascalie, dont il étudie le contenu,
l'origine, l'auteur, les citations bibliques et les relations avec la
Misclma. Une table alphabétique des matières, très développée, la
liste des citations de l'Ecriture et la table analytique de l'ouvrage
permettent de retrouver facilement les textes et les renseigne-
ments particuliers. Les traductions, d'ailleurs, sont divisées en cha-
pitres et en paragraphes, et ces divisions sont reproduites au haut des
pages, ainsi que la pagination de Paul de Lagarde pour la Didascalie.
Ainsi disposée, l'édition est fort commode et forme un manuel aisé à
consulter. En la préparant, M. Nau a rendu un grand service aux
travailleurs qui ont besoin de consulter cette littérature. Quelques
notes appellent des observations. Le IV*^ concile de Carthage, men-
tionné p. 95, note 1, de^Tait être identifié avec les Siatuta antiqua
Ecdesiae de saint Césaire d'Arles. La manducation des pains azymes
par les Juifs pendant les sept jours qui suivaient leur Pâque est
présentée à tort, p. 178, note 2, comme un jeûne. Bien interprété, le
mot « image « ou « symbole », employé au sujet de l'eucharistie, n'em-
pêche pas le passage qui le contient d'être une preuve de la pré-
sence réelle, contrairement à ce qui est dit p. 218, note 3. L'emploi
du mot Deutéronome, pour désigner la seconde législation des Juifs,
d'abord orale, puis écrite dans la Mischna, me semble malheureux à
cause de la confusion qu'il crée avec le cinquième livre du Penta-
teuque. Go livre, bien que contenant une seconde législation mo-
saïque, n'est pas rejeté par la Didascalie, conmie la denlérose (mot
technique, usité dans les écrits spéciaux), puisqu'il est souvent cité
par elle. De ce qoje la Didascalie, œuvre syrienne du iii^ siècle, se sert
' constamment de la locution « le Seigneur Adonaï «, il ne s'ensuit
pas comme il est dit p. xxvii-xxviii, que ce nom n'est pas un
cpitériu-m certain de la recension des Septante par Lucien d'An'
tioche, car ce critiqua a adopté seul une dénomination divine, usitée
avant lui en Syrie, et la présence de ce nom dans les manuscrits
grecs des Septante demeure un indice de la recension de saint Lucien.
Signalons dans la Didascalie un témoignage en faveur des fragments
dmitérocanoniques de Daniel et la reproduction de la Prit re de Ma-
nasse, p. 70-71, et non pas p. 29-£0, comme il est dit p. xxvii.
E. MatsgeiVOT.
— 208 —
OUVRAGES D'ENSEIGNEMENT CHRÉTIEN ET DE PIÉTÉ
{suite)
Spiritualité. — 37. Exercices spirituels de S. Ignace de Loyola, traduits sur
Vautographe espagnol par le P. F/ UL Debuchy. Paris, Lethielleux, s. d.,in-16
cairé de 231 p., 2 fr. 50. — 38. Traité de la paix de Vâme (source du combat spiri-
tuel), par le P. Jean de Bonilla. Nouv. traductioa française, parle P. Ubald
d'Alençon. Paris, J. de fligord, 1912, in-l<S de 100 p , 0 fi'. 60. — S9. L'Esprit
de sainte Claire, parle P. Exupère. Paris et Yournai, Casterman, s. d., in-12 de
213 p., 2 fr. — 40. Conseils de direction spirituelle, par le P. Lejeune. Paris
Lethielleux, s. d., in-16 de 272 p., 2 fiancs. — 41. La Vie meilleure par la prière
parle P. Badet. 2eédit. Paiis, Bloud, 191 2, in-16 de 284 p., 3fp.50.— 42. f.a Pure-
té du cœur, par l'a])})é L. Lenfant. Paris, J. de Gigord, 1912, peiit in-18 de 133 p.
0 fr. 7"). — 'i3. La Fo;a.ité du cirur, pa;- l'ablé li. LE>rANT. r^' '?..!. ('eC'igo;d
1912, petitin-18 de 162 p , 0 'r 75.-44. Le Cœurvaillant, par l'abbé L L^nfant
Paiis, J. de Gigord, 1912, petit in-18 de 130 p., 0 f». 75. — 45. Vii>re, ou se
laisser vivre? Conseils aux jeunes gens, par Pierre Saint-Quay. Paris, Téqui
1912, in-16 de xv-327 p., 3 fr. 50. • — 46. La Vocation au mariage, au célibat, à
la vie religieuse, par le P. J. Coppin. 3<' édit. Paris, Yénui, 1912, in-16 de vu
389 p., 3 fr. 50. — 47. Prière et .omtion. On peut désirer et demander une voca
tion supérieure, i)Sir le P. J. Lintelo. Paiis et Tournai, Casteiman, 1912, in- 8 do
24 p., 0 fr. 25.
Dévotions. — Piété. — 48. Petite Année liturgique, O.i Paroissien romain, histo-
rique et liturgique, par l'a])bé J. ^^B)UN0Y. Paris, Lethielleux, s. d., in-18 de
viii-1578 p., 4 fr. — 49. V. To A- de Kempis. De la Imitac 6i de Cristo; tiad.
del P. Juan Eusebio Nieremcerg. Barcelona, Subirana, 1912, in-32 cartonné
de 497 p., 1 fr. — 50. Manuel p-atique de la dévotion au Sacré-Cœur de Jésus, par
l'aljbé D.-H. Yandepitte. Paris, Téqui, 1912, in-32 de 345 p., 1 fr. — 51. En
suivant le Mcîlre. Mois du Sacré-Cœur, par l'al)bé A. Dard. Paris, Lecofîre,
Gabalda, 1912, petit in-18 de x i-303 p., 1 fr. 50. — 52. Le Secret admirable
du T. S. Posaire pour se convertir et se sauver, par le Bienheureux Louis-Marie
Grigmon de Montfort. Paris et Poitiers. Oudin, 1912, in-12 de xii-191 p.,
1 fr. 50. — 53. Le Mois de Marie, par Mgr Dadolle. Paiis, Lecoffre, Gabalda,
1912, in-12 de ii-284 p., 3 fr. 50. — 54. Petit Mois de Marie à Vusage des enfants.
Paiis, Bra>, '^. d., in-16 de xxiv-l;',7 p., 1 fr. — 55. Notre Dane d'Ars, ou Médi
talions sur la Sainte Vierge tirées des écrits et de la vie du B J -M Vianney,
par l'abbé II. Convert. Paris et Lyon, Vitte, 1911, in-32 de 292 p., 1 fr. — 56,
Allez à Marie, par l'auteur des Paillettes d'ôr. A\ignon, Aubanel, =. d., petit in
18 de xv-3t2 p., 1 fr. 25 — 57. Devociô^ de los doce segundos riernes de cada
ne^ dtl an), por el R. Manuel Bai g n ). Barcelona, Subirana, ISll, )n-32 de
134 p., 0 h-, 25. — 5f^. La Imi'c iôi de los Angeles, por el aljate G. Chardon;
t'ad. de la 2^ ediciôn francesa pOr M. de Sagredo. Barcelona, Subirana, 1911,
petitin-18 de vin 504 p., 2 fr. :"5. — 19. Pensées choi'iies du R. P. Ponlevoy^ S.
J. Extraites de sa vie, de ses opuscules (!S'.':ti-;ues et lettres, par le P. GharleS
Renard l'n )\ 1 <' .w, 19!?, ;.r|;ti-.-1« .'-^ viii-SCO d , av^-" pu-tr;,.i. ' h.
Spiritualité. ^ 37 à 47. — Le R. P. Paul Debuchy, S. J., publie
une nouvelle traduction des Exercices spirituels de saint Ignace de
Loyola, faite sur l'autographe espagnol : elle n'est pas une simple
ripétition de celles qui l'ont pre'ccdc'e; elle veut seulement oflrir au
lecteur une œuvre qui essaie d'atteindre à plus d'exactitude. Aussi
bien la collection si opportunc'ment entreprise des retraites spiri-
tuelles réclamait-elle sa traduction française spéciale des Exercices
et il s'est cru autorisé à la lui donner, se proposant bien de recourir
librement dans ses doutes à l'avis de son vénérable devancier le
^ 209 ^
P. Jennosseaux, guidé par la compétence du R. P. Rooathan; il a été
heureux, on outre, d'utiliser deux traductions inédites que possédait
la bibliothèque des Exercices, l'une du P. Henri Delfour faite sur
l'espagnol, l'autre du P. Pierre Totel, d'après le latin du R. P. Root-
haan, calquée sur le texte original, celle-ci surtout « qui vient, dit-il,
d'un très sagace interprète des Exercices », Un mot seulement sur la
forme typographique qui est d'une distinction remarquable à tous les
p3ints de vue.
— Encore une traduction, celle-ci du R. P. Ubald d'Alençon, nous
permettant de profiter du Traité de la paix de l'âme, par le P. Jean
de Bonilla, de l'observance de S. François. Un court Avertissement
fait connaître le sujet et les mérites de ce livre, l'auteur mystique qui
vivait au xvi^ siècle, enfin la manière de le lire. Une note d'érudition
qui suit nous fixe sur les éditions antérieures de cette œuvre et sur
la méthode de l'édition actuelle. Le livre lui-même du P. Jean de
Bonilla est divisé en 15 chapitres qui traitent des soins que l'âme
doit avoir pour s'établir dans la paix, de la façon d'édifier cette
demeure pacifique, de ce qu'il faut faire pour l'acquérir, pour la
conserver, de la lutte à soutenir pour supporter les troubles ou les
contrariétés, pour triompher des tentations. Il se termine par une
prière au Prince de la Paix Jésus.
— Le livre du R. P. Exupère : L'Esprit de sainte Claire arrive
bien à propos en l'enn'e du 7^ cfntenaire, célébré en l'honneur de
la saJn'e d'Assise, qui se p/ntra si bien et si profondément de l'es-
prit de saint François. Ce travail d'in rehgieux, auteur ascétique
très estimé, a été fait et publié surtout pour les communautés cla-
risses, mais d'autres commmautés peuvent, éprises de l'esprit séra-
phique, « y trouver l'aliment d'i ne plus grt nde admiration pour
cette âme si parfaite et aussi i.n encouragement à la suivre dans la
voie de docilité et de simplicité qu'elle a si gén^'reusement par-
courue )>. Il y est dit ce que fut « la Petite Pif nte de S. François »
df.ns la pratique de l'Évangile de N.-S. J.-Cé, dans son obcissance au
Pape, dans la pauvreté, le travail et la joie straphiques, dans sa
reconnaissance, sa gVn'rosité, sa crnstfnce et sa simplicité. Le
dernier chapitre est consacré aux dévotie ns francisca'nes et un ap-
pendice contient quatre lettres de sa'nte Claire, deux de Grégoire IX;
le repas extatique. Le livre est orn'' de six gravures représentant
sainte Claire, sainte Claire et sam'e Elisabeth de Hcngrie, enfin les
f un railles solennelles de la sainte.
— C'est à toutes les personnes pieuses que M. le chanoine Lejeune
adresse ses Conseils de direction spirituelle; ils sont rangés sous ces
trois titres : 1^® partie : Le but et les obstacles; 2° les moyens; 3<^ le
moyen par excellence. Onze chapitres épuisent la matière de la 1^^
Septembre 1912. T. CXXV. i4.
— 210 ~
partie : vraie et fausse dévoticin, n tuntlisme, abscne de règlement
de vie, le péché véniel, entraves au pn)grès spirituel, etc. Les moyens
pour les progrès dans la vertu remplissent la 2^ partie : lecture spi-
rituelle, méditation, examen de conscience, vie intérieure, etc. La
3*^ partie nuis révèle le moym par excellence qui est la divine Eucha-
ristie : sainte messe, visite au Saint- Sacrement, sainte communion,
Téducation eucharistique de l'enfant. Un dernier entretien sur l'Église
insiste en faveur de la filiale obcissance que nous devons à son ensei-
gn'^ment et à ses lois, recommandant aussi la gé n'rosité à son égard
pour lui permettre de faire face à toutes les obligations et charges de
son apostolat. C'est bien la direction spirituelle qui convient à notre
temps où laction de la sainte Église est si entravée et complètement
privée de tout secours humain.
— En suivant cette direction, nous arriverons à nous rtndre la
Vie meilleure par la prière. Peut-il même, sans la prière, y avoir une
vie bonne? M. le chanoine Badet ne le croit pas. Aussi est-ce bien
pour n )us inculquer le besoin rigoureux de la prière qu'il nous
adresse son hvre; il n us l'envoie comme d'au-delà de tombe où il est
trop tôt descendu; ouvrons-le comme un messager du ciel pour nous
redire tout l'amour de cette âme pour la prière dont elle goûte avec
les anges et les saints les charmes si doux : la prière touche le cœur
de Dieu, la prière source de grâce et de lumière; la prière ajoute à
nos joies, elle apaise nos douleurs, la prière en famille source et
sauvegarde de respect mutuel, la prière rend le riche bienfaisant,
transfigure le pauvre, fait les saints, et tout cela développé à l'aide
« de considérations aussi profondes que facilement accessibles, d'une
doctrine très sûre, d'une méditation riche en fruits d'édification et de
saines résolutions ». Que ce livre ait de n -mbreux lecteurs; il leur
li^Tera le secret de bien vivre leur vie, car « la vie des hommes qui
ne prient jamais n'est pas une vie bonne à vivre... Introduire la
prière comme un élément essentiel dans la vie humaine, d'ordinaire
si terne, si pénible, n'est-ce pas rendre cette vie en tout point
meilleure ! » Que la prière soit mieux connue et plus pratiquée ! ^>^
— Voici trois brochures de M. l'abbé Lenfant : modestes par le
format, importantes par leurs sujets, elles sont oflertes aux jeunes
gens et aux jeunes filles et elles n'ont qu'un but : former les uns et
les autres à la vertu. Plaçons la première : La Pureté du cœur, car
c'est la condition essentielle pour l'œuvre à accomplir. C'est aussi la
disposition qui plaît dans l'âme du jeune homme et de la jeune fille.
Le premier chapitre fait connaître l'importance et l'actualité du
sujet; le second donne la notion du cœur pur; les autres chapitres
parlent de la multitude des cœurs purs, de la psychologie du cœur
pur, de la présence de Dieu et de l'œuvre divine dans le cœur pur;
— 211 —
ruines et déchéances; renouvellement, le triomphe. Heureux les jeu-
nes qui ont le cœur pur !
— Ils posséderont aussi la Royauté du cœur. Dans cette deuxième
brochure, M. l'abbJ Lenfant expose la grandeur de la vertu royale
qui est la douceur : il en dit la puissance et les bienfaits; mais
elle ne s'acquiert que par de durs combats, si durs que la défaite est
à prévoir avec toutes ses conséquences. Heureusement, on peut se
relever et reconquérir la douceur; les moyens à employer sont clai-
rement indiqués et alors c'est le règne béni où trône l'Agneau de
Dieu. Œuvre d'expérience et riche de sages conseils, ce petit livre
plaira bien à la jeunesse chrétienne désireuse de se former à la piété
et d'y persévérer.
— Ainsi possédera-t-elle un Cœur caillant. 11 est si nécessaire au
milieu de toutes nos épreuves et de tous nos dangers ! M. l'abbé
Lenfant nous dit d'où vient la vaillance du cœur, comment on l'ac-
quiert, comment il se purifie, comment il se transforme; comment
cette qualité devient utile, comment elle résiste en face du sensua-
lisme, évitant les plaisirs mauv^ais pour se contenter des plaisirs
permis. Ce qui soutient cette vaillance du cœur, c'est la crainte de
l'enfer, ce sont les grands exemples, c'est la pensée et la vue du Cru-
cifix. A ces seules indications on pressent la vaillance de l'auteur
qui veut faire partager à la jeunesse chrétienne toute sa force, toutes
ses joies et tous ses triomphes. Puisse-t-elle avoir de nombreux
imitateurs !
— Le livre que nous présente Mgr Baudrillart dans sa Lettre- Pré-
face continue l'œuvre de M. Lenfant. Ce sont encore des Conseils aux
jeunes gens que donne M. Pierre Saint-Quay en leur posant cette alter-
native, hélas! trè^ vraie : Vivre, ou se laisser i>içre? C'est le titre de
l'ouvrage : il indique bien clairement la pensée de l'auteur et le
but du livre. M. Saint-Quay touche à toutes les questions qui se
rapportent à la formation chrétienne du jeune homme : la prière, la
confession, les pratiques de piété, ordre, méthode et préjugés, en
famille, camarades et amis, en vacances, choix d'une carrière, devoirs
professionnels, tentation, chute et relèvement. Mgr Baudrillart recon-
naît dans ce travail « l'œuvre d'un homme d'expérience et d'un
chrétien convaincu «. Le livre est « plein des conseils les plus pra-
tiques; pas de théories en l'air, pas d'utopie, pas de chimère ». La
parole de M. Saint-Quay « est l'écho fidèle de la doctrine chré-
tienne et elle vibre de l'accent très personnel de celui qui a vu et pra-
tiqué tout ce qu'il dit ».
— Ce qui est le plus important au seuil de la vie, c'est l'étude de
la Vocation. Le R. P. Coppin, S. J., s'offre comme guide et nous ex-
pose consciencieusement ce que Dieu dit dans l'Ecriture, ce que les
— 212 —
saints et rexpérioncc proclament bien haut. La première partie de
son livre rappelle la doctrine générale touchant la vocation. L'étude
des diverses vocations fait l'objet des considérations de la deuxième
partie : l'état conjugal, le célibat, la vocation religieuse, chacune de
ces vocations étudiée dans ses obligations, sa dignité, ses avantages.
Dnns la troisième partie, l'auteur recommande la. recherche sérieuse
de la vocation, ou, ce qui revient au même, de la volonté do Dieu;
il nous énumère les moyens de connaître cette divine volonté. Il faut
croire que le R. P. Goppin a bien traité son œuvre puisque, avec
sa troisième édition, il en est, dans l'espace de neuf ans, à son
onzième mille. A côté de ces flatteuses sympathies, il a reçu aussi
des critiques; on l'a accusé d'avoir trop insisté sur les croix et les
devoirs de l'état conjugal, d'avoir donné la préférence à l'état reli-
gieux. La lecture de son livre convaincra les esprits sérieux qu'il a
été écrit en toute sincérité et en toute impartialité : il a voulu
simplement éclairer et guider les âmes : il a atteint son bat.
— Dans sa plaquette : Prière et vocation, le R. P. Lintelo, si
connu et si apprécié pour ses opuscules sur la communion fréquente
et quotidienne, s'attache à démontrer à son tour qu'on peut désirer
et demander une vocation supérieure; il expose les raisons à l'appui
de sa thèse, ainsi que les avantages de la pratique qu'il propose, et
en fait l'application à quelques cas particuhers en terminant par
l'examen de deux difficultés et par quelques mots sur la commu-
nion fréquente, comme excellent moyen pour la culture des voca-
tions.
DÉVOTIONS. — Piété. — 48 à 59. — La Petite Année liturgique,
par M. l'abbé J. Verdunoy, est bien vraiment le paroissien complet
du pieux fidèle : Paroissien romain historique et liturgique. Rien n'y
manque de ce qui peut servir à l'assistance aux offices de l'Éghse
pour y intéresser l'esprit et y toucher le cœiir. 11 renferme les priè-
res du matin et du soir, l'ordinaire de la messe (le latin et le fran-
çais); puis tous les dimanches de l'année depuis le l^i" de l'Avent
jusqu'au dernier de la Pentecôte, messe et vêpres, toujours texte
et traduction entremêlés; à la place voulue, des cérémonies de
l'ordination, de l'office des vendredis du Carême, de chaque jour de
la grande quinzaine de la Passion et de la Semaine sainte ; puis, le
commun et le propre de tous les saints de l'année; le chemin de la
croix, les cérémonies des sacrements, surtout ce qui a trait plus
spécialement à l'Extrême Onction, maladie, mort et sépulture; le
sacrement de l'Ordre y occupe une large place avec toutes les céré-
monies de nos ordinations; chaque office ou chaque saint précédé
d'une notice sommaire et l'œuvre entière agrémentée de plusieurs
matières pour la plus grande utilité du lecteur. Près de seize cents
— 213 —
pages ont été nécessaires pour contenir toutes ces richesses, mais
l'éditeur a été si ingénieux dans le choix de ses caractères et de son
papier que la lecture en est très facile et le volume de grosseur
ordinaire. Avec ce Manuel ainsi rédigé, le fidèle peut suivre avec
intérêt et fruit toutes les cérémonies de l'Église.
— C'est pour ses compatriotes que le révérend J. Eusobio Nie-
remberg a traduit en espagnol V Imilation de Je sus- Christ. Les traduc-
tions du livre de Thomas à Kempis abondent partout et depuis des
siècles, mais il faut bien croire que ce livre a d'irrésistibles attraits
et répond à un besoin sérieux et réel des âmes, pour que les éditions
se multiplient avec tant de rapidité. Après un avis de l'auteur,
qui ouvre la 3^ édition, le livre nous offre un guide- pratique pour
tirer profit de la lecture de l'Imitation; alors c'est le texte origi-
nal, tel qu'il est connu, et ensuite ce sont divers exercices de piété,
des méthodes pour l'assistance à la messe, des tables pour sujets
de méditation et pour indication alphabétique des matières.
— M. l'abbé Vandepitte, dans son Manuel pratique de la dévotion
au Sacré-Cœur de Jésus, nous enseigne d'abord la nature et les rai-
sons de cette dévotion; il nous fait connaître ensuite les désirs de
ce divin Cœur et commente, enfin, les douze promesses faites par
le Cœur sacré de Jésus, qu'il fait suivre d'explications et réflexions
pieuses. C'est l'objet de la première partie du Manuel. Dans la
deuxième partie, il s'attache à la pratique de l'assistance à la sainte
Messe, indiquant ce qui convient pour la préparation et l'action de
grâces, plus spécialement pour la communion et l'adoration répara-
trices au sujet desquelles il nous offre six entretiens et six médi-
tations. Le Manuel se termine par diverses formules de consécra-
tions, d'amendes honorables et de prières, par les litanies et le petit
office du Sacré-Cœur, par le Chemin de la Croix et un cantique.
Manuel très pratique, en effet, comme on voit; il sera très utile
pour soutenir et développer dans les âmes la dévotion au Sacré-
Ca:ur.
— M. l'abbé Dard nous invite à faire' le 31 ois du Sacré-Cœur,
en suivant le Maître. Nous voilà donc chaque jour nous arrêtant
avec Jésus dans m^ bourgade ou dans un site de la Judée ou de la
Galilée; l'auteur nous décrit cette staticn, en nous donnant tous
les détails topographiques ou historiques qui peuvent nous inté-
resser. Viennent, ensuite, les réflexions que suggèrent les enseigne-
ments ou les actes du Maître. Puis une oraison jaculatoire conforme,
une pratique, une prière, un exemple. C'est le Jourdain, la mon-
tagne de la Quarantaine, le puits de Jacob, la synagogue, Naïm,
Magdala, le Thabor, Siloë, Gethsémani, etc., tout l'Évangile en
un mot, et tel est le mcrite très apprécié de ce n:>uveau Mois du
— 214 —
Sacré-Cœur que Mgr lïvCque de G r( noble, qv i tn ft licite lauleur, loue
spécialement les réflexions qui découlent sens efîort de son pieux
commentaire : « Elles s"en vent porter lumière et charité à l'âme du
lecteur ». 11 est persuadé que celui-ci en tirera tout le pro-
fit spirituel désirable.
■ — Le Secret admirable du Très Saint Rosaire pour se convertir et
se sauver fait suite aux œuvres déjà si ccnnues et si goûtées du
B. Grignion de Montfort. On y retrouve la même doctrine, la même
piété filiale pour Marie; mais la forme en est originale. Il nous est
présenté comme une sorte de couronne mystique, composée de cin-
quante roses, cinquante chapitres où le pieux auteur nous rap-
pelle l'excellence du Rosaire par les prières qui le composent, par les
mystères qu'il rappelle, par les merveilles qu'il accomplit; il nous
indique ensuite plusieurs méthodes pour le réciter ainsi que les rè-
gles principales qui président à sa récitation et les indulgences qu'il
nous permet de gagner. C'est bien le meilleur moyen pour se con-
vertir et pour se sauver qui nous est offert par la piété du Bien-
heureux.
— Le Mois de Marie par Mgr Dadolle nous arrive, pour ainsi dire,
d'au-delà de la tombe; il n'en mérite que davantage nos sympa-
thies et notre faveur : c'est le livre de l'ancien professeur d'apolo-
gétique aux Facultés catholiques de Lyon qui prêcha, à S. Martin
d'Ainay, les privilèges, les vertus, les mérites, le rôle presque divin
de cette Mère incomparable, au culte de laquelle s'était généreuse-
ment voué ce Fils si aimant et si fidèle. Nous remercions « les abbés
Dadolle », ses proches parents, de n'avoir pas hésité à pubher cette
œuvre « riche d'une doctrine substantielle » et si propre à faire du
bien aux âmes. La méthode de l'auteur est toute simple et natu-
relle; il suit l'ordre chronologique de la vie de Marie. Nous n'avons
pas besoin d'insister sur le mérite du livre : le vént'ré et regretté
prélat fut un maître dans l'art d'écrire et un docteur dans la science
apologétique.
— Moins sérieux est le Petit Mois de Marie à l'usage des enfants,
que recommandent une lettre de Mgr l'évêque de Nevers et une
Préface du R. P. Bazin, S. J.; il est à la portée de ses jeunes lec-
teurs; « il est écrit, sans recherche, comme le dit Mgr de Nevers à
l'auteur; il se recommande par sa clarté, sa simplicité, sa grâce
naïve et touchante; il présente en même temps des règles de con-
duite sûres, précises, parfaitement appropriées aux besoins des jeunes
âmes ■). Faut-il s'étonner de cette appropriation quand c'est une
mcre qui s'adresse à des enfants avec toute sa piété et son dévoue-
ment? Comme modèle de disciple de Marie, c'est Jésus, son divin
Fils^lui-même, qui nous apparaît pour nous enseigner ce que nous
^ 215 —
devons être à l'égard de Marie par son amabilité, son amour filial,
sa pureté, son obéissance, la prière et le zèle. C'est bien, en toute
vérité, le Mois de Marie des entants; ils vont à Marie par Jésus.
— Notre introducteur auprès de Marie est maintenant le Bien-
heureux curé d'Ars Jean-Marie Vianney; de ses écrits et de l'his-
toire de sa vie, M. l'abbé H. Convert, son successeur à Ars, « ex-
trait des Méditations sur la Sainte Vierge qu'il publie sous le titre
de : Notre-Dame d' Ars. Ces méditations sont au nombre de vingt-
cinq et ont pour objet : Marie annoncée, Marie conçue sans péché,
nativité de Marie, Marie, notre mère; assomption et puissance de
Marie, excellence du Rosaire, etc. Le livre se termine par la messe
propre du B. curé d'Ars, C'est lui qui nous aide ainsi à assister au
saint sacrifice, après avoir éclairé et réchauffé notre piété par ses
enseignements « si substantiels et si savoureux ». On pourra en
juger par le rapprochement qu'en fait l'auteur avec les écrits des
docteurs de l'Église.
— Allez à Marie, nous crie encore l'auteur inépuisable des Pail-
lettes d'or. Qui ne connaît, qui n'aime cette plume si féconde, tou-
jours si alerte, si intéressante, si appréciée? Son nouveau livre sera
favorisé du même succès que les précédents. « Grâce à chacune de
vos trente-et-une méditations... on sera porté à venir vers Marie
pour la vénérer, pour la prier avec confiance, pour l'imiter, pour la
prêcher ensuite et par elle pour venir vers Jésus ». Mgr l'arche-
vêque d'Avignon dit à son tour « que nous devions aller à Marie et
avoir en elle une entière confiance, vous ne cessez pas de le dire,
mais vous le dites en variant les raisons qui nous y doivent porter...
Sur vos pas, sans qu'on s'en aperçoive presque, on arrive à la Mère
des miséricordes, on la trouve souriante, pleine de grâces et de
bénédictions ».
— Le petit opuscule espagnol du P. D. Manuel Barguno y Mor-
gades, intitulé : Devocion de los doce segiindos viernes de cnda mes del
ano a pour but surtout d'exciter la dévotion des pieux fidèles à
Notre-Dame des Douleurs. Après avoir indiqué la méthode pratique
de cette dévotion et son origine, l'auteur nous fait méditer chacune
des douleurs de Marie qu'il rapproche des douleurs de Jésus, chaque
méditation divisée en deux points, respirant une vraie piété et nous
suggérant les plus généreuses résolutions. Plusieurs pratiques ou
prières terminent l'opuscule, la couronne des sept douleurs, le Stabat,
la nomenclature des indulgences pour cette dévotion.
— C'est encore en espagnol que nous arrive !e livre de M. de
Sagredo : Imitaciôn de los Angelos. Mais quelques-uns de nos lec-
teurs peuvent bien avoir reconnu sous ce titre un livre français,
et c'est, en effet, la traduction en espagnol de l'oeuvre de M. l'abbé
— 216 —
Chardon : U Imilaiion des Anges, dont nous avons parlé ici même.
Cette traduction témoigne bien de la valeur du travail de notre
distingué confrère, M. le vicaire général de Clermont; elle suffit à
le louer et, ne serait-ce que pour confirmer ce témoignage, nous
sommes heureux d'annoncer cette pubHcation dont le clergé et leis
fidèles de la catholique Espagne savent apprécier l'importance. C'est
en efiet, comme nous l'avons dit, un traité complet sur la créature
angclique, notre modèle par rapport à nos relations avec Dieu^
avec l'Homme-Dieu, avec tous les hommes. Diverses prières ferment
le livre.
— Les Pensées choisies du R. P. de Ponlevoy, S. J ., extraites de
l'histoire de sa fie et de ses opuscules et lettres par le R. P. Ch»
Renard touchent atout ce qui constitue la vie chrétienne; le choix
a été fait avec discernement et sobriété; l'ensemble révèle un maître
en spiritualité; on y trouve le charme du docteur de la piété
S. François de Sales, et, mieux parfois, la beauté de pensée et de style
qui rappelle Bossuet : petit livre, grand mérite. F. Ghapot.
LINGUISTIQUE ET HISTOIRE LITTÉRAIRE. — LANGUE
ET LITTÉRATURE FRANÇAISES.
TECHNIQUE ORATOIHE ET MNÉMGTECHNIE.
(Suite.)
13. VEnsvigncmrnt du franc is p r l- l'fin, par Gustave Zidlcr. Fa'i?,
Vuibert ; Montréal, Beauchemin, s. d., in-8 ce 41 p., 0 fr. 75. —
14. De V Enseignement du français, par E. Bouchendhomme. Paiis, Colin, 1912,
in-18 de vi-211 p., 2 fr. — 15. Le Français c/e nos en/anfs, par Armand Weil et
Emile Chénin. Toulouse, Privât; Paris, Didier, 1911, in-12 de 292 p. et 34
illustrations hors texte, 3 fr. 50. — 16. La Crise du français it la liéfornie urdi-er-
sJlatVe, par Ab EL Faure. Paris, Stock, 1912, in-18 de 7G p., 1 fr. -— 17. L'Équi-
voque du classicisme, par Gaston S.vuyebois. Paris, l'Édition libre, 1911, in-18
de 143 p., 2 fr. 50. — 18. La Littérature moderne dans renseignement moi/eh.
Réponse à la « Revue des humanités », par l'abbé Paul Halflants. Bruxelles,
Institut Sainte-Marie, 1911, in-16 de 43 p., 1 fr. — 19. Lettres sur la poésie. L'Es-
\ thétique vivante, 'ÇQj- Jean Thogorma. Paris, Basset, 1912, in-8 carré de 02 p.,
1 fr. — 20. Froissart. Les plus beaux Récils des Chroniques transcrits pour lef
lecteurs d'aujourd'hui. Paris, Fontemoing, s. d., in-16 de 362 p., avec figures,
3 fr. 50. — 21. Bossuet. Œuvres choisies, avec Introduction, bibliographie, notes,
grammaire, lexique en illustrations documentaires, par J. C.vLvr.T. Paiis, Iiatier, S.
d., in-12 cartonné de xvi-721 p., 4 fr. 50. — 22, Bossuet. L'Exposition de la
doctrine de l'Eglise catholique. Nouvelle édition publiée par Albert Vqgt. Paris,
Bloud, 1911, iu-16 de 214 p., 3 fr. — 23. Pages choisies des grands écrivains,
Fénelo.n, avec une Introduction par Moïse GAG^AC. Paris, Colin, 1911, in-18 de
XLViii-3o2 p., 3 fr. 50. — 24. Bourdaloue. Sermons du carême de 1678, prononcés
dans l'église Saint-Sulpice. Introduction par Eugène Gbiselle. Paris, Bloud,
1911, in-16 de 128 p., (coUpction Science et Religion), \ fr.20.— 25. Mascaron.
Sermons inédits, publiés avec une Préface et des notes par Eugène Griselle.
Paris, Bloud, 1911, in-16 de 61 p., (collection Science et Religion), 0 fr. 60. —
26. Fléchier. Œuvres choisies. Introduction et notes par Henri Bremond.
Paris, Bloud, 1911, in-16 de 128 p. (collection Science et Religion), 1 fr. 20. —
. 27. Chateaubriand, Pages chois-es, avec une Intioduclion, des notices et des
notes par Victor Giraud. Paris, Hachette, 1911, in-18 de xxii-328 p., 3 fr. 50.
— 217 —
— • 28. Chateaubriand. Mémoires d'outre-tombe. Pages choisies, avec une Intio-
duction et des notes par Victor Giraup. Paiis, Iiachette, 1911, in-16 de xxvir
278 p., 3 fr. 50. — 29. V'^ E.-M. de Vogué. Pages choisies. Préface de Paul
BouRGET. Paris, Plon-Nounit, 1912, in-16 de xli-399 p., 3 fr. 50. — 30. Jules
Lemaitre. Pages choisies, avec une Introduction et des notes par André du
Fresnois. Paris, Nouvelle ],.i])raiiie nationale, 1911, in-16 de xxxix-318 y., avec
un portrait, 3 fr. 50. — 31. Parlons ainsi. De la Voix et du geste. Etude théorique
et pratique du mécanisme de la parole, par J.-L. Gondal. Édition nouvelle. Pads,
J. de Gigoro, 1912, in-8 dt- xix-54G p., avec figures, 7 fr. — ■ 32. Grammaire
de la diction française, par Georges Le Roy. Paris, Delaplane, 1912, in-16 car-
tonné de Yiii-184 p., 2 fr. 50. — 33. Remarques pratiques sur la prononciation
romaine du latin, par Dom J. Jeannin. Paris, Bonne Presse, s. d., in-16 de 16 p.,
0 fr. 25. — • 34. La Diction expliquée en 15 leçons, par Paul Cosse ret. Paris,
PaclOt, s. d., in-18 de 128 p., 1 îr. — 35. La Mémoire verbale et pratique. Son
développement naturel et logique par Vaudition, la vision. Vidée. Méthode Georges
Art. Nantes, 1, rue Kléber; Paris, Pedone, 1911, in-18 de 309 p., 5 fr.
13. — Un autre universitaire très distingué, M. Gustave Zidler,.
comme en concurrence et aussi en opposition avec le recueil dont
nous venons de parler, nous offre un remarquable mémoire lu par
lui à Québec en 1912, au Congrès de la langue française en Amé-
rique : U Enseignement du français par le latin, où, avec science et
avec esprit, il examine et discute les points suivants : I. La « Ques-
tion du latin ». II. Pourquoi le français ne peut être bien appris
sans la connaissance du latin. III. Comment le latin est d'abord
indispensable pour la connaissance exacte de notre vocabulaire. IV.
Comment l'étude du latin est aussi nécessaire pour l'intelligence de
notre syntaxe et pour l'art de la phrase française,
14. — C'est aux instituteurs primaires que s'adresse M. Bouchen-
dhomme dans son livre agréable et utile à lire : De l'Enseignement
du français, divisé en quatre parties : I. Enseignement de la gram-
maire. II. Enseignement de l'orthographe. 111. Enseignement de la
lecture expliquée et de la récitation. IV. Enseignement de la compo-
sition française. Inspecteur de l'enseignement primaire, l'auteur a
beaucoup de zèle et d'expérience professionnelle, et on peut tirer bon
parti de ses observations et de ses vues techniques, qui d'ailleurs
appellent des réserves. Il va sans dire que M. Bouchendhomme pro-
fesse les dogmes officiels, et, au besoin, les impose, canonise et ex-
communie. « Par quelques anecdotes, éciit-il, par quelques détails
frappants de leur vie, nous nous efforcerons de fixer le souvenir de
ces grands hommes (les grands écrivains) dans la mémoire de nofe
enfants. Si nous leur parlons de Lamartine, nous ne manquerons pas
de rappeler en quelques mots son rôle en 1848 et dans les années qui
précédèrent; si nous parlons de Victor Hugo, nous indiquerons la
cause de son exil, nous le montrerons flétrissant le coup d'État de
1851 et l'Empire dans une de ses œuvres les plus remarquables,
les Châtiments, refusant l'amnistie qui lui était offerte, nous rappel-
lerons les souffrances que lui causa lexil et. son retour à l'heure, de
— 218 —
nos sanglants revers » (p. 121, 122). Mais alors que devient la
fameuse neutralité?
15. — Il y a aussi à prendre, mais avec circonspection, dans les
observations et les vues exposées par MM. Armand Weil et Emile
Chinin dans leur curieux, mais systématique et utopique ouvrage :
Le Français de nos enfants, où, secouant « le joug de la tradition », ils
s'appliquent à faire prévaloir une méthode nouvelle d'enseignement
pour la composition française. Cette méthode repose sur « l'observa-
tion directe » et sur « l'enseignement par l'image )>. Elle a certaine-
ment des avantages, mais aussi des inconvénients qui sautent aux
yeux. La partie la plus intéressante du livre est le recueil de « de-
voirs » formé par les auteurs. « Ce sont, nous disent-ils, des essais
d'élèves de sixième et de cinquième, dont l'âge moyen varie de dix
à douze ans. Ces devoirs, nous les citons en entier ou par extraits,
sans que, dans aucun cas, ils aient été refaits sur les indications du pro-
fesseur. Nous avons respecté scrupuleusement les naïvetés, les redites,
les imperfections, qui trahissent l'inexpérience de l'enfant, mais qui
révèlent souvent tant de choses intéressantes... De toute façon, nous
nous sommes fait une loi de ne rien changer à ces ébauches; nous
en avons seulement corrigé l'orthographe-, nous apportons ici un re-
cueil de documents, qui n'a pas seulement un intérêt pédagogique,
mais qui peut servir aussi à la psychologie de l'enfant.» — L'esprit
général du livre est naturaliste, humanitaire, implicitement antichrc-
tien.
16. — Pendant que divers médecins proposent différents remèdes
au mal dont souffrent chez nous la langue et le style, M. Abel
Favre, dans son opuscule : La Crise du français et la Réforme universi-
taire, soutient que cette crise n'existe pas. Ce qui, selon lui, est malade,
ce n'est pas notre langue, c'est notre enseignement supérieur et notre
enseignement secondaire, et il fait une sévère et amusante critique
des méthodes qu'actuellement on y emploie. Enfin, suprême remède
et suprême espérance, il nous annonce l'avènement procht^in d'vne
école littéraire nouvelle, l'École de la sensibilité.
17. — Partisan du « retour à 1 idéal classique », qui se manifeste
dans la jeunesse française, M. Gaston Sauvebois, rationaliste, révo-
lutionnaire et démocrate humanitaire, est inquiet des conséquences
possibles de ce retour dans l'ordre philosophique, social et politique,
et craint d'être livré en proie à l'affreuse réaction. C'est pour parer à
ce danger qu'il a écrit son petit livre : L' Équivoque du classicisme.
L'auteur est un jeune utopiste, plein, ce semble, d'esprit et de cœur,
mais fourvoyé, faute de principes, dans des opinions extravagantes.
Il y a dans son écrit quelques bonnes observations et on y peut re-
marquer déjà l'effet du « retour à l'idéal classique » dans les qua-
lités du style.
— 219 —
18. — On ne saurait accuser M. l'abbé Paul Halflants, professeur à
l'Institut Sainte-Marie, à Bruxelles, d'être rétrograde. Son opuscule :
La Littérature moderne dans V enseignement moyen. Réponse à la « Re-
vue des humanités », a pour objet de soutenir, contre M. Clautriau, la
nécessité d'introduire très largement dans les collèges l'étude des
auteurs, non seulement modernes, mais contemporains. L'auteur
plaide leur cause avec chaleur. Nous sommes de l'avis de M. Clau-
triau,
19. — Dans sa brochure : Lettres sur la poésie. L' Esthétique vivante,
M. Jean Thogorma s'adresse à un adversaire anonyme, qui s'est,
paraît-il, permis de le critiquer. Il l'interpelle en ces termes singu-
liers : (( Mon vieux critique d'arrière-garde,... mon vieux vétéran du
symbolisme, ... mon vieil invalide de 1 idéal verlibriste, ... mon cher
coureur de vieilles lunes, ... mon cher entrepreneur de démolitions, ...
mon cher ambassadeur du néant,,., mon cher protecteur de fantômes,
... mon cher brocanteur de fausses médailles, ... mon cher révolution-
naire en chambre, ... mon cher falsificateur de la Parole ». Il s'ef-
force d'expliquer à cet ignorant, qui a d'ailleurs, selon lui, « le cerveau
complètement atrophié » (p. 53), les vrais principes de la poésie fran-
çaise et il nous donne en même temps « la formule de la poésie de
demain », laquelle se résume en ce mot : « Le Paroxisme » (p. 50).
20. 21, 22, 23, 24, 25, 26, 27, 28, 29 et 30. — L'étude et l'admi-
ration intelligentes des chefs-d'œuvre de notre littérature demeure
l'un des meilleurs et plus sûrs spécifiques pour nous corriger de nos
défauts et pour fortifier nos qualités. On doit donc se féliciter de la
multiplication, quoique un peu abusive, des recueils d'extraits et de
morceaux choisis. Le volume intitulé : Froissart. Les plus beaux récits
des Chroniques, est précédé d'une Introduction vive et spirituelle,
mais empreinte peut-être d'une excessive modernité de pensée et de
langage. Le rajeunissement du texte, au contraire, a été conçu d'une
façon plutôt archaïque, qui peut n'être pas sans inconvénients pour
les écoliers, auxquels, nous dit-on, ce recueil est offert aussi bien
qu'aux personnes du monde. — Le Bossuet. Œuvres choisies fait
grand honneur à M. J. Calvet qui y a donné ses soins, et revêt par
la biographie, les notes et l'illustration qui accompagnent le texte,
un caractère historique s'ajoutant très utilement à sa valeur litté-
raire. La bibliographie, la grammaire et le lexique achèvent d'en faire
une œuvre fructueuse pour l'étude et l'enseignement. • — Un mérite
analogue doit être reconnu à l'édition spéciale de Y Exposition de
la doctrine de l'Église catholique, publiée par M. Albert Vogt et enrichie
par lui d'une savante Introduction. Ce volume sera particulièrement
utile pour l'enseignement religieux et pour l'apologétique. — Le
Fénelon donné par M. Moïse Cagnac à la collection : Pages choisies
_- 220 ^
des grands écrivains n'est pas moins reconimandable et Y Introduction
est un excellent morceau de critique et d'histoire littéraire. — Le nom
de M. le chanoine Griselle suffit à autoriser les deux recueils inti-
tulés, l'un : BourdaJouc. Sermons du carême de 1678 prononcés dans
l'église Saint-Sulpice, et l'autre : Mascarori. Sermons inédits. — Tous
les vrais amis des lettres goûteront la publication des Œuvres choisies
de Fléchier, rocherchccs exprès parmi les moins connues par M. Henri
Bremond, et se sentiront disposés à convenir avec lui que c'est à tort
que « nous avons laissé mourir la précieuse mémoire... de cet écrivain
presque parfait qui fut aussi l'un des évoques les plus considérables
de l'ancienne France ». — Sans partager tout à fait le culte de M. Vic-
tor Giraud pour Chateaubriand et en persistant, pour notre part,
à penser que l'énorme influence exercée par ce grand artiste sur les
destinées ultérieures de notre langue littéraire n'a pas eu que des
avantages, nous ne pouvons refuser la juste et solide estime due
aux deux volumes de Pages choisies, empruntes l'un à l'ensemble
des œuvres de Chateaubriand et l'autre spécialement aux Mémoires
d'outre-tombe. Ce sont deux travaux d'élite. — Comme il s'agit de con-
temporains immédiats, il re nous semble pas nécessaire de souli-
gner ni à propos de discuter ici aujourd'hui le degré d'intérêt et
d'utilité que peuvent offrir, en ce qui concerne les études de langue
et de littérature, les Pages choisies empruntées aux œuvres du vicomte
E.-M. de Vogiié et précédées d'une étude de M. Paul Bourget, et les
autres Pages choisies, tirées des écrits de M. Jules Lemaître, avec
une Introduction et des notes par M. André du Fresnois, et où
l'on s'est attaché à présenter l'illustre écrivain « sous ses multiples
aspects de poète, de critique, de romanci(r, d'auteur eïramatique,
d'écrivain politique ».
31. — L'éloquence proprement dite, c'est-à-dire le discours parlé
aussi bien que l'œuvre écrite, est l'une des gloires intellectuelles de
la France. C'est pour l'entretenir, notamment dans la prédication
chrétienne, qu'un docte sulpicien, M. Gondal, a composé un ouvrage
justement estimé, dont il a paru tout récemment une édition nou-
velle. Le titre, à la mode ancienne, en est largement développé
pour en mieux indiquer le contenu : « Parlons ainsi. De la Voix et du
geste. Etude théorique et pratique du mécanisme de la parole, où se
trouvent réunis pour la première fois, condensés, mis en ordre et
illustrés les données des physiologistes, les règles des grammairiens
et 1 s Conseils des artistes sur Y Art de bien dire en chaire, au bar-
reau, au cours, à la tribune et dans les lectures publiques : articu-
lation, phonation, respiration, maintien, physionomie et gestes ». L'au-
teur expose, comme il suit, son plan, son objet, sa méthode : « Un
traité de la voix et un traité du geste; trois cents pages consacrées à
I
221
•exposer la phonétique de la parole, et près de deux cents remplies
par la description de la mimique oratoire; des divisions logiques
très nettes, trois pour la phonétique : articulation, phonation, respi-
ration, et trois poilr la mimique : maintien, physionomie, geste;
voilà, en aussi peu de mots que possible, l'analyse de Parlons ainsi...
La pensée de l'auteur en s'adressant au public? Indiquer à tous ceux
qui « parlent », à tous ceux qui « lisent )), à quelles conditions on
devient expert en l'art de dire et de lire; rappeler aux « prédicateurs »,
en particulier, au prix de quels efforts on tire du corps lui-môme
en éloquence tout ce qu'il peut donner de gloire à Dieu et de ser-
vice aux hommes; permettre enfin aux « orateurs », pauvres de livres
et de relations, de cultiver leur « souffle » et d'enrichir leur « âme »
sans bibliothèque et sans professeur. — Le moyen adopté pour tendre
à ce but? Présenter, réunis en un seul volume, condensés, illustrés,
mis en ordre, les aperçus des autours, les conseils des professeurs,
et les exercices des écoles de déclamation; offrir au lecteur un résumé
vivant et fidèle de ce qui s'écrit, se dit et se fait dans les milieux
où l'on a particulièrement à cœur de cultiver la parole. — Don-
nées des physiologistes, règles des grammairiens, secrets des artistes,
recettes des médecins, l'auteur aurait voulu tout faire tenir en
raccourci dans les trois livres du traité de la voix, reproduisant les
conseils pratiques, multipliant les exercices, étudiant avec un soin
particulier tous les vices de la parole, leurs causes et leurs remèdes :
altération des voyelles, altération des consonnes, bégaiement, bre-
douillement, balbutiement. Des physiognomonistes les plus estimés
proviennent les considérations du traité du geste; aux artistes les
plus éminents de l'antiquité et des temps modernes ont été emprun-
tées les illustrations qui revêtent d'idéale beauté les utiles décou-
vertes de la science contemporaine appliquées à l'étude des mouve-
ments expressifs du corps », • — Ce livre est à lui seul toute une
bibliothèque. On en pourrait redouter la méthode terriblement
détaillée et technique, si Ton perdait de vue le précepte essentiel,
plusieurs fois inculqué par le docte sulpicien : « Soyons nous-mêmes !
Soyons naturels ! »
32. — Il faut du temps, du travail, une application soutenue pour
étudier et pour mettre en œuvre le savant traité de M. Gondal. Il
est au contraire aisé de faire son profit du petit, mais judicieux et
habile ouvrage de M. Georges Le Roy : Grammaire de la diction
française. Nous l'avons lu avec intérêt et agrément et nous n'hésitons
pas à le recommander à nos lecteurs. L'auteur est un homme de bon
sens et de bon goût et on ne saurait trop l'approuver d'aimer et de
conseiller « la recherche du naturel en toute chose ». Notons ici en
passant que les inconvénients d'un méthodisme excessif ont été mis
— 222 —
en relief d'une façon spirituelle et mordante dans un récent feuil-
leton de M. Henry Bidou à propos des concours du Conservatoire
(Journal des Débats, 8 juillet 1912).
33. — M. Le Roy a donné dans sa Grammaire de brefs « éléments
de prononciation latine » (p. 74-76). Il s'agit pour lui de la pronon-
ciation du latin usitée en France. On sait qu'elle est défectueuse et
qu il est, à divers points de vue, question de la réformer. C'est au
point de vue ecclésiastique et liturgique que s'est placé Dom Jeannin^
bénédictin de Sainte-Madeleine de Marseille, dans son utile opus-
cule : Remarques pratiques sur la prononciation romaine du latin. On
fera bien de lire sur le même sujet l'article judicieux et modéré
publié dans les Études (20 février 1912) par M. Joseph Burnichon :
La Réforme de la prononciation du latin.
34. — Inférieur à celui de M. Le Roy, le petit ouvrage de M.Paul
Cosseret : La Diction expliquée en 15 leçons, n'est pourtant pas sans
valeur. Il nous a paru clair et pratique. Nous avons été désagréa-
blement étonné d'y lire (p. 113) un extravagant éloge d'un passage
extravagant des Misérables de Victor Hugo. L auteur est pourtant
un homme de goût. Mais il est aussi « juge de paix à Andelot », et
comme tel asservi sans doute à certains dogmes officiels de politique
et de littérature.
35. — C est surtout par rapport à la diction et à la lecture
expressive que M. Georges Art a conçu la méthode qu'il expose dans
son ouvrage : La Mémoire verbale et pratique. Son développement
naturel et logique par l'audition, la vision, l'idée. C'est un livre qui
mérite d'être lu et une méthode où l'on recueille de bons avis. L'au-
teur, imbu d'une philosophie élevée, mais inexacte, est un esprit vif
et vigoureux, original jusqu'au paradoxe. Ses observations sont
souvent justes et ses vres presque toujours ingénieuses. Mais le
plan d'études et d'éducation qu'il nous propose, d'après les idées,
un peu Corrigées, de Jean-Jacques Rousseau (p. 247 et suiv.), n'est
qu'une insoutenable utopie. Marius Sepet.
THEATRE
. La Disgrâce de Madmiic de Brviion, comédie en un acte, par U.-V.
Châtelain. Paris, Revue des poètes, s. d., in-16 de 31 p. — 2. La Magda-
léenne, par Jules Imbert. Pans, Lethielleux, 1911, petit m-8 carré de 112 p.
2 fr. — 3. Une Aventure de Mandrin (Mandrin à Rodez), pièce héroïque -comique
en un acte et en vers par Emile Roudié. Paris, Jouve, 1911, in-lS de 43 p.,
1 fr. — 4. Vindex, drame social en cinq actes et huit tableaux, en vers, par
Etienne Bellot. Paris, Figuière, 1912, in;12 de 111 p., 3 fr. 50. — 5. Comé-
dies gaies et d'amour, par Cécile Cassot. Paris, Daragon, 1912, in-16 de 93 p.
— d. Le Redoutable, pièce en trois actes, par Marie Lenkru. Paris, hachette,
1912, in-16 de 232 p., 3 fr. TO. — 7. Caïn, mystère biblique en 2 tableaux, en
vers, d'après Lord Byron, par Mario Prax. Paris, Figuière, 1912, in-12 de xiv-
— 223 —
55 p. - 8. U Assomption de Paul Verlaine, scène pastorale, précédée de Considé-
rations sur Paul Verlaine, par Ernest Raynaud. Paris, Mercure de France,
1912, in-16 de 83 p., 1 fr. — 9. Théâtre fantaisiste, par Marcel Rof^M^T.
Paris, Figuière, 1912, in-8 de 267 p., 3 fr. 50. — 10. Le Théâtre d'Ibsen, par
W. Bert.val. Paris, Perrin, 1912, in-16 de xiv-315 p., 3 fr. 50.
1. — J'ai eu le plaisir, à la date du 22 juin 1911, d'assister à irti
spectacle exquis : VEsîher de Racine, avec les chœurs de Moreau,,
jouée entièrement par des jeunes filles du monde, lettrées et char-
mantes. Rarement, le théâtre me procura un plaisir aussi délicat. La
tragédie était précédée d'un A-propos de M. U.-^ . Châtelain, la
Disgrâce de M"^^ de Brinon, que terminait un petit ballet, tel qu'on
les dansait à Saint-Cyr. En relisant la pièce gracieuse de M. Châte-
lain, j'ai retrouvé les impressions très agréables de cette journée.
2. — M. Jules Imbert a visé plus haut. Dans la Magdaléenne, il a
voulu tracer une sorte d'Evangile en trois tableaux, inspiré de la
Samaritaine de Rostand. Ce qui manque à ce gem^e de pièces, c'est
l'action, condition essentielle du théâtre. Dès lors, M. Imbert pourra
prodiguer les jolis vers, les souvenirs érudits, la documentation histo-
rique, ce sera toujours un peu à côté; et même, il semble que ce
défaut d'intérêt dramatique ait quelquefois paralysé l'inspiration du
poète, et il serait facile de cueillir de ci de là bien des faiblesses :
... Même si les entorses
Du déshonneur avaient arraché de leur front
Les phylactères d'or ! (p. 26)
— Ainsi, frère, tu crois qu'on lui sera nuisible? (p. 85)
— Donne lui pour manger... fp. 96)
— Rentrez dedans vos chambres... (p. 99), etc.
^H tano, offrent ample matière à des œuvres théâtrales; du moins, faut- il
encore adapter les épisodes, y con biner un choc de passions et
d'intérêts, et ne pas se contenter de les raconter : M. Emile Rou-
dié, en écrivant Une Aventure de Mandrin, ne s'en est nullement avisé.
Il a rimé des scènes spirituelles et vivantes, mais sans s'apercevoir que
la deuxième partie de son petit acte était complètement détachée de
la première. Cest un peu trop de décousu.
4. — Vindex est un grand drame social ou socialiste (huit tableaux
en vers, s. v. p.) qui se passe à Marseille. On y voit se dérouler
l'histoire d'un agitateur libertaire, qui réussit à se faire élire dé-
puté; l'auteur estime que cette victoire électorale sauvera l'huma-
nité, et cela sans la moindre ironie. Qu'on en juge par les derniers
vers, qui tirent la moralité de la pièce :
t.. L'avènement
De notre jeune ami prouve au gouvernement
Qu'à force de vouloir user de l'arbitraire.
On finit par donner raison à l'adversaire,
_'- Et qu'en France, on arrive, étant persécuté.
- 224 —
Tout ceci n'a rien à voir avec la littérature.
5. — Pas plus, d'ailleurs, que les Comédies gaies et d'amour (sic), de
■^[me Cécile Cassot, dont la première, l'Héritage, ne semble pas du
tout gaie et où l'on cherche vainement l'amour. Le Bigame est une
farce assez drôlement inventée : mais il y faudrait la verve de Cour-
teline ou de Tristan Bernard. Hélas ! elle est loin...
6. — On a fait beaucoup de bruit, en janvier dernier, autou^ du
Redoutable, le drame de M"<^ Marie Lenéru, joué à l'Odéon. Le peu
banal auteur des Affranchis a essayé là de transporter à la scène,
avec une exacte documentation, un fait divers tragique, voisin de
l'affaire Ullmo. Il n'est pas prouvé que M^^® Lenéru y ait parfaite-
ment réussi. Ici encore, il n'y a pas, à proprement parler, de drame,
mais une histoire dont les éléments dramatiques n'ont été mis qu'à
moitié en valeur. Le dialogue est quelquefois émouvant, souvent pro-
fond, mais presque toujours obscur et sans mouvement. On comprend
que ces répliques devaient passer la rampe ou péniblement ou à contre-
sens. A la lecture, l'on suit mieux, mais aussi l'auteur est tellement
libre ! 11 peut à volonté indiquer les jeux de scène qu'il désire; ainsi,
au milieu d'un dialogue, il écrit : « L'Amiral, qui a vieilli de dix ans >i.
Voilà des choses qui se réalisent seulement sur le papier, ou chez Fré-
goli. En somme, AP^^ Lem-ru semble avoir fait un gros effort pour
sortir de sa voie et atteindre le grand public; mais c'est tout.
7. — M. Mario Prax est moins moderne. D'après Lord Byron, il a
essayé de composer un « mystère biblique « sur Caïn. Le principal
défaut de ces sortes de pièces est de prêter aux lointains personnages
de la Genèse un langage tout à fait invraisemblable. On se souvient
de Lcgouvé faisant appeler Adam par un de ses fils ; « 0 père des
humains ! », ce qui était presque de la parodie. Avec M. Mario Prax
nous côtoyons l'opérette.
Eve s'écrie, après le meurtre de Gain :
il en est trop souillé pour qu'il s'en lave, va!...
Lucifer se moque de Dieu, qu il montre
Solitaire, baillant en son éternité.
Caïn monologue ainsi devant le cadavre d'Abel :
Assez ! Tu me fais peur, gamin !. .. Reste étendu,
Mais parle, éveille-toi... ïu m'as bien entendu?
... Comme son front est pâle,
Lui, si rose à l'aurore !. .. Oui, j'ai frappé trop fort...
Mais rien qu'un coup. .. trop peu pour te donner la mort.
Aussi, tu résistais, comprends-tu? J'ai vu rouge, etc.
Mais Adam peut-être mérite la palme, quand, au début, il déclare
à Gaïn qu'il peut travailler la terre, parce qu'il est « un mâle bien
râblé » ... Regrettons les strophes de Leconte de Lisle.
- — 225 —
8. — A l'occasion de rinauguration du monument de Verlaine,
M. Ernest Raynaud a fait jouer à l'Odéon une scène pastorale qu'il
publie maintenant, précédée de Considérations éloquentes. La scène
pastorale, écrite en fort beaux vers, a le grave défaut de laisser un
peu trop dans l'ombre la mémoire de Verlaine poète catholique, ou
plutôt de mêler irrévérencieusement les choses sacrées aux profanes.
Le titre de l'à-propos lui-même : L' Assomption de Paul Verlaine^ sou-
ligne vivement cette erreur. Quant aux Considérations, qui appellent
les mêmes réserves, elles renferment néanmoins de magnifiques pas-
sages : « Depuis le vagabond Homère jusqu'à l'exilé Hugo, la vie deceux
qui se sont employés à illustrer la pensée humaine n'est qu'une longue
persécution. Rappelez-vous Ovide chassé de sa patrie, Dante pros-
crit, pleurant, loin de Florence, sa maison rasée et ses biens confis-
qués, Shakespeare se louant pour garder les chevaux à la porte des
théâtres » ... Et après avoir reproduit la fameuse liste de Stello,
M. Ernest Raynaud y ajoute le nom de Xavier de Ricard, mort misé-
rablement, il y a quelques mois, dans un hôpital de Marseille, « Le
monde appartient, de leur vivant, à ceux qui ont l'échiné souple et
la conscience légère. Il n'épargne que les indécis, qui savent à propos
renier leur dieu... Tandis que la médiocrité paradait dans la faveur
pubhque, Verlaine se traînait d'hôpital en hôpital; Jules Laforgue
s'épuisait de consomption dans une chambre garnie; Albert Samain
languissait dans un misérable emploi subalterne à l'hôtel de ville,
qui suffisait à peine à le faire vivre, et Germain Nouveau, encore
vivant, mais plus à plaindre que les morts, affolé de tristesse et de
privations, tendait la main à la porte des éghses ! » — ^M. Ernest Ray-
naud, qui, pour mener à bien son œuvre, et nous donner ces beaux
livres : La Tour d'ivoire et la Couronne des jours, a dû ceindre l'é-
charpe de commissaire de police en quelque quartier de Paris, avait
quelque droit à écrire tout cela.
9. — M. Marcel Rogniat est plus gai : Son Théâtre fantaisiste con-
tient cinq saynètes : Crépuscule florentin, la Chute d'Eve, Rêve bleu,
le Jugement de Paris, Estérel ou la fin des fées, qui le rangent dans
la catégorie des « funambulesques », sous l'égide de Gautier et de
Banville, près de Rostand et de Bergerat. Mais que de grivoiseries !
Crépuscule florentin, seul, peut être lu dans une société honnête. Et
surtout, pourquoi mêler à des histoires ou à des personnages sacrés
toutes ces gaudrioles de music-hall? M. Rogniat, malgré les hésita-
tions de son langage poétique, pourrait faire mieux que cela.
lOT — Pour finir sur une note grave, signalons l'étude très com-
plète du Théâtre d'Ibsen, précédée d'une Préface du comte Prozor,
que vient de faire paraître M. W. Berteval. Certes, c'est surtout un
panégyrique, et nous hésiterions à nommer avec lui Ibsen « le plus
Septembre 1912. T. GXXV. j5.
— 226 —
grand dramaturge des temps modernes «. Il y a bien des réserves à
apporter à l'enthousiasme de M. Berteval; mais il doit être re-
mercié des efforts mc'thodiques qv.'il a faits pour introduire un peu
de clarté dane le fatras grandiose et déconcertant de son modèle,
et pour nous renseigner exactement sur sa pensée et sur son œuvre.
ARM43SfD Praviel.
THÉOLOGIE
lie (^y<*le des hyiniiefii de l'F«|lise en vers françnis et les
Poèmes reli§:ieitx des Pliilippins de Rouen, par Edward
MONTiHR. l'ariâ, Bloud, 1912, in-16 de xix-347 p. — Prix : 3 fr.
Dans son livre les Essaims nouveaux, M. Edward Montier nous avait
dit quelle puissance éducatrice possède la liturgie et l'utile emploi
qu'il en fait dans son patronage désormais célèbre des u Philip-
pins )) à Rouen. Le chapitre intitulé : Initiation liturgique, donnait
de fort poétiques exemples du parti qu'il tire des hymnes et pro-
ses liturgiques traduites en vers français, pour faire comprendre et
aimer les textes latins chantés dans les offices. Ces exemples faisaient
désirer le recueil complet de ces traductions.
L'ouvrage que nous annonçons comble les vœux des directeurs
d'œuvres de jeunesse. Nous y trouvons la traduction en vers, non
seulement des hymnes et proses du rit romain, mais aussi des chants
du Propre de Rouen empruntés aux missels et antiphonaires publiés
en France au xviii^ siècle. De plus, un certain nombre de psaumes
traduits en vers français et tout un recueil de « chants des Philip-
pins » enrichissent ce volume de poèmes religieux. Une Préface
avertit le lecteur de l'objet poursuive faire aimer les chants de l'EgUse
sans avoir, certes, la prétention de les supplanter.
La plupart de ces^ poèmes seraient malaisément chantés sur l'air
du texte latin qu ils traduisent; mais on les lira, on pourra les
déclamer avec grand intérêt. N'y aurait- il pas eu quelque avantage à
séparer les textes qui appartiennent à une liturgie locale de ceux
qui font partie intégrante de la liturgie romaine?
Quoi qu'il en soit, ce livre ne peut manquer d'avoir un grand
Succès; il fera goûter davantage les admirables prières de l'Eglise.
A. ViGOUREI.
De Cliaryb'le à Sryllsi. ^neienne et nouvelle lliéologie, par
U F.G.'l YKKKLL ; liad. de l'a glHis.V<ils-les-B;i)iis, imp. P.Ab' ikii; Pans,
Ea.iie Nou ry, .s d.. in-l2 de iv 319 p.— Prix : 3 fr 50.
Ce volume reproduit, avec la traduction du livre anglais, l'article
Théologisme publié dans la Revue pratique d'apologétique (Paris, 1907,
— 227 o«
t. III, p. 499 sq.), en réponse aux critiques perspicaces de M. J. Lebre-
ton, et l'article Du Ciel ou des hommes?, publié dans la revue italienne
// Rinnovamenio. Son esprit est celui du symbolofidéisme de A. Sa-
batier, celui du pur modernisme, son succédané. L'amertume contre
la hiérarchie s'accentue dans les derniers chapitres. L'auteur se pro-
nonce plus nettement, contre ce qu'il nomme le « sacerdotalisme »,
pour l'autorité suprême de l'âme collective, expression la plus haute
du Dieu immanent. Le titre de l'ouvrage a le tort d'être inexact :
en 1907, à l'époque où parvit Through Charyhdis and Scylla, G.Tyrrell
n'était plus religieux. Il est de plus incomplet : le nom du traducteur
est... oublié. H. Grs.
Jflanuel do théologie myisitiqiie, ou lef^ €rràce.«î extraordi-
nairotidel» viesiirnaliirelle«xpli4uée8, par le R. P. A^^thur
Devine, trad. de l'anj^lais par l'abbé G. Maillet. Avignon, Aubanel, 1912,
in-8 de xXiv-732 p. — Prix : 5 fr.
Cet ouvrage résume de la façon la plus simple et la plus claire
ce qu'ont écrit les maîtres sur les grâces d'oraison. Laissant à des-
sein de côté les discussions subtiles, l'auteur a voulu surtout offrir
des notions exactes et des règles sûres. Du reste il ne marche qu'ap-
puyé sur l'autorité de Scaramelli et de Benoît XIV : il ne pouvait
choisir de meilleurs guides.
Le plan du livre est très net; il se compose de quatre parties : la
nature de la contemplation, la préparation à la contemplation, les
degrés de la contemplation, les phénomènes de la contemplation.
11 a été facile de ramener à ces quatre chefs tout ce qui se rap-
porte à l'oraison mystique. Quelques-uns regretteront peut-être de
ne pas trouver ici au moins un écho de certaines controverses
récentes, mais je crois interpréter la pensée de l'auteur en répon-
dant que, voulant faire une œuvre immédiatement pratique, il a
tenu à n'exposer que les points hors de conteste ou généralement
admis. C. S.
rIiM Dé'votiou au $»acré-l^oetirde Jésus. Doetrine. Histoire,
par J.-V. Bainvel. 3^ édit. Paris, Beauchesoe, 1911, iii-16 de x-498 p.
— Prix : 4 fr.
Ecrit par un professionnel de la théologie, ce nouveau traité sur
la dévotion au Sacré-Cœur de Jésus est d'une rigoureuse orthodoxie.
Cependant, l'auteur a exposé d'une façon plutôt rapide les points de
doctrine qui se rapportent à son sujet. Ce qu'il a voulu surtout
étudier, c'est l'évolution de cette dévotion dans l'Éghse.
Le culte du Sacré-Cœur a, en effet, toute une histoire où il faut
distinguer la préparation, la révélation et la diffusion.
— 228 —
Ce travail historique a déjà tentr un grand nombre d'écrivains; la
plupart se sont bornés à des monographies sur les origines et les
développements de ce culte dans telle ou telle famille religieuse.
M. Bainvel a utilisé ces différentes études pour composer un ta-
bleau d'ensemble, en y ajoutant ses recherches personnelles. Ce
tableau, comme le dit l'auteur, pourra encore s'enrichir de quelques
traits; mais, tel qu'il nous est présenté, il donne une idée complète du
grand travail qui s'est accompli, sous l'action de l'Esprit-Saint, pour
aboutir d'abord aux grandes révélations de Paray-le-Monial, et
finalement à la consécration du genre humain au Sacré-Cœur.
Christophe Simon.
Iie4;on!« et lectures cl''apologétique. |ja Traie Keligion,
par E. RouPAiN. Paris et Tournai, Gaslermaii, 1912, in-8 de 670 p. —
Prix : 6 fr.
M. Roupain s'en tient strictement à l'apologétique externe, mais
il expose avec une grande netteté et une grande force les princi-
paux, motifs de crédibilité. Ce qui distingue ce traité, ce sont les
nombreux extraits d'auteurs contemporains dont il accompagne
son exposition et sa démonstration. Ces pages sont parfaitement
choisies et elles forment dans leur ensemble une véritable somme de
l'apologétique contemporaine.
Ce n'est pas au livre de M. Roupain que pourront s'appliquer les re-
marques du P. de Poulpiquet sur l'étude trop superficielle des raisons
de croire. L'auteur a voulu faire une œuvre rigoureusement scientifique
et, s'il reste constamment accessible à tous les esprits cultivés, il a
eu la préoccupation de donner à toutes ses démonstrations une pré-
cision et une force qui puissent défier la critique la plus exigeante.
M. Roupain a suivi le plan ordinaire des cours d'apologétique; mais il
a su le rajeunir et l'actuahser. C'est ainsi qu'il a eu grand soin
d'exposer toutes les tentatives faites récemment pour remplacer
l'apologétique traditionnelle. L'apologétique d'immanence a été spé-
cialement étudiée et appréciée à la lumière des saines doctrines de la
philosophie et de la théologie.
A mesure que se déroulent les diflerentes preuves soit de la valeur
des Li\Tes inspirés, soit de la divinité de Jésus-Christ, l'auteur ren-
contre également plusieurs des théories modernistes. Il les expose,
il les discute et il en fait nettement justice.
L'ou\Tage comprend deux parties : la première est consacrée à
la nécessité de la religion, la seconde à la divinité du christia-
nisme. On regrettera qu'il n'en contienne pas une troisième sur la
vérité du catholicisme. Peut-être l'auteur se propose-t-il de traiter
ce sujet dans un volume à part. Ce serait le couronnement naturel
de son œuvre. Christophe Simon.
— 229 —
SCIENCES ET ARTS
Soeiétéet Solitude, par R. W. Fmerson; trad. de M. Dugard. Paris,
Colin, 1311, in-l8 de vui-29;. p. - Prix : 3 l'r. 50.
« Emerson n'a pas à être présenté au public français. Depuis quel-
ques années, les esprits las dos systèmes se sont tournés vers le
penseur américain qui eut à un degré supérieur le sens de la vie. »
Ainsi s'ouvre le bref Avant-propos de cette traduction, et l'on aura
peut-être quelque peine à croire qu'Emerson ait en ces derniers
temps fait tant de disciples chez nous, ni même qu'il soit destiné à
en trouver un jour un grand nombre. Noblesse des sentiments, élo-
quence, poésie, pénétration, ce sont qualités que tous admirent chez
le philosophe ou plutôt le prophète de Conccrd, mais on s'accom-
modera peut-être moins chez nous qu'ailleurs de sa pensée trop sou-
vent ondoyante et inconsistante, de ses affirmations hasardeuses, de
sa doctrine peu nette, de ses exposés si souvent incohérents
et prolixes. Quoiqu'il en soit à cet égard, le recueil qu'Emerson
publia en 1870 et que voici tourné en notre langue est peut-être l'un
de ceux où ses défauts sont le moins apparents, si peut-être ses qua-
lités y sont moins brillantes que dans d'autres. Le livre se compose,
comme on sait, de douze essais qui ont pour sujets (pour sujets ap-
proximatifs, car l'auteur se perd sans cesse en digressions) la société
et la solitude, la civilisation, l'art, l'éloquence, la vie domestique,
la chose rustique, les travaux et les jours, les livres, les idées, le cou-
rage, le succès, la vieillesse. La traduction de M^^^ Dugard, souvent
bonne, est assez souvent aussi trop littérale, ce qui la rend en plu-
sieurs endroits bizarre et peu naturelle. Les anglicismes de syntaxe,
de tour et surtout de vocabulaire y sont malheureusement nombreux;
ils paraissent dès la première page (le dernier sauf un, pour \'a>>ant-
dernier) et nous accompagnent, à intervalles plus ou moins rapprochés,
jusqu'à la fin du volume (la congrégation, pour les fidèles, p. 292).
On ne comprend pas pourquoi certains mots sont laissés en anglais
{srholar, de façon régulière, self-reliance{^.Ç>), hegira, (p. 283), sans
parler des noms propres comme Damascus (p. 27), ou Owhyhee (p. 34),
où personne, à moins de savoir l'anglais, ne reconnaîtrait Hawaï.
Le Younger Edda (p. 189), n'est pas moins bizarre, ni même les Diver-
tissements des Nuits arabes (c'est-à-dire les Mille et une Nuits (p. 192).
C'est probablement une faute d'impression qui transforme Drum-
mond de Hawthornden en Drummond ou Hawthornder (p. 181); bs
barbarismes lisable (p. 60), alternat (p. 195), Pallade (p. 90), s'expli-
quent-ils de même? Le titre d'un poème célèbre de Browning est enfin
mal traduit à la p. 57. Si le public français se tourne vraiment vers
Emerson et s'il demande une seconde édition de Société et Solitude,
— 230 —
une revision attentive sera utile pour faire disparaître de cette
version, par ailleurs estiaiable, un assez grand nombre de négligences
de cette sorte. A. Barbeau.
li'Edtirntioii p«r ia famille et par l'école, par W"" M. Ponson.
Lyon et Paris, Ville, s. d.. iû-10 de 237 p. — Prix : 2 fr. 50.
Ceci n'est pas un traité d "éducation ni un livre de pédagogie,
bien qu'il s'y trouve d'ailleurs beaucoup d'excellents conseils pour
la bonne formation de l'intelligence et du cœur. C'est un recueil de
conférences éloquentes données soit à des institutrices, soit à d'an-
ciennes élèves d'institutions chrétiennes, soit au groupe l'Action
sociale, dans la région lyonnaise. Ces conférences, prononcées dans
des milieux différents, ne constituent pas un enseignement suivi et
didactique, et parfois se répètent un peu, parce qu'il faut bien
nécessairement redire un peu les mêmes choses, mais elles traitent
d'ailleurs avec une réelle éloquence des sujets se rapportant tous à
l'éducation des jeunes filles. \ok\ les titres : I. Les Éducateurs de
demain. II. L'Education. III. L'Éducation des femmes. IV. Le
rôle de la femme dans la famille. V. L'Éducation des jeunes filles
après leur sortie de pension, VI. La Véritable Éducatrice. VII. L'Édu-
cation morale. VI IL Courage et confiance.
Je recommande bien volontiers ces conférences, d'un souffle
élevé, pleines de bon sens et de cœur, où circule une belle flamme
chrétienne. Elles contribueront à préparer des femmes éprises du
devoir sous toutes ses formes, et, pour tout dire en deux mots, de
bonnes chrétiennes et de bonnes Françaises. Le livre est revêtu de
Y imprimatur de l'archevêché de Lyon. C'est un bon passeport.
P. Talon.
Par le^ioarire, par C.Wagnbr. Paris, Hachette, s. d., in-16 de vii-299 p.
et portrait. — Prix : 3 fr. TiU.
Le vrai titre de ce volume serait : Leçons de choses. M. le pasteur
Wagner enseigne les enfants, non avec des livres, mais avec des
choses : il leur fait voir l'eau, le feu, le sable, les cerfs-volants, les allu-
mettes, les cruches, les poules, bref tous les objets familiers qui se
rencontrent au hasard de leurs promenades, et de tout il fait sortir
de petites leçons morales, assez pratiques, je dirai même surtout pra-
tiques, destinées à faire germer de toutes petites vertus. Ces leçons
sont pleines de sourires, si l'on veut, mais de sourires un peu maniérés
et artificiels, qui seraient mieux qualifiés de bonhomie empesée.
J'ajoute qu'elles sont souvent bien tirées par les cheveux, si j'ose
m'exprimer ainsi. Le livre n'est pas mal fait, pas mauvais non plus,
mais il ne vise pas très haut, et je crois bien qu'un simple catéchisme
— 231 —
de deux sous donnerait aux enfants, au point de vue moral tout au
moins, une formation plus efficace et meilleure. Rendons cette justice
à M. le pasteur \Vf;i;ner qu'au moins une fois dans son livre il prononce
le nom de Dieu. Il y a bien cà et là dos traces d'illusions et de préjugés,
par exemple quand il écrit que le pays n'est jamais mieux gouverné
que quand « les citoyens s'occupent de leurs affaires eux-mêmes ».
A propos de « crapauds pendus et de hiboux crucifiés », il évoque le
souvenir des victimes de l'intolérance, sans préciser aucunement
d'ailleurs, ce qui permet de croire qu'il condamne toutes les intolé-
rances, même celles dont les catholiques sont les victimes aujour-
d'hui. Si c'était la pensée de M. Wagner, nous lui en ferions compli-
ment. Mais est-ce bien cela qu'il a voulu dire? De ci de là, je trouve
aussi quelques passages déplaisants, tel que cet emploi fâcheux que
l'auteur fait de l'auguste formule eucharistique : « Prenez, ceci est mon
corps et c'est mon sang. »
Bref ce livre est encore un livre d'éducation protestante, où d'ail-
leurs ne manquent ni les observations de bon sens, ni les leçons pra-
tiques, et encore moins les bonnes intentions. Je voudrais seulement
des raisons un peu plus élevées comme justification des petites vertus
qu'il enseigne. Tel quel, il vaut bien mieux que la plupart des manuels
de morale employés dans les écoles d'aujourd'hui. S'il n'affirme rien
ou presque, du moins il ne nie ou n'attaque rien de ce qui est
l'objet de nos croyances et de notre culte, et, par le temps qui court,
c'est bien déjà quelque chose. P. Talon.
]Vofi lihertéM politiqucH. <li*î$:ines, évolulinn, éfiit actuel,
par Maurice Caudel. Paris, Coiiri, lylU, in-18 de vu-Wi p. — Prix: 5 fr.
Je ne pense pas faire un jugement téméraire, ni surtout formuler
une proposition désagréable au savant auteur de ce volume, en admet-
tant que, dans son esprit, la liberté est l'idée centrale autour de
laquelle doivent s'ordonner toutes les institutions politiques. C'est
là une opinion contestable, et en tout cas contestée. Mais ce qui ne
peut l'être sans contredire l'évidence, c'est que telle est la théorie
qui a servi de bélier aux hommes de la Révolution pour renverser
la dynastie qui gouvernait la France depuis les origines de son his-
toire, et que c'est elle aussi dont se sont armés les partis de gauche
pour donner l'assaut aux divers régimes qui ont essayé de s'implanter
entre 1814 et 1875. Puisqu'ils sont les maîtres, qu'ils nous la don-
nent.
Mais, au demeurant, en quoi consiste donc la liberté? M. Caudel
l'étudié dans les pays où elle se confond avec la tradition nationale, en
Angleterre et aux États-Unis. Là, un citoyen possède, du fait de sa
— 2.12 —
naissance, certains droits qui t'chappent aux prises du gouvernement.
S'il s'avisait d'y porter atteinte, le pouvoir judiciaire les ferait res-
pecter et les agents administratifs qui auraient prêté les mains à
leur violation encourraient une resp( nsabilité personnelle.
En France, on a proclamé la liberté dans la Déclaration des droits
de l'homme. Mais on a oublié de l'organiser: Yn pratique, le ce de
d'instruction criminelle autorise le ministère public à arrêter préven-
tivement un citoyen. Il reconnaît le même droit au préfet (admirable
application du principe de la séparation des pouvoirs). On le gar-
dera prisonnier, tant qu'il plaira au juge d'instruction; car les lois
n'assignent à son arbitraire aucunes limites. M. Caudel aurait même
pu joindre à son dossier déjà si documenté l'odieuse habitude de la
police parisienne de se livrer impunément à des voies de fait sur la
personne des prévenus. Une fois devant les juges, l'accusé se trouve
en face de fonctionnaires, choisis par le gouvernement à raison de
la docilité politique qu'il leur suppose, dépendant de lui par l'avan-
cement, au besoin par la menace d'une loi « d'épuration ».
Quant aux autres libertés, elles n'ont guère relevé, pendant la plus
grande partie du xix® siècle, que de la loi pénale. Depuis 1875, elles
ont une tendance à se faire reconnaître; mais le législateur les con-
sacre sans grand enthousiasme, toujours avec l'arrière-pensée de servir
les intérêts électoraux du parti dominant. En 1S81, les répubhcains
ont organisé la liberté de la presse et la liberté de réunion, qui
avaient été les instruments de leur victoire centre le gouvernement
des conservateurs. En 1884, ils ont institué les syndicats profession-
nels, pour récompenser les masses ouvrières dont ils avaient plus
particulièrement recueilli les suffrages. En If 01, s'ils cnt octroyé
sur des bases plus larges la liberté d'association, ce fut un simple
prétexte à étrangler les congrégations religieuses.
Tout cela, on s'en doutait bien un peu. Mais jamais l'aboutisse-
ment final de la liberté révolutionnaire n'avait été exposé avec
autant de netteté dans les idées générales, ni de précision dans les
détails. L'ouvrage de M. Caudel est un livre à lire.
H. RUBAT DU MÉRAC.
Les Sciences de la nature en France an YYlll^ niècle. Un
t'hapitre «le l^lilstuire de!!i idées, par D. AJornkt. Patis, Colin,
1911, in-18 de x-2yl p. — Prix : 3 fr. 50.
L'auteur n'a pas prétendu faire l'histoire des doctrines scientifi-
ques au xviii^ siècle, mais bien celle du mouvement et de l'évolu-
tion des esprits à l'occasion du goût des sciences naturelles à cette
époque. L'engouement, la mode, la tendance au merveilleux et la
crédulité se mirent d'abord en travers du mouvement scientifique.
— 233 —
Mais le point sur lequel l'auteur insiste principalement, c'est la pré-
tendue résistance de la « théologie » aux sciences naturelles. Obser-
vons à ce propos que l'auteur, bien que docteur es lettres, ije pouvait
avoir, sur la nature de la théologie proprement dite, que des notions
assez vagues. Toute controverse d'exégèse ou d'apologétique est
pour lui théologie; les autorités qu'il invoque sont non pas les décrets
des conciles ou les décisions pontificales, mais bien les chicanes et
les arrêts de la Sorbonne et certaines individualités choisies indiffé-
remment parmi des catholiques, des protestants et des jansénistes.
Les discussions qu'eut à soutenir Buiïon tiennent une grande place
dans le volume.
L'auteur paraît d'ailleurs animé d'un esprit sincèrement impar-
tial et ne manifeste aucune hostilité contre la « théologie »; il lui
attribue seulement un rôle qui n'est pas le sien et appartient seule-
ment à des personnalités sans autorité à ce point de vue, ainsi qu'à
des institutions pohtiques. A part ce défaut, le livre de M. Mornet
offre un très réel intérêt; il est accompagné d'une bibliographie
importante et soignée. C. de Kirwan.
IVotre 4ïlobe. l^A coiiMtitMiion, «on histoire, pa;- E. Bruckrr.
Paris;, Delagnive, s.d., in 18 <ie vui-300 p., avtc de nombreuses phologr.i-
phies et une cane en couleurs. — Prix : 3 fr. î 0.
M. Bruckor indique dans sa Préface qu'il s'est efforcé d'atteindre un
double but ; il a souhaité, en écrivant son lisnpe, permettre à un lec-
teur sans connaissances spéciales, mais a;ant étudié consciencieu-
sen;ent Noire Globe, d'aborder avec profit les grands ouvrages de
géologie générale publiés en France, et de s'initier aux travaux de
géologie locale et à la lecture de la carte géologique, à l'échelle du
1 : 80.000^. Ce but, M. Brucker l'a complètement a' teint; rien de
plus clair, de plus au courant que le petit livre plein de faits précis
que nous venons de lire et dans lequel l'auteur, après des rotions
préliminaires indispensables sur les roches, va remontant le cours des
âges, partant de l'époque actuelle pour étudier successivement les
différentes époques géologiques jusqu'à l'époque primaire; rien de
plus intéressant à regarder que les nombreuses figures accompagnant
le texte de M. Brucker ! 11 en est cependant une qui est susceptible
de troubler le lecteur, celle de la p. 172 montrant les profils super-
posés d'un singe, du lithecanihropus, de l'homme de Néanderthal et
de l'homme actuel; elle montre des tendances évolutionnistes que
précise le texte des p. 171 et 173, que l'auteur expose d'un bout à
l'autre de son livre (voir en particulier la p. 104) et sur lesquelles il
insiste, surtout aux p. 162-164 consacrées aux théories créationniste?
et transformistes et indiquant l'exactitude scientifique de la seconde
— 234 ~
doctripe. Ceux qui ne peuvent accepter de telles théories feront bien
de ne pas ouvrir l'ouvrage de M. Brucker; ceux qui ne les jugent
pas incompatibles avec la foi auront plaisir et profit à le lire et à
l'étudier. F. R.
LITTÉRATURE
CoiitriliutioiES au lolk-lore bourbonnais, par Francis Pbrot.
Moalins, Les Gabiers du Centre, 4* série. Avril-mai 1912. in-12 carré de
139 p. — Prix : 3 fr.
« De nombreux abonnés des Cahiers du Ce/iirc nous ont demandé
l'an dernier de publier, en une sorte d'anthologie régional, des textes
locaux, des chansons patoises, etc; nous avons songé à leur donner
satisfaction.» De là ce petit volume qui a été demandé à M. Fr. Pérot,
comme « ami et connaisseur des légendes du pays. »
Le terme de folk-lore s'est répandu en province, comme on le voit
une fois de plus par le titre de ce volume; mais on trouve souvent
chez ces nouvelles recrues du folk-lore plus de bonne volonté et d'en-
thousiasme que de méthode critique et exacte comme on la demande
aujourd'hui. Il se rencontre encore des écrivains pour lesquels,
comme au temps du romantisme de 1830, les légendes subsistant
dans le peuple sont matière à jolie littérature. M. Pérot ne s'est pas
rendu compte qu'à expliquer ses légendes il leur ôte à la fois leur
saveur et leur intérêt pour- l'étude comparative et historique. Ainsi
la légende « Chien noir « (p. 14-22) commence ainsi : « Le grand
vent d'aurisse (?) souille de bise, oh! qu'il est froid, rentrons au
logis ! disait une troupe de vieux chevaliers qui finissaient leur chasse
dans la montagne... ». La première partie du volume est faite de
« légendes » ainsi embellies, ou même, je regrette de le dire, de
pures fantaisies, comme ceci (p. 60) : « La légende ( !) nomme,
comme auteur des sources minéro-thermales de la ville de Néris
Mage, l'aïeul de Dryus, fils de Hadès ou Dûs, le père des Gau-
lois )). Folk-lore bourbonnais ! ! !
Après les légendes, parmi lesquelles il y en a une sur Gargantua,
vient un choix de textes populaires, quelques-uns merveilleux, la
plupart facétieux, et dont plusieurs ont le mérite d'être racontés
en patois, lequel n'est pas, pour nous Parisiens, de compréhension
difficile; ^L Pérot indique la provenance pour la plupart de ses contes.
Le volume se termine par une petite anthologie de chansons (parmi
lesquelles une variante de plus de la jolie « Chanson des transfor-
mations » de Alagali) et de noëls. Tout cela se perd en Bourbonnais
comme ailleurs par la didusion de l'imprimerie, par le développement
des cafés-concerts et les mesures de police administrative. Ainsi les
— 235 — .
«Chants de quête à la Noël» ont déjà été interdits à Moulins, en
1866, par « arrêté de M. le maire » de la ville.
En somme, ce petit volume, écrit sans prétention, offre de l'inté-
rêt comme anthologie locale et souvent patoise, et elle mérite le
titre modeste qu'elle porte de « contributions au folk-lore bourbon-
nais »» ■ H. Gaidoz.
The Faipy-Faîtli in Celtic couiitrie», by W. Y. Evans Whntz.
Londou, Frowde, Oxford Uuiveisity Press, I9n, in-8 de xxviii-524p. —
Prix: 15 fr. 65.
Cet ouvrage a d'abord été imprimé chez nous, et en anglais,
comme « thèse d'Université » à Rennes. On sait que, pour attirer
des étrangers dans nos Universités, on a créé un doctorat de seconde
classe, qui donne aux auteurs des thèses acceptées le titre de doc-
teur, mais de « docteur d'Université » tout simplement. C'est donc
par méprise que M. Wentz prend ici, à la suite de son nom, le
titre de « docteur ès-lettres de l'Université de Rennes « : d'après
l'institution de ce nouveau doctorat, il est simplement « docteur de
l'Université de Rennes (Lettres) ».
Mais cela a peu d'importance. Ce qui en a, c'est iœuvre considé-
rable apportée dans ce volume et aussi la méthode suivie par l'auteur.
Après avoir eu dans son Université californienne de Stanford l'idée
d'étudier la croyance aux fées chez les Celtes, M. Wentz est venu en
Europe chercher les fées celtiques chez elles; il a visité les pays
celtiques d'Outre-Manche et de chez nous pour se rendre compte
de « l'environnement psychologique »; et son ouvrage s'ouvre par
une gravure représentant les célèbres ahgnements de Carnac avec
cette légende : « le centre mystique du monde celtique, Carnac en
1909, considéré au lever du soleil, du centre du cercle de pierres ».
Lorsque en septembre 1871, en la société de mon ami feu Luzel, je
visitai ces «alignements», je fus frappé du mystère de leur origine,
mais sans éprouver aucun sentiment dit mystique. Cela est affaire
de tempérament, mais M. Wentz est certainement de la lignée de
ces grandes âmes qui, comme celles de Jean Reynaud et d'Henri
Modin, comprennent mieux le suhstratiim des choses par leur don
d'intuition que nous autres philologues par l'étude des textes. La
page d'enthousiasme que M. Wentz a écrite sur Carnac (p. 15) a la
beauté d'une vision.
M. Wentz n'a pas seulement visité les pays celtiques et vu leurs
paysages avec un talent de poète, il a aussi interviewé les hom-
mes, lettrés, collecteurs de contes et autres. Il s'est admirablement
documenté, mais non en vue d'une étude de détails, comme on l'a
fait généralement avant lui. Il va au fond des choses, par une
— 236 —
investigation où le mysticisme tient une grande place et où il intro-
duit ces questions de « recherches psychologiques » qui sent au-
jourd'hui en honneur en Angleterre; M. ^^'entz croit, ici, sinon au
surnaturel, au moins au preelernaturel, si je n'emploie pas à tort ces
distinctions subtiles de la théologie. Et la conclusion de ce gros livre
est cette phrase : « La croyance celtique aux fces et au monde des
fces est scientifique ».
L'ouvrage de M. Wentz ne peut manquer d'avoir grand succès
non tant' par le sujet qu'il traite que par la façon dont il le traite et
par le talent d'écrivain qu'il y montre. Même quand en ne croit plus
aux fces, en ne cesse pas pour cela de les aimer : Voltaire a dit cela
en jolis vers quand il se plaignait de scn « siècle de fer )); (t m
parlera de « fces » tant que des hommes galants voudrcnt faire des
compliments à de jolies femmes. Chez les Celtes les ft'es dominent
toute leur histoire littéraire et le peuple, surtout en Irlande et dans
notre Bretagne, n'a pas cessé de croire à leur existence réelle et maté-
rielle en quelque sorte. Tous ceux qui étudient ces questions, même
d'un point de vue prosaïque, et, d'\ ne façon plus générale, les histo-
riens de la mythologie celtique tireront profit du livre de M. Wentz,
d'autant plus que beaucoup de faits y sent réunis, bien classés, et
munis d'un bon index; mais, pour nous, scn livre vaut surtout par
sa poésie. H. Gaidoz,
Les Cent et une HTnîts ; traduites de l'arabe par Gaudkfroy-Demon-
BYNBS. Paris, Guilmolo, s. d. (1911), in-8 (te xv-352 p. — Prix : 8 fr.
C'est un recueil d'une vingtaine de contes dans le genre de ceux
des Alille et une Nuits, traduits d'après quatre manuscrits arabes
maghrébins d'époque moderne. Le traducteur paraît avoir oublié de
dire dans sa Préface où se trouvent ces manuscrits; on découvre tout
à la fin, dans un appendice, que trois d'entre eux sont à la Biblio-
tiièque nationale de Paris, et qu'un quatrième a été communiqué par
M. René Basset qui — on doit le supposer — l'a en sa possession.
On retrouve dans cette collection plusieurs des contes des Mille
et une Nuits, notamment la célèbre histoire du Cheval d'ébène, mais
sous une forme assez différente. Le traducteur pense que la forme
des Cent et une Nuits est plus ancienne. On sait que les Mille et une
Nuits, telles que nous les connaissons, datent tout au plus du xv*' siè-
cle.
La traduction, qui est élégante, est accompagnée de notes érudiles
sur l'origine de ces histoires et sur leur rapport avec des récits ana-
logues dans d'autres littératures, en particulier avec des récits indiens.
L'opinion qui attribue une origine indienne à plusieurs contes des
Mille et une Nuits est assez répandue parmi les savants. Ce n'est pas
— 237 —
la mienne. J'ai souvent pensé qu'on ne reconnaît véritablement pas
dans ces histoires ni le génie indien, ni le génie arabe, et que, aussi
bien dans l'Inde qu'en pays arabe, elles sont importées. Je suis per-
suadé que leur origine est grecque, et que c'est de la Grèce qu'elles
ont essaimé, à une époque ancienne, d'une part dans l'Inde et même
jusqu'en Chine, d'autre part en Perse et chez les Arabes. Le senti-
ment du génie littéraire propre à chaque peuple me paraît indiquer
cette filiation.
Quoi qu'il en soit, des études comparatives comme celles dont
M. Gaudeffoy-Demombynes accompagne ses contes sont très at-
trayantes par elles-mêmes, dût la conclusion en rester incertaine.
Baron Carra de Vaux.
Woititre et les origines de Tliôtel «1« Itambouillet (1599-
tG3B), par Emile Magnb. Paris, Mercure <]■>. France, 1912, in-18 de
321 p., avec2 portraits et une vue. — Prix: 3 fr. 50.
Voiture et les aniice»» de gloixe de Tliôtel de Rambouillet
(S635-I6l#j, par le luèiue. Paris, Mercure de France, 1912. in-18 de
443 p., avec 2 portraits, une planche et 2 fac-similés d'écriture. —
Prix : 3 fr. 50.
J'ai déjà, à propos du Bois-Robert et du Scarron, caractérisé la
manière — un peu dangereuse — de M. Emile Magne. Ses chapitres
sont richement festonnés d'indications bibhographiques : livres de
tous les temps, mémoires, manuscrits, archives, inventaires, estampes,
portraits, il semble avoir tout exploré., tout dépouillé, et être donc en
état de tout renouveler. Cependant, à le lire sans tenir compte de ces
renvois, on a l'impression sinon tout à fait d'un roman historique au
lieu d'une véridique et précise histoire, du moins d'une série de ta-
bleaux et scènes factices, où l'amour des effets pittoresques a, bien
plus que l'esprit critique et la vraie intelligence des âmes, fait les
frais. Une partie de quinola dans un tripot d'Orléans, un croquis
bariolé de la rue Saint- Denis, un repas bourgeois chez un marchand
des Halles, plusieurs réunions à l'hôtel de l'incomparable Arthénice,
un « grand rond » restitué avec les costumes et les attitudes, comme
en un musée de cire, la chambre bleue, la « loge de Zirphée », le
jardin avec ses sycomores et ses parterres, et le château de Ram-
bouillet avec ses tapisseries de haute lisse et ses lits à pavillons de
damas, une scène à la taverne de la Coiffier, une collation chez
Madame du Vigean, une vue de Bruxelles en 1632, puis des croquis
d'Espagne, Madrid et ses rues où les ordures pleuvent des fenêtres
sur les larges feutres des hidalgos, l'Escurial, ses colonnades et ses
caveaux, l'Andalousie, Grenade et l'Alhambra, la Cour des Myrtes,
la Cour des Lions, Ceuta et ses belles Mauresques, et Lisbonne, et Lon-
dres, et Amiens, une visite au château de Rit;helieu et aux hystéri-
— 238 ^
qiios de Loudun, la brillante représentation de Mirante, au Palais-
Cardinal, en 1641, etc.. àtraverstouscesdécorspeuplés de figures bigar-
rées — et qui pourraient servir encore pour d'autres héros — passe
bien Voiture ou son ombre, disant les mots, jouant les traits, qu'ont
rapportés les Tallemant des Réaux el tous les collectionneurs d'anec-
dotes ; et cela sans nul doute est coloré, savoureux, piquant. Mais
outre que cela est coloré plutôt que juste, qu'à cause que l'auteur a
butiné à toutes les sources, et artificiellement composé ses tableaux,
on ne se sent pas mi confiance, on a la sensation d'un jeu savant,
mais d'un jeu; il faut dire encore que la mise en scène, la figuration,
les accessoires, meubles, Costumes, colifichets, et les anecdotes, sus-
pectes ou non, l'ont tort au personnage en lui prenant presque toute
la place. Qui voudrait en extraire la notice de Voiture serait étonné
du peu qui lui resterait dans la main : que son père était mar-
chand de vins rue Saint-Denis et sa sa3ur aînée marchande de pois-
sons, qu'il fit son droit à l'Université d'Orléans, qu'il était joueur,
qu'il fréquenta l'hôtel de Rambouillet, y prit part à tous les jeux
et à toutes les querelles (Jeux des Poissons, Guirlande de Julie,
querelle de car, guerre des sonnets, etc.); qu'il y lança la mode des
rondeaux, des énigmes, des métamorphoses et des lettres «en vieil
langage »; qu'attaché à la maison de Gaston d'Orléans il dut un
moment le suivre à Bruxelles et résider pour son compte en Espagne,
participer à la vie fastueuse et désœuvrée de Blois, qu'ici et là il fut
riche en aventures galantes (et comme il fut riche, on lui prête
largement); qu'il fut envoyé comme ambassadeur extraordinaire
pour annoncer au grand-duc de Toscane la naissance du dauphin
Louis (1638) (d'où lettres de Turin, Florence et Rome et l'Académiedes
humoristes...); et qu'il passa à travers tous les événements, littéraires
ou historiques, les plus graves en badinant... Et si rien ne paraît pris
au sérieux, ni le Cid, ni V Académie, ni Rocroi, ni la mort de Riche-
lieu, c'est sans doute que M. Magne lui-même a le goût immodéré
du badinage et de la blague... Les biographies de Louis Mesnard —
qui n'auraient pas eu besoin de deux volumes pour Voiture ! —
étaient d'une étoffe autrement serrée, autrement riche ! Je ne croirai
jamais pour ma part que d'un si gros tas de documents, s'ils étaient
méthodiquement exploités, on ne pourrait tirer davantage. Et l'œuvre
même du poète, plus souvent interprétée avec fantaisie que citée,
devrait fournir autrement de vérité solide que tout ce bric-à-brac un
peu bien romantique.
Mais l'ouvrage est amusant, moins chargé d'indécences, d'une
écriture moins contournée que les précédents, et d'une fantaisie qui
tout de même a trenipé sa plume dans de l'histoire. Un appendice
bibliographique de 75 pages, à la lin du second volume, le montre et
^239 —
indique avec précision d'utiles sources de documents non seule-
ment sur Voiture, mais sur les Rambouillet et les Montausier.
Gabriel Audiat.
.|jiinni»i>tiiis et la Flandre, par Henry Cochin. Paris, Plon-Nourrit,
iyi2, petit, iu-8 de xx.vu-442 p., avec S grav. — Prix: 5 l'r.
C'est un livre fort aimable : il serait à souhaiter que chaque député
fût en état d'en offrir un semblable, ainsi que fait M. Cochin, «à ses
chers et fidèles électeurs »; et beaucoup de spirituels désœ-uvrés de
province en en composant de pareils, sans se presser, brin à brin,
se feraient à eux-mêmes, ainsi qu'à leurs compatriotes, du plaisir et
du bien. Donc, représentant depuis près de vingt ans, à la Chambre,
quatre des cinq cantons de l'arrondissement de Dunkerque, dont
Lamartine brigua et obtint les suffrages de 1831 à 1837, M. Henry
Cochin a, pendant ce temps, butiné dans le pays et ailleurs parmi les
livres sur Lamartine, et dans les parties encore inédites du Journal
de M'"^ de Lamartine, tout ce qui se rapportait aux campagnes
électorales et aux séjours eh Flandre de son illustre prédécesseur,
le député de Bergues. Lettres et rapports officiels des sous-préfets et
des préfets, articles de journaux, affiches et circulaires, correspon-
dances intimes de la famille de Coppens, — c'est par Eugénie de La-
martine devenue M^"^ de Coppens et résidant à Hondschoote que
fut amorcée la candidature — du grand électeur M. Debuyser, et des
amis de là-bas, portraits, dessins, souvenirs oraux, photographies
de l'hôtel de la Tête d'or, à Bergues, où fut un peu conspué le grand
homme le soir de son échec en 1831, ou de la cloche de Rexpoede,
dont il fut parrain et où son nom est écrit, avec tout cela, bien or-
donné, bien éclairé, adroitement mis en œuvre, il a fait un livre
très agréable et très flamand, où se ranime tout ce que fut la vie de
- ce coin de France il y a quatre-vingts ans; fonctionnaires, indus-
triels, bourgeois, fermiers, voire poètes des chambres de rhétorique et
« muses du département ». Et parmi tout ce petit monde très sym-
pathique — M. le député n'a que sourires et caresses pour ses chers
Flamands, pour leur modération, leur esprit d'ordre et de paix,
surtout pour leur fidélité, vertu si précieuse ^ît* conserver ! — on voit
aller et venir, — et s'en aller hélas ! trop facilement infidèle, — ■
Lamartine affable, charmant, fascinateur, parlant et écrivant très
bien, légitimiste, « carliste » sans doute un peu moins pur que ne le
voyaient, amis ou ennemis, ses électeurs de là- bas, toujours indé-
pendant et haut au-dessus des partis, comme il sied quand on est
lui, très capable d'être élu en 1837 et battu en 1839, comme can-
didat du ministère, après avoir été battu en 1831, élu en 1833 et en
1834 comme légitimiste, en attendant que revenu à son opposition
— 240 —
initiale, il fasse, avec tant de royalistes, la république de 48, et soit de
nouveau élu au scrutin de liste par les Flandres, mais défendant
bien les intérêts de ses commettants, préparant avec eux son fameux
discours sur les sucres, obtenant des crédits pour le port de Grave-
lines, faisant donner ici ou là un tableau, et, naturellement, prési-
dant les fêtes, menant des cortèges de pompiers, envoyant aux œu-
vres de charité ses souscriptions.
Tout cela, même sans les gravures, est pittoresque, amusant et
vrai. Ce sont les miettes de l'histoire, dira-t-on, ou plutôt les dessous.
Et puisqu'il ressort que les années flamandes de Lamartine furent
la période conservatrice de sa politique, qui vous empêche d'entrer
dans -l'illusion de M. Cochin et de rêver que c'est Mâcon avec ses
républicains avancés et ses banquets excitants qui l'a perdu, et qu'il
n'aurait pas renversé un trône et donné du front dans toute sorte
de fumeuses idéologies s'il n'avait pas lâché — avec quelle désinvol-
ture ! — ces bons Flamands, si placides, si honnêtement fiers de lui
et si dévoués?.., Gabriel Audi\t.
Théodore de Banville, (l^S3-lë91), par Max Fuchs. Paris,
Cornély, 1912, gr. in 8 de xii-528 p., avec un portrait e". un fac-similé
d'autographe. — Prix : 10 fr.
Après avoir épuisé pour ses lourdes thèses, suivant la mode sorbon-
nique, tous les médiocres des temps passés, le doctorat s'en prend, il
le faut bien, aux écrivains d'hier et presque d'aujourd'hui. Et voici
le léger virtuose des Odes funambulesques, des Odelettes, des Rimes
dorées et des Trente-six Ballades joyeuses, le gai jongleur de Gringoire
et de Socrate et sa femme, le conteur plus léger encore et plus fri-
vole du Gil Blas (12 volumes en 8 ans !) gravement, laborieusement,
méticuleusement étudié dans les 500 pages petit texte d'un in-oc-
tavo, analysé, expliqué, jugé presque en chacun de ses livres et
dans les jeux les plus capricieux de son esprit, de ses rimes et de
ses rythmes. Cela paraît bien excessif, et, malgré l'abondance des
morceaux cités et la sagesse du commentaire, qui voudra connaître
Banville aura plus vite fait, et avec plus d'agrément, de lire ou de
feuilleter cet auteur aimable et peu profond... Il est vrai que pour
ennoblir son personnage et justifier les proportions de son monu-
ment, M. Fuchs proteste contre l'opinion qui s'obstine, sur la foi de
bons critiques d'ailleurs, à ne voir en lui qu'un funambule du vers,
un spirituel poète-acrobate, et que, ayant fureté partout, dans ses articles
et ses feuilletons les plus lointains ou les moins éclatants, il voudrait
en faire une manière de moraliste, parce que la veine satirique
était chez lui facile, et qu'il a, tout au long de sa vie, fait le pied de
nez aux bourgeois, aux marchands de livres et aux filles (tout en
— 241 —
monnayant son talent, lui aussi, et en écrivant beaucoup pour
elles et pour eux); un homme à idées — pourquoi pas un penseur? —
parce qu'il a été respiihliquain, comme l'avaient été son père et son
grand-père, et que, après avoir d'ailleurs été en coquetterie avec l'Em-
pire, il aurait professé qu'au lieu de rêver de la revanche de 70 par
la guerre, « la victoire définitive de la France devait être la conquête
de l'ennemi par la pensée de la Révolution ». Or ceci n'est pas établi
elairement et parait beaucoup moins la doctrine de Banville que celle
de son exégète. Et puisque celui-ci prétend lui avoir découvert une
belle âme et une haute conscience, il aurait dû, fût-ce par des pa^
piers intimes et quelques inédits, nous expliquer comment Banville
mettait d'accord le catholicisme, dont il avait une certaine pra-
tique, non seulement avec tant de boutades d'un anticléricalisme
assez vif, mais avec ce goût libidineux — ou cette habitude d'ar-
tiste frivole et dissipé, — de peindre partout des nus galants, de
conter des histoires égrillardes, et de publier, à soixante- dix ans,
l'année même de sa mort, cette Marcelle Rahbe fort dévergondée...
Comme tout s'explique au contraire, il me semble, rien qu'à regar-
der dans son portrait cette figure d'étourdi, et presque de jocrisse,
que sa nature sans doute, autant que la fâcheuse doctrine de l'art
pour l'art, avait fait pitre en même temps que poète, vrai poète, et
très bon homme ! Au lieu de pénétrer cette figure, de débrouiller
■d'une main sûre les fils d'or et les ficelles dont ce talent est fait,
M. Fuchs, suivant une méthode plus lente et plus facile, a effeuillé
toute l'œuvre d'après l'ordre chronologique autant que cela fut pos-
sible; et il a relevé les procédés de versification et de style, compté,
à l'allemande, dans le volume des Exilés, les rimes riches et les rimes
doubles-riches, raconté les pièces de théâtre, résumé les feuilletons,
butiné dans les chroniques et les contes; il y a là, je le recon-
nais, un gros travail et qui n'est point mal fait. Mais il a tant trouvé
d'emprunts, d'imitations, de parodies des anciens, des modernes et
des contemporains, grâce à une information très étendue, et tant de
fois il a dû avouer la futilité, l'extravagance, l'inconsistance ou le
vide, que plus on avance dans la lecture, plus on va à une conclu-
sion toute différente de la sienne. Plus on cherche à le saisir, plus
Banville apparaît un prince charmant de la fantaisie, un esprit follet,
qu'il fallait donc « attraper » avec les vifs et fins coups de crayon
d'un pénétrant article à la Sainte-Beuve, d'un livre rapide à la Jules
Lemaître, au lieu de marteler ses ailes de papillon sur l'enclume d'un
ouvrage d'ailleurs très docte et pavé de magistrales intentions...
Gabriel Audiat.
Septbmbrb 1912. T. CXXV. 16,
— 242 —
Hiiitoii'C des littératures. liittérature itnitenna, par Henri
II \.uvKrrB. Paris, Colin, s. d., iQ-lô 'le xi-518 p. — Prix : 5 fr.
Histoire de la littérature italienne, par G. Finzi; trad. par M"'»
THièft vrtD-BAUDaiLLvRT. Pdris, Perrin, 191-2, iii-16 de xi-360 p.— Prix:
3 fr. 50.
TjG livre de M. Hauvette n'est pas nouveau, et l'éloge n'en est plus
à faire. Ce n'est pas une raison, me semMe-t-il, pour ne pas le recom-
mander à ceux de nos lecteurs qui ne le connaîtraient pas encore.
Nous n'avons pas, chez nous, d'histoire de la littérature italienne
mieux informée ni plus complète. Non que M. Hauvette ait entendu
« dresser un répertoire méthodique... des auteurs et des œuvres »
sans rien omettre; au contraire, et très sagement, il a « sacrifié réso-
lument les écrivains secondaires pour s'étendre davantage sur les
poètes et les penseurs les plus connus et les plus représentatifs, de
façon à caractériser surtout les grandes époques et les grands cou-
rants d'inspiration ». 11 a réussi, de la sorte, à faire un livre bien
vivant, qui se lit avec d'autant plus d'agrément qu'il est écrit dans
un style animé et non dépourvu d'élégance.
Une des nouveautés de l'ouvrage consiste dans la répartition des
matières, distri'ouées en quatre grandes sections, « correspondant à
quatre étapes de la pensée et de la civilisation », à savoir : Les Ori-
gines de la littérature italienne jusqu'à la moH de Dante (5 chapitres) ; —
La Renaissance (de Pétrarque, inclusivement, à l'Arioste, inclusive-
ment: 5 chapitres); — Le Classicisme et la décadente [^i chapitres); —
La Littérature de la nouvelle Italie (6 chapitres). — Ces quatre parties
sont encadrées entre une hHroductio?i et une Conclusion, sorte de
chapitre annexe sur la littérature italienne depuis 1870.
On ne sera pas sans remarquer le sens très large que prend le mot
Renaissance sous la plume de M. Hauvette. L'auteur s'est expliqué
clairement là-dessus dans son lntroductir»n. Pour lui, en effet, si « la
définition généralement admise du mot Renaissance convient par-
faitement aux caractères par lesquels le phénomène se manifesta en
France » assez brusquement, « aucun événement particulier n'a
déterminé, en Italie, le mouvement que nous appelons ainsi», et
don+ « la cause profonde doit ê+re recherchée dans les circonstances
qui, dès le xiii^ et le xiv^ siècle, ont développé et affranchi la
personnalité de l'Italien ». C'est de cette vue originale qu'est sorti,
pour une bonne part, le plan du livre.
Je ne saurais entrer ici dans un examen détaillé de cette histoire de
la littérature italienne, la plus importante qui ait été publiée en
France depuis bien longtemps; qu'il me suffise de dire qu'on y trou-
vera des aperçus personnels et justes à la fois sur les grands au-
teurs d'outre-monts, que toutes les parties en sont bien équilibrées,
— 243 —
et que l'intérêt s'en soutient d'un bout à l'autre. Une bonne table
termine le volume.
— De dimensions plus restreintes et d'un caractère un peu plus
élémentaire est la publication de M. Finzi, auteur d'un bon livre sur
Pclrarque, qui a été apprécié ici même. Il semble que, à l'inverse de
M. Uauvctte, l'auteur se soit préoccupé d'introduire dans son exposé,
d'ailleurs rapide et clair, du mouvement littéraire de l'Italie depuis
les origines jusqu'à nos jours, le plus de noms possible, noms de
minores et noms de minimi; aussi tonibe-t-il trop souvent dans
la pure énumération : inconvénient qui, dans une certaine mesure,
aurait pu se tourner en avantage, si le livre était pourvu d'une
table alphabétique des auteurs mentionnés, ce qui n'est malheureu-
sement pas. Certaines époques, le Quattrocento, notamment, sont
un peu sacrifiées, et M. Fin/i paraît se faire de l'humanisme une
conception un peu étroite; en revanche, la part faite aux moder-
nes est ici fort large; l'espace a été un peu mesuré à Dante (dont
la notice est malencontreusement séparée en deux tronçons, pour
cette raison que la Vita Nuova appartient au xiii^ -siècle, et la
Divine Comédie au xiv^), à Machiavel, à l'Arioste, et cela au béné-
fice de Manzoni et surtout de Leopardi. Ne nous en plaignons, pas;
les derniers chapitres : La Renaissance de la littérature ^1784- 181^/. et
le Romantisme et la littérature au xix^ siècle, qui sont les plus déve-
loppés, sont aussi les plus intéressants.
Il est regrettable que cet utile et estimable manuel, dédié à trois de
nos italianisants les plus réputés, MM. Henry Gochin, Charles Dojob
et pierre de Nolhac, et présenté au lecteur, dans une charmante
Préface, par le premier nommé d'entre eu?;, soit déparé par un si grand
nombre d'erreurs de détail, erreurs de dates et autres (il en est de
déconcertantes), dont il n'est pas toujours facile de décider quelles
sont imputables au traducteur, quelles à l'imprimeur, et qiielles (ce
sont certainement les moins nombreuses) b l'autour.
Lucien Auvray.
lli!«toit*e «les littératures. liittérature américaine, par
William P. Trent ; Irai, de llB^RY l). Davrav. Paris, (Jolin, 1911, petit
in-8 <ie 450 p. —Prix : b U\
Parmi les histoires do la littérature américain ^ celle qu'a publiée,
il y a tno dizain? d'ann'es, M. Tren^, tient un rang des plus hono-
rables. Elle est exacte, complète, judicieuse, bien composée, et deux
défauts inhérents au sujet s'y trouvent au moins fort atténués. Ces
deux défauts sont l'in'vitable sécheresse de la première partie, con-
sacrée à des périodes singulièrement ternes et stériles; puis, quand
paraissent enfin aux États Unis des écrivains dignes de ce nom, l'in-
— 244 —
certitude do renommées que le temps n'a pas encore éprouvées.
M. Trent ne s'est pas laissé entraîner par le patriotisme à grossir les
très minces mérites des premiers prosateurs et poètes américains;
il n'a pas non plus exalté stns mesure les quelques talents éminents
quise S'.nt manifestés en des temps plus voisins de nous; prudent et
modéré dans ses jugements, il admet pleinement d'avance les revi-
sions de l'avenir; il tient compte également des opinions de la
vieille Europe, et, par exemple, à propos de Poe, explique fort bien
l'estime très différent e que font de cet auteur l'Ancien Monde et le
Nouveau. En résumé, utile et très estimable travail qu'on ne peut
qu'être heureux de voir passer en notre langue, en un temps où
Sydney Smith ne pourrait plus pousser sa fameuse exclamation ;
« Qui lit un livre américain ? » Le traducteur, de son côté, sest bien
acquitté de sa tâche; on lui pardonnera volontiers quelques négli-
gences vénielles (relevons cependant à la p. 329, parce qu'il peut
égarer le lecteur, un emploi tout à fait impropre du mot catholi-
cisme). On ne voit pas bien pourquoi les titres d'ouvrages et quel-
ques autres expressions (Wife of Bath, p. 73) sont laissés en an-
glais; une traduction s'adresse à des personnes à qui la langue étran-
gère est censée inconnue ou peu familière : que représentera pour
ces personnes cet amas de vocables ignorés? Rien de plus facile, du
reste, si on le croit désirable, que de donner en note ou, entre
parenthèses, le titre original à côté du texte traduit. D'autres notes
seraient de loin en loin utiles pour exphquer brièvement certaines
allusions fort claires au-delà de l'Atlantique ou seulement de la
Manche, et qui le sont moins ehez nous pour qui ne s'occupe pas
spécialement de littérature anglaise (la Wije of Bath déjà mentionnée
a, par exemple, grande chance de rester pour beaucoup une parfaite
énigme). Ce sont là petits changements et petites additions faciles
à faire dans une seconde édition, que l'on souhaite pour l'ouvrage
et pour le traducteur. A. Barbe,vu,
HISTOIRE
Uirtiouit.iire topo(|rApliiqiie du «léparleinent de lV4ln,
«eomprennnt le!<i iioius de lieu anciens et modernes, par
Edouabd Philipon. Paris, Leroux, 191 1, iii-4 à 2 coloanas de Lxxxin-528 p.
— Prix : 19 fr.
Le nouveau volume qui vient enrichir la collection des dictionnaires
topographiques ne pourra manquer d'être bien accueilli par tous les
érudits qui s'occupent spécialement de l'histoire des pf-ys de l'est de
la France. Pendant longtemps une grande partie du département de
l'Ain dépendit de la maison de Savoie et, dans l'excellente Introduc-
tion placée en tête du volume, M. Philipon a bien exposé toutes les
— 245 —
vicissitudes des différents territoires dont l'agglomération fornia en-
fin ce département. Les questions de l'origine des noms de lieux
sont traitées avec beaucoup de soin et d'érudition. Passant en revue
tous les noms qu'il rencontre dans le département de l'Ain, M. Phi-
lipon, qui s'inspire des principes posés par MM-. d'Arbois do Jubain-
viile et Longnon, fait connaître leur origine ibérique, ligure, celtique,
gallo-romaine, germanique, ou romaine. Après un chapitre, très peu
étendu, consacré à la géographie physique, l'auteur étudie dans les
chapitres suivants la géographie politique de ce département. Succes-
sivement, il énumère les différents peuples qui l'occupèrent avant
l'arrivée des Romains, pendant la période de Toocupation romaine,
puis sous les Burgondes, pendant les périodes franque et carolingienne.
Il relève comme division territoriale entre le vi® et le x^ siècle
les pagi de Lyon, de Belley et de Genève. Pendant la période
féodale le territoire du département de l'Ain fut divisé en un grand
nombre de comtés et de seigneuries. M. Philipon y relève le comté
de Belley, les seigneuries de Bagé, de Coligny, de Thoire-Villars, de
Gex, du \ alromey et de la Michaille, du Viennois savoyard, de Miri-
bel, la baronnie de la Tour-du-Pin, les terres de Ballon, de l'église
de Lyon, d'Ambronay, de Nantua, de Saint- Rambert de Joux, la
souveraineté des Dombes. Il énumère ensuite les circonscriptions mili-
taires, administratives, judiciaires et financières de ce pays après sa
réunion à la France, puis les divisions ecclésiastiques. Il termine
enfin son Introduction par l'histoire de la formation du département
de l'Ain et par la liste des sources qu'il consulta pour composer ce
dictionnair.'. Co volume se clôt, coniîno tous ceux de cette collec-
tion, par une table des formes anciennes des noms de lieux énuniérés
dans l'ouvrage. Jules Via-Rd.
9
Oe In fBontagae au désert, vpxils cfascensions et correspondance, par
Théodoie Camus. Paris, Delagrave, s. d. (1912), in-12 de xv-313 p.
avec porlrail.— Prix : A fr.
Fils d'un grand industriel lyonnais, voué dès sa jeunesse aux af-
faires, l'auteur de ces pages s'était reconnu de bonne heure une voca-
tion d'alpiniste. Chaque saison d'été, cette passion austère le condui-
sait sur les plus hauts sommets du Tyrol, du Dauphin'^ ou de la
Savoie. Parfois même, il lui arrivait, en plein hiver, de s'échapper un
samedi et de rentrer le L n li suivant, ayant réussi dans l'inter-
valle à escalader la Croix de Belledonne ou à franchir le coi du Glan-
don. Le charme des rochers, des glaciers, des champs de neige, les
jeux variés de la lumière sur les pics et les aiguilles, l'attrait aussi de
la difficulté à vaincre le rappelaient stn^ cesse vers les cimes alpes-
tres, qu'il pouvait voir, par les beaux jours, scintiller avec un si vif
éclat, des coteaux de Fourvière et de la Croix- Rousse.
— 243 —
Mais ce n'est pas impm mtnt que r< n couche à la belle étoile
par dix degns au-dessous de zc'ro. La n buste c*nstituticn de Théo-
dore Camus ne résista pas à i n tel si ini' nage. A peine âgé de vingt-
huit ans, in? grave aiïectitn lebligea à s 'mtaller en malade dans
ces nu na^- nés amies, qu'il n'avait jusqu'alors abordées qu'en grim-
peur. 11 passa à Ley&n, sur les p n'es qui dcm'n n' à l'orient le
lac de Genève, l'hiver de 1892-93 et celui de 1893-94. L'inn^'e sui-
Vc.n-e, les médecins l'envoycunt chercher la stnté à Biskra, au fend
de l'Algérie, à la porte du désert. Mais ni la Suisse, ni l'Afrique, ni i n
dern'er se^jour < n Provence ne purent ctnjurer le mal qui le minait.
Il s'étei^n't pendtn"; l'été de 1896.
Il avait occupé ses loisirs à écrire le récit de ses ascensions mul-
tiples. Quinze rns après sa disparition précoce, i ne main fraternelle
a pris l'initiative de le faire imprimer. Cn y a joint m choix de
lettres adressées à sa famille et à ses amis, pendint les séjours de
Leysin et de Biskra. Aucun de ceux qui liront ces feuillets posthumes
n'aura lidée de trouver téméraire cet acte de piété envers me chère
mémoire. Leur auteur avait in vrai talent de narrateur : l'art de
choisir le détail intéressent, de l'exprimer en termes pittoresques; il
avait profeniéni'nt senti le charme des paysages qu'avaient par-
couru ses regards, et, des spectacles qu'il décrit si bien, il remente
souvent et sm^ efTort vers le Dieu dent ils sent l'ouvrage. Ce recueil
est in ben livre en même temps qu'in beau livre. II est précédé
d'in:' In'^roductien eue à M. AI. Poitebard, où le très distingué pro-
fesseur à l'Institut catholique de Lyen retrace en excellents termes
la vie si courte de Théodore Camus. H. Rubat du Mérac.
JL&8 Seerétftîi'es athéniens, par Maurice Brillant, Paris, Cham-
pion, 1911, gf. in-« (le xxi-US p. — Prix : 4 fr. ■•
On sait le rôle important que jouaient les secrétaires dans le fonc-
tionnement des institutions athéniennes. C'est à la lumière de
r'AOY,vaî(ov rioA'.Tsia d'Aristote que M. Brillant reprend, après
d'autres érudits, l'étude des trois principaux de ces secrétaires':
le ypyjj.jj.aTS'jç xaxà Trp'jTavsîav, le ypa.|j.|j.aT£Ùç ètt'. toÙç vofv.ouç, et le
ypa{jL[y-aTcùç Tr^ç po'jX-?)ç xat toO StjJJ.o-j. C'est au premier qu'est con-
sacrée la plus grande partie du travail, lequel est complété par deux
appendices portant l'un sur les àvTiypaoeïç, l'autre sur le secrétaire
des thesmothètes.
Cette étude intéresse l'histoire des institutions, l'épigraphie pour
l'exphcation des formules de décret, la chrenologie enfin. C'en est
assez pour la justifier.
'Voici simplement les conclusions principales. Le ypaa|j.aT£Ù(; xxtol
— 247 —
«
TTpuTaveîav d'abord élu fut ensuite tiré au sort, conformément aux ten-
dances démocratiques; il dirigeait les archives; il avait la garde des
décrets et les faisait graver sur les stèles; il prenait copie de tous les
autres actes. Son nom était inscrit sur les stèles portant les traités
d'alliance, les décrets de proxénies, de droit de cité, afin de les dater
et de les authentiquer.
Le titre de ypa^p-XTEÙç xarà T^puravetav m se rencontre qu'à
partir des ann^^es 353-49. Auparavant, les inscriptions n'emploient
que le titre ypay.tj.aTeùç rr,:; fiouV/iç. Ce secrétaire était commun
au sénat et à l'assemblée. Il exerçait à peu près les mêmes fonctions
que plus tard le ypa|j-;j,aT£'jç xaTÔ. TirpuTaveiav. Il était choisi
parmi les sénateurs, changeait à chaque prytanie et était toujours
pris en dehors de la prytanie en fonction. A l'expiration d'une
prytanie on tirait au sort la tribu qui devait prendre la suite,
celle qui fournirait le secrétaire, et celui-ci était désigné par
l'élection.
Depuis 363 le secrétariat devient une magistrature comme les
autres, et comme tel, annuel et tiré au sort, et cela pour le rendre
plus dépendant du peuple, sans doute aussi afin de donner plus de
stabilité à une charge fort occupée. On a beaucoup discuté pour
savoir si le ypaj^ij-aTeùç ttiÇ ^ouX-^ç et le ypa[X|j.aT£Ùi; xarà Tr,v
Trp'jTavstav ont coexisté. M. Brillant examine minutieusement toutes
les hypothèses et conclut qu'il n'y eut qu'i n seul secrétaire, mais
qu'un titre se substitua à l'autre. Sur la loi de succession des secré-
taires, après examen et discussion, M. Brillant se rallie à la loi
découverte par M. Ferguson et si importante pour la chronologie
athénienne, à savoir qu'à partir de 352 et sauf interruption pendant
la période de l'oligarchie (321-318), les secrétaires annuels se succè-
dent suivant l'ordre officiel des tribus.
La fin du mémoire est, comme nous l'avons dit, consacrée aux deux
autres secrétaires, moins importants; on y établit que le second
est le subordonna du xaTx tt/v -rcpuTavetav et le troisième un salarié
d'ordre supérieur.
Chemin faisant, au cours de cette étude si nette et si bien docu-
mentée, on peut glaner d'utiles indications, par exemple la confusion
fréquente chez les orateurs des termes vou.oç et t|/7)(^icrp.a pris
indifféremment l'un "pour l'autre, l'observation appuyée d'exemples
que les lois étaient gravées aussi bien que les décrets, des remarques
Sur les variantes dans le titre d'i n même secrétaire, etc.
André Baudrillart.
— 248 —
I/Anrienne France. I^e Roi, par Frantz Fungk-Brhntànô. Paris,
Ilacbelle, 1912, in-8 de 101 p., avec une photograv. — Prix : 7 (r. 50.
Il y a longtemps qtie ûoiis n'avions lu un livre d'histoire à la fois
aussi intéressant, ce n'est pas assez dire, aussi amusant, et en même
temps aussi sérieusement instrucitif, que cet ouvrage sur V Ancienne
France et sur son centre vivifiant : Le Roi. Distinguons toutefois
dans ce beau travail deux intentions entremêlées, mais de valeur
inégale : la thèse et ses arguments, d'une part, et, de l'autre, la
merveilleuse série de tableaux vrais et vivants qui sont censés en
illustrer la chaîne, mais qui, en réalité, peuvent être considérés à
part et dans leur valeur propre, laquelle est très grande au double
point de vue historique et littéraire. La thèse, qui consiste à dériver
la monarchie capétienne de l'antique autorité paternelle, ressuscitée
par le régime féodal, n'est vraie, selon nous, qu'en partie, et, admise
telle que la présente l' auteur, sans réserves ni restrictions suffisantes,
pourrait égarer un lecteur qui la prendrait trop au pied de la lettre.
La galerie de tableaux, issue de recherches dont la multiplicité ne
nuit en rien à l'exactitude, est, au contraire, une merveilleuse illus-
tration de la vie politique, intellectuelle et morale de l'ancienne
France, et montre comme l'érudition d'un chartiste intelligent peut
s'allier au pinceau souple et ferme d'un artiste et à la plume exercée
d'un excellent écrivain. Sauf quelques exagérations et quelques
insuffisances sur certains points relatifs aux problèmes pohtico-reli-
gieux (p. 170 et suiv., 183), l'impression générale qui résulte du
livre de M. Funck-Brentano est excellente et de nature à dissiper
bien des erreurs, des vues fausses et des préjugés fâcheux. Il faut le
lire et le faire lire ; il faut mettre largement à profit dans les conver-
sations et les conférences le faisceau lumineux de faits et de textes
rassemblés dans les seize chapitres dont il se compose : I. L'Anar-
chie des viii^ et ix^ siècles. II. Le Pouvoir royal est issu de l'auto-
rité paternelle. III. Le Ménage de la Royauté. IV. La Paix du Roi.
V. Les Parlements. VI. La Monarchie de droit divin. VIL Le « Front
populaire » de la Monarchie. VllI. La Maison de France. IX. Le
Roi est le chef des familles. X. Libertés et franchises. XI. Les Cou-
tumes. XII. Le Bon Plaisir. XIII. L'Opinion pubUque. XIV. Les
Sentiments du peuple. XV. La Fin de l'ancienne Monarchie. XVI.
La Grande Peur. — Encore une fois, telle ou telle assertion peut être
contestée ou doit être restreinte, mais, au point de vue concret,
historique et anecdotique, 1 ensemble de cet ouvrage nous offre une
vision de tout un côté trop oublié des mœurs et des sentiments de
nos ancêtres, vraiment neuve et d'un grand prix. M. S.
- 249 —
Gallia cliristiatia ndvissiina. Histoire des archevêchés, éuêchés et
abbai/es de France, d'après l>^s dociiin«Qt'; aiitbentiqaes reçu ■illi'* dans les-
rcgisfTHS d'i VaUciii et les archiver locales par feu le chanoine J. H*
Alb.vnès, cotiolétée, aaaotôe et publié ; avec une Inlrodactiou par le
C'.iynoiue Ulysss-Chhvalibr. Tome V. Toulon {cvèques, prévoie), avec 26
sce tix et 24 fac-similés. Valence, liupr. Valentinoise, 1911, in-4 de xxviii p,
942 col.
Antiquités de l'Églitie de Vienne, par Clémbnt Durand, {ms. 5661
du fondii latin de la Bibliolh'qw nadmiale de Paris , notice bibliographique et
historiqie, Ofir le chinoiiie Ulyssi* GHBVaLJBR. {Documents historiques iné-
dits sur le Dauphiné, 41). Paris, A.lpboiise Picard et fils, 1911, in-8 de 15 p
ClKirtcs de ^aint.-Iflaurice de Wieuue, de Tabbaye de
fiéoiicel et de l'E^lîse de Valenee, suppléoQe u aux recueils
i upriiués, publies par le chiaoin i Ulvssb Chbvauer. Paris, Alpho ise
Picard et fils, 1912, in-8 de 36 p.
M. le chanoine Ulysse Chevalier poursuit avec un soin pieux, sans
se laisser détourner par ses autres et multiples travaux, la publi-
cation de la Gallia christiana novissima, l'œuvre gigantesque entre
prise par son ami le chanoine Albanps.
Dans l'Introduction, M. le chanoine Chevalier examine la ques-
tion de la fondation de l'évêché toulonnais; M, Albanès, dans le
fragment d'Introduction écrit pour ce volume, penchait pour
l'attribution à l'archevêché d'Arles de cette fondation; M. le cha-
noine Chevalier accumule les arguments en faveur de Marseille dont
la paternité avait été un moment défendue par le chanoine Albanès
et a trouvé aussi d'autres défenseurs tels que Mgr Duchesne. Il
détermine ensuite les limites de l'évêché, le nombre des paroisses
qui le composaient, et nous fournit sur l'histoire générale de Toulon
et sur celle d'Hyères, qui faillit lui disputer le siège de ce jetit
évêché, des renseignements historiques d'ordre général. L'organisa-
tion du clergé, le rôle des vicaires généraux, considérable au temps
des évêques commendataires, la fâcheuse influence de la non-rési-
dence de ceux-ci sur l'administration matérielle et morale du dio-
cèse, le rôle du chapitre, le fonctionnement des synodes auxquels les
réguliers étaient dispensés d'assister, sont ensuite passés en revue.
Quant au corps même de l'ouvrage, on sait qu'il ne s'agit pas ici
d'une histoire suivie et rédigée; ce sont les matériaux nouveaux de
cette histoire, rassemblés par M. Albanès, revisés et publiés paf
M. le chanoine Ulysse Chevalier, qui nous sont offerts. Lui-même
attire l'attention, dans son Introduction, sur les résultats nouveaux
obtenus, « quatre noms et six épiscopats nouveaux à intercaler dans
l'ancienne liéte », a sept noms à y supprimer »; en outre, des noms
sont ramenés à leur véritable forme, des dates sont précisées ou recti-
fiées. Enfin et surtout l'abondance des matériaux accumulés ici
apporte sur les gestes de l'épiscopat une quantité de faits nou-
— 250 —
veaux. C'est surtout pour le xv^ siècle et pour le xvi^ siècle que le
nouveau volume est particulièrement riche. Encore devons- nous
noter qu'il n'est question dans ce volume que des évoques et des
prévôts et qu'un autre sera consacré tout entier aux maisons reli-
gieuses du diocèse. Est-il besoin d'ajouter que 1 histoire ecclésias-
tique n'est pas la seule à profiter de l'abondante moisscn de docu-
ments mise à notre disposition, soit dans leur texte intégral, soit dans
des analyses, par les soins diligents de M. le chanoine Chevalier;
l'histoire de Provence, celle de la noblesse de ce pays, celle des
villes du diocèse trouveront beaucoup à puiser dans ce précieux
volume. Il y a même des pièces d'un ordre encore plus général comme
la série de documents (n^^ 405 et suiv.) sur la reine Clémence de
Hongrie, dont Jacques de Porvo, évêque de Toulon, était le confes-
seur, comme la longue dépêche d'Antoine Trivulce, au secrétaire
d'État du Pape, du 17 mars 1551 (n" 1217).
Des tables chronologiques des évêques, prévôts, etc., et une table
des matières terminent le volume et y servent de guide.
— La Bibliothèque nationale possède parmi les manuscrits qui
proviennent de l'infatigable collectionneur Gaigniêres, un petit vo-
lume intitulé : Vienna sacra, et qui a pour auteur Clément Durand,
aumônier d'Anne d'Autriche. L'ouvrage n'a qu'un intérêt secondaire,
n'étans dans sa plus grande partie, que la reproduction d'un travail
de Jean Du Bois. Cependant, M. le chanoine Chevalier, dans la no-
tice qu'il nous donne de ce livre, y relève m certain nombre d'ol its
intéressants, ajoutés par Durand à l'œuvre de son prédécesseur et
empruntés, semble-t-il, à m obituaire perdu de la cathédrale de
Saint-Maurice.
— C est aussi, m partie du moins, à 1 Eglise de Vienne que se rap-
porte la dernière publication de M. le chanoine Chevalier dont le
titre est transmis plus haut. Il nous avait déjà donné en 1869 et en
1891 les chartes de Saint-Maurice venues à sa connaissance. Deux
manuscrits de la collection Gaigniêres, qui avaient échappé à ses inves-
tigations antérieures, lui permettent de compléter ses premières
publications. 11 y a joint des documents emprintés aux collections
de M. Vital Berthin, sur l'abbaye de Léoncel et sur 1 Église de Valence.
Ce sont des bulles originales d'Innocent II et d'Eugène III, déjà
publiées, mais pour lesquelles l'original présente quelques variantes
soigneusement relevées ici; une bulle inédite d'Innocent III dont le
cartulaire n'offrait qu'un abrégé des diplômes de Frédéric I®'", de
Pierre, abbé de Saint-Benigne de Dijon portant cession de l'église de
Bouvantes à l'évêque de Die, de Philippe roi des Romains et de
Frédéric II. M. le chanoine Chevalier nous donne ici soit le texte de
ces originaux soit les variantes qu'ils offrent avec les imprimés.
E.-G. Ledos.
- 251 -
Les Papes d'ATiguon (ii:{05-l3 99), par G. Mollat. Paris,
Le-'offre, Gabalda, 1912, iu-12 de xv-42'J p. — Prix : 3 fr. 60.
La translation et le séjour de la Papauté en Avignon ont été la
conséquence des troubles provoques dans les États de l'Église parles
rivalités des seigneurs et la turbulence du prolétariat. Transporté
dans une région qui gravitait autour du roi de Franco, le gouverne-
ment pontifical devait nécessairement subir l'influence du gouver-
nement français et, de fait, les sept papes qui se succédèrent de 1305
à 1378 furent des Français.
L'amour-propre des Italiens n'en souiïrit pas moins que leurs inté-
rêts matériels; ils ont appelé cette période la « captivité de Baby-
lone »; Pétrarque et Dante ont donné le tcn dans le ccncert d'invec-
tives lancées contre les « Barbares » et, dans les récriminât icns
italiennes, les détracteurs de l'Église ont puisé à pleines mains non
seulement pour diffamer la France et les papes français, mais pour
rendre la religion elle-même responsable de désordres dont elle a été
la première à pâtir.
Dans un excellent livre, M. l'abbé Mollat a remis les choses au
point : nul n'était mieux préparé que lui pour traiter ce sujet ('pi-
neux; ses travaux antérieurs, les patientes recherches auxquelles il
s'est livré dans les archives romaines lui donnaient i:ne compétence
qui lui permet de parler avec autorité. 11 écrit d'un style alerte et
limpide qui sait captiver l'attention du lecteur et rend aimables les
dissertations les plus ardues.
Qu'il y ait eu des abus et des scandales, M. Mollat n'a pas la pré-
tention de le contester; sa méthode apologétique ne consiste pr.s à
nier les faits établis, mais, en décrivant les mœurs publiques et pri-
vées d'une époque où la rudesse brutale des temps féodaux ne com-
mence à s'adoucir que pour s'amollir sous l'action dissolvante d'une
culture plus ralîinée, il fait voir que la. Cour pontificale a simple-
ment subi les influences ambiantes contre lesquelles il n'était pas
aisé de réagir immédiatement
De même, dans un temps où l'autorité des princes tend à se conso-
lider et où la centralisation administrative succède à l'émiettement,
il est dans la logique des choses que l'Église subisse une transfor-
mation analogue; les prélats trop indépendants, et, par suite, trop
assujettis aux caprices malfaisants des puissances séculières, sont
rappelés aux règles de la si boroinatie n et les contributions finan-
cières qui leur sont demandées sont avant tout le signe de la di'pen-
dance où ils doivent se replacer; ce qu'on a appelé le développe-
ment de la fiscalité pontificale était moins inspiré par des besoins
d'argent que par celui de l'unité qui devait régner dans l'Fglise. Cette
ccntrahsation avait amené avec elle certains abus, et M. Mollat ne
— 252 —
le nie pa&, ce sont misères inhérentes à la nature humaine; mais ce
n'est pas là qu'il faut chercher, comme on l'a dit, la cause princi-
pale du lamentable schisme qui accompagna le retour des Papes à
Rome.
M. Mollat suit pas à pas les documents, mais, au lieu de les trans-
erire à k file, comme font quelques érudits, il se les est assez assi-
milés pour que sa pensée conserve son originalité; sa science reste
personnelle. En traitant des matières arides, il a fait un livre vivant
qui se lit avec autant de plaisir que de profit. P. Pisani.
Ija CoiMtnuiiatité des notaires tic Tours de lâl*? à I 791,
par Ludovic Langlois. Paris, Champion, 1911, iii-8 de xn-û23 p. — Prix :
10 fr.
Voici un livre intéressant, et bien fait, malgré quelques Icngueurs..
Comme son titre l'indique, il ne n:>us retrace pas l'histoire du nota-
riat à Tours depuis son origine, mais seulement depuis 1512, date de
sa réorganisation. L'auteur a bien senti (p. vu) qu'il nous donne-
rait des regrets, en laissant ainsi de côté la période antérieure. Du
moins a-t-il voulu les diminuer, en consacrant, dans son premier
chapitre, quelques pages, forcément un peu général' s, au notariat
pendan' cette période (p. 3 à 28). Cette brève esquisse était du reste
n'cessaire pour nous amener à comprendre la « création des notaires-
tabelhons royaux de Tours en 1512 » (p. 28 et s.), puis l'établisse-
ment de leur communauté. D'abord fixé à vingt, leur nombre fut,
dans la suite, tour à tour augmenté ou diminué, par des créations
(dans un but fiscal), suppressions, ou rachats d'offices; à la fin de
Tancien régime, il était réduit à douze. M. Langlois, après nous-
avoir exposé ces vicissitudes, reconstitue la « gén alogie des offices
de Tours », c'est-à-dire la liste de leurs titulaires successifs, mais à
partir de la première moitié du xvii^ siècle seulement, faute de
documents pour remonter plus haut dans le passé. Le chapitre sui-
vant est consacré à la « vénalité, transmissibilité et hérédité des-
offices de notaires de Tours de 1512 à 1791 » : il intéresse, non seu-
lement l'histoire locale, mais aussi l'histoire générale des offices... et
des finances royales pendant cette période. On peut en dire autant
des chapitres IV et V, le prc^mier sur les « Tabellions, gardes- scels et
gardes- notes », dont les fonctions restèrent, du moins pendant un-
certain temps, distinctes de celles des notaires, et présentent par
ailleurs, du moins celles des tabellions et des gardes- notes, un intérêt
particulier pour l'histoire de la conservation des minutes; — le se-
cond traitant de diverses autres « créations d'offices se rapportant
aux fonctions des notaires », créations fiscales, nécessitées par les-
guerres et la détresse financière, d'offices presque tous inutiles, aux
— 2^^3 —
fonctions démembrées de celles des notaires, et que ceux-ci se trou-
vaient obligés de racheter pour les éteindre. En revanche, le notariat
jouissait de privilèges et prorogatives, qui nous sont exposés dans
le chap. VI, et dont quelques-uns, par exemple l'exemption de la
taille, étaient très appréciables et compensaient en partie les charges
fiscales dont les notaires lurent souvent accablés. C'est au détail de
ces charges, et autres taxes ou impositions, que le cliap. VII est
consacré; à la vérité, la plupart des articles de cette liste auraient
dû être passés sous silence, car ils n'avaient rien de particulier aux
notaires (ainsi, la capitation, les dixièmes et vingtièmes, la taxe des
armoiries, les taxes municipales levées en cas de désastre public), et
M. Langlois nous paraît avoir un peu trop cédé ici au désir d'api-
toyer le lecteur sur la situation précaire, trop réelle, du reste, du
notariat tourangeau aux dix-septième et dix-huitième siècles. Les
chapitres VIII à XII retracent en détail les rapports des notaires de
Tours avec les représontants de l'administration (intendant, agents
du contrôle, etc.); — avec les magistrats du siège royal, qui empié-
taient parfois sur les fonctions des notaires, d'où conflits et procès
(en particulier avec le présidial); — avec les seigneurs justiciers,
leurs juges, greffiers et notaires; — avec les notaires du plat-pays; —
avec les huissiers, sergents et procureurs (autres conflits); — enfin
avec les autres communautés de notaires, notamment ceux du Châ-
telet de Paris, avec lesquels les notaires de Tours entretenaient les
meilleures relations. L'organisation intérieure de la communauté,
ses statuts et règlements, ses finances, — la situation sociale et le
recrutement des notaires à Tours, — sont l'objet des derniers cha-
pitres, avec l'histoire sommaire de la destinée du notariat touran-
geau, de 1789 à la loi de ventôse an XI. Ajoutons qu'une table
des noms de personnes et de lieux et une table chronologique des do-
cuments cités terminent le livre et seront appréciées des chercheurs.
L'étude présentée par M. Langlois est vraiment complète, sauf sur
un point, qui n'aurait pas manqué d'intérêt : les relations des no-
taires avec leurs clients. Telle qu'elle est, elle forme un livre d'un réel
mérite, basé sur m consciencieux dépouillement d'archives et une
connaissance étendue de la littérature du sujet. Bien des détails,un
peu lon;^uement développés, intéressent surtout l'histoire du notariat
local; mais, par d'autres côtés, cet ouvrage sera une utile contribu-
tion à l'histoire générale du notariat et des offices; les vues d'ensem-
ble, les rapprochements avec le notariat des autres régions de la
Franoe, n'y manquent pas. On pourrait y relever quelques erreurs
(ainsi, p. 264, sur le « Gode Henri », compilation à laquelle M. Lan-
! glois suppose une autorité officielle qu'elle n'a jamais eue); mais ce
«ont là de bien légères taches, que j'ai presque regret de signaler, car
je n3 voudrais pas diminuer aux yeux du lecteur la valeur et l'intérêt
de ce livre, qui restera in des meilleurs du genre.
André Lemaire.
Iflaléflres et sortilègee». F'rocès eriniineli>i de l'aiieien é%'é-
olié de ISstle p:)iir faitsi «le »<orcellerie (I 541^-1670), |)dr
EDOUARD DiRiCQ. Paris, Foiilemoing, l.M0,iii-l6 de 240 p. -^Pnx: 3 fr. 50.
Ce livre est un résumé des procès de sorcellerie faits dan^^ lan^ien
évêché de Bâle, de 1549 à 1670. Sa lecture préstn'e une certaine
monotonie, qui ne laisse pas de la rendre encore plus dramatique.
L'aocusée — ce sont presque toutes des femmes — fait, lorsqu'on
la soumet à la question, un récit toujours enalogue : Un jour où
ses affaires allaifn' mal, elle a vu lui apparaître, dm^ sa grange
ou dtnî scn verger, vn homm^ à pieds rendis qui lui a promis de
la secourir si elle consentait à se donner à lui. C'était le diable.
Elle a résisté d'abord, puis a fini par céder; et, en échange du don
qu'elle a fait d'elle-même, elle a reçu des pièces d'argenl qui, peu
après, se sont changées en feuilles, et i ne poudre qui peut nuire et
empoisonu'^r. Le diable lui est ensuite apparu de nouveau, de temp8
à autre, pour la conduire au sabbat.
C'est le fond des récits faits en forme d'aveux. En conséquence, la
sorcière est presque toujours décapitée ou étranglée, puis brûlée.
Ces aveux paraiss^m^ sincères; la sorcière croit à ce qu'elle raconte;
les juges y croien': aussi.
L'auteur se montre disposé à admettre que les réunions du sabbat ont
été réelles et d'ordre humain, qu'il y avait une organisation secrète
dirigée par des hommes et où les femmes étaient dupes, que la
poudre donnée par le prétendu diable était réelle aussi et contenait
de l'arsenic. Les autres parties du récit devraient être expliquées
par des illusions psychiques. On peut cependant objecter qu'il n'est
pas toujours très facile de combiner entre eux les deux modes d'expli-
cation. L'explication psychique totale est peut-être, après tout, plus
commode. Baron Carra de Vaux.
Séitastien Zamet, évèf|ua-diie de liaiisçEpes, pair de France,
fldSë I05>>. Sa Vie et me» ocuvreji. JLes Origintis du
jaiiséiii.<»Aie, par LouiS-N. Prunel. Paris. A. Picard et 'Us, 1912, in-8
de xvi-069 p., avec une heliograv., 15 grav. et un fac-similé. — IVix •
7fr. 50.
Ixettres spirituelles de Séltaslien Zaniet, cvêque-«liic de
liangres, pair de France, publiées avec ime Inlrodiicuon et des
noti.s par Louis-N. Prunbl et précédées dijs /lois s/9i>»<uc/s du rnème
pre at. Piris, A. Picard et tils, iyi2, in-8 de xxxiii-6C1 p., avec portrait. —
Prix : 7 fr. 50.
Venus d'Italie au xvi^ siècle, les financiers ont bientôt conquis
— 255 —
droit de cité en France : ils ont rendu service à la Royauté et aux
grands seigneurs, alors très obérés; ils sent devenus du reste très
bons Français et ont fait souche de n blesse, comme les G( ndi, les
d'Elbèn\ les Gadaicn^ et ttnt d'autres. Du nombre fut Sébastien
Zaraet qui, en habile homme d'argent, servit tour à tour Catherine
de Médicis, Henri III, les Guise, Henri IVet le duc d'Épernon avec
les enf'ants duquel ses héritiers s'unirent par mariage. Ce Zamet, le
plus riche personnage du temps, eut deux fils : l'un qui devint
brillant homme de guerre, Tautre qui entra dens l'Église, avec des
bén Tices considérables, comme l'abbaye de Juilly, et un des premiers
évêohés de France, cplui de Lan^res, qui lui donnait le ran'^- de pair
et le titre de duc. Leur mère, Madelein-^ Le Clerc du Tremblay, était
un-^ femme remarquable, parente du Père Joseph.
Élevé dans le luxe et le faste, le jei ne Sébastien n'en fut pas moins
un excellenl prêtre, très zélé pour la réforme de l'Éghse et le protec-
teur de tous les grands ordres religieux. Directeur de Port-Roval, il
devint le fondateur de l'ordre du Saint-Sacrement, mais se sépara
des jansénistes quand ces derniers abandonnèrent la pure doctrine
cathohque. Scn n m était resté au second plan. Un jeune docteur,
M. Louis Prunel, vient de consacrer deux volumes à sa vie, à ses
œuvres, à ses « Advis spirituels » et à ce qui reste de sa correspon-
dance.
C'était peut-être beaucoup pour un personnage qui figure à peine
dans les grands dictionnaires; mais ses quarante années d'épiscopat
sont fécondes en œuvres et aussi en actes qui furent mêlés à toute la
première moitié du grand siècle; et Tévêque de Langres entretint les
rapports les plus intimes avec la Mère /njéhque Arnauld, avec le
Père de Condren, avec Saint- Cyran et Duvergier de Hauranne, comme
avec sainte Jeenne de Chantai, \ illeroy, Richelieu et même Bossuet.
Le recueil des lettres de Sébastien Zamet est donc précieux à plus
d'un titre; celles adressées à la veuve assez étrange qui entra au
couvent après sa séparation d'avec M. de Pcntcarré sent les plus
nombreuses et les plus intéressé n^ es.
Des tables très complètes permettront de rechercher stns peine
toutes les personnes mentionnées dans ces deux gros volumes dent
l'historien peut faire scn profit, ainsi que des notes biographiques
très exactes jointes par l'auteur à ses textes. Peut-être nïtait-il pas
nfcessaire de donner vn glossaire des mots « surtnn'^s » dtns lequel
en trouve des exphcations comme bailler, pour dcrmsr \ aux champs,
à la campagne; entamer, commencer; marri, fâché; moyenner,i)roG\i-
rer; or sus, mais; tenir, estimer; volerie, larcin, etc. Cn aurait pu
avoir plus de confiance dans l'intelligence et la culture des lecteurs
quivoudrontaborderce grave sujet. G. Bague>'ault de Puchesse.
-- 256 —
lies Artes de Sully, ;iassés au nom du Boi de laoo à i6i0 par-d'vanl M*
Simon Founiyer, notaire au Ckâielel de Paris, recueillis et publies par
M. F. DE Mallevouiî. Paris, Leroux, 1911, in-4 de lxxii-?16 p.— Prix : 12 fr.
On a cent fois vanté l'administration de Sully, son économie des
deniers publics, sa prévoyante préparation militaire. Il était à la
fois minisire des finances, ministre de la guerre, ministre des travaux
publics. Mais comment, après le désarroi administratif des Valois et
de la Ligue, put-il remettre un peu d'ordre et de régularité dans les
affaires? Le hasard d'un minutier heureusement conservé nous en
donae le secret. Quand au mois de novembre 1592, Maximilien de
Béthune, qvii était déjà « grand voyer de France et superintendant
des finances, bâtiments et fortifications d, succéda au marquis ce
Cœuvres, le père de Gabrielle d'Estrées, dans la charge de grand-
maître et capitaine général de l'artillerie, il voulut remédier au dé-
nuement de l'Arsenal par d'importantes commandes d'arm,es et de
munitions; mais aucune comptabilité n'existait régulièrement qui pût
sauvegarder sa responsabilité et celle de ses collaborateurs. 11 s'adressa
à un notaire royal au Châtelet de Paris, qui exerçait depuis 1588,
Simon Fournyer, et le chargea de passer, au nom du Roi et à son
nom propre, tous les actes qui regardaient son administration. Ce
sont ces actes qu'a retrouvés, classés, publiés et annotés M. F. de
Mallevotie. 11 les a rangés par catégories : Conseil d'État, Bâtiments
royaux, Fortifications, Poudres et Salpêtres, Canons et armes,Trans-
ports et charrois, etc., et ensuite par ordre chronologique de 1600 à
la mort de Henri IV, complétant son travail par une table générale
alphabétique de matières, aussi bien que de noms de personnes et
de lieux avec indication des pages contenant les notes.
On comprend de quelle utilité un semblable répertoire peut être
pour l'histoire de ces dix années du règne de Henri IV, venant com-
pléter le grand recueil de M. Noël Valois : V Inventaire des arrêts du
Conseil d'État pendant la môme période. L'histoire particulière de
Sully y gagne non moins que l'histoire générale. On avait beaucoup
incriminé ces dernières années la véracité des Économies royales.
Il se trouve que la plupart des assertions contenues dans ces Mé-
moires rédigés au château de Sully en 1625, les chiffres et les dates, les
faits eux-mêmes sont entièrement corroborés par des actes authen-
tiques rédigés avec une clarté et une régularité dans lesquelles on
reconnaît la main du maître. Non pas que Sully cherche à expliquer
ou à excuser ses grands biens et ses grandes charges, ni à diminuer
les bons offices qu'il a rendus à unroi, dont depuis sa jeunesse il était
l'ami autant que le serviteur; mais l'état dans lequel il laissa les
affaires publiques, comparé à celui qui advint sous ses successeirps,
même sous RicheHeu, suffirait è son apologie.
— 257 —
M. de Mallevûue, dans son Introduction, a fait, année par année,
i'énuniération des titres successifs aussi bien que des domaines et bé-
néfices de celui qui fut baron de Rosny et de tant d'autres lieux,
avant de devenir duc et pair, et il y ajoute des pièces intéressantes
et des notices précises sur ks personnages, peu connus souvent, avec
lesquels le grand-maître fut en rapport. Pour l'ensemble des deux
cent quatre-vingts actes qu il a reproduits textuellement, ce sera
l'affaire des historiens d'y puiser les renseignements dont ils pourront
avoir besoin. G. Baguenault de Puchesse.
Camille jr<irdau en Alsace et A l¥«iaiar, d'après des documenta
inédits, par Robbbt Boubée. Paris, Ploa-Nourrit, 19H, in-16 de 264 p.
avec portrait. — Prix : 3 fr. oO.
La peinture d'une société aimable, policée, délicate de braves gens
dont un grand nombre sont devenus des gens illustres, vivant à une
des époques les plus tourmentées de l'histoire, mêlés pour la plupart
aux luttes politiques, tourà tour proscrits et puissants, et dont la cor-
respondance réunie par M. Robert Boubée donne comme une sym-
phonie d'amitié, voilà ce que nous offre ce charmant volume
dans lequel tout gravite autour de Camille Jordan. C'est, en somme,
le récit d'une bonne part de sa vie privée : ses relations, après son
exil de fructidor, avec la société alsacienne, dont le centre était à Col-
mar, et avec la Cour de Weimar; la persistance de ces relations ami-
cales quand l'exil eut cessé et quand il eut repris son rôle d'homme
politique de premier plan; enfin une analyse très fine des véritables
sentiments religieux du grand libéral royaliste,imprégné delà mentalité
du xviii® siècle, mais lui demeurant supérieur par une honnêteté pro-
fonde qui commande un respect complet. Camille Jordan a excellé
dans le rôle de directeur de conscience des femmes. On serait tenté
facilement de tourner ce rôle en ridicule et il faut reconnaître qu'à
notre époque il serait assez difficile à tenir. Mais ce serait oublier que
la délicatesse qu'il commande était beaucoup plus naturelle dans la
société ultra-policée de la fin du xviii^ siècle que de nos jours. Ce que
nous en montre M. Boubée dans ce volume est le tableau, peut-être le
plus saisissant, de la mentalité que cette délicatesse a pu produire.
C'est là ce qui intéressera les philosophes. Les historiens y auront aussi
leur part en voyant défiler les silhouettes de Ga-the, te Schiller, de
Kotzebue, de M^^ de Staël, de U^^ Récamier, de M"^^ de Krudener.
Enfin rien ne captive davantage l'attention que la description de
la Cour de Weimar et le tableau de l'influence française sur l'Alle-
magne policée de cette époque. Qui aurait alors parlé de culture ger-
manique eût fait au moins sourire et ce fut pourtant l'époque de
Gœthe et de Schiller I Par l'Alsace, par les femmes d'Alsace qui s'ap-
Septembre i912. T. CXXV. 17.
^ 258 —
pelaient M^^*^ de Rathsamhausen, M^^*^ de Berckeimet ses filles, etc., etc.
la civilisation française pc'nOtrait l'Allemagne et l'Allemagne s'en
trouvait bien. Aujourd'hui le courant a changé : ce n'est plus -la
civilisation française qui tend à imprégner l'Allemagre. Le suaire
de la barbarie allemande flotte comme une menace au-dessus. de
l'Alsace, au-dessus do la France, au-dessus du monde latin. 11 appar-
tient à la France d'en préserver le monde et de trouver dans son
génie et dans ses armes la force nécessaire pour conjurer une catas-
trophe analogue à celle qui, jadis, a frappé le monde romain. .
EUGÈISE GODEFROY.
J.-P. Bbissot. Copreupoiidaiice et iiapieirs, précédés d'un Avertis-,
sèment et d'une notice fur sa vie par Cl. Perroud. Paris, Picard ot lils^
1912, il, -8 de Lxix- 'i9'2 p. — Prix : 7 fr. 5i».
Ija Diplomatie de la Gii*on>.re Jacques- Pêcrre Brîssot, par
. H. A. GŒrz-B3RNSTBiN. Paris, Hachette, 1912, in-8 de xx-450p. Prix : 10 fr.
M. Perroud, qui, depuis plusieurs années, étudie à fend les perse n-
nages marquants du parti girondin sous la Révoluticn, fait poser
devant nous, après M"^*^ Roland, J.-P. Brissot. 11 a piblié en 1911
une édition critique des Mémoires dits de Brissot, qu'il faudrait
qualifier Mémoires sur Brissot, puisqu'ils sont une œuvre rédigée
après coup par Montrol d'après des imprimés du temps et des rensei-
gnements fournis par la famille. Aujourd'hui, il nous offre 246 pièces,
intégralement citées ou analysées, émanent authentiqùement de
Brissot (dont 71 déjà éditées çà et là), l'ne notice biographique
substantielle sert de préface à ce recueil. Elle rappelle dans ses prin-
cipaux traits la carrière du futur chef dé la Gironde, si agitée même
avant la Révolution, les « années de bohème » qui i nt précédé les
années tragiques, les relations du voyageur, du publiciste et de
l'homme de lettres avec le mcnde anglo-américain, la Société des
Amis des Noirs, avec Mirabeau; elle nous éclaire sur ses entours
et sa vie de famille. De nombreux détails, soigneusement étabhs,
servent à faire connaître moins scn œuvre de politicien que ses idées
et s n caractère.
— C'est scn rôle et celui des principaux Gircneins dans la cca-
duite des affaires extérieures de la France que, presque en même
temps, M. Gœtz-Bernstein a étudiés. L'auteur est d'origine étren-
gère, mais son livre n'en est pas moins une thèse soutenue devant
l'Université de Paris. Sa bibliographie est riche, avec des lacunes
inexplicables. Pourquoi n'y trouve-t-cn ni la Légende des Girondins',
d'Edmond Biré, ni, chose plus extraordinaire, les Girondins, de
Lamartine? Pourquoi paraître ignorer Jean- Pierre Brissot dt masqué,
de Camille D»^smoulins, et citer comme m\^ovii}.p.i^'V'H'istoire socia-
liste de M. Jaurès, en la déclarant quînd même « œuvre politique
-259 —
plutôt qu "historique » ? En revt.nche, M. Gatz-Iitinstein a dé-
pouillé les documents de nos Archives nationales, en les confrcntant
avec ceux des Archives d'État de Prusse et ( n utilisant la correspon-
dance du « KonimJssic nsrat » le juif Fphraïm, émissaire de Frédéric-
Guillaume II en Frtnce. Le portrait de ce singulier perse nnage (p.
272) paraît exact et tracé d'i m; main impartiale.
Quant au fond, l'auteur semble avoir caractérisé comme il con-
vient la pohtique de propagande exagérée, imprévoyante, chimé-
rique, préconisée par la Gironde et finalement enveloppée dans la
banqueroute et la ruine du parti. 11 a bim jugé en Brissot l'homme
et son oeuvre. Il met particuhèrement en relief ses discours de 1791-
1792. aux jacobins et à l'yVssemblée législative, sa lutte de tribune
avec Robespierre, qui se trouva dans la circonstance représenter le
bon sens et la politique nationale. Là et ailleurs, il a comparé avec
succès les deux systèmes que la diplomatie révolutionnaire a succes-
sivement pratiqués. Il conclut m attribuant de « nobles aspira-
tions » aux Gir( nains, mais il les traite de « pohtiques neurasthé-
niques » au dehors comme au dedans, qui ne méritent de Ihistoire
qu' « une larme, de pitié ».
Dans une lettre à Dumouriez (28 novembre 1792), révélée par
M. Perroud, Brissot s'est trahi et jugé luimcme, avec ses fojles
ambitions : «Ah! mon cher, qu'est-ce qu'Albercni, Richelieu qu'on
a tant vantés? Qu'est-ce que leurs projets mesquins, comparés à ces
soulèvements du globe, à ces grandes révolutions que nous sommes
appelés à faire? » Fncore quelques mois et Brissot et Dumouriez au-
ront disparu, l'un sur l'échafaud, l'autre dans un exil, involontaire
ou volontaire, de trente ann'es. L. Pingaud.
lies !lîoyades de Xautes. par G. Lbnotre. Pari-, Pcrrin, l'ji'2, iii-lGrie
318 p., avec gravures. — Prix : 3 fr. 50.
Parmi les crimes de la Terreur, il n'en est pas de plus abominable que
les Noyades de Nantes, et, dans les figures de la Révolution, il n'en
est guère de plus répugnante que celle de Carrier, telle qu'elle nous est
donnée au frontispice de ce livre, figure de bête de proie, non pas de
tigre, mais de chacal et d'hyène, lâche et féroce à la fois. Car ce pro-
consul devant qui tout Nantes tremblait, tremblait lui-même devant
iuneiépée, et à' la bataille de Cholet il n'avait pas trouvé de monture
assez rapide pour se dérober au contact des Vendécrs; mais, comme
le disait Klî'ber, après la victoire il devait tuer. Et il tua en effet, et
le perfectionnement de ces tueries, ce furent les noyades. Nul autre
ne les avait inventées avant lui. La première est du 19 novembre
1793. Ce sont des prêtres qui inaugurent le système, des prêtres bre-
tons, enfermés aux Capucins et qu'on en a retirés pour les transférera
^ 260 —
la Sécherie. Les hommes de confiance de Carrier, les Lambcrty, les
Fouquet et leurs dignes acolytes ont préparé une gabarre dans la-
quelle on a pratiqué des soupapes; on y entasse les malheureux
prisonniers, puis on ouvre la soupape et la Loire, pénétrant dans la
gabarre, emporte le bateau et les victimes. Si quelques-unes cherchent
à s'échapper en migeant, on les repousse à coups de gaffe ou on les
massacre à coups de sabre. Et le lendemain Carrier annonce à la
Convention 1' « événement d'un genre nouveau » qui a « diminué le
nombre des prêtres». Le 10 décembre, ce sont encore cinquante- huit
prêtres d'Angers qui vont, à leur tour, « boire à la grande tasse ».
Puis le 14 décembre, ce ne sont plus des « calotins », ce sont des
laïques, et non pas des aristocrates, mais des gens du peuple, des
ouvriers, des laboureurs, des paysannes, prisonniers au Bouffay, où
ils meurent de faim et sont rongés de vermine, qui sont précipités
dans la « baignoire nationale ». « Quel torrent révolutionnaire que
cette Loire ! » écrit le proconsul. Et le 12 janvier il se vantait d'y avoir
fait passer déjà deux mille huit cents prisonniers. Et les noyades se
Succèdent; hommes, femmes, enfants, tous y passent; un jour, il y a
une noyade de trois à quatre oents enfants. Le procédé est toujours le
même : les gardes du corps de Carrier, les Marats, comme ils s'appel-
lent, vont dans les prisons chercher les victimes — une fois jusqu'à
huit cents, — on les lie deux à deux, on les jette à coups de pied et à
coups de sabre dans le bateau; on leur enlève tout ce qu'ils ont, jus-
qu'à leurs vêtements, et on les pousse dans le fleuve. Les calculs les
plus modérés évaluent le nombre des noyés à près de cinq mille.
Y eut-il aussi, comme on l'a prétendu, ce qu'on a appelé les ma-
riages républicains? L'homme éminent qui a le plus consciencieuse-
ment, le plus impartialement étudié l'histoire de la Révolution à
Nantes, M. Alfred Lallié, ne le croit pas. M. Lenotre ne le croit
pas non plus; mais il estime que ce n'est ni par humanité ni par pu-
deur qu'on s'est abstenu de ce raffinement de sadisme, mais unique-
ment parce que c'eût été trop long; les bourreaux ne voulaient pas
perdre de temps : ils avaient hâte d'en finir pour aller souper avec
Carrier et lui chanter la chanson de la Gamelle.
Nous ne pouvons entrer dans les détails; on les trouvera, précis et
complets, dans la consciencieuse étude de M. Lenotre; ils sont à
fiiire frémir. « Onn'arienvu.dansrhistoire,decomparableenhorreur »,
disait Napoléon I^^ à Sainte- Hélène, en parlant de la dictature de Car-
rier. Et vraiment Ion se demande comment un peuple civihsé a pu se
laisser entraîner à de tels excès et comment une grande ville comme
Nantes a supporté sans révolte la tyrannie sanglante et brutale des
Goullu, des Robin et des 0' Sulli\ar.
Ajoutons qu3 le volume de M. Lenotre en est déjà à sa huitième
édition; c'est assez dire son intérêt et son succès. ! '■
Max. de la Rocueterie. ■ i
— 20 1 _
liw R^volulion à Poitiers et dans la %'ienne, par le marquis
DE Koux. Pari<, Nouvelle Librairie natiouale, s d, gr. in-8 de 589 p., avtc
6 porlrails. — Prix : 7 fr. 50.
M. de Roux fait précéder l'étude même qu'il entreprend d'une
étude préalable sur la situation du Poitou « à la fin de l'ancien
régime »; rien n'est plus logique, rien n'est plus intt'ressant. L'inertie
intellectuelle des paysans, l'activité des gens des métiers, parmi la
noblesse l'apparition de l'esprit égalitaire malgré la rigueur persis-
tante des distinctions extérieures caractérisent l'état social. Pour
l'état religieux trois éléments contribuer.t à le corrompre : les in-
fluences anticatholiques des protestants, encore nombreux dans ces
contrées, l'esprit philosophique et le virus janséniste. L'état poli-
tique est ni'diocre : la vie publique eot calme df,n5 la prov'nie, le
Roi est populaire, les intendants sont respectés, les récentes assem-
bh'es provinciales ont fait naître quelques espér&n3es, mais l'en-
semble demeure tern> et paisible. Ainsi s'ouvre, saas besoin d'ar-
gent, sin'. préparation sérieuse, la période de ccnvocaticn des
États gf'n'raux et des élections. Il y a plus d'agitatim que de
bcsogn?. Nous renvoyons ici aux travaux récents de M. Couturier,
don' le Polybiblion déjà a rtnlu compte. M. le m rquis de Roux
dfm ure persrnn 1 dans le récit particulier qu'il fait des événe-
ments caractéristiques du mouvem^n'; électoral, la révolution muni-
cipale de Poitiers, la formatien départem ntale, les administra-
tiens élues, les clubs locaux, les fédérations poitevines et comment
elles amènent la Ctmquête jacob'n^ du pays troublé, excité, ahuri.
Toute la questien religieuse est mise en lumière, triste lumière,
dans le récit de la sécularisation des biens d'Éghse, de leur mise en
vonte, de leur pillage, dans l'exposé des applications locales de la
Constitution civile. Ces deux chapitres (p. 328; p. 358) offrent un
puissant intérêt, et si la multiplicité de leurs détails ne permet pas
d'en produire ici toutes les recherches, il cen.ient de les indiques
à Tattentien des lecteurs. Ceux-ci trouvère n' aussi une vive satis-
faction è suivre la rébistanoe des braves gens aux nouveautés scan-
daleuses, la « coalition du Poitou », pour parler le langage du
temps, s'efforçant de défendre les coutumes du royaume et de
soutenir la Royauté en péril. Avec quelques renseignements sur
l'émigratien poitevine, la crise économique, les réfractaires, l'intru-
sion de l'Éghse constitutionnelle, les éni utes, nous arrivons à la
crise révolutionnaire victorieuse du 10 août. Ici s'arrête in labo-
rieux et minutieux travail qui mérite, à tous égards, d'être loué par
les lecteurs et continué par l'auteur. Les portraits dont il a illustré
son texte, les références précises qu'il produit, les sources vérifiées et
nombreuses qu'il inlique avec méthode, un Index alphabétique très
— 202 —
circonstancié qu'il ajoute, sont des qualités heureuses de forme qui
soutionn nt bim l'utilité d'un livre mc.n'rant jusqu'à révidence ce
que fut dcn- li no de nos meilleures provinces le triomphe dévasta-
teur de la Révoluticn. Geoffroy de Grandmaisgn.
IjOS Grands IVaitc»» palitil|Ue«(. Recueil des principnix lext-.s diplo-
m t(t(jies depuis 1815 JHsq.i à ',o> jours, avec des Comneataipes et des notes
par PiEiiRE Albin. Pari?, Alcaii, 1911, iii-8 de xi-o70 p. — Prix : 10 fr.
Le volume de M. Pierre Albin diffère des autres ouvrages publiés
dans la « Bibliothèque d'histoire contemporaine » en ce sens qu'il est
exclusivement un recueil de documents, et non pas (comme ceux
qu'a si patiemment et si méthodiquement groupés M. Henri Cordier
dans ses livres sur la Chine) de documents relatifs à un même sujet,
mais de documents touchant à une foule de sujets différents et n'ayant
entre eux qu'un seul trait de ressemblance, celui d'être des textes
diplomatiques. Peut-il d'ailleurs en être autrement quand il s'agit
de réunir dans, un seul volume les principaux documents diploma-
tiques ayant vu le jour depuis et y compris les traités de- Vienne
jusqu'en 1909 et 1910. et des documents relatifs aux différents pays
du monde? Évidemment non. Aussi aurait-on mauvaise grâce à
critiquer M. Pierre Albin sur ce point; mieux vaut le féliciter, semblte-
t-il, d'avoir eu lide'e de constituer ce recueil de textes, qui rendra
les plus grands services au diplomate et à l'historien, de l'avoir classé
rigoureusement et de l'avoir pourvu de bonnes tables, de l'avoir aussi
accompagné de commentaires et de notes. Mais, quelque soin qu'il
ait apporté à sa tâche, M. Albin a laissé échapper quelques fautes de
français (.çouwi^ au lieu de soumises, p. 98, ligne 7) ou encore quelques
fautes d'impression {rectifié pour ratifié, à la p. 168) ou bien encore
il a omis quelques explications indispensables (au sujet du traité du
21 novembre 1855, par exemple, à la p. 113; à propos de l'article de
M. Piccioni incomplètement cité à la note 1 de la p. 375); il a eu tort,' à
propos de Cuba, à la page 517, de ne pas renvoyer à l'excellent travail
de M. A. Viall&t, paru dans ses Etudes d'histoire diplomatique amé-
ricaine, sur les origineS' de l'intervention américaine à Cuba, et sur les
préliminaires du traité de Paris du 10 décembre 1898. Mais ce ne sont
là que vétille.s facilement réparables et dont la constatation ne retire
guère au mérite de M. Albin. Fc'licitons donc ce travailleur, et de
tout cœur, d'avoir, par ce nouvel ouvrage, contribué à préciser la
connaissance de l'histoire contemporaine et à vulgariser des textes
dont on parle beaucoup, mais que l'on ne s'avise guère d'aller chercher
dans des reciieils spéciaux auxquels, peut-êtr«, M. Albin eût bien fait
de renvoyer les esprits curieux et désireux d'approfondir tel ou tel
point effleuré dans les Grands Traités politiques. H, F.
— 263 —
Lia m eu 11 M ix» et ses coprcspinnlants iii«^onuuM, par Ad. Roussel.
Pari -5, T.'qiii. 1912 in 12 de vni-4o6 p. — Prix : 4 fr.
La correspondanre de Lamennais forme une sorte d'autobiograplib
et bien certainement qu'on ne le connaîtra jamais mieux que par ses
lettres. 11 faut donc applaudir à toute publication analogue à cello-
CL M. Roussel s'est, depuis de longues années, attaché à produire
des renseignements, des documents sur l'auteur des Pd^oles d'un
croyant^ il réunit dans ce volume des textes importants : sa corres-
pondance avec six personnes de notoriété diverse et de renommée
inégale; cette diversité même a un mérite. Ces lettres ont paru dans
des Revues, or éparses en des « Mélanges -; le lecieur les retrouvera
ici réunies en un volume. Elles sont prélevées dans la riche coHeo-
tioa de 800 lettres autographes que possède M. Roussel.
Il suffira d'indiquer le nom et la qualité des correspondants, les
années où s'échangèrent les missives : M. d^-sSaudrais, l'onclt; de Féli, ,
qui écrit de 1806 à 1807, et des lettres de Lamennais en personne
(1808 à 1815); M. Querret, professeur de mathématiques, pour les
années 1811 à 1815; Tabbé Caron (né en 1792, de dix ans plus jeune
que Lamennais, il ne faut pas le confondre avec son qua^i homonyme
le célèbre abbé Carron qui fut l'un des inspirateurs de la vocation de
l'auteur de l^'^^ai); les lettres échangées vont de 1825 à 1831, c'est
au plein de la prospérité et de l'activité de l'école de la Chênaie où se
rendit le jeune eccl-siastique; également, les lettres rapportées de
Dom Guéranger (alors « l'abbé » Guéranger) datent (1829-1832) des
heures d'agitation; elles montrent quelle déférence le prochain restau-
rateur de Solesmes portait à l'abbé Féli avant sa chute.
L'abbé Vuarin, curé de Genève, était, lui aussi, tenu en haute
estime par les plus intelligents et les plus zélés catholiques de son
temps; à ce titre, champion intrépide de l'Eglise romaine au milieu
des protestants suisses, il reçut sous son toit Lamennais, se rendant
pour la première fois à Rome, et l'y accompagna (1824); il eut
Sur son compagnon une heureuse influence, qui s'atténua quand,
après l'Encyclique Mirari vos, le fondateur de l'Avenir coupa les
liens avec ses vrais amis. M. Roussel a accompagné de « Notes »
spéciales ces dernières correspondances, de beaucoup les plus nom-
breuses. Elles se terminent par des lettres plus intimes, familiales,
et famiUères, avec son cousin M. de la Mlléon ; ici les dates
extrêmes vont de 1846 à 1853; c'est à la veille presque de la mort,
elles gardent une tournure attristée, non sans aigreur, sous le voile
de la mélancolie. G. de G.
— 164 —
IiOui»-!Va|»oléou ttoiinparte et le ministère Odilon llarrot^
fl^AO. par André Lbbby. Parie, GorQély, 1912, gr. iu-8 de xa-719 p. —
Prix : 12 if.
Dans ce très gros volume de plus de 700 pages très compactes,
réunies sous une couverture rouge vif qui porte le terrible dessin de
la hache révolutionnaire, on doit reconiaitre thez l'autour un grand
travail de préparation comme l'indiquent l'abondance des notes et
la précision dos référonoes. C'est toute l'année 1849 qu'il étudie,
époque des débuts de la présidence de Louis-Napoléon, moment de
transition entre le triomphe de la République et le prochain avène-
ment de l'Empire. A l'intérieur, l'action révolutionnaire caractérisée
par le procès de Bourges et l'émeute du 13 juin, où Ledru-Rollin joua
le rôle elTaré que l'on sait; à l'extérieur, l'action contre-révolu-
tionnaire manifestée par l'expédition de Rome grâce à laquelle notre
armée délivra la Ville éternelle des malandrins et des assassins qui
l'opprimaient. Iri, M. Lebey,très admirateur de la République romaine
et de Mazzini, trouvant des explications justificatives même au meurtre
de Rossi (p. 277),accumule sur l'Église des erreurs matérielles, avec une
parfaite ignorance de son histoire, de sa doctrine et de ses lois : par
exemple lorsqu'il compare la messe des fêtes catholiques aux céré-
monies des Chinois. Le récit qu'il donne de la mystérieuse mission de
Lesseps est très documenté et curieux; il loue vivement un rôle qui
fut suspect à tout le monde; mais là comme ailleurs, il préfère « la
fraternité internationale au patriotisme » (p. 419). — Nous regret-
tons l'absence d'une table alphabétique à la fin d'un gros livre qui
nécessitait, plus qu'un autre, ce moyen de retrouver tant de noms
épars et de faits cités. Nous ne discuterons pas les opinions — très
sincères évidemment — de l'auteur qui date son travail de « floréal,
an 119 »; si jamais il s'avise de dire que ses adversaires radotent, il
sera mal venu à le leur faire remarquer. G.
Treis Kéaeateurs alHaclent*, par Mxuricb Bloch. Paris, Hachette,
1911, in-l6de yin-240 p. — Prix : 3 fr. 50.
Ce livre, écrit, croyons-nous, par un israélite, contient l'éloge de
trois Alsaciens protestants, un éducateur populaire, Joseph Wilmm,
un éducateur de jeunes filles, plus connu d'ailleurs à d'autres titres,.
Jean Macé, enfin un éducateur par la presse, c'est l'auteur qui le
qualifie ainsi, Auguste Nefftzer, fondateur du journal le Temps', c'est
donc, en trois chapitres, d'ailleurs finement écrits et non dénués
d'intérêt, l'apologie de l'éducation protestante, que l'histoire et l'ex-
périence ne nous permettent pas de confondre avec l'éducation vrai-
ment française. Le premier de ces éducateurs, Joseph Wilmm, simple
instituteur d'abord, puis professeur dans un gjTiinase protestant,.
— 205 —
enfin inspecteur d'Académie, m'appuraît le plus synipathique des
trois. C'était un brave h<Hurue, éducaleuj' JiabiJe et pleiji de bon sens,
qui ne s'était pas laissé prendre aux formules a gratuites, obligatoires
et laïques >■, qui sont devenues les masques de renseignement anti-
chrétien, et il lit toujours à la religion sa part nécessaire dans l'ensei-
gnement; il n'aurait pas accepté, du moins je le pense, de prendre
place parmi les prescripteurs enragés de l'idée chrétienne, et se
distingue par là de nos petits éducateurs d'aujourd'hui. M. Bloch
fait une bonne analyse de son œuvre et un intéressant résumé de
sa vie. Ce fut en somme un bon éducateur protestant.
Il n'en est pas de même de Jean Macé, le fondateur de cette Ligue
de l'enseignement, qui, baptisée neutre à sa naissance, est devenue
le grand instrument de combat contre l'enseignement chrétien. Mais
M. Bloch ne nous parle guère de ce Macé militant des dernières années :
le Macé qu'il ncjus raconte, c'est surtout l'éducateur de jeunes filles,
qui montra, à l'é-cole de Petit-Château, en yVlsace, de réelles quali-
tés d'éducateur et de professeur. Plusieurs citations de lui montrent
qu'il n'était pas alors l'ennemi du bon Dieu. Sa ligue fameuse a de-
puis longtemps cessé d'exploiter cette part, la meilleure, de son héri-
tage. Malgré tout, il y aurait bien des réserves à faire sur cette seconde
notice.
Mais la moins bonne et la plus contestable, modérée de forme d'ail-
leurs, c'est la notice sur Nefftzer, celui qui obtenait l'autorisation de
fonder le Temps, à l'époque même où Ton refusait obstinément à
Louis Veuillot de faire- reparaître l'Univers supprimé. D'où je conclu»
que l'Empire jugeait moins redoutable pour lui l'opposition du pro-
testant Nefftzer que celle du catholique Veuillot. A l'éloge de Ne ftzer,
qui d'ailleurs fut un journaliste fort habile, l'auteur mêle celui de
nombre do sectaires qui gravitaient dans l'orbite du Temps même
do Floquet, même de défunt Brisson (Henri); ainsi le livre finit
beaucoup moins bien qu'il n'avait commencé. P. Talon.
L'Ecole priitiiiireen France ssaM la troisième République,
par JosBPH Vaujany. Paris, Perrin, l'Jl2, in-ie de viii-3.5o p.— Prix : j fr. !J0 .
\; Ceci n'est pas un livre de combat, mais plutôt une histoire critique
de l'école sous la troisième République : c'est l'œuvre moins d'un
polémiste que d'un historien et d'un philosophe.
Il se divise en trois parties. La première : Les Lois fondamentales,
c'est le résumé des discussions qui ont préparé, sous Jules Ferry, la
nouvelle organisation de l'enseignement primaire, gratuit, obliga-
toire et surtout laïque, avec, pour caractère, une stricte neutralité, et
à la base, la vieille morale de nos pères. L'auteur rapporte les argu-
— 266 -
ments pour et les arguments contre, qu'on fit valoir de part et d'au-
tre pour légitimer ou pour empêcher cette réforme, et précise les
théories philosophiques sur lesquelles repose l'entreprise de Jules
Ferry et de Paul Bert, qui semblent s'être faits, consciemment ou
non, les instruments du protestantisme libéral. Le but non avoué,
mais certain, c'est moi qui le note et non pas l'auteur beaucoup moins
affirmatif et plus discret, c'était de décatholiciser la France.
La seconde partie : L'Ecole nouvelle, ^o\x% montre l'école officielle
renonçant de plus en plus à la neutralité pour devenir l'instrument
d'une doctrine d'État, et tendant de toutes ses forces à l'établisse-
ment, plus ou moins avoué, du monopole sur les ruines de la liberté
d'enseignement, dont, plus ou moins sincèrement, les promoteurs de
l'école laïque avaient affirmé le respect et l'intangibilité. Cette partie
se termine sur un chapitre où l'auteur précise la conception nouvelle
de l'éducation et montre les efforts faits en tous sens pour l'établis-
sement d'une morale nouvelle, dont les bases restent encore à trouver.
La troisième partie : L Évolution de l'école, n'est que la continua-
tion de la précédente, où s'affirment à la fois l'instabilité des idées
nouvelles et l'entêtement passionné dans la poursuite d'une œuvre
de combat. Et le conflit en résulte, grave ou pour mieux dire irréduc-
tible, entre l'Église catholique et la troisième République, sur un
terrain où l'entente n'est pas possible, car ni le droit ne peut céder,
ni la passion ne veut reculer. Les dernières pages sont consacrées
aux droits et devoirs des catholiques dans l'enseignement. « La ques-
tion de l'enseignement, conclut l'auteur, est la plus importante pour
les catholiques. C'est par là qu'on les opprime, c'est par là qu'ils
s'affranchiront. »
Livre bien fait, ou plutôt composé d'une série de chapitres bien
faits, dont la suite ne me semble pas atteindre la solide unité et
l'enchaînement logique qu'on réclame d'un vrai livre. Ne serait-ce pas
plutôt un simple recueil d'articles? Il sera lu avec intérêt, utilement
consulté : le ton modéré volontairement n'est plus peut-être à l'unis-
son de notre époque de combat. Est-ce un défaut, est-ce une qua'ité?
Les lecteurs en restent juges. P. Talon.
i-<'Éfofe priina're contemporaine (t9l>0-10l I ). liaieisuie
el syii«lîralii«me, par Jban M.axk. Paris, No'ivelle Librairi ■ iialioiiale.
1911."iM-l« de Xii-2-r5 p. — Prix: 3 fr. 50.
Le livre de M. .Jean Maxe complète très heureusement les travaux
déjà n )mbreux qu'ont provoqués, dans notre pays, le dévouement
à la vérité religieuse et la passion pour la vérité historique. M. Jean
Maxe s'est imposé la tâche spéciale de raconter les transformations
subies par léGole primaire depuis l'affaire Dreyfus. Cette « affaire »
— 267 —
a, on peut le dire, empoisonn '' l'école. L6 livre de M. Jean Maxe fait,
défiler devant nous les sophismes, les mensonges et les impiétés qui,
depuis quinze ans, roulent d'école' (n école à travers la France. 11
fallait saisir et tracer la synthèse des opinions que l'instituteur et
l'irstitutrice tâchent d'inculquer aux Français de demain. Plusieurs
procès retentissants ont fait connaître les principales extravagances
de l'enseignement officiel; mais, jusqu'ici, le plan d'ensemble, auquel
obéit la secte, échappait au public. M. Jean Maxe nous initie à la
pensée qui dirige les meneurs. Son livre est l'œuvre d'un hisforien
très inform". Une documentation aussi touffue qu'impeccable
soulion3 ses affirmations. Grâce à M. Jean Maxe, nous voyons clair
dans la caverne où opèrent 1» s chefs. Que veut la secte? Détruire
l'Fglise d'abord, puis la patrie. Les frontières supprimées, on abolira
l'armée et, enHn, 1 Etat. Ainsi désarmée, la France deviendra la
proie du collectivisme et le butin de la Confédération générale du
travail qui régira les destin''es de la patrie. Tel est le but avoué.
La France se laissera-t-elle détruire? Notre conviction ferme est que,
malgré le concours de l'école officielle, la conjuration avortera.
0. H.
Ixa Tradition religieuse et ua1ioii»le. A^'.ix Catitoliqiiesde
d2oit«, par Doai Bessk. Paris et Lille, ûjsclee, de Brouwer, ^911, in-12
de 3'.8 (). — Prix : 3 fr. 30.
Ijrt Trattitiou religieuse et nationale. lie Catiiolicitsine
libérai, par le luème. Lille et Paris, Des;lée, de Brouwer, 1911, in-12 de
2'Ji p — Prix : 3 fr. 5'"i.
Ces deux volumes font partie d'une colleotionquepubliel' Association
de Saint-Rémy, de Mont- Notre-Dame (Aisne) et qui a pris pour
titre gén''ral : La Tradition religieuse et nationale.
Le premier est un recueil d'articles, parus à la Gazette de France,
de septembre 1906 à octobre 1907, et dirigés presque tous contre les
catholiques de gauche. L'auteur ne ménage pas le hbérahsme, le
modernisme, le. laïcisme dans l'Eglise, la démocratie, la république
en France; il les poursuit d'in hostilité inlassable et, je dirai
presque, tranquille, tant l'assurance de ses convictions est absolue.
Mais, avec une justesse d'esprit et un hbéralisme, au bon sens du
mot, don': les catholiques de l'autre camp n'ont pas toujours donné
l'exemple, il déconseille de con''ondre 1 action religieuse et l'action
politique, il ne souhaite pas que le clergé, dans l'exercice de ses
fonctions, se mêle de prêcher le ralliement à la Royauté. A travers
ces articles de polémique, certains lecteurs s'arrêteront de préférence
sur quelques-uns qui ont un caractère historique et sur quelques
belles pages consacrées à Huysmans, artiste de la douleur chré-
tienn3.
— 268 —
— Le second volume présente une suite de conférences données,
en 1910, à VInstitiU d'Action française. C'est de Lamennais que
Dom Besse fait dériver le catholicisme libéral, tout en reconnais-
sant qu'il n*^ fut qu'une étape assczvite dépassée parcetâpregénies'é-
loignant de l'Église. Ce qui n'empêchera pas des catholiques libéraux,
demeurés dans le giron de l'Église, de her partie, au cours du
xix^ siècle, avec ce qui restait de gallicanisme et de faire appel à la
pression du pouvoir civil pour empêcher le concile du Vatican d'abou-
tir à des définitions redoutées. L'auteur témoigne une grande sévérité
et impute des responsabilités lourdes à tous ceux qu'il accuse d'avoir
trop de condescendance pour les erreurs en vogue et de ne professer
qu'un catholicisme diminué. Je ne citerai pas de noms propres; je
n'entrerai pas dans des querelles rétrospectives, qui si facilement
aigrissent. Ceux-là ne me semblent pas d'inutiles serviteurs de l'Église
qui cherchent à diminuer les obstacles souvent factices qui séparent
d'elle bon nombre d'âmes contemporaines et qui redoutent de les
rebuter. Mais tous les catholiques n'ont pas le même tempérament
ni la même mission; et il est bon aussi que des voix fermes s'élèvent
pour affirmer le catholicisme intégral.
Baron Angot des Rotours.
L.r8 Églises clirétirniiea au anatin du JLJL^ siècle^ par Eugène
FiiTrKR. Paris, Perrin, 1912, in-16 '.le 1«9 p. — Prix : 3 fr. 50.
Protestant, mais se déclarant « étranger à tout sentiment hostile
à l'Église catholique », M. E. Ritter, professeur honoraire à lUni-
versité de Genève, réunit en un volume quelques pensées, fruit de ses
expériences de septuagénaire. Il groupe ses opinions en matière
religieuse selon cinq rubriques : L'Eglise catholique, les Eglises
réformées, les Eglises orientales, l'Eglise catholique et la Science, le
Christianisme et la Pensée moderne.
Alors même que ses intention? le rapprochent du catholicisme
dans un mouvement de sympathie, en sen' que l'auteur n'a pas
assez de points de contact avec nous pour pr user comme mus. Si, par
un effort qu'on sent douloureux, il arrive à des con'^lusions que
nous acceptons, c'est par des voies que nous ne saurions suivre, en
Borte que c'est presque in hasard si des arguments qui no n >us pa-
raissent pas probants l'am^'n^nt à des conséquences justes.
Je me demande si les protestants « orthodoxes » n^ porteront pas
sur ce livre le même jugement que n^us. Malgré tout, i n homme de
cœur ne peut pas s'éloigner par trop de la vérité, même quand il ne
réussit pas à y atteindre. On sent la conscience d'un savant las de
flotter dans les perpétuels à peu -près en hsant cette phrase qui ter-
mine le livre : « Un temps vie n Ira où, sur la terre, tout sera connu,
— 269 —
classé, étiqueté, t'talé, e.\pliqué df.ns des livres à la portée de tous,
mais le cœur aura ( ncore ses secrets et la foi ses mystères consolants. »
P. PlSANl.
Oeutaelie Sclirôftfafelu dea IX.. bis X.VI, Jahi liuiiilerts,
uus Ilamlschrifleii der k. llof- und Saalsbibliothelv in Mùnchen, heraiis-
gegeben von Krfch Pbtzkt und Otto Glauning. II. Abteilung. Miiielhoch-
d-iulsche Sclirifl irnkmà^fr des XI . bis XIV. JahrhunderLs. MilUClied, Garl Kuhn,
rjH, iii fol. pi. xxi-xxx, av'c texte. — Prix : 10 fr.
C'est par des publications ccmme celle de MM. Petzet et Glai mng
que l'en pourra le plus utilement ccnfribuer à Ihistoire de l'écriture
allemande. Nous avons déjà, lors de l'apparition du premier fas-
cicule, signalé la nouveauté et l'utilité de ce travail; nous avons dit
que chaque pltnche était accompagnée d'i ne notice sur le manus-
crit auquel elle était empri ntée, avec 1 ,'ndicatii n des ouvrages où il
en est questic n, d'i m in nscripticn complète et d'observations paléo-
graphiques dï.ns lesquelle,3 les auteurs si^ nal* n'^ les particularités
de chaque écriture. Nous n*^ revi'ndrcns pas n n plus sur la parfaite
exécuticn des pknches reproduites dans la grandeur même de l'ori-
ginal. La première livraison comprenait des textes du ix^ au xi^
siècle. Les quinze planches de la seccnde livraison nous donnent
dix-sept spécinvn? des écritures du xi^ au xiv^ siècle. Comme
pour la première série, nous avens ici plus d'i ne fois affaire à des
manuscrits latins contenant quelques parties germaniques : c'est le
cas nolammont pour le fra^^nvnt du Ruodlieb, provenant d'un
maruscrit de Tegernsee, du xi® siècle (pi. XVI, A), et pour la cu-
rieuse corresponde noe entre une dame et son amant, attribuée au
prêtre Wernher à la fin du xii® siècle (pi. XVI, B) qui contient
quelques vers allem nds. C'est aussi le cas pour le manuscrit des
Carmina burana, auquel est empruntée la pi. XXV, où se mêlent
si curieusement le latin et l'alltmAnd. Au même monastère de Bene-
diktb?uern, d'où provieennn*^ (leur nom l'indique) les Carmina
burana, appartii nn nt trois autres planches de ce fascicule, toutes
du xii^-xiii^ siècle. Les deux dernières planches sont empruntées
à oies manuscrits des Nibehngen, l'i n du xii^ et l'autre du xiv®
siècle. Un manuscrit du xiii^ siècle (pi. XXVII), qui contient
des sermons en allemand, nous olTre un spécimen curieux d'une écri-
ture fno et même de provemnce messine.
Nous espérons avoir bientôt l'occasion de revenir sur cette belle et
précieuse pubhcation qui rendra aux germanistes, comme aux paléo-
graphes, de précieux services. E.-G. Ledos.
— 270 —
BULLETIJN
KotSon t l'sxlit lonneKe de la vocation sacei-dotale. Lettre à im supérieur
de gr nid séminaire, par Piekre Bouvier. Paris, Lelhielleux, s. d., iii-12 de
76 p. — Prix : 1 fr.
M. Bou\ier répond à deux questions : l*' L'attrait surnaturel et percep-
tible est-il un signe nécessaire pour toute vocation sacerdotale? Non. S'il y
a des vocations d'attrait, il y en a d'autres aissi. cette première partie
appelle certains compléments qu'on trou\ era chez le R.F.Hurtai;d,(p. 24 sq.).
Le directeur suivant la vocation-attrait paraît une création de M. Bou\ ier.
Ce type simpliste et ignorant n'existe guère, grâce à Dieu; 2° Le mot de
vocation doit-il être réservé e\cksi\eraent à l'appel canonique? Non. Il
vaut même mieux continuer à donner ce nom à la vocation intime et à
nommer appel l'acte de l'évêqie. M. Bou^ier croit que cette seconde ques-
tion pour Mi Lahitton n'est qu'une question de mots. Exégèse fort con-
testable. Au jugement de J)ien d'autres, M. Lahitfon nie ou minimise à
l'excès la vocation intérieure et l'on comprend, sans qu'il soit besoin d'in-
sister, les critiques que sa thèse peut susciter! H. Grs.
La Mt'ihoclc ii*ininiunaitc«>, par J. Wehblé. Paris, Bloud, 1911, iu-lG de
63 p. 'Culleclion Scie>ice et Bellgion). — Prix : 0 fr. 60.
L'ne grande partie de cet ouvrage tend à montrer que la plupart des
objections élevées contre les idées de M. Matrice Rlondel en matière d'apo-
logétique ne portent pas. Cette discission bien informée, précise, serrée,
est menée avec un louable souci de ne retenir du débat que les éléments
qui peuvent contribuer à un exposé doctrinal d-e nature sereine et paci-
fiante, c'est-à-dire dans le même esprit qii. avait iijspiré à l'auteur une
étude pénétrante publiée à la Quinzoive, en 1904, sous ce titre : Le Christ
et la conscience catholique. Si M. l'abbé '\V. h*lé défend aujourd'hui ce qu'il
appelle la méthode d'immanence, d'un nom que lui-même juge médio-
crement recommandable, ce que je préférerais appeler tout simplement la
m'thode intérieure ou l'apologétique interne, c'est qu'il sent combien il
S-rp'f fâcheux de laproscr'rj sous prétexte de réagir contre le moderni-srae
avec lequel elle ne se confond nullement, et qu'elle a sa place prépondé-
rante dans l'apologétique intégrale, et qu'elle paraît bien appropriée
auv besoins de beaucoup de nos contemporains, et qu'elle dispose à en-
visager sans trouble et comme non insolrbles les problèmes théologiqves
qu.e pose la petitesse de l'Église \isible par rapport à l'immense foile
huma'ne. File aide h entrevoir par quelles sollicitations variées, et qui de-
meurent parfois comme anonymes, la grâce prévenante du Christ rédemp-
teur travaille les âmes qu'il \ eut sauver toutes.
Baron Angot des Rotouks.
La Bal allie ^cohiire, los tloeninenr s, los faUs, par J. Santo. Paria,
l'auteur, 131, rue de Vtnngirar !, s. {i.,in-16 de 72 p. — Prix : 0 fr. 50.
Cette brochure est la reproduction d'une conférence faite à la demande
d'une association de } ères et de mères de: famille, par des documents et
par des faits, elle montre ce qu'on nous a promis, €■ q l'on nous a donné,
co qu-; nous voulons. Co qu'on UjUS a p-icxmis, c'est une loyale neutralité
comportant l'enseignement des devoirs en^ers Dieu. Ce qu'on nous a
M
— 271 —
doDué trop souvent, c'est un enseignement antireligieux, antipatriotique et
même, en pU'S d'un cas, nettement immoral. Et le résultat a été l'augmen-
tation de la criminalité. Ce que nous voulons, en attendant mieux, c'est au
moins qu'on respecte nos entants, en ne leur enseignant rien de contraire
aux con\ ictions chrétiennes et patriotiques que nous avons déposées dans
leur âmo et dont nous no so. fîi'ivons pas qu'on leur ra i ;se le trésor. Et la
concli sion, c'est qi.e nous devons nous organiser pour surveiller l'ensci-
gneaient à l'école, intervenir pour réprimer les abv s qui s'y commettent,
retirer nos enfants des écoles quand cela devient nécessaire, et travailler
par to' s les mo\ ens à amener la séparation des écoles et de l'État. Excel
lejite brochire de propagande, tout entière établie sur des documents et des
faits irrécus: b'es. peut-être conviendrait-il d'écarter le témoignage de
l'athé Claraz, à qui ses frasques récentes ont lait perdre à nos veux toute
•autorité en matière de re\endica tiens chrétiennes. p. Talon.
Les So's iiuniide!*, par R. DuMONT. Paris, Larousse, s. d., in-8 de 183 p.,
avec 52 grav. — Prix : 2 fr.
(et ouvrage a obtenu le prix agronomique décerné par la Société des
agriculteurs de France qui avait mis au concotus le sujet suivant : Amé-
li( ration, jertilif^ation et utilisation des terrains hourbei x.
L'auteur a répondu aux conditions du programme en traitant la question
-■ avec compétence, tant au point de vue scientifique qu'au point de vie
I.'* pratique. Il cite de nombreux exemples de mise en valeur de terrains
Y tourbeux, tant en France qu'à l'étranger; aussi la lecture de son li\re inté-
ressera-1 elle toutes les personnes qui s'occupent de questions agricoles.
D. B.
Les Ai-bi-es iégend:i'r38, pir Ernest Van Bruyssel. Paris. Hetzel, s. d.,
in-l& de 316 p., illustré. — Prix : 3 fr.
Ce volume contient plus que ce que son titre n'iridique. Il débute par un
exposé de paléontologie forestière, passe ensuite à un aperçu de la géo-
graphie botanique et arboricole du globe, puis à une sorte d'anthologie des
liois sacrés de l'antiqu'té. A-ec les arlres hantés^ noi s entrons dans !e \ rai
domaine de la léj-ende. Suit une revue des faits hisloriques accomplis en
forêt ou auxquels des arbres ont été mêlés, enfin une description des arfcres
célèbres actuellement existants.
Le tou.t est entremêlé d'anetdotes, de récits histcriqies ou h'gerdaiies et
d'innombrables gravures qui rendent la lecture d'autant pli s agréable.
IMalhevrev sèment la documentation est nulle, pas me source, pas un
auteur, pas une référence ne sont indiques. Le là des erreirs pcssib^es.
Signalons- en me On lit. page 28 : « La plupart des forcis en France appar-
tiennent à l'État... Elles cou\rent environ dix milliers d'hectares...» Si
l'auteur eût consulté V Annuaire des eoux et forêts, il y airait appris que
l'État français ne possède guère plus de un million d'hectares de forets, scit
le dixième delà surface boisée totale, deux autres dixièmes étant la propriété
des communes et établissements publics, et le surplus appartenant à des
propriétaires i rivés. C. df. Iùr\\an.
L'Inceriiuiionitlisine scîointlfique {Scie?ices pures tt lettres), par P.-O. EiJK*
MAN. La Haye, Van Stockum, I9li, iii-8 de x-i-108 p., plu» 6!4 notes.
11 s'agit ici plutôt de rinternationa'isme mcnta^ de l'i ni\crs civilisé qi e
I
- 272 —
d'un intei^iationalisme scientifique et littéraire seulement. Tous les congrès
et sociétés savantes des deux h<^mîsphères concernant toutes les branches
du savoir humain : sciences, lettres, esthétique, philosophie, histoire, reli-
j^ion, etc., sont présent('s et décrits avec indication de leurs travaux. Les
coni^rès eucharistiques tenus jusqu'à ce jour ou prévus sont mentionnés en
un langage que tout catholique signerait. 11 est > rai que les congrès ou
assemblées des vieux-catholiques, des protestants ou des libres penseurs y
sont présentés avec non moins de bienveillance. L'oua ragedeM. Eijknian est
donc conçu dans un esprit d'éclectisme absolu. En matière purement scien-
tifique, littéraire ou d'érudition, cet éclectisme est très admissible; mais
dès que sont abordées les matières philosophiques et surtout religieuses,
une telle indifférence n'est plus de mise. Quelles que soient les excellentes
intentions de l'auteur, il y a là un vice dont il importe que le lecteur soit
prévenu. Après quoi il pourra puiser fructueusement dans ce recueil de
recherches techniques et sans nombre. C. de Kirwan.
<% sliidy oT llie t opaf^rupliy nlld munlolpal Il1*t6i*y of Pi'acneste,
by Ralph Van Deman Magoffin. Baltimore, The Johns Ilopkius Pres«,
1908, ia-8 de 101 p-, avec 4 planches.
On sait l'Importance religieuse que Préneste devait à son célèbre temple
de la Fortune. Préneste était, en outre, ou plutôt avait été tout d'abord un
point stratégique de grande valeur, comme la clef des communications
entre l'Italie méridionale et le reste de la Péninsule. C'est pourquoi il fut
occupé de bonne heure, comme l'attestent encore aujourd'hui les restes
considérables de ses murs cyclopéens. M. Van Deman MagofTin étudie
d'aJ)ord avec beaucoup de soin l'extension du territoire de cette cité, tant
au moyen âge que dans l'antiquité. Puis il relève le pourtour de ses murailles
aux diverses époques, l'emplacenrent de ses i-ortes, ses aqueducs et ses
réservoirs, les limites de ses temples, ses forums, sa voie sacrée. La deuxième
partie est consacrée à l'administration de Préneste, d'abord indépendante
puis colonie. Une liste des magistrats de Préneste complète cette utile con-
tribution à un sujet qui a déjà inspiré tant de recherches. A. B.
L.a li^ste des vlc-times du ti-ibunal i-évoliitionnsilre à Pai-ls [par
Rathelot]. Paris, A. Picard ei fils, 1^11, in-8 de I9'i p. — Prix : 5 fr.
La librairie Picard a eu l'heureuse idée de publier la liste des victimes
du tribunal révolutionnaire à Paris. La plupart des actes de décès de cette
péii >de avaient été brûlés dans les incendies de 4871. Le gr. fficr-chef de
l'état civil au Palais de justice, M. Rathelot, les a reconstitués et rangés
par ordre alphabétique. Le volume aujourd'hui publié les classe par exécu-
tions dans leur ordre chronologique, en accompagnant chaquenomdequel-
ques renseignements essentiels. La liste est suivie d'un relevé des exécutions
par journée et d'un répertoire alphabétique permettant de retrouver chaque
nom à sa date.
Le tra^ ail est singulièrement instructif; on voit le nombre des exécutions
grandir de jour en jour jusqu'à la chute de Robespierre; les premières
comptent 3, 4, 5 victimes; on arrive à la fin à des fournées de 50, 60, 7i) guil-
lotinés. Tous les rangs, toutes les classes, tous les âges sont mêlés; tous sont
égaux devant le rasoir national. Le chilîre total s'élève à 27*94, y compris
le Roi.
Le volume se termine par la reproduction des actes de décès de Louis XVI
et du jeune Louis XVII. Max. de la Rocheterie.
\i
— 273 —
Un Soldat de l«i premtèi-e République. L.'Aniiral Bruey» par GasTON-
E. Brochb. Avignon, irap. Roche et RuUière, 1911, in-8 de 32 p.
La conférence reproduite dans cette intéressante brochure pose et
prétend résoudre une question d'histoire qui, quoique vieille de plus d'un
siècle, n'eu est pas moins d'un vif intérêt.
L'amiral Brueys obéissuit-il à un ordre de Bonaparte en restant à Ahoukir
pour y attendre l'attaque des Anglais, ce qui fut une faute, ou, au contraire,
en agissant ainsi, désobéissait-il à un ordre précis du commandant en chef
de l'armée d'Egypte, comme celui-ci l'a formellement prétendu? L'auteur
a essayé de disculper l'amiral Brueys, et, peut-être, en un sens, y a-t-il
réussi; mais il a semblé à tous les marins que la question était autre. Le
tort de l'amiral n'était pas de ne pas être à l'abri à Alexandrie, ou en route
pour Corfou, mais bien plutôt d'avoir combattu, à l'ancre, en rade d'Abou-
kir, au lieu d'avoir appareil'é aussitôt que l'armée ennemie a été signalée.
Cette faute est essentiellement professionnelle et la responsaliilité, qui en
appartient entière à l'amirai, ne saurait remonter à Bonaparte.
J. C. T.
L'Kuropc et lit Ralitique orientale, (1S7S-1&1S), par le COmt'^ OB
L-VNDiiMONT. Paru, Pion- -Nourrit, 1912, in-8 de iv-377 p. — Prix: 7 fr. 50.
Ce volume est moins un livre qu'une mosaïque formée de coupures de
journaux français, anglais, allemands, russes, serbes, grecs, turcs et autres.
On sait que le journaliste, esclave de l'actualité, est condamné à bâcler
hâtivement des articles qu'il a été dans l'impossibilité matérielle de digérer
et c'est faire beaucoup d'honneur à de telles élucubrations que de les repro-
duire comme de précieux documents historiques.
M. de Landemont a groupé le résultat de ses recherches et le produit de
quelques lectures sous un certain nombre de rubriques : Bulgarie, Quelques
conséquences du traité de Berlin; La Grèce actuelle; LaQuestion crétoise; Serbie;
Monténégro, Rou-manie; Le Régime jeune-turc. Eléments d^entente dans les
Balkans. . . . mais les idées générales, qui devraient sersir de fil conducteur
dans ce dédale, font absolument défaut, en sorte que rien de précis ne se
dégage de ces chapitres écrits sans suite et disposés sans ordre.
Si une conclusion résulte de cette compilation, c'est que le français qu'on
imprime dans les journaux est trop souvent une langue inélégante, poncive,
filandreuse, impropre et prétentieuse. Je ne vois pas qu'il fût utile d'en
fournir une aussi copieuse démonstration. P» Pisani.
CHROJNIQUE
Nécrologie. — Le monde musical est en deuil. L'illustre compositeur
Massenet est mort à Paris le 13 août, à 72 ans. Né à Montaud (Loire), le
l2 mai 1842, Jules- Emile- Frédéric Massenet était le dernier des 21 enfants
d'un maître de forges, ancien officier supérieur des armées de Napoléon I*''".
Après avoir terminé ses études à Paris, au lycée Saint-Louis, il entra au
Conservatoire, où il eut pour maîtres Reber et Ambroise Thomas, et obtint,
en 1859, le premier prix de piano et, en 1863, le premier prix de fugue et le
grand prix de Rome. Quand il quitta l'Italie, il ne revint en France qu'après
avoir visité l'Allemagne et la Hongrie, peu de temps après son retour à
Paris, il obtint de fabe jouer à l'Opéra-Comique, en 1868, une pièce en un
acte, la GrancV Tante, par laquelle il débutait dans une carrière qui devait
Septembre 1012. T. CXXV. J8.
être sf brillante. Dix ans plus tard, on 187<S, il fut n(iniiné"})i'ofcsseur"de
l'onipositiun au Conservatoire et, la même année, le 80 novembre, il était
élu membre de l'Académie des beaux-arts en remplacement de Bazin,
^l. Massenet qui s'est placé au premier rang des compositeurs de l'école
moderne par des qualités bien françaises, la clarté d'esprit, la simplicité et
la vigueur, a donné ; Poèm'i d'cwril (1868); ■ — • Suite d'orchestre (Concert
pasdeloup, 1868) ; — Poème de souvenir (1869) ; — • Seines hongroises (1871) ;
— ■ Scènes pittoresques (1872); — Don César de Bazan en 3 actes (Opéra-
C.otuique, 1873); -l'Introduction, les chœurs et les intermèdes des ii>mnyf s,
tragédie antique de Leconte de Lisle (Odéon, 1873) ; — Le Roi de Lahore^
opéra en 5 actes (Opéra, ■4877) , qui obtint un succès éclatant; — Hérodiade,
grand opéra en 3 actes, qui tut joué au théâtre de la Monnaie, à Bruxelles,
avant de l'être à Paris (Théâtre Italien, 1884), — Manon, opéra-comique
«n 3 actes (Opéra-Comique, 1884), qui obtint un succès européen; —
Thcodora ('1884); — ie Cid, opéra en 4 actes (1885); — Esclàrmondc,
opéra en 4 actes (Opéra- Comique, 1889), etc., etc., et enfin Roma (Opéra,
1912). M. Massenet a écrit aussi quelques œuvres religieuses: Mf/r/e-il/arfe-
lein.e, drame en 3 actes (Odéon, 1873,. et Opéra, 1874); — • La Vierge, ora-
torio (Opéra, 1880); ■ — Hérodiade, grand opéra en 3 actes (La Monnaie, à
Bruxelles, et Théâtre Italien, à Paris, 1884). On cite également de M. Mas-
senet un certain nombre de compositions isolées pour piano, chant ou
orchestre. Depuis quelque temps enfin, il collaborait à VÉcho deyRaris,
soit par des articles sur des sujets divers, soit surtout par des Mémoires ou
il retraçait sa vie et donnait d'intéressants détails sur des personnages
illustres avec lesquels il avait été en relation.
— M. l'abbé G. Frémont, chanoine honoraire de Poitiers, d'Alger, de
Carthage et d'Albi, docteur en théologie, est mort à Poitiers, sa ville natale,
à la fin de juillet, à 60 ans. Orateur distingué, il avait prononcé en diverses
villes de France des panégyriques très appréciés, entre autres ceux de l'ami-
ral Courbet, à Poitiers; du maréchal Mac-Mahon, à Paris; du bienheureux
Jean-Baptiste de la Salle, à Versailles. Mais ce qui attira surtout à cet
eLcIésiastique une grande notoriété pendant quelques années, ce sont de
retentissantes prédications à la Madeleine pendant un Carême et plusieurs
Avents, ainsi qu'une suite de sermons donnés en 1887 à Saint-Philippe-
du-Roule, dans lesquels il traita les graves problèmes de la critiqr.e biblique
dans un sens très libéral. M. l'alibé Frémont a publié : Aux Ouvriers du
faubourg Saint- Antoine. Conférences Sur le christianisme (Paris, 1879, in-l2) ;
— - Conférences sur le christianisme prêchées pendant les stations de Carême
fZe 1873 et 1878... (Paris, 1882, in-l2); — Les Rapports de VÉgUse et de
l'État, considérées au double point de eue théorique et pratiqua (Paris, 1883,
in-l2J; — Jésus-Christ attendu et prophétisé. Conférences de Saint-PhiUppe-
du-Roule (Paris, 1887-1888, 2 vol. in-l2); — Religion et patriotisme (Paris,
1897, in-12); — De la Rénovation de V éducation des jeunes filles catholiques
dans les hautes classes de la société française (Paris, 1897, in-8); — La
Religion catholiqvje peut-elle être une science? (Paris, 1899, in-l6); — Confé-
rences de Saint-Philippe-du- Roule. Avent et Carême de 1888-1889, Z,a Divi-
nité de Jcsus-Christ et la libre-pensée (Paris, 1891, 2 vol. in-8); ■ — Confé-
rt'iu-es Sur le christianisme, prêchées pendant les stations de Carême de 1879
et 1880 dans Véglise Saint- Antoine des Quinze- Vingts ... (Paris, 1891, in-12) ;
^- L'Œuvre de Vévangélisation des classes ouvrières par les missions diocé-
saines de Paris (Paris, l'893, in-8) ; ■ — Oraison funèbre du maréchal de Mac-
Malion, duc de Magenta (Paris, 1894, in-8); — Les Origines de Vunivers
— 275 —
et de l'homme selon la Bible et les sciences (Paris, 1898, in-l2) ; — Démonstra-
tion scientifique de l'existence de Dieu (Paris, 1897.. )n-l2); • — Que l'orgueil
de l'esprit est le grand écueil de la foi. Thcodore Joufjroy. Lomennais, Ernest
Renan (Paris, 1899, in-lG); — Jeanne d'Arc et les catholiques français de
l'heure présente. Panégyrique (Orléans, 1901, in-8) ; — Plaidoyer de l'Église
catholique au tribunal de la libre-pensée, du schisme orientai ef, du protestan-
tisme (Paris, 1902, in- 12); — Les Principes, Oj, Estai s^r le problème des
destinées de l'homme (paris, 1901-1910, 10 vo). in-8); —De la Tuberculose
physUjue et morale (Poitiers, 1902, in-8); — Le Conflit entre la République et
L'Église. Lettre à un. officier français sur la séparation de l'Église et de l'État
(Paris, 1905, in-12) — Lettre à l'abbé Loisy sur quelques points de l'Écriture
sainte (Paris, 1904, in-r^); — ■ Une Mission à la Fcrté-sous- Jouarre (Paris,
1907, in-8); — La Grande Erreur des catholiques français (Paris, 1910, in-18).
— Un autre ecclésiastique de grand talent, M. l'aM é Philippe- Hector
DuNANn, chanoine titulaire de la cathédrale de Toulouse, ancien aumô nier
principal de la même ville, est mort au milieu d'août, à 77 ans. Il était né
à SaJnt-Gaiulens (Haute-( baronne), en ISS-'). Ce prêtre fort érudit, après
avoir écrit quelques -volumes de piété ou d'histoire à l'usage surtout de la
jeunesse, s'est consacré entièrement à l'étude de la vie et de la mort de
J eanne d'Arc. Voici la liste de ces r.ul)lications, dont quelques-unes ont été
couronnées par l'Académie lïançaise : L' Année chrétienne au lycée et dans
ie m'^nde. Conférences, homélies, discours (Toulouse, 1881, 2 vol. in-8); —
Récits de la Bible (Toulouse, 1893, 3 vol. in-8); — Récits de l'histoire de
l'Église (Toulouse, 1893, 2 vol, in-8); —Histoire de saint -Bernard (Toulouse,
1895, gr. in-8); — Histoire de Napoléon le Grand (Paris, 1896, gr. in-8); —
Histoire de Chateaubriand (Toulouse, 1896, gr. iil-8); — Histoire de Jeanne
d^Arc, d'après les travaux les plus récents, avec notes €% pièces justificatives
(Paris, 1895, in-8); — Histoire conipUte de Jeanne d'Arc, du procès qui l'a
condamnée et de sa réhabilitation ... (Paris, 1899, 3 vol, in-8); ■ — Études
critiques, d'après les textes, Sur V « Histoire de Jeanne d'Arcn. Les ViHons
et les voix ... (Paris, 190;5-1904, 2 vol, in-8); — Études critiques Sur V « His-
toire de Jeanne d' Arc ». La Légende anglaise de Jeanne visionnaire, rené-
gate, parjure (Paris, 1903, in-8); — ■ Histoire complète de Jeanne d'Arc.
U Abjuration du cimetière Saint-Ouen, d'après les textes (Paris, 1901, in-S);
— ■ Jeanne d'Arc a-t-elle abjuré au cimetière Saint-Oucn? La Vérité Sur ie
drame du 24 m^i 1431, d'après le,s conclusions présentées à Paris, au Congres
des sociétés savantes (Paris, 1903, in-16); — Jeanne d'Arc illustrée [Pdivis,
1905, in-12); — Imitation de Jeanne d'Arc. Ses Vertus de Française et de
sainte (Paris, 1905, in-18); — La Grande Française : Jeanne d'Arc, son
histoire (Paris, 19^5,in-l2); — Études critiquessurl'histoirede Jeanne d'Arc.
La « Vie de Jeanne d'Arc », de M. Anatçle France, Une page d'histoire.
Qui a fait juger, condamner et brûUr Jeanne d'Arc? (Paris, 1908, in-16);
— Une Page de l'histoire de Jeanne d'Arc. Le Procès de Rouen et le Saint-
Siège (paris, 1908, in-16).
— M. Louis-Jules Léveilié, l'éminent jurisconsulte, professeur à la
Faculté de droit de Paris, est mort à la fm d'août, à Villers-sur-Mer, à
79 ans. Il était né à Rennes, le 22 octobre 1834. Après de brillantes études
au lycéedecette dernière ville, il suivit les cours de droit et fut reçu en 1859,
à deux mois de distance, docteur ^ uis agrégé. Nommé le 18 juillet 1875
professeur de droit criminel et de législation pénale àla Faculté de Paris,
il continua à s'occuper activement, comme il l'avait fait depuis 1870,4e
questions concernant l'administration municipale et fut élu membre du
— 276 —
conseil général de la Seine, qu'il présida en 1875. Envoyé également à la
Chambre des députés par les électeurs parisiens, il ne se représenta pas auK
élections de 1876. En ^188^1, il fut nommé membre suppléant du tribunal
des conflits. M. Jules Léveillé, qui a collaboré à la Revue pratique de droit
français, âuTemps, etc , a publié : Notre Marine marchande et son avenir
(Paris, 1SG8, in-8); — De la Réfortne du code d'instruction criminelle
(Paris, 1882, in-8) ; — La Gu;/ane et la queHÏon pénitentiaire coloniale ( paris,
1886, in-8), au retour d'une mission dont il avait été charisfé dans la Guyane
française; — Les Compagnies souveraines de colonisation (Paris, 1892, in-8).
— M. Casimir Stryienski, l'historien et littérateur bien connu, est
mort à 59 ans, au commencement d'août. D'origine polonaise, mais né à
Carouge (Suisse), en 1853, il se fixa en Frsnce et entra dans l'Université.
Il fut professeur d'anglais à Versailles, à Grenoble et à Paris, aux lycée?
Montaigne et Saint-Louis. C'est pendant son séjour à Grenoble, dont la
bibliothèque municipale possède les manuscrits de Stendhal, qu'il com-
mença à s'intéresser à cet auteur et à faire sur lui et sur ses œuvres des
recherches qui l'ont placé au premier rang des stendhaliens. M. Stryienski,
qui a collaboré à divers |. ériodiques, entre autres à VÉcho de Paris, a publié
également d'intéressantes études historiques. Voici la liste de ceux de ses
ouvrages qui nous sont connus : Notes philologiques et littéraires sur Hamlet
(Le Havre, 1886, in-8); — Othon, roy d'Espaigne et Cymheline (Le Havre,
1890, in-8); — V Enfance de Henri Beyle, d''après des documents inédits
(Grenoble, 1890, in-8J; — Une Capitale d'autrefois. Cracovie (Paris, 1894,
in-12); — Deux Victimes de la Terreur (Princesse Rosalie LubomirsKa,
Madame Chalgrin) (Paris, 1899, in-16); — La Mère des tJ*ois derniers
Bourbons, Marie- J osèplie de Saxe, et la Cour de Louis XV, d'après des docu-
ments inédits (Paris, 1902, in-8), ouvrage couronné par l'Académie fran-
çaise; — Le Gendre de Louis XV, Don Philippe, mfant d'Espagne et duc de
Parme, d'après des documents inédits (Paris, 1904, in-8); — Soirées du
Stendhal Club. Documents inédits (Paris, 1^905-1908, 2 vol. in-12), avec Paul
Arbelet; — Le Dix-huitième Siècle { Paris, 1908, in-8). En outre, M. Stryienski
a traduit de l'anglais : La Princesse de ThuU, de William Black; Une Noble
Femme, de Miss Muloch; Hetty, deE.F.Poynter;£«i:enneZ)oZet,deChristie
et il ap'iblié ■.Lamiel,\e Journal et Vie de Henri Brulard, de Stendhal, les
Mé;n/)ires et le Voyage d'Italie^ de la comtesse potocka, les Souvenirs d'cgo-
tisme de Stendhal, et enfin donné une édition nouvelle de la Chartreuse de
Partne,de Stendhal.
— ■ Un savant, qui s'était placé au premier rang des celtisants de notre
époque, le Dr. George Henderson, est mort au commencement d'août
à 47 ans. Né dans l'Invemesshire, il fit ses études à Edimbourg, à Oxford
et à Vienne. Après avoir exercé pendant quelques temps le ministère reli-
geiux'à Eddrachillis, dans le Sutherland, il fut nommé en 1906 chargé de
cours de celtique à l'Université de Glasgow, pendant une vingtaine
d'années il a écrit de nombreux et remarquables ouvrages sur la langue et
la littérature^des Highlands. C'est ainsi qu'il traduisait en 1896, pour la
première fois, une grande partie du Book of Fernaigh, et, un peu plus tard,
la fameuse Saga irlandaise : Bricru's Feast. En 1910 il publiait The Norse
Influence on Celtic Scotland. On lui doit une édition des poèmes de John
Morison et enfin il a donné toute une série de bons articles sur les dialectes
des Highlands à la Celtischc Zeitschrift.
^J — L'éminent poète et littérateur écossais Andrew Lang est mort der-
nièrement à 68 ans. Né à Selkirk en 1844, il fit de brillantes études à l'Aca-
I
\h
— 277 —
demie d'Edimbourg, â l'Université de Saint-André et au Collège Balliol
d Oxford. Reçu en 18fi8 membre du Collège Merton d'Oxford, il fut appelé
en 1888 à l'iiniversité Saint-André pour y faire des conférences sur la
religion naturelle, M. Lang a entrepris de bonne lioi re la publication de
ces très nombreux ouvrages comprenant des poésies, des traductions de
classiques grecs, des études historiques, etc., qui l'ont rendu célèbre en
Angleterre, notamment Ballads and Lyrics of Old France (Londres, 1872,
in-8); — Ballads in blue China (Londres, 1878, in-8);^ — ■ Ballads andVerses
vain (Londres, 1884, in-12); — ■ Cuswm and Mi/th. Studies of EaHy Age of
Belief (Londres, 1884, in-8); — ■ The Princess Nohody, a Taie of FaCry-Land
(Londres, ,1884, in-12); — • The Politics of Aristotle. Invodu.ctory Essays
(Londres, 1886, in-8), etc. M. Andrew Lang, qui a édité les English Wonhies,
a écrit en outre, sur Jeanne d'Arc, un volume qui lui donne droit à la recon-
naissance des Français. Il a été publié de h.i dans notre langue : Études
traditionnistes (Paris, 1890, in-1 6), faisant partie de la collei tion internatio-
nale la Tradition, et la Mythologie.
— On ar nonce encore la mort de MM. : le comte Henri de Boissieu, au-
teur de mon' graphies historiques sur les hosj)ices de Ly on et sur les sj ndicats
chrétiens de Helgique et qui a collaboré au Correspondant, mort acciden-
tellement cà Varambon (Ain), àla fin de mai;- — Gustave Cofdillot, secrétai-
re du collège Rollin, à Paris, mort subitement en Vendée, à la fin d'août;
— Louis Crié, professeur à la Faculté des sciences de Rennes, qui a publié :
Anatomie et physiologie végi taies (paris, 1882, in-12); Cours de botanique.
Organo graphie. FamilUs naturelles (Paris, 1883, in-12) et les Origines de
la vie, essai Sur la flore priniordiale (Paris, 1883, in-8), mort à Rennes, au
comn^encement d'août, à 68 ans; — Emile Delcrot, conservateur hono-
raire de la Bibliothèque de Versailles, qui laisse, entre autres ouvrages :
Vercingctorir, scènes historiques (Paris, 1865, in-8); Ce que les poètes ont dit
de Versailles (Versailles, 1870, in-1 2); Versailles pendant l'occupation.
Becueil de documents pour servir à Vhistoire de rinvcsioji alUn.ande (\er-
sailles, 1874, in-4), mort à Versailles à la fin d'août, à l'âge de 78 ans; ■ —
Léon Dron AUX, rédacteur au journal VAdour, mort à Dax, à la fin d'août;
— Alphonse Forel, écrivain et géographe, auteur d'une monographie du
lac Léman, mort à Morges (Suisse), au commencement d'août, à 71 ans; —
Hegelbacher, sous-directeur honoraire de l'École ce'n traie, mort à Paris,
au commencement d'août, à 74 ans; — Gistave Hue, ancien chroniqueur
littéraire et artistique à V Autoriv , mort à Paris, au milieu d'août, à 39 ans;
— Jacques Le Brun, l'un des éditeurs des Guide Conty, mort accidentelle-
ment à Champérv-Valois (Suisse), au milieu d'août, à 41 ans; • — Lucien
LÉVY, savant mathématicien, examinateur à l'École polytechnique,
ancien président de la Société mathématiciue de France, ancien directeur
des études au collège Sainte-Barhe, mort à Paris au ccmmencement d'août,
à 53 ans, leqi el est l'auteur de publications remarquables sur les mathé-
matiques, notamment : ÉUments d'arithmétique (Paris, 1883, in-!l2) et
Précis élémentaire de la théorie des fonctions elliptiques, ccec tables rumé-
riques et applications (Paris, 1898, gr. in-8); —Albert Martin, doyen hono-
raire et professeur de langue et de littérature grecques à la Faculté des
lettres de l'Université de Nancy, ancien élè\e de l'École d'Athcncs, mort
au commencement d'août à f 8 ans, lequel était m helléniste distir^ué et a
publié : Les Cavaliers athéniens (Paris, 1S86, gr. in-8), thcse pour le doc-
torat; Quomodo Graeci ac pecuUariter Aîhenienses foedera publica ju'e-
jurando sanxerint (Paris, llr86, in-8), thèse de doctorat; Fac-similés de
— 278 —
mnnuscriti^ grecs d'Espagne, graves d'après les pîioto graphies de Charles
G>'oux, avec transcriptions et notices (189=1, in-8), etc.; — ■ Charles de Meix-
MORO.x DE DoMBASLE, qui a collaboré à la Revue lorraine illustrre et au
Pays lorrain, mort à Dienay (Côte-d'Or), en août, à l'âge de 73 ans; —
MoREAu DE NÉnis, l'archôologiie bourbonnais, membre de la Société des
antiquaires de France, mort à la fin d'août, à 62 ans, au château des
Barres, à Arpheuilles- Saint- Priest (Allier); — Gaston de Queylar, publi-
ciste, mort à Paris, à la fin de juillet; — le chanoine Rossignot, q\ii a
publié des monographies sur les paroisses de Saint-Ferjeux et de Sainte-
Madeleine de Besançon et diverses autres études sur la province de Franche-
Comté ou des personnalités comtoises, insérées soit dans les Mérnoires de
l'Académie de Besançon, soit dans ceux de la Société d'émulation du
Doubs, compagnie et société dont il était membre, mort à Besançon
le 18 juillet ,à l'âge de 68 ans; — Emile Vialle, rédacteur au journal de
Rouen et ancien correspondant du Temps, mort au commencement d'août,
à 53 ans.
— A l'étranger on annonce la mort de MM. : le Dr. Albert Ulrik Baath,
professeur de littérature nordique à l'Université suédoise de Goeteborg,
mort en cette ville, au commencement d'août; ■ — • Dr. Anton Baumann,
professeur à l'École technique supérieure de Munich, directeur de l'Écofe
de culture des marais, mort en juillet à Munich, à 61 ans; — J. Cox, journa-
liste belge, rédacteur au Handr-lsblad, mort à la fin d'août; — Dr. Josef
Disse, professeur d'anatomie à l'Université allemande de Marbourg, mort
en cette ville, en juillet, à 60 ans; — Dr. Theodor Distel, archiviste alle-
mand, mort le 2^ juillet à Blasewitz près de Dresde, à 63 ans; — Dr. Paul
Drews, professeur de théologie à l'Université allemande de Halle, mort en
cette ville, le !<='' août, à 54 ans; — Karl Ernst, ecclésiastique"'allemands
mort en août à Babenbach (Duché de Bade), lequel laisse divers ouvrage.
à l'usage des classes populaires; — Dr. Oscar Eversbuch, professeur de
thérapeutique pour les maladies des yeux à l'Université de Munich, mort
en cette ville, le 6 août, à 60 ans; — Dr. Heierli, philologue et historien
suisse, mort le 18 juillet, à Zurich, à 60 ans; — ■ Hanz Holzschuber, écri-
vain et poète allemand, mort à Munich, au commencement d'août, à
38 ans; — Allan Octavian Hume, naturaliste anglais de réputation, qui a
réuni la magnifique collection d'oiseaux du Musée de South Kensington et
les remarquables herbiers de l'Institut botanique de Norwood, au sud de
Londres, mort à la fin de juillet, à Londres, à 83 ans; — Bernhard Joss,
pédagogue allemand, mort en juillet, à Altenbourg; — Dr. Gerhard
Loeschcke, chargé de cours d'histoire ecclésiastique à l'Université alle-
mande de Goettingue, mort en cette ville, en juillet, à 32 ans; — Giovanni
Mathis, poète italien, mort en août à Cresta-Célérina (Engadine).; — •
Dr. Egmont von Neusser, professeur de médecine interne à l'Université
de Vienne, mort à Fischau, le 30 juillet, { 60 ans; — D"". Adolf Rosenberg,
médecin allemand, connu par ses travaux sur la laryngologie, mort à la
fin de juillet, à Flims, à 56 ans; — S. Em. le cardinal Samassa, archevêque
d'Erlau (Hongrie), qui avait été successivement professeurau gymnase de
Dirnavia, au séminaire de Gran et à l'Université de Budapest, mort le
10 août, dans sa ville archiépiscopale, à 94 ans; — Dr. Wilhelm Schmîdt,
professeur de théologie à l'Université allemande de Breslau, mort en cette
ville, en août^ à 74 ans; — Alexis Souverine, écrivain et journaliste russe
connu, fondateur et directeur de l'important iournal le Novoîe-Vreniia,
auteur de divers ouvrages littéraires et de quelques pièces de théâtre,
— 279 —
mort dernièromnnt à Tsarknié-Sélo; — Dr. Gédeon Spicker, professeurde
philosophie allemande, mort à Munster (Westphalic), le 1, S juillet, à 72 ans;
—Andrew Stevenson, le libraire écossais bien connu, mort à Edimbourg,
au milieu d'août, à 83 ans; — Dr. Richard Streiter, professeur d'histoire
de l'Art à l'École technique supérieure de Munich, mort en cette ville, en
août, à 52 ans; — Dr. Emmanuel Tilsch, professeur de droit àl'Université
tchèque de Prague, mort en cette ville, le 7 août, à 46 ans; — Dr. Peter
Treutlein, directeur de l'École Goethe (Pieformgymnasium), mort en
juillet, à Stuttgart, à 67 ans; — Dr.^Paul Wallot, professeur d'architec-
ture à l'Aacdémie des beaux-arts et à l'École technique supérieure de
Dresde, mort en cette ville, le 10 août, à 72 ans; — Fran/. Wisbacher,
poète allemand, mort k Hommerau (Haute-Saxe), le 27 juillet, à 64 ans.
lequel laisse Oedichte (Salzbourg, 1909, i,n-8), etc.
Lectures faites a l'Académie des inscriptions et belles-lettres.
— Le 2 août, M.Haussoullier lit en seconde lecture son travail sur le trait é
intervenu entre Delphes et Pellana et insiste sur- des termes' juridiques
inconnus jusqu'à ce jour. — M. Cuq commente une inscription romaine
découverte à Souk el Abiod (Tunisie) et relative à un Macrobe Maximien,
vice-préfet du prétoire d'Italie. — M. Cagiiat lit une note de M. Constans
sur une particularité des dates du règne de Néron, qu'il attribue à un acte
de superstition de ce prince à l'occasion de l'apparition d'une comète. —
Le 9, M. Léon Dore-^ raconte l'histoire du poète Leonardo Montagna,
auteur des poésies latines contenues dans un manuscrit de la bibliothèque
de l'Institut. — M. Mispoulet étudie deux di) lômes militaires, l'un récom-
pensant un cavalier de la garde de l'empereur Maximin de Thrace, l'autre
relatif à un centurion de la flotte de Misène.
Lectures faites a l'Académie des sciences morales et politiques. •
Le 3 août, M. Benoît-Lévy parle des cités-jardins fondés près de Londres.
— Le 10, M. Chuquet résume les souvenirs d'un officier bavarois qui a vu
les batailles de Frœschwiller, de Beaumont, de Sedan, et fait la campagne
de la Loire. — M. Louis Passy, à cette occasion, rend hommage à l'huma-
nité relative des Bavarois aux environs d'Orléans.
Prix. — Dans sa séance du 23 mai dernier, l'Académie française a décerné
les prix suivants :
Prix d'éloquence (4.000 fr.).— Partagé : 3.000 fr. à M. Paul Hazard, pro-
fesseur à l'Université de Lyon; 1.000 fr. à M. Ferdinand Gohin, professeur
au collège RoUin.
Prix Montvon (ouvrages). — Partagé comme suit : Deux prix de 1 .000 fr.,
l'un t M. Ernest Dupuy : Alfred de Vigny, et à M. René Pichon : Hommes
et choses de Vancienne Rome.
34 prix de 500 fr. l'un : à M"^ Marguerite Avon: Journal d'une Slvrienne\
— MM. : Roger Boutet de Monvel : Les Anglais à Paris (1800-1850) ; — le
général BTunemiBéciis de guerre;— héonce Celier : Saint Charles Borromce;
— le capitaine Cornet : Au Tchad; — Léon Gristiani -.Du Luthéranisme au
protestantisme; — Georges Duval : V Œuvre shakespearienne; — Georges
Éliac : Un Après-midi chez Julie Lespinasse; — Jean Giraudoux : VEcole
des indifférents; — Maurice Girod, de l'Ain : Grands Artilleurs . J^e Maréchal
Valée (1773-1846); — le capitaine Grasset : A travers la Chaouïa; — Clau-
dius Grillet : La Bible dans Victor Hugo; — Michel d'Herbigny : Vladimir
..S-oZocien. (1853-1900);- — Louis Latzarus : La Demoiselle de la rue des
Notaires; — Henri Lebeau : Otahifi) — Henri Lichtenberger : Novalis; —
— 280 —
M™® Maryan : Maison hantée: — MU. Gaston Mercier : Jean Gw'lben; -^
le capitaine O. ÎMeynier : V Ajri que noire; — F. Mireur : Le Tiers-État à
Draguignan; — Serge persky : Les Maîtres du roman russe contemporain;
— M"° Marie Pesnel : Marie-Edmée intime; — î,_iie Amélie de pitteurs :
Les Neveux de tante Delphine; — M. Raymond Ret ouly : En Angleterre; —
Mii^ Marguerite Rognaud : Le Moulin sur la Soufroide ; MM. Kenry
Rollin : Marine de guerre et Dcfense sociale; — Cliarles Samaran : D'Ana-
gnan; — Edouard Schneider : Les Mages;. — Louis Sonolet : L'Afrique
oceidentale française; — R.-H;. de Vandelbourg : Moulaye Ali; — M""*^ Co-
lette Yver : Le Métier de roi; — MM. Henry Asselin : Paysages d'Asie; —
Paul de Garros : La Plus Heureuse;— J. Charles-Brun : Le Régionalisme.
prix Juteau-Duvigneaux. — Partagé comme suit : un prix de 1.000 fr.
à M. Georges Michelet : Dieu n V agnosticisme contemporain. — Six prix de
500 fr. l'un : à MM. A. Degert : Histoire des séminaires français jusquà la
Révolution; — H.-I\I. DeLart : Sainte Fare, sa vie et son cuUe; — l'abbé
Léon Désers : L'Éducation morale et ses conditioiis; — Paul Dudon : La-
mennais et le Saint-Siège (1^120-1834); — l'abbé L. l.abauche : Leçons de
théologie dogmatique; — M. de Moussac : Un Prêtre d'autrefois^ Vahhé de
Moussac (1735-1827).
prix Sobrier-Arnould. — Partagé de la façon suivante : 1.000 fr. à
M. C. de Maleissye : Les Lettres de Jehunne d' Are; — 1 .CCO fr. à M. HPnr> de
la Vaulx : Le Triomphe de la navigation aérienne.
Prix Furtado. ■ — 500 fr. à M. Marcel Duboi.s : La Crise maritime; ~
500 fr., à M. Henri Longnon : Pierre de Ronsard.
Prix Fabien. — Partagé comme suit : prix de 800 fr., M. Profit : La
Mutualité nouvelle; — prix de 700 fr., à M. Prédéric Duval : Les Livres qui
s'imposent; — cinq prix de 500 fr. l'un : à MM. Maurice Deslandres :
L'Acheteur, son rôle économique et social; — Victor Diligent : Les Orienta-
tions <:yndicales ;— Jacques M-OTnai : La Protection de la maternité en
France ; — Rochenor : A travers les ruelles : — Maurice Vanlaer : Problèmes
sociaux.
Prix Davaine (prose), de la valeur de 1.500 fr. — A M. Georges Ducrocq :
La Blessure mal fermée. Notes d'un voyageur en Alsace-Lorraine.
Prix Langlois (traductions). ■ — Partagé comrre suit : i.n prix de 500 fr.
kM.T). Sencrfi: Œuvres de Théocrite; ~ trois prix de 'lOO fr. l'un: à
MM. .1. Condamin et p. Bonnet : La Cour de Philippe IV et la Décadence
de l'Espagne (1621-1G60), par Martin Hume— lu. Cunisset-Carnot : La
Cynégétique ou r Art de la chasse^ de Xénophon ; — M'"'^ E. Paris : La Civi-
lisation en Allemagne depuis li fin du moyen âge jusqu'au rommfncement
de la guerre de Trente Ans. par Jean Janssen.
Prix Charles Blanc. — Quatre prix de r^CC fr. l'un : à MAT. A. Poppe : L(s
Peintres du Bosphore au xvii® siècle; — Paul Goût : Le Mont Saint-Michel;
— Eugène ]\Iahu : Salles en Beaujolais; ■ — Jacques de plez : Emmanuel'
Fremiet; — un prix de 400 fr. à M. le comte do 1 els : Ange- Jacques Gabriel.
Prix Saintour . — Six r^ix de eCO fr. l'un : à ]\ M. Charles C^ulmont : Crin-
goire; — Louis Thuasne : Villon et Rabelais: - Ph. Martinon : Les Strophes;]
■ — Explication des Maximes des saints sur la vie intérieure, par Fénelon; -
Paul Berret : Xe Moyen Age dans la >■ Légende des si/cUs » et les Sources de]
Victor Hugo; — Théodore Rosset : Les Origines de la prononciation moderne'
étudiées au xvii^ si, de.
^/CoNrouRs. — l.'n legs princier fait à la ville de Barcelone par M. Fran-
cisco Martorell y Peùa ser\-ira à^récompenser par un prix de 20.000 francs
à df^cerner en 1917 à l'auteur, espagnol ou étranger, du meilleur travail
d'archéologie espagnole. Le concovrs, qri sera rlrs le :.;> octi bie 1916, scia
jugé par un jury de cinq membres nommés par la municipalité. Les mémoi-
res, imprimt's ou manvstrits. devrci.t (Ue ancrâmes et pourvus à l'ordi-
naire d'iine devise. Ils pourront être indifféremment rédigés soit en espa-
gnol, soit en latin, en catalan, en français, en italien eu en portugais. L'ou-
vrage récompensé devra être publié en espagnol dans le délai de deux années.
Paris. — M. le baron de Faviers a donné récemment à la Bibliothèque
nationale Un Résumi politique de r histoire de France au tctnps de Louis XII,
que M. Omont a signalé à l'Académie des irscriptiors (Extrait du compte
rendu des séances. Paris, A. Picard, I9'i2, in-l de 7 p.) ccmme ccmpcsé au
lendemain de l'aAènement de ce prince et poi r jistifcr s( n aciession à
la couronne. (e petit mani scrit, crr.é de mir.iatircs, a di être destiné à un
prince de la maison de France.
— Le même érudit s'occupe, dans les Mélanges Piot, d'vn manuscrit
d'un autre genre qui est venu récemment aissi enrichir les collections de
la Bibliothèque nationale. C'est un éAangéliaire syriaque de la fin du xii«'
ou du début du xni« siècle, ciné jadis de 14 miniatures exécutées par un
diacre de Mélitène, le peintre Jcseph. Ce sent les dix Peintures subsistantes
d'un (cangf'liaire syriaque du xii^ ou xiii^ siècle que M. Omont ncis fait
connaître par d'excellentes reprcductions phototj piques. (Extrait de
Fondation Eugène Piot. Mémoires et documents, t. XIX, fasc. 2. Paris,
Leroux, 1912, in-4 de 12 p. et 4 pi.).
— Le vieux Mcntmartre a le don de mettre en verve les artistes qui
l'habitent. Chaque jour, la pioche des démolisseurs abat quelque nouveau
pan de mur, et les aspects les plus pittoresques de la Butte s'en trouvent
singulièrement modifiés. C'est pour en conserver le ^ouveTiir que M.André
Warnod vient de piblier m petit Aolimo: Le Vifux Montmcrtre (Paris,
Figuière, 19-; 2, in-18 de xii-208 p., avec 30 dcssirs del'aLteui), cuin'apas,
nous le pensons, la prétention de se faire classer parmi les véritables livres
d'histoire, mais que les collectionneurs auront le devoir de recueillir et
de joindre aux nombreux opuscules similaires qui ont paru sur le^ mê-
me sujet. C'est un petit recveil d'esquisses qui mérite d'être conservé. Nous
ferions bien des restrictions au sujet de quelques phrases un peu libres
échappées à l'auteir ou à son préfacier, mais en sait ejue la Butte sacri'e
n'est pas en tous peints une école de morale r.i m rendez- vous de très bonne
cempagnie, et nous ncus ccntentercns de mettre en garde ceux de ncs lec-
teurs que pourraient efïaroucher les libertés grandes que prennent souvent
les habitués de ce cjuartier de la capitale.
— Signalons le Catéchisme de l'action sociale et religieuse^ que vient de
publier M. le chanoine Riche, secrétaire générale du bureau diocésain de
Versailles (Paris, Lethielleux,*s. d., in- .'2 eie (l p. — Fi'x : ( Ir. i( ). Cet
opuscule s'adresse aux membres des comités paroissiaux et cantonaux, aux
associations paroissiales, aux secrétariats communaux, etc. Dans les
réponses claires et brèves de ce catéchisme estrésuméleprcgrammed'acticn
le plus pratique.
— La librairie Colin continue la publication de ses Petits Manuels du foyer
par la Basse-Cour, de M*"^ Laure Desvernays (petit-in-16 de ii-146 p., avec
fig. ■ — Prix : 1 fr.). C'est le treisième vclin-C de la ccllectien. « Kois noxs
sommes efforcé, dit l'auteur dans sa Préface, de montrer d'une façon très
sommaire comment il faut diriger ]e poulailler, le clapier, le pigeonnier,
comment il faut conduire ces divers élevages d'une façon hygiénique,
— 282 —
économique et productive, en un mot comment les fermiers, agriculteurs,
petits propriétaires, possesseurs d'une maison de campagne, peuvent avoir
avec le poulailler, le pigeonnier et le clapier ime véritable corne d'abon-
dance. » Ces quelques mots expli(p:cjit tout le manuel, qui est très bien
présenté.
Anjou. — Toujours infatigable chercheur de ce qui peut servir de maté-
riaux aux Angevins, M. l'abbé F. Uzureau publie la 12" série de son Ande-
g:ocia7î.«.( Angers, Siraudeau; Paris, A. Ticard et fils, 191 2,in-8 de 572 p.).
Nous avons dit déjà plusieurs fois ce que nous pensions de cette collection
variée, où l'on trouve des documents anciens sur l'histoire de l'Anjou, des
copies ou extraits de manuscrits conservés dans les dépôts publics et même
des articles de journaux presque d'hier. Il est évident que ces sources si
diverses sont aussi d'importance et de valeur différentes : les monastères,
le clergé, les évoques, les moines et les religieuses, les hommes politiques :
révolutionnaires, députés, préfets, généraux, etc. y figurent avec de fort
utiles renseignements. Nous y voyons, entre autres, que sur 23 vicaires
d'Angers, au moment de la Révolution, 3 seulement prêtèrent le serment.
M. Uzureau imprime sur chacun de ces ecclésiastiques des notices qu'on
nesaurait trouver aisément ailleurs, etc, etc. ; mais qu'il nous permette de lui
redire que le lecteur aimerait à voir toujours citer de fa on précise la pro-
venance des pièces; ainsi connaissons-nous la notice del'abbé Tardif comme
ayant été publiée dès 1871. L'absence de références enlève à tout ouvrage
d'érudition une partie de sa valeur : elles ne devraient jamais manquer.
Il y a même parfois, ici, des indications déconcertantes, comme la signature
de la p. 235 qui ne peut se rapporter à un extrait (d'ailleurs annoncé par
l'éditeur en t<-te de cespagesj deV Almcinachd' An fou delà fin du xyiii^ siècle:
jamais, en un recueil de ce genre, on ne saurait apporter trop de précision
dans les sources. Et puis, que l'auteur, qui prouve son ardeur au travail,
se décide quekiue jour à imprimer des tailles alphabétiques; nous ne
sommes pas les seuls à l'y inciter : un journal régional exprimait récem-
ment le même desideratum. Mais nous nous permettons d'in&ister sur ce
Point, et l'utilité de ses efforts méritoires sera dix fois plus évidente encore.
Beauvaisis. — ■ Le tome XXI des Mémoires de la Socuté académique
d'archéologie, sciences et arts du département de l'Oise est tellement considé-
rable qu'il a fallu le diviser en deux volumes ou plutôt deux parties (Beau-
vais, imp. départementale de l'Oise : l>"c partie, 1910, in-8 de x-672 p., avec
portraits, planches, plans et armoiries; 2^ partie, p. 673 à 1021, avec por-
traits). L'une et l'autre de ces deux parties s'ouvrent par des Notes sur le
Nobiliaire du Beauvaisis d'après un manuscrit du xvii^ siècle et autres docu-
ments originaux, par M. le D"" V. Leblond (p. X-1-2S8 et 673-858), sur les-
quelles il convient de donner quelques détails. Un certain Pierre Louvet
a écrit un ouvrage intitulé : Anciennes Remarques de la noblesse heauvai-
sine dont le premier volume (lettres A-K) parut à Beauvais en 1640. Un
fragment du second volume (80 pages) s'arrêtant au mot Malkt, n'a pas
été imprimé; mais, en 1879, une suite, allant de Mavbeuge à VivrenchellMi
publiée par le comte de Merlemont. « Cinquante ans après Louvet, un cha-
noine de S. Barthélémy de Beauvais, Claude de Caurroy, reprit ses
recherches. » Le manuscrit qui les consigne n'existe plus; « mais deux
copies en sont restées : l'une chez M. le comte de Troi.ssures, là seconde
à la Bibliothèque municipale de Beauvais. » Il a' pour titre : Additions
au Nobiliaire du Beauvaisis de Louvet, tirées des recherches faites par M. du
Caurroy qui a travaillé environ 50 ans après Louvet. « Il m'a semblé utile.
— 283 -'
dit M. le D"" Leblond, do publier ce traA'ail, pour le compléter, le rectifier
parfois, à l'aide d'autres documents piiisrs dans les archives publiques ou les
collections privées. » Cet énorme ensemble se prtsentedansl'ordre alphabéti-
que.«Je n'ai pas voulu tracer même imeesquissc d'un Nobiliaire du Eeauvai-
.■sjs-, déclare M. Leblond à la fin de son Introduction. C'estici seulenientun
Répertoire de documents qui fait connaître simplement la plupart des
vieilles familles du Beauvaisis, au moins jusqu'au xvi^ siècle, qui essaie de
préciser leurs liens de parenté réciproques et leurs relations avec les diffé-
rentes églises de la région, signale les écliangcs et les contrats, les actes
d'achat et de vente de biens et relève les lieux dits, les fiefs et les villages,
encore existants ou disparus, en notant leurs formes anciennes, pour en
faire une sorte de Dictionnaire Wpo graphique. En un mot, ce travail est une
Contribution à Vhisioirp des familles nobles du Beauvaisis. )i Les « Kotes «
publiées à ce jour s'arrêtent au mot Luzières^ qui termine la lettre L. La
suite viendra sans doute dans le tome XXII.- — Nous signalerons en outre :
Les AncierCnes Maisonis d'Hanvoile, ou les Archives d'un château, de laRénais-
sarife (tl 1,81-1788), par M. L. Vuilhorgne (p. 239-273); — Tombeaux de
Ressens. i; Abbaye en l'674, par M. l'abbé L. pihan (p. 274-293): — La Fa-
mille de Caraçaggic ou de Carcoisin eV Achy (1525-1874), par M. le chanoine
Bornet (p. 294-372^ avec 9 pi. de portraits, 2 plans et une pi. d'armoiries,
et p. 871-934, aA ec 2 pi. de portraits); - Un Soldat beauvaisin. I^e Chef
de bataillon Antoine Le Borgne (1761-1809), par M. Pierre Le Borgne
([ . 373-432) ■,—Bresles pendant la Révolution, par M. Daillet (p. 433-492) ;—
Relation d'un échoppa aux massacres du 2 septembre 1792, par M. Eugène
Griselle (p. 493-514); — Villotran et La Neuville- Garnier (histoire do deux
seigneuries], par Mme pa^,i Mellon (p. 515-632, avec 15 plans, vues et por-
traits);— Un Champion de la Royauté au début de la Révolution. François-
Louis Suleau (1758-1792) (suite), par M. Pabbô L. Meister (p. 633-668); —
A propos des antiquités égyptiennes du musée de Reauvais, par M.Auguste
Jardé (p. 859-870) ; — Les Vases grecs et italiotes du Musée de Beauvais, par
le même (p. 935-965); — Le ç ulte et la fête de V-Êfe suprême à Beouvais,
par M. L. Thiot /p. 966-988) ; — À plein vol, poème, par M. philéas Lebesgue,
suivi d'une notice curieuse sur l'auteur, poète-laboureur du pays de Bray,
par M. Gaud (p. 989-1002). La Société académique d'archéologie, sciences
et arts du département de l'Oise, ave: ce tome XXI de sa collection, se
place dans les premiers rangs des sociétés savantes de la France.
Cambrésis. — ■ Dans la première partie du tome LXVI des Mémoires de
la Société d'émulation de Cambrai, qui vient de nous parvenir (Cambrai,
imp. LefeJ3vre, 191'j,ia-8 de cxliv-168 p., avec pl.),|nous relèverons les deux
rapports suivants : Rapport sur le concours d'histoire, par M. L. Chantraine
(p. xxvii-xxxviii) et Rapport sur le concours de moralité, par M. le D^ G.
Bailliez (p. xxxix-l). La seconde partie du volume renferme les travaux
ci-après : Le Tombeau de Robert d^ Croy, évêque-duc de Cambrai, par
M, D. Merveille (p. 3-29, avec 9 planches et plans et un portrait); —
L.' Abbaye d3 Cantimpré, par M. le D"" 0. Bailliez (p. 33-66, avec 6 plans et
planches) ; — Le Cateau à travers les âges, par M. A. Delolîre (p. 67-160) ; — ■
Alexandre Ronnelle (1835-1911), notice biographique, par M. Nicq-Boutre-
ligne(p. 161-166).
Corse. — A tous ceux qui songent à voyager en Corse, signalons, comme
susceptiitle de rendre les plus grands services, V Indicateur officiel Guide
général de la Corse dont le numéro lia paru le 1®'' juin 1912 (Paris, A. Clavel,
— 284 —
in-8 de 96 p., avec cartes, plans et illustrations). Les horaires des compa-
gnies de navigation et de ciioiuins de fer, des services d'automobiles et de
diligences, un dictionnaire alphabétique des 364 communes et de nom-
breuses autres localités de la Corse, contenant, outre une notice géographique
s immaire de chaque point, les renseignements pratiques utiles, voilà,
entre autres choses, ce que l'on trouvera dans cette excellente publication
améliorée, complétée et précisée à chaque nouveau tirage. Géographes
comme touristes trouveront leur profit à la consulter.
D AuPHiNÉ. — h' Annuaire de la Sociîté des touristes du Dauphiné compte
trente- sept années d'existence. Nous avons sous les yeux le tome XVII de
la -1^ série de cette publication (année 1911 . Grenoble, imp. Allier frères,
1912, in-8 de 261 p., avec 5 planches et 5 plans). 11 résulte de la Chronique
alpine (p. 87-107), qui enregistre les courses et ascensions au-dessus de
3.000 mètres, que, de juillet à septembre 1911, alors que le temps était
invariablement au beau, la Meije a été gravie une quarantaine de fois, les
Écrins ont reçu la visite de trente à trente-cinq caravanes et laMéridionale
(massif des ArA-es) a été escaladée de vingt-cinq à vingt-huit fois. La
nomenclature générale de ces ascensions ne comprend pas moins de' 20 pages.
— Les Excursions collectives de la SocUté en 1911 (p. 109-145) ont fait
l'objet de quatorze comptes rendus, signés d'initiales 'diverses. Ces excur-
sions ont été accomplies entre le 15 janvier et 24 décembre 1911. ^ A men-
tionner ensuite les excursions spéciales suivantes : La Touf carrée de Roche-
Méane, par M^e paule Collet (p. 147-153, avec une planche); — Deux
Coufses d'hiver en Tarentaise, Le Cheval Noir; De Moutiers à Beaufort, par
M. A. Coutagne (p. 155-167, avec 2 plans); — Sous les sapins de Cham-
rousse, par M. Joseph Roux (p. 169-181, avec une planche et un plan). —
Voici maintenant deux études scientifiqi.es et techniques : Estai de syn-
thèse toponymique. Les Noms de lieux rigionaux, par M. Ernest Chabrand
(p. 183-236) et les Avalanches, par M. V. Hulin (p. 237-266). — Citons encore
deux autres mémoires classés sous la rubrique Variais : Le Neyron,
sur le chemin et le poste gallo-romains, par M. H. Millier (p. 267-287, avec
une planche et 2 plans) et la Protection des travaux en montagnes, par
M. Louis Kmg-Basse (p. 289-298). — Les dernières pages du volume
(299-357) sont remplies par une Bibliographie alpine très utile en raison
des nombreux renseignements qu'elle fournit.
Franche-Comté.- — Ce ne sont pas les seuls historiens qui se sont occupés
deJacqucsdeMolay ; Its romanciers et le.s dramaturge sse sont aus!-i emparés
du i)ersonnage et l'ont fait revivre à leur manière.Ces derniers l'ont in\ aria-
blement présenté comme une victime de la rapacité de Philippe le Bel;
quant aux historiens leurs opinions sont diverses. Voici M. V. Thomassin
qui; à son tour, dans une élégante brochure intitulée : Figures comtoises.
Jacques de Molay, dernier grand-maître de Vordre du Temple (Paris, Boutet,
1912 , in-8 de 28 p., avec portrait. — prix : 3 fr.), nous offre tout à la fois
uneétudebrève et précisedercrdreduTemplc depuis sa fe r datien veis 1118
jusqu'à sa suppression (1312) et ur.e bie graphie scignée de son dernier
grand- maître. Sans trancher la qiesticn contnnersée du lieu de naissance
de Jacfiues de Molay (Molay, Haute-Saône, ou Molay, Jura) — ce qui laisse
indiscutable quand même les origines ce mtoises du célèbre templier — ■
l'auteur raconte en détail sa dramatique histeire, à l'aide de toutes les
sources imprimées et mam sciites (j^rehiACS et Eibliclhec^ue r.atiei.ales)
eju'il a pu consulter. 11 conclut comme f^uil à l'iureeeiec des' lemplieis :
JMi
_ 285 —
« Leur procès ne fut qu'une horrible machination montée contre eux par le
roi de France ffiii avait besoin d'argent. En effet, depuis le d^but de son
règne, Philippe le Bel se débattait dans d'inextricables embarras financiers ...
De là les expédients financiers, les créations d'impôts veyatoires, l'altéra-
tion'des monnaies. De là ai:ssi les tentatives plus hardies qui ont fait appeler
son règne « le règne de la confiscation universelle ». Or, aucune de ces ten-
tatives ne lui avait pleinement réussi; les besoins du fisc cependant étaient
chaque jour plis impérieux. Il est facile de comprendre dès lors quel intérêt
il avait à se faire apparemment, contre les templiers, le défenseur de la foi
et le vengeur de la morale. »
— M. Charles Léger est un chercheur heureux. Il a trouvé dernièrement
chez un bouquiniste parisien un exemplaire des Souvenirs du 2^ de zouaves
(1859), qui n'est pas précisément rare; mais cet exemplaire renfermait une
lettre autographe du général Cler (ai ter r du livre, en collaboration avec
le baron Du Casse) adressée à un de ses cousins, datée d'Alexandrie
19 mai 1859, et une autre, non signée, émanant « d'un officier à l'armée
d'Italie » (Brescia, 19 juin 1859), laquelle donne des détails très circons-
tanciés sur la bataille de Magenta et les derniers moments du général. Cette
dernière pièce a permis à M. C. Léger, qui connaît et a comparé tout ce qui
a été publié sur Jean-Joseph-GustaA e Cler, d'écrire une intéressante éti de :
Une Trouvaille de bibliophile. Documents inr'dits sur le général Cler (1814-
1859) (Besançon, imp. Cariage, 1912, petit in-8 de 23 p., avec portrait. —
Prix : 1 fr.). Au fond, nous avons là une biographie nouvelle et critique du
héros comtois, où l'auteur rectifie certains faits et précise la date de la nais-
sance de Cler, qui trouva à Magenta une mcrt glorieuse : Salins, 10 dé-
cembre 1814. Cette brochure, qui se termine par un aperçu de l'icf no-
graphie relative au général, intéressera non seulement les compatriotes de
celui-ci, mais tous ceux qui, à un degré quelconque, s'occupent d"histoire
militaire.
Provence. — M. Jean Audouard a découvert aux archives du départe-
ment des Bouches- du-Hhône trois lettres adressées aux procureurs du pa\ s
de Provence parle marquis de Mirabeau, et il les publie aujourd'hui: Trois
Lettres inédites de l'Ami des hommes (Paris, A. Picard et fils, 1912, in-8
de 17 p.). Dans la première lettre, le marquis, toujours enthousiaste
des -travaux des économistes, demande qu'on institue dans son pays
des cours d'économie politique. Dans la seconde, ce n'est plus le disciple
de Quesnay qui prend la plume, c'est le propriétaire qui proteste contre
ce que son frère appelait « la ridicule fureur des alignements » et il sou-
tient cette étrange théorie que les chemins les plus utiles ne sont pas
les chemins droits, mais les chemins tortueux, ce qui motive le très
spirituel projet de réponse inscrit à la suite de la lettre. La troisième
lettre montre «l'Ami des hommes)) toujours aussi jaloux de ses .droits et
dédaigneux des formalités administratives. Toutes les trois peignent
donc bien le fameux marquis dans son vrai caractère, et il faut remercier
M. Audouard de les avoir tirées de l'oubli.
Saintonge et Aunis. — MM. Ch. Dangibeaud et Pandin de Lussau-
dière nous donnent dans le tome XLlI des Archives historiques\de : la
Saintonge et de V Aunis (Paris, A. Picard et fils; Saintes, Prévost, 1911,
in-8 de 557 p. — Prix : 15 fr.), la suite de leur intéressant dépouillement
des Registres paroissiaux de la Charente- Inférieure. Quatre communes
seulement sont contenues dans ce volume : Annezay, Arces, Aujac et
Aytré. Se conformant toujours au même plan, ils font connaître succès-
— 286 ~
sivcment, pour chacune de ces paroisses, l'état de conservation des regis-
tres, puis ils condensent les renseignements recueillis afin de présenter
un état aussi exact que possible de ces paroisses au point de vue des
métiers qui y étaient exercés, des é^ énements dont elles furent témoins,
des mœurs et des coutumes de leurs habitants. Ils donnent ensuite ime
liste des curés et des vicaires et un tableau du momemènt de la popu-
lation depuis la date la plus reculée relevée sur les registres, jusqu'en
1792. Ce résumé des principaux faits que l'on trouve ainsi en tête de
chaque paroisse forme une excellente histoire de la localité pour la fin
du xvii<^ siècle et pour tout le xviii*^ siècle. Une table onomasticiue placée
à la fin du volume permet de l'utiliser facilement. On ne peut que sou-
haiter aux auteurs la persévérance nécessaire pour mener à bonne fin
leur travail et l'achever sans trop tarder afin de fournir aux érudits une
source des plus intéressantes pour l'histoire de l'Aunis et de la Saintonge
pendant les deux siècles qiti précédèrent la Révolution.
États-Unis. ■ — Le volume XXXIX des Proceedings of the national
il/f/*:eum (Washington, Goa ernment printing office, 1911, in-8 de 664 p.)
renferme les articles suiAants : The annelids of the Family Arenicolidae
of Norih and South America, including an Account of Arenicla glacialis
Murdoch, par James Hartley Ashworth (p. 1 à 32, 14 figures); ■ — A
new Genus and Species of Lizardfrom Florida, par Leonhard Stejneger
(p. 33 à 35, 6 figures, 1 genre nouveau, 1 espèce nouvelle); — The
Thorax of the Hymenoptera, par Robert Evans Snodgrass (p. 37 à 91 ;
16 planches et 19 figures); ■ — Terrestrial Isopods collected in Costa Rica,
by J. F. Tristan, par Harriet Richardson (p. 90 à 95, 3 figures, 1 genre
nouveau, 1 espèce nouvelle) ; ■ — ■ A new scincid Lizard from the Philippine
Islands, ^ax Leonhard Stejneger (p. 97 et 98, 1 espèce nouvelle) ; —
J apanese Sawflies in the collection of the United States National Muséum,
par S. A. Rohwer (p. 99 à 120, 4 genres nouveaux, 1 sous-genre,
23 espèces et 2 sfjus-espèces nouvelles, 2 noms nouveaux); — Tlie
Fislies of the Lake of the Woods and connecting watcrs./paT Barton Warren
Evermann et Homer Barker Latimer (p. 121 à 136) ; — Description of a new
species of Anilocra jrom the Atlantic coastof North America, par Harriet
Richardson (p. 137 et 138, 1 figure, 1 espèce nouvelle); — • A new species
of cestode parasite (Tœnia balaniceps) of the Dog and of the Lynx, with a
note ou Proteocephalus puniéus, par Maurice G. Hall (p. 139 à 151, 6
figures,! espèce nouvelle) ;■ — • The West American Mollusks of the genus
Alaba, by Paul Bartsch (p. 153 à 156, 4 figures, 1 espèce nouvelle); —
Notes on the structure and habits of the Wolf-fishes, ipav Théodore GiH (p. 157
à 187, 12 planches, 13 figures, 1 espèce nouvelle); — North American para-
siticCopepods bdongingtothefaniily Ergasilidœ, par Charles Branch Wil-
son (p. 189 à 226, 8 planches, 2 genres nouveaux, 4 espèces nouvelles); —
Description of a new Rabbit from islands of the coast of Virginia, par Edgar
A. Mearns (p. 227 et 228, 2 planches, 1 sous-espèce nouvelle); — Descrip-
tions of new Mollusks of the family Vitrinellidœ from the West coast of America,
par Paul Bartsch (p. 229 à 234, 2 planches, 6 espèces nouvelles); — New
South American parasitic Hymenoptera, par J. G. Crawford (p. 235 à 239,
4 figures, 3 genres nouveaux, 4 espèces nouvelles); — A review of the
Sciœnoid Fishes of Japan, par David Starr Jordan et William Francis
Thompson (p. 241 à 261, 4 figures, 2 espèces nouvelles); — North American
parasitic Copepods helonging to the family Ergasilidœ, par Gharles Branch
Wilson (p. 263 à 400, 20 planches, 41 figures, 2 genres nouveaux, 12 espèces
— 287 —
nouvelles); — New spccies of reared Ichneunionflies, par H. L. Vierock
(p. 401 à 408, 11 espèces nouvelles) ; — The récent and fossil Mollusks of tlie
genuf! Alahina jrom the West coast of America, par Paul Bartsch (p.409à418,
2 planches, 7 espèces et 2 sous-espèces nouvelles); — Sperm transfer in
certain Becapods. pa.r E. A. Andrews (p. 419 à 434, 15 figures); — A review
of the Fishes of the families Loboiidœ and Lutianidœ, found in the waters of
Japan, par David Starr Jordan et v^'illiam Francis Thompson (p. 435
à 471, 8 figures, 1 genre nouveau); ■ — Thatassocrinus, a ncw genus of
stalked Crinnids front the East Indies,'pd.r Austin Hobart Clark (p. 473 à 476,
1 genre nouveau, 1 espèce nouvelle); — On some Hymenopterous Insects
from the island of Fonnosa, par S. A. Rohwer (p. 477 à 485, 9 espèces nou-
velles) ; • — On the inorganic constituents of the skeletons of two récent Crinoids ,
par Austin Hobart Clark (p. 487 et 488);— A new Lalyrimhodont from the
Kansas coal mcasitrcs , par Roy L. Moodie (p. 489 à 495, 4 figures, 1 genre
nouveau, 1 espèce nom elle) ; — Corynotrypa, a new genus of tubuliporoid
Bryo:oa , T[>a.T Ray S. Ba.ssler (p. 497 à 527, 27 figures; 1 genre nouveau,
7 espèces nouvelles); — On a collection of unstalked Crinoids made by tfie
Unité States steamer Albatross in the vicinity of the Philippine Jslands, par
Austin Hobart Clark (p. 529 à 653, 3 genres nouveaux, 24 espèces et
1 variété nouvelles) ; — The, West American Mollusks of the genus Eumeta,psr
Paul Bartsch (p. 565 à 568, 3 figures, 1 espèce nouvelle); — Descrip-
tion of a little-known JRattlesnake, Crotalus willardi, from Anzonay^tav Frank
A. Hartman (p. 569 à 570, 4 figures);— On Calamine Crystala from Mexico,
Rutilemica intcrgrowth from Canada and pseudomorphs Marcasike afier
Pyrrhotite from Prussia, par Joseph E. Pogue (p. 571 à 579, 2 planches,
1 figure); • — ■ The récent and fossil Mollusks of the genus Diastoma from the
West coast of Ameritca, par Paul Bartsch (p. 581 à 584, 4 figures, 3 espèces
nou\ elles) ; — A Monograph of tlie Flycatcher gênera Hypothymis and Cyano-
nympha, par Harry C. Cb-irholser (p. 585 à 615, 1 genre nouveau, 11 sous-
espèces nouvelles); — Descriptions of new Hymenoptera, par J. C.Crawford
(p. 617 à 623, 3 figures, 2 genres nouveaux, 10 espèces nouvelles); — North
American parasitic Copepods. Descriptions of new gênera and species, par
Charles Branch Wilson (p. 625 à 634, 4 planches, 2 genres nouveaux,
4 espèces nouvelles) ; — Bées in the collection of the United States National
Muséum, par T. D. A. Cockerell (p. 635 à 658, 1 figure, 9 espèces, 5 sous-
espèces et 3 variétés nouvelles); — Hyalinothria, a new genus of Star fishes
from the Hawaiian Islands, par Walter K. Fisher (p. 659 à 664, 2 planches,
1 genre nouveau, 1 espèce nouvelle).
Publications nouvelles. — La Marque du véritable Anneau, par le
D"^ A. von Ruville; trad. par G.-G. Lapeyre et P. Maury (in-16, Beau-
chesne'l. — • La Journée sanctifi-fe, par L. Rou/àc (in-12, Lethielleux). ■ —
Traité de la paix intérieure, par le P. Ambfoise de Lombez, (in-12, Librairie
Saint-François). — La Guerre sainte en pays chrétien; essai sur V origine
et le développement des théories canoniques, par H. Pissard (in-12, A. Picard
et fils). • — ■ La Philosophie allemande au xix^ siècle, par C. Andler, V. Basch,
J. Benrubi, C. Bougie, V. Delbcs, G. Cwelshauvers, B. Grnethuyscn,
H. Korero (in-8, Alcan). — L'Un- Multiple, esquisse d'une i7ir'tr physique,
par R. JMiralîeau (in-16, Alcan). — Les Mariages de demain, par Mgr H. Bolo
(in-12, Haton). — Vingt Guérisons à Lourdes discutées médicalement, par
le D"" de Grandmaison de Bruno (in-16, Beauchesne). ■ — • Histoire de la So-
ciété nationale d'agriculture de France, pai" L. Passy. T. I. (1761-1793)
{in-8, imp. Renouard). ■ — ■ La Bataille. Conduite stratégique, exécution tac-
— 288:—
tique, par le capitaine G. Becker (in-8, Berger-Levrault). — L'Artillerie
au Maroc. Campagnes en Chaouîa, par le capitaine Féline (gr. in-8, Berger-
Levrault). — Les Villes d'art ctlèbres. Athènes, par G. Fougères (petit in-4,
Laurens). — Dictionnaire alphabétique et logique de la langue, de la géo-
graphie et de Vhistoire à l'usage des écoles, par É. Blanc (in-12 cartonné,
Lyon et Paris, Vitte). — Poésies choisies de Saint-Pavin, précédées d'une
Introduction par G. Michaut (petit in-18, Sansot). — Par delà les yeux, par
M.-J. de Chantai (in-18, Figuière). — Scènes vécues, par L. Julien (in-16,
Jouve). — Orgueil de Reine, drame en 4 actes avec chants, par l'abbé
J. Oger (in-8, Haton). — Sadya, un acte en vers, par J. Ott (in-12, édition de
l'Hexagramme). — Conteurs français de terroir. Anthologie régionaliste
(in-18, Tourcoing, Duvivier). — Prosateurs français. Deuxième Anthologie
de la Renaissance contemporaine (gr. in-8, Renaissance contemporaine). —
Les Pirates de la Mer Rouge, par K. May; trad. de l'allemand par J. de
Rochay (in-12 cartonné. Tours, Marne). — Rose-des-Chemins, par C. de
Vitis (in-12 cartonné. Tours, Mame). — Lettres de Mgr Jean de Fontanges,
évêque de Lavaur, 1749-1764, publiées avec notice, notes et index par le
baron de Balay de Gaïx (petit in-8. Champion).— Jean-Jacques Rousseau,
leçons faites à l'École des hautes études sociales, par F. Baldeiisperger,
G. Baulavon, J. Benrubi, C. Bougie, A. Cahen, V. Delbos, G. Dwelshauvers,
G. Gastinel, D. Mornet, D. Parodi, F. Vial (in-8 cartonné, Alcan). — Ames
modernes, par H. Bordeaux (in-16, Perrin). — Histoire de V antiquité, par
É. Meyer; trad. par M. David. T. I (gr. in-8, Geuthner). — Luther et le
luthérianisme, par H. Denifle; trad. de l'allemand par J. Paquier. T. IH
(in-12, A. picard et fils). — L'Hôtel-Dieu de Paris au xvii^ et au xviii^ siècle,
par M. Fosseyeux (gr. in-8, Paris et Nancy, Berger-Levrault). — Notes
sur l'histoire de la cille et du pays de Fougères, par le vicomte Le Bouteiller
(2 vol. gr. in-8, Rennes, Plihon et Hommay). — Mémoire de Marie-Caro-
line, reine de Naples, intitulé : De la Révolution du royaume de Sicile, par
un témoin, publié avec Introd., notes critiques et 2 fac-similés, par R. M.
Johnston (in-8 cartonné, London, Frowde). — Études d'histoire, par
A. Chuquet, 5^ série (in-'l2, Fontemoing). — Journal de captivité d'un
officier de l'armée du Rhin (27 octobre 1870-18 mars 1871), par le cap»e
H. Choppin (in-12, Paris et Nancy, Berger-Levrault). — Histoire de la
troisième République, par L. Hosotte (in-8, Librairie des Saints-Pères). —
Quatre Français. Pasteur, Chevreul, Rrunetière, Vandal, par D. Cochin
(in-16. Hachette). — Les Catholiques sont-ils des citoyens'! par J. Riche
(in-12. Librairie des Saints-Pères). Visenot.
Le Gérant : CHAPUIS.
Imprimerie polyglotte Kr. Simon, Rennes — Paris.
POLYBTBLION
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE UNIVERSELLE
ROMANS, CONTES ET NOUVELLES
Romans diveus. — 1. Le Tribun, par Paul Bourget. Paris, PI oa- Nourrit, 1912,
in-16 de 234 p., 3 fr. 50. — 2. Jeanne Michelin, cl roniqu,' du xvnt« siè l , suivie
de Les Deux Faces de la vie, par Henry Bordeaux. Paris, Fontemoing, 1912, in-l8
dexi-29'ip. , "fr.50. — 3. Monsieur des ioa/'cJines.par Alphonse de Chatbaub riant.
Paris, Grasset, 1912, in-16 de 189 p., 3 fr. 50. — 4. La Fresqu- de Pompéï. La
Madone qui pleure, par Gilbert A' glstin-Thierry. Paris, Pion- Nourrit, s. d.,
in-16 de 322 p., 3 fr. 50. — 5. La Première Étape, par He\ri Moro. Paris, Grasset,
1912, in-16, 287 p., 3 fr. 50. — 6. Les Blés mûrissen,'..., par Henri Bordier. Paris,
Grasset, 1912, in-16 de 264 p., 3 fr. 50. — 7. L'Offrande au mystère, par Pierre
FoNS. Paris, Sansot, 1912, in-12 carré de 145 p., 3 fr. — 8. La Boute bleue, par
Jean Rameau. Paris, Pion- Nourrit, s. d., in-16 de 299 p., 3 fr. 50. — 9. Malgré
son père, par F. Dumont. Paris, Grasset, 1912, in-16 de 298 p., 3 fr. 50. — 10.
L'Appel, par M.-C. Belgrakd d'Arbaumont. Paiis, Plon-Nour-rit, s. d.> in-16
de 338 p., 3 fr. 50. — 11. Qui sème le cent..., par Charles jEANDET.Paiis, Figuière,
1912, in-16 de 268p.,3fr.50. — 12. A l'ombre du clocher, par Léopold Gros. Paris,
Grasset, 1912, in-16 de 311 p., 3 fr. 50. — 13. La Bague, satire politique et morale,
par Maxime Dubroca. Paiis, Figuièie, 1912, in-16 de 200 p., 3 fr. 50. — 14. yers
la lumière, par Emile Poiteau. Paris, Grasset, 1912, in-16 de 325 p., 3 fr. 50. —
15. La Meilleure Part, par Emile Poiteau. Paiis, Grasset, 1912, in-16 de 265 p.,
3 fr. 50. — 16. Sur le déclin, par Louis Planté. Paiis, Plon-Nourrit, s. d., in-16
de 294 p., 3 fr. 50. — 17. Les Feuilles sur la route, par Maurice de la Fuyb.
Paris, Jouve, 1912, in-18 de 217 p., 3 fr. 50. — 18. Amours rurales, par Paul
Lacour. Paris, Perrin, s. d., in-16 de 268 p., 3 fr. 50. — 19. Jean Guilbert, scèn.s
duRouergucpas Gaston Mercier. Paris, Grasset, 1912, in-16 de ix-247 p. ,3 fr. 50.
Romans de femmes. — 20. Le Bonheur accessible, par Yvonne Durand. Paris,
Figuière, 1912, in-16 de 230 p., 3 fr. 50. — 21. L'Amour nomade, par Mv^ i.m
Deroxe. Paris, Figuiùie, 1912, in-16 de 198 p., 3 fr, 50. — 22. Ames d, femmes, par
Berthem de itiGNY. Paiis, Jouve, 1912, in-16 de 342 p., 3 fr. 50. — 23. Thérèse
Dalbian, par Louise Fisquet. Paris, Grasset, 1912, in-16 de 289 p., 3 fr. 50.
24. La Cité des lampes, par Claude Silve. Paris, Calmann-Lôvy, 1912, in-16
de 11-265 p., 3 fr. 50. — 25. Le Moulin sur la Soufroide, par Marguerite Re-
gn ud. Pai-is, Grasset, 1912, in-16 de 301 p., 3 fr. 50.
Romans étrangers. — 26. La Vocation de Frank Guiselev, par Robert Hugh
Be .SON trad.de l'anglais par T. de Wyzewa. Paiis, Perrin, 19 12, in-16 de 176 p.,
3 fr. 50. — 27. Métissa, par James Olivier Curwood; trad. de l'anglais par
V. Forbin. Paris, Hachette, 1912, in-16 de 284 p., 1 fr. — 28. Dorrington détec-
tive marron, par Arthup. Mor ison; trad. de l'anglais par Albert Savine. Pans,
Stock, 1912, in-16 de 333 p., 3 fr. 50. — 29. L'Apostolat du knout en Pologne, par
Ladislas Stanislas Reymont; trad. du polonais par Paul Cazin. Paiis, Perrin
1912, in-16 de xiv-225 p., 3 fr. 50. '
RoMAxs DIVERS. — L — M. Bourget a mis en volume sa célèbre
pièce du Tribun, en la dédiant à Charles Maurras. La Préface
adresse à cet écrivain politique, le plus grand que nous ayons
aujourd'hui, est elle-même un document politique de première im-
portance. Elle roule sur cet axiome, inspiré, dit l'auteur, de Comtp,
de Le Play, de Balzac et de Bonald, que « la cellule sociale est la
famille et non l'individu ». Lecc Tribun», c'est l'homme politique que
Octobre 1912. T. CXXV. 19.
— 2C0 —
nous voyons triompher aujourd'hui. M. Bourget s'est occupé moins
de le flétrir dans ses bassesses, que de le critiquer dans ses erreurs.
Il a omis le caractère d'exploiteur et retenu le côté doctrinaire.
Cotte mithodc a l'avantage d'oiïrir aux dupes de cette doctrine,
nombreux en France, i;n moyen de retour plus sûr que de leur
démontrer l'indignité des gouvernants. Donc le «Tribun» a élevé
son fils dans les idées d'individuahsme qui font le principe des
Droits de l'homme. Et ce fils-là tire des conséquences funestes non
seulement à l'ordre de la famille, mais destructives des mœurs
dans le particulier. Un amour adultère, chose banale en roman, la
vente consentie à un financier d'un document politique révélateur
de concussion, dont le «Tribun» comptait faire sortir une restaura-
tion de l'État, sont les effets terribles de cette éducation. Ils ou-
vrent les yeux du père, qui, rendu à la vt rite éternelle, abjure en
termes décisifs l'hérésie révolutionnaire. La leçon est belle; elle
est conduite avec toutes les ressources dramatiques dont dispose
M. Paul Bourget. On admire la force et la lucidité avec lesquelles,
jusque dans la déclutince morale (non sociale et pohtique seule-
ment) de son héros, il a diagnostiqué le poison romantique révolu-
tionnaire, qui fait prendre à ses intoxiqués (cela était chez Sand
et Hugo, mais sans cette assurance froide des anarchistes d'au-
jourd'hui) l'autonomie de la passion pour la loi de la vie, pour la
vertu, pour le devoir.
2. — M. Henry Bordeaux a réédité queques ouvrages de jeunesse,
en particuhor Jeanne Michelin, qui fait le titre du hvre. Cette nou-
velle est empruntée aux galanteries du duc de Richeheu, contées
et amplifiées par le pau^Te Soulavie. L'auteur s'était proposé d'y
rendre la couleur du xviii^ siècle; dans sa Préface d'aujourd'hui,
il avoue qu'elle ne s'y trouve pas. Il est certain que le style même
(et comment en serait-il autrement?) s'y prête peu à l'iUusion. L'ou-
vrage a un plus grave défaut; c'est la hberté du sujet qui aurait
dû peut-être détourner l'auteur de le remettre en circulation, consi-
déré surtout qu'il s'est fait, depuis lors, une clientèle fort éloignée de
celle à qui ces récits plaisent. M. Bordeaux risque d'être acheté
de confiance, et d'aller (contre son intt-ntiun) scandaliser ceux que
ses li\Tes d'aujourd'hui ont habitués à d'autres lectures.
3. — Sous lo nom de Monsieur des Lourdines, on nous présente
un gentilhomme qui mène aux champs une vie d'enfant : seul avec
sa vieille femme et des domestiques, malhubile même à ses affai-
res, ne chassant pas, mais cherchant seulement les champignons,
dans les courses qu'il ne cesse de faire aux environs, et qui sont
décrites avec une vivacité de couleur, une fraîcheur de touche, un
accent paysan dignes de Constable. Ces gens ont un fils qui vit à
- /.')] -■
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iitu^. \Kiy*'r \i'>iir lui uni \»tS. um prcinUrc ïm^Mf h Uuf* Ut^n*,
fk\% (Atrti mtïUt fraws i* pftyw àtt wmvdHu ftfih^^^nt 4« ^* ft^
w^r. \,ii Ui^tt' t-n ftumri de mtimat'fnf'nt, l/< ft)*, fftvtwt hh pfryê
fifmri H^'jtmr \uï mam ((»i irên hU^n p4t'ir0., (Ut jfruy* lf/»mrr«« s
hhu t(f'\if ot ¥>'(m(*Mi tSn voir pU-^irttr k» douif^Àitim», i/t pUm vunn
vhmUiiïi qti't] rcMfU, * ()U, r(\ti ft^Jit »Ar» W^Utr ^ttf\^ii1it',.. U»
li4',mt,% Whf Vf^'Ah'v',.. fihh par f')((tmpU' f, tutn i rc^Utr mi i't^A
V<ni(i(trhy, j'? w^ p4mrr(tï pmt,„ (;(* ft n *( Tr/iifc k< dtiiVii^m n ntittit
uh}v*i t'.i UufU'.St*i (i\\Hr(% \jt iutfn au VtAïi Voti^ttrhy rm/\ dam iotiUi
fMUt psiHUt du livra Us fi4 n d'im provimc f-nf-roUt/ti ^. mchi^.,
(luoiqnc^ fvtu» h* *ii('\t'utm «UMcMu^t. Oui({uH Um ({u'H *'n^ji du
\t'uw Sunmm, il at.mïAh ({ua t'Umi ÏUAvt du Wtulttvitrd ({ui k fanvam.
Mai* Ui \firr(i aum a inii U* projai de rfdifûr >ft.M<im<^ fy^ift.^ Vhvtrri'tf
({uiU »(irii fuift», il t-^ffieh ({ua ïtt wftfîfmftl. *(nii Sa fffr» m Ûx^
aux cMmp* prif.» da lui, Si'md'HiUtvaf ** n c.f tm-nUmv fili , il Vttni
n^m Hu mdmi di'^ ïthi*, dt'% vh\\> m> (d dt^» %iU'.% f\ui Ifiî m/rm^
ycwAinaU'fii. i'mvri' lui w/rm^ci'» ft fipcMucUt (pti ^mûMUt UmUt w*
(ixi§t(*mfi, atm^iint dim Veffat f^imanti ^hm, k \^%^m Xtmtim^f nvm
tnilU'. pr^t'Muiu m pourthftf., il l'it^f^rra^ft, î^ n^m r^mprofitm <rit
If.irfuiUifn' nt rt-whif-, Shi* il faut **'- d^f.krar, [jt pfmt vaii W; %i\trmt
du ftl» m prttU Rjftr, \hr» efd hfnutm iimiâ^ /tiihU ; » Mm^raitUti
('^rîh'iAÏ. ft CjtSh tint IH'-* f/un oïp^irv^', fft., tkn» Ut fia» donté, iff*
pHiyx'u{m, V/miitmr muiit nt fid prmûftr attai pHf dan e/tU^x'utm
(Â ït(tMimmp du fMi W'.m, La coUtra, mpt^uti k lut-mi^m^, da M, àa»
Lfturdim» Ui latia dhm un (Ujt da paraSa^f où V&.vau da h ruim
prawi \M('J'.. Oiita rvMtft oïAiga h lautuft tt/jmrm h ra»i4ir; »*a«
M, da CimUiauhrhint h \iun. vu que m n'était pa* m d^a/tumm^,
il faut que h voUiftlt/f aMa, Pour rendra m tmmvftmtfù. vthmtm-
ïAnliUi cltfiz ï'^mrvaiA, aom.fW. il na di%pft*ft qun da pm da iaunm,
il a raA'^tur» k un ariiûm ({Uhn n'ahm ^uéra at qui fait tM,\m dnm
Ui livra, Cant h Mtula, M, da» L(mrdinf'fi> jou<ç du vmU*n, Pour a^m-
%oUir Ui dauil da m (amma, il an Joue ht nuit difn» m eïmptiïUt, A»-
thinie IVnteni et rar^/it d^n» m* ofiti» l^mfiii/ n^ qui ranu»nt4s a»
(Miur. n m «ourriet. Le ronun a'mhéva aur la rairnit*! (ifmtfimm
de* dmix homme», (j; viifU n nant^imfmtal mi« k pi^, mi» k ptat
au»«i Kn peu da vida qa'rnt hu drnnvi dam djoux tm trot» fitapit-rm
pUûtm du %aul pitt^e^que^ Ut roinan e»t da% plu*. *lî».f în'^u/*, de»
plu* touc^lallt» et, eo gtnfrA, àaa mmux Utritt
4. — \ h Frefiqiie (h PompH, qui fuît Ui «ujet <U: • ,x. f,iii.:h,
M. Gilbéff. Auguniin-lttiarry voudrait qua w/u» attni/.i n.=-. k j* 1/
I voir de fuggesti/ynn^r Vàtnfmr, i n amour furi^* et inv'tmihifi.
1
— 292 —
L'objet vivan'^ de cet am~>ur existe : une femme qui, par hasard,
ressemble à la figure pcin'e dans la fresque. La victime de cet
amour est un musicien, prix; de Rome, qui se fait moine pour
échapper. Là-dessus, grani tumulte de passions perverses aux pri-
ses avec la r.'sistame chrétienne. Un3 s'rie de vicissitudes mène
l'Astarté et le moine dans uno grotte en même temps que toute
un? compagnie, qui s'éloigno, les laissant seuls : le pèlerin rempH
d'anithèmes, la déesse moqueuse et bientôt suppliante, quand l'au-
tre, à moitié fou, la menace. Alors elle essaie des anciennes séduc-
tions. Nous sommes priés ici de redouter le dénouement. Heureu-
sement il est C(»n*"orme aux bonnes mrcurs. L'amoureux résiste et
la noie. Frémissez- vous? Moi pas. Tout cela est m'^diocre à faire
peur, malgré Tattirail mythologique et les menaces de la fatalité.
Cette gamme plaît justement à ceux dé nos écrivains pour qui
elle n'est qu'un jevi d'esprit. D'abord, la volupté m leur est pas
péché, ensuite ils no croient pas au diable. L'identité de Vénus
avec Satan n'est donc chez eux qu'une double farce. M. Anatole
France avec toutes ses ressourcée n'a pas réussi à en faire un res-
sort présentable. ]\L Gilbert Augustin Thierry qui,il faut bien le dire,
est beaucoup moins habile, n'a garde d'y suffire mieux que lui.
5. • — Un jeune homme, M. Henri Moro, a fait, après plusieurs
autres, ce roman des passions de l'amour aux prises avec le devoir
chrétien dêtre chaste. La Première Etape, c'en est le titre. Tel est
ce passage, en effet, dans la route de la vie chrétienne. H faut le
passer : c'est notre loi, en dépit de l'indulgence offerte par l'opinion
à ceux qui butent ou font naufrage. Avec l'âge viennent d'autres
passions; celle-là seule tourmente le jeun? homme, en sorte qu'ab-
jurer la facilité de mœurs est le premier gage qu'un jeune chrétien
ait à donner de sa fidélité. M. Moro pose avec simplicité les termes
de cette dchcate matière. H s'y montre net sans indécence, sévère
sans déclamation, pieux sans affectation. C'est très bien. L'auteur
est Lyonnais ou de la région, en tout cas plein de l'esprit de Lyon.
Je ne sais si, dans une peinture si avancée de son sujet, il ne fal-
lait pas cela pour tenir cet équilibre. Lyon est merveilleux de piété
raisonnable et c'est un des endroits du monde où l'on sait expri-
mer avec simpHcité, justesse et naturel, une plus grande étendue
de ccnscience religieuse. Je ne dirai pas que ce livre ne passe nulle
part les bornes. Il est indiscret sur un point, et découvre des illu-
sions sur un autre. L'indiscrétion est le fait des tirades d'un prêtre,
l'abbé Bravas, sur « l'éducation de la pureté ». Outre qu'elles ne
contiennent que des choses fort communes, l'ostentation béate que
le personnage y met achève le ridicule de ce sujet scabreux. Les
illusions sont découvertes dans le morceau sur l'apostolat, débité
— 293 —
à propos d'un certa'n Hugonnel, qui, dans la réalit", n'offrirait
sans doute que peu de différence avec un membre de l'Armée du
Salut. L'auteur veut que ce soit le type même de l'apôtre. « On
s'étonne et l'en applaudit. Après l'avoir moqué ou blâmé, on lui
vient en aide. Lui s'efface, scn œuvre est commencée. Il laisse
croire aux autres qu'ils bâtissent afin d'exciter leur ardeur-
mais c'est lui qui soutient et qui mène. 11 a vl'cu pour une
idée, mais c'est l'idc'e qui maintenant vit par lui, etc. » Que
M. Henri Moro me croie, ce galimatias n'a pas de sens. C'est un
nœud de chimères, c'est un chaos, engendré de prosélytisme hugue-
not, de mysticisme révolutionnaire et de « blagologie » romantique.
L'apostolat catholique n'a pas cet air ébouriffé. Mille traits lui sont
communs avec les entreprises que la pudeur humaine fait réussir.
Le miracle est dans le détail, l'enthousiasme au dedans; les dehors
reflètent principalement la sagesse, la mesure, les convenances, les
égards au temps, aux mœurs et aux personnes. Quant à écrire des
phrases comme celles-ci : « Il avait une modeste origine, comme
la plupart de ceux qui rénovent le monde », c'est pur charlata-
nisme. Est-ce que saint Charles Borromée, saint Ignace, saint Fran-
çois de Sales, pour ne citer que ceux-là, n'étaient pas de noble
famille? Ce qui égare l'auteur, c'est l'application fausse qu'il fait
de l'exemple de Notre-Seigneur et des apôtres, oubliant que la pré-
dicaticn apostohque est un miracle d'un genre unique, àcn^ nous
n'avcns pas le droit de faire une loi de l'histoire. Aussi Hugonnel
fait-il rire quend il dit : « Etudions ensemble »; comme si la science
s'improvisait, et qu'il suffit de la bonne volonté pour composer,,
contre l'attaque des sectes, sur tous les terrains profanes où elles-
manœuvrent, i ne défense utile et durable. De là sort dcns le roman
in orgf ne nommé la Correspondance sociale. Je le vois d'ici. Je
vois d'ici les erreurs, les à-peu- près, les confusions, les concessions
surtout, dent il sera plein. Ces deux points mis à part, tout le reste
est dans l'ordre. Le héros du livre se garde, malgré les tentations
ressenties, à la fois par des résistances de détail, où l'on voit par-
faitement la grâce de Dieu à l'œuvre, et par la vertu d'un amour
chaste, quelque temps contrarié par l'erreur d'un père et par les
précautions naturelles à nos mœurs, mais qui à la f;n obtient son
couronnement.
6. — Un certain prosélytisme mi-religieux, mi-social, affecte les
métaphores agricoles. Les Blés mûrissent : tel est le titre d'un roman
(fui prône le retour à la terre par esprit chrétien. Cependant rien:
n'empêche d'être chrétien dans les villes, et les campagnes n'offrent
rien à nos yeux qui doive les faire préférer à cet égard. Il est
vrai que M. Henri Bordier parle de campagnes régénérées par des.
— 294 —
jeunes gens dont voici la peinture : « Avec l'assurance de la jeu-
Bfsso, ils avaient voulu fonder des associations dont personne ne
wntit le besoin autour d'eux. Naturellement ils avaient échoué
en partie, mais ils avaient remué V opinion, choqué les esprits étroits
par leur prétention extraordinaire. C'était une de leur joie de dé-
raniior certaines idées acquises et de rompre bruyamment avec les
habitudes séculaires. Ils déconcertaient leurs amis autant par leur
fidélité religieuse que par leur hardiesse, etc. > Évidemment, l'au-
teur nous dépeint là des sots; mais sa candeur est telle qu'il ne s'en
a5>erçoit pas. Choquer, déranger, déconcerter, lui parait non pas une
condition malheureuse encourue auprès de certaines personnes de
la restauration de vérités nécessaires, mais comme le bat joyeux,
souhaitable et bienfaisant, que se proposent naturellement de bons
jeunes gens bien intentiomi'^s. L'alliance de cet esprit émeutier avec
ie style des patronages, c'est ce qu'il appelle « un idéal ». Le mot
revient partout. Donc cet idéal, « idéal d'une vie calme, forte et
libre >>, fera refleurir la vie des champs. Sans le secours des -réfor-
laes politiques, sans droits d'entrée ni traités de commerce (« nous
piûuvdns organiser nous-mêmes nos villages o), l'auteur promet de
faire vivre le paysan sur le sillon, et de l'y rendre heureux, pt en
même temps le paysan sera converti, parce qu'il verra que tout ce
honlieur lui vient de la pieuse ardeur de ces jeunes gens. « N'est-ce
p?is une double joie pour nous, dit M. Bordier, de démontrer que
Botre foi religieuse sera la source unique de notre action? » Ainsi
la piété sera le principe et le but de conversion des âmes; mais les
moyens seront profanes et même vifs, en sorte qu'au bon renom
d'une dévotion choisie on joindra le plaisir de se contempler soi-
même en tournure de petits casse-cou. L'auteur ne me croira pas;
je fe lui dirai tout de même : son système ne réussira pas aux
cbamps. Moins qu'ailleurs on y est sensible au mélange d'intérêts
et d'intentions pieuses, et nulle part ces façons choquantes ne
sont plus haïes."'
1. — M. Pierre Fons suppose un pape n^ d'un bâtard de Napo-
Eon, qui, monté de nos jours dans la chaire de saint Pierre, essaie-
fait la fameuse synthèse de l'esprit d'examen et de la foi. C'est
vxi sujet déjà ancien. M. de Vogué l'agitait quand je faisais mes
études. La solution de M. Pierre Fons, qui n'est en somme que le
pragmatisme, était dès lors celle du monde catholique, dupe des
charlatans adversaires. Depuis elle a fait fortune; maintenant on
Fabandonne : c'est qu'elle n'avait de charme que sa nouveauté.
Bien n'enchantait l'esprit comme son premier contact, mais le
eoninierce en a été trouvé stérile. Dix promotions d'étudiants l'ont
aimée : le temps à l'expérience non de se faire (ce n'était pas
— 295 —
long), mais de divulguer ses résultats. On se frotte les yeux de voir
un auteur de talent la proposer avec complaisance. La mise en
scène du livre est brillante; l'histoire du bâtard est fantastique à
souhait. Le nœud du roman vient de la découverte qu'on fait
de documents qui détruisent les bases historiques de la foi. Le
pape napolconide songe à les proclamer et à descendre solennelle-
ment de son siège au nom de toute la Papauté. Puis il considère le
désordre qui serait causé par là. Il s'accommode. L'auteur a nommé
cela l'Offrande au mystère.
8. — M. Jean Rameau entreprend de raconter que la Route
bleue est la bonne, quoi qu'en disent de nos jours ceux qui croient
qu'on ne doit attendre le succès que du crime, de la route rouge,
faite d'aveugle ambition, d'intérêt sordide et d'insensibilité. Deux
héroïnes font le roman : l'une, Simone, qui réussit d'abord, puis
se perd; l'autre, à qui le bonheur, longtemps attendu, ne laisse pas
d'échoir enfin en récompense de sa bonté. Ce livre passera pour
très moral; je le crois surtout faux. Les deux chemins de la vie
ne se présentent pas ainsi. Entre le renoncement et l'égoïsme, la
route des calculs permis s'offre à tout le monde, et, quoique le
conseil de sainteté enseigne à renoncer même à cela, elle nen fait
à personne un devoir. Ce renoncement est la vertu des saints;
excepté eux, ceux qui périssent faute de calculs doivent s'en pren-
dre, non à la perversité du monde, mais à leur négligence ou à
leur erreur. Telle est la sagesse catholique. Celle que présente
M- Jean Rameau est philosophique simplement, et de la philoso-
phie la plus vaine qui soit : celle qui croit faire merveille en mé-
prisant la vie et en se réclamant de 1' « idéal ». Sa fable accumule
d'un côté, sur la route rouge, toutes les horreurs; de l'autre, sur la
route bleue, tous les déboires, jusqu'à ce qu'enfin survienne la ca-
tastrophe vengeresse. L'époux de Simone la -chasse par un divorce,
l'aimé de Jeanne lui revient par une ficelle quelconque. 'Et voilà
la morale vengée. C'est fort bien. Seulement si Simone est punie,
je ne vois pas que son mari le soit, quoique poussant toujours plus
avant la route rouge. Ainsi le but si court de l'auteur n'est pas
atteint. Il y a peu de livres plus mal affabules. On patauge dans
l'invraisemblance; le style est affreux : Tout ce coin de campagne
pâmé sous le soir... Son lit, que le soleil matinal vaporisait d'or...
Elle avait aux sourcils d'insolites fronces... Ayant repris sa placé
dans le lit, elle dirigea ses regards vers le rectangle ensoleillé de la
fenêtre, attendant qu'y sautillât la casquette imminente du facteur.
9. — Un jeune homme qui se fait prêtre. Malgré son père, com-
pose le sujet touchant du livre de M. F. Dumonl. 11 est traité
avec beaucoup de simplicité et une agréable- bonhomie de style,
— 296 —
parfaitement ccnvcntble au cadre paysan. Le père n'a jamais été
m<'chant, mais la politique irréligieuse l'entraîne par l'ambition.
C"est le cas de combien d'autres à la campacne ! îl y a dans ce
livre, sur ce chapitre, des traits d'excellente observation. Sur le ré-
gime du séminaire et les caractères des maîtres l'ouvrage contient
de beaux et nobles détails. Le père, à la fin, se convertit. La scène
est au diocèse de Lyon. On y dit étrennes pour pourboire, et les
tableaux de la cathédrale et de Fourvières y tiennent leur place.
10. — L'Appel, c'est celui de la terre auquel les héros du livre
de M. C. Belgrand d'Arbaumont cèdent enfin. Le livre se termine
par la mort d'i^n gros industriel qui, ayrnt refusé sa fille à un-
gentilhomme, (branlé par la ru'ne partielle de ses alïaires, com-
prenant rimportrnoe de la vie traditionnelle, finit par accorder
cette union. Le style du livre n'est pas sans apprêt, avec de la
déclamaticn çà et là; mais il y a des parties touchrntes, et l'intérêt
se soutient jusqu'à la fin.
IL — <2iii sème le vent... c'est Tinstructicn piblique. M. Charles
Jeandet connaît l'école primaire comme quelqu'rn qui en fait par-
tie. Il la connaît et il la di teste. Il ne déteste pas moms l'Éghse
qu'il con.bat, et, pour accorder cette double haine, il ins^nie que
l'Eglise et l'école sent complices. Cela dans une s'^rie de tableaux
vio^mm^nt bross-^s, où l'en a le dégoût de trouver d'impies blas-
phèmes : certam'^s parties sr nt du style de la Lanterne^ d'autres
rnt plus d'agrf'm'^nt et de sel. Si l'auteur avait su choisir, il eût
pu composer un li^-re vif et plaisant. Mais il n'y a pas chez lui
qu'erreur de goût; il y a erreur de jugement. La preuve en est
dans une dédicace où il associe Ribelais, La Fontaine, Diderot et
Zola. Cepondrnt ces deux derniers ne srnt, l'rn qu'rn hrrhiberlu
ignare, l'autre qu'une brute stupide. Quelle socit'té pour La Fon-
taine et les b-^nnes pages de Rabelais ! Mais il paraît que Zola,
comme Diderot, ont délivré M. Jeandet des tf'nbres et lui ont
fait entendre « la nature une, indivisible, éternelle ». Ce panthéisme
grandiloquent ne A^a guère avec le ton de voltairienne impertinence.
Chez quelques-uns il en est le châtiment. Il semble n'être ici que le
malheur d'un homme doué de plus d'esprit que de culture, de ph:s
de tempérament que de règle.
12. — X'n romen d'éloge de la vie rustique, couronné par un
mariage et par la conversion d'un oncle, qui d'abord n'aimait que
la ville, tel est ce roman : A l'ombre du clocher, où M. Léopold
Gros a mis, avec de charmantes images, une tendresse très pure et
très pénétrante pour son sujet.
13. — Pourquoi M. Maxime Dubroca met-il en sous-titre à son
roman de la Bague ceci : Satire politique et morale? C'est le cas
— 207 —
de tous les romans de nneurs, et ceci n'a rien qui le distingue .
Aussi bien cette satire n'amusera pas partout : elle est souvent
pénible et se traîne. De ci, de là, quelques bonnes réflexions, peu
de traits appliquas et de la confusion.
14. — M. Emile Poiteau intitule Vers la lumière, m roman ré-
gional sur l'Artois, plein de la saveur du pays dont tout est peint,
paysages, choses et gens, jusqu'aux mœurs politiques, avec une
fidélité frappante et beaucoup de cœur.
15. — Du même auteur, la Meilleure Part, récit d'abnégation
d'un jeune médecin, qui renonce à un mariage riche pour épouser
selon SOS goûts et mener en paix la vie des champs. De nobles
sentiments de famille mêles à cette histoire la rendent tout à fait
agréable.
16. — Une fille Sur le déclin refuse le mariage que lui offrent
les circonstances: refus d'une cons'^quence d'autant plus grande
que d'autres ouvertures du même genre avaient été précédemment
repoussies et que celles-ci s'annoncent comme les dernières. Cepen-
dant, le renancemont a lieu sans amertume conformément à des
pensées qui sont la règle de toute une vie. L'ouvrage de M. Louis
Planté contient des pages d'observations piquantes, exprimées dans
un style des plus vifs.
17. — Une série de jolies nouvelles, dent les événements se
passent m Champa£ne, en Solorne et en Touraine, compose le vo-
lume : Les Feuilles sur la route, de M, Maurice de la Fuye, auquel
M. Paul Ackcr a mis me Préface, L'auteur, qui vit à la campa-
gne, en rend avec charme l'impression .
18. — Avec M. Paul Lacour, nous sommes en Picardie. Les
nouvelles qu'il a réunies sous le titre d'Amours rurales ont presque
toutes leur place dans ce pays. Elles ont de l'agrément et de la
variété. On aimerait plus de constante simplicité dans le style, et
l'imitation orthographique de l'accent paysan : moue, toué, fatigue
vn peu.
19. — Autre romrn régie nal, dent le Rouergue est la scène.
Jean Guilhert nous y donne l'exemple de la fixité provinciale, dans
une série d'événements où l'intérêt terrien se mêle au sentiment.
L'auteur, M. Gaston Mercier, en tire partout de beaux efTets. Peut-
être son régionalisme est-il un peu étroit et parfois chimérique.
L'amour de la province n'est qu'un des éléments de notre vie;
il en est d'autres à qui il est juste qu'elle cède dans l'occurrence.
L'homme n'est plante que par métaphore, ses racines sont morales
et cela fait une grande différence.
RoMi>'3 DE FEMMES. — 20. — Le Bonheur accessible, c'est l'ef-
fort, selon M"^" Yvonne Darand. L'objet de l'effort nous est refusé.
- 293 —
L'auteur oppose cela à la m'^lancolie que causent les déceptions
de la vie et qui conduisent un de ses héros à un isolement fai-
n'ant. Mais il se convertit et se remet au travail. J'oserai ne pas
l'en féliciter, si ce travail ne doit le mener à rien. A rien, pas même
à la vertu : c'est la philosophie de l'auteur; ou plutôt la vertu
même consiste à s'y livrer sans but et sans espoir. Cette chanson
kantienne plaisait il y a vingt ans. Elle est aujourd'hui bien démo-
dée. Gela ne touche pas le corps du roman même, où il y a des
passages de grand talent.
21. — De courts chapitres ranges en courts alinéas célébrant la
passion de l'amour dans une gamme lyrique et impérieuse, tel est
ce livre : L'Amour nomade, par M"^<^ Myriam Deroxe. La littérature
en est molle, la morale est celle de 1830. Claudia, Ihéroïne, est
ft guidée par la force impérieuse de la vie ». Et puis nous sommes
priés de croire que la soulîrance d'aimer rend Claudia pardonnable.
Non pas de se peindre assurément. Une bonne fois, les femmes
auteurs ne pourraient-elles prendre leur parti d'épargner ces para-
des et ces halètements?
22. — Ames de femmes fait le titre commun d'une suite d'agréa-
bles nouvelles où M"^*^ Berthem de Rigny place différentes aventures
dans le cadre ordinaire de la mer. De nobles sentiments et des
traits gén'reux relèvent partout ces récits qui font le plus grand
honneur à leur auteur.
23. — Thérèse Dalbran est le mm d'une jeune fille de lycée
pour qui s'ouvrent d'abord toutes les séductions de la vie, y com-
pris celles de l'ordre intellectuel, et que les circonstances obligent
à s'enfermer, sans relation ni voyages, à Versailles. Le récit finit
par un mariage. M^i^ Louise Fisquet l'a semé de peintures et de
réflexions, dont plusieurs appelleraient des réserves. La vie de l'in-
telligence, telle que l'entretiennent les livres, y est par endroit l'objet
d'une espèce de superstition. De la finesse d'observation et de la
grâce dans les détails font trouver la lecture agréable.
24. — La Cité des lampes fait un beau titre. Le roman qu'il
présente y répond parfaitement. C'est l'histoire d'une vocation re-
ligieuse essayée par une jeune fille, tout entière déroulée dans le
couvent. Une grande douceur de dévotion, une paix pén'trante
régnent dans ces pages, où M^^*' Claude Silve a mis toute la force,
toute la fraîcheur d'un sentiment profond. Osera-t-on lui reprocher
un style quelquefois maniéré? Ce maniérisme ne vient d'aucune
pédanterie littéraire, mais de la force de l'émotion même, qui ne
peut se résoudre à laisser son expression inachevée. Cependant,
l'inachevé est la loi même d'écrire : le tableau ne s'achève jamais
que dans l'esprit du lecteur; le devoir de l'écrivain est de lui
— 'JJ9 —
marquer le chemin. Un certain point d'indicati(m suffit; passé ce
point, lexprcssion se tend et se rapetisse. Tout exprimer! non pas;
tout faire sentir. Claude Silve nous fait sentir beaucoup et les plus
belles et les plus nobles choses.
25. — Le Moulin sur la Soufroide brûle à la fin du livre. C'est
le châtiment de la meunière, qui n'a recherché que la réussite, non
de ses intérêts propres, il est vrai, mais de sa maternité. Sans
amour pour son mari, sans tendresse pour ses filles, elle n'a voulu
édifier que la fortune de son fils. Une des filles, privée d'un ma-
riage qu'elle désire, devient folle, et le fils lui-même est tué à la
guerre. Cette mort et la perte des biens réduisent Monique à l'im-
mobihté de l'orgueil trompé, non abattu. Au dénouement, la seule
fille qui reste prend époux dans une famille rivale, haïe de Moni-
que, et ce peu de bonheur qui fleurit sur ses ruines achève sa con-
damnation. L'ouvrage est fortement conçu, avec de beaux détails
et une moralité à laquelle on ne peut cependant épargner ce re-
proche. L'auteur, M'"s Marguerite Regnaud, n'épargne pas assez la fa-
mille en tant qu'établissement, dans cette espèce de réquisitoire.
Les rivalités paysannes, qu'elle avoue n'être pas d'argent, mais
d'honneur, sont un élément de moralité publique et de force qu'on
doit aimer. Le partage des héritages, que Monique déteste, est en
effet détestable. De plus, l'auteur se trompe en assurant que les
mœurs de notre siècle comblent les différences de classe. La vérité
est que les hautes classes déchoient, mais cette déchéance n'est
pas du tout une unification. La vanité de paraître est plus grande
que jamais et les raffinements du luxe servis par l'industrie sont sans
limite. Il y a dix fois plus de distance aujourd'hui dans la vie ma-
térielle entre le riche et le pauvre que sous Louis XIV, et quant
aux sentiments, dix fois plus de vanité chez l'un, dix fois plus de
<jui vive chez l'autre.
Romans étrangers. — 26. — Être fils de noblesse anglaise et
se faire catholique, puis, par zèle religieux, se faire ouvrier et
s'appliquer à corriger les vices du peuple, rendre une fille séduite
à sa mère et mourir des coups par lesquels l'homme qu'elle a dé-
laissé se venge, c'est la Vocation de Frank Guiseley, contée par
M. Robert Hugh Benson. Je trouve deux défauts à ce roman :
d'abord l'abondance du détail, selon l'ancienne formule de Dickens,
mais sans l'étonnante vivacité qui fait changer en or tout ce que
touche ce dernier, en sorte que l'encombrement seul reste; puis,
la sécheresse ingrate du personnage dévoué. On a beau faire, ce
dévouement n'a pas le caractère cathohque. Agir comme fait Frank
est d'un saint; cependant rien dans la peinture ne rappelle ce que
nous avons coutume de lire dans la vie des saints : la bonne grâce,
— 300 —
la simplicité, les effusions tendres, surtout le caractère régulier et
public (en quelque manière) de la mission. Celle-ci est originale,
fantastique; elle aboutit à un guet-apens absurde. Bref, cela sent
le piétisme huguenot ou le stoïcisme humanitaire, plus que la divine
charité. Et si (comme il parait) l'auteur est catholique, je ne me
cîiarge pas d'expliquer ce mystère.
27. — Le Canada sert de cadre au roman de Mélissa, de M. Ja-
mes Olivier C\u\vood, et le remplit de son prestige. L'intrigue
amoureuse est accompagne d'i'pisodes plus tumultueux, où
le héros se montre triomphant d'agresseurs que le caractère demi-
sauvage des lieux favorise. La traduction est très bcnn^.
28. — Dorrington, détective marron, est lû nouveau roman de
police avec les épisodes ordinaires à ce genre. M. Arthur Morrison
y imite avec assez de succès C' n n Doyle. L'originalité du livre
est que Dorrington est un trompeur, qui se sert des moyens de
police pour faire des dupes et procurer ses intérêts. On sait que ce
type n'est pas particulier au Nouveau Monde, malheureusement.
29. — J'ai peur que M. Ladislas Revinont et M. Gazin, son
traducteur, ne se fassent beaucoup d'illusions sur l'efficacité d'un
li\Te comme l'Apostolat du knout, où l'on voit les paysans uniates
du pays de Chelm, en Pologne, fouettés à mort parce qu'ils refusent
l'orthodoxie russe. «Il y a là, dit M. Paul Ca?in, un nouvel atten-
tat contre la nation polonaise. » Eh oui ! mais est-ce que la nation
polonaise n'est pas entre les mains du Tsar? Est-ce qu'elle n'y est
pas par droit de conquête, aggravé de aelui que crée l'insurrection
vaincue? Ainsi, ce qu'il plaira au Tsar de faire des Polonais ne
saurait recevoir de Hmites d'une considération de la nation polo-
naise. Cette nation n'a plus qu'un titre juridique, que seule l'in-
ter^^ention des puissances pourrait convertir en revendication. Mais,
comme ce qu'on menace dans le Chelm est la liberté religieuse,
ou, pour mieux dire, l'union catholique, les puissances cathohques
seules pourraient intervenir avec autorité. Il y faudrait le Pape
avec la France. Mais le Pape dépouillé et la France livrée aux
sectes sont incapables de cette intervention. Restent les négocia-
tions toujours possibles, auxquelles je conçois que ce livre ait pour
but d'associer l'opinion; mais ce sera dans me mesure bien faible.
Les Français ont subi des contrecoups trop rudes du triomphe des
nationaUtés pour qu'on espère désormais les intéresser au droit
des peuples. La suggestion humanitaire accaparée dans toute l'Eu-
rope et en France par les partisans de Dreyfus (notamment à pro-j
pos de la Finlande), ne se trouvera pas moins hors de service.
Reste l'appel à l'opinion catholique. Mais pour la toucher il fau-
drait entrer franchement dans le ton du martyrologe, comme au-
— 301 —
trefois Veuillot et l'Univers dans l'alîaire des religieuses de j^Minsk.
Tel n'est pas le ton du livre, qui voudrait toucher tout le monde
et, dans ce but, fait fond surtout sur la pitié et sur le droit. J'ai
dit pourquoi cela serait sans écho. L. Pimier.
0U\ RAGES RÉCENTS SUR LA MUSIQUE
ET LES MUSICIENS
1, Guide pratique et populaire pour la bonne exécution du chant grégorien, diaprés les
principes des bénédictins de Solesines, par A. F. Rome et Tournai, Desclée, 1911,
in-8 de xxxi-l'.Q p., 2 fr. — 2. Cours pratique de psalmodie vaticane d'après les don-
nées du Cantorinus romain, pa.z-Va]^hé 3.- A. PitiiARB. Rome et Tournai, Desclée,
1912, in-12 de 67 p. — 3. Publikationen der internationalen Musikgesellschaft
Quaestiones in Musica, von. Rudolf Steglich. Leipzig, Breitkopf und Hàrtel.
19 11, in-8 de 190 p., fi fr. 25. — 4. Vom Musik-Traktatc Gregors des Crûssent Fine
Untersuchung iiber Gregors Autorschaft und liber den Inhalt der Schrift von P. CoE-
LESTiN VivELL. Lwp/Jg, Breitkopf uad Hârtel, 1911, in-16 de x-15i p., 5 fr. —
5. Les Genres musicaux. La Musique d'église, ^priKarl 'WEi^MANNiira.d. de l'alle-
mand par Paul Laxdormy. Paris, Delaplane, 1912, in-16 de x-221 p., 1 fr. 60. — 6,
The Gregorian Work of Solesmes, by Abel L. Gabert; reprint from The Catholic
educational Revie.v, mars 1912, in-8 de 28 p. — 7. Das Katholische deutsche Kirchen-
lied in seinen Singneisen, von Dr. Wilhelm Batmker und Joseph Gotzen. Frei-
burgim Breisgau, Herder, 1911, gr. in-8 de xvi-833 p., 11 fr. 25. — 8. Piae Can-
tiones or Collection of Church and School .S'orig, puîalished in A. D. 1582 by Theo-
DORic Petki OF NvLAND, revised and re-edited l>y the Rev. G, R, Woodward.
London,4'i, Russell S(iuaie, W. C. 1910, gr. in-8 de xxxiv-277 p., illustré. — 9.
Les Musiciens célèbres. Beethoven, par Vince:?t d'Indy. Paris, Laurens, s. d.,
petit in-8 de 149 p., ave/ 12 pl.y 2 fr. 50. — 10. Les Musiciens célèbres. Verdi, ^KV
Camille Bellaigue. Paris, Laurens, s. d., petit in-8 de 125 p., illustré de 12 pi
2 fr. 50. — 11, Les Musiciens célèbres. Auber, par Charles Malherbe. Paiis,
Laurens, s. d., petit in-8 de 12? p., illustré de 12 pi., 2 fr. 50. — 12. Les Musiciens
célèbres. Glinka, par M.-D. Calvocoressi. Paris, Lauiens, s, d., petit in-B de
128 p., illustré de 12 pi., 2 fr. 50. — 13. Les Musiciens célèbres. Bizet, par Henry
Gauthier-Villars. Paris, Lauiens, s. d., petit in-8 de 128 p., illustré de 12 pi.,
2 fr. 50. — 1 . Les Maîtres de la musique. Jean-Jacques Rousseau, par Julien
TiERSOT. Paris, Alcan, 1912, petit in-8 de 281 p., avec poitiait, 3 fr. 50. — 15,
Emmanuel Chabrier, par Georges Servières. Paris, Alcan, 1912, in-16 de 160 p.,
2 fr. 50. — 16. Musiciens et poètes, par Jean Chantavoine. Paris, Alcan, 1912,
in-16 de 219 p., 3 fr. 50. — 17. Musique et Musiciens de la vieille France, par
Michel Brenet. Paiis, Alcan, 1911, in-16 de 251 p., 3 fr. 50. — 18. Pages roman-
tiques, par Fr. Liszt, publiées avec une Intioduction et des notes par Jean Ciian-
tavoine. Paiis, Alcan; Leipzig, Breitkopf et Hartel, 1912, in-16 de xii-290 p.,
3 fr. 50. — 19. Georges Bizet et son couvre, par Charles PiGor. Paris, Delagrave,
s. d;,in-18 de vii-307 p., avec 17 pi., 3 fr. 50. — 20. Goj<«oc/, par J. -G. ProD'noMME
et A. Dandelot. Paris, Delagrave, s. d., 2 vol. in-18 de xii-263 et 284 p., avec
40 pi., 7 fr. — 21. W.-A. Mozart, sa vie musicale et son œuvre, de Venfance à la
pleine maturité, par T. de Wyzewa et G. de Sainte-Foix. Paris, Perrin, 1912,
2 vol. gr. in-8 de xii-523 et 455 p. ,avec S portraits et 4 fac-similés, 25 fr. ^22. Denk-
màler der Tonkunst in Ôsterreich. XIX^ année. T. 38 : Trienter Codices III. Fiinf
Messen des XV. Jahrhunderts. T. 39 : Wiener Instrumentalmusik im XVIII.
Jahrhundert. U, sous la diiection de Guido Adler, Vienne, Artaria; Leipzig,
Breitkopf und Hartel, 1912, gr. in-4 de xxxviii-189 p. et xxxix-122p., 37 fr. 50
et 15 fr. — 23. Impressions grégoriennes. Chant et liturgie, par Dom Jules Simon.
Rome et Tournai, Desclée, 1912, in-8 de 22 p., 0 fr. 75. — 24. La Prononciation
normale du latin, par M. J. V. Rome, M. J, V., 42, Via Santa Chiara, 1912, ia-8
— 302 ^
de lîO p., 0 fr, 50. — 25. Introduction à la vie musicale, par P. Lacome. Pans,
Delagrave, s. d., in-18 de 216 p., 3 fr. 50. — 26. La Condamnation de « Mignon »,
essai de critique musicale, par Albert Nortal. Paris, Falque, 1912, iii-12 de iii-
230 p., 3 fr. 50.
1. — Le Guide pratique et popuhiire pour la bonne exécution du
chant grégorien, d'après les principes des bénédictins de Solesmes,
est une nouvelle édition revue et augmentée. Il suffît donc de
rappeler ici que ce petit ouvrage est très bon, et qu'il est bien
conforme, dans son ensemble, à l'enseignement des bénédictins.
Il a été complété par quelques pages sur l'usage des signes rythmi-
ques.
2. — Le Cours pratique de psalmodie vaticane d'après les données
du Cantorinus romain, de M. l'abbé Piérard, n'est pas et « ne peut
absolument pas suppléer » vn traité de psalmodie; ce n'est qu'une
a Introduction pédagogique » au Psautier vespéral que l'auteur doit
publier incessamment. I.e système s<'miogTaphique adopté dans
cette édition, S 46 * 4 x 2, au premier abord « fort compliqué,
même trop compliqué », devient vite, avec un peu d'habitude, d'une
facilité surprenante pour les « psalmistes en herbe », à qui il s'a-
dresse surtout. C'est pour en réclamer la paternité, l'expliquer et
en montrer le fonctionnement universel, que M. le curé de Som-
merain, passé maître en vulgarisation grégorienne, a composé ce
petit Cours pratique, où il ne craint pas d'entrer dans les plus mi-
nimes détails; s'il aborde des côtés plus scientifiques, par exemple
la constitution intrinsèque des formules psalmodiques, ce n'est qu'en
passant. On a blâmé l'auteur de favoriser la liberté des médiantes
monosyllabiques et hébraïques; on a eu tort, car la Congrégation
des Piites vient de proclamer cette liberté dans le dernier fascicule
des Acta Apostolicae Scdis.
3. — M. R. Steglich, dans ce fascicule des pubhcations de la
Société internationale de musique, met au jour un traité anonyme
de musical choral intitulé : Quaestiones in Musica, qu'il attribue à
Rudolf de Saint-Trond (1070-1138). Le premier chapitre de l'édi-
teur nous apprend que deux manuscrits contiennent cet ouvrage :
l'un de Darmstadt du xii^ siècle, l'autre de la Bibliothèque royale
de Bruxelles du xv^ siècle n'est probablement qu'une copie du
premier. Tous les deux proviennent d'abbayes de Liège, lia se-
conde partie, plus étendue, donne tout le traité sur deux colonnes
en reproduisant, à côté du texte anonyme, les sources auxquelles le
compilateur a puisé : Guido, Aribon, Hucbald, Odon, etc. Au
cours de ces pages, on rencontre de nombreuses citations de pièces
musicales liturgiques dont le début est noté en neumes; l'éditeur
ne les a pas toujours identifiées heureusement. \'if nt ensuite une
étude très soignée des questi<. ns musicales, théoriques et pratiques,
— 300 —
exposées dans le traité. M. Steglich fait ressortir l'importance
de cette publication on attribuant à lam nyme ce qui lui revient
personnellement; ainsi les quatre derniers chapitres de la dernière
partie. En somme, excellent travail de l'éditeur; il n'y a qu'à le
féliciter et à le remercier,
4. — Il suffit d'avoir lu attentivement les Scripiores... de Musica
sacra de Gerbert pour savoir que mention est faite assez souvent
par les auteurs du moyen âge, sous des formes plus ou moins
claires, de pensées, de théories attribuées à saint Grégoire. Si ce
grand Pape a restauré, comme on le sait, le chant ecclésiastique,
on peut, sans témérité, le juger capable d'être l'auteur d'un traité
sur ce sujet. Ce traité, l'a-t-il fait? M. D. G. Vivell en est persuadé
et, dans son étude : Vom Musik-Traktate Gregors des Grossen, il
relève et réunit les preuves de toutes sortes, solides ou... douteu-
ses, en faveur de cette opinion. L'auteur, passé maître en fait de
citations, accumule les textes, bons ou mauvais, par malheur sans
trop de discernement, et fait ainsi tort à sa thèse. Que n'écarte-t-il
des preuves manifestement faibles? Que ne s'arrête-t-il à temps?
Ses inductions ingénieuses le conduisent presque jusqu'à la resti-
tution du traité hypothétique perdu : plan, préface, exécution des
récitatifs, des mélodies, notation, système tonal, etc. G'est excéder
quelque peu ! N'importe, toutes ces recherches curieuses doivent
être louées et encouragées. Des objections se sont élevées en Alle-
magne contre la valeur démonstrative des témoignages apportés
par M. D. G. Vivell. Celui-ci y a répondu, pied à pied, par une discus-
sion serrée. (Cf. Greg. Rundschau, fév. 1912.) A quinze objections,
il oppose quinze réponses dont plusieurs sont victorieuses et toutes
instructives. Attendons en paix la découverte du traité, si traité
il y a.
.5. — Les Genres musicaux, tel est le titre d'une nouvelle collec-
tion publiée sous la direction de M. Paul Landormy. Elle résume
les travaux des musicologues contemporains et met à la portée de
tous les derniers résultats de la science. La Musique d'église en est
le premier volume. 11 est dû au Dr. Karl \^'einmann, de Ratisbonne,
qui a voulu, dans un exposé rapide, mettre en relief les grandes
lignes du développement de l'art musical à réghse. L'auteur divise
son sujet en trois parties : Musique homophonique : Chant grégo-
rien, chant d'église allemand; Musique polyphonique : Organum,
déchant, écoles néerlandaise, romaine, napolitaine, vénitienne, alle-
mande, restauration au xix^ siècle; enfin Musique instrumentale :
instruments autres que l'orgue : l'orgue et ses maîtres. Ce plan est
rempli avec clarté et méthode; il y a certainement des lacunes ou
même des inexactitudes, mais le traducteur, M. Paul Landormy,
— 3o; ~
y remé<iie par des notes judicieuses; d'ailleurs, « il paraîtra bien-
tôt, dans cette même collection des Genres musicaux, deux volumes
qui serviront sur quelques points de contre-partie ou de complé-
ment à la présente publication. Ce sont : Le Chant grégorien et
r Oratorio.
6. — A ceux qui voudraient avoir une idée gén'rale de l'œuvre
de restauration grégorienne accomplie depuis cinquante ans, et qui
nont pas le loisir de lire l'étude historique tentée par M. l'abbé
Norbert Rousseau, dan^ son Ecole grégorienne de Solesmes, nous
recommandons le petit opuscule que le Rev. Abel Gabert, professeur
à rL'ni\'ersité de ^^ ashini^ton, vient de faire paraître, sous le titre :
The Gregorian \]'ork oj Solesmes. C'est un excellent résumé histo-
rique, qui complète même sur certains points l'ouvrage de M. Rous-
seau, notamment en ce qui concerne l'édition vaticane, et donne
assez exactement l'état actuel de la question.
7. — Les éloges enthousiastes et unanimes qui ont salué, dans
toutes les Revues, l'apparition du quatrième et dernier volume
sur Das KathoUsche deutsche Kirchenlied in seinen Singweisen, du
Dr. Bâumker, indiquent assez l'importance et la valeur de cet ouvrage.
Il était d'ailleurs impatiemment attendu; sa publication vient met-
tre enfin, après vingt annies de silence, un couronnement à l'œu^Te
magistrale qui remplit toute la vie de M. Bâumker. Cest désor-
mais toute l'histoire du cantique religieux allemand, depuis ses ori-
gines, bien avant la Réforme, jusqu'à nos jours, qui se développe
devant nous, avec un luxe de détails et de renseignements précis,
qui font honneur à l'érudition germanique. Ce IV^ volume est con-
sacré à l'étude du Kirchenlied au xix^ siècle; nous y assistons
véritablement à une renaissance, à la restauration d'un art assez
maltraité par le siècle précédent. Le Dr. Bâumker n'a pas eu la
joie de le livrer lui-même au public, ayant été surpris par la mort
au moment où il allait publier enfin le résultat de ses laborieuses
et patientes recherches; mais c'est son manuscrit, retouché et com-
plété, que nous présente aujourd'hui M. Joseph Gotzen, et nous y
retrouvons en effet les qualités qu'on admirait dans les volumes
précédents. Au reste, la division et l'ordonnance est la même.
Après un rapide aperçu sur l'histoire du Kirchenlied au xix^ siècle
et une bibhographie qui ne compte pas moins de 280 pages, avec
préfaces des livres de chants les plus importants, comptes rendus
et « actes diocésains « d'un intérêt considérable pour l'histoire de
la musique religieuse en Allemagne, l'auteur publie 451 licder pour
les diverses saisons liturgiques et les principales fêtes de l'année,
cantiques en l'honneur de la Très Sainte Vierge, des anges et des
saints, cantiques pour les divers exercices de la vie paroissiale :
- 305 -^
processions, catéchismes, mois de Marie, réunions de tout genre, etc.
Et l'un des intérêts — et non des moindres — de cette publica-
tion, c'est ainsi de suivre, à travers la musique religieuse, le déve-
loppement de la vie religieuse en Allemagne, au cours du siècle
dernier. Le chant populaire, tout comme la musique savante, plus
même que la musique savante, est expressif de la vie d'un peuple;
naturellement, et sans même y prendre garde, 1 homme trahit par
sa parole les pensé-es et les aspirations les plus profondes de son
être; et lorsqu'il est heureux, lorsqu'il ain.e ou qu'une passion
quf'lconque l'agite, le langage ne lui suffit plus, il chante. Ainsi,
qu'il l'ait voulu ou non, M. Bâumker a fait plus qu'oeuvre d
musicien; c'est tout un chapitre de lliistoire religieuse de l'Alle-
magne qu'il a écrit. Ce côté de la question, peut-être assez inat-
tendu, est pourtant réel, et il méritait d'être signalé. Quant à la
valeur critique de l'ouvrage, on ne peut guère faire ici que répéter
les éloges sans réserves adressés à l'auteur par toutes les Revues.
Toutes constatent avec le même enthousiasme la sincérité et l'ob-
jectivité absolue de ce travail. Malgré l'immense quantité de ma-
nuscrits et de documents de toute espèce qii'a dû compulser
M. Bàumkcr, il les a étudiés tous de façon approfondie, avec une pa-
tience inlassable, et a consigné dans son ouvrage, avec une exacti-
tude presque minutieuse, les résultats de ses recherches. Outre les
renseignements précis qu'il donne dans la bibliographie, il a tenu
à indiquer, à propos de chaque cantique, l'auteur du texte et de
la mélodie ou, du moins, les sources les plus anciennes, avec les
éditions qui ont suivi et les modifications apportées au cours du
temps. On ne saurait rêver travail plus consciencieux et présentant
plus de garanties. Enfin, plusieurs tables et registres alphabéti-
ques permettent au lecteur de trouver immédiatement le renseigne-
ment cherché. Bref, le D^" Baumker a fait faire un pas considérable
à l'histoire du KirchenHed catholique allemand. Son œuvre restera
la base nécessaire des recherches futures et « elle ne pourrait man-
quer dans aucun" bibliothèque de musique ».
8. — Le gracieux in-S qui s'otTre à nous sous le titre de : Piae
Cantiones n'est qu'une nouvelle édition, scrupuleusement revue et
considérablement corrigée par le Rév. G. R. Woodward, de canti-
ques médiévaux recueilhs et arrangés par le luthérien suédois
Th. Pétri, en 1582. Ces « Chansons pieuses », au nombre de 78, sont
précédées et suivies de notes qui révèlent une érudition conscien-
cieuse en même temps qu'un pieux respect pour ces échos de l'âme
de nos pères. A première vue, on se croirait en présence d'une
reproduction en fac-similé de l'unique exemplaire qui semble survivre
de l'œuvre de Pétri; mais il n'en est rien, et l'auteur a pris soin
Octobre 1912. T. (XXV. 20.
— r.OG —
(le nous on avertir cl de nous on donner les raisons (p. ix). La
difficulté et r incertitude relatives à la distribution des paroles sous
le texte musical, lo désir de rendre cette édition pratique et de re-
mettre en honneur ces « Cantiones », enfin et surtout, — le réviseur
est protestant anglican, — une orthodoxie délicate qui s'effarouchait
des balourdises substituées par Pétri « au beau travail des clercs
et des moines, dans le but de purger ces cantiques de taute saveur
niariale », tellf^s sont les causes qui ont déterminé un remaniement
complet. On ne peut qu'applaudir, certes, au dernier argument en
faveur d'une retouche; car, comme le remarque très- justement le
Rév. auteur, « s'il est séant d'appeler Notre-Dame une autre Judith
et \me autre Esther, il l'est moins d'appliquer ces noms-là à Notre-
Seigneur, non plus que de lui donner le titre de « Porta clausa nec
pervia « ( ! ) Mais n'eût-il pas été préférable de rééditer purement et
simplement le recueil du huguenot dans toute sa hideur musicale
et textuelle? L'archéologue, au moins, y eût trouvé son compte et,,
en partie, le masicien. Quant à remettre en honneur, au temple
ou à l'école, ces cantiques tels qu'ils sont écrits, ce serait, musi-
calement parlant, non seulement faire une concession au mauvais
goût, mais amvre de rétrograde, à l'heure où tous les efforts con-
courent à la restauration des mélodies antiques dans leur intégrité
première. Puisqu'on désirait corriger Pétri, il fallait aller jusqu'au
b<'>ut. Pour rendre pratique ce livre, il eût fallu le transcrire en
notation moderne, ou, mieux encore, en notation carrée du xin^ siè-
cle, comme à la page 217, puis changer le rythme insupportable
de certaines cantilènes; comparez, par exemple, les mélodies Puer
natiis in Bethléem et Magnum nomen Dni Emmanuel, si fraîches en
chant grégorien, aux cantiques do Pétri, au rythme uniformé-
ment ternaire, avec l'accent qui tombe invariablement au temps
lourd... Ce recueil remanié des Piae Cantiones fait l'effet d'un mo-
nument « Renaissance » cjue l'on a gratté et troué pour remplacer
certains motifs déplaisants ou démodés par des sculptures « modem
style » et « romano-byzentines ».
9. — Après les nomlweux travaux consacrés à Beethoven, il sem-
blait que rien ou peu de choses restaient à mettre en lumière;
cependant M. Vincent d'indy, grâce à des documents nouveaux
et à une étude plus attentive des anciens, a su en donner une
physionomie plus vraie, plus conforme à la vérité historique. La
vie et l'œuvre sont divisées en trois périodes : 1*"^ période (d'imi-
tation) jusqu'à J801; — 2^ période (de transition), de 1801 à 1815,
et ici, M. Vincent d'indy recherche la genèse des œuvres et les
causes qui les ont inspirées. Jusqu'ici « il n'a écrit que de la mu-
sique, maintenant il écrit de la vie... il a senti, aimé, soulîeït ».
— 307 -
Trois amours cnt rempli colle seconde pf'riodo de sa vie : la femme,
la nature, la pairie. « Beethoven, être éminemment pur et profon-
d('ment clirétien », ne concevait l'amour que dans le mariage; sur
ce point, il n'a eu que des déceptions répétées. Sa vie ne nous offre
aucune liaison romanesque, aucune aventure échevelée, aucun crime
passionnel... Voilà le vrai Beethoven. La 3® période (de réflexion)
court de 1815 à 1829. Réflexion, comment cela? C'est bien cela^
et M. V. d'Indy nous montre Beethoven arrivé à 45 ans, « isolé
on tout, sans épouse, sens position, sans ressources, privé même
d'entendre sa propre musique; il est, pour ainsi dire, comme un
mort vivant ». Nul désespoir, il regarde en lui-même, dans cette
âme qu'il s'est toujours ellorcé de diriger vers Dieu... il crée en
pleine joie ou en pleine douleur, dans le but unique de rendre
meilleure cette âme en laquelle il vit seul... Cette contemplation
intérieure a produit la Messe et la IX^ symphonie! Sa mort n'est
point celle qu'on nous a racontée : on nous avait fait un Beethoven
railleur, sceptique, s'écriant, après avoir reçu les derniers sacrements :
Plaudite, ainici, fimfa est comœdia. Or, il est prouvé que cette saillie
a été décochée aux doctes messieurs de la Faculté, après une lon-
gue consultation, lorsqu'il les vit tourner les talons... « Ladite trans-
position constitue un faux historique. » L'analyse des derniers qua-
tuors est telle qu'on pouvait l'attendre de l'auteur du guide de
Composition musicale.
10. — C'est un ami qui trace le portrait de Verdi] c'est aussi
un juge impartial qui sait faire la part du beau, du médiocre, du
mauvais, dans l'œuvre de ce grand musicien. Courageux partisan
et défenseur de la belle mélodie, M. C. Bellaigue s'est appliqué à
nous révéler l'âme italienne de l'auteur de Rigoletto et à'Otello, qui,
fidèle à son idéal, sut cependant le renouveler, le transformer.
Verdi écoutait, par-dessus les Alpes, les échos de France et d'Alle-
magne; il s'en servit, mais ne voulut jamais ni les répéter, ni les
imiter. Ce fut là son propre génie. Dans sa jeunesse, il produisit
beaucoup, mais ses œuvres, où la force surtout se faisait sentir,
ne promettaient pas le maître. Il se montre avec Rigoletto (1851)^
Il Trovatore (1853) et la Traviata (1853). M. C. Bellaigue s'y at-
tarde; se mettant au-dessus des débats modernes, il plaide vaillam-
ment en faveur de cette musique « instinctive, spontanée, naturelle,
mais inégale ». S'il en reconnaît « les points culminants », il sait
en dévoiler « les abîmes », « les trous »; il essaie de les expliquer,
il voudrait bien les excuser, cela n'est pas pour déplaire. Par con-
tre, c'est avec une satisfaction sensible qu'il analyse les deux chefs-
d'œuvre : Otello (1887) et Falstaff (1893); ^>rdi avait 80 ans quand
il écrivit ce dernier opéra. Ici, la louange est entière et s'épanche
— 303 —
avec joie. M. Rollaiguo n'oublie pas sa musique religieuse qui n'est
pas un-^ musique d'église; son jugemmt est exact. En somme, dans
ce beau livre, au travail de l'historien impartial se joint Ihommage
pieux de lami.
11. — Aiiber ! Reconstituer sa physionumie artistique, louer sa
valeur niisicale? Est-ce bien nécessaire? « alors (^ue depuis long-
temps il n'existe plus, — si m''me il a jamais existé — ne manque-
ront pas d'ajouter ironiquement ses ennemis! » M. Charles Malherbe
ne s'est point arrêté à ces considérations et, sous sa plume, le vieil
Auber renaît tout entier. Son existence réglée, calme, honorée, coule
paisible « comme un ruisseau entre les bords de prairies verdoyan-
tes, sans cahot ni heurt, autre que la rencontre d'une branche ou
d'un caillou. Elle est remplie, le matin par le travail, le soir par
la promenade au bois de Boulogne, les visites, les courses, etc.
et le théâtre. Ses œuvres, 48 pièces de théâtre, sont cnuniérées,
tine à une, dans une sorte de répertoire à consulter plutôt qu'à lire,
où l'on trouve les renseignements les plus précis, dignes du regretté
bibliothécaire de l'Opéra. Les pièces religieuses sont cataloguées
pour la première fois. La cause de ses succès est due au. don mé-
lodique que ce vrai musicien avait reçu de la nature, et à deux
inl'luences exercées sur lui, l'une par Rossini dans un sens musical,
l'autre par Scribe dans un sens dramatique. Finalement, M. C.
Malherbe ne place point son héros parmi les dieux, lui-même au-
rait protesté : il était trop modeste pour ambitionner pareil honneur.
Que restera-t-il de lui? Rien peut-être... un nom, un simple nom!
12. — Avec le Glinka de M. Calvocoressi, nous passons en Russie.
Une éclosion brusque, un développement précoce et intensif, telle
est, en résumé, l'histoire de la musique russe au xix^ siècle. Glinka
est le musicien qui donne le branle à ce mouvement par deux opé-
ras : La Vie pour le Tsar (1830), cet essai est un coup de maître,
puis Rousslân et Liudmila (18'i2), dont la partition est incompara-
plement plus belle que celle de la Vie pour le Tsar. Ces deux
œuvres ont créé l'opéra national russe. M. Calvocoressi les étudie
avec soin et détails, à cause de l'influence qu'elles ont exercée sur
les musiciens russes; c'est le centre de ce petit volume. Un court
chapitre sur l'histoire de la musique russe avant Glinka nous fait
mieux apprécier le bond prodigieux vers le progrès dû à ce maître;
de même, un résumé rapide des auteurs contemporains ou posté-
rieurs à Glinka, plusieurs ses élèves et imitateurs, nous montre
en lui un initiateur, un chef d'école. Glinka, en outre, a abordé
tous les geru'es : lieder, musique d'orchestre, musique de chambre,
etc; mais, en tout cela, il est in-'gal. Selon l'usage de la collec-
tion des « Musiciens célèbres )), un catalogue complet de l'œuvre de
Glinka et une bibliographie terminent ce charmant volume.
— 309 —
13. — C'est rimpartialité sévère de l'historien, de l'historien seul^
qui domine dans le Bizet de M. Henry Gauthier- Villars. On n'y
trouvera rien qui sente l'apologie ou l'oraison funèbre; les pages
d'admiration elles-mêmes — et elles ne manquent pas, — sont
tempérées par une modération calculée qui ne conduit pas le lec-
teur à l'enthousiasme. Si le portrait est vrai, il n'a pas été retou-
ché. En lisant ces pages, je pensais à celles, si différentes de ton,
si vibrantes, écrites en 1889 par M. C. Bellaigue d&ns la Revue des
Deux Mondes sur l'auteur des Pêcheurs de perles, de V Arlésienne et
de Carmen... 11 est bon de les relire, je crois, pour adoucir quelque
peu la rigueur des jugements de M. Gauthier- Villars. De leur côté,
ceux qui n"( nt lu que M. C. Bellaigue ou encore le « lyrique »
M. Charles Pigot ferc ni bien de se pénétrer du nouveau livre;
peut-être mettront-ils une discrète sourdine à leurs sentiments
d'admiration; leur jugement définitif n'en sera que plus vrai. Quoi
qu'il en soit, ce contraste entre des critiques éminents rend plus
intéressant le remarquable travail de M. Gauthier- Villars.
14. — L'une après l'autre, cette ann'e 1912 célébrera toutes les
(> gloires » de Jean- Jacques Rousseau. Philosophe, littérateur, Rous-
seau fut aussi musicien; et c'est comme tel que M. Julien Tiersot
le présente aujourd'hui au public. L'idée est heureuse; peut-être
la gloire la moins discutable du philosophe genevois est-elle dans
son amour de la musique. Sans être un compositeur de génie ni
un théoricien complet, il a eu assez d'influence pour mériter qu'on
lui reconniit sa place dans l'histoire de la musique. Sans parler de
sa tentative malheureuse de notation chiîîrée, le succès que rem-
porta son Devin du village, sa position résolue dans la fameuse
guerre des deux musiques, enfin et surtout, les idées qu'il a déve-
loppées dans son Dictionnaire et qui annonçaient par avance
l'évolution de l'art moderne, tout cela fait de lui, au point de vue
qui nous occupe, une des personnalités les plus marquées du xviii^
siècle. M. Tiersot nous donne l'histoire abrégée de sa vie musicale^
en marque les différentes étapes, et en dégage bien les traits carac-
téristiques. A signaler surtout le dernier chapitre, où il expose plus
à loisir, avec nombreuses citations, les idées maîtresses de son héros.
On pourrait toutefois reprocher à cet ouvrage de passer trop sous
silence les lacunes, pourtant fort réelles, de Rousseau : son incom-
préhension de l'harmonie pure, de la polyphonie, de la musique
purement instrumentale. Quelle que soit l'importance de la musique
vocale, il faut tout de même reconnaître qu'elle n'est pas tout !
Mais M. Tiersot professe pour la personne de Jean- Jacques un
enthousiasme et un attendrissement que d'aucuns sans doute trou-
veront légèrement exagérés. Est-il vraiment si désirable et « si
— 310 —
beau lie connaître et de répéter les chants qui ont consolé Jean-
Jacques Rousseau « des misères de sa vie? Et l'émotion serait-elle
si vive à retrouver entre deux i'euillets d'un livre une '( fleur posée...-
par les doigts de Jean-Jacques Rousseau »? Non; ses compositions
musicales ne sont point « rehaussées par l'ensemble de son œuvre «;
on ne peut pas dire qu' « elles participent en quelque manière à
sa grandeur )\ ni qu' « elles ont reçu quelque chose du rayonne-
ment qui l'éclairé » ! ! Je serais tenté de dire au contraire qu'elles
rachètent un tant soit peu la misère lamentable de son o^uVre.
L'intérêt du Devin du village et du Dictionnaire de musique
ne vient aucunement de ce qu'ils ont été écrits par l'auteur de la
Nouvelle Hélo'ise, A' Emile et du Contrat social; il vient unique-
ment de leur valeur propre, très réelle. Et l'étude de M. Tiersot
aurait incontestablement beaucoup gagné, s'il avait été plus fidèle
au principe qu'il énonce lui-même à la fin de son livre, et s'en
était tenu « à de pures considérations d'art )>.
15. — h' Emmanuel Chahrier, de M. Georges Servières, est une
étude rondement menée de la vie et des œuvres de ce musicien.
Vif, pétulant, primesautier, nerveux, Chabrier a besoin d'agitation,
de vacarme; tout se traduit chez lui par les gesticulations; vulgaire,
trivial même, il aime non seulement le comique, mais le burlesque,
le fantasque; avec cela il est bon et tendre. Sa musique, c'est lui.
M. G. Servières analyse ses principales œuvres, puis port.e le juge-
ment suivant : « Selon moi, E. Chabrier ne peut prétendre à pren-
dre place, aux yeux de la postérité, parmi les maîtres de l'art
musical. » La science, la modération, la méthode, l'impartialité de
M. G. Servières sont un garant de la justesse de ce jugement.
16. — Le thre assez vague donné par M. Jean Chantavoine à
sa récente pubhcation : Musiciens et poètes, est le seul qui convienne
à la série d'études qu'elle contient. 11 ne faut pas s'attendre à
trouver dans cet ouvrage une thèse sur les rapports mutuels de la
musique et de la poésie, appuyée sur le témoignage ou la vie de
nos gr&nds auteurs, ni même une étude sur l'inflflence qu'ont pu
exercer sur tel musicien les théories littéraires de sr n époque, ou
réciproquement. Si, dans chacun de ces articles isolés, il est question
de musiciens et de poètes, c'est à des titres fort divers. Les rela-
tions de Gœ'the avec le professeur Friedrich Zelter nous montrent
comm«nt le poète allemand transposait, dans sa conception de la
musique, ses principes intellectuahstes et métaphysiques, jugeant
« la musique n' n pts pour elle-même, mais en fonction d'une
théorie physique, poétique, artistique, voire sociale, soit pour la
corroborer, soit pour la combattre ». Puis, avec Cari Loewe, nous
assiste ns à l'épfnouissement et à l'apogée d'un genre encore assez
- 31i -
nouveau en littérature comme en musique : la ballade, où Loewe
excelle au point qu' « il se définit par elle comme elle se définit
par lui ». — Suit un3 rapide étude sur le Don Sanclie de Liszt,
avec quelques pages consacrées aux rapports de l'auteur avec Heine;
mais là encore, il s'agit beaucoup moins de l'inspiration que le
musicien puisa dans les œuvres de Heine, que des critiques mal-
veillantes et peut-être pas assez désintéressées du poète contre son
« vieil ami ». Enfin, après quelques détails sur la jeunesse de Schu-
niann, partagée entre la poésie et la musique, M. Chantavoine
montre comment scn œuvre musicale est. un écho de sa vie et
trahit le poète, l'amoureux et le malade qu il resta toujours. —
Si l'on ajoute quelques remarques sur 1' « italianisme » de Chopin
et des détails in'^dits en faveur du neveu de Beethov-en, on aura
une idée générale des sujets traités dans cet ouvrage.
17. — Les études contenues dtns Musique et Musiciens de la
vieille France ne sont pas inédites; M. Michel Brenet nous avertit
qu'elles ont paru dans diverses revues de France ou d'Italie, de
1893 à 1908; mais, en les réimprimant, il les a refondues et s'est
efToroé de les compléter à l'aide des travaux publiés sur les mêmes
sujets depuis l'époque de leur première rédaction. Dans ce volume,
M. Michel Brenet parcourt quatre étapes de notre histoire musi-
cale. H nous montre d'abord le rôle important de la musique dans
les divertissements de la Cour de Bourgogne, sous Phihppe le Hardi.
Les ménestrels affluaient et l'exercice de leur profession leur était
fort rémunérateur, ce qu'il prouve en publiant l'état des comptes.
C'est au siècle suivant qu'apparaît le célèbre Jean Ockeghem,
directeur de la chapelle-musique des rois de France, constructeur
d'un motet à 36 voix ! et compositeur de nombreuses messes aux
titres pour le moins pittoresques : Missa : Cujusvis toni, Missa :
De plus en plus, Missa : Pour quelque peine, Missa : La Belle se
siet, etc. La troisième étude nous fait suivre l'origine et le dévelop-
pement de la musique descriptive à l'époque de la Renaissance.
Les musiciens paysagistes s'appliquaient à rendre le chant des oi-
seaux, le bruit des chasses et des batailles. Jannequin surtout s'est
acquis une certaine célébrité par sa fameuse Bataille de Marignan.
Voici, maintenant, sous Louis XIII, la bonne physionomie de Jac-
ques Mauduit, à qui l'enthousiasme ému du P. Mersenne attribue
le titre de Père de la Musique. Collaborateur musical de Baïf et
admirateur de ses innovations littéraires, il cro^'ait de bonne foi,
lui aussi, composer à l'antique les quatre voix qu'il ajoutait aux
poésies de son ami. Il ne nous en a pas moins laissé des œuvres
exquises et bien françaises. Tous Jes amis de la musique sauront
gré à M. M. Brenet d'avoir mis en lumière cette période trop peu
— 312 -
Connue de notre histoire musicale, leur permettant ainsi de la mieux
apprt'cier.
18. — Les Pages romantiques de Fr. Liszt, remises au jour par
]\L Jean Chantavoine, sont des articles publiés par Liszt entre
1835 et 1840 dans la Revue et Gazette musùale de Schlesinger
à Paris. Le titre : Pages romantiques appartient au nouvel éditeur.
Il le justifie dans son Avant-Propos : ce titre rappelle la date où
elles furent composées; elles sont imprégnées de la philosophie, de
la sociologie, de la littérature de l'époque, ce qui n'est certes pas
à leur éloge. Elles ont été composées aux plus scabreux moments
de la vie morale de Liszt; aussi telles pages n'ont d'autre but que
de justifier de honteux désordres. D'ailleurs, « quelle part de colla-
boration directe ou indirecte la comtesse d'Agoult a t-elle bien pu
avoir dans ces pages? » Il y a dans ces articles un mélange étrange
d'erreurs et de vérités, d'aspirations nobles, artistiques et de pas-
sions vulgaires; il y a des pages vengeresses contre l'odieuse mu-
sique religieuse de l'époque et en même temps l'auteur rend res-
ponsable de cette situation l'Éghse cathohque, dans une diatribe
amère et impie ! Dieu merci, il ne parlera pas toujours ainsi. Ce
qui est plus intéressant, c'est de voir poindre dans ces articles les^
idées maîtresses qui présideront plus tard aux grandes compositions
de Liszt. Quelques notes brèves de l'éditeur expliquent aux lec-
teurs de notre époque les allusions aux personnes et aux choses de
1835.
19. — « Depuis plus de vingt-cinq ans, le Bizet de M. Charles
Pigot est tenu pour un excellent livre d'histoire, exact et ample-
ment documenté... Chose curieuse, ce livre, connu, classé — ce
Bizet en quelque sorte classique — n'existait plus en librairie . Et
plus sa réputation s'affirmait et s'étendait, plus il devenait introu-
vable. Après une longue disparition, cet ouvrage, enrichi encore
par les documents les plus récents, revient devant le public : il
peut vraiment se passer de toute présentation. » — Ainsi parle
M. Adolphe Boschot, qui a eu l'heureuse idée de le réimprimer.
Son succès est assuré.
20. — Après le beau livre de M. C. Bellaigue sur Gounod (Cf.
Polybiblion d'octobre 1910, t. CXIX, p. 309), son maître et son
ami, il semblait qu'il n'y eût plus rien à dire sur l'auteur de Faust.
Or, voici que le nouvel ouvrage: Gounod, deMM. J.-G. Prod'homme
et A. Dandelot, nous montre que le sujet est loin d'être épuisé.
II est vrai que la manière des nouveaux écrivains est bien diffé-
rente de celle de M. Camille Bellaigue. Celui-ci a écrit la vie de
son héros et apprécié ses œuvres avec son cœur d'ami, avec son
âme d'artiste; ceux-là ont fait œuvre de collectionneurs, d'archi-
- 313 —
vistes, soucieux avant tout de l'abondance et de la variété des ren-
seignements. A ce point de vue, ils complètent l'œuvre de M. C.
Bellaigue. Si vous voulez connaître l'âme, le cœur, le g('nie de Gou-
nod, vous faire de ce grand maître un jugement sain et artisti-
que, lisez M. Bellaigue. Avec les nouveaux auteurs, vous apprendrez,
par le menu, l'homme extérieur, grâce aux innombrables documents,
pièces d'archives, lettres, autographes, portraits, documents de tou-
tes sortes, réunis par eux avec un soin, une attention, une minutie
de collectif nneurs. Ils prennent d'ailleurs le soin de nous avertir,
p. XI : « On ne trouvera dans cet ouvrage que des faits, dûment
contrôlés, que les auteurs se sent bornés à tr&nscrire et à coor-
donner, sans commentaires, et surtout me chronologie exacte,
croyons nous, de. ces faits... Ce travail est purement objectif...
Nous nous sommes interdit toute appréciation, toute critique per-
sonnelle, nous bornant à rapporter sur ses œuvres... les opi-
nions souvent contradictoires de leurs premiers auditeurs et juges
non seulement en France, mais encore à l'étranger. » Ces deux ou-
vrages sur Gounod se complètent mutuellement; tous les deux
sont nécessaires à ceux qui veulent étudier ce grand musicien.
Un catalogue complet de l'œuvre de Govnod se trouve à la fin
du deuxième 'volume et quarante planches hois texte en photogra-
vure lui dcnn ni beaucoup d'intérêt.
21.— Le Mozart de MM. T. de Wyzewa et G. de Saint-Foix
est bien différent des portraits de musiciens dont je viens de par-
ler. Il s'agit de deux volumes gr. in-8 d'un texte très serré. L'In-
troduction de M. de Wyzewa nous renseigne sur le but des auteurs.
Ce but est de « reconstituer le développement intérieur du génie
de Mozart », en étudiant l'homme, sa vie et ses œuvres une à une,
en suivant minutieusement les évolutions de son style, ou, pour
mieux dire, de ses styles, car sous l'influence d'impulsions musi-
cales extérieures, Mozart, surtout dans sa jeunesse, « renouvelait
son style presque de mois en mois ». Jamais Mozart n'avait été
étudié à ce point de vue. Otto Jahn, auteur d'une biographie fort
belle, mais un peu ancienne (4 vol. 1856-1859), ne l'avait pas même
soupçonné; encore moins Haeckel dans son catalogue des œuvres
de Mozart (1862). Pour réaliser un tel but, une étude très appro-
fondie et chronologique s'imposait : elle a été possible grâce à
l'admirable édition critique de la maison Breitkopf. « Le plan
adopté », dit M. Michel Brenet, dans un article très élogieux du
Correspondant (10 avril 1912), esta celui d'un catalogue thématique
et chronologique, avec analyses et commentaires de chaque numéro,
et avec intercalations de résumés biographiques et historiques sou-
vent très développés, qui reliant entre elles les descriptions d'œu-
— 314 —
vres et les enchâssont dans l'observation minutieuse et constante
de la formation et des modifications de la pensée musicale dans
Mozart ». En effet, les auteurs suivent u l'enfant prodige » et « le
jeune maître » pas à pas, de ville en ville; ils s'as-surent des mi-
lieux qu'il a fréquentés, des maîtres avec lesquels il a conversé
ou étudié, des concerts qu'il a entendus; chacune de ses œuvres
est alors présentée au lecteur à l'instant précis de sa composition
et ainsi replacée dans son cadre. Le lieu, le milieu, l'année, la date,
les circonstances nous permettent de saisir Mozart au moment de
l'inspiration de telle ou telle oeuvre, d'assister à son éclosion et
de constater les influences multiples subies par cette nature « fé-
minine )> impressionnable. Après une telle lecture, l'exécution d'un
quatuor, d'une sonate, d'un menuet, etc. ainsi, scruté, devient du
plus vif intérêt. L'âme prodigieusement malléable et changeante
du maître, disposée à accepter, pour un temps, tout ce qui lui
vient du dehors, explique l'extraordinaire mobilité de ses « ma-
nières » ou « périodes ». MM. de Wyzewa et de Saint-Foix en
comptent jusqu'à 24 dans l'intervalle des 21 ans qu'ils étudient;
ces périodes forment la division de leur ouvrage. C'est beaucoup,
mais, en somme, elles se trouvent justifiées. 28S œuvres de Mozart
sont ainsi classées. Un regret à exprimer : c'est r[ue cette étude
si consciencieuse s'arrête à l'automne de 1777. Pour suppléer à ce
défaut, les auteurs ont dressé en appendice un tableau chronologi-
que de l'œuvre de Mozart depuis le 23 septembre 1777 jusqu'à
sa mort, 5 décembre 1791; cet intervalle de temps comprend encore
10 « périodes », de la 25^ à la 34^. L^n bref commentaire accom-
pagne chaque période. Cet ouvrage admirable ne saurait être trop
loué, trop recommandé : il mérite d'être entre les mains de tous
les professeurs et de tous les amateurs, qui ne devraient jamais
exécuter une œuvre de Mozart sans relire l'analyse et les commen-
taires qui la concernent.
22. — Le premier fascicule de la XIX^ année des Denkmâler
der Tonlmnst in Osterreich, de Guido Adler (t. 38^ de la collection),
contient la 3^ publication des Trienter Codices dont la 1'''', on
s'en souvient, avait paru en 1900 et la 2^ en 1904. Le présent
fascicule est de première importance par l'antiquité des documents
qu'il renferme (xv^ siècle); ce sont les cinq Messes que voici :
Missa « Caput » de Dufay (1400-1474); Missa « Caput » et Missa
« le Serviteur » d'Okeghem (1430-1495); Missa ^ le Serviteur »
(anonyme) et Messe « Grune Linden » (anonyme). Les quatre pre-
mières sont donn 'es en notation moderne et précédées de la repro-
duction, par la photogravure, des Codices eux-mêmes."" C'est une
innovation heureuse dont le lecteur sera reconnaissant à l'auteur
— 315 —
des Denkmdler et qui permettra de contrôler sur place et d'appré-
cier en même temps la valeur de la traduction en musique mo-
derne. Le 2^^ fascicule (t. 39 de la coll.) continue la publication
des œuvres des devanciers des classiques viemiois. Il renferme
cinq Symphonies et deux Concerti de Matthias Georg Monn, et un
Divertimento de Johann Ghristoph Mann, deux représentants de
la transition au style n4o-classique de la musique instrumentale
viennoise au xviii^ siècle.
23. — Voici maintenant une brochurette qui ne contient qu'un
petit nombre de pages, mais à laquelle il faut souhaiter un grand
nombre de lecteurs, j'entends de lecteurs intéressés, et donc dans
le clergé : Impressions grégoriennes. Chant et liturgie. L'auteur
commence par y montrer quel heureux écho rencontra, en France,
le Molli proprio du Pape sur le plain-chant. C'est de quoi personne
ne songera, certes, à s'étonner, si l'on prend la peine d'étudier la
nature de la mélodie grégorienne, la déhcatesse même de son art,
€t son unité étroite avec le texte et les cérémonies liturgiques.
Où trouver plus parfaite convenance avec l'office? Aucune autre
musique religieuse, aucune, et non'pas même la palestrinienne, n'est
en mesure de présenter un pareil certificat d'aptitude à l'exercice
du culte. Avec elle seule, chanter c'est adorer. Dès qu'ils la pren-
nent comme leur expression sonore, les rites variés gagnent en di-
gnité et en influence de recueillement et de paix. Et c'est un fait
que la cantilêne bien exécutée amène aussi, comme par la force
des choses, la bonne exécution du cérémonial. Le Motii proprio a
donc fait coup double, et même coup triple, puisque, avec le chant
d'église, c'est la liturgie et ce sont les âmes qui s'en trouvent bien.
Tout cela était à dire; les Impressions grégoriennes l'ont dit et, de
plus, elles l'oftt prouvé au moyen d'exemples qu'il tient à qui veut
d'aller constater sur place.
24. — La Prononciation normale du latin, par M. J. V., est bien
certainement ce qui a été écrit de plus clair, de plus sensé sm* cette
question si agitée depuis quelques mois. De plus sensé, ai-je dit;
hé oui ! car toute la thèse de l'auteur se résume en ceci : prononcez
le chinois comme les Chinois le prononcent, le français comme les
Français, l'anglais comme les Anglais, et le latin comme les Latins
le prononcent, c'est-à-dire comme les Romains. Le latin moderne
n'est pas une langue morte, c'est une langue vivante, usitée dans
le monde entier. La patrie du latin, c'est le Latium, c'est Rome:
là, il s'est form*^, développé, conservé; là, il est parlé depuis
2600 ans. C'est donc à Rome, aujourd'hui, qu'il faut chercher la
prononciation nonnale du latin. Rien de plus sensé.
25. — \J Introduction à la vie musicale, de M. P. Lacome, donne
— 316 —
une vue panoramique, ou plutôt un raccourci de la musique. L'au-
teur a divisé son travail en 4 parties distinctes : exposé historique,
exposé des principes naturels qui groupent les sons entre eux,
théorie harmonique, rythme, formes de la pensée musicale. Sur ces
quatre points le lecteur ne trouvera que les notions indispensables,
et encore les « notions principes » sont-elles en gros caractères,
les notes complémentaires en plus petits. « Science légère, dit l'au-
teur, à la portée de tous )>.., C'est vrai; mais science qui devrait
être plus au niveau de l'état actuel des études musicales... Ren-
voyer à Rousseau, à Fétis, à Ihistoire de la notation de M. Lussy,
etc., c'est diriger le lecteur vers des sources surann-'es... Lorsque
ce livre sera amendé, de bon il deviendra excelknt.
26. — La Condamnation de « Mignon » résulte d'un procès dont
les débats sont conduits par le président H ans Sachs; Tannhauser
y remplit les fonctions d'avocat général; au jury figurent les prin-
cipaux héros de Wagner, de Berlioz, de Bizet, de Saint-Saëns, etc.
Ce respectable tribunal n'hésite pas à déclarer Mignon et ses com-
phces coupables de crime musical, perpétré au moyen de chants
romançards, de gnangnan inepte... N'empruntons pas trop au ton
du reporter. Son indignation contre les coupables amène sans cesse
sous sa plume les mômes invectives, tantôt platement, tantôt sa-
vamment grossières. Termes crus, images malpropres, rien ne lui
semble assez pimenté. M"^^ Angot et ses commères, aperçues à l'au-
dience, ne sauraient s'offusquer de ce qu'elles en comprennent. Le
lecteur d'un essai de critique musicale est en droit d exiger plus
de tenue, même dans une satire. Dans ce cas, il désire surtout une
thèse opportune, et qui morde profondément. Celle-ci est banale,
et porte peu. Tout le monde sait bien que le vieil opéra, ne du
ballet,- était une œuvre sc'nique mal venue. Il fallait en briser le
moule conventionnel et faux pour créer librement le drame musi-
cal. Sans cela le génie d'un Beethoven lui-même ne pouvait que se
compromettre en compagnie de marionnettes qui font sourire. De
moindres talents ont multiplié les produits faibles, atteints de dif-
formités de jour en jour plus apparentes. A quoi bon les pourfen-
dre et les déférer aux tribunaux? On s'expose à faire trouver ra-
fraîchissante, après de pareils accès de bile, la moindre sucrerie à
la fleur d'oranger. 0. M.. B.
[A suivre.)
GÉOGRAPHIE — VOYAGES
Foules de Jérusalem et solitudes de Judée, par Henri Guerlin. Tours, Marne,]
s. d. [1912], in-12 cartonné de 300 p., illustré, 1 fr. 50. — 2. En TripolilainoA
Voyage à Ghadamès, par Edmond Bernet. Paris, Foiitemoing, 1912, in-8 de|
— 317 —
iX-265 p., avec carte et giav., 7 fr. 50. — 3. La Tiipolitaine interdite. Ghadamès^
par L-^ON Pervinquière. Paris, Hachette, 1912, in-16 de 254 p., avec cartes
et 55 grav. , 4 fr. — 4. Au Maroc; par les camps et par les cilles, par Gustave
Babin. Pari?, Grasset, 1912, in-16 de 394 p., 3 fr. 50. — 5. La Société marocaine,
études sociales, impressions et souvenirs, par le D' Maura\. Paris, Paulin, s. d.
(1912), gr. in-8 de 301 p., avec grav., 5 fr. — 6. Le Maroc physique, par Louis
Gentil. Pai.s, Aican, 1912, in-16 de 320 p., avec cartes dans le texte, 3 fr. 50.
— 7. A travers l'Afrique, par le lieutenant-colonel Baratier. Paiis, Penin, 1912,
in-16 de v-350 p. , avec 8 portraits et 6 cartes, 3 fr. 50. ■ — 8. Dans notre empire noir,
par Maurice Ro\det-Saint. Paris, Plon-Nourrit, 1912, in-16 de viii-2."9 p., avec
carte, 3 fr. 50. - 9. jL Conç,o méconnu, par Jtan Dybowski. Paris, Hacj.ette,
1912, in-16 de xv-294 p., avec caite et 57 giav., 4 fr. — 10. Au Paradis des
Ba}ahs,pa.r André de Fouq ui ères. Paris, Fontemolng, 191 2, gr. in-8 de viii-217 p.,
avecgravutes, 8 fr. — 11. Le Tibet révolté. Vers Népémakô, la terre promise des
Tibétains, par Jacques Bacot. Paris, Hachette, 1912, in-8 de 365 p., avec 60 gra-
vures et 7 cartes, 15 fr. — 12. Croquis de Chine, par Jean de la Servièr . Paris,
Beauchesne, 1912, gr. in-8 de 200 p., avec carte et grav., 4 fr. — 13. Sous la
Croix-du-Sud. Brésil, Argentine, Chili, Bolivie, Paraguay, Uruguay, par le piince
Louis d'Orléans-Bragance. Paiis, Plon-Nou''iit, 1912, in-8 de 292 p., avec carte,
7 fr. 50. — 14. International Catalogue of scientific Literature. Ninth annual Issue.
J. Geography. London, Harrison; Paris, Gauthier-Villars, 1911, in-8 de viii-
386 p., 20 fr.65.
1, — Pour la première fois depuis que nous passons ici semes-
triellement en revue les ouvrages nouveaux relatifs à la géographie
et les r.'cenes relations de voyage, nous n'avons aujourd'hui à
rendre compte d'aucun volume traitant d'in pays quelconque de
l'Europe. Voici, par contre, sur les contrées les plus justement cé-
lèbres des bords de la Méditerranée, un excellent livre, plein des
observations les plus intéressantes et des idées les plus justes. Fou-
les de Jérusalem et solitudes de Judée, tel est le titre de ce hvre.
Son auteur, M. Henri Guerlin, que connaissent bien les lecteurs
du Polijbihlion, s'y propose un double but : chercher à deviner
(en observant parmi les foules de toutes confessions qui se pres-
sent à Jérusalem, les forces et les doctrines qui se heurtent) si
la victoire du catholicisme se prépare et peut être espérée; tenter
d'évoquer, en visitant Bethléem, Jéricho et les rivages de la Mer
Morte, puis la Samarie et la Galilée, la manière dont a vécu le
Sauveur, de ressusciter le milieu qu'il a évangélisé, de revivre une
partie de l'histoire sainte. Ce double but, l'auteur l'a pleinement
atteint dans ce petit volume de vulgarisation, très attrayant, très
vivant, qui a évoqué en nous le souvenir d'un Vers Jérusalem que
M. Guerlin n'a san^ doute pas oublié. On s'instruira et, dans tous
les sens du mot, on s'édifiera en lisant Foules de Jérusalem et
solitudes de Judée.
2. — Des rivages de la Phénicie, par où l'on accède en Terre
Sainte, dirigeons-nous maintenant vers le sud-ouest et, après avoir
dépassé les côtes de l'Egypte et de la Cyrénaïque, puis les sables
inhospitaliers de la Grande Syrte, arrêtons-nous à Tripoh. Dans les
— 318 —
premiers mois de l'année 1911, M. Edmond Bernet s'est rendu dans
cette ville d'où il a parcouru, après une pointe jusqu'à Ghadamès,
les plus intt'ressantesr cgions de la Tripolitaine proprement dite,
entre autres celle du Djebel, c'est-à-dire le rempart qui, à une plus ou
moins grande distance de la Méditerranée, se dresse à plusieurs
centaines de mètres au-dessus de la plaine côtière, de la Djefîara,
et constituait dans l'antiquité la partie vraiment riche de la con-
trée. C'est ce dont font foi de nombreuses ruines romaines, se suc-
cédant sur le plateau jusqu'aux stations de ce limes tripolitanus,
dont des découvertes récentes ont permis de reconstituer le tracé.
De ce voyage en pays encore fort peu visité, M. Bernet a rapporté une
relation agréablement écrite, abondamment illustrée, que le lecteur
rapprochera avec intérêt des observations consignées par M. Méhier
de Matliuisieulx dans ses deux ouvrages intitulés : A travers la
Tripolitaine et la Tripolitaine d'hier et de demain; ces livres et
\En Tripolitaine de M. Bernet se complètent et se corroborent en
effet les uns les autres sur beaucoup de points, en particuher dans
leurs remarques sur la situation économique ancienne et actuelle
de la contrée, ainsi que sur son avenir. Il convient toutefois de
noter que M. Bernet, beaucoup plus que M. de Mathuisieulx, se
pose en défenseur des Turcs de la Tripolitaine, qui l'ont partout
admirablement accueilli; il fournit, sur l'œuvre civiHsatrice qu'ils
ont bien tardivement — trop tard — essayé d'y accomplir avec
le maréchal Ibrahim-Pacha, des renseignements très intéressants
et absolument inédits, dent aura le devoir de tenir compte dans
l'avenir, à côté des exposés italiens, Ihistorien de la conquête de
la Tripolitaine. Là, et non dans certains racontars, plus que dou-
teux, hostiles à nos officiers (p. 56-57), est le côté particulièrement
n^uf à'En Tripolitaine.
3. — Très peu de temps avant le D^" Bernet, mais par l'autre
côté de la frontière tuniso-tripolitaine, M. Léon Pervinquière s'est,
lui aussi, rendu à Ghadamès avec la mission française de délimi-
tation à laquelle il était adjoint comme géolog^le. De ce voyage,
au cours duquel il a observé les pays et les hommes comme il sait
observer, c'est-à-dire en savant naturaliste et en même temps en
psychologue averti, l'excellent chargé de cours de la Sorbonne a
rapporté un li^Te très intéressant et très amusant à la fois, com-
plétant à tous les points de vue En Tripolitaine. Non seulement,
en effet, M. Pervinquière fournit sur Ghadamès même, dans les
trois chapitres c[u'il a consacrés à cette oasis, plus de renseigne-
ments précis cj[ue ne le fait le D'' Bernet, mais il décrit avec très
grand soin, de visn, la partie tunisienne de la frontière, celle où le
voyageur géne^-ois n'a pu, à son très vif regret, mettre le pied;
— 319 —
de même les excellentes photographies prises par M. Pervinquière
s'ajoutent heureusement à celles du D'" Bernet pour donner des
diiïérents aspects de la contrée, depuis la Méditerranée jusqu'à
l'oasis de Ghadamés, située en plein Sahara, rnc idée très nette.
Aussi les lecteurs d'En TripoUtaiue feront-ils bien de se procurer
la TripoJitaine interdite de M. Léon Pervinquière: profit et agrément^
une connaissance plus complète de parties de l'Alrique septentrio-
nale encore peu visitées et peu décrites, mais dont nous avons
grand intérêt à bien savoir la nature et la valeur, à déterminer
l'état présent et à pressentir l'état futur, voilà le bénéfice qu'ils
retireront de l'étude de ce substantiel et excellent ouvrage, plein
de faits soigneusement observés et d'indications utiles.
4. — De l'autre côté du Maghreb, dont MM. E. Bernet et
L. pervinquière ont étudié à l'est les limites désertiques, dans les
plaines marocaines qui s'étendent entre l'Atlantique et l'Atlas,
jusque sur les premiers contreforts de l'Atlas, M. Gustave Babin,
un correspondant de V Illustration, a beaucoup voyagé « par les
camps et par les villes « (selon sa propre expression), à la suite de
nos colonnes, en remplissant de manière très consciencieuse son rôle
de reporter écrivain et photographe à la fois. De ses observations
dans le Mari)C « espagnol » et dans le Maroc plus ou moins sou-
mis à notre protectorat, de ses conversations avec les deux ex-
sultans Mouley Abd el Aziz et Mouley Abd el Hafid, avec des
officiers espagnols, avec des officiers français, de ses « sondages »
dans quelques vieux livres ■ — moins inconnus qu'il paraît le penser,
lui comme tant d'autres — tels que V Histoire du règne de Mouley
Ismaël du P. Busnot, M. Babin a fait un livre de grand reportagOj
dont plus d'une idée est discutable, mais qui est plein d'intérêt
et plein de vie, et dont certaines pages sont vraiment émouvantes.
Lisez, par exemple, le chapitre intitulé « la Maison du Dévoue-
ment », où M. Babin rend un hommage si mérité à nos médecins
militaires, et les lignes de l'Introduction où il évoque le souvenir
de tel brillant officier, si séduisant et si complet, dont, depuis, la
terre marocaine a bu le sang. De telles pages, et telles autres aussi,
si pleines de vérité et de bon sens, où l'auteur à' Au Maroc (tel est
le titre du livre) critique impitoyablement le « graphique )>, c'est-
à-dire l'organisation des convois entre la côte et Meknès, telle que
l'ont établie les bureaux de Paris, sont bien pour mériter à M. Ba-
bin l'indulgence du lecteur; elles font pardonner quelques passages
discutables, mais qu'a inspirés à l'écrivain son patriotique désir
de voir au plus tôt la France paisible dominatrice du Maroc et
exerçant dans ce pays une action civilisatrice et humaine, au sens
le plus élevé du mot.
— 320 —
5. — Cette même action civilisatrice, le D'' Maiiran l'envisage
avec confiance dans la conclusion d'un très intt'ressant volume où
il s'efforce de faire connaître à ses lecteurs ce qu'est le milieu indi-
gène marocain, si fermé et si difficilement accessible. Sa profession
(avec de la patienee et du tact, le toubib finit par pcnétrer partout
au Maroc) lui a permis d'observer de près ou d'entn^'oir bien des
faits que ne peut constater aucun autre Européen, et il a pu les
étudier mieux que d'autres, grâce à sa connaissance antérieure du
milieu judéo-musulman, — le D^' Mauran y vit depuis plus de
quinze ans, — et même du milieu marocain. De là, une foule de
remarques précises, qui ont toutes leur importance, dans les deux
parties de la Société marocaine, où il ne faut nullement chercher
un exposé systématique, mais bien plutôt des contributions à l'é-
tude de cette société. Contributions très précieuses d'ailleurs, aussi
bien celles qui sont groupées sous le titre d' « Etudes sociales »
que les autres, les « Coins de vie marocaine », dont les diiïérents
chapitres constituent autant de tableaux, de tableautins ou d'esquisses
pleins de couleur et de pittoresque; contributions qui, toutes, sont
instructives et non pas seulement aux points de vue géographique
et sociologique, mais aussi parfois au point de vue de la colonisation.
A se bien pénétrer des sages conseils, des constatations et des indi-
cations contenues dans la Société marocaine, le Français se rendant
au Maroc ne povirra que gagner beaucoup, et il le fera sans aucune
peine, tant le D^ Mauran sait peindre avec brio, avec vie, les scènes
qu'il a observées. Il nous semble bien, pour notre part, avoir déjà
lu naguère différents chapitres de ce livre; mais nous avons eu
plaisir à en relire les pages déjà connues, comme à en lire pour la
première fois les pages nouvelles.
6. — Il peut paraître singuHer de ne s'occuper de la géographie
physique du Maroc qu'après avoir parlé des anciens et des tout
nouveaux habitants de ce pays et de la société marocaine; mais,
plus encore peut-être que l'organisation sociale et les mœurs des
indigènes de la plaine, cette partie essentielle de la connaissance
de la contrée demeure incomplète et imprécise. Une synthèse est-
elle donc impossible? Non, répond un de ceux qui ont le plus fait
progresser, et par leurs études et par leurs publications, la géogra-
phie du Maroc, M. Louis Gentil; sans doute y a-t-il encore au Ma-
roc des régions inconnues ou à peine connues, des obscurités; tou-
tefois, en recourant aux études faites sur l'Algérie et sur le Sahara
nord-occidental pour éclairer certaines données relatives au Magh-
reb el Aksa, pour étayer différentes h}q>othèses, il devient moins
difficile de tracer une esquisse d'ensemble de la géographie physi-
que du pays. La preuve en est le Maroc physique, un petit volume
I
— 321 —
de 320 pages, dans lequel le savant maître de conférences de la Fa-
culté des sciences, le vaillant explorateur, a coordonné, fondu et
discuté à l'occasion les conclusions de ses prédécesseurs, de ses con-
temporains et les siennes propres sur l'histoire géologique du Ma-
roc, sur le rôle de l'Atlas et du Rif dans l'orographie du nord de
l'Afrique, sur le relief du sol et le réseau hydrographique, le cli-
mat et la végétation, enfin sur la valeur économique des sols du
Maghreb el Aksa. Encore que le style n'en soit pas toujours aussi
soigné qu'on pourrait le désirer et que les épreuves en aient été
trop hâtivement corrigées, on lira cet ouvrage avec le plus grand
fruit; il abonde en effet en indications précises, pose les questions,
détermine les problèmes à résoudre et marque vraiment, pour em-
ployer l'expression allemande, le « standpunkt » de nos connais-
sances actuelles sur la géographie physique du Maroc. Aussi ne
saurait-on trop remercier M. Louis Gentil d'avoir trouvé, au milieu
de ses multiples travaux, le temps d'écrire ce précieux et excellent
ouvrage de mise au point.
7. — Tandis que, dans le pays de la géographie physique duquel
M. Louis Gentil vient d'esquisser le premier tableau d'ensemble,
nos soldats cueillent une abondante moisson de lauriers, le lieute-
nant-colonel Baratier évoque, dans son A travers l'Afrique^ les glo-
rieux souvenirs des campagnes antérieurement effectuées au Séné-
gal, au Soudan, à la Côte d'Ivoire, et ceux de cette superbe mission
Marchand, dont, malheureusement, aucune relation ne nous a fait
encore connaître les c'mouva tes péripéties. Mu par le double désir
de vulgariser une histoire, ou, pour mieux dire, une épopée encore
trop ignorée du grand public, et de rendre pleine justice aux tirail-
leurs sénégalais et soudanais et à leurs actes de dévouement et
d'héroïsme, il a écrit avec tout son cœur, d'une plume alerte, un
livre pittoresque et coloré, plein d'une vie intense, bourré d'anec-
dotes caractéristiques et de traits pris sur le vif. On le lit avec
passion, on le dévore, cet A travers V Afrique, et le souvenir per-
siste, après qu'on l'a fermé, non seulement de personnages déjà
connus, comme Samory — sur la tactique duquel l'auteur a écrit
(p. 68-70) quelques pages bien curieuses, — mais aussi de modestes
héros, comme le sergent noir Moriba, et du non moins modeste
héros qu'est le colonel Baratier lui-même. C'est donc un livre
d'histoire, direz- vous? Sans doute; mais c'est en même temps un
livre de géographie pittoresque, et même savante, sans en avoir
l'air. Que de descriptions — la barre des rivages de la Guinée,
la forêt vierge de la Côte d'Ivoire, les marais du Soueh et du Bahr
el Ghazal, — dignes d'être citées dans une anthologie et, à côté
d'elles, que d'indications précises sur la nature même des^ pays
Octobre 1912, T. CXXV. Tl.
322 —
dont il est question, sur leur flore ou leur faune, sur leurs habi-
tants! Rien de plus intéressant, à cet égard, que le substantiel
chapitre I de cette 4^ partie d'A traders l'Afrique (au Bahr el Gha-
zal ), la plus développée de toutes, qui occupe à elle seule un bon
tiers du volume; géographie physique, géographie humaine, histoire
de l'exploration s'y trouvent réunies et exposées sous une forme ac-
cessible à tous, mais qui n'exclut nullement la précision ni le détail
technique. En vérité, peu de relations de voyages, même abondam-
ment illustrées, nous ont causé autant de plaisir que cet A travers
r Afrique, simplement illustré de quelques portraits et de quelques
cartes !
8. — Du Maroc, ou plutôt du Sénégal au Congo, M. Maurice
Rondet-Saint a visité les escales françaises de la côte occidentale
d'Afrique et il en a apprécié la valeur dans un nouveau volume,
non moins intéressant, non moins agréable à lire que ceux dont
nous avons déjà eu l'occasion de parler précédemment. Mais il ne
s'est pas borné partout aux ports plus ou moins bien aménagés
du littoral; il a poussé quelques petites pointes dans l'intérieur
(au Dahomey, par exemple) et, une fois parvenu sur les rivages du
Congo français, il a pénétré jusqu'en plein cœur du pays; il a re-
monté rOgôoué jusqu'à Ndjolé, le fleuve Congo lui-même, puis son
affluent la Sangha jusqu'à Ouesso et le puissant Oubangui jusqu'à
Bangui; il a fait une expédition à pied dans le massif du D' Joué. Ce
qu'il a constaté, comment les choses se sont présentées à lui et sous
quel angle les questions essentielles lui ont apparu au jour le jour
au cours de ce beau voyage, voilà ce qu'il nous fait connaître dans
l'ouvrage intitulé : Dans notre empire noir. A côté du volume sur
l'Afrique équatoriale française, précédemment paru, qui présente un
tableau d'ensemble de la colonie telle que l'a vue M. Rondet-Saint,
telle qu'elle existait avant son démembrement, cet ouvrage, véri-
table transcription du carnet de voyage de l'auteur, nous offre
en quelque manière la justification d'idées énoncées dans ce volume
antérieur; il en est, en même temps qu'un livre se suffisant à soi-
même, un utile complément que l'on lira avec un réel plaisir, d'où
Ton dégagera plus d'un renseignement précis (sur la valeur de la
rade du Cap Lopez par exemple) et même plus d'un enseignement.
9. — Est-ce à dire que tous les coloniaux seront, sur tous les
points, d'accord avec M. Maurice Rondet-Saint? Non, certes. Voici,
par exemple, M, Jean Dybowski qui, dans un tout récent ouvrage,
le Congo méconnu, déclare l'éléphant d'Afrique « fort docile, tout
aussi éducable que celui de l'Inde » (p. 267), alors que, pour l'au-
teur de Dans notre empire noir, c'est le contraire qui est la vérité;
« l'exemple cité, à l'occasion, de deux ou trois individus qu'on est
— 323 —
parvenu à apprivoiser ne prouve pas, a-t-il écrit (p. 219), en faveur
de Tutilisation possible de l'éléphant d'Afrique ». On pourrait mul-
tiplier les exemples de ce genre... Mais, par contre, il est des
points sur lesquels les deux auteurs, dont le premier a joué dans
l'exploration de la route du Tchad le rôle que l'on sait, sont abso-
lument d'accord : la nécessité de la construction de voies ferrées
en particulier, et aussi le coup funeste porté à notre colonie par la
récente entente franco-allemande. M.Dybowski préconise aussi, avec
raison, une colonisation agricole dans les différentes parties du Congo
que nous laisse le traité du 4 novembre 1911, ce traité qu'il dé-
plore amèrement et qui (il en fait l'ample démonstration) va droit
à rencontre des patriotiques visées de nos explorateurs. Avant de
décrire dans un style souvent négligé, mais pittoresque, dans le
chapitre IV du Congo méconnu, les différentes régions de notre
colonie dans son intégralité, l'auteur a débuté par rappeler briève-
ment (ch. II et III) l'œuvre scientifique et patriotique des voya-
geurs à qui nous devons telle ou telle partie du Congo; il a eu
raison de le faire, et a composé ainsi un livre homogène qu'illus-
trent de superbes et vivantes photographies.
10. — plusieurs revues françaises ont naguère parlé des fêtes
brillantes données par le Maharajah de Kapurthala à l'occasion du
mariage de son fils aîné avec la princesse Brinda de Jubbal. Un de
ceux qui eurent la bonne fortune d'en être le témoin, M. André
de Fouquières, en a récemment publié une très intéressante descrip-
tion, illustrée de magnifiques photographies, dans son volume Au
Paradis des Rdjahs, qui contient également, sur des fêtes auxquel-
les l'auteur a assisté dans d'autres parties de l'Inde, sur des chas-
ses auxquelles il a participé, sur des scènes qu'il a vues, de bien
curieux détails. Mais pourquoi M. André de Fouquières se méfie-t-il
tant de lui-même et, au moment où il va se laisser entraîner par
l'enthousiasme, ou l'admiraticn, ou l'émotion, s'interdit-il en quel-
que manière de ccntinuer à écrire? A différentes reprises, au cours
d'un récit où il prend plaisir à mettre en lumière les services ren-
dus dans rinde par les missionnaires catholiques, le Parisien par
excellence qu'est M. de Fouquières semble redouter, soit de révé-
ler ses sentiments intimes, soit de ne plus paraître un mondain
sceptique et blasé. Oublie-t-il que, derrière un auteur, le lec'teur
a toujours plaisir à trouver, non pas seulement un Français qui,
même en voyageant, se soucie fort peu, trop peu, de la géographie
(les p. 4 et MO &' Au Paradis des Rajahs en fournissent les preuves),
mais aussi un homme?
11. — Par delà cet Himalaya, que M. de Fouquières n'a admiré que
de loin, s'étendent les immenses plateaux,les solitudes glacées du Tibet.
— 324 —
D'une partie de ce vaste territoire,de la plus orientale, de celle qui con-
fine à la Chine, M. Jacques Bacot a fait son champ d'opérations et
d'exploration. 11 y a là des terres fort mal connues, où un royaume
comme le Poyul, peuplé (raconte-t-on) de brigands et de magiciens
redoutables, a pu demeurer indépendant et ignoré, entre Lhasa
et la frontière de Chine, jusqu'à notre époque, des terres dont les
habitants connaissent l'existence d'une véritable Terre promise,
Népémak!', « un pays très chaud, aussi chaud que les Indes, cou-
vert de fleurs et si fertile qu'il n'est pas besoin d'y travailler, mais
de cueillir simplement les fruits de la terre )>. Le Poyul et Népémako,
voilà pri cisément les contrées qu'au retour de son voyage dans les
« marches tibétaines », autour de la montagne sacrée du Dokerla
(1907), M. Bacot s'est domé pour tâche de visiter; là, en 1909-1910,
avec laide de son compagnon Adjroup Gumbo (mort depuis), il a
tenté de parvenir. Malheureusement, tous ses eiïorts ont été vains,
et le Poyul et Népf'makô gardent encore inviolés leurs secrets!
Cela ne veut nullement dire, d'ailleurs, que le second voyage de
M. Bacot n'ait pas été fructueux; dans les plaines herbeuses des
Hors, cliez les pasteurs du Nyarong, dans le pays des grands tem-
ples (à Sam Pil Lang), à la source de l'Irawaddy, — qu'il a vu
sortir du glacier du Lagueulà, — à Patang, chez les Moso, le cons-
ciencieux explorateur a recueilli de précieux renseignements nou-
veaux; il a traversé des pays encore inexplorés et en a levé la
carte; il a visité les régions les plus ensanglantées par la guerre
sino-tibétaine, et a, le premier, raconté de manière précise certains
épisodes épouvantables de cette guerre... De là, le titre du volume
nouveau publié par M. Bacot : Le Tibet révolté — titre très simple
et sans prétention, aussi modeste que la relation dont il ouvre la
première page, aussi modeste que le voyageur lui-même; de là des
récits très dramatiques, des observations très neuves et très pré-
cises, — dont une partie est réservée pour des publications spé-
ciales, — de superbes et instructives photographies des régions tra-
versées par M. Bacot, des cartes enfin d'une indéniable valeur; de
là, au total, un ouvrage qui fait le plus grand honneur à son au-
teur, et à qui les curieuses impressions du Tibétain Adjroup Gumbo
en France ajoutent une note pittoresque et un ragoût singulier.
12. — Pour n'avoir pas, dans l'empire chinois, pénétré aussi loin
que M. Bacot et pour être demeuré simplement dans les provinces
du Kiang-Sou et du Ngan-Hoei, le R. P. J. de la Servière, S. J .,
n'en a pas moins vu une foule de choses intéressantes. Chargé en
1908 d'écrire l'histoire de la mission du Kiang-nan, confiée en 1840
par la Propagande aux jésuites français de la province de Paris ,
c'est avec des préoccupations très spéciales que l'auteur a visité
— 325 —
les parties de la Chine propre constituant, à cheval sur les deux
rives du bas Yang-tsé, le territoire de cette mission; il désirait
évoquer les vieux souvenirs des débuts de l'apostolat, se rendre
compte de l'état actuel et des progrès de l'œuvre évangélique dans
le Kiang-nan, de l'esprit des cathohques du pays, des difficultés
au milieu desquelles ont dû et doivent encore agir les missionnai-
res, consulter les archives des paroisses, interroger leurs pieux des-
servants, etc. Néanmoins, le P. de la Servière a encore trouvé le
temps de voir et de bien voir tout autour de lui; on s'en apercevra
en lisant ses alertes Croquis de Chine, pleins d'observations intéres-
santes et pleins de vie, où les œuvres admirables de Changhai
et de Zikawei, la touchante fidélité des vieux chrétiens, l'existence
rude et mouvementée des missionnaires en pays neuf, les difficultés
complexes au milieu desquelles il faut se débattre sont décrites
avec tant de fidélité et de cœur tout à la fois, en même temps
qu'avec une remarquable largeur d'esprit (cf. en particulier, ce que
dit le P. de la Servière sur les ennuis que causent parfois aux
missionnaires les nouveaux chrétiens). Le programme des études
de l'Université « l'Aurore » à Changhai en 1909-1910 et une minu-
tieuse statistique des a^uvres de la mission du Kiang-nan à la même
époque complètent ce volume admirablement illustré et attachant
entre tous.
13. — Sur le Nouveau Monde ou, pour être plus précis, sur
l'Amérique du sud, nous n'avons aujourd'hui à signaler qu'un ou-
vrage, mais excellent de tous points; la qualité compense la quan-
tité ! Les lecteurs du Correspondant, qui ont eu la primeur des
difîérents chapitres de ce livre, ont pu apprécier avant tous les
autres les qualités de fond et de forme de Sous la Croix-du-Sud
(tel est le titre du nouveau volume signé du prince Louis d'Orléans-
Bragance); un public plus étendu est à même de les apprécier
maintenant. Parti d'Europe avec l'espoir de revoir le pays où il
avait passé les premières années de son enfance et ^e rentrer enfin
au Brésil, le petit- fils de Dom Pedro II s'en est vu refuser l'accès
et a dû se contenter de respirer de plus ou moins près, en visitant
les pays limitrophes, les senteurs de la terre natale, de frôler les
frontières de la patrie dont il a conservé l'amour et que, depuis
dix-sept ans, il rêve de visiter en pèlerin. Et, pour ce maigre résul-
tat, abstraction faite d'un court séjour en rade de Rio, quel long
voyage à travers la Répubhque Argentine, le Chih, la Bolivie, le
Paraguay et l'Uruguay ! Voyage plein d'enseignements et de sur-
prises, de contrastes physiques et moraux, au cours duquel le prince
Louis d'Orléans-Bragance a passé presque sans transition de pays
de civihsation intense à des terres vierges, des monotones étendues
— 326 -
de la Pampa aux cîmes élevées des Andes, de l'aveuglante blancheur
du désert d'Atacama aux vertes et sombres forêts de la Bolivie
amazonienne, de paquebots luxueux et de confortables wagons à
des moyens de transport tout à fait primitifs et à des auberges
rudimentaires, de somptueuses résidences à de primitives cabanes;
mais aucun incident n'a pu altérer la bonne humeur du prince
qui, comme naguère au Pamir, a su s'accommoder de tout sans
cesser de bien observer, de comparer ce qu'il voyait avec ce qu'il
avait déjà vu, et de prendre des notes à l'aide desquelles il a pu
écrire à son retour Sous la Croix-du-Siid. Il faut lire ce livre, très
intéressant à tous égards, plein d'observations et plein de faits,
où l'auteur n'a pas seulement montré, à côté des mérites dont il
vient d'être question, de réelles qualités descriptives, mais aussi
(les chapitres consacrés à la guerre du Paraguay en fournissent
particulièrement la preuve) les qualités d'historien innées chez
presque tous les membres de la famille d'Orléans.
14. — Signalons, en terminant, un répertoire bibliographique
dont nous avons déjà parlé plus d'une fois, Y International Cata-
logii-e of scientific Literatiire. Pas n'est besoin de revenir aujourd'hui
sur le plan adopté pour la rédaction des difïérents volumes annuels
de cette vaste entreprise; on en connaît les qualités, les grandes
facilités de consultation et aussi (en ce qui concerne du moins la
partie géographique) les défauts d'exécution. Bornons-nous donc à
signaler l'apparition du neuvième fascicule consacré à la géographie;
étabh à Taide de manuscrits envoyés à Londres entre février 1909
et mai 1910, ce volume de près de 400 pages à 2 colonnes contient
surtout la littérature géographique de l'année 1909, mais aussi d'as-
sez nombreuses mentions de travaux antérieurs, remontant sûrement
à 1905, à 1904 et, peut-être même, plus haut encore, et jusqu'au
titre de différentes études datées de 1910. Pourquoi n'avoir pas ré-
servé ces dernières mentions pour le dixième fascicule de la pubU-
cation? C'est le secret du savant anglais chargé du travail de coor-
dination, M. F. Allen; puisse-t-il, à l'avenir, se montrer plus rigou-
reux et éliminer de \' International Catalogue tout ce qui ne rentre
pas strictement dans le programme déterminé par les grandes di-
visions primordiales du répertoire géographique : généralités scien-
tifiques, cartes, géographie physique, géographie mathématique !
Henri Froidevaux.
THÉOLOGIE
IvM l*reinière Communion. Histoire et discipline. TeiLte
et doeuments, des oritfines aia X1X<^ siéele, p ir l.ouis
Andribux Paris, Beaachesiie, lOll, ia-16 de xxxni-392 p. — Prix : 3 fr. 50,
Après l'émotion causée par le décret pontifical sur la première
communion des enfants, ce livre ofTre un intérêt spécial. On y trou-
vera toute la tradition de l'Eglise sur ce point important. C'est la
justification par l'histoire d'une mesure qui a pu surprendre, mais
qui n'est en définitive que le rappel aux prescriptions les plus
authentiques et les plus formelles. On y trouvera également la
réponse à toutes les objections qui ont été formulées contre l'acte du
Souverain Pontife. Parmi les documents pubhés en appendice les
plus intéressants sont peut-être ceux qui se rapportent à la cause
d'Annecy. En 1886, Mgr Isoard ayant réglé que la première commu-
nion n'aurait lieu dans son diocèse, comme dans les autres diocèses
de France, qu'à un âge relativement tardif, quelques curés récla-
mèrent à Rome contre cette mesure. Pour expHquer son ordonnance,
Mgr Isoard adressa à Rome un mémoire très documenté où toutes
les raisons qu'on pouvait apporter en faveur des habitudes fran-
çaises sont vigoureusement exposées. 11 fut répondu que l'évêque
est dans son droit en réglant l'âge et les conditions de la commu-
nion solennelle, mais qu'il ne peut empêcher les enfants de faire la
communion privée dès qu'ils ont atteint l'âge de raison, C. S.
Praxis» Jflisisionnarii in Oriente servata, auctore H. P.
ROMUALDUS SouARN. Paris, Lecofïre, Gabalda, 1911, in-18 de vi-274 p. —
Prix : 2 fr. 50.
Le R. P. Souarn avait publié, il y a quatre ans à peine, un
Mémento de théologie morale, à l'usage des missionnaires et spécia-
lement de ceux qui travaillent en Orient, où se distinguent les PP.
assomptionnistes. Il a jugé qu'il devait, pour atteindre plus
de lecteurs, substituer le latin au français dont il s'était servi en
1907 et il profite de la réédition pour compléter son premier ouvrage,
particulièrement au sujet du décret Ne temere et de la question
des écoles. Le mélange des divers rites, tant orthodoxes que schis-
matiques, soulève en Orient bien des problèmes, que les cours ordi-
naires de morale ne résolvent pas, au moins ex professa. Le R. P.
Souarn, qui a rencontré par lui-même ou dont les confrères ont
rencontré ces cas pratiques et vécus, relatifs aux sacrements et à
la communication in sacris, en a cherché et trouvé la solution dans
ses nombreuses lectures et dans les documents du Saint-Siège. Il
a donc rendu grand service aux missionnaires qui n'emportent pas
— 328 —
avec eux leur bibliothèque et aux professeurs de morale, qui pour-
ront extraire dé son mémento plus d'un cas intéressant.
H. Grs.
Éléments d'apologétique. ILI. Objections et problèmes^
par J.-L. DE LA Paquhrir. Paris, Bloud, 1911, in-IG de 53«p. — Prix: 4 fr.
Ce troisième volume des Éléments d' apologétique contient, par
ordre alphabétique, une sorte de dictionnaire des objections prin-"
cipales répandues aujourd'hui contre la religion. Ces études, qui se
succèdent ainsi sans ordre logique, ne manquent pas d'intérêt. Mais
elles sont fort in'^gales. Parfois on ne rencontre que quelques para-
graphes alors qu'on aurait souhaité des éclaircissements assez éten-
dus. Un certain nombre au contraire sont vraiment développées et
oflrent un exposé lumineux de la question.
Après cette remarque, nous pouvons ajouter que partout on est
frappé du bon sens avec lequel l'auteur aborde l'erreur, de la jus-
tesse de ses observations et de la façon alerte dont il sait dégager
et défendre la vérité.
En somme, cette dernière partie couronne dignement les deux
autres. C. S.
Où en est l'histoire «les religions ? par J. Bricout, avec la
collaboration de MM. Bros, Capart, Dhormk, Labourt, de la Vallée
Poussin. Cobdier, Habert, And. Baudrillart, Carra de Vaux, Touzard,
Venard, p. Batiffol, Bousquet, Vacandard. Paris, Letonzey et Ané»
1911. 2 vol. in-8 de 457 et 589 p. — Prix : 15 fr.
Depuis que le public s'est engoué de l'histoire des religions et que
cette histoire, plus ou moins fausse ou partiale, a tenté de péné-
trer jusque dans les écoles primaires, il était urgent de faire expo-
ser par des spéciahstes, ou au moins par des hommes compétents,
l'état actuel de cette disciphne, en voie de formation plutôt qu'a-
chevée et définitive. M. l'abbé Bricout a eu la bonne inspiration
d'entreprendre cette enquête et le mérite de la mener à bon terme
dans la Revue du clergé français, dont il est le directeur. Les arti-
cles de la revue viennent d'être réunis et forment deux volumes,
dont le premier est consacré aux religions non- chrétiennes et le se-
cond au judaïsme et au christianisme. Il faudrait de longues pages
pour faire ressortir la richesse de leur contenu; on se bornera ici
à en donner une appréciation d'ensemble.
M. Bricout, qui avait élaboré le programme de l'enquête, en a ré-
digé aussi l'Introduction. Il y expose clairement et judicieusement
les notions générales nécessaires à l'intelligence de l'histoire des
religions, à savoir : son histoire, son objet, sa méthode, les princi-
— 329 —
paux systèmes auxquels elle a donné lieu, la part que les catholi-
ques y ont prise et l'attitude à tenir à son égard. Nous voyons
ensuite défiler dans le premier volume, en dix chapitres, la religion
des primitifs, préhistoriques et actuels, par M. l'abbé Bros; la religion
égyptienne par M. J. Capart; les Sémites (moins les Arabes et les
Hébreux), c'est-à-dire les Babyloniens et Assyriens, les Araméens,
Syriens, Nabatéens, Palmyrtniens, les Phéniciens, Carthaginois,
Ganan^'ens, par le P. Dhorme; les Iraniens et les Perses, par M. l'abbé
Labourt; les religions de l'Inde, religion âryo-indienne ou védique,
hindouisme ou brahmanisme, bouddhisme, par M. L. de la Vallée Pous-
sin; le confucianisme et le shinto, en Chine et au Japon, par M. H.
Cordier;les Grecs, par M. l'abbé Habert;la rehgion romaine, par M.
André Baudrillart; les Celtes, les Germains et les Slaves, par MM.
les abbés Bros et Habert; enfin l'islamisme, par M. le baron Carra
de Vaux. Chaque chapitre est suivi d'une copieuse bibliographie du
sujet. Ces études ne se présentent pas suivant un plan uniforme;
chaque auteur a traité sa matière spéciale selon la nature et l'im-
portance des documents dont il disposait et aussi selon sa mé-
thode personnelle de travail. Il en résulte une variété de ton qui,
si elle nuit à l'unité de composition, impossible d'ailleurs à attein-
dre dans une œuvre de collaboration, augmente l'intérêt du lecteur.
Les sources, en effet, sont plus ou moins abondantes; leur utilisa-
tion est plus ou moins avancée, les résultats acquis sont plus ou
moins considérables et il reste encore plus ou moins à faire. Puis-
qu'on voulait établir l'état actuel de l'histoire des religions, il fal-
lait de toute nécessité aboutir à des exposés différents pour chaque
cas particulier. Tous les collaborateurs étant des personnes infor-
mées ont donné des résumés exacts, précis et clairs de la religion
dont ils étaient chargés, chacun d'eux gardant ses qualités per-
sonnelles et ses mérites propres. On a signalé deux lacunes pour
les religions non-chrétiennes : celle du taoïsme, avouée dans une
note du directeur, et celle des anciens Arabes, que le P. Dhorme
avait mis de côté et que M. Carra de Vaux a omis. L'étude du
shinto est trop écourtée. Sur les Germains et les Slaves, il y aurait
eu lieu à de plus grands développements.
Il était à la fois plus facile et plus difficile de parler du judaïsme
et du christianisme, auxquels est consacré le 11^ volume : plus
facile, en raison du nombre des sources et des travaux; plus dif-
ficile, en raison de la multitude des matériaux et des opinions diver-
gentes sur divers points considérables. Pour la religion d'Israël et
les origines du christianisme en particulier, l'écueil d'un résumé
et d'une mise au point était spécialement à craindre. Ajoutons
tout de suite qu'il a été sagement évité. Sur Israël, M. Touzard
— 330 —
a fait un exposé assez long de sa religion depuis les patriarches
jusqu'au judaïsme contemporain de Jésus-Christ, en passant par la
révélation du Sinaï et la religion du désert, la vie religieuse en
Canaan jusqu'au prophétisnie, la réforme prophétique jusqu'à l'exil
babylonien, la religion d'Israël pendant et après l'exil. Les docu-
ments de l'Ancien Testament ont été interprétés à la double lu-
mière de la tradition et de la critique et les conclusions sont par-
faitement d'accord avec la plus stricte orthodoxie. M. Venard a
étudié les origines chrétiennes et a résumé clairement dans le même
esprit, à la fois scientifique et traditionnel, ce que nous savons de
l'enseignement de Jésus, de l'Église naissante, de la doctrine et
de l'œuvre de saint Paul, de saint Jean et de la fin de l'âge apos-
tolique. La suite de l'histoire de l'Eglise ne pouvait qu'être esquis-
sée en grands tableaux synthétiques, dans lesquels les faits les plus
saillants devaient seuls rentrer. On ne demandera donc à leurs au-
teurs : Mgr Batiffol pour les premiers siècles jusqu'au concile de
Nicée, M. l'abbé Bousquet sur les divers schismes d'Orient, M. l'abbé
Vacandard pour l'Église latine du iv^ au xv^ siècle, M. l'abbé Bri-
cout, de la Réforme à nos jours, que ce qu'ils ont voulu y mettre :
des aperçus, des orientations, et non une histoire complète et dé-
taillée. En fait, ils donnent une vue d'ensemble, qui m'a paru
juste, de l'histoire ecclésiastique. Les historiens de profession trou-
veront sans doute que quelques siècles ont été un peu sacrifiés;
ils signaleront l'inégalité des développements, quelques apprécia-
tions discutables, voire même, quoique très rarement, de légères
inexactitudes. Les lecteurs qui veulent s'instruire, ceux auxquels
l'ouvrage s'adresse, apprendront à connaître l' Église catholique et
son action bienfaisante et civilisatrice au cours de son existence
séculaire. Sous forme de conclusion, M. Bricout a résumé ce que
nous savons en histoire des religions; il a essayé de dresser le bilan
des religions non-chrétiennes, il a fait ressortir la transcendance
du judaïsme et du christianisme et, enfin, il a cherché à déter-
miner certaines lois des phénomènes religieux et à prévoir quel sera
l'avenir des religions et de la religion elle-même. Un index alpha-
bétique et une table analytique facilitent les recherches dans ce
manuel des religions, qui est des plus opportuns et qui, pour avoir
été écrit par des plumes catholiques, ne le cède en rien, sous le
rapport de l'érudition et de la probité scientifique, à ceux qui
l'ont précédé, s'il ne les dépasse même en information et en im-
partialité. E. Mange NOT.
— 331 —
lie Gouvernement local en Anjileterre, par Joseph Redmch,
avec des additions par Francis W. Hirst; iraduction frauçaise par W.
OUALID. Paris, Giard er. Brière, 1911, 2 vol. in-8 de 518 et xxiv-528 p. —
Prix : 24 fr.
Les organes du gouvernement local en Angleterre ont subi, dans
le dernier quart de siècle, une complète transformation. M. Redlich,
professeur à l'Université de Vienne, a consacré deux volumes à l'étude
•des nouvelles institutions sorties de ces changements. Son ouvrage
a été traduit en anglais et mis au point sur certaines questions de
détail par un avocat de Londres, Mr. Hirst. C'est cette traduction dont
s'est servi M. Oualid, chargé de conférences à la Faculté de droit de
Paris, pour la version française que publie la maison Giard et Brière,
■dans sa Bibliothèque internationale de droit public.
Le livre ^débute par un exposé rapide de l'administration anglaise
depuis la conquête normande jusque vers 1815. Suit une analyse
détaillée du mouvement des idées et des réformes qui en furent ia
conséquence au cours du xix^ et dans les premières années du xx^ siècle.
La partie centrale de l'ouvrage est remplie par la description minu-
tieuse des institutions locales, qui sont examinées dans l'ordre sui-
vant : les conseils municipaux des bourgs de comté, les conseils de
comté, les conseils de district urbains et ruraux, les conseils de paroisse
et les assemblées de paroisse, enfin les services de l'assistance publique
(loi des pauvres) et de l'enseignement public qui ne rentrent point
dans les cadres de l'administration générale et possèdent une véri-
table autonomie. ,
L'originalité du régime anglais consiste essentiellement dans l'indé-
pendance des pouvoirs locaux tous électifs. Le pouvoir central exerce
toutefois sur eux un certain contrôle par l'intermédiaire du Local
government board et, en ce qui concerne la police, par celui du Home
■office. Ce contrôle fonctionne sous la forme d inspections périodiques.
Mais il n'entraîne guère d'autre sanction, en cas de constatation»
■défavorables, que des refuS de subventions. La crainte de déplaire aux
électeurs, en leur infligeant le surcroît d'impôts que mettrait à leur
eharge le retrait des allocations fournies par le Trésor public aux
finances locales, suffit à maintenir les administrateurs des comtés,
villes ou paroisses rurales dans le devoir.
Enfin tout acte de l'autorité publique peut être attaqué devant la
justice ordinaire par les citoyens qui croiraient avoir à s'en plaindre,
et annulé par elle, s'il est reconnu illégal. La séparation des pouvoirs,
jadis prônée en France comme une merveille de la sagesse anglaise,
«st donc parfaitement inconnue de nos voisins. Cette organisation
administrative laisse au demeurant l'impression d'un mécanisme
■extrêmement compliqué, mais en même temps d'une admirable sou-
plesse, et aboutit à procurer au citoyen britannique le bienfait d'une
— 332 —
liberté que peuvent lui envier la plupart des peuples du continent.
Ce très intéressant ouvrage se termine par une critique assez fasti-
dieuse des idées d'un professeur prussien, Gneist, qui, entre 1870
et 1885, crut discerner une tendance de l'administration anglaise vers
la centralisation. H. Rubat du Méra-C.
SCIENCES ET ARTS
Regards sur l'Europe intellectucaie, parALBBRT Rbggio. Paris^
Perrin, 1911, in-t6 de 346 p. — Prix : 3 fr. 50.
M. Albert Reggio fait de la philosophie et il y croit. Même il a
joint à ces Regards sur l'Europe, sous le titre : Philosophie- Reli-
gion, un petit traité de la connaissance, où l'objectif, le subjectif,
les concepts, les noumènes, les processus et les psychismes font sur
des choses assez simples leurs nuées ordinaires. C'est, je crois, une
mauvaise condition pour voir clair dans les esprits, les œu\Tes-
d'art et les faits politiques ou sociaux ; car il y a de tout en ce
livre : des articles sur le vicomte de Vogiié, sur M, Barrés, sur
M. Gaston d'Urville, qui a « instauré en poésie Ya-théorisme », sur
M. Maxime Gorki, sur M. \'incenzo Morello, qui est un publiciste-
italien, sur l Italie régionaliste, sur la Sensibilité hellénique contenv-
poraine, sur la Turquie nouvelle, et sur la démocratie chrétienne
chère à M. Fidao-Justiniani, etc.. En tout cas, c'est une mauvaise
école que les revues de philosophie contemporaines pour bien écrire
et faire voir clair. J'avoue n'avoir pas pénétré comme je l'aurais
voulu Y Avant-Propos où M. Reggio expose avec assurance sa mé-
thode critique : « Que notre ouvrage plaise ou déplaise, ce n'est
pas ce qui nous préoccupe principalement, nous tenons à être com-
pris... » Je ne suis pas du tout sûr de lui pouvoir donner cette
satisfaction, ayant été sans cesse rebuté par une langue qui ne m'est
pas famihére... Même, à l'entendre parler 'de son dessein de « dé-
mocratiser la critique », juger que « la philosophie du moyen âge-
en se cramponnant au dogme le déconsidère », et « reconnaître à
notre raison qui tend à centrahser en elle l'univers une efficacité
expressive certaine comme instrument d'affirmation et des insuffi-
sances à peu près foncières comme foyer permanent de connais-
sance, etc.; 'etc. », j'inchnais à lui trouver la pensée et le langage
bien « protestants ». Je me trompais, puisqu'il se déclare ailleurs
« un fils respectueux et soumis de l'Éghse » et qu'il a un parfait
mépris pour « tout le mensonge et toute la perversité des principes
de 89 »... Alors c'est sans doute rnoi qui ai tort, si je vois trouble
dans ses idées et dans son stvle. Gabriel Audiat.
— 333 —
•Comment se rondiaire dans In vie, par le D^ Toulousb. Paris,
Hachetle, s. d., in-16 de 280 p. — Prix : 3 fr. gO.
Le livre du docteur Toulouse, qui n'est, me semble-t-il, comme
tant d'autres, qu'un recueil d'articles, se divise en trois parties :
10 La Vie publique. 2° La Vie privée. 3° La Vie personnelle. Dans
la première partie, l'auteur nous dit, à sa façon, qui n'est pas
toujours la meilleure, comment il faut choisir sa carrière, mener
sa vie professionnelle, comprendre son travail, lutter pour la vie,
se comporter dans la société, pratiquer la civilité, se tenir entre
hommes et femmes, enfin faire de l'action sociale.
La seconde partie, beaucoup plus courte, s'efforce à résoudre les
questions suivantes : Comment fonder un foyer? Comment se con-
duire à l'égard de l'enfant? Comment vivre d'après ses moyens?
•Comment être avec ses amis?
La troisième partie enfin s'attaque aux problèmes suivants : la
recherche du bonheur; l'action par les qualités physiques et les
qualités morales; l'emploi du temps et de la place; l'art de se
distraire, enfin la vie intérieure.
A le lire par fragments, ce livre n'est pas ennuyeux; à la longue
il semble monotone, et la raison en est sans doute dans le terre à
terre de ses directions et.de ses conseils. Sans doute, le bon sens
ne manque pas, ni les observations justes, ni même les conseils
pratiques, toutes choses qui ne peuvent guère élever l'homme au-
dessus d'une honnête médiocrité. C'est quelque chose sans doute,
mais dans la direction des consciences, — et l'auteur est bien à sa
manière, comme un certain nombre de ses collègues publicistes, une
sorte de directeur de conscience, — on devrait viser plus loin et
surtout plus haut. Les considérations morales sont ici à peu près
exclusivement tirées de la pauvre théorie de la solidarité, bien in-
suffisante pour réagir contre les passions profondes ou promouvoir
des actes de haute vertu. Dire que dans les administrations publi-
ques l'hérédité n'a aucune part dans le classement, qui est basé
.sur l'instruction, c'est d'une observation bien superficielle. Écrire
que l'avortement n'est interdit que par la loi., c'est-à-dire la volonté
collective, c'est assigner à la loi qui condamne cette abominable
pratique une base bien vulgaire et bien fragile. Quant à la fidélité
conjugale, on la doit sans doute parce qu'on l'a promise en se ma-
riant, mais aussi pour d'autres raisons bien plus importantes et
meilleures.
Ces quelques observations, et j'en pourrais faire beaucoup d'au-
tres, marquent, du point de vue de la morale chrétienne et même
de la morale tout court, les défauts de ce livre, non pas mauvais,
tien qu'il contienne pas mal d'idées contestables et d'observations
— 334 —
superficielles, mais insuffisant et incomplet. On peut tirer quelques-
profits de sa lecture, mais pour peu qu'on ait des aspirations éle-
vées, on devra chercher des conseils et des guides ailleurs,
P. Talon.
Forme, puissance et sf abilité des poissons, par Fkédëric
HousSAY. Paris, Ilermann, 1912, gr. in 8 de 372 p., avec 117 fig. — Prix :
12 fr. RO.
Fruit d'une somme immense de patientes observations et d'ex-
périmentations tant sur l'animal vivant que sur des appareils théo-
riques et artificiellement construits, cet ouvrage « d'inspiration
exclusivement biologique » aboutit, finalement, à un véritable traité
de dynamique ichthyologique, en étendant au besoin le sens du mot
poisson (t/Oûç) à tous les animaux vivant dans l'eau. La pensée
mère de l'auteur est que la conformation des espèces animales
aquatiques est fatalement déterminée par les conditions de pro-
fondeur, de pression, de température, de mouvement propres à
chacune d'elles. Il se montre ainsi disciple de Lamarck. Ses tra-
vaux démontrent bien que chaque espèce est, de tous points et
parfaitement, appropriée au milieu spécial qui lui est affecté; mais
est-ce ce milieu même qui l'a ainsi appropriée ou adaptée? Ou bien
a-t-elle été prédisposée par une cause première en vue de ce mi-
heu? M. Houssay ne repousse pas absolument cette seconde solu-
tion, mais il l'estime « incompatible avec l'esprit scientifique »
parce qu'elle arrêterait, prétend-il, prématurément les rechercher
en « apportant trop tôt une réponse satisfaisante ». Médiocre rai-
sonnement.
L'œuvre de cet auteur n'en est pas moins considérable. Par les
faits peu connus ou jusqu'alors non étudiés qu'elle révèle, elle peut
aboutir à d'importantes applications pratiques en aérostation, en
aviation, en navigation sous-marine et même dans la construction
des navires. Elle comprend quatre parties : 1) Forme et mouve-
ment des poissons; 2) Résistance à l'avancement et stabilité étu-
diées à l'aide d'appareils artificiels; 3) Puissance des poissons; 4)
Morphologie dynamique des poissons. Le tout est suivi d'un Appen-
dice de 35 pages de données numériques et expérimentales, et d'un
Index bibliographique. G. de Kirwan.
TIte Birds of IVoith unU middle America a descriptive
catalogue, by Robbbt Ridgwaï-. Pari V. (Srailhsonian Institution.
Bulletin of the iTJ. S. National Muséum, n» 50). Washiington, Government
prinling oflice, 1911, in-8 de xxiu-859 p., avec 33 planches.
Ce volume contient les familles des Pteroptochidés, des Formi-
cariidés, des Furnariidés, des Dendrocolaptidés; les Macrochires,
— 335 —
avec les familles des Trochilidés (Oiseaux-mouches) et des Micro-
podidés (Martinets); enfin les Hétérodactyles, représentés seulement
par la famille des Trogonidt's. En tout 359 espèces.
Nous n'avons plus à faire l'éloge de cet ouvrage, l'un des plus
considérables qui aient été publiés, en ornithologie descriptive et
systématique, depuis le Catalogue of Birds du Britsh Muséum.
La méthode adoptée dès le premier volume, paru en 1901, a été
rigoureusement suivie. Les caractères qui ont servi à déterminer
les limites de chaque famille sont choisis et discutés avec une
grande science et une parfaite loyauté en quelques pages concise»
et claires. Une clé des genres suit. Le genre défini, chaque espèce
et sous-espèce est minutieusement décrite (mâle et femelle adulte
jeunes, etc.), avec les mesures extrêmes et leur moyenne. Quand la
distribution de l'espèce est très étendue, des tableaux de mensura-
tion des exemplaires provenant des différentes localités sont don-
nés. La distribution géographique est enfin suivie d'une synonymie
considérable, encore que des critiques aient été faites sur ce point
à l'auteur et qu'en matière de Trochilidés, par exemple, certain»
travaux français importants aient été omis. Les planches donnant
les caractères des principales espèces (bec, queue, ailes, pied) sont
très précises. Il nous a semblé que celles des Oiseaux-Mouche»
étaient empruntées en grande partie à l'ouvrage d'Elliot; elles sont
d'ailleurs excellentes. Tous les ornithologistes attendent avec im-
patience la suite de cet ouvrage. Quand nous en donnera-t- on l'équi-
valent pour l'Amérique du Sud? L. D.
Mission de l'Inde en Europe, ntiseion de l'Europe e»
Asie ; la question du iVIaliatnia et sa solntien, par Sâint-
YvES d'Alvkydre. Paris, Dorbou aîné, s. d., in-8 de 213 p. — Prix : 5 fr.
Ce livre est-il écrit dans uiie espèce de langue symbolique dont
il faudrait avoir la clé? Je n'en sais rien. Tel qu'il est et à le
prendre à la lettre, il paraît impossible d en rien tirer de sérieux
et on ne peut le considérer que comme une curiosité pour les ama-
teurs d'occultisme. Œuvre posthume, il a été composé en 1886 et
a été publié seulement cette année par les « Amis de Saint- Yves ».
11 existerait, selon l'auteur, une société occulte appelée Agartha,
ayant à sa tête un Brâhatmah et dont on ne peut indiquer exac-
tement le siège; c'est quelque part vers l'Himalaya ou le Thibet,
dans des galeries souterraines. Cette société posséderait une science
prodigieuse, des bibliothèques énormes contenant les 4'astes de l'hu-
manité depuis 556 siècles; elle aurait de nombreux adeptes et une
langue à elle appelée Yattan. Je ne vois pas qu'il se dégage de
ces bizarreries aucun système religieux ou philosophique bien in-
— 336 —
ielligible. L'auteur fond, d'une façon très vague, les religions entre
elles, et celles-ci ensemble avec la science et la magie. L'ouvrage,
élégamment édité, est orné de deux portraits.
Baron Carra de Vaux.
liectures scientifiques sur 1 a physique, par Henri Goupin. Paris,
Colin, 1911, m-18 de 368 p., avec 57 tlg. — Prix : 3 fr.
Un recueil de Lectures scientifiques sur la physique, pour plaire
au grand public, doit toucher d'une manière précise, mais légère,
aux points les plus divers de la science. Dans les 57 articles de
ce volume, M. Coupin a donné de quoi satisfaire de nombreux lec-
teurs. Aimez-vous l'histoire première des d»' couvertes? Le principe
de Pascal, la montgolfière, la bouteille de Leyde, la pile de Volta
vous seront d'agréables sujets de lecture. Préférez-vous l'actualité?
Les aéroplanes, le spectroscope solaire, le radium, l'excitateur de
Herz attireront votre attention. L'explication de nombreux phéno-
mènes se présentant souvent à l'homme le moins observateur rem-
plit une grande partie de ce livre et en augmente l'attrait, beau-
coup moins, cependant, que la manière dont il a été composé.
M. Coupin n'est pas l'auteur des articles qu'il a réunis : il a fait
une heureuse sélection dans les travaux mêmes des savants les plus
célèbres et a publié des textes authentiques; il nous montre ainsi
que l'on peut être à la fois un grand physicien et un fin littérateur.
E. Chailan.
li'i^griculture au régiment «u 1^%ï conférences, parA. Bou-
TAULT. Paris, Librairie agricole de la Maison rustique, 1911, in-18 cartonné
de xr-321 p., avec 160 fig. — Prix : 3 fr.
Faire des conférences agricoles au régiment où une grande partie
des soldats sont fils de paysans ou de cultivateurs devait être une
pratique fort utile et digne d'être encouragée par l'autorité mili-
taire.
L'auteur de ce volume s'est consacré à cette tâche depuis plu-
sieurs années. Il a réuni ici les vingt principales conférences qu'il
a eu l'occasion de donner à ce public spécial, s'attachant à traiter
avant tout des questions de pratique générale et les rendant aussi
intéressantes que possible par des développements sobres et pro-
gressifs. Ce petit livre forme un manuel assez complet des matières
agricoles. Le texte qu'il publie est orné de 160 gravures et l'auteur
engage les conférenciers qui suivent son exemple à les faire passer
sous les yeux de leurs auditeurs soit en mettant à leur disposition
quelques exemplaires de son livre, soit en les reproduisant sommai-
rement au tableau noir. G. de S.
- 337 -
Leti Itlé(>s ntilitaircs de la marine <l3i XTlll« 6iè«le. D<»
Ruyter à Siaffreii, par le lieutenant de vaisseau Gastbx. l'aris,
Fouruie-, s. d., gr. ia-8 de 371 p., avec plans. — Prix : 10 fr.
r C'est vraiment un symptôme réconfortant et rempli de promesses
pour l'avenir que de voir de jeunes officiers tels que le lieutenant
de vaisseau Castex consacrer leurs loisirs et aussi leur talent à
l'étude dos questions si ardues que présente à chaque page le ré-
cit de nos guerres maritimes. Parmi ces études, il n'en est pas de
pin» difficile et aussi de plus intéressante que celle des idées mili-
taires du xviii^ siècle, dont l'expression maîtresse a été donnée
par SufTren. Rechercher, par la méditation des faits et des écrits,.
la genèse des idées qui ont déterminé les doctrines militaires d'un
chef de génie, telle est la tâche singulièrement difficile et com-
plexe que s'est donnée le lieutenant de vaisseau Castex et qu'il a
su mener à bien dans un ouvrage vraiment magistral. La vie du
marin, la solitude des quarts, l'isolement à bord, prédisposent à une
maturité d'esprit précoce, mise à profit par M. Castex pour dissé-
quer les idées directrices de l'art de la guerre sur mer, de Ruyter
à Suffren. L'auteur, au cours de ses études, a souvent relevé avec
tristesse la mentalité antiniilrtaire qui se fait jour dans les ordres
et les règlements émanant du pouvoir central, mais aussi il a cons-
taté avec joie, prenant ses exemples dans l'histoire de tous les
temps et de tous les pays, même dans l'histoire contemporaine,
que les cœurs courageux ont toujours su s'affranchir, quand il le
fallait, de la lettre de règlements timorés. Suffren, au cours de sa
glorieuse carrière, a été le type de ces cœurs courageux et, par des
moyens tout nouveaux, a été un véritable précurseur, transfoï-
mant l'art de la guerre. C'est à ce grand chef militaire, à l'étude
de ses idées, de leur développement et de leur application, que'
l'auteur a consacré la plus grande partie de son ouvrage, qu'illus-
trent de nombreux plans de batailles. J. C. T.
La ICarfine marchande et son per«onnel, par Georges Mobabl.
Paris, Guilmolo, 19H, petit in-8 de 372 p. —• Prix : 5 fr.
La « Bibliothèque des amis de la marine » s'est enrichie récem-
ment d'un nouveau volume que la crise, si longue et si aiguë, qui
frappe la marine marchande française, rend d'actualité. M. Georges
Morael était particulièrement désigné pour l'écrire, car, en tant
qu'armateur, il était, mieux que personne, au courant de la situa-
tion actuelle de notre marine marchande. Ayant souffert de la
décadence de notre commerce maritime, il ne s'est pas contenté
de gémir et de se lamenter, mais il a voulu en rechercher les cau-
ses et en étudier les remèdes. C'est le fruit de ses méditations et
Octobre 1912. T. GXXV. 2?.
— 338 —
de ses enquêtes qu'il livre aujourd'hui au public en un ouvrage très
documenté où il a su rendre vivante et intéressante, d'une lec-
ture facile, une étude par elle-même assez aride. Il serait à souhai-
ter que ces pages fussent lues par beaucoup, mais, hélas I on ne
peut trop y compter, car, par une aberration funeste, les Fran-
çais de nos jours ne prêtent pas aux choses de la mer l'attention
qu'elles méritent. Cependant, il n'est pas besoin d'une longue ré-
flexion pour être rapidement convaincu que sans marine de com-
merce — et aussi sans marine de guerre — une nation ne peut,
principalement à notre époque, se développer, vivre même, dans
la liberté. L'absence d'une marine rend une nation tributaire de
ses rivales; elle conduit à l'esclavage commercial, prélude de la
perte de toute indépendance. La décadence de la marine est la
cause — une des causes — de la décadence de la nation, en même
temps qu'elle en est le résultat. C'est pourquoi, on ne saurait lire
et étudier avec trop de soin, d'intérêt, de passion même, ce ré-
cent volume sur la Marine marchande et son personnel. Les prin-
cipales questions relatives à cette marine y sont traitées, celles
qui relèvent du passé, comme l'Inscription maritime, aussi bien que
celles qui intéressent l'avenir, comme le régime des ports et du
personnel, ou les grands travaux maritimes à l'étude ou en projet.
J. C. T.
Bikllsjns et aéroplanes, par Georges Besançon. Nouvelle édition.
Paris, Garnier, 1911, in-18 de 394 p., avec 96 gravures. — Prix : 2 fr.
Le directeur de V Aérophile a eu l'excellente pensée de publier
une nouvelle édition de son intéressant volume Ballons et aéro-
planes. Le contenu de cet ouvrage justifie pleinement son succès.
On y trouve, en effet, un exposé intéressant et complet, sans dé-
tails superflus, do l'histoire des ballons et des aéropianos, avec la
description de leurs accessoires et, en particulier, dos moteurs les
plus récents. Les expériences qui ont conduit aux résultats que
nous admirons aujourd'hui, les tentatives multiples de nos avia-
teurs sont racontées dans un style vivant et très agréable. En un
mot, cet ouvrage est. un excellent manuel d'histoire aéronautique.
Une remarque : on dit cabillot et non gabillot (p. 75). J. C. T.
LITTÉRATURE
Alfred de Vigny, een amitié», son rôle littéraire, parERNBsr
DuPUY. T. II. Le Rôle liuéraive. Paris, Société française d'imprimerie et de
librairie, 1912, in-18 de 448 p. — Prix : 3 fr. 50.
Sous ce titre, qui n'est juste qu'à demi, ce volume continue, à
vrai dire, le précédent qui s'intitulait les Amitiés. Il est composé,.
— .;3'j —
convno lui, de clairs et agréables chapitres et de simples notices,
où, à propos des lettres ou billets reçus par A. de Vigny et trouvés
dans la collection Lachaud-Sangnier, sont racontés ou seulement
présentés les amis, camarades ou correspondants d'occasion qui les
écrivirent. Les amis sont ici : Brizeux, Barbier, Laprade et Ber-
lioz ; d'où quatre chapitres, plus étoiïés que les autres, où les bio-
graphies déjà connues de ces illustres sont éclairées, parfois recti-
fiées de quelques précisions nouvelles, vivifiées de jugements per-
sonnels toujours réfléchis, judicieux, motivés. Ensuite, devant le
poète devenu un maître, en son salon de la rue des Ecuries d'Ar-
tois ou en sa solitude charentaise du Maine- Giraud, voyez défiler
les ombres de ceux qui, par leurs hommages d'admiration, leurs
politesses de confrères, ou leurs sollicitations, font autour de lui
ce que M. Dupuy appelle la clientèle littéraire ou les milieux, mi-
lieu académique, milieu mondain, relations de théâtre, d'ateliers
ou de journaux. Dans cette foule on vous arrêtera un peu davan-
tage à Roger de Beauvoir, Boulay- Pat y, X. Marmier, Esquiros, Amé-
dée Pommier, Barbey d'Aurevilly, Mickiewicz, Andersen, Mazzini,
et Mistral. L'introducteur, qui est un lettré d'une information
très scrupuleuse, d'un courage de lecture admirable, fait un peu
comme M. Séché, avec du goût et du style en plus; il laisse
pendant quelques pages son héros pour nous dessiner la silhouette
de ses visiteurs, nous dire les découvertes de plaisir et d'ennui
qu'il a faites dans leurs œuvres, voire nous citer à propos d'eux
Richepin, M'"*' de Régnier ou M. Bellessort. Mais il y a encore,
troupe innombrable et fugitive des morts, combien d'académiciens
et d'écrivains du temps, combien de Lebrun, de Pongerville, de
Ponsard, de Souvestre, de Villemain, de Saint- René-Taillandier, de
Tissot, de Legouvé, de Nisard, de Madame de Souza, de Thaïes
Bernard, de Léon de Wailly, de Buloz, de Bocage, etc., etc., qui
apportent là ce qu'on appelle « la contribution » d'une anecdote
piquante, d'une démarche sympathique ou ridicule, d'une « gaiïe »
ou d'une invitation à une tasse de thé !... Et au miheu de ce
« courrier » très varié l'auteur des Destinées, beaucoup moins « tour-
d'ivoire » qu'on n'a pris l'habitude de se le figurer, apparaît d'une
bonté exquise, très accueillant aux jeunes, académicien exemplaire
et qui ne promettait jamais sa voix à personne, confrère très obli-
geant, d'une politesse élégante, spirituelle, et qui fait souvent des
brouillons.
Une dernière partie, qui donne l'émotion après l'agrément, nous
fait pénétrer discrètement — trop discrètement — « dans le sanc-
tuaire très secret de ce cœur infiniment tendre et qui fut un cœur
offensé ». C'est la Vie sentimentale, l'amour ou l'amitié : Delphine
— 340 —
Gay, Lydia (M'"*" de Vigny), Marie Dorval, Louise-Edmée Ancelot
(M°i« Lachaud), qui fut aimée comme une fille, Clotilde Busoni
et Augusta Holmes; — puis deux précieux chapitres : Alfred de Vi-
piy et la Nature, Alfred de Vigny et la Mort, qui, suivant dans les
réalités de sa vie la ligne de ses sentiments et idées, de ses « at-
titudes » devant ces deux séductrices, nous mène à cette conclusion,
tout de même peut-être un pou voulue et forcée, que « l'impression
qui sort de l'œuvre ne se trouve nulle part en désaccord avec le
sentiment exact de ce que l'homme a été ». Gabriel Audiat.
Etifiar Poe, par Emile I.auvrière. 2» éd. Paris, Bloud, 1911, in-l6 de
vui-2û2 p. — Prix ; 2 fr. KO.
M. Lauvrière a déjà consacré à Poe, il y a huit ans, une impor-
tante thèse de doctorat. S'adressant aujourd'hui au grand public,
et abandonnant l'appareil d'érudition, il condense en une courte
biographie critique les résultats de sa grande enquête, complétés
par quelques informations nouvelles. Comme dans son premier ou-
vrage, c'est à la pathologie, à une pathologie d'appai'ence très scien-
tifique et qui a obtenu le sulïrage de l'Académie de médecine, que
l'auteur demande la clé de tout ce qu'il y a d'extraordinaire et
d'anormal dans la personne, dans l'existence et dans les écrits du
conteur américain. « L'originalité poétique de Poe, c'est son mal
(p. 32); le génie ici, c'est la maladie (p. 231); tout n'est g-uère que
folie en l'inspiration profonde, sinon en rexécuti>on, artistique de
cette œuvre sinistrement outrancière « (p. 121). Le fantastique de
Poe, c'est donc celui de ses hallucinations et de ses extases; les
traits étranges de ses héros ou de ses héroïnes, ce sont ceux que
présentent certaines catégories d'aliénés ou demi-aliénés, et Poe
les a trouvés en lui-même. Reste l'art avec lequel l'écrivain a mis
en œuvre ces exceptionnelles et inquiétantes données, et c'est un
point sur lequel on souhaiterait peut-être que M. Lauvrière se fût
étendu un peu davantage, comme il avait fait dans son grand livre.
Les poèmes cependant et surtout le Corbeau sont expliqués et
appréciés à loisir. Tout l'ouvrage laisse vjne impression de profonde
pitié pour le malheureux Américain, descendant d'une série de ma-
lades et d'alcooliques et de qui une terrible hérédité avait mille
d'avance la vie et l'être même. A. Barbeau.
Cartei^^io «li Alessandro flauzoni a cura di Giovanni Sporza. e
GiusEppE Gallavresi. Milano, Hœpli, 1912, in-16 de iX-610 p., con 12
ritratti e 2 fac-similé. — Prix : 6 fr, EO.
De ferv^ents admirateurs de Manzoni ont entrepris de compléter
la publication des œuvres du poète par celle de sa correspondance,
— 341 —
mais, tout airmoins pour la période qui va de 1803 à 1821, la ré-
colte eût été plutôt maigre et on a grossi le volume en ajoutant
aux lettres écrites par Manzoni celles qui lui étaient adressées et
même celles que des parents et amis échangeaient plus ou moins
à son propos. On est arrivé ainsi à reconstituer d'une façon fort
intéressante le cadre chronologique des événements qui, importants
ou non, remplissent un espace de vingt années.
Il nous est donn^ ainsi d'assister à l'évolution du poète : ea
1808, il affectait encore une complète incroyance et, quand il se
maria avec une calviniste française, il dédaigna de demander la
dispense de mixte religion, en sorte que la cérémonie fut purement
protestante. Deux ans après, il sollicite cette dispense et se marie
devant le curé de la Madeleine, de Paris; peu après, sa femme
abjure pour devenir la catholique admirable qui devait communi-
quer sa ferveur à tout son entourage, en commençant par Man-
zoni lui-même. Et ce qui n'est pas le moins curieux, c'est que l'ac-
tion divine s'exerça sur Manzoni et les siens par l'intermédiaire
du groupe ecclésiastique dont Grégoire était le centre et le cœur.
Constitutionnels impénitents et jansénistes opiniâtres étaient P.
Baillet, curé de Saint- Se vérin, de Paris; Eustache Degola, prêtre
génois, ami intime de Grégoire; le chanoine Tosi, de Milan. Les
lettres fort édifiantes de Manzoni et de sa femme à Degola sont
du plus haut intérêt, d'un intérêt supérieur, selon moi, à la pâle
correspondance littéraire de Man^onî avec Fauriel, que l'indolence
bien connue de celui-ci rend forcément très intermittente. Ces let-
tres à Fauriel sont à la Bibliothèque de l'Institut de France où
M. Gallavresi a eu la double bonne fortune de les découvrir, puis
de rencontrer dans le secrétaire perpétuel de l'Académie française
un homme à l'esprit assez libre pour se mettre au-dessus de cer-
tains règlements, peut-être suranués, et pour autoriser une publi
cation qui ne causera aucune révolution.
M. J. Gallavresi a illustré les textes d'innombrable^ notes qui
sont des merveilles de patience, de savoir et, m'a-t-il semblé, d'exac-
titude. Un répertoire alphabétique des noms propres facilite les
recherches, et douze gravures, dont plusieurs sont excellentes, re-
produisent les traits des principaux personnages cités dans le vo-
lume. P. PlSAM.
HISTOIRE
Histoire eceléslastique cI'ëusèbe. T. !•■■, livres I-IV; t. Il, livres V-
VIII. Texte grec et traduction française par Emile Grapin. Paris, A.
Picard et tils, 1905 1911, 2 vol. in-12 de viii-524et S61 p. — Prix : 10 fr.
La collection des « Textes et documents « pour l'étude histo-
— >>Jii —^
rique du christianisme, publiée sous la direction de MM. H. Hem-
mer et P. Lejay, vient de s'enrichir des deux premiers volumes
de y Histoire ecclésiastique d'Eusèbe. Cette histoire se trouvera com-
plète quftnd paraître nt, dans un troisième volume, l'Introduction et
l'Index. Telle qu'elle est, elle va déjà servir beaucoup aux théolo-
giens et aux historiens surtout, qui auront sous la main, dans un
format commode, in bon texte (celui de Schwartz, pour l'Acadé-
mie des sciences de Berlin), et une bonne traduction, le tout parfaite-
mcnt divisé et éclairci par des notes sobres et utiles, rejetées en
appendice. Cette édition sera fort employée par tous ceux que les
premiers siècles intéressent, mais principalement par les étudiants
ecclésiastiques des sminaires et des instituts. Ils éprouveront, en
fréquentant dans sa h ngue même le père de l'histoire ecclésiasti-
que, et à travers son livre les temps héroïques de l'Église, une forte
sensation de vérité, de solidité et même de beauté.
A. Clerval.
fia Curie et les béiiéliciers ronHistoriaux, élude sur les
communs et menus services (1300-1600), par A. ClbrgeaC. Paris, A. Picard
et lils, 1911, gr. ia-8 de xi-316 p. — Prix : 7 fr. 50.
Cet ouvrage, ce nsacré à l'histoire des communs et menus services
ou taxes payées à la Cour de Rome pour le Pape, les cardinaux
ou les officiers inférieurs à l'occasion des provisions dévêchés ou
d'abbayes donnés en consistoire, est le fruit d'un travail acharné
dans les archives romaines, spécialement dans celles de la Chambre
apostolique. Cn y voit comment ces taxes sont nées, comment
et par qui et quand elles étaient fixées, perçues, modifiées. Cinq
chapitres ayant trait aux menus services, à l'expédition des bulles,
à la taxe du pallium, au caractère moral de ces taxes épuisent le
sujet. Des pièces justificatives et un Index alphabétique achèvent
heureusement tout ce travail absolument remarquable, qui a
valu à son auteur le titre de docteur es lettres. Il fait honneur aux
chapelains de Saint-Louis-des-Français dont M. Clergeac a fait par-
tie. Le sujet important en lui-même n'avait pas encore été fouillé
aussi complètement. A. Clerval.
Chronologie des arcliefèquefii, évèques et abbés de l'an-
cienne province eeeléfîiiaslique d'Aucli et des diocèses
de Condom et de Lombez (1300-1^01), par l'abbé A. Clbr-
gkac. Paris, Chaïupion ; Auch, Jochdraiix. 1912, iii-8 cle2l4 p. — Prix : 6 fr.
Le titre de ce travail en indique le but et, par là-même, l'uti-
lité. La chronologie est l'armature de l'histoire. Or ici elle est éta-
blie d'après les meilleures sources, c'est-à-dire d'après les docu-
— 313 -^
inents émanés des papes, depuis le xiv*^ siècle, époque des réserves
pontificales, documents que, pendant un séjour de quatre ans à
Rome, M. Clergeac a fouillés avec un courage admirable, surtout
dans les Archives du Vatican. C'est un complément indispensable
au point de vue du nombre, de la précision et de la justesse des
dates, de la Hierarchia catholica du P. Eubel (1253-1600), de la
Séries episcoporum de Gams, de la Provincia Auxitana du tome I^"^
de la Gallia ehristiana; pour les pontifes et abbés des diocèses
d'Auch, Dax, Lectoure, Comminges, Couserans, Aire, Bazas, Tarbes,
Oloron, Lescar, Bayonne, Condom. Un excellent Index alphabétique
permet d'utiliser facilement ce travail qui a servi pour seconde
thèse de docrtorat es lettres. A. Clerval.
'É:tat de la maison du roi liOUia X.II1, de celles de si mère, Marie
de Mélitis ; de i.es sœurs, CUvisline, Elisabeth et Henriette de France; de son
frère, Gaston d^Orléaîis ; de sa femme, Anne d'Autriche ; de 'es fils, le Dauphin
Louis XI y et Philippe d''Orléans, comprenant les années l601-1665, publié par
Eugène Grisbllb. Paris, Édition des documents d'histoire, 1912, in-8 de
viii-409 p. — Prix : 10 fr.
La maison du Roi, qui comprenait, depuis François I^^, presque
tout ce que nous appelons aujourd'hui « les fonctionnaires » ou,
du moins, les personnes nombreuses composant l'état-major de
la monarchie, est demeurée à peu près inconnue ou très difficile
à reconstituer jusqu'à l'apparition, sous Louis XIV, de VAlmanach
royal dont les exemplaires, presque toujours bien reliés, sont re-
cherch: s des curieux de généalogie, de titres anciens ou de biblioma-
nie. Mais les érudits n'ignoraient pas qu'il existait dans deux
ou trois manuscrits de la Bibliothèque nationale des tableaux des
« officiers domestiques » des princes et princesses, comme celui con-
cernant la « maison de Catherine de Médicis », publié dans le t. X
de ses Lettres, avec l'identification de la plupart des personnages
qui la composaient. Mais sur Henri II et ses fils, sur Henri IV
même, rien n'a été encore imprimé. M. Griselle, qui dirige l'intéres-
sant recueil intitulé Documents d'histoire, qui a publié nombre de
curieuses recherches, vient de faire paraître un volume contenant
la maison de Louis XIII, dauphin (1601-1610), roi (1610-1643),
de Marie de Médicis (1601-1632), de ses filles Elisabeth, Christine
et Henriette, de Gaston d'Orléans, d'i^nne d'Autriche (1616-1665).
Tous les personnages sont enumérés avec leurs fonctions, le taux
de leurs « gaiges », les titulaires auxquels ils succédaient. L'état
de paiement de la « Maison du Roy » en 1638 et 1' « Estât des
gouvernante, femmes et autres officiers servant Monseigneur le Dau-
phin et Monseigneur le duc d'Anjou pendant l'année 1640 «com-
plètent ces hstes, qui ne comprennent pas moins de 6393 noms.
— 344 —
Comment s'y reconnaître dans cette multitude de personnageSjdoiit
quelques-uns sont évidenimeint mal écrits ou irrégulièrement 4.é&i-
gn's? M. Eugène Griselle a consacré la seconde partie de son vo-
lume — et non la moins considérable — à une table alphabétique
dans laquelle des corrrections sont faites, des erreurs indiquées, et
où Ton renvoie au numéro qui indique le nom de chaque
titulaire de la moindre charge; il y a ajouté quelques notes tirées
du Mercure français, de la Gazette de France, des collections généa-
logiques de la BibUothèque nationale. On possède ainsi un répertoire
merveilleux pour soixante ann'?es de l'histoire de France. On peut
même en tirer d'autres éléments que ceux qui intéressent les familles
de l'ancien régime. Le système de gouvernement apparaît sous diverses
formes modifiées par l'usage : ainsi on constate que Richelieu, par
sa dure administration, diminua oon&idérablemen': le ji )mbpe -des
emplois de Cour; on voit aussi quel rôle jouait la tradition et
combien de charges étaient héréditaires ou se continuaient dans les
mêmes familles. Il est de tout temps bien peu de grands person-
nages arrivés au pouvoir qui aient renoncé au privilège, tacitement
reconnu, de placer leurs parents ou leurs amis. On peut trouver
des leçons ou des exemples même dans la plus sèclie des nomen-
clatures. <j. Bague?;ault de Puchesse.
Olivier Croni^vell, i^a coi*ree|»ondauce, »e^ disc«ui>M, par
Thomas Carlylh ; traduit de l'anglais par Edmond Barthélémy. II.
Seconde Guerre civile et campagne dlrlandei Guerre d'Ecosse. Paris, Mercure
de France, 1911, ia-18 de 468 p. — Prix. : 3 fr. bG.
M. Barthélémy a entrepris de traduire en français les lettres et
discours de Cromwell tels qu'ils ont été rassemblés par Carlyle et
avec le commentaire de celui-ci. Ce second volume de la traduc-
tion, qui en aura quatre, comprend la seconde guerre civile, Ja
campagne d'Irlande, la guerre d'Ecosse et achève la période mili-
taire de la Révolution d'Angleterre. Il est inutile de rappeler à ce
propos l'intérêt de cette correspon lance et de ces harangues, tant
par la connaissance qu'elles donnent de l'histoire du temps que
par le jour qu'elles jettent sur le personnage étrange que fut Crom-
well. Rien non plus qui ait plus de couleur et de relief que les
observations de Carlyle, dithyrambes puritains en l'honneur du héros
puritain, et rien qui révèle davantage une autre âme singulière.
La traduction de M. Barthélémy est bonne, malgré un certain
nombre d'anglicismes, dont le plus souvent répété est le maintien
injustifié des italiques anglaises (signe d'accentuation) dans des
eas où, en notre langue, ni italiques ni accentuation ne sont de
— 345 -r-
misG, et où l'insistance se marque par des explétifs ou d'autres
procédés de langage. A. Ba.rbea.u.
l^'llotel-'«>ieu de Pafis au HLVII' et au ^%'JIle siècle,
par Marcel Fosseyeux. Paris, Berger- Levrault, 1912, gr. in-8 de xxxv-
437 p., avec 17 gr. hors texte. — l'rix : 10 fr.
Cet important ouvrage, présenté comme thèse en Sorbonne par
irn haut fonctionnaire de l'Assistance pubhque, forme le complé-
ment naturel des deux volumes consacrés par M. Coyecque,
ilyauno vingtaine d'ann'es, à l'Hôtel- Dieu pendant le moyen âge.
M. Fosseyeux a divisé son volume en quatre parties : l'Admi-
nistration, les Revenus, les Bâtiments et les Malades. On pourrait
se demander si cet ordre n'eût pas gagné à être interverti: dans tout
hôpital, les malades doivent être les personnages principaux; selon la
conception chrétienne, ils sont les maîtres de la maison ; c'est seule-
ment ensuite qu'il importe de savoir où on les soigne, par quel person-
nel et au moyen de quelles ressources et, enfin, quelles sont les.
autorités qui ont à assurer le fonctionnement de l'établissement.
La conception est moins administrative et c'est peut-être pour
cela qu'elle a été laissée de côté. | -i ■'. -i ■ • -i
Au fond,. l'Administration de l'Hôtel-Dieu était alors une
mécaniq^ue aux rouages fort compliques et qui n'étaient
pas sans grincer quelquefois. Le Chapitre de Notre-Dame,
l'Archevêque, le Lieutenant de poHce, le Parlement, la Municipalité,
la Communauté des augustines étaient des pouvoirs rivaux qui se
disputaient assez âprement l'autorité et cela au préjudice des pau-
vres; car, faute d'entente, on s'éternisait dans de lamentables rou-
tines. Les règles les plus élémentaires de l'hygiène étaient négligées;
on couchait jusqu'à quatre malades dans le même lit; la médica-
tion était réglée par un puéril empirisme; la chirurgie était un en-
semble de pratiques barbares et personne n'avait fait comprendre
aux religieuses, si dévouées pourtant, que toutes les maladies ne
se traitent pas par la suralimentation, et cependant la proportion
des guérisons était encore de quatre sur cinq. Il n'y a pas à dire
que le tableau est poussé au noir, car les chiffres et les faits authen-
tiquement établis montraient que la peinture est exacte,
M. Fosseyeux n'a pas composé une dissertation destinée à glorifier
les méthodes actuelles : chacune de ses assertions arrive sou-
tenue par sa preuve et on ne saurait rendre trop hommage à la
conscience scientifique d'un auteur qui a dépouillé avec persévérance
une quantité prodigieuse de pièces éparpillées dans vingt dépôts
différents. L'index bibliographique remplit 25 pages et j'ai constaté
que tous les dossiers d'archives utihsés ne sont pas énumérés dans,
cette copieuse Introduction.
— 346 —
J'ajoute que de nombreuses gravures, reproduisant des originaux
de Musée Carnavalet, forment un commentaire iconographique du
plus haut intérêt.
Tout en médisant un peu de l'ancien Hôtel-Dieu, M. Fosseyeux
l'a trop pratiqué pour ne pas éprouver à son égard une tendresse
rétrospective qui se traduit mélancoliquement dans les dernières
lignes du livre : il ne regarde pas sans quelque tristesse « ce coin
de la Cité où s'entassaient plus de 3000 personnes, sur un terrain
où somnolent aujourd'hui une statue et quelques arbres, à l'om-
bre impérieuse (?) de la cathédrale, seul vestige des temps ré-
volus ». P. PiSANI.
Es«ai sur l'ordre des liespilalierii de Kaiiit-Jcan-de-Jéru*
«ialein et de son gou%'erneinent eivil et militaire à IVInlte,
au ronamencemeut du X.%111^ sièele, d'après des documents iné-
di's de l'époque, par L. HÉRiTTE. Paris, Éditions de « Documents d'histoire »,
1912, gr. in-4 de xiv-121 p., avec 17 planches et plans. — Prix : 20 fr.
Le volume que vient de publier M. L. Héritte renferme un ta-
bleau — ou plutôt une esquisse — du gouvernement de l'ordre
de Malte, composé, en majeure partie, d'après un travail attribué
au chevalier de Tign^, qui entra dans l'ordre de Saint- Jean de Jé-
rusalem en 1723 et mourut en 1800.
Après avoir rappelé brièvement les principales phases de l'histoire
des hospitaliers, l'auteur donne une description de l'île de Malte
au temps où ces chevaliers y avaient leur principal établissement;
il fait connaître les pouvoirs du grand maître, les formes de son
élection, l'état de sa maison et de ses revenus; il énumère les
langues, collectes, auberges ou nations de l'ordre, les dignités ou
commanderies de chaque langue, les attributions des chapitres, des
conseils, des congrégations et de diverses juridictions, les char-
ges de finances. Il publie un état général des officiers de la Reli-
gion, un autre « Estât présent de la Religion de Malte, au mois
de juin 1723 » et une « Table cronologique des grands maistres
de Malte ».
Les quatorze chapitres où il est traité de cette organisation politi-
que et financière sont fort courts; les renseignements qu'ils renfer-
ment sont très sommaires. On trouve plus de détails et plus d'intérêt
dans la dernière partie de l'ouvrage, consacrée aux moyens de
défense militaire : fortifications de la côte et fortifications des pla-
ces. Les cartes et plans anciens que M. Héritte a fait reproduire
éclairent utilement le texte.
Le volume est abondamment illustré; on y remarquera d'intéres-
santes vues de monuments, à côté de portraits de fantaisie.
Max Prinet.
— 347 -
Etudes et lef«ii8 sur In K6volutioii Imufaise, par Alphonsb
AuLARD. Paris, Alcan, 1910, in-16 de 308 p. — Prix : 3 fr. SO.
Ce volume traite de plusieurs sujets d'importance inégale, mais de
lecture toujours agréable.
I. La Devise : Liberté. Égalité. Fraternité. \Jé^O(l\xQTé\o\ni\orin.Q\TQ
n'a pas eu de devise nationale; il n'y eut que des usages et des
pratiques. La Nation, la Loi, le Roi. — Vivre libre ou mourir sont les
premières devises employées; la plus usitée, après le 10 août, est
Liberté-Égalité. On y adjoint parfois un troisième mot Vertu ou
Fraternité; cette dernière formule est, dit une tradition, d'origine
maçonnique; le club des Cordeliers l'a, pour la première fois, pro-
posée aux Français le 29 mai 179L En 1793, le Directoire du dépar-
tement de Paris popularisa la devise en- ajoutant aux trois premiers
mots : ou la Mort; tn beaucoup de villes cette inscription fut gravée
ou peinte sur les mcnuments publics; elle se devine encore de nos
jours sous un badigeonnage qui recouvre le dernier mot.
II, III, IV. Les Premiers Historiens de la B évolution. M. Au lard ne
parle que de ceux qui furent vraiment lus. Il relève avec beaucoup
de soin les indications bibliographiques, puis précise les opinions poli-
tiques des auteurs et détaille avec une grande finesse les qualités
historiques et littéraires; ces études, qui tiennent près de la moitié
du volume, sont un guide utile.
V. Les Portraits littéraires pendant la Révolution. Chapitre curieux
d'investigation historique et de critique littéraire, il semble que
l'auteur se soit particulièrement complu dans son sujet. Rivarol,
André Chômer, Camille Desmoulins, Madame Roland, Fabre d'Églan-
tine sont parmi les plus remarquables portraitistes. Je signale l'ap-
préciation très fouillée des portraits et du caractère de Madame
Roland et aussi un Robespierre d'après les portraits, qui est d'un
grand intérêt.
VI. Beaumarchais pendant la Révolution. Figaro donne l'illusion
d'un agité qui se trémousse sur la scène; Beaumarchais, pendant la
Révoluticn, est « mouche du coche bourdonnante et patriote actif ».•
Qu'a-t-il fait? Il ajoute une scène au Mariage de Figaro^ son bar-
bier arrive en jouant « à l'émigrette » et explique le jeu à Brid'oison.
Le fisc force Beaumarchais à prendre et à payer patente d'imprimeur
pour une édition de Voltaire. Pendant quarante-huit heures, il est
nommé ministre de l'intérieur, en 1792, mais la nomination ne fut
pas signée ou fut déchirée. Il est peut-être porté sur une hste d'émi-
grés et on rapporte solennellement l'arrêté « qui pourrait avoir été
pris ».
VII. L'Abbé Barbotin : c'est un curé de Prouvy, près Valen-
ciennes, député aux Etats généraux pour le clergé, qui entretient
— 348 —
avec ses amis uno coi'Pospo'riianoe, du 13 avril 1789 au 27 janvier
1790. Ce curé, partisan des réformes, fut brouillé avec la Révolution
après l'abolition des dimes et du régime féodal. M. Aulard, s'appuyant
sur la correspondance, voit surtout dans l'aJ^bé Barbotin un prêtre
au gros bon sens qui) privé de son bénéfice, se détache de la Révolu-
tion. Mais il nous apprend aussi qu-e l'aibbé refusa le serment consti-
tutionnel; fût-ce pour raisons matérielles ou pour raisons religieuses?
VIII. Robert Rhum, député de Paris à la Convention, secrétaire
de Danton, accusé d'accaparement, fut poursuivi et échappa diffi-
cilement à la guillotine. Est-ce pour avoir acheté plusieurs barriques
de rhum ou pour avoir combattu Robespierre?
IX. Étal de renseignement primaire en Haute- Garonne. Exposé de
la situation de l'instruction primaire en l'an VI dans cinquante-trois
caatons du département.
X et XI. Les Mémoires de la marquise de la Rochejaquelein et
les Mémoires de Barras, Etude bibhographique et critique. M. Aulard
excelle en ce genre. Il préfère l'édition des Mémoires de la marquise,
dont nous avons le texte original, à celle des Méjnoires de Barras,
arrangés par Saint- Albin. Il analyse, avec autant de goût que de
compétence, la valeur liistorique de ces deux ouvrages et il en con-
seille vivement la lecture attentive, avec les précautions d'usage
pour les Mémoires de Barras. G. P.
Histoire religieuse île la Kévoliition française, par Pibrrb
DE LA GORCB. T. II. Paiis, Pion-Nourrit, 191?, iii-8 de 53S p., avec 3 cartes.
— Prix : 7 fr. 50.
M. de la Gorce aborde aujourd'hui la seconde partie de sa re-
marquable (( Histoire religieuse de la Révolution française » : la per-
sécution légale, à laquelle est bien mêlée la troisième, la persécu-
tion sanglante. Le premier volume s'arrêtait à k fin de l'Assem-
blée constituante; celui-ci comprend l'Assemblée législative et les
débuts de la Convention. La Législative, composée d'hommes nou-
•veaux, peu connus, in' ayant pas l'expérience des affaires et du
gouvernement, imbus pour la plupart des préjuges philosophiques
et antireligieux, s'exaspère de la résistance opposée par les catho-
liques à la Constitution civile et à la prestation du serment. Et,
sans plus tarder, elle en vint aux mesures violentes : sans s'arrêter
à la loi du 7 mai 1791, qui avait autorisé me certaine hberté du
culte, elle la supprima en fait par le décret du 29 novembre 1791
qui créait une nouvelle catégorie de suspects. Puis sa haine anti-
religieuse s'exaspérant, le 27 mars 1792, elle condamna à la dépor-
tation, sur la plainte de vingt citoyens actifs et l'avis conforme
du district, tous les. prêtres qui avaient refusé le serment. Mais
— 349 ^
elle se heurta à l'invincible résistance du Roi. Louis XVI avait bien;
pu sacrifier ses prérogatives et ses droits de souverain; il ne vou-
lut pas sacrifier sa conscience de catholique et, dès ce jour, comme
le remarque justement M. de la Gorce, il se préparait au martyre.
Ni les attaques violentes de la presse, ni les injures de la populace,
ni l'insurrection du 20 j;uin ne purent venir à bout de sa constance;
il se retrouvait enOn Roi. Mais une foule d'administrateurs de pro-
vince, sans s'inquiéter du veto royal, ni même de l'opposition de
certains directoires départementaux, apphquèrent le décret, sans
qu'il fut sanctionna : à i^ngers, à Laval, à Dijon, on força les
prêtres fidèles à quitter leur paroisse; on les interna, on les empri-
sonna. On en assassina dans le Limousin et à Bordeaux. Ge fut bien
pis après le 10 août; ce furent les massacres d'abord,^ aux Carmes
•et à Saint- Firmin, puis ce fut la proscription en masse. M. de la Gorce
a tracé un tableau lamentable et éloquent des douloureux
•exodes de tou& ces malheureux prêtres, les uns déportés en Espa-
gne, les autres traversant la France en suspects, insultés, frappés,
dépouillés, arrêtés parfois et incarcérés, relâchés à grend'peine^
pour gagner la Suisse ou l'AUemagno où beaucoup allaient mourir
de faim et de misère. Spectacle affreux, mais qui est une gloire
pour le clergé de France. Un certain nombre pourtant restèrent
dans leur pays, bravant la prison et l'éehafaud pour continuer à
évangéliser leurs paroissiens.
Mais ce& paroissiens eux-mêmes refusèrent de courber la tête
sous la tyrannie jacobine. Ils acceptaient tout, même le change-
ment de gouvernement; mais ils voulaient conserver leurs « bons
curés ». Car c'esit là, il n'est pas pem^is d'en douter, l'origine de
rinmrrection de la Vendée. Ce ne fut pas une révolte politique,
ce fut une révolte religieuse. M. de la Gorce l'établit de la façon
la plus irréfutable. Les pages où il a décrit les mœurs et l'état
d'esprit des paysans vendéens, leur insurrection provoquée non pas
par les nobles, qui ne prirent les armes que plus tard, non pas
même par les prêtres, mais par la formation profondément religieuse
qu'ils devaient aux missionnaires de Saint- Sauveur- &ur-Sèvre, les
Mulatins comme on les appelait, sont certainement parmi les plus
curieuses et les plus attachantes d'un Hvre qui en contient un si
grand nombre. En racontant les débuts de la Grande Guerre,
l'auteur analyse très ingénieusement les causes cpji motivèrent le
soulèvement, qui en oocasionnèrent le succès au début, mais qui
devaient presque infailliblement conduire à un échec final, et tout
d'abord à l'insuGcès de l'attaque de Nantes et à la mort sublime
de Cathelineau. Ici s'arrête le volume; mais ces quelques lignes
Suffiront à dire tout l'intérêt qu'il renferme. Nous n'avons pas à
— 350 —
en faire reloge; on sait toutes les qualités des œuvres de M. de
la Gerce : le charme du style, la vivacité des peintures, la sûreté
des recherches, TimpartiaUté des jugements; celle-ci est digne en
tous points dos (inivres qui l'ont précédée.
Mais pourquoi lautour est-il simplement « membre de l'Institut »?
Max. de la Rocheterie.
lie Clergé de Franee peudaut In Révolution, par l'abbé
Augustin Sigard. T. l". VËffondrameni. Nouvelle édition, enliérement
refondue et très augmeatée. Paris, Lecofîre, Gabalda, 1912, in-8 de 604 p.
— Prix : 6 fr.
Ceci n'est point une rt'impression du grenl et bel ouvrage de
M. l'abbi Sicard sur le Clergé de France pendant la Révolution;
c'est une œuvre nouvelle, entièrement refondue et considérable-
men^ augmentée. Le premier volume est consacré à V Effondrement
et cet effondrement comprend quatre parties : Teffondrement poli-
tique, l'effondrement financier, l'effondrement monastique, Teffon-
drement religieux et social.
Comment ce glorieux clergé de France, qui était un des ordres
de l'État, et le premier, est-il arrivé à n'être plus rien? Avait- il
donc été opposé à la Révolution et sa déchéance a-t-elle été le prix
d'un combat? Non, l'immense majorité du clergé, le plus grand
nombre des évêques avaient salué avec enthousiasme la réunion
des États gén-'raux et les réformes qui se préparaient. Si le tiers-
état avait pu s'ériger en Assemblée nationale, il l'avait dû au
concours du clergé, qui avait refusé de s'associer à la résistance
de la noblesse. Contre sa suppression, même comme ordre politi-
que, il protesta à peine et les adresses abondent où des prêtres de
toutes les provinces envoient leur adhésion aux décrets de l'As-
semblée et protestent qu'ils veulent vivre désormais en citoyens
et travailler avec les augustes législateurs à la fondation de la li-
berté pubhque. Mais, il faut bien le dire, c'était au clergé lui-même,
à son influence religieuse autant qu'à son influence politique, qu'en
voulaient les meneurs, les Mirabeau, les Treilhard, les Le Pelletier
de Saint-Fargeau. En confisquant ses biens, en le transformant de
propriétaire en salarié, en l'amoindrissant devant le public, on pré-
parait son asservissement. Si l'on n'avait voulu que son concours
pécuniaire pour éteindre la dette de l'État, on eût accepté la pro-
position de M. de Boisgelin offrant un subside de 400 millions;
on préféra tout prendre et, par une juste revanche de l'éternelle
justice, on aboutit à la banqueroute. De même l'expulsion des or-
dres enseignants et des ordres hospitaliers amena la ruine d'une
foule de collèges et d'établissements d'instruction, la décadence des
— 351 —
hôpitaux, où l'on dut parfois conserver, à titre individuel, une
partie des sœurs qui soignaient les malades. Grande leçon que
beaucoup des législateurs actuels feraient bien de méditer; mais
est-ce qu'on écoute les leçons de l'histoire?
Un des chapitres les plus nouveaux et les plus attachants de ce
volume est celui que l'auteur intitule l'Effondrement monastique.
Il donne les plus curieux détails sur l'état des ordres religieux en
France en 1789. La plupart des grands ordres d'hommes : Cluny,
Citeaux, Clairvaux, les génovéfains, les prémontrés étaient singu-
lièrement déchus; on y menait la vie de château plutôt que la vie
de couvent : les détails donnés par M. l'abbé Sicard à ce sujet
sont curieux et amusants. Et, en fait, lorsque l'Assemblée décréta
l'abolition des vœux, la plupart des religieux de ces ordres en pro-
fitèrent pour reprendre leur liberté. En revanche, les capucins, et
surtout les chartreux et les trappistes avaient conservé leur fer-
veur première. Il en était de même de la grande majorité des or-
pres de femmes, qui s'obstinèrent à rester dans leurs couvents et
ne les quittèrent que par la force; les lettres, les pétitions que
nombre de religieuses adressèrent à l'Assemblée pour obtenir la
permission de continuer leur vie monastique sont particulièrement
touchantes. Mais une question plus grave allait se poser : après
avoir pris au clergé sa puissance politique, ses biens, ses couvents,
ses collèges, ses hôpitaux, l'Assemblée voulut lui prendre sa foi
et l'atteindre dans sa hiérarchie; c'est ce que nous verrons dans
le prochain volume en préparation.
Mais, dès à présent, on sent tout l'intérêt de cet ouvrage, qui
renferme tant de détails inédits et qui provoque, presque à chaque
page, des retours sur nous-mêmes et sur notre temps. La lutte,
commencée dès 1789, entre la France de la Révolution et l'Eglise
et qui est plus ardente que jamais, aboutira-t-elle enfin à un traité
de paix, comme semble l'espérer M. l'abb^ Sicard? Nous ne le
souhaitons pas moins que lui.
Une dernière remarque : nous croyons que l'auteur se trompe
quand il attribue à Marie- Antoinette, sur la foi d'une lettre à Fer-
sen, l'intention d'acheter des biens du clergé. Le langage de la
Reine, dans sa correspondance avec son chevaleresque défenseur,
était un langage de pure convention, qu'il ne faut pas prendre
dans son sens propre. Et, à la date du 5 juin 1792, la malheureuse
femme ne songeait guère à faire des placements en biens- fonds.
Max. de la Rocheterie.
,
— 352 —
Ti*a$;édies et corné ilies de l'histoire. Récils des temps
révolutionnaires, d'après des docimients inédits, par ERNEST DaudET..
Paris, Hachette, 1912, iii-l(3 de 293 p. — Prix : 3 fr, 50.
c( Comédies » parait un titre moins justifié que « tragédies » pour
résumer les quatre récits que nous donne, d'une plume alerte, la
science historique de M.Ernest Daudet. Ce sont des drames véri-
tables qiie la soi-disant conspiration Magon, qui conduisit à l'écha-
faud, en 1793, douze membres de cette malheureuse famille, dont
on avait arrêté vingt-cinq personnes sans motifs ni raisons; — les scè-
nes conjugales entre le roi de Suéde Gustave III et la reine, en 1775;
— la révolution qui, de 1798 à 1800, chassa de Naples en Sicile
le roi Ferdinand IV et la reine Caroline; — la mission diplomati-
que du marquis de Gallo, envoyé, en 1799, à la Cour de ^^ienne,
puis à celle de Saint-Pétersbourg pour solliciter, en faveur des
princes de Bourbon de Sicile, appui et secours de la part de l'Au-
triche et de la Russie. Il n'obtint rien, d'ailleurs; mais les épisodes
des voyages sont significatifs. C. H.
<7orrespoBi(lanee de Bory db Saint-Vincent Suppléraenl), publiée
et annotée par Philippe Lauzun. Agen, Maison d'édition et impri-
merie moderne, 1912, in-8 de viii-106 p., avec portrait.
II y a quatre ans, M. Philippe Lauzun éditait la correspondance
de Bory de Saint-Vincent dans un volume dont il a été rendu
compte ici même {Polybiblion de mai 1909, t. CXV, p. 429-430).
L'érudit éditeury constatait certaines lacunes qu'nn heureux hasard
l'a mis à même de combler. Les lettres écrites par Bory de Saint-
Vincent de 1808 à 1814, pendant la guerre d'Espagne, en 1840 et
1841, au cours d'une mission scientifique en Algérie, manquaient.
Elles avaient été réservées, précisément parce qu'elles étaient plus
intéressantes encore que les autres et que leur possesseur se dispo-
sait sans doute à les pubUer. Cette publication n'eut pas lieu et
les deux paquets de précieuses lettres demeurèrent enfouis dans
un fond de bibliothèque jusqu'au jour où le petit-fils du destina-
taire les y a retrouvés. II a eu la judicieuse pensée de prier
M. Lauzun de compléter une oeuvre dont il s'était acquitté avec
tant de distinction.
Bory de Saint-Vincent était un parfait Gascon, plein d'esprit et
de cœur, d'une impresaionnabilité qui rend quelques-uns de ses
jugements un peu sujets à caution et qui, tout en se permettant
avec l'orthographe des hbertés assez étranges pour un membre de
l'Institut, écrivait une langue forte et savoureuse, qui enveloppe
d'un vêtement chatoyant des appréciations souvent justes et tou-
jours amusantes à lire. P. Pisani.
— 353 —
lia Police politique, chronique des ieinp*» de la Hestaa-
ration« d'après les rapports des agents seo-ets et des papiers du Cabinet
noii\ 18I5-18'20, par Ernest Daudbt. Paris, Ploa-Noiirrit, 1912, ia-8 de
xxvii 393 p. — Prix : 7 fr. oO.
lia Censure en 1S90 et 1991 . F.tudesur la presse politi-
que et la résistance libérale, par Albert Gkémi-îux. Paris,
Cornély, 1912, gr. in-8 de iii-19o p. — Prix : 4 fr. 50.
La Restauration a trouvé une « police politique » organisée par
l'Empire, elle l'a conservée jusqu'en 1821 et la plupart des agents
employés étaient les mêmes. Ils déployèrent donc le plus souvent
du zèle pour faire oublier leur passé; du moins les procédés tragi-
ques qui, plus d'une fois, allèrent jusqu'à ensanglanter l'adminis-
tration de Savary et de Fouché se transformèrent-ils en simples
délations et espionnages. Ces dossiers du Cabinet noir ont leur im-
portance, leur intérêt, leur valeur documentaire. Il faut seulement
savoir les lire, et n'en pas exagérer la portée véridique. M. Ernest
Daudet les a examinés avec le désir d'une grande impartialité.
Toutefois, sa probité personnelle le met en si belle suspicion contre
les policiers en général qu'il est très dur pour le gouvernement
très honnête qui a eu recours à leurs services administratifs. En
cinq chapitres, il résume, avec l'agrément d'un récit romanesque,
le rôle de la police secrète française auprès des étrangers occupant
Paris après l'invasion de 1815, auprès des membres de la famille
Bonaparte, à Londres, en Allemagne, dans les Pays-Bas et, enfin,
autour de deux personnages à la fois hommes d'État et hommes
de lettres : Chateaubriand et Humboldt, Un Appendice sur les
actrices de cette époque (M^^^ Mars, M"^ Bourgoin, M^i<^ Georges)
n'est que la reproduction d'un chapitre déjà paru dans un livre
antérieur de l'auteur : Conspirateurs et comédiennes. On devine que
l'ensemble de ces révélations ne manque pas de fournir des détails
piquants.
— M. Crémieux nous reporte à la même époque et par certains
côtés à un même sujet, en étudiant la Censure en 1820 et 1821.
Ce n'est point du tout la manière « littéraire » de l'histoire, mais
l'examen précis, méthodique des textes et de leurs conséquences.
Il prend les choses au moment où fut votée, sur la proposition de
M. Decazes, la loi du 30 mars 1820, destinée (ordonnance royale
du 1^^ avril) à donner au gouvernement un moyen de résistance
efficace contre les complots et les manœuvres des libéraux et
des révolutionnaires, au lendemain de l'assassinat du duc de Berry.
II en exphque : 1° l'application à Paris (organisation du conseil
de surveillance et de la commission de censure), les rapports des
censeurs, la crise de résistance, les procès des journaux poursuivis
(principalement la Renommée); 2° l'application en province par
OCTOBRB 1912. T. GXXV. 23.
— 354 —
i'aotdon des eoTnnïissions départ ementaiee .: Nsrd, Sedne-ïirfépieuFey
•Càh'ados, Tlle- et- Vilaine, l^oire-lTtférieure, Gironde, Haute-Garonne^
Aveyron, etc., etc. Enfin, il expose comment peu à peu les sévé-
rités des .déi),uts se relâchèrent et prirent fm en r<'ia]iif' par une ioi
plus béné'vdile à l'automne de 'l'821. Cet e«sai fort intéregsarft, eette
étude très fouillée de la presse politique et de 'la résistance libérale
s'appuient sur les dossiers des Archives nationales (B. B. 20, 268).
M. Crémieux a uttUsé de la sorte des lettres, les procès-verbamx
des séances tenues et des rapports adressés à 'Paris au comité de
eurveillanoe. De rauhàples leotures dans les imprimés ont coTro-
boré ces dépotiillements de pièces manuscrites. 'Des index facilitent
la eon&ulta:tiun d'une étude d'une forme très scientifique et, par
euite, très utile et très recommandable. G. G.
ijeii Oi'i^iiiP!» de 1.1 ffuerrc de ISIïO. l^a C^Rndidatispe
Uohenxellei*!!, I-SÔ'^-I^ÎO, par Pierre Lehautgourt [Général
-Palat\ Paris et, Naacy, Berger-LevrauU, 1912, in-8 de iv-66'4 p. — Prix :
7 fr. 50.
M. Pierre Leliautcourt (pseudonyme du général Pakt) a raconté en
quinze volumes la guerre de .1 870-1871 jpar une méthode certainement
un peu singulière, il a commencé ,par la fin et narré les évé-
nements dans l'ordre inverse de la chronologie; il est tout à fait
iidèle à ce procédé fâcheux en nous donnant, aujourd'hui
seulement que 'tout e.st fini, les « -origines » de la guerre.
Cette critique faite au plan adopté, il convient de reconnaître
les mérites de son exécution -^-ivante et claire. L'auteur
{Introduction, ^P- x) -semble, avec un peu de suffisance, n'at-
tacher que ,peu d'importance aux ouvrages de «es prédécesseurs:
M. de la Gorce, M. Welschinger et M. Emile Ollivier, et il attaque
vivement ce dernier. Ils se trouvent cependant d'accord pour
conclure que c'est Bismarck qui a voulu acculer la France à la
guerre. Afin de le prouver, le .général .Palat étudie les « prélimi-
naires » qu'il fait remonter à 1869, il décrit ce qu'il nomme :
« l'exjplosion de 4a bonvbe espagnole » et analyse minutieusement
la demande de garanties du gouvernement français au gouverne-
ment prussien auprès le 6 juillet, enfin la « déclaration de guerre »
elle-même. Les « sources » -allemandes lui ont été précieuses; il les
<iite, les compare, .les j,uga; les passages documentaires de ce livre
offrent doncime réelle valeur; leur mise au point est beaucoup moins
intéressante et d'un style trop familier. Les notes sont nombreuses
et exactes, les appréciations sont passionnées parfois; un Index
facilite l'usage de ce .gros volume, terminé ;par des pièces en annexe.
G.
— 355 —
Polilfque extérieure, par Lucien Hubert. Paris, Alcan, 1911, in-16
de 253 p. — Prix : 3 fr. 50.
M. Lucien Hubert., sénateur des Ardennes, a été députe' du même
département depuis un certain nombre d'années et a consacré aux
affaires extérieures la majeure partie de son activité parlementaire.
Ce volume est composé de la réunion d'un certain nombre de dis-
cours, prononcés par lui surtout à la Chambre des députés depuis
1904, et de quelques articles. On y trouvera des aperçus intéressants
sur la question d'Orient et la révolution turque et sur la politique
européenne dans l'Afrique équatoriale; mais l'attention du lecteur
sera surtout retenue par les discours relatifs au Maroc et aux rap-
ports entre la France et l'Allemagne. M. Hubert était rapporteur à la
Chambre des députés du projet de loi portant approbation de la
convention d'Algésiras. Dans une période telle que celle que nous
tra"\^rsons et dans laquelle les crises internationales se précipitent
avec une rapidité déconcertante, les rapports et les discours parle-
mentaires sont vite démodés et ceux de M. Hubert n'échappent pas
à cette loi. On y relèvera cependant avec intérêt plusieurs marques
de clairvoyance : notamment l'appréciation de la situation respec-
tive d'Abd-el-Aziz et de Moulay Hafid, et la déclaration que M. Hu-
bert apportait à la tribune le 12 novembre 1904 et dans laquelle^
ignorant les clauses du traité secret qui aujourd'hui pèse si lourde-
ment sur notre politique marocaine, il se disait assuré que «les avanta-
ges concédés à l'Espagne étaient purement économiques ».
Les considérations sur les rapports de la France avec l'Allemagne
méritent peut-être surtout de retenir l'attention et cette attention
nous semble emporter une part sérieuse de critique et d'inquiétude.
Que M. Hubert rende hommage aux qualités d'énergie et de ténacité
de la nation allemande, qu'il tienne un juste compte des nécessités
économiques d'une population qui s'accroît et qui étouffe dans les
limites que l'état politique du monde lui assigne, rien n'est plus juste;
mais qu'il paraisse ignorer le danger permanent et imminent qui
résulte pour la France et pour la civihsation de ce que ces qualités
et ces nécessités ont à leur service une puissance politique et mili-
taire qui tend à l'hégémonie en Europe, c'est ce qui étonne. M. Hu-
bert semble avoir trop oublié que l'atteinte portée en 1870 à l'unité
et à l'indivisibilité de la Fran':'e exige une intégrale réparation pour
que notre sécurité soit assurée, et quand il se félicite de l'accord
franco-allemand de 1908 sur le Congo il est loin d'avoir prévu le
coup d'Agadir et le douloureux traité du 4 novembre 1911. Je veux
espérer que pour lui, comme pour beaucoup de Français, ces événe-
ments récents ont été un trait de lumière. Hs lui auront sans doute
appris qu'en dépit des silences diplomatiques, une question primor-
—•356 —
diale domine tous les rapports internationaux depuis quarante ans :
celle de la révision du traité de Francfort. Quand cette question
sera résolue soit par l'abaissement définitif de la France, soit par la
réparation qu'elle se doit à elle-même de s'assurer, tout deviendra
plus simple en Orient «:;t en Afrique. Le sort du mcnde aura été tran-
ché : civilisation française ou barbarie teut(jnne sont les deux termes
du dilemme dont la solution est sur le Rhin. Ce peut être une néces-
sité de le taire dans le langage officiel. C'est un devoir de ne jamais
Toublicr. Eugène Godefroy.
^eiktralilé et monopole de l'«ii«>>oigiteiuent, suivi de l'étui
acii.el de l'enseignement du Uitin, leçons piofessées à l'École des hautes
élu ies soîiales, par V. Basgh, E. Blum, A. Crgiset, G. Lanson,
D.'Parodi, Th. Rkinach, F. Lévy-Wogue et A. Pighon. Paris, Alcan, 1912,
i..-8 carloaué de ni-312 p. — Prix : 6 fr.
lia ljia<t« scolaire en France au dix-ueiiviènte aiècle,
par F. Buisson, L. CAHtiN, A. Dessoye, E. Foubnièrb, g. Latreillb,
R. LbbiïY, Roger [.évv, Ch. SetciNOBos, Gh. Sghmidt. J. Tgheunoff et
E. TOUTEY. Pari<, Alcan, 1912, in-8 cartonué de xrx-284 p. — Prix : 6 fr.
Laissons de côté les deux études sur l'enseignement du latin,
d'un caractère purement technique, dignes l'une et l'autre d'être
lues, mais dont la seconde, celle de M. Pichon, m'a semblé la
meilleure; les autres leçons, qui se répètent volontiers, car, sous des
formes diverses, elles traitent souvent à peu près le même sujet,
portent la marque d'une même préoccupation, qui s'applique à cri-
tiquer plus ou moins brutalement et à poursuivre l'étranglement
plus ou moins rapide de l'enseignement chrétien, en masquant
cette belle entreprise sous une formule de liberté. Plusieurs de ces
études sont signées de noms juifs, toutes de noms « dreyfusards»,
et l'on devine les préjugés, les partis pris, les ignorances avec les-
quels l'enseignement chrétien, c'est-à-dire l'enseignement français
par excellence, y est jugé. Aucune n'est pleinement juste, même
sous des apparences de modération; plusieurs sont des réquisitoires
préparatoires de ces arrêts qui sont surtout des services. Pour
résumer tout cela, et surtout pour y répondre, il faudrait disposer
de beaucoup de place et de temps. Je me borne à quelques cita-
tions.
De M. Croiset, l'un des plus modérés : « Le rôle de l'enseigne-
ment libre est de recueillir ceux qui hésitent encore à être tout à
fait de leur temps. » Le même juge que « Descartes a jeté bas
la scolastique «, dont il semble croire que le rôle soit tout à fait
fini. Il repousse le monopole, comme d'ailleurs, pour des raisons
diverses, rarement bonnes, la plupart de ses collègues.
M. Parodi rejette aussi le monopole comme « inopportun et im-
— 357 —
praticable », mais il tond visiblement à l'étatisme. Il professe le
caractère tout relatif du droit, prétend que l'Église ne revendique,
dans la question de l'enseignement, d'autre droit que celui de re-
présentant et de délégué de la famille, et il admet « l'instituteur
antimilitariste s'il n'enseigne pas l'antimilitarisme ».
Pour M. Basch, la campagne de l'Église contre les manuels sco-
laires est la revanche de la Séparation. Il écrit la Congrégation avec
un grand C, tout comme M. Brisson et sans doute M. Homais.
Il écrit que M. Guizot abandonna presque entièrement l'enseigne-
ment des jeunes filles aux Frères des écoles chrétiennes, qu'il ap-
pelle ignorantins, et aux jésuites, et il fait sien le mot de Victor
Hugo jugeant la loi Falloux :« Monopole qui fait sortir l'enseigne-
ment de la sacristie et le gouvernement du confessionnal ». Les
lois ^Valdeck, appliquées par M. Combes, sont qualifiées de lois de
libération et, pour les justifier, l'auteur ne craint pas, en en esqui-
vant un peu la responsabilité sous les apparences d'un simple rap-
porteur des opinions des autres, de refaire contre l'enseignement
chrétien de petites « Provinciales », moins imitées de Pascal que
des bas pamphlétaires qui se figurent marcher dans le sillage du
pauvre grand écrivain. Ah ! comme, avec ces procédés, il nous se-
rait facile de montrer que l'enseignement officiel enseigne vrai-
ment de tristes choses, tout à fait dénuées de bon sens, de savoir,
de moralité et même tout simplement de raison. Dédaignons cette
vengeance trop aisée, dont ce n'est ni le lieu ni le temps.
M. Blum affirme que les catholiques ont renoncé au droit de
penser librement, un droit dont M. Blum n'use guère, car il parle,
là, avec un rare parti pris de choses qu'il connaît fort mal. Il con-
clut à l'obligation du stage scolaire, ce qui est évidemment très
équitable, très libéral et très français.
Aux études de MM. Croiset sur lé Monopole de l'enseignement ;
de M. Parodi, sur le Droit de l'État, de la famille et de l'enfant;
de M. Basch, sur la Liberté et le monopole; de M. Blum, sur l'A-
brogation de la loi Falloux, art. 63, s'en ajoutent deux autres de
M. Lanson sur la neutralité scolaire et de M. Reinach sur l'enseigne-
ment secondaire. Je n'en ai rien dit pour ne pas me répéter, car
elles rendent le même son que les autres et s'inspirent du même
esprit : j'ajoute qu'elles traitent à peu près le même sujet.
Pour me résumer, ce recueil forme en somme un livre assez
misérable. Je ne veux pas d'ailleurs détourner de le lire ceux de
nos lecteurs qui ont intérêt à suivre ces questions. Il est en
effet un témoignage précieux pour nous de la mentalité des adver-
saires de l'enseignement chrétien et français. J'estime même qu'il
est utile, pour les mieux combattre, de connaître leurs projets et
— 358 —
de noter leurs aveux. C'est le seul profit qu'on puisse tirer de
cette lecture.
— Le volume sur /« LiUte scolaire en France au xix^ siècle ne
doit pas être séparé du précédent. Il vise plutôt l'enseignement
primaire, bien que plusieurs études aient un caractère général, se
tient davantage sur le terrain historique, ce qui lui donne une
apparence plus sereine et moins agressive, mais il procède des mê-
mes tendances et est animé du même esprit. Voici la table des
matières, qui en dit assez long et qui nous dispensera de nous
arrêter longuement sur chaque étude et, par conséquent, de répéter
les observations que nous avons inscrites en marge du volume pré-
cédent.
L'Introduction est de M. J. Letaconnoux. Puis viennent : I.
Les Idées et le conflit scolaire sous la Révolution, par L. M. Cahen.
II. L'Organisation de l'Université impériale, par M. Ch. Schmidt. III.
L'L'niversité et les jésuites au temps de Frayssinous, par M. R. Lévy.
IV. L'Enseignement primaire et l'ordonnance du 21 avril 1828,
par M. E. Toutey. V. Le Parti catholique et la liberté d'ensei-
gnement après 1830, par M. L. Latreille. VI. L'Église et l'Université
de 1830 à 1848, parM. J.Tchernoiï. VIL L'Organisation et la dé-
fense de l'école primaire sous Louis- Philippe, par M. E. Fournière.
VIII. La Loi Falloux et le ministère Fortoul, par M. Ch. Seignobos.
IX. Le Ministère Dupuy, par M. A. Lebey. X. L'Organisation de
l'enseignement laïque et les lois de 1881, 1882, par H. F. Buisson.
XL L'École laïque et les partis depuis 1882, par M. A. Dessoye.
On ne peut espérer de ces auteurs ni l'impartialité ni la justice.
Notons qu'au contraire de ce qu'écrit M. Buisson, la suppression
du nom de Dieu dans les textes classiques et jusque dans les fables
de La Fontaine n'est pas une légende « des sacristies et de leurs
journaux », c'est un fait bien établi, et nous connaissons un inspec-
teur primaire qui, dans un livre scolaire, est descendu à « ce degré
d'ineptie », suivant le mot de M. Buisson, de citer ainsi un vers
de La Fontaine :
pourvu qu'on lui laisse la vie.
On remplace Dieu, et l'on a fait subir la même déformation à
des citations de Chateaubriand et de Laprade. M. Buisson aurait
donc pu trouver un meilleur emploi de sa lourde ironie. Lui, si cir-
conspect et si prudent d'ordinaire, il a cette fois parlé trop A-ite.
P. Talon.
à
J
— 359 —
Hintorieieh pnila{|ogtiek«r I<i^eratur-Iieri?lit Aber das
Jalir 1»»>J>, herausgegeben von der Gesellschaft fiir deiUsche Erzie-
hung^- uni SchulgeichLclite, 21 BeiljefL. Berliu, Weiimaan, 1911, in-3
de XI-3S4 p.
La Société allemande pour l'histoire de réduoation et de l'ensei-
gnement publie un Bulletin trimestriel qui corjesi)ond. à notre
Mevwe pédagogique. Ellfi y joint un rapport annuel sur toutes les
œuvres relatives à l'histoire de la pédagogie, et j'ai sous les yeux,
pour l'année 1909' le 21^ fas<îi€ule supplémentaire, publié par- la
Société; Ce fascicule est devenu' un volume important,, dédié sous
une forme nouvelle et dans le format de la Remie historique ou de
la Revue littéraire à son, ancien secrétaire, Alfred N<?ubaum, que
la mort vient d'enlever dans- la force de l'âge;, L'ouvrage, divisé en
quatre parties, embrasse tout le domaine de la pédagogie. La. pre-
mière partie passe en revue les différentes époques pédagogiques et
les éducateurs éminents; la seconde partie,, les établissements d'ins-
truction;; la tneisième, les- différentes branches de renseignement;,
enfin la quatrième,, les pays d'Allemagne, d'Autriche ot de Suisse^
où s-exerce l'activité pédagogique. Chacune de ces parties contient
sept ou hjuit articles qui résument et apprécient, à la façon de notre
Polybiblion, une dizaine d'œuvres importances parues dans l'année..
Je ne puis les signaler tous, mais j'ai lu avec grand intérêt l'article
très documenté de M. Karl Knabe, directeur du gymnase de Mar-
boui^, sur le développement général de la pédagogie, et celui, du prof.,
Eclwin Habel sur l'enseignement au moyen; âge. M. Rudolf Wulkim,.
conservateur à la bibliotlièque de Vienne, traite ■ de l'histoire de la
pédagogie au temps de Ihumanisme en Italie, en France, en, Espa-
gne et en Allemagne; M. Hermami Michel, de Berlin, examine la
même question au temps de la Réforme et de l'antiréiorme; M. Spran~_
ger, de Charlottenbourg> dans lès, temps modernes. ,M. Théodore:
Kerrl oonsacro une étude- aux éducateurs éminents des temps passé*
et du présent. Ml. Fritsdi^ de: Leipzig, expose les idées et les tendances
de Herbart et dfe son école, et M. Wachter remet ài sa place le grand!
pédagogue que fut Frôbeh.Dans Ih. seconde partie, on lii'a avec plaisir
l'article de M. H'eimhucher sur la pédagogie dans les couvents et les
ordres religieux, celui de M. Hermelinck sur les llJniversités et parti-
culièrement, celui de M. Schwabe sur l'Université de Leipzig, et son
centenaire. La troisième et la quatrième partieaont une allure plus
technique, plus professionnelle et intéresseront plus les gens du. métier
que- le grand public. Il m'est permis toutefois do signaler à l'atten-
tion générdle larticle sur les, mathématiques et la physique, où M. le
prof. Pahl rend un hommage si mérité à l'histoire des mathéma-
'tiques de,Cantor, un des ouwages les plus remarqués de notre temps.
— 360 —
lo standard-work de l'époque, comme l'appelle le critique, en citant
le mot de Schiller :
« Wenn die Kônige baun, haben d'e Kàrrner zu tun. »
L. Mensch.
La Képubliquc ainérirMlne, par Jamks Bhyce. 2» édition française
complétée par l'auteur. T.I. Paris, Giard et Brière, 1911, in-8 de xv-6*55 p-
- Prix: 12 fr. fO.
L'organisation des États-Unis a produit chez les Anglais une dé-
ception qui n'est pas encore oubliée. Après avoir raillé pendant
\m siècle les prétentions de leurs colons, ils ont dû se convaincre
que l'heure de la vengeance ne viendrait plus et que leurs anciens
sujets étaient devenus une nation définitive. Il fallait expliquer;
M. James Bryce s'en est chargé en recherchant le secret de la
prospérité américaine dans les institutions.
Il s'est donné une peine infinie pour saisir et expliquer le jeu des
organes, leurs avantages et leurs insuffisances. Il ne semble pas pos-
sible de mieux présenter l'ensemble et le détail, de mettre plus de
talent dans le commentaire et la comparaison avec d'autres régimes.
Les Anglais ont fait un grand succès à l'œuvre de M. Bryce, et res-
tent persuadés qu'eux seuls ont bien compris le développement
politique et l'histoire des États-l'nis. Les Français paraissent, eux
aussi, émerveillés de cette science qui met tanl d'ingéniosité dans
l'étude d'une vie nitionale; ils ont accueilli l'œuvre de M. Bryce
avec une sincère sympathie, puisque, à dix ans d'intervalle, ils en
publient une nouvelle traduction, qui formera quatre volumes com-
pacts, comme celle de 1900. WW^
Les Américains paraissent moins enthousiastes, ou du moins sont
plus réservés. San^ doute ils ont des attentions flatteuses pour le
savant qui est en même temps l'ambassadeur de la Grande-Bretagne,
et l'Association historique lui a donn'' le titre enviable de membre
d'honn'ur dans son Congrès de 1906, à une date qui ne permet pas
d'affirmer que la distinction s'adresse au savant plutôt qu'à l'ambas-
sadeur. Ils ne lui ont pas adressé de critique et, au fond, ont paru
flattés de ce que leur œuvre constitutionnelle a été l'objet d'un tra-
vail aussi considérable. Cependant ils ne se sont pas émus des péril»
que M. Bryce signale dans leur constitution de 1789 : ils sont restés
in lifférenis aux profondes considérations philosophiques qui ont
pour unique intention de leur faire regretter leur obstination à ne
pas admettre de régime parlementaire. Ils ont été, par contre, surpris
que l'on ait trouvé dans leur œuvre tant de ressemblance avec lea
institutions anglaises; ils croyaient s'en être éloign's en rejetant,
avec le parlementarisme, tout ce qui tient au régime aristocratique.
— 361 —
II faut le reconnaître; malgré ses efforts sincères, M. Bryce n'a pas
triomphé de ses préventions; pour lui la constitution anglaise est
la plus parfaite, il approuve tout ce qui s'en rapproche, il est facile-
ment entraîné à critiquer avec sévérité les dispositions originales
inspirées par l'esprit américain. Mais, savant de bonne foi, il
reconnaît que les mœurs — et c'est un éloge — corrigent les imper-
fections théoriques; quid leges sine moribusl II avoue que l'habitude
dn self - government pratiquée pendant l'époque coloniale a créé une
tradition, c'est-à-dire des mœurs politiques qui permettent d'éviter
les conHits ou de les résoudre.
« Beaucoup de choses dans ce pays, il en convient de bonne grâce,
fon itionn'^nt mieux qu'elles ne devraient ou pourraient fonctionner
pour ainsi dire dans tout autre pays, parce que le peuple est d'une
alerte subtilité pour attén .er les inconvénients qui résultent de sa
propre précipitation et de son irréflexion, et parce qu'il a une
gran le capacité de s'aider lui-même » (p. 260).
Notre Hyde de Neuville avait exprimé la même idée d'une façon
plus claire au commencement du xix® siècle : « Si les Américains
ont pu fonder des libertés sans licence et un pouvoir sans tyrannie,
c'est parce que les citoyens ont un respect sincère pour la loi
établie, pour la foi religieuse qu'ils professent, et ils respectent
cette règle invariable de n3 jamais mêler la politique à la question
Sociale. » {Mémoires, II, 200.) L. Didier.
Ifeivinnn catholique, d'après des documents nouveaux, par Paul
Thureau-Dangin. Paris, Plon-Nourrit, 1912, iQ-12 de va-245 p. — Prix :
3 fr. 50.
Dans ses études sur la Renaissance catholique en Angleterre au
XI x^ siècle, M. Thureau-Dangin avait exprimé le regret que la cor-
respondance de Newman cathohque n'eût pas été publiée comme
celle de Newman anglican. Cette lacune est aujourd'hui comblée;
le fils d'un des disciples de Newman, M. Wilfrid Ward, vient d'é-
crire une vie de l'éloquent religieux en deux volumes, dans laquelle
îl a donn? place à de nombreux extraits de ses lettres et de son
journal, et cela a permis au secrétaire perpétuel de l'Académie
française d'ajouter un nouveau et attachant chapitre à son œuvre
magistrale .
Ce fut, pourrait-on dire, pendant longtemps un glorieux mé-
connu que Newman. Autant il avait jeté d'éclat au moment de sa
conversion, autant, après elle, il eut de peine à trouver sa place
et à tracer sa voie. On ne le comprenait pas à Rome; on se dé-
fiait de lui en Angleterre et en Irlande. Tout ce qu'il tentait
échouait, à Dubhn comme à Oxford. Il avait contre lui la négli-
— 362 —
•gence du: cardinal VViseman, qui l'appréciait: bien, pourtant, l'iios-
tilitt'^ de Mgr Manning; et surtout de Mgr Talbot, la méfiance de
la Propagande. Il en aoufîrait cruellement, moins d'être' méconnui
que de sentir que, dans de pareilles conditions,, il ne pouvait pas-
faire tout le bien qu'il voulait et devait faire. Ses lettres et son
Journal portent Tempreinte de ces- souffrances intimes; M. Thureau
Dangin en cit€ de nombreux passages-, il lui laisse la plupart du
t-enips la parole et c'est ce qu'il pouvait faire de^ mieux pour la
gloire de son héros; il montre ainsi son âme à nu et il en révèle
toutes les beautés. Newman souiïre cruellement, mais il ne se ré-
volte pas; à peine se plaint-il. Il offre sa.i souffrance à Dieu ot pour
le salut des chères âmes- de ses compatriotes. U s'incline docile^
ment devant la volonté de ses supérieurs et proteste de son absolue
soumission, au Pape, de son invincible attachement à la foi catho-
lique. Ili faut lire en s<in entier, à la page 195$ l'admirable prière
où il demande à Dieu la ferveur et la grâce de supporter «. les
peines, les désappointemeniSj. la calomnie, les anxiétés et les dou-
tes; ». On se prend, après l'avoir lu, ài répéter, comme Mgr UUa-
thonne : « II; y a un saint chez cet homme ». Eti l'on ne peut que
s'associer à la conclusion de liéminent auteur de ce volume :
« Le livre de M. Wilfrid Ward, en faisant pénétrer plus avant
dans cette âme aux jours d'épreuves, en ne laissant rien dans
l'ombre des mouvements qui l'ont agitée, en la montrant avec
ses troubles, ses tristesses-, et, si l'on veut, ses faiblesses, mais
aussi avec la hauteur de ses vues et sa généreuse fidélité,, n'a pas-
diminué cette grande figure. Celle-ci nous apparaît plus émouvante,
plus humaine, plus proche de nous, sans être au fond moins belle
et moins pure. Nous l'aimons davantage, sans la moins admiren. »
Max, de la Rochbterie.
Vere la l?Ia'i<»(»ii de liiin*ièr3, liist >i<*.a «ftina eeiiveraioik,
par B. A.NSriG8 Baker : trad. de l'angldis par ua Père béiiédioliu, de
SolesmGs. Paris,, Le.coGfra, Gabalda, 1912, ia-12 le xiv-297 p. — Prix : 3 fr. 50.
Co journal' d'une convertie;, qui a. paru; en; 1906 sous ce titre :
A modem pelgrim's progress^, et dont le public anglais a été très
impressionna méritait bien d'être traduit et, sobrement annoté
par un Père bénédictin de Solesmes, d'être présenté aux lecteurs
français par L'éminent abbidfe Farnborough. Dom Gabrol. Ce n'est
pas un coup de foudre ni un brusque coup de tête qui. a fait Miss
Baker catholique, sans avoir étudié, réfléchi mûrement. Elle nous
raconte au contraire sa. laborieuse montée à tiravem les écoles et
les. systèmes, vers l'étudjB desquels l'a poussée soa inqjU;iète et ar-
dente curiosité. Elle a particulièrement fréquenté, me semble-t-il;
— 363 —
Kant et Spencer. Il faut noter que de son éducation profondément
^Tnorale et religieuse elle avait toujours retenu une foi ferme à un
Dieu juste et bon, au sérieux de la vie, à k responsabilité et à
l'immortalité de l'âme humaine. Ajoutez qu'elle priait; vers ce
Dieu qu'elle désirait connaître davantage, sa prière montait hum-
ble et douloureuse aux heures d'obscurité et d'anxiété. Comment
Dieu lui aurait-il refusé la lumière? Vite dégoûtée des insuffisances
et des contradictions des sectes protestantes, elle fut peu à peu
amenée à voir clairement que le seul christianisme intégral, con-
sistant et logique, est celui de l'Eglise catholique. Et l'existence
de cette Église, « avec ses étonnantes caractéristiques », lui sem-
ble « une preuve de la divinité du Christ bien autrement forte
que toute espèce de témoignage des siècles passés », Eglise une
dans sa variété, de doctrine fixe et qui, pourtant, se développe.
Cette dernière notion, si féconde et que des interprétations abu-
sives ne doivent pas faire abandonner, est nettement accusée dans
ce livre parfaitement orthodoxe. Miss Baker aurait pu l'appuya
sur l'autorité de Newman, qu'elle alla voir après Pusey; le récit
de cette visite forme l'un des chapitres les plus intéressants du
volume. Mais c'est assez longtemps après, à Paris, à la suite d'un
sermon à Saint-Augustin et de nombreuses instructions particu-
lières du Père Etienne Le Vigoureux, que la conversion s'acheva.
Bahon Angot des Rotours.
Vie de Tolatnï, par Romain Rolland. Paris, Hachette, lail, in-16 de
204 p. — Prix :2 fr.
Franihemm', on peut préférer les romin^. de M. Roraiin Rol-
lanl à ses biographies, celles du moin? do Michel- An je et de Tols-
to'i. Pour cette dernière on s'étonn? m^me qu'un auteur d'uns cul-
ture aussi approfonlie Fait entreprise. Car enfin, aux jours où n^us
sommes, on requiert du critique qui nous donm tout un livre sur
un écrivain, de lire au moin? la lanjue de ce maître. San? cela, quel-
que estim3 que nous ayons pour ce critique, nous m le- prendrons
pas assez au shneux. En fait, tout ce qui est in'éressan'". dans le
livre de M. Rollanl — impression? personnolles, appréciation des
idées artistiques de Tolstoï, vénération chaleureuse — tout cela
aurait fait la matière d'un article original et remarquable. Le reste
est compilation toute fraîche, alourdie par des n )tes papillotantes.
M. Rollanl est en outre obligé de transcrire sans bromher — et
pour cause — les traductions de Tolstoï dont il a dû se servir. Il
cite ainsi de drôles de phrases, de celles qui faisaient rire Tolstoï.
Exemple : Lettre de Tolstoï à sa femmo : « Ne te fâche pas coratna
— 36\ —
tu le fais parfois quand je mentionne Dieu » (p. 102). Ou bien :
« Dès que je n'y croyais plus, soudain la vie cessait » (p. 84).
Ou enfin ce « moine à V Afone » qui a sans doute fait rêver quel-
ques personnes. M. Rolland a évidemment entendu qu'il s'agit là
d'un moine de l'Athos; sans manquer de courtoisie envers le tra-
ducteur dont il empruntait la version, il aurait pu ajouter, entre
crochets, ce mot révélateur. Je note aussi en passant que parlant
de Léon Tolstoï fds, M. Rolland l'appelle « le fds aîn? de Tolstoï »
(p. 80). C'est une erreur très répandue en France. Léon Lvovitch
est pourtant le troisième fds de Tolstoï. Denis Roche.
Képertoire biB>liogra|ihique pour la période dite a révo-
lutionnaire »i 19^9-19111, en Seine-Intérieure, par l'abbé
ViCTOK Sanson. t. II, Rouen, le Havre. T. III, les Communes. Paris, Cham-
pion, s. d., ln-8 paginé 281-'i73 et 475-796. — Prix : 10 fr. le volume.
Les deux nouveaux volumes de l'utile publication de M. l'abbé
Sanson témoignent du labeur et des recherches que s'est imposés
cet érudit pour mettre entre les mains de ses lecteurs un instru-
ment de travail assurément précieux. Après les gén'ralités que
contenait le premier volume, nous entrons maintenant dans la sec-
tion locale. Rouen à lui seul a fourni la plus grande partie du
t. II (n. 281-415), dont le reste est occupé par la ville du Havre.
Pour chacune de ces villes, les indications recueillies sont groupées
sous les rubriques suivantes : Histoire politique et administrative;
Histoire religieuse; Histoire militaire; Histoire économique et so-
ciale; \'ie intellectuelle et artistique; Vie publique; Topographie et
monura;ents. Comme dans le t. I^r, chaque section ou sous-section
groupe séparément les ouvrages et les documents. Lorsqu'un titre
est insuffisamment clair, l'auteur a pris soin généralement de le
préciser dans une note, pas toujours cependant : voici, par exemple,
p. 322, une Lettre de M. Daiguil, dont l'objet reste indéterminé;
de même, p. 337, pour la Pétition, le Décret de l'Assemblée natio-
nale, V Adresse au Roi; de même, p. 432, l'Adresse d'un citoyen aux
assemblées primaires du Havre. Ce ne sont que quelques exemples
pris un peu au hasard et dont on pourrait grossir le nombre; mais
nous reconnaissons volontiers que, dans la majorité des cas, l'au-
teur s'est efforcé de préciser le sujet des pièces citées. D'ailleurs,
dans l'abondance des renseignements qu'il fournit, les quelques la-
cunes ou les quelques imperfections que l'on pourrait relever dis-
paraissent et s'efîacent presque. Un point cependant sur lequel
nous appelons son attention^ parce qu'il pourra y remédier par un
errata à la fin de son dernier volume, ce sont les noms propres
écorchés : p. 285 par exemple, Mantouchet, pour Mautouchef,
p. 756, Jananschek, pour Janauschek, etc.
— 365 —
Le t. III contient le commencement du relevé des pièces con-
cernant les communes, classées dans l'ordre alphabétique : l'ar-
ticle n'entre pas en compte pour le classement; le Bosc Mesnil,
par exemple, est classé à Bosc\ et cet usage, qui tend d'ailleurs à
se gx'm'raliser chez nous, est le plus conforme à la raison. Ce tome III
contient les communes depuis Ahancoiirl jusqu'à Jumièges. Ici,
M. l'abbé Sanson n'a pas craint de diborder singulièrement son
cadre; au lieu de se borner, suivant son titre, aux indications re-
latives à l'époque révolutionnaire, il a « groupé tout ce » qu'il a
« pu trouver intéressant, même la plus petite des communes de la
Seine- Inférieure ». En sorte que ce tome III et le t. IV qui suivra
contiennent une Topobibliographie aussi complète qu'il a pu la
dresser de la Seine- Inférieure. Assurément, nous n'avons pas le
courage de blâmer cette dérogation au plan général de son ouvrage;
elle lui a été inspirée par l'idée de rendre service aux « personnes
de bonne volonté » qui « dans l'isolement de leur résidence ou de
leur fonction... désirent parfois connaître ce qui fut publié sur
l'enclos de leur exil, de leur retraite ou de leur naissance ». Pour
dresser ce répertoire, qui ne manquera pas d'être très consulté,
l'auteur n'a pas craint de faire le dépouillement d'un nombre
considérable de volumes; prenez, par exemple, l'article Ancourt :
les douze ouvrages qui y sont signalés contiennent sur cette localité
chacun quelques pages ou quelques lignes que trop de lecteurs ne
songeraient pas à y aller chercher. Je crains seulement que plus
d'un parmi ceux que ce répertoire, dressé avec tant de patience et
de soin, pourrait intéresser ne songe pas à le consulter, trompé par
le titre gémirai de l'ouvrage; il est fâcheux que M. l'abbé Sanson
n'ait pas songé à rendre ce titre plus conforme à ce que contient
réellement son livre.
Quand une commune a été chef-lieu de canton ou de district,
comme Caudebec, l'auteur a soin d'énumérer successivement et à
part ce qui concerne soit le district, soit le canton, soit la commune.
Nous attendons avec intérêt la suite et la fin de cette œuvre
extrêmement méritoire. E.-G. L.
BULLETIN
Le Dogme, i^ouree) d'unité et (te saiiitf^té dans l'Eglise, pSlP E.-A.
DE PouLPiQUET. Paris, Bloud, 1912, in-16 de 119 p. (Collection Science et
BeHgion]. — Prix : 0 fr. 60.
L'Église est une et sainte, et c'est par le dogme qu'elle unit les hommes
entre eux et les hommes à Dieu. Q le l'on considère l'expression intellec-
tuelle et par là même sociale de ses dogmes, ou le magistère visible qui
les garde, ou encore leur contenu intrinsèque, c'est en enseignant que
— Z6Q —
l'Éjjiis? est principe d'action et de vie, <^n'elle opère la fusion des âmes
entre elles et en même temps leur expansion daris le sens de l'infini, du
divin.
Le R. P. de Poulpiquet répond directement par cette thèse, dont la
Revue du clergé français a eu la primeur, aux attaques de ceux qui
reprochent à rÉ-,lise, par son intransigeance doctrinale, de diviser les
espiits, au jieu d-^ les unir, d'* « schismaliser au lieu de schômatiser ». Très
intéressante et substantielle étude, aux larges aperçus, inspirée et soutenue
par un ardent am,"ur de l'Ég'ise, P. Bernar».
A ti*a\'ei'8 la morale. JV. lï'avers I*>» cliosee. Livre de lecture couronte,.
par J. Led.w. Paris, J. de Gigord, 1912, ia-18 cartonné de 253 p., illustré.
— Prix : 1 fr. iO.
Il est charmant, ce petit livre. La lecture en est attachante. Il est bien,
comme l'indique le sous-titre, un « livre de lecture courante ». Mais il est
surtout éminemment instructif, mettant à la portée des enfants et sous
une forme attrayante l'enseignement en action de la morale la plus élevée
et la p'us chrétienne, en même temps que des notions très variées sur
toutes choses (observées en voyageant, comme aussi sur di\ers personna-
ges illustres: La Bruyère, Bossuet, Bufïon, Pasteur, Lacurdaire. Léon XIII.
C'est un livre qu'il faudrait pouvoir répandre à profusion dans les
écoles. Il convient merveilleusement aux enfants de huit à douze ans.
C. DE K.
Destruction des insecte» et autres animaux nuisible», par A.-L.
Clément. Paris, Larousse, s. J., petit in-8 de 136 p., avec 400 gravures.
— Prix : 2 fr.
L'auteur fait au Jardin du Luxembourg, sous le patronage de la So-
ciété nationale d'horticulture de France, un cours d'entomologie appliquée
à l'agriculture et à l'horticulture. Son livre est écrit dans un but d'utilité
pratique. De nombreuses figures, très exactes, font connaître les ennemis
des plantes de nos jardins et de nos champs, et les méthodes de destruc-
tion les plus efficaces sont indiquées pour chacun d'entre eux.
L'ouvrage se divise en cinq chapitres : L'Insecte, sa vie, son anatomie;
Méthodes diverses de destruction; Insectes et autres articulés nuisibles]
Insectes groupés d'' après les plantes auxquelles ils nuisent; Animaux nuisibles
autres qu? les articulés. D. B.
Les Vacances du pelît naturulisîo, par PaUL MaBYLLIS. ParlS^
Hachette, 1911, in-8 de 192 p., avec 111 fig.— Prix : 1 fr. 10.
A travers le monde des plantes. La Chasse aux papillons. Le Collection-
neur d'insectes. Les Vacances à la mer. Tels sont les quatre chapitres dans
lesquels l'auteur donne, sous forme d'entretiens familiers, les premiers
éléments de l'histoire naturelle. D. B.
Les Jeux et les Joueis, leur hisloirr, par A. ParmbntiBR. Paris, Colin,.
191-2, petit in-8 de iii-143 p , avec 80 grav. — Prix : 1 fr. 50.
Ce petit volume se lit avec plaisir et agrément et avec profit pour qui
a souci de l'histoire. C'est en effet de l'histoire que ces jeux d'enfants (et
— 367 —
aussi d'hommes faits y-eontinués depuis les tempsiles^phs anciens jusqu'à
nos jours; c'est de l'histoire sociale de voir des jeux se développer ou se-
négliger à travers les âges, suivant les fantaisies de lamrde ou de nos rois,
ou encore passer des nobles et des bourgeois aux paysans, ou, plvs encore,
se transporter d'un pajs à l'autre pour revenir à leur lieu d'origine, comme
la paume, la soûle, etc., qui nous reviennent par l'anglomanie sous les noms.
û.Q'lawn- tennis, font-bail, etc.
La première partie est consacrée aux jeux des enfants et à'ieurs jouets;
la seconde aux jeux desihommes («Kerciçe, adresse, hasard et combinaison).
De très nombreuses gravures rendent ;l'intelligence du -livre à la fois aisée
et agréable.
M. Parmentier mentionne parmi l.es.jeu'X>d.«s petits Parisieiis.au xvi^ siècle
« k boute-hors »; ce jeu étant sorti de. l'i! sage, 'il eût étéJjon de dire que c'est
un jeu où finalement l'un prenait la place'de l'autre. Le nom de ce jeu est
devenu p '.tronymique soits la forme Bouthors.
;I1 ei^t plusieurs fois question dans ce volume de jeux pratiqués par ceux
que, dans l'ancienne France, on appelait les vilains. Cela me rappelle un
proverbe que l'auteur aurait .pa citer, et qui pourrait se citer encore plus,
à prr.pos de ces jeux violents que l'Angleterre réimporte chez nous : « Jeu
de mains, jeu de vilaims ».
Ce proverbe, dont 'j'ai recueilli l'écho dans mon enfance comme avertis-
sement et réprimande, remonte prrbab^ement au temps bij les jeux violents
du xvie siècle étaient tombés en discrédit, par raffinement des mœurs,
comme l'a très bien indiqué M. Parmentier. L'auteur termine cette amu-
sante étude d'histoire par 'de très sages remarques sur le rôle et l'emploi des
jeux dans l'éducation et l'instruction de la jeunesse. H. Gaidoz.
L.a I^Iioto§;i*apIiie en eonleur» pour tous par les plaguc-r» à .réseaux
poiyciiromes, par Louis Tranchant. Parip^ Guyot, 1911, petit in-18 de
121 p. — Prix :Ofr. 30.
L'intéressante encycli pMie Guyot vient de s'enrichir d'un précieux
petit volume, mal imprimé, sur du papier affreux, mais d'un. prix extrê-
mement modique. L'auteur, M. L. Tranchant, est un spécialiste qui a écrit
de nombreux ouvrages de vulgarisation photogrt phique. Le nouveau vo-
lume sur la photûgr^pliie en couleurs ne te cède en ïien à ses aînés; comme
eux il est clair et concis. Les divers procédés sont exposés a^ec méthode
et assez de détails ;pour que ramateur;puisse essayer avec chances de succès
les diverses plaques que fournit le commerce. D'intéressantes notes histo-
riques complètent agréablement ce volume. J. G. T.
Ce que racontent iiionnuics et médailles, par JeâN-D. BbndeBLV*
Pari?, Golio, 1911, petit in-8 de 15o p., avec grav. — Prix : 1 fr. 50.
Les monnaies et les divers monuments de métal fabriqués à l'aide du
même outillage : médailles, jetons, plaquettes, etc., ont joué un rc le consi-
dérable dans la vie des pei.p'es; ils ont créé et simplifié le commerce, étendu
la civilisation, assuré la siuprématie de rÉtat-.qni avait lameilleure monnaie,
enfin dévelc ppé -chez tows le sens artistique. Quelles ont été leur origine,
l«urs transformatioiES, leur rôle social, leurs 'miedes de 'fabrica-
tion ? C'est ce que .M.. Beriderly expose brièAement daas un petit volume
commcde et suffisamment illustré. -Ou peut cependant regretter q.u« la
— 368 — .
documentation soit trop souvent de seconde main et que, dans bien des
parties, le sujet soit traité de façon si sommaire qu'il faut déjà le connaître
pjxir en saisir l'importance. Tel qu'il est, ce petit traité décidera peut-être
beaucoup de ses lecteurs à désirer en connaître plus et il aura rendu sen'ice.
F. DE YiLLENOISY.
Petite uutoti-e de ritgiise, par L. David et P. LoRETTE. Paris, Bloud,
1912, iu-16 cartonné de 88 p., avec grav. — Prix : 1 fr. 50.
Voici un excellent résumé de l'iiistoire de l'Église à l'usage des enfants et
de tous ceux qui ne peuvent en prendre qu'un aperçu sommaire. Tout y est
juste, clair, e' en même temps agréal)le, dans ces 21 chapitres consacrés cha-
cun à une période ou à un aspect important de l'histoire ecclésiastique. Les
illustrations nombreuses (45) et bien choisies lui donnent un air attrayant.
Un vif amour de l'Église y circule à toutes les pages. Quelques petites inexac-
titudes, des interversions ou mélanges de noms, certains manques de
perspective et de dates ne peuvent nuire à la valeur et à l'utilité de ce
petit ouvrage qu'on ne peut cpie recommander. A. Clerval.
Explliy, premier évèque tlu rintstère ( 1 7&0-I 70 4), par J.-M. PiLVBN.
Qaioiper, 1912. [Exlrdil du Bulletin diocésain d'hisloirt et d'archéologie),
petit iu-8 de 141 p., avec un portrait.
C'est dans le Finistère que la Constitution civile eut la première occasion
de s'app'iquer à une élection épisc» pale. L'évêque de Quimper, Mgr de
Saint-Luc. était mort le "0 septembre 1790; un mois après, les électeurs
étaient convoqiiés piur lui choisir un successeur; l'élu fut l'abbé Bxpilly,
curé de Morlaix, l'un des membres les plus en vue du comité ecclésiastique
de la Constituante.
Expilly dut attendre près de quatre mois avant d'être sacré. Le mécanisme
de la constitution civile avait été long à mettre en marche; pour amener les
prêtres à j irer il avait fallu voter une loi portant peine de destitution
contre les insermentés, mais aucun évêque n'était légalement obligé à
sacrer ses nouveaux confrères; les élus du t euple étaient toujours sans
consécrateur quand Talleyrand se décida à remplir cet office. Bien que,
depuis le 13 janvier, il eût donné sa démission d'évêque de Saône-et-Loire,
il consentit à reprendre une fois encore la crosse et la mitre, le 24 février,
p^ur imposer les mains (et quelles mains !) à Expilly et à un autre consti-
tuant élu dans l'Aisne. C'est ainsi que, par l'entremise d'un prélat déjà
apostat, fut assurée la continuité de la hiérarchie dans la nouvelle Église
gallicane.
Expilly n'était pas taillé pour tenir longtemps le rôle d'évêque révolu-
tionnaire; lors du soulèvement fédéraliste de 1793, sa modération natu-
relle l'amena à se ranger parmi les adversaires du jacobinisme; aussi,
quand ses ennemis tri^'mphèrent, fut-il envoyé à la guillotine après un
jugement sommaire. Il monta à l'échafaud en disant: « C'est beaucoup
de paraître le même jour devant le tribunal des hommes et devant celui
de Dieu ! » Était-ce l'expression d'un véritable re entir? Dieu seul le sait!
M. l'abbé Pilven a pu récrire cette biographie au moyen de documents
inédits qui sont venus en sa possession. Il insiste sur les périodes auxquelles
se rappjrtent ses documents et passe un peu rapidement sur les autres;
mais son récit est clair autant que substantiel. Pas de ces citations inter-
minables qui rendent fastidieuse la lecture de beaucoup d'ouvrages éruditsj
— 369 —
il analyse judicieusement tout ce qui gagne à être résumé. Pas non plus
de ces tirades à eiïet qui caractérisent trop souvent la prose ecclésiastique.
En somme, c'est un bon petit livre, écrit par quelqu'un qui sait et qui sait
ce qu'il veut dire; dans ces 140 pages, il contient plus de matière que bien
des volumineuses compilations. P. Pisani.
L.elti-ee à la Croix, L.a Alaisoo de servitude. Paris, JoUVe, S. d., in-16
de x-369 p. — Prix : 3 fr. 50.
Lettres à la Croix. Le Christ régnant. Paris, JOUVe, S. d., in-16 de X-
379 p. — Prix : 3 fr. 50.
L'auteur qui signe sa Préface : « Y- 1909 », écrivait, paraît-il, en tête d'un
précédent ouvrage que son livre était singulier. Il aurait pu écrire en tête
de ceux-ci qu'ils sont vraiment bizarres.
Dans une suite de lettres, il étudie la société actuelle et constate que tout
n'y est pas pourle mieux dans le meilleur des mondes. On s'en doutait un peu.
De tous les essais de libération, d'organisation et d'apostolat, il médit ou il
plaisante. C'est peut-être sévère pour des intentions parfois excellentes,
et peu juste pour des résultats qui ne sont pas tous insignifiants. En
somme, je crois que le but de l'auteur serait atteint si ces pages parvenaient
à lancer quelques lecteurs dans l'action avec prudence, courage et ténacité.
Mais la plupart seront déconcertés en rencontrant des appréciations
étranges soit sur le système métrique dont l'auteur ne peut prendre son
parti soit sur les procédés de l'école Pasteur dont il fait une caricature.
* C. S.
Les Rapports de l'Église et de l'État en Italie, par le COmte J.
Casali. Paris, Basset, 1912, ia-16 de 80 p. — Prix : 2 fr.
De récents incidents politico-religieux ont inspiré à M. Casali quelques
brèves réflexions marquées au coin de la plus parfaite orthodoxie. Les
lecteurs français se plaindront peut-être que l'auteur les entretienne de
controverses dont il aurait bien fait d'expliquer au préalable l'origine et
la tendance. Le livre n'en est pas moins l'œuvre d'un galant homme dont
il serait désobligeant de ne pas écouter le témoignage et surtout de contester
les affirmations. P.
Oene de robe, scènes de la vie judiciaire sous la troisième République, par
C. RiDEO. Paris, Figuière, 1912, in-8 de 307 p. — Prix : 3 fr. 50.
Comme vaudeville amusant, mais peu édifiant, il serait difficile de
trouver mieux que ce livre. L'esprit y abonde. Si l'auteur a pris le pseu-
donyme de « Rideo », ses lecteurs ne lui en contesteront pas le droit. C'est
une satire, un peu outrée, du monde judiciaire d' à-présent. Mais que de
traits pris sur le vif ! « Il est bien entendu, nous dit-on, dans un avertisse-
ment préliminaire, que la scène ne se passe nulle part; qu'il n'y a ni portrait,
ni allusion, ni clef quelconque; mais il est bien entendu qu'elle pourrait
se passer partout. De même que plus d'un pourra s'y reconnaître... » Eh !
oui. Trop de présidents ressemblent, plus ou moins, au président Beylot, qui
mène ses audiences à la vapeur, fait lui-même, p^ur plus de rapidité,
les repenses des prévenus et les dépositions des témoins, instruit les affaires
surtout pour amuser la galerie, ne laisse pas plaider les avocats, ta moins
•qu'ils ne soient députés, seul cas où il leur montre de la déférence, ne con-
OCTOBRE 1912. T. CXXV. 24.
— 370 —
suite pas ses assesseurs, distribue amendes et mois de prison au petit
bonheur... Les tableaux du monde judiciaire que nous présente ce petit
volume sont entremêlés d'une intrigue entre la présidente et un jeune
avocat. Et ce n'est pas ce qu'il y a de plus risqué dans l'ouvrage. Certaines
scènes d'audience sont de celles qui autrefois n'avaient lieu qu'à huis-clos.
Mais on sait que les magistrats d'aujourd'hui ordonnent rarement le huis-
clos. Ce livre paraît fait surtout pour eux; il doit être écrit par un avocat, et
ils pourront y apprendre comment on les juge du côté de la barre.
M. L.
CHRONIQUE
Nécrologie. — Son Éminence Pierre-Hector-Louis Coullié, arche-
vêque de Lyon, primat des Gaules, cardinal-prêtre du titre de la Trinité
des Monts, est mort dans sa \ille archiépiscopale, le 11 septembre, à 84 ans.
Cette mort cause un grand vide dans l'épiscopat français. Né à Paris,
le 14 mars 1829, il fit ses études au petit séminaire de Notre-Dame des
Champs et sa théologie à Saint-Sulpice. Après avoir été premier vicaire
à Notre-Dame-dés- Victoires, puis promoteur de l'ofTicialité en remplace-
ment de Mgr d'Hulst, il fut demandé c!omme coadjuteur par Mgr Dupan-
loup, évêque d'Orléans, son ancien maître à Notre-Dame-des-Champs.
Sacré le 10 novembre 1876 avec le titre de Sidonie, il recueillit, deux ans
plus tard, le 11 octobre 1878, la succession de Mgr Dupanloup et s'employa
à continuer les tentatives de ce dernier en faveur de la canonisation de
Jeanne d^Arc. En 1893, il fut promu archevêque de Lyon et, dès lors, de
nombreux événements politiques et religieux devaient mettre en évidence
ses hautes qualités. On se rappelle que c'est lui qui porta les suprêmes
secours de la religion au président Carnot frappé à mort. En dehors de
ses Lettres pastorales et Mandements, Mgr Coullié a publié : Mars, avril,
mai 1871. Saint- Eustache pendant la Commune (Paris, 1871, in-8), plusieurs
fois réimprimé; — Lettre- Mémoire au sujet et sur la question de la transfor-
mation en école laïque de l'école congre ganiste de Saint-Paul à Orléans (Orléans,
1880, in-8);- — ■ Distribution des prix des petits séminaires d^ Orléans. Allocu-
tions (Orléans, 1885, in-8) ; — Notice sur le B. Thomas Delailleur. Annamite, du
tiers-ordre de soJnt Dominique, martyrisé le 20 décembre 1839 (Lyon, 1902,
in-12). Mgr Coullié a donné en outre de nouvelles éditions de plusieurs
ouvrages de piété dûs à divers ecclésiastiques, tels que : Explication du
catéchisme du diocèse de Lyon, par l'abbé E.-F. Deville (Lyon, 1899, in-12) ; —
La Transcendance de Jésus-Christ, par l'abbé L. Picard (Paris, 1905, in-8), etc.
■■ — L'illustre poète tchèque, Emil Bohuslaw Frida, beaucoup plus connu
sous le nom de Jaroslav Vrchlicky, est mort à Domazlice, au commen-
cement de septembre, à 57 ans. Né à Laun, en Bohême, le 18 février 1853,
il étudia l'histoire à l'Université de Prague, fut ensuite précepteur durant
quelques années en Italie, et, rentré dans son pays, devint secrétaire du
Polytechnicum de Prague, puis professeur des littératures romanes dans ce
même établissement. Plus tard il fut reçu docteur « honoris causa » de
l'Université de Prague et fut nommé membre de l'Académie tchèque.
L'œuvre littéraire de M. Jaroslav Vrchlicky est fort considérable. Parmi
ses poésies lyriques personnelles nous citerons : Des Profondeurs (1875)';
— Bêves de bonheur (Prague, 1878) ; — V Esprit et le Monde (Prague, 1878) ;
— Symphonies (Prague, 1878); — Ce qui donne la vie (Prague, 1882^; —
Sfinx (Prague, 1883), etc. On lui doit aussi des poésies épiques, entre
~ .^71 —
autres :'Mi/(fees (Prague,Pl879), série de'sujets patriotiques, ainsr7que des
pièces de théâtre, telles que Julien V Apostat; Drahomire; La Mort d'Ulysse
et Dans le tonneau de Diogène. Mais la tâche la plus importante à laquelle
il ait consacré la plus grande partie de son inlassable activité, a été de faire
connaître à ses compatriotes les littératures méridionales. C'est ainsi
qu'en dehors d'un grand nombre d'études remarquables sur Dante
et son temps, sur Léopardi, Carducci, Mistral, etc., insérées dans diver-
ses revues, il a publié une Anthologie de la lyrique française et une
Anthologie de la lyrique italienne. Enfm il a traduit en tchèque des
poèmes italiens de l'Arioste, du Tasse, de Parini, de Foscolo, etc., un
choix de vers français de Victor Hugo, d'Alfred de Vigny, de Rostand, et
des poésies provençales de Mistral, des drames espagnols de Calderon, les
Lusiades portugaises de Camoëns, V Atlantide catalanne de Verdaguer, etc.
Jaroslav Vrchlicky a exercé une influence des plus heureuses sur la vie
littéraire tchèque. La pensée française perd en lui un de ses propagateurs
les plus zélés. ^i
— La Hongrie vient de perdre un de ses plus grands savants, le D'' Auré-
lien TÔRÔK, mort à Zurich, le 3 septembre. Né à Presbourg, le 13 février 1848,
il fit ses études médicales à Vienne, de 1867 à 1869. Professeur de physio-
logie à l'Université de Budapest, il fu,t ensuite nommé professeur à l'Uni-
versité de Kolozsvâr. Il passa l'année. 1880 à Paris pour y faire des études
à l'Institut Broca. De retour à Budapest, on créa pour lui à l'Université
une chaire d'anthropologie qu'il occupa jusqu'à sa mort. 11 organisa un
Institut d'anthropologie et fonda un Musée qui firent accomplir à la science
anthropologique de grands progrès en Hongrie. Les principaux ouvrages
de A. Tôrôk sont : Az izomidegek végzôdése (Pest, 1866); ■ — Wundt élet-
tanânak kézikônyve (1868-69); — Az emlékezô tehetség mint a szervezett anyag
mûkôdése (1871) ;•— £>er feinere Bau des Knorpels in der Achilessehne des
Frosches (Wiirzburg, 1872); — Az èleterô es az orçostan mai irânya (Ko-
lozsvâr, 1880); — ■ Sur le crâne d'un jeune gorille du Musée Broca (Paris,
1880);. — A betegségek uralma a fôld népe kôzt (Budapest, lb84); — Veber
ein Universal- Kraniometer (Leipzig, 1888); — Az Ajnôk (Budapest, 1882);
— Grundzûge einer systematischen Kraniometrie (Stuttgart, 1890); — •
Ueberein eneue Méthode den Sattelwinkel zu messen (Leipzig, 1890); ■ — Egy
Jezô-szigetbeli âjnô Koponyàrôl (Budapest, 1892); — Jelentés II'I Bêla
Kiràly es neje testereklyéirôl (1893); — Adatok az emberszabàsu lények
koponya-alakulâsâhoz (1894)-; — Adatok az Arpâdok testeréklyéinek ember-
tani bui'ârlatâhoz (1894) ; — Esdô sz6 a magyar nemzethez a honalapitô kyrâly-
ok emlékéi irânt valô kegydet ûgyében (1897), etc. On lui doit de plus la
traduction d'une œuvre anthropologique de Topinard (1881), de l'Origine
des espèces, de Darv^in (1884), et d'innombrables articles dans les revues
spéciales. A. Tôrôk avait été élu membre de l'Académie hongroise en 1891
et il était également membre de plusieurs académies étrangères. Le carac-
tère du savant était à la hauteur de sa science, et sa disparition, au moment
même où il allait représenter la science hongroise au Congrès de Genève,
a causé partout d'unanimes et profonds regrets.
— On annonce encore la mort de : M'"'^ Blanche Boidin-Puisais, direc-
trice des études supérieures de chant aux maisons de la Légion d'hon-
neur, morte à Paris, au commencement de septembre; — MM. l'ex-sergent
BoNAFous, qui collaborait au Libertaire et était très connu dans les milieux
anarchistes pour la violence de ses idées, mort à Paris au milieu de. sep-
tembre; — Georges Bussières, président de chambre à la cour d'appel de
Lv<^n,'^mort subitement à Brantôme (Dordogne), au commencement de
. — 372 —
septembre, à 68 ans, lequel laisse quelques poésies et deux ouvrages d'his-
toire : Études historiques sur la Révolution française en Périgord (Bordeaux,
1877-1903, 3 vol. in-S) et le Général Michel Beaupuy, 1757-1796 (Paris,
1891, in-8); — ' Alfred- Jules Corton, ancien professeur au lycée de Valen-
ciennes, puis à l'école de Notre-Dame de Boulogne, mort au commencement
de septembre, à Boulogne-sur- Mer, à 64 ans; — Rémy Couzinet, journa-
liste et littérateur distingué, ancien directeur de la Dépêche de Toulouse,
mort subitement à Corbeil, au milieu de septembre; — Achille- J. Dal-
sÈME, ancien collaborateur judiciaire du Temps et du Petit Journal, mort
à la fin de septembre, à 73 ans, lequel laisse des romans, des ouvrages poli-
tiques et historiques, ainsi que des récits pour la jeunesse, notamment :
Les Mystères de V Internationale, so?i origine, son but, ses chefs, ses moyens
d'action, son rôle sous la Commune (Paris, 1871, in-8); Histoire des conspi-
rations sous la Commune (Paris, 1872, in-8); Le Mystère de Courvaillan
(Paris, 1901, in- 16); Uldml, saynète en vers (Paris, 1906, in-16);
— ^Iphonse Davanne, membre du Comité des travaux historiques et
scientifuiues au ministère de l'instruction publique, ancien maître de con-
férences à l'École nationale des pjnts et chaussées, mort à Saint-Cloud,
au milieu de septembre, à 88 ans, lequel est l'auteur de divers ouvrages
sur la photographie, notamment : Annuaire photographique (Paris, 1865-
1870, 6 vol. in-18); Recherches historiques et pratiques sur la formation des
épreuves photographiques positives {Favis, 1864, in-8), etc. ; — Alexis Délabre,
publiciste, maire-adjoint du Vil® arrondissement de Paris, mort en cette
ville, à la fin de septembre; — l'abbé Louis Féret, vicaire général hono-
raire d'Évreux, doyen du Chapitre, ancien supérieur d'une école secondaire,
mort à Évreux, à la fin de septembre, à 88 ans; — ■ le D'' Charles Fleig,
chef des travaux de physiologie à la Faculté de médecine de Montpellier,
mort dernièrement en cette ville , à 30 ans; — Léonce. Fretillier, ancien
professeur au lycée Carnot, mort à la fin de septembre, à Rougemcnt
(Doubsi, à 63 ans; — Galien-Mingaud, conservateur du musée d'histoire
naturelle de Nîmes, mort au milieu de septembre; — • Léon Gandillot, le
vaudevilliste bien connu, ancien élève de l'École centrale, mort à Paris
le 22 septembre, à 50 ans, lequel est l'auteur de nombreuses pièces de
théâtre, drames, vaudevilles, comédies, dont plusieurs ont obtenu un
très grand succès, entre autres : Le Fumeron, comédie en un acte (Paris,
1887, in-12); La Mariée récalcitrante, comédie bouffe en trois actes
(Paris, 1889, in-12); La Diva en tournée, comédie en un acte (Paris,
1890, in-12); Le Pardon, comédie en trois actes (Paris, 1892, in-12);
Le Supplice d'un Auvergnat, comédie en un acte (Paris, 1893, in-12),
etc., etc. ;— Henry- Constant Houssaye, administrateur de l'Agence Ha-
vas, mort à Paris, au milieu de septembre, à 26 ans; — le P. Fran-
çois-Marie-Paul Maréchaux, ancien professeur au collège Saint-Sauveur
de Morangis, mort le 5 juin, à l'âge de 50 ans; — M.^^ Hélène Moniez,
inspectrice générale aux services administratifs du ministère de l'inté-
rieur, laquelle avait donné une série d'articles aux Annales sur des ques-
tions philanthropiques intitulées : A travers la France charitable et pré-
voyante; — le commandant Pierra, ancien professeur à l'École de guerre,
mort à Paris, au milieu de septembre; — le lieutenant-colonel Poutet,
de l'arme du génie, mort au commencement de septembre, à 56 ans,
lequel laisse d'importants travaux de balistique; — Eugène de Rose y,
ancien doyen de l'Université catholique de Lyon, mort au commence-
ment de septembre, à 78 ans; — le D"" Joseph Schmitt, originaire de
Strasbourg, qui, après avoir été proCesseur du cours de thérapeutique
— 373 —
et de matière médicale à la Faculté de médecine de Nanc.y, avait suc-
cédé à Bernheim à la chaire de clinique médicale à la même Faculté;
— Albert Valin, journaliste et auteur dramatique apprécié, ancien se-
crétaire de la rédaction du Petit Journal, mort à Paris, au commence-
ment de septembre.
— A l'étranger on annonce la mort de MM. : N.-F. Anenski, publi-
ciste russe, mort en août, à Saint-Pétersbourg; — Dr. Ernst Becker,
ancien professeur d'astronomie à l'Université de Fribourg en Brisgau,
mort en cette ville, en août, à 69 ans; — Dr. Bender, bactériologiste
allemand, mort ^ la fin d'août, à Cambirg, à 85 ans; — Dr. Gotthold
Besser, directeur de l'École normale d'Altenburg (Autriche), mort à
Innsbruck, en août, à 56 ans; — Willliam Booth, connu sous le nom
de général Booth, fondateur et chef de 1' « 'Armée du Salut », originaire
de Nottingham, mort le 20 août, à 83 ans, lequel a soutenu pendant
quarante ans sa propagande par de nombreuses brochures : Salvation
Soldiery, Training of Children, Letters to Soldiers, Holy Living, In Dar-
kest England, and the Way ont, son meilleur ouvrage, etc., ainsi que
par un journal hebdomadaire The War Cry, fondé en 1880; — Dr. Cha-
CHANOw, philologue russe, professeur de langue et de littérature géor-
giennes à l'Institut des langues orientales Lazarev, de Moscou, mort
dans un sanatorium de Samara, en août, à 48 ans; ■ — Dr. August Cra-
mer, professeur de psychiatrie à l'Université de Gœttingue, mort en
cette ville, le 6 septembre, à 52 ans, dont nous citerons : Gerichtliche
Psychiatrie. Ein Leitfaden fur Mediziner und Juristen (léna, 1908, in-8)
et Die Ursachen der Nervositaet und ihre Bekaempfung (Brunswick, 1909,
gr. in-8); — 'le D'' Etienne Csapodi de FEJEREGVHi-z, directeur de la
revue hongroise Az Egészség, et qui a publié : Essais de vision (1886),
ouvrage fort remarqué et bientôt suivi de VŒU humain, mort à Budapest,
le 17 août; — • Clinton Thomas Dent, chirurgien de l'Hôfital de S.
George à Londres et chirurgien en chef de la police de la même ville,
mort à la fin d'août, à 61 ans, lequel laisse de nombreux mémoires
publiés dans les revues médicales sans compter plusieurs volumes sur
les ascensions dans les hautes montagnes, notamment : Mountaineering
et Above the Snow Line\- — Dr. Duenkelberg, ancien directeur de l'École
d'agriculture Poppelsdorf, mort à Wiesbaden, en août, à 94 ans; — le
chevalier Charles de Fabrizi, directeur de la Telegrapher Correspondenz
de Vienne, mort en cette ville, à la fin de septembre; ■ — Dr. Horace
Howard Furness, écrivain américain connu par ses remarquables travaux
sur Shakespeare et dont l'édition « variorum » des drames du grand
poète est une mine d'informations, mort dernièrement à Wallingford
(Pennsylvanie), à 79 ans; — Wilhelm Goldbaum, journaliste et écrivain
autrichien, mort à Vienne, le 28 août, à 70 ans, lequel fut pendant de
longues années le directeur politique de la Neue Freie Presse de Vienne
et a publié entre autres ouvrages : Literarische Physognomien (Teschen,
1884, in-8); — le major G. F. Gratwicke, journaliste anglais, directeur
de la Devon ànd Exeter Daily Gazette, l'un des principaux organisateurs
de l'Institut des journalistes anglais et de l'Association internationale
des journalistes, mort au commencement de septembre, à 62 ans; ■ — ■
Dr. Frantz Hartmann, théosophe allemand, mort à Kempten, en août,
à 74 ans, dont nous citerons : Betrachtungen ueber die Mystik in Goe-
the^s « Faust » (Leipzig, 1900, in-8); Populaere Vortraege iiber Geheim-
wissenschaft (Leipzig, 1899, gr. in-8), et Mysterien; Symbole und magisch
wirkende Kraefte (Leipzig, 1902, in-8); — George Hay, dessinateur an-
: - ' - — 374 — ■ ;
glais, ancien secrétaire de la « Royal Scottish Academy », qui a fourni
des illustrations à divers ouvrages, entre autres aux Waverley Novels,
mort le 31 août; — Paul Heinze, littérateur, historien et poète lyrique
allemand, mort le 22 août, à Blasewitz (Dresde), à 54 ans, auquel on
doit : Geschichte der deutschen Literatur von Goethe' s Tode bis zur Ge-
genwart (Leipzig, 1903, in-8), etc.; ■ — M»"^ Lucie Hoerbjck, femme de
lettres danoise, morte en septembre, à Copenhague, à 42 ans; — Dr.
Rudolf HoERNEs, professeur de géologie à l'Université autrichienne de
Gratz, mort à Judendorf, le 20 août, à 62 ans; — • M^^^ Mary Holma-
"UisT, femme de lettres allemande, morte dernièrement à Cassel, à 38 ans;
• — D"^ Martin Koehler, professeur de dogme et d'exégèse du Nouveau
Testament à l'Université allemande de Halle-Witemberg, mort à Freu-
denstadt (Forêt-Noire), le 6 septembre, à 78 ans; — Dr. Fritz Koetter,
professeur de mathématiques appliquées à l'École technique supérieure
de Berlin, mort le 17 août, à Schoepfheim, à 54 ans; ■ — Dr. Georg
Landsberg, professeur de mathématiques à l'Université allemande de
Kiel, mort en cette ville, le 14 septembre, à 47 ans; — John Leighton,
dessinateur anglais, connu sous le nom de Luke Limmer, un des proprié-
taires du Graphie et l'un des fondateurs de la Société de photographie et de
la Société des ex-libris de Londres, lequel a fourni de nombreuses illustra-
tions à diverses publications, mort au milieu de septembre, à 90 ans; —
l'abbé P.-J. Leyssen, ancien directeur du collège de Peer, professeur au
petit séminaire de Saint-Roch, l'un des fondateurs du « Belgische Boeren-
bond», mort à Bocholt-lez-Bree (Belgique), dans les premiers jours de sep-
tembre, à l'âge de 58 ans; — Bernhard Liedhisch, un des principaux
libraires de Leipzig, mort le 31 août, à 56 ans; — Dr. Leonidas Limarakis,
érudit hellène, qui fut pendant plusieurs années le président de
1' « EUenikos philologicos Syllogos», mort le 2 septembre, à Constantinople;
— ■ Alfred Marks, banquier anglais, qui trouvait du temps pour s'occuper
d'art et d'histoire et a publié d'intéressants ouvrages, notamment : Who
killed Sir Edmiind Berry Godfrey; Hubert and John van Eyck : the Ques-
tion of their Collaboration considered; Tybum Tree : its History and An-
nals, et a donné de nombreuses communications à Notes and Queries,
mort au commencement de septembre; — Dr. A. Markts, ancien direc-
teur du gymnase royal Sophie, mort le 9 septembre, à Alt-Geitow-sur-
le-Havel (Allemagne), à 82 ans; — le Rev. Henry Arthur Morgan, un
des membres les plus remarquables de l'Université anglaise de Cam-
bridge, principal du « Jésus Collège », qui progressa considérablement
sous sa direction, mort à Cambridge, au commencement de septembre; —
Dr. Nikolaûs Muller, professeur de théologie et directeur du Musée
d'archéologie chrétienne à l'Université de Berlin, mort en cette ville, au
commencement de septembre, à 56 ans, auquel on doit : Beitraege zur
Kirchengeschichte der Mark Brandenburg im 16. Jahrhundert (Leipzig,
1907, in-8); Philipp Melanchtons letzte Lebestage, Heimgang und Bestat-
tiing nach den gleichzeitigen Berichten der Wittenberger Professoren (Leip-
zig, 1910, in-8), etc.; • — Rudolf von Oldenbourg, éditeur allemand,
mort le 22 août, à Munich, à 67 ans; — Ludwig Passarge, écrivain
allemand, mort le 19 août, à Lindenfels (Odenwald), à 87 ans, auquel
on doit : Aus baltischen Landen. Studien und Bilder (Glogau, 1878, in-8);
Drei Sommer in Norwegen. Reiseerinnerungen und Kultur studien (Leip-
zig, 1881, in-8), etc.; — ■ Mgr Martin Schleger, l'inventeur du volaptik,
l'une des langues internationales qui ont eu le plus de succès, mort le
16 août, à Constance (Bade), à 81 ans; — • Dr. Otto Soltmann, pro-
• oJO
fesseur de thérapeutique pour les maladies des enfants à l'Université
de Leipzig, mort à Ober-Schreiberhau (Monts des Géants), le 10 sep-
tembre, à 68 ans; — M™« Emma Stirn, femme de lettres allemande,
morte en août, à Cassel, à 70 ans, laquelle laisse des poésies lyriques
réunies sous le titre : Gedichte (Cassel, 1873, in-161, et plusieurs fois
réimprimées; — Samuel Coleridge Taylor, compositeur anglais, qui a
composé de nombreuses œuvres chorales et des morceaux de musique
de chambre, mort subitement à Londres, à l'âge de 37 ans; — Dr. Au-
gust Thorbecke, pédagogue allemand, mort dernièrement à Heidelberg,
à 73 ans; — Dr. Aurel Toeroek, professeur d'anthropologie à l'Uni-
versité de Budapest, mort en septembre, à Zurich, à 70 ans; ■ — • Dr.
Anton Weiss, professeur de droit ecclésiastique à l'Université autri-
chienne de Gratz, mort en cette ville, le 27 août, à 60 ans; — Dr. Emil
DE Weiss, ancien professeur de droit à l'Université suisse de Lausanne,
mort en cette ville, à la fm d'août; — l'abbé Denis Will, député au
Reichstag, curé de Hœnheim (Alsace), qui a publié divers ouvrages sur
le droit de coalition des ouvriers en Alsace-Lorraine, sur le contrat col-
lectif, sur la réforme des impôts et a, en outre, collaboré à un grand
nombre de journaux et de revues, mort à Hœnheim, le 23 juillet, à l'âge
■de 45 ans; ■ — ■ Andrew Wilson, conférencier populaire et écrivain an-
glais, mort dernièrement à North Berwick, à 62 ans, lequel avait colla-
boré à divers journaux et magazines, dirigé pendant quelque temps Is
Health et publié plusieurs ouvrages de vulgarisation, tels que : Wild
Animais and Birds, The StudenVs Guide to Zoology et The Modem Phy-
sician; — Georg Winter, historien allemand, directeur des archives
d'État à Magdebourg, mort en cette ville, le l^' septembre, à 56 ans.
Lectures faites a l'Académie des inscriptions et belles-lettres.
— Le 30 août, M. H. Cordier lit une lettre de M. de Gironcourt, datée
de Zinder, annonçant la découverte de manuscrits musulmans contenant
des détails sur l'histoire du Sokoto, du Soudan, du pays Haoussa et des
Peuls. — • M. ^. Reinach décrit une grotte à figujes préhistoriques dé-
couverte à Montesquieu-Avantès, dans l'Ariège, par M. le comte Bé-
gouen. — ■ M. Jules Déchelette décrit les fouilles exécutées dans des
nécropoles celtibériennes, près de Terralba, province de Soria (Espagne).
• — A propos de ces fouilles, où l'on a découvert des fers à chevaux
remontant au v« siècle avant J.-C., fait inouï jusqu'à présent, une dis-
cussion s'engage. — MM. Clermont-Ganneau et Reinach. émettent l'avis
que les fers à chevaux ont pu être apportés dans l'armée romaine par
des cavaliers auxiliaires. — M. le docteur Capitan parle d'une sépulture
d'enfant de l'époque moustérienne qui porte les traces de rites funérai-
res. — • MM. Capitan et Peyrony.ont déjà trouvé aux Eysies une sépul-
ture d'homme adulte dans laquelle on remarque des signes analogues;
de plus, cette dernière est ornée de sculptures en ronde bosse d'une
grande importance. — Le 6, M. Héron de Villefosse lit un rapport du
P. Delattre sur les fouilles qu'il a opérées à Carthage et notamment
sur la découverte d'un baptistère circulaire souterrain du vi*' siècle. —
M. Seymour de Ricci lit le résultat de ses recherches sur les feuillets
du manuscrit de Léonard de Vinci qu'avait volés Libri et qui se trou-
vent chei des collectionneurs anglais. ■ — ■ Le 20, M. Héron de Villefosse
lit une lettre du commandant Espérandieu, relatant la découverte ré-
cente du mur en pierre sèche construit par Vercingétorix et dont fait
mention César, découverte, fait remarquer M. Héron de Villefosse, qui
modifie les idées reçues sur l'emplacement d'Alésia. ■ — M. Diehl décrit
— 376 — ,
sommairement les pièces principales composant le trésor découvert à
Pultava, contenant des objets du v^ siècle après J.-C. — M. R. Weil
rend compte des fouilles exécutées par lui à Tounah (antique Hermo-
polis) et à Zalmeb El Anionat (Égvpte). ■ — M. Seymour de Ricci com-
munique les photographies de tapisseries des Flandres de la plus belle
époque, acquises récemment par M. Pierpont- Morgan et qui seront ex-
posées au profit delà Société des Amis du Louvre. — Le 27, M. Seymour
de Ricci parle d'un bronze du cabinet des médailles de Saint-Péters-
bourg, qui provient d'un prince galate inconnu. — Il signale une tapis-
serie de Beaune portant les initiales de 'Nicolas Rolin et de Guigonne
de Salins. — M. HomoUe annonce que de nouvelles et importantes dé-
couvertes ont été faites à Delphes. — M. Maspéro lit un travail de
M. Perdrizet sur Alexandre à Vécole. — M. S. Reinach parle des bijoux
celtibériques récemment découverts en Espagne. — Le P, Scheil décrit
un document babylonien relatif à la culture et à la récolte des dattes.
Lectures faites a l'Académie des sciences morales et politiques.
■ — Le 14 septembre, M. Esmein commence la lecture d'un travail sur
la crise constitutionnelle de l'Angleterre en 1911. ■ — Le 21, il termine
cette lecture. — Le 28, M. Bonnat lit un travail sur le génie militaire
de Wellington, qu'il considère à ce point de vue comme un homme de
second ordre. |j
Paris. — Dans une conférence faite le 28 février 1912 à l'Institut
catholique de Paris, le P. Antoine de Sérent, 0. F. M., a exposé la
Méthode d^oraison du moyen âge et ses chances de succès au xx^ siècle
(Lille, R. Giard, 1912, in-16 de 62 p.). Le conférencier s'est proposé de
nous ramener à l'étude de la liturgie; c'est la liturgie qui doit provoquer
nos méditations; c'est à elle que nous devons demander le sujet et les
moyens de notre oraison mentale. La méthode dont saint Ignace a donné
le modèle et qui est la plus ordinairement suivie depuis le xvi^ siècle
fatigue l'âme et provoque trop souvent la sécheresse; au contraire,
l'oraison qui s'ap'puie sur la liturgie ne connaît pas les aridités, au dire
du P. Antoine de Sérent. Tout en faisant quelques réserves sur ce point,
• — les grands mystiques du moyen âge n'ont pas été à l'abri de l'épreuve
du dessèchement etde l'abandon, — nous pensons que l'on trouvera profit
à lire cette conférence; elle rencontrera près des lecteurs le même accueil
sympathique que lui ont fait ceux qui l'ont entendue.
■ — M. Georges Gibault, bibliothécaire de la Société d'horticulture de
France, a "publié un intéressant travail sur les « Jonchées » à Notre-
Dame et à la Maison aux Piliers (Paris, Champion, 1912, in-."^ de 8 p.
Extrait du Bulletin de la Société historique et archéologique du IV^ ar-
rondissement de Paris, « la Cité »). A'près avoir rapipelé, avec quelques
curieux détails, l'usage très répandu dans l'antiquité et au moyen âge
de faire servir les fleurs, le feuillage, la paille et le foin à la décoration
des fêtes civiles ou religieuses, M. Gibault nous apprend que, « alors que
l'on n'avait [dans les églises] ni bancs ni chaises, on faisait des jonchées,
c'est-à-dire des tapis très épais de paille ou d'herbes vertes pour rendre
moins pénible la station agenouillée ou assise pendant la longue durée
des offices. Une épaisse litière de paille empêchait en hiver le contact
des pieds avec le froid carrelage ou le dallage de pierre. Mais lorsque
le printemps avait revêtu la terre de sa verte parure, la veille des nom-
breuses fêtes. On voyait arriver à la porte des cathédrales et des plus
modestes églises des charretées remplies d'herbes vertes destinées aux
jonchées et que les ecclésiastiques exigeaient de leurs vassaux ou tenan-
— 377 —
ciers, à titre de redevances féodales. Notre église métropolitaine nous
fournit un exemple de redevances de ce genre dues par des doyennés
placés dans la dépendance du chapitre de TSfotre-Dame. » Suit un bref
historique de ces redevances et aussi quelques indications sur les « jon-
chées » pratiquées autrefois dans la Maison aux Piliers (hôtel de ville
de Paris). Ces vieilles coutumes sont abandonnées depuis longtemps;
on en peut toutefois retrouver quelques traces dans l'usage de répandre
aujourd'hui encore des fleurs et des feuillages sur le sol aux processions
de la Fête-Dieu et aussi, dans le Midi, à l'occasion de certains mariages.
— Le tome III des Mémoires de Martin et Guillaume du, Bellay, pu-
bliés pour la Société de l'histoire de France par MM. V.-L. Bourrilly et
Vindry, a tout dernièrement paru à la librairie Laurens. Il comprend
les années 1536 à 1540, c'est-à-dire la période de guerre entre Charles-
Quint et François ler, qui se passe dans la Provence, à Turin, à Mar-
seille. Les Français sont presque constamment battus, aussi bien en
Picardie qu'en Piémont. Finalement, le Roi, l'Empereur et le Pape con-
viennent d'une entrevue à Nice, qui aboutit à la trêve de dix ans.
L'année suivante, CTiarles-Quint devait traverser tout le royaume pour
se rendre aux Pays-Bas.
■ — • Un érudit très distingué, M. Raoul de Cisternes, a dessiné un cu-
rieux tableau de la société française au xyii^ et au xyiii^ siècle dans
son travail intitulé : La Vie et les mœurs d'autrefois. Un Duché illustré
par les femmes (Lille, imp. Lefebvre-Ducrocq, 1912, in-4 de 42 p. Ex-
trait du Bulletin de la Société archéologique, historique et artistique Le
Vieux Papier). On y remarque le triple mérite d'une érudition étendue
et solide, d'une méthode exacte et d'un véritable agrément d'exposition.
Il en ressort une notable lumière sur les éj^oques successives auxquelles
se rattache le souvenir des diverses duchesses d'Aiguillon. Cette étude
confirmera la juste réputation acquise à M. de Cisternes par ses précé-
dentes et remarquables publications : Journal de marche du grenadier
Pils, 1804-1814 (Paris, Ollendorf, 1895, in-8); Le Duc de Richelieu,
1818-1'!>21 (Paris, Calmann Lévy, 1898, in-8); La Campagne de Minor-
que d'après le journal du commandeur de Glandevez et de nombreuses let-
tres inédites (Paris, Calmann Lévy, 1899, in-8). — M. de Cisternes a,
nous le savons, en portefeuille de nombreux documents et divers tra-
vaux, notamment sur l'ancienne société française, dont il est à souhaiter
que les études historiques recueillent prochainement le fruit.
— • Dans une très judicieuse conférence : Le Génie hébraïque et V. Hugo
(Paris et Lyon, Vitte, in-8 de 15 p. — Prix : 0 fr. 50), donnée aux
Facultés catholiques de Lyon et inspirée par le beau livre de M. Clau-
dius Grillet, la Biblr. dans V. Hugo, M. Paul Lœw^engard, un Israélite
converti, a aouIu rectifier le mot de James Darmesteter : « V. Hugo
est le plus biblique des .génies modernes », trouvant que ce mot, qui con-
vient à Bossuet, s'applique mal à Hugo, parce que l'esprit de Dieu
n'est pas en lui. Mais ce qu'il est, c'est le plus hébraïque de nos poètes,
parce qu'il n pris à la Bible tout ce qui est de l'homme, à savoir le
génie hébreu, le génie juif, qui est un génie oriental, « de poési<î splen-
dide et passionnée », de « lyrisme frénétique », le génie de l'Image-vio-
lente, de « l'Image-sensation », de « l'image-secousse », qui est aussi
un génie intuitif et visionnaire, apocalyptique, et encore un génie mes-
sianique, annonçant et promettant toujours aux hommes la grande Au-
rore... ou le grand Soir; un génie enfin d'invective furieuse... Et l'on
voit que tous ces caractères-là Hugo les porte en lui, « le torrent asia-
— 378 —
tique charrié par la Bible ayant fécondé son esprit comme le Nil l'Egypte ».
— Nous avons le plaisir de signaler les 2^, 3^ et 4^ livraisons du
tome V de la Bibliographie des travaux historiques et archéologiques pu-
bliés par les Sociétés savantes de la France, dressée sou£ les auspices du
ministère de V instruction publique par MM. Robert de Lasteyrie, avec
la collaboration de M. Alexandre Yidier (Paris, Leroux, 1906-1908-1911,
3 fasc. in-8 paginés 201 à 831. — Prix : 12 fr.). — En tête de la 2©
livraison, M. Robert de Lasteyrie a placé un court Avertissement que
nous jugeons utile de reproduire ici : « A l'époque où fut rédigé le pre-
mier volume de cette Bibliographie, la plupart des collections de nos So-
ciétés savantes s'arrêtaient à la fin de l'année 1885. Je fus donc obligé
de prendre cette date pour terme provisoire de mes dépouillements et
j'annonçai l'intention de publier ultérieurement des suppléments pour
tenir l'ouvrage à jour. Je n'ai pas oublié cet engagement et j'ai pu déjà,
grâce à la précieuse collaboration de mon savant confrère et ami M. Vi-
dier, entreprendre la publication d'une Bibliographie annuelle, qui per-
met aux historiens et aux archéologues de connaître, année par année,
tous les articles qui peuvent les intéresser dans les nombreux volumes
publiés par les Sociétés savantes dé France depuis 1901. Il me reste,
pour compléter mon oeuvre, à donner le détail de ce qu'elles ont fait
paraître de 1886 à 1900. C'est la première partie de ce supplément que
j'ai l'honneur, avec M. Vidier, d'offrir au public dans ce tome V. Bien
qu'il n'embrasse qu'une période de quinze ans, l'abondance des matières
nous a forcés à l'arrêter au département de la Haute-Savoie inclus, car
aux sociétés existant en 1885 et dont l'activité ne s'est pas ralentie,
sont venues s'ajouter un très grand nombre de sociétés nouvelles. Il ne
nous appartient pas de dire si toutes ces créations ont été bien utiles
la science et si, dans beaucoup de départements, il ne serait pas pluS
désirable de voir fusionner des sociétés rivales que d'en vo^r surgir de
nouvelles. Mais, encore une fois, nous n'avons jamais prétendu juger les
publications que nous signalons aux travailleurs. La tâche que nous nous
sommes inposée est plus modeste, et notre ambition sera satisfaite si
l'on veut bien reconnaître que nous n'avons épargné aucune peine pour
faire de cet ouvrage un des recueils bibliographiques les plus complets
qui existent. » Ensemble, ces trois livraisons ne renferment pas moins
de 17384 enregistrements d'études, d'articles et de notices (n°* 89398
à 106781). Mais, une fois de plus, nous avons à regretter que la page
de la fin de chaque sujet traité ne soit que fort rarement indiquée à
côté de celle du commencement. Cette manière de procéder ne rensei-
gne pas suffisamment le chercheur qui pourra se trouver en face d'une
simple notice d'une ou de deux pages, alors qu'il aura besoin d'un
travail plus étendu. Il va de soi que cette observation, qui a tout de
même son importance, ne diminue en aucune façon la reconnaissance
que nous devons aux auteurs pour leur inventaire laborieux, dont la
très grande utilité est universellement reconnue.
• — M. Victor Pasche est l'auteur d'un ouvrage qui mérite les plus
complets éloges : Comment on édite un livre, guide à Vusage des personnes
qui se proposent de publier leurs travaux (Paris, Le Soudier, s. d., in-8
de 157 p. • — Prix : 4 fr.). M. Pasche est un technicien compétent, qui
s'est gardé de le laisser trop voir : en une matière sérieuse et difficile,
il a su mettre non seulement la clarté nécessaire, mais aussi une note
animée et spirituelle, si bien que son livre se lit avec un vif intérêt,
sans la moindre fatigue. La chose n'était point aisée. Notons que nous
— 379 —
avons sous les yeux la 3« édition et souhaitons qu'elle soit suivie de
plusieurs autres. Dans la Préface de la F^ édition, que nous retrouvons
iei^ l'auteur s'exprime ainsi : « Veut-on publier une œuvre scientifique
ou littéraire d'importance, un livre?... Il faut tenir compte de circons-
tances fort diverses, les unes pouvant être prévues, les autres surgis-
sant au fur et à mesure de l'avancement du travail matériel,., et il
arrive fort souvent que les unes et les autres prennent l'auteur complè-
tement au dépourvu. De là, parfois, des malentendus, des contestations,
qu'une vue d'ensemble des questions d'impression et d'édition, une con-
naissance même superficielle des difficultés inhérentes à la matière, évi-
teraient certainement. C'est dans le but de fournir aux écrivains —
quel que soit d'ailleurs le sujet qui les occupe ■ — un résumé des notions
indispensables, que nous avons élaboré ces pages... « Le mieux, pour
donner une idée de ce « guide », est de transcrire la table des chapitres :
Considérations générales. ■ — Conventions et contrats, devis. • — Du Ma-
nuscrit. • — Du Format et du papier. ■■ — Des Caractères typographiques
et de la composition. — • Des Épreuves et de la mise en pages. ■ — • Signes
de correction. — Du Tirage. ■ — De quelques termes employés en typo-
graphie. ■ — De l'Illustration. ■ — Du Brochage et de la reliure. — De
la Mise en vente. L'ouvrage, qui se termine par un Appendice sur la
législation internationale, suisse, française et belge relative au sujet,
nous apparaît comme un vade mecum précieux pour les gens de lettres.
• — Nous annonçons comme devant prochainement paraître à la Nou-
velle Librairie nationale (transférée 11, rue de Médicis) la 4^ édition
des Jalons de route du marquis de la Tour du Pin la Cbaroe. Ce succès
ne surprendra aucun des lecteurs de ce très beau livre où les grands
problèmes économiques de ce temps-ci sont traités avec ampleur et
conduits : « Vers un ordre social chrétien ». ■ — On va rééditer égale-
ment, du même auteur, les Aphorismes de politique sociale, petite bro-
chure substantielle et de haute portée.
Bourgogne. — La troisième livraison du tome XXII de la Revue
bourguignonne est formée d'un seul ouvrage : Le Traité de Madrid et
la cession de la Bourgogne à Charles-Quint. Etude sur le sentiment natio-
nal bourguignon en 1525-1526, par M. Henri Hauser (Dijon, Damidot;
Nourry; Rey; Venot, et Paris, Champion; Rousseau, 1912, in-8 de
182 p. — Prix : 4 fr.). Travail aussi solide que curieux, qui va à Peu-
contre des dires plus ou moins fantaisistes de tous les historiens et no-
tamment de ceux de Paradin, Dom Merle et Courtépée. La question
débattue est celle-ci : Après le traité de Madrid du 14 janvier 1526^
qui rendait la liberté à François l", fait prisonnier à la bataille de
Pavie, au prix de la cession du duché de Bourgogne à Charles-Quint,
quelle fut l'attitude des Bourguignons à l'égard du vaincu et du vain-
queur, de François et de Charles, héritier de son bisaïeul, Charles-le-
Téméraire? Tous les auteurs ont célébré à l'envi la protestation énergi-
que des états de Bourgogne contre ce traité, déclaré par eux inaccepta-
ble parce qu'injuste et déraisonnable. M. Hauser, n'ayant pas voulu sui-
vre les sentiers battus, est allé aux sources : ces sources, il en fait part
au lecteur au moyen de 26 pièces justificatives placées à la suite de
son ouvrage (p. 101-180). « Le parfait loyalisme des Bourguignons de
1526, observée l'auteur, n'est mis en doute par personne. » Mais il ajoute
aussitôt : « Personne ne s'est demandé comment il se fait qu'un autre
loyalisme, l'attachement à la vieille maison ducale, si vif en Comté,
avait si complètemrent disparu de « la duché » voisine... Il serait vrai-
- 380 —
ment étrange que le « patriotisme bourguignon » (si universellement ré-
pandu en Comté, à Dole, par exemple,) n'eût trouvé aucun écho à Au-
xonne ou à Dijon; étrange qu'en présence de cette perspective impré-
vue, revenir à l'héritier de l'ancienne maison ducale, la vieille ville des
ducs, celle qui gardait leur palais et leurs sépultures, n'eût éprouvé
aucun sursaut, '> Ceci posé, M. Hauser examine et discute les documents
contemporains. Il n'a pas de peine à étahlir que François I^r n'eut ja-
mais un seul instant l'idée d'exécuter le traité de Madrid et qu'il agit
en conséquence auprès de ses sujets bourguignons afin que, consultés
pour la forme, ils eussent soin de répondre selon ses désirs, on peut
dire même ses ordres. « Et maintenant, conclut l'auteur, faut-il dire que
la façon traditionnelle dont on nous représente les événements de 1526
soit radicalement fausse et que seule la force ait conservé la Bourgogne
à la France? L'histoire ne connaît pas ces réponses absolues; elle cor-
rige plus qu'elle ne renverse. Que les états de Dijon aient été une assem-
blée libre, librement consultée, mille fois non. Mais si cette assemblée
a répondu sans difficulté apparente, comme le roi souhaitait qu'elle
répondit; si, pendant deux ans, à part quelques émeutes de vignerons,
il ne s'est pas produit en Bourgogne de mouvement impérialiste sérieux,
c'est que le sentiment impérialiste n'était ni très général ni très puissant
dans la Bourgogne ducale. Il y avait un parti impérialiste... Contre lui
se dressait la masse compacte des magistrats, des fonctionnaires, des
capitaines, des échevins, des gens en place et en possession d'état, de
tous ceux que la royauté payait ou soutenait et dont la fortune était
attachée au triomphe de la cause royale. 'Avec les bourgeois proprié-
taires et les marchands, que le roi avait su gagner par des mesures
assez sages, c'étaient les classes dirigeantes. Dans les autres classes
même, la jalousie contre les Comtois, la peur du Suisse et de l'Espagnol,
bref le désir du repos et de la paix furent plus forts que l'attachement
à la vieille maison ducale. » Enfin, M. Hauser présente l'importante
remarque suivante : « Le fait qu'au premier rang des raisons qui s'op-
posent à l'aliénation d'une province on ait pu faire figurer, en 1526,
le défaut de consentement des habitants, ce fait est considérable.....
L'année 1526, qui scella indissolublement l'union de la Bourgogne à la
France, reste une date dans l'histoire des idées politiques et du droit
public européen. »
Bretagne. — C'est une très intéressante contribution à l'histoire ec-
clésiastique et à l'histoire des mœurs que l'opuscule de M. le marquis
de Beauchesne : Christophe et Roland de Chauvigné, évêques de Saint-
Pol-de-Léon (1521-1562) (Saint-Brieuc, René Prud'homme, 1912, in-8 de
26 p. Mémoire lu au Congrès de l'Association bretonne). Entre autres
pièces d'archives analysées ou reproduites dans ce solide travail, nous
signalerons le curieux certificat délivré, le 3 juillet 1545^ par « Guil-
laume Le Gat, docteur en médecine, demeurant en la ville de Lander-
neau » (p. 18).
Champagne. — Les deux brochures simplement signées C. M., consa-
crées à la petite ville de Fismes, chef-lieu de canton du département
de la Marne, sont intéressantes pour l'histoire de cette localité. Toutes
deux sont extraites de V Almanach- Annuaire historique, administratif et
commercial de la Marne, de V Aisne et des Ardennes : l'une est relative à
VHôtel de ville de Fismes, Védifice primitif. Reconstruction partielle au
xvii^ siècle. La Façade, la prison, la halle, projets de reconstruction, la
démolition (Reims, Matot-Braine, 1912, in-8 de 18 p. et pi.); l'autre à
- 381 —
la Cherté des vivres et les émeutes à Fismes en 1789 (Reims, Matot-Braine,
in-8 de 12 p. et pi.). Dans la première, l'auteur retrace l'histoire de
l'ancien hôtel de ville, démoli actuellement pour faire place à un nouvel
édifice mieux approprié aux besoins de la localité; dans l'autre, il donne
des détails sur un de ces épisodes très fréquents en beaucoup de régions
à la veille de la Révolution.
^Flandre. — Nous signalerons deux opuscules relatifs à l'ancienne
Université de Douai, dont le 350^ anniversaire tomberait en la présente
année, si elle avait survécu, car elle fut fondée le 5 octobre 1562, et
dont l'Université catholique de Lille a été solennellement déclarée la
fille par la Sacrée Congrégation des Études (25 janvier 1878) : Paul IV
,et la jondation de VUniversité de Douai, par A. Léman (Desclée, de Brou-
wer et C^^^ 1912, in-8 de 14 p. Extrait des Questions ecclésiastiques); ■ —
Liste des professeurs de théologie séculiers et réguliers de Vancienne Uni-
versité de Douai, p^iv le chanoine L. Salembier (même librairie, 1912,
in-8 de 20 p. Extrait du même recueil).
^Franche-Comté. — Dans une brochure aussi érudite qu'intéressante,
M. Georges Cucuel nous raconte ce que fut la Vie parisienne des princes
de Wurtemberg- Motitbéliard au xviii^ siècle (tirée à part des Mémoires
de la Société d'émulation de Monthéliard. Montbéliard, imp. montbéliar-
daise, 1912, in-8 de 45 p., avec 2 pi. de musique). C'est en juillet 1747
que les princes Louis-Eugène et Charles- Eugène arrivèrent à Versailles
pour être présentés au roi Louis XV. Leur aîné, Charles-Eugène, duc de
Wurtemberg, ne les suivit qu'en juin 1748. Leur séjour se termina le
5 janvier 1749; ayant regagné Stuttgart, ils ne tardèrent point toute-
fois à se séparer : Frédéric- Eugène entra au service du roi de Prusse,
le grand Frédéric, et Louis-Eugène prit rang dans l'armée française.
Ce dernier a retenu davantage l'attention de M. G. Cucuel parce qu'il
demeura assez longtemps en France, où il eut l'occasion de se distin-
guer. Il nous parle de ses rapports avec Voltaire et surtout avec J.-J.
Rousseau, de sa vie mondaine, de sa passion pour la musique et de ses
nombreuses aventures galantes avec les comédiennes et les cantatrices
les plus en vue de l'époque. A ce jeu, Louis- Eugène s'endetta fortement
et les revenus qu'il tirait de son apanage montbéliardais ne purent suf-
fire : ses créanciers le harcelèrent. Il finit par succéder à son frère
Charles- Eugène sur le trône de Wurtemberg, le 24 octobre 1793, et mou-
rut moins de deux ans plus tard, emportant dans la tombe sa haine de
la Révolution française, qu'il avait d'ailleurs les plus légitimes raisons
de ne pas chérir. L'étude de M. Cucuel, solidement documentée, est une
contribution très curieuse à l'histoire des mœurs dans la seconde moitié
du xviiie siècle.
— Un vieux registre trouvé à la bibliothèque publique de Montbé-
liard a fourni à M. Léon Sahler les éléments d'une petite étude, aussi
amusante que suggestive, intitulée : Un Tribunal éphémère. La Justice
de paix du canton de Désandans (1795-1801) (Montbéliard, imp. mont-
béliardaise, 1912, in-8 de 16 p. Extrait des Mémoires de la Société d'ému-
lation de Montbéliard). « Le canton de Désandans fut formé et sa jus-
tice de paix établie l'an III de la République française, lors de l'an-
nexion du pays de Montbéliard à la France. » Mais, en 1801, ce canton
fut supprimé et sa justice de paix également. Or, dans les six années
de son existence, un certain nombre de jugements inscrits au registre
ci- dessus rappelé furent rendus par deux magistrats : le citoyen Navion
— 382 —
(un type!) et Georges- David Boissard, qui, moralement contraint, exerça
peu de temps. De celui-ci rien à retenir. Il n'en est pas de même de
son prédécesseur Navion, qui devint aussi son successeur. Il y aurait
de quoi faire un vaudeville antinévralgique avec l'aventure de ce dernier
que ses justiciables mécontents accusaient « malicencieusement » d'avoir
« vendu le canton ». Ce juge-accusé n'hésite pas : il se traduit lui-même
devant son tribunal et ce sont ses assesseurs ordinaires et son greffier
qui, après avoir pris toutes informations et interrogé divers témoin*,
proclament son innocence... L'auteur analyse ensuite brièvement diverses
causes (réquisitions militaires, instituteurs, vaine pâture, disputes, rixes
et diffamations) qui forment un joli chapitre des mœurs et coutumes
de la région dans les années de début de la première République. — ■ A^
noter ce détail : dans une note (p. 12), M. Sahler établit que la famille
du savant Pierre Curie, mort accidentellement à Paris le 19 avril 1906,
est originaire d'une commune des environs de Montbéliard (Grandchar-
mont, département du Doubs).
Allemagne. — Il se tiendra à Leipzig, de mai à octobre 1914, une
exposition internationale du livre et des arts graphiques à l'occasion
du 150^ anniversaire de la fondation de l'Académie royale des arts gra-
phiques. Tout ce qui a trait à l'industrie du livre sera représenté dans
les 16 groupes de cette exposition : papier, encres, couleurs, imprimerie,
reliure, etc. Une section spéciale (groupe XIV) sera réservée aux biblio-
thèques, à la bibliographie et à la bibliophilie.
États-Unis. — Voici une superbe publication de la Smithsonian Ins-
titution chargée du Muséum national des États-Unis. C'est une mono-
graphie des Astéries ou étoiles de mer de l'Océan Pacifique du nord
et des mers voisines. Smithsonian Institution. Bulletin 76 : Asteroidea of
the North Pacific and adjacent waters, par M. Walter Kenrick Fisher
(Washington, 1911, Government printing Office, 1912, in-4 de vi-419 p.,
avec 120 planches).
■ — Nous avons encore reçu deux fascicules des Contributions from the
United States national herharium, également édités par la Smithsonian
Institution. Le vol. 13, part 10 : Miscellaneous Papers, par MM. Albert
W. C. T. H erre, William H. Brown, Joseph H. Painter, Paul C Stand-
ley, Edwards S. Steele et E. A. Goldman (in-8, paginé 313-375, avec
six pi.), contient plusieurs notices de ces botanistes américains, notam-
ment une étude sur les Gyrophoracées ou lichens do la Californie, un
intéressant aperçu sur la végétation des lacs de la Caroline du nord et
une description de plusieurs plantes nouvelles de l'est des États-Unis.
La Part 11 de la même publication : The Allioniactae of Mexico and
Central America, par M. Paul C. Standley (Washington, Government
printing Office, 1911, in-8, paginé 377-430 et ix p., avec planches) ren-
ferme la description d'un certain nombre d'espèces nouvelles apparte-
nant à la famille des Nyctaginacées, découvertes au Mexique et dans
l'Amérique centrale.
Publications nouvelles. — L'Arbre divin, ou Entretien simple et
familier sur le Credo catholique romain, par C. Pourmarin. l^r fasc. (in-12,
Notre-Dame-du-Laus, l'auteur). • — Le Mystère de la Très Sainte Trinité,
par le R. P. É. Hugon (in-12, Téqui). ■ — Sentiment de Napoléon 1^^
sur le christianisme, par le chevalier de Beauterne (in-18, Téqui). — Le
Nouveau Psautier du Bréviaire romain, par L.-C Fillion (in-12, Lecoffre,
Gabalda). — Œuvres de saint François de Sales, évêque et prince'jie ^Ge-
— 383 -^
nève et docteur de VÉglise, édition complète publiée sous les auspices
de Mgr l'évêque d'Annecy, par les soins de religieuses de la Visitation
du 1" monastère d'Annecy. T. XVII. Lettres. Vol. VII (gr. in-8, Lyon
et Paris, Vitte). ■ — Nouveaux Mélanges oratoires, par M. d'Hulst. "xi.
(in-18, de Gigord) — La Bonté et les affections naturelles chez les saints,
par le marquis de Ségur (in-16, Téqui). — Au-delà du tombeau, par le
R. p. A. Hamon (in-12, Téqui). — Les Apprêts du beau jour de la vie,
par..J'abJîé Fliche (petit in-18, Téqui). — Le Privilège des petits enfants,
par la R. M. Marie Loyola; trad. de l'anglais par la baronne de
Nexon (in-82, J. de Gigord). ■■ — Se dévouer. L'Apostolat, par L. Rouzic
(in-32, Lethielleux). — Se vaincre. La Lutte, par L. Rouzic (in-32, Le-
thielleux). ■ — Jeunesse et idéal, par l'abbé H. Morice (in-12, Téqui). —
Le Droit de glanage, grapillage, ratelage, chaumage et sarclage, patrimoine
des pauvres, par P. Degrully (gr. in-8, Giard et Brière). — Les Lois com-
merciales de V univers. T. XII. San-Salvador, République dominicaine et
Nicaragua, par R. A. Rossi, R. Kûck et R. Zelaya; trad. par F. Da-
guin et G. Ganxblin (gr. in-8, Librairie générale de droit et de jurispru-
dence). ■ — Traité de la science des finances, par A. Wagner. T. III. Trad.
de l'allemand par P. Rallier (in-8, Giard et Brière). — Recueil de com-
positions philosophiques, par E. Lenoble (in-12, de Gigord). — Cours
de morale théorique et pratique, par J. Guibert (in-18, J. de Gigord). —
Les Case dei bambini, par le D'' M. Montessori; trad. abrégée par M^^ H.
Gailloud (in-12, Fischbacher). — A la mer. Des Abîmes au rivage. Chas-
ses et pêches, par C. Epry (petit in-8. Plon-Nourrit). • — La Lutte anti-
toxique. La Fumée divine [opium], par G. Miraben (in-18, Giard et Brière).
■ — ■ Conférences sur quelques thèmes choisis de la chimie physique pure et
appliquée, par Svante Arrhénius (in-8, Hermann). • — Enseignement agri-
cole et ménager, par A. Ménard (in-12 cartonné, Vuibert). ■ — Notre Pain
quotidien, par H. Rousset (gr. in-8, Maison de la Bonne Presse). ■ — Le
Soldat dans la guerre de demain, par le lieutenant P. Rimbault (in-18,
Berger- Levrault). ■ — Opinions allemandes sur la guerre moderne. Fasc. II
(gr. rn-8, Berger- Levrault). — Une Réponse française au programme
militaire allemand, par le capitaine Le Français (in-8, Berger-Levrault).
• — La Guerre, ses causes et les moyens de la prévenir, par C. Macie-
je.wski (in-8, Giard et Brière). — Nos Mitrailleuses, ce qu'elles sont, ce
qu'il faut en attendre, par le lieutenant Dapeyré (in-8, Berger-Levrault).
■ — Cours d'artillerie à l'usage des élèves-officiers de réserve, par le capi-
taine Biraud (in-18, Berger-Levrault). — Chasses aux loups et autres
chasses en Basse-Bretagne, par le Rev. E. W. L. Davies; trad. par le
comte R. de Beaumont (in-12, Laveur). — L'Archéologie, sa valeur, ses
méthodes, par W. Deonna. T. II. Les Lois de l'art (gr. in-8, Laurens).
• — Florilegium hebraicum locos selectos librorum veteris Testamenti, in
usum scholarum et disciplinae domesticae, adiuncta appendice quinquepar-
tita edidit Dr. H. Lindemann (in-8, Friburgi Brisgoviae, Herder). —
Atta Troll. Allemagne, par H. Heine; transcriptions en rimes françaises
par M. Pellisson (in-18, Hachette). —Atta Troll, par H. Heine; trad.
par E. Chanal (in-18, Figuière). — Cœur et Raison, par E. Perret (in-12,
Figuière). — Le Rouet de buis, par A. Ramette (in-12, édition du Bef-
froi). — Plutôt la mort, par Tokutomi Kenjirô; trad. par O. Le Paladin
(in-16, Plon-Nourrit). — Les Chaînes du passé, par A. Bailly (in-18,
Grasset). — Les Errants, par J. Renaud (in-18, Grasset). — Boule de
neige, études sociales, par M. Desroches (in-12, Lecoffre, Gabalda). —
— 384 —
L'Idéal. Au fil des jours, par P. Dormise (in-18, Figuière). — Le Ro.e
et le gris, par L. Roubaud (in-18, Figuière). ■ — L'Arbre du bien et du
mal, par A. Maseras (in- 12, Figuière). — La Ruée, mœurs contemporaines,
par G. Strarbach (in-18, Figuière). — Les Paraboles cyniques, par Han
Ryner (in-18, Figuière). ■ — • Autour d'un testament, par M. Maryan (in-12,
H. Gautier). • — Les Lointains s'éclairent, par B. de Puybusque (in-12,
H. Gautier). — Roman d'âmes, par M. Le Mière (in-12, H. Gautier). —
Le Secret du livre d'heures, par C. Dodeman (in-12 cartonné, Marne), —
Leur Péché, par J. Vézère (in-12. Maison de la Bonne Presse). — Après
la haine, par E. Coz (in-12, Bonne Presse). ■ — Fleurs du foyer, fleur
du cloître, par M. Delly (in-12. Bonne Presse). ■ — La Fontaine, textes
choisis et commentés par E. Pilon (in-16, Plon-Nourrit). — Montes-
quieu, textes choisis et commentés par F, Strowski (in-16, Plon-Nour-
rit). ■ — Fontenelle, textes choisis et commentés par E. Faguet (in-16,
Plon-Nourrit). • — Écrits de musiciens (xv^, xyiii^ siècles), par J.-G.
Prod'homme (in-16, Mercure de France). ■ — xvi^ siècle. Les Sources
d'idées, textes choisis et commentés par P. Villey (in-16, Plon-Nourrit).
• — Promenades littéraires, par Pv. de Gourmont (in-12. Mercure de France).
— Le Molière du xx^ siècle. Rernard Shaw, par A. Hamon (in-8, Fi-
guière). — Menendez y Pelayo, historiador de la literatura espanola, por
C. Parpal y Marqués (in-12, Barcelona, imp. de la casa provincial de
Caridad). — Histoire juridique des persécutions contre les chrétiens, de
Néron à Septime- Sévère (64 à 202), par L. Cezard (gr. in-8, Larose et
Tenin). • — ■ Studien zu Hilarius von Poitiers, von A. L. Feder. II (in-8,
Wien, Hôlder). — Les Origines du servage en France, par P. Allard
(in-12, Lecofîre, Gabalda). ■ — Saint Antoine de Padoue, par Mgr A. Ri-
card (in-12, Téqui). — Les Fiançailles de Madame Royale, fille de
Louis XVI et la première année de son séjour à Vienne, d'après des do-
cuments nouveaux, par le comte de Pimodan (in-8, Plon-Nourrit). —
Histoire du concile du Vatican depuis sa première annonce jusqu'à sa
prorogation, d'après les documents authentiques, par le P. T. Granderath ;
édité par le P. C. Kirch et traduit de l'allemand par des religieux de
la même Compagnie. T. III. l^e partie. L'Infaillibilité pontificale (in-8,
Bruxelles, Dewit). — Le Révérend Père A. de Ponlevoy, de la Compa-
gnie de Jésus, par le P. A. de Gabriac. I. (in-18, Téqui). — La Chroni-
que de nos jours, notes et souvenirs pour servir à l'histoire, par E. Dau-
det (in-16, Plon-Nourrit). ■ — Le Parti radical et radical-socialiste à travers
ses congrès (1901-1911), par A. Charpentier (in-12, Giard et Brière). —
Quand Paris voudrai par V. d'Espic (in-18, Jouve). — La République
américaine, par J. Bryce. 2^ édition française complétée par l'auteur.
T. III (in-8, Giard et Brière). ■ — Budapest et les Hongrois, par A. Du-
boscq (in-18. Rivière). ■ — Le Péril germanique, par M. X., ancien déj^'uté
(in-18, Jouve). — Le Conflit anglo- allemand. La Guerre improbable, par
M. Pavlovitch (in-8, Giard et Brière), Visexot.
Le Gérant : CHAPUIS.
Iintrimerie poly(;lott« Fb. Simon, Rennes— Paris.
POLTBIBLION
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE UNIVERSELLE
PHILOSOPHIE
Philosophie"'générale. — Psychologie. — 1. Esquisse d'une philosophie de la
' nature, par André Joussain. Paris, Alcan, 1912, in-16 de 199 p., 2 fr. 50. —
2. Les Etapes de la philosophie mathématique, par Léon Brunschwicg. Paris,
Alcan, 1912, in-8 de xi-591 p., 10 fr. — 3. Contre la métaphysique. Questions de
méthode, par Félix Le Dantec. Paris, Alcan, 1912, in-8 de 256 p., 3 fr. 75. —
4. Premiers Principes d'une théorie générale des émotions, par Marius Latour,
Paris, Alcan, 1912, in-16 de 300 p., 3 fr. 30. — 5. Le Langage et la verbomaniet
essai de psychologie morbide, par OssiP-LouKiÉ.Paris, Alcan, 1912, in-8 de 275 p,,
5 fr, — 6. La Survivance humaine. Etude de facultés non encore reconnues, par
Olivier Lodge; trad. de l'anglais par le D' Henri Bourbon. Paris, Alcan, 1912,
in-8 de vi-267 p., 5 fr. — 7. La Réincarnation. La Métempsy chose, l'évolution phy
sique, astrale et spirituelle, par Papus (D'' G. Encausst). Paris, Dorbon aîné, s. d.»
in-8 de 250 p., avec fig., 3 fr. 50. — 8. Preuves de l'immortalité de l'âme, par WiL-
HELEM, Schneider; adapté de l'allemand par G.Gazagnol. Paris, Bloud,*1912»
in-16 de 72 p. (Collection Science et Religion), 0 fr. 60.
Morale. — Sociologie. — Esthétique. — 9. Devoir et durée, essai de morale
sociale, par Joseph Wilbois. Paris, Alcan, 1912, in-8 de 406 p., 7 fr. 50. — 10.
L' Honneur, sentiment et principe moral, psLT Eugène Terraillon. Paris, Alcan»
1912, in-8 de iv-297 p.,5 fr. — 11. La Conscience collective et la morale, par Arthur
Bauer. Paris, Alcan, 1912, in-16 de 160 p., 2 fr. 50. — 12. La Morale républicaine,
par FÉLIX Martin. Paris, Alcan, 1912, in-8 de 282 p., 4 fr. 50. — 13. Comment
vivre, pourquoi vivre?, par l'abbé Joseph AiRAUDi.Paris, ,h de Gigord, s. d., in-12
de xiv-264 p., 2 fr. — 14. En Marge de Nietzsche. Philosophèmes, par L. Benoist-
Hanappier. Paris, Figuière, 1912, in-16 de 257 p., 3 fr. 50. — 15. Les Formes
élémentaires de la vie religieuse. Le Système totémique en Australie, par Emile
DuRKHEiM. Paris, Alcan, 1912, in-8 de 647 p., avec carte; 10 fr. — 16. Les Règles
esthétiques et les lois du sentiment, par Henri Dussauze. Paris, Alcan, 1912, in-8
de 541 p., 10 ff.
Histoire et Critique. — 17. Fragments sur l'histoire de la philosophie, par Arthur
Schopenhauer; trad. française, avec préface et notes, par^AucusTE Dietrich.
Paris, Alcan, 1912, in-16 de 197 p., 2 fr. 50. — 18. La Morale de Geulincx dans ses
rapports avec la philosophie de Descartes, par Eugène Terraillon. Paris, Alcan,
1912, in-8 de 226 p., 3 fr. 75. — 19. Jean- Jacques Rousseau et sa philosophie, par
Harald Hoffding; trad. du danois par Jacques de Coussange. Paris, Alcan,
1912, in-16 de xi-165 p., 2 fr. 50. — 20. Les Grands Philosophes. Schelling, par
Emile Bréhier. Paris, Alcan, 1912, in-8 de vii-314 p., 6 fr. — 21. Hegel, sa vie et
ses œuvres, par P. Roques. Paris, Alcan, 1912, in-8 de 358 p., 6 fr. — 22. Anhur
Schopenhauer, par Ernest Seillière. Paris, Bloud, 1911, in-16 de 240 p. et
portrait, 2 fr. 50. — 23. Le Monisme matérialiste en France. Exposé et critique des
conceptions de MM. Le Dante- ,R .Conta ,M^'^- C . Royer,Jules Soury, par J.-B.Saulze,
Paris, Beauchesne, 1912, petit in-8 de 183 p., 3 fr. — 24. Une Philosophie nouvelle.
Henri Bergson, par Edouard Le Roy. • Paris, Alcan, 1912, in-16 de v-209J]fp.,
2fr. 50. — 25. La Philosophie affective, par J. Bourdeau. Paris, Alcan, 1912, in-16
de 181 p., 2 fr. 50. — 26. L'Année philosophique, publiée] sous la direction^de
M. PiLLON (22e année, 1911). Paris, Alcan, 1912, in-8 de 290 p., 5 fr. . ^j
Philosophie générale. — Psychologie. — 1. Esquisse d'une
philosophie de la nature, par M. A. Joussain. Cet ouvrage, comprend
deux parties : Les Éléments. L'Ensemble. Conscience, matière, vie,
espace, temps, personne humaine, tels sont les éléments dont se
Novembre 1912. T. GXXV. 25.
— 386 — '
Cf mpose l'univers visible et invisible. Leur activité, leur connais-
sance, leurs relations, leur évolution, leur adaptation, le passé et
l'avenir, autant de liens qui les unissent, les déterminent, permettent
de les envisager comme les matériaux d'un seul édifice, les parties
harmonieuses d'un même tout; nous pouvons constater qu'elles
s'impliquent, se supposent, s'engendrent, se développent suivant
les données de la conscience, attribut de la substance, et à laquelle
tout se ramène et peut se réduire. La conception du monde, la cos-
mologie, l'idéologie, la psychologie, l'éthique, la sociologie s'éclairent,
s'organisent à l'aide des notions qui naissent de la distinction et de
l'opposition du sujet et de l'objet. — Synthèse présentée dans un
style clair et parfois attrayant, réussissant à dissimuler les lacunes,
les contradictions, les incohérences d'une doctrine qui emprunte ses
principes à Berkeley, à Schopenliauer, à M. Bergson et à bien
d'autres. La précision de la phrase est égale à la confusion de la
pensée.
2. — Il n'est guère de grand philosophe qui ne fût mathématicien,
et les conceptions de la mathématique dérivent des notions de la
métaphysique ou en modifient la signification et la compréhension.
De Pythagore à Leibniz, de l'arithmétique au calcul infinitésimal,
de l'idéalisme à la logistique, les progrès de la science, les évolutions
de la technique ont subi ou produit des théories philosophiques,
ont présenté sous divers aspects le problème de la vérité. Le réalisme
et le nominalisme, les rapports des choses et des idées, l'induction
et la déduction, le raisonnement et l'intuition, l'être et la pensée, ne
peuvent se définir exactement sans une discussion préalable du
nombre, de l'espace, du temps, du mouvement, autant dire des
axiomes et des postulats de l'arithmétique et de la géométrie, de
l'algèbre et de la mécanique. D'où l'intérêt du livre de M. Brunschwicg:
Les ' Étapes de la philosophie mathématique. L'auteur divise cette
histoire en deux périodes : la première, des origines à Emmanuel
Kant; la deuxième, jusqu'à nos jours; l'une, plus spécialement cons-
tructive; l'autre, surtout critique. Les procédés instinctifs de numé-
ration ne laissaient point deviner l'analyse infinitésimale, et il y a
loin des premiers calculateurs égyptiens à Descartes ou à Fermât.
Avec érudition et pénétration, M. Brunschwicg, s'inspirant des textes,
qu'il traduit et interprète, met en relief les idées essentielles des
philosophes grecs, les systèmes des théoriciens du xvii^ siècle, que
l'on pourrait appeler le grand siècle de la mathématique. Ces quan-
tités irrationnelles et imaginaires, qui semblent bouleverser l'ancienne
logique, renouvellent et fécondent la spéculation et la technique
scientifique. Cependant, elles suggèrent des questions diversement
envisagées et résolues par les criticistes et les positivistes. Les pro-
- 387 -
grès de la pensée transforment les bases scientifiques, la mécani(iue
rationnelle, la géométrie euclidienne, le dogmatisme du nombre.
Ces révolutions exercent une répercussion dans Tépistémologie, la
logique, la morale elle-même. Ne vont-elles pas troubler les méthodes
de la science ou les régies de l'action ? Il est impossible de ne pas
tenir compte des résultats et des hypothèses qui sollicitent notre
attention et seraient de nature à troubler notre quiétude. Pour ma
part, je crois que les mathématiques sont déterminées et limitées
par la théorie de la quantité; qu'il est dangereux et vain de les ap-
peler à résoudre des questions qui les dominent et les dépassent;
que leurs adeptes ont tenté des incursions en des domaines qui
échappent à leur compétence; qu'il n'existe pas de continuité entre
les sciences mathématiques et les sciences morales; elles peuvent
s'éclairer mutuellement, mais à travers la « cloison étanche » qui
les sépare. Je rends hommage aux laborieuses recherches, à la
science très étendue, aux réflexions personnelles de M. Brunschwicg.
Si je me plaignais de ce que la lecture de son livre est parfois diffi-
cile, il me répondrait sans doute qu'il ne l'a point écrit pour ceux qui
sont incapables de le comprendre. Néanmoins, il me semble que beau-
coup d'obscurités seraient dissipées s'il consentait à faire précéder
les discussions par quelques définitions, trop souvent absentes, et à
mieux délimiter les diverses parties de son œuvre, fréquemment
emmêlées.
3. — Les métaphysiciens sont des poètes qui se sont trompés de
vocation; ils poursuivent un idéal qu'ils n'atteindront jamais; ils
confondent l'art avec la science. Ils ont abouti à un pragmatisme
sous lequel se déguise leur effroi des vérités tristes et cruelles. Il n'y a
d'acquisition possible de la vérité que par la soumission à l'objet,
éclairée et justifiée par le raisonnement et vivifiée par l'hypothèse.
Ces rêveurs devraient imiter les biologistes, esprits positifs, dégagés
des chimères, cherchant la vérité dans l'observation des phéno-
mènes vitaux, dont l'ensemble nous servira de base pour l'édifica-
tion d'une « hygiène scientifique vraiment utile à tous les hommes »
et destinée à remplacer la vieille morale et à guérir l'homme de la
peur. Et voilà pourquoi M. F. Le Dantec a réuni en volume des études
détachées, sous un titre de combat : Contre la métaphysique. On éton-
nerait sans doute ce pourfendeur de spectres en lui apprenant qu'il
ne combat que des fantômes. La vraie métaphysique ne s'appuie que
sur l'expérience et n'emploie pas d'autre instrument que la raison.
Elle n'éprouve pas plus de goût pour le pragmatisme que M. Le Pantec,
et ce sont les amis de celui-ci , « les savants », qui ont fait la fortune
d'un pragmatisme qpi'elle désavoue. Elle ne poursuit qu'un idéal :
la Vérité; mais elle se refuse à l'emprisonner dans les cornues du
•^' ^ - — 388 —
chimiste ou à roafermer dans les cellules des organismes, parce que
l'esprit humain s'élève jusqu'à la contemplation des fins et jusqu'à
la découverte des causes. ^
4. — « Le but de la présente analyse est de déterminer la cause pro-
fonde de nos émotions en tant qu'elles peuvent être considérées
comme associées à une représentation mentale et provoquées par
elles. » Ces lignes résument l'ouvrage de M. Latour : Premiers Prin-
cipes d'une théorie générale des émotions. Peut-on formuler une loi
générale qui relie les manifestations de notre vie affective, explique
leur mécanisme, suggère leur synthèse? M. Latout* en est convaincu
et, pour démontrer sa thèse, il étudie successivement : la Volonté et
ses attributs; l'Instinct de conservation et d'accroissement; l'Instinct
d'affranchissement. D'après lui, « le succès ou l'échec expliquent de
proche en proche, chez l'être vivant, toutes les émotions qu'il peut
éprouver ». Nous sommes, en effet, dans un état de solidarité ou d'oppo-
sition avec une volonté. Cet accord ou cette résistance sont les
motifs des impressions qui affectent notre sensibilité; par exemple,
le courage sera la confiance innée de l'instinct d'accroissement tandis
que la pusillanimité provient de la méfiance innée de l'instinct de
conservation. Nos émotions évoluent et se diversifient, s'altèrent^
s'enrichissent, se compUquent avec les modes de notre activité et les
capacités qu'elle met en œuvre pour s'exercer. On doit approuver cette
tentative destinée à ordonner et à unifier les phénomènes de notre
vie affective. M. Latour a ouvert la voie et indiqué la direction, avec
sagacité. On rencontre quantité d'observations justes et fines; on
s'aperçoit que son investigation est conforme aux méthodes psycho-
logiques éprouvées et confirmées par les travaux de laboratoire les
plus récents; mais on désirerait une classification logique des sen-
timents et une description précise de leurs effets; la langue dans
laquelle s'exprime l'auteur manque quelquefois de netteté.
5. — Le Langage et la verhomanie. — Ch. I. L'origine du langage;
l'automatisme verbal. Du geste au cri, du cri à la parole, les facultés
verbales de l'homme se sont perfectionnées; l'habitude tend à les
soumettre à un automatisme dont l'action est soustraite, en partie,
à l'intelligence et à la volonté. — Ch. II. Le langage, la pensée, l'in-
telligence : plus le langage se développe, plus devient fragile le lien
qui le rattache à la pensée : les mots ne représentent plus exactement
les idées et se vident de pensée. — Ch. III. La verbo manie. C'est une
perturbation qui consiste dans l'excès de durée et d'intensité et le
caractère anormal des manifestations verbeuses ; elle est distincte de la
logorrhée, de l'onomatomanie, parce qu'elle affecte des sujets nor-
maux; elle est excessive, mais non proprement pathologique. —
Ch. IV. Causes. Elles sont héréditaires, physiologiques, familiales^
S-f 389 —
sociales, mais principalement pédagogiques, car ce désordre est^pro-
duit principalement par un enseignement et une éducation irra-
tionnels. — Ch. Y. La conversation et l'opinion lui fournissent un
terrain favorable ct<les ressources variées. — Ch. VI, L'art oratoire
est merveilleusement propre à le développer, à l'encourager, à
Texalter. — Ch. VIL Cette maladie se montre souvent chez la femme,
dont elle exprime les goûts d'opposition, de contradiction, de contro-
verse, de persuasion, et est en relation étroite avec l'hystérie. — Ch.VIII.
Elle revêt des aspects et des formes variables, suivant les différents
peuples dont elle exprime la non-maturité ou la décadence. — Ch. IX.
La verbomanie est difficilement guérissable, mais peut être corrigée
par l'isolement et le silence. — Excellentes remarques, précieuses
pour les psychologues et les éducateurs, étroitesse d'esprit, entretenue
par des préjugés antirehgieux. « Pans l'avenir, l'art oratoire se réfu-
giera dans le cirque, sa vraie place. » Cette assimilation de l'orateur
au clown n'est pas seulement insolente, mais stupide. Les bavards
de la politique, de la science ou de la littérature sont une plaie, mais
les vrais orateurs, ceux qui se servent de la parole pour la pensée et
de la pensée pour la vérité et la vertu, sont une des forces bienfai-
santes et des parures glorieuses de notre espèce.
6. — « Si l'existence d'un cerveau vivant n'est pas une condition
nécessaire au fonctionnement de l'appareil émçtteur, la télépathie
entre les vivants et les morts n'est pas impossible et le problème de
la détermination expérimentale de la survie de la personnalité hu-
maine Consciente à la mort du corps n'est pas insoluble. » C'est
ainsi que M. Maxwell présente au public l'ouvrage de Sir A. Lodge :
La Survivance humaine. Pour démontrer son hypothèse ou tout au
moins la rendre plausible et probable, l'écrivain anglais expose le but
et les objets de la Société des recherches psychiques, relate des faits
de télépathie expérimentale ou spontanée, des transmissions de
pensée, des prévisions, des apparitions, des écritures automatiques et
des discours en état de trance. Les expériences d'un médium re-
marquable, M"!^ piper, sont interprétées, contrôlées, confrontées avec
d'autres manifestations extraordinaires, pour conclure à « une com-
munication possible de l'inteUigence entre le mode d'existence
matériel et quelque autre )). — Faut-il nier les faits attestés dans cet
ouvrage? Telle n'est pas notre pensée. Si plusieurs des faits de ce
genre peuvent être attribués à la fraude, nous ne croyons pas que
cette explication soit, ici, légitime ; nous consentons même à admettre
que l'illusion joue un rôle limité dans ces expériences. Mais il est
possible de rapporter la plupart d'entre elles à des causes naturelles
et encore mystérieuses d'automatisme psychologique, d'hyperhes-
tésie nerveuse, d'inconscience, sans faire intervenir les communica-
U_ 390 —
tions d'outre-tombe. Ces dernières sont-elles possibles? Certainement,
mais elles ne peuvent être que surnaturelles et ne seront jamais pro-
duites par des facultés « non encore reconnues. »
7. — Les rêves des psychologues de la vie anormale aboutissent à
des théories qui en sont l'éclatante condamnation : l'une d'entre
elles nous est exposée par le D^ Encausse dans son dernier livre :
La Réincarnation. Il y est question des principes astraux, des épreu-
ves et du langage des esprits, de leur existence pour une vie nouvelle
en des corps transformés. Bien entendu, il n'y a pas une ombre de
preuve, en toutes ces dissertations, incapable d'engendrer une Con-
viction sérieuse. Il est si facile de faire un acte de foi au- Symbole de»
Apôtres : « Je crois à la résurrection de la chair », cet article de notre
croyance étant garanti par la parole de Dieu, en laissant à la Provi-
dence le soin de réaliser la promesse de Jésus en des conditions con-
formes à la Sagesse et à la Justice, à la Puissance et à la Bonté infinies.
Il est sans doute inutile d'exhorter Papus à donner un autre emploi
à sa riche imagination et à son érudition ingénieuse, mais il nous
rappelle invinciblement le mot de Pascal : « Incrédules, les plus cré-
dules. »
8. — Mgr Schneider nous a donné un soUde ouvrage d'apologé-
tique fort bien résumé par M. l'abbé Gazagnol, sous le titre de :
Preuves de l'immortalité de l'âme. Le désir de persévérance dans l'être,
la nature spirituelle de l'âme, la pensée, l'amour, l'aspiration k la
vie parfaite et heureuse, le besoin de la justice, l'instinct du progrès
ne permettent pas de douter que l'existence terrestre soit autre chose
qu'une épreuve, une ébauche et un prélude. Les affirmations divines
confirment et précisent la démonstration rationnelle. Les auteurs
répondent brièvement et péremptoirement aux objections des maté-
rialistes et des pessimistes en des pages propres à augmenter la lumière
et à raviver l'espérance.
Morale. — Sociologie. — Esthétique. — 9. Devoir et durée,
par M. J. Wilbois. Entre la physique qui inspire la crainte d'un
mécanisme universel et la sociologie qui enseigne le fait d'une liberté
diminuée, le déterminisme ne va-t-il pas ruiner l'édifice de^notre
morale, fondé sur le postulat de la liberté ? Non, si l'on fait dii déter-
minisme le synonyme du morcellement et de la spéciahsation. Rien
ne vaut, pour définir le libre arbitre et pour établir sa réalité, une
critique de la méthode des sciences physiques : elle aboutit à une
oonoeption des lois qui commeneent par être nos désirs et finissent
par être nos décrets. A son tour, la méthode des sciences sociales éla-
bore les données de l'observation au moyen de la nomenclature du
rapprochement, de l'opposition, de la classification des sociétés, ces
deux méthodes s'inspirant des règles de la logique inductive, appli-
— 391 —
quées à la recherche des faits, des principes et à la logique de la preuve.
Or, ce déterminisme qui résulte de la physique et de la sociologie est
l'œuvre de la liberté, victoire de l'esprit sur la matière en laquelle
il ne faut voir qu'une puissance de déterminisme numérique trans-
formée par l'esprit en un système d'habitudes mesurables qu'on
nomme les lois de la nature. JDès lors, ni le déterminisme social sta-
tique n'est un obstacle à la hberté humaine, ni le déterminisme social
dynamique n'empêche la liberté de la race, apparaissant, à travers
la série des générations, comme maîtrise personnelle et pouvoir créa-
teur, organisant notre activité spontanée grâce à l'hérédité, à l'éduca-
tion, aux institutions, survivances du passé. L'homme est libre dans
la mesure où il tend à être moral, c'est-à-dire à s'affranchir de la
matière, à s'unir à ses contemporains par l'effort et l'amour, à contri-
buer au progrès humain par la conformité à sa vocation. « La morale
commence avec la société » et ses préceptes se groupent autour de la
personne humaine, de la famille, de la nation, de la classe. Elle sort
de la métasociologie qui nous permet de réunir ce que la division du
travail intellectuel avait dû provisoirement séparer. — Originahté,
profondeur, formules pleines et fécondes, étendue de la pensée, com-
paraisons heureuses, élévation morale, telles sont les quaUtés de
M. Wilbois, mais son dynamisme semble parfois inconsistant : les
êtres s'évanouissent dans le perpétuel devenir où ils sont envisagés
et situés; le dogmatisme que l'on retrouve au fond des théories
s'altère et se dissout dans la mobiUté ondoyante d'une spéculation-
aventureuse et subtile qui se ressent trop du subjectiyisme, du
pragmatisme et de l'évolutionnisme de Le Roy, de W. James et de
H. Bergson.
10. — M. Terraillon étudie l'honneur en psychologue, en mora-
liste et en pédagogue. Le titre de son livre indique exactement son
contenu et son objectif : L'Honneur, sentiment et principe moral. L'ana-
lyse décèle des éléments égoïstes communs à toutes les manifesta-
tions de la vie affective dans cette estime de soi-même, dans ce culte
de la beauté de sa propre vie impliqués sous les formes diverses de
l'honneur; pourtant, la sympathie, par l'imitation qu'elle provoque,
rend compte des aspirations altruistes, de la fonction sociale qui
déterminent ses relations avec, l'utilité, car l'approbation collective
est un hommage à l'activité bienfaisante. Puisqu'il est cause d'un
bien, ce sentiment doit être considéré comme un principe moral,
un motif de vertu; il ne se confond pas, néanmoins, avec l'impératif
catégorique; il n'est pas identique à la loi du devoir. Sa tendance
essentielle l'oriente vers un idéal, confus ou précis, qu'il s'agit de
réaliser ou d'atteindre et auquel on reconnaît ou on confère une
valeur propre, vraiment spécifique, et, à quelques égards, supérieure
— 392 —
à tout le reste. Pour la fixer, on évoque la destination sociale à laquelle
nous réserve et nous adapte notre fonction, les obligations qui relient
entre eux les membres d'un groupe social, les traditions qui s'im-
posent à leur vénération et la discipline qui forme leur volonté et
domine leur conduite. L'honneur supplée aux insuffisances des lois
positives, aux incertitudes de certaines sanctions morales. Cette
notion est éprouvée et contrôlée par ses vérifications expérimentales.
D'après les situations sociales, les différences sexuelles, les relations
familiales, les partis et les sectes, les classes et les races, l'honneur se
transforme et se nuance à l'infini, mais, somme toute, il demeure
« la forme sociale du devoir moral d'obligation ». Cette étude est
généralement très judicieuse; l'auteur fait un excellent usage des docu-
ments vécus et écrits, je veux dire des variétés de l'expérience humaine
et des œuvres des poètes et des romanciers.il réagit contre les théories
de M. E. Faguet et de M. Jeudon, pour lesquels l'honneur semble être
toute la morale ; il a su dégager les leçons et les conclusions dérivant de
la littérature de tous les pays et il condense en des phrases expressives
les résultats de ses lectures et de ses réflexions; Nous aurions désiré
un chapitre sur les ressemblances et les différences entre l'honneur
et 1q sentiment religieux, qui eût éclairé et complété ce li\Te écrit
avec conscience et talent.
11. — La morale est indispensable à l'homme; supérieure à la
richesse, à la santé, au plaisir, à l'art, à la logique, à la politique, à
la religion, elle se propose la réahsation du souverain bien. Il faut donc
connaître, vouloir et pouvoir atteindre le bien moral. Ni la contrainte
légale, ni l'autorité rehgieuse ne suffisent à nous le révéler ni à nous
l'imposer. L'expérience est un guide efficace, mais à la condition
qu'elle se généralise dans la société et trouve son expression dans
la conscience collective. La foi en l'humanité, la bonne volonté,
l'harmonie intérieure sont les principes desquels dérivent les règles
morales, résumées dans la subordination de la volonté individuelle
à la volonté générale, et dans la conformité des actes et des œuvres
à la fonction sociale. L'enseignement pubhc doit donner une place
prépondérante à la morale et former les puissances physiques et spi-
rituelles de l'hcmme afin qu'il puisse utihser pour la vie pratique
toutes les ressources qu'il trouve dans sa nature et dans la société.
Telles sont les principales idées exposées par M. Bauer dans son livre :
La Conscience collective et la morale, non sans finesse et sans sagesse.
Regrettons qu'il semble absorber la morale dans la sociologie et
qu'il croie possible une morale indépendante, c'est-à-dire une loi
sans législateur.
12. — Après avoir esquissé, dans une Introduction, l'évolution de
ia morale à travers les âges, le D^ F. Martin en vient à ce qni cens-
I
— 393 —
titue le sujet spécial de son livre : La Morale républicaine. Entend-il
par ces mots la morale créée par la République ou la morale exigée
par elle? Dans les deux cas, il poursuit une chimère et engendre un
être de raison. Il y a une morale humaine, il y a une morale chré-
tienne, mais la République n'est qu'une forme de gouver-
nement, contingente et périssable. Chez nous, en France, au
xx^ siècle, elle a désorganisé la famille par le divorce, pratiqué
la spoliation des couvents et des éghses, violé le& contrats nationaux,
profané l'âme de l'enfant en la disposant à recevoir les germes de
l'athéisme, détruit la hiérarchie, essentielle à Tordre social, par la
proclamation d'une impossible et néfaste égalité. Voilà quelques-unes
de ses innovations ; quant au reste, M. Martin attribue à la République
les préceptes de la raison, de la conscience et du Pécalogue et se
borne à répéter les banalités qui encombrent tous les manuels.
13. — Comment vivre. Pourquoi vivre ?, par M. l'abbé J. Airaudi. —
Trente-et-une conférences sur divers sujets de morale. Beaucoup de
questions y sont abordées, discutées et résolues, les unes spéculatives
{la liberté, le progrès intellectuel), '■ les autres pratiques {V alcoolisme, la
misère), la plupart sociales et toutes actuelles.Traitées devant des audi-
teurs capables de les comprendre, elles durent les attirer et les retenir
autour de la chaire du jeune orateur, qui sait ordonner et présenter
ses idées, choisir les preuves, émouvoir les sentiments, inspirer les
résolutions; la doctrine est revêtue d'élégance et l'allure du discours
est empreinte de distinction.
14. — En Marge de Nietzsche : ces mots font espérer ou craindre
des annotations, des corollaires, des commentaires, destinés à illustrer
Tœuvre virulente et colorée de ce fou génial, dont la vogue semble
déjà s'amoindrir. De fait les « philosophèmes « de M. C. Benoist-
Hanappier se rapporteraient tout aussi bien aux drames d'Ibsen ou
aux romans de Tolstoï. Ils tendent à nous persuader que la vie n'a
point de but, mais que nous pouvons lui en assigner un, que le cours
des choses est livré au hasard et, malgré cela, rigoureusement enchaînéi
que rien n'est important, mais que tout est digne d'attention. Le pire
est que l'auteur de ces divagations s'estime peut-être très original,
tandis qu'elles dénoncent un parti pris résolu et artificiel d'être et
de se montrer audacieux. C'est vraiment dommage, car de temps à
autre on rencontre des pages (sur le hbre arbitre, par exemple) qui
laissent soupçonner des dons de penseur et d'écrivain, gaspillés en
des impertinences usées et fâcheuses.
• 15. — Les Formes élémentaires de la vie religieuse. Le Système
totémique en Australie, par M. E. Durkheim : c'est par l'analyse de
la religion, la plus simple qui soit, que l'on arrive à déterminer les
formes élémentaires de la vie religieuse et, indirectement, la genèse
— 394 —
des formes fondamentales de la'pensée. La religion n'est pas essentiel-
lement le surnaturel ni la relation de la créature avec Dieu, mais la
détermination des choses sacrées. [L'animisme et le naturisme ne
fournissent pas les motifs de cette distinction. Le phénomène reli-
gieux fondamental est le totémisme,^ sohdsiive d'une organisation
sociale etfpour lequel l'Austrahe est un terrain d'études très favorable.
11 faut rechercher et analyser les croyances et les rites de ce culte
primitif dont l'origine est la conviction collective de l'origine my-
thique] de tel ou tel clan, et qui détermine les notions des forces phy-
siques et morales que la tribu vénère. Pratiques ascétiques, prières
et sacrifices s'exphquent comme une dérivation et une transforma-
tion des idées et des sentiments propres à la tribu. C'est le groupe
social qui situe et classe tous les^ êtres dans des cadres construits selon
les lois plus ou moins complexes d'une mentalité collective donnée :
« Au fond, concept de totalité, concept de société, concept de divinité
ne sont^\Taisemblablement que des aspects différents d'une seule et
même notion. « — Des faits patiemment recueillis, une érudition
assez spéciale mais réelle, des considérations contestables et des
interprétations inspirées par des idées préconçues, des conclusions
fausses qui ne se déduisent pas des prémisses, une sorte de fidéisme
sociologique et matériahste, un^froid mépris, traduit en expressions
qui semblent correctes et respectueuses, de toute religion qui unit
et soumet les hommes à Dieu, tel est ce livre, plus dangereux qu'une
œuvre de combat et très propre à fausser les esprits peu réfléchis ou
mal préparés.
16. — M. Dussauze prétend découvrir un accord entre les émotions
que traduisent les œuvres d'art, et les règles auxquelles se doivent
conformer les'artistes pour réaliser la fin qu'ils se proposent. Pour
confirmer sa thèse, l'auteur étudie l'esthétique cérébrale qui, traitant
de^la disposition artistique des idées et des images, aide à fixer les lois
générales du sentiment dans ses rapports avec l'inteHigenoe et
l'activité; ensuite l'esthétique vitale qui est celle de la sensibilité et
de la motricité ;'enfin la composition par laquelle les lois affectives
s'apphquent 'aux différents genres littéraires, plastiques, musicaux,
d'une forme individuelle ou collective.'^ A ce] point de vue et d'après
les principes qu'il a posés, l'auteur étudie la Messe, dont il exalte
le caractère esthétique et dont il admire sincèrement la beauté.
Malheureusement, il considère comme « légendaires » les événements
dont les rites sont l'expression et il commet, dans le commentaire
des dognies chrétiens, de nombreux et déplorables contre-sens.
Il a beaucoup lu; il utilise souvent avec pénétration les informations
acquises, il présente d'ingénieux rapprochements, il engage l'esprit
en des perspectives où la pensée s'élargit, mais ses idées n'atteignent
— 395 —
que^rarement la'^netteté qui obligerait à les admettre oujTpermettrait,
aufmoins, de les juger. En tout cas ce livre, qui a pour titre : Les
Règles esthétiques et les lois du sentiment, est déparé par une incrédu*
lité qui ne manque guère de s'affirmer en toute rencontre et qui ne
contribue en rien à prouver la thèse que l'auteur s'efforce d'établir.
Histoire et Critique. — 17. — M. Dietrich poursuit, avec per-
sévérance, la traduction des Parer ga et paralipomena de Schopenhauer ;
le présent volume est intitulé : Fragments sur l'histoire de la philo-
sophie. Il contient diverses études, qui suivent, dans son cours, la
pensée humaine, de Thaïes à Schopenhauer lui-même. Certaines
d'entre elles sont déplorablement superficielles, telles que le bref
chapitre consacré à la scolastique. Bon humaniste, le philosophe de
Francfort est plus à l'aise lorsqu'il s'agit de Platon ou d'Aristote. On
sait qu'il est légitime de faire état des objections opposées par lui
au criticisme kantien; cependant, M. Dietrich a raison d'affirmer
qu'un souci apologétique inspire et domine ces notes sur l'histoire de
la philosophie; elles constituent le dossier d'un plaidoyer et vou-
draient être une justification. Ce qui leur manque le plus, c'est l'ob-
jeetivitéj et l'impartialité. On remarquera la manière laudative dont
Schopenhauer parle d'Érigène Scot dans lequel il reconnaissait, à
juste titre, un précurseur.
18. — Professeur à Anvers, puis à Leyde, d'abord catholique,
ensuite janséniste, enfin calviniste, malheureux durant toute sa.vie
qui fut agitée et courte, Geulincx imprima au cartésianisme, après
des oscillations entre Spinoza et Malebranche, une direction qui
l'orientait vers ce qui fut, plus tard, le kantisme. M. Terraillon a
jugé que son Éthique méritait un examen spécial et lui a consacré
une de ses thèses de doctorat : La Morale de Geulincx dans ses rap-
ports avec la philosophie de Descartes. Il met en lumière les ressem-
blances avérées et nombreuses entre les deux penseurs et s'efîorce
de montrer que les principales divergences proviennent de la place
considérable accordée par GeuUncx à* l'abnégation et|ày humilité
dans sa doctrine de la vertu. Tout en] reconnaissant f que ce travail
consciencieux constitue une importante contribution à l'histoire du
cartésianisme, nous estimons que l'auteur a^^trop grandi ce calvi"
niste, partisan déclaré de l'impuissance de l'homme et dont la pensée
demeure trop souvent confuse.
19. — • « L'idée type de Rousseau est celle de l'opposition^ entre
l'immédiat, l'originel, par lui-même achevé, le total, le libre et le
simple d'un côté, et le dérivé, le relatif, le partiel,' le dépendant, le
complexe dell'autre. » Ces lignes, écrites par M. Harald Hôfîding,
résument son livre : Jean- Jacques Rousseau et sa philosophie, dont la
deuxième édition vient d'être traduite et précédée d'une sugges-
— 396 -^
tive Introduction, par M. Jacques de Coussange. Le philosophe danois
raconte la vie, énumère les ouvrages, expose les idées de l'auteur du
Contrat social. Même après les études suscitées par le centenaire du
« citoyen de Genève, » l'essai de Hôfîding occupera un rang spécial
dans l'abondante bibliographie dont Rousseau est l'objet, et nous
montrera comment les étrangers apprécient celui qui a aggravé et
propagé le romantisme et la démocratie, deux de nos maladies les
plus dangereuses.
20. — ScheUing, par M. Bréhier, est divisé en trois parties : I. Les
Premiers Travaux; II. Schellingà léna; III. Les Problèmes religieux.
Il nous semble que ces trois périodes sont principalement caracté-
risées par l'intellectualisme, la philosophie de la nature, le mysti-
cisme du philosophe allemand, qui a cherché, dans l'évolution de sa
pensée, une formule qui ne fut jamais précise ni définitive. Entre
le Moi de Fichte et l'Idée de Hegel, il crut trouver dans l'Absolu
l'explication universelle, et sa philosophie de Vldeniité marque la
position qu'il a prise, aussi bien que le terme vers lequel n'a cessé
de tendre son ondoyante et progressive spéculation. Son historien
le suit attentivement avec une compréhension digne d'éloges, car la
clarté et la netteté sont loin d'être les qualités maîtresses de cet esprit
puissant et complexe. Il était impossible de condenser dans quelques
propositions distinctes ce système dont les parties ne se joignent que
par des hens relâchés. Les événements de l'existence, les controverses
avec les contemporains, les objections à résoudre, les progrès et les
détours d'une réflexion profonde mais s'exerçant autour d'une idée
préconçue, déterminent la marche de la pensée de Schelling. L'expo-
sition de ses théories nous donne l'impression d'un contact continuel
avec lui, et nous croyons qu'il était difficile de retracer d'une manière
aussi exacte l'histoire d'une doctrine qui se présente comme un
perpétuel devenir. « La réalité ne se construit pas; vous la perdez
en isolant ses prétendus éléments; vous pouvez seulement la décrire,
c'est-à-dire séparer ses moments, mais à condition que vous ne
perdiez pas de vue l'ensemble, seul fécond, tel est l'enseignement
positif de SchelUng. « (On ne saurait mieux dire.) D'autre part, c'est
par l'intuition qu'onprend conscience de cette réahté, qu'on la pénètre
jusqu'à se confondre avec elle. On sait que la conclusion déduite de
ces principes fut un grandiose et monstrueux panthéisme.
ir{2i. — Tout le monde|connaît plus ou moins les traits généraux
de l'hégélianisme : dialectique pure; thèse, antithèse et synthèse;
métaphysique confondue avec la logique; idéalisme transcendantal;
mais les rapports et les liaisons des diverses théories sont plus malaisés
à déterminer. M. Roques, dans son livre : Hegel, sa vie et ses œuvres^
a'entrepris 'cette ]tâohc; il emploiera méthode historique, et il est
— 397 —
certain que nulle autre n'est aussi efficace pour développer un
système à la façon d'un être vivant. Cependant elle est très impar-
faite pour construire une synthèse ordonnée; elle ne permet guère de
condenser un système, et, nous initiant aux hésitations, aux tâton-
nements, aux régressions de la pensée, elle en décrit mieux l'allure
qu'elle n'en tixe les résultats. L'ouvrage de M. Roques, remarquable
par l'érudition et le souci de fidélité, ne modifie guère le jugement que
Ton doit porter sur cet homme de génie qui a méconnu les principes
les plus certains de la connaissance, de l'être et de l'action, et qui
aboutit à un formalisme vide dans lequel se confondent toutes les
notions et s'évanouissent toutes les réalités.
22. — Arthur Schopenhaaer, par M. E. Seillière, fait partie de la
collection : Les Grands Écrivains étrangers^ je rappelle ce détail
parce qu'il assigne son but à cet ouvrage et en justifie le ton général.
La biographie y tient la première place; elle est, du reste, agréable-
ment esquissée. L'auteur insiste sur le romantisme du philosophe de
Francfort et sur sa manière personnelle et pittoresque de traiter
les sujets qui l'intéressent. Il veut nous persuader que son héros se
croyait plus athée qu'il ne l'était; j'avoue qu'il ne m'a
pas convaincu. Aussi bien ses idées sont indiquées plutôt que déduites
les unes des autres. Néanmoins, ce livre se lit avec plaisir, même après
les ouvrages plus scientifiques de MM. Ribot et Ruyssen. Il confirme
ce que nous savons du philosophe allemand; il complète la physio-
nomie distincte, dégage l'esprit propre d'un écrivain i^faisant partie
avec Schelling et Hegel d'une trilogie de malfaiteurs.
23. — Semeur de rêves, l'idéalisme semblait du moins nous avoir
débarrassés des malsaines et brutales insolences du matérialisme.
Néanmoins ce vieux système a reparu sous des formes nouvelles^:
le monisme hylozoiste deM. Le DanteCjl'ondulationnisme de M. Conta,
l'atomisme dynamique de M^^*^ Royer, le déterminisme physiolo-
gique de Jules Soury. (Le dernier a donné, en plusieurs circonstances,
des preuves de bon sens et de clairvoyance qui autorisent à espérer
qu'il ne demeurera pas enlisé dans cette bourbe.) En des conférences
brillantes, M. Saulze décrit et réfute ces foHes attristantes. Après les
avoir exposées avec une lucide impartialité, il|montre péremptoirement
qu'elles violent les lois de la raison et qu'elles ne trouvent aucun
appui dans la science. Le Monisme matérialiste en France, tel est le
titre de son livre, écrit par un vrai philosophe, dans une langue alerte
€t spirituelle. La bibliographie qui termine^^le 'volume^montre que le
distingué professeur du collège Stanislas est très au courant de la
littérature de son sujet.
24. — « Sans nul doute, et de l'aveu commun, l'œuvre de M. Henri
Bergson comptera, aux yeux de l'avenir, parmi les plus caractéris-
— 398 —
tiques, les plus fécondes et les plus glorieuses de'notre époque. »
On ne s'étonnera point qu'un admirateur aussi enthousiaste ait tenu
à faire connaître ce philosophe « comparable aux plus grands et
écrivain autant que penseur ». Le petit livre intitulé : Une Philosophie
nouvelle. Henri Bergson est l'hommage convaincu de M. Le Roy, à
celui qu'il regarde comme un maître de la pensée. Dans une vue
d'ensemble, le critique nous initie à la méthode et à la doctrine, et
fait sui\Te son résumé d'éclaircissements nécessaires — et insuffi-
sants. Non que M. Le Roy, mathématicien très estimé, philosophe
délié,"' manque de pénétration ou d'exactitude, mais parce qu'on ne
peut exposer la doctrine de M. Bergson sans la trahir. Dès qu'on
l'enferme en des cadres définis, on l'altère; dès qu'on l'exprime en
des mots précis, on la défigure; dès qu'on essaie de la fixer en de
claires formules, elle s'évanouit. Mais, peut-être, cette impuissance
a la traduire en termes intelligibles est-elle précisément sa condam-
nation. La réelle profondeur de M. Bergson, la nouveauté et l'ingénio-
sité de quelques-uns de ses aperçus, la beauté de ses métaphores,
ne sont que la parure d'une pensée fuyante qui nous ramène aux
conceptions du vieil Heraclite.
25. — Pourquoi M. Bourdeau a-t-il donné à ses causeries le nom
de : La Philosophie affective! Sans doute parce qu'un certain nombre
d'entre elles ont pour objet l'anti-intellectualisme de M. Ribot. On
ramènera malaisément à ce titre les articles sur le centenaire de
Descartes ou la philosophie de M. Fouillée; mais lorsqu'on cause, une
certaine liberté est de mise; ici elle s'allie à la clarté, à la variété de
l'information, au tour simple et naturel, aux digressions, à un aimable
laisser-aller. Qu'il s'agisse de W. James ou de Brochard, du langage
affectif ou des caractères, M. Bourdeau nous fait part de ses impres-
sions en homme sincère et de bon goût. Ne lui demandez pas des
jugements fermes et fortement motivés : ce n'est pas sa manière.
26. — L'Année philosophique en est à son vingt-deuxième volume;
elle contient des études remarquables qui nous transportent des
mythes de Platon (M. Rodier) à l'idéaUsme d'Oxford (M. J.-H. Bois),
de;,Descartes (M.V. Delbos) à M. Bergson (M. Dauriac), des antinomies
kantiennes (M. Pillon) aux commentateurs et successeurs de Kant
(M. Maillard). M. Dauriac analyse la philosophie de la religion et
M. Lechalas raconte les années d'apprentissage de E. Fromentin. On
pourrait douter que ce dernier article soit tout à fait à sa place, entre
la politique d'Antisthène et l'idéalisme et le réalisme de Descartes;
mais pourquoi se plaindre d'un plaisir? Aussi bien est- il besoin de
quelque complaisance pour classer parmi les œuvres philosophiques *.
La' folie de Jésus et le témoignage de saint Marc, par M. André Arnal,
Jésus et les apôtres, par M. Fiepenbring, les bases logiques d'un néo-
— 399 —
calvinisme, par' M. E. Pitavel OUiff. Mais M. Pillon a des raisons per-
sonnelles pour' s'occuper d'exégèse et de théologie protestantes. Il
n'est pas nécessaire de partager ses convictions'pour avouer que ce
qu'il en dit n'est pas dépourvu^d'intérêt. Louis Maisonneuve.
SCIENCES PHYSIQUES'ET CHIMIQUES
SCIENCES MATHÉMATIQUES
Physique. — 1. Mémoires sur l'électricité et l'optique, par A. Potier, publiés et
annotés par A. Blond el. Paris, Gauthier- Villars, 1912, gr. in-8 dexx-330p., avec
74 fig. et un portrait, 13 fr. — 2. Précis d'optique, d'après l'ouvrage de Paul
Drude, refondu et complété par Marcel Boll. T. II. Optique électromagnétique.
Optique énergétique. Paris, Gauthier-Villars, 1912, gr. in-8 de iv-362 p., avec 64 fig.,
12 fr. — 3. Passage de l'électricité A travers les gaz, par J, J. ThOMSON; trad. de
l'anglais par R. Fric et A. Faure. Paris, Gauthier-Villars, 1912, gr. in-8 de x-694p.
et 209 fig., 24 fr, — 4. Oscillations et vibrations. Étude' générale des mouvements
vibratoires, par A. Boutaric. Paris, Doin, 1912, in-18 de vii-403-xii p.,5avec
139 fig., cartonné, 5 fr. — 5. Réception des signaux radiotélé graphiques transmis par
la tour Eiffel, publié par le BureauTdesj longitudes. Paris, Gauthier- Villars,^1912,
in-8 de^iv-56 p. et 21 fig., 1 fr. 75. '
Chimie. — 6. Conférences sur les alliages, par Rengade, Jolibois et Broniewsk.1.
Paris, Hermann, 1912, in-8 de 36 p., avec 19 fig. et 4 pi., 2 fr.| — 7. La Pression
osmotique et le mécanisme de l'osmose, par Pu rre Girard. 'Paris, Hermann, 1912,
in-8 de 18p. ,1 fr.- — 8. Conférences sur quelques thèmes choisis de la chimie physique,
par Svante Arrhénius. Paris, Hermann, 1912, in-8 de 113 p., 3 fr.
Mathématiques. — 9. Œuvres de Charles Hermite publiées par Emile PIcard .
T. m. Paris, Gauthier-Villars, 1912, gr. in-8 de 524 p., avec portrait, 18 fr. —
10. Trigonométrie, par P. Camman et A. Grignon. Paris, J. de Gigord, 1912, in-16
de 210 p., avec 61 fig., caitonné,' 3 fr. — 11. Cours de trigonométrie, par Th. Ca-
ronnet. Paris, Gauthier-Villars, 1912, in-8 de 217 p. et 111 fig., 4 fr, 50. — 12. Les
Anaglyphes géométriques, par H. Vuibert. Paris, Vuibert, s. d. [1912[, gr. in-8
de 32 p., avec 8 fig. et 31 anaglyphes, 1 fr. 50.
Histoire. • — Philosophie. — 13. Mémoires scientifiques de Paul Tannery, publiés
par J.-L. Heiberg et H. -G. Zeuthen. T. 1. Sciences exactes dans l'Antiquité
(1876-1884). Paris, Gauthier-Villars, 1912, in-8 carré de xix-466 p., avec 17 fig.
et 1 portrait, 15 fr. — 14. Éloges académiques et discours, par Gaston Darboux.
Paris, Hermann, 1912, in-16 de 525 p. avec portrait, 5 fr. — 15. Pensées de Jules
Tannery. Paris, Hachette, 1912, in-16 de 139 p., avec portrait, 10 fr.
Physique. — 1. — Potier possédait au plus haut degré le talent de
condenser, en une théorie mathématique, les résultats expérimentaux
des physiciens. Il se transformait cependant en expérimentateur
lorsque ses recherches théoriques lui signalaient une lacune ou une
obscurité. Ses Mémoires sur l'électricité et l'optique sont constamment
consultés par les physiciens modernes; mais le développement inces-
sant de la science donne souvent une vie éphémère aux hypothèses
et aux théories. M. Blondel a entrepris de pubher les travaux de
Potier dont la^connaissance est indispensable actuellement, laissant
de côté ceux qui n'ont plus qu'un intérêt historique. La tâche était
délicate : M. Blondel s'en est tiré à son grand honneur. Au lieu de
suivre uniquement l'ordre chronologique, il a divisé les mémoires de
— 400 —
Potier en trois séries : Électricité^théorique ; Électrotechnique ; Optique.
Chaque mémoire est reproduit intégralement; do plus, dans de nom-
breuses notes, très discrètes et très précises, M. Blondel ajoute soit
quelques éclaircissements sur le texte même de Potier, soit
quelques développements se soudant intimement au mémoire cité.
Les mémoires non reproduits dans ce volume font l'objet d'un court
résumé qui, avec la liste complète des notes de Potier, présentées à
l'Académie des sciences, complètent l'énumération des travaux de
cet illustre savant disparu trop tôt, mais dont l'influence scienti-
fique survit de la façon la plus intense.
2. — Comme il était annoncé dans le premier volume du Précis
d'optique (Cf. Polybiblion de novembre 1911,t. CXXII, p. 414-415), le
but principal de M. Boll était de mettre VOpliqiie électromagnétique à la
portée des jeunes étudiants.Voulant que son livre se suffise à lui-même,
l'auteur établit et étudie les équations fondamentales de Maxwell-
Hertz. Prenant ensuite les phénomènes de propagation, réflexion et
réfractions dans les corps isotropes; propagation dans les corps aniso-
tropes; réflexion, réfraction et interférences, extinction, dispersion
et absorption, M. Boll établit qu'à chacun de ces phénomènes lumineux
correspond l'analogue en électromagnétisme et que la loi mathéma-
tique, établie pour l'oade électromagnétique, s'applique intégrale-
meat à l'onde lumineuse. L'exposé de toutes ces questions est d'une
clarté merveilleuse, quoique l'appareil mathématique y tienne une
grande place, mais tout étudiant possédant bien les mathématiques
préparatoires, comme on les enseigne actuellement dans les Univer-
sités françaises, peut comprendre toutes les transformations de <îalGul
employées par l'auteur. Les phénomènes éleotro et magnéto-élec-
triques, qui, historiquement, ont conduit à la découverte de l'optique
éleotromagnétique, sont traitées de la même manière que les chapitres
précédents. Pour l'optique des corps en mouvement, M. Boll reprend
l'hypothèse de Loreijtz : l'éther immobile. Pourquoi définir l'éther
comme de l'espace doué de certaines propriétés physiques? ou dire :
l'hypothèse de l'éther immobile est la plus simple et la plus natu-
relle? Il suffisait de dire comme il a été fait : c'est la seule concordant
avec l'expérience. Dans une deuxième partie, l'énergie rayonnante
est étudiée. Cette partie de fouvrage, quoique excellente, n'a pas été
rédigée avec le même amour que la première : c'est un bon hvre clas-
sique, au courant des derniers progrès de la science.
3. — Après avoir rappelé la faible conductibilité électrique des gaz
à l'état normal, M.Thomsort, dans son ouvTdige: Passage de l'électricité
à travers les gaz, étudie les propriétés d'un gaz conducteur, c'est-
à-dire d'un gaz ionisé. L'existence de l'ion, ses propriétés fondamen-
tales, sa manière de se comporter au sein du gaz où il s'est produit
— /iOi —
mais sans subir d'action extérieure, forment un ensemble sur lequel
se basera toute l'étude des phénoijiènes électriques produits au sein
(les gaz. La théorie de l'ionisation a été fort attaquée ces dernières
années; actuellement, elle reste intacte : il n'y a rien à ajouter ni à
r(>tranc}ier au eliapitri." de l'ouvrage de M.Thomson dont nous venons
de parler. Nous dirons de même de la théorie mathématique du
passage de l'électricité à travers un gaz renfermant des ions et de
l'eiïet produit par un champ magnétique sur le mouvement des ions
<;ar les hypothèses spéciales (vitesse des ions, direction de la force, etc.)
restent très sullisamment vérifiées par l'expérience. Cette théorie
met en évidence le rapport de la -charge à la masse d'union; l'auteur
signale à la suite les recherches numériques faites sur ces questions et
l'xplique pourquoi, suivant certaines conditions, on a deux valeurs
1res différentes. Sous le titre de quelques propriétés physiques des
ions gazeux, l'auteur étudie plus particulièrement les condensations
<le vapeur qui se forment autour des ions, c'est actuellement la meil-
leure preuve physique de la réalité d'existence des ions. Tous les
procédés permettant d'ioniser un gaz (par solides incandescents,
flammes, etc.) forment autant de chapitres séparés qu'il y a de pro-
cédés différents : toutes les expériences ayant une importance sont
relatées, au moins dans leurs résultats, la description des appareils
l'st faite pour celles dont l'intérêt est capital. Un cas intéressant est
celui où l'ionisation est produite par l'action du champ électrique
agissant; sur le gaz ce phénjuièno se produit plus particulièrement
dans la décharge disruptive. Son effet est étudié expérimentalement
t't mathématiquement. La décharge à travers les gaz à basse pres-
sion et l'arc électrique son*/de bonnes études, mais n'ayant pasl'impor-
tance du reste de l'ouvrage. Traduit sur l'édition de 1906, le lecteur-
pourrait crainire que ce livre ait vieilli. 11 n'en est rien. Les expé-
riences récentes sur l'ionisation sont nombreuses, mais elles s'ajou-
tent aux précédentes; l'ouvrage de M.Thomson reste le meilleur livre
pour étudier l'ionisation.
4. — Chaque fois que l'énergie joue un rôle dans un phénomène
physique, celui-ci se manifeste par des Oscillations et vibrations.
M, Boutaric a ou l'heureuse idée de condenser dans un substantiel
volume V Etude générale des mouvements vibratoires. L'exposition ma-
thématique du mouvement vibratoire harmonique ou amorti, les
conséquences de la présente dans un même champ de plusieurs
mouvements vibratoires précèdent l'étude plus particulière des
mêmes vibrations en acoustique, en optique, en électricité. L'auteur
n'a pas voulu écrire un traité de physique réduit; son but est de
donner une vue d'ensemble sur les phc'nomènes vibratoires. Pour cela,
il met très en éviden'îe les expériences et les hypothèses qui ont
Novembre 1')12. T. CXXV. 26.
— 402 —
permis île les introduire dans chaque branche de la science, il déve-
loppe toutes les formules spéciales à chaque manifestation parti-
culière du mouvement vibratoire, montre, par quelques exemples heu-
reusement choisis, les résultats et les progrès dus à l'étude appro-
fondie de ces mouvements. Les physiciens trouveront rapidement
dans ce livre les documents fondamentaux indispensables; il devien-
dra pour eux un auxiliaire excellent. Nous le recommandons tout
particulièrement à certains spécialistes de la chimie, de la physio-
logie, de la phon 'tique et de quelques autres sciences qui étudient, eux
aussi, des phénomènes intimement liés aux mouvements vibra-
toires.
5. — Le Bureau des longitudes a rédigé des instructions pré-
cises pour la Réception des signaux radiotélé graphiques transmis par la
tour Eiffel. Il donn^ tous les renseignements nécessaires tant pour
l'établissement du poste récepteur que pour son bon fonctionne-
ment. 11 fait connaître quand et comment sont envoyés les signaux
horaires. Grâce aux indications contenues dans ce petit volume,
tout le monde, san? connaissances spéciales, pourra construire son
poste récepteur, si, toutefois, la situation physique de sa demeure le
permet. Nous ferons remarquer un oubli du Bureau des longitudes :
tout Français a le droit absolu d'installer un poste récepteur sans
demander d'autorisation à qui que ce soit. Nos lecteurs ne se trom-
peront pas : il n'en résulte point que quiconque a le droit de faire
de la télégraphie sans fil et d'établir un poste émetteur. Dans une
seconde pai'tie, s'adressant aux spéoiahstes, cet ouvrage exphque
la méthode suivie à la tour Eiffel pour l'envoi des signaux rythmés des-
tinés aux comparaisons des chronomètres.
Chimie. — 6 et 7. — La Société de chimie-physique pubhe par
fascicules les Conférences faites par ses membres. Ce sont, en réalité,
de substantielles leçons sur des points de la science en plein dévelop-
pement. Les Alliages sont constitués par des composés définis cristal-
lisés au miheu de dissolutions sohdes. Comment distinguer ces éh-
meitts? ^L Rengade emploie pour cela la méthode thermique et la
méthode micrographique. Son travail, si concis et si clair, est accom-
pagné de onze photographies de coupes d'aUiages; neuf d'entre elles
ont déjà été insérées dans son ouvrage : Analyse thermique (Cf. Poly-
hiblion de novembre 1910, t. CXIX, p. 400-410); une très intéres-
sante planche nouvelle montre la filiation aluminium-cuivre. M. Jolibois
rappelle ce que sont les méthodes chimiques et prouve qu'elles ne
sauraient être délaissées ni pour les méthodes précédentes ni pour
l'étude des relations entre la structure des alliages et leurs propriétés
électriques, exposées ensuite par M. Broniewski. il nous apprend que,
à défaut de lois générales, il existe des faits typiques, bien ctabHs, don-
— 403 —
nant des renseignements pratiques sur la constitution de l'alliaoe.—
Dans la Pression osmotique et le mécanisme de l'osmose, M. \\ GirsiYd
s'oceupe surtout du dernier point. La difliculté qu'il y a de concilier
avec la théorie cinétique de l'osmose les théories classiques du méca-
nisme de l'osmose, l'ont incité à faire des travaux personnels,
décrits très sobrement, qui peuvent ouvrir de nouvelles voies aux
physiologistes.
8. — Les trois premières Conférences sur quelques thèmes choisis
de la chimie physique faites par M. Arrhénius, en 1911, à la Sorbonne,
ont pour titres : la Théorie moléculaire; les Suspensions et les phéno-
mènes d'absorption, l'Énergie Hbre. Ces conférences doivent être lues
par tous fteux qu'intéresse la chimie physique. Elles ont un plan
commiui : un court historique, suivi de l'exposition et de la discus-
sion des travaux les plus récents et, quand il y a lieu, l'explication des
anomalies qui font que tel phénomène particulier ne se plie pas à la
loi mathématique régissant les cas généraux. Les deux dernières con-
férences ont pour sujet : les Atmosphères des planètes; les Conditions
physiques de la planète Mars. C'est une suite d'hypotlièses intéres-
santes, s'appuyant bien phis sur l'imagmation que sur l'expérience.
Mathématiques. — 9. — Le mémoire présenté par Hermite à
l'Académie des sciences en 1852, a été retrouvé et publié au début
du troisième volume des Œuvres d' Hermite (Cf. Polyhiblion : pour le
tome I, mai 1906, t. CVI, p. 409-140; pour le tome II, novembre 1908,
t. GXIII, p. 424-425). Dans ce même volume sont reproduites les
leçons, faites à l'École polytechnique, sur l'intégration des fonctions
rationnelles et transcendantes. Ces pages montreront aux généra-
tions du présent et de l'avenir la précision et la clarté que cet illustre
savant mettait dans ses leçons didaûtiques. Ces qualités se retrouvent
dans tout son enseignement. MM. Picard et Bourget, en se chargeant
de la pubhcation des œuvres d'Hermite, n'ont eu que l'embarras du
choix pour présenter des modèles parfaits. La leçon sur l'équation
de Lamé, faite en 1872 à l'École polytechnique, fait connaître les
premiers travaux d'Hermite sur cette question. Ce volume contient
en tout 39 mémoires, publiés de 1872 à 1880; ceux relatifs aux fom;-
tions elliptiques sont presque tous réunis sous une seule rubrique
occupant i)]us de 150 pages. Dans ce volume, comme dans les précé-
dents, on n'a pas suivi l'ordre chronologique absolu, mais l'on a
groupé les mémoires se rapportant au même sujet. Nous ne pouvons
pas, à notre grand regret, donner les titres de tous les mémoires et
nous ne nous risquons pas à citer les plus importants, car il est im-
possible de faire un choix dans l'œuvre d'Hermite. Nous avons revu
dans un magnifique portrait, placé en tête de ce volume, les traits du
grand savant, vers l'époque où il était notre maître vénéré et aimé.
— '.04 —
10. — La Trigonoinèlrie de MM. P. Cammanot A. Grignon est,
théoriquement, le développement du programme olliciel do l'ensei-
gnMn<'nt seoandaire; pratiquement il contient tout ce qu'il est néees-
saire de savoir pour posséder une notion exacte sur les fonctions trigo-
n>métriques. Par exemple, chaque fois qu'une question admet une
sokition réguhère et une sohition élégante, il n'hésite pas à donner
les deux; comme elles sont bien nettement séparées, l'élève moyen
ou fort peut également profiter de cet excellent ouvrage, qui aura un
suocès égal à l'algèbre des mêmes auteurs.
11. — Le Cours de trigonomélrie, de M. T. Caronuet, à l'usage des
candidats au baccalauréat, à l'École spéciale militaire de Saint-Cyr
et à l'Institut agronomique, est un honnête ouvrage d'enseignement
ne méritant ni éloges particuhers ni critiques spéciales. Cependant
nous regrettons que l'auteur n'ait pas substitue à l'expression : ligne
trigon^métrique, celle de : fonction trigonométrique, généralement
et justement usitée.
12. — En imprimant en deux couleurs complémentaires les deux
épreuves photographiques obtenues par un stéréoscope, et en les
regardant à travers un écran biôolore approprié, Duoos de Hauron
donnait l'aspect du relief à ses clichés. La difficulté d'obtenir typo-
graphiquement de bons exemplaires a empêché le succès commer-
cial de cette découverte. M. Richard, proviseur du lycée de Chartres,
applique les mêmes procédés optiques aux figures géométriques, mais
les dessins primitifs sont obtenus non plus par la photographie,
mais par des considérations de perspective qui déterminent la forme
de chacun d'eux. M. Vuibert s'est chargé de vaincre les diflicultés
typographiques. La plupart des anaglyphes contenus dans notre
exemplaire donnent la sensation parfaite de figures réelles de l'espace,
d'autres sont moins réussis. La présente brochure, intitulée : Les
Anaglyphes géométriques, est un premier essai; elle fait espérer que
cette méthode deviendra pratique, et sera un aide précieux pour l'en-
seignement de la géométrie dans l'espace et de la géométrie descrip-
tive.
Histoire. — Philosophie. — 13. — MM. Heiberg et Zeuthen ont
classé et revisé les Mémoires scientifiques de Paul Tannery en vue
de les publier. Ils ont été a dés dans ce travail par M"»^ p_ Tannery,
qui a assumé la difficile tâche de réunir ces mémoires; de plus elle a
mis à la disposition des deux grands amis de son mari tous les papiers
de ce dernier. La revision faite par MM. Heiberg et Zeuthen comporte,
d'une part, l'introduction dans le texte des corrections manuscrites
faites par P. Tannery lui-même et celles nécessitées par des fautes
typographiques évidentes; d'autre part, les annotations ultérieures que
P. Tannery faisait en marge de ses travaux sont reproduites, mais
— Mfc —
avec un signe distinotif, les remarques supplémentaires ajoutées par
les deux savants professeurs sont nettement séparées du texte primitif.
Cette importante publication aura de neuf à dix volumes; elle ne
contiendra ni les ouvrages déjà édités, ni les questions et réponses
parues dans V Intermédiaire des malhémaiiciens et dans la Bibliotheca
matheniatica. Ceux qui wnuaissent tant soit peu fies deux intéres-
santes revues comprendront tout de suite qu'il serait un peu inutile
de reproduire les réponses qu'elles contiennent. Par contre, il sera
fait un choix des comptes rendus critiques et des articles biogra-
phiques. Ce plan , si justement établi, a déjà reçu un beau commence-
ment d'exécution. Un premier volume, consacré aux Sciences exactes
dans l'Antiquité, contient vingt-neuf mémoires publiés, tout d'abord
de 1876 à 1883. Deux autres volumes seront réservés à l'Antiquité.
Nous ferons remarquer que si, d'une part, les mémoires sont classés
d'après les grandes époques de l'histoire : Antiquité, Byzantins, ete.,
dans chaque volume l'ordre chronologique des premières publications
a été observé. Au prochain volume nous rappellerons toute la valeur
et l'utilité de l'œuvre de P. TannerV; voulant conserver une petite
place pour remercier vivcmtnt ]Vl»ic p^^i Ttnnery, M. Heiberg et
M. Zeuthen du service qu'ils rendent à la science, tout en élevant
un glorieux monument à la mémoire de celui qui n'avait que des amis.
14. — Le Comité du Jubilé scientifique de M.Darboux, ayant réuni
plus de fonds que ne comportent les dépenses ordinaires de ce genre
de fête, a eu l'heureuse inspiration de publier en un volume, oflert
aux souscripteurs, les Eloges académiques et discours prcnoncés par
cet éminent savant. Les éloges historiques de François Perriej-,
d'Antoine d'Abbadie, du général Meusnier seront consultés par tous
les biographes de l'avenir, car ils contiennent des renseignements
nombreux et précis : un historien professionnel ne ferait pas mieux.
Cependant les éloges historiques de Joseph Bertrand et de Charles
Hermite doivent être mis à part et placés à un rang supérieur. Ces
deux grands savants ont eu une influence considérable sur le dévelop-
pement de la mathématique. M. Darboux analyse de la façon la plus
line leurs propres œuvres et leur répercussion sur l'évolution de la
science. L'Académie des sciences avait chargé M.Darboux de la repré-
senter lors de la fondation de l'Association internationale des
sciences, les trois discours qu'il a prononcés sont reproduits dans ce
volume. Neuf sujets divers nous montrent en toutes circonstances.
M. Darboux comme un maître de la langue française.
15. — Jules Tannery avait l'habitude de converser avec sa raison?
avec sa conscience. Les Pensées, extraites de ses notes par une main
pieuse, avaient été sélectionnées par J. Tannery lui-même. Pour bien
comprendre ces pensées, il faut avoir personnellement connu J. Tan-
1
— ^00 -^
nory. La notice ilo M. A. Boutroux, contenue dans ce volume, est la
forme écrite pouvant le mieux faire saisir l'âme de Tannery, merveil-
leusement décrite ainsi : « Très confiant et tendre ami, il se plaisait
particulièrement aux causeries intimes; il y découvrait toute son
àme, infinie et. candide, gravement et idéalement religieuse, vouée
au culte de l'intelligence, de la beauté, de l'amoiu' et de la bonté »•
De la lecture de ces pensées un double caractère se dessine chez
Tannery. D'abord le sensitif : le spectacle de la nature, la musique,
la poésie, la mathématique évoquent chez lui des sensations égales de
beauté. D'autre part le religieux : il croit à un Être suprême, il pense
que la science tuera les vieilles conceptions, il écrit que la religion
catholique sera la dernière pratiquée en France, que la morale, par
elle enseignée, disparaîtra. La science, avoue-t-il, ne rend maître que
de quelques vérités; alors, que reste-t-il? Un vague paganisme res-
semblant étrangement à celui de l'antiquité grecque. E. Chailan.
OUVRAGES RÉCENTS SUR LA xMUSIQUE
ET LES MUSICIENS
(suite) .
29. Notes brèves, par Camille Bellaiguf.. Paris, Delagrave, s. d., in-18 de 358 p.,
3 fr. 50. — 28. Idées et commentaires, par J.-Joachim Nin. Pa''is, Fisrhbacher,
1912, petit in-'i de 237 p., .'^fr. — 29. Histoire de la langue musicale, avec&SÎ^.'x'm-
ples musicaux, par Maurice Emmanuel. Paris, Laurens, 1911, 2 vol. gr. in-8
ensemble de 679 p., 15 fr. — 30. La Musique en Chine, par Georges SouLir:.
Paris, Leroux, 1911, in-8 de 119 p., avec fig., 5 fr. — 31. Le Langage musical,
étude médico-psychologique, par les D"^ Ernest Dupré et Marcel Nathan. Paris,
Alcan, 1911, in-8 de \ii-197 p., 3 fr. 50. — 32. La Résonance du toucher et la Topo-
■ graphie des pulpes, par Marie Jaell. Paris, Alcan, 1912, in-8 de xv-163 p., avec
17 pi., 6 fr. • — 33. Sur Part de diriger, par Félix Weingartner ; traduit de l'alle-
mand par Emile Heintz. Leipzig, Bieitkopf et Hartel, 1911, in-16 de 70 p..
2 fr. 50. — 34. Théorie mathématique de la musique, par B. V. Moreira de Sa.
Porto (Portugal), imp.Vasconcellos, 191 l,in'8 de 55 p. — 35. Ménestrels communaux
et instrumentistes divers établis ou de passage à Malines, de 1311 à 1790, par Ray-
mond Van Aerde. Malines, Godenne, 1911, gr. in-8 de 109 p. — 36. L'Année
musicale, publiée par Michel Brenet, J. Chantavoine, L. Lalo'y, L. de la
Laurencie. V année. Paris, Alcan, 1911, in-8 de 315 p., 10 fr. — 37. Le Chant
choral. Méthode. Morceaux choisis. Cours supérieur, par Jules Combarieu. Paris,
Hachette, 1911, in-8 cartonné de vi-2'î8 p., 3 fr. 50. — 3*4. Library of Congress,
Orchestral Music Catalogue, prepared under the direction of Oscar George
Théodore Sonneck. Washington, Gover;iment printing office, 1912, in-8 car-
tonné de 663 p. ■ — 39. Der Stil in der Musik, von Dr. Guido Adler. Leipzig,
Breitkopf und Haitel, 1911, in-8 de vn-271 p., 9 fr. 35. — iO.Das Konsercatorium
fiir Musik in Prag 1811-1911, zur 100 ^-I rfeier der Griindung im Auftrage des
Vereines zur Befôrderung der Tonkunst in Bôhfuen, von Dr, Johann Bramberger.
Prag, Heinrich Mercy Sohn, 1911, gr. in-8 carré de 400 p. (Le même ouvrage
publié en tchèque, 304 p.).
27. — Je viens de passer de bons moments avec les Notés brèves
de M. C, Bellaigue. Je les avais lues déjà, çà et là, dans les revues,
dans les journaux; mais cette nouvelle lecture a été l'occasion d'un
— 407 —
U(juveau plaisir. Elles sont charmantes, ces Notes, bien })ensées, bien
écrites. Elles sont varices aussi : elles vous conduisent à l'église, où
vous entendrez les cantiques des premières communions, les chants
de Noël, de Pâques; puis, sans transition, vous voici à l'Opéra, aux
Italiens, aux concerts, ù Crémone, en Sicile, etc., etc.. Et dans ce
voyage agréable, vous apprenez, comme en passant, les origines de
la « Manécanterie des petits chanteurs à la croix de bois»; puis Bizet,
Sully-Prudhomme, Liszt, Schumann, Veuillot vous captivent pen-
dant quelcpje? pages. Vous pouvez même vous initier à la musique
chinoise. Enfin cinq « études » plus graves vous retiennent plus long-
temps, et vous arrivez ainsi à la fin du volume, instruits et charmés.
28. — Dans son nouveau livre : Idées et coimneut aires, M. Joachim
Nin poursuit sa campagne en faveur de l'art, contre le mercanti-
lisme, la fausse virtuosité, l'arrivisme, l'égolâtrie, la vanité, le men-
songe, l'ignorance, dans la musique surtout. Cette campagne, il la
pousse avec plus de vigueur, d'audace, de largeur que dans la bro-
chure : Pour r Art, déjà connue de nos lecteurs {Polyhiblion d'oc-
tobre 1910, t. CXIX, p. 312). M. J.- Joachim Nin est épris de beauté,
de vérité; il les cherche et les aime dans l'antiquité comme dans les
temps modernes; mais, hélas ! il ne rencontre trop souvent aujour-
d'hui que mensonge et trahison. De là des pages, éloquentes, où se
succèdent les plaintes, la satire, le sarcasme, la révolte. La dernière
« idée », intitulée : Pessimisme'^ est la plus poignante. L'auteur donne
la parole à un vieillard qui, lui aussi, a aimé l'art, la beauté, la vérité,
et ne les a pas trouvés ! « Je viens de lire, lui dit-il, votre opuscule
Pour l'Art et je vous plains, car ce livre vous rendra malheureux.
Vous cherchez la lumière là où il n'y a que des ténèbres. . . Vous
avez plus de chance de trouver la vérité là-haut qu'ici-bas. « Le vieil-
lard a mille fois raison, pourvu qu'on entende par « là-haut » le Ciel
où réside le Dieu vrai et vivant, source de tout art, de toute beauté,
de toute bonté. Lui-même vie, beauté, vérité éternelle, fin dernière
de l'homme.
29. — « Ce livre est un essai d'Histoire de la langue musicale, dans
lequel les artistes ni les ouvrages ne sont au premier plan, et où les
époques successives... forment les divisions naturelles de l'exposé,
les Echelles, l'Harmonie, — le mot étant pris dans les différents sens
qu'il comporte, — la Notation, la Rythmique et les Formes seront
étudiées sommairement, réduites à leurs principes. » C'est ainsi que
M. Maurice Emmanuel résume, dans les premières lignes de son
Avertissement, tout le plan de son livre. Voici les six périodes qu'il
distingue : Art antique : Antiquité [vn'^ siècle avant J.-C. à v^ siècle
après); Moyen âge, I (v<? à xii^ siècle). Moyen âge, II (xiii^, xiv^, xv«
siècles); Art moderne (1600-1860), Époque contemporaine. Ce
— /i08 — .
vaste plan, qui demanderait, oe semble, de nombreux volumes, est
réduit, pour chaque époque, à de justes proportions qui rendent l'ou-
vrage abordable aux élèves des écoles musicales et aux amateurs
sérieux. L'auteur s'attache surtout à mettre en lumière la conti-
nuité qui lie les périodes histoi'iques successives. Le langage est clair,
original, parfois mordant; l'exposition simple, méthodique; les
figures nombreuses — il y en a 683, dont quelques-unes tiennent
plus d'une page; — l'impression très belle; tout permet une lecture
agréable et fructueuse de ces deux volumes. Les idées neuves, hardies
y abondent, bien qu'il ne soit pas toujours possible d'" les admettrt\
Sur toutes les questions l'auteur est au courant, ou, s'il paraît parfois
incomplet, c'est qu'il néglige volontairement les sujets de moindre
importance ou ceux qui le gênent. C'est d'ailleurs le danger de ces
sortes d'ouvrages à grande volée; ils veulent, d'un regard circulaire,
embrasser tous les temps, ils ne voient les choses que de très haut et
risquent a nsi de glisser trop légèrement sur des faits historiques de
valeur, ou même de les négliger ( ntièrement. C'est dire que cet ouvrage
ae saurait sutTire à un lecteur qui voudrait approfondir l'une ou
l'autre période musicale; ils devront recourir aux ouvrages spéciaux.
En résumé, ces deux volumes de M. AL Emmanuel sont me excel-,
lente introduction à ces sortes d'études.
30. — Il faudrait se faire une âme <( chinoise » et, pour cela, sé-
journer quelque temps au pays des Célestes, au milieu des pagodes,
des bambous et des nattes, pour goûter les beautés étranges, mais
incontestables, de la musique chinoise. C'est ce qu'insinue fort bien
M. Georges Soulié, vice-consul de France, dans la Musique en Chine.
Et il faut l'en croire après les émotions d'un Confucius qui, ayant
entendu jouer l'hymne Chao composé plus de vingt siècles avant lui
par l'empereur Yao, fut si profondément remué que, <v pendant trois
mois, il ne connut plus de goût aux viandes ». Ce ne sont point les
richesses de l'harmonie qu'il faut aller chercher dans J'Empire du
Miheu; les Chinois l'ignorent, ou du moins telle que nous l'entendons.
Dans leurs orchestres, dont le rythme pur et les accents nobles ont.
au dire de M. Soulié, toute la beauté du plain-chant, oe sont les diffé-
rents timbres d'instruments jouant à l'unisson me même mélodie
qui produisent un ensemble harmonique complet, par suite des doubles
sons incidents que donnent la plupart des instruments à percussion,
et surtout par les harmoniques nettement perceptibles des bronzes
et des pierres sonores. De plus, dans cette musique, qui s'adresse
avant tout à l'inteHigence, chaque matière a son emploi presque
mystique; il n'est donc pas surprenant que le bruit assourdissant
des cymbales dissonantes trouve un écho dans l'âme populaire.
Mais c'est surtout dans les cérémonies religieuses, admirablement
^ /iQ9 —
conçues pour que tout vienne concourir à l'inipressicn qu'elles pro-
duisent, que se manifeste le mieux la puissance de la musique chi-
noise. Tout semble dit dans cette sorte de grammaire musicale de
M. Soulié, et les nombreuses « chinoiseries » qui l'illustrent parlent
aux yeux aussi bien que le texte lui-même. Nul doute qu'on ne
puisse devenir en la lisant i n très habile gratteur de K'in ou un pieux
frotteur de Yu, même en notre époque dégénérée, car les Chinois,
paraît-il, connaissent la décadence même pour la musique. En atten-
dant, nous nous contenterons, tout en remerciant l'auteur de son
intéressant et excellent ouvrage, d'admirer ses enthousiasmes pour
les harmonies célestes et de croire sur parole aux beautés de la
musique chinoise,
31. — Le Langage musical est une étude « médico-psychologique »
dans laquelle les D^^ Dupré et Nathan examinent les rapports existant
entre la faculté musicale et ses altérations par les différents troubles
psychiques, comme l'idiotie congénitale, l'épilepsie, la neurasthénie et,
en général, toutes sortes de psychonévropathies. Cette étude tend à
démontrer que la proportion des ahénés chez les musiciens ne dépasse
pas la moyenne ordinaire. Pour Lombroso, en eiïet, le génie ne serait
qu'une manière de fohe, et les grands artistes, les grands composi-
teurs surtout, ne représenteraient que des aliénés à divers degrés :
Gluck et Mozart, aussi bien que Schubert et Chopin, sans oubher
naturellement Beethoven et Wagner. En attendant, comme le dit
M. Ch. Malherbe dans sa spirituelle préface, deux Français ont revisé
quelques-uns des arrêts de ce Lombroso de malheur; ils les ont passés
au crible d'une judicieuse critique, ils ont fourni des preuves et tiré
des conclusions qui ont remis en place choses et gens. Nous savons
désormais que s'il a fallu interner un Donizetti ou un Schumann, la
musique demeura bien étrangère au progrès de leur mal dont elle fut
la victime, non la cause. Tous les musiciens qui liront le Langage
musical seront charmés de constater que la musique ne détraque
que les détraqués et ne produit la folie pas plus que la chasse aux
perdreaux ou la pêche à la ligne. ;
32. — La Résonance du toucher et la Topographie des pulpes, par
]\/[me Marie Jaëll, est une étude extrêmement intéressante des relations
qui peuvent exister entre les sensations visuelles, auditives et tactiles.
Par la coloration mentale des sensations tactiles, M™^ Jaëll prétend
qu'une acuité auditive spéciale se développe qui perfectionne notre
mentahté musicale. Nos mains et nos doigts seraient des éducateurs
nouveaux, d'une énergie insoupçonnée jusque-là. Combinée avec les
sensations visuelles et auditives, l'orientation appropriée des sensa-
tions manuelles correspondrait à un état magnétique destiné à nous
assurer un savoir manuel et intellectuel supérieur. A mesure que
— MO —
se perfectionno pour nos doigts la faculté de s'orienter, les différences
d'orientation des sensations tactiles s'accusent de telle façon qu'elles
nous permettent de sentir par équivalence, dans les combinaisons de
nos sensibilités tactiles, les différences qui correspondent aux valeurs
innombrables des couleurs que nos yeux voient et les différences qui
correspondent aux intonations innombrables des sons que nos oreilles
entendent. Par la nouveauté des théories qu'il contient et par l'in-
térêt des expériences qu'il fait connaître, le livre de M°ie Jaëll est
de ceux que tous les physiciens et musiciens sérieux doivent lire, car
c'est de plus une œuvre vécue. On ne saurait mieux faire pour en
remercier l'auteur que de lui demander de continuer ses patientes
recherches.
33. — La brochure de M. Félix Weingartner : Sur l'arl de diriger,
a une haute portée pédagogique. Ainsi que le dit, dans son Intro-
duction, M. Emile Heintz, le traducteur, cette importance est due
surtout « à ce fait que les principes qu'elle contient ne sont pas posés
à priori, mais sont le fruit d'une longue expérience de la part de
l'auteur qui a su diriger et dirige lui-même ». Puisse la lecture de cet
excellent livre apprendre leurs devoirs à nos chefs d'orchestre trop
souvent improvisés. Les maîtres de chœur de nos églises y trouveront,
eux aussi, des instructions qui leur seront de la plus grande utilité.
34. — M. B. V. Moreira de Sa, professeur à T École normale de Porto
(Portugal) et membre de la S. I. M., vient de publier une petite bro-
chure intitulée : Théorie mathématique de la musique. C'est, comme il
le dit en sous-titre, un essai de systématisation, déjà présenté au
4e congrès de la S. I. M., à Londres. L'auteur s'adresse spécialement
aux personnes sachant déjà les éléments de la musique et du calcul
arithmétique, et se propose de leur exposer la théorie de la musique
d'une manière rigoureusement mathématique. C'est la première fois,
je crois, qu'un travail de ce genre est publié. Après avoir brièvement
établi les lois du pendule et donné les formules qui les représentent,
M. B. V. Moreira de Sa montre l'analogie qui existe entre les mou-
vements d'un corps en vibration et les oscillations d'un pendule.
Déterminant ensuite le nombre de vibrations correspondant à chaque
degré de la gamme dans les différentes octaves, il établit avec préci-
sion les rapports numériques de tous les intervalles musicaux, ce
qui l'amène tout naturellement à l'étude du demi-ton diatonique, du
demi-tcn chromatique et du comma, et de là à celle des gammes chro-
matique et diatonique et enfin de la gamme tempérée. L'auteur ter-
mine cet intéressant travail par un court aperçu sur la représenta-
tion géométrique des accords au moyen de triangles. Je crois inutile
de signaler quelques inexactitudes, d'ailleurs insignifiantes. S(»mme
toute, les musiciens qui sont curieux de connaître les bases logiques
— ^lll —
de la mélodie et de l'harmonie feront bien de lire cette brochure :
Félix qui potuit rerum cognoscere causas !
35. — Dans Ménestrels communaux, M. Raymond Van Aerde fait
l'historique et donne la liste complète des ménestrels et instrumen-
tistes divers : veilleurs de nuit, ménestrels officiels, ménestrels libres
et musiciens étrangers établis ou de passage à Malines, de 1311 à 1790.
C'est en parcourant les premiers registres des Comptes de la ville
et en constatant l'importance donnée au veilleur de la Tour Saint-
Rombaut — le toren^vachter — qu'il fut amené à publier les documents
contenus dans cette plaquette, ornée de quelques curieuses et inté-
ressantes gravures. Ces pages, cependant, ne retracent qu'à grands
traits l'histoire populaire des musiciens et de la musique à Malines;
l'auteur ne s'est attaché qu'aux faits gén:^raux, réservant les détails
pour des monographies ultérieures. Ces notices plus développées
seront accompagnpes des textes d'archives qui ont servi de base à
la rédaction du présent travail.
36. — L'Année musicale, dont je présente à nos lecteurs le premier
volume (1911), est publiée par MM. Michel Brenet, J. Chantavoine,
L. Laloy et L. de la Laurencie. Quel en est le plan, l'objet précis, le but?
Aucune Préface, aucun Avertissement ne nous ledit; il faut le déduire
du contenu, du nom des auteurs et des cinq Mémoires contenus dans
le dit volume. \q\q'\ ces Mémoires : 1° Contribution à l'histoire de la
symphonie française vers 1750, par M. L. delà Laurencie; c'est le plus
important. Ce sujet est presque entièrement nouveau. On sait que
vers 1750 se produisit et se développa un nouveau style symphonique
consacré plus tard par Haydn, Mozart et Beethoven. Des études
approfondies ont été faites en Allemagne sur ce mouvement, ses ori-
gines, ses évolutions. M. de la Laurencie se propose, dans ce travail,
de dresser un inventaire de la production symphonique française
entre 1740 et 1760, et de déterminer le rôle qui revient à nos musi-
ciens dans la création de ce nouveau style. Après avoir fixé en quoi
consiste la symphonie, il cnumère et analyse un à un, année par
année, les œuvres des symphonistes français. Très curieuse, cette
longue liste de musiciens presque inconnus que ressuscite l'auteur,
et très importante pour l'histoire de la symphonie. Vient en second
lieu un mémoire de M. M. Brenet sur Deux Traductions françaises
inédites des institutions harmoniques de Zarlino. La première, simple
résumé ou analyse, se trouve à la Bibhothèque nationale, Cod. 1361 ; la
deuxième dans le Cod. 19.101 ; elle est due à Jehan Le Fort, elle est
plus complète. 3° Le Baron de Bagge et son temps (1718-1791), par
M. Georges Cucuel. Silhouette d'un musicien compositeur, bon Mécène,
grotesque, mais bienfaisant. 4° Lullistes et Ramistes, par M. Paul-Marie
Masson, avec appendice , bibliographique des principaux ouvrages
— 412 —
et périodiques du temps, f)" La Musique de la chambre et de l'écurie
.cous le règne de François I^^' (1516-iri47). Ce sont des recherches
(l'archives qui permettent de reconstitiier, bien que d'une manière
incomplète, l'organisation de la musique à la Cour des rois de France.
6" La Musiqu)' française en 101 1, par M. Jean Cliantavoine: a) Théâtre,
h) Symphonie et Musique de chambre. On signale seulement les plus
importantes d'entre les nouvelles œuvres « pour chercher si leur
ensemble nous donne quelque indication générale sur l'état présent
de l'art musical dans notre pays». Enfin, sous le titre de Bibliographie
se groupent quelques comptes rendus d'une trentaine de livres français
et allemands publiés dans l'année 1911. Telle est la physionomie de
L'Année musicale. Les érudits et les amateurs y trouveront un brillant
témoignage des progrès si heureusement accomplis depuis plusieurs
années pour la science musicologique française.
37. — Le cours supérieur de Chant choral, par M. Jules Combarieu,
est inspiré de la même méthode que son cours élémentaire et moyen:
la méthode directe, appliquée universellement aujourd'hui dans l'en-
seignement des langues et qui peut se résumer en deux règles géné-
rales : 1» commencer par les exercices pratiques, finir par les notions
de théorie; 2° simplifier la théorie. En composant ce second volume,
l'auteur s'est proposé de créer un recueil de Morceaux choisis propre
à l'étude du chant choraJ, comme on l'a fait si souvent pour la litté-
rature, et dans le but de former le goût musical de l'élève. Laisser
pour cela les œuvres des maîtres parler d'elles-mêmes et n'inter-
venir que là où c'est indispensable; arracher autant que possible cette
étude aux fadaises des lieux communs usés ou au h-risme factice,
sans cependant proscrire la gaieté ni la fantaisie — !•:- recueil con-
tient au moins cinq morceaux sur les aviateurs — ; donner parfois aux
paroles l'intérêt d'une « leçon de choses»; ne jamais perdre de vue
l'éducation patriotique et morale : tel était le programme de M. J.
Combarieu. Il l'a bien rempli. Nous ne saurions mieux faire, pour
l'en féliciter, que de renvoyer le lecteur à ce qui a été dit ici-même
(Pohjbiblion d'octobre 1910, t. CXIX, p. 303) à propos de son pre-
mier volume. Celui d'aujourd'hui mérite les mêmes éloges, avec
toutefois les mêmes réserves. Pour l'auteur, la mesure demeure tou-
jours un composé de temps forts et de temps faibles. Or, ni la fores
ni la faiblesse ne constituent la mesure, pas plus qu'elles ne consti-
tuent le rythme, dont la mesure n'est qu'un élément infirme et
boiteux; force et faiblesse ne sont qu'accidentelles, accessoires au
rythme comme à la mesure. Et si, comme le dit très bi^n M. Comba-
rieu, le rythme est « l'ordre dans lequel s'enchaînent les durées », si,
comme on l'a dit ailleurs, le mouvement est l'élément spéoifique du beau
musical, c'est donc l'alternance de la brièveté et de la longueur, plutôt
— ^j!3 -.
que l'altertiauce de la faiblesse et de la force, qu'indiquent a l'oreille,
au sentiment et à l'intelligence les élans et les repos du rythme, et de
la mesure qui en fait partie.
38. — La *. Library of Gongress » de ^\■asilington vieut de publier,
sous la dit ertion de Sir O. G. T. Sonneck, le catalogue de la musig;ue
d'orchestre {Orchestral Music Catalogue) parue jusqu'à nos jours.
Il se divise en trois parties. La première (p. 7 à 515) dojme, dans
l'ordre alphabétique, les noms de tous les compositeurs de musique
orchestrale avec l'énumération de leurs œuvres en ce genre, le nom
et l'adresse de leurs éditeurs. La deuxièjne (p. 515 o 590) est une table
de classific atirn des différents genres de musique pour crchestre et
contient, avec le nom des auteurs, le titre de leurs œuvres et diverses
indications relatives à la tonalité des morceaux, aux instruments
pour lesqu< i.< ils sont écrits, etc. La troisième partie (p. 591 à 663)
donne le titr.- des pièces, le nom de l'auteur et le numéro de l'œuvre
d"où elles sont extraites. Grâce à la ti-iple ordonnance de ce cata-
logue, il est facile de trouver du premier coup l'auteur ou l'œ'uvre
cherchée.
39. — H est impossible dans les quelques lignes qui me sont con-
cédées ici de rendre compte du nouvel ouvrage de M. le Dr. Guido
Adler : ik'- StU in der Musik : la gravité, l'ampleur magistrale de ce
travail réclameraient une longue analyse. D'ailleurs son caractère
philosophique' le rend d'une lecture assez difficile; il descend si
souvent dans les profondeurs du sujet uu'il n'est pas toujours aisé
de suivre le sagace et savant penseur. L'ouvrage comprend trois par-
ties : les Principes, les Genres et les Périodes du style musical. Dans
le premier volume les deux premières parties sont réunies. Le second
traite des périodes. A la !in du volume, on trouve une table bien
fournie des ou\Tages utiUsés.
40. — L'année dernière (1911), le Conservatoire de musique de
Prague fêtait le centenaire de sa fondation. A cette occasion, le
Dr. Johann Bramberger a publié en langue tchèque : Das Konserva-
iorium fiir j]Iasik in Prag, qui a été aussitôt traduit en langue alle-
mande par le prof. Emil Bezecnij. C'est une histoire complète et
détaillée du conservatoire depuis ses humbles origines jusqu'à son
développement parfait. Depuis longtemps déjà, il est regardé par tous
comme une école de musique de premier ordre; on peut le comparer
à Paris, Bruxelles, Milan, Naples, etc. En 1858, pour le cinquan-
tenaire de la même société, le Dr. Ambros avait publié un livre qui
en racontait les débuts. Ce travail est reproduit dans le nouveau
volume avec des adjonctions qui sont entre parenthèses; mais à
partir de la page 69 tout est du Dr. J. Bramberger. De nombreux sup-
pléments contiennent les listes de tous les professeurs, élèves qui ont
passé par la grande école, de tous les concerts, etc. Ce livre est
une mine abondante pour l'histoire de la musique. r 0. M. B.
— 414 —
OUVRAGES POUR LA JEUNESSE
R0MA.NS, CONTRS ET NOUVELLES. ^ 1. L'Onde Praline , par André de Maricourï.
Paris, Henri Gautier, s. d., in-12 de 309 p., 3 fr. — 2. Chroniques de la Vendée
militaire. Les Aventu es du bonhomme Quatorze, par Adolphe de Brem. Tours,
Cattier, s. d., in-16 de 295 p., 3 fr. — 3. Vendéenne, par J ;an Gharruau. Paris,
Téqui, 1912 in-12 de xiii-271 p., 2 fr. — 4. Au Moulin de Virelune, scènes de U
Vendée angevine, par Pierre Billaud. Paris, Maison de la Bonne-Presse, s. d.,
gr. in-8 de 103 p. à 2 colonnes, illustrations de P. Siffert.l fr. — 5. Ginevra, ou le Ma-
noir de Grantley, par Lady G. Fullerton; trad. de l'anglais. Paris, Téqui, 1912
in-16 de 36v5 p., 2 fr. — 6. Feuilles mortes, par JacQUES Morel. Paris, Hachette'
s. d., in-16 allongé de 297 p., illustrations d'après Casimacker, 3 fr. 50. — 7. La
Mystérieuse Aurore, par B. de Buxy. Paris, Henri Gautier, s. d., in-12 de 317 p.,
3 fr. — 8. Le Château du Mystère, "^AT André Bruyère. Paris, Henri Gautier,
s. d., in-12 de 319 p., 3 fr. — 9. Boules de neige, études sociales, par M. Desroche?.
Paris, Lecoffie, Gabalda, 1913, in-12 de ii-324 p., 2 fr. — 10. La Fille de Lynch,
par LÉONARD Merrick; trad. de l'anglais par F. Delmont. Paris, Colin, 1912,
in-18 de 267 p., 3 fr. 50. — 11. Le Miracle des perles, par Mathilde Alanic. Paris,
Henri Gautier, s. d., in-12 de 320 p., 3 fr. — 12. La ftançon de la gloire, par Léon
Barracand. Paris, Maison de la Bonne Presse, s. d., gr. in-8 de 134 p. à 2 colonnes,
illustrations de Simont, 1 fr. — 13. La Lande aux loups, par Pierre Maël. Tours,
Manne, s. d. , in-12 de 270 p., illustrations de Ed. Carrier, cartonné, 1 fr. 50. —
J4. Rose-des-Chemins, par Charles de Vitis. Tours, Marne, s. d., in-12 de 316 p.,
illustrations de Jordic, cartonné, 1 fr. 50. - — 15. L'Épopée de César, par Henri
GuEBLiN.Tours, Mam?, s. d. in-16 de 300 p., illustrations de Marcel Pille, cartonné,
1 fr. 50. — 16. Les Pirates de la Mer Rouge, par Karl May; trad. de l'allemand
par J. de Rochay. Tours, Marne, s. d., in-12 de 303 p., illustrations de Fraipont,
cartonné, 1 fr. 50. — 17. Sous les palmiers de Bénarès, par Marie Affre. Paris,
Maison de la Bonne Presse, in-18 de 223 p.-, s. d., 0 fr. 75. — 18. La Maîtresse de
piano, par Florence O'Noll; adapté de l'anglais d'après Emma Marshall.
Paris, Maison de la Bonne Presse, s. d., in-18 de 232 p., 0 fr. 75. — 19. Fille de
chouans, par M. Delly. Paris, Maison de la Bonne Presse, s. d., in-18 de 221 p.
0 fr. 75.
Pièces de théâtre. — 1. Le Ci-Devant, drame en un acte, par Georges Villard.
Paris, Lesot, s. d. , in-12 de 49 p., 1 fr. — 2. Fritz le Uhlan, pièce dramatique en
un acte, par GeorgesVillard. Paris, Lesot, s. d., in-12 de 56 p.; 1 fr. — 3. Un Duel
à Vétouffée, folie- vaudeville en 2 ai tes, par Jules de Gerfeuil. Paris, Lesot, s. d.,
in-12 de 68 p., 1 fr. — 4. La Note à payer, comédie en 2 actes, par Jules de
Gerfeuil. Paris, Lesot, s. d., in-12 de 43 p., 1 fr. — 5. A bas les calottes, comédie
enfantine en un acte, par José Germain. Paris, Lesot, s. d., in-12 de 52 p., 1 fr.
— &.A la pointe de Vépée, conte en 3 actes,par M. A. H.deVismes. Paris, Lesot, s.d.,
)n-12 de 48 p., 1. fr. — 7.' Une Trouvaille imprévue, par Paul de Maurelly.
Paris, Lesot, s. d., in-12 de 34 p., 1 fr. — 8. Maie Fin, ou le Repas tropcopieux, mo-
ralité en un acte, avec prologue, par E. Wirzka-Tigy. Paris, Lesot, s. d. , in-12
de 35 p., 1 fr. — 9. Ze plus Malin, farce en un acte, par B. Wirzka-Tigy. Paris,
Lesot, s. d., in-12 de 36 p., 1 fr. — 10. Le Cavalier V Ahuri, fantaisie militaire en un
acte, par Rosal-Berry et Jean Carwald. Paris, Lesot, s. d., in-12 de 72 p., 1 fr.
— 11. Lamadou, détective amateur, vaudeville en un acte, par Louis Descombes.
Paris, Lesot, s. d., in-12 de 52 p., 1 fr. — 12. Georgette est si nerveuse, comédie en
un acte, par Marius Verd. Paris, Lesot, s. d., in-12 de 36 p., 0 fr. 80. — 13. V Ami
de collège, comédie en un acte, par Marius Verd. Paris, Lesot, s. d., in-12 de
36 p., 1 fr. — 14. Ah ! les bons motifs, bouffonnerie militaire en un acte, par Paul
Dupont. Paris, Lesot, s. d. , in-12 de 36 p. , 0 fr. 80. — 15. L'Héroïque Marius , say-
nète en un acte, par Eugène Leclerc, s. d. , in-12 de 20 p., 0 fr. 50. — 16. Z,«
Parole est d'argent, mai». . ., saynète, par José Germain. Paris, Lesot, s. d., in-12
de 19 p., 0 fr. 50. — 17. Les Héritiers de Madame Moulinard, par Paul de Mau -
relly, comédie en un acte. Paris, Lesot, s. d., in-12 de 34 p., 1 fr. — 18. Les Bœufs
d'Alsace, monologue, par Jacques d'Ars. Paris, Lesot, s. d., in-12 de 7 p., 0 fr, 25.
— 415 —
— 19. Promenade tnatiitinale, monologue, par Josk Gekmain. Paris, Lesot, s. d.,
in-t2 de 6 p., 0 fr. 25. — 20. Pendant la bataille, grande scène comique à effets...
militaire, par Paul Deroyre. Paris, Lesot, s. d., in-12 de 8 p., 0 fr. 25. — 21. Le
Marchand d'estampex, récit, par Jacques d'Ars. Paris, Lesot. s. d., in-12 de 8 p.,
0 fr. 25. — 22. Les Violettes, monologue, par L. Hameau. Paris, Lesot, s. d.,, in-12
de 6 p., 0 fr. 25.
Romans, contes et nouvelles. — 1. M. de Maricourt donne pour
cadre à son roman VOncle Praline la période révolutionnaire qu'il
connaît à marveillc. fl nous présente un intérieur de province d'au-
trelois, celui de Vaugrignîuse, où nous retrouvons les préjugés et
les illusions, mais aussi la noblesse de sentiments de ces vieilles
familles de province, dont l'atroce tourmente devait détruire le foyer.
La baronne de Vaugrigneuse et sa petite-fille, prisonnières au Plessis,
voient do près la guillotine; si elles y échappent c'est parce que
Lydie de Vaugrigneuse consent à épouser Jean-Baptiste Francillon,
fils d'un conventionnel, jadis voisin de la famille. Après le Neuf-Ther-
midor, la jeune fille, réfugiée en Allemagne, voit arriver l'officier
républicain. Indignement trompé par son père, il est convaincu que
Lydie, qu'il aime depuis longtemps, lui a librement promis sa main;
mais celle-ci n'a cédé qu'au désir de sauver les siens et toute son aiïec-
tion est donnée à son cousin Célestin de Vaugrigneuse. Il y a entre
le soldat républicain et le royaliste de l'armée de Condé lutte de
générosité : l'émigré sauve la vie à son rival qui, en retour, dégage la
jeune fille de la parole jadis donnée à son père. Mais Lydie, attirée
vers le royaliste par le cœur, vers le républicain par la reconnaissance
et l'honneur, n'épousera ni l'un ni l'autre et, pour une fois, un roman
ne finira pas par un mariage. Ajoutons que l'oncle Praline, qui donne
son nom au récit, est à la fois parfaitement ridicule et parfaitement
héroïque; les circonstances extraordinaires où il se trouve ont fait
éclater dans cette âme pacifique le courage de la race et transformé
en héros ce naïf bouquiniste.
2. — Les Aventures du bonhomme Quatorze ont aussi pour cadre
l'époque de la grande tourmente. La Vendée angevine, pendant la
« grande guerre », y est décrite d'après les histoires et les traditions
locales, et les épisodes du volume sont, sinon vrais, du moins parfai-
tement vraisemblables. Il y a une utilité incontestable à faire con-
naître aux jeunes lecteurs le véritable aspect de cette guerre héroïque,
défigurée dans les manuels officiels, et le récit de M. de Brem, écrit
dan 5 un bon esprit, appuyé sur des notions justes, pourra, malgré
sa forme fictive, remplir ce but.
3. — Vendéenne, par M. Jean Charruau, présente, avec le volume
qui précède, une certaine analogie. L'auteur d' Une Famille de brigands
se meut ici dans un monde qui lui est familier eU Madame Henriette »,
la « Vendéenn? », est un beau type de chrétienne courageuse et rési-
1
— 41G —
iinée. Les épisodes do la guerre do Veniéo et celles de la Terreur à
Nantes, sous Carrier, sont racontés d'après l'histoire et, de même que
le volume précédent, celui-ci peut être donné avec profit aux jeunes
lecteurs, avides d'aventures; ils y trouveront, sous la fornxe d'un
roman, des notions exactes sur dos laits réels.
4. — Au Moulin de Virelune nous laisse en Anjou, mais dans des
temps plus paisibles que ceux décrits dans les deux volumes qui pré-
cédent. Ces a sccnes de la Vendée angevin'^ » n')us offrent le tableau
de la vie quotidienne des braves paysans, dont l'honnêteté un peu
candide n'a pas été trop entamée par l'esprit sceptique du xx^ siècle,
M. pierre Billaud écrit avec une simplicité qui n'exclut ni l'art, ni
la poésie, ni les observations psychologiques. A sa suite, nous nous
intéressons aux menus faits de ce coin do campagne angevine, dont
l'atmosphère est sympathique : il nous semble connaître « maître
Fonteneau », le valet de ferme Chupin et le mendiant Bénédicte, qui,
sous son enveloppe étrange, est le bon génie du récit. Tous ces person-
nages ont une individualité qui en fait des êtres très vivants.
5. — Ginevra ou le Manoir de GranÛey rappelle le nom d'une femme
auteur, Lady Georgiana Fullorton, qui, par sa naissance, sa conver-
sion au catliohcisme et son talent littéraire, a marqué parmi ses con-
temporains. Ce récit, un peu vieilh, n'aurait peut-être pas aujour-
d'hui le succès retentissant qu'il a conquis il y a un demi-siècle,
mais il plaira toujours par la distinction de l'ensemble, la délicatesse
des observations, la noblesse des sentiments et l'intérêt qui s'attache
aux aperçus ouverts sur des milieux muveaux et étrangers. Les
lecteurs pressés d'aujourd'hui pourront trouver un peu lonjs ces
abondants détails où se complaisaient jadis les romanciers d'outre-
Manche, mais ils aimeront voir les intérieurs anglais décrits par une
vraie grande dame, qui s'y meut avec aisance, et dont les descrip-
tions reposent des tableaux vulgaires et fantaisistes fournis par
tant d'auteurs qui ignorent tout de l'Angleterre. Ajoutons que,
quand parut Ginevra, la situation des catholiques anglais était mille
fois plus difficile que de nos jours et les préjugés que dût affronter
l'héroïne régnaient dans tous les milieux; aujourd'hui, grâce à Dieu,
ils ont en grande partie disparu.
fî. — Feuilles mortes est un récit attachant, écrit dans une
langue élégante; les observation 5 psychologiques y son'^i délicates
et le tout donne um impression vécue. L'héroïne raconte elle-même
son histoire : mariée trop jeun'^ un peu par surprise, à un homme
excellent, mais dissemblable d'elle à tous les points de vue, elle n'a
pas d'en'"ants et a perdu tout espoir d'en avoir. Elle est à peu près
satisfaite d'un b jnheur inoolore quand fait irruption dans sa vie
l'homme qu'elle aurait dû épouser, si, par une fatalité inouïe, les
à
— U7 —
prévisions d'un ' maternelle amie n'avaient pas échoué. La sympathie
i^ran lissante de François et de Geneviève, le recul soudain de Fran-
çois, les « galles » du mari, bon, confiant, mais souverainement mala-
droit, le départ définitif, puis la mort de François, qui a compris
l'abîme où il entraînait une enfant restée très honnHe, tout cela est
raconté avec simplicité et émotion. L'on regrette que l'absence de
toute note religieuse donne une impression de sombre tristesse,
presque de fatalisme, à cette poignante histoire, si bien contée par
M. Jacques Morel !
7. — Dans la Mystérieuse Aurore, M^^^ B. de Buxy fait preuve
d'invention ingénieuse et d'un sentiment vif de la nature,
qualités auxquelles elle nous a habitués. A la suite d'un naufrage,
deux jeunes filles, Aurore Salvi et Rose-Marie Saint-Leu, changent
de nom et de personnalité, et cela par la volonté de la « mystérieuse
Aurore ». Sa compagne joue, malgré elle, le rôle qui lui est imposé; il
lui attire force ennuis, qui sont à peine dissipés à la dernière page du
volume. Nous laisserons aux jeunes lecteurs, à qui ce livre est destiné,
le plaisir d'en débrouiller la trame toufl'ue, passablement compliquée et
parfaitement invraisemblable. Notons cependant la moralité du récit,
puis des descriptions très vécues de la côte de Provence, non pas
(le la Côte d'Azur, bruyante, mon-daine et cosmopolite, mais des
petits coins obscurs de cette « terre de beauté », dont l'auteur a
pénétré le charme et subi l'attirance.
8. — Encore une histoire de mystère : Pau le Eugarelle, orphehne
et pauvre, est env^oyée chez des amis de sa famille, inconnus d'elle
et qui l'accueillent sans empressement du reste, dans le Château du
mystère. La nouvelle venue y tombe de surprise en surprise; à la fin
du volume seulement, tout s'explique, et Paule l'étrangère est la
cause d'una heureuse transformation dans l'existence d'une famille
infortunée que d'injustes soupçons ont murée dans une solitude
farouche. Ce livre de M. Bruyère est parfaitement moral; il s'y
trouve une note religieuse et aussi la séduction d'un mystère qui sera
peut-être une attraction pour les jeunes; ajoutons, cependant, qu'il
paraît d'une telle invraisemblance qu'il est difficile au lecteur plus
expérimenté de prendre au sérieux les étranges et mélancoliques Nerde-
lasque, avec leur claustration volontaire, farouche et fatale.
9. — Dans la Préface qu'il a. écTÏteT^ ourles Boules de neige deM^^^ 1)68-
roches, Mgr Gibier, après avoir loué la simplicité et le charme de ces
études sociales, leur trouve, non sans raison,un air de famille avec les
nouvelles de Pierre l'Ermite. Le but que se sont proposé les deux
auteurs est le même : ils ont voulu mettre en rehef, sous une forme
dramatique ou touchan'^e, quelques abus sociaux et quelques-unes
des misères morales de notre temps. Mais dans Boules de neige la
Novembre 1912. T. CXXV. 27.
— 418 —
délicatesse de certaines notes, le sens exquis de certaines situations
morales feraient presque deviner une plume et un cœur de femme.
Toutes les pages contiennent de « vraies tranches de vie »; sans
emphase elles apportent une leçon, d'autant plus pénétrante qu'elle
nest jamais ennuyeuse. Ajoutons qu'une note religieuse profonde
a inspiré ce livre aussi bien pensé que bien écrit; le style de l'auteur
possède les qualités essentiellement françaises de clarté, de vivacité
et d'entrain.
10. — ■ La Fille de Lynch, histoire traduite de l'anglais de Léonard
Merrick, par M. F. Delmont, ne manque pas d'une certaine origina-
lité. Lynch est l'homme » le plus riche du monde » et peut-être aussi
le plus décrié, à cause de l'origine de sa fortune, édifiée sur la ruine
des petits et des humbles. Sa fille Betty épouse, par amour et contre
le gré de son père, un artiste anglais, Richard Keith, qui refuse de
toucher à l'argent maudit. Au début tout va bien, mais l'élancourageux
de Betty Unit par s'user au contact des menues privations et des
économies sordides. Elle trouve exagérés les scrupules de son mari,
et rentre chez son père avec son « baby ». Lynch a mal acquis sa for-
tune, c'est entendu; mais il est si vieux, si seul, si triste et d'une man-
suétude si extraordinaire envers sa fille, qu'il nous intéresse. Au fond,
cependant, Betty aime son mari; elle finit par retourner en Angle-
terre, où, dans une campagne isolée, elle fait un apprentissage
de « vie simple ». C'est là qu'elle apprend que son père est mort et
qu'elle hérite de deux cent millions de dollars. Aussitôt, d'un trait
de plume, elle se dépouille de sa fortune, qui sera hquidée par le
Président des États-Unis et distribuée aux œuvres de charité les
plus méritantes d'Europe et d'Amérique. Pendant ce temps, Keith
a travaillé, il est devenu célèbre et quand Betty, pauvre, contrite
et convertie à la « vie simple », le retrouve, il peut lui assurer une vie
aisée, qui, espérons-le, l'empêchera de regretter cette fois son geste
héroïque. Assez « trouvées » sont les descriptions de ceux qui approu-
vent en principe le rigide point d honneur de Keith, mois qui, avec
une inconséquence bien humaine, le regardent comme un toqué quand
il se débat dans la pauvreté où l'a jeté ce même point d'honneur.
11. — La question d'argent joue également un rôle considérable
dans le Miracle des perles. Comme tout ce qu'écrit M"^^ Alanic, ce
récit est dans un excellent esprit. Deux frères, l'un banquier à Bayeux,
l'autre architecte célèbre, sont ruinés à peu près en même temps.
Le second, le plus intéressant des deux, se trouve dépossédé de sa
fortune et de son château à la suite de la découverte d'un codicille,
qui donne le tout à un jeune ingénieur, Bernard Montel, Celui-ci
voudrait déposer cette fortune aux pieds d'Andrée, la fille unique
de M. de la Fagery, l'ancien propriétaire, mais celle-ci, très fière, refuse.
— 419 —
Elletravaille pour soutoiiT son père,et, peuùpeu,au contact des mille
épreuves qu'elle rencontre, sa nature iiautaine s'assouplit et son
âme s'élève. Quand elle est à « point », Bernard qui, de loin, a discrè-
tement veillé sur elle pour adoutfir sa tâche dans la mesure du pos-
sible, se présente à nouveau, et Andrée, translormce par la soulTrence,
consent à l'épouser. Cette évolution est le Miracle des perles.
12. — La Rançon de la gloire, le nouveau roman de M. L. Barra-
cand, contredit indirectement la formule du jour : « Il faut vivre sa
vie ». Charlotte Dauverne, au contraire, sacrifie sa vie à celle de son
frère Henry. Celui-ci, après quelques folies, dont un sot mariage est
la pire, est doucement acheminé vers la gloire par sa sœur Charlotte.
Elle le relève, endigue ses facultés d'artiste, développe son génie et
met en valeur sa nature plus brillante que pondérée. Assagi et
discipliné par cette influence fraternelle, il devient un grand homme
et Charlotte, qui a acheté ce résultat par le don de sa jeunesse et de
son bonheur personnel, est heureuse. Elle possède ce bonheur, d'es-
sence très élevée et très noble, que donne le sentiment d'une grande
tâche heureusement accomplie.
13. — Dans la Lande aux loups, de M. Pierre Maël, nous nous trou-
vons transportés dans la Bretagne du xvi^ siècle, déchirée par les riva-
lités féroces des royalistes d'Henri IV et des ligueurs du duc de Mer-
cœur. Les premiers sont soutenus par les troupes anglaises d'Eli-
sabeth, les seconds par les soldats espagnols de Philippe II, et,
dans chaque parti, se commettent les pires excès. Au milieu de ces
luttes atroces, se déroule l'histoire du petit gas breton Euzen leLouarn
et de sa sœur de lait Ahette de Pont-Croix ; ks jeunes lecteurs s'in-
téresseront à leurs aventures; le brave petit gas, qui a l'âme tenace
et fidèle de sa race, échappe aux loups de la lande, comme aux
farouches soldats de la Ligue.
14. — Rose-des-Chemins est une jhistoire parfaitement morale,
mais - terriblement invraisemblable. L'auteur, M. Charles de Vitis,
a d'excellentes intentions et une imagination féconde; mais une
série de forfaits, commis impunément par Lucien Granville : séques-
tration, rapt d'enfants, assassinat, auraient besoin d'être présentés
avec plus d'art et de psychologie pour exciter la curiosité et
retenir l'intérêt. Il est possible, cependant, que les jeunes lecteurs,
pour qui le volume est écrit, fassent, en le lisant, moins de réserves.
15. — Dans l'Épopée de César, M. Henri Guerîin, dont on connaît
la compétence en la matière, nous présente une série de tableaux,
où revit la conquête de la Gaule par les Romains. César y parait au
premier plan : l'auteur l'enoad-^e d'une mise en scène où se révèle
sa science historique, très complète ; à la dernière page du volume se
lève sur le monde antique, sanglant et barbare, l'aube bienfaisante
— 420 —
du chrisliunisiue civilisateur. L'on y sent aussi la pénétration réci-
proque des vainqueurs et des vaincus, et, selon la parole de l'auteur
dans la Préface, «la terre elle-même, qui s'emparera des envahisseurs
p.)ir les modifier à son image et reconstituer lente^nent, mais sûre-
ment, l'image de la patrie »,
1(). — Les Pirates de la Mer Rouge, récit d'aventures, traduit de
l'allemand de Kàrl May, par M. J. de Rochay, est parfaitement moral,
un peu touffu peut-être, mais rempli de péripéties dramatiques, qui
plairont aux petits lecteurs pour lesquels il est écrit. La suite du récit
en trois parties est encore à paraître.
17. — Les trois nouvelles, dont la première : Sous les palmes de
Bénarès, donne son titre au volume de M'"^ Marie Aiïre, sont écrites
avec facilité, dans un esprit irréprochable, et conviennent aux enfants.
On y trouve un élément dramatique assez intense, plutôt qu'une
granle observation psychologique et même qu'une grande vraisem-
blame.
iS. — La Maîtresse de piano, de la même série, se passe dans un
monie plus terre à terre. Cette histoire simple, morale et chrétienne,
adaptée de l'anglais de M'"^^ E. Marshall, par W^^ F. O'Noll, est celle
d'un? jeune fille obligée, par suite de revers immérités, de gagner
sa vie et celle des siens. Elle rencontre, dans ce rude métier, des
rebuffades et des déceptions, mais ce roman, comme tout bon roman,
se termina par un mariage, qui assurera le bonheur de la courageuse
Ann3 Mon^jgomery. Le récit a l'allure lente, un peu minutieuse et
détaillée des romans anglais de cette catégorie ; la traduction n'est
que suffisante.
19. — Dans Fille de chouans, M"^'- Delly nous raconte l'histoire
d'une jeune fille de race chrétienne qui, jetée au milieu d'une famille
d'impies, garde sa foi et finit même, à force de bonté, par exercer
sur son entourage une heureuse influen-^e. Cette simple histoire, où
domine le sentiment religieux, est contée dans un style assez facile.
Pièces de théâtre. — 1. — Le Ci-Devant, de M. Georges^ïllsirà, e&i
une pièce dramatique en vers, qui n'a qu'un acte, avec sept rôles
d'hommes. L'action se passe, comme on le devine, sous la Révolution,
et le « ci-devant » meurt héroïquement au service de son pays.
2. — Fritz le Uhlan, du même auteur, pièce dramatique en un acte,
en prose, a six rôles d'hommes. L'action se passe à la frontière; elle
est inspirée par une pensée patriotique.
3. — Un Duel à Vétouffée, sous-intitulé « f jlie vaudeville » en deux
actes, a cinq rôles d'hommes et a été écrit pour jeunes gens par
M. Jules de Cerfeuil.
4. — Du même auteur est la comédie en deux actes intitulée :
Note à payer. Elle a cinq rôles qui peuvent être joués indifféremment
— '.21 -
par des jeunes gens ou par des jeiinos filles, et le livret est accompagné
d'annotations ([iii permettent d'opérer ce cliangenient sans difli'
cultes.
ô. — A bas les calottes, comédie enfantine, a trois rôles seulement.
L'auteur, M. José Germa'n, l'a destinée aux tout petits au-dessous
do douze ans. C'est une (sritique des revendications sociales et du
droit de grève, mais qu'il serait peut-être imprudent ( bien qu'elle
soit écrite dans d'excellentes intentions) de mettre entre les mams
de jeunes enfants. Ils ne sauraient guère y démêler le vrai du faux.
6. — .4 la pointe de l'épée est sous-intitulé « conte»; c'est, en somme,
une pièce fantastique, qui conipte huit personnages et qui est destinée
.( à être jouée par les familles nombreuses ». Elle a quatre rôles de
fillettes, quatre rôles de garçonnets et se termine par les fiançailles
do la princesse Rosette avec le prince de Poidesenteur. Disons, une
fois pour toutes, que cette pièce de M. de Visme, celles qui précèdent
et celles qui suivent sont inoffensives, mais qu'elles n'ont ni grande
portée morale, ni grand mérite littéraire.
7. — Telle est une Trouçaille }/nprévue,de M. P. de Maurelly, comé-
die en un acte, avec quatre rôles, dont trois d'hommes et un de femme.
8. — Maie Fin, ou le Repas trop copieux, de M. Wirzka, est une
X moralité » ou « allégorie », fondée sur une pièce représentée sous
Louis XIÎ, par la troupe des «Enfants sans soucis ». Ce postiche mo-
derne de l'ancienne pièce a été joué à l'Odécn le 4 novembre 1909 ;
il a onze personnages, hommes et femmes, qui sont habillés à la
mode de Louis XII; mais ces personnages sont allégoriques et les
costumes masculins peuvent au besoin être adoptés pour des jeunes
filles.
9. — Le plus Malin est une farce en uh acte, qui se passe sous le
règne de Louis XL Elle est en vers et les personnages sont au nombre
de quatre, dont trois hommes et une femme; leurs costumes,
encore ceux de l'époque, sont minutieusement décrits pour la plus
grande facilité de ceux qui veulent jouer cette pièce de M. \Airzka.
10 et 11. — Le Cavalier l'Ahuri, fantaisie militaire en un acte, par
MM. Rosal-Berry et Jean Carwald, a n>uf rôles, tous d'hommes. —
Lamadou, détective amateur, par M. L. Descombes, est un vaudeville
en un acte, avec trois personnages, tous masculins; comme leur titre
l'indique, ces deux pièces sont dens une note gaie.
12. — La comédie en un acte de M. Marius \evà, intitulée : Geor-
gette est si nerveuse, est également gaie, mais elle est destinée aux
jeunes filles; elle compte cinq rôles, tous de femmes.
13. — Du même auteur est VAmi de collège, comédie en un acte,
avec quatre rôles d'hommes.
14. — Ah ! les bons molijs est une bouffonnerie mihtaire en un acte
par M. P. Dupont, avec six rôles d'hommes.
— ^22 —
15. — L'Héroïque Marins, par M. E. Leclerc, saynète en un acte,
a trois rôles convenant à de jeunes garçons.
Iti. — La Parole est d'argent, mais. . ., autre saynète i>ar M. J . Ger-
main, a été représentée à Saint-Mandé en 1008; elle n'a que deux
rôles d'hommes.
17 à 22. — Les Héritiers de Madame Moidiiiard, par M. P. de Mau-
rilly, est une comédie en un acte, avec trois rôles de jeunes garçons
et deux rôles de femmes. — Des cinq monologues, indiqués sous les
n°s 18, 19, 20, 21 et 22, le meilleur, parce qu'il renferme une pensée
généreuse et patriotique, est les Bœufs d'Alsace, inspiré par un récit
de M. René Bazin. Répétons encore que toutes ces pièces, comédies,
saynètes, monologues, sont inofîensives, mais que la plupart n'offrent
qu'un intérêt assez relatif. Comtesse de Courson.
THÉOLOGIE
IVoiiienclator litterariufi theologiac «^tliolicae llieolo-
g09 «xlifbens aeiate, iiatione, discipliuis, di»tînrlas,
edidit et commentariis auxit par H. IIurter. Éditio terlia. T. V.
Œniponle, Libraria acadeniica ^\'agiieriana, 1912, in-8 de viii-1422
colonnes.
Le docte P. Hurter continue par ce cinquième volume la réédition
de son Nomenclator. L'éloge de cet immense travail n'est plus à faire.
Ce ne sont pas seulement les auteurs et tous les ouvrages qui s'oc-
cupent des sciences théologiques que le recenseur a relevés et classés;
sur chacun d'eux il a exprimé un jugement accompagné d'indications
biographiques et historiques. C'est ainsi une histoire complète delà
théologie que ces volumes nous présentent.
Ce cinquième volume n'embrasse qu'un siècle, de 1764 à 1869, et
contient tous les auteurs qui sont morts avant 1870. Rien n'y est omis
de ce qui peut intéresser un théologien.
Il est impossible de parcourir cette bibliographie sans faire une
remarque pénible. Jamais siècle peut-être n'a produit plus d'ouvrages
se rapportant plus ou moins directement à la théologie; mais jamais
siècle n'a été plus pauvre en ouvrages de premier ordre. L'influence
du cartésianisme avait interrompu le courant des grandes et fécondes
traditions scolastiques. Elles viennent enfin d'être reprises, grâce à
l'impulsion donnée par les derniers Papes. Puissent-elles se maintenir
dans toute leur pureté !
On ne peut songer à analyser un pareil travail. Tous ceux qui
auront un jour ou l'autre à le consulter en apprécieront seuls toute la
richesse et toute la valeur. Mais il s'impose désormais dans toute
bibliothèque théologique.
Une table générale, qui est annoncée, rendra facile l'emploi de ce
répertoire. Christophe Simon.
.
— 423 —
Lettres à un étudiant sur la s:)inte Ëucliaristie, par
L. La.ba.uChe. Paris, Bloud, 191-2, m-1-2 de 308 p. — Prix : 3 fr. 50.
Les lettres qui composent ce volume ont paru dans la Revue pra-
tique d' apologétique dans le courant de l'année 1911. Elles avaient
pour but de répondre au désir exprimé par « un groupe d'étudiants
de l'Université de Paris » d'avoir entre les mains une exposition du
dogme de l'Eucharistie qui fût à leur portée et qui convînt à leurs
besoins. En publiant en volume ces lettres où la piété se mêle par-
tout à la doctrine, nul doute que l'auteur n'atteigne pleinement son
but qui est d'amener « les laïcs instruits à mieux connaître et à mieux
aimer le très saint Sacrement de l'autel ». il est à craindre seulement
qu'il n'y ait pas beaucoup de ces laïcs instruits qui possèdent assez
nettement les données de la philosophie scolastique ou de la philo-
sophie cartésienne indispensables à l'inteUigence de cet exposé dog-
matique. Par ailleurs, on pourrait souhaiter çà et là, dans l'exposé
lui-même, une plus rigoureuse précision des termes ou de la pensée
(p. 111, 161, 168 et 173). Il n'en reste pas moins que ce livre peut se
présenter comme une petite Somme eucharistique à l'usage de ceux
qui se préaccupent de répondre aux doctrines modernistes touchant
l'Eucharistie. P. Bernard.
Breirîoi* Synopsis theologiae moralis el pastoralis auclo
ribus A. Tanquerey et E.-M. Quévastre. Romae, Tornaci, Parisiis,
Desclée, 1911, in-12 de xvi-606 p. — Prix : 4 fr.
M. Tanquerey est l'auteur d'une Synopsis theologiae moralis et
pastoralis, bien connue dans les séminaires français, depuis quelques
années. De ces trois volumes in-8 il vient de pubher, avec l'aide de
M. Quévastre, un résumé tout pratique sous le titre de Brevior Sy-
nopsis. Ce n'est pas qu'il veuille se faire à lui-même le tort que font
d'ordinaire les abréviateurs aux écrivains plus complets. II suppose
plutôt que le prêtre a étudié la morale dans le cours développé, non
sans aller prendre l'avis des autres maîtres, en particulier des plus
grands, saint Thomas et saint Alphonse. Mais une fois engagé dans
le ministère des âmes, le prêtre n'a pas toujours le loisir de recourir
aux gros ouvrages, et pourtant il a besoin de renouveler souvent la
mémoire des choses apprises au séminaire, s'il veut être bon juge
et bon médecin au confessionnal. On lui offre donc un aide-mémoire.
Les principes sont accompagnés de discussions et de preuves, le tout
brièvement exposé, mais avec assez de détail pour suffire; dans la pra-
tique courante. La Brevior Synopsis comprend deux parties : théo-
logie morale fonlamentale et théologie morale spéciale. Dans celle-c^
le décalogue est expUqué à propos des vertus commandées par les
préceptes divins : c'est en effet l'ordre logiciue. Notons encore que le
— 424 —
résumé de M. Tanqiiorey vise à la fois la pastorale et la morale, ce
qui le rend d'autant plus utile aux directeurs des nonsfiiences.
H. Grs.
JURISPRUDENCE
lia liUtte sociale dans le prétoire, par Jacoubs Bonzon. Paris,
aux bureaux de •< la Liberté d'opinion », 1911, in-8 de 322 p., avec portrait.
— Prix : 3 fr. oO.
C'est une mission délicate que de rendre compte d'un volume
qui se compose des plaidoiries d'un confrère, et d'un confrère dont
on est séparé par un monde de dissentiments sur les idées les plus
essentielles. J'essaierai pourtant de m'en acquitter et j'apporterai
à cet essai la plus sincère loyauté. M. Jacques Bonzon est surtout
connu dans le public comme avocat d'Hervé, le seul accusé peut-être
qui n'eut pas dû trouver d'avocat, et les plaidoiries qui sont réu-
nies dans ce volume ne sont pas faites pour flatter les opinions
des lecteurs du Polyhiblion : plaidoiries pour l'association cultuelle
de Culey contre l'évêque de Verdun, pour un nihiliste russe, pour
ïes auteurs d'une affiche antimilitariste, pour les révolutionnaires
de Narbomie, de Draveil, de Marseille, du syndicat des postes et
télégraphes, etc., etc. C'est ce que M^ Bonzon a cru devoir réunir
en un volume qu'il présente comme une sorte d'autobiographie
intellectuelle. La forme en est plus intéressante que le fond. Le
fond ne nous apporte rien d'inédit; c'est le stock des idées révo-
lutionnaires devenues banales aujourd'hui; on y trouvera des er-
reurs de fait énormes, des défaillances de raisonnement qui n'ont
d'excuse que dans la nécessité de soutenir la thèse imposée par
le procès; enfin et surtout des traits acérés qui, manifestement,
tendent à piquer au vif l'adversaire et qui dépassent les nécessités
de la lutte. M. Bonzon nous avertit à maintes reprises qu'il est
huguenot et que ses ancêtres ont souiïert en France sous l'ancien
régime; il ne cache pas que l'amertume en est restée vive chez lui
et nulle part il ne manifeste de penchant pour l'indulgence et la
bonté, si ce n'est envers les révoltés de tout acabit. Mais
tous ces motifs de critique, que je m'efforce de résumer, ne doi-
vent pas empêcher de rendre hommage à la valeur de l'ouvrage.
J'ai dit que la forme des plaidoiries qui composent ce livre était
plus digne d'intérêt que le fond; c'est que cette forme est d'une
richesse de tons vraiment admirable; l'auteur tire un merveilleux
parti de l'abondance et de la finesse de la langue française. M. Bon-
zon excelle à trouver des termes qui lui permettent d'exprimer
avec convenance des idées qu'on serait tenté de croire impossibles
à traduire devant les auditoires qui l'entendent. Mais ce qu'il faut
— 425 —
retenir du volume, (j'est surtout la Préface que l'auteur a intitulée :
Souvenirs de combat, 1893- 1911, et qui occupe 50 pages. Ici le fond
est aussi digne d'attcntitn que la forme; les anecdotes abondent,
le tableau de la vie et du monde judiciaires est tracé à 1" emporte-
pièce avec l'esprit et la méchanceté qui conviennent; la philosophie
et les pensées élevées ne menqucnt pas ncn plus et, au moment
où M. Bonzon rompt en visière avec les clients par trop anarchistes
et par trop peu sincères auxquels il s'est consacré jusqu'ici, je
veux retenir l'idée dans laquelle il résume sa psychologie person-
nelle, telle qu'il la sent (je ne dis pas : telle qu'elle apparaît à
son lecteur) : « La liberté fut ma vie même », dit-il. Il ajoute :
« T.a définir est presque impossible; ce n'est pas un dogme, c'est
un sentiment... J'ai beaucoup raisonné la liberté et chaque fois
que j'ai voulu la mettre en formules, je ne suis parvenu qu'à fa-
çonner une image inerte à la façon du Dieu des philosophes. »
Cette idée de la liberté, formulée par un homme de talent et d'ac-
tion qui lui a largement consacré son activité et qui se déclare
prêt à continuer, m'a paru mériter d'être retenue et méditée à une
époque où tant de crises c nt eu pour cause des controverses dogma-
tiques sur la liberté. Elle est peut-être féconde; elle marque en
tous cas que, malgré les graves reproches qu'on peut adresser à
son auteur, le livre que nous analysons mérite l'attention aussi
bien des philosophes que de ceux qui aiment les peintures vivan-
tes de la société contemporaine. Eugène' Godèfroy.
SCIENCES ET ARTS
li'Art d'être un Itoiuine. Traité de a self éducation », à
l'usa 'fc des jeunes gen^ a partir de ittans, par l'abbé
H. MacQQiLLON. Paris, Bloiil, lOU, iistit, ia-8 de 463 p.— Prix : 5 fr.
Lord Rosebery a dit un jour qu'il ne s'était jamais trouvé attablé,
dans un banquet, près d'un père qui sût ce qu'il devait faire de ses
fils.Le Daily Telegraph réserva, il y a quelques années, ses colonnes à
un échange de correspondance sur cette question : « Que faire de nos
garçons ? » Les auteurs de réponses se montrèrent généralement per-
plexes et ne surent comment résoudre le problème. M. l'abbé Mocquil-
lon a précisément entrepris de suppléer à cette lacune de la plupart
des hvres pédagogiques. Obsédé par les questions angoissantes que lui
ont maintes foisadresséeslesjeunesgensde quinze, seize et dix-septans,
en proie aux diffioultés de la vie et pressés d'arriver vite et de bonne
heure, l'auteur satisfait de son mieux la curiosité des générations
avides de se créer une carrière. M. l'abbé Morquillon n'a pas la pré-
tention d'examiner, une par une, chaque profession, d'en signaler
— 426 —
tous les avantages et d'en accuser tous les inconvénients. Mais les
renseignements qu'il donne, renseignements basés sur les études les
plus documentées, suffisent pour diriger les vocations et débarrasser
les hésitants de leurs incertitudes. 0. H.
Une ^rave Question de l'éducation des filles. L.a Chasteté,
par Françoisb Harmel. Paris, Perriu, 1912, iu-l6 del63 p. — Prix : 2 fr. 50.
Dans le monde protestant, on a publié un certain nombre de livres
pour apprendre aux jeunes gens, aux jeunes filles et aux jeunes
femmes ce qu'elles doivent savoir. J'avoue que ce mouvement,
qui vise surtout à réagir contre la façon ' prudente dont l'Église
natholique avait résolu oe délicat problème de l'éducation de la
chasteté, me paraît un peu suspect. Après quelques autres, M"^^ Har-
mel vient à son tour expliquer aux jeunes filles le mécanisme de
l'amour et du mariage, sans omettre, bien entendu, les perversions
vicieuses et criminelles, qui l'ont si complètement détourné de son
but providentiel pour en faire l'instrument de basses et viles passions.
A ces chapitres, assez scabreux, M™^ Harmel ajoute un chapitre excel-
lent et tout imprégné de surnaturel, sur les moyens de préserver la
chasteté contre ces assauts de la luxure. Tout cela s'inspire des
intentions les plus hautes, mais j'avoue que je ne suis pas sans inquié-
tude sur ce mode d'enseignement intégral par la voie des livres. En
bien des cas, n'y cherchera-t-on pas surtout la satisfaction d'une mal-
saine curiosité! Pour mon compte, je ne crois pas que la méthode
actuelle d'éducation de la pureté soit coupable de tous les méfaits
dont on l'accuse, et j'estime, au contraire, que trop de science est plus
dangereux qu'un peu d'ij^norance pour l'avenir des jeunes ménages.
Je signale bien volontiers aux pères et mères chrétiens le livre, d'ail-
leurs bien fait, de M™^ Harmel, mais je ne le leur recommanderais
qu'avec quelque r('serve, m'en remettant à leur expérience du soin
de discerner, suivant les cas, — car c'est là surtout une question d'es-
pèce, — ce qu'ils y pourront prendre et ce qu'il sera plus prudent d'y
laisser. Je m'en fie à leur sagesse, à leur affection pour leurs enfants
et à leur prudence avertie, et je doute que la plupart du temps ils se
résolvent à mettre le livre entre les mains de leurs filles, qui trou-
veraient peut-être à le lire tout entier plus d'inconvénients que d'a-
vantages. P. Talon.
A travers les ronces, par B. Jouvin. Pai'is, Bloud, 1911, in-16 de
•273 p. — Prix : t fr. 50.
Déeaiogue de la ifîe moderne,"' par M^^ Bérot-Bhrger. Paris,
Giard ec Brière, s. d., ia-12 de 44 p. — Prix : 1 fr. 50.
Je réunis ces deux petits livres sous la même rubrique parce que,
— 427 —
sous une forme et dans un esprit assez différents, l'un et l'autre traitent
au fond le même sujet. Les deux auteurs s'adressent aux pau\Tes et
aux déshérités et leur enseignent le meilleur moyen de bien orga-
niser leur vie. Et voici maintenant les différences.
M""^ Jouvin s'adresse plus spécialement aux femmes déshéritées
qui luttent pour l'existence : veuves ou délaissées, "vieilles filles,
jeunes orphehnes, femmes solitaires; son petit livre a donc un carac-
tère moins général que la brochure de M™^ Bérot-Berger; j'ajoute
qu'il a, à la fois, un caractère plus pratique et une inspiration plus
chrétienne, et cela lui fait une double supériorité. Ces causeries fami-
lières, mais d'une famiharité distinguée, se classent en trois parties;
la première : Sous le choc, décrit l'état des femmes tombées dans le
malheur, et montre en quelles dispositions elles doivent aborder le
problème de leur vie. La seconde : Les Devoirs et les droits d'état, étudie
chaque situation ou profession : domestique, ouvrière, institutrice,
employée, marchande, ménagère, artiste, employée de bureau, infirme,
et envisage de façon très pratique les difficultés de chacune d'elles,
et la meilleure façon de les résoudre. Cette partie est vraiment très
instructive et très pratique et dénote une réelle expérience de la vie,
en même temps qu'un grand esprit d'observation.
La troisième partie : Ce qui nous menace, prémunit les déshérités
contre les dangers qui les attendent; enfin la quatrième partie : Ce
qui nous aide, leur fait voir où elles trouveront réconfort et'courage, en
attendant la vie' meilleure qui leur donnera les compensations néces-
saires. Puis viennent trois conclusions, empreintes d'un esprit très
chrétien, et qui donnent bien la note générale du livre, qui est à la
fois excellent et charmant.
La brochure de M'"^ Bérot-Berger est aussi pleine de bons conseils,
seulement plus vagues; ils se résument en ces dix form_ules : le
bonheur se gagne, l'avenir se prépare, les vertus se chantent, les
passions se pleurent, le travail hbère, l'amour se donne, l'amitié se
partage, les plaisirs se paient, la vie se joue, le repos s'achète très
cher. Et voilà le décalogue de la vie moderne, qui ne vaut certainement
pas le décalogue de la vie chrétienne. Et voilà pourquoi, sans vouloir
déprécier le travail estimable de M''^*^ Bérot, je trouve le charmant
petit livre de M"^^ Jouvin en même temps plus pratique et meilleur.
p. Ta ION.
liCs Femmes du monde, par l'abbé Joseph Tissier. Paris, Téqui,
1911, ia-12 de ix-320 p. — Prix : 3 fr. 50.
Dans une lettre» adressée à l'auteur par S. G. Mgr' l'évêque de
Chartres, les douze conférences de M. l'abbé Tissier sont comparées
aux douze corbeilles de l'Évangile, où fut recueilh- ce qui restait des
— 428 -
pains distribues à la foule par Notre-Seigneur. On ne saurait mieux
dire. Les sages conseils, les fines observations, les levons si délica-
tement présentées par l'orateur sont recueillis et enchâssés dans
une série de tableaux qui augmentent en intérêt à mesure qu'ils se
(((■roulent sous les yeux du lecteur. Tour à tour M. l'abbé Tissier évoque
les femmes qui souffrent; celles qui gaspillent; celles qui regrettent;
celles qui reçoivent ; celles qui font parler d'elles; celles qui s'ennuient;
celles qui doutent; celles qui luttent; celles qui pensent; celles qui se
dévouent; celles qui régnent et celles qui vieillissent. Je ne saurais
trop conseiller la lecture des deux conférences consacrées à ((celles qui
reçoivent » et à « celles qui s'ennuient ».
Quel psychologue délicat se révèle dans ces pages ! « L'ennui, dit
M. l'abbé Tissier, est bourgeois et féminin. On ne le rencontre pas
habituellement chez les pauvres et chez les humbles. Parmi eux
les femmes sont actives, prévoyantes, ménagères, inventives. » En
revanche, la vocation des femmes de l'élite sociale et leur nature,
•es faisant plus libres, les prédisposent davantage à l'inaction. Elles
lient conversation avec le diable, patron de l'ennui. »
Une femme supérieure, la princesse Caroline de Sayn-Wittgenstein,
a fait la même remarque : « Comment voulez-vous, dit-elle, que Ma-
dame ne s'ennuie pas? Elle ne met la main à rien. Elle se croit quitte
de toute charité quand elle a donné un louis à une quêteuse. Madanie
se lève, s'habille et se déshabille, promène ses toilettes et son ennui,
renonce même, pour le tromper, à une vie de famille honorable. Elle
est jeune, elle est blasée ! » O. H.
liéguiiies et fruits de primeur. Procédés de forcerie,
par Ad. Van dbn Ueede. Paris, Amal, 1912, ia-8 de 227 p., avec planches et
fig. — Prix : 3 fr.
M. Van den Heede est un publiciste horticole fécond; on lui doit
notamment une série de volumes : L'Art de bouturer, L'Art de semer,
L'Art de forcer. Celui qu'il vient de publier est destiné à compléter
le dernier cité; c'est une œuvre de vulgarisation qui fait connaître les
procédés mis en usage pour la culture forcée des légumes et des
fruits dans le but de les obtenir plus hâtivement, en dehors de la
saison où ils sont normalement récoltés. L'auteur a consacré un cha-
pitre aux arbres fruitiers exotiques : avocatier, goyavier, caryocar
nuciferum, anacardium occidentale, litchi, durio zibetinus, mango,<ita-
/ii>r, sapotillier^arbre à pain, jacquier, mammea afnericana,eto., puis au
caféier, cacaoyer, etc., plantes de la région tropicale, indiquées sans
doute à titre de curiosité, car il serait de toute impossibihté d'en faire
une culture rémunératrice sous notre climat, même dans les conditions
les meilleures. D. B.
— 429 —
Voleaus et tremblements de terre, par A. dk Lapparent. Paris,
Bioud, 1912, in-8 de J97 p., avec 76 illustrations. — Prix : 5 fr.
Le très regretté Albert de Lapparent, réminent géologue, secrétaire
perpétuel de l'Académie des sciences et professeur à l'Institut catho-
lique de Paris, avait toujours suivi, avec un intérêt spécial, les phé-
nomènes volcaniques et sismiques. En diverses circonstances il avait
exposé ses observations et ses vues en cet ordre, soit à des sociétés
scientifiques comme celle de Bruxelles et la Société belge de géologie,
soit dans des recueils périodiques comme le Correspondant, V Annuaire
du Club alpin, le Mois litléraire et pittoresque, les Annales de géo-
graphie.
L'éditeur lUo-ud a eu la très heureuse idée de réunir en un volume
les conférences, leçons et articles de l'illustre professeur sur ce sujet,
épars dans ces divers recueils. Il en a enrichi le texte de soixante-
douze gravures, cartes et figures explicatives ou représentatives,
insérées dans le texte. Le tout campose un traité complet et vraiment
magistral sur la matière, où le charme d'une langue toute littéraire
est mise au service d'ime science approfondie. C. de Kirvvan.
LITTÉRATURE
Théâtre d'OsCAR Wilde. III. Les Comédies, II. Un Mari idéal. De Vlm-
poriatice du sérieux; Irai. d'ALFRED Savine. Paris, Stock, 1911, in-18 de
xi-299 p. — Prix : 3 fr. 50.
Ce volume achève 'la traduction du théâtre d'Oscar Wilde par
M. Savine. Les deux pièces qu'il contient sont de genre fort différent.
La dernière est une sorte de farce, assez divertissante quoique un peu
grosse; l'autre est une camédie sérieuse, à la fois satirique et drama-
tique.Toutes deux sont d'ailleurs, comme les autres pièces de l'auteur,
brillantes et artificielles; intrigues construites et péripéties amenées
par les procédés classiques, personnages plus ou moins conventionnels
et dont les actes le sont également, étalage d'esprit volontiers para-
doxal. De l'une des principales qualités de Wilde, qui est la viva-
cité et l'éclat du dialogue, il reste trop peu dans cette version qui
a trop souvent le tort d'être une transcription plutôt qu'une traduc-
tion de son texte. Rien moins qu'une conversation ne s'accommode
d'un simple décalque, qui ne peut aboutir qu'à une série de phrases
étranges et contournées, comme il s'en trouve trop ici. Les personnages
de M. Savine ne se disent point bonjour, ils se souhaitent à l'anglaise
« bonne matinée » (p. 146) ou «bonne après-midi» (p. 192); ils appellent
« une bêche une bêche » au lieu d'appeler « un chat un chat » (p. 25);
l'un dit à son domestiquera C'est bien», quand il veut lui dire: «Je n'ai
plus besoin de vous », et celui-ci répond: « Merci, monsieur », au lieu de
« Bien, monsieur » (p. 179). Il y aurait de pires exemples à citer, mais,
— 430 —
au vrai, c'est tout l'ensemble qui pèche par la biza.rrerie et le manque
de naturel. Pourquoi tant de traducteurs confondent-ils la fidélité
avec la littéralité excessive qui en est si souvent tout le contraire?
A. Barbeau.
Le Romantisme en France au XVII I^ siècle, par Daniel
MoRNBT. Parii, Hachette, 1912, ia-16 de x-tHS p. — Prix : 3 fr. 50.
Ce n'est pas que le savoir ni le talent manquent à M. Mornet,
encore que son savoir soit un peu superficiel et confus, et qu'il y ait
pas mal de toc dans son style. Les normaliens d'autrefois écrivaient
plus purement. Ce qui me met en défiance, c'est ce genre — que je
croyais démodé — de la dissertation littéraire à vol d'oiseau, du
grand « discours w fait de quelques idées générales, plutôt banales?
rajeuni ad pompant et ostentationem par des noms, des citations, des
traits pris au hasard dans le tas des petits papiers. . . Or je Grains que
le lecteur pressé d'aujourd'hui demande qu'on abrège encore et qu'on
lui mette cela en article de revue, voire de journal, où lui soit résumé
avec plus de relief ce qui est acquis maintenant à l'histoire du roman-
tisme : que tout le xviii*^ siècle l'a préparé par son inquiétude, sa
curiosité universelle, ses « vagabondages d'âme », ses caprices de pit-
toresque et de rêverie, ses névroses du sombre et de l'horrible, et tout
ce lyrisme de sentiment, de passion et de confidences intimes, dont
les jardins anglais et les pagodes chinoises, l'abbé Prévost et Jean-
Jacques, Ossian et Werther lui avaient d'ailleurs déjà donné une idée
juste et à peu près suffisante. A ce public-là ce livre court et trop hâti-
vement fait paraîtra contenir des longueurs et des redites. Il s'effarera
un peu de ce tourbillon de noms propres et de titres d'œuvres qu'il ne
connaît pas, qui ne lui disent rien. Il trouvera, je le crains, arides et
presque inutiles les chapitres sur la poétique du xviii^ siècle et sa
critique, puisqu'ils montrent surtout les résistances du dogmatisme,
de l'esprit d'ordre et de règle, et appartiendraient donc bien mieux
à l'histoire du classicisme au xviii^ siècle. Mais il goûtera les seize
gravures du temps, sentimentales ou horrifiques, qui sont vraiment
bien amusantes; au besoin il s'en contenterait, car toute la moelle du
livre y est contenue. Quant aux vrais amateurs de lettres, à ceux qui
prennent le temps de lire des livres, je crois qu'ils aiment mieux
aujourd'hui l'histoire que cette critique sans maturité, l'histoire
qui a besoin d'être un peu détaillée et précise pour être vivante ;
et qu'à la place de ces neuf chapitres où on a voulu tout mettr e
et où on fait allusion et on nous renvoie à tant de mauvais romans,
de mélodrames, de dissertations, d'essais, de traités inconnus, à
tant de Juvenel de Carlencas, de Loaisel de Tréogate, de Miste-
let, etc., etc., ils eussent préféré neuf récits ou portraits bien choisis.
— 431 —
bien éclairés, bien significatifs. Sainte-Beuve aussi, le plus souvent,
travaillait de seconde main et prenait la fleur des gros ouvrages
ot des longues monographies. Mais comme il est à la fois plus
captivant et plus solide, plus plein que- les volumes que nous bro-
chent les jeunes d'aujourd'hui en jetant un peu de prose sur leurs
statistiques et leurs fiches, — ou celles des autres ! M. Mornet, du
moins, a la prose à la mode. Il est bien informé, si l'on en croit sa
bibliographie et ses références : il était déjà préparé à cette étude d'en-
semble, ou à cet « essai », par des travaux personnels et spéciaux
sur le xvme siècle; il a le souci de l'exactitude, le goût assez juste.
Ma critique ou mes regrets s'adressent moins à lui qu'à sa méthode^
qui est le fait de ses maîtres — et de sa jeunesse.
_ Gabriel Audiat.
lie» Hommes de lettres au TKVIII'^ siècle, par Maurice Pel-
LissON. Paris, Colin, 1911, in-18 de 311 p. — Prix : 3 fr. 50.
Peindre la vie — privée et pubhque — des hommes de lettres au
xviii^ siècle, dire leurs rapports avec le pouvoir et avec les représen-
tants de la loi, directeur de la librairie, censeurs, tribunaux, pohce;
— avec les libraires et les comédiens, (;es frères ennemis dont on ne
peut se passer et contre lesquels il faut sans cesse défendre sa propriété
littéraire et sa dignité tout ensemble; — leurs rapports entre eux-
mêmes, querelles, divisions, collaborations, rapprochements de con-
fraternité, essais de coopération et d'association; — leurs relations
avec le monde; et leur conquête de l'opinion pubhque, consacrée par
l'avènement des journahstes : c'était là un sujet immense à occuper
toute la vie d'un lettré et à remplir plusieurs volumes. De ce grand
ouvrage, d'ailleurs, plusieurs parties ont déjà été traitées, puisqu'il y a
des histoires de la censure, de la propriété httéraire, de la librairie,
de la Comédie-Française, de la presse, etc., etc.... Mais en prenant la
fleur de tout cela, en complétant et rafraîchissant son butin par- des
recherches personnelles à travers les Mémoires, les Correspondances
et les recueils littéraires du temps, ou les livres récents, monographies
et thèses de doctorat, qui ont mis en œuvre ces documents, voire par
des pièces d'archives et des textes inédits de contrats entre auteurs
et hbraires ou de rapports de M. de Malesherbes et de M. de Sartines,
M. Pellisson a pu écrire en neuf articles précis, alertes et sans doute
à peu près justes, ce qu'on pourrait appeler le tableau ou l'esquisse
de la condition des gens de lettres au xviii*^ siècle et du progrès par
lequel, d'amateurs isolés qu'ils étaient ou de bohèmes sans état, ils
sont arrives moins à se constituer en classe sociale et en caste qu'à de-
venir une puissance, et souveraine des esprits, redoutable aux gou-
vernements, bientôt maîtresse de la vie des peuples. Or, bien qu'il ait
_ ',32 -
assez impartialonient écrit ce résumé d'histoire, qu'il n'ait pas Gâché
complètement les misères de ce monde- là qui fut, dans son ensemble,
un vilain monde, bien qu'il ne manque pas d'indiquer dans sa conclu-
sion combien, au milieu de ces changements, a été compromis le désin-
téressement traditionnel des écrivains, et comment c'est devenu un
métier que d'écrire, et avec quelle infatuation et quels excès beau-
coup de gens de plume ont usé et vont user de plus en plus de l'em-
pire qu'ils ont conquis sur les esprits, il n'en semble pas moins favo-
rable à l'évolution qui a fait d'eux une aristocratie nouvelle, « l'aris-
tocratie intellectuelle, la seule, déclare-t-il, qui soit compatible avec
l'organisation du monde moderne... )- Belle phrase creuse, dirons-
nous, ou pis que cela, phrase fausse et qui met le mot d'organisation
là où il faudrait graver celui de désordre. Sachons résister au prestige
des gens d'esprit, et voyons, en effet, que ce n'est pas là vraiment
une aristocratie, mais bien plutôt une tyrannie anarchique, la dan-
gereuse dictature d'une bande confuse d'aventuriers et de parvenus,
qui se sont fait céder par la crainte toutes les libertés, tous les droits,
sans la contre-partie d'aucune vraie responsabilité individuelle ou
collective, et qui peuvent se livrer à tous les excès, à toutes les véna-
lités, à tous les crimes contre la raison et l'ordre social, sans qu'aucun
frein soit de force à lés arrêter, une fois qu'on les a laissés intoxi-
quer l'esprit public du faux dogme de l'éminente dignité des gens de
plume et du caractère sacro-saint de toute chose imprimée.
Gabriel Audiat.
Essai Miir l'influence de liaurenve Sterne en France au
dix-liuitiéme siècle, par Francis Brown Barton. ParU, Hdcheite,
1911, gt. iu-8 de 163 p. — Prix : 3 fr. 50.
Dix traductions françaises différentes du Voyage sentimental (dont
certaines sans cesse réimprimées), sept de Tristram Shandy, plusieurs
d'autres écrits du même auteur, une série d'imitations avouées, de
bonnes études critiques, voilà qui témoigne de la faveur extraordi-
naire dont Sterne a joui jadis en France et qu'il y conserve en partie.
Le présent volume (thèse pour le doctorat d'Université) nous fait
suivre les étapes de l'humoriste anglais dans notre pays pendant les
quarante ou cinquante années qui se sont écoulées entre la compo-
sition de ses deux principaux ouvrages et la fin de l'avant- dernier
siècle. Notoriété immédiate et popularité de l'homme et de l'œuvre,
concurrence des traducteurs plus ou moins fidèles autour des textes,
accueil enthousiaste fait par le public français à ces textes traduits
(parmi les plus transportés sont M^i^ de Lespinasse, Diderot, Suard
et Grimm), essais de vingt écrivains français, dont M^'^ de Lespinasse,
dans le genre nouveau, voilà ce que nous voyons tout d'abord et
— 433 —
c'est la matière de plusieux's chapitres Gurieux.Plus intéressante encore
et fort bien étudiée est l'influence de Sterne sur Diderot (lequel pousse
parfois l'imitation jusqu'à l'emprunt littéral) et surtout sur Xavier
de Maistre, celui de tous nos écrivains qui doit le plus à Sterne et
celui qui, tout en s'inspirant de lui, est demeuré le plus personnel et
le plus original. Jusqu'à Maistre c'est à la sensibilité, voire à la sensi-
Jjlerie de Sterne que s'attacliont les imitateurs; chez Maistre, ce qui
se retrouve surtout, c'est quelque chose de son humour. C'est du
reste cet humour et c'est le don du pittoresque qui nous charment
aujourd'hui chez Sterne, tandis que sa sentimentalité nous ennuie;
nous l'aimons pour de tout autres raisons que nos pères. — Une bonne
bibliographie termine la thèse de M, Brown (pourquoi le mot ibidem.
y remplace-t-ii sans cesse indûment idem?). On ne peut qu'encou-
rager M. Brown à reprendre sonétude, comme il en a l'intention, et
à la pousser jusqu'à nos jours. Le chapitre sur Nodier, en particulier
est une suite nécessaire aux chapitres sur Diderot et Maistre.
A. Barbeau.
lie Roman de la iainille française. Essai sui* l'œuvre de
IH. Henrjr Bordeaux, par Joseph Fercha.t. Paris, Plon-Nourrit,
1912, iQ-16 de X.xiv-458 p., avec portrait. — Prix : 3 fr. 50.
Le livre est un peu gros pour un écrivain encore jeune, et qui est
loin d'avoir dit son dernier mot. Il est vrai que le sous-titre est plus
exact que le titre et que M. Ferchat étudie en M. Henry Bordeaux
non seulement le Défenseur de la famille, le peintre des jeunes filles,
des épouses, des mères et des vieilles servantes, le moraliste du retour
au pays, de l'attachement à la pierre du foyer, du mariage chaste,
fécond et indissoluble; mais aussi le paysagiste de la Savoie, l'écri-
vain plein de lumière de la foret, de la montagne et des lacs, le des-
sinateur charmant de tant d'aquarelles rustiques et de « profils
savoyards », le critique littéraire et dramatique toujours aimable
aux contemporains, voire le jeune dilettante d'Ames modernes, qui
papillonnait vers la vingtième année de l'individuahsme d'Ibsen à
l'exotisme maladif de Loti et au scepticisme d'Anatole France...
Mais il est certain que l'auteur du Pays natal et de la Peur de vivre
a vite « découvert, comme il dit, l'emplacement où il a bâti sa mai-
son »; et c'était un champ de chez lui, bien connu, où le ramenaient
ses morts et les discipUnes d'ordre et de tradition dans lesquelles il
avait été élevé. Ordre français et chrétien, quoique le catholicisme
soit moins afïîrmé dans ses livres par un acte de foi direct que prouvé
en fait par les beautés de sa morale et les vertus de ceux qui le pra-
tiquent. Et M. Ferchat, qui s'apphque à dégager et faire valoir ce
christianisme, quo quelques-uns ont trouvé parfois trop discret^
Novembre 1912. T. CXXV. 28.
— 434 —
comme il atténue peut-être un peu trop, au profit de ce qui est mora-
lement très beau, ce qu'il y a de romanesque, de mondain, de pas-
sionnel et d'impur dans ses histoires, l'a montré disciple de saint
François de Sales — ce qui est beaucoup dire ■ — et a reproduit en ap-
pendice quelques-uns des articles les plus religieux • — ou les plus
favorables au « génie » du christianisme — qu'il ait écrits.
L'ouvrage tout entier d'ailleurs est agréablement fait d'analyses
et de citations butinées à travers les feuilletons, les chroniques, les
conférences aussi bien que les romans, et groupées — non sans sura-
bondance et sans redites — de façon à montrer en M. Henry Bor-
deaux le défenseur éminent de l'âme française, le « chêne savoyard »,
symbole d'énergie et de résistance à tous les mauvais vents du siècle.
Or, il y a en lui beaucoup de cela, j'en conviens, mais non sans alliage
d'homme de lettres, et même encore un peu profane. Ce n'est pas
d'ailleurs une mauvaise tactique pour arriver à faire d'un écrivain
tout à fait un apôtre, que de le glorifier comme tel, que d'apprendre
au public à l'adniirer et à l'aimer par ce qu'il a de meilleur.
Gabriel Audiat,
lie Roitiau anglnis contemporain, par Firmin Roz. Paris, Ha-
cheite, l'J12, iii-16 de xx-284 p. — Prix : 3 fr. 50.
George Meredith, Thomas Hardy, M^^ Humphry Ward, Rudyard
Kipling, H. G. Wells, voilà les cinq éminents écrivains qui nous sont
présentés tour à tour dans ce très bon ouvrage. Ce n'est pas exchisi-
vement, ni même principalement du point de vue de la critique fit-
térairc qu'ils y sont considérés. Si l'auteur goûte assurément les beauté s
de leurs œuvres, s'il ne s'interdit nullement d'en exphquer les qua-
htés et les défauts, ce qu'il cherche surtout dans ces œuvres, c'est ce
qu'elles nous apprennent sur l'Angleterre de notre temps. Rien de
plus intéressant, rien de plus légitime non plus, puisque, à la diffé-
rence du nôtre, le roman anglais a presque toujours été et continue
d'être un miroir de la société et de la vie, miroir où la réalité peut
assurément se transfigurer ou s'altérer de diverses façons, mais où,
en tout cas, c'est elle qui se reflète toujours, et non point, comme en
d'autres pays, les créations de la fantaisie ou de l'imagination cons-
tructrice. Vus de ce biais, il n'est pas besoin de dire que les auteurs
choisis par M. Roz (Meredith un peu moins que les autres) nous
apportent des témoignages très précieux sur les idées, tes sentiments,
les aspirations de leur pays et de leur époque. Leur matière est aussi
différente que leur tournure d'esprit: satire des mœurs et philosophie
i'atahste et pessimiste chez Hardy, peinture des hautes classes et pré-
dication d'une sorte de refigion sans dogmes chez M™^ Ward, tableau
de l'énergie anglaise appHquée à l'édification et à la défense de l'em-
i
— 435 -
pire ohez Kipling, dénonciation de toutes les institutions existantes
et plans de réforme scientifique et radicale chez Wells, tout cela assu-
rément est étrangement divers, mais tout cela procède d'une observa-
tion clairvoyante et précise de toute la société anglaise. Les études
de M. Roz sont sérieuses, serrées, pénétrantes, personnelles; on sera
heureux de les voir complétées par une seconde série qu'il nous pro-
met et où paraîtront les romanciers qui viennent par l'importance
tout de suite après les cinq dont il vient d'être question.
A. Barbeau.
TeMny«on,parFiRMiN Roz. Paris, Bloud, 191 1, in-16de231 p.— Prix : 2fr. 50.
« Tennyson, dit M. Firmin Roz, est certainement un des poètes
anglais auxquels l'Angleterre... a prodigué le plus de gloire avec
le plus d'amour. » De cela deux raisons, dont l'une est qu'il a, plus
qu'aucun autre, plus que Browning et Swinhurne, formulé les idées
et les sentiments essentiels de ses compatriotes, résumé et traduit
l'âme même de son pays et de son temps. L'autre est sa large sym-
pathie, le don qu'il avait de s'intéresser et d'intéresser à toute créa-
ture humaine et à toute chose, de ressentir toutes les émotions nobles
et de les faire naître à son tour. Poète national, poète humain, voilà
sous quel double aspect M. Roz nous fait principalement envisager .
Tennyson, et il rectifie et complète ainsi les esquisses brillantes, mais
un peu simplifiées par où la plupart des Français connaissent à pré-
sent celui-ci. Montégut et surtout Taine n'ont guère montré en lui
que l'artiste et le dilettante; une sorte d'Alexandrin, exquis d'ailleurs
et d'une virtuosité admirable, o'est à peu près ainsi qu'ils repré-
sentent Tennyson, lequel est cela sans doute, mais aussi autre chose.
Le présent auteur, voyant dans l'œuvre du lauréat » la fleur d'une
vie en communion étroite avec le sol, avec la race, avec les grands
intérêts nationaux », considère ensemble cette vie et cette œuvre, unit
K la biographie, la psychologie, la critique ». N'a-t-il pas fait peut-être
la part un peu large à la biographie, dont une partie n'est, après tout,
que de la curiosité? Ne force-t-il pas une fois la note en égalant Tenny-
son « aux plus divins poètes de tous les pays et de tous les temps »?
Indique-t-il suffisamment que la gloire de Tennyson s'est, en ces
derniers temps, quelque peu obscurcie en Angleterre, et pour quelles
raisons? Qu'on ne voie là d'ailleurs que d'insignifiantes réserves! le
livre dé M. Roz est fin, délicat, judicieux, et, en maint endroit,
nouveau. A. Barbeau.
Watts Contemporains étrangers, par Maurice Muret. I. Paris,
Fontemoing, 1911, iu-16 de 351 p. — Prix : 3 fr. 50.
M. Maurice Muret n'est pas un inconnu au Polybiblion. Nous
— 436 — Ij^
avons déjà eu occasion do signaler de lui la Littérature italienne
d'aujourd'hui, et je me souviens d'avoir parlé avec éloge de la
Littérature allemande d'aujourd'hui. Ce n'est pas à lui qu'on pour-
rait faire le reproche que méritait naguère le public français de
ne point s'intéresser à ce qui se passe hors do France. Pour lui,
il semble aussi bien connaître l'allemand que l'italien. Il est cos-
mopolite en littérature, sans l'être en politique, et il répète, lui
aussi, le mot d'un opéra boufîe italien, mot que citait volontiers
Stendhal : « Vengo adesso di Cosmopoli ». De son voyage à Cosmo-
polis, il rapporte ce premier volume d'une série qu'il veut consacrer
aux auteurs étrangers les plus célèbres de ce temps et aux œuvres
marquantes parues hors de France et dignes d'intéresser le public
français. Cette première série contient des études sur dix auteurs
différents, trois Italiens, Carducci, Fogazzaro, M^^ Annie Vivanti;
deux Suédois, A. Strindborg et M'ie Selma Lagerlôf; un Anglais,
Bernard Shaw; quatre Allemands, G. Hauptmann, C. Spitteler,
Mil® (Je Handel-Mazetti et K. Schônherr, Cela ne manque pas de
variété : nationalité, talent, idées, tout est différent, et l'auteur
fait volontiers pour la critique ce que La Fontaine pratiquait en
poésie.
J'en lis qui sont du Nord et qui sont du Midi.
La place qui m'est réservée ne me permet pas de suivre M. Muret
et de parcourir avec lui la galerie de ses portraits. II me suffira de
dire qu'il est loin d'être un peintre complaisant, et si son modèle a
quelque grosse verrue, il se garde bien de la supprimer. Esprit
judicieux et pondéré, il met dans sa critique du bon sens souriant,
parfois de l'esprit narquois, toujours une bienveillante équité, si
bien qu'on pourrait citer ces études comme des modèles de biogra-
phie littéraire. Carducci, Strindborg, Bernard Shaw et G. Haupt-
mann intéresseront particulièrement les lettrés. M. Muret ne s'en
laisse pas imposer et son jugement ne va pas à la remorque d'une
critique complaisante. C'est ainsi, pour ne citer qu'un exemple,
qu'à propos do K. Schônherr, dramaturge tyrolien, il rapporte
le mot que Guillaume II disait au poète, après la représentation
de sa pièce Foi et Patrie : « Vous serez le grand poète allemand
qui nous manquait ». — M. Muret fait remarquer qu'il ne convient
pas d'attacher à l'opinion de l'empereur allemand une valeur ab-
solue, vu qu'il juge les œuvres d'art plutôt sur les idées qu'elles
expriment que sur la beauté intrinsèque qu'elles manifestent;
quant à lui, il attend, pour proclamer M. Schônherr un grand poète,
qu'il ait donné des preuves plus péremptoires de son génie que
Glaube und Ileimal. L. Mensch.
— 437 —
,-i HISTOIRE
l>u llliofaasaii »ii pays «les Uncklitiaris. Trois mois de
voyage en Perse, par IIenry-R^né d'Allemagnb. Paris, Uachclte,
1911, 4 vol. gr. ii)-i de vin-228, 2r,0, 271 et 323 p., avec 950 clichés dans le
texte et 259 planches hors texte, dont 'i7 en couleur. — Prix : 150 fr.
M. Hoiiry-René (l'Allemaono, dont curieux et érudits connaissent
bien les livres sur le Luminaire, sur les Jouets et sur les Cartes à jouer,
n'est pas seulement un collectionneur éniérite et du goût le plus sûr
et le plus délieat; c'est un savant admirablement préparé par ses
études d'histoire et d'archéologie à ses recherches sur l'art et le bibelot,
ne négligeant aucun détail, mais attribuant à chaque objet son
importance relative et sa place exacte. C'est ce dont se rendront bien
compte les lecteurs du superbe ouvrage intitulé Du Khorussun au pays
des Backhtiaris .
Quand, au mois d'août 11H)7, M. Henry-René d'Allemagne efTectua
le voyage dont cet ouvrage contient le récit, ce n'était pas la première
fois qu'il visitait le plateau de l'Iran. Depuis lonotemps déjà, mais
depuis un temps moins long qu'il l'eût désiré, il en avait visité les
abords septentrionaux, Samarkand et Khiva, étudiant avec le plus
grand soin les superbes monuments que conserve encore Samarkand,
et la jolie ville persane de Khiva, notant sur ses carnets tout ce qui
lui passait sous les yeux, recourant à l'appareil photographique pour
compléter ses notes et les préciser, ne négligeant aucun moyen d'infor-
mation. De même a-t-il agi quand, en 1899, il exécuta son premier
voyage dans le Khorassan; de même encore en 1907, au cours de la
mission archi'^ologique dont l'ava-it chargé Je ministère de l'instruction
publique cà l'effet de constater plus particuhèrement l'état de dété-
rioration ou de destruction des monuments que les anciens voyageurs
avaient admirés, décrits et dessinés alors qu'ils étaient encore intacts.
Mechied, Nichapoor, Veramin?, Téhéran, Koum, Kachan, Ispahan,
Djounougoun, localité de cette partie du territoire où les Backh-
tiaris ont coutume de passer l'été, puis encore Ispahan et Téhéran,
et enfin Kazvine, Recht et Enzéli, voilà les principales étapes du
beau voyage exécuté par M. d'Allemagne pour s'acquitter de sa
mission. L'itinéraire en a déjà été suivi à bien des reprises différentes;
mais on a très grand plaisir à le suivre à nouveau en compagnie de
l'érudit bibliothécaire de l'Arsenal, mn seulement à clause de la
conscience avec laquelle il note les moindres incidents de la route- —
ne tenant aucun détail pour négligeable, et arrivant ainsi à donner
ft son lecteur une impression remarquablement intense, — mais aussi
à cause de son inépuisable érudition. Des paysages, des types ethni-
ques, des monuments, des scènes de genre même illustrent de manière
remarquable ce récit de voyage, et donnent une idée très nette des
— 438 —
diiïérpntï' aspects du pays parcouru, dos populations qui y vivent,
de leur civilisation actuelle et des monuments qu'elles ont bâtis...
Toutefois, au plaisir qu'éprouve le lecteur à voyager de ville en ville
en compagnie de M. d'Allemagne, ne tarde pas à se mêler un autre
sentiment: comment, en constatant le vandalisme de tel ou tel haut
personnage persan — celui de Zil es Sultan à Ispahan en particulier —
ou encore la cupidité barbare de subalternes tels que ce gardien du
palais des gouverneurs d'Ispahan, dont l'auteur publie la photographie
à la p. 132 du tome IV, comment ne pas ressentir de la tristesse et
de l'indignation tout à la lois? l.a Perse est en train de perdre sa
parure artistique au bénéfice des musées d'Europe et des collections
des Américains, voilà ce qui se dégage des constatations désolantes
faites par M. Henry d'Allemagne au cours de sa mission, des faits qu'il
rapporte et de la juxtaposition de photographies actuelles avec des
dessins de Jules Laurens ou avec les planches de l'ouvrage de
Goste; l'œuvre de destruction se poursuit sans relâche et aura tôt
fait de dépouiller le pays de tout ce qui le rendait cher aux artistes
et aux amateurs d'art !
Telle est la conclusion, absolument navrante, qu'on ne peut pas ne
pas tirer du rapport de mission de M. d'Allemagne; aussi convient-il
de remercier le savant auteur des efl'orts qu'il a faits pour permettre
à ses lecteurs de bien connaître les monuments dont il parle, non
seulement dans leur état actuel, mais dans leur état ancien, et pour
gC rendre un compte exact de l'art industriel ou même simplement
de l'art persan sous toutes ses formes et jusque dans ses manifestations
les plus simples : briquets, plumiers, gravures populaires... De là
cette profusion d'admirables gravures — plus de 1200 — répandues
dans le texte et hors texte, qui montrent la civilisation persane sous
lous ses aspects et font facilement comprendre au lecteur un
peu attentif la beauté des oeuvres exécutées par les anciens artistes
persans, le goût et l'habileté des peintres miniaturistes, des batteurs
et des ciseleurs de métaux, des fabricants de tapis. C'est presque
exclusivement à des collections particulières, à celles de MM. Henri
Vever, Georges Marteau, du D'" Albert Figdor (de Vienne), à la sienne
propre surtout, que M. d'Allemagne a emprunté les éléments de la
remarquable illustration technique de son ouvrage; ainsi a-t-il
composé un magnifique album de l'art persan, dont l'étude ne fera
pas seulement commettre des péchés d'envie, mais permettra de con-
naître mieux et d'apprécier davantage les mérites d'un art que beau-
coup admirent surtout de confiance et par ouï-dire. Rien n'est à
négliger dans cet album, où la plus petite gravure contient im ensei-
gnement aussi bien que les planches en couleurs reproduisant avec
la plus grande perfection les plus beaux tapis, les plus merveilleuses
— 439 —
miniatures, les plus remarquables panneaux de faïence qu'aient
i*eGueillis des amateurs éclairés.
Mais, si instructives soient-elles par elles-mêmes, ces gravures le
deviennent davantage encore lorsqu'elles sont commentées aveo
précision. Aussi M. Henry d'Allemagne, soucieux avant tout de faire
œuvre utile, n'a-t-il eu garde d'omettre ce commentaire. Afin de le
rendre plus attrayant et d'éviter des redites autrement inévitables, il
l'a donn'' dans une longue Préface, aussi considérable que la relation
même du voyage de M. Henry d'Allemagne au pays des Backhtiaris
(elle occupe deux volumes sur les quatre que comprend l'ouvrage
entier), où la Perse est étudiée dans son ensemble et à tous les points
do vue ; ethnographie et sociologie, agriculture, commerce et indus-
trie, administration, etc., y sont successivement traités par l'auteur
avec le plus grand soin; seul un tableau d'ensemble de la géographie
physique du pays manque au début de l'ouvrage (l'auteur en convien-
dra sans doute volontiers tout le premier), mais qui serait, actuelle-
ment, capable de composer ce tableau? Par contre, comme il est
naturel, le côté artistique a été traité avec un soin tout particuher, et
en s'aidant des travaux déjà parus de M. Olmer, d'une notice de
M. Marteau sur les peintres miniaturistes persans, etc., M. d'Alle-
magne a fourni sur la fabrication des tapis, sur les différentes caté-
gories de ces mêmes tapis, sur le style de chaque école (t. 1, chap. IV),
Sur le mobiher, la menuiserie et la serrurerie, la coutellerie et l'ar-
murerie, la céramique, la verrerie, l'art textile et les livres à minia-
tures (t. II, chap. VII) les détails les plus circonstanciés et les plus
précis. « Il vous faut, disait naguère à l'auteur un de nos compatriotes
devenu inspecteur général des douanes du Khorassan, il vous faut
faire sur la Perse i n livre complet, bourré d'images et d'anocdotes
comme vous savez les faire; ce sera encore plus utile pour notre pays
de connaître les mœurs et les usages de la Perse, que de vous voir
rapporter quelques débris de faïence qui iront moisirdans les vitrines
d'un musée ». M. d'Allemagne, encore qu'il ait dii souffrir d'entendre
tenir un pareil langage, a retenu l'excellent conseil qu'il contenait;
hs deux volunies de sa Préface sont l'ouvrage que réclamait de lui
l'inspecteur général des douanes du Khorassan : un travail d'ensemble
auquel recourront sans cesse les spécialistes es questions persanes;
ils sont en même temps une excellente introduction au récit de voyage,
au rapport de mission, que ftontiennent les tomes 111 et IV.
^ Une précieuse bibhographie de la Perse (où nous n'avons pu relever
jusqu'ici aucune omission, sinon celle de l'ouvrage du D'" Rouire sur
la Rivalité anglo-russe ^au\x\x^ siècle en Asie : Golfe persique, frontières
de l'Inde. (Paris, ^Armand Colin, 19Q8,in-18) et une table alphabétique
des matières, placées toutes deux à la fin du tome II, complètent ce
— 440 —
superbe ouvrage, véiituble encyclopédie persane, mine inépuisable
de renseignements écrits et do documents ligures. Inépuisable, mais
non pas absolument complète. Voici, par exemple, cette question de
l'irrigation, qu'a elllourée à différentes reprises M. d'Allemagne :
nulle part le savant auteur ne nous dit s'il y a en Perse, comme
jadis dans l'Espagne musulmane, comme aujourd'hui enc-ore en
Algérie ou à Ghadamès, des principes généraux déréglementation,
une sorte de législation de la distribution de l'eau; certaines indi-
cations du tome IV (p. 196) nous le font soupçonner, mais une affir-
mation positive de M. d'Allemagne, un texte précis permettant des
comparaisons avec d'autres usages analogues ferait encore mieux
notre affaire. Le procédé d'irrigation figuré à la p. 53 du t. V n'a-t-il
pas son équivalent dans l'Afrique du nord? et les Persans, qui ne
possèdent aucun puits artésien, ne recourent-ils pas, pour l'adduction
des eaux souterraines, à ce même procédé que pratiquent les Afghans
et qui a son analogue dans les feggaguir du Touât?. . . C'est le propre
d'un ou^Tage très documenté que de suggérer des rapprochements et
de provoquer des questions nouvelles; il nous serait facile d'en fournir
de nouvelles preuves. Contentons-nous de celles que nous venons de
doimer, et proclamons bien haut, en terminant, que Du Khorassan
an pays des Backhtiaris est un travail remarquable à tous égards,
par l'intérêt et par la précision de son texte comme par la profusion de
son illustration documentaire et artistique, par ses en-têtes,
ses lettres ornées et ses culs-de-lampe, et par la beauté de son
exécution matérielle; en l'écrivant, en le pubhant, M. Hfenry-René
d'Allemagne a diî ressentir de profondes jouissances; remercions-le
de nous les faire partager et de nous communiquer si libéralement
les trésors de son impeccable érudition, comme aussi ceux de ses
riches collections, qui, sans les méfaits de la douane russe, seraient
plus riches encore. Henri Froidevaux.
Cartulaire de l'abb»ye de Saint-Saiiveiir de Vlllel*in,
publie par l'abbé L.-J. Denis. Paris, Chatnpioii ; Le Mans, A. de Sainl-
Benis, 1911, in-S de xv-227 p. — Prix : 10 fr.
'^ C'est le troisième livre du Cartulaire de Villeloin, au diocèse de
Tours; les autres sont perdus. Passé de la bibliothèque du marquis
de Lagrange, de l'Institut^ en celle du marquis de Luppé, son petit-
neveu, le manuscrit a été cédé par ce dernier à M Julien Chappée, qui
le conserve au Cogner. 156 chartes y ont été transcrites, au début du
xiv^siècle ; la plus ancienn j date du xi^ siècle; la plus récente de 1294. Un
document sur les propriétés de l'abbaye fut ajouté au xvi«; des notes,
au xviii«, par le prieur P. Brunet, qui y joignit un historique, d'ail-
leurs dépourvu de valeur, mais qu'a reproduit, avec ces réserves.
— 441 —
l'éditeur du Cartulaire; enfin plusieurs documents, d'après le char-
trier de l'abbaye, qui ne figuraient pas dans le Codex, entre autres
le diplôme de fondation, donné à Verberie, par Charles le Chauve
(27 mai 850) : M. l'abbé Denis le croit authentique d'après Hauréau,
qui le date du 20 juin. On y trouve aussi la charte de consécration de
l'église abbatiale, le 18 mai 858, par l'archevêque de Tours. La topo-
graphie, l'histoire pourront bénéficier de la publication de ces chartes.
M . Denis a pris soin d'indiquer les variantes des textes du Cartu-
laire, avec quelques-uns des originaux conservés aux ar<"hives dépar-
tementales de Tours et de Châteauroux. J. D.
PETRI cardîaaIÎB Pàzmâny ecflesîae Stri^oiiîen^is areliiepis-
copi et regiti llungariae |ii*imafii! Epietolae collectae
recensiouem Francisco Hanuy. T. il (i629-i637]. Budapestini, t3'p. rejjfiae
scienliarum Universitalis, 1911, in 4 de xvi-7y0 p., avec armoiries el fac-
aiiuilés. — Prix : 6 fr.
Le second volume de la Correspondance du cardinal Pâzmâny
qui termine la pubhcation entreprise par le D^ F, Hanuy (Cf. pour
le premier, Pohjhiblion d'avril 1911, t. CXXI, p. 317-318), s'étend
de l'année 1629 au moment de sa mort, car la dernière lettre est
datée du 11 mars 1637 et le cardinal mourut le 19 marsdelamême
année. Au cours de cette période, sinon la plus active, mais peut-être
la plus importante, de la carrière du primat de Hongrie, la corres-
pondance tient une grande place dans les occupations du cardinal et il
est heureux qu'il en ait été ainsi, car ses lettres nous initient à tous
les événements qui se déroulèrent alors et auxquels Pâzmâny, comme
prince de l'Église et comme diplomate, prenait une part active. Un
certain nombre de ses lettres sont adressées à Ferdinand II, à Fer-
dinand III, à Gabriel Bethlen, à George Râkôczi le*", à Perényi,
à Eszterhâzy, au nonce de Vienne, au cardinal Barberini, àBatthyâny,
à UrbainVIII, au grand-duc de Toscane, à Pâlffy, au duc de Parme,
au duc de Modène, au Palatin, etc., etc. Conseiller écouté de son
souverain, le cardinal aborde dans sa Correspondance tous les sujets
qui intéressent le royaume, dans son administration intérieure, alors
fort complexe, et dans ses rapports, non moins compliqués, avec
l'étranger . On y voit la fermeté qu'il sut déployer à Rome pour y
défendre les droits des cardinaux; il s'occupe aussi du droit de patro-
nage du roi de Hongrie, de la nomination des évêques titulaires par
le Roi, des privilèges du primat, etc .
D'autres lettres, adressées aux cardinaux, aux évêques, aux supé-
rieurs d'ordres, traitent de fondations, d'organisation, et l'on voit
que bien des questions matérielles sont résolues par la générosité de
Pàzmâny. Quelques lettres intimes nous initient à ses sentiments
— 442 —
d'afTection et d'intérêt pour sa famille et ses amis, à ses joies et à ses
souffrances, à ses soucis de propriétaire qui tient à bien administrer
ses domaines. Los lettres traitant de sujets sérieux,, et c'est la plus
grande partie, sont rédigées avec soin et dans un style élevé; c'est
seulement dans les lettres intimes, peu nombreuses, que le cardinal
laisse courir sa plume plus librement.
Le tome II de la Correspondance, qui renferme le testament du
cardinal, est dû, comme le premier, au D'" F, Hanuy, qui a fait de
minutieuses recherches et a pu joindre à chaque lettre — elles sont
au nombre de 593 — une note indiquant les archives où se trouve
l'original, ou encore dans quel ouvrage la lettre a déjà été publiée.
Beaucoup de lettres sont inédites, quelques-unes n'étaient pas con-
nues. Sauf de rares exceptions, toutes sont écrites en latin, ce qui
en permet la lecture à un très grand nombre de personnes. Le tra-
vail si bien documenté du D^ Hanuy facilitera la tâche de ceux qui
voudront connaître la vie, les œuvres et aussi le caractère du cardinal
Pâzmâny. E. H.
Histoire de la eharîté, par Léon Lallemand. T. IV. Le$ Teynps mo-
dernes du îV!« nu xix^ siècle. Seconde partie. Ewope (suite). Paris. A. Pi-
card et fils, 19i2, iu-8 de 528 p. — Prix : 7 fr.50.
M. Léon Lallemand continue à publier régulièrement son Histoire
de la charité avec sa vigoureuse méthode des recherches immenses
et une sûre érudition. Dans l'ordre des œuvres et des établissements
charitables, c'est un livre classique qui sera toujours consulté avec
grand profit. Ce tome IV, qui a encore pour cadre l'Europe avant le
xix^ siècle, s'occupe des « Assistances spéciales, du soulagement des
prisonniers et du rachat des captifs, des secours à domicile, des ate-
liers de charité, des Monts-de- Piété ».
Une particularité qui plaira certainement aux bibliophiles :
l'ouvrage est imprimé en très beaux caractères sur papier teinté,
genre Chine. Avec une reliure appropriée, il pourra être classé parmi
les li\Tes d'une bibliothèque composée con amore.
Dans cette très remarquable histoire nous avons « un tableau d'en-
semble montrant ce que l'humanité souffrante doit aux enseignements
divins du Christ ». (T. IV, p. 517.) Louis Robert.
niénidiref^ du président Hénault. Nouvelle édition complétée,
corrige- et aunut-^e par François Rousîbau. Paris, Hachette, 1911, iii-8
de xx-457 p. — Prix : 10 fr.
C'est une vie bien longue et bien remplie que celle du président
Hénault. Né en 1685, mort en 1770, il a vu les dernières années de
Louis XIV et, presque en entier, le long règne de Louis XV. Fils d'un
— 443 — '
fermier général, entré dans la magistrature, homme de lettres, histo-
rien, il a connu tous les principaux personnages de son temps, dans
le monde financier et dans le monde parlementaire, dans le monde
politique et dans le monde des lettres, voire même dans le monde
aristocratique. Protégé du cardinal Dubois, il a été le surintendant,
l'homme de confiance, l'ami de la pieuse reine Marie Leczinska.
Il a été l'oracle du salon de M"^^ du Deiïand, le correspondant de
Voltaire, qui lui a adressé des vers. Il a connu, comme dit spirituelle-
ment l'éditeur de ces Mémoires, « la bonne et la mauvaise compagnie,
les dévots et les libertins, la Cour et le monde du Palais «.Il a donc vu
beaucoup d'hommes et beaucoup de choses et il a pu facilement écrire
« ce que ses yeux ont vu ». Ses Mémoires sont donc précieux par les
événements qu'il raconte, les détails qu'il donne, les petites intrigues
qu'il dévoile et les jugements qu'il porte. Ils sont cependant parfois
un peu fatigants à lire, par leur manque de méthode : l'auteur ne suit
ni l'ordre chronologique ni l'ordre des personnages, et la trame fantai-
siste de ses récits déroute un peu le lecteur, de même que la vivacité
de ses affections altère parfois la perspicacité de ses jugements.
C'est ainsi qu'à ses yeux, Louis XV est « le meilleur de nos rois »,
Marie Leczinska « une des plus grandes reines qui aient régné » et
Maurepas presque un ministre de génie, toutes appréciations que
l'histoire n'a guère pu ratifier. Ces exagérations d'ailleurs n'enlèvent
rien à l'intérêt de ses Mémoires. Une première fois, en 1855, un arrière-
neveu du président Hénault, M. le baron du Vigan, les avait publiés.
Mais il y avait, dans cette édition, des erreurs nombreuses, des altéra-
tions de noms, des omissions, des lacunes. Plusieurs fragments consi-
dérables étaient sortis de la possession de la famille et certains histo-
riens du président, MM, Lucien Pérey et Henri Lion entre autres,
en avaient eu connaissance et s'en étaient servis. Une édition plus
complète et plus correcte s'imposait : c'est celle qu'a tentée et par-
faitement réussie M, François Rousseau. Aux Mémoires proprement
dits, il a ajouté des appendices considérables, sur le cardinal Fleury
et le cardinal de Tencin, sur la disgrâce du maréchal de Villeroy, sur les
travaux et les conflits du Parlement et notamment sur sa translation
à Pontoise en 1720. Il a tenu surtout à éviter un reproche qui avait été
fait à juste titre à l'édition de M. du Vigan, le manque d'éclaircisse-
ments. Il a, au contraire, enrichi son édition de notes très nombreuses
et très complètes qui ont dû lui demander des recherches longues et
minutieuses et qui aident puissamment le lecteur,
Max. de la Rocheterie,
- 4 '.4 —
lia lfa«ite-.4uYrr{fiie à la fin de l'aveien régime, notes de
gcograpkxf économique, ]iar GaBRIRI. ESQUBr. Paris, Chaiii[iioii. !011, in-8 de
XI 1-307 p. — Prix : 1 fr. r>0.
M. Gabriel Esquer a eu une excellente idée : il vient de publier les
Observations des contrôleurs du dixième et du vingtième de la Haute-
Auvergne, entre les années 1711 et 1787, suivies d'extraits des procès-
verbaux des assemblées d'élections. Il serait à souhaiter que son
exemple fût suivi : nous aurions ainsi tous les éléments d'un état
vrai des provinces à la tin du xviii^ siècle, La Haute- Auvergne était
une province pauvre. Le sol y était généralement maigre, les routes
escarpées et rares, les communications difficiles, le climat froid et
rigoureux. « Dans la capitale de la proA^ince, à Saint-Flôur, dit un
rapport, on a, en hiver, toutes les peines du monde à sortir des mai-
sons. » Sur quatre-vingt-six paroisses, treize seulement ont une terre
fertile, où Ton peut cultiver le froment, dans les autres on cultive le
seigle, et dans les meilleures même, les récoltes sont « très casuelles »,
à cause du froid. Les prairies valent mieux, et, dans l'élection de
Mauriac, à Salers, on élève beaucoup de vaches et l'on fait le com-
merce des fromages. Ce sont les châtaigniers qui sont la principale
ressource et fournissent en grande partie la nourriture des habitants.
Les poids et mesures varient non seulement de province à pro-
vince, mais presque de commune à commune et constituent ainsi une
grosse difficulté pour les transactions.
Dans ces conditions, les habitants de la Haute- Auvergne émigrent
en grand nombre. Les uns partent après la récolte et vont dans les
pays voisins, jusqu'à Paris, exercer le métier de chaudronniers, de
maçons, de porteurs d'eau, ils en reviennent en mai ou juin; habitude
qui n'est point encore perdue de nos jours. Les autres vont plus loin,
jusqu'en Espagne, et ne reviennent qu'au bout de cinq ou six ans,
après avoir fait une petite fortune. Cette désertion momentanée du
pays préoccupait les assemblées d'élection.
Quant aux habitants, les contrôleurs sont plutôt sévères pour eux :
si ceux d'Aurillac sont « fort dociles », ceux d'AUanches sont « rustres
et méchants », ceux de Murât sont « laborieux, mais rustres », ceux
du Falgout sont « d'un commerce difficile et peu francs »; mais ce sont
les habitants de Saint-Flour qui sont le plus durement appréciés :
ils sont (( très sauvages, grossiers, impolis. .., grands ivrognes, mal-
propres et fort paresseux ». Qu'avaient-ils donc fait à MM. les con-
trôleurs Estadieu et de Sauvât?
M. Esqucr avait eu l'intention de faire \m travail d'ensemble sur la
situation économique de la Haute-Auvergne, à la veille de la Révolu-
tion. Son changement de résidence l'a empêché de donner suite à ce
projet. Nous le regrettons sincèrement. Max. de la Rocheterie.
— /^-^,^l —
JLes ClasiieB rurales en Siavoie an X.VI1I* «iècle, par Fran-
çois Vbrmalb. Paris, Leroux, l'JIl, in-8 de 327 p., avec 2 planches. —
Prix : 7 fr. 30.
Cotte très intéressante étude ne s'applique pas ù la Savoie toute
entière, mais à la Savoie- propre, c'est-à-dire à la région de Ghambéry,
au pays des Bauges, à la Chautagne, aux mandements d'Aix, d'Yenne,
de Pont de Beauvoisin, de Beaufort, etc. Quelle était, dans ce pays,
la situation des classes rurales au xyiii^ siècle et aux approches de la
Révolution? C'est ce que l'auteur examine à l'aide de très nombreux
documents dépouillés dans les archives publiques et les archives
particulières, spécialement celles du cliâteau de la Motte-Servolex,
dans une série de chapitres sur la condition personnelle du paysan,
l'organisation de la propriété fon( ière, l'exploitation seigneuriale et
bourgeoise des classes rurales, l'administration et la justice royales,
la Savoie agricole et sociale au xviii<^ siècle. Des diverses classes de
la société, la noblesse était singulièrement déchue : appauvrie par len
guerres, elle avait dû vendre une grande partie de ses terres qui étaient
devenues la propriété de la bourgeoisie, élevée grâce aux places judi-
ciaires et civiles. La plupart des droits féodaux n'existaient plus, sauf
les droits de servis et laods. Les paysans aussi étaient devenus pro-
priétaires : un très curieux tableau, dressé par M.Vermale, montre la
propriété paysanne égalant presque à elle seule la propriété de la
noblesse et de la bourgeoisie. Le clergé régulier était en décadence,
notamment la grande abbaye de Hautecombe; le clergé séculier
n'était pas riche; la dîme était essentiellement variable et ne dépassait
guère généralement le vingtième. Les durs de Savoie, devenus rois
de Sardaigne, avaient aboU la taillabilité « personnelle », puis, ce
qui était plus important, la taillabihté « réelle ». Ils avaient remplacé
la justice seigneuriale par la justice royale, dont le Sénat
était, de l'aveu de tous, la « plus haute expression » avec des hommes
comme le président Favre, l'ami de saint François de Sales, et le
comte de Maistre, et l'administration seigneuriale par l'administra-
tion des intendants. Des princes comme Victor-Emmanuel 11, Charles-
Emmanuel, N'ictor-Emmanuel III étaient animés d'un sincère désir
de réformes; mais ces réformes froissaient des intérêts, dérangeaient
des habitudes et rencontraient en Savoie une vive opposition. La
noblesse, qui était revenue habiter ses terres et y réalisait d'impor-
tants progrès agricoles, — l'auteur cite spécialement sous ce rapport
le marquis Costa,— était hostile à ces changem.ents qui annihilaient son
autorité. Le peuple, écrasé par les nouveaux impôts que nécessitaient
les réformes, ne leur était pas plus favorable. Et la Savoie, en général,
détestait les intendants qui les exécutaient parce qu'ils étaient pour
la plupart piémontais. Un grand nombre de Savoyards que la misère
— 446 —
avait poussés à éiiiigrcr en France et qui y avaient fait fortune, ren-
traient dans leur pays, imbus des idées nouvelles et avides de chan-
gement. Et lorsque la Révolution française éclata et envahit la
Savoie, elle trouva un terrain tout préparé pour la recevoir.
Tel est le résumé, en quelques lignes, de ce volume qui a dû coûter
à l'auteur de longues et laborieuses recherches. On le lira avec plaisir,
d'autant plus que M. Vermale a eu la très ingénieuse idée de le faire
suivre d'un Index explicatif de quelques termes particuliers au droit et
à la fiscalité savoisieniie, qu'on aurait eu de la peine à comprendre
sans cela. Max. de la Rocheterie,
Delpliniie de Satoraii, marquise de Cuatiiie, par (Uston Mau-
GraS et le comte P. diî Crozk-Lkmrrcier. Paris, Plon-N'ourrit, 1912, in-8
de v(-576 p., avec portrait. — Prix : 7 fr. 50.
Quelle que soit l'opinion que l'on conçoive surla légèreté des grandes
dames de la fin du xviii^ siècle, elle sera confirmée, en bien et en mal,
par l'exemple de Delphine de Sabran. Il est impossible d'allier plus
de grâce et de frivolité, plus d'impudeur morale et de « sensibilité »
amoureuse à autant de bonne humeur, de courage et parfois même
d'héroïsme dans une vie semée de mille traverses sociales et domes-
tiques, de chagrins de cœur et de déceptions de l'esprit. Tout cela
sous une forme infiniment séduisante, primesautière et au miheu des
relations les plus hétéroclites qui vont de Marie-Antoinette à Fouché,
de Joséphine de Beauharnais à Chateaubriand. Ce dernier joue un
rôle considérable dans l'existence delà marquise de Custine et il paraît
d'un égoïsme,d'une méchante humeur, d'une personnalité grondeuse,
à un degré rare, quoiqu'on en sache déjà et qu'on en soupçonne. Pour
peindre ces tableaux successifs d'une vie très mouvementée, M. Gas-
ton Maugras, connaisseur expert et raffiné de cette époque, nous
menant à travers les boudoirs du temps de Louis XVI, les cachots de
la Terreur, les châteaux du premier Empire et les salons de la Res-
tauration, M. Maugras a utilisé des documents précieusement col-
lectionnés par son ami le comte de Croze et des correspondances
intimes déjà publiées en partie par MM. Bardoux, Prat, de Robe-
thon, etc. Cet ensemble forme un récit très agréable, d'un style facile
et simple, d'une moralité indulgente. Il y a là, encore une fois, des
rapprochements et des contrastes extraordinaires; des vues pré-
cieuses sur le renouveau social en province (en Normandie), après la
Révolution; des détails très caractéristiques sur le « monde » au
commencement du xix*' siècle. Les lettres de M'"^ de Custine ont un
charme piquant par leur franchise et leur tour élégant. Cette lecture
est à la fois captivante et triste par l'agrément des choses et l'étrange
faiblesse morale des personnes. Geoffroy de Grandmaison.
^ 447 —
L'Industrie de la bonelierie à Paris pendant la Kévolu-
tion, par Hubert Bourgin. Paris, Leroux, 1911, gr, in-8 de InO p. —
Prix : 4 fr.
On a beaucoup écrit sur la Révolution. On a fait son histoire poli-
tique, son histoire militaire, son histoire littéraire, son histoire judi-
ciaire, son histoire artistique. Mais on n'a point fait encore son his-
toire industrielle et économique. C'est une lacune qu'entreprend de
combler aujourd'hui un savant professeur agrégé de l'Université,
M. Hub'^rt Bourgin, et il débute par l'histoire d'une des plus impor-
tantes branches du commerce de la capitale : de la boucherie à Paris,
pendant la Révolution.
Comme toutes les industries et comme tous les commerces de
France sous l'ancien régime, la boucherie était fortement régle-
mentée avant 1789. C'était une corporation puissante, mais fermée.
Le boucher vendait toutes les viandes crues, même celle de porc. Le
charcutier avait bien le droit de vendre de la viande de porc, mais
cuite et travaillée. Les marchés étaient réglés; le rôle des divers inter-
médiaires entre le boucher et le producteur bien défini. La Révolu-
tion détruisit les corporations et aboht les privilèges. Mais il en résulta
un désordre forcé, les approvisionnements se firent mal; il fallait de
la viande non seulement pour la capitale mais pour les armées, et
sous la pression de la nécessité, les règlements furent rétabhs; ils
furent même poussés à l'extrême et l'on décréta pour la boucherie,
comme pour tout le reste, la déplorable loi du maximum. Comme
spécimen de réglementation à outrance, on ne saurait trouver mieux
que l'arrêté du comité de salut public du 4 vendémiaire an III.
Malgré tout, le manque de viande fut souvent terrible àParispendant
ces sombres années et les rapports des «observateurs de l'esprit public »
n'eurent que trop fréquemment à peindre leslonguesqueuesdesména-
gères à la porte des bouchers. Le Consulat remit les choses en ordre,
assura les approvisionnements de Paris et rétablit la corporation des
bouchers. La réglementation, incertaine pendant les premières années
de la Révolution, devint plus fixe et plus nette; mais, comme le
remarque justement l'auteur, elle ne résulta pas de l'arbitraire admi-
nistratif, mais des nécessités et des exigences du pubhc, « des modi-
fications introduites dans» la vie urbaine, dans les rapports entre
industriels et consommateurs et dans leurs besoins ».
Nous terminerons par un vœu : c'est que l'étude entreprise ici pour
la boucherie soit étendue aux autres branches d'industrie de la capi-
tale; ce serait un contingent précieux à « l'histoire de Paris ». Ajou-
tons que l'Académie française vient de reconnaître le mérite de
cet ouvrage en lui accordant un de ses prix.
Max. de la Rocheterie.
— 448 —
l'hAtestiiliriaiid, par Jui.Bs Lbmaitre. 7« édition. Paris, Calmann-Lévy,
s. d. ,1012', iu-i8 de 346 p. — Prix : 3 fr. 50.
Ii'£\périenee religieuse (te Cliateaubriand, par Alexandre
Pons, l'aris, Lotliielleiix, 1912, in-l2 de xxx[x 261 p. — Prix : 3 fr. 5*^.
4'li«tea«al)riauil auibns*«Mdeur A Londres (tHtH), d\^près ses
depches inédites, -par \e comle d'Antioghb. Paris, Perrin, 1912, iii-8 de
449 p. — Prix : 7 fr. 50.
Tout le monde connaît aujourd'hui les conférences de M. Jules
Lemaître sur Chateaubriand. Les uns en ont été les auditeurs, les
autres les lecteurs; chacun retrouvera dans le présent volume le
texte précis de ces études éloquentes et passionnées, passionnantes
et controversées. Plus d'un a reproché à M. Lemaître ce goût carac-
térisé où se plaît son rare talent de découronner des gloires
littéraires; pour Racine ce fut de la surprise, pour Fénelon de
l'émoi; à propos de Chateaubriand, plus d'un a ressenti des
regrets et parfois de l'indignation. Il est certain que le spirituel
critique fait effort pour découvrir le défaut des cuirasses et, l'ayant
trouvé, il y enfonce le poignard. Tel est « l'esprit » qui préside
à ses analyses littéraires, morales et politiques du caractère, de la
carrière, des œuvres de Chateaubriand. Cette irrévérence porte avec
elle une certaine tristesse. Chateaubriand n'en sort pas grandi;
mais, malgré toutes les preuves rapportées ou découvertes de son
orgueil, de ses faiblesses, de ses anomalies, il reste le flambeau
qui a éclairé les intelligences de son époque et imprégné éle son
influence magnifique les générations du xix^ siècle tout entier.
La critique mordante de- M. Jules Lemaître renversera-t-elle l'idole?
Et le pourquoi de cet effort est-il justifié? Adhiic siib jiidice lis est.
Le réquisitoire est sans doute plein d'esprit, et dix conférences
n'épuisent pas l'agrément de cette éloquence raffinée.
— AL l'abbé Pons répond par la négative sans hésiter et il ap-
porte un plaidoyer adroitement composé par l'accusé lui-même;
il montre, par des passages empruntés aux diverses œuvres de Cha-
teaubriand, le chrétien que fut l'auteur des Martyrs. Ces citations
offrent déjà le charme de nous remettre sous les yeux et dans
l'oreille d'admirables pages tirées en grande partie des Mémoires
d' outre-tombe et du Génie du christianisme. Des sous-titres met-
tent en vedette les sentiments exprimés; une Introduction précise
la pensée de M. Pons et une Bibliographie, peut-être incomplète,
apporte son contingent aux renseignements qui nous sont fournis.
La conclusion se dégage nettement en faveur du célèbre écrivain.
— C'est sur le terrain historique que le suit M. le comte d'An-
tioche, en localisant même à l'ambassade de Londres, en 1822, le
rôle diplomatique de sa carrière politique. Mais, pour nous bien
faire comprendre cette mission, il nous raconte d'abord celles dont
— 449 —
i'urent chargea les prédécesseurs immédiats du noble vicomte : le
comte de la Chastre (1814-1815), le marquis d'Osmond (1815-1817),
le général de la Tour-Mau bourg (1818-1819), le duc Decazes et com-
ment tint l'intérim, le comte Georges de Caraman (1820-1821 ).Alors
apparaît Chateaubriand (a\Til 1822), envoyé pour maintenir la paix
entre Paris et Londres, à travers les difficultés de la question d'Es-
pagne, des aiïairos d'Italie, ébranlée par les complots révolutionnaires,
du conflit russo-turc et du soulèvement pour l'indépendance des
colonies espagnoles. Choses graves et délicates qu'il n'eut pas le loisir
de mener jusqu'au bout, car il quittera Londres pour se rendre au
congrès de Vérone, représentant de la France, avec l'éclat que l'on
sait. Une foule de dépêches inédites, de documents recueillis avec soin,
une heureuse habitude de la « carrière », un sens historique délié, un
grand scrupule de la pureté des sources, le tact d'un homme du monde
et l'agrément d'un style simple et net apportent au liv-re de M. le comte
d'Antioche une valeur que nous devons louer et qu'il faut saluer
comme la caractéristique d'une oeuvre pleine d'intérêt et de mérite.
Geoffroy de Grandmaison.
Frédéric Ozanaui, d'après sa correspondauce, par Mgr B\u-
NARD. Paris, J. de Gigord, 19i2, in-8 de xx-6to p., avec portrait,.— Prix: 5 fr.
Frédéric Ozanam, par Mgr Alfked Baudrillart. Paris, Bloud, 1912,
in-16 de 84 p (Collection Science et religion). — Prix : 0 fr. 60.
Pendant le demi-siècle qui s'est écoulé depuis'sa mort, Ozanam a
reçu d'innombrables hommages : je connais un élève qui, à peine
sorti du collège, consacra les prémices de sa carrière littéraire
à cette noble et sympathique figure. Malgré tout il restait à péné-
trer plus avant dans l'intimité de cette existence de chrétien et
d'apôtre, à mettre en relief la piété si édifiante qui, tour à tour,
illumina ses heures de joie et consola ses jours d'épreuve. Ozanam fut
<( un homme d'- Dieu » dans toute la force de l'expression, et l'effica-
cité de son action fut et demeure en rapport direct avec le rayon-
nement de ses vertus.
Nul ne s'étonnera que cette tâche ait été confiée de préférence au
prélat éminent dont la parole et la plume ont célébré tant de héros
du Catholicisme, honneur de la France du xix^ siècle. C'est dans la
Correspondance d'Ozanam que Mgr Baunard a puisé à pleines mains;
et, en effet, quelle mine féconde ! que de confidences touchantes !
que de réflexions profondes ! que d'exhortations victorieuses ! et par-
dessus tout, quel amour admirable de Dieu et du prochain !
Ce livre, œuvre vivante d'un vieillard de 83 ans, peut être défini
une vaste et splendide oraison funèbre, avec tout l'éclat et toutes les
Novembre 1912. T. CXXV. 29.
— 450 —
difficultés du genre. On pouvait craindre que ces 600 pages ne parussent
longues. L'intérêt n'en faiblit pas un instant.
— Courte et rapide, la brochure trouve plus aisément des lecteurs.
Chez Ozanam^ c'est l'apologiste qui a retenu particulièrement l'at-
tention de Mgr Baudrillart. Nommé à vingt-sept ans professeur en
Sorbonne, le chef des jeunes cathohques de ce temps s'y affirma dès
le premier jour comme le défenseur convaincu et l'éloquent inter-
prète de sa foi. D'accord avec l'orientation intellectuelle de la
période romantique, il remonte au moyen âge, par lui comparé
aux îles enchantées décrites par les poètes. « On y aborde seule-
ment en passant, et pour quelques heures : on y reste captivé
par le charme des faits, des mœurs, des traditions. « Et il ajoutait :
« Je ne connais rien de plus surnaturel, et qui prouve mieux la
divinité du christianisme que d'avoir, en pleine invasion barbare,
sauvé l'esprit humain-». Au service de sa double vocation éru-
dite et religieuse, Ozanam devait mettre quatre qualités qui ne
se trouvent que bien rarement réunies en un même homme : la
science, l'autorité morale, l'éloquence et la poésie. C'est là le plan
\Taiment complet que Mgr Baudrillart développe avec d'autant plus
de succès qu'il a apporté lui-même dans l'étude des temps modernes
des préoccupations très voisines de celles qui ont dicté jadis à Ozanam
sa Philosophie de Dante et sa Civilisation chrétienne au v^ siècle.
C'est aux jeunes travailleurs de nos établissements d'enseignement
supérieur et spécialement de nos Instituts catholiques que s'adressent
ces pages. Ils y trouveront tout ensemble une direction éclairée pour
leurs recherches et une sohde confirmation de leur foi. C. Huit.
Réeîtg de J|uei*4*e. Histoire d'une compagnie de zouaves pendant la guerre
de 1870 {armée de la Loire et armée de CEst), par le général Brunbau. Paris,
Galmanu-Levy, s. d., [1912], in-18 de 320 p. — Prix : 3 fr. tO.
lia Défeuse «le Besançon. Journal d'une ambulancière {4870--I871),
par Isabelle Febvay. Paris, Challamel, 1912, in-18 carré de 238 p. —
Prix : 3 fr. 50.
Voici, largement brossés, deux tableaux de l'Année terrible. Nous
devons le premier à un général qui parle en lieutenant et en capitaine,
ce qu'il était alors; le second se présente sous la forme d'un Journal,
écrit par une femme des plus distinguées, que j'ai aperçue de
loin à Besançon, en mes jeunes ans, et dont le mari fut secrétaire
général de la préfecture du Doubs de 1868 à 1873.
En septembre 1870, le sous-lieutenant Bruneau quittait l'Algérie
avec des volontaires pour les zouaves. La discipline de ces recrues
laissait beaucoup à désirer; mais enfin, après avoir failli, à deux
reprises, être assassiné par de mauvais drôles, il arriva sain et sauf à
— 451 —
Antibes. Passé lieutenant à l'ancienneté, M. Bruneau, dès novembre,
rejoignait, avec sa compagnie, le 15^ corps à Tarmée de la Loire, dont
il partagea la mamaise fortune. L'auteur, qui rapporte les faits et
gestes d'un officier subalterne, se garde d'aborder les questions de
haute stratégie; il critique cependant quelques chefs qui ne valaient
pas cher, mais il peint surtout les souffrances de ses soldats et les
siennes propres, et il n'hésite pas à placer sous un jour cru certaines
populations du centre, égoïstes, inhospitalières et dures pour nos
malheureux troupiers, il raconte même, dramatiquement, un épi-
sode de trahison : un meunier du pays, au moyen des ailes de son
moulin disposées de façon particulière, prévenait l'ennemi des mou-
vements des Français, ce qui faisait échouer les diverses combinai-
sons de ceux-ci. Triste ! en vérité... Et quand, autour de lui, il con-
temple la misère, le découragement et la mort, il se laisse aller à
évoquer la pensée des «grands ancêtres», des représentants aux
armées de la Révolution, qui savaient payer de leurs personnes, alors
que la Délégation de Tours se bornait à commander à distance, en
aveugle.
Nous arrivons ainsi à la page 108; de cette page jusqu'à la fin du
volume, c'est le récit de la deuxième campagne de l'Est, vue du rang,
par les petits détails, et qui aboutit à la retraite de farmée de Bour-
baki sur Pontarher et à son passage en Suisse. Avec entrain, M. Bru-
neau, qui, entre parenthèses, se loue hautement de l'excellent accueil
des populations franc-comtoises, — « de bons Français», dit-il, — raconte
les diverses actions auxquelles il a pris part : le combat d'Arcey, les
batailles sur la Lizaine, puis finsuccès final et la déroute, dans la quelle
il ne fut pas longtemps entraîné, car il parvint avec sa compagnie
(il était alors capitaine) à gagner Sahns, ville ouverte, mais dominée
de haut par les forts Saint-André et Berlin, qu'il contribua à défendre
victorieusement.
Le livre du général Bruneau est pétri d'esprit, de fine etsohde obser-
vation et de bonne humeur, en dépit de la tristesse du sujet. C'est
aussi, et au plus haut point, une œuvre de patriotisme éclairé et fort,
qui mérite d'être lue et relue.
— ^Aveo M^^^*^ Isabelle Febvay, nous entendons un autre son de
cloche, Ce n'est plus le récit, souvent vertigineux, du soldat qui, pour
défendre le territoire envahi, se sert aussi bien du fusil que de l'épée
et même, quoique zouave, du canon ! Et cependant le Journal d'une
ambulancière, précédé d'une éloquente Préface du général Hardy
de Périni, revêt, au même degré que l'ouvrage du général Bruneau,
le caractère des choses vécues, car les deux écrivains ont été, de ma-
nière différente, c'est entendu, acteurs dans le grand drame dont le
souvenir ne doit jamais s'effacer des mémoires françaises.
— 452 —
Lorsque M"^® Febvay publia dans le Correspondant du 10 mars 1911
un frasmPnt de son Journal, le Polybiblion , en signalant ces quelques
pas'Gs. exprimait le désir de voir paraître bientôt le document en son
entier. Ce souhait, aujourd'hui, se trouve réalisé, et nous en remer-
cions l'auteur. Celle-ci a consigné, jour par jour ou peu s'en faut,
depuis le 4 septembre 1870 jusqu'au 22 mars 1871, tout de qu'elle a vu
et entendu — elle était bien placée pour voir et entendre — et tout
ce qu'elle a été à même, avec d'autres femmes dévouées, de faire pour
soulager la misère et les souffrances des malades et des blessés amenés
à Besançon, lesquels , lors de la retraite de l'armée de Bourbaki, attei-
gnirent le chiffre de 15.000! Les treize chapitres de ce volume pré-
sentent, en raccourci, avec l'impression du moment, les événements
mihtaires et politiques qui se sont déroulés à Besançon, en Franche-
Comté, à Belfort, même à Paris, pendant l'invasion allemande. Les
dernières pages sont occupées par des pièces annexes concernant le
capitaine de vaisseau Rolland qui, en qualité de général au titre auxi-
liaire, a été, on ne pourra jamais le répéter assez, l'âme de la défense,
ou, pour parler plus exactement peut-être, l'organisateur énergique
et avisé des préparatifs de défense de Besançon contre les Allemands
en 1870-1871. E.-A. Chapuis.
Aprèiii le traité f9*Hn!'o-alleniaudl. Kt tnninteuant? ... Kie
Désarineittent ou la guerre, par le capilaiii-e Pierre Félix.
Paris, Grasset, lyil, iu-8 de 10S p. — Prix : 1 fr.
Il y a quelques fort bonnes choses dans cette brochure dont
l'idée maîtresse est que l'hégémonie de l'Allemagne est une menace
imminente pour la paix et pour la civilisation et que la politique
des trois puissances qui composent la Triple Entente : France,
Angleterre et Russie ne doit pas avoir d'autre but que de détruire
la puissance militaire du jeune empire, avant que, par l'elTet de son
développement naturel, il ne soit en mesure de passer outre à là
volonté des puissances qui représentent l'intérêt du monde civilisé.
Le coup d'Agadir est une preuve que, dans l'état actuel de l'orga-
nisation des forces politiques et militaires du monde, la brutalité
allemande peut à chaque instant entraver toute œuvre civilisatrice
et porter atteinte aux droits et aux intérêts les plus légitimes.
Malheureusement, l'auteur consacre la plus grande partie de son ou-
vrage à envisager un certain nombre d'hypothèses pour le moin»
un peu risquées; ainsi il considère presque comme vraisemblable
le consentement bénévole de l'Allemagne au désarmement et au
sacrifice de sa puissance militaire devant l'ultimatum de ses trois
voisins. C'est faire un peu bon marché de l'honneur mihtaire d'un
État que nous avons certes le droit de détester et le devoir de
— 453 --
combattre jusqu'à la dernière extrémité, mais que, cependant,
nous ne pouvons pas mépriser à ce point. Puis M. Pierre Félix,
organisant le monde à sa guise, après la destruction supposée de
la puissance allemande, tombe dans les utopies bien connues du
tribunal arbitral international, de la limitation des armements, de
la gendarmerie internationale substituée aux armées nationales,
etc., etc.
11 est assez piquant de voir un écrivain, qui paraît aussi éloigné
que possible de là détestable école pacifiste, tomber en définitive
dans les mêmes erreurs que les tenants de cette école. Tant il est
vrai que, surtout en politique, les extrêmes tendent toujours à se
rapprocher. 11 me sera permis d'ajouter qu'on ne peut lire sans
en être choqué l'indication de la qualité d'officier en activité et
même de la position précise de l'auteur dans un régiment déterminé
au-dessous de la signature d'tne brochure essentiellement pohtique.
De nouveaux règlements ont peut-être permis de tels errements; ils
sont détestables et pernicieux pour la discipline et le respect de la
hiérarchie mihtaire. L'armée n'est pas faite pour élaborer des com-
binaisons politiques et diplomatiques. Ses forces intellectuelles
doivent être uniquement consacrées à préparer la victoire et ses
forces affectives à entretenir dans le cœur des générations qui
passent par ses rangs le souvenir de la défaite qui n'est pas encore
vengée et le culte de la gloire qu'elle rendra un jour à nos éten-
dards. Il n'est pas de plus belle tâche. Elle suffit aux plus hautes
ambitions. Eugène Godefroy.
lia Crise françaiae. Fait». Cause». Solutions, par André
Chèradame. Paris, Flon-Nourrii, 1912, in-16 de vui-702 p. — Prix : 3 fr. 50.
Tous les observateurs dénoncent, à l'heure actuelle, dans notre
pays, un malaise, des inquiétudes, que n'a pas peu contribué à
aggraver une période de difficultés extérieures sans cesse renouve-
lées. Mais beaucoup de Français ne se rendent pas exactement
compte de la portée des graves symptômes qui s'accumulent au-
tour d'eux; les plus perspicaces n'ont souvent qu'une intuition
confuse de la situation et de ses incohérences. Après avoir eu la
bonne fortune de pouvoir étudier sur place, en Europe, en Asie,
en Amérique, le fonctionnement des divers systèmes politiques,
M. André Ghéradame s'est cru suffisamment préparé pour nous
donner, sur les éléments essentiels de la crise dont nous souffrons
tous dans notre patriotisme et nos intérêts, et sur les problèmes
qu'elle soulève, des documents inattaquables. Son hvre est un réper-
toire précieux des faits importants q\n ont concouru à créer en
France la désorganisation politique, sociale, morale, militaire. A la
lueur des événements qui ont accidenté notre vie nationale, il pré-
cise les causes de l'anarchie régnante, contre laquelle se manifeste
en ce moment un si vif mouvement d'opinion. Grâce à la dispo-
sition de la table et aux indications marginales, le lecteur est en
mesure de se renseigner aisément, d'un simple coup d'œil, sur les
moindres détails de l'histoire la plus récente.
M. Chéradame s'occupe aussi des menaces de guerre et de la faillite
de l'idée républicaine. Tout en convenant que la République est
en danger et que la réforme du scrutin ne remédiera pas au mal,
M. Chéradame se prononce pour le maintien du système. Cette
conclusion ne laisse point de paraître légèrement en désaccord avec
les prémisses. M. Chéradame nous semble aussi beaucoup attendre
du « boy-scoutisme » qu'il est question d'introduire chez nous.
Est-il nécessaire de rappeler que cette institution est d'origine et
d'inspiration maçonniques? Le but réel des inspirateurs occultes de
cette association est de soustraire la jeunesse française à toute in-
fluence religieuse. Le mobile patriotique n'est qu'un prétexte. Ail-
leurs, M. Chéradame demande que, pour favoriser l'union de tous
les Français, le gouvernement mette un terme aux luttes religieu-
ses, « ou tout au moins, dit-il, en atténue l'importance dans la
plus large mesure possible ». Ce vœu nous paraît vraiment trop mo-
deste. Mais M. André Chéradame appartient à cette école d'écono-
mistes et de philosophes qui s'imaginent qu'un pays peut conjurer
avec de « bonnes lois » le mal qui le ronge. C'est là vme philosophie
superficielle. Autant la critique de la société actuelle nous paraît
judicieuse, autant la thérapeutique que propose M. Chéradame
nous semble insuffisante. Oscar Havard.
€'''Unie vive il popolo a Roina. Sriggio demografico del quartiere
Testaccio, da UOMBNiGO Obano. Pe-cara, Etlore Croie, 1912, in-3 de xxi-
926 p., avec un plan. — Prix : 4 fr.
Secrétaire, puis président d'un institut d'éducation populaire dans
ce pauvre et populeux quartier de Rome, si mal famé, promoteur de
plusieurs œuvres d'assistance, d'ailleurs imbu d'idées sociales très
laïques et très avancées, l'auteur n'est pas suspect d'hostilité à la
Rome italienne, à la terza Roma. D'ailleurs, historien de carrière,
habitué à manier les documents, à les contrôler, méthodique et sûr,
il mérite confiance. Son gros livre, richtmfnt documenté, bourré
d'érudition et de statistiques, de renseignements précis et indiscu-
tables, est un réquisitoire formidable contre la société bourgeoise et
les sociétés capitalistes qui permettent l'installation de toutes pièces,
sous leurs yeux, d'un quartier tout neuf et inhabitable, où les conditions
d'hygiène sont audacieusement méconnues, où le « taudis »■
paraîtrait un paradis rêvé (des chambres partagées, dortoir et cui-
sine à la fois, entre deux et trois familles !), où la famine est le régime
normal, où l'ouvrière est payée cinquante centimes la journée, où le
paupérisme s'étale et s'accroît. Les quatre chapitres de ce livre —
enquête sur les habitations ouvrières du Testaccio, hygiène de la
maison et de la vie ouvrières, salariat, paupérisme — sont des révé-
lations eiîrayantes sur l'état actuel de la plèbe romaine. M. Orano
exprime la crainte que son livre exhale une odeur trop forte et trop
acre pour des narines bourgeoises. Sans doute : mais il est des plaies
qu'il faut savoir regarder et sentir en face, et ce pauvre Testaccio, si
poétique, si évocateur pour l'archéologue, est un immonde cloaque
social. L'auteur mérite mille remerciements pour son acte de courage
civique et social, pour ce livre, qui paraît à propos au lendemain des
fêtes du cinquantenaire et peut-être rappellera aux fils des « votants
oui » que l'Italia è faiia, ma non compiiiîa.T)e cette enquête le régime ne
sort ni flatté ni grandi. Mais, constructeur de ces t'normes et hypo-
crites ruches ouvrières (d'où le trop-plein de population ne s'évade
que par « le massacre des innocents » ou la traite des blanches), n'est-il
pas responsable d'avoir créé, presque au pied de l'Aventin, ces repaires
innombrables et ces dantesques humanités,
Nuovi tormanti nuovi tormentati ?... L.-G. Pélissier.
Catalosue des iucunablefi de la biblii tlicque publique
d'Jiutun, par Ch. Boëll. et A.Gillot. (Extrait des Mémoires de la So-
ciété étuenne, t. XXXIX.) Aulun, imp. Dejus^ieu et Demasy, 1911, in-8
de 19S p.
La main-mise par l'État sur la bibliothèque du grand séminaire et
sur celle de l'évêché d'Autun et l'attribution des volumes de cet établis-
sement à la bibliothèque publique de la ville, ont eu pour résultat de
porter de 29 à 168 le nombre des incunables possédés par celle-ci.
Cet enrichissement — si comme l'observent justement MM. Boëll et
Gillot, cette expression peut s'appliquer à l'accaparement du bien
d'autrui • — aura <lu moins eu le bon résultat de permettre à ces deux
érudits de nous donner de ces incunables un catalogue excellent,
rédigé avec le plu;- grand soin.
Dans ce catalogue, les ouvrages sont classés par ordre alphabétique
des noms d'auteurs. Chaque notice comporte, outre le nom de l'auteur,
la reproduction sommaire du titre, le lieu d'impression, le nom de
l'imprimeur, la date, le forînat, 1 indication du nombre de feuillets
et des diverses particularités typographiques (constitution des cahiers,
signature, caractères employés, nombre de lignes à la page ou à la
colonne, initiales, filigranes, etc.), puis la collation de l'ouvrage; le
— 450 —
relevé des bibliographies qui en font mention; enfin ks particularités
de l'exemplaire (reliure, notes manuscrites, etc.).
Des listes des ouvrages cites, des marques d'imprimerie, des fac-
similés d'impressions, des filigranes, qui précèdent le catalogue pro-
prement dit, ont permis aux auteurs d'abréger leurs descriptions. A la
fin de l'ouvrage, on trouve, pour faciliter les recherches des tables :
1° des auteurs,commentateurs et personnages nommés dans les dis-
cours; 2° des ouvrages; 3° des lieux d'impression; 4° des imprimeurs,
graveurs et libraires; 5° des ex-libris,et une table de concordance entre
les numéros du catalogue et ceux des divers fonds qui y sont examinés.
Je n'ai guère que des 'éloges à donner à la publication de MM. Bocll
et Gillot. Tout au plus regretterai- je le classement adopté pour cer-
tains auteurs : Agostino Trionfi, par exemple, mis à Ancona (Augu-
stinus, etc.), sans même que la table en donne un renvoi à la forme
Trionfi ou Triumphus (saint Thomas d'Aquin, au contraire, est traité
deux fois à Aquinus et à Thomas) ou saint Jean Damascène ;nis à
Damascenus. E.-G. kEDOs.
Biblio^rapliie verlainienne, contribution critique à l'élude des litlé-
raturts étrangères et compm-ées, |>ar GeorQES-A. TOURNOUX. Leipzig, E.
Rowohlt, 1912, in-16 de xvt-172 p.
L'auteur de ce volume, qui s'annonce comme le premier d'une Col-
lection bibliograpJiique pour servir à l'histoire du moin-ement littéraire
contemporain, ne s'est pas proposé de décrire en détail les éditions des
œuvres de Verlaine, ni de fixer la chronologie des poèmes, nouvelles
ou essais du célèbre écrivain, ni de dresser la liste des œuvres inédites
qu'il a laissées.
L'objet qu'il s'est proposé, c'est de nous permettre de nous
faire une idée de la diffusion de l'œuvre de Verlaine, tant en
France qu'à l'étranger, et d'apprécier l'influence que aette œuvre a
exercée. Les travaux biographiques consacrés au poète, les poésies
auxquelles il a donné heu, les études critiques sur ses œuvres, les
traductions ou imitations qui en ont été faites ont été» recherchés
par M. Tournoux avec une curiosité inlassable. En portant à près de
1050 les références, il a plus que quadruplé le nombre de ce que l'au-
teur le plus riche sur la matière (M. A. Barre, Bibliographie de la
poésie symboliste) nous avait fait connaître; sur ce nombre l'œuvre de
Verlaine même, en y embrassant les œuvres complètes et les antho-
logies, comprend 107 numéros; les travaux français ont fourni 252 ar-
ticles et tout le reste est consacré à la littérature étrangère.
En lisant le très utile travail de M. Tournoux, l'on se rendra compte
du genre d'influence exercé par Verlaine à l'étranger, des pays où il
a été le plus goûté, de celles de ses œuvres qui, ici ou là, ont piqué
— 457 —
davantage la curiosité ou exercé le plus d'attrait, des milieux qui ont
été le plus directement atteints par cette influence, etc.
L'on ne peut que souhaiter de voir M. Tournoux poursuivre coura-
geusement l'enquête qu'il a commencée par Verlaine et nous donner
sur Zola, Baudelaire, Ibsen, Nietzsche et Tolstoï des monographies
bibhographiques analogues à celles-ci, comme il nous le fait espérer.
E.-G. Ledos.
BULLETIN
L.R Sainte Masse, notes sw sn liturgie, par D. EUGÈNE Vandbur. 5* édi-
tion. Abbiye de Maredsous (Belgique), 1912, gr. in-12 de 246 p.
— Prix : 0 fr. 90.
L'auteur accompagne modestement le titre du livre la Sainte Messe
de ces mots : « Notes sur sa liturgie ». Tel est, en effet, le caractère de cet
ouvrage dont le grand succès nous dit la valeur, en même temps qu'il est la
garantie du bien qu'il a fait.
La bibliographie qu'il nous présente d'abord nous assure de la grande
érudition de l'auteur, et les citations faites au cours de son œuvre montrent
bien le parti qu'il a tiré des ouvrages signalés. Quelques-uns de ces ouvrages
tout récents prouvent la vérité des remaniements précieux apportés aux
dernières éditions.
Parmi les nombreux ouvrages récemment publiés sur la sainte Messe,
celui-ci occupe un rang des plus honorables. Les notions historiques sobre-
ment exposées y abondent, les réflexions pieuses viennent à propos donner
de l'onction et relever les détails qui paraîtraient arides. On aime à trouver
dans cette explication de la messe un heureux mélange des considérations si
élevées de D. Gréa et des vues de Cl. de Vert sur l'origine très naturelle de
certaines cérémonies. L'auteur a compris la portée de l'excellent ouvrage
de Desloge sur la « Signification des choses liturgiques », ouvrage qu'il cite
à plusieurs reprises.
N'oublions pas de signaler les notes préliminaires sur le sacrifice, les mi-
nistres sacrés, leurs ornements et tout l'appareil liturgique servant à la
messe. Souhaitons grande diffusion tant en France qu'en Belgique à cet
excellent livre; sa lecture ne peut manquer de favoriser efficacement
l'assistance pieuse et fructueuse à la messe et même aux messes chantées.
A. ViGOUREL.
octavius, par MiNUGius FEUX. Tradiiciiori, Introduction et notes par
Fr. Rbgoru. Paris, Bloud,i911, ia-16 de 127 p. (Collection Science et Reli-
gion). — Prix : 1 fr. 20.
C'est l'œuvre d'un étudiant. Il la destine aux gens instruits, qui cherchent
les chefs-d'œuvre moins connus du vulgaire, et à ses camarades, qui
auraient à étudier VOctavius pour leurs examens. Dans une courte Intro-
duction, M. Record résume ce qu'ont dit de mieux sur Minucius Félix et
son dialogue les écrivains qu'il cite dans la bibliographie. Au point de vue
de la date, il place, avec peu de vraisemblance, l'Oc^atuMs avant l'^po/o-
Sétique de Tertullien, bien que cet apologiste africain soit né avant son
— 458 —
compatriote. Il tient la discussion entre un païen, Cecilius Natalis, et
un chrétien. Octavius Januarius, dont Minuoius Félix, leur ami commun,
a été l'arbitre et s'est fait le rapporteur, pour réelle et historique, mais il
reconnaît que le livre est la composition d'un lettré qui a introduit
dans sa promenade-causerie un long dialogue, fait de réminiscences, sinon
d'emprunts, d'écrits païens et chrétiens. Le grand mérite de l'apologie
serait s\irtout dans le style. La traduction est élégante et d'une lecture facile
et agréable. Je n'ai pas vérifié si elle est exacte; on pourrait la comparer
à celle que M. Waltzing, professeur à l'Université de Liège, a publiée enl909,
et qui n'est pas mentionnée dans la bibliographie. L'auteur s'excuse d'ailleurs
de ses infidélités possibles, sur la difficulté de rendre un texte, parfois obscur
«"U mal établi, puisqu'il ne nous en est parvenu qu'un seul manuscrit. Le
lexique final, qui explique les noms propres de VOctaviiis, manque
d'originalité. Les notices sont empruntées au Dictionnaire de biographie et
d'histoire de Dezobry et Bachelet. Celle de l'historien jiiif Josèphe vante à
l'excès son patriotisme. Je n'y ai pas trouvé Claudius, Junius et les Furies,
nommés à la page 34. Au demeurant, la brochure est intéressante et elle
fera pénétrer une ancienne Apologie chrétienne, sinon la première, dans
des milieux où elle est inconnue. E. Mangenot.
L'IgTiorance i*eliKtea«e au vingtième «lècle. Faits, causas, conséquences ,
remèdes, d'atirès l'enquête du jownal « la Croix », par l'abbé E. Terrasse.
Paris, Lethielleux, 1912, in 12 de 173 p. — Prix : 2 fr. 50.
On se rappelle que la Croix de Paris, sur l'initiative de M. Paul Féron-
Vrau, a ouvert l'année dernière, dans ses colonnes, une enquête auprès des
hommes d'œuvres et des hommes de pensée touchant l'extrême igno-
rance des choses religieuses qui sé\it aujourd'hui sur l'ensemble de la
société française, et particulièrement sur la jeunesse, comme le pire fléau.
Les réponses ont été unanimes à constater le mal. Elles varient dans une
large mesure sur le choix des remèdes. Mais, quels que soient les moyens
de réaction employés dans la lutte, ce q ù importe surtout c'est que l'on
s'émeuve, que l'on agisse, et ce petit livre, réveillant les courages,
suggérant les idées, servira bien la cause qu'il veut servir, non seulement
auprès des catéchistes professionnels ou volontaires, si mal préparés souvent
à leurs délicates fonctions, mais aussi auprès des hommes et des
femmes d'action, qui ont un si bel apostolat à exercer autour d'eux dans le
cercle des familles indifférentes ou négligentes où leur parole peut toujours
discrètement et efficacement se faire entendre. P. Bernard.
Ascétique et mystique, par l'abbé Jban DELACROIX. Paris, Bloud, 1912,
ia-16 de 63 p. (Gollecliou Science et Religion). — Prix : 0 fr. 60.
M. l'abbé Jean Delacroix — un nom prédestiné — • se propose de « pré-
ciser en détail la part de la théologie ascétique et de la théologie mystique
dans l'ascension de l'âme jusqu'à l'union intime avec Dieu « et se réfère à
la doctrine de saint Jean de la Croix et surtout aux idées de M. l'abbé Sau-
dreau, qualifié de « chef d'école », ainsi que le P. Poulain. Pareil sujet dé-
passe les limites d'un si mince opuscule. Au reste, aucune discussion fonda-
mentale; mais l'auteur s'en prend assez viv^ement à ses adversaires. On pré-
férerait quelque solide raison et dans l'exposé même un ascétisme un peu
moins âpre, un mysticisme un peu plus doux» P. Bernard.
— 459 —
L.B» Jcanos Filles d'aujourd'hui, par Mgr HENRY BOLO. Pâris, KlOtZ
S. d., in-12 de 103 p. — Prix : 1 fr. 50.
Ce petit livre contient trois conférences données à Paris, au cours de
Tannée 1911, dans une salle de concert, et dont voici les sujets : Mouvement
intellectuel; Émancipation morale; le Mariage. Ces conférences eurent un
immense succès. A la lecture elles sont amusantes et intéressantes : l'auteur
est très éloquent, doué d'infiniment de verve et d'esprit, et il a tout ce qu'il
faut pour attirer un grand public et emporter ses suffrages. Notons qu'il
réussit surtout dans la critique et la satire, et qu'il excelle dans la peinture
des vices et des travers d'aujourd'hui. Certes son auditoire a dû beaucoup
s'amuser, et aussi beaucoup l'applaudir. Les jeunes filles qui étaient là
savent bien ce qu'elles ne doivent pas être, moins bien peut-être ce
qu'elles doivent s'efforcer de devenir. J'entends par là que ces confé-
rences sont plus négatives que positives, et qu'elles critiquent les travers
et les vices plus qu'elles n'enseignent les qualités et les vertus qui doi-
vent prendre leur place. Aussi je crains que de ces leçons, très éloquentes
certes, ne sorte pas l'enseignement pratique et précis nécessaire pour bien
conduire sa vie. On pourrait faire quelques critiques et de fond et de forme,
mais en somme c'est un bon petit livre, do lecture agréable, et je trouve que
l'auteur, sans rien perdre de ses qualités brillantes, a corrigé ou bien atténué
quelques-uns de ses défauts d'autrefois. Je dois ajouter pourtant qu'il ne
m'a pas converti à la cause des femmes savantes. Le livre est revêtu de
Vimprimatur. Bien que ce ne soit pas à proprement parler un enseignement
religieux, l'auteur a bien fait de remplir cette petite formalité, qui lui
ménagera raccès plus facile des maisons chrétiennes. P. Talon.
i*ensées;^Iibres, parJAMrcus. Paris, Alcan, 1911, in-8 deîxii-294 p. — Prix: 5 fr.
Parmi ces Pensées libres quelques-unes sont jistes; d'attres très sujettes
à la critique et la plupart vulgaires ou banales. C'est moins d'ailleurs un
recueil de pen.sées qu'une collection d'anecdotes et de notices découpée;;
dans les journaux et dans les encyclopédies. L'auteur est un Risse crtho-
doxe, plein de préjugés et parfois même de maheillance contre l'Eglise
catholique. Souvent, même, la note est antichrétienne. O. H.
i^a Science de l'amour, parPÉLADAN .Paris, Messein, 1911, in-l8 de S^Oj'p.
— Prix : 3 fr. 50.
« Le point de vue du présent ouvrage, dit l'auteur, est pris, non du
Venusberg, mais de la Wartbourg; pour prendre un terme facile, il s'agit de
concilier l'élévation et la religiosité de Wolfram d'Echenbach avec le feu de
Tannhauser. La plus belle idéalité se trouve entre les deux Minnesingers,
qui représentent surtout deux tempéraments, le lymphatique et le sanguin ».
Tel est le thème du livre, ainsi résumé par M. Péladan lui-même. Cet ouvrage
est destiné à soulever de vives protestations et ne saurait être mis entre
toutes les mains. Mais il faut rendre hommage à la sincérité de l'auteur et
à l'élévation de ses sentiments. M. Péladan est un poète mystique d'une
école spéciale qui ne rentre dans aucun des cadics admis par l'Église. M. Pé-
ladan ne s'en déclare pas moins un croyant très convaincu; mais « il y a,
me dira M. Péladan. sans doute, plusieurs demeures dans la maison de mon
Père ». O. H.
— 460 —
L.*]ntlividuali<«nie et ta réfornae de l'cnseigneiiieut, par Abel FauRI.
Pans, Stock, 1911, in-18 de vi-7l p. — Prix : 1 fr.
Sauf le point de départ do la brochure • — car j'admettrais difTicileinent
que le développement individuel soit le principal et encore moins l'unique
but de l'éducation — je serais assez disposé à me rallier et aux critiques
qu'elle formule contre l'enseignement officiel, et aux remèdes qu'elle propose
pour l'améliorer, en attendant le jour où il sera possible de le supprimer
tout à fait.
L'auteur reproche à l'enseignement officiel de ne savoir ni former des
éducateurs ni enseigner les élèves. 11 fait des savants, des érudits, des spé-
cialistes, à qui il oublie seulement d'apprendre le principal, c'est-à-dire leur
métier. Et il en résulte, mais c'est aussi la faute des programmes, qu'on
bourre la tête et la mémoire de beaucoup de choses inutiles et qu'on oublie
le principal, qui est le but même de l'éducation, à savoir d'apprendre à
apprendre. Il faudrait donc changer à la fois et la méthode de formation
des maîtres et les programmes d'enseignement, en sorte que peu de maîtres
pour une classe enseignent peu de matières, mais les enseignant bien, et que le
jeune Français sorte du lycée « sachant fortement peu de rhoses ». Alors
on sera prêt à bien user de la complète liberté d'enseignement, qui est dans
les vœux de M. A. Faure. Cette brochure, vigoureuse et pleine do bon sens,
où se résument et se condensent les précédents livres de l'auteur, ne man-
que vraiment pas d'intérêt. P. Talon.
Xraiic de la lecture à kautc votx à l'usage des séminaires et des collèges
libres, par l'abbé Sauveur LAMonLi.\TTE. Tours, Caitier, s. d., in-12 relié
de xvi-138 p. - Prix : 3 fr. 50.
Voici un traité de lecture à haute voix qui me paraît fort bien compris,
par un homme de savoir et d'expérience. Il comprend quatre parties :
la première, » de la correction », enseigne à bien prononcer les voyelles et à
bien articuler les consonnes, c'est la base même de l'art de bien lire. La
seconde traite des liaisons et des pauses, c'est-à-dire apprend à bien lire
les phrases. La troisième fait faire un pas de plus, en montrant comment on
met de l'expression dans la lecture : quand on sait bien prononcer et arti-
culer les lettres, bien lier et bien couper les phrases, enfin y mettre de
l'expression et de la vie, on peut dire qu'on sait bien lire.
Une quatrième partie est consacrée à la lecture des vers. Et voilà ce
traité, avec les nombreux exercices d'applications qui accompagnent
chaque partie. Ces exercices sont fort bien choisis. Ce petit volume complet,
quoique bref, rendra des services à l'enseignement libre, qui, peut-être,
ne s'est pas toujours assez préoccupé de l'art de bien lire et de bien dire:
c'est pourtant la condition nécessaire pour se faire bien écouter.Nous sou-
haitons à ce livre tout le succès qu'il mérite. F'. Talon.
L.e Problème de la lecture populaire, par GbOBOBS DH: MONTBNACH.
Porrentruy, Librairie de l'Université, s. d., in-16 de 124 p.
Je signale ce petit livre à ceux qui se préoccupent de la propagande
des bonnes lectures. Il montre d'abord, par des exemples très actuels, le
danger des mauvaises lectures, en appuyant tout particulièrement sur ces
publications populaires si répandues aujourd'hui où se racontent ces his-
toires sanglantes de crimes ou d'exploits de policiers d'un art vulgaire et
— 461 ~
grossier, à quoi se prend trop souvent la jeunesse curieuse d'aujourd'hui.
La plupart «lu temps ce n'est pas précisément immoral, mais pourtant
profondément déprimant et corrupteur. Comment organiser la lutte contre
la mauvaise lecture populaire : c'est l'objet du second chapitre, et le remède
est précisé dans les chapitres suivants, où se dessine une bonne organisa-
tion de propagande, non seulement contre le mal, ce qui n'aurait qu'un
résultat négatif, mais surtout pour le bien. Quoique ce petit li\re ait été
écrit spécialement pour la Suisse, l'intérêt n'en est pas moins général, et il
nous sera facile de faire ailleurs, où les dangers et les besoins sont les mêmes,
l'utilisation dç^ bons conseils et des bons exemples qu'il nous donne. Tirons-
en profit. P. 'J'ALON.
L.e* Pastorales de LONGUS ; trad. par P.-L. Courier. Édition critique,
par RoBSRT Gasghet. Paris, Larose et Teain, 1911, in-8 de 172 p. —
Prix ; 5 fr.
Nous ne nous arrêterons pas à l'ouvrage original, dans lequel l'Histoire
de la littérature grecque de MM. Croiset (tome V, p. 802) signale avec raison
« quelque chose de faux qui a la prétention d'imiter la nature et qui, en
réalité, la sophistique >•. Aussi bien il s'agit ici, à peu près exclusivement,
de la traduction qu'en a donnée Courier (texte de Paris, 1823), l'auteur de
tant de pamphlets de toute espèce, aujourd'hui bien oubliés. Il avait été
précédé dans cette tâche par Amyot, dont l'œuvre avait eu im très grand
succès; et peut-être n'est-il pas hors de propos de rappeler ici la prédilec-
tion de nos romantiques pour les écrivains du xvi^ siècle, prosateurs ou
poètes, dont ils se vantaient de renouer la tradition depuis si longtemps
interrompue. Courier adopte le texte de son prédécesseur, sauf à écarter
« la rudesse, les gro.ssièretés de la vieille langue», et à choisir, parmi les tour-
nures et constructions familières au xvi® siècle, celles qui pouvaient com-
muniquer au récit un surcroît de vivacité et de grâce, sans courir le risque
de dérouter les lecteurs. L'étude intitulée : Essai sur la for/nation de la langue
et du style de P.-L. Courier (p. 103-164) nous offre sur ce point toutes les
indications di^-irables. L'entreprise plut et réussit à tel point que jusque
dans ses satires politiqur-s (bien éloignées assurément du genre et du ton
pa^oral) le morclant pamphlétaire a semé comme en se jouant de curieux
archaïsmes. C. Huit.
Leopafdi et M^f de Staël, par Sofia Ravasi. Milauo, tipografia sociale
et Paris, Champion, 1910, in-S de 115 p. — Prix : 2 fr. 50.
C'est im de ces travaux, comme en font nos étudiants de Sorbonne- —
à l'imitation des thèses allemandes — où l'on confronte des textes pris à
travers l'œuvre do deux auteurs pour prouver quoi? qu'ils se sont rencon-
trés dans certains sentiments et certaines pensées (ici mélancolie, orgueil
d'incompris, dégoût de la vie, besoin d'amour, peur de la mort, charme de
la nature et charme des ruines, idées pareilles sur le malheur du génie, sur la
fatalité ou sur la "musique) — mais comment deux écrivains romantiques
échapperaient-ils à ces lieux communs et pourraient-ils ne se ressembler
jamais? — Qieleplus jeune a subi l'influence de l'autre? Mais c'est acquis,
puisque Leopardilui-même. après avoir, à ses débuts, rompu quelques lances
contre M"^^ de Staël en faveur de la tragédie classique et de la tradition na-
tionale, s'est mis plus d'une fois dans la suite à invoquer Corinne et à la
citer; qu'ils demeurent très différents, l'un pessimiste et athée, essayant
— 462 —
d'avoir une philosophie et des doctrines, l'autre à ses lamentations mêlant
en un beau chaos féminin, ce que ses maîtres du xviiie siècle lui -nt appris sur
le progrès indéfini, et ce que papa el man\an Necker lui ont transmis de
religiosité protestante? Mais c'est ce qui rend un peu oiseuse la compa-
raison. Ces mémoires-là ne servent guère chez nous qu'à conquérir un
diplôme; en Italie, qu'à montrer qu'on connaît bien nos auteurs et qu'on
y écrit le français avec une correction presque parfaite et une aisance
presque élégante. . G. A.
Ver» une Oi'etagne organisée. Enquête sui* les lil»ei*tés régionales
et la roi*inatiou d'états proviactaux eu B^eta^ne, par le COmte DE
LA.NTivy-TRÉDiON. Paris, Nouvelle Librairie ûatiouale, 1911,ia-18 de x-
338 p. — Pri.x : 3 tv. 50.
Très intéressante pablication qui a pour objet de démontrer « l'impor-
tance d'un mouvement régionaliste, méthodiquement conduit et capable
de préparer la décentralisation, en lui trayant, d'une manière indirecte,
son programme ». L'auteur fait appel à la compétence de personnages en
vue appartenant à la province de Bretagne, les consulte et discute leurs
dépositions. Tous s'accordent assez à trouver le susdit programme fort
judicieux, mais ceux qui n'en croient pas l'application chimérique estiment
qu'elle ne peut se réaliser qu'à longue, très longue échéance. C'est toujours
un peu l'histoire du malade qui ne saurait être guéri que par un seul remède
qu'il ne peut ou qu'il ne veut prendre. A. Roussel.
Histoire de Pltalie depuis 1 H 1 «ï Jcsqu'an cinquuutenuire de l'U-
nité Ita Jeune { tOl 1 ), par FÉLIX HBNNEGur. 2» édition. Paris, Alcan
s. d., petit iu-16 de 19-2 p. — Prix : 0 fi. 60.
Ce petit livre sans prétention scientifique ne veut être qu'un résumé
court et clair de ce siècle tumultueux et bien rempli de l'histoire d'Italie
de 1815 à 1911. Il y réussit le plus souvent. Parfois un peu serré et touffu
de développement, il est généralement méthodique, exact et impartial.
Il expo.se même avec netteté une idée assez peu commune, la distinction
entre les deux propagandes, réformiste et révolutionnaire de 1832 à 1846.
Les chapitres sur l'influence piémontaise et le mouvement national sont
particulièrement intéressants. L'attitude de l'Italie, en juillet 1870, est
présentée avec clarté et équité (p. 178-179). Un peu trop d'indulgence pour
les garibaldiens de 1871 : la trop célèbre bataille de Dijon ne vaut tout de
même pas Magenta et Solférino. Le tableau de l'Italie nouvelle est sobre,
précis et bien fait, le développement agricole et industriel du règne de
Victor-Emmanuel III, bien esquissé. Il manque çà et là quelques indica-
tions sur le droit et les motifs légitimes des anciens régimes à vouloir du-
rer et sur les causes plus ou moins réelles de leur impopularité. L.-G. P. :
CHROiNlQUE
Nécrologie. —- Le Polybihlion est douloureusement atteint par la
mort qui vient de frapper, en pleine force et en pleine activité intellectuelle,
l'excellent collaborateur qu'était M. Léon-Gabriel Pélissier, doyen de
la Faculté des lettres de Montpellier. Né à Marseille, le 24 mars 186H, de
brillantes études au collège Sainte-Barbe et au lycée Louis-le-Grand le
- 463 -
conduisirent à l'École nornxale supérieure, où il entra en 1882. Agrépé d'his-
toire en 1885, nommé la même année élève de l'École française de Rome, il
commença, dès cette époque, à fouiller les bibliothèques et archives ita-
liennes et à y faire une ample moisson de documents. A son retour de
l'École de Rome, il fut chargé de cours d'histoire à la Faculté des lettres de
Montpellier (1888), où il devint tour à tour professeur adjoint (1896), pro-
fesseur titulaire (1899), puis doyen (1908). Il fut l'un des premiers, lorsqu'il
passa son doctorat en 189G, à donner l'exemple de ces thèses dont l'ampleur
contraste singulièrement avec les anciens usages. Sa thèse française : Re-
cherches dans les archives italiennes. Louis XII et Ludovic Sjorza (Paris,
1896), ne formait pas moins de deux forts volumes in-8; encore faut-il y
joindre diverses publications qui en forment comme les pièces justificatives
et que notre érudit collaborateur publia soit avant soit depuis. Sa thèse
latine : De opère historico Aegidii cardinalis Viterbiensis (Montpellier, 1896,
in-8), était un bon mémoire d'histcrir graphie. L'acti\ité de Pélissier, qui
était un infatigalîle fureteur, sa curie site d'esprit, qui le-faisait s'intéresser
aux études les plus diverses et qui lui faisait saisir, même dans des docu-
ments d'apparence insignifiante, quelque point à noter, quelque chose de
caractéristique, expliquent l'étonnante fécondité de sa production. Il a
publié d'innombrables notes et articles dans les revues les plus diverses,
notamment de France et d'Italie; il n'a jamais refusé sa collaboration aux
volumes de mélanges entrepris en l'honneur d'un de ces saA ants de l'un
ou l'autre côté des Alpes, dont il avait su se faire autant d'amjs. 11 a touché
dans ses travaux à tant de points d-^ la bibliographie, de l'histoire littéraire
ou de l'histoire, non seulement de la fm du xv^ et du xvi^ siècle, dont il
avait fait une étude si particulière, mais d'autres époques et notamment
de l'époque contemporaine, qu'il serait utile de dresser un catalogue com-
plet et raisonné de sa production littéraire. Nous devons ici nous borner à
signaler les titres suivants qui donneront au moins une idée de son activité
scientificiue et de l'étendue de son érudition : Les Amis d'Holstenius. Charles
de Montchal, archevêque de Toulouse (Rome, 1887, in-8); — ■ Henri IV, Bongars
et Strasbourg (Paris, 1888, in-8); — A travers les papiers de Huet.
Documents littéraires inédits (Paris, 1888, in-8); — De V Amour des livres
(Aix, 1S88, m-12); — L'Italie et la Mer Rouge (Montpellier, 1889, in-8); —
Lettres inédites de Claude Nicaise à Huet et à G. Bonjour (Dijon, 1889,
in-8); — Lettres inédites de Dom Claude de Vie à Fr. Ant. Marmi (Mont-
pellier, 1890. in-8); — Documents pour l'histoire de la domination
française dans le Milanais (Toulouse, 1891, in-8);— Lettres de Mé-
nage à Magliabechi et à Carlo Dati (Montpellier, 1891, in-8); • — La Poli-
tique du marquis de Mantoue pendant la lutte de Louis XII et de
Ludovic Sjorza (Le Puy, 1892, in-8); — Les Amies de Ludovic Sforza et leur
rôle en 1498-1499 (Nogent-le-Rotrou, 1892, in-8); — Documents sur la
Faculté des lettres de Montpellier (Montpellier, 1892, in-8)r ' — Nouvellistes
italiens à Paris en 1498 (Nogent-le-Rotrou 1892, in-8) ; — ■ Les sources mila-
naises de Vhistoire de Louis XII (Paris, 1892, in-8); - — Documents sur les
relations de Louis XII, de Ludovic Sforza et du marquis de Mantoue de 1498
à 1500 (Paris, 1893, in-8); • — Un Inventaire inédit des collections Ludovisi à
Rome (Nogent-le-Rotrou, 1894, in-8); — Lettres inédites de Guillaume
Peyrusse écrites à son frère André pendant les campagnes de VEmpire (Paris,
1894, in-8); — La Politique de Trivulce au début du règne de Louis XIII
(Paris, 1894, in-8); — Lettres inédites de Chapelain à P. D. Huet i'Mogent-
le-Rotrou, 1895, in-8); • — Agostino Maria de Beecaria, ambassadeur à
— 464 —
Sienjhe en août 1199 (Siena, 1897, in-8); — La Cryptographie de Sifnon
Cattaneo (Nogent-le-Rotrou, 1897, in-8); — Le Registre de Vile d'Elbe
(Paris, 1897, in-8) ; — Le Registre Panigarola et le Gridario générale
de V Archivio di slato de Milan, pendant la domination française (Pa-
ris, 1897, iii-8): — Pons de l'Hérault et Pile d'Elbe au xix^ siècle
(Montpellier, 1897, in-8); ■ — Pons de l' Hérault; Souvenirs et anecdotes de
l'île d'Elbe (Paris, 1897, in-8); — Mémoires de Pons de l'Hérault aux puis-
sances alliées (Paris, 1899, in-8); • — • Un Conventionnel oublié. J.-J. Picqué
et l'Hermite des Pyrénées (Toulouse, 1899, in-8); — La Trahison de Masséna
et l'enquête du commissaire Caire (Nogent-le-Rotroii, 1900, in-8); — Les
Archives des inquisiteurs d'État à Venise (Besançon, 1899, in-8); — Comment
a grandi Venise (Montpellier, 1901, in-4); — La Jeunesse du marquis d'An-
tonelle (Paris, 1900, in-8); ■ — ■ Sur les dates de trois lettres inédites de Jean
Lascaris (Paris, 1901, in-4); — Sur le théâlre de Gabriel d' Annunzio
(Bordeaux, 1901, in-8); — La Jeunesse d'un fllibre arlésien, Amédce Pichot à
Paris (Montpellier, 1901, in-8); • — ■ Inventaire de la collection Podocararo
à la bibliothèque de Saint-Marc de Venise (Leip;dg, 1902, in-8);-— Le Comte
d'Artois et la police vénitienne (Paris, 1902, in-8); — Le Porte-
feuille de la comtesse d' Albany (1806-1824) (Paris, 1902, in-8); — Lettres
inédites de Gisbert Cuypert [Cuper) à P. -Daniel Huet {Csien, 1903, in-8); —
Lettres de l'abbé Nicaise au cardinal Noris (Besançon, 1903, in-8); ■ —
Lettres inédites de la comtesse d' Albany à ses amis de Sienne (Paris, 1904, in-8);
— Famille, fortune et succession de André Cardinal Destouches (Nogent-
le-Rotrou, 1904, in-8); — Nuovi documenti : Napoleone all'Elba, avec
MM. F. Escard et A.Lumbroso(Ronia,1906,in-8);— ie Fonds Fabre- Albany
(Leip Jg, 1910, in-8) ; — -Les Papiers du médecin Michel Provensal (Besançon,
1912, iu-8). L'ardeur avec laquelle M. Pélissier poursuivait ces recherches,
le zèle qu'il apportait à son enseignement et à ses fonctions de do\ en,
l'activité qu'il déployait dans les sociétés dont il était membre, ne pou-
vaient aller sans un certain surmenage. La mort cruelle et inattendue d'une
jeune fille charmante qui faisait sa joie et qui lui donnait de belles espé-
rances, l'atteignit rudement à un moment où sa propre santé était quelque
peu ébranlée. 11 en fut profondément affecté et il semble bien que ce coup,
encore tout récent, n'ait pas été sans influence sur sa fin prématurée.
E.-G. L.
— • Nous avons appris a -ec regret la mort d'un savant distingué
M. Charles-Emile Ruelle, enlevé à l'érudition française, à Paris, au milieu
d'octobre, à 78 ans. M. Ruelle, né à Paris, en 1833, fut successivement,
bibliothécaire au ministère de l'instruction publique, puis bibliothécaire
à la Bibliothèque Sainte-Gene. lève. Depuis un certain temps il était admi-
nistrateur-adjoint de ce dernier établissement. Helléniste rcmarqv.able et
musicologue passionné, il s'est surtout fait connaître par ses infatigal)les
recherches sur la musique grecque ancienne, sujet d'études des plus diffi-
ciles, sur lequel il a^-ait réussi à jeter beaucoup do lumière. Parmi ses nom-
breux ou\ rages, voici ceux qui noi;s sont connus: Le Philosophe Damascius,
étude sur sa vie et ses ouvrages (Paris, 1861, in-8) ; — Éléments harmoniques
d'Aristoxène, traduits du grec en français pour la première fois (Paris, 1870,
in-8); — Études sur l'ancienne musique grecque (Paris, 1875, in-8); — Tra-
duction de quelques textes grecs inédits, recueillis à Madrid et à l'Escurial
(Paris, 1 875, in-8) ; — Deux textes grecs anonymes concernant le canon musical
heptocorde puis octacorde, d'après un manuscrit de la Biblioteca nacwnal
de Madrid (Paris, 1878, in-8); — L'Introduction harmonique de Cléonide.
— 465 —
La Division du canon d^Euclide le géomètre. Canons harmoniques de Florence.
Traduction française avec commentaire (Paris, 1884, in-8); — Le Congrès
européen d^Arezzo pour Vétude et Vamélioration du chant liturgique, compte
rendu nonoflicieK Paris, 1885, in-8); — Bibliographie générale des Gaules (Paris,
1885 et suiv., in-8); — • Collection des anciens alchimistes grecs. Texte grec et
traduction française avec notes et commentaires (Paris, 1888, 4 vol. in-4), avec
le chimiste Marcelin Berthelot; — • Damascii successoris dubitationes et
solutiones de primis principiis in Platonis. Parmenidem (Paris, 1889, 2 vol.
in-8); — Bibliotheca latina. Bibliographie annuelle des études latines (Paris,
1905-1906, in-8). M. Ruelle a traduit du grec: Poétique et Bhétorique d'Aris-
tote (Paris, 1882, in-12), ouvrage couronné par l'Académie française, et
Manuel d'harmonique de Nicomaque de Gérase (Paris, 1881, in-8) ;ilapublié
l'ouvrage posthume de Charles Graux : Notices bibliographiques et autres
articles (Paris, 1881, in-8), et il a terminé la publication, commencée par
Ch. Daremberg, des Œuvres de Rufus d'Éphèse (Paris, 1872, in-8).
— L'illustre philologue autrichien Theodor Gomperz, professeur de phi-
lologie classique à l'Université de Vienne, est mort à Baden, près de cette
dernière ville, le 29 août, à SI ans. Il faisait partie de la Chambre des
seigneurs d'Autriche, appartenait à diverses sociétés savantes et était
membre correspondant de l'Académie des inscriptions et belles-lettres
de France. Si l'on peut reprocher parfois à son style cette obscurité inhé-
rente à l'emploi de la langue allemande, on doit reconnaître qu'il pensait
très clairement. Son rôle dans le perfectionnement des méthodes de lecture
des textes anciens a été considérable; il a surtout contribué d'une façon
remarquable au développement de la papyrologie. En dehors des impor-
tants mémoires qu'il a fait insérer dans les publications de l'Académie de
Vienne, M. Gomperz a publié, entre autres volumes : Zu Heraklit's Lehre
und den Ueberresten seines Werkes (Vienne, 1887, in-8); — Platonische
Aufsaetze (Vienne, 1887, in-8); — • Ueber die Charaktere Theophrastes(Y ienne,
1888, in-8); — ■ Die Schrift vom Staatswesen der Athener und ihr neuester
Beurtheiler (Vienne, 1891, in-8); — • Griechische Denker. Eine Geschichte der
antiken Philosophie (Leipzig, 1895-1909, 4 vol. in-8); — • Zur Chronologie
des Stoikers Zenon (Vienne, 1903, in-8), etc., etc.
— Le Dr. Eugen Oswald, écrivain allemand connu, qui a passé la plus
grande partie de son existence en Angleterre, est mort le 16 octobre, à 86 ans.
Né à Heidelberg (Allemagne), il fit ses études dans cette ville et, après
avoir pris une part active aux mouvements politiques de 1848-1849, il dut
quitter son pays natal et se réfugier à Paris, où il offrit son concours au parti
démocratique. Mais il lui fallut s'éloigner également de la France et gagner
l'Angleterre, où il devint professeur, journaliste et écrivain. Il fit partie
d'abord du personnel enseignant du « Working Men's Collège », puis fut
chargé du cours de langue allemande au « Royal Naval Collège » de Green-
w^ich, poste qu'il occupa pendant vingt-cinq ans. Plus récemment il fut
choisi pour enseigner l'allemand au prince de Galles'et à son frère le prince
Albert. Ancien président de la « Carlyle Society » et ancien secrétaire de
1' « English Goethe Society », M. Eugen Oswald a été jusqu'à sa mort le
correspondant pour l'Angleterre du journal portugais Commercio do Porto.
D'une activité littéraire considérable, il laisse de nombreux ouvrages qui
ont surtout contribué à mieux faire connaître la littérature anglaise aux
Allemands ses compatriotes. Parmi eux nous citerons : Sphère and Duties
of Government (1854); — Early German Courtesy Books (1869); — Mânner
und Frauen (1878);— Thomas Carlyle, ein Lebensbild (1882); — ■ Goethe in
Novembre 1912. T. GXXV. 30.
— 466 —
England und America (1899); — The Legend oj Pair Helen fl9051: —
Larid und I^ute in England (1906) ; ■ — Memoirs (1911 ).
— Le Rev.Walther William Skeat, un des plus savante philologues de
l'Angleterre, professeur de langue anglo-saxonne à l'Université de Cam-
bridge depuis 1878, est mort en cette ville le 7 octobre, à 77 ans. Né à
Londres en 1885, il fit de brillantes études à la « King's Collège School »
à la xiîighgte School», puis au «Christ's Collège» de Cambridge et obtint tons
les grades universitaires. Puis, entré dans lee ordres, il fut envoyé comme
pasteur dans plusieurs paroisses successivement; mais sa mauvaise eanté
l'obligea à abandonner le ministère religieux et, revenu à Cambridge en 1864,
il devint répétiteur de mathématiques. La Société des anciens textes
anglais s'étant fondée sur ces entrefaites, il fut une de ses premières recrues
et trouva enfin la voie à laquelle le destinaient ses aptitudes spéciales.
Pour cette société et pour le « Roxburghe Club «, il a donné toute une série
de remarquables éditions de vieux textes anglais, sans compter les nom-
breuses publications qu'il a faites pour son propre compte. En dehors de
r « Early English Text Society » dont il était un des principaux membres,
plusieurs autres sociétés savantes l'avaient accueilli avec empressement,
entre autres la « British Academy ». C'est à lui qu'on doit la fondation de
r « English Dialect Society ». Enfin il collaborait à plusieurs revues spé-
ciales, à V Athenseiwi, aux Notes and Querries, etc. La liste de ses œuvres
est très considérable, aussi nous bornerons-noi:s à mentionner les suivantes :
The Songs and Ballads of Uhland (Cambridge, 1864, in-8); — A Taie oj
Ludlow Castle (Londres, 1866, in-8); — Pierce the Ploughman''s Crede (Lon-
dres, 1867, in- 12); — The Vision of William concerning Piers the Plowman
hy W. Langland. With Notes and Glossary (Londres, 1868, in-4); — The
Romans of Parthenay or of Lusignan, otherwise known as tJie Taie of Melu-
sine, translated frum the French, with Notes andGlossary (London, 1866, in-8) ;
— The Lay of Havelok the Dane (Londres, 1868, in-8); ■ — Hand-List of some
cognate words in English, Latin and Greek (Londres, 1871, in-8); — • Spé-
cimens of English Literature, 1298-13^3 (Oxford, 1872, in- 12] ■,~T aies from
the Canterbury Taies {Londres, 1874, in-8); — A List of English Words
Etymology of which is illustrated by comparison with Icelandie (Londres,
1876, in-4); — An Etymological Dictionary of the English Language arran-
gea on an historical Basis (Oxford, 1879-1881, 4 vol. in-4); • — The Gospel
according to St. Matthew in Anglo-Saxon (Londres, 1887, in-8); — • The
Principles of English Etymology (Oxford, 1887, in-8), etc., etc.
— On annonce encore la mort de MM. : l'abbé Henri Baille de Beau-
regard, ancien directeur du petit séminaire Saint-Célestin, mort à Bourges,.
au milieu d'octobre, à 67 ans; — Jules Berthet, professeur de seconde au
lycée Condorcet, mort à Paris, au commencement d'octobre, à 48 ans; —
Henri Bouvelet, poète parisien, mort prématurément à Paris, au com-
mencement d'octobre^à 23 ans, lequel avait déjà écrit Premiers Poèmes.
Janvier et juin 1906 (Paris, in-16, 1906); V Appel au Soleil, poèmes (Paris,
1908, in-12); le Royaume de la Terre, poèmes (Paris, 1910, in-8) et avait
donné au théâtre, avec la collaboration de son frère Jehan : Un Philosophe^
ou la Maison des amours, pièce en vers, en 3 actes (Paris, 1911, in-12); —
le chanoine Boxdure, inspecteur des écoles libres du diocèse de Clermont,
mort à Clermont- Ferrand, au milieu de septembre, à 56 ans; — • l'abbé
Pierre-Xavier Casenave, directeur du Séminaire des Missions étrangères
et procureur général de cette société à Rome, mort à Paris, le 29 septem-
bre, à 79 ans: — le docteur Louis Coste, ancien professeur à l'École de
— 467 -
pharmacie d'Alger, mort à Paris au milievi d'octobre, à 70 ans; — Gustave
DE CouTouLY, xiïï de nos plus distingués diplomates, qui avait donné au
Temps de nombreux et fort intéressants articles, particulièrement sur la
guerre carliste, mort au commencement d'octobre à Bosc-le- Comte (Seine-
Inférieure), à 74 ans; — Léon Clgnet de Montarlot, publiciste, ancien
secrétaire général du Monde illustré, mort à Paris, au commencement d'oc-
tobre à 56 ans; — Henry-Albert Cuvillier-Fleury, bibliothécaire du
Sénat, secrétaire-adjoint de la Commission des finances, mort à Paris à la
fin d'octobre; — Auguste- Charles-Paulin Doniol, inspecteur général
des ponts et chaussées en retraite, ancien élè\e de l'École polytechnique,
mort à Paris, au milieu d'octobre, à 84 ans, lequel collaborait à la Revue
générale des chemins de fer et a publié : La Réglementation des chemins de fer
d'intérêt local, des tramways et des automobiles (Paris, 1900, in-8); Note sur
la réglementation des chemins de fer d'intérêt local et sur la rédaction de
leurs cahiers des charges (Paris, ■J907, in-4); Histoire du xvi^ arrondissement
de Paris (Paris, 1902, in-8), etc.; ■ — Marin Dubois, romancier, auteur de
Délassement d'un désœuvré (Paris, s. d., in-18), Doris et Dora, essai de cri-
tique sociale (Paris, 1886, in-18), etc., mort à Paris, à la fin d'octobre, à
66 ans;^ — • le R. P. Xavier de Fourvière, religieux prémontré de l'ancienne
abbaye de Frigolet, très connu comme prédicateur, auteur de nombreuses
poésies en français et en provençal et de quelques ouvrages de valeur, entre
autres d'un excellent Dictionnaire provençal-français et français- provençal
(Avignon, 1902, in-18) et d'une Grammaire provençale (Axignon, 1903, in-8),
mort à Robion (Vaucluse), à la fin d'octobre, à 59 ans; — Georges Garreau-
DoMBASLE, journaliste parisien, ancien collaborateur du Soir et du Siècle,
attaché depuis quelques années à la rédaction de Vlniormateur parlemen-
taire, mort à Paris, à la fin d'octobre;— l'abbé Alfred Optât Gaudefroy,
prêtre de la Mission, ancien professeur de morale aux grands séminaires
de Montpellier, La Rochelle et Amiens, mort à la fin d'octobre, à Froyennes
à 71 ans; — René Haton, ancien libraire-éditeur, mort à Paris, le l^r no-
vembre, à l'âge de 66 ans; — • Alphonse Lemerre, l'éditeur parisien bien
connu, mort à Paris, le 15 octobre, à 74 ans;' — le D'' Edme-Édouard Mène,
médecin en chef de la maison de santé des Frères Saint- Jean de Dieu, mort
à Paris, au milieu d'octobre, lequel, érudit et collectionneur distingué,
avait publié sur l'histoire et les vieilles légendes du Japon d'intéressantes
études dans des revues anglaises et dans le Bulletin de la Société franco-
japonaise, dont il était le vice-président; ■ — Marcel Mielvaque, écrivain et
journaliste, auteur de quelques romans, tels que V Ame de la race, le Piège
et la Vertu du sol, et ancien collaborateur de la Renaissance contemporaine,
revue fondée par Constantin de Brancovan, lequel avait beaucoup contribué
à la diffusion de la langue française en Roumanie, mort à Paris, au milieu
d'octobre, à 45 ans;— Aimé Pagnoul, membre correspondant de l'Institut
(Académie des sciences), mort à Arras, au commencement d'octobre, à
91 ans; — ■ François Richenet, ancien professeur, qui laisse un important
ouvrage sur le Patois de Petit-Noir [Jura] (Dôle, 1896, in-8) et noinbre de
jolies poésies qui ont été réunies en volume sous le titre de : Passe-temps
rimes d'un Franc-Comtois (Dole, 1911, in-12), mort à Dole (Jura), le 13 oc-
tobre, dans sa 89^ année;— Pierre Robbe, un des doyens de la presse par-
lementaire, mort subitement à Paris, à la fin d'octobre, à 68 ans; • — César
Roques, professeur honoraire au lycée de Nîmes, mort au milieu d'octobre;
— le D'' Paul Second, professeur de clinique chirurgicale à la Faculté
de médecine, chirurgien en chef de la Salpêtrière, mort à Paris, à la fin.
— 468 —
d'octobre, auquel <in doit : Recherches cliniques et expérimentales sur les
épanchem-nts sangu'ns du genou par Ventorse (Paris, 1871, in-8), thèse pour
l'agrégation; Des Abcès chauds de la prostate et du phlegmon péri prostatique
(Paris, 1881, in-8), thèse piur le dictorat; Cure radicale des hernies (Paris,
1883, in-8); — • le D'' Jules deSeynes, professeur agrégé de la Faculté de
médecine, mort à Paris, au milieu d'octobre, à 79 ans; — Pierre Tesche,
ancien employé à la Compagnie P.-L.-M., puis au Métropolitain, mort à la
fin de septembre, à Paris, à 43 ans, lequel, devenu journaliste sur le tard,
rédigeait depuis plusieurs années la « Vie sociale » à r Humanité et était
le secrétaire général du Syndicat national des journalistes professionnels,
qu'il avait fondé; — ■ Pol Tristan, journaliste, correspondant du Petit Mar-
seillais au Maroc, mort à la fin d'octobre, à l'hôpital de Casablanca.
— ■ A l'étranger on annonce la m )rt de MM. : Auguste Beernaert, mi-
nistre d'État belgo, membre associé de l'Institut de France, mort à Lucerne
(Suisse), le 6 octobre, à 83 ans; — M™^ Bertha Behrens, femme de lettres
allemande, mirte le 10 septe.ubre, à Koetschenbroda, près de Dresde, à
6'* ans lij l'allé laisse de mmbraux^ romans parus sous le pseudonyme de
Wilhelrr^ine Heimb irg, eitre autres : Illustriste Romanen und Novellen
(Oldenb;)arg, 1894-1897, 10 vol. in-8, et nouvelle série: Leipzig, 1896-1898,
5 vol. in-8); Ihr einziger Bruder (Leipzig, 1896, in-8) et Trotzige Herzen
(Leipzig, 1897, in-8); — Dr. Erich Blume, sous-directeur du musée archéo-
logique de l'Empereur Frédéric de Posen (Pologne allemande), mort à
Unterberg, le 10 septembre, à 28 ans; — ■ Emil Dietrich, ingénieur alle-
mand, professeur d'architecture à l'Ecole technique supérieure de Berlin,
mort à Misdroy, le 26 septembre, à 68 ans; — ■ Dr. Herman Dunger, ger-
maniste allemand, mort à Dresde, le 21 septembre, à 70 ans, auteur de :
Wider die Englaenderei in der deutschen Sprache (Berlin, 1899, in-8), etc. ;
— ■ Alphons Emil Friedrich Durr, éditeur allemand, mort le 23 septembre,
à Leipzig, à 57 ans; — • Dr. Horace Howard Fur>'ess, président de la
Société de Shakespeare à Philadelphie (États-Unis), mort en cette ville, en
septembre, à 72 ans; — Dr. George Vv. Kitchin, écrivain anglais estimé,
mort au milieu d'octobre, auquel on d )it des ouvrages d'histoire, dont
quelques-uns ont eu plusieurs éditions, notamment : The Seven Sages
of Durham et History of France et qui a piblié plusieurs volumes pour la
collection de la « Surtees Society » ; — • Wilhelm, Kuhe, musicien autrichien
de grand talent, qui s'était fixé en Angleterre où il était devenu professeur
à la « Royal Academy of Music » et avait publié : Musical Recollections
(Londres, 1896, in-8), mort au commencement d'octobre, à Earl's Court,
à 89 ans ; — Dr. Karl Loebker, médecin allemand, mort le 9 octobre,
à Bochum, à 58 ans, lequel laisse plusieurs ouvrages; — ■ Karl Gustav
Malstroem, le doyen des historiens suédois, ancien directeur des Archives
d'État et ancien ministre des cultes de Suède, mort en septembre, à Stock-
holm, à 71 ans; — Georg Meisenbach, l'inventeur de l'autotypie, mort
à Emniering (Allemagne), à la fin de septembre, à 71 ans ; — Kurt Me y,
musicologue allemand, mort le 21 septembre, à Dresde, à 48 ans; — Dr. Ja-
cob Minor, professeur de langue et de littérature allemande à l'Université
de Vienne, mort en cette ville, le 7 octobre, à 58 ans, dont nous citerons :
Goethes Faust Entstehungsgeschichte und Erklaerung (Stuttgart, 1901,
2 vol, in-8), et ISeuhochdeutsches Metrik.Ein Handhuch (Strassburg, 1902,
in-8) ; • — le cheikh égyptien Sanua Abou Naddara, ancien professeur à
l'École polytechnique du Caire, mort à Paris, à la fin de septembre, à un âge
très avancé, lequel a, pendant plus d'un demi-siècle, défendu le3 droits de
— 469 —
l'Egypte, son pays natal, et fut frappé d'exil en 1878, lorsqu'il eut fondé
un journal satirique VAbou Naddara, dans lequel, par la plume et par de
nombreuses illustrations, il critiquait énergiquement la politique anglaise ;
• — Dr. Siegfried Nietschel, professeur d'histoire du droit civil et du
. droit ecclésiastique à l'Université allemande de Tubingue, mort en cette
ville, le 20 septembre, à 41 ans ; — Charles PeeterS; imprimeur-éditeur de
le Leewen aar, mort à Turnhout (Belgique), le 20 octobre, à 52 ans ; —
Dr. David Peipers, professeur de philosophie à l'Université allemande
de Goettingue, mort en cette ville, le 26 septembre, à 84 ans, lequel est
l'auteur de : Untersuchungen ueber das System Plato's (Leipzig, 1874,
in-8), Ontologia platonica ad notionum terminorumque historiam symbola
(Leipzig, 1883. in-8), etc. ; ■ — le major général allemand comte Richard
VON Pfeil et Kein-Ellguth, édv'w ain militaire, auteur de Das Ende Kaiser
Alexanders II. Meine Erlebnisse in russischen Diensten, 1878-1881 (Berlin,
1903, in-8), etc., mort à Berlin, le 9 octobre, à 66 ans;— Dr. Arthur Pfungst,
écrivain allemand, mort le 3 octobre, à Francfort-sur-le-Mein, à 49 ans, après
avoir publié : Ans der indischen Kulturwelt (Stuttgart, 1901, in-8), Neue
Gedichte (Berlin, 1903, in-8), etc. ; — ■ Gustav Saran, écrivain allemand,
mort à la fin de septembre à Halle-sur-la-Saale, à l'âge de 75 ans, lequel
a publié divers ouvrages sur le droit ecclésiastique; — Dr. Friedrich
ScHOTTE, ancien professeur de construction de machines agricoles à l'Ecole
technique supérieure de Berlin, mort en cette ville, en octobre, à
l'âge de 81 ans; — ■ Dr. Christian Sehrwald, ancien conservateur de la
bibliothèque d'Altenbourg, mort le 6 octobre à Eisenach, à l'âge de
^4 ans, lequel laisse des ouvrages d'histoire littéraire ; — Hans Strehl,
chargé de cours de chirurgie à l'Université allemande de Koenisberg,
mort en octobre à Neubabeisberg, à 40 ans;— Dr. Ernst von Tavel, pro-
fesseur de chirurgie à l'Université suisse de Berne, mort dans les environs de
Genève, en octobre, à 50 ans; — le célèbre compositeur catholique belge
Edgar Tinel, maître de chapelle de la Cour, directeur du Conservatoire
royal, à Bruxelles, ancien directeur de l'École de musique sacrée de Malines,
mort à Bruxelles, le 28 octobre, à 58 ans, lequel avait réussi à réformer
complètement en Belgique la musique religieuse et dont on vante, entre
autres compositions, le bel oratorio Franciscus, qui fut exécuté dans
toutes les grandes villes de Belgique et de l'étranger, ainsi que la légende
dramatique Sainte Catherine d'Alexandrie, représentée en 1909 au théâtre
royal de la Monnaie ; — Dr. Hermann F. Wiede, membre de l'Institut
de physique technique, mort en septembre à New-York, à 60 ans; —
Adolphe Wàmpse, un des doyens de la presse parlementaire, mort subi-
tement à Paris au milieu d'octobre.
Lectures faites a l'Académie des inscriptions et belles-lettres.
— Le 4 octobre, M. Maspéro explique à l'Académie l'état actuel des fouilles
en Egypte et les mesures législatives qu'il a suggérées aux puissances
représentées auprès du Khédive. — Le 11, M. Cordier donne lecture
d'une lettre de M. de Gironcourt, relatant les péripéties de sa navigation
sur le iNiger. — M. Homolle montre et explique les photographies d'une
tête de l'époque romaine découverte à Délos, dans le lieu dit les Pales-
tres. — M. Salomon Reinach exprime l'opinion que les populations de
l'âge du renne avaient au sujet d'esprits volants dans les airs des idées
qui semblent être celles des habitants de la, Nouvelle-Zélande. — M. Moïse
Schwab explique une encyclopédie rabbinique du xiii^ siècle. — Le 18,
M. Henri Omont présente à l'Académie la photographie d'un manuscrit
— 470 —
grec di xii** siècle donn5 à la Bibliothèque nationale par M. Fenaille. —
M. Morel-Fatio explique dans quelles conditions M. de Heredia avait
traduit le manuscrit original de la Véridique Histoire de la conquête du
Mexique, par Bernai Dia^ del Castillo, dont il avait fait photographier
un feuillet, et fait remarquer que les éditeurs successifs de ce manuscrit
ne semblent pas tenir compte des travaux de l'académicien français. —
M. Babelon explique que le mot « Monnaie » vient du nom d'une déesse
latine, Junon Moneta, dont le temple, gardé par les célèbres oies du
Capitole, contenait les trésors pris sur les ennemis par les Romains, et
était situé auprès d'un atelier minutaire. — Le 23, M. le marquis de
Cerralba décrit les fouilles qu'il a entreprises et au cours desquelles il a
découvert les traces d'une grande ville ibérique, Alcobriga.
Lectures faites a l'Académie des sciences morales et politiques.
— • Le 12 octobre, M. Lacjur-Gayet analyse un travail de M. Vesnitch,
ministre de Serbie à Paris, sur le cardinal Alberoni, pacifiste. — M. Mau-
rice Bellom lit un mémoire intitjlé : Y a-t-il une faillite sociale en Alle-
magne? — • Le 19, M. Henri We'schinger lit des fragments de la vie de
Henri Brulard, autobiographie de Stendhal. — • M. Louis Passy donne
lecture d'un mémoire sur la psychologie de Napoléon pendant la retraite
de Russie et sur l'opinion qu'avait de lui Kléber.
Concours. — L'Académie des sciences de Berlin met au concours pour le
prix von Miloszewski (4.500 francs) à décerner en 1915 (délai, i^iSl décembre
1914) un exposé historique du problème de la causalité théorique depuis
Descartes et Hobbes jusqu'à Stuart Mill et même jusqu'à Lotze, Fech-
ner, Sigwart, Helmholtz et KirchhofT. Les mémoires destinés au concours,
anonymes et pourvus simplement d'une devise, pourront être écrits en
allemand, latin, français, anglais ou italien.
Prix. — ■ L'Académie des sciences de Berlin a décerné le prix Diez
(2.050 francs) à M. K. Nyrop, pour sa Grammaire historique de la langue
française.
Almanachs pour 1913. — • Celui que nous devons recommander en
premier lieu et tout particulièrement est VAlmanach du Bon Français,
édité depuis 24 ans par la Société bibliographique. Il tranche sur la bana-
lité du genre en ce sens qu'il est sérieusement composé et que les niai-
series et les inutilités en sont exclues. Petit volume à conserver et que
l'on aimera à revoir de temps à autre. La charité ne consiste pas seu-
lement à venir en aide matériellement aux classes déshéritées, elle s'af-
firme encore, de la part des favorisés de la fortune, en procurant aux
masses des lectures saines, réconfortantes, instructives. Or, VAlmanach
du Bon Français mérite de figurer en excellente place parmi les lectures
ayant cette triple qualité. De plus, par son priv; minime, il peut être
largement répandu dans les milieux ouvriers de toutes sortes, de la ville
et de la campagne. Mais il ne faut pas s'y tromper : cette publication
sera lue avec plaisir et non sans utilité même dans les milieux supé-
rieurs. Il se présente donc comme un ami pouvant être reçu à la fois,
sympathiquement, au château ou dans la chaumière. Voici, du reste, un
aperçu de sa physionomie : Le Protectorat français au Maroc (avec une gra-
vure).— Les Petites Sœurs de V Assomption (1 grav.). — -Les Commandements
du parfait politicien, d'après Alphonse Karr. —Le Recensement de la popu-
lation française en 1911. — • Deux Catastrophes et un accident de chemin de fer
(1 grav.). — -Pour la défense des églises de France. Une Conférence de M. Mau-
- 471 - , _
rice Barrés. — Les Victimes de la Révolution. — Le Naufrage du « Titanic »
(1 grav.)- — Histoire des bandits anarchistes (1 grav.). — Le 500*^ Anniversaire
de la naissance de Jeanne d' Arc. La Fête de la libératrice de la Patrie. — La
Bataille de Denain (1712). Célébration de son bi- centenaire. Un Monument
<iu maréchal de Villars. — La Perte du « Vendémiaire » (1 grav.). —
Une Lettre du général Lyautey. — Chez nos voisins de Belgique. Supério-
rité sociale et commerciale du gouvernement catholique sur le gouvernement
libéral. — La Guerre italo-turque (1 grav.). ■ — • Les Soutanes ensanglantées.
— Les Armes des catholiques, etc. (Paris, Société bibliographique, 5,
rue Saint-Simon, VIF arr., in-12 de 72 p., illustré. — Prix : l'exemplaire
0 fr. 15; franco, 0 fr. 20; la douzaine, 1 fr. 60; franco, 2 francs; le cent
12 francs; franco, 13 fr. 50; le mille (port en sus), 100 francs).
— V Almanach Hachette (10^ année) (in-12 de 432-96 p., avec des gravu-
res, portraits et cartes, en grand nombre. — Prix : 1 fr. 50; cartonné, 2 fr.)
est certainement le roi des alnianachs : nous l'avons dit déjà. Il mérite
d'être collectionné, car, les années peuvent s'écouler, il reste toujours
« la petite encyclopédie populaire » dans laquelle on retrouve souvent
des choses oubliées et qui ont leur utilité ou même leur importance.
Parmi les articles, tous intéressants à titres divers, que nous remarquons
dans V Almanach Hachette de 1913, il convient de mentionner : Les Fée-
ries de réclipse. — Les Cimetières du ciel. — D'où viennent les étoiles
filantes? — Icebergs et banquises. — Le Feu au milieu des glaces. — Si
Von ne mourait pas/ — Les Mystérieuses Révélations de la grande pyra-
mide. — Les Animaux lumineux. — Articles divers sur la Médecine et
VHygiène. — Les Forces inconnues. — Lisons lentement. — Femmes de
lettres contemporaines. — Hans Holbein. — Le Musée de Lille. — Le
Maroc. ■ — - Pour habiter une maison à soi. ■ — • Prouesses de héros. — Les
Rois de l'air. ■ — Dictionnaire de l'aviation, etc.
• — ■ Nous signalerons ensuite diverses catégories d'almanachs: Almanach des
patronages (14« année, gr. in-8 de 62 p., illustré, 0 fr. 50), avec cette
remarque que le texte de cet almanach a été intégralement utilisé pour
V Almanach de la jeunesse de France (12^ année, gr. in-8 de 62 p., illustré,
0 fr. 50). Tous deux se vendent 39, rue du Four, à Paris. ■ — • A la
Librairie Saint-François à Paris, l'en trou\era V Almanach franciscain
(13" année, gr. in-8 de 80 p., illustré, 0 fr. 50). — La Société de Saint-
Vincent de Paul nous offre les cinq almanachs qu'elle édite régulièrement
chaque année, savoir : Le Soldat (in-12 de 64 p., illustré, 0 fr. 25); Le
Coin du feu (in-12 de 64 p., illustré, 0 fr. 25); Almanach de l'atelier
(petit in-16 de 112 p., avec grav., 0 fr. 20); Almanach du laboureur
(petit in-16 de 112 p., 0 fr. 20) et Petit Almanach de l'écolier (in-32 de
61 p., avec grav., 0 fr. 05). • — Enfin, de la Société de Saint- Augustin,
nous rappellerons ceux de ses almanachs qui nous sont parvenus : Al-
manach catholique de France (34" année, in-4 de 80 p., avec une chro-
molithographie et des grav., 0 fr. 50); Almanach illustré des familles
(in-4 de 80 p., avec une chromolithographie et des grav., 0 fr. 50);
Almanach du Sacré-Cœur (15^ année, in-4 de 80 p., illustré, 0 fr. 50);
Le Grand Almanach populaire (in-8 de 64 p., illustré, 0 fr. 30); Alma-
nach de la Sainte- Famille (in-8 de 80 p., illustré, 0 fr. 30); Almanach
des enfants de Marie (in-8 de 78 p., illustré, 0 fr. 30); Almanach pour
tous (petit in-4 de 64 p., avec grav., 0 fr. 25); Almanach du nouveau
siècle (petit in-4 de 64 p., avec grav., 0 fr. 20). d-^jiJ;} 4£r\^: 'H '^ *''^
Paris. — Signalonsl'^genrfaP.-Z-.-M. pour 1913 (Paris, àlagare du P.-L.-M-,
;— 472 -- ,
service de la publicité, bureau de renseignements et bibliothèques, bu-
reaux-succursales, bibliothèques des gares du réseau, etc., gr. in-8 de
22<S-Lxiv p., avec 12 cartes postales détachables en 4 planches, de très
nombreuses illustrations, 19 grav. hors texte, dont 2 aquarelles et 2 pas-
tels. — Prix : 1 fr. 50). En dépit de son prix, qui est resté, le même,
cette publication est encore supérieure, au point de vue artistique, à la
précédente, car si tout le reste est aussi soigné, l'Agenda de 1913 ren-
ferme, ce qu'il n'avait pas l'an dernier, 4 admirables planches en cou-
leurs et une valse inédite pour piano : Sur la Méditerranée, par M. Pesse.
Dans la première partie, on trouve les nouvelles et notices suivantes-
illustrées à profusion, avec un goût irréprochable : Le Palais de Fon-
tainebleau, par M. G. d'Esparbès; — La Légende et les monuments de
la vallée du Rhône, par M. P. Mariéton; — Mémoires et récits de M. Fr..
Mistral; -^ L'Héritier, par M. G. Courteline; ■ — UOisans, par M. H.
Ferrand; — La Flore alpestre et exotique sur le P.-L.-M., par M. M. Le
Roux; — La Mort du père, par Villy; — V Hiver et le printemps à la
Côte- d'Azur, par M. G. Eiffel; — Les Voyages pratiques, par M. Franc-
Nohain; — La Métallurgie du réseau P.-L.-M., par M. L.-J. Gras; —
Un Ordre, par le com* Driant; — La Tunisie, par M. N. Ségur; — Le
Nouveau Matériel de la Compagnie P.-L.-M. • — Le reste de l'Agenda,
outre un calendrier orné de 105 dessins humoristiques, où l'on peut ins-
crire des notes, se compose de renseignements généraux, d'indications
relatives aux voyages de 'vacances, aux excursions, a illégiatures, stations
thermales, balnéaires et hivernales. Œuvre de grande utilité à coup sûr^
mais aussi œuvre littéraire et artistique : c'est une collection à former
et qui, plus tard, aura son intérêt et sa valeur.
— L'évêque d'Orléans, Théodulfe, qui fut aussi abbé de Saint-Penoît-
sur-Loire, entre autres décorations dont il avait orné son palais, avait
fait peindre une mappemonde. M. A. Vidier pense en avoir retrouvé
une copie dans un manuscrit de la Bibliothèque vaticane, qui provient
de l'ancienne abbaye de Ripoll que des relations assez suivies rattachè-
rent à l'abbaye de Fleury et à l'Orléanais au \i^ siècle, date du ma-
nuscrit. II expose les raisons sérieuses de cette identification dans un
article du Bulletin de géographie historique et descriptive (1911, n° 3)
intitulé : La Mappemonde de Théodulfe et la mappemonde de Ripoll (ix^-
xie siècle). (Tiré à part : Paris, Imp. nationale, 1911, in-8 de 31 p.,
carte et fac-similé.).
— Le rapport d'un espion espagnol sur les armements de Jacques Cartier
en 1541, récemment mis au jour par M. R. Hâpke, fournit à M. Ch. delà
Roncière, qui nous en donne un texte plus correct, l'occasion de refaire
l'historique de Notre première Tentative de colonisation au Canada (Extrait
delà Bibliothèque de VÉcole des chartes, t. LXXIII.Paris;Nogent-le-Rotrou,
Daupeley-Gouverneur, 1912, in-8 de 20 p.).
• — Grâce à la publication récente d'un Journal tenu de 1658 à 1799^
M. Georges Daumet a pu compléter et sur quelques points, rectifier la notice-
qu'il avait donnée au t. XXXVII des Mémoires de la Société.de Vhistoire de
Paris sur Un Couvent franciscain anglais à Paris, les religieuses de V Imma-
culée-Conception (Couvin, Maison Saint-Roch; Paris, Librairie Saint-
François, 1912, in-8 de 38 p.). Ces religieuses appartenaient primitivement
au couvent du tiers-ordre fondé à Nieuport et avaient dû, devant la dimi-
nution des ressources de la maison, aller chercher un asile ailleurs ; ne
l'ayant pas trouvé à Orléans, elles s'installèrent à Paris, s'affilièrent en 1661
— 473 —
à l'ordre de l'Immaculée-Conception dont elles prirent le vêtement quf
leur valut le nom de Nonnes bleues, et ne furent pas atteintes, au début, par
les mesures révolutionnaires; cependant le temps vint où elles furent jetées
en prison, et quand elles en sertirent et recouvrèrent leurs biens, sans-
d'ailleurs pouvoir se recruter, ce ne fut pas pour longtemps. Le Directoire
ne tarda pas à les dépouiller et, en 1800, elles durent regagner l'Angleterre où
la tolérance commençait à se faire sentir.
— Notre collaborateur M. E. Chailan vient de publier (Paris, J. de Gigord^
1912, in-8 de 156 p. et nombreuses figures. — Prix : 2 fr. 50) une Géométrie-
descriptive, classe de première C et D. Les questions du programme de 1912,
et elles seules sont traitées dans ce volume. L'exposé géométrique de chaque
question précède toujours la représentation du résultat qui, régulièrement,
est donné d'abord en géométrie à deux projections, puis en géométrie cotée..
Nous souhaitons cordialement à ce livre un succès pareil à celui obtenu par
les autres ouvrages de M. E. Chailan.
— ■ M. Eloi Lussan publie un Deuxième Essai de démonstration générale
du théorème de Fermât (Pau, Ribaut, 1912, in-8 de 93 p. — Prix : 1 fr.
Sa démonstration n'est pas générale, car il suppose que si des nombres
sont premiers entre eux un est pair et les deux autres impairs.
• — De la collection si appréciée que la maison Mame publie sous le titre
de : Pour tous, nous avons encore à signaler deux ouvrages qui ont été-
édités précédemment dans un format de luxe, en vue des étrennes, aux prix
de 5 fr. et 9 fr., savoir : 1° Les Petits Drames du poste, par M. Jean Drault
(in- 12 cartonné de 299 p., avec des illustrations de Charly et Guido.' —
Prix : 1 fr. 50). Les onze récits qui composent ce volume sont écrits avec la
verve coutumière de l'auteur; le Polybiblion en a donné l'analyse dans sa
livraison de décembre 1904 (t. CI, p. 510) ; — l^U Année terrible. Les Derniers
Coups de feu. L'Armée de la Loire, par M. Jules Mazé (in-12 cartonné de
344 p., illustré. — Prix : 1 fr. 50). Nous avons consacré à ce livre un assez
long article que l'on retrouvera dans notre livraison de décembre 1908
(t. cm, p. 494-495). Nous disions alors et nous répéterons aujourd'hui que
c'est « un récit où vibre un ardent patriotisme, une relation dans laquelle
les faits sont présentés sous cette forme à la fois historique et anecdotique
qui frappe les jeunes gens et fait pénétrer dans leur esprit la mémoire des-
événements et les leçons, les enseignements qu'il comportent. »
Bretagne. • — M. Adolphe Orain a publié récemment un opuscule inti-
tulé : Le Séjour en Bretagne de célébrités littéraires et scientifiques (Vannes,
imp. Lafolie frères, s. d-, in-8 de 10 p.). Brièvement, il nous entretient de
Honoré de Balzac, Victor Hugo, Charles Nodier, Jules Janin, Gérard de
Nerval, Joseph Bertrand, Henry Murger, Albert Glatigny, Villiers de l'Jsle-
Adam, Alexandre Dumas père et Henri Houssaye. Nous n'examinerons
pas les diverses notices de M. J. Orain; nous lui demanderons seulement la
permission de lui faire observer, à propos de Charles Nodier, que ses suppo-
sitions sont mal fondées : ce n'est pas en Bretagne (de 1837 àl842) que cet
écrivain a connu Luczot de la Thébaudais; en effet, celui-ci nommé, en
l'an II, ingénieur ordinaire des ponts et chaussées à Besançon, se lia avec
Nodier, en cette ville même, en 1794 ou 1795, si bien qu'en 1797 (an VI) les-
deux amis publiaient en collaboration un ouvrage intitulé -.Dissertation sur
Vusage des antennes dans les insectes et sur l'origine de Vouïe dans les mêmes
animaux (Besançon, imp. Briot). Cette rectification, cela va de soi, ne di-
minue en rien l'intérêt de la brochure de M. A. Orain.
Franche-Comté. — H y a douze ans que le Vieux Besançon de M. Gas-
. __ 474 —
Ion Coiiidro est ea cours de publication. L'ouvrage, actuellement achevé,
comprend six gros fascicules formant trois volumes, paginés sans interrup-
tion de 1 à 1464. D'aucuns pourront considérer cette méthode comme sin-
gulière; en y regardant de près, cependant, elle n'est pas sans offrir un avan-
tage appréciable en ce qui concerne l'établissement des tables : pas besoin
d'indication des tomes; la page, cela suffît. Et ce n'était pas une petite af-
affaire que de dresser les trois tables que l'on trouve ici, savoir : tidsle des
noms cités (20 pages à 3 colonnes), table des rues, places, sociétés ou con-
fréries, établissements divers, etc. (10 pages à 3 colonnes) et enfin table des
illustrations qui pullulent à ce point que certains fascicules présentent la
physionomie d'un luxueux album (8 pages à 2 colonnes). Ces tables ter-
minent donc le dernier fascicule de Mon Vieux Besançon, histoire pittoresque
et intime d'une ville qui vient de paraître (Besançon, Jacques et Demon-
trond, gr. in-8 paginé 1289-1464, avec de nombreuses gravures. — Prix :
6 fr.) et que l'auteur a consacré aux environs de Besançon. Ces environs,
il convient de le noter, peuvent supporter, sans désavantage, la compa-
raison avec ceux de la plus favorisée des villes de France sous ce rapport,
car les sites parcourus ici sont tous charmants et quelques-uns admirables.
Au fur et à mesure de leur publication, nous avons mentionné, à cette place
même, les fascicules précédents, et, en décembre 1909 (t. CXVI, p. 489-496),
nous avons parlé plus longuement des deux premiers volumes parus.Nous
ne saurions mieux faire aujourd'hui, que rappeler ce que nous disions alors
de ce beau livre écrit et illustré par M. G. Coindre : Mon Vieux Besançon
séduira tous les amateurs des choses provinciales; de plus, il mérite, l'heure
des étrennes étant prochaine, d'être offert comme cadeau aux bibliophiles
qui recherchent les éditions véritablement artistiques.
— • Lorsque nous est parvenu le fascicule numéroté 1-2 du tome XXII
de la Bévue bourguignonne, formé uniquement des Ordonnances franc-
comtoises sur r administration de la justice (1343-1477) dont la publication
était due à M. E. Champeaux, nous en avons, sans tarder, parlé dans notre
Chronique d'août dernier (t. CXXV, p. 187). Or, cet excellent ouvrage, édité
à part (Paris, Picard et fils; Dijon, Nourry, 1912, in-8 de lxvii-271 p. —
Prix : 12 fr.) vient de nous parvenir; en avisant de ce fait nos lecteurs,
nous n'avons plus qu'à les renvoyer à la notice prérappelée.
— M. Léon Gauthier a donné au Bulletin de la Société française d'histoire
de la médecine de juin 1912, avec une intéressante Introduction de 8 pages,
des Fragments de correspondance de Jacques Coitier, médecin de Louis XI,
qu'il a fait ensuite tirer à part (Paris, chei le secrétaire général du Bulletin,
16, rue Bonaparte, 1912, petit in-8 de 24 p.). Cette correspondance se com-
pose de 24 lettres en latin (17 adressées à Coitier et 7 écrites par lui), « copiées
rapidement et sans soin par un scribe inconnu » sur dix feuillets de papier
insérés dans le Catalogue des manuscrits de la Bibliothèque du Boy, publié
en 1744 (manuscrit n^ 4831 du fonds latin de la Bibliothèque nationale).
Ces lettres, tout en établissant, une fois de plus, la haute estime en laquelle
Louis XI tenait son médecin comtois et la grande faveur dont il jouissait
auprès de lui, en dépit de son avidité bien connue, jettent sur le caractère
de Coitier et sur sa valeur comme médecin un jour plutôt avantageux.
En terminant son Introduction, M. L. Gauthier émet l'avis que ces docu-
ments offrent un intérêt considérable pour les historiens de la médecine
ancienne, qui pourront en tirer parti « tant pour l'histoire de Jacques
Coitier que pour celle des mœurs médicales et de la thérapeutique au
moyen âge ».
— 475 —
— Un magistrat poète, c'est M. Ch. Thuriet, qui nous envoie deux nou-
velles plaquettes. Le Chant de la vieille cathédrale, petit poème gothique [Bg-
sançon, imp. Jacques et Demontrond, 1912, in-8 de 10 p.. Extrait du Bul-
letin de r Académie des sciences, belles-lettres et arts de Besançon) est une
œuvre excellente à tous les points de vue, où l'auteur met en scène tour à
tour certains morts, des pierres, des statues, des peintures, les cloches,
enfin la croix, à qui il donne une voix. Il semble bien que c'est la cathédrale
de Milan qui a inspiré M. Thuriet et parfaitement inspiré, certes. — Très
bons aussi les vers profondément religieux que le mémo poète, qui habite
Turin, a fait imprimer sous \eiiire: Hy perd ulie (Giaveno, Scuola tipogra-
fica, 1912, in-32 de 8 p.) et qui sont un fervent hommage rendu à Jésus sur
la croix et à sa sainte Mère.
Lorraine. — Dans sa séance publique du 30 mai 1912, l'Académie
-de Stanislas de Nancy recevait trois membres nouveaux. La Béponse que
le président annuel, M. Georges Parisot, a faite aux récipiendaires,
MM. E. Duvernoy, L. Schaudel, P. de Lallemant de Mont (Extrait des
Mémoires de V Académie de Stanislas (Nancy, imp. Berger-Levrault, 1912,
in-8 de 24 p.) n'apprécie pas simplement leurs mérites distinctifs. On y
note, entre autres choses, un curieux rapprochement entre le sort de la
Lorraine et celui de la Pologne, un passage sur le caractère religieux des mé-
galithes et des considérations sur le rôle du groupement social et sur la
limitation qu'il apporte à la liberté individuelle.
Normandie. — • Dom P. Denis, qui poursuit inlassablement ses recherches
sur l'histoire de la Congrégation de Saint-Maur, nous fait connaître, d'après
les matricules conservés àSolesmes et qu'il a comparés avec d'autres docu-
ments, les Bénédictins de la Congrégation de Saint-Maur, originaires de
V ancien diocèse de Séez (Extrait du Bulletin de la Société historique et archéo-
logique de l'Orne. Alençon, Imp. alençonnaise, 1912, in-8 de 77 p.). -Aux
indications naturellement un peu sèches fournies par les matricules, Dom
Denis a ajouté, pour un certain nombre de religieux, des notes biographiques
que l'on consultera avec profit. On ne peut que souhaiter de voir l'érudit
bénédictin nous donner un semblable travail pour d'autres provinces, t^
Italie. — En 1905, la librairie Hoepli, de Milan, publiait, dans sa
grande collection de Manuels, un excellent traité de M. Giuseppe MalagôH
SUT la bonne prononciation de la langue italienne et sur l'orthographe
italienne si incertaine, comme l'on sait, sur bien des points : Ortoepia e
ortografia italiana moderna. Ce petit livre, écrit principalement en vue du
public d'outre-monts, mais dont il va sans dire que le lecteur étranger peut
tirer grand profit, eut un succès mérité et il vient d'en être donné une
seconde édition (1912, in-16 de xx-294 p.), améliorée et sensiblement
augmentée. Le plan de l'ouvrage et l'ordre même des chapitres sont restés
identiquement les mêmes, mais plusieurs de ces chapitres ont été l'objet
d'importantes modifications, notamment le chapitre annexe sur les trans-
.criptions phonétiques; quelques pages même ont été ajoutées, sur les tra-
vaux du second congrès de la « Societâ ortografica italiana », qui s'est tenu
a Rome l'an dernier. L'index analytique, où sont relevés tous les mots cités
dans le corps du livre, a été presque doublé.
— A la même librairie et dans la même collection, paraissait presque
en même temps une nouvelle édition du Lexicon ahhreviaturarum ou
Dizionario di abbreviature latine ed italiane, de M. Adriano Cappelli (1912,
in-î6 de lxviii-529 p.), ouvrage dont il n'y a plus à faire l'éloge; ce manuel
— 476 — •
avait paru pour la première fois en 1899, et une édition allemande ère
avait été donnée en 1901. à Leip^.ig. Sur certains points, c'est presque un
nouveau livre que cette réédition. Outre que deux nouveaux fac-similés,
avec transcription, ont été ajoutés aux quatre précédents, un plus grand
dévelc ppoment a été donné à la série des ahréviations épigraphiques,
parmi lesquelles ont été introduits bon -nombre de sigles en usage à l'épo-
que ( hrétienne. Nul doute que cette nouvelle édition obtienne, auprès
des paléographes et des épigraphistes, et principalement auprès des étu-
diants, le même succès que la précédente.
—Vingt-sept élèves de M. Fabio Besta se sont entendus pour fêter, par la
publication d'un recueil de mélanges,la quarantième arinée de son ensei-
gnement : Moiwgrafie édite in onore di Fabio Besta nel 40. anniversario del
suo insegnamento (Milano ,T. Vallardi, 1912, 1 vol. en 2 t. in-8 de xv-914 p.,
avec portrait). Voici la liste des mémoires contenus dans ce recueil; ils-
montrent combien a été féconde la méthode du savant professeur de comp-
tabilité : Alfieri (Vittorio) : La Scrittura nel controllo economico; ■ — Caron-
cini (Lauro) : // Ducato di Milano sotto la dominazione austriaca : ordina-
mento amministrativo-contabile; ■ — Cerri (Filiberto) : La Rijorma del gior-
nale-niastro; — Cinque (Ettore Maria) : Contributo alla teoria tecnico-legale
degl'interessi; — Civello (Emanuele) : Scritture contabili d'una vasta
azienda signorile; ■ — Cova (Giovanni) : / conti dijferenziali nei diversi siste-
mi di scritture; ■ — Dabbene (Agostino) : Note sulV ordinamento amministra-
tiva-contabile di un azienda signorile; ■ — D'Alvise (Pietro) : Conti bilaterali^
unilateraii, plurilaterali : srittura doppia; — Ghidiglia (Carlo) : La Vigi-
lanza sulV amministrazione economica dello Stato; — Grassellini ^Ezio) :
Tavole geometriche per la soluzione grafica di alcuni problemi di aritmetica
finanziaria; ■ — La Barbera (Rosario) : Sul bilancio e sul rendiconto dello
Stato : — Margini (Silvio) : La Statistica nei riguardi délie casse diris-
pannio; — Masetti (Antonio) : La Série iUimitata nei metodi di scritture; ■ —
MatteUcci (Rodolfo) : I Bilanci délie anonime per quanta riguarda la forma;
— Montacuti (Carlo) : Impieghi periodici; ■ — Pisani pEmanuele) : La
Missione délia ragioneria negli Stati moderni; — Rosati (Carlo) : L'Opéra
esercitata in un decennio di vita dal collegio dei ragionieri delV Umbria a
pro degli studi e délia professione; — Rossi (Giovanni) : La Ragioneria; —
Rigobon (Pietro) : Alcuni appunti storico-bibliografici intorno alla partita
doppia sintetica applicata aile aziende mercantili; — Salvatori (Adolfo): LAc-
certamento nelle aziende di enti privati; ■ — Serrazzi (Nino) : Una caratteri-
stica forma di consorzio; — Stella (Antonio): Grazie, pensioni ed elemosine
sotto la repubblica veneta; • — Tofani (Alberto) : Perizia giudiciale fatta a
Firenze Vanno 1460 per il tribunale dicommercio; — Valletta (Vittorio ) :
Responsabilità degli amministratori délie società anonime in materia di
bilancio; — Vianello (Vincenzo) : Individualitâ del bilancio di compe-
tenza; — Virgilio (Auguste) : Confronta tra le formole dei pagamenti periodici
a interesse composto discreto e le formole dei pagamenti periodici a interesse
composto conti nuo : discussione eritica e tahelle relative.
Chine. — ^ l^d, N ote sur le climat de N. D. de Pins (Chang-Haï, imp. delà
Mission catholique, in-32 de 23 p.) est extraite du Calendrier- Annuaire
pour 1912 de l'Observatoire de Zi-Ka-Wei, dont il a été question dans notre
Chronique dc mai dernier (t. CXXIV, p. 476-477). « Notre-Dame des Pins »
est la résidence centrale de la mission de la Mongolie orientale. Dans cet
établissement, dont une vue est donnée avec un plan orographique de la
— 477 —
région, s'effectuent quotidiennement de nombreuses observations météo-
rologiques: ce sont les résultats de ces observations à partir de 1900, mais
principalement de 1908 à 1910, avec tableaux et diagrammes à l'appui,
qui font l'objet de cette brochurette. Par suite d'une distraction, on a oublié
de rectifier les renvois aux pages de l'Annuaire, 14 (qui renvoie à la page 152
pour la page 12) et 20 (renvoi à la page 158, pour p. 18).
. Japon. — Tout ce qui concerne le Japon présente vraiment un intérêt
particulier et il est rare d'avoir l'occasion de constater une des manifesta-
tions d-i développement intellectuel des Japonais sans ressentir un réel
sentiment d'étonnement, pour ne pas dire d'admiration. L'Institut histo-
rique d-3 Tôkyô, qui correspond à notre service des Archives nationales,
auquel seraient adjoints le Comité des travaux historiques au ministère
de l'instruction publique et l'École des chartes, est une création inté-
ressante de l'esprit japonais moderne. Aussi devons-nous remercier l'émi-
nent japonisant qu'est M. Glavery d'avoir exposé, dans une substantielle
brochure : U Institut historique de Tôkyô. Shirio Hensan Kakari (Paris, Bi-
bliothèque de la Société franco-japonaise, 1912, in-8 de 14 p.) les origines
et l'organisation de cet établissement, de nous avoir fait connaître
les principales publications, d'une importance considérable, qui en sortent.
Cette étude a permis incidemment à l'auteur de constater le peu de soin avec
lequel nos Archives conservent les volumes qui lui sont adressés de l'étranger
à moins que, tout simplement, on ne doive admettre que ces documents ne
se soient égarés entre Tôkyô et Paris.
Publications nouvelles. — ■ Toute lliistoire de la religion depuis Adam
jusqu'à nos jours, par l'abbé ÀHard (2 vol. in-16, Vitte). — Études bibliques.
L'Ecclésiaste, par E. Podechard (gr. in-8, Lecoffre, Gabalda). — Jésus-
Christ, sa vie et son œuvre, esquisse des origines chrétiennes, par M. Lepin
(in-16, Beauchesne). — ■ Lectures parallèles des saints Évangiles, par le
baron de Faviers (in-12, Lethielleux). — Le Bréviaire, T^ds le Pv.P. A.Velghe
(in-12, Lethielleux). — Theologiae dogmaticae elementa ex probatis aucto-
ribus collegit,P. B. Prevel, editio tertia, aucta et rccognita secundum docu-
menta ab Apost. Sede noviter promulgata opéra et studio P. M. J. Miquel
(2 vol. in-8, Lethielleux). — Le Problème du salut des infidèles, essai théolo-
gique, par L. Capéran (gr. in-8, Beauchesne). — Les Fondements de la foi,
mémento de l'apologiste, par le R. P. Mario Laplana; trad. de l'espagnol par
l'abbé E. Gerbeaud (in-12, Téqui). — Exposition de la morale
catholique. Morale spéciale. IL La Foi. IL La Vertu de foi et les vices qui
lui sont opposés. Carême 1912, parle R. P. M. -A. Janvier (petit in-8, Lethiel-
leux). — Apologie du catholicisme par les incrédules, exposé du dogme, de
la morale et du culte catholiques , "pQX l'abbé Augier (in-12, Lethielleux). —
Œuvres oratoires de l'abbé S. Coubé. Gloires et bienfaits de V Eucharistie
(petit in-8, Lethielleux). — Bossuet moraliste, par P. Bonnet (in-12, Lethiel-
leux). — Allocutions pour les jeunes gens, par P.Lallemand- 3^ série (in-12,
Téqui). — La Vérité aux gens du monde, par J. Tissier (in-12, Téqui). —
Ma Journée avec Marie, ou Pratique de la vie d'intimité avec la douce Beine
des cœurs, à l'usage des prêtres, des religieux et religieuses, par le P. J. de
Lombaerde (in-32, Téqui). — L'Éducation de la chasteté, par A. Knoch (in-8,
Téqui). — Innocence et ignorance, éducation de la pureté, par M. -S. GiHet
(in-12, Lethielleux). — Vers la vie pleine, à la suite du P. Gratry, -pas A. Gon-
tay (in-12, Téqui). — Cours de droit forestier, par C. Guyot. T. III, fasc. ii
(in-8, Laveur). — ■ Traité de droit pénal allemand, par le D"" F. von Liszt;
— 478 --
traci. par 1>. Lobstein. T. H, partit- spéciale [in-v, biard et brière). — ■ Œu-
vres co/itpletes df Maxnnilien hobeapierre. Première partie. Robespierre à
Arras. T. II. Les Œuvres judiciaires, par É. Lesueur (gr. in-8, Leruux). • —
Traite de droit public international, par A. i\ierigiiliac. 3^ partie. Le Droit de
ta guerre. T. I. Le Droit conunun de la guerre. La Guerre terrestre (in-8, Li-
brairie générale de droit et do jurisprudence. — Précis de philosophie, par
l'abbe Levesque. i. Psychologie ^iu-8, J. de Gigord). — La Philosophie de
M. Bergson, par Mgr A. Marges (in-12, Maison de la Bonne presse).
— Œuvres pndosophiques choisies de D. Hume; trad. de l'anglais par
}^L. "D a.\i(i. ii. Traite de la nature humaine de l'' entendement (in-b, Alcan).
— L,a ixeiigion dans les Limites de la raison, par E. Kant; trad. par A. Tre-
mesa^vgues ^iu-6, Alcan;. — Hssai sur tes apparitions et opuscules divers,paiV
A. bclioponliauer; trad. par A. Diétrich (in-12, Alcan). — La Liberté de
la pensée, par u. de Lacaze-Dutliiers \petit in-8, Alcan). — Avis au public.
Jr'etit^ Grains de philosophie à rasage des jeunes filles, par l'abbé Champly
^ui-j::, Lethielleux). — • Élcments de psychologie e.rperimentale, par le P. J. de
la Vaissière ^petit in-8 cartonné, Beauchesne). — Les Sentiments généreux,
par A. L.ai'tault (in-8, Alcan). — De la Préservation morale de l'enfant, par
l'abbe A. Chauvin (in- 16, Beauchesne). ■ — La Jeune Fille française et son
avenir \Hi-i-., Lethielleux). ■ — Les Tentations du jeune homme, par E. Bru-
neteau (,ui-i_, Lethielleux). — De V Éducation patriotique, par E. Montier
(in-12, tSociété française d'imprimerie et de librairie). — A travers le prisme
du temps, par C. Wagner (in-16. Hachette). • — La Monnaie, le crédit et le
change, par A. Arnauné (in-8, Alcan). — La Concentration des entreprises
industrielles et commerciales, par A. Fontaine, L. March, P. de Rousiers,
F. Samazeuilh, A. Sayons, G. Veillât, P. Weiss (in-12, Alcan). • — Plans de
réalisation de la société future, par S. Bergeret (in-16, Daragon). — Idées
paramédicales et médicosociales, par le D"' Grasset (in-16, Plon-Nourrit).—
Comment se soignaient nos pères. Remèdes d'autrefois, par le D'' Cabanes.
2^ série (in-18, Maloine). — Notions de chimie- physique, par J. Gaillard
(in-12, J. de Gigord). — Cours de trigonométrie, par T. Caronnet (in-8,
Gauthier- Villars). — Études pratiques des roches, par T. Rinne; trad- et
adapté par L. Pervinquière. 2^ éd- revue et augmentée (in-12 cartonné,
Lamarre). — Préparom-nous à la victoire, par L. Nasi; trad. de l'italien
par le commandant Painvin (in-12, Berger- Levrault). — Aide-Mémoire du
photographe, par G. Menetrat (8 vol. petit in-12, Charles-Mendel). • — Péchés
primitifs [art et folk-lore). par L. Maeterlinck (in- 12, Mercure de France).—
La Divine Comédie. L'Enfer, de Dante AHghieri; trad., accompagnée du
texte italien, avec Introduction et notes par E. de Lamine (in-8, Perrini. —
Légendes d'Alsace), pai' G. Spetz (in-12, Perrin). — Poèmes ardennais, par
H. Dacremont (in-16, Plon-\Nourrit). — Consolations, poèmes en prose,
par J. Valcler (in-16, Figuière). • — Présences, par P.-J. Jouve (in-12. Crèsl
— Chant des « five o'clock-tea «, par H. Frenay-Cid (in-12. Édition du Bef-
froi). — Pages politiques des poètes français, par J.-M. Bernard (in-12,
Nouvelle Librairie nationale). — La Dame aux millions, par C. Foley
lin- 16, Plon-Nourrit). — Luis, par P. Lhande (in-i6, Plon-Nourrit). —
Les Derniers Oiseaux, par M. Olivaini (in-18, Lemerre). — Les Étangs noirs,
par A. Fcmtainas (in-12, Mercure de France). — Les Chanteurs florentins,
Suivis de V Enfant Septentrion, par J. Bertherriy (in-18, Colin). — MnnMeur
Guérin. fonctionnaire, par L. Ténars (in-18, Figuière ). — Alceste au couvent.
par l'abbé J. Pacheu (in-18, Figuière. — Parmi les cheminots d£ l'Inde.,
— 47y -
par R. Kipling; trad.. par A. bavine (in-12, Stock). — Boy, par le P. L. Co-
luma; trad,. d,e l'espagnol par M. Demarès de hill (in-1», jLcthieJleux). —
Flus fort qae la mort, muvi de qiielques nouvelles, pai" C Lambert ^in-12,
Leiliieileuxj. — Le Chemin de paix, par M. \ aiiet (in-lii, librairie d.es
baints-Jt^eresj.' — Lts Mauvais Gars, par l. loky ^in-i:i cartonné, Manie).
— Jean du, Bequet, par r lanijjart clés liord,s ^in-12., t icker). — Des hommes ...
nouvelles, par a. Combette ^in-ii;, édition d,u « Temps présent )>). — Lettres
choisies de (jioetlie, lyoo-l83:i; trad,- par JNJi*-' A. l^aiila \in-i6, Hachette).
— Maîtres d'autrefois et d'aujourd'hui, par V. Giraud (in- 16, Hachette). — ■
Nouveaux Estais de littérature et d'esthttique (i8S6-juin ï^Sl), pal" O. Wilde;
trad. par A. baVine ^in-12, Stock). — George Peele (1558-1596 ?), par
P. -il. Chellaud ^in-b, Alcan). — La Femme dans le tliéâtre d'Ibsen, par
F.Boettcher \in-b, Alcan). — -Pages choisies des grands écrivains. Les Auteurs
arabes, avec mtrcd. par L. Macliuel (in-18, Colin). — ■■ Essai sur la littérature
chinoise, par (J. boulié (in-18, Mercure de France). — ■ La Sénéchaussée de
la Basse-Marche, contribution à l'étude de la géographie de l'ancienne France,
par R. Mortier (gr. in-8, Hachette). — Voyages en Dalmatie, Bosnie-Herzé-
govine et Monténégro, par P. Marge (in-16, Plon-Nourrit). — A travers
l'Inde, par le capitaine Claude- Lafontaine (in-16, Plon-Nourrit). — Miz-
raïm, souvenirs d'Egypte, par G. Kuith (in-12, Téqui). — Au Pays des mys-
tères, pèlerinage d'un chrétien à la Mecque et à Médine, par A. Le Boulicaut
(in-16, Plon-Nourrit). — Visions du Brésil, par L.-A. Gaffre (in-18, Aillaud
et Alyes). — Promenades au Far-West, par F. de Tessan (in-16, Plon-Nourrit).
— Le T'emple de Jérusalem, par H. Lesêtre (in-16, Beauchesne). — Histoire
de l'Antiquité, par E. Cavaignac. II. Athènes (480-330) (in-8, Fontemoing).
— A travers le monde romain, par R. Gagnât (in-12, Fontemoing). • — Sainte-
Marie- Madeleine, par le R. P. H.-D. Lacordaire, avec notes et appendices
par l'abbé A. Chauvin (in-12, Garnier). — L'Aimable petite Sainte Agnès,
par F. Jubaru (in-12, Lethielleux). — Le Petit Journal des saints, ou Abrégé
de leur vie, par deux missionaires. 2^ (^ refondue (in-32, Téqui).— Le Pro-
blème du salut des infidèles, essai historique, par L.Capéran (gr. in-8, Beau-
chesne). — Histoire de la politique extérieure de la France, par P. Corbin
T. I. Les Origines et la période anglaise [jusqu'en 1483) (in-8, Auguste
Picard). — ■ Béatrice d'Aragon, reine de Hongrie (1457-1508), par A. de Ber-
zeviczy. T. II (in-12, Champion). — Luther et le luthérianisme, par H. De-
nifle; trad. de l'allemand, par J. Paquier. T. III (in-12, A. Picard et fils.) —
La Vie d'un héros. Agrippa d'Aubigné, par S. Rocheblave (in-16, Ha-
chette). — Mémoires du cardinal de Riclielieu, publiés par le comte Horric
de Beaucaire et R. Lavollée. T. III (1620-1623) (in-8, Laurens). —Richelieu
et le clergé de France. La Recherche des amortissements, d'après les Mémoires
de Montchal, par J. Tournyol du Clos. Première partie (1639-1640) (gr. in-8
Giard et Brière). — Épisodes de la guerre de Trente Ans. Le Maréchal de
Guébriant (1602 à 1653), par le vicomte de Noailles (in-8, Perrin). — Jour-
nal de Jean Vallier, maître d'hôtel du Roi (1648-1657), publié par H. Cour-
teault .T. II (8 septembre 1649-31 août 1651) (in-8, Laurens). —Lettres sur
la Cour de Louis XIV, par le marquis de Saint-Maurice, publiées par J.Le-
moine, 1667-1673 (2 vol. in-8, Calmann-Lévy). — Les Souveraines des
Tuileries. Histoire du château, par I. de Saint-Amand (in-1 2, Tours, Mamek—
Réflexions sur la Révolution française, par C. Burke; trad. de l'anglais, par J.
d'Anglejean (in-8. Nouvelle Libr. nationale^— Fouquier-Tinville. accusateur
publicdu tribunal révolutio7inaire(\Vi6-\195),VArA.Duno\eT (petit in-8,Per-
>- 480 -
fin) — ^otes et souvenirs inédits d-e Prieur de la Marne, publiés avec Introd.
et uotos'par G. Laurent (gr. ia-8, Berger-Levrault). — La Terreur à Poitiers,
pal" E. balliard (in-S, Oudia). —Les Petites Victimes de la Terreur, par P.
Gaulol (in- 16, Plon-Nourrit). ■ — Souvenirs de révolutions et de guerre, par
le général baron Rébillot (gr. in-8, Berger-Levrault). — L'Ame de Napoléon,
par L. Bloy (in- 12, Mercure de France). — La Police secrète du premier
Empire. Bulletins quotidiens adressés par Foiiché à VEmpereur, publiés
par E. d'Hauterive. T. 11, 1805-18U6 (gr. in-8, Perrin). — La Captivité
de Pie VII, par le comte de Mayol de Lupé (gr. in-8, Émile-Paul). —
— Ls Général Joseph- François Dours, par le D"" V. Laval (in-8, Berger-
Levrault). — Le Beau Jardin, par P. Acker (in-16, Plon-Nourrit). —
Études et fantaisies historiques, par E. Rodocanachi (in-16. Hachette). —
Mémoires et documents pour servir à l'histoire du commerce et de V indus trie
en France, publiés sous la direction de J. Hayem,. 2« série (in-S, Hachette).
— ■ Guillaume-Joseph Chaminade, fondateur des marianistes (1761-1850),
par H. Rousseau (in-16, Perrin). — Le P. Gratry, essai de biographie
psychologique, par A. Autin (in-12, Librairie des Saints-Pères). — . Souve-
nirs de la Combe [Mgr Dupanloup à la Combe), par N. du Boys (in-12,
Téqui). — -L'Heure desâmes, parleP. Mainage. fesérie (in-12, Lethielleux).
— ' La Divine Histoire de N.-D. de Lourdes, par l'abbé P. Moniquet (in-8, Libr.
des Saints-Pères). — Histoire de Notre-Dame de Lourdes, par l'abbé S. Car-
rère (in-8, Beauchesne). — Vers le régionalisme intégral, par J. Angot (gr.
in-8, Nouvelle Librairie nationale). — ■ Histoire financière et économique
de V Angleterre (1066-1902), par E. Martin (2 vol. in-8,' Alcan). — U Angle-
terre d'aujourd'hui, par C. F. G. Masterman; trad- de l'anglais par l'abbé
F.-M. Le Meur (gr. in-8, Lethielleux). — • Le Spitsberg dans Vhistoire diplo-
matique, par A. Rsestad; trad. du norvégien par C. Rabot (gr. in-8, Masson).
— • Le Gouvernement représentatif fédéral dans la République Argentine,
par J. N. Matienzo (in-16. Hachette). — La Préhistoire à la portée de tous,
par M- Exteens (in-8, M. Rivière). — Bibliographie de la franc- maçonnerie
et des sociétés secrètes, par P. Fesch, J. Denais et R. Lay. l^r. fasc. A-Céré-
monie (in-8. Société bibliographique). Visenot.
Le Gérant : CHAPUIS.
Imprimerie polyg^Iotte Kr. Simon, Rennes— Paris .
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Un Semestre en Suisse, par André Laurie. Paris, Het/el, s. d. , gr. in-8 de 512 p.
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aquarelles d'A. Rackham. Cartonné toile pleine, 12 fr. — 9. Contes bleus de ma
Mère-Grand, par Charles Robert-Dumas. Paris, Boivin, 1913, irt-4 de ii-165 p.,
avec encadrements, illustré de 45 compositions de Henry Morin, dont 7 grandes
pages hors texte en couleurs. Bioché, 6 fr. ; relié toile, tr. dorées, plaques couleur«,
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in-8 de 181 p., avec dessins et aqua; elles, par René "Vincent. Broché, 7 fr, 50;
cartonné, 10 fr. — 11. Le Secret du livre d'heures, par Ch. Dodeman. Tours, Marne,
p. d., petit in-folio de 320 p., illustrations d'après Robida. Broché, couvertures
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de ScHMiD. Paris, Laurens, s. d., in-4 de 115 p., illustrations en noir et en couleurs
de Louis Morin. Broché, couverture en couleurs, 6 fr. ; lelié, 9 fr. — 13. Une Aven-
ture coloniale au xviii^ siècle. L'Inde éblouie IDupleix, de Bussy, La Touche)
par Judith Gautier. Paris, Colin, 1913, petit in-8 de viii-536 p., avec 8 planches.
Broché, 6 f r. ; relié, 8 fr. 50. — 14. Histoire d'un foyer. Les Vacances de Louise.
Le Théâtre de la poupée, par J. Madsen; adaptation par M. Gay. Paris, Hetzel,
s. d., gr. in-8 de 303 p., illustr. par G. Roux. Broché, 5 fr. 60; relié toile, plaque
spéciale, tr. dorées, 8 fr. — 15. Les Deux Antoinette, par Ernest Daudet. Tours,
Marne, s. d., in-4 de 287 p., illustrationr de G. Dutriac. Relié percaline fantaisie
tr. dorées, 7 fr. — 16. L'Otage, chronique du xiv<= siècle, par Jean Poujoilat.
Paris, Librairie deParis,Firmin-Didot,s.d.(1912), in-4de 291p., illustré^de 20 grav.
d'après les dessins de H. Thiriet. Broché, 5 fr. ; relié, 7 fr. 10. — 17. Jean-Marie
Kerdern et ses sœurs, par Auguste Le Bras. Paris, Librairie de Paris, Firmin-
Didot, s. d. '1912), in-4 de 282 p., illustré de 60 grav. d'après Charousset. Broché,
5 fr. ; relié, 7 fr. 10. — 18. Les Deux Tigresses, par Pierre Maêl. Paris, Hachette,
1912, gr. in-8 de 243 p., avec 48 illustr. de Ed. Zier. Broché, 3 fr. ; relié, 6 fr. -—
19. A-B-C. des travaux manuch, guide à l'usage des amateurs, par E.-J. Faix.
Paris, Hetzel, s. d., gr. in-8 de 251 p., avec 411 fig. et dessins par l'auteur. Broché,
4 fr. 50; relié, tr. dorées, 6 fr. — 20. L.ettres choisies de Madame de Sévicné, suivies
d'un Choix de lettres de femmes célèbres du wii'^ siècle; notice et annotations par
Marguerite Clément. Paris, Larousse, s. d., 2 tomes en un vol. petit in-8 de 160
DÉCEMBRE 1912. T. C'XXV. 31.
— 482 —
et 176 p., avec 8 grav. hors texte. Demi-reliure veau, tête dorée, 4 fr. 50. — 21.
Lv Bruyère. Les Caractères. Notice et annotations par René Pîcho.\. Paris^
Larousse, s. d., 2 tomes en un vol. petit in-8 de 192 et 191 p., avec 8 grav. hors
texte. Demi-reliure veau, tête dorée, i fr. 50. — 22. Paul et Virginie, suivi de la
Chaumière indienne, par Bernardin de Saint-Pierre; notice et annotations par
AvcusTE Dupoi'v. Paris, Larousse, s. d., petit in-S de 1G5 p., avec 4 grav. hors
texte. Demi-i-eliure veau, tête dorée, 3 fr. — 23. Sur les confus du Maroc, d'Oudjda
à^Figuig,'pArJj luis Rousselî.t. Paris, [Hachette, 1912, gr. in-8 de 267 p., avec 68
grav. Broché, 3 fr. ; cartonné, 4 fr. 60. — 24. La Chanson de Roland. Paris, Lau-
rens. s. d., gr. in-8 de 52 p., avec 24 planches en couleurs par J.-G. Cornélius.
Broihé, 3 fr.'50; relié, 4 fr. 50. — 25. La Divine Comédie, de Dante. Paris,
Laurens, s. d., gr. in-8 de 52 p., avec 24 planches en couleurs de F.-M. Rogaiïeau.
Broché, 3 fr. 50; relié, 4 fr. 50. — 26. Dernières Jncentions, dernières découver,
tes, par Daniel Bellet. Paris, Hachette, 1912, in-8 de viii-230 p., illustré
de 95 grav. Broché, 3 fr.; cartonné, 4 fr. — 27. L'Jle des Centaures, par A>
RoBiDA. Paris, Laurens, s. d., in-8 de 123 p., avec planches en couleurs-
et grav. en noir par l'auteur. Broché, couverture en couleurs, 2 fr. 50;
relié, 3 fr. 50. — 28. La Fée de la mansarde, par M'" Map.cuerité Morin. Tours,
Manie, s. d. , gr. in-8 de 301 p., illustrations de André lournier. Relié percaline
fantaisie, plaque spéciale, tête dorée, 3 fr. 50. — 29. Zigzags au pays de la science,
par A. AcLOQUE. Tours, Marne, s. d. , gr. in-8 de 366 p., avec grav. hors texte et
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L'Ange et les deux démons, par Victor Laeruande. Paris, Colin, 1912, in-18 de
ix-252 p., illustr. de Carlègle. Broché, 2 fr. ; relié toile, tr. dorées, 3 fr. — 31. Les
Quatre Sous de Frcdy. Le Secret du lac bien, par P. Pfrraui.t. Paiis. Hetzel, s. d.
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2 fr. 25. •
II. l*éi-Iodique« illutBtB'é». — A, Journal de la jeunesse. Nouveau Recueil hebdo-
madaire illustré. Année 1912. Paris, Hachette, 2 vol. in-4 de chacun 418 p. Bro-
chés 20 f r. ; reliés 26 fr. ; ahonnement : France 20 f r. ; Étranger, 22 fr. — 2.
Journal des demoiselles. 92<= année. Paris, 46, rue Saint-André-des-Arts. 1911, 2 vol.
in-4 de 576-96 p., avec grav. et planches. Paris, 16 f r. ; province, 19 fr. ; Union
postale, 22 f'-. — 3. La Revue française. 7^ année. Paris, 17, rue Cassette; Tours,
maison Marne (ortobie 1911-septem])re 1912, 2 vol. gr. in-4 de 728 et 768 p.,
avec de très nombreuses grav. France, Belgique, 10 fr. ; autres pays, 13 fr. 50.
— 4. Mon Journal (1911-1912), recueil hebdomadaire, illustré de grav. en couleurs
et en noir, pour les enfants de 8 à 12 ans. Paris, Hachette, 1912, gr.*^ in-S de
827 p. Broché, 8 fr. ; cart. 10 f r. ; abonnement : France, 8 f r. ; étranger, 10 fr. —
5. L'Ouvrier, journal bi-hehdomadaire illustré. 51'= année. Paris, Henri Gautier,
1911-1912, in-4 de 836 p., avec grav. Broché, 6 fr. ; cart. toile, 7 fr. 50; abonne-
ment : France, Algérie, Belgique, 6 f r. ; autres pays, 7 fr. — 6. La Semaine de
Suzette. l^ "tannée, 2" .semestre, et 8« année, V^ semestre. Paris, Henri Gautier,
(5 août 1911-28 juillet 1912), 2 vol. in-4 de chacun 418 p., avec de très nom-
breuses grav. en noir et en couleurs. France, Algérie, Belgique, 6 fr, ; autres pays,
' 8 fr. Chaque vol. cartonné, 3 fr. 50.
■II. Albums. — X.Jeanne d'Arc, texte par F. Funck-Buentano. Paris, Boivin, s. d.,
album gr. in-4 de 82 p., illustré de 40 aquarelles de O. D. V. Guillonnet. Relié
toile, tr. dorées, plaque or et coule'jrs, 15 fr. — .2. Buster Broivn recommence.
Paris, Hachette, s. d., album gr. in-4 oblong de 30 planches en couleurs de R.-F.
OiTCAui.T. Cartonné, couverture en couleurs, 5 fr. — 3. Fîtes nautiques chez les
animaux, par .J. .Iacqiin. Paris, Hachette, s. d., album in-4 oblong de 42 p.,
illustré de planches en'couleurs et de grav. en noir par G.-H. Thompson; cartonné,
couverture en couleurs, 5 fr. — 's. Ardant le Chevelu, par Dame Yette. Paris,
Hachette, 1912, album in-4 de 24 p., dessins en couleurs de JeanVeber. Cartonné,
•ouvertu-^e en couleurs, 3 fr. — 5. Scènes comiques dans la forêt, par Benjamin
Rabier. Paris, Garnier, s. d., album in-4 oblong de 50 planches en couleurs; relié
toile, plaque spéciale, tr. dorées, 7 fr. 50. — 6. Grégoire et son âne, par C. Santos
Gonzalez; adapté de l'espagnol. Paris, Garnier, s. d., gr. in-4 de 59 p., dessins en
— 483 —
couleurs de F. F. Nunez Millon; cait. dos toile, couverture chromo, 4 îr. 25. —
7. A qur/i jouons-nous?, par E. Webep.. Paris, Garnier, s. d., album gr. in-4, aqua-
ndles de Rodert Salles; cartonné dos toile, couverture chromo, 4 fr. — 8. Lilette
Lcvfiillé à Craboville, par Jorpic. Paris, Garnier, s. d., album ffr. in-4 de 64 p.,
avec planches et illustrations en couleurs; cartonné dos toile, couverture chromo,
4 fi'. — 9. Marie-aux-sabots-de-bois se gage, par Jordic. Paris, Garnier, s. d.
album in-4 oblong de IG p., illustrations en couleurs; cartonné, couverture en cou-
leurs, 1 fr. — 10. Les Dernières Places de Marie-aux-sabots-de-bois, par Jordic
Paris, Garnier, s. d.,'' album, in-4 oblong de 16p., illustrations en couleurs; carton-
né, couverture en couleurs, 1 fr. — 11. Les Sept Jours de Ketje, par' Jordic. Paris
Garnier, s. d., album in-4 oblong de 16 p., illustrations en couleurs; cartonné
couverture en couleurs, 1 fr. — 12. Perrine la petite laitière, par Jordic. Paris,
Garnier, s. d., album in-4 oblong de 16 p., illustrations en couleurs; cartonné,
couverture en couleurs, 1 fr. — l 'A. Cours sélect, par Jordic. Paris, Gainier, s. d.,
album in-4 oblong de 16 p., illustrations en couleurs; cartonné, couverture en cou-
leurs, 1 fr. — 14. La Pension des Oiseaux, par Tony d'Ulmès. Paris, Garnier
s. d., in-4 oblong del 6 p., illustrations en couleurs de Jordic; cartonné, couverture
en couleurs, 1 fr. — 15. Bré kr kts! Coas! Cbas! par Jordic. Paris. Garnier, s. d.,
album in-4 oblong de 1 6 p., illustrations en couleurs; cartonné, couverture en cou-
leurs, 1 fr. — 16. Tintin Corin, par Jordic Paris, Garnier, s,d., album in-4
oblong de 16 p., illustrations en couleurs; cartonné, couverture en couleurs, 1 fr.
— 17. Les Animaux eélèbres, racontés par E. Mi'ller. Paris, Hetzel. s. d., album
gi'. in-8 de 48 p., illustr. par J. Geoefroy. Cartonné, 2 fr. — 18. Mademoiselle Lili
à la campatine, par P.-L. Stahl. Paris, Hetzel, s, d., albumi gr. in-8 de 44 p., avec
dessins de Lorentz Frcelich. Cartonné, 2 fr. — 19. Le Trésor de Gisèle, par
Camille Gasté. Tours, Mame, s. d., album in-4 de 16 p., illustr. en couleurs de
GuYDO. Cartonnage chromo, 1 fr. 25. — 20. Une Mauvaise Inspiration, par Jean
DE LA Gobardière. Tours, Mame, s. d., album in-4 de 15 p., illustr. en couleurs
de Guvno. Cartonnage chromo, 1 fr. 25.' — 21. Monsieur Parapluie et Mademoiselle
Ombrelle, par Louis Chollet. Tours, Mame, s. d., album in-4 de 16 p., illustrations
de H. Avelot; cartonnage chromo, 1 fr. 25. — 22. La Tourterelle de Marthe, par
Camitle Gasté. Touis. Mame, s. d., album in-4 de 15 p. illustr. en couleurs de
Guydo. Cartonnage chromo, 1 fr. 25. — 23. Le Chef-d^ Œuvre du petit berger, par
Louis Choi.let. Tours, Mame, s. d., album in-4 de 16 p., illustr. en couleurs de
Lerouard. Cartonnage chromo, 1 fr. 20. — 24. La Galette des Rois, par Louis
Chollet. Tours. Mame, s. d., album in-4 de 16 p., illustrations en couleurs de H.
Avelot; cartonnage chromo, 1 fr. 20. • — 25. La Libératrice. Touis, Mame, s. d.,
aUjum in-4 de 16 p., illustré de reproductions de tableaux, cartonnage chromo.
1 fr. — 26. Les Ajoncs d'Anne-Marie, par Marie Vkrcne. Tours, Mame, [s. d.
album in-4 de 16 p., illustr. de H. Avelot. Cartonnage en couleurs, 1 fr. — 27.
La Religion enseignée aux petits-enfants, par le chanoine Soulange-Bodin. Tours,
Mame, s. d., album gr. in-8 de 31 p., illustrations d'après les chefs-d'œuvre des
principaux musées; cartonnage chromo, 1 fr. — 28. Un Témoin inattendu, par
Pierre Couronneau. Tours, Mame, s. d., album gr. in-8 de 16 p., illustr. en cou-
leurs de H. Avelot. Cartonnage en couleurs, 1 fr. — 29. Lucette en liberté, par
MiLKA Steag. Tours, Mame, s. d., album gr. in-8 de 15 p., illustr. en couleurs de
Jean Testevuide. Cartonnage en couleurs, 1 fr. — 30. La Chasse de Lina, par
Camille Gasté, Tours, Mame, s. d., album gr. in-8 de 15 p., illustr. en couleurs
de R. DE LA NÉziÈBE. Cartonnage en couleurs, 1 fr. — 31. La Souris blanche,
d'après Hégésippe Moreau. Tours, Mame, s. d., album in-4 de 15 p., illustrations
de Pinchon; cartonnage chromo, 0 fr. 95. — 32. Les Souliers de Marie-Rose,
d'après Hégésippe Moreau. Tours, Mame, s. d., album in-4 de 16 p., illustr. de
Pii'^ciiON. Cartonnage en couleurs, 0 fr. 95. • — 33. Les Sacrifices de Renée, par
Marie Vergne. Tours, Mame, s. d., album in-4 de 15 p., illustr. de Clérjce.
Cartonnage en couleurs, 0 fr. 95. — 34. En vacances, par Milka Steag. Tours,
Mame, s. d., album gr. in-8 de 16 p., illustr. de R. de la Nézière. Cartonnage en
couleurs, 0 fr. 80. — 35. Mademoiselle Je-le-veux, par Milka Steag. Tours, Mame,
s. d., album petit in-4 de 16 p., illustrations en couleurs de H. Avelot; cartonnage
chromo, 0 fr, 80. — 36. Mademoiselle Sabre-Tout, par Jean de la Gobardière.
— 481 — f
Tours, Marne, s. d., album petit in-i de 16 p., illustrations en couleurs de H^
AvF.LOT. Cartonnage chromo, 0 fr. 80. — 37. Le Fil de la vie, par Louis de Vau-*^
MOt.RET. Tours, Mame, s. d., al])um de 15 p., illustrations en couleurs de Marc
Saurel. Cartonnage en couleurs, 0 fr. 80. — 38. La Vaniti- de Lucienne, par
Mapie Vergne. Tours, Marne, s. d., album p-i-'t in-4 de 16 p., grav. en noir de R.
DE LA NÉziÈRE. Cartonnage en c mleurs. 0 fr. 65. — 39. Un ben petit Cœur, par
Pierre Couronne au. Tours, Mame, s. d., album petit in-4 de 16 p., gravures en
noir par Sexlor. Cartonnage en couleurs, 0 fr. 65. — 40. Chansons à la façon
d'Épinal, par Marcel Legay et Louis Tournayre. Paris, Colin, 1913, album
•in-8 de 26 p. Cartonné, cotverture en couleurs, l fr. 25.
TV. Bibliothèque illnstrée, roi-mat Ir-4. 3« séi-i*', publiée par la maison
Mame, de Tours, 1912. Vol. brochés, couverture chromo, 3 fr. 20; reliés percaline
fantaisie-, plaque spéciale, tr. dorres, 5 fr. — 1. La Dette et rOtagc, par J. Edhor;
adapté de l'allemand par J. de Lau.\ay, illustr. de Paul Destez, 224 p. — 2.
Bose-des-Chem ins , par Charles de Vitis, illustr. de Jordic, 224 p.
V. Bibliotlièque rosa lliueirëc, publiée parla maison Harhette, 1912. Vol,
in-16 à 2 fr. brochés et 3 fr. 50 reliés. — 1. Le Commandant Rabat- Joie, par M»"
Chérox de la Bruyère, illustré de 40 vignettes par Ed.Zier, 277 p. — 2.Mignon-
nette, par M'^*" Hortekse Giraldox, illustré de 54 vignettes dessinées par G.
Dutriac, 228 p.
VI. L.es i^fvr«8 roses' |>ouf la jeunesse, 'publiés par la librairie Larousse.
4* série de 24 vol. in-12 de 60 à 64 p. (n°' 73 à 96), illustrés de nombreuses^grav.
Brochés, réunis dans un élégant étui carton, 3 fr. 90.
I. MÉLANGES. — 1. — Lalibrairie Hachette, ennousoffrantcetteannée,
comme son plus b3au livre d'étrennes, un recueil de Portraits antiques,
n'a pas craint de rebater les jeunes gens, non plus que leurs parents,
pir les austérités de l'archéologie; elle a eu grandement raison. Ce-
magnifique album de 518 photogravures exécutées et tirées en per-
fection ne contient, il est vrai, que des sculptures grecques et romaines^
etjpour la plupart des bustes; cependant il est peu de livres qui
puissent mieux nous renseigner sur la vie des anciens. Il y a des chefs-
d'œavre d'art parmi ces effigies; il y a aussi, comme parmi les bustes
qu'exposent nos Salons modernes, bien des banalités; mais comme
tout cela, pour un esprit nourri des écrivains antiques, prend une
beauté, un9 expression singulières ! Ces yeux qui ont vu, ces lèvres
qui ont parlé, mais il nous semble qu'ils regardent, qu'elles parlent
encore, et c'est une évocation vivante des paysages-, des mœurs, de
rii'stoire de la Grèce et de Rome. \^oici les grands poètes de la Grèce,
l'admirable figure d'Homère, le florissant Anacréon, Eschyle, So-
phocle, Euripide; voici les historiens, Thucydide, Hérodote; les phi-
losophes, Socrate, Aristote et Platon; les orateurs, Démosthène,
Eschine, Lysias. Et, si nous passons à Rome, quelle incomparable
leçon d'histoire que l'étude de ces nombreux portraits des Césars,
respirant tour à tour l'énergie, la sagesse, la férocité, la bestialité
même ! et quel charme et quelle dignité dans ces images des impé-
ratrices, et des matrones ou des jeunes filles ! Les modèles de nos plus
bîlles sculptures de la Renaissance sont là, et ce n'est pas sans raison
que M. Antoine Hekler, l'érudit et ingénieux préfacier du splendide
— 485 —
album, a inséré parmi les pages de son Introduction quelques images
des plus célèbres bustes italiens du xV siècle; de ceux-ci à ceux-là
il y a une filiation manifeste. Cette préface est un beau traité du
portrait dans l'antiquité ; et le livre tout entier fera la joie des savants
aussi bien que des artistes. 11 y a là, pour les archéologues, d'inappré-
ciables documents, conservés jalousement en des collections privées
d'Europe et d'Amérique, et dont on n'avait encore la reproduction
qu'en des recueils hors de prix. La publication de la librairie Hachette
est un acte de générosité bien entendue; elle marque une étape nou
velle de la vulgarisation si désirabJe des grands documents de l'art;
elle nous apporte un chapitre entier, et l'un des plus beaux, de la
grande iconographie dont nos arriére-neyeux • — heureux seront-
ils ! — auront sous la main tous les éléments.
2. — Ce sont des portraits aussi pour la plupart, mêlés' à de
beaux paysages et à des aspects pittoresques des vieux palais de la
Renaissance, que M. Rodocanachi nous offre dans le somptueux
volume qu'il a consacré à Rome au temps de Jules II et de Léon X,
autre livre proposé par la maison Hachette à notre instruction en
même temps qu'à notre divertissement. Mais ici le texte a plus d'im-
portance encore que l'image. On pourrait croire que l'érudit auteur
ravive en ces nombreuses pages les souvenirs d'une existence anté-
rieure passée au milieu des splendeurs, des ambitions et des luttes de
la Cour romaine, tant il sait accumuler les anecdotes, tant il se joue
familièrement parmi ces replis d'une histoire parfois bien tortueuse.
11 trace l'un après l'autre les portraits des deux grands papes : l'un,
profond politique, conquérant énergique et tenace; l'autre, mécène
magnifique, lettré délicat, artiste raffiné. Autour d'eux évolue la Cour
pontificale, luxueuse et frivole, amie des lettres et des arts, et la foule
des érudits, des écrivains et des artistes; Rome fut-elle jamais plus
belle que pendant les vingt premières années du xvi^ siècle? Bramante,
Raphaël, Michel- Ange dirigent un chœur glorieux; Rome est vrai-
ment la tête du monde, et la pensée maîtresse s'organise au Vatican.
En cinq chapitres, dont chacun forme presque un traité spécial
M. Rodocanachi nous décrit la Cour pontificale, avec la vie, les mœurs,
les richesses, les amusements des cardinaux, la vie privée des papes
Jules II et Léon X; puis le monde des artistes et des gens de lettres,
les réunions littéraires, lUniversité, le théâtre; puis encore la ville et
le peuple, les transformations de Rome, son administration, la jus-
tice pontificale et la justice séculière ; enfin les fêtes et les réjouissances,
fêtes religieuses ou populaires, cérémonies diverses, usages et supers-
titions; voilà l'image de la grande Rome triomphante, étincelante de
gloire et de plaisirs; et voici, pour finir, l'horrible tragédie, le sac
de la ville en 1527 par la soldatesque impériale, l'assaut, le pillage des
— 486 —
palais et des maisons, l'elVroyable profanation des égliseset desreliques,
et les infamies que l'on ne peut dire, le tableau de boue, de sang et de
mort qui a remplacé les images de volupté riante. M. Rodocanachi
ne nous épargne rien de ces abominations, et son li\Te méritera long-
temps d'être consulté pour les documents inappréciables qui s'y
entassent; il ne méritera pas une moindre louange pour le choix et
l'abondance de sa précieuse illustration.
3. — plus gracieux et coquet d'apparence que les deux autres
volumes d'histoire et d'art dont nous venons de parler, le Sandro
BouicelU de la librairie Hachette séduira tout d'abord par le charme
de ses gravures en couleurs. Il y a là vingt-cinq reproductions par des
procédés nouveaux dont l'habileté est indiscutable, où revivent devant
nos yeux ces délicats chefs-d'œuvre dont on ne se lasse point, le
Printemps, la Naissance de Vénus, les Madones au sourire triste et
pensif. Cette passion, cette langueur, cette étrangeté exquise qui ont
éveillé tant d'échos dans l'âme des artistes et des poètes modernes,
nous deviennent infiniment plus sensibles sous la parure suktile de la
couleur; le peintre lA,Tique, si païen et chrétien tour à tour, si profon-
dément troublé et si troublant aussi, méritait d'être célébré une fois
de plus comme il vient de l'être. M. Paul Oppé, sans prétendre renou-
veler un sujet où il semble bien que presque tout ait été dit, a groupé
avec une rare érudition les divers documents qui éclairent la vie et
les œuvres de Botticelli; il a discuté sur plus d'un point les conclusions
des plus récents biographes, notamment de M. Horne, l'auteur d'une
monographie aux proportions monumentales éditée à Londres. Sur-
tout il s'est attaché, soit dans la vie du peintre, soit dans le commen-
taire excellent dont il a accompagné chacune des vingt-cinq gravures,
à mettre en lumière cette physionomie entre toutes mobile et capri-
cieuse du plus moderne et du plus aimé des artistes.
4. • — La France de l'ouest et du sud-ouest, et le Massif central,
voilà les parties de notre pays que M. P. Jousset avait décrites dans
le tome I de cette « Géographie illustrée «, dont nous avons loué, il y a
un an, le texte et, plus encore, la remarquable illustration; le tome II
de la France, qui vient de paraître, est consacré à la vallée du Rhône et
aux montagnes qui la délimitent du côté de l'est, puis aux régions du
nord-est et du nord de notre patrie jusqu'aux extrémités de la Nor-
mandie, Quel admirable sujet d'ouvrage et aussi d'album ! Il nous a
semblé que le souci de ne rien oublier avait enlevé à M. Jousset
quelque liberté d'allure, et ne lui avait pas toujours permis de marquer
d'un trait sufTisamment vigoureux tel ou tel caractère important, tel
ou tel contraste; peut-être, en revenant à loisir sur un ou\Tage dont il
nous a fallu prendre très rapidement connaissance, découvrirons-
nous mieux que nous ne le faisons actuellement les avantages d'un
— 487 —
plan comportant, pour chaque département, une longue liste de per-
sonnages historiques, et faisant trop, d'une géographie, une sorte
d'encyclopédie... Par contre, nous louerons sans réserve aucune
l'illustration de la France, encore que la photographie de l'Arve au
Pont-Sainte-Marie, entre Servoz et les Houches (p. 112), représente
l'état des lieux avant la construction du chemin de fer électrique,
soit dans les dernières années du xix^ siècle ! Pour se faire une idée
de la végétation méditerranéenne, des aspects si différents des Alpes,
du Jura et des Vosges, il n'est rien de tel que de feuilleter ce beau
volume dont tant de planches hors texte et de gravures sont de
véritables tableaux et évoquent de manière si vivante des souvenirs
de villégiature ou d'excufsion. Non moins que les paysages de mon-
tagnes ou de mer (de la Manche et de la Méditerranée), les vues de
monuments retiennent l'attention du lecteur de la France et lui per-
mettent d'apprécier les beautés de monuments romains tels que ceux
d'Arles et d'Orange, de cathédrales comme celles de Reims, d'Amiens,
de lîeauvais et de Paris, d'hôtels de ville comme celui d'Arras, de
châteaux forts tels que Coucy. Sur Paris, sur Lyon, sur Marseille, sur
Nancy, sur Rouen, sur la plupart de nos grandes villes au total, quel
remarquable ensemble, et bien fait pour séduire celui qui ne connaît
pas, aussi bien que celui qui a vu ! Quelques°pages relatives à ce véri-
table prolongement de la France qu'est l'Algérie complètent ce beau
volume, mine inépuisable de renseignements de toute espèce, magni-
fique album qu'on ne se lasse pas de regarder ni d'étudier !
5. — Voici un cadeau d'étrennes enviable : Les Papiers posthumes
(la Pickwick- Club. Ce chef-d'œuvre de Charles Dickens, où sont
abondamment et pittoresquement racontées les aventures de M. Pick-
wick, sera toujours lu avec le plus vif intérêt; il est d'ailleurs un de
ces ouvrages qui ne vieillissent pas, car le héros principal du roman
et tous ses amis sont des types d'humanité. Pour interpréter digne-
ment l'auteur, la librairie Hachette a eu recours à un artiste dont
l'humour égale le talent : M. Cecil Aldin. A côté des jolis dessins qui
animent le texte, on admirera les planches en couleurs hors texte qui
sont des tableaux pleins de vie, pétillants d'esprit. L'originalité que
nous soulignons sous ce rapport est de tournure bien anglaise; on
peut dire que M. Aldin a interprété à merveille l'œuvre de Dickens,
qui s'offre à nous sous une reliure dont la scbriété d'ornements
n'exclut pas l'élégance.
6. — Quel triste sire que Ce bon Monsieur de Véragues, que M. Mau-
rice Maindron a pris comme héros du livre que nous vous présentons;
mais aussi combien représentatif de quelques-uns de ces chefs hugue-
nots du xvi^ siècle qui ne trouvaient dans la religion prétendue ré-
formée qu'un prétexte à satisfaire leurs instincts de rapine, de meurtre
— 488 —
et de crimes, qu'un moyen nouveau de vivre en marge de la société
et d'échapper au châtiment que leur conduite leur aurait nu'rité.
Lisez ce Hatc, jeunes amis, et il vous prémunira contre les exposés
tendancieux et les jugements enthousiastes que certains manuels
vous offrent de la Réforme, et vous y apprendrez bien des choses, à
distinguer par exemple ces pièces d'armures que M. Maindron con-
naissait si bien. D'ailleurs, à côté de \'éragues se détachent d'autres
figures plus sympathiques, celles de sa femme qu'il a abandonnée,
de sa fille qu'il a ravie à l'affection maternelle, du chevalier de Puy-
monceaux, chez lequel la candeur de l'âme ne nuit ni au courage
ni à l'intelligence et qui finit par épouser la fille du forban, qu'il a
Contribué, sans le savoir d'ailleurs, à rendre à sa mère. Et, pour ajouter
à l'attrait de ce b3au volume, le maître illustrateur Job a dépensé
pour le décorer de figures en noir et en couleurs les ressources de son
prestigieux talent.
7. — Bien imprimé, bien relié, avec des illustrations nombreuses,
le volume de M. Laurie, intitulé : A travers l'Europe. La Vie de collège
en Angleterre, etc., convient aux jeunes garçons de dix à douze ans.
Ils y trouveront, sous la forme d'un récit fictif, des notions amusantes
et justes sur l'éducation des garçons, telle qu'elle est pratiquée en
Angleterre, en Hanovre, en Suède et en Suisse. Il est toujours utile
d'avoir des aperçus sur les mœurs et coutumes des pays étrangers;
rien n'élargit plus l'esprit et ne forme davantage le jugement que de
constater combien des systèmes très différents peuvent avoir de
b;)ns côtés, pourvu qu'ils aient pour base certains principes, qui sont
de tous les pays. Les leçons de choses renfermées dans ces pages
n'ont rien d'ennuyeux, la donnée du volume est parfaitement morale,
mais, ajoutons-le, cette morale est uniquement laïque. L'absence
de toute note religieuse est regrettable dans un livre qui, par ailleurs,
sort de la banalité.
8. — Ondine est une légende touchante, merveilleuse, qui nous
vient d'Allemagne et que M. de la Motte- Fouqué raconte avec un
charme particulier. De braves pêcheurs, ayant perdu leur unique
enfant, voient arriver chez eux, certain jour, une autre fillette cj^u'ils
sont heureux d'adopter. Qu'est la nouvelle venue ? C'est un mystère
qui s'éclaircit peu à peu : appartenant au monde inconnu des eaux,
elle est aimée d'un jeune seigneur, le chevalier Huldbrand de Ring-
stetten, qui l'épouse. Mais leur bonheur est éphémère : contrainte,
par la faute de son mari, de regagner le pays des Ondins, la jeune
femme le laisse désespéré; puis une rivale, Bertalda, laquelle n'est
autre que la \Taie fille des parents adoptifs d'Ondine, remplace celle-ei
dans le cœur du chevalier. Aussitôt, obéissant aux lois inexorables de
sa race, la pauvre oubliée, en proie à la plus cuisante douleur, est
— 489 —
obligée d'apporter la mort à celui qu'elle a aimée par dessus tout.
Telle est, dans ses grandes lignes, cette légende dont il nous est impos-
sible, même brièvement, d'esquisser les saisissants et poétiques détails.
.M. Arthur Rackham a illustré d'admirables compositions en couleurs
ce b3au volume, très gracieusement relié.
9. — Pour les Contes bleus de ma Mère- Grand, que publie
M. Charles- Robsrt Dumas, M. Emile Faguet a écrit une courte
Lettre- Préface où, — bien qu'il déclare ne point aimer notre immortel
Perrault, « parce qu'il est d'abord trop inégal et ensuite presque tou-
jours trop spirituel et beaucoup moins naïf qu'on ne l'a dit » — l'ho-
norable académicien n'hésite pas (et ce n'est que stricte justice) à
faire l'éloge du présent livre dans les termes suivants : « Le conte se
déroule comme de lui-même, en plein naturel. 11 est juste assez mer-
veilleux pour allécher ce qu'il y a de fantaisie dans l'âme de l'enfant
et juste assez plein de bon sens, de judicieuse vue générale des choses,
de saine raison, de juste morale pour être un aliment Isolide encore
des jeunes esprits ». Nous ajouterons que les quatre contes que l'on
trouve ici reflètent en outre, très suffisamment, l'idée et la pensée de
Dieu. Le principal de ces contes : Le Prince bûcheron, now?» fait voir
comment fut découverte et punie une imposture qui faillit priver le
fils d'un roi de son héritage légitime; ce récit est fort émouvant,
rempli d'actes généreux et animé du meilleur esprit. Rameau d'or
(d'après un conte populaire épirote) semble détaché des Mille et
une Nuits. La Bêche merveilleuse montre que l'on est souvent châtié
pour avoir fait un mauvais usage de la fortune. Quant aux Deux Oies
blanches d\( Aubépine », c'est un joli conte de Noël. Le volume est
habillé d'un élégant cartonnage avec plaque en couleurs et agré-
menté de nombreuses gravures en noir dans le texte et de planches
en couleurs hors texte.
10. — Dans les Petites Filles du temps passé, M. J. Jacquin évoque,
en douze rt^cits fort intéressants, autant de figures féminines qui,
pour être toutes d'imagination, n'en sont pas moins instructives au
point de vue des mœurs et des coutumes, des époques différentes
où Fauteur les fait agir. Partant de l'âge de pierre, avec la petite
Kra-Gul, et de l'âge du bronze, avec Grite, nous descendons le cours
des siècles avec une petite Égyptienne sous Ramsès 11, une jeune
Athénienne au siècle de Périclès, une Romaine au temps de Jules
César, une Gauloise avant la conquête romaine, une petite Mérovin-
gienne appelée Théodehilde, pour aboutir, à travers la féodalité, la
Renaissance et le règne de Louis XIV, à deux petites Françaises
vivant aux temps de la Révolution et de la Restauration. Recueil
charmant que les enfants et les parents liront avec un égal plaisir.
IL — Catherine Cornaro, la dernière reine de Chypre, avant de
— 490 —
vendre son ile aux Vénitiens, a écrit ses volontés dernières et aussi
un secret de famille important dans un livre d'heures, devenu la
propriété de Michel Cornaro, son descendant. Mais la reine s'est
servi d'un langage chiffré, dont le secret est perdu et c'est autour
de ce mystère que se déroule le récit de M. Dodeman, avec ses péri-
péties, ses intrigues et ses drames. Un grand nombre de personnages
s'y meuvent' : Michel Cornaro, roi titulaire de Chypre , le duc de
Savoie et son fils, des soldats, des espions, Méric, espèce d'illuminé,
capable des plus odieux forfaits et le Frère Benoît, belle figure de
moine, martyr du secret de la confession. L'action, très mouvementée,
est racontée avec entrain et le mystère qui fait le fond du' récit sti-
mulera la curiosité et retiendra l'intérêt des jeunes lecteurs de dix
à douze ans, à qui convient spécialement le Secret du livre d'heures,
dont l'ensemble fait honneur à la maison Mame.
12. — L'idée de réunir en un volume illustré pour étrennes quelques-
uns des meilleurs Contes de Schmid ne peut manquer d'être cordia-
lement accueillie. M. L. Tarsot, dans une courte Introduction, s'ex-
prime ainsi sur l'auteur : '( Le chanoine Schmid a mérité la popularité
dont il jouit. Cet excellent homme est presque un contemporain... Il
n'y a pas soixante ans qu'il est mort (en 1854). C'était un brave curé
de province, qui édifia ses paroissiens par ses vertus comme il édifie
ses lecteurs par ses honnêtes récits. Il vécut une longue vie, quatre-
vingt six ans, et il écrivit beaucoup d'ouvrages. Il doit sa gloire à celui,
sans doute, sur lequel il comptait le moins ». Voici les titres des contes
qui ont trouvé place dans ce très joli volume : Geneviève de Brabant;
Les Œufs de Pâques; la Corbeille de fleurs; Rose de Tannebourg.
13. — Les romans comme les pièces de M™® Judith Gautier nous
ont toujours charmés; on y trouve, à côté d'un style rappelant sou-
vent le style paternel, une couleur exotique qui n'a rien de faux et à
laquelle nous sommes loin de demeurer insensible. Tout cela est bien
à sa place dans l'Inde éblouie, où, d'ailleurs, on aurait tort de voir
un nouvel ouvrage, puisque c'est uniquement la réunion en un seul
volume de la la Conquête du Paradis et du Sultan de Bangalore. Quel
roman vraiment vécu ! Les héros de l'Inde française, Dupleix et Bussy,
en sont les protagonistes et se détachent en un vigoureux relief —
Bussy surtout — sur une toile de fond, l'Inde, devant laquelle se meu-
vent, au second plan, la Begum Jeanne et sa fille Chonchon, Kerjean,
l'ingénieur Paradis et tant d'autres, tels que CUve, tous les col-
laborateurs, les amis et adversaires. Asiatiques comme Européens,
de Dupleix. Une histoire d'amour, celle de la passion qu'inspire à
Bussy la reine de Bangalore, Ourvaci, depuis le jour où il l'a sauvée
des griffes d'un tigre, traverse tout le roman et montre, à côté du
Bussy, dont les exploits guerriers sont bien connus, un autre Bussy
— 49 1>-
encore, au cœur sensible et aimant, fidèle à une seule pensée et à
une seule femme. Ce Bussy-là est-il bien authentique? et le Dupleix
que dépeint M^^^ Judith Gautier, conformément à la tradition histo-
rique, est-il bien le véritable Dupleix? Nous n'oserions l'affirmer abso-
lument ; mais ce que nous pouvons dire avec certitude, c'est qu'onlit avec
passion l'Inde éblouie et que cette «édition définitive» des deuxromans
dont nous avons plus haut rappelé les titres, se présente de manière
charmante sous sa couverture ivoirine ornée d'un encadrement à
la mode ancienne, avec ses reproductions hors texte de vieilles
estampes ou de miniatures envoyées des Indes par Bussy lui-même;
c'est, aussi, que M"^*^ Judith Gautier a ciselé son œuvre avec un art
incontestable, qu'elle y a très habilement enchâssé quelques textes
historiques d'un très vif intérêt, et qu'elle y a justifié de son mieux
une thèse un peu paradoxale énoncée dans sa Préface : « J'ai toujours
été persuadée, écrit-elle, que la forme de l'histoire qui se rapproche
le plus de la vérité est le roman historique », En fermant l'Inde éblouie,
on n'est pas loin de penser comme elle.
14. — Nous pouvons promettre aux lecteurs et aux lectrices de
VHisioire d'un foyer une véritable jouissance, car ils goûteront cer-
tainement le charme et l'originalité de ce récit. M. Gay, en traduisant
J. Madsen, nous fait pénétrer dans l'intimité d'une famille de Dane-
mark, dont tous les membres s'aiment entre eux, et s'unissent plus
encore dans leur amour pour le château d'Arristrup, qui « paraît
suspendu à l'horizon comme une étoile ». Parmi les portraits esquissés,
celui de Charlotte, la seconde fille de M. Spante, est certainement le
plus étudié et le plus intéressant. Tour à tour primesautière et pen-
sive, taquine et sérieuse, elle ne poursuit qu'une idée : garder Arris-
trup, doublement menacé par la ruine de la famille et par le chemin
de fer qui doit «venir», au grand désespoir de l'enfant. Cette pensée
l'attriste, l'obsède, tandis qu'elle parcourt son cher parc, qui s'anime
à ses yeux : « Tous ces visages de fleurs ,qui semblaient se tourner
vers elle, lui faisaient oublier son chagrin sans pourtant le lui enlever,
apaisaient ses regrets par leur regard, les rendaient plus calmes, plus
mélancoliques ». Il y a des pages vraiment touchantes dans les confi-
dences mutuelles de Lotte et de son père qui, tout en gâtant outra-
geusement « sa petite Dame », comme il l'appelle, en est pourtant
si sérieusement aimé. Ouvrage de fine psychologie, de poésie un peu
rêveuse et sentimentale. — Deux autres récits, moins importants que
le premier, complètent cette publication : Les Vacances de Louise
nous révèlent un tempérament assez rare, où la joie de raffection
satisfaite se traduit d'une manière fort inattendue. Plus simple est
l'épopée du Théâtre de Poupée, qui fut pour un jeune garçon une occa-
sion de vaincre son égoïsme en faisant le bonheur de ses petits voisins.
- 492 -^
15. — L'iiistoire ingénieuse des Deux AiHoineile, bien racontre par
M. Ernest Daudet, est fondée sur une substitution d'enfant. Le
secret de la situation ne se révèle qu'aux dernières pages du volume.
M. Jean Moréal, chef d'une petite gare, et sa femme, recueillent une
fillette abandonnée, dont la mère meurt au cours d'un voyage et
dont la véritable identité ne leur sera communiquée que quand elle
aura dix-huit ans. Il se trouve alors que cette enfant, élevée modes-
tement et fiancée au fils du chef de gare, est riche à millions, mais
que sa place est occupée par la fille d'une pauvre couturière qui^
aux yeux du monde, passe pour la fille et l'héritière du richissime
M. Dufrénoy. La noblesse d'âme des deux Antoinette et leur désinté-
ressement amplifient singulièrement une situation délicate ;les droits
de la riche Antoinette sont sauvegardés et une part, fort acceptable,
est faite à l'innocente intruse qui a pris sa place. Ce li-s^e d'étrennes
aura sûrement un vif succès auprès des jeunes lecteurs.
16. — L'Otage, dont cette « chronique du xiv<^ siècle » nous raconte
les aventures est le petit Raoul de Couzerans, laissé à l'abbaye de
Ligugé par son père, le seigneur Hugues. Celui-ci, avant de partir
pour la « croisade de Prusse », organisée contre les païens de Lithuanie
par Gaston de Foix, avait emprunté à l'abbaye une somme importante
et son fils unique devait, jusqu'au paiement de sa dette, rester entre
les mains de l'abbé. Mais d'autres aventures attendaient « l'otage » :
enlevé par le juif Samuel, condamné par la juive Déborah à être ofl'ert
en sacrifice au sabbat, il échappe, comme par miracle, à ce sort
atroce et finit par retrouver son père, guerroyant dans une autre
régiondela Francecontre «les Jacques», dont les excès épouvantaient
les populations du nord. Ce récit de M. Jean Poujoulat, très mouve-
menté, intéressera sûrement les jeunes lecteurs, toujours avide
d'aventures dramatiques. A côté de V « otage », se meuvent une quan-
tisé d'autres figures : brigands, chevaliers, juifs, moines, voleurs de
grands chemins et jusqu'à une amazone, Gisèle, dont la belle défense
du château de Cimau est un des meilleurs épisodes du récit.
17. — Sous le titre de: Jean- Marie Kerdern et ses sœurs, M. Auguste
Le Bras a écrit un roman inspiré par l'amour de la « petite patrie »
bretonne, et dans lequel on revit l'esprit et les usages de ce coin de
France, qui garde encore ses traits caractéristiques. C'est en somme
Fhistoire d'une famille modeste, dont le chef, un simple matelot du
port de Brest, meurt héroïquement en sauvant ses semblables.
Grâce à de secourables amitiés, grâce surtout à leur attitude coura-
geuse et à l'influence excellente de leur mère, les trois enfants de cet
obscur héros reçoivent une éducation parfaite et s'établissent dans
la vie d'une façon inespérée. Le récit, qui a une note morale et reli-
gieuse très suffisante, est écrit avec facilité et gaîté; des épisodes de
la guerre de Crimée ajoutent encore à l'intérêt qu'il inspire.
— 493 —
18. — Sous le titre : Les Deux Tigresses, M. Pierre Maël raconte
une histoire mouvementée, dont la pointe de mystère sera un attrait
pour les jeunes lecteurs. Le docteur Monclair pleure toujours sa fille
morte, au retour des colonies, dans des conditions étranges, et, à
divers indices, il croit reconnaître l'enfant de la morte dans la déli-
cieuse Amy, qui passe pour la fille du dompteur James Barnham.Une
enquête s'impose; elle est d'autant plus difficile à conduire qu'elle
est entravée par la mauvaise volonté. d'une certaine Perpétua Jones,
qui, dépositaire du secret, veut faire accepter au docteur Montclair
son propre fils Dick comme étant son petit-fils. Le vieux valet de
chambre Bruno aide son maître à déjouer cette intrigue, qui, jusqu'au
dernier moment, tient en suspens le lecteur. Grâce à la perspicacité
de ce bon serviteur, les preuves sont faites : Amy est bien la petite-
fille du docteur qui, dans sa joie, pardonne à Perpétua ses noires ma-
chinations. Récit bien conté, où l'épisode de 1-a tigresse Lalla met une
note tragique.
19. — Quelques lignes empruntées à la Préface de VA-B-C des
Travaux manuels, de M. E.-J. Faix, en feront suffisamment com-
prendre l'intention : « Ce livre, rédigé par un amateur, ne contiendra
aucune des savantes descriptions renfermées dans les publications
spéciales. Il traitera sommairement, mais cependant sans omettre
aucun des détails utiles, de tous les travaux que peut aborder, avec
chance de réussite, un amateur sérieux... Si les travaux de menui-
serie lui offrent une agréable distraction, ceux qu'on peut exécuter
sur le tour auront pour lui non moins d'attraits... Du reste, ces deux
genres : menuiserie et tournage se complètent l'un par l'autre; fré-
quemment la menuiserie a besoin pour rehausse? ses formes, d'em-
prunter l'art du tourneur, et, réciproquement, le montage et l'assem-
blage des pièces tournées exigent une certaine connaissance des
moyens et procédés employés, dans ce but, par le menuisier. Dans
la première partie de ce livre, relative à la menuiserie, comme dans
la seconde traitant du tour et de la serrurerie, après avoir indiqué à
l'amateur les outils indispensables et la manière de s'en servir, nous
lui donnerons une série de croquis de pièces exécutées dans notre
atelier soit par nos amis, soit par nous-même, avec les indications
nécessaires à leur exécution. » Volume intéressant, clairement pré-
senté et complété très heureusement par une table alphabétique des
« Outils, matériaux, objets décrits et opérations manuelles expliquées
dans l'ouvrage ». Cadeau des plus utiles à faire à un jeune homme
ayant du goût pour des occupations dont il ne devra pas faire sa pro-
fession, mais dont l'exercice intelligent sera grandement apprécié
dans l'intérieur familial, surtout aujourd'hui que la main-d'œuvre
est si chère.
— 494 —
20. — La réaction qui se produit en ce moment contre les abus de
toute sorte, d'où résultait une déformation de plus en plus sensible
de la langue et de la littérature françaises, ramène naturellement
à la lecture de nos écrivains classiques. Cet heureux mouvement se
manifeste en librairie par des publications nombreuses et variées.
Une place distinguée doit être attribuée parmi elles aux Lettres
choisies de Madame de Sévigné, suivies d'un choix de lettres de femmes
célèbres du xvii^ siècle, précédées d'une notice et accompagnées
d'annotations par M^^ Marguerite Clément, agrégée de l'Université.
Le caractère de cette édition l'adresse aux personnes d'un esprit
cultivé. Nous y avons remarqué la Bibliographie et V Iconographie
ajoutées à la Notice. L'illustration, consistant en huit gravures hors
texte, dont deux beaux portraits de M"^^ ^q Sévigné, est surtout
empruntée aux monuments figurés de l'époque et donne à ce volume
une physionomie historique intéressante.
2L — 11 en est de même de l'édition des Caractères de La Bruyère,
à laquelle M. René Pichon, agrégé de l'Université, a donné ses soins,
et qui s'adresse à un public semblable. l>a Notice est un morceau de
critique historique et littéraire qui mérite l'attention. Elle est
suivie d'une Bibliographie et d'une Iconographie. L'illustration
comprend : 1° Le portrait de La Bruyère par Largilliére; 2» l'église
Saint-Christophe, sur le parvis Notre-Dame, où la Bruyère fut bap-
tisé, figure extraite du plan de Turgot (1734-1739) et qui nous repré-
sente un coin du vieux Paris; 3° la reproduction du titre de l'édition
originale de 1688; 4° le fac-similé d'une lettre de La Bruyère au grand
Condé, relative à l'éducation du duc de Bourbon; 5° une estampe
représentant une « Dame en déshabillé à son lever «; 6° le portrait de
La Bruyère figurant au frontispice de l'édition de 1765; 7° le tableau
de Le Nain: « Repas de paysans «; 8° \me gravure de Guérard : « Cau-
seurs d'église »; 9° une gravure de Le Pautre (1659) représentant un
prédicateur en chaire, entouré de son auditoire. — L^ne mention spé-
ciale d'éloge est due aux sommaires placés en tête de. chacun des cha-
pitres et à r « Index alphabétique des principaux portraits et per-
sonnages des Caractères de la Bruyère » qui termine le volume.
22. — La maison Larousse publie une jolie édition du roman si
connu et si goûté de Bernardin de Saint-Pierre : Paul et Virginie, h
la suite duquel on pourra lire ou relire la Chaumière indienne, du
même écrivain. Ce volume, relié avec goût, est illustré d'un beau
portrait de Bernardin, d'après Lafitte, et de trois gravures
d'après Girodet, Moreau le jeune et P.- P. Prud'hon. La notice que
M. Auguste Dupouy a consacrée à l'auteur, né en 1737, mort en 1814,
est bien présentée : biographique et critique, elle fait voir l'honmie
tel qu'il fut et apprécie son œuvre avec justesse.
— 495 —
23. — Le nouveau livre de M. Louis Rousselet nous conduit plus
loin que le faisait naguère Aii vieux Pays de France; c'est bien au-delà
du «bassin» de la Loire, au sud du «mare nostrum » qu'est devenue
la Méditerranée occidentale, qu'il convient d'aller en efl'et pour par-
venir Sur les confins du Maroc, pour atteindre cette longue bande
de terrains mal délimités dont Oudjda au nord, Figuig et même
Colomb au sud, marquent les termes extrêmes C'est là, dit très jus-
tement l'auteur, « un des pays les plus attirants du globe »; que de
contrastes, que d'aspects différents se succèdent depuis la Méditer-
ranée jusqu'au Sahara dans cette « marche frontière » entre l'Algérie
et le Maroc ! Peu d'excursions sont plus instructives au point de vue
géographique, et il n'en est guère qui soient susceptibles d'inspirer à
des jeunes gens plus d'admiration pour les exploits de notre armée
d'Afrique comme pour l'œuvre coloniale française. Voilà ce qui se
dégage du livre, très intéressant, très alerte aussi, de M. Louis Rous-
selet, qui n'a eu garde de laisser dans l'ombre aucun des côtés de son
beau sujet, ni de négliger, avant d'écrire Sur les confins du Maroc,
le moindre des ouvrages relatifs à la contrée. Avec raison, l'auteur
déclare une excursion dans ce pays « sans aucun risque ni péril »;
là, ajoute-t-il avec une patriotique fierté, «règne aujourd'hui, presque
partout, la paix française ». Rien de plus juste, rien qui contraste plus
avec la situation d'une partie au moins de la région dans les premières
années du xx^ siècle, alors qu'on ne construisait, au sud d'Aïn-Sefra,
que des gares fortifiées, et qu'on ne laissait personne s'écarter des
cantonnements de Duveyrier sans une escorte de légionnaires. Dans
un laps de temps très court, la France a accompli dans la zone fron-
tière algéro-marocaine une œuvre remarquable et trop peu connue,
que le livre de M. Rousselet expose avec charme et précision, et qu'il
révélera à beaucoup.
24. — Ce n'est pas la Chanson de Roland tout entière que nous pré-
sente M. T. W, dans son intéressante Introduction, mais un simple
extrait des passages les plus saillants du poème, avec des notes et
aussi des analyses fragmentaires. « La langue de la Chanson de
Rolaml, dit M. T. W., est trop voisine de notre français d'aujourd'hui
pour qu'il y ait lieu d'en donner au lecteur une véritable « traduc-
tion » du genre de celle qui, dans l'édition de Léon Gautier, se trouve
placée en regard du texte original du poème. Pour que ce vieux poème
national nous garde un peu de son émouvante beauté première, il me
paraît indispensable de lui maintenir au plus haut degré possible
sa forme archaïque, sauf à solliciter du lecteur un léger efïort pour
s'accoutumer à telles particularités de syntaxe ou de vocabulaire
qui ont disparu désormais de l'usage courant ». Ce petit volume est
orné de planches hors texte en couleurs, qui sont de véritables tableaux.
— 496 —
25. — Également illustré de superbes planches en couleurs, la
Diii'ne Comédie, de Dante, nous est rappelée par des extraits, annotés
et accompagnés de temps à autre de courtes analyses reliant les
extraits entre eux. Le volume s'ouvre par une Introduction signée
aussi T. W. Des trois parties de la Divine Comédie, la plus ample-
ment représentée est V Enfer (dix-huit extraits), alors que le Purga-
toire n'en a que deux et que le Paradis en compte quatre.
26. — Cent quarante-trois articles rédigés dans un style très simple
initient le lecteur aux Dernières hiventions, Dernières découvertes. Les
sujets ont été choisisdanstoutes les sciences, dans toutes les industries,
avec la préoccupation constante de ne prendre que ceux qui sont
compréhensibles et intéressants pour le grand public. M. Bellet a
ainsi composé un ouvrage de lectures scientifiques tout à fait attrayant,
car il est avant tout descriptif et non technique. Ce livre, d'ailleurs,
ne ment pas à son titre, car l'auteur ne parle que de choses toutes
nouvelles ou toutes récentes.
27. — Surpris par une tempête dans l'hémisphère austral, le capi-
taine Zéphyrin Coni gousse, du port de Bordeaux, est jeté, seul survi-
vant du naufrage de son navire, dans V Ile des Centaures. Des êtres
moitié hommes et moitié chevaux, en tout semblables à ceux des
légendes grecques, l'y accueillent. Ce point de départ donné, on pres-
sent quelles tribulations attendent le malheureux échantillon de
notre race, égaré au milieu d'un peuple à deux bras et à quatre
jambes. Un centaure compatissant lui propose de se faire couper les
membres inférieurs et de faire souder un arrière-train articulé à ce
qui resterait de sa personne. Deux savants l'examinent et croient
reconnaître en lui un singe d'espèce supérieure. Ils se l'approprient,
le font mettre en cage et organisent des tournées dans les diverses
parties de l'île pour l'exhiber à la curiosité d'un public stupéfait et
amusé. Enfin, au b^ut de dix-sept ans, une occasion s'ofTrit à lui
de fuir sur une barque de pêche. Il revit Bordeaux, sa Gascogne
natale, et put faire à ses compatriotes le récit des aventures que nous
venons de résumer.
28. — Fille d'un grand industriel d'Alfort, Lucienne de Brizard
rachète par l'excellence de son cœur les vivacités de son caractère
et son goût de l'indépendance. La vue de misères à soulager, aux-
quelles elle a sacrifié avec joie l'argent que ses parents lui ont donné
pour acheter un objet désiré depuis longtemps, assagit son caractère
et la conduit à gagner par le travail de quoi subvenir aux b':>soins
d'autrui. Elle en est d'ailleurs largement récompensée puisque c'est
dans l'exercice de ses charités qu'elle retrouve dans un peintre qu'elle
a secouru à une heure de misère et de désespoir et pour lequel elle a
été la Fée de la mansarde, un parent de sa famille qui deviendra son
— 497 —
fiancé. Les aventures du jeune homme , de sa sœur et de sa mère
échappés tour à tour à la gredinerie d'un médecin qui, après avoir
tué le père, a épousé la mère, inconsciente et ignorante du crime,
sont bien romanesques. Elles n'en plairont peut-être que davan-
tage au jeune public pour lequel écrit M^^*^ Marguerite Morin, et qui
les lira avec intérêt, émotion et aussi profit moral, car il y trouvera
de salutaires enseignements. Nous appellerons l'attention de l'auteur
sur quelques incorrections grammaticales particulièrement fâcheuses
dans un livre destiné à la jeunesse.
29. — Dans la Préface qui ouvre les Zigzags au pays dp la science,
M. A. Acloque fait intervenir un ancien professeur, grand amateur
de botanique et d'histoire naturelle, à, qui il attribue, entre autres,
l'observation suivante : « Une chose m'a frappé : c'est, à notre époque
de science, la pénurie de livres ayant pour but de donner aux jeunes
gens, sous une forme élémentaire appropriée à leur âge, le goût et la
connaissance des faits scientifiques. Assurément les manuels clas-
siques ne manquent pas; mais seuls les élèves très studieux les ouvrent
hors de l'école. Les autres, rebutés par la sécheresse inévitable de ces
traités trop précis, consentent peut-être à les étudier tant qu'ils sont
sous la surveillance du maître; mais ils n'y trouvent aucun plaisir et
parfois les prennent en horreur. Et cependant la science peut offrir
des leçons profitables et jouer un rôle utile dans l'éducation. » Or,
c'est, au premier chef, le cas des Zigzags au pays de la science, qui,
de la manière la plus agréable, nous parlent surtout d'histoire natu-
relle, principalement en ce qui concerne nombre d'insectes utiles
ou nuisibles, quelques crustacés, certains poissons et divers oiseaux.
L'auteur, à la fin, aborde quelques sujets de physique et d'astronomie.
Tout cela est si attachant qu'on ferme le livre, aussi remarquablement
illustré que gracieusement relié, en regrettant d'en voir si vite le bout.
30. — U Ange et les deux démons pourrait aussi être intitulé: « His-
toire de trois pince-sans-rire ». L'auteur "qui s'attribue le rôle de
l'ange, par une inspiration dont le lecteur aura vite fait d'apprécier
le sel, est venu avec un ami (premier démon) s'installer pendant
quelques jours à la campagne, chez un ami commun ( deuxième dé-
mon). Tous trois passent leur temps à se taquiner et à se faire des
niches. Leurs plaisanteries se poursuivent, amusantes et ininter-
rompues pendant le voyage d'aller, le séjour chez l'amphytrion, puis
au cours d'une tournée en auto et d'une partie de pêche qui agré-
mentent leur villégiature. Font-ils trêve un moment à leurs agres-
sions mutuelles, c'est pour unir leurs efforts et mettre en commun
les ressources inépuisables de leur esprit caustique, afin de mystifier
quelque gêneur, dont les procédés incorrects leur ont paru mériter
une leçon. Heureux les adolescents à qui leur bonne fortune Vaudra
DÉCEMBRE 1912. T. GXXV. 32.
d'aussi joyousos élrennes. S'ils ont jamais entendu dire <jue la vieille
gaieté française est morte, ce livre leur prouvera qu'il nen est rien.
31. — Les Quatre Sous de Frcdy, par M"^® P. Perrault, est une his-
toire très simple, joliment contre, qui convient aux enfants de six
à sept ans. Ces tout petits s'intéresseront sûrement aux aventures
du héros du volume, Frédy, et de sa sœur Lucette, dite Bouche-close.
II. — PÉRIODIQUES ILLUSTRÉS. — [.Le Joumol de la jeunesse
compte déjà quatre-vingts volumes. C'est une importante collection.
On peut dire que sa lecture est saine, intéressante et instructive;
de plus, si la pensée de Dieu n'est pas fréquente, elle est loin
d'être bannie de ce beau périodique. Les deux volumes de 1912 sont,
à tous égards, dignes des précédents et leur variété est considérable,
\oici d'abord les grands romans : Disparu, histoire d'un enfant perdu,
par M. Albert Cim; Le -Ff/i-f/w /m^^//'^gé, par M. H. de Charlieu; tZ/ze
Mystérieuse Affaire (1803), par M. Gcorges-G. Toudouze; Les Deux
Tigresses, par M. Pierre Maël, dont nous avons rendu compte plus
haut (p. 493); Soisik, par M^^^ Julie Borius; Par la Montagne, par
M. Beudant. Nous mentionnerons aussi quelques récits ou nouvelles
d'importance moindre : Le Vol du diamant rouge, par M^^ Blanche
Gérald-Le Texier; La Pipe de Rataplan, par M. Raymond Crussard.
De M. Louis Rousselet, il convient de noter une série d' Excursions
aux confins algéro-marocains et dans le Sahara algérien et, enfin, pour
bien établir que le Journal de la jeunesse est à peu près universel, nous
allons citer pêle-mêle un certain nombre d'articles et d'études scien-
tifiques, historiques et artistiques qu'il a offerts à ses lecteurs :
L'Éclairage il y a un siècle, par M. A. Savignon; Le Carillon de Saint-
Germain l'Auxerrois, par M. J. Preneuse; La Conç-wé^e et la défense de
la Hollande, par M. D. Bellet; Vipères et couleuvres, par M. E. Renoir;
Les Funiculaires aériens et le transport des voyageurs, pav M. D. Bellet;
Histoire du nettoyage des rues de Paris, par M. L. A'iator; La Mal-
maison, par M. A. Savignon; Origine et constitution des météorites,
par M. G. Renaudot; Le Prix d'un aéroplane, par M. P. de Mériel;
Le Sauvetage des trésors naufragés, par M. L. Viator; La Tripolitaine,
par M. H. de Mathuisieulx; Les Ruines d'Alesia, par M. G, Renaudot;
La Bibliothèque des aveugles, par M. A. Savignon; La Cité de demain,
par M. L. Mator; Comment scdimente Paris, par M. P. de Mériel;
La Conjuration des Figaros (1790), par M. Barry; Les Moyens de trans-
port primitifs, par M. P. de Mériel; Dans le monde des fourmis, par
M"^e É. Magne; Une Mine aux mineurs sous l'ancien régime, par
j\L Barry; La Marine de guerre française, par M. A. de Chateau-
hridint; Les Grands Journaux modernes, Tpar M. A. Savignon; Les Do-
mestiques d'autrefois, par M. L. Viator; La Conquête du pôle sud, sixième
partie du monde, par M. G. Renaudot. Nous pourrions allonger consi-
— 499 —
dérablement cette nomenclature; mais la place nous est comptée;
il nous en reste juste assez pour dire ou plutôt répéter que l'illustration
de ce périodique est aussi soignée qu'abondante,
2. — Envisageons d'abord le Journal des demoiselles sous le rapport
artistique : 1" chaque livraison se présente sous une couverture illus-
tré dont le sujet, traité avec autant de soin que de talent, change vingt-
quatre fois par an, puisque le périodique est bi-mensuel; 2^ les hors-
textes se composent de gravures de mode coloriées, de planches de
broderie, de tapisserie en noir et en couleurs, de dentelle en relief, de
morceaux de musique, de diverses reproductions d'oeuvres de maîtres,
tirées à part et collées par un seul coin sur très fort papier teinté
formant encadrement. Joignez à cela de nombreux patrons en papier
et en étoffe et vous aurez une idée générale assez précise de ce que
peut offrir, au double point de vue artistique et utilitaire, le riche
et agréable périodique dons nous parlons ici. Une publication de
l'espèce doit nécessairement fournir des indications et des ensei-
gnements variés en matière de modes : on trouve les uns et les autres
dans la Chronique de la mode signée Nadine, et surtout dans un remar-
quable supplément mensuel : Courrier de l'aiguille, dont le texte est
éclairé d'innombrables figures. Reste la partie littéraire, fort impor-
tante : on en jugera par les romans irréprochables qui, avec de nom-
breux articles et études, l'ont formée en 1912. Enumtrons simplement
les principaux : La Dame aux genêts, par M'"<^ L. de Kérany; Autour
d'un testament, par Mi"^ M. Maryan; Jeunesse, par M'^^ ^\ Regnaud;
^tademoiseUe Gringalette, par M"ie Renée Star; Le Caniche d'Ulrique,
par M^"^ Anne Nouans; Grandes Dames héroïques, par M""^ Ar-
vède Barine; Arts et métiers chez les animaux, par M. Coupin;
Louis XVII s'est-il évadé du temple ? par M. G. Lenotre; Le
Carnaval et l'histoire, par X.; Un Grand Croyant. Montalcmhert, par
M. pierre de Ouirielle; L'Art de manger, par le D^ Alfred Gottsclialk;
La Vie des jeunes filles à Séville, par M. Mariadel; Le Printonps,
jeunesse de l'année, par M. André Hallays; La Reine Victoria chez elle,
par M. Abel Chevalley; La Reine Wilhelmine en voyage, par M. Xavier
Paoli; Le Cérémonial en Chine, par A. B.; Que faut-il penser de J.-J.
Rousseau? par M. Jules Lemaître; Au M ont- Saint- Michel, ])Qiy M. Emile
Baumann; Un Empire d'une matinée : la conspiration du général
Malet, par M. Marcel Frager; Bévues, lapsus et singularités littéraires,
par M. Albert Cim; Nos célébrités aux champs, par X.; Sanctuaires
et pèlerinages célèbres, par X.; Dans l'intimité de Massenet, par X.;
Monsieur de Charette; les derniers jours d'un chef vendéen, par X.;
L' Education et le mariage de M^^ Lafayette, par M. le comte d'Haus-
sonville; Aidons-nous les uns les autres. Les Sociétés d'animaux,
par X. Pour finir, n'oublions pas d'attirer l'attention sur les dernières
~ 500 —
pages de chaque livraison, remplies par des variétés et des actualités
littéraires, historiques, artistiques et scientifiques bien choisies. Et
nous ne disons pas tout, afin de laisser quelques surprises agréables
aux nouvelles lectrices de cet excellent Journal des demoiselles d'ov
n'est pas absente la note chrétienne.
3. — Il nous est bien difficile de fixer en quelques lignes la physio-
nomie parfaite de la Revue française; nous allons cependant tenter
de l'esquisser. La partie la plus suggestive de cet excellent périodique
nous semble être celle ayant trait aux Conférences. Au cours de sa
septième année (l^r octobre 1911-22 septembre 1912), la Revue
française a publié de nombreuses conférences dont nous regrettons
de ne pouvoir rappeler que les suivantes : Les Catastrophes de Toulon,
par M. l'amiral Bienaimé; Les Cathédrales, par M"^^ Judith Cladel;
Les Incarnations de l'histoire française du moyen âge : Clovis, Charle-
magne, saint Louis, par M. le comte Delaborde; Saint Vincent de Paul,
par S. G. Mgr de Durfort; L'Art gothique, par M. Emile Mâle; Tu-
renne, par M. le colonel Rousset; L' Influence actuelle de la Grèce
antique, par M. André Beaunier; L'Art de la guerre : Duguesclin, par
M. Germain Lefèvre-Pontalis; Garihaldi à l'armée de l'Est, par M. le
général Humbel; Les Narrateurs de l'histoire française au moyen âge
par M. le comte Delaborde; J.-J. Rousseau, par M. Gustave Gautherot;
Versailles avant la Révolution, par M. Pierre de Nolhac ; Mgr Freppel,
par S. G. Mgr Rumeau; Fénelon, par S. G. Mgr Touchet; Le Clergé et
l'Ancien Régime, par M. Henri Welschinger; Les Précurseurs de Dante,
par M"^^ Félix-Faure-Goyau; L'Encyclopédie; les philosophes, par M.
Augustin Cochin. A noter ensuite : quatre grands romans : Le Re-
pentir, par M. Ch. de Pomairols; Le Rlason, par M. André Delaeour;
Madame de la Galaisière, par M. Paul Harel, et le Christ d'ivoire, par
^,jme ]g^ comtesse Clo; quantité de contes et de nouvelles, quelques
pièces de théâtre et des morceaux de musique, un certain nombre
de biographies, des articles sur des sujets d'histoire, d'art et de
science, des relations de voyage, des chroniques théâtrales, musi-
cales, politiques, des variétés choisies avec beaucoup de goût, des
poésies et, sans dire tout, des Actualités et souvenirs qui, sous la forme
de causeries ou d'anecdotes, constituent pour le lecteur un précieux
mémento de faits et de choses auquel il sera heureux de recourir à
l'occasion. Bien imprimée, illustrée à profusion de gravures souvent
documentaires, la Rei>ue française, irréprochable sous tous les rapports,
se recommande aux familles chrétiennes par un esprit religieux
très net.
4. — Assurément Mon Journal tient une bonne place parmi les
périodiques enfantins : pour être parfait de tous points, il n'aurait
qu'à rendre plus sensible la pensée religieuse, trop discrète et trop
— 501 —
rare. Mais sous le rapport moral il est inattaquable; ajoutons que la
note' patriotique vibre fréquemment dans ses pages et que les leçons
de bonté , de charité, de générosité et d'honneur y sont nombreuses.
A défaut de solides chrétiens, il peut du moins faire de bons Français :
nos enfants peuvent donc lire utilement et agréablement Mon Journal.
Jetons un coup d'œil sur le volume qui va du 7 octobre 1911 au
28 septembre 1912. D'abord deux romans d'assez longue haleine, très
anmsants, très gais : Les Terribles Jumeaux, adapté de Wyatt, par
M. G. Heywood et Un Joyeux Loustic, par M. Raphaël Lightone; puis
un troisième, très dramatique, intitulé : Les Petits Naufragés du
« Titanic ». Après cela, comment mentionner les récits gracieux ou
émouvants, provoquant le rire ou les larmes, que l'on rencontre
dans tous les numéros de ce recueil? Nous ne saurions le tenter; du
moins pouvons-nous citer, entre autres : La Fauvette, par M.d'Urgel,
touchant épisode des inondations de 1910 autour de Paris; Compère
Guilleri, histoire de brigands (xvii^ siècle), par M. Paul de Maurelly;
Un Petit Héros, scènes tragi-comiques du début des guerres de la
Révolution (1792), racontées par M. A. Hesse; Le Serment du cerisier,
autre récit de la même époque, qui débute vers la fin de l'ancien
régime et a son épisode sous la Restauration, par M. René Miguel;
puis Le Piano de grand' mère, par M.Maisonneuve; La Cuillère de bois,
délicieux conte de fée, par M'"'^ Marguerite Douxami, qui en tire une
excellente moralité; Djinn, aveûture périlleuse d'une petit Français
chez les Marocains, par M. Marc Saunier; Un Drame sous terre, scènes
de la vie des mineurs, par M. Raphaël Lightone. Arrêtons-nous là et
terminons en admirant les belles images en couleurs et les jolies
vignettes en noir qui font de Mon Journal une publication tout à fait
attrayante.
5. — Parler de l'Ouvrier, c'est en faire l'éloge, et c'est par consé-
quent nous répéter. Le 51^ volume de ce périodique vient de nous
parvenir, revêtu de son habituel cartonnage marron. Toujours aussi
chrétien et intéressant. Le cadre n'a pas changé : d'abord des romans
tels que : Les Filleuls de Charette, par M. Henry de Brisay ; Les Etapes
d'un enfant trouvé, par M. Joseph-Marie Lecœur; Sans boussole, par
Mme Marie Thiéry; Le Château du mystère, par M. André Bruyère;
L'Affaire du train 41, par M. Gaspard de Weede; Le Pavillon jaune,
par M. Norbert Sevestre; La Paroisse de l'abbé Daniel, par M. Pierre
du Ghâteau; Pour arriver, par M. Michel Auvray; La Crevasse géante,
par M. T. Albert Mace; Sur les têtes blondes, par M. Georges de Lys.
Puis de nombreux articles humoristiques et vigoureux, écrits par
M. Jean Drault, sous le titre d'ensemble : Autour de la persécution.
A côté de diverses nouvelles et variétés ,on trouve fréquemment des
sujets d'actualité traités par M. Henri Dartevel : la rubrique générale
— 502 —
Çà et là les groupe à la table. M. Charles Le GofTic passe en revue quan-
tité de faits, de choses et de gens dans son Carnet de quinzaine. M. A.
Fleury de la Roche nous donne des avis et des renseignements de
toutes sortes, des enseignements aussi dans ses Causeries du foyer, dans
son Médecin à la maison, enfin dans Nos Jardins et Notes d'un cam-
pagnard. Quant aux Variétés scientifiques, elles sont l'œuvre com-
mune, instructive et attachante, de MM. Henri de Varigny et Francis
Marre. Bien illustré, ce 51^ volume, qui commence à la date du
3 mai 191 1 se termine le 27 avril 1912.
6. — Plus loin nous parlons des albums. Or, la Semaine de Suzette,
quoique périodique incontestable, aurait des droits certains à prendre
rang parmi eux. On pourrait justement la définir : un album immense
« illustré » d'un texte abondant. En effet les images en couleurs et les
gravures en noir ornent chaque page, où à peu près, en quantité extra-
ordinaire : elles feront la joie des petits et l'amusement des grands.
Ce que les artistes ont dépensé là, d'intelligence , d'esprit et d'humour
est à peine croyable. « Il faut le voir pour le croire », comme chantent
les enfants. A côté des historiettes, des monologues et des saynètes,
on trouve là un certain nombre de nouvelles et aussi des romans à la
portée des mignonnes lectrices, parmi lesquels nous mentionnerons :
Mémoires d'une poupée égyptienne, par M^^ Myriam Catalany; Mon
Premier Voyage, par M. Julien; Petite Fée, par M. d'Agon de laContrie;
Brouillonne et Mie de Pain, sa servante, par M"^^ Pierre Perrault ; £/^i
Descendant de ChiJiette,paj' M"^*" Roger Dombre;F/eM/' rfe Sicile, par M.
André de Parme. Fréquemment la Semaine de Suzette, d'inspiration
profondément religieuse, renferme des leçons de couture, de broderie,
d'autres travaux encore, et des conseils, et des devinettes et des pro-
blèmes, et des charades, sans compter le reste. Cadeau d'étrennes pas
ruineux et qui sera apprécié des fillettes de toutes conditions.
III. — Albums. — ■ De mémoire de Polybiblion, jamais les albui^s
ne nous sont arrivés en tel nombre à propos des étrennes. Nous en
comptons 40 ! Les familles n'auront que l'embarras du choix.
1. — Personne ne s'étonnera de voir Jeanne d'Arc faire, cette année,
une éclatante apparition dans la « Collection d'albums historiques,
illustrés d'aquarelles en chromotypogravure », qu'a entreprise l'édi-
teur Boivin (ancienne librairie Furne) et où figurent déjà Louis XI,
François I^^, Henri IV, Richelieu, Le Roy Soleil et Bonaparte.he texte a
été demandé, cette fois, a M. Funok-Brentano.Lenora de l'auteur suflit à
nous indiquer que ce travail doit constituer sur l'héroïque vierge iine
étude importante, sans aucun doute originale, demandant par consé-
quent un examen et une appréciation particulière que \e Polybiblion se
réserve défaire avec le soin voulu dans l'une de ses prochaines livrai-
sons. Ce que nous avons à signaler aujourd'hui, c'est V album, ù' est- k-
- 503 -
(Jire l'œuvre d'urt qui accompagne le texte. Elle consiste en une série
(je quarante eouipositions neuves, où un artiste bien connu, M.Guil-
lonnet, a donné largement, hardiment carrière à son talent fougueux
et à sa verve impressionniste. Les sujets traités sont les suivants :
1. La Veillée au village; 2. Prédication contre les hennins; 3. Fuite
des paysans de Domremy; 4. Première Vision; 5. Départ de Vaucou-
leurs; 6. Jeanne révèle au Roi le signe de sa mission. Chinon; 7. Jeanne
devant les théologiens. Poitiers; 8. Communion devant l'armée;
î). Entrée dans Orléans; 10. Reconnaissance des positions anglaises;
il. Prise desTournelles; 12. Prise de Jargeau; 13. Bataille de Patay;
14. La Communion aux mourants; 15. La Marche sur Reims; 16. Le
Sacre; 17. Les Paysans sur le passage de Jeanne; 18. Jeanne et les
enfants; 19. Jeanne blessée devant Paris; 20. Jeanne remet ses armes
à Saint-Denis; 21. Attaque de Saint- Pierre-le-Moustier; 22. Résurrec-
tion d'un enfant à Lagny; 23. Prise de Jeanne à Compiègne; 24. Pro-
cession pour la délivrance de Jeanne; 25. Jeanne en prison honorable;
26. Les Saintes apparaissent à Jeanne captive; 27. Le Saut-Beau-
revoir; 28. Remise de Jeanne aux Anglais; 29. Loiseleur confesse
Jeanne; 30. Le Tribunal. Rouen; 31. Les Seigneurs anglais raillent
Jeanne prisonnière; 32. L'Arbre des fées; 33.L'Evêque Cauchon dans
la prison de Jeanne; 34. On empêche Jeanne de prier; 35. Jeanne me-
nacée de la torture; 36. L'Abjuration; 37. Loiseleur implore le par-
don de Jeanne; 38. Jeanne menée au bûcher; 39. Le Bûcher; 40. Et
les Anglais disaient : « Nous avons brûlé une sainte ». — Les compo-
sitions qui ont le plus retenu notre attention par la vivacité du sens
et de l'expression historiques sont celles numérotées ci-dessus: 1, 2, 5,
7, 22, 24, 25, 29, 30, 31, 33, 34, 35 et 36; celles où nous est apparu le
mieux le sentiment de l'idéal sont celles qui, dans notre énumération,
portent les chiffres 14, 26 et 40. — L'exécution générale de l'al-
bum, typographique et artistique, est vraiment très belle et fait
grand honneur à l'éditeur.
2. — La maison Hachette nous envoie trois albums. — Le premier,
œuvre de M. Outcault, tourne à la collection. En décembre 1908 et
décembre 1911, nous avons mentionné ici les précédents, déjà con-
sacrés aux exploits de l'incroyable et incorrigible Buster Brown. Et
voici qu'aujourd'hui le même polisson nous revient : Buster Brown
recommence. Oui, il recommence à faire des niches plus ou moins
pendables et qui attirent sur lui des châtiments variés. Quand donc
prendra-t-il du sérieux? Égoïstement, souhaitons que ce soit le plus
tard possible, car nos enfants, qui n'imiteront certainement pas
ce « héros » toujours sévèrement puni, se verraient privés de scènes
bien comiques. Toujours en compagnie de son inséparable chien Tiger,
nous le voyons, cette fois, agir avec l'approbation d'une petite fille
— 504 —
qui évite cependant de placer sa main dans l'engrenage. Les trente
planches en couleurs de cet album donnent près de deux cents scènes l
3. — 2^ album Hachette. — M. J. Jacquin ayant découvert, il y a
un lustre pour le moins, la cité d'Acclimatationville, nous y ramène
de temps à autre. L'an dernier, pour ne pas remonter plus haut, il
nous fit voir les Animaux en aéroplane et, cette année, il nous convie
à des Fêtes nautiques chez les animaux, qui ressemblent, à s'y mépren-
dre, à celles que les humains organisent dans le genre. Dans le cas
particulier, il y a toutefois, l'on s'en doute un peu, moins d'uniformité
dans les physionomies d'acteurs, lesquels s'appellent MM. Lionceau
de Latlas, Lourson, Fox-Terrier, Hippo, Latrompe, Croco junior,
Potame, Tigre-Bengal; Riri-Basset, et nous en passons. Le texte,
fort divertissant, est richement illustré de planches en couleurs et de
gravures en noir de M. Thompson. Cartonnage avec superbe scène en
couleurs sur le plat.
4. — Ardant le Chevelu, ainsi s'intitule le troisième album Hachette
signé de ce pseudonyme : « Dame Yvette ». Le dernier né d'un pauvre
bûcheron arrive au monde pourvu d'une chevelure rude et de « cou-
leur carotte ». D'où son sobriquet d' « Ardant ». Une vieille fée lui
prédit qu'il sera roi, roi « des serpents, des crapauds et des linottes ».
Parti de chez ses parents où on le maltraitait, le voilà en train de
conquérir son royaume à coups de cheveux, qu'il s'arrache. Si bien
que de merveilles en prodiges, il délivre une princesse captive, l'épouse
et devient roi. Mais alors, il est devenu chauve. . .
5, — La librairie Garnier ne lance pas moins de douze albums pour
les étrennes de 1913. Passons-les en revue. — Le plus important est
celui de M. Benjamin Rabier, un animalier remarquable. Titre :
Scènes comiques dans la forêt. Bien que les bêtes y soient de poils et de
plumes variés, le lapin domine. Pauvre Jeannot ! Il est souvent vic-
time, mais il a parfois, sous ses longues oreilles, quelques malices
imprévues. L'album se compose de cinquante planches en couleurs
où sont représentées une ou plusieurs scènes. Il en est vraiment de
fort drôles. Par exemple : un porc rencontre un sanglier, qui l'accueille
ainsi : « Salut, mon frère au visage pâle !... » Mais ce n'est rien en com-
paraison des trois scènes de la planche 6 {Le Renard et le Corbeau).
l^e scène : Le Renard : Bonjour, Monsieur du Corbeau ! Si votre ra-
mage ressemble à votre plumage, vous êtes le phénix des hôtes de
ces bois; 2^ scène : Le corbeau prend le fromage dans sa patte et se
met à chanter; 3« scènç : Le Renard : Zut !... Il a lu La Fontaine. Et
le malin, roulé, s'enfuit. On comprendra qu'il ne nous est pas possible
de citer les quarante-huit autres sujets.
6. — Grégoire et son âne, 2^ album Garnier, est brillamment enlu-
miné par M. Nunez Milôn. Adaptation de l'espagnol de M. Santos
— 505 —
Gonzalez. Un barbier, dont la mentalité, par le fait de lectures absur-
des, rappelle un peu celle de Don Quichotte, achète à un gitane de
passage un baudet dont les os transpercent la peau. 11 exhibe ce la-
mentable quadrupède à un savant voisin qui se moque de lui en décla-
rant que, après avoir consulté ses vieux livres, il pourrait bien trouver
le moyen de transformer Aliboron en une sorte de Pégase. Là- dessus,
notre « gratte-menton » enthousiasmé, s'en va au cabaret et se livre à
de telles libations en compagnie d'un ami, que nos deux ivrognes
s'endorment lourdement sur la table. Le barbier, qui répond au nom
de Grégoire, fait alors un songe fantastique. Sur son baudet ailé,
il exécute vertigineusement le tour du monde, et, d'aventure en aven-
ture, il rapporte au logis un trésor. Tout à coup il se réveille. Il prend
son rêve pour une réalité et l'on a toutes les peines du monde à le dis-
suader. Il lui reste malgré tout quelques doutes : il court à l'écurie
pour voir son animal extraordinaire. Hélas ! le baudet s'est échappé
et il a rejoint la caravane de son premier maître, Grégoire est volé de
toutes façons.
7. — 3^ album Garnier. Auteur : M. E. ^^^ebe^. A quoi jouons-nous}
A cinquante-huit jeux tels que, notamment : la Balle au camp, le
Cerf- volant, Colin-Maillard, la Course en sacs, le Croquet, le Law-
tennis, la « Mère aux confitures », Saute-Mouton, la Thèque, etc., etc.
Et pour chacun des jeux principaux, M. Robert Salles a composé une
aquarelle à tons chauds représentant une scène au bas et au verso
de laquelle la règle des jeux est expliquée.
8. — Avec Lilette LéçeiUé à Crahoville nous avons le 4^ album
Garnier. M. Jordic, en une prose aussi plaisante que ses images en
couleurs, nous fait assister aux péripéties, allant du comique au dra-
matique, du séjour, en un coin perdu de la Bretagne, d'une petite
Parisienne, heureuse de voir la mer... et ses poissons. En compagnie
des quatre filles et fils de son ancienne « nounou », chez qui elle débar-
que, elle se livre aux ébats les plus divertissants, mais qui, dans
certains cas, auraient pu tourner mal si le père Brazidec ne l'avait pas,
elle cinquième, tirée d'embarras. Les enfants qui recevront cet album
ne s'ennuieront pas.
9 à 16. — Notons enfin, plus brièvement, une série de huit petits,
albums de la même librairie Garnier, où le cocasse est la note ifiva-
riable. Tous sont de M. Jordic, sauf un seul qu'il a fait en collabora-
tion. Les trois premiers relatent des histoires de bonnes : Marie-aux-
sabots-de-hois se gage et les Dernières Places de Marie- aux- sa bot s- de
bois racontent les incroyables bévues d'une petite bonne bretonne
qui se fait renvoyer par tous les maîtres chez qui elle échoue. —
Quelle différence avec la domestique hollandaise, aussi propre que
travailleuse, dont nous suivons les occupations grâce aux Sept Jours de
— 506 —
Ketje. — Perrine la petite laitière ne songe qu'à faire des niches ù
deux excellentes clientes, M^i^s Anaïs et Églantine, qui habitent le
manoir de la Tour- Pointue; mais, certain jour, elle est si fortement
châtiée que l'envie d'ennuyer son prochain lui passe à tout jamais. —
Si, à présent, nous entrons au Cours sélect, directrice miss Bigoudy,
nous remarquons que les jeunes demoiselles qui le fréquentent com-
mettent pas mal d'espiègleries, ce qui ne les empêche pas d'aimer
beaucoup Miss Bigoudy, qui ne punit jamais. — Assez des gens;
passons aux bêtes. Voulez-vous savoir comment l'on se comporte
dans la Pension aux Oiseaux, texte de M. Tony d'Ulmès, avec
dessins de M. Jordic? Ouvrez l'album qui porte ce titre et vous
constaterez que la gent emplumée est aussi dissipée que les petits
humains. — Bré ké kès ! Coc(s ! Coas ! C'est avec ce chant, qui lui
est du reste habituel, qu'une tribu de grenouilles émigré de son
étang vers la mer, dont elle ne trouve pas l'eau à son goût. Elle
se hâte alors de retourner à son point de départ, non sans éprou-
ver quelques désagréments. — Tintin Gorin est un petit cochon —
en parlant par respect, comme dit l'autre — dont les aventures
et les mésaventures grotesques (ainsi que celle de M^^ sa mère)
sont narrées d'une façon qui amusera fort nos bambins.
17, 18. — De la maison Hetzel nous recevons deux albums de
genre fort différent : le premier : Les Animaux célèbres, par M. E.
Muller, avec de fort belles illustrations de M. J. Geoffroy, nous
raconte toutes sortes d'histoires, ou terribles, ou touchantes, ou
égayantes. C'est d'abord Androclès et son lion fameux, puis des
anecdotes de tigre et de chien, de tigre et de marin. On voit en-
suite le jeune fils de Philippe de Macédoine, le futur Alexandre le
Grand, domptant Bucéphale, le cheval qui devait lui être fidèle
jusqu'à la mort; après quoi l'on passe à la légendaire bête de Gé-
vaudan, au chien du chevalier Aubry de Montdidier, etc. Ensem-
ble fort intéressant. — Mademoiselle Lili à la campagne forme l'un
de ces albums déjà nombreux dans lesquels M. P.-J. Stahl sait,
par un style bien à lui, se mettre admirablement à la portée des
enfants. Il expose, en une série de tableautins délicats et char-
mants, les joies de toutes sortes qu'une petite Parisienne éprouve
à l'occasion de son séjour dans une ferme éloignée de la grande
ville, et aussi les rares mésaventures que sa désobéissance lui fait
éprouver. Les dessins de M. L. Frœlich sont remarquables de sim-
plicité et de naturel.
— Attention au déluge... d'albums de la maison Manie. Il y a
de quoi choisir : veuillez donc nous suivre à travers les huit séries
de ces albums, que nous allons présenter dans l'ordre décroissant
de leurs prix.
- - 507 —
19, 20, 21. — Le Trésor de Gisèle Qomis,te, nous dit M. C. Gasté, en
une pièce de cinq francs toute neuve que des parents ont donnée
à leur fillette pjur la récompenser de ses succès d'écolière et que
son frère, paresseux et jaloux, a méchamment dérobée et cachée
dans le jardin. Faute grave, réparée par un aveu et un repentir
sincère. — Dans Une Mauvaise Inspiration, M, Jean de la Gobar-
dière raconte l'aventure fâcheuse d'une petite espiègle qui, croyant
jouer un bon tour à son institutrice anglaise, détériore un beau
livre que cette dernière voulait précisément lui offrir pour sa fête.
— Monsieur Parapluie et Mademoiselle Ombrelle, c'est l'histoire,
anecdotiquement résumée par M. L. Chollet, des origines et des
perfectionements de ces deux utiles objets. Les trois présents
albums sont illustrés de jolies images coloriées.
22, 23, 24. — En lisant la Tourterelle de Marthe, par M. C. Gasté,
les enfants verront comment furent récompensés le dévouement
et la bonne conduite d'une pauvre petite villageoise. — Très émou-
vant l'album de M. L. Chollet, intitulé : Le Chef-d' œuvre du petit
berger : « Ce petit barger », Filippo Lippi, devait être un jour l'un
des plus grands artistes de l'Italie. — Le même auteur nous offre
aussi la Galette des Rois, récit attendrissant de l'enfance du pauvre
Jacques Amyot, qui devint plus tard évêque d'Auxerre et a laissé
une grande réputation d'érudit. Même illustration en couleurs que
pour les précédents albums.
25, 26. — Sous ce titre heureusement choisi : La Libératrice, la
maison Marne a voulu contribuer, une fois de plus, à propager
dans les générations nouvelles le culte catholique et national de
Jeanne d'Arc. Elle leur offre, en forme d'album, un résumé simple
et clair de l'histoire de l'héroïque vierge, illustré de figures, dont
les principales sont empruntées aux tableaux connus des peintres
Scherrer et Lenepveu. Le jugement porté sur Charles "VU, au com-
mencement du récit, aurait dû être moins sévère. Les travaux du
feu marquis de Beaucourt ont modifié sur son caractère, à cette
époque de son règne, une tradition historique aujourd'hui un peu
surannée. L'exécution typographique de cet album, on ne s'en éton-
nera pas, est tout à fait remarquable. — De M™^ Marie Vergne,
voici les Ajoncs d'Anne-Marie, avec gravures en noir par M. H.
Avelot, qui prouvent, une fois de plus, qu'une bonne action ne
reste jamais sans récompense.
27 à 30. — • Pour illustrer la Religion enseignée aux petits enfants,
de M. l'abbé Soulange-Bodin, la maison Marne a reproduit divers
chefs-d'œuvre des principaux musées. Il y a là de brèves notions
sur Dieu, les mystères, les anges, l'homme, l'Incarnation, la Ré-
demption, le Ciel, l'Eglise, en somme sur « ce qu'un enfant doit
— 508 —
savoir pour faire sa première communion privée ». Ici, les gravures
sont en noir. — Par contre, dans les trois albums suivants, appar-
tenant cependant à la même série, l'illustration est en coulcirs.
Un Témoin inattendu, par M. P. Couronneau, n'est autre qu'un
simple phonographe qui, par rapport à une fillette indiscrète à
force d'être curieuse, remplit le rôle de la conscience accusatrice.
— Une autre petite fille exprime à son papa le vif désir de se
li\Ter à toutes ses fantaisies pendant une journée; ce désir ayant
été accueilli, elle accomplit naturellement de telles sottises qu'elle
promet bien de ne pas récidiver. Tel est le sujet de Luceife en
liberté, par M. C. Gasté. — Le même M. Gasté, avec la Chasse
de Lina, a écrit quelques pages comiques qui feront rire aux éclats
les enfants des deux sexes.
31, 32, 33. — D'après Hégésippe Moreau et avec des illustrations
de M. Pinchon, voici la Souris blanche, qui nous conduit au châ-
teau de Plessis-lez-Tours. Épisode de l'histoire de Louis XI à ses
derniers jours, où l'on rencontre le jeune Dauphin Charles et
malheureux petit duc de Nemours gémissant en captivité. — En-
core de la petite histoire, avec les Souliers de Marie- Rose, égale-
ment d'après Hégésippe Moreau et avec des illustrations de M. Pin-
chon : Marie- Rose n'est autre que Marie- Rose- Joséphine de la Pa-
gerie, qui devait devenir la femme de Napoléon I*^'". Sur le navire
qui l'amène en France, une négresse lui prédit, en un langage mys-
térieux, sa destinée magnifique et douloureuse à la fois, et c'est
cette destinée que l'on voit s'accomplir ici. • — Les Sacrifices de
Renée, dont parle M^^ Marie Vergne, consistent, pour Renée, à
combattre ses penchants à la gourmandise. Elle prend donc des
résolutions qu'elle oublie séance tenante. Un jour, cependant, elle
commet une telle faute de l'espèce que sa maman en est profon-
dément affligée : touchée au cœur, c'est-à-dire au bon endroit.
Renée se jure à elle-même de se corriger absolument^.
34. — En vacances, Lili commet quelques maladresses chez son
grand-père; elle en fait le récit à ses petites compagnes lors de la
rentrée à la pension. Une sous-maîtresse qui l'a entendue en con-
clut qu'elle a eu tort, étant sans expérience, de prendre des initia-
tives déplacées. Le texte, de M^^e Milka Steag, est illustré par
M. R. de la Nézière.
35, 36, 37. — Petite fille entêtée et désagréable. Mademoiselle
Je-le-veux reçoit un jour une bonne leçon qui ne restera pas sans
porter ses fruits : « La politesse, conclut l'auteur, M '"^ Milka Steag,
est une menue monnaie qui coûte peu à distribuer, mais qui rap-
porte beaucoup ». — M. Jean de la Gobardière, avec Mademoiselle
Sabre-Tout, montre le ridicule où peut tomber une petite fille qui
— 509 —
veut jouer au garçon batailleur. — Le Fil de la vie, par M. L. de
Vaumouret, qui, heureusement pour Lili, n'est qu'un songe, établit
qu'elle n'a pas eu raison d'être jalouse de sa grande sœur et que
le mieux est « d'accepter la vie telle que l'a faite le bon Dieu ».
Cette série d'albums est illustrée de jolies images en couleurs.
38, 39. — La Vanité de Lucienne, par M"^e Marie Vergne, et Un
bon petit Cœur, par M. P. Gouronneau, deux mignons albums illus-
trés en noir, le premier par M. R. de la Néziére, le second par
M. Senior, l'ont, d'une part, le tableau des sottises de Lucienne,
qui se croit des dispositions pour la peinture, et, d'autre part,
relatent les gentillesses de Nénette, « un bon petit cœur », comme
il y en a un certain nombre, mais pas assez tout de même.
Tous les albums de la maison Mame non seulement comportent
une moralité, mais sont nettement marqués de l'esprit chrétien.
40. — Il a fallu deux artistes et un poète pour exécuter l'al-
bum de la librairie Colin, intitulé : Chansons à la façon d'Epinal.
M. Marcel Legay a composé la musique et M. Puyplat les images
« à la façon d'Épinal », mais en noir simplement, afin de laisser
aux enfants le plaisir de les enluminer à leur gré, en s'inspirant
des modèles de la couverture. Les paroles sont de M. Tournayre,
qui, lui aussi, a voulu contribuer à la justification du titre, en
« tournant » des vers sans prétention. Parmi les douze chansons
qui figurent ici, on peut citer : Le Petit Poucet, la Belle au bois
dormant, Barbe-Bleue, Geneviève de Brabant, le Lièvre et la Tortue,
le Loup et l'Agneau, le Sol français.
IV- Bibliothèque illustrée formât in-4 de la maison Mame. —
1 . — Les petits lecteurs qui aiment les histoires dramatiques, où une
série de crimes se termine par le triomphe de la vertu et le châtiment
des coupables, ^trouveront, dans Rose- des- Chemins, de quoi les
satisfaire. Ajoutons que la donnée du récit de M. C. de Vitis est
parfaitement morale et que le volume est aussi bien relié et imprimé
que bien illustré.
2. — Le comte Egon d'Haï wyll, pour sauver du déshonneur son frère
Léo, qui a contracté chez un usurier une dette formidable, consent
à prendre pour femme la fille même de l'usurier, mais en jurant de
la considérer comme une étrangère, et de la renvoyer aussitôt la
dette acquittée. Comment Lindis Kemper, victime innocente des ma-
chinations de son père, parvient à gagner le cœur de son mari, com-
ment la haine qu'il lui a vouée se transforme en amour et en
admiration, comment l'épouse trop longtemps outragée parvient à
se faire respecter et en même temps à établir l'innocence de sa tante,
jadis follement aimée du comte Nicolas Hallwyll, oncle d'Egon,
puis séparée de lui après une scène mystérieuse qui a laissé planer sur
— 510 —
elle des soupçons calomnieux; c'est ce que les joimos lecteurs verront
dans le livre que J. Edhor a intitulé : La J)ette et Volage, dont l'intérêt
se soutient jusqu'au bout et où se rencontre plus d'une page émou-
vante. L'adaptation que M, de Launay nous a donnée de cet ouvrage
allemand nous a paru bonne et exacte, autant qu'on en peut juger sans
avoir sous les yeux l'original.
W. — Bibliothèque rose illustrée. — 1. — Dans le stylealerte, vif et
et aisé qui lui est propre, M"^® Chéron de la Bruyère raconte, cette
année, au cercle de petits lecteurs dont ses ouvrages font la joie,
l'histoire d'un groupe d'enfants, qui se retrouvent pendant les vacances
sur la plage de Biarritz. A ce petit monde, où il y a des enfants char-
mants et aussi des enfants gâtés et insupportables, le commandant
d'Ormont, dit le Commandant. Rabat- Joie, inspire une vraie crainte;
on admire et on plaint la petite Andrée, élevée par ce grand-père
sévère, qui ne comprend que la discipline dans la maison, comme à
bord de son bateau; mais, en fin de compte, Andrée n'est pas malheu-
reuse, seulement beaucoup mieux élevée que ses petits amis, et ceux-là
finissent par en être convaincus. Des épisodes imprévus et amusants,
celui par exemple d'une princesse noire fixée sur la Côte d'Argent,
mettent une note de gaieté dans ce joli volume, dont le succès est
certain.
2. — La Blignoimette de M^'^ Hortense Giraldon est une jolie his-
toire, peut-être pas très vraisemblable, mais bien racontée,
avec une note religieuse jviste et discrète et un mystère qui tiendra
en éveil l'imagination des jeunes lecteurs. Ils y verront comment le
caprice de Chouchou, une enfant gâtée et insupportable, amène
pour sa compagne de jeux, enfant volée jadis par un directeur de
cirque, une découverte qui transforme sa vie. Mignonnette, la véri-
table héroïne du récit, retrouve, en effet, à la dernière page, une
mère et un foyer, et le bonheur de sa petite amie a sur le caractère
de Chouchou la plus heureuse influence. Ce récit de la Bibliothèque
rose Convient aux lecteurs de sept à huit ans.
"VI. — Livres roses pour la jeunesse. — La collection des
Livres roses pour la jeunesse vient de s'augmenter de vingt-quatre
volumes pendant l'année qui prend fin. Ils forment la 4*^ série de cette
collection, où l'image joue un rôle important en. raison de son abon-
dance et de sa bonne exécution. Noter tout cela par le détail serait
trop long; d'autre part, faire un choix devient un peu arbitraire;
et cependant il faut nous y résigner. En premier lieu, signalons les
Récits de la Rome antique, qui n'ont rien de rébarbatif; puis voici
deux contes tirés des Mille et une Nuits, adaptés pour les enfants :
Le Marchand de Bagdad et le Marchand et le Génie. Nous arrivons aux
contes de fées, de génies, d'enchanteurs, toujours pleins d'attraction.
— 511 —
avec le Roi des ogres; Histoire de Galliis, Poulette et Gloii-Glou\ Le
Vaisseau fantôme, etc. Enfin, mentionnons sept volumes de contes :
Contes du Morvan, du Nivernais, de Provence; Contes danois, de
Silésie, de Perse, du Japon. Nous arrêtons là notre nomenclature. Et
nous disons que ces vingt-quatre jolis livres rangts dans leur étui,,
sont un joli cadeau à faire à des enfants. Par son prix, cette 4^ série,,
comme les précédentes, est d'ailleurs cà la portée des bourses les plus
modestes.- ■ " : [ ' Visenot.
Nota. — A la fin de noire Chronique, nous donnons la bibliographie
des ouvrages illustrés reçus trop tardivement à nos bureaux pour
que le compte rendu ait pu figurer ici. Nous en parlerons dans notre
prochaine livraison de janvier 1913.
BEAUX-ARTS
1. U Architecture, religieuse en France à l'époque romane, ses origines, son déve-
loppement, par R. DE Lasteyrie. Paris, A, Picard et fils, 1912, gr. in-8 de
vii-749 p., avec 731 grav., 30 fr. — 2. La Décoration monumentale des églises
de h Francs sepientriomh du xii<^ au xiii"" si'-cle, par Albert Marignan.
Paris, Loroux, 1911, in-18 de xix-334 p., 3 fr. 50. — 3. La Tradition dans
l'École française. Le Génie gothique, par Armand Fourreau. Paris, Sansot,
s. d., in-8 de 168 p., avec 16 pi. hors texte, 7 fr. 50. — 4. Le Palais
de Justice e. la Sainte-Chapelie de Paris, par Henri Stein. Paris, Longuet,
1912, in-18 de 251 p., avec 26 pi. hors texte, 11 grav. et 3 plans, 5 fr.
— 5. Anthologies illustrées. Les Provinces françaises. La Touraine, le
Blésois. le Vendmnois, par Henri Ouerlin. Paris, Laurens, 1911, in-8
de 236 p;, avec 109 grav. et une carte, 5 fr. — 6. Anthologies illustrées.
Les Provinces jrançai'ses. L' Auvergne, par Louis Bréhier. Paris, Laurens, 1912,
in-8 de 247 p., avec 123 grav. et une ca. te 5 fr. — 7. Anthologies illustrées.
Les Provinces françaLies.^La Bourgogne, par .Joseph (Jalmette et Henri Drouot.
Paris, Laurens 1912, in-S de 248 p., avec 132 grav. et une carte, 5 fr. — 8.
Petites Monographies des grands édifices de h France. Sentis, par M\rcel Aubert.
Paris, Laurens, s. d., in-8 de 144 p., avec 39 grav. et un plan, 2 fr. — 9. Pe-
tites Monographies des grands édifices de la France. Le Château de Chambord,
par Henri Guerlin. Paris, Laurens, s. d., in-8 de 112 p., avec 41 grav. et
2 plans, 2 fr. — ^10. En flânant. A travtrs la France. Touraine, Anjou et Maine,
par André Hallays. Paris, Penin, 1912, in-8 de 374 p., avec 30 grav., 5 fr,
— 11. Les Villes d'Art célèbres. Bourges et les abbayes et châteaux du Berry,
par Georges Hardy et Alfred Gandilhon. Paris. Laurens, 1912, in-8 de
164 p., avec 124 grav.,4fr. — 12. Les Villes d'art célèbres. Londres, Hampton-
Court et Windsor, par Joseph Avnard.. Paris, Laurens, 1912, in-8 de 172 p.,
avec 164 grav., 4 fr. — 13. Les Villes d'art célèbres. Athènes, par Gustave
Fougères. Paris, Laurens, 1912, in-8 de 204 p., avec 168 grav., 4 fr. — 14.
Ménars. Le Château, les jardins et les collections de M"'" de Pompadour et du
marquis de Marigny, par le D'' Frédéric Lesueur. Blois, inip. Bieton, 1912,
in-8 de 268 p., avec 20 grav. et 3 plans, 5 fr. — 15. Paysages d'Italie. I. De
Florence à Naples, par André Maurel. Paris, Hachette, 1912, in-16 de 297 p.,
3 fr, 50. — 16. Le Charme de Florence, par Maurice Brillant. Paris, Bloud,
1912, in-16 de ii-290 p., 3 fr. 50. — 17. L'Art antique en Corse, par Lorenzi
DE Bradi. Paris, Figuièie, 1912, in-12 de 71 p,, 1 fr. — 18. Répertoire de
peintures du moyen âge et de la Renaissance (1280-1580), par Salomon Reî-
NAcir. Tome III. Paris, Leroux, s.^d., in-8 de 863 p., avec 1350 grav,, 10 fr.
— 512 —
19. Les Grandes Institutions de France. Le Musée du Louvre. Sculptures et
objets d'art du moijen âge, de la Renaissance et des temps modernes, par André
Michel et Gaston Migeon. Paris, Laurens, in-8 de 172 p., avec 106 grav.,
4 fr. — 20. Musées et collections de France. Le Musée du Luxemhoura,. l^s
Peintures, par Léonce Bénédite. Paris, Laurens, 1912, in-8 de 70 p., avec
389 reproductions, 10 fr. — 21. Musées et collections de France. Le Musée de
Lyon. Les Peintures, par Paul Dissard. Paris, Laurens, 1912, in-8 de 70 p.,
«vec 354 reproductions et 3 plans, 10 fr. — 22. Hans Holbein le Jeune. V Œu-
vre du maître. Paris, Hachette. 1912, in-8 de xxxn-268 p., avec 252 grav.,
cart. toile, 12 fr. — 23. Watteau. L'Œuvre du maître. Paris, Hachette, 1912,
in-8 de xxxi-188 p., avec 183 gravures cart. toile, 10 fr. — 24. Les Maî-
tres de Part. Les Sculpteurs français du xiW^ siècle, par Louise Pillion. Paris,
Plon-Nourrit, s. d., in-8 de 272 p., avec 24 pi. et 4 fig. dans le texte, 3 fr. 50.
— 25. Les Maîtres de l'art. Fra Angelico, par Alfred Pichon. Paris, Plon-
Nourrit, s. d., in-8 de 208 p., avec 24 grav., 3 fr. 50. — 26. Les Grands Ar-
tistes. Brunelleschi et l'Architecture de la Renaissance italienne au xv» siècle, par
Marcel Reymond. Paris, Laurens, s. d., in-8 de 128 p., avec 24 grav.. 2 fr. 50.
— 27, Les Grands Artistes. Le Sodoma, par Henri Hauvette. Paris, Lauiens,
s. d., in-8 de 128 p., avec 24 grav., 2 fr. 50. — 28. De Michel- Ange à Tie-
polo, par Marcel Reymond. Paris, Hachette, 1912, in-12 de xi-223 p., 3 fr. 50.
— 29. Gouîhière, sa vie, son œuvre. Essai de catalogue raisonné, par Jacques
RoBiQUET. Paris, Laurens, 1912, in-4 de 204 p., avec 28 pi. hors texte, 25 fr.
— 30. L'Art de notre temps. Carpeaux, par Paul Vitry. Paris, Librairie cen-
trale des beaux-arts, s. d., petit irt-4 de 114 p., avec 48 grav., 3 fr. 50. —
31. Anthologie d'art français. La Peinture, xx« siècle, par Charles Saunier.
Paris. Larousse, s. d., in-8 de xvi et xiii p., avec 128 phototypies, 3 fr. 50.
— 32. Les Victoires de la volonté, biographies contemporaines. Les Artistes, par
Léonce Bénédite. Paris, Colin, 1912,. in-8 de xii-140 p., avec 32 grav., I fr. 50.
1. — Ce n'est pas en quelques lignes qu'il est possible de dire la
valeur exceptionnelle d'un livre attendu depuis longtemps sans doute,
et qui se trouve non pas égal, mais assurément supérieur à l'univer-
selle attente. L'étude de M. le comte Robert de Lasteyrie sur l'Ar-
chitecture religieuse en France à l'époque romane se présente à nous
comme le monument le plus considérable qui honore à l'heure actuelle
l'histoire de l'art du moyen âge. C'est un manuel, si l'on veut, mais
comme l'on n'en avait pas vu encore, où l'enseignement est donné
avec une autorité de doctrine, une méthode d'exposition, une clarté
de style incomparables. Pour débrouiller les origines de l'art roman,
il faut bien remonter .jusqu'aux premiers temps de l'art chiétien, et
toute une partie du grand travail de M. de Lasteyrie est consacrée à
ces débuts de l'architecture ecclésiastique. La discussion des hypo-
thèses sur l'origine des basiliques est suivie d'une analysedétaillée de
leurs divers éléments architecturaux, de la matière et de l'expression
de leur décor. Des édifices de tradition romaine l'auteur passe aux
édifices byzantins, puis aux monuments de i'époque carolingienne,
dont il analyse également les caractèresparticuliers,etil arrive alors à
cette belle renaissance de l'architecturechrétienne qui couvre une pre-
mière fois la France de chefs-d'œuvre; ilnousdéfinitla beauté et la
nouveauté de l'église romane, de l'église où la voûte remplace le
plafond. Point par point,cette définition se poursuit de chapitre en
— 513 —
chapitre : c'est le plan, c'est la distribution de l'intérieur et de l'exté-
rieur, les tours, les clochers; puis vient la classification par écoles des
églises de la Provence, de la Bourgogne, de l'Auvergne, du Poitou,
de la Normandie, de l'Ile-de-France, des bords du Rhin; puis la
théorie de leur décoration peinte et sculptée, enfin la description des
accessoires, autels, bénitiers, etc.; tout cela dit avec cette limpidité
qui a conquis à l'enseignement du savant membre de Tlnstitut sa
réputation unanime. Mais il ne faut pas oublier de rendre à l'éditeur
de ce livre magistral la louange qui lui est due. M. Picard, ancien
élève de l'École des chartes, a tout fait pour que l'œuvre de son émi-
nent maître fût dignement présentée, et l'illustration qui accompagne
le texte page à page est vraiment digne de ce texte ; c'est le plus beau,
le plus complet et le plus clair des répertoires figurés, où les images
scliématiquesetles plans innombrables s'associent aux vues photogra-
pliiques d'une parfaite fidélité; le zèle de l'éditeur a su ajouter en-
core aux mérites de l'auteur.
2. — Dans la petite Bibliothèque d'art et d'archéologie où il publiait,
il y a une dizaine d'années, une fort intéressante étude sur la Tapis-
serie de Bayeiix, M.Albert Marignan donne lerésultatdesesrecherches
sur la Décoration monumentale des églises de la France septentrionale
du xii^ au xiii^ siècle. C'est, plutôt qu'un essai de synthèse historique
sur les origines de la grande sculpture française — l'auteur se défend
modestement de conclure — une série d'analyses très fines sur les
œuvres et le style des écoles de sculpture de Tlle-de- France, d'Angers
et du Mans, de la Champagne, et des rapprochements qui établissent
l'influence de cette statuaire en Poitou et en Bourgogne. On goûtera,
sous la sécheresse un'peu minutieuse de ces analyses, l'effort sage-
ment conduit d'une érudition scrupuleusement précise; mais pour
lire avec fruit ces patientes observations, il serait indispensable
d'avoir sous les yeux un recueil de gravures photographiques tel que
celui, si précieux,^de MM. Vitry et Brière chez l'éditeur Longuet.
3. — Vn beau souffle d'enthousiasme anime et soutient l'étude de
M. Armand Fourreau sur le Génie gothique. « Aucune autre époque
n'a donné une moisson plus universelle, plus riche, plus complète. »
Par l'analyse de la grande rénovation du xiii^ siècle, de l'évolution
de l'art gothique au xiv^ siècle, de son épanouissement au xv^,
l'auteur est conduit à constater une survie du génie naturaliste fran-
çais que l'on retrouve au xix^ siècle, et qui éclate jusque dans les
œuvres de ces maîtres toujours discutés : Gauguin, Van Gogh, Cé-
zanne. Tout cela ne va pas sans un peu d'incohérence et certains
excès d'admiration; mais qu'il est sage de rattacher notre expérience
à celle de nos pères, et qu'il est fortifiant d'appuyer les traditions
plastiques de l'art moderne, toujours en voie de transformation,
DÉCEMBRE 1912.;? T. CXXV. 33.
— . 514 —
aux fermes et indestructibles principes de l'art'de^ notre moyen» âge !
Les quelques très belles planches dont ce livre est illustré ont été
choisies en dehors des œuvres très célèbres et forcément un peu
banales, comme un vivant commentaire, où l'on ne saurait dire de
certaines figures si elles ne sont pas d'hier ou de demain, car elles
sont de toujours.
4. — La Notice historique et archéologique de M. Henri Stein sur
le Palais de Justice et la Sainte- Chapelle de Paris, en même temps
qu'elle constitue un des plus importants chapitres de l'histoire
monumentale parisienne, nous apporte un parfait modèle de mono-
graphie inédite. Rien n'y a été négligé des plus récentes recherches, et
les Archives Nationales mises à contribution par leur zélé conservateur
lui ont révélé plus d'un détail ignoré de la construction du splendide
édifice et de ses réfections successives à la suite des incendies qui
l'ont ravagé. Salle par salle et muraille par muraille, si l'on peut dire,
M. Stein ressuscite le monument qui est, avec Notre-Dame et le
Louvre, l'honneur et l'ornement des rives de la Seine; et les pages
où ij nous fait connaître le personnel et les cérémonies de la Sainte-Cha-
pelle, où il résume l'histoire des reliques et nous initie aux secrets du
Trésor des Chartes, celles enfin oii il classe les épaves de cette histoire
précieuse conservées dans les collections publiques ne manqueront
pas d'intéresser vivement ses lecteurs. D'excellentes illustrations
documentaires et des plans fort complets ajoutent à la valeur de ce re-
marquable livre.
5, 6, 7. — La librairie Laurens s'enrichit de collections nouvelles,
et qui nous promettent de nouvelles joies : ce sont des Anthologies
illustrées. Les unes nous raconteront l'histoire de notre pays, les
autres commenteront les mystères chrétiens. La série des Pro-
vinces françaises a commencé à paraître, et nous pouvons, dès main-
tenant, apprécier les ressources d'un plan très ingénieux : chaque
volume se compose d'abord d'une grande étude géographique et
historique, dont l'Anthologie reprend ensuite les principales données,
en les développant par des citations heureusement choisies des meil-
leurs écrivains. Le premier volume, dont M. Henri Guerlin a organisé
le texte avec un goût très délicat et très sûr, est consacré à la Tour aine ;
on ne pouvait mieux faire que de nous conduire, pour les débuts, au
jardin de la France. Parmi les écrivains cités, poètes et prosateurs,
il y a les vieux maîtres de notre langue : Rabelais, Ronsard, Racan,
La Fontaine, M"^*^ de Sévigné, et puis les modernes illustres : Balzac,
bien entendu, et Hugo, Vigny, Gautier, Michelet, Flaubert; et nous
allons jusqu'aux contemporains dont s'honorent la Touraine ou le
Rlésois : M. Jules Lemaître, M. René Boylesve. La longue introduc-
tion de M. Guerlin est bien agréable à lire, et non moins agréables sont
— 515 —
les illustrations, réunissant aux plus jolis aspects de nature les meil-
leurs documents qui nous reconstituent les sites d'autrefois ou évo-
quent les figures qui les habitèrent; et je ne voudrais pas oublier cer-
taines petites pliotooraphies prises par l'auteur lui-même avec une
finesse délicieuse qui l'ait songer à Corot. — L' Auvergne, de M, Louis
Bréhier, est, ainsi qu'il convient, plus âpre; mais comme ici les gra-
vures austères vont d'accord avec la gravité des textes ! La belle
leçon de géographie et d'histoire locale que nous donne M. Bréhier
nous aide à comprendre la personnalité bien à part de la rude race
auvergnate, et les textes des écrivains antiques qui ont parlé des
Arv(^rnes sont associés aux descriptions d'un Mérimée ou d'une George
Sand, ou encore aux pages vibrantes des poètes du terroir, ces félibres
d'Auvergne, Vermenouze et Michalias. — Pour célébrer la Bourgogne^
MM. Joseph Calmette, professeur à la Faculté des Lettres de Dijon,
et Heru'i Drouot, membre de la Commission des antiquités de la
Côte-d'Or, ont brossé, à traits rapides et larges, un tableau lumineux,
où sur le fond robuste d'un paysage infiniment varié se dresse le vieux
décor de l'histoire, animé de scènes vives et pittoresques; l'art tient
une grande place dans cette province privilégiée. L'Anthologie pro-
prement dite comprend toute une littérature; elle va de César et de
Grégoire de Tours à saint Bernard, de Commynes à Brantôme et à
Bossuet, de VoJtaire à Lamartine, à Victor Hugo, des Concourt à
Gabriel Hanotaux et à Henri de Régnier; et que d'images grandioses
ou charmantes, qui évoquent ù nos yeux, à côté de Dijon, de Mâcon,
d'Autun, les petites villes chères aux archéologues et aux artistes,
comme Tournus ou Saulieu et Semur, et l'incomparable Vézelay !
8, 9. — M. Marcel Aubert, l'érudit directeur de la Revue de
l'art chrétien, a donné à la collection des Petites Monographies des
grands édifices de la France une étude fort attachante sur la ville
de Senlis, dont il avait déjà, dans un fort beau livre, analysé et
décrit par le menu la célèbre cathédrale. C'est encore la cathé-
drale, conmie il est naturel, qui occupe la meilleure part de ce
guide historique et archéologique; autour d'elle se. groupent les
églises secondaires assez nombreuses qui conservent à la jolie ville,
avec les ruines de son château, son évêché, ses maisons et hôtels
d'autrefois, un caractère pittoresque et paisible que les pages de
M. Marcel Aubert, avec l'appoint d'excellentes gravures, feront
très vivement apprécier. — M. Henri Guerlin, l'auteur de la jolie
Anthologie de Touraine dont nous parlions tout à l'heure,' a décrit
pour la même collection le Château de Chambord. Les origines et
l'histoire de la vieille demeure princière, tous les précieux souvenirs
qui s'y rattachent sont narrés dans ce petit livre avec une mé-
thode qui n'exclut pas l'agrément; il y a là tout ce qu'il faut con-
— 516 -
naître do ce glorieux Ghambord, dont les enfants du duo de Parme,
suivant noblement les traditions de leur père, assurent avec un
soin admirable la restauration et l'entretien.
10. — Les ingénieuses, érudites et si attachantes flâneries de
M. André Hallays A travers la France l'ont plus d'une fois conduit
aux bords de la Loire; après nous avoir guidés en Alsace et en
Provence, c'est vers la Touraine, V Anjou et le Maine qu'il nous
invite aujourd'hui à le suivre. Il ne nous offre qu'un choix parmi
ces promenades dont les lecteurs du journal des Débats ont eu la
primeur; mais ce choix peut satisfaire toutes les curiosités. Après
les monuments célèbres et partout décrits, que de petites mer-
veilles à décou\Tir ! Tout le monde connaît le château de Blois;
mais celui de Ménars, l'œuvre du frère de M"^^ de Pumpadour,
qui le visite, sinon quelques rares initiés? Quel joli pèlerinage bal-
zacien l'on peut faire dans la vallée de l'Indre, entre Montbazon
et Azay-le- Rideau ! Qu'il est amusant d'évoquer à Valençay la fi-
gure de Talleyrand vieilli, à Chinon la légende de Rabelais, à Ri-
chelieu l'histoire du grand cardinal ! Dans le val du Loir, nous
sommes au pays de Ronsard et de Racan; et, plus loin, à Soles-
mes, surgit la grande figure de Dom Guéranger dans l'admirable
monastère, hélas 1 vide de ses habitants. Vraiment, peu de livres
ont plus d'attraits, et le monument qu'élève M.André Hallays,
avec une patience inlassable, n'a d'indolent et de capricieux que
son titre; il est construit des plus belles pierres de notre pays.
11, 12, îd. — Dans la jolie collection des Villes d'art célèbres,
voici trois nouveaux volumes. Bourges et les abbayes et châteaux
du Berry ont offert à deux érudits, l'un normalien, l'autre chartiste,
l'un professeur d'histoire, l'autre archiviste-paléographe, le thème
d'une collaboration féconde, et si bien conduite que l'on ne saurait
distinguer la part de M. Georges Hardy de celle de M. Alfred Gan-
dilhon. Les premiers temps de Bourges, l'Avaricum gaulois conquis
par les Romaine, l'expansion du christianisme dans le Berry, avec
la création de cette merveille, la cathédrale, si noble, si pure de
proportions, si lumineuse dans la splendeur de ses vitraux, Ja Sainte-
Chapelle, l'hôtel de Jacques Cœur, les maisons et chapelles de la
Renaissance, sans parler des richesses modernes, telles sont les éta-
pes successives d'une très belle monographie, dont tous les détails
ont été mis heureusement en valeur. Et le dernier chapitre, où
Dtous sont présentées des beautés trop peu connues, et bien dignes
de l'être, les abbayes de Plainpied, de Massay, de Noirlac surtout
et de Saint- Satur, les châteaux de Meillant et de Valançay, mérite
aux deux auteurs, par le vif attrait du texte et des gravures, toute
njtre reconnaissance, — M. Joseph Aynard, dans son intéressant
— 517 —
livre sur Londres, Hampton-Court et ]Vùidsor, a développé surtout,
et l'on ne saurait l'en blâmer, l'étude des musées et des collections
où ri^stoire de l'école anglaise de peinture, si médiocrement re-
présentée en France, tient la principale place et prête à une illus-
tration aussi excellente que variée. — Quant au volume de M. Gus-
tave Fouo'ères svu' Athènes^ je voudrais disposer, pour le louer di-
gnement, de ressources autres que quelques pauvres lignes. Les
maîtres de l'archéologie hellénique, ou plutôt les collègues de l'au-
teur, ont dit, en termes éloquents, tout le bien qu'il faut penser
de son érudition. Mais cette érudition n'est pas moins aimable
que solide et sûre, et c'est un des plaisirs les plus délicats que
l'on puisse goûter que de suivre dans les rues et sur les places
de la ville d'autrefois et d'aujourd'hui ce savant parfait qui est
tout à la fois un homme d'esprit et un artiste. Il aime cette ville
où il a passé les plus belles années de sa jeunesse. Avec quelle
joie, avec quelle ardeur ne nous sommes-nous pas élancés, au sortir
de l'Ecole normale, pour conquérir Rome ou Athènes! et ne faut-il
pas que de nos jeunes enthousiasmes il reste mieux qu'un souvenir
au fond de nos cœurs? Un petit livre comme celui de M. Gustave
Fougères peut témoigner du labeur de toute une existence; c'est
un monument pieux et durable.
14. — Paris a beau centraliser la plus grande partie des publi-
cations d'art, il demeure toujours en province des érudits zélés et
patients qui s'attachent à élucider un problème d'histoire locale,
et à composer de précieuses monographies. C'est ainsi que le D'"
Frédéric Lesueur a donné à la Société des sciences et lettres de
Loir-et-Cher, qui l'a édité fort soigneusement, un travail entière-
ment nouveau et des plus attachants sur Ménars, le château des
bords de la Loire, qui doit sa célébrité plus encore au souvenir
de M°^^ de Pompadour et de son frère, le marquis de Marigny,
qu'à sa belle situation et au charme de ses jardins. C'est une des
meilleures contributions qui aient été apportées en ces dernières
années à l'histoire de l'art et de la curiosité. Le château et le mar-
quisat de Ménars furent achetés en 1760, quatre ans avant sa mort,
par M "le fie Pompadour; en 1761, elle léguait à son frère, le direc-
teur général des bâtiments du royaume, le domaine enrichi et em-
belli par ses soins. Toute l'histoire de l'organisation et de la déco-
ration de ce domaine nous est fort agréablement narrée, avec
l'aide de nombreux et importants documents inédits; les collections
de la marquise et de son frère nous sont décrites, les œuvres d'art,
les précieuses statues dispersées en des galeries célèbres, mais peu
accessibles, nous sont présentées à nouveau avec l'appoint très ap-
préciable de bonnes photographies; enfin les vicissitudes du beau
— 518 —
domaine jusqu'à nos jours sont retracées de main de maître. Il
faut remercier le D"" Lesueur de nous avoir donné ce beau livre et
attendre en toute confiance celui qu'il nous annonce sur le château
de Blois.
15. — M. André Maurel ne se lasse point de parcourir l'Italie
et de nous entraîner à sa suite. Ayant clos le cycle de ses Petites
Villes, il entreprend une série de Paysages d' Italie qui ne sera pas
moins goûtée, et où il ^ous offre la figure d'un Grégorovius très
moderne. Il sait voir et raconter, il prépare savamment ses voyages
et nous les sert assaisonnés d'esprit. J'ai lu, dois- je le dire, ce der-
nier volume avec un pou de mélancolie. Il faut donc que soient
jetés en pâture à la foule banale ces chers secrets que d'autres
avaient cachés dans la solitude du souvenir ! Et in Arcadia ego;
nous aussi, mais en un temps où les automobiles ne soulevaient
point la poussière des routes, nous avons connu Pienza, Monte-
pulciano, Corneto; nous avons accompagné notre bon maître Bois-
sier dans les monts Latins et sur les rivages déserts d'Astura et
d'Ostie; nous avons respiré le parfum des fleurs qui submergent
les ruines de Ninfa. Moins égoïste, plus prompt aux décisions pra-
tiques, M. André Maurel ravive nos joies anciennes par ses étince-
lantes descriptions; et pourquoi marchander nos éloges à son très
joli livre, le meilleur peut-être qu'il nous ait encore donné?
16. — M. Maurice Brillant, qui est un charmant poète, a goûté
profondément, lors d'un premier voyage en Toscane, le Charme
de Florence, et il s'est risqué à le rendre avec beaucoup de candeur.
Le vêtement léger d'un style qui ne s'accroche pas aux ronces de
l'érudition recouvre dans ce petit livre une pensée aimable, hon-
nête et religieuse. De gracieuses pages sur l'humanisme chrétien,
sur la sculpture grecque et florentine plairont sans doute à tous
les lecteurs qui, à défaut d'un guide ou d'une esthétique bien or-
donnée, trouveront ici, parmi quelques descriptions justes et sobres,
une délicate leçon de sentiment.
17. — L'Art antique en Corse, un beau titre sur une agréable
plaquette, où il y a des descriptions, des anecdotes et, sous un ly-
risme parfois un peu jeune, l'amour sincère de l'île admirable qui
est, aujourd'hui encore, et malgré Mérimée, un des joyaux les moins
connus de la France.
18. — Le Répertoire des peintures du moyen âge et de la Renais-
sance, dont M. Salomon Reinach a déjà publié trois volumes, devrait
être entre toutes les mains; c'est là seulement que l'on, trouvera,
réunis avec une patience merveilleuse, les éléments d'une icono-
graphie incomparable. Les gravures au trait sont d'une netteté
parfaite, et les quelques critiques que l'on a pu faire aux deux pre-
- frlO —
miors volumes sur l'exiguïté de certaines reproductions ne sont
plus de mise pour le troisième, où tout est admirablement lisible.
Il y a, dans ce volume, toute une série d'œuvres délicieuses, et
des moins connues, de l'école allemande, et des tableaux provenant
de collections particulières, dont quelques-unes déjà dispersées ou
détruites. Ce répertoire si bien classé, de consultation si facile, se
termine par d'excellents index et des addenda et corrigenda où la
conscience de l'auteur s'est efforcée à rectifier les moindres erreurs.
Je signale, à la page 460, une désignation erronée pour une Madone
faussement attribuée à Botticelli, qui n'est pas à Sainte-Marie Nou-
velle de Florence, mais bien au Musée des Offices, parmi le fonds
de l'hôpital de Santa Maria Nuova.
19. — Deux émi.nents conservateurs du Louvre, MM. André Mi-
chel et Gaston Migeon, pour satisfaire au plan d'une des plus
jolies collections de la librairie Laurens, ont rédigé en collaboration
un texte excellemment illustré de phototypies où nous est retracée
l'histoire des départements dont ils ont la garde et qu'ils enrichis-
sent d'année en année avec un zèle infatigable. C'est, en vérité,
toute une histoire sommaire, ici de la Sculpture française, là des
Objets d'art si variés qui emplissent une partie du Louvre; l'essen-
tiel y est dit, et dans les meilleurs termes. Le livre est fait pour
plaire à tous les amis de notre grand musée.
20. — Le très beau livre où M. Léonce Bénédite a reproduit, en
près de quatre cents images, les Peintures de ce Musée du Luxem-
bourg qu'il administre depuis un quart de siècle avec le goût le
plus délicat et le plus sûr, mérite tous les suffrages des amis de
l'art. Il n'était pas possible de mieux choisir et de mieux grouper,
par les affinités de sujets ou de talents, des œuvres qui consacrent
tant de renommées françaises ou étrangères, œuvres sans cesse
renouvelées et qui assurent au Louvre un recrutement désormais
régulier. Voilà donc nos classiques modernes, jeunes et vieux, au-
dacieux ou timorés, modèles enviés en tout cas et imités par d'in-
nombrables disciples, la fleur de nos Salons et l'ornement de nos
Musées; et ce n'est point dire que tout en soit impeccable; mais
ce recueil d'images peut être pris comme un miroir où se reflètent
les goûts, les ambitions, les médiocrités aussi d'une époque où l'ait
est intimement mêlé à la vie. L'habileté vraiment remarquable des
reproductions fait le plus grand honneur à la librairie Laurens.
21. — Dans la même collection où a paru le Musée du Luxem-
bourg, après ceux de Tours et de Grenoble, M. Laurens nous dorme,
en 354 excellentes photogravures, tout l'essentiel des Peintures du
Musée de Lyon. On sait la place considérable que tient ce musée
parmi les riches collections provinciales, trop peu connues, trop
— 520 —
pou décrites, de la France. M. Paul Dissard, son conservateur, en
raconte brièvement l'histoire et dresse un catalogue complet, par
ordre alphabétique, de ses peintures; il n"y en a pas moins de 764,
dont beaucoup sont actuellement retirées de l'exposition par in-
suffisance des locaux. Prés de la moitié, c'est-à-dire tout ce qu'il
importe de voir, tous les documents indispensables et durables
dans rœu%Te des artistes, forment le magnifique album où, des
primitifs jusqu'aux artistes les plus modernes, ces tableaux sont
classés par écoles. Une place à part et considérable, ainsi qu'il
convenait, a été faite à la belle école lyonnaise, où les trois Flan-
drin, Janmot, Vollon, Seignemartin, Meissonier sont représentés
par des toiles honorables, et où se succèdent, dans leur beauté
désormais classique, les chefs-d'œuvre de Puvis de Chavannes qui
mériteraient à eux seuls au musée de Lyon la visite de tous les amis
de l'art.
22, 23. — La librairie Hachette continue activement sa belle
Collection des classiques de l'art. Le recueil des peintures de Hans
Holhein le jeune ne comprend pas moins de 252 planches gravées,
où sont reproduits et classés par ordre de dates tous les tableaux
que l'on possède du maître, ainsi que les copies anciennes d'o,'u\TejB
disparues, et même un certain nombre d'apocryphes. C'est un pré-
cieux ensemble de documents graphiques, d'où se dégage lumineu-
sement la physionomie du portraitiste incomparable. A la vérité, le
génie d'Holbein est plus manifeste encore dans ses dessins, et ce sont
les peintures seulement que l'on nous présente ici; mais comment,
avec des procédés qui, si remarquables qu'ils puissent être, demeurent
forcément économiques, arriver à rendre la finesse, la légèreté des tons
d'aquarelle combinés avec le fusain pour exprimer, en quelques
touches, en quelques lignes, toute l'intensité de la vie? Une excellente
étude sur l'ami d'Erasme et de Thomas Morus précède ce recueil
précieux, qui continue dignement une série où ont déjà paru les
œuvres de Raphaël, de Titien, de Michel-Ange, de Durer, d'autres
encore, — Et voici le peintre des fêtes galantes, le mondain, le gra-
cieux, le voluptueux Watteaii que l'on y joint. C'est la première fois
que l'on réunit dans son ensemble ^œu^Te du grand innovateur de la
peinture française au xviii^ siècle; tous les trésors conservés à Lon-
dres et à Berlin sont ïà, pour permettre les comparaisons et faciliter
singulièrement le travail des historiens d'art. Les gravures, d'un ton
légèrement bistré, d'une délicatesse souvent parfaite, ne se bornent
pas à nous donner tout ^^atteau; elles nous offrent des détails fort
heureusement choisis de ses œu\Tes les plus célèbres et les moins
connues, telles que l'Embarquement pour Cythère et l'Enseigne de
Gersaint qui sont conservés au Château royal de Berlin.
— 521 —
24, 25. — La collection des Maîtres de Vart, que publie la librairie
Pion, plus variée et plus souple que celle des Grands Artistes, peut
admettre parfois, parmi les biographies habituelles, des études qui
résument toute une période d'art et dépassent singulièrement, par
leur importance critique et même — disons-le à la louange des édi-
teurs — par l'ampleur de leur texte, les proportions adoptées pour
ces sortes de livres. Tel est le beau travail de M^'^ Louise Pillion sur
les Sculpteurs français du xiu^ siècle, dont Ija, place est toute désignée
auprès des grandes publications de M. André Michel et de M. Mâle,
et qui pourtant, par son format et son prix des plus modestes, mérite
de devenir promptement populaire. Notre sculpture du xiii^ siècle,
— est-il besoin de le dire ? — c'est le décor de nos cathédrales, et l'his-
toire de ce décor, son esprit, son symbolisme, sa technique, son
influence à l'étranger, nous sont exposés en des pages lumineuses, d'une
lecture aussi attrayante qu'instructive. Un complément fort appré-
ciable et vraiment nouveau de ce li\Te éloquent est l'essai de réper-
toire sommaire dressé par M^^® Pillion des principales œu^Tes de
sculpture monumentale du xiii^ siècle qui existent encore en France.
— M. Alfred Pichon, dans la même collection, nous donne sur Fra
Angelico un li%Te très agréable à lire, soigneusement étudié et précieu-
sement écrit. Il y a par endroits, dans cette « écriture artiste «, une
recherche de candeur et de simplicité un peu juvénile peut-être, mais
on ne peut qu'être touché du zèle pieux de l'historien, qui s'est
efforcé de voir tout ce dont il avait à parler (il ne semble pourtant
point connaître le beau tabernacle de la collection Stroganoff, à Rome,
ni même le charmant petit ange provenant de la collection Gay, au
musée du Louvre). Son livre complète heureusement le précieux travail
de M. Henry Cochin, qui nous montrait avant tout le saint dans l'ar-
tiste, et s'il ne nous fait pas toujours oublier les pages très sobres et
pénétrantes publiées par Cartier il y a plus d'un demi-siècle, on peut
dire qu'il n'a rien négligé, ou presque rien, des découvertes et des.
discussions les plus récentes.
26, 27. — L'excellente petite étude de M. Marcel Reymond sur Bru-
nelleschi et l' Architecture de la Renaissance italienne au xv^ siècle est
moins une biographie d'artiste qu'un chapitre d'histoire de l'art; mais
c'est l'un des plus attachants qu'on puisse lire. Ces débuts de la Renais-
sance italienne ont la même séduction d'ardeur et de fraîcheur dans
l'ceuvre des architectes que dans celle des peintres et des sculpteurs;
une bonne part du charme de Florence et de Venise est dû aux églises
et aux palais du xv^ siècle; Brunelleschi, Alberti fraternisent avec
Masaccio et Donatello. M. Marcel Reymond h su mettre en valeur
leurs mérites divers avec la grande autorité d'une critique qui laisse
au sentiment sa place à côté de la science. — Dans la même collection
des Grands Artistes, M. Henri Hauvette, un de nos plus distingués ita-
lianisants, a écrit sur le Sodonia. C'est, en moins d'un an, le second
volume que l'on publie en Finance sur ce maître séduisant et volup-
tueux, voisin de Léonard en même temps que de Raphaël, et inspiré
presque également par l'un et par l'autre. Je n'hésite pas, entre les
deux volumes, à préférer de beaucoup celui de M. Hauvette, pour
son goût plus sûr et plus sobre, pour sa critique fine, sans prétention
et sans admirations outrées; il nous donne l'idée la plus juste du fan-
tasque et trouble artiste piémontais, dont Milan, Rome, Florence et
Sienne ont reçu tour à tour les chefs-d'tBuvre.
28. — M. Marcel Reymond nous parlait tout à l'heure de Brunel-
leschi; voici maintenant que sa curiosité, toujours active et féconde,
s'est répandue sur une période encore très obscure et peu fréquentée
des historiens d'art, celle qui va de Michel- Ange à Tiepolo. Les pages
qui composent ce livre ont paru d'abord dans la Reç>ue des Deux-
Mondes, où elles ont suscité un vif intérêt et de non moins vives dis-
cussions. L'art qu'analyse M. Reymond, et qu'il oppose à celui de la
Renaissance, c'est l'art romain qui commence vers le milieu du
xvi^ siècle, et dont le caractère essentiel est de replacer au premier
rang la pensée chrétienne; Rome, à partir de ce moment-là, ressaisit
la direction artistique du monde, qui a échappé à Venise et à Florence;
« pendant tout le xvii^ siècle, les grandes nations de l'Europe, la
France, l'Espagne, l'Angleterre, l'Allemagne, les Pays-Bas, se font
romaines ». Cette belle étude marque un retour, auquel on pouvait
s'attendre, de la critique vers un art jadis classique et universellement
prôné, avant d'être décrié avec la dernière violence. Peut-être la réha-
bilitation nécessaire des peintres bolonais et des grands architectes
et décorateurs romains ne va-t-elle pas sans un rien de paradoxe;
et, si la place ne m'était mesurée, j'aimerais à chicaner quelque peu
M. Marcel Reymond sur la dose de christianisme qu'il attribue
trop généreusement aux Carraches ou à Bernin; mais qu'importe?
l'enthousiasme est contagieux, et ce petit livre, qui laissera une
trace dans l'histoire de l'art, a la générosité de l'enthousiasme.
29. — • Le mieux doué des ciseleurs du temps de Louis XVI, Gou-
thière, dont les œuvres raffinées se vendent aujourd'hui au poids de
l'or, n'est pas moins honoré qiie célèbre; le nom de l'artiste est
prônî à l'égal des plus grands, sa vie est presque inconnue, son œuvre
attendait un catalogue, il y a quelques mois à peine. Cependant
voici que M. Jacques Robiquet , riche d'une abondante moisson de
pièces d'archives, nous apporte, sous les espèces d'un somptueux
volume, les révélations les plus curieuses sur l'artiste qui fut au
service de M™^ Du Barry; surtout il nous apporte un excellent essai
de catalogue raisonné où sont classées, par ordre de musées et de
— 523 —
collections, les pièces que l'on peut attribuer avec certitude au maître,
et celles qui se rapprochent le plus de sa manière. Ce fort beau livre,
édité avec un luxe de bon aloi, s'adresse d'abord, comme il est naturel,
aux collectionneurs, antiquaires et fabricants de bronzes; mais sa
charmante illustration, où sont reproduits les plus admirables meu-
bles, candélabres et appliques de la seconde moitié du xviii« siècle,
semble bien faite pour plaire au public le plus étendu, qui ne peut
que gagner à méditer les analyses et les .observations si justes et si
fines de l'auteur.
30. — Une belle étude de M. Paul Vitry précède le recueil de qua-
rante-huit gravures, accompagnées de notices précises et pittoresques
où MM. Jean Laran et Georges Le Bas ont résumé l'essentiel de la
vie et de l'œu\Te du grand sculpteur Carpeaux. Ce volume, excellem-
ment illustré, est le sixième de la charmante collection intitulée :
L'Art de notre temps; en assurant qu'il est entièrement digne de ceux
qui l'ont précédé, j'en aurai fait le meilleur éloge,
31. — La Bibliothèque Larousse vient de compléter son intéres-
sante Anthologie d'art français du xix<^ siècle par un volume où nous
est présentée la Peinture du xx^ siècle. On pourra trouver qu'il y a là
quelque hâte peut-être, si notre nouveau siècle ne compte encore que
douze ans, mais enfin c'est notre siècle, et il ne nous déplaît point de
dénombrer dès à présent ses gloires, ses espérances et même ses
erreurs, car on rencontrera de tout dans ce choix de 128 planches, où
sont groupés les meilleurs tableaux de nos derniers Salons, y compris
le Salon d'automne et celui des Indépendants; mais si l'on y doit
trouver quelques raisons de plaisanter, sinon de craindre, on en
trouvera aussi d'autres, et en plus grand nombre, d'avoir confiance
et de S3 réjouir. Un*' étude critique fort intelligente de M, Charles
Saunier n^us introduit à cet intéressant album, que complète unindex
des principaux exposants de nos Salons.
32. — C'est une sorte de Plutarque populaire, ces vies de contem-
porains illustres que la librairie Armand Colin propose à notre admi-
ration, à notre imitation aussi, les Victoires de la volonté. M, Béné-
dite a choisi parmi les peintres, les sculpteurs, les graveurs, neuf
figures très belles et très hautes, ou très célèbres, et il nous raconte,
avec une émotion communicative, les tribulations et les gloires de
ses héros. La série s'ouvre par Millet, elle se clôt par Gaillard; on
ne pouvait ni mieux débuter ni mieux finir. Des portraits, un choix
de bonnes gravures donnent à ce petit livre une parure des plus sédui-
santes. André Pératé.
— 524 —
; THÉOLOGIE
L'Objet imté^ral de rapelogétique, par à. db Poulpiqubt.
3» édil.. Paris, Bloud, 1911, ia-16 de vil-565 p. — Prix : 4 fr.
Ce livre s'impose à l'attention de tous ceux qui, à un titre ou à un
autre, écriront désormais sur l'apologétique. On pourra discuter cer-
taines pensées de l'auteur, il avertit lui-mêmequ' il n'en sera pas sur-
pris, mais toutes méritent jd'être prises en considération, et ce n'est
pas là un mérite vulgaire.
Ce qu'on ne discutera pas, je crois, ce sont ses remarques sur la
faiblesse d'une certaine apologétique routinière ou superficielle qui
se borne à répéter des vieilleries, sans paraître soupçonner l'acuité des
problèmes qui se sont posés de nos jours.
Ce qu'on no discutera pas, c'est l'observation fort juste sur la dis-
tinction entre l'apologétique et la théologie. L'apologétique prépare
à la foi; la théologie travaille sur les données de la foi. 11 est regrettable
qu'on ait souvent mélangé des études d'un caractère aussi diffé-
rent. De plus, disséminer, comme on l'a fait encore, à travers plu-
sieurs traités de la théologie, les éléments de l'apologétique, c'est
enlever le relief qu'elle mérite à cette partie capitale des sciences
sacrées.
Après ces explications qui ne font que trop comprendre le discrédit
où l'apologétique est tombée dans certains esprits, l'auteur entre de
plain-pied dans son sujet. 11 distingue l'apologétique interne et
l'apologétique externe. L'apologétique externe expose les raisons de
croire, prises du côté de l'objet de la croyance, lout en se défendant
d'écrire un traité d'apologétique, l'auteur passe en revue les prin-
cipaux motifs de crédibilité et il indique la manière de les mettre en
valeur. Puis il arrive à la partie la plus originale de son livre, à ce
qu'il appelle l'apologétique interne. J'avoue que j'auiais préféré une
autre dénomination, apologétique subjective par exemple, car on a
déjà employé le mot d'apologétique interne pour désigner les raisons
de croire tirées non pas de la présentation mais de la perfection ou
de la transcendance de la doctrine proposée à la foi. Or ce n'est pas là
ce que veut exprimer ce même terme sous la plume de notre auteur.
Il y a, au fond de l'âme, des aspirations vers la vérité, dont on peut
tirer un parti considérable dans le travail de préparation à la foi
qui est celui de l'apologétique. Ce sont ces aspirations que proposait
jadis d'exploiter le futur cardinal Deschamps, et qu'utilisait récem-
ment Brunetière dans son discours sur « le besoin de croire ». Il y a là
une mine trop féconde pour être négligée. C'est cette mine que signale
très sagement le P. de Poulpiquet. et qu'il invite les apologètes de
l'avenir à utrliser plus qu'ils ne l'ont fait jusqu'ici.
— 525 —
Peut-être trouvera-t-on que l'auteur, un peu épris de sa thèse, n'a
pas assez fait remarquer que ces motifs subjectifs, tout importants
qu'ils soient, n'ont cependant qu'un rôle secondaire.
Quoi qu'il en soit, il est incontestable que pour être complète, la
véritable apologétique doit tenir compte à la fois des preuves objec-
tives de la vérité et des aspirations de l'âme humaine vers la vérité
qu'elle doit être ainsi « la démonstration de la crédibilité et de l'appé-
tibilité du dogme ». Christophe Simon.
JURISPRUDENCE
A jegy«i8èg-ès hàzasBagkôtèsi forma kilejlodèt^e a IVe
Temere deeretuinig ( l^e HéYeloppeinent de» lormes des
fiançailles et dia anuriage jusqu'au déeret aTHe Temere»)
parle D'' F. Hanuy. Budapest, Stephanenm, 1912, in-8 de 340p. — Prix :
5 fr. 25.
Professeur de théologie à l'Université de Budapest, le D^ F. Ha-
nuy était tout désigné, par sa s-cience et par ses précédents travaux,
pour étudier et expliquer le décret Ne Temere. Mais il ne se borne pas,
dans le livre qui vient do paraître, à commenter ce décret, il montre
qu'il est le naturel aboutissement, le développement historique de
toutes les prescriptions qui, depuis l'origine, ont réglementé les forma-
lités des fiançailles et du mariage, à travers les siècles. Il montre que,
dans l'établissement des formes à observer dans les fiançailles et le
mariage, l'Église a subi l'influence du droit d'alors et des usages
existants et, pour le prouver, il passe en revue ce qui se faisait, en
ces circonstances, chez les Israélites, les Grecs, les Romains, les Ger-
mains, et l'on voit comment un événement familial, ethnique, devient
progressivement, sous l'influence de l'Eglise, un sacrement. La
deuxième partie de l'ouvrage est consacrée précisément à l'histo-
rique de ce développement et aux commentaires des différentes déci-
sions prises par les Papes et par les Conciles dans les questions matri-
moniales. La troisième partie traite des motifs qui ont nécessité la
publication du décret Ne Temere,dc l'esprit qui l'a inspiré,des principes
juridiques qui sont à sa base et des conséquences que sa publication et
son application sont appelées à produire. Quoique traité surtout au
point de vue théorique, et destiné plus spécialement aux juriscon-
sultes, l'ouvrage du Dr. Hanuy n'en rendra pas moins service aux
membres du clergé ayant à résoudre les questions relatives au ma-
riage.
Puisant dans le riche arsenal de la science juridique, de l'histoire
du droit et de la philosophie juridique, l'auteur a trouvé dans ses
profondeurs des armes pour affirmer ses vues. Malgré l'aridité du
sujet, le livre est fort bien écrit; un index alphabétique y facilite les
reoheroheg, E. H.
— 526 —
SCIENCES ET ARTS
lia liîbcrté de la pensée, par Gérard de Lacazr-Duthibrs. Paris,
Alcan, 1911, in-8 de 949 p. — Prix : 10 fr.
Dès les premières lignes, la jeunesse et l'inch'pendance de l'auteur
se trahissent dans les développements démesurés qu'il donne à l'ex-
pression de sa pensée. A combien de pages n'aurait pas été profitable
l'intervention d'une paire de ciseaux qui, sans miséricorde, aurait
amputé telles amplifications parasites ! Le livre de M. Gérard de
Lacaze-Duthiers est une forêt tropicale où la salutaire cognée du
bûcheron n'a pas créé de lumineuses percées. Mais ce foisonnement
d'herbes folles atteste la richesse et la fertilité du terroir, et si M. de
Lacaze consent à laminer ses phrases, il comptera, certes, parmi
nos plus vigoureux esprits.
L'expérience, la réflexion et l'âge le rendront aussi moins excessif
et moins tranchant. Si je devais relever tous les paradoxes et tous
les sophismes dont s'encombre ce gros volume, il me faudrait écrire
une réfutation qui ne serait pas moins copieuse. Et quel gaspillage de
papier ! Au lieu de me li\Ter à cette inutile corvée, je préfère me fier
au temps qui délivrera le jeune écrivain» de ses nuées, et qui nous
donnera, j'en suis sûr, un philosophe toujours original et toujours
fécond, mais en même temps un penseur calme, harmonieux, équi-
libré. Les grands dons qu'accuse la Liberté de la pensée autorisent
les meilleurs espérances. Oscar Havard.
LITTÉRATURE
Parmi les eyprès et les lauriers, par le marquis db Séour.
Paris, Émile-Pau', 1912, iii-s de 311 p. —Prix : 5 fr.
Les trois conférences données en 1910, 1911, 1912, à la salle de la
Société de géographie, méritaient bien d'être conservées et réunies. La
première, sur Louise Colet, que M. de Ségur appelle, avec une légitime
raillerie, « une muse », est piquante; la seconde, sur Louis Veuillot, est
impartiale, juste, digne d'un membre de cette famille de Ségur que le "
grand écrivain aimait tant, de qui il reçut des preuves si constantes
d'admiration et d'affection, et à qui il a adressé (par sa correspon-
dance à la vicomtesse de Pitray) des lettres qui demeurent comme
un titre de noblesse httéraire pour cette aristocratique lignée. La
troisième sur Edouard et Jules de Concourt a soulevé des récrimi-
nations et des ripostes sans enlever d'ailleurs aucune force aux argu-
ments de M. de Ségur qui, fort justement, notait les imperfections et
les faiblesses des deux frères trop vantés. — Pour former un volume
et donner raison d'être au titre élégant qu'il choisissait, l'auteur a
ajouté un article ému sur son ami le très regretté Albert Vandal; sa
^ 527 -
« réponse « au discours de réception de M. Brieux (qui est une ana-
lyse de l'œuvre de Ludovic Halévy); son discours prononcé aux
funérailles d'Emile Gebhart, enfin le rapport traditionnel sur les
prix de vertu, au mois de novembre 1908. Tout cela est agréable,
pensé avec indulgence, dit avec esprit. G. de G.
nskH Oxforder Kach deutHclier jOichtung Yam l!6t^n bi«
zuna *0«en Jahrbundert, herausgegeben voq H. G. Fibdlbr.
Oxfor.l, Glarendon Press, 1911, in-12 de xii-599 p. — Prix :, 7 fr. 50.
M. Fiedler, professeur de langue et littérature allemandes à l'Uni-
versité d'Oxford, vient de publier, pour les écoles et pour le public
anglais en général, une anthologie de la poésie allemande, faite sur
le modèle des éditions d'Oxford pour la poésie anglaise, française et
italienne. Le choix me paraît fait avec goût et c'est une heureuse idée
de suivre l'ordre chronologique depuis l'époque lointaine des Minne-
sânger jusqu'à Dehmel, Riccarda Huch ou Hugo von Hoffmannsthal.
Je crains cependant qu'il ne se trouve parmi les lecteurs des gens qui
regretteront que M. Fiedler ait pris tant de liberté avec les textes des
premiers âges, en traduisant par* exemple en allemand moderne les
poésies des Minnesânger, auxquelles la naïveté de la langue prête un
charme de plus, charme que Ton ne peut plus goûter dans une traduc-
tion. Au risque d'augmenter un peu le volume, j'aurais préféré pour
ma part que M. Fiedler donnât le texte exact de ces poésies primitives,
sauf à éclairer par une annotation discrète les passages ou les mots
peu compréhensibles à première vue. Il a senti d'ailleurs la nécessité
de ces éclaircissements puisqu'il a ajouté de lui-même quarante pages
de remarques, jetées à la fin du volume, remarques en partie histo-
riques, en parties littéraires ou linguistiques, toujours judicieuses.
M. Gerhard Hauptmann, le grand dramaturge moderne, sans
doute en sa qualité de docteur honoris causa de l'Université d'Oxford,
a consenti à écrire une courte page d'Introduction à ce recueil. Il y
commente le mot de Goethe : « Le parfait, qui serait en même temps
populaire, voilà ce qu'il y a de plus rare, et c'est là ce qu'il faudrait
rechercher d'abord pour en faire la base d'une anthologie ». En choi-
sissant les plus belles fleurs dans les jardins des siècles, en les réunissant
pour en faire un bouquet odorant, M. Fiedler est bien près d'avoir
réalisé l'idéal de Goethe. Ajoutons que le livre se présente sous un
aspect riant, et sauf les lettres initiales qui sont un peu fortes etgrasses,
l'ensemble produit une impression de beauté. L. Mensch.
Femme et poète. Klizabeth Browning, par M™^ W. NicaTi.
Paris, Perrin, 1912, in-16 de 354 p., avec 3 portraits tt une planche.—
Prix : 3 fr. 50.
Plus peut-être qu'aucun poète anglais moderne, M"^^ Browning
— 528 —
a été étudiée en France, où traductions en prose et en vers, articles
de revues, essais biographiques et critiques, enfin une consciencieuse
thèse de doctorat ont fait connaître sa personne et ses écrits. M^^^ Ni-
oati a cependant pensé qu'un livre restait à faii*e, plus accessible au
grand public que le gros ouvrage de M^^^ Merlette, plus complet
que les études de Montégut, de Texte, de M^^^ Darmesteter et de tant
d'autres. Pleine d'admiration pour l'âme très noble et le beau talent
qui se trouvent réunis chez la poétesse anglaise, elle a fait de celle-ci
un vivant portrait, narrant de façon exacte et attachante sa touchante
existence, replaçant dans cette existence les ouvrages qui y sont tous
si intimement liés, faisant connaître enfin ces ouvrages mêmes par la
traduction d'extraits étendus. Si la louange n'eût pu quelquefois se
tempérer d'un peu plus de réserves, c'est ce qu'on se demandera
peut-être à l'occasion; pour que M"^^ Browning fût assurée d'être
« citée toujours parmi les poètes de premier rang » on peut penser
qu'une forme plus achevée et plus parfaite serait sans doute néces-
saire, la forme achevée et parfaite qui ne se rencontre guère que dans
les admirables Sonnets portugais. Ne reprenons pourtant pas un bio-
graphe et un critique d'un excès de sympathie, qui est plutôt une qua-
lité qu'un défaut. — Pourquoi, dans ce livre généralement écrit avec
soin, faut-il remarquer le barbare, l'exaspérant emploi de tel au
lieu de comme (votre amour est pour moi tel celui de Dieu, p. 139;
enchâssé tel un joyau, p. 327, etc.) ? Quelques cacographes ont bien
emprunté à l'argot des écoles ce solécisme qu'ils prennent pour une
élégance : on est étonné de le voir admis dans'un ouvrage d'une certaine
tenue littéraire. A. Barbeau.
HISTOIRE
Clément V et Pliilippe-le-Bel, par Georges Lizerand. Paris,
^Hachelte, 1911, iii-lU de 399 p. — Prix : 3 fr. 50.
M. Lizerand avait publié l'année dernière pour sa thèse de doctorat
es lettres, une bonne étude sur les relations de Clément V avec
Philippe IV le Bel. Ce volume étant maintenant presque épuisé, il
en donne une nouvelle édition, sous un format plus réduit. On a dans
ce nouveau volume le même travail que celui dont nous avons rendu
compte précédemment. Mais cette nouvelle édition est débarrassée
de tout l'appareil d'érudition gui existait dans la thèse de doctorat;
les notes sont supprimées, ainsi que l'Introduction bibliographique
et les pièces justificatives. Ainsi allégé, ce volume pourra être bien
accueilli par « ceux qui n'étudient pas spécialement l'histoire mais
veulent avoir des clartés de tout. ». J. Viard.
— 529 —
lie J«ariial d'un bourf^eois de Paris sous le régne de
Français 1 '' (li> 15-1 538). Nouyelle édition puDliée avec une
Intro'luclioQ et des notes par V -L. Bourilly. Paris, A. Picard et flls>
in-8 de xxv-')2l p. — Prix : 10 fr.
L'édition Lalanne de ce texte capital pour riiistoirc du règne de
François I^^ c tait fort défectueuse. M. Bobrilly reproduit le manuscrit
Dupuy 473 tel qu'il est, « avec son désordre, ses répétitions, ses confu-
sions et ses lacunes «. Sous cette forme, la seule qui ait une valeur
critique, ce texte nous apparaît non plus comme un Journal, mais
comme une sorte de con pilation, dont une partie a dû être écrite
en 1520-1521, une autre en 1536, et dont le reste doit avoir été composé
d'un seul coup, en 1535. Il est difficile d'en déterminer l'auteur ou les
auteurs. Le nouvel éditeur a accompagné le document d'une riche
annotation. On trouve en appendice des fragments d'une autre chio-
nique manuscrite déjà utilisée par M. GuifTrey. A la tête du volume
se trouve un précieux Index chronologique.
Quelques remarques : (p. 15, n. 1) la salamandre ne figurait point
dans les armes de François I'"'"^ qui n'étaient autres que celles de la
maison de France; (p. 28, n. 4) la Paix perpétuelle de 1516 entre la
Couronne et les Suisses n'était pas positivement une alliance; la pre-
mière alliance proprement dite ne date que de 1521; (p. 101) le texte
porte : « deux des seigneurs cantons Suysse »; M. Bourilly a pensé que
l'auteur avait sans doute voulu dire : « ... seigneurs des Cantons...»
et il a cru devoir ajouter ici ce mot des entre crochets; mais, personni-
fiant les cantons, on disait alors, et on a dit longtemps encore très
souvent depuis : « les seigneurs cantons » et « messieurs les cantons »,
comme on disait : u messieurs les États », en parlant des États
généraux des Provinces Unies des Pays-Bas; (p. 111, 1. 19) il eût
eût fallu noter, ainsi qu'à la table, que « genevoys » signifiait ici :
« génois ». (p.l76, n. 2) le trésorier Jean Morelet du Museau, retenu
en otage par les Suisses, ne rentra point en France : il mourut, le
26 mai 1529, à Fribourg, où il fut enterré au chœur de l'église collé-
giale de Saint-Nicolas. Hyrvoix de Landosle.
■Istoire des relations de la Russie avec la Colline saus
Pierre le Grand flG*S-t l»*!), par Gaston Cahbn. Paris, Alcan,
1912, in-8 de 27Vccxxi p. — Prix : 10 fr.
Le f^lvre de comptSii de la enraTane russe à Pékin en
1999-1 f9S. Texte, traduction et comraeu taire par Gaston Cahbn,
l^aris, Alcan, 1911, in-8 de xii-145 p. — Prix : 5 fr.
Fruit de longues recherches dans les archives russes et de recours
aux sources chinoises (fauteur est un ancien pensionnaire de l'École
française d'Extrême-Orient), ces deux volumes ne prétendent,
malgré tout, uniquement qu'à « poser des questions ». Ils forment un
DÉCEMBRB 1912. T. CXXV. .4.
— 530 —
modèle de. thèse savante, de celles qui sont plus intéressantes par
l(^s notes que par le texte, les notes elles-mêmes n'étant pour ainsi dire
abordables que par des ispécialistes et ne devant être utiles qu'à
eux. -Aucuaae coquetteries i là-dedans, aucune courtoisie envers le
simple' coaribux L Certfcs, iil faut! louer des efforts aussi consciencieux,
mais on Y^éiit regrettern qu'ils donrient si peu de résultats. 11 n'en est
peut-êtl'O ij,tas tou»t ■àifaJt des travaux historiques de ce genre comme
des rechiarfchës dcieintiliques proprement ditest, dans lesquelles, une
patienoe désihtére&sée peut fournir des préparations profitables.. H est.
malaisé de croire! qu'avec quelque insistance de plus, l'auteur ne fût,
pas arrivé à dominer l'amas de ses matériaux et ne les eût pas ordonm's
en un tout jplaisant et substantiel selon l'ancienne méthode française.
Ce qii'il y. a sans doute, de plus positif et qui rendra le plus de service
dans ces. vf>lumes est la pubhcation des Livres de comptes de 1727-1728.
Ils montrent tangiblement la façon de trafiquer des marchands russes
et chinois; il est fâcheux seulement, comme l'indique l'auteur, que
tant de termes de l'époque dans les deux langues, concernant les étoffes,
les mesures et les prix restent souvent pour nous vagues et conjec-
turaux. Denis Roche.
Le Congrès de «astaitt, Il juin 179»^« avril t9»9.
Correspoudauee et doeiiiueiils, publiés, pour la Société d'Iiis-
toire coule jjporaine, par P. Montarlot et L. Pingaud. T. I•^ Paris.
A. Picard et (ils, 1912, in-8 de 409 p., avec portrait. — Prix : 8 fr.
La Société d'histoire contemporaine a été bien inspirée en repre-
nant l'histoire documentaire du Congrès de Rastatt. J'en étais resté
à cette opinion que la paix de Campd-Formio était un traité décisif
arraché à, l'Autriche par les victoires de Bonaparte et qu'il ne restait
à discuter à Rastatt que la longue question des compensations à accor-
der aux. princes dépossédés. On se souvient, en effet, de la fête célé-
brée au Luxembourg, le 20 frimaire an VI, le jour où Bonaparte
remit pompeusement le texte du traité qu'il avait, signé sans droit;
« c'était, disait-il, la paix assurée, la prospérité, la liberté, la gloire
de la Rénubhque ! » Il r;èssort, bien au contraire, de cette publication,
que la paix de, 1797 éta<it inexécutable, d'abord pairce que l'Autricïhe
réclamait, par des articles secrets, des compensations territoriales
qu'il n'était pas possible de lui accorder, ensuite parce que ce traité
était en contradiction avec celui de Bâie et avec les engagements pris
vis-à-vis de la Prusse. L'Autriche essaya d'arriver à un accord défi-
nitif, celui-là, aux conférences de Selz entre Cobenzl et François de
Neufchâteau. Elle ne put y arriver. Dès lors tout était rompu, rien
ne pouvait plus se faire à Rastatt, rien ne s'y fit. Le Directoire voulut
quand même essayer de négocier avec la diète du Saint-Empire. On
sait le résultat de cette tentative.
- 531 —
La publication documentairft est précédée d'une Introduction
de 109 pages, où sont présentés aux lecteurs les principaux membres
du congrès : le comte de Metternidi, commissaire impérial, le baron
d'Albini, représentant l'archichancelier de l'Empire; l'abbé de Sta-
dion, repréè'ontant de Wurzbourg; le baron de Jacobi, Prussien; Fersen
envoyé de la Suède pour ses (iefs d'Empire, (!t surtout Ciment Wen-
ceslas, coriite de Metternich-VVinncbourg, le futur ministre d'Autriche
(p. 74)-' alors' délégué des princes catholiques de Westphalie. L'Intro-
duction révient heureusement sur le guet-apens du 9 floréal an VII
(28 aviiri799), dont furent victimes Bonnier et Koberjot, et auquel
Jean Debry' seul échappa, avec treize, vingt- quatre, quarante bles-
sures : le nombre augmenta avec sa popularité (p. 93). Une publica^
tion documentaire autrichienne avait, en effet, prétendu disculper
entièrement les hussai'ds autrichiens, d'après les pièces des archives
impériales de Vienne (ouvrage du capitaine Criste, 1900).
Pourquoi lit- on, dans une si savante Introduction, ce sommaire
jugement, tant de fois cité par de pauvres diplomates, mais toujours
démenti par les faits : « ainsi pouvait se briser la monarchie autri-
chienne, musaï<[ue mal jointe, agrégat... à la merci d'un coup de
vent ? ))
La publication documentaire se divise en deux parties: le Discours
préliminaire et historiejue, rédigé par Jean Debry le 20 thermidor
an VIII (8 août 1800), p. 111 à 168, d'après la copie de son secré-
taire Lagrenée, et la correspondance même du ministre français,
extraite de 22 volumes des Archives des affaires étrangères (Alle-
magne, 674 à 695), et de la correspondance de Joseph Bonaparte,
soit du v. 1808 du fonds France.
Le Discours préliminaire fait admirablement connaître Jean Debry,
l'homme aux quarante blessures, honnête employé de la gabelle s'il
en fût, dont on avait fait un diplomate. C'était, en effet, un modéré,
qui se serait bien accommoelé de la monarchie, même en 1792 (p. 133),
mais qui ne s'accommodait pas du tout de ses collègues, de Bonnier
surtout (p. 125), ni de u la conduite atroce et impolitique » de nos
gens de guerre (p. 148), ni de « la froide insouciance, du cruel abandon »
avec lequel on enterrait les Français « hors du faste catholique »
(note de la page 380). Il ne connaît pas bien les règles de la grammaire
et commet nombre de fautes de français dans ses dépêches (p. 252,
268, 269, 339, 373, 374). Il ne connaissait pas davantage la géographie,
et quand Roberjot n'était pas là, même avec la carte, il ne se tirait
plus d'affaire (p. 267). C'était, néanmoins, le diplomate français le
plus distingué élu Congrès.
Dans la première partie de la Correspondance (débats sur la limite
du Rhin) signalons la déception des ministres français qui se sentent
— 532 —
réduits « au rôle de figurants dans les chœurs de l'opéra « (p. 173),
le sans-gêne et le dédain de plus en plus marqué des Autrichiens
(p. 209, 252). la duplicité de la Prusse (p. 252) et des renseignements
sur la trahison qui permit à l'Autriche de ravitailler la citadelle
d'Ehrenbreitstein (p. 213).
Dans la seconde partie (les points en litige), après avoir constaté
« la profonde haine de l'Autriche, la duplicité de la Prusse et la nullité
de l'Empire » (p. 289), après avoir copieusement injurié tous les
membres du congrès, qui se réjouissaient des bruits d'un désastre
en Egypte, J. Debry et ses collègues se prennent à espérer une solu-
tion : notes du 22 août 1798 (5 fructidor) au ministre Talleyriand et du
4 septembre (18 fructidor) : « Nous avançons à grands pas, en ballo-
tant les deux puissances », l'Autriche et la Prusse. C'était une illu-
sion.
La paix des Pyrénées n'est pas de 1658, mais du 7 novembre 1659;
le traité de Nimègue, celui qui a donné la Franche-Comté à la France,
est du 16 août 1678 et ne doit pas être confondu avec celui du
5 février 1679 (p. 116). L'abbé Sieyfes écrivait son nom sans accents.
Excellent Hvre au demeurant, digne de la Société qui le publie et
des historiens à qui elle en avait confié le soin. J.-A. Bernard.
La France ••ua la maMarehle conacituclonnellc (ISti-
|!%4«), par Gborqbs Wbill. Pana, Alca i, 1912, iu-lô de 311 p. — Prix :
'3 fr. yO.
Cette nouvelle édition, « revue et corrigée », n'oiïre pas moins
d'intérêt et de valeur que la première, parue il y a douze ans. Elle est
à sa place dans la « collection » de la librairie Alcan, par ses tendances
philosophiques et politiques, qui nous obligent, en conscience, aux
plus sérieuses réserves. Le talent et les recherches de l'auteur sont
louables, encore que l'on puisse apercevoir que, dans la richesse de ses
références bibliographiques, il cite très probablement par ouï-dire
tel ou tel ouvrage. Ses tableaux d'ensemble sont bien faits, ses con-
clusions (contestables) très claires et très précises. Dans le domaine
des choses religieuses, sa méritoire impartialité est parfois surprise
par les p.ûjugés confessionnels. Il a tort de parler légèrement du
p. Loriqj' l (jj 158), tort de traiter de « légende cathohque » (p. 169)
les travaux du 1'. Deschamps et de Claudio Jannet sur la franc-
maçonnerie, to't plus encore, car il manifeste ainsi ne l'avoir
jamais lu ou l'avoir bien mal compris, de croire que Louis Veuillot
(( mêlait aux injures les plus grossières, des prédications apocalyp-
tiques » (p. 154). Parle-t-il de la « Congrégation » ? Il le fait avec pru-
dence (p. 138), mais prend bien garde de ne jamais citer le livre où
M. de Grandmaison réfute des accusations que M. Weill laisse de la
^ 533 —
sorto impliciffmpnt siibsistrr. H dit qu'on 181 'i, los j«'^suites se « multi-
plièrent aussitôt souB le nom de Facct.naristcs ou IVres de la Foi »
(p. 137), quand c'est pn'cisc'mdit à cttte date qv e ces deux qualifi-
cations, porr d('sicn<r ](s religieux, tmibèrent et qu'il y avait d'ail-
leurs dix ans que la ruptire avec; Paccanari avait.été consornnu'e. Ce
ne sont pas là de simples détails, mais la' preuve, par de petits faits
de rif.nu'rance où \\ ii est des principes tt de l'histoire ('e l'Épiisei Cts
taches, tnq» fréquentes, n'enipîclu nt pas de prendre intérêt à un
tableaui historique où les questicns sociales sont ( nvisag(*es avec
ampleur et où le mouvement cconomiqie sous la monsrdiie de
Juillet est traitr avec autcrit'^. C. II.
Ciwide de lfc(ia«*e, r^p«rt«irr bia bib1ia$craphiqH«, Cma-
In/w (i« (u BMxoikeque cUnxxie. f édition. Paris, Fonteiuning ; Rrixelles,
() rue d'Assa il, s. d.. gr. in-S de Gllll-1032 p. — Prix : Kl fr.
La «Bibliothèque choisie» est unescrtedccabinetdelecture, organisé
par les catholiques belges pour le prêt à domicile comme pour la lec-
ture sur place. Son fonctionnement ingénieux, la largeur d'esprit qui
prt'side au choix des œuvres qui la composent, les facilités données
aux souscripteurs soit pour acquérir facilement les ouvrages qui les
intéressent plus particulièrement, soit pour signaler ceux dont l'ab-
sence à la bibliothèque leur paraît regrettable, ont assuré le succès
de cette institution, comme le montre la progression des prêts qui ont
passé de moins de 1.000 en 1901 à plus de 70.000 en 1910. Naturel-
lement les ouvrages qui paraissent ne pouvoir pas être lus sans danger
par une catégorie de lecteurs sont marqués d'un signe spécial; mais
qu'ils soient réservés (R.) ou doublement réservés (RR), on n'en
refuse jamais la communication à un lecteur; on lui demande seule-
ment de donner ou, s'il est mineur, de faire donner par ses parents
au bibliothécaire une « décharge de responsabilité ».
En publiant son catalogue, la « Bibliothèque choisie » a voulu qu'il
pût servir de guide de lecture; et comme le choix est fait assez jueli-
cieusement, il 'peut en effet devenir un utile conseiller. Si l'on peut
estimer qu'il offre des lacunes, que de bons ouvrages n'y figurent pas,
du moins il ne nous a pas paru qu'aucun de ceux qui s'y trouvent
aurait dû en être rayé.
Des marques diverses signalent les ouvrages qui conviennent à
la jeunesse, ceux dont la lecture appelle des réserves plus ou moins
fortes, ceux qui ont été couronnés dans un concours académique, ceux
que l'on considère comme des chefs-d'œuvre; ceux qui ne figurent pas
dans la Bibliothèque mais dont on suggère l'acquisiticn aux lecteurs;
une marque spéciale désigne les auteurs dont les ouvrages ou du:
moins d'autres ouvrages que ceux qui sont portés au catalogue ne
— 534 —
sont pas à conseiller. J'ai dit ailleurs et je répèlf> que j"ai vu avec
regret ce signe appliqué à des écrivains catholiques pour lesquels
il eût mieux valu, en tout cas, spécifier nettement l'ouvrage' que l'on
considérait comme devant^ être écarté, au lieu de jeter la srspicion
s,i,r un ensemble, d'ouvrages dont certains ne semblent pasappC 1er ces
réserves. ■-; ■ -..iï
Les ouvrages sont classés dans l'ordre alphabétique dés-auteurs,
la particule et l'article étant traités conin.e faisant partie du nom
(de l'Epinois, di Martinelli se trouvent à la lettre D- par- cxi>'jde ■même
pour le va?! hollandais et le çon allemand). Pour chaque âUteur on a
pris soin de donner, toutes les fois que la chose a été poss'ble, des ren-
seignements biographiques succincts (prénoms, état civil, lieu et date
de naissance et de mort), l'on a renvoyé du nom au pseudonyme ou
v^ ce- ver sa.
A la liste des auteurs est mêlée une liste alphabétique des matières,
dressée d'vine façon succincte mais suffisante et qui renvoie sim-
plement aux noms des auteurs. La musique forme à la fin de l'ou-
vrage un catalogue spécial. Un appendice, sous les deux rubr'ques :
la Géographie par le ron:av, l Histoire par le roman, donne des listes
des romans dans lesquels on trouve des descriptions de pays ou qui
se rapportent à des points d'histo're. F.-G. L.
BULLETIN
rabultie ronllum ri-aflit'oiii« cliflstlanae {ad annuinl563), quas in USUUi
sctiolarum coUegit Dr. Phil J. Greusbn.S. F. Friburgi, Brisgoviae, !311, in 8
fie VIII p. et 8 tableaux. -^ Prix : 1 fr. 75.
Dans une sério d.-3 tableaux s /noptiques on nous présente toute la
suite des auteurs et des ouvra'jes qui nous o'iit conservé la traditfon chré-
tienne. On a mis en regard les Papes, les hérésies, les conciles, les écri-
vains ecclésiastiques de l'Orient et de l'Occident. Amateurs et ouvrages se
trouvent ainsi placés dans leur cadre historique. Pour préciser toutes les
indications, on a tenu compte des derniers travaux d,ej laj critique et do
l'érudition, contemporaines. Excellent répertoire, mais que plusieurs ne
jugeront pis d'un maniement assez simple pour un.instriimcnt de travail.
, C. S.
Coai-s d« pliynlque à l'usage des écoles primaire* supérieures de jeunes filles
par le D' Alambllb. \^^, 2^ et 3* années. Paris, Alcan, 1911, in-16 cartonné
de 89-132-16J p., avec 433 fig. — Prix : 3 fr.
Cours io cliiinie à l'usage dft écolea primaires supérieures de jeunes filles, par
le D' Ai.AMBLLB. 1", 2« et 3« années Paris, Alcan, 1911, i'i-16 cartonné de
146-150-88 p., avec 164 Qg. — Prix : 3 fr.
N JUS avons signalé ((f. P^Z/A/'èZi'o?), de juin 1911, t. CXXI, p. 531) tout
le bien que nous peusions des C 'M/*.-; de physique et de chimie écrits par
M, Alamelle pour l'enseignement primaire supérieur des garçons. Nous
— ;)o5 ~-v
pourrions recopier textuellement nos inapressions, nous ne le forons pas,
prt'f^rant ajouter quelques mots nouveaux. L« d'.fïirence des programmes
ne porm,et pas à un même livre de servir aux ^lles, et aux ga^^çr^ns. M. Ala-
melle ne s'est pas ronto;.té de faire quelques déplacemonts'()jj.coupur( s;
il a mndifi ' la première rédaction toutes les fois q(i''ari fait OU un tir^-.imiuit
fMniÙiste piVtp-ait être int'rrdait- les énoncés' 'd'ékétHi'îeés cf lOS' (^uestiim-
naircs terminar.t chaque chaplti'e ont le plus prc fité de cett-<?wrn;fceHigente
'•manière de aonccy'ir renseignement. ..-.,[., )0f,> ^.)v>biE- (Ch?a,ii,a.m.
( :,■■ •■il- . r'- •: ■ ! - .•• ~ ' -M - '.f-^'i-i-;'} tM '.ir ■ !'*:•; ■/
■ -aVérlté pi«ychoiogl<|u« et ino>*al«> di^al» .lie iipn|{«n;4ié pl4,,)Paul
Bour);ot, par F.-J. Lardbur. l'aris, Fon.tejQQQin^^;1912, iii-ij^ 4)^.136 p.—
Prix : 2 fr. ' "" " " " ' ' ' '''
« La vérité psychologique et morale. . . », entendez qu'il. n',>^ en a aucune,
et que M. Bourget. nourri à la fois de l'abbé Prévost et de Balzac, de
Steudahl et de Flaubert, do Taine, de Spencer et de Ëib'ot, ayant, avec un
grand art d'évocation dramatique, des habitudes assez fâcheuses d'ana-
lyser, épiloguer, disserter, plein de préjugés de snobisme et de romantisme,
n'est dans ses prétendus romans d'observation qu'un psychologue arti-
ficiel, doublé d'un dramaturge.de mélodrame, et se montre dans ses
romans à thèse d'une « si fâcheuse incohérence », d' « une telle aberration
morale », qu'ils prou^ent tout justement le contraire de ce qu'ilvoulait
prouver... C'est, malgré la courtoisie des formes, malgré l'hommage
rendu à Monique', ce « chef-d'œuvre », et à quelques nouvelles excellentes
H qui consolent des romans », ce qu'on appelle un rreintvnent.ljes jeunes uni-
versitaires aiment assez ce genre de sport, qui laisse le public fort indif-
fèrent et qui est deux fois inutile quand il vient trop tard pour agir sur
l'écrivain en l'éclairant, sur l'opinion en barrant le succès à ses favoris,
et quand l'apprenti critique ne fait guère qu'outrer et mettre en système
des remarques^ des réserves déjà présentées. A part cela, ceci est un petit
n\émoire assez bien mené et qui, à l'école, a dû mériter une bonne note.
.. /, ' 'l... ,--G. A.
■..a Lutie pour In Oonronne rlana lea paye rounÉérlniS'»n 'WÉ* et an
;x.viie siècles, par Albxandrb a. -g. Stourdz.i. Parié, Giard et Biière,
1912, ia-16 de 53 p. — Prix : 1 fr.
Leçon d'ouverture du cours d'histdire roumaine faitë'pa'r'M.'Â: Stourdza
l'historien de la Rouma'iiie, à la Sorbonhe, où, eh quelques pages, Tauteur
résume rhistoire, peil édifiante, des luttes qili se déroulèrent en' Valachie
et en Moldavie, a cette époque, pour la'possessioh-'de la" courbrine,'èet em-
blème du pouvoir suprême dont rautéur écrit':' « Le sceptre 'devient
un Jpoignard, le glaive une matraque, le trône une sentine, la couronne
un hochet, le pays lui-même une marchandise (fferte au plus offrant,
un ballot livré à la curée des Sultans, des vizirs; des sultanes; dés eu-
nuques et des aventuriers sans foi ni loi...») (p. 14). Sur ce tableau
d'horreurs sans nom, de hontes et de crimes, se détachent, lumineuses
à certains monients, quelques ra;res et grandioses figures dé princes et de
femmes, de seigneurs et d'hommes glorieux. Les Turcs finissent par
devenir les maîtres de la Couronne roumaine et sous leur joug « s'engouf-
Jrait, avec le patrimoine national des pays roumains, l'honneur même de
la race roumaine. »
Il faut arriver au xjx^ siècle pour voir enfin la Roumanie délivrée de ce
— 536 —
joïig et prendre, par laguerre de 1S77 et la proclamation de la'royauté en
ISS'i. son essor vers un avenir calme et prospère. r E. H.
P*ui* la rénovation rcançals*. Essai sur un proqramme d'action p'ilrio-
tiqnr, par Maurigb Bbaugh\mp. Paris. Intcmédiaire universel des c^ilho-
liques, 131, rue de Vaugirard, 1911, in-12 <]e x 298 p. — Prix : 3 fr. 50.
Livre de propaçfandie excellent, où l'auteur met siccessiverrx'înt en garde
ses lecteurs contre l'alccolisme, la pornograpliie, la franc-maçonnerie, le
socialisme d'Etat, l'antimilitarismo, l'anarchie, le pacifisme, etc. Dans
un dernier chapitre, M. Maurice Beauchan^p trace le programme de la
rénovation nationale et pose, comme le principe do cette rénovation, l'in-
térêt supérieur do la France. Le livre est précédé d'ane Préface ofi M"»*' -hi-
liette Adam flétrit « le matérialisme antipatriotique qui is >le l'individu
social et lui interdit le dm delui-mê ne aux causes s ihlimos ». O. IL
A.W: %*snaiptlonl*t&k «Ikotasa Parisbnn (L'Œuvre des %f>somp(ion-
nUte» à i»«i-i«), pir le D' J. Waltbr. EszLergoni, 1912, iu-8 de 30 p.
Au cours d'un voyage tout récent à Paris, Mt^r W alter a étudié, avec
une bienveillante attention, quelques œr. res catholiques et il Aient de
publier le résultat de ses et -des sur l'œ.n-rc de « la bonne Presse ». Après
ea avoir fait l'historique, il admire l'acti ité déployée par la Maison de
la Bonne Presse et insiste sur les résultats qi e l'on peut attendre de la
diftision do ses journaux et de ses nombreux périodicjues. Il montre quel
rôle important est dévolu aux femmes chrétiennes et intelligentes et il fait
appel aux femmes magyares en les in itant à s i\ro l'exemple donné parles
Françaises. E. IL
CHROINIQUK
NECROLOGIE. — L'acteur et auteur dramatique Pierre Beiîtov, fi's du
célèbre acteur du Gymnase, Montane Bcrton, est mort dans le courant
d'octobre à 69 ans, à Paris, où il était né eu 18 43. Il appartint lui-même
longtemps au Gymnase où il créa beaucoup de rjles. Puis ayant parcouru
la pro% ince. il revint à Paris en 1872 et entra comme pensionnaire à la
Comédie- Française. En 18.<^0 il fut nommé professeur de lecture h haute
voix des instituteurs et institutrices de la Ville de Paris. Marchant sur les
traces de sa m^re, qui s'est fait connaître par do nombreux romans et pro-
verbes, M. pierre Bcrton a écrit kii-mOme un certain nimbro de pièces,
parmi lesquelles nous citerons : Les Jurms de Cadillac, comédie en un acte
(Paris, 1865, in-18); — Didier, pièce en 3 a:tos, en prose (Paris, 1868,
in-12); — Mioche (Paris, 1893, in-12); — Zaza, comédie en 5 actes (Paris,
19.)i, in-12) ; — La Belle Marseillaise, drame en 4 a'^;tes (Paris, 1906, in-18) ;
— La. Rencontre, pièce eu 4 a';tes (Paris, 1909, in-12).
— James GAtRONER, un des plus remarquables érudits de l'Angleterre,
est mort à Londres le 4 n* vembre,àS4 ans. Né à Edimbourg le 11 mars 1828, il
fit .ses études dans cette ville et entra, à l'âge de dix-huit ans, au bureau des
Archives de l'Etat, dont il devint conser.ate ir-adjoint en 1859. D epui
lors il a publié une longue série d'importants documents relatifs à l'his-
t lire d'Angleterre, te's que : Mcm>rials of Henry Vil (Londres, 1858, in-8);
L"'lers and Papers illinlrfiJ've of thr Reign^ of Richard III and Henry VII
— 537 —
(Londres;, 1S6M86/!, 2 ^-ol. in-Sh - Thj Pi-ston Lcttrr.t (Londres, 187%
1H75, ;< \-<)|. il- 12); — 7"fc? How^eft of Lancasler and York, w t'i the Conqif."sf
a'id Lrtss of France 'IjOndres, 187'*, i;i-L!); ■ — The Hislor'cal CoUect.oas of,
ac.'iizen of L-)iloi [W Gre%o:y\ in ihc Fifteenth Cep.tnrtj (Londres, 1878
in-8); ■ — • Early Chroniclers of Europe : Ei g'a'.d (Loadrcs, 1870, in-S); ■ — •
Calendars of L"!terii nid Paper.^ Fore' g 'i and Domestic, of the l'eign of
Hennj VIII (L)nd:'-3.s, 1880-1886, 5 vol. in-.'M; — 7^-ee Fifteenth Crntnry
Chranicla, w'.th Historlcal Memoranda (Londres, 1J8(), ia-'i); ■ — Studies
in En^lish History (Lindros 1881, iii-8, avec James Spedding, etc. Menr\bre
de ph sieurs sociétés sa,'ant<î.5 telles que la « Royal Ilistorical Society » et la
«{;anil)den Society, il a -ait publié de nom^reix; nxéntoires dans leurs annales.
Il collaborait en outre à 1' Àthcnae^ni et à d'autres ro , ues sa antes et a ait
dinné divers articles au Dictionary of National Bi grcph.j.
^ — On annonce encore la m'irt de MM. Arsène Henri Bellot, archi iste du
Conseil d'État, m'^rt à Paris, aa milieu de novembre, à 79 ans; — Eertha
DE Felsœ E(Er, compositeur de musique et publiciste bien connu dans
la colonie austro-honïifroise do Paris, auteur de nombreux articles sur la
musique et les n\ isiciens de la Hon2:rie ainsi que sur la politique autri-
chienne et hon<^roise et autour également d'une Vie de Veirip^reur François-
Jo'tep'i, mort à Paris au milieu do nov-eniibro; — le D"" Louis Coste, biblio-
th''^caire et archiviste do la ville do Sa'ins, m^rt eu cette ville, le 6 octobre. • —
È'io DE CvoN, journaliste et publiciste d'origine russe, fixé à Paris, où il est
m:)rt au commencement do novembre, lequel avait été professeur à la
Faculté des sciences de Saint-Pétersbourg,' et, après sa \enue sn France,
fut direct eur du Gaulois avec Jules Simon, dans une période de trai sition de
ce journal et publia diverses études sur les hommes et les choses de la
Russie; — le comte Desbassayns de Righemont, ancien membre de
l'Assemblée nationale et anciea sénateur, auteur d'une intéressante étude
s ir les catacombes romaines, mort à Paris le 11 novembre, à 79 ans; —
Lucien Defrance, professeur agrégé dos s:ieacos au lycée Voltaire, m:)rt
à Paris, au milieu de noven^bre, à 52 ans; — le Dr. Henry Dor, professeur
honoraire do l'Université suisse de Lausanne, mort dornièrement à Lyor,
où il s'était fixé, où il avait fondé la Revue g'nérale d'( phtalmokg'e, et où
il avait publié de nombreux articles soit dans cette rov^ue, s jit daus d'autres
périodiques spéciaux, le Lyon médical, les Archives d'fphtalmohg'e, VCphtal-
milogic provin ciale, etc.; • — René-Marc Ferry, journaliste hautement
apprécié, mort subitement à Paris, à la fin de novembre, à 48 ans, lequel
fut critique d'art, critique dramatique et critique /ittéraire à VEclair, au
Gaulois, à la Di'pUche de Toulouse, à V Action française, à la Liberté, à la
Revue behiomàdaire et qui avait fondé et dirigé la revue Minerva; — ■
Auguste FiLoz, surveillant général du Lycée Henri IV, mort à Paris, au
commencemont do novembre ,à 49 ans; — Georges Gaulis, journaliste
d'origine suisse, naturalisé Français, ancien rédacteur en chef de VOp'rdon,
ancien correspondant du Temp>, puis des Débats, à Constantinople, mort
au commencement de novembre, à 47 ans. dans cette dernière ville, cù il
venait de se rendre à nouveau pour prendre la direction du journal le
Stamboul, racheté par lui récemment; — César Gourdoux, le doyen des
poètes languedociens, mort à Paris, à la fin de novenxbre, à 88 ans, lequel
avait pris une part active au mouvement littéraire méridional qui précéda
le félibrige, puis fut plus tard vice-président du félibrige de Paris et écrivit
plusieurs articles et brochures en dialecte cévenol, et qui, enfin, avait été
à Nimes, en 1869, secrétaire de la rédaction du journal d'opposition Vlndé-
— 538 —
pendant du Midi; ■ — Tabbé Guilloteau, ancien professeur d'histoire,
mort'à Angers, au commfnoement de novembre ,à 78 ans; ■ — Léon Jouvin,
philosophe et écrivain" distiny:ué, auteur de : Le Pessimisme (Paris, 1891,
in-s'V ouvrage couroniié par l'Académie des sciences politiques, et le Néces-
saire (Paris, •1895'', ii\-81, m >rt au commencement de novembre, à Regma-
!ard (Orne.; -^ le comîi^Hudant' Robert Mowat, mort à Paris, au milieu de
novéntbre. à 90 arts. lequ'<?î avait consacré les loisirs de sa retraite à i-étude
de -la numismatique et de'l'épigraphie latine et s'y était acquis nne'noto-
riété rhéritée;'-^ Eugène Pavie, ancien' magistrat, originaire- 'd'Angers,
mort à Paris, au comtnencemont de novembre, à 68 ans, lequel ë.«tt Vauteur
de : V Anjou' dans In lutte de in chrHienté ehntreVislumisme (Angfers, 1880,
in-S'^, Lki Guerre entre Louis XIII et Marie de: Médicis, 1619-1620 (Angers,
1899, fc-8), etc. r— le D"^ Élie Pécaut. directeur de la Frontière du sud-
ouest, TOfort au commencement de novembre, à 58 ans; — Raguel, ancien
professeiir départerriental d'agriculture, ancien sénateur de la Somme, au-
teur de nombreux manuels scolaires agricoles, mort au commencement do
novembre à Vers (Somme), à 73 ans.; — Pierre Robbe, un des doyens de la
presse parlementaire, ancien professeur, lequel avait collaboré à divers
journaux républicains, entre autres la Justice et le Siècle, mort subi-
tement à I^aris, le l^r novembre, à 64 ans; — Maurice Rollin, préfet hono-
raire des études au collège Rollin, mort à Paris, au milieu de noAcmbre, à
85 aniS; -^^ Saudeau, bibliothécaire de la ville de Saint-Jean d'Angély, col-
laborateur de la Revue de Saintongz et d'Aunis, qui a publié un volume :
Saint- Jean d'Angély d'cp'ès les archives de l échevinog-;, mort en cette ville
le 9 novembre, à l'âge de 85 ans; — Antoine Sautereau, journaliste
sportif, petit- fils du maréchal Magnan, mort à Paris, au milieu de no-
vembre; • — ■ Louis Schmidt-Bauchez, éditeur de la Correi- p jndance tchèq le ,
mort au commencement de novembre, à 66 ans.
— A l'étranger on annonce la mort de MM. : Robert Barr, journaliste et
romancier anglais, mort à Londres, au milieu de novembre, à 62 ans,
lequel avait dirigé: The Hier avec J. K. Jérôme, et publié The Mutable
Many^ The Countess Tekla; 1 1 the Midst of Alarms, etc.; ■ — William
Blackwood, l'éditeur écossais bien connu, mort à Edimbourg, au com-
mencement de novenxbre, à 76 ans; — Stanislas Bormans, administrateur
émérite de l'Université de Liège, qui a publié un certain nombre d'ouvrages,
principalement sur l'archéologie et l'histoire, mort à Liège, vers lé milieu
de novembre, à l'âge de 77 ans; — Dr. Lewis Boss, astronome américain
directeur de l'Observatoire Dublet, mort le S octobre, à Albany (États-
Unis); — le baron Del Marmôl, ancien arocât à la cour- d'appel de Liège
(Belgique), mort à la fin d'octrjJ>re, à Dinant, à 80 ans, lequel laisse quel-
ques ouvrages de droit et d'histoire locale, notamment : Etude sur la révi-
sion de la législation des mines; minières et carrières en vigueur en Belgq ce,
suivie d'un projet de Code be'g? des mines (L^èje, 1870, in-8), et Dinant, art,
histoire, généalogie (Dinant, 1888, in-8), etc. ; — DrWilhelm Ehstein, médecin
allemand, professeur de médecine interne à l'Université de Gœttingue, mort
en cette ville, le 23 octobre, à 76 ans; — Dr. Arthur Engelmann, homme
politique et ancien professeur allemand, mort à la fm d'octobre, à Breslau,
à 59 ans; ■ — G. K. Fortescue, bilbiothécaire au British Muséum, prési-
dent de l'Association des bibliothécaires anglais, mort à Londres, au milieu
de novembre, à 65 ans; — Dr. Julius Albert Fridericia, professeur d'his-
toire à Copenhague, mort en cette ville, à la fm d'octobre, à 64 ans; —
Leopold Von Hauffe, ancien professeur à l'École technique supérieure de
— 539 —
Vienne, n\ort en cette ville, le 2 novembre, à 73 ans; — Anna Hill, femme
(le lettres allemande, qui a publié snis le pseiidinynae de « Sans-Gêne i, des
nouvelles et des pièces do théâtre, telles que -, Ein Feindes L ind. Scène aus
dein deutich- 'ranzoesis< h -n Kr eg in lakt { P>ancfort-sur-le-Mein, 1899, in-8),
Erlkoenig. Schwank in 4 Akten (Francfort-sur-le-Moin, 1900i in-8), etc.,
mortQà Francfort-sur-le-Moin, le 18 nQ,v.<?mbre, à 52 ans; — Dr(; Eduard
■ IIusGES), ancien rédacteur en chef d'j journal Q\\QV[\jfU^àJ)u'!seldorf(r Tcg:-
rJlm, mort à DusseMirf, le:20 octobre, à 6'f ans^— Dr- Bernhard .Irmer,
-icarateur de l'Université allemande de.Greifswald; mort eji cette ville, le
v.2\ octobre, à 63 ans;— lfai>bé J. Bonnet, correspondant do VUnivers à
. Sain»t-Pétersbjurg, où il était fixé depuis longtemps, ,mort en cette tille, le
4 novembre, érudit trop ignoré en France, qui avait fait d'iniportantes
découvertes parmi les manuscrits français que possède la Bibliothèque
impériale de la capitale russe; — Dr. Gustav .Jivcobsthal, professeur de
Sciences musicales à l'Université allemande de Stra.sb'turg, mort au milieu
d * novembre, à Berlin, à 68 ans, après avoii- publié : Die thr:tmntis(h?' alté-
ration im liturgischen Gesang d/r aberidlaendisrhen Kirrhe (Berlin, 1897,
in-8, etc.; — Dr. Siegmund Kiefler, mathématicien allemiiWJf'. auteur de
quelques ouvrages, mort à Munich, le 23 octjbre, à 65 ans; / — Dr. Otto
KrOmmel. professeur de géographie à l'Université allemand^ de Marbourg,
mort en cette ville, au niilieu d'octobre, à 58 ans, lequel «st l'auteur de
Geosraphisches Praktikum fur den Gelrauch in den geographischea, Uebungen
an Hochs(hden benrheitet (Leipzig, 1908, in-8), etc.;' — Dr. Paul Kuehn
bibliothécaire et écrivain allemand, mort le 8 octobre, à Leipzig, à 46 ans.
lequel laisse plusieurs ouvrages sur l'art et la littérature, entre autres : Max
Klinger (Leipùg, 1907, in-8) et Die Frauen und Goethe. Weimarer Inté-
rieurs (Leipùg, 19! 1, in-8); — Dr. Siegfrid Mekler, professeur de gymnase
et chargé de cours de philologie classique à Vienne, mort en cette ville, le
16 octobre, 61 ans; — Dr. Konrad von Orelli, professeur d'histoire reli-
gieuse et d'exéo'èse de l'Ancien Testament à l'Université suisse de Bâie,
, mort en cette ville au milieu de novembre^ à 67 ans, dontnous citerons :
Was haben (vir am Btiche der Pscltien? (Barmea, 1895; inS), Wid'^r
unberechtigte Machtspruche heutigtr ■ Kritiker (Dusseld)rf, 1895, in-S) et
Die Hoffniing der ewisen Lebens (Zurich, 1896, in-8); i— - Anton» yop<! Peb-
FALL, écrivain allemand, mort. à Munich, à la fln d'octobre, à 58 ans,' leque
est l'auteur de^nombreux romans, tels que : Der T^wr/nfl«î>è (Stuttgart,
1907, in-8); Ein Weidmannsjahr \B'i:r\\n, 1908, in-8); DieSiinde (L'^ip^'ig,
1908, in-.8)i Schlnss Phantasie (Dresde, 1909, , in-8.), etc.; — Dr. Heinrich
RiTTHAusEpj, professeur de chimie agricole à l'Uni .ersité allemande d-^
■ Kœngisborg^' mort à Berlin, àii milieu d'octobre, à 87 ans; — le. comte
Guillaume de Verspeyen, un des plus remarquables représentants de la
presse catholique de Belgique, rédacteur en chef du Bien public de Gand,
collaborateur de la Revue générale et de plusieurs autres périodiques, auteur
de quelques ouvrages estimés, notamment Par la. parole et par la plume
(2 vol. in-8), mort à Gand, le 24 novembre; ■ — W. "vValker, écrivain anglais
qui a écrit le volume : Essential Poetry of Pope (Londres, 1911, in-8), ainsi
qu'un chapitre : English Engrcv'.ng pour l'ouvrage de Henri Delaborde
sur la gravure, mort à Londres, à la fm d'octobre; • — M"^^ Waltz, biblio-
thécaire et conservateur du Musée de Colmar, morte à Colmar, au milieu
de novembre; — Dr. Hugo Werner, professeur à l'École d'agriculture de
Berlin, mort en cette ville, le 17 octobre, à 73 ans; — • Wienawski, le pia-
niste et compositeur bien connu, qui avait fait ses études musicales au
— 540 —
Conservatiùre do Paris, mort à Bruxelles, au commencement de novembre;
— \V. P. Wradij, zoologue russe, qui a décrit ses voyages scientifiques dans
plusieurs ouvrages, mort à la fin d'octol)re, dans la Transcaucasie.
Lectures faites a l'Académie des inscriptions et belles-lettbes.
— Le 11 novembre, M. Homolle donne lecture d'une lettre de M. Replat
annonçant la découverte à Délos d'une statue de la Victoire de style archaï-
qiie. — M. Jullian décrit et commente une inscription découverte à Four-
vière et ren^ontaut a'i me siècle après J.-C. — M. Bouché-Leclercq lit un
travail sur la mort d'Autiocbusle Grand et la fin d'Antiochus I^r Épiphane.
— M. .1. Toutain dmne des détails «"ur le<; fouilles opérées sur le Mont-
A'ixois par les soins de la Société des sciences de Semur. — Le 25, M. Cor-
dier lit une dépêche et une lettre annonçant la situation des missions
confiées aux commandants Tilho et Devideix dans le Tchad.
Lectures faites a l'académie des sciences morales et politiques.
— Le 2 novembre, M. Charles Benoist lit un fragment de son mémoire sur
ks Classes ouvrières et la RU'olution. — Le 16, M. Eiig. Cavaignac lit un
travail sur l'organisation centuriate et la répartition de la richesse dans
l'État romano-campanien dj xv^ siècle à nos jours.
Paris. — Le 24 novembre a eu lieu le 13^ déjeuner de.; collaborateurs,
du Polyhihlion au restaurant des Sociétés savantes, 8, rue Danton.
Nous sommes heureux de signaler à nos lecteurs un répertoire
di plus haut intérêt : c'est le Paris charitable et bienfaisant, publié par
l'Office central des œuvres de bienfaisance (Paris, Plon-Nourrit. 1912,
in-16 de xx-824 p. — Prix, cartonnage toile pleine ; 5 fr.). L'Oflice central
des œuvres de bienfaisance, qui a son siège à Paris, 175, boulevard Saint-
Germain (XX'^ arr.), a réuni dans ce volume les notices les plus claires et les
plus nécessaires pour seconder la bienfaisance. On y trou\ e des noms et
dos adresses, dates de fondations, conditions de placem,ent, jours et heures
de réception, nombre de lits, lieux de secours, modes d'assistance, prix
demandés. Ces renseignements, puisés aux sources mêmes, sont donc
rigoureusement exacts. Pour l'année 1912, l'ouvrage enregistre un total
de 6.931 œuvres tant à Paris que dans la banlieue de la Seine. Voilà un
vdde-mecum indispensable à toute personne soucieuse d'être guidée dans
ses intentions généreuses, ou tout au moins de répondre utilement aux solli-
citeurs; c'est vraiment le Dictionnaire de la charité, que tous les favorisés
de la fortune doivent avoir à portée de la main. Le Paris charitable et
bienfaisant a fait état de toutes les œuvres, sans distinction d'opinion,
officielles ou priv-ées, catholiques, protestantes, Israélites, libres-penserses ou
sans aucun caractère confessionnel. En quelques lignes, chaque n( tice indique
l'adresse, le caractère, le but, la confession, les conditions de l'œuvre. Une
table alphabétique et analytique de 102 pages rend les recherches extiéme-
nxent rapides. Le volume est précédé d'une brillante et éloquente pré-
face de M. le comte d'Haussonville, de l'Académie française, et d'une ;< Note
eiplicative ^> (10 pagesi dans laquelle M. Eu^èie Plantet dmne des détails
fort intéressants sur la manière dont l'énorme enqtête a été [conduite et
et sur les résultats qui ont été obtenus. Là, il fait judicieusement observer
q ;e «ce n'est pas seulement aux lecteurs, c'est atx historiens que ce
nouveau travail pourra rendre des services ». En effet, nous sommes en pré-
sence d'un document qui apprendra à la postérité, d'une façon certaine,
ce qu'étaient les œu. ros charitables, en l'an 1912, dans la capitale de la
1 rance.
- La Société de Saint-Augustin vient de faire paraître le Grand /l-na-
— 541 —
na-h du monde caihollqu- p )ur 1013. (Lille, Paris, Lyon, Mars-nlle, Rome,
Bruxelles, etc., Desclée et de Brouwcr, in-4 de 1H8 p.,. avec 9 planches en
couleurs et en noir ot do nombr. grav. dans le te-rte. — Prix, cartonné toile :
3 fr.l. Luxueuse publication qui, outre les indications précises sur le Sacré-
' Collètïe et l'Épiscopat di monde entier, d »nne des articles dont plusieurs
ont l'allure et l'imTiortanco de véritables études. Citons, entre autres :
L^s Petits enfants devait l'Eglise et devant l'Etat, par Mgr i'É réque de Ver-
dun; UAnnonei.ation, par le Fr. R. Louis, O. P.; Jemmapes. par le Vv. M.
Jacquin, des Frères prêcheurs; Devant le monument de Bossuet, par M C. Le-
cigne; Ediptes d: soleil, par M. Ain^é Wit •.; Les Marti/rs d'Areueil, par le
Fr. H. D. N )b^-e, des Frères prêcheurs; Lo Piacd d': Saint- Pierre à Rome,
par M. E. Kerwin ; Le Congo français, par un Missionnaire de la Congrégation
d.) Saint-Esprit; Bouvines, pèlerinage patriotique et religieux, par M. H. Quil-
liet; Nouveautés scolaires en Chine, par M. L. Goudailler; Une Martyre de
la charité. S. A. R. la duchesse d' ilençon, par M^'e Marie Gouraud d'Ablan-
court; L' Abbatiale de Vés'lay, par M. L. Cloquot.
— A signaler aussi V Almanach de la coopération française (Paris, 1, rue
Christine, VI", in-32 de 96 p., avec grav. — Prix : 0 fr. 30), qui fournit des
détails intéressants sur les œuvres coopératives sociales en France et à
l'étranger.
— Depuis des années nous signalons ici V Agenda aide-mémoire agricole
■ que publie M. G. vVery, sous-directeur de l'Institut national agronomique.
Ayant reçu celui do 1913 (Paris, Baillière, in-8 de 246 p., plus de nombreuses
pages de « Tableaux de comptabilité ». — Prix : 1 fr. 50), nous nous borne-
rons à le rappeler aux intéressés comn\e étant tout particulièrement recom-
mandable.
— 11 n'est que juste de recommander également à qui de droit V Agenda
agricole et viticolc 1913, ayant atteint aujourd'hui sa 28*' année (Montpellier,
Goulet; Villefranchî-da-Rhône, aux hiWQdiwyi ^\ Progrès agricole, petit in-16
de 200 p., avec « Calendrier des agriculteurs et viticulteurs », paginé 201-331 .
^- Prix : édition ordinaire, cartonnage toile, tr. rouges, 1 fr. 25; édition de
luxe, reliure basane pleine, tr. dorées, 2 fr. 50). Cet agenda est toujours
rédigé par M. V. Vermorel, président du comice agricole et viticole du Beau-
jolais, avec la collaboration de professeurs, d'agriculteurs et de viticulteurs.
— Une luxueuse brochure (Lyon et Paris, Emmanuel Vitte, petit
in-8 de 105 p., avec de nombreux documents iconographiques. — ■ Prix '
1 fr. 50) a réuni deux conférences faites à Lyon, par M. Gustave Gautherot,
à la Société d''études historiques et littéraires, les 5 et 6 mars 1912. La pre-
m"èi"e , intitulée : Le 10 août 1792. Par qui et comment fui fondée la République,
raconte, a.ec ilne critique serrée, ce que fut cette journée si funeste à la
monarchie et qu'avec un. peu d'énergie l'on eût pu faire avorter. La deuxième
se rapporte à la Marseillaise : « J'ai voulu, déclare l'auteur dans un bref
Avant-Propos, «situer » la Marseillaise dans l'histoire de la Révolution, et
j'ai été ainsi naturellement amené à rédtire à lejr juste valeur les légendes
« hértï [ues » qui s'attachent à sa fortune ». M. Gautherot a ,pour le moins,
aussi bien traité ce sujet que le précédent. Pour ses deux conférences,
d'ailleurs, l'auteur a mis à contribution les meilleures sources historiques et
iconographiqî^es. Aussi solides que curieuses, ces deux études, sûres du
succès, seront plus tard fort recherchées.
Franche-Comté. — M. Maurice Dayet publie d'intéressantes Notes surle
conve itionnel Vernereij et sur sa famille (Besançon, Dcdivers, 1912, in-8 de
29 p., avec portrait. Extr. des Mémoires de la Société d'émulation du
— 542 —
DowisV . Ce personnage, né à Baumo-!es-Dames, de famille noble, était
avocat au Parlement, à Besançon, à l'époque où éclata la Révolution, dont
il épousa aussitôt les idées. Élu député en 1791, il remplit dos missions
successives dans les départements de la ('reuso et de l'Allier, puis dans l'est,
où il fut envoyé pour surveiller l'exploitation des salines. Sa correspondance
et ses actes nous le présentent sous un jour favorable en ce qui concerne l'in-
tégrité. Son mandat rie 'lui ayant pas été renouvelé par les électeurs "du
Doubs en 1797, il remplit d.'^s fonctions administratives et mourut à De- '
sançon, le 15 floréal an, VI (4 mai 1798), à l'âge de 49 ans. La politique ne-
l'avait pas enrichi :■ il était à peu près ruiné. dtarles-Baptiste-François^
Vernerey, en parfait jacobin qu'il fut toujours, vota la mort du Roi. rsans
sursis. De ses deux fils, l'un fut tué à l'ennemi en l'an III; l'autre, devenu
chef d'escadrons, n'était pas, en raison do ses opinions « nullement rassu-
rantes », fort bien coté par «de ministre do l'intérieur en 1822, et le préfet
du Doubs estimait qu'il ne saurait offrir aucune garantie pour servir le
régime des Bourbons ». L'avis. préfectoral s'e.x.plique aisément.
■ — • A qui d'^it-on le eompte rendu anonyme du Douzième Gongrès de r As-
sociation franc- comtoise tenu à Ornans /e 1®"" août 1912 (Besançon, imp-
Jacques et Demontrond, 1912, in-8 de 47 p.) ? Tout d'abord, comparant
l'ordre et le te.\te dft .ce (travail avec un autre sur le même sujet publié par
M. Georges Gazier, conservateur de la Bibliothèque de Besançon-, dans le
Bulletin trimestriel de r Académie des sciences, belles-lettres et. arts d& Besan-
çon (3^ trimestre de 1912), nous arrivions à conclure que c'était le même
écrivain qui s'était encore dépensé sans compter, selon son habitude. Et
nous le croyons toujours... du moins jusqu'à la page 33. Là, l'auteur ano-
nyme laisse la parole, ou, pour dire mieux, la plume à M. Emile Monnot,
professeur au lycée de Lons-le-Saunier, qui, en huit trop courtes pages,
raconte ses impressions non point de congressiste, mais d'exciirsionniste,
dans la vallée de la Loue, avec la verve endiablée qui lui est [coutumière.
Ce congrès, où quator/,e sociétés comtoises étaient représentées, présidé par
notre très distingué collaborateur M. Léonce Pingaud, président de
l'Académie de Besançon, a provoqué nombrq d'études historiques, artis-
tiques et scientifiques qui ne resteront assurément pas en portefeuille.
— Avis aux fumeurs. Dans la livraison de novembre dernier du Mois
il ter aire et pittoresque (p. 458-464^ ils trouveront un curieux travail de
M. L. Roy sur les Pipes de Saint-Claude, illustré de gravures pittoresques
et documentaires. Décrivant les ateliers de fabrication, l'auteur fait con-
naître les opérations multiples que^subit chaque pipe, depuis la nyse en main
de r « ébauchon ».en racine do bruyère jusqu'au complet achèvement de la
pièce. « Quinze ouvriers et ouvrières diflerents, dit-il, s'y emploient à leur
tour, si spéciaux chacun dans leur partie que nul d'entre eux ne saurait, à lui
seul, construire un ensemble convenable. Mais aussi quel parfait instrument
de fumerie ainsi réalisé ! Lorsque, avec une patience et un art pareils,
l'amateur aura donné à sa pipe la chaude patine qui la rendra plus belle
encore, et la saturation qui la rendra encore plus savoureuse, il possédera
nn facteur d'oubli et d'apaisement délicieux, la pipe idéale — et qu'on ne
casse jamais ! « Parfait : M. L. Roy, qui montre très bien les choses, a aussi
de la gai Lé et de l'esprit.
Normandie. — Lorsqu'un malade se recommandait ou était recommandé
au moyen âge à l'intercession des saints, on avait coutume de mesurer soit
son corps, soit au moins la partie malade avec une mèche à chandelle qui
devait servir, en cas de guérison, au citrge qui serait brûlé en témoignage
— 543 —
de reconnaissance. M. L. Delisle, quand il était encore à l'École des chartes,
en 1848, avait envoyé à la Société académique di Cherbourg, dont il venait
d'être nonamé correspondant, un mémoire où il étudiait cet usage surtout
dans le pays normand. La Société, qui a retrouvé dans ses archives ce
manuscrit inédit, vient d-î le publier au tome XIX de ses Mémoires^ sous
ce titre : Notice sur une forme de vœux usités en J^ormandie au moyen âge (Tiré
à part. Cherbourg, imp. Le Maout, 1912, in-8, paginé 111-120). ,
Orléan.\is. • — C'est une très intéressante figure que ce Pierre Fougeu
d'Escures marèchil des camps et armées de Heuri JV\, intendant des tii'cies
et levées des rivières de Loire et Cher, maire d'Orlt'a is, etc. (1554-1621),' dont
notre éminent collaborateur le comte Baguenault do Puchosse vient de
retracer la biographie (Orléans, imp. Paul Pigelet et fite, ■ 1912, in-8 de
61 pages, et planches; extrait d'J tDme XX XIV, actuellement en cours
d'impression, des Mimoir^s de la Société archéologique, et historique de
l'Orléanais). Tour à tour soldat et adnfiinistratejr, chargé par Henri IV
d-î missions délicates, d'Escuros fut do ces serviteurs dévoués et intelli-
gents qui second'^rent si elfiiaoement le Béarnais dans sa tâche difficile
de pacifier et de reoonstituer le royaume. Cette attachante notice, dans
laquelle M. Ba'jrueniault de Puchesse a utilisé des papiers' de famille, est
a;compagnée de. plusieuns illustrations d'un intérêt 'documentaire, et
suivie d'un appendice généalogique sur la famille d'B3cures,et d'une série
de pièces et notes justificatives, parmi lesquelles on trouvera deux lettres
inédites de d'Escures, un extrait de son testament, l'inscription gravée sur
le socle de son buste, de curieuses notes sur le Poutil, près d'Olivet, — • cette
belle « maison de plaisance », « presque célèbre », dont il ne reste plus guère
que la terrasse sur le Loiret, — et une autre sur les quatre grands pavillons
dont d'Escures commença la construction en 1600 et qui ont donné son nom
à la rue d'Orléans où ils existent encore.
Alsace. • — Cette année a été particulièrement féconde en bons et beaux
livres sur l'Alsace, qui montrent avec quelle sympathie croissante on étudie
l'histoire de notre ancienne province. Les Annales de l'Est, exécutant leur
promesse, consacrent le 3** faséicule de l'année 1911 à une Bibliographie
qui est une intéressante revue du momement intellectuel, artistique et
économique de la région (prix du fascicule : 4 fr. Paris, Berger- Levrault)
pendant les années 1910-1911. D'excellentes chroniques y sont consacrées
à la géographie, aux généralités historiques, à l'archéologie, au moyen âge,
à la période moderne,' à la Lorraine française, au mouvement économique
et littéraire, aux âlsatiques, par des Critiques des plus compétents. Un index
alphabétique des noms d'auteurs, de personnes et de lieux, termine l'ou-
vrage si précieux"pour les chercheurs. ■ — ■ La Révolution de 1848 en Alsace,
par M. Paul Muller (Mulhouse, Bader, in-8. — Prix : 3 fr. .^0), image fidèle
des événements politiques de l'Alsace de 1848 à 1852; rappelés sans passion,
avec le souci de l'exactitude, l'ouvrage se termine par une biographie de tous
les parlementaires alsaciens de 1789 à 1871. — Der dreissigjàhrige Krieg im
Elsass (1618-1648), par M. J.-B.Ellerbach'(Carspach,imp. de Bethsaïde,in-8
de 623 pages avec illustrations. • — Prix : 7 fr. 50). C'est le premier volume
fjue nous recevons de cette importante histoire de la gjerre de Trente Ans
en Alsace. Il est consacré à l'étude des causes éloignées do cette guerre, ù
ses préliminaires et à sa première phase de 1618 à 1622. Travail savant,
très documenté, d'une rédaction simple et claire. — U Alsace- Lorraine et
l'empire allemand, 1871-1911, par M. R. Baldy (Paris, Berger- Levrault,
1912, in-8 de 270 p. — ■ Prix : 6 fr.). Livre magistral où sont analysées et ju-
— 544 •—
gées los lois constitutionnelles imp )sées récemment à l'Alsace. Rien que
spécialement juridique, cet ouvrage intéresse les historiens, d'autant plus
que l'auteur, avant d'aborder la question de la réforme constitutionnelle
de 1911, objet principal de son livre, étudie dans quelques chapitres préli-
minaires, le régime de l'Alsace jusqu'à cette date.— Schlestadt pendant la
guerre de 1870, par MM. Kling et Jehl ( Paris, Chapelot, 1911, in-12 de208 p.,
avec gravures et plan), monographie complète et précise de cette triste
période, qui s'ajoute au bel ouvrage dont nous recevons le premier volume :
Alex. Dorlan, Histoire architecturale et anecdotiqu-e de Sélestadt (Paris, Tal-
landier, 1912, in-8 de 480 p., avec nombreuses planches et ligures). Œuvre
d'érudition qui n'est cependant pas une sèche énumération de termes techni-
ques mais un tableau vivant où se meuvent les habitants avec leurs
coutumes et leurs mœurs.
Dernikres Publications illustrées. — Le Tour du Monde. Journal
des i'oyagss d des i> iy( gnirs. Annce 191?. Paris, Hachette, gr. in-4 de 624-
xiv-42- p. a^ec de nombr. illustrations. Broché, 25 fr. ; relié, 32 îc. 50. —
Exp'ornteurs et terres lointaines, par H. de Mathuisieulx-Toits, Mame, s.d.
in-4 de 400 p , ilh stré de nombr. grav. dans le texte et hors texte.
Broché, 5 fr. 75; relié percaline, plaque spxiale, tr. dorées, 8 fr. 50. — •
Un Défi au P'de nord, par Emilio Salgari. Paris, Delagra e, s. d., gr.
in-8 de 301 p., illustr. de L. Amato. Relié toile, fers spéciaux, tr. dorées,
8 fr. ■ — Jarqteline Syh'estre, par Michel Epuy. Paris, DolagraAC, s.d.,
gr. in-8 de 240 p., ilh.str. de Léonce Burret. Relié toile, fers spéciaux or
et couleurs, tr. dorées, 5 fr. ■ — Le Fils du planteur, par Maurice Cham-
pagne. Paris, Delacrra, e, s. d., gr. in 8 de 240 p., illustr. de A. Raynolt.
Relié toile, fers spéciaux, cr et couleurs, tr. dorées, 5 f.". — Un Sau-
vcg-- à Pj.ris, roman scientifique et de voyages, par Henry de Graf-
FiGNY. Tours, Mame, s. d., gr. in-8 de 368 p., a\ec de ncmbr. illvstra-
tions. Relié toile, tr. dorées, 4 fr. — Le Château de granVmlrc, par
Mnie G. DU Planty. Paris, Hachette. 1913, in-16 de 243 p., illistré de
46 vignettes par Ed. Zier [Bihlioth'qie rose illustrce). Broché, 2 fr. 2r.;
relié, tr. dorées, 3 fr. 50. — Les Veillées des Chaumières, journal bi-heb-
domadaire illustré. 35^ année. Paris, Henri Gautier, 1911-1912, in-4 de
836 p., avec de nombr. grav. Brcché, 6 f f. ; cart. toile, 7 fr. 50. ■ — La
P.jup e modèle, revue des petites filles. 49*^ année. Paris, 46, rue Saint-
André-des-Arts, gr. in-8 de 290 p., a\ec de nombr. grav. et planches.
Paris, 7 f r. ; Seine, 8 fr. : départements, 9 fr. ; Union ptstale, 11 fr. —
La Berg're de Nanterre. Tours, Mame, s. d, album gr. in-8 de 16 p.,
avec des reprod. de tableaux de maîtres. Cartonné, couverture en cou-
leurs, 1 fr. — Une Charité... pu méritoire, par Marie Vergne. Tours,
Mame, s. d., album in-8 de 15 p., illustr. de R. de la Nézièbe. Car-
tonné, couverture en couleurs, 0 fr. 80. ■ — ■ Curieuse, par Jean de la
Gobardière. Tours, Marne, s. d., album in-8 de 16 p., ill.str. de Guydo,
Cartonné, couverture en couleurs, 0 fr. 80. — - Une Chasse ai x Tg-cs,
par Loys Clet. Tours, Marne, s. d, album petit in-S de 15 p., illustr.
de H. Avelot. Cartonné, couverture en couleurs, 0 fr. 65.
— 545 —
TABLE MÉTHODIQUE
DES OUVRAGES AIsTALYSÉS
THÉOLOGIE
Écriture «aiiite. Eiiégèee. LiU^ratiire orientale. T. a
Chronologie rectifiée du règne de Hamn\ourtil)i (le. P.
Scheil 193
Die Bedeutung Richard Simons fur die Pentateuchkritik [Fried-
rich Stummer) . 194
L'Erreur de traduction prouvée par le mot S^3 Suite
d' <' ITne Erreur de traduction dans la Bible » (S. Ferarès). 19fi
La Durée de l'année biblique et l'origine du mot nzVJ (le
même) - . . 197
Neue griechisch-saïdische Evangelienfragmente (Joseph Michael
Heer) 197
Jésus a-t-il vécu? Controverse religieuse sur « le Mythe du
Christ » (Arthur D'rews, H. von Soden, Fr. SteudeL G. Holl-
mann, Max Fischer, Fr. Lipsius, H. Franche, Th. Kappstein,
Max Maurenbrecher ; traduit par Armand Lipman) 198
Le Discours de Jésus sur la montagne (Vabbé Stanislas Gamber) 200
Jésus-Christ, sa vie, son temps (le P. Hippolyte Leroy) .... 200
Jésus de Nazareth. Histoire de sa vie racontée aux enfants
(la Vénérée Mère Marie Loyola), publiée par le P. Thurston;
trad. française par Madeleine Bertha 107
Introduction aux paraboles évangéliques (le P. D. Buzy) .... 201
La Théologie de saint Paul (F. Prat), 2^ partie 203
La Loi et la foi. Étude sur saint Paul et les judaïsants (A
de Boysson) 205
Les Odes de Salomon. Une Œuvre chrétienne des environs de
l'an 100-120. Trad. française et Introduction historique par
J. Labourt et P. Batiffol 206
La Didascalie des douze apctres, trad. du syriaque par F. Nau. 20
Liturgie La Sainte Messe, notes sur sa liturgie (D. Eugène
l andeur) 457
Petite Année liturgique, ou Paroissien romain, historique et
liturgique (Vabbé J. Verdunoy) 212
Le Cvcle des hymnes de l'Église en vers français et les Poèmes
religieux des Philippins de Rouen (Edward Montier) .... 226
Tiiéologie dogmatique. Dieu, existe (Henry de Pully) .... 7 3
La Religion de Jésus d'après l'Évangile (Vabbé Pierre LcVèvre). 106
Mon grand Catéchisme. Manuel d'instruction et de formation
chrétiennes (les abbés Th. Dequin et A. Ledieu) 102
Le Catéchisme de maman. La Religion expliquée aux petits
enfants (Vabbé de Saint- Jean) 102
DÉCEMBRE 1912. T. CXXV. 35.
— 546 —
rremièros Leçons de catéchisme (Vahbé Dnvot) 102
La Sainte Trinité, lectures théologiques (L. Berthé) 43
La Vérité du catholicisme (J. Bricout) . . . . .^ 147
Bossuet. L'Exposition de la doctrine de l'Église catholique.
Nouvelle édition publiée par Albert Vogt 219
Le Dogme, source d'unité et de sainteté dans l'Église (E.-A.
de Poulpiquct) 365
Nomenciator litterarius theologiae catholicae theologos exhiben-
saetate, natione, discinlinis, distinctes, edidit et commentariis
r.uxit FJ. Hurter. 1 T . V 422
La Première Communion. Histoire et discipline. Texte et docu-
ments, des origines au xix*^ siècle (Louis Andrieux) 327
La \ierge- Prêtre, examen théologique d'un titre et d'une doc-
trine (le B. P. Edouard Hiigon) 173
El Activisme de Balmes y el Pragmatisme de les modernistas
en sus relaciopes ron la apologetica (José Cabanach) 74
Tliéoli>gie inornle. SernionM Opéra moralia S. Alphonsi
Mariae de Ligorio. Theologia moralis, editio nova cura et
studio P. Leonardi Gaudé 43
Theologiae moralis Programma accomodatum operi PP. Gury-
Ferreres a B. B. Francisco P< n% 173
Manuel de théologie mystique, ou les Grâces extraordinaires
de la vie surnaturelle explinuécs (le B. P. Arthur Devine) ;
trad. do l'anglais par Vabté C. Maillet 227
Brevior Svnopsis theologiae moralis et pastoralis (A. Tanque-
rey et È.-M. Qwvastre) 423
Praxis IMissionnarii in Oriente servata (B. P. Bomualdus Souarn) 327
Entretiens eucharistiques pour le recrutement saecrdotal (Vahbé
Jean Vaudnn) 110
Notion traditionnelle de la vocations acerdotale. Lettre à un
Supérieur de grand séminaire (Pierre Bouvier) 270
Prêtre et pasteur, ou Grandeurs et obligations du prêtre. Ex-
traits des ouvrages du B. Jean Eudes (le P. Boulay) ...... 111
Bourdaloue. Sermons du carême de 1678, prononcés dans l'église
Saint-Sulpice. Introduction par Eugène Griselle 220
Sermons de Bourdaloue adaptés à notre époque, l'^f série. Ins-
tructions d'un quart d'heure pour les dimanches et fêtes de
l'année (Tabbé H. Verdun) ' 99
Mascaron. Sermons inédits, publiés avec une Préface et des
notes par Eugène Griselle 220
Discours choisis du cardinal Pie, a^ ec une Introduction des
notices et des notes, par Vabbé Paul Halflanis 98
Nouveaux Mélanges oratoires (M. d'Hulst). T. X. Retraites. 44
Œuvres choisies oratoires et pastorales de Mgr Touehet. T. VII ^ '
et VIII 98
A travers trente ans d'apostolat (lj'8 1-1911) (le chanoine J.
Guiraud) 99
Vade-mecum des prédicateurs (Deux missionnaires) 100
Le Pain évangélique. Explication dialoguée des Évangiles des
dimanches et fêtes d'obligation à l'usage des catéchismes,
du clergé et des fidèles. T. P'''. Del'Avent au Carême. T. II.
Du Carême à la Saint-Pierre (Vabbé E. Duplessy) 100
Ex'position de la morale catholique. IMorale spéciale. La Foi,
son objet et ses actes. Carême de 1911 (le B. P. Janvier), lui
i,es Sacrements, conférences aux étudiants (Louis Boucard) . . 101
L'Éducation chrétienne, conférences (Vabbé Henri Le Camus). 103
Le Christ et l'Église -dans les questions sociales, conférences
données au Brésil (L.-A. Gaffre) 103
I .'Autre Vie (Mgr É'ie Mérir) 104
— 547 —
Considérations sur l'éternité (le R. P. Drexelius) ; trad. par
Mur Bélt 104
Paroles do Jésus sur la moutaf,'ne. Entretiens d'un quart d'heure
pour les jeunes chrétiens de notre temps (Vubhé Chabot) . . . . 107
Apologétique. Octavius (Minucius Filir). Traduction. Intro-
duction et notes par Fr. Record ^i57
Leçons et lectures d'apologétique. l,a Vraie Religion (E. Rou-
pain) 228
Éléments d'apologétique. 111. Objections et problèmes (J.-L.
de la Pa.qmrie) 328
L'Objet intégral de l'apologétique (A. de Poulpiquet) 524
La Méthode d'immanence (J. Wehrlé) 270
AHcétismc et l*iclé. Le Zélateur de la confession et de la
communion ire(iuente (Vabhé S. Febvre) 112
Discours eucharistiqi.es. l^ série. Discours dogmatiques pro-
nonc{!s aux congrès eucharistiques de Jérusalem, de Reims,
de Paray-le-Monial, de Pru^e]les, de Lourdes 109
Entretiens sur l'Euohnristie (M^r de Giber^ucs) 110
L'Éducation eucharistique (J.-C. Broussolle) 110
Le M\ stère d'amour. Considérations sur la sainte Eucharistie
(le P. B. Lecornu) 111
Lettres à un étudiant sur la sainte Eucharistie (L. Labauche). ^i2o
Panis Angelcrum. Tesoro de documentes y practicas para h s
devotos de la sagrada Eucaristia (Un Padre de S. J.) 113
V. Tomas de Kempis. De la Imitaciô i de Cristo : trad. del P.
Juan Eusebio Nieremberg 213
La Dévotion au Sacré-Cœur de Jésus. Doctrine. Fistoire (J.-V.
Bainv(l) 227
Manuel pratique de la dévotion au Sacré-Cœur de Jésus (Vahlé
D.-H. Vnndepilte] 213
En suivant le Maître. Mois du Sacré-Cœur (Vcbbé A. Lard) . 213
En Lui ! Portrait de l'âme dévorée au Sacré-Cœur (Ff'lii Anizan). 108
Jésucristo vi\iendo con nosotros en el Sacramento de su amor
(José M. de Jésus Portugal) 108
Livre d'or du (!œur de Jésus pour les prêtres et pour les fidèles
(Joseph Hdgcrs) 100
Vous êtes à Jésus-Christ (le R. P. Ricluiby); trad. et adapté
de l'anglais par M. Jary 109
Ascétique et m^ stique (Tabbé Jean Delacroix) 458
Sur le chemin d'i salut. La Famille chrétienne et la Sainte Fa-
mille. Le Mariage chrétien (Victor Vieille) 103
La Vraie Politesse. Petit Traité sous forme de lettres à des
religieuses (Vcbbé Frciiçois Dtmore) 105
Le Chrétien intime (Charles Sai vè) . T. VI. Le Culte des mys-
tères et des paroles de Jésus. I. Élévations é-\ angéliques. . ICG
Par l'amour et la douleur! Étude sur la Passion (Léon Rini-
bau.lt) 107
La Grâce à dix ans. Essai de discernement et d'éducation de
la grâce chez les jeunes enfarts (Vabbé Gellé) 112
Exen ices spiritiels de S. Ignare de Loyola, traduits si.r l'au-
tographe espagnol par le P. Paul Dchuchy '208
Traité de la paix de l'Ame (source du combat spirituel) (le P.
Jean de Bonilla). Noi V. traduction française, par le P. Ubald
d'Alençon 209
L'Esprit de sainte Claire (le P. Exupère) 209
Conseils de direction spiriti elle (le P. I.ejeune) 209
La Vie meilleure par la prière (le P. Badet) 210
Vivre, ou se laisser AiAre? Conseils aux jeunes gens (Pierre
Saint-Quay ) 211
— 548 —
La Pureté du cœur (Vahbr L. Lcnjant) 210
1,0 Cœur vaillant (Vabbi- L. Lcnjant) 211
La Royauté du cœur (Vo-hhr L. Lenfant) 211
La Vocation au mariage, au célibat, à la vie religieuse (le P.
J. Coppin) 211
Prière et vocation. On peut désirer et demander une vocation
supérieure (le P. J. Lintelo) 212
Le Secret admirable du T. ï^. Rosaire pour se convertir et se
sauver (le Bienheureux Louis- Marie Grignion de Montjorl). 214
Le Mois de Marie (Mgr Dadolle) 21 4
Petit Mois de Marie à l'usage des enfants 214
Notre-Dame d'Ars, ou Méditations sur la Sainte Vierge tirées
des écrits et de la vie du B. J.-M. Viannev (Tabbé H. Cou-
vert) ' 215
Allez à Marie (Vauteur des Paillettes d'or) 215
Devocion de les doce segundcs viernes de cada mes del afin
(el R. Manuel Bargi n>) 215
La Imitaciôi de los Angeles {et abate G. Chardon); trad. de
la 2'' ediciô i francesa por M. de Sagredo 215
Pensées choisies du R. P. P.onlevoy, S. J. E traites de sa \ie,
de ses opuscules ascétiqi:es et lettres (le P. Charles Benard). 216
Petit Manuel pratique contenant le règlement général de la
Société de Saint- Vincent de Paul, avec notes explicatives
à l'usage d^s mem.bres de la Conférence Saint-Jean l'Aumc-
nier de Rome (deux membres de la même conffreKce) 174
Histoire de» religionii. Où en est l'bistcire des relirions?
(./. Bncfiut, Bros, Cr.part, Dhormc, Labourt, de la Vallée-
Poussin, Cordier, Hr.bert, And Baudrillart, Carra de Vaux,
Touzard, Venard, P. Batiffol, Bousquet, Vncandard) 328
llélnnges JÉtudes de critique et d'histoire religieuse (M. Va-
ra.nd'ird), 3<^ série 14';
Lettres spirituelles de Sebastien Zamet, évêque-duc de Langres,
pair de France, pibliées avec une Introduction et des notes
par Louis-A'. Prunrl et i)récédées des A- is spirituels du
même prélat 254
L'Ignorance religieise au \ingtième siècle. Faits, causes, con-
séquences, remèdes, d'après l'enquête du journal « la Crfix »
(l'abbé E. Terrasse) 458
Hctéi'odaxie. De Charybde à Scvlla. Ancienne et nouvelle
théologie (le P. G. Tyrrell); trad. de l'anglais 226
JURISPRUDENCE
Histoire du droit L:C Gouvernement local en Angleterre
(.Joseph Heciluh, a.ec dos additioiis par Francis W. Hirst);
trad. françaioe par W. Oualid 331
Droit cananique. A jegyssèg-ès Lâ:assâgkôtèsi forma Idlejlô-
dose a Ne 'i em-^re d^cretumig (Le Héveloppement des formes
des fiançailles et du mariage jusqu'au, décret i. Ne Temerc »)
(Le D^ F. Hanuy) 525
Iflé!angea La Lutte sociale dans le prétoire (Jacques Bonzon). 424
(jChs de robe, scènes de la ^ ie judiciaire sous la trfisième Ré-
publique (C. Rideo) . 869
^ 549 —
SCIENCES ET ARTS
FliilO'«opliie. 4^énérnlitéM. ITIéliiugeg. Esquisse d'une
{)hilosoiihio de l;i iialuro (André Juassam) 385
Les r.taix'S de la i>liil<»sopliie inatliémati(iue (Léon Tiruns-
rlnvicg) .' ?.J<r.
L'Année phil sophiaue, pi.bliée sois la direction de M. Pillon
(22'' année, 191 iT 398
En Marge de Niet S'^'he. Philosophènies (L. Bennisi- H anappier ) . 393
Les Formes élémeiilaires de la vie re'igierse. Le Système toté-
mique en Australie (É nile Durkhaim) 393
Lps Rèjîles esthétiques et les lois du sentiment (Henri Dus-
saiize) 394
La Philosophie affective (J. Bourdeau) 398
La Bruyère. Les l'aractères. Notice et annotations par Bené
Pichon ,. . 494
Pensées de Jules Tannery 405
La Liberté de la pensée (Gt'rard de Lacaze-Duthiers) 51.6
Société et Solitude (B- W. Emerson); trad- de M. Dugard. 1.29
Regards sur l'Eure pe intellectuelle (Albert Beggio) 332
Pfiyc'liologie. Premiers Principes d'une théorie gé^nérale des
en^ntions (Marius Lotour) ' 388
Le Langage et la verbomanie, essai de psychologie morbide
(Ossip-Lourir) \ 388
Morale Devoir et durée, essai de morale sociale ^Josf/>/i Wilboi?) 390
i/iionneur, sentiment et principe nv rai (Eugène Terraillon). 391
La Conscience collective et la morale ( Arth^ir Bauer) 392
La Mcrale républicaine (Félix Manin) 392
Comment \i re, pourquoi vivre? (Vabbé Joseph Airaudi) .... 393
La Morale de Geulinex dans ses rapports avec la philosophie
de Descartes (Eugène Ter'-aillon) 395
Pensées libres (Amiens) 459
Illétnpiiy Clique Contre la m;étaphysique. Questions de méthode
f F( tix Le Dantec) 387
La Survivance liumaine. Étide de facultés non encore reconnues
(Olivier Lodge): trad de l'anglais par le D^ Heriri Bourbon. 389
La Réincarnation. La Métempsychose, l'évolution physique,
astrale et spirituelle (PapjLs) (D"^ G. Encausse) .......... 390
Preuves de l'imntortalité de l'âme (Wilhelm Schneider); adapté
de l'allemand par G. Gazagnol 390
Histoire «le la pliiloMopliie. Fra^^ments sur l'histoire de
la philosophie (Arthur Schopenhauer); trad- française par
Auguste Dietrich 395
Jean-Jacques Rousseau et sa philosrphie (Harald Hô'fding);
trad. d i danois par Jacques de Coussange 395
Les Grands Philosophes. Schelling (Énile Brlhier) 396
Hegel, sa vie et ses œu \ res (P. Loques) S96
Arthur Schopenhauer (Ernest Seill ère) 397
Le Monism,e matérialiste en France. E pesé et critique des
conceptions de MM. Le Dantec, B. Comte, W^^ C. Roa er,
Jules Soury (J.-B. Saulze) '. . . 397
Une Phil Sophie nouvelle. Henri Bergson (Élouard Le Boy). 397-
Kducation. Enseigiteuient. Décalogue de la \ie moderne
fy^mc Bérot-Berger) 427
L'Art d'être un homme. Traité de « self éducation », à l'usaf^ce
des jeunes gens à partir de 16 ans (l'abbé H. Mocquillon) . 425
-^ 550 —
L'Écliioation i>ar la famille et par l'école ^M^e j^[ Ponson). 230
Le Cœur à l'école de la foi ou de la libre pensée (J. Siguier). 44
Comment se conduire daiis la vie (le D^ Toulouse) 333
Pour nxieux > ivre. A nrs fils (Victor Margueritte) 148
Une gra e Question de l'éd-ication des filles. La Chasteté
(Françoise Harmel) 426
L'Éducation de la cliasfeté. Méthode pratique d'enseignement
sexuel et d'éd-ication de la chasteté proposée aux parents.
aux prêtres et antres éducateurs (Michel Gatterer et Franz
Kruz); trad. de l'alleiuand par l'abbé Th. Dequin 105
Les Jeunes Filles d'arjourd'hi i' (Mgr Henry Bolo) 459
Les Femmes du monde (Vabbê Joseph Tissier) 427
Par le sourire (C. Wagner) 230
A travers les ronces (B. Jomnn ) 426
Le Problème de la lecture populaire (Georges de Montenach). 460
Traité de la lecture à haute voix à l'usage des séminaires et
d'^s collèges libres (Tabbé Sauveur Lamoulialte) 460
La Littérature moderne dans l'enseignement mo.\ en. . Réponse
à la « Re.ue des hunaanités « (Vabbê Paul Haljlants) .... L19
A travers la morale. A travers les choses. Livre de lecture
courante (J. Leday) 366
L'Indi.idjaHsme et la réform,e de l'enseignement (Abel Faure). 460
Seienees politiques, èronoinlques et soeialea. Le Sui-
cide d'une race (F.- A. Vw.llermet) 2 )
N.s libertés politiques. Origines, évolution, état actuel (Mau-
rice Caudel) ^.31
De la Nature du capital et du revenu (Irs'ing Fisher) \ trad.
par Savinien Bouyssy 30
La Synthèse économique, étude sur les lois du revenu (Achille
Loria) ; trad. par Camille Monnet 31
Les Petites Industries rurales ( Ardouin-Dumazet) 31
Le Chômage et sm remède (Daniel Bellet) 32
Les Institutions de prévoyance dans .nos populations rurales
(Ernouf-Bignon) \ 32
La Vie chère (Alexandre Charbin) 33
La Lutte contre le sweating .System,. Le Minimum légal de sa-
laire, l'exemple de l'Australie et de l'Angleterre (Paul
Boyavnl) 33
Les Grèves et leur réglementation, enquête sociale (François
Latour) 34
The ch sed shop in American trade unions (Frank Stockton). 35
Los Gremios (Estanislao Segarra) 35
La Passivité économique. Premiers Principes d'une théorie so-
ciologique de la population économique passi e (Manlio
Andréa d' Ambrosio) 36
Les Classes moyennes, étude sur le parasitisme social (Georges
Deher,ne) 37
Svstème de politique pcsiti-e, ou Traité de sociologie d'Auguste
' Comte (Christia i Cher fils) 38
Estudios sociales (P. Teodom Bodrigucz) 38
La Guerre devant le christianisme (A. Vanderpol) 39
Il Fenomeno délia guerra e l'idea délia \)ixce ( Georgio del Vec-
chin) 40
Le Sociylisme français de 1789 à 1848 (Georges et Hubert
Bourgin ) 40
La Révolution s iciale (Karl Kautsky) 41
Les Problèmes s jciaux du temns présent (M. Drouil'y) .... 42
La Hiérarchie des principes et des pritblèmes sociaux (Fr.
Boussel- Des pierres) 42
— 551 -^
La Sociologie de Proudhon (C. Bougie) 42
L'Attitude sociale d(>s catholi(iues français an xix'' siècle (l'abhr
Charles Calippc) 4 5
Le Mouvement démocrati(iue et les catlmliiincs français, de
1830 à 18,Sn (Jnlrs Gmj ) . 74
Sciearea naturel îes Les Sciences de la nature en Franc<'
au xviii« siècle. In Chapitre de l'histoire des idées (D. Mor-
net) 2:52
Les Produits coloniaux (G. Capus et D. Bois) 46
Forme, puissance et stabilité d^s poissons (Fr/dù-ie Hnussay). ;]:)4
The Rirds of North and middie America a descriptive catalo-
gue (Bnhert R'dgway) Part. V 334
Les \'acances du petit naturaliste (Paul ManjUis) lifiG
Sciences occultes. Mission de l'Inde en Europe, missi(jn de
l'Europe en Asie; la question du Mahatma et sa solution
(Saint- Yves d' AWeydre) 335
Le Roman du Lys (Georges Lanoé) 174
Sciences |iliy«ique« et cliimiqiies. Cours de physique
à l'usage des écoles primaires supérieures de jeunes filles
(le D^Alamelle). F^, 1:^ et 3*^ années 5^4
Lectures scientifiques sur la physique (Henri Voupin) 336
Mémoires sur l'électricité et l'optique (A. Potier), publiés et
annotés par A. Blondel 399
Précis d'optique, d'après l'ouvrage de Paul Drude, refondu et
complété par Mer cl Bail T. '11. C)ptique électromagnétique.
Optique énergétique 400
Passage de l'électricité à travers les ga''. (J. J. Thowson); trad.
de l'anglais par R. Fric et^ A. Faure 400
Oscillations et vibrations. Étude générale des mouNements
vibratoires (A. Boutaric) 401
Réception des signaux radiotélégraphiques transmis par la
tour Eiffel, publié par le Bureau des longitudes 402
Cours de chinnio à l'usage dos écoles primaires supérieures de
jeunes filles, par le D^ Alamelle, l^e, L^ et 3^ années .... 534
Conférences stir les alliages (Rengade, Jolibois et Broniewshi). 402
La Pression csmotique et le mécanisme de l'osmose (Pierre
Girard) 402
Conférences sur quelques thèmes ch<dsis de la chimie physique
(Svante Arrhénius) 403
Agriculture Premières Connaissances agricoles (Certificat
d'études primaires. ) (J. Ledry) 75
L'Agriculture au régiment en 2J conférences (A. Boutault). 336
Les Sols humides (R. Dumon) 271
La Culture profonde et les améliorations foncières (Remy Dû-
ment) 175
Rotations et assolements (F. Parisot) 175
Légumes et fruits de primeur. Procédés de forcerie (Al. Van
den Heede) » 428
Champignons mortels et dangereux, descriptions, figures et
remèdes (Femand Gw'gwn) 76
Destruction des insectes et autres animaux nuisibles (A.-L.
Clément) 366
Sylviculture Les Arbres légendaires (Ernest Van Bruyssel). 27 1
Sciences naatiiématiques Œuvres de Charles Hermite pu-
bliées par tmde Picard. T. III 403
Trigonométrie (P. Camman et A. Grignon) 404
Cours de trigonométrie (Th. Caronnet} 404
— 552 —
Les Anatrlyplu's iiéoiuétriques (H. Vuihert) ' 404
l\Iômoires scientifiques de Paul Tannery, publiés par J.-L. Hei-
berg et H. -G. Zeuthen. T. I. Sciences exactes dans l'\nti-
(Iiiité (lS7(;-lf'8'<) 4Q4
Rio,:;rapliie8 ««ientiflqiies. Éloges académiques et discours
I Gaston Darboux) 4q_^
Ciéologie Sismologie Traité pratique de géologie (James
(ieikie); trad. et adapté de l'ouvrage anglais « Structural and
Field Geology » par Paul Lemoine 4J5
Notre Globe. Sa constitution, son histoire (E. Brucker) .... 233
Volcans et treni,bleni,ents de terre (A. de Lapparent) 421
Aéronautique A-vinti^n Ballons et aéroplanes (Georges
Besançon ) 33jj
Sciences militiiires L'Officier, le haut corn n;an dément et
ses aides en Allemagne (Jules Poirier) 142
Les Manœuvres impériales allemandes en 1911, suite d'articles
adressés au Times (lé colonel Bepington); trad. de l'anglais
par Béginald Kann 142
Opinions allemandes sur la guerre moderne. 1*^ fascicule. Les
Bases de l'art de la guerre. Armement et technique modernes. 143
Les Armements allemands. La Riposte (le capitaine Pierre Fc'lix). 143
Politique et stratégie dans une démocratie (le commandant
Mordacq) I44
La Direction de la guerre. La Liberté d'action des généraux. en
chef (le corn* V. Dupuis) I44
La Doctrine de la défense nationale (le capitaine Sorh) .... 145
Dictionnaire militaire. Encyclopédie des sciences, militaires ré-
digée par un comité d'officiers de toutes armes. 25<^ et der-
nière livraison 146
Dictionnaire militaire. Supplément général m'Htant entièrement
^à jour le Dictionnaire jusqu'au l^"" octobre 1911 146
État militaire de toutes les nations du monde, 1911 (Charles
Malo) 147
Marine Les Idées militaires de la marine du xvme siècle. De
Huyter à Suffren (le lieutenant de vaisseau Castex) 337
La Marine marchande et son personnel (Georges Morael) . . . . 337
JfeuTL Les Jeux et les jouets, leur histoire (A. Parmenlier) .... 366
Ueaux:-art.s. Biographies d'arlistes L'Architecture re-
ligieuse en France à l'époque romane, ses origines, son dé-
veloppement (B. de Lasteyrie) 512
La Décoration monumentale des églises de la France septen-
trionale du xii" au xiii^ siècle ( Alhert Marignan) 513
La Tradition dans l'École française. Le Génie gothique (Armand
Fourreau) 513
Le Palais de Justice et la Sainte- CTiapelle de Paris (Henri Stein). 514
Petites Monographies des grands édifices de la France. Senlis
(Marcel Aubert) 515
Petites Monographies des grands^édiflces de la. France. Le Châ-
teau de Cliambord (Henri Guerlin) 515
Ménars. Le Cliâteau, les jardins et les collections de Mi^^ de
Pompadour et du marquis de Marigny (le D^ Fn'drric Le-
sueur) 517
En flânant. A tra\ers la France. Touraine, Anjou et Maine
(André Hallays) '. 51 6
Portraits antiques (Antoine Hekler) 484
Les Maîtres de l'art. Les Sculpteurs français du xiii^' siècle
(Louise PilVon) l 521
— r53 —
L*Art antique en C.orse (Lorer.zl de Bradi ) 518
L.es Villes d'Art oélèbros. Bourges et les abbaves et châteaux
du P.crry (Georgrs Hardy et Alfred Gandilhon ) 516
Les Villes d'art ct'lèbres. Londres, Ilampton Court et Windsor
(Joseph Aynnrd) 51 6
Les Villes d'art c(':'lèbres. Athènes (Gustave' Fou stères) 517
Paysages d'Italie. L De Florence à Naples (André Maurel). 518
Le' Charme de Florence (Maurice Brillant) 518
Les Grandes Institutions de France. Le Musée d'i Louvre.
Sculptiii'es et objets d'art dri mn^en âge, de la Renaissan(X'
et des temps modernes (André Michel et Gaston Migeon). 519
Musées et collections de France. Le Musée du Luxemlioiirg.
Les Peintures (Léonce Bénédite) 519
Misées et collections de France. Le Musée d« Lyon. Les Pein-
tures (Paul Dissard) ' 519
Répertoire de peintures du moyen âge et do la Renaissance
(1280-1580) (Salomon Reinach). T. IIT 518
Les Maîtres de l'art. Fra Angelico (A If-ed Pichon) 52
Le.s Grands Artistes. Brunelleschi et l'An hitecti re de la Re-
naissance italienne au xv<= siècle (Marcel Reymond) 521
Sandro Botticelli [A.-P. Oppê) ' 'i86
Les Grands Artistes. Le hi( doma (Henri Hauvette) 521
De Michel-Ange à Tiepolo (Marel Reymond) 522
Hans Holbein le Jeune. L'Œuvre du maître 520
Watteau. L'Œuvre du maître 520
Gouthlère, sa vie, son œu\re. Essai de catalogue raisonné (Jac-
ques Robiquet) 522
L'Art de notre temps. Carpeaux (Paut Vury) 523
Anthologie d'art français. La Peinture, xx^ siècle (Charles
Saunier) , 52 3
Les Victoires de la volonté, biographies contemporaines. Les
Artistes (Léonce Bénédite) ' 523
Phologrnpliic. La Photographie en couleurs pour tous par
les pla(^ues à réseaux polychromes (Louis Tranchant) .... 367
musique Kiograpliien de musiciens. Guide pratic|ue et
populaire pour la bonne exécution du chaut grégorien, d'a-
près les principes des bénédictins de Solesmes (A. F.) .... 302
Cours pratique de psalmodie vaticane d'après les données du
Cantorinus romain (Vabhé J.-M. P'érard) 302
Publikationen der internationalen Musikgesellschaft Quaesti(!nes
in Ml sica (Rudolf Steglich) 302
Vom Musik-Traktate Gregors d-^s Gr( ssen. Eine Hntersuchung
iiber Gregors Autorschaft und u'>er den Inhalt dor Hchrift
(P. Coelestin V'-vcll) 303
Les Genres musicaux. La Musique d'église (Karl Weinmann) ;
trad. de l'allemand par Paul Landormy 303
The Gregorian Work of Solesmes (Abel L. Gabert) 304
Impressions grégoriennes. Chant et liturgie (Dom Jules Simon). 315
Das Katholische deutsche Kirchenlied in seinen Singweisen (Dr.
Wilhelm Eà imker und Joseph Gotzen) 304
Piae Cantiones or Collection of Church a^.d School Song, pu-
bli.shed in A. D. 1582 by Theodoric Pétri of Nyland, re ised
and reedited bythe Rev.^ G. R. Woodward • 305
Denkmaler der tonkunst in Osterreich. XI X" année. T. :'8 :
Trienter Codices III. Fii if Messen des XV. Jahrhunderts.
T. 39 : Wiener Instrumentalmnsik im XVI IL Jahrhundert.
II, sous la direction de Guido Adler 314
Introduction à la vie musicale (P. Lacome) 315
— Ô54 —
Lu Condamnation de « Mignon ", essai de rrtique musicale
(Albert Nortal) 316
Nutes brèves (Camille Bellaigue) 406
Idées et comnxenlaires (J.-Juachim Nin) 407
Le Langage musical, (Hude médico-psychologique (les V^'
Ernest Dupré et Marcel Nathan) , 400
La lU''Sonance du toucher et Ja Topographie des pulpes (Ma-
rie Jaell) 409
Sur l'art de diri<.or (Fdix Weingartner); trad. de l'allemand
par Emile Heintz 410
Théorie mathématique de la musique (B. V. Moreira de Sa). 410
L'Année m\ sicale (MichA Brenet, J. Chantavoiue, L. Laloy,
L. (le la Lnurencie.) . 1 ^^ année 411
Le Lhant choral. Méthode. Morceaux choisis. Cours supérieur
(Jules Combarieu) 412
I ibrary of Congress. Orchestral Music Catalogue (Oscar George
Th (iHore Sonneck) 413
Der Stil in der Mrsik (Dr. Guida Adler) 413
Carnet d'art (Adolphe Boschot) 49
Das Konservatorium fur Musik in Prag 1811-1011, zur 100
Jahrfeier der Oiii dung im Aidtrage des Vereines zur Befôr-
derung der Tonkunst in LôUmen (Dr. Johann Bram berger). 413
Histoire de la langue musicale, avec 683 exemplaires musicaux
(Maurice Emmanuel) 407
La Musique en (Hiine (Georges Souliê) 408
Ménestrels comm.unaux et instrumentistes divers établis ou de
passage à MaHnes, de 1311 à 1790 (Raymond Van Aerde), 411
Musique et Musiciens de la vieille France (Michel Brenet) . . . . 311
Les Maîtres de la musique. Jean-Jacques Rousseau (Julien
Tiersot) •• 309
W.-A. Mozart, sa vie musicale et son œuvre, de l'enfance à
la jdeine maturité (T. de Wyze^va et G. de Sainte- Foix). 313
L-cs Musiciens célèbres. Beethoven (Vincent cVIndy) 306
Les Musiciens célèbres. Verdi (Camille Bellaigue) 307
Les Musiciens célèbres. Auber (Charles Malherbe) 308
Les Musiciens célèbres. Glinka (M.-D. Calvocoressi) 308
Gounod (J.-G. Prodliomme et A. Dandelot) 312
1 es Musiciens célèbres. Bi et (Henry Gauthier- VilLirs) .... 309
Georges Bi/.et et son oei^re (Charles Pigot) 312
Emmanuel Chabrier (Georges Servières) 310
Mtsicions et poètes (Jean Chantavoine ) 310
Pages romantit|ues (Fr. L'szt), publiées avec une Introduction
et des notes par Jean Chantavoine 312
Mélttnges. Traité de l'enchaînement des idées fondamentales
dai.s les sciences et dans l'histoire (A. Conrnot) 149
L'Internationalisme scientifiqv:e (Sciences pures et lettres) (P.-
H. Eijkman) 271
Dernières In, entions, dernières découvertes (Daniel Bellet). 496
?igzags au pays de la science (A. Aclogue) 497
A-B-C. des travaux manuels, guide à l'usage des amateurs
(E.-J. Faix) 403
La Science de l'amoiir (P/ladan) : •. 459
LITIÉRATURE
Iiiiigui«ti«iu«. Phil»l*gie Iflnénfioteehnie La Philoso-
phie du lajigage (Albert Dauzat) 113
— 555 —
Histoire de Va langue française dos origines à 1900 (Ferdinand
Brunot). III. La Formation de la langue classique (1600-
IGGOi. L)eu\iènve partie 118
L'Enseignement du français ]iai' le l;ilin ((kuttave Zidier).. 217
La Prononciation nrrniale du latin (M. J. V. ) 315
Le péril de la langue française. Dictionnaire raisonné des prin-
cipales locutions et prononciations Aicieuses et des principaux
néologismes (Vabbé Cl. Vincent) 119
Le Péril de la syntaxe et la crise de l'orthographe (Théodore
Joran) 119
L'Enseignement du français. Leçons professées à l'École des
hautes études sociales (H. Bourrin, Alfred Cro'set, Paul C'-on-
zet, M. Lrcabe-Plrsie g (luytcve Loiison, (Viarl( s Mrqucl, J.
Prettre , Gustave Iludler , Arii and We'l) 120
De l'Erseignement du français (E. Bouchendhomwe) 217
La Crise dn français et lu Réforme universitaire ( Abel Faure). 218
Le Français de ne s enfants (Ar;nc,jid Weil et É -lile Chhiin) . 218
Remarc^ues pratiques s r la prononciation romaine du latin
(Dom J. Jeannin) 222
Lexique du « Joirnal des Goncourt », contribution à l'his-
toire de la langue i'rançaise pendant la seconde moitié du
XI x^ siècle (Max Fuchs) 119
La Mémoire verbale et pratique. S(.n développement naturel
et logique par l'audition, la vision, Fidée. Méthode Georges
Art . 222
Folk-lore. Contributioi s au follt-lure bourbonnais (Francis Pi-
rot) 234
Le Légendaire du Mont Saint-j\'i( bel (Éienne Dupont) .... 175
The Fairv-Faith in Celtic countries (W Y. Evans Wentz) 2?5
F.loquence Diction Grammaire do la diction française
( Georgi s le J-^oy ) 221
La Diction expliquée en 15 leçons (Paul Cosseret) 222
Parlons ainsi. De la Voix et du geste. Étude théorique et pra-
tic^ue du mécanisme de la parole (J.-L. Gondal) 2f.O
P«élBi«. La Chanson de Roland 495
La Divine Comédie (Dante) 496
Confitebor tibi in cithara (Pierre de Coss'-Brissac) 121
Laudes (Charles de Saint-Cyr) , 122
Le Cœur avide d'infini [Nce- Nouct) 122
Vingt Sonnets, croquis et tablea' x [Paul Cosiel) 122
Le Poème de ma vie. 2*^ partie. Ma Philosophie (Lucien Duc). 122
Les Saisons de Merlin (Henry de la Guichardière) 123
Les Ordres c^ui changent (Pierre- Jean Jouve) 123
Les Aéroplanes (le même) 1 23
Clartés au crépuscule. Les Châsses d'or (AlrUle Eamette) .... 123
Le Cliarme quotidien (Marcel Silver) 1 24
Queltiues Vers (Henry Thédenat) 124
Poésies (le vicomte Pierre Alessandri ) 1 24
Les Alouettes (Théodore Botrel) 124
Au souffle des vallées (Marc- José de Chantai) 124
L'Ame éparse (Félix Colomb) 125
E)ans le Silence des rêves (Paul Granotier) 125
L'Infirmipr (Eugène Guilloux) 125
Lueurs (Pierre-Charles Jablonski) 1 25
Au Cœur de l'idée (Bené Jacquet) 12."'»
La pluie au printemps (Albert Jean) 1 26
Au Pays lorrain (Paul Ladurclle) 1 26
La Sage Ardeur (Henri de Lisle) 126
— 556 —
Carmina saora (Louis Le Ccrdanncl) 127
De tout mon cœur (Enrle Mamct) 128
Ariel esclave (Louis Mandin) 128
Odos (Charles Marie) 129
Notre-Dame du Matin (Pierre Noilwmh) 129
La Cliaîne d'or et de fer (Charles Orsrtti) 129
Vers Dieu (Achille Paysriit) 1 30
liR Terre des Lauriers (Emile Hipert) 130
Entre les murs (Ch. Trouflmu) 131
Pour l'Attaque (Donatien Yvonnccu) 131
Œuvres (V Auguste Brizeux, nouvelle édition revue, corrigée et
augmentée, précédée d'une notice biographique sur l'auteur
et suivie do notes par Auguste De r hain 131
Petits Poèmes, contes et fantaisies en pr( so (Alfred Ruffin). 131
Le Poème du silence (la comtesse Jean d' Avancourt) 132
. Le Temple du rêve (la bcrmne de Baye) 132
Sous les pins. Première Gerbe. Heures grises (Marie Deshruyères ) 133
Le Front voilé (Marie-Louise Fromart) 133
Théâtre l'ne Aventure de Mandrin (Alandrin à Rodez), pièce
hér ï ue-comique (Emile Poudié) 223
La Disgrâce de Madame de I-irinon, comédie (U.-D. Châtelain). 223
Vindex, drame social (Etienne Bcllot) 223
La Ma£:daléenne (Jules Imhert) 223
Comédies gaies et d'amour (Ct'eile Cassot) 224
Le Redoutable , (Marie Leju'ru) 224
Ct-ïi, mvstère biblique d'après Lord Byron (Mario Prax) .... 224
Théâtre' fantaisiste (Marcel Bogniat) 225
L'Assomption de Paul Verlaine, scène pastorale, prccédée de
Considérations sur Paul Verlaine (Ernest Baynaud) 225
Le Ci-Devant, drame ( Georges Villard) 420
Fritz le Uhlan, pièce firamatique (Georges V llard) 420
Un Duel à l'étouffée, folie-vaudeville (Jules de Cerfeuil) .... 420
La Note à payer, comédie (Jules de Cerfeuil) 420
A bas les calottes, comédie enfantine (José Germain) 421
A la pointe de l'épée (M. M. -H. de Wismes) •. 421
Une Trouvaille imprévue (Paul de Maurelly) 421
Maie Fin, ou le Repas trop copieux, moralité (E. Wirzka-
Tigy) 421
Le plus Malin, farce [l • même) 421
Le Cavalier l'Ahuri, fantaisie mi'ilaire ( l.osal-Berry et Jean
Carwald) 421
Lamad^u, détective amateur, vaudeville (Lou-s L'escombes) . . 421
Georfotte est si nerveuse, comédie (Marins Vrd) 421
L'Ami de collège, comédie (Marias Vtrd) 421
Ah ! les bons motifs, bouffonnerie militaire (Paul Dupont) .... 422
L'Héri ï (u.e Mari^ s, savnète (Eugène Leclerc) 422
La Parole est d'argent, mais..., saynète (José Germain) ... 422
Les Héritiers de Madame Moulinard, comédie (Paj l de Maurelly). 422
Les Bœufs d'Alsace, monologue (Jacques d'Ars) 422
Promenade matutinale, monologue (Jo.'ié Germain) 422
Pendant la bataille, frande scène ce mique à efTets... militaires
(Pai l Deroyre) 422
Le Marchand d'estampes, récit (Jacques d'Ars) 422
Les Violettes, monologue (L. Hameau) 422
Théâfre (O.^car Wilde). III. Les Comédies. IL Un Mari idéal.
le l'Importance du sérieux; trad. d'AVred Savine 429
Le Théâtre d'Ibsen {W Birt val) .' 225
— r^57 —
Romans, "contes et nouvelles Paul et Virginie, suivi de
Ih Cliaumière indienne (Bernardin de Saint- Pierre); notice
et annc taii(jns par Angnsie Dupnuy 494
Une Aventrre coloniale au xviii<" siècle. L'Inde ébloiiie (Di;-
pleiy, de Bi.ssy, I a Touche) (Judith Gautier) 490
Le Repentir (Charles de PomainAs) 6
Les Peux Cahiers (Paul Acher) 8
Madame Bouverot, prtf^te (Victor Pai'ie) 9
Contes si;r vé'lin (Pierre Gauthiez) 11
Lilla (scènes de la vie cors*!) (J.-B. Natali) 12
La Vaine Bonté (Martial Hcmon) 13
Un Prêtre (Lcon Cathlin) 14
L'Imperturbable Silence (Gilbert Stenger) 15
Nos Enfants, quand i's jouent (O. Guibaud) 16
Brelan de Dames (Bohert de Montesquiou) 16
Les Instincts galants (Maryo Olivier) 17
Paroisse (Paul Abbas) 17
La \o\e mauvaise (Henri Baraude) 18
La Ville folle (Henri Bainaldy) 18
L'Heure critique (Fernand Parrc) 18
Scènes de la vie de Bohême (Henry Miirger), édition revue,
corrigée et augmentée, prérc'dce d'une notice biographique
sur l'auteur et de notes par Paul Ginisty 18
La Graine au vent (Jean Nêsmy) 18
Monsieur de Nufbo, philosophe (Gonzague Truc) 18
L'Illustre Athanase Bonsang (Fené des Pomeys) 19
Contes provençaux (Joseph Poumanille); texte provençal et
trad. française par Frrd'ric Chou pin 19
L'Inceste légitime (Adrien Seg/é) . 19
Nadjié, la Petite Hanoum (Emile Edwards) 19
lie Prince des riches (Frrnand Fnvet) 19
L'Orgie gauk ise (Lnws Gastine) 19
Histoire de la Maison de l'Espine ( Yves Blanc) 20
Le Tribun (Paul ' Bourget) 289
Jeanne IN'^ichelin, chronique du xvni« siècle, suivie de « Les
Deux Faces de la vie » (Henry Bordeaux) 290
Monsieur des Lourdines (Alphonse de Chateaubriant ) 290
La Fresque de Pompf'ï. La Madone qiù pleure (Gilbert Augus-
tin-Thierry).. 291
La Première Étape (Henri Moro) 292
Les Blés mûrissent (Henri Bordier) 293
L'Offrande au mvstère (Pierre Fons) 294
La Route bleue (Jean Fameau) 295
Malgré son père (F. Fumant) 295
L'Appel (M.-C. Belgrand d'A/ baumontj 296
Qui sèm,e le vent (Charles Jeandet) 296
A l'ombre du clocher (Lcopold Gros) 296
La Bague, satire politique et morale (Maxime Dubroca) 296
Vers la lum,ière (Emile Poitcau) 297
La Meilleure Part (Emile Poiteau) 297
Sur le déclin (Louis Planté) 297
Les Fei illes sur la route (Maurice de la Fuyc) 297
Amoi rs rurales (Paul Lacour) 297
Jean Guilbert, scènes de Rouergue (Gaston Mercier) 297
Au tournant des jours (Gilles de flaircceur^ (Daniel Lesueur) . 20
Un Obstacle (Jean de la Brète) i2
Les Petites Ames (Henriette de Vismes) 23
Les Courtagré (Pierre Gourdon) 23
Et l'Amour dispose (Mathilde Alanic) 24
- 558 —
()in1>ros et luiuièrcs, contes ol nouvelles tht^osophiqv.es (AimU
Blcch) 24
1 a Petite Grat'enne ( Yvonne Durand) 25
La iVltHairie de las Ramadas (la comtesse de Mr-ssarré) 25
r.lX'Msir (Addy de Saint- Gcr. nain ) 25
Hors de sa race (Alix de Villemagne) 25
Le Bonheur accessible (Yvonne TUirand) 297
L'Amour noniad':" (Mijriam Dero.re) 298
Ames de femmes (Berthem de Rigny) ^-98
Thércse 'Dalbian (Louise Fisquet) 298
La ('ité des lampes (Claude Silve) 298
Le Moulin sur la Smifriide (Marguerite Fegvaud) 299
Les Papiers prsthumes du Pickwick- Club (Charles Dickens). i87
Les Gardier.s de la flamme (W. D. Maxwell); adapté de l'an-
«jlais par Lou's Fabulei 25
Dernières Enquêtes du prestigieux Héwitt (Arthur Morrson);
adaptation française par Albert Savine 25
Le ISIariage de Lord Leveland (William son); trad. de l'anglais
par Louis d'Arvers 25
Un Duo { Arthur Conan-Doyle) ; trad. de l'anglais par Albert
Savine 26
Sous la neige (Edith Wharton) 26
Chez les Américains (Rudyard Kipling): trad- de l'anglais pai
Albert Savine 26
Dans le désert (Grada Dckdda); trad- do l'italien par Marc
Hflys ; -'.6
La Ronde (Arthur Schnitzler); trad. de l'allemand pai' Maurice
Ffmon et Wilhflm Baucr 26
Le Merveilleux Voyage de Nils Ilolgersson à travers la Suède
(Silma La.ger.ô'j: trad. du suédois par T. Hammar 26
Le Terre rist-^ fM^e y. Dmitriev): trad. du russe par G. Sa-
v-tch et E. Jaubert 28
Œu\res complètes du comte L(on Tolstoi; trad. du russe par
J.-W. Bienstock. T XXVII 28
La Vccation de Frank Giiseley (Robert Ilugh Benson); trad.
de l'anglais par T. de Wyzc(\ a 2-'9
Mélissa (James Olivier Cunvood); trad. de l'anglais par F.
Forbin 300
Dorrington détective marron (Arthur Morrison); trad. de l'an-
clais par Albert Savine . 300
L'Apr stolat du knout en Pologne (Ladislas Stcnislcs Reymont);
trad. du polonais par Pa.ul Cazin 3C0
OiiTragCB poar la jeiiuesse. Te bcn ]\Ions!err de Vcragues
(Maurice Maine rm ) 4J^7
A travers l'Europe. La \ ie de collège en Angleterre. Fistrire
d'un écolier hanoArien. Axel Ebersen (le Gradué d'L'psala).
l'n Semestre en Suisse (André Laurie) 4^8
Ondine (de la Mott-e-Fouquc) 488
Contes blei s de ma Mère Grand (Charles Pobcrt-Evmcs) .... 4^9
Petites Filles du temps passé (J. Jccauin) 'ti'^
Le Secret du li^re d'heures (Ch. J'odeman) 4f9
Les Contes (Schmid) 490
Histoire d'un foyer. Les Vacances de Louise. Le Théâtre de
!a poupée (J.Madsen); adaptation par M. Gcy 491
Les Deux Antoinette (Ernest Daudet ) 492
L'Otage, chronique du xiv^ siècle (Jean Poujoulat) 492
Jean-Marie Kerdern et ses sœirs (Auguste Le Bras) 492
La Dette et l'Otage (J. Edhor): adapté de l'allemand par J.
de Lauray 509
— 559 —
Les Deux Tigresses (Pierre Maël) 4i9'î
L'ilo des Centaures (A. h'ob'da) 496
La Fée de la mansarde (Marf^uerilc Morin) 496
Le Commandant Rabat-Joie fM"»e Chcron de la Bruucre) . . 510
Mignonnette (n<>r:ense Gircldon) 510
L'Ange et le. deux démons (Victor I.ahruaitde) 497
Les Quatre Sous de Frcdy. Le Secret du lac bleu (P. Perrault). 4".^8
Les Livres r( ses [>our la jeunesse, 4° série 510
1 /Oncle Praline (André de Maricourt) 4L5
Chroniques de la Vendée militaire. Les Aventures du bonhomme i I
Quatorze (Adolphe de Breni) 415
Vendéenne (Jean Charruau) 415
Au Moulin de \'irelune. scènes de la Vendée angevine (Pierre
Billand) ' 416
Oine>ra, ou le manoir de Grantley (Lady G. Fullerton); trad.
de l'anglais " 416
Feuilles mortes (Jacques Morel) 416
La l\tj stérieuse Aurore (B. de Buxy) 417
Le Château du Mystère (André Bruyère) 417
Boules de neige, études sociales (M. Desroches) 417
La Fille de Lynch (Léonard Merrick); trad. de l'anglais par
F. Lelmont 4LS
Le Miracle des Perles (Mathilde Alanic) 41 H
La Rançon de la gloire (Léon Barracand) 41".'
La Lande aux loups (Purr^ M(ë') 419
Rose-des-Cliemirs (Charles de Vitis) '. . . 419, 5G9
L'Épopée de César (Henri Guerlin) 419
Les Pirates de la Mer Rouge (Karl May); trad. de l'allemand
par J. de Bochay ." 420
Sous les palmiers de Bénarès (Marie Aflre) 41,0
La Maîtresse de piano (Florence O'Noll); adapté de l'anglais
d'après Emma Mars} al 420
Filles de chouans (M. Delly) 41.0
Périodiques ill'J-$trf«. Journal de la jeunesse '' 498
Journal des demoiselles 499
La Revue française 500
Mon Journal 500
L'Ouvrier 501
La Semaine de Suzette 502
A llmiiKi.' Jeanne d'Arc (F. Funck-Brentano et 0. D. V.Guillonnet). 502
tiuster Brown recommence (R. F. Outcault) 50:î
Fêtes nautiques chez, les animaux (J. Jacquin ei G.- H .Thompson) . 504
Ardant le Chevelu (Dame Yette et Jcaii. Vebcr) 504
Scènes comiques dans la foret (Benjamin Babier) r04
Grégoire et son âne (C. So.ntos Gomâez et F. Nuh^z Millon). 504
A quoi joutms-nois (E Weber et Robert Sellés) -Qh
Lilette Léveillé à Crabo\ille (Jordic) r05
Marie-aux-sahots-de-bois se gage (Jordic) 505
Les Dernières Places de Marie-aux-sabots-de-bcis (Jordic) 5C5
Les Sept Jours de Ketje (Jordic) 505
Perrine la petite laitière (Jordic) ^06
Cours sélect (Jordic) 506
La Pension des Oiseaux (Tony d'Ulmès et Jordic) 506
Bré ké kès ! Coas ! Coas I (Jordic) 5C6
Tintin Gorin (Jordic) 506
Les Animaux célèbres (E. Muller) 506
Mademoiselle Lili à la campagne Y-P--«^- ^'^tahl) 506
Le Trésor de Gisèle (Camille Gasté) 507
— 500 ^
l'iio Mauvaise Inspiration (Jean, de la. Gohardirre) 507
Atonsieur Parapluio et ]\îadoiuoiselle Ombrelle (Louis Cholht). 507
l.a Tonrierello de Marthe (Camille Ga^sté) 507
Le Chef-d'œuvre du petit berger (Louis Chollet) 507
l^a Galette des Rois (Louis ( hollei) 507
La 1 ibératriee 507
Les Ajoncs d'Anne-Marie (Marie Vergue) 507
La t^eligion enseignée aux petits enfants (le cha.noine Soida.nge-
Bodin) 507
l'n Témoin inattendu (Pierre Couromieaii) 508
Lucette en liberté (Milka Steag) 508
La Oiasse de Lina (Camille Gasté) 508
La Souris blanche, d'après Hégésippe Moreau 508
Les Souliers de Marie-Rose, d'après Hégésippe Moreau .... 508
Les Sacrifices de Renée (Marie Vergne) 508
En vacances (Milka Steag) 508
Mademoiselle Je-le-veux (Milka Steag) 508
Mademoiselle Sabre-Tout (Jean de la Gobordière) 508
Le Fil de la vie (Louis de Vaumouret) 509
La Vanité de Lucienne (Marie Vergue) 509
Un bon petit Cœur (Pierre Couronneau) 509
(liansons à la façon d'Épinal (Marcel Legay et Louis Tnur-
tiayre) ' 509
Kpistoliers. Lettres choisies de Madame de Sévigné, suivies
d'un Choix de lettres de femmes célèbres du xyii" siècle;
notice et annotations par Marguerite Clément 494
Correspondance de Bory de Saint-Vincent (Supplément), publiée
et annotée par Philippe Lavzun 352
(;artee;gio di Alessandro Man/.oni (Giovanni Sforza e Giuséppe
Gailavresi) 340
Pelygrapheci Bossuet. Œuvres choisies, avec Introduction, bi-
bliouraphie, notes, grammaire, le: ique en illustrations do-
cumentaires, par J. Calvet ' 21 9
Pages choisies dos grands écrivains. Finelon, avec une Intro-
duction par Moise Cagnac 219
Flcchier. Œuvres choisies. Introduction et notes par Henri
Bremond, 220
Chateaubriand. Pages choisies, avec une Introduction, des no-
tices et des notes par Victor Gira.ud •. . . . 220
Chateaubriand. Mémoires d'outre-tcmbe. Pages choisies, a^ec
une Introduction et des notes par Victor Giraud 220
Les Meilleures Pages. Lacordaire. Introduction de Paul Agnius. 65
F*e E.-M. de^Voguc. Pages choisies. Préface de Paul Bourget. 220
La Pensée d'Edouard Rod. Morceaux choisis publiés par J. de
Mettrai Comhremont 49
Jules Lemaitre. Pages choisies, avec une Introduction et
des notes par André du Fresnois 220
Littérature grecque Les Pastorales (Longus); trad. par
P.-l^. Courier. Éciilion critique par Robert Gcschet 461
liittflrature tr.'in^aise L'Équivoque du classicisme ( Ga.s-
ton Sauvehois) 218
Lyrisme, épopée, drame. Une Loi de l'histrire littéraire expM-
quée par l'évolution générale (Ernest Bovet) 114
Lettres sur la poésie. L'Esthétique vivante (.Jean Thogorma). 219
La Poésie à travers les âges. Son rôle dors l'éducation popu-
laire (J.-M. Lentillon) 118
— 561 —
La Connaissance de la nature et du monde au niioyen rage,
d'après quelques écrits français à l'usage des laïcs (Ch-V.
Langloi;^) 116
Les Troubadours cantaliens, xii^-xx» siècles (le duc de la Salle
de Rochemaure) 115
L'Imitation espagnole en France. Les Modèles castillans de
nos grands écrivains français. Étude et analyse (l'abbé G,
Bernard) 117
Fénelon. Études historiques (Eugène Griselle) 118
Voiture et les origines de l'hôtel de Rambouillet (1^97-1636)
(Emile Magne) , 237
Voiture et les années de gloire de l'hôtel de Rambouillet (1635-
1 648) (le même) 237
Le Romantisme en France au xviiie siècle (Daniel Mornet). 430
Les Hommes de lettres au xyiii^ siècle {Maurice Pellisson). 431
Essai sur l'influence de .Laurence Sterne en France au xyiii"
siècle (Francis Brown Barton) 432
Alfred de Vigny, ses amitiés, son rôle littéraire (Ernest Dupuy).
T. II. Le Rôle littéraire , 338
Théodore de Banville (1823-1,S91) (Max Fuchs) 240
L'Alexandrin chez Victor Hugo (Auguste Rochetie) . '.- 153
Charles Guérin )A. de Bersaucourt ) . 50
Louis Mercier (le même) 51
Amédée Prouvost (C. Lecigne) 52
La Vérité psychologique et morale dans le roman de M. Paul
Bourget (F.-J. Lardeur) .- 535
Le Roman de la famille française. Essai sur l'œuvre de M.
Henry Bordeaux (Joseph FercJw.t) 433
Parmi les cyprès et 1 os lauriers (le marquis de Ségur) ...... 526
liittératiiree étrangères. Das Oxforder Buch deutscher
Dichtung vom i- * " bis zum 20*" Jahrhundert, herausge-
^eben von H G. Fiedler .527
L'Évolution morale de Gœthe. Les Années de libre formation,
1749-1794 (H. Loiseau) . . . * 52
Edgar Poe (Emile Lauvrière) 340
Tennvson (Firmin ^Roz) 435
Femme et poète. Élizabeth Browning [M^^^ W Nicaii) ..... 527
Le Roman anglais contemporain (Firmin Roz ) '. . . . 434
Les Cent et une Nuits; traduites de l'arabe par Gaudefroy-
Denuinhynes 236
Histoire des littératures. Littérature américaine (William P.
Trent) ; trad. de Henry-D. Davra.y 243-
Histoire des littératures. Littérature italienne (Henri Hauvptte). 242
Histoire de la littérature italienne (G. Finzi); trad. par M^^
.Tlticrard- Baudrillarl 243
Leopardi et M^e ^e Staël (Sofia Ravasi) 461
Les Contemporains étrangers (Maurice Muret) . - 435
HISTOIRE
«Créographî« et /Voyag«8. La France, géographie ilhistréa
(I^. Jousset). 'i 486
La Blessure mal fermée, notes d'un voyageur en Alsace-Lor-
raine (Georges Ducrorq) 166
De la Montagne au désert, récits d'ascensions et correspon-
dance (Théodore Camus) 245
Foules de Jérusalem et solitudes de Judée (Henri Guerlin). 317
DÉCEMBRE 1912. T. CXXV. 36.
— 562 ^
• Du Khorassan au pays des Backhtiaris. Trois mois de voyage
en Perse (Henry- René d'Allemagne) 437
Au Paradis des Rajahs (André de Fouquières) 323
i Le Tibet révoUé. Vers Népémakô, la terre promise des Tibé-
tains (Jacques Bacot) 323
Croquis de Chine (Jean de la Servière) 324
En Tripolitaine. \'oyage à Ghadamès (Edmond Bernet) .... 317
La Tripolitaine interdite. Ghadamès (Léon Pennnquière) . . 318
Au Maroc; par les camps et par les villes (Gustave Babin). 319
La Société marocaine, études sociales, impressions et souve-
nirs (le D^ Mauran) 32»
Le Maroc physique (Louis Gentil) •. . . . 320
Sur les conlins du Maroc, d'Oujda à Figuig (Louis Rousselet). 495
A travers l'Afrique (le lieutenant- colonel Baratier) 321
Dans notre empire noir (Maurice Rondet- Saint) 322
Le Congo méconnu (Jean Dybowski) 322.
Sous la Croix-du-Sud. Brésil, Argentine, Chili, Bolivie, Para-
guay, Uruguay (le prince Louis d' Orléans- Bragance) .... 325
Histoire ancirniie. Les Secrétaires athéniens (Maurice Bril- v
lant) 246
Isis et les isiaques sous l'empire romain (Joseph Burel) .... 76
A study of the topography and municipal history of Praeneste
(Ralph Van Deman Magoffin) 272
Histoire générale. Les Grands Traités politiques. Recueil
des principaux textes diplomatiques depuis 1815 jusqu'à nos
jours, avec des commentaires et des notes (Pierre Albin). 262
Histoire de l^Kglise. Petite Histoire de l'Église (L. David
et F. Lorette) 368
Les Papes d'Avignon (1305-1378) (G. Mollat) 251
' La Curie et les bénéficiers consistoriaux. étude sur les com-
muns et menus services (1300-1600) (À. Clergeac) 342
Les Églises chrétiennes au matin du xx^ siècle (Eugène Ritter). 268
Histoire ecelésiastique. Histoire .ecclésiastique (Eusèbe).
T. ^■^ livres I-IV; t. II, livres V-VIIL Texte grec et trad.
française par Emile Grapin 341
Histoire des ordres religieux. Essai sur l'ordre des_^
hospitaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem et de son gouverne-
ment civil et militaire à Malte, au commencement du xviii^
siècle, d'après des documents inédits de l'époque (L. Héritte). 346
Histoire du moyen âge. Froissart. Les plus beaux Récits
des Chroniques transcrits pour les lecteurs d'aujourd'hui. 219
Histoire de France. Robert f'' et Raoul de Bourgogne,
rois de France (v»vi)-936) (Ph. Lauer) 55
Clément V et Philippe-le-Bel (Georges Lizerand) 528
Le Journal d'un bourgeois de Paris sous le règne de François I^"^
(1515-1536). Nouvelle édition publiée avec une Introduction
et des notes par V.-L. Bourilly 529
Les Actes de Sully, passés au nom du Roi de 1600 à 1610 par-
devant M« Simon Fournyer, notaire au Châtelet de Paris,
recueillis et publiés par M.-F. Malhvoiie 256
Mémoires du président Hénault. Nouvelle éditicm complétée
^ corrigée et annotée par François Rousseau 442
Études et leçons sur la Révolution française (Alphonse Aulard). 347
Recueil des actes du Comité de salut public avec la Corres-
pondance officielle des représentants en mission et le Regis-
» tre du conseil exécutif provisoire, publié par F.-A. Aulard.
- 563 —
T. XIX et XX (21 décembre 1794-1" nivôse an III —11
mars 1795-21 ventôse an III.) 160
Tragédies et comédies de l'histoire. Récits des temps révolu-
tionnaires, d'après des documents inédits (Ernest Daudet). 352
La Liste des victimes du tribunal révolutionnaire à Paris
(Rnthelot) 272
Les Noyades de Nantes (G. Lenôtre) 259
La Diplomatie de la Gironde Jacques- Pierre Brissot (H. A.
Gœtz-Bernstein) 258
J.-P. Brissot. Correspondance et papiers, précédés d'un Aver-
tissement et d'une notice sur sa vie par Cl. Perroud 258
Correspondance inédite de Napoléon /«"■, conservée aux archives
de la guerre, puuîiée par le lieutenant-colonel Picard, et L
Tueteij. T. 1" 1804-1807 138
La France sous la monarchie constitutionnelle (1814-1848)
( Georges Weill) 532
Louis-Napoléon Bonaparte et le ministère Odilon Barrot, 1849
(André Lebfy) 264
Les Origines de la guerre de 1870. La Candidature Hohenzol-
lern, 1868-1870 (Pierre Lehautcourt) [Général Palat] 354
Gambetta et l'Alsace-Lorraine (Henri Galli) 164
Ce que Je peux dire (Arthur Meyer) 68
Hiiiteire religie«se. Gallia christiana novissima. Histoire des
archevêchés, évêchés et abbayes de France, d'après les do-
cuments authentiques recueillis dans les registres du Vatican
1 et les archives locales par feu le chanoine J.-H. Alhanès,
complétée, annotée et publiée avec une Introduction par le '
chanoine Ulysse Chevalier. T. V. Toulon (évêques, prévôts).. 240
Antiquités de l'Église de Vienne (dénient Durand) (ms. 5662
du fonds latin de la Bibliothèque nationale de Paris, notice '1
bibliographique et historique par le chanoine Ulysse Checaîier.^ 250
Chronologie des archevêques, évêques et abbés de l'ancienne
province ecclésiastique d'Auch et des diocèses de Coadom
et de Lombez (1300-180 H (Tabbé M. Clergeac) 342
Histoire religieuse de la Révolution française (Pierre de la
Gorce) 3 48
Le Clergé de France pendant la Révolution (Vabbé Augustin
Sicard). T. I'^^ L'Effondrement 350
Histoire de l'enseignement. La Lutte scolaire en France
au xix'^ siècle {t. tiuissnn, L. Cahen, A. Dessoye, E: Four-
niére, C. Latreille, R. Lebey, Roger Léçy, Ch. Seignobos, Ch.
Schmidt, J. Tchrrnoff et E. Toutey 35e(
Neutralité et munopole de l'enseignement, suivi de l'état ac- ' '
tuel de l'enseignement du latin (V. Basch, E. Blum, A. Croi-
set, G. Lanson, D. Parvdi, Th. Reinach, F. Lci'y-Wogue et
A. Pichon) 356
li'École primaire en France sous la troisième République (Jo-
■leph Vaujany) 265
L'École primaire contemporaine (1900-1911). Laïcisme et syn-
dicalisme (Jean Maxe) ' . . 266
La Bataille scolaire, les documents, les faits (J. Santo) .... 270
Histoire des institutions, des mœnrs et de la
ciirili««ation. Les Communes françaises à l'époque des
Capétiens directs (Achille Luchaire) 56
L'Ancienne France. Le Roi (Frantz Funck-Brentano) 248
La Société française au temps de Philippe- Auguste (Achille
Luchaire) 156
, . " _ 564 —
État de la maison du roi Louis XIII, de celles de sa mère,
Marie de Médicis; de ses sœurs, Christine, Elisabeth et Hen-
riette de France; de son frèrfi, Gaston d'Orléans; de sa
femme, Anne d'Autriche; de ses fils, le Dauphin Louis XIV
et Philippe d'Orléans, comprenant les années 1601-1665, pu-
blié par Eugène Griselle 343
Histoire de la charité (Léon Lallemand). T. IV. Les Temps
modernes du xvi^ au xix^ -Siècle. Secondé partie. Europe
(suite) K.::'v.^. .:.,:::. 442
La Qensure en 1820. et 1824. Ëtude- Stii' la presse politique
et la résistance libérale (Albert Crémieux) 353
• La Police politique, chronique des temps de la Restauration,
d'après les rapports des agents secrets et des papiers du
Cabinet noir, 1815-1820 (Ernest Daudet) .' . . . .*, . '. . 353
La Vie parisienne SQus le règne de Louis- Philippe (ti^nri d^Al-
mérps) . . . .r . . . . . l .-'. . . . . .' ,. 62
Hifitoire diplamaliqùe et niilitafrc). Le Régiment des
gardes-suissds de i^rance. i^^es buisses en Italie (campagne
de INIarignan (le capitaine de Vallière) 134
f Le Congrès de Rastatt. 11 juin 1798-28 avril 1.789. Correspon-
dance et documents, publiés pour la Société d'histoire con-
temporaine par P. Montarlot et L. Pingaud. T. I^'' 530
Milices et volontiires du Puy-de-Dôme. Étude sur le recrute-
ment de l'armée, 1688-1793 (le com^ Flocon) 135
Au temps des volontaires, 1792, lettres d'un volontaire en
1792, présentées et annotées par G. Noël 135
léna et la campagne de 1806 (Henry Houssayé). Introduc-
tion de Louis Madelin 136
Souvenirs d'un cadet (1812-1823) (Larreguy de Civrîeux) .... 136
La Campagne de 1812. Mémoire du margrave de Bade. Tra-
duction, Introduction et notes d'Arthur Chuquet 136
1812. La Guerre de Russie. Notes et documents (Arthur Chu-
quet,. 1", 2e et 3'' séries 136
Smolensk. Les Origines, l'épopée de Smolensk en 1812, d'après
des documents inédits (le baron de Baye) 136
1814. La Manœuvre de Laon (le capitaine G. Hulot) 137
Waterloo et Sainte- Hélène, notes et souvenirs d'un officier
d'état-major (le lieutenant- colonel Basil Jackson), édité par
R.-C. Seaton et trad. de l'anglais par Em. Brouwet . . 137
Campa^gnes d'Afrique (1830-1910) . Algérie, Tunisie, Maroc (le
capitaine Victor Piquet) , 139
L,a Campagne de 1844 au Maroc. La Bataille d'isly (le capi-
taine Albert Latreille) ... \ 139
1870. Sedan (le lieut^- colonel Ernest Picard) , .. 139
Quarante- trois ans de vie militaire fie général Cuny) ...... .<:. ; 140
Le Maréchal Niel, 1804-1869 (le comt J. de la Tour) ...... . ..^, 1,40.
Feuillets de la vie militaire sous le second Empire (1854-1890)''""" '
(le lieutenant-colonel marquis de la Tour du Pin la Chaece). 'l40
Récits de guerre. Histoire d'une compagnie de zouaves pen-
dant la guerre de 1870 (armée de la Loire et armée de l'Est)
(général Bruneau) 449
La défense de Besançon. Journal d'une ambulancière (1870-
1871) (Isabelle Febvay) 450
■ist«ire monnatique. Chartes de Saint-Maurice de Vienne, .
de l'abbaye de Léoncel et de l'église de Valence, supplé-
ment aux recueils imprimés, publiés par le chanoine Ulysse
Chevalier 250
Cartulaire de l'abbaye de Saint-Sauveur de Villeloin, publié
par Vabbé L.-J. Denis 440
— 565 —
Hist«ii'e proviueiale et locale. L'Hôtel-Dieu de Paris
au xviie et au xviiie siècle (Marcel Fosseyeux) ;'. . . 345
L'Industrie de la boucherie à Paris pendant la Révolution
(Hubert Bourgin) .... , ; /; . .......... 447
Histoire de Normandie (A. Albert-Petit) ,. V- . ;. ^ . . . 155"
Le Mont Saint-Michel inconnu, d'après des documents iii'éditg
(Etienne Dupont) .........."."...........'..'. 72
Le Clergé breton en I8OI5 d'après, les enquêtes préfectorales
de l'an IX et l'an X, conservées aux Archives nationales
(Em.Sevestre) . .,..,, y .... .,.,.., , .,.;, . ,.., , ... . .-■. . . .>.',ir''t64 .
Vers une Bretagne or^aiîisêè'.^ 'Enquête sur lés libertés régio-
nales et la formation d'états provinciaux ea Bretagne (le
comte de Lantivy- Trédion) 462
Anthologies illustrées. Les Provinces françaises. La Bourgogne
(Joseph Calmette et Henri Drouot) 515
Dictionnaire topographique du département de l'Ain, compre-
nant les noms de lieu anciens et modernes (Edouard Phi-
lipon) 244
Anthologies illustrées. Les Provinces françaises. La Touraine,
le Blésois, le Vendômois (Henri Guerlin) 514
La Communauté des notaires de Tours de 1512 à 1791 (Lu-
dovic Langlois) 252
La Révolution à Poitiers et dans la Vienne (le marquis de
Roux) 261
Anthologies illustrées. Les Provinces françaises. L'Auvergne
(Louis Bréhier) 515
La Haute- Auvergne à la fin de l'ancien régime, notes de géo-
graphie économique (Gabriel Esquer) 444
Les Classes rurales en Savoie au xyiii^ siècle (François Ver-
mate) 445
Les Reclus de Toulouse sous la Terreur. Registres officiels
concernant les citoyens emprisonnés comme suspects, publiés
et annotés par le baron R. de Bouglon, 3^ fascicule. Les
Citoyennes recluses dans la ci-devant maison de Saint-
Sernin . ., 162
Les Huguenots «n Comminges. Nouvelle série. Documents
inédits, publiés par Vabbé Jean Lestrade 157
Révolutionnaires et terroristes du département de l'Ariège (P.
de Casteras) 57
Questions «lit joum. La Tradition religieuse et nationale.
Aux Catholiques de droite (Dom Besse) . . .'. 267
La Tradition religieuse et nationale. Le Catholicisme libéral
(le mérite) . '. ..."... 268
Lettres à la Croix. La Maison de servitude ... .... . 369
Lettres à la Croix. Le Christ régnant ........... . , ....... 369
Az Assumptionistâk alkotâsa Parisban( L'Œuvre" des Assomp-
tionnistes à Paris) (le D^ J. W aller) 536
Civisme et catholicisme (E. Julien) 74
Nos Cathédrales (A. Broquelet) ' 176
Pour la rénovation française. Essai sur un programme d'action
patriotique (Maurice Beauchamp) 536
La Marche montante d'une génération (1890-1910) (Joseph
Ageorges) 168
La Crise française. Faits, causes, solutions (André Chéra-
dame) ^ m •• 453
Les Conservateurs et la 111^ République. Notes d'histoire
(Georges Hoog) 75
Politique extérieure (Lucien Hubert) 355
■* ' ' — 566 —
Après le traité franro-allemand. Et maintenant?... Le Dé-
sarmement ou la guerre (U capitaine Pierre Félix) 452
, Europe et la Politique orientale (Î878-1912) (le comte de
'^'Landemont) 273
Histoire étrangère. Historisch-pàdagogischer Literatur-Be-
chrit liber das Jahr 1909 herausgegeben von der Gesell-
scbaft fur deutsche Erziehungs- und Schulgeschichte .... 359
Olivier Cromwell, sa correspondance, ses discours (Thomas
Carlyle); trad. de l'anglais par Edmond Barthélémy. II. Se-
conde Guerre civile et campagne d'Irlande Guerre d'Ecosse. 344
L'Ile de Serk. Un État léodalau xx^ siècle (Louis Sélosse) 54
La Cour de Philippe IV et la décadence de l'Espagne (1621-
1665) (Martin Hume): trad. de l'anglais par J. Condamin
et P. Bonnet 56
La Première Renaissance. FJome au temps de Jules II et de
Léon X (E. Bodocanachi) 485
Histoire de l'Italie depuis 1815 jusqu'au cinquantenaire de
l'Unité italienne (1911) (Féli.r Henneguy) 462
Les Rapports de l'Église et de l'État en Italie (le comte J.
Casali) 369
Corne vive il popolo a Roma. Saggio demografico del quartiere
Testaccio*'^/)owp^ù-o Orano) 454
La Lutte pour la Couronne dans les pays roumains au xvi^
et au xvne siècles (Alexandre A.-C. Stourdza) 535
La Roumanie moderne (Henri Le Pointe) 169
Les Roumains. Histoire, état matériel et intellectuel (A.-T).
Xénopol) 169
Histoire des relations de la Russie avec la Chine sous Pierre
le Grand ( 1 689- 1 730) (Gaston Cahen) 529
Le Livre de comptes de la caravane russe à Pékin en 1727-
1728. Texte, traduction et commentaire par Gaston Cahen. 529
La Russie et le Saint-Siège, étude diplomatique (le P. P.
Pierling). V. Catherine II. Paul I". Alexandre ler 159
Guerre russo- japonaise, 1904-1905. Historique rédigé à l'état-
major général de l'armée russe; trad. publiée sous la direc-
tion de l'état-major de l'armée [française]. Première Période
de la campagne. T. II 141
Maléfices et sortilèges. Procès criminels de l'ancien évêché de
Bâle pour faits de sorcellerie (1 5^19- 1670) (Edouard Diricq). 254
La République américaine (James Bryre). 2*^ éd. française
complétée par l'auteur. T. I 360
Questions américaines (Paul-Théodore Vibert) 176
Biographie fraufaîae. Sébastien Zamet, évêque-duc de W.
Langres, pair de France, 1588-1655. Sa Vie et ses œuvres. ?S|
Les Origines du jansénisme ( Louis- N. Prunel) . . . 254
La Chalotais éducateur (Jules Delvaille) 157
Camille Jordan en Alsace et à Weimar, d'après des documents
inédits ( Bohert Bouhée) 257
Delphine de Sabran, maniuise de Custine (Gaston Maugras et
le comte P. de C roze- Lemercier ) 446
Expilly, premier évêque du Finistère (1790-1794) (J.-M. Pilven) 368
Un Soldat de la première République. L'Amiral Bruevs (Gas-
ton-E. Broche) ". 7S
Madame de Genlis, sa vie intime et politique (1746-1830),
d'après des documents inédits (Jean Harmand) 151
Madame de Génfis et la grande- duchesse Élisa (1811-1813)
(Pau l Marmottan) 152
— 567 —
Un Ami do Fouché, d'après les Mémoires de Gaillard, ancien
oratorien, vice-président du Corps législatif, conseiller en
Cassation (le baron Despatys) 60
Chateaubriand (Jules Lemaître) 44g
L'Expérience religieuse de Chateaubriand (Alexandre Pons). 448
Chateaubriand ambassadeur à Londres (1822). d'après ses dé-
pêches inédites (le comte (V Antioche) 448
Lamartine et la Flandre (Henry Cochin) 239
Lamennais et ses correspondants inconnus (Ad. Roussd) .... 263
Les Grands Catholiques par l'anecdote, le détail *et l'image
(Antoine Albalat) 63
Lacordaire (P. Fr. E.-J.-B. Jansen) . ! 64
Études religieuses, historiques et littéraires. Lacordaire d'après
des documents nouveaux, son œuvre, sa survie et son actualité
(Vahbé L. Pauthe) 64
Lacordaire à Metz, textes nouveaux avec commentaires publiés
par Julien Favre 65
La Jeunesse de Paul- Louis Courier. Étude anecdotique et cri-
tique sur sa vie et ses œuvres, de 1772 à 1812, d après des
documents inédits (Rob(H Gaschet) 59
Alfred de Vigny. Contribution à sa biographie intellectuelle
(F.Baldensperger) . 163
Frédéric Ozanam (Mgr Al'red Baudrillart) 449
Frédéric Ozanam, d'après sa correspondance (Mgr Baunard). 449
Trois Éducateurs alsaciens (Maurice Bloch) .264
Vie de Mgr d'Hulst (Mgr Aljred Baudrillart) T. I 69
Lin Prince contemporain. Ferdinand- Philippe d'Orléans, duc
d'Alençon ( Y. d'isné > 167
Figures de femmes. Madame la duchesse d'Alençon intime
(Marie Gouraud d'Ablancourt) 167
La Détresse dans la tourmente. Tribulations d'un lutteur
(J. Santo) 77
Biographie étrangère Le Général de Clausewitz, sa vie,
sa meorie de la guerre d'après des documents inédits (P.
Roaues) 138
Ma Vie (LS13-1850) (Richard Wagner); trad. de N. V.dentin
et A . Schenk 66
La Jeunesse de Shelley (A. K szul) 61
« Praeterita ». Souvenirs de jeunesse (John Ruskin); trad. de
Mme Caston Paris , 67
Newman catholique, d'après des documents nouveaux (Paul
Thursau-Dangin) 361
Vers la Maison de lumière, histoire d'une conversion (B. Ans-
tice Baker) ; trad. de l'anglais par un Père bénédictin de So-
lesmes 362
Balmes politico (M. Arholeya MarVnez) ......'. 74
Pétri cardinali.? Pàzmàny ecclesiae Strigoniensis archiepiscopi
et regiii Hungariae primatis Eoistolae collectae recensionem
Francisco Hanuy. T. II ( 1629-1637) 441
Vie de Tolstoï (Romain Rolland) 363
Areliéologie . Paléographie The Celtic Inscriptions o£
Gaul. Additions and corrections (John Rhys) 169
Paleografia greca e latina (E. M. Thompson). Trad- dall'in-
glese con aggiunte e note di Giuseppe Fumagalli 171
Le Note tironaine (Giuseppe Perugi) 17
Unsere Schrift, drei Abhandlungen zur Einfuhrung in die
Geschichte der Schriftund des B-'achàxMO.^s (Dr. K irl Brandi) 172
Die deutsches .Schrift und das Ausland, Augenârzte und Schrift- ,
frage ( Gustav Ruprecht) 173
— 568 — •
Doulsohe Sohriîttafeln des IX. Ms XVI, Jahrhunderte, aus
Ilandschrifton der k. Hof- und StaatsbibliotliPk in Mtinchen,
heraiisgegeben von Erich Fetzel und Otto Glauning. II. Ab-
teilung. Mittelhocbdeutsçhe Schrifldenkmal<?r des XI bis XIV.
Jahrluinderts , .^ d.'.- ■
269
.\Hnii6niati(|ue. r.e que racontent 'ïnônTiaiQS- et médailles yî/eé/rt^
D. Bcndcrly ............ ■ 367
Bîbliogi'afiliie. ("atalo^^ue des incunables" :de la' bibliothèque
publique d'Autun (Ch:.' Boë'Vd %i . GiÏÏot) ....".,;.... ^55
T;ibulae fontium traditioiiis chrîstianae (ad^'annum 1563)/quas
in usum scholamm collegit D^ Ph!l. J: Creusen 5.^4
Répertoire bibliographique pour la période dite « réyolution-
naire » 1789-1891, en 'Seine- Inférieure ' ^/'aftié Victor San-
son): T. II. Rouen, le Havre, t. III, les Communes 364
: '• Bibliographie verlainienné, contribution critique à l'étude des
, ■ littératures étrangères et comparées, ( Georges- A. Toumoux). 456
Guide de lecture, répertoire bio-bibliographique. Catalogue de
i la Bibliothèque choisie 533
International Catalogue of scientific Literature. ISinth annua:!
Issue, J. Geography 326
< Library of Con,gress. Select list of références on wool with spé-
cial référence to the tarifï (Henfiann Henry Bernard Meyer). 36
^ Library of Congress. Select list of références on boycotts and
injunctions in labor disputes (Hermatm Henry Bernard Mcyer 36
TABLE ALPHABÉTIQUE
DES NOMS D'AUTEURS
Abbas (Paul) 17
Ablancourt (]\IarieGouRAUD
n') 167
AcKER (Paul) 8
Acloque (A.) 497
Adler (GuidoD^) 314,413
Affre (Marie) 420
Ageorges (.loseph; 168
Agnius (Paul) '65
AiRAUDi (abbé Joseph) 393'
Alamelle [W] 534
Alanic (Mathilde) 24, 41ti
Albalat (Antoine) 63
Albanès (le chanoine .I.-H.).. 249
Albert-Petit (A.) '. . 155
Albin (Pierre) 262
Alençon (le P. Ubald d').. 209
ALEssANDRi(le vicomtc Pierre) 124
Allemagne (Henry-René d'). 437
Alméras (Henri d') 62
Alveydre (Saint-Yves d').. 335
Ambrosio (Manlio Andréa d'). 36
Amicus ' 459
ANDRiEux(Louis) 327
Anizan (Félix) , . . ,108
Antioche (le comte d') ... ! 448
Arbaumont (M.-C. Belgrand .
d') |.. .r. : '296
Ardoùin-Dumazet 31
ARRHiÉNiusISvante) 403
Al s( Jacques d') 422.
Art (Georges) ill
Arvers (Louis d') ..'......'. . 25
Aubert (Marcel) .'/. 515
Augustin-Thierry (Gilbert) 291
AuLARD (F.-A.^ 160.347
AvANcouRT (la comtesse Jean
D'i 132
Avelot (H.) 507'; 508 •
Aynard (Joseph) 516
Babin (Gustave) 319
Bacot (Jacques) ". . . 32$,
Bade (le margrave de'i .... 136
Badet (le p.): 21b
BAINVELfJ.-V.) 227:
Baker (B. Anstice) 362
Baldensperger (F.) 163
— 569 —
Baratier (le lieutt-col*i) .... 321
Baraude 'Henri) .....!. J/: 18
Barguno (el R. M£^nuei)v. •.".'■. 215
Barracand (Léon) ...'.... 419
Barthélémy (Edmond) .... 344
Barton (Francis 3ro\vin). ....' 432
Basch(V.) 356
Batiffoi/ (P.) , 20.5, 328
Baudrillart (Mer Alfred) ■69,449
Baudrillart (André). ' ^M
Bauer (Arthur) . .' . . ':'!'. . .'.'VV 3,92\
Bauer (Wilhelm) '.'Tî ■ ' :26
BiuMKER mr. Wilhelm).^. .:'.^ 304 '
Bauaerd (Mgr) .'. . . ; " 449 ,
Baye (le baron de) .;''. .'."'; 13'6,'
Baye (la baronne de)' . . .'. .'1^2
Beauchamp (Maurice) ...... 536
BÉLET (Mgr) 104
Belgrand d'Arbaumont (M.-
C.) 296
Bellaiguf (Camille).... 307, 406
Bellet (Daniel) 32, 496
Beleot (Etienne) 228
Benderly (Jean-D.l 367
Bénédite (Léonce) .... 519, 523
Benoist-Hanappier (L.) . . . . 393
Benson (Robert Hugh) 299
Bernard (l'abbé G.) 117
Bernardin de Saint^Pierre. 494
Bernet (Edmond) 317
Bérot-Berger (Mi"e) 427
Bersaucourt (A. de) . . 50, 51
Berteval (W.) 225
Bertha (Madeleine) 107
Berthé (L.) 43
Besançon (Georges) 338
Besse (Dom^ 267, 268
BlENSTOCK (J.-W.). 28
BiLLAUD (pierre) 416
Blanc (Yves) 20
Blech (Aimée) 24
Bloc H (Maurice) 264
Blondel(A.)- 399
Bliim (E.) 356
BoBLL (Ch.) 455
Bois(D.) 4B
BoLL (Marcel) 400
BoLo (Mgr Henry) 459
BoNiLLA (le P. Jean de) 209
Bonnet (P.) 56
BoNZON (Jacques) 424
Bordeaux (Henry) 290
BoRDiER (Henry)."^. 293
Bory de Saint- Vincent. .. . 352
BoscHOT (Adolphe) 49
BossuET ... 219
BoTREL (Théodore) 124
BouBÉE (Robert) 257
BoucARD (Louis) 101
Bouchendhomme(E.) 217
Bouclé (C.) 4 2
BoiJGLON (baron R. de) .... 162
Boulay (le P. y- .'. . 111
Bourbon (le D'' Henri) ..'..^389
BOURDALOUE ..'.'9^' Û20
BOURÛEAU. (J.) ui,-. .-. l .';4?îl.•ÏN^««'■•
B0URGET(PauI) 220, 289 V
Bourgin (Georges},. <...,. ..,,^.«..^ ^\«x'
BbuRGiN (Huber() ./r v^^^i ■12ÔvH7.<,
BOURRILLY (.V.-L;^.'.l* !.,,vf^,f,,,j ;52|à.i
Bousquet ^.u. .',V.j^,,.j,,.'.".,'f.V- ;.^;:'V-8
B'OUTARIC (As).. . :\'.".".', . .'. ,' .'.'-'.401
Bqutaui.t (A.) . 336
/Bouvier (Pierre) ,,.,.. 270
BotjYSSY (Sayinieny . ,,,,, .... -30 ;
BpvET (Ernest) . ....^,.1 ... . 114
Boy AVAL (Paul) 33
BoYSsoN (A. de) 205
Bradi (Lorenzi de) 518
Bramberger (Johann Dr).. 413
Brandi (Dr. Karl) 172
Bréhier (Emile) 395
Bréhier (Louis) 515
Brem (Adolphe de) 415
Bremond (Henri) 220
Brenet (Michel) 311. 411
Bricout (J.) 147, 328
Brillant (Maurice) 246, 518
Brissot (J!-P.) 258
Brizeux (Auguste) 131
Broche (Gaston-E.) 273
Brome wsKi t 402
Broquelet (A.) 176
Bros 328
BrOUSSOLLe (J.-C.) 110
Brouwet (Em.) 137
Brucker (E.^ 233
Bruneau (le général) 450
Brunot (Ferdinand) 118
Brunschv^^icg (Léon) 386
Bruyère (André) 417
Bryce 'James) 360
BuREL (Joseph) 76
Buisson (F.) 358
BuxY (B. de) 417
BuzY {le P. D.) 201
Cabanach (José) 74
Cagnac (Moïse) 219
Cahen (L.) 358
Cahen (Gaston) 529
Calippe (l'abbé Charles) 45
Calmette (J'oseph) 515
Calvet (J.) 299
Calvocoressi (M.-D.) : *308
Camman (P.) 404
Camus (Théodore) 245
Capart 328
Capus (G.) 46
Carlyle (Thomas) 344
— 570 —
Caronnet (Th.) 404
Carra de Vaux 328
Carwald (Jean) 421
Casali /le comte J.) 369
Cassot (Cécile) 224
Casteras (P. de) 57
Castex (le lieutenant de vais-
seau) 337
Cathlin (Léon^ 14
Caudel (Maurice^ . 231
CAZI^' (Paul) 300
Chabot (l'abbé) 107
Chantal (Marc José de).. 124
Chantavoine (Jean*. 310, 312,411
Ch A RB IN (Alexandre] 33
Chardon (l'abbé G.) 215
Charruau (Jean) 415
Chateaubriand 220
Chateaubriant (Alphonse de) 290
Châtelain (U.-V.) 223
Chénin (Emile) 218
Chéradame (André) 453
Cherfils (Cliristian) 38
Chéron de la Bruyère
'M-ne) 510
Chevalier (le chanoine Uhsse)
' 249, 250
Chollet (Louis) 507
Choupin (Frédéric) 19
Chuquet (Arthur) 136
CivRiEux (Larreguy de) .. 136
Clément(A.-L.) 366
Clément (Marguerite) 494
Clergeac (l'abbé A.) 342
Clérice 508
Cochin (Henry) 239
Colomb (Félix) 125
CoMBARiEu (Jules) 412
Condamin (J.) 56
CoNVERT (l'abbé H.) 215
CoppiN (le P. J.) 211
CORDIER 328
Cossé-Brissac (Pierre de).. 121
CossERET (Paul) ; 222
Costel (Paul) 122
CouPiN ' Henri) 336
Courier (P.-L.) 461
Cournot (A.) 149
CouRONNEAu (Pierrei 508
CoussANGE (Jacques deI .... 395
Crémieux (Albert» 353
Creusen (D'' Phil. J.) 534
Croiset (Alfred) ...120, 356
Crouzet (Paul) 120
Croze-Lemercier (le comte
P- de) 446
CuNY (général) 140
CuRwooD (James Olivier) . . 300
Dacre (Fernand) 18
Dadolle (Mgr) 214
Dandelot (A.) 312
Dante 496
Darboux (Gaston) 405
Dard (l'abbé A.) 213
Daudet (Ernest). . . 352, 353, 492
Dauzat (Albert) 113
David (L.) 368
Davot (l'abbé) 102
Davray (Henry-D.) 243
Debuchy (le P. Paul) 208
Deherme (Georges) 37
Delacroix (l'abbé Jean)
Deledda (Grazial . .
458
26
Delly (M.] 420
Delmont (F.) 418
Delvaille (Jules) 157
Demore (l'abbé François) .. 105
Dknis (abbé J.-L.) .'.■ 440
Dequin (l'abbé Th.) 102,105
Deroxe (Myriam) 298
Deroyre (Paul) 422
Desbruyères (Marie) 133
Descombes (Louis) 421
Despatys (le baron) 60
Desroches (M.) 417
Dessoye (A.) 358
Devine 'le R. P. Arthur) .. 227
Dhorme 328
Dickens (Charles) 487
Dietrich (Auguste) 395
DiRicQ (Edouard) 254
DissARD (Paul) 519
Dmitriev (Mïne V.) 28
Dodeman (Ch.) 489
Dorchain (Auguste) 131
Doyle (Arthur Conan) .... 26
Drews (Arthur) 198
Drexelius (le R. P.) 104
Dromart (Marie-Louise) .... 133
Drouilly (M.) 42
Drouot ( Henri) 515
Drude (Paul) 400
DuBRocA (Maxime) .. 296
Duc (Lucien) 122
DuCROCQ (Georges) 166
OUGARD (M.) 229
Dumont (F.) 295
DuMONT (R.) 175, 271
DuPLESSY jl'abbé E.) 100
Dupont (Etienne) 72, 175
Dupont (Paul) 421
DuPouY (Auguste) 494
DupRÉ (D'^ Ernest) 409
Dupuis (le com* V.) 144
DuPUY (Ernest) 338
Durand( Clément) 250
Durand (Yvonne) 25, 297
Durkhein (Emile) 393
Dussauze (Henri) 394
— 571 —
Dybowski (Jean) ........... 322
Edhor 'J.) , 509
Edwards (Émilel 19
Emerson (R. W.) 229
Emmanuel (Maurice) ; 407
Encausse (D'' g.) :. 390
Ernouf-Bignon ... . 32
Esquer (Gabriel) 444
Eudes (le B. Jean) : . . 111
EUSÈBE 341
Exupère (le p.) 209
ElJKMAN (P.-H.) 271
Fabulet (Louis) 25
Faix (E.-J.) , 493
Faure (A.) 400
Faure. (Abel) • 218, 460
Favre (Julien) 65
Febvay f Isabelle) 450
Febvre (l'abbé S.) 112
Félix (Pierre) 143, 452
FÉNELON 219
Ferarès (S.) 196, 197
Ferchat (Joseph^ 433
Fiedler (H. g.) 527
FiNZi (G.) 243
Fischer (Max) 198
FisHER (Irwinî?) 30
FisQUET (Louise) 298
Fléchier 220
Flocon (le comM 135
FoNs (Pierre) 294
Forbin(V.) ' 300
FossEYEux (Marcel) 345
Fougères (Gustave) 517
FouQuiÈREs (André de).... 323
FOURNIÈRE (E.) 358
Fourreau (Armand) 513
Francke (H.) 198
Fresnois (André du) 220
Fric (R.) 400
Frœlich (Lorentz) 507
Froissart 219
FucHS (Max) 119, 240
FuLLERTON ( Ladv G.) 416
Fumagalli (Giuseppe) 171
Funck-Brentano (Frantz) 248, 502
Gabert (Abel-L.) 304
Gaffre (L.-A.) 103
Gallavresi 'Giuseppe) 340
Galli (Henri) 164
Gamber (l'abbé Stanislas) . . 200
Gandilhon (Alfred) 516
Gaschet (Robert) 59, 461
Gasté (Camille) 507, 508
Gastine (Louis) 19
Gatterer (Michel) 105
Gaudé (le P. Leonardi) .... 43
Gaudefroy-Demonbynes 236
GAUTHIER-VlLLARS(Henr}').... 309
Gauthiez (Pierre) 11
Gautier (Judith) 490
Gay (Jules) 74
Gay(M.) 491
Gazagnol (G.) . . 390
Geikie (James) 48
Gellé (l'abbé) 112
Gentil (Louis) 320
Geoffroy (J.) . . ., 506
Gerfeuil (Jules de) 420
Germain (José) 421, 422
Gibergues (Mgr de) 110
GiLLOT (A.) ... 455
GiNisTY (Paul) 18
GiRALDON (Hortense) 510
Girard (Pierre) 402
GiRAUD (Victor) 220
Glauning (Otto) 269
Gœtz-Bernstein (H.-A.) .. 258
GOINDAL (J.-L.) 220
GoTZEN (Joseph) 304
GouRAUD d'Ablancourt
(Marie) 167
GouRDON (pierre) 23
Granotier (Paul) 125
Grapin (Emile) 341
Grignion de Montfort (le
bienheureux Louis-Marie) . . 214
Grignon (A.) 404
Griselle (Eugène). . 118, 220, 343
Gros (Léopold) 296
Guéguen (Fernand) 76
GuERLiN (Henri). 317, 419, 514, 515
GUIBAUD (O.) 16
Guillonnet(0.-D.-V.) 502
GuiLLoux (Eugène) 125
GuiRAUD (le chanoine J.) .. 99
Gury-Ferreres (le P.) 173
GuYDO 507
Habert 328
Halflants (l'abbé Paul). 98, 219
Hallays (André) 516
Hameau (L.) 422
Hammar (T.) 26
Hanuy (Francisco) .... 4'il, 525
Hardy (Georges) 516
Harmand (Jean) 151
Harmel (Françoise)' 426
Hauvette (Henri) 242, 521
Heer ( Joseph-Michael) 197
Heiberg ^(J.l..) 404
Heintz (Emile) 410
Hekler (Antoine).. 484
HÉLYs (Marc) 26
HÉMON (Martial) 13
Hénault (le président) .... 442
Henneguy (Félix) 462
Héritte (L.) 346
Hebmite (Charles) 403
— 572 —
HiLGERS (Joseph) 109
HiRST (Francis W.) 331
HôFFDiNG (Harald.) ........ 395
HoLLMA^^' (G.) ■; . . .V. . . . 198
HooG (Georges) ......" . .'. . . . 7S
Hqussaye (Fr*édéric) . . /. 33^
HoussAYE (Henry) .' 136
Hubert (Lucien) .........".' 355
Hlgon Ile R. -^P: -Edouard) . 173
HuLOT (capitaihe G.) ;...,. 137
HuLST (M. d') ......'.■..... 44
Hume (Martin) . . . .-. .'..'. . . . 56
Hurter (H.1 .'.!.. 422
Imbbrt (Jules) 223
Indy (Vincent d') 306
IsNÉ (Y. d') 167
Jablonski (Pierre-Charles) . . 125
Jackson (le lieutenant-colonel
Basil) 137
Jacquet (René) 125
Jacquin (J.) 489; 504
JaEll (Marie) 409
Jansen (P. Fr. E.-J.-B.).... 64
Janvier (le R. P.) 101
Jary (M.) 109
Jaubert (ë.) 28
Jean (Albert) 126
Jeanbet (Charles) 296
Jeannin (Dom J.) 222
JOLIBOIS ; . 402
Joran (Théodore) 119
JoRDic 505, 506
JoussAiN (André) 385
Jousset (P.) 486
Jouve (Pierre-Jean) 123
JouviN (B.) 426
Julien (E.) 74
Kann (Réginald) 142
Kappstein (Tb.) 198
Kautskt ( Karl) 41
Keckler (Antoine) 484
Kempis (V. Thomas de).... 213
Kipling (Rudyard) 26
KoszuL (A.) . ! 61
Krus (Franz) 105
Labauche (L.) 423
Labourt (J.) 205, 328
La Brète (Jean de) 22
Labruande (Victor) 497
La Bruyère ,. 494
La Bruyère ['M.^^ Chéron
de 510
Lacabe-Plasteig (M.) ' 120
Lacaze-Duthiers (Gérard de). 526
Lacome (P) 315
Lacordaire 65
Lacour (Paul) 297
Ladurelle (Paul) 126
La Fuye (Maurice de) .... 297
Lagerlôf iSelma) 26
La.Gobardière < Jean de). 507, 508
La Gorce (Pierre de) .... 348
La Guichardière (Henri de) 123
La Laurencie (L. de) .... 411
Lallemand (Léon) 442
Laloy (L.) •:■ 411
La Motte-Fouqué (de) .... 488
Lamouliatte 'abbé Sauveur). 460
Landemont (le comte de).. 273
Landormy (Paul) 303
La Nézière (R. de) 508
Langlois (Ch.-V.) 116
Langlois (Ludovic) ........ 252
Lanoé (Georges) 174
Lanson (.Gustave) 120,356
Lantivy-Trédion (le comte
de) 462
La Paquerie (J.-L. de) .". 328
Lapparent (A. de) 429
Lardeur (F.-J.^ . 535
J^arreguy de Civrieux.... 136
La Salle de Rochemaure
(le duc de) 115
La Servière (Jean de).... 324
Lasteyrie (R. de) 512
Latour (François) 34
Latour (Marius) 388
La Tour (com* J. de) .... 140
La Tour du Pin la Charge
(le lieut.-colei marquis de). 140
Latreille (le ca|.n8 Albert)... 139
Latreille (C.) .. 358
Lauer fPh.) ■. .. . 55
Launay (J. de) 509
Laurie (André) 488
Lauvrière (Emile) 340
Lauzun (Philippe^ 352
La Vallée Poussin (de).... 328
Lebey (André) 264'
Lebey (R ) 358
Le Bras '.Auguste! . . . . .\ /. . 492
Le Camus (l'abbé Henri) ..'..' 103
1;E Cardonnel (L'tuis) .... 127
Lecigne [V..) 02
Leclerc I Eugène) 422
Lecornu lie r. p.) 111
Le Dantec (Félix) 387
Leday (J.) 75, 366
Ledieu (l'abbé A.) 102
Legay (Marcel) 509
Lehautcourt (Pierre) [géné-
ral Palat] 354
Lejeune (le P.) 209
Lelièvre (l'abbé Pierre) .... 106
Lemaitre (Jules) 220,448
Lemoine (Paul) 48
Lenéru (Marie) 224
Lenfant (l'abbé L.)... 210, 211
Lenotre(G) 259
~ 573 —
Lentillon (J.-M.) 118
LÉON-RlMBAULT 107
Lk Pointe (Henri) 169
Lerouard 507
Le Roy (Edouard) 397
Le Roy (Georges). . . . • 221
Leroy (le P. Hippolyte) 200
Lestrade (l'abbé Jean) ...'. 157
Lesueur (Daniel] . j ..';... ..' 20'
Lesueur (D"^ .frédério),'.'. ... 517
LÉVY (Roger)................ 358
Lévy-Wogue (F.) 356 '
LïNTELO (le P., J.) '. . ,.'.v.-j- '216'
LiPMAN (Armand) i.;.-. .! 198 '
Lipsius (Fr.) .: A' 198 '
Lisle (Henri de) i. .'...'• '126 ■
Liszt (Fr.) ,.'. . . ^412 i
Lizerand (Georges '...j. . . . 528
LoDGE (Olivier) . . . .vt.îi.i .-, . 389
LoisEAu (H.) 52
LONGUS 461
Lorette (P.) 368
LoRiA (Achille) 31
Loyola (saint Ignace de).. 208
Loyola (la Vénérée Mère Ma-
rie) 107
Luchaire (Achille) .... 56, 156
Madelin (Louis) 136
Madsen (J.) 491
Maêl (Pierre) 419, 493
Magne (Emile) 237
Maillet (l'abbé C) 227
Maindron (Maurice) 487
Malherbe (Charles) 308
Mallevoue (M. -F. de) .... 256
Mal o (Charles) 147
Mamet (Emile) 128
Mandin (Louis) ;■- 128
Maquet (Charles) ; . 120
Margueritte (Victor) 148
Maricourt (André de) .... 415
Marie ( Charles) . . 129
Marignan (Albert) 513
Marmottan (Paul) '152
Marshall (Emma^ ., -420
Martin (Félix) ...... .>. '392
Martinez (M. Arboleva) . . . .■ 74
Maryllis (Paul) ...\... ... 366
Mascaron 220
Massacré (comtesse de).... 25
Maugras 'Gaston) 446
Mauran 'le D') 320
Maurel (André) 518
Maurelly (Paul de) .. 421, 422
Mauîienbrecher (Max) .... 198
Maxe (Jean) '. 266
Maxwell (W. D.) 25
May (Karl) 420
Mercier (Gaston)l 297
Méric (Mgr Elle) 104
Merrick (Léonard) 418
Mestral Combremont(J. de) 49
Meyer (Arthur) .' 68
Meyer (Hermann-Henrv-Ber-
îiard) ;. .. . . 36
Michel (André)..,..,].,...., 519
Migeon ( Gaston) ... i: . /.>i.ij.- . 519
Mljjucius Félix .... t'y'iUj::;. r-i-S?
MqcQuiLLON (l'abbé H.); ;..) , .-..^-425
MpLLAT (G. ) i . ......:26Ï •
Montarlot (P. ) . . .,..j_, .„,,[. . •. , -SQDw
MoIntenach (Georges dIe). ;. (14601;
Montesquioi' (Robert, de). i. ' o ll'6•-
MpNNET (Camille) ,. '. i . . ; ■ 81'
Montfort (le bienheureux!
Louis-Marie Grignion iDe) 214
Montier (Edward) ..,,.., ...^ ... ;..,?26
Morael (Georges) V'.'.';-./ "337
MoRDACQ (le com*) ....■.,,. .v',, 144
More AU ( Hégésippe) ...:.... ;' 508
MoREiRA de Sa (B. V.)...'.' 410
Morel (Jacques) 416
MoRiN (Marguerite) 496
Mornet (Daniel) 232, 430
MoRo ( Henri) 292
MoRRisoN (Arthur) 25, 300
Muller (E.) ■ 506
Muret (Maurice) '. 435
Murger (Henry) 18
Napoléon I^r 138
Natali (J.-B.) 12
Nathan (D'' Marcel) 409
Nau (F.) 206
Nesmy (Jean) 18
NicATi (Mine -^i 527
Nieremberg (le P. Juan Eu-
sebio) 213
NiN (Joachim) 407
Noël (G.) 135
NoRTAL (Albert) 316
NoTHOMB (Pierre) 129
NouET (Noël) 122
;NuNEZ MiLLÔN (F.) 505
.Nyland (Theodoric Pétri of) 305
Olivier (Maryo) 17
O'NoLL (Florence) 420
Oppé (A.-P.) 486
Orano (Domenico) 454
Orléans-Bragance (le prince
Louis d') 325
Ors ATTi (Charles) 129
Ossip-LouRRiÉ 388
OUALID (W.) 331
OUTCAULT (R.-F.) .^.04
Palat (général) [Pierre Le-
hautcourt] 354
Papu^ 390
— 574 —
Paris (M"'^ Gaston) 67
Parisot (F.) 175
Parmentier (A.) 366
PAnoDl(D) 356
PAUTHElPabbé L.) 64
Pavie (Victor) 9
Paysant (Achille) 130
PizMiNY (cardinal Pierre) .. 441
PÉLADAN 459
Pellisson (Maurice) 431
PEiA (le P.. Francisco) 173
PÉROT (Francis) 234
Perrault (P.) 498
Perroud(C1J 258
Perugi (Giuseppe) 172
Pervinquière (Léon) 318
Petzet (Erich) • • 269
Philipon (Edouard) 244
Picard (Emile) 403
PicARD(lieut.-col.Ernost) 138, 139
PICHO^(A.) 356
PiCHON (Alfred) 521
PiCHON (René) ■ 494
Pie (le cardinal) 98
PiÉRARD (l'abbé J.-A.) 302
Pierling (le R. P.) 159
PiGOT (Charles) 312
PiLLioN (Louise) 521
Pillon(M.) 398
PiLVEN (J.-M.) 368
PlNCHON 508
PiNGAUD (L.) 5?0
Piquet (capitaine Victor) .. 139
Planté (Louis) 297
Poirier (Jules) 142
Poiteau (Emile) 297
PoMAiROLS (Charles de) .... 6
PoMEYS (René des) 19
PoN's (Alexandre) 448
PoNsoN (M""^ M.) 230
Portugal José de Jésus).. 108
Potier (A.) 399
•Poujoulat (Jean) 492
PouLPiQUET (E.-A. de) 365, 524
Prat (F.) 203
Prax (Mario) 224
Prettre (J.) .- 120
Prod'homme (J.-G.) 312
Prunel (Louis-N.) 254
PuLLY (Henri de) 73
QuÉVASTRE (E.-M.) 423
Rabier (Benjamin) 504
Rainaldy (Henri) 18
Rameau (Jean) 295
Ramette (Alcide) 123
Rathelot 272
Ravasi fSofia) 461
Raynaud (Ernest) 225
Record (Fr.) 457
Reggio (Albert) ,. 3.32
Regn'aud (Marguerite) ...... 299
Reinach (Th.) 356
■Reinach (SalomonI 518
Rémon (Maurice) 26
Renard (le p. Charles) 216
Rengade 402
Repington (le colonel) 142
Reymond (Marcel) ..... 521, 522
Reymont (L.adislas-Stanislas) 300
Rhys (John) 169
RiCKABY (le R. p.) 109
RiDEO (C.) 369
Ridgway (Robert) 334
RiGNY (Berthem de) 298
RiPERT (Emile) 130
RiTTER (Eugène) 268
Rivet ( Fernand) 19
Robert-Dumas (Charles) .. 489
RoBiDA (A.) 496
RoBiQUET (Jacques) 522
RocHAY ( J. de) 420
ROCHEMAURE (le duC DE LA
Salle de) 115
RocHETTE (Auguste) 153
RoD (Edouard) 49
RODOCANACHI (E.) 485
RoDRiGUEZ (P. Teodoro) ... 38
RoGNiAT (Marcel) 225
Rolland (Romain) 363
Rondet-Saint (Maurice) .... 322
Roques (P.) 138, 396
Rosal-Berry 421
RouDiÉ (Emile) 223
Roumanille (Joseph) 19
RouPAiN 'E.) 228
RoussEAu(François) 442
Roussel (Ad.) 263
Roussel-Despierres (Fr.) . . 42
RoussELET (Louis) 495
Roux (le marquis de) .... 261
Roz (Firmin) 434,''435
RuDLER (Gustave) 120
Ruffin( Alfred) 131
RuPRECHT (Gustav) 173
RusKiN (John) 67
Sagredo (M. de) 215
Saint-Cyr (Charles de) .... 122
Saint-Germain (Addy de) . . 25
Saint-Jean (l'abbé de) 102
Saint-Pierre (Bernardinde)J^ 494
Saint-Quay (Pierre) 211
Saint- Vincent (Bory de).. 352
Saint-Yves d'Alveydre ... 335
Sainte-Foix (G. de) 313
Salles (Robert) 505
Sanson (l'abbé Victor) 364
Santo (J.) 77, 270
Santos Gonzalez (C.) 504
— 575
Saulze (J.-B.) 397
Saunier (Charles! 523
Sauvé (Charles) 106
Sauvebois (Gaston) 212
Savine (Albert) . . 25, 26. 300, 429
Savitch (G.) . 28
SoHEiL (le P.) 193
SCHENK (A.) . 66
ScHMiD (le chanoine) 490
SCHM!DT(Ch.) 358
Schneider (Wilhelm) 390
ScHNiTZLER (Arthur) 26
ScHOPENHAuER (Arthur) .... 35
Seaton (R. C.) 19
Segarra (Estanislao )....,. . 35
Segré (Adrien) 19
SÉGUR (le marquis de) .... 526
Seignobos (Ch.) 358
Seillière (Ernest) 397
Sélosse (Louis) 54
Servières (Georges) 810
Sevestue (Em.) 161
SÉviGNÉ (Mme de) 494
Sforza (Giovanni) 340
Sicard (l'abbé Augustin) . . 350
Siguier (J.) 44
SïLVE (Claude) 298
Silver (Marcel) 124
Simon (Dom Jules) 315
SoDEN (H. von) 198
SoNNECK (Oscar George Théo-
dore) 413
SoRB (le cap «e) 145
SouARN (le R. P. Romuald). . 327
Seul ANGE-BoDiN(le clianoinc) 507
SouLiÉ (Georges) 408
Stahl(P.-J.) 506
STEAG(Milka) 508
Stein (Henri) 514
Stenger (Gilbert) 15
STEUDEL(Fr.) 198
Stieglich 'Rudolf) 302
Stockton (Frank) 35
Stourdza ( Alexandre- A.-C). . 535
Stummer (Friedrich) 194
Sully 256
Tannery (Jules) 405
Tannery (Paul) 404
Tanquerey (A.) 423
Tchernoff (J.) 358
Terraillon (Eugène) . . 391, 395
Terrasse (l'abbé E.i 458
Testevuide (Jean) 508
Thédenat (Henryl 124
THIÉRARD-BAUDRILLART(M"*e) 243
Thogorma (Jean) 219
Thompson (E.-M.) 171
Thompson (G.-H.) 504
Thomson (J. J.) 400
Thureau-Dangin (Paul) . . . . 36
Thurston (le p.) 10
TiERSOT (Julien) 309
TissiER (abbé Joseph) 427
Tolstoï (le comte Léon).... 28
ToucHET (Mgr) 98
Toulouse (le D") 333
TolBiNAYRE (Louis) 509
TouRNOux (Georges-A.) .... 456
Toutey (E.) 358
TouzARD 328
Tranchant (Louis) 367,
Trent (William P.) 243
Troufleau (Ch.) 131
Truc (Gonzague) 18
Tuetey (L ) 138
Tyrrell (le P. G.) 226
Ubald d'Alençon (le P.).. 209
Ulmès iTony d') 506
Vacandard (M.) 147, 328
Valentin (N.) 66
Valliére (capitaine de) .... 134
Van Aerde (Raymond) 411
Van Bruyssel (Ernest) 271
Van Deman MAGOFFiN(Ralph). 272
Van den Heede (Ad.) .... 428
Vandepitte (l'abbé D.-H.).. 213
Vanderpol (A.) 39
Vandeur (D. Eugène) .... 457
Vaudon (l'abbé Jean) 110
Vaujany (Joseph) 265
Vaumouret (Louis de) .... 509'
Vaux (Carra de) 328
VEBER(Jean)"' 504
Vecchio (Georgio del) 40
Venard 328
Verd (Marins) 421
Verdun (l'abbé H.) 99
Verdunoy (l'abbé J.) 212
Vergne (Marie) 507, 508
Vermale (François) 445
Vibert (Paul-Théodore) 176
Vieille (Victor) .« 103
ViLLARD (Georges) 420
Villemagne (Alix de) 25
Vincent (l'abbé Cl.) 119
VisMEs (Henriette de^ 23
Vismes (M.-A.-H. de) 421
Vitis (Charles de) 419, 509
ViTRY (Paul) • 523
Vivell (P. Coelestin) 303>
Vogt (Albert) 219
Vogué (V^e E.-M. de) 220
Vuibert(H.) "^04
Vuillermet(F.-A.) 29
Wagner (C) 230
Wagner (Richard! 66
Walter (D^ J.) 536
^ 576 —
Weber(E.) 505
Wehrlé (J.) 270
Weil (Armand) 120, 218
WEiLt.( Georges) . . ._ 532
Weingartner (Félix) 410
Weinmann (Karl) 303
Wentz (V. Y. Evans) 235
Wharton (Edith) -26
WiLBois (Joseph) 390
Wilde (Oscar) 429
WiLLIAMSON 25
WiRZKA-TiGY (E.) 421
WooDWARD (Rev. G. R.) .. 305
Wyzewa (t. de) 299, 313
Xénopol (A.-D.) 169
Yette (Dame) 504
YvoNNEAu (Donatien) 131
Zamet (Sébastien) 254
Zeuthen (H.-G.) 404
Zidler (Gustave)- 217
TABLE DE LA CHRONIQUE
Nécrologie: André (Charles) — 79.
• — Berton (Pierre), 536. ^—
Chatin (Jaohannès^, 177. —
CouLLiÉ (Son Ém. Pierre-Hec-
tor-Loiiis), 370. — Dunand (abbé
Philippe-Hector), 275. • — Fouil-
lée (Alfred- Jules- Emile), 177. —
Frémont (abbé G.), 274. — Fri-
DA (Emil Bahuslaw), 370. —
Gairdner (James), 536. ■ — Gran-
didier (Ernest), 179. — Hen-
DERSON (Dr. George), 276. • —
T.ANG (Andrew), 276. — Leroy-
Beaulieu (Henry- Jean-Baptiste-
Anatole), 77. — Léveillé (Louis-
Jules). 275. • — Massenet (Jules-
Emile- Frédéric), 273. — Mau-
Mus (le R. P. Elisée-Vincent), 78.
■ — Oswald (le Dr. Éugen), 465.
— Passy (Frédéric), 78. — PÉ-
lissier (Léon- Gabriel), 462. • —
PoiNCARÉ (HcnriK 176.— Ruell
Charles-Émile), 464. — Salo-
MON (Michel), 178. — Skeat (le
Rev. Walter William^ 466. —
Stryienski (Casimir), 276. —
TÔRÔK (Dr. Aurélien), 371. —
Lecture;, faites à l'Académie des
inscriptions et belles-lettres, 81,
181, 279, 375, 469, 54u.
Lectures faites à l'Académie des
sciences morales et politiques, 82,
182, 279, 376, 470, 540.
Concours, 470.
Prix, 279, 470.
Mélanges : Union pour l'étude du
droit des gens d'après les prin-
. cipes chrétiens, 82.' — Nomen-
clator animalium generum et
subgenerum, 83. • — Voyage d'é-
tudes en Allemagne, 84. — Les
Jésuites et l'Imprimerie, 83. —
Syndicat des auteurs d'ouvrages
d'enseignement et de vulgarisa-
tion, 182. — Annuaire de la bi-
bliographie et de la bibliophilie,
182. — Almanachs pour 1913.
Nouvelles : Paris, 84, 183, 281, 376,
471, 540. — Anjou, 87, 185, 282.
— Auvergne, 88. ■ — Beauvaisis,
282. ■ — Bourgogne, 379. — Bre-
tagne, 380, 473. — Cambrésis,
283. — Champagne, 88, 185, 380.
— Corse, 283. — Dauphiné, 186,
284. — Flandre, 381. — Franche-
Comté, 89, 186, 284, 3 81, 473,
541. ■ — Languedoc, 188. —
Lorraine, 475. ■ — Normandie,
90, 183, 475, 542. — Or-
léanais, 543. — Poitou, 188.
• — Provence, 91, 285. — Sain-
tonge et Aunis, 91, 285. ■ — Al-
sace, 5 13. — Allemagne, 382.
— Angleterre, 92. • — Belgique,
92, 189. — Espagne, 92, 189. —
Italie, 475,. — Portugal, 92
— Chine, 476. — Japon, 476. —
États-Unis, 93, 189, 286, 382.
Publications nouvelles, 9^. 190,
287, 382.
Dernières Publications illustr,é<BS,
544.
ERRATA
Page 179, ligne 41, au lieu de : Guifîon, lisez : Griffon.
Page 182, ligne 15, au lieu de : Faguiez, lisez : Fagniez.
Page 233, ligne 37, au lieu de : lithecanthropus, li^ez : pithecanthropus.
Iin{>. Fn. StM«N, n«nmi.
L< Girant : GHAPUtS.
z
1007
P73
125
Polybiblion; revue bibli-
ographique universelle
PLEASE DO NOT REMOVE
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